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BV

BV
INTRO
-La littérature, différente en ceci de l’histoire, est une production de récits fictionnels et non factuels. L’autob., genre
ayant l’ambition de dire la vérité d’une vie personnelle, se positionne comme un genre littéraire problématique.
L’enjeu de l’autob. n’est pas de dire vrai mais de présenter le regard présent que l’on porte sur le passé. Elle n’est
donc pas un pur récit factuel, la fiction (qu’imposent l’oubli et la reconfiguration du passé) légitime son
appartenance à la littérature.
RECIT DE NAISSANCE : Le livre retrace le chemin parcouru par BV avant de devenir une intellectuelle, chose de grd
difficulté au milieu d’une société bourgeoise conservatrice.

UNE AUTOB. CLASSIQUE


-De nbr critiques litt. se sont attachés, depuis pls années, à définir le genre qu’est l’autob. Mais sa théorisation s’est
faite tardivement.
-Si le terme de ‘’Mémoires’’ était au départ utilisé pour définir l’∑ des récits de soi, il s’est peu à peu précisé et
adapté aux ouvrages dans lesquels l’auteur, quel que soit son poste d’observation, fournit des indications précises
sur les faits importants de l’histoire de France. Les mémoires auraient donc plutôt une visée historique, tandis que
l’autob. serait le récit d’une histoire individuelle et personnelle.

MOTIFS DE L’ECRITURE 
*L’écriture de la vie est svt conçue comme un moyen d’éterniser l’existence : «  Si je relatais dans une rédaction un
épisode de ma vie, il échappait à l’oubli, il intéressait d’autres gens, il était définitivement sauvé  »
-BV écrit son autob. à l’âge de 50 ans. Cet âge relativement avancé montre qu’elle veut soustraire sa vie passée à la
mort, en l’éternisant par l’écriture.
!!Cette conscience de la mort qui pousse à écrire apparaît précocement chez BV l’enfant.
-Conscience traumatique du temps : « Une seule chose, par instants, m’assombrissait : un jour, je le savais, cette
période de ma vie s’achèverait », qui a pour corollaire la peur de la mort.
-Le 1e contact de s avec la mort se fait à travers la mort traumatique du fils de Louise, 1 e déclencheur de l’idée de la
mort dans la conscience : «  c’était la première fois que je voyais face à face le malheur  ».
-Ainsi, qq pages plus tard, la peur de mourir hante l’enfant S : «  Je fis une autre découverte. Un après midi, à Paris,
je réalisai que j’étais condamnée à mort ».
-Cette terreur est loin d’être éphémère : «  La peur de mourir ne m’avait pas quittée, je ne m’y habituai pas  ; il
m’arrivait encore de trembler et de pleurer de terreur  ».
*Il s’agit aussi par l’écriture de se connaitre soi-même, de donner sens à son tps passé avant de mourir.
*L’écriture, en plus de sauver de l’oubli et de justifier son existence, elle se partage avec les autres. L’on voit
d’emblée le souci de partager sa vie avec l’altérité : « m’exprimer dans une œuvre qui aiderait les autres à vivre »
-Sans oublier sa condition de femme qui l’oblige à écrire pour que les autres apprennent de son histoire et
s’émanciper elle-même.
*Désir de communiquer et de se raconter :
BESOIN DE COMMUNICATION
-S ressent toujours un grd besoin de le communiquer à autrui, à travers ses écrits.
-BV montre à quel point l’écriture lui apparaît comme un mode de communication supérieur à la parole : « L’écriture
avait à mes yeux plus de prestige encore que la parole ». L’idée d’une ‘’communication’’ écrite revient alors à pls
reprises.
-Les V ‘’exprimer’’, ‘’communiquer’’ et ‘’dire’’ apparaissent à tour de rôle pour insister sur l’ambition de la jeune
fille : « je voulais communiquer mon expérience », « il me sembla que je devais communiquer la solitaire
expérience que j’étais en train de traverser », « m’exprimer dans une œuvre qui aiderait les autres à vivre », « je voulais dire la vanité de
tout », « je dirai des mots qui seront entendus » …
-Dès son enfance, elle pense devenir écrivain. Sa vie entre les livres annonce un auteur en devenir, vocation qui
apparaît précocement : «  J’avais spontanément tendance à raconter tout ce qui m’arrivait  : je parlais beaucoup,
j’écrivais volontiers ».
-Avant 8ans déjà s’opère le passage de la lecture à l’écriture.
-Little Women réveille chez la fillette le goût de la création litt, elle compose alors 2 ou 3 nvll pour imiter Joe,
l’héroïne préférée.
-Étudiante, en désaccord avec sa famille, elle décide de « communiquer la solitaire expérience » qu’elle est en train
de traverser. Elle écrit les 1e pages d’un roman, et se représente sous les traits d’un pers., Éliane. Un peu plus tard,
elle écrit ce qu’elle qualifie de « première œuvre », où elle raconte l’’évasion manquée’’ d’une héroïne, âgée de dix-
huit ans comme elle, et promise à un fiancé. Parallèlement à ces essais romanesques, BV écrit dans un journal
intime.
-Volonté de tout dire : «  ‘une œuvre, décidai-je, où je dirais tout, tout’  ».
-Tt dire implique donc une sincérité totale quant à tous les côtés de l’existence. BV court le risque de se dévoiler
entièrement à son lecteur : «  je ne désire qu’une intimité de plus en plus grande avec le monde, et dire ce monde
dans une œuvre  ».
-François Mauriac avoue même que le livre de BV «  est difficile à lire pour un chrétien  ».
-Le passage du journal à l’œuvre témoigne d’une maturité de l’auteur en puissance.

LE PACTE AUTOBIOGRAPHIQUE 
-Il consiste en une identité entre l’auteur et le N-pers. et un gage de sincérité.
-Il peut se faire soit implicitement ou explicitement.
!!MJFR ne contient ni prologue, ni épilogue et dc pas de pacte autob. directement adressé au lecteur.
-BV choisit une façon explicite : *Dès les 1e pages, apparait le prénom Simone, complété ensuite par le nom ‘’de
Beauvoir’’ *Le pacte est même redoublé par un second nom : celui de ‘’Castor’’, donné par Herbaud et qui perdurera
pour la désigner *La date de naissance à l’entrée du livre confirme l’identité du pers.-N et de l’auteur *Emploi de la
1e personne ‘’je’’ (≠autres autob. qui recourent à la 2e ou la 3e pers.) *Le pacte est fortifié par des noms connu du lecteur, ntm
Sartre et Merleau-Ponty.
!!Ce qui importe le plus est moins la vie de l’auteur telle qu’elle a été, mais telle qu’il se la représente ou la
reformule dans son présent.
-Soucieuse de vérité, BV avoue dès la 1e page l’impossibilité de dire exactement l’enfance : «  De mes premières
années, je ne retrouve guère qu’une impression confuse  : quelque chose de rouge, et de noir, et de chaud ».
L’indéfini ‘’qq chose’’ confirme le brouillard de ce passé lointain.
-D’où le recours à des supports de mémoire tel que l’album, le journal, les lettres ou les récits des autres, qui
prouvent aussi la sincérité des faits. Le journal intime sera, par ex, fréq. cité pour se rappeler les sensations d’après
les rencontres faites.
Très peu d’allusions au fonctionnement de la mémoire. Tt se passe comme si la N se souvenait presque de tt et
puisait dans un stock de souvenirs parfaitement élaborés.

CHRONOLOGIE ET THEMATIQUE DES EVENEMENTS


-Les faits sont le plus svt racontés dans leur linéarité. Rares sont les prolepses.
-Le récit commence par la naissance et se termine par l’année de l’agrégation, à l’âge (de majorité) de 21 ans (1929).
-Les datations sont discrètes, allusives et subjectives. Plutôt qu’à des dates précises, elle recourt à l’âge ou à des
formulations vagues qui situent les moments les uns par rapport aux autres.
-La progression de l’âge prouve que BV est dans une linéarité stricte. Ex : «  j’avais cinq ans et demi  », puis «  Je jour
où j’entrai en quatrième-première, j’allais sur mes dix ans  », ensuite «  L’été de mes quinze ans  ».
-Cet ordre convient à la trajectoire d’émancipation de la jeune fille, et résolument tournés vers son avenir.
-C’est la philosophie même de BV, qui conçoit sa vie comme projet philo vers la liberté, qui exige le recourt à la
linéarité ; L’existentialisme est intimement lié aux notions de la liberté qui tend vers le futur et relève du projet.
!!Le respect de la chronologie se combine avec des regroupements thématiques. Qq anticipations, ex : destin de
Jacques.
-En effet, si l’ordre chronologique est indéniable, il arrive aussi que certains passages présentent des ‘’anachronies’’.
Ex : dans la 2e partie, l’on peut voir que la N dit « à quinze ans », tandis que plus tard, elle dit « vers treize ans »
(Apparition du souvenir de manière déconstruite). Toutefois, même dans le cas d’une anachronie, elle conserve une logique
dans son récit puisque le souvenir est évoqué en rapport avec un thème : dans le passage où elle parle de ses 15ans,
l’auteur raconte les débuts de sa vocation d’écrivain, puis, quand elle fait un retour en arrière sur ses 13ans, c’est
pour expliquer comment elle a toujours accordé une très grande importance à l’amour dans sa vie. Idem récit des
origines de ses parents qui participe de la logique de l’œuvre.
-THEMES CLASSIQUES : Il s’agit de raconter l’enfance, d’expliquer le passage à la maturité, de cerner comment la
personnalité s’est constituée. Importance des relations aux parents, à la fratrie, à autrui.
-Selon P. Lejeune, une autob. classique répond généralement à 2 modèles principaux, qui sont le récit de vocation et
le récit de conversion. Vocation d’écrivain : «  Tel était le sens de ma vocation : adulte, je reprendrais en main mon
enfance et j’en ferais un chef-d’œuvre sans faille  » ; Conversion mais dans un sens inverse : Perte de foi en Dieu :
«  je compris que rien ne me ferait renoncer aux joies terrestres. « Je ne crois plus en Dieu », me dis-je, sans grand
étonnement  ».
MJFR semble répondre aux exigences d’une autob. que l’on peut qualifier de ‘’canonique’’.

AUTOBIOGRAPHIE TRANSGENERIQUE
-MJFR recèle une hybridité générique remarquable.
-BV est d’abord romancière et essayiste avant d’être autobiographe.

A LA LISIERE DU ROMAN
-Forte unité dramatique organisée autour de l’émancipation de la jeune fille et autour du destin tragique de Zaza.
Cette unité a pour corollaire une certaine tension narrative, une forme de suspense : BV livre le moment présent
sans le lier au futur+sème les indices de sa libération prochaine, annonce par petites touches le funeste destin de
Zaza (pâleur, maigreur), tt comme la rencontre avec Sartre+Elle feint d'ignorer la suite des év. et ébauche des
possibles fictionnels.
-Elle le constate elle-même : « les Mémoires d’une jeune fille rangée ont une unité romanesque qui manque aux
volumes suivants  ».
-Coups de théâtre et pers. mystérieux : la révélation rétrospective des amours de Zaza, l’annonce de mariage de
Jacques.
-MJFR est à pls moments traversé de descriptions qui le rapprochent du roman.
-Autres figures se révèlent de véritables pers. : la mère, Poupette, Zaza, Jacques sont approfondis. La focalisation
interne est largement utilisée.
+l'intégration de l'histoire de Marguerite de Théricourt, qui apparaît comme un petit roman à l'intérieur de l’œuvre.
-L'histoire d'amour entre Jacques et la jeune S -ou du moins la perception qu'elle en a- s'intègre dans l’œuvre comme un
roman sentimental.
-Dans les dernières pages de l’œuvre, BV narre, alors qu'elle n'y a pas assisté (ce qui est rare dans les Mémoires), la visite
de Zaza à Mme Pradelle à la manière d'un roman, avec une focalisation externe.
-La structure du roman s’apparente à celle d’un roman de formation : *D’’une oie blanche’’, BV devient une
intellectuelle agrégée de philosophie *Apprentissage qui passe par des mentors (Zaza, Garric, Sartre…). Chaque
rencontre, chaque év. est un moment de formation : «  Chaque fois qu’il m’arrivait quelque chose, j’avais
l’impression d’être quelqu’un  ».
-Le changement de certains noms propres témoigne d’une sorte de fictionnalisation du fait réel : le nom ‘’Pradelle’’
qui remplace ‘’Merleau-Ponty’’.
-La jeune BV a un destin tout à fait exceptionnel : réussite éclatante (agrégation), vocation d’écrivain, conversion à
l’athéisme, refus du mariage bourgeois, un destin ‘’romanesque’’ au sens d’extraordinaire.

L’ESSAI PHILOSOPHIQUE 
-Les réflexions de la jeune BV donnent lieu à un essai philosophique en puissance, et annoncent la naissance de
l’écrivain-philosophe.
-Tt au long de la 1e partie, S prouve son obsession de l’idée de la vérité : «  Je soupçonnai ce jour-là que la litt. ne
soutient avec la vérité que d’incertains rapports  ». Elle devient la mesure de tt chose, le critère de la beauté :
«  L’Histoire sainte me semblait encore plus amusante que les contes de Perrault puisque les prodiges qu’elle
relatait étaient arrivés pour de vrai  ». Elle s’abandonne donc à une longue aventure de suspicion qui n’épargne pas
même la religion : « le familier miracle de Noël me fit réfléchir.  Je trouvai incongru que le tout-puissant petit Jésus
s’amusât à descendre dans les cheminées comme un vulgaire ramoneur  ». Cet épisode lui fait reconnaitre, par
raisonnement déductive, qu’une croyance très solide n’est pas tjrs synonyme de vérité, «  qu’il pût y avoir des
certitudes fausses  ».
-Destruction de la preuve Cartésienne de l’existence de Dieu : «  Cette présence en moi qui m’affirmait que j’étais
moi, elle ne dépendait de personne, (…) impossible que quelqu’un, fût-ce Dieu, l’eût fabriqué  » +S affirme à propos
de Dieu que «  Sa perfection excluait sa réalité  », alors que Descartes justifie l’existence de Dieu par sa perfection.
-BV procède aussi à des introspections qui construisent la pensée nihiliste («  je ne trouvais plus aucun sens à la
vie  »). Elle en vient à écrire un dialogue philosophique : «  Le jour où j’eus dix-neuf ans, j’écrivis, dans la
bibliothèque de la Sorbonne, un long dialogue où alternaient deux voix qui étaient toutes deux les miennes  : l’une
disait la vanité de toute chose, et le dégout et la fatigue  ; l’autre affirmait qu’il est beau d’exister, fût-ce
stérilement  ».
-BV utilise aussi, dans une moindre mesure, la psychanalyse, en reconnaissant pour elle-même et d’autres pers., le caractère
fondateur de l’enfance. Elle explique aussi les destins de sa mère, de Zaza et de Jacques à l’aune de leur enfance.
EXISTENTIALISME
-MJFR peut être lu comme une démonstration et illustration des concepts clés de l’existentialisme BV. C’est en
philosophe existentialiste que BV raconte son enfance et sa jeunesse.
-Elle perd la foi et découvre que l’Homme est seul face à sa liberté et à sa mort. MJFR décrit alors en détail
l’exaltation de cette découverte de sa liberté et l’angoisse qu’elle laisse. La mort s’avère alors très présente tout au
long de l’œuvre puisqu’elle représente pour la JF une réelle angoisse existentielle. L’angoisse se transforme peu à
peu en un combat acharné entre les forces de mort et les forces de vie : «  Seule à la maison, il m’arrivait de ma
débattre comme à quinze ans ; tremblante, les mains moites je criais, égarée : « Je ne veux pas mourir ! ». Cette
lutte entre la vie et la mort se manifeste aussi par le biais des pers. secondaires, tels que Zaza ou Jacques.
-Ses relations à autrui sont analysées à l’aune de l’existentialisme et du concept d’antagonisme des consciences.
Pour sa mère, devenue méfiante envers elle, BV écrit : « J’étais à ses yeux, une âme en péril, une âme à sauver : un
objet » ; «  Non seulement les adultes brimaient ma volonté, mais je me sentais la proie de leurs consciences. (…)
elles me changeaient en bête, en chose  ». *Qd elle entre dans la puberté et s’enlaidit, le regard du père devient très
difficile à supporter. De même, elle insiste souvent sur le hiatus irréductible entre l’image qu’elle a d’elle-même et
celle que lui renvoient les autres : «  Entre ce que j’étais pour moi et ce que j’étais pour les autres, il n’y avait aucun
rapport  ».
-BV montre une profonde détermination, tt au long de l’œuvre, à trouver le sens de son existence. Sous l’influence
de la pensée existentialiste, elle expose alors clairement une volonté de se construire elle-même. Il n’existe pas de
norme ou d’autorité qui puisse lui dicter sa conduite, ou de déterminisme qui puisse déterminer son essence.
-Elle insiste sur l’aliénation dont les figures féminines sont victimes, ntm Zaza, dont elle attribuera la mort à
l’hypocrisie de son milieu.
-BV montre qu’à chaque moment de sa vie, elle était libre de choisir et qu’elle a pu modifier le cours de son
existence. Elle pose donc sa vie comme objet d’étude existentialiste et montre à son lecteur ses transformations
successives et comment, partant de sa liberté, elle a réussi à infléchir le sens de sa vie.
De nbr sujets évoqués dépassent une simple visée sociologique ou historique, pour rendre compte de problèmes
plus vastes sur la condition humaine.
!!MJFR est une œuvre philosophique, et ce car la vie qui y est dépeinte est elle-même conçue comme telle par BV
(« En vérité, il n’y a pas de divorce entre la philosophie et la vie »).

LES ECRITS DE SOI 


-L’autob. de BV transcende ce sous-genre et fait introduire d’autres genres d’écriture de soi.
-BV, une chroniqueuse : Elle écrit nn slm l’histoire de sa propre vie mais aussi celle d’une époque. +Structure
cyclique : Pls débuts de sa carrière d’écrivaine, même si les œuvres se multiplient (un retour qui rehausse la valeur
du phénomène, le sacralise) ; Cyclicité dans le traitement des pers. Dans les 1e p, elle consacre à chacun de ses
parents un paragraphe descriptif et qq p plus tard, elle écrit : «  Il est tps de dire (…) qui ils étaient  », Zaza et Jacques
font des retours cycliques dans lesquels BV essaie de mettre au clair ses rapports avec eux (Intérêt pour la mobilité
complexe du monde).
-Même si BV utilise indifféremment autob. (vie privée) ou mémoires (vie extérieure), nous pouvons trouver les 2genres
dans le livre : Elle parle de sa famille, ses amis et ses études+donne un témoignage sur l’éducation des filles et la
condition de la femme au début du siècle : Le discours du père : « La femme est ce que son mari la fait, c’est à lui de
la former » peut être lu comme la pensée de toute la bourgeoisie fr de l’époque ; L’éducation religieuse stricte de
Zaza est aussi l’image de toute une société conforme aux dogmes religieux.
+MJFR peut prétendre au genre mémorial en cela qu’il donne à voir un pers. exceptionnel, visant une universalité
dans son récit.
!!Même si BV rend compte d’un type sociologiquement codifié par une description de la classe bourgeoise, elle reste
tout de même dans le genre autob. car elle ne raconte son appartenance à cette classe que pour valoriser le
processus d’émancipation par lequel elle s’est peu à peu détachée de ce modèle identitaire imposé.
-Elle nous introduit aussi dans un autre genre : le portrait, qui est par déf. une description. Elle l’exploite pour
donner de sa personne l’image d’une fille rebelle, anticonformiste et précocement intelligente.
-L’autobiographie se transforme par moments en biographie : Pls épisodes de la vie de Jacques et surtout de Zaza,
dans un récit qui va jusqu’à la mort. Sans oublier sa démarche objective et son recours aux docs.
-BV s’écarte de l’autob. stricte en faisant une large place à un autre pers. qu’elle-même : Zaza.

LA POETIQUE DE L’EPANCHEMENT
PERSONNAGIFICATION
-Sa fascination la +profonde demeure attachée à sa personne, à tel point que son désir de se regarder vivre et de dire
cette vie finit par transformer sa personne en pers. : «  Je devins à mes propres yeux un personnage de roman  ».
-Cela est annoncé dès les 1e pages : «  A travers le récit que me lisais Louise, je me sentis un personnage  ».
-D’abord, son pers. est façonné à l’ombre des autres : «  Je m’étais définitivement métamorphosée en enfant sage.
Les premiers temps, j’avais composé mon personnage ; il m’avait valu tant de louanges, et dont j’avais tiré de si
grandes satisfactions que j’avais fini par m’identifier à lui : il devint ma seule vérité  ».
-Après, elle commence à créer ses propres images. Elle se met alors à tenir un journal intime : «  Ma vie serait une
belle histoire qui deviendrait vraie au fur et à mesure que je me la raconterais  ».
-La N raconte les romans que S, étudiante, elle a entrepris des romans et entretient avec ses pers. un rapport
singulier, dans une tentative de se fixer sur le papier : «  Sous le nom d’Eliane, je me promenais dans un parc avec
des cousins, des cousines  » ; «  Je composai ma 1e œuvre. C’était l’histoire d’une évasion manquée. L’héroine avait
mon âge, dix-huit ans  » ; «  Je commençai un vaste roman  ; l’héroine traversait toutes mes expériences  ». Elle
s’identifie avec son pers. comme un lecteur s’identifie avec un pers. fictif. Une conséquence, positive pour elle, en
est la catharsis de l’écriture autob.
-Cela apparait dès ses tt 2e tentatives : Ex. Les Fenouillard qui étaient le négatif de sa propre famille.
-Une personne en train de se faire pers. entretient des rapports privilégiés avec d’autres pers., surtt fictifs. Ainsi peut
se comprendre l’influence énorme des lectures de BV sur son imaginaire. Que cela soit Little Women ou Le Moulin
sur la Floss, la jeune S se reconnait dans les pers. et cherche dans leurs récits ce qu’elle allait devenir. Le futur se
déchiffrait dans les livres et s’inventait dans sa vie imaginaire.
*Little Women réveille chez la fillette le goût de la création litt, elle compose alors 2 ou 3 nvll pour imiter Joe, l’héroïne préférée : « Je
m’identifiai passionnément à Joe, l’intellectuelle  ».
* «  Je lus cette époque un roman qui me renvoya l’image de mon exil  : Le Moulin sur la Floss  ».
-Cela concerne aussi d’autres pers. :
*Zaza : Dès son apparition à la fin de la 1e partie, elle est perçue comme un ‘’personnage’’ auquel arrivent toutes
sortes d'aventures : une grave brûlure à la cuisse, une audacieuse grimace à une audition de piano qui relève de
‘’l'exploit’’, de romanesques promenades à cheval...
*l'intégration de l'histoire de Marguerite de Théricourt apparaît comme un petit roman à l'intérieur de l’œuvre.
Explic. qualifiée de ‘’romanesque’’(136), elle est introduite comme une héroïne de roman, voire une ‘’princesse’’ de
conte de fée, dans un passage qui s'apparente à un incipit : «  Mais il y avait dans la classe au-dessus de la mienne une
élève que je regardais comme une belle idole, blonde, souriante et rose ; elle s’appelait Marguerite de Théricourt » (son nom
alliant la fleur et la particule, elle semble convoquer le topos de la jeune fille noble, belle et délicate, telle qu'elle apparaît gén. dans les romans).
*Jacques, assimilé au grand Meaulnes, figure romanesque par excellence, devient le héros d’une idylle pleine de
rebondissements et de tourments amoureux. Lui aussi est affublé des attributs propres au pers. de roman : orphelin,
héritier d'une riche famille, il est dépeint comme un jeune dandy, rêveur et passionné de litt., et mène une vie
nocturne mystérieuse qui fascine la jeune S.
* «  Je la trouvais romanesque  » (Clotilde, la sœur de l’amie de sa sœur)
Les lectures de la jeune fille font du romanesque le prisme à travers lequel elle saisit sa vie.
-Cette perception romanesque de la réalité émaille ainsi le récit qui, glob., vise à liquider cette dimension.
UNE FEINTE OBJECTIVITE
-Style qui refuse le pathos et l’attendrissement. C’est avec un ton plutôt froid et distant qu’elle rend compte de ses
souvenirs.
-Pureté dans le style qui va droit à l’essentiel. En effet, son écriture est sèche, sérieuse, froide ; somme toute
informative, à la manière de celle d’une journaliste, soucieuse de garder des distances avec ce travail d’enquête
documentaire sur son Moi.
-Recherche constante d’une objectivité dans son discours. Ce souci s’alimente d’une référence constante à des doc.
-BV use de procédés de renvoi à d’autres supports de remémoration, qui lui apportent un appui certain dans son
exercice de réécriture de soi. Elle recourt alors principalement à 3types de documents extérieurs et préexistants au
txt : le journal intime, les lettres (intertextualité) et les photographies d’enfance (intermédialité) décrites dans le txt (ekphrasis).
-Dès l’incipit, BV choisit de renvoyer à une photo d’elle enfant, afin de remplacer un souvenir absent. Mais au lieu de
susciter de la nostalgie chez la N, la description de la photographie se fait dans un style qui s’éloigne de tout
attendrissement et feint l’objectivité :
*Aucune indication sur les expressions du visage ou évocation des émotions de la famille, la N se contente de décrire
simplement les vêtements. Cet incipit dévoile aussi un grand emploi de l’asyndète, figure de style majeure dans
l’œuvre de BV. Elle permet d’accentuer l’effet d’immédiateté du récit, grâce à des phrases brèves qui rendent
compte d’une simple description des faits. C’est donc une façon de s’éloigner encore un peu plus du pathos.
-Sa démarche se rapproche de celle du biographe.
-La photo permet de : *renforcer l’authenticité et de confirmer un souvenir (les photos qui prouvent son mal-être durant
la puberté) *éclairer certains traits («  Sur les photos de famille, je tire la langue, je tourne le dos : autour de moi on rit  »)
-La photo ne se manifeste qu’au sein de la 1e partie et au tout début de la 2e, là où elle a le moins de souvenirs.
-Dès le début de la 3e partie, c’est le journal intime vient remplacer la photographie. Les passages sont utilisés simp.
comme source d’information, considérée avec beaucoup de distance : «  Mon journal l’explique (sa transformation)
mal ; j’y passais quantité de choses sous silence, et je manquais de recul  ».
-Cette distance tend à diminuer au profit d’une utilisation plus informative des citations du journal intime
puisqu’elles apportent au récit des renseignements supplémentaires : «  Un pressentiment parfois me traversait :
"J’ai mal dès que je pense à toi ; je ne sais pourquoi ta vie est tragique"  » (discours direct).
-Les lettres ont une part importante dans l’autob. : remémoration et authenticité.
-C’est principalement de la correspondance avec Zaza dont il est question. Elle devient de plus en plus importante et
participe à l’avancée du récit. Dans les 15 pages clôturant l’œuvre, ce sont presque uniq. les lettres de Zaza qui
constituent la narration (hommage à la défunte qui apparaît comme une sorte de 2e N).
-Reproduction telle quelle (les +informatives) ou discours indirect.

RE-CREATION DU PASSE
-Elle explique, interprète, rectifie, avec lucidité et svt humour. Bref, ressuscite son enfance en la recomposant.
-Usage récurrent des expressions ‘’en vérité’’, ‘’à vrai dire’’, ‘’en réalité’’, montrant comment elle a pu se tromper.
Ex : Émerveillée, enfant, par l’originalité de Zaza, elle rectifie : « À vrai dire, sa marge d’originalité était fort mince ;
fondamentalement, Zaza exprimait, comme moi, son milieu ».
-Présent de l’écriture : « je me rends compte aujourd’hui… », qui renvoie aussi à l’acte de construction du récit lui-
même : « Il est temps de dire ».
-Bref, BV fait très svt intervenir son point de vue d’adulte pour le mettre en confrontation avec son propre pers.
Grâce au recul critique que permet le récit rétrospectif, elle peut alors analyser ou comprendre des faits qui se sont
produits dans le passé, dans un mvm de sympathie.
-Pour BV, écrire c’est « reprendre le monde à son compte pour le justifier et le communiquer à autrui » et non
décrire le monde tel qu’il est sans chercher à en comprendre le sens.
-Présence de l’énonciatrice adulte nous amène à revenir à la définition de l’autob. et à l’identité entre l’auteur, le N
et le pers.
-Ce travail « créateur » questionne aussi la vérité de l’autob. ; Elle est forcément soumise aux aléas de la mémoire,
au regard rétrospectif, aux omissions volontaires, voire aux mensonges. Il y a tjrs une part d’interprétation et de
création, voire de déformation. La question de la vérité de l’autob. doit donc être dépassée.
-Importe moins de savoir si BV était telle qu’elle se décrit que de comprendre le regard qu’elle porte sur celle qu’elle
a été.
C’est une autob. classique mais aussi une autob. singulière car BV analyse son enfance au prisme des concepts
existentialistes et féministes, et le regard de l’adulte éclaire l’enfant et la jeune fille qu’elle a été, avec lucidité,
humour et bienveillance.
Ce récit, aux résonances philosophiques et romanesques, est au service d’un sens : montrer le caractère
exceptionnel de cette JFR.

L’EPOPEE BEAUVOIRIENNE
Les cadres rigides de son éducation la poussent à échapper au modèle de la JFR. BV explique la manière dont elle s'est échappée
du chemin que la société bourgeoise du XXe siècle avait déjà tracé pour elle.

UN RECIT D’EMANCIPATION
-Les souvenirs, soigneusement sélectionnés, sont rapprochés ou concentrés en se polarisant autour d’un seul et
même nœud : le puissant désir d’autonomie et la conquête de liberté qui s’affermit au fil des pages jusqu’à
émancipation totale.
-Le récit est ent. tourné vers un accomplissement personnel et acte de libération total.
-Son grd désir de liberté apparaît très tôt dans l’œuvre, au moment où elle apprend qu’elle va entrer au cours Désir :
«  L’idée d’entrer en possession d’une vie à moi m’enivrait  ».
-≠aux normes du XXe siècle, elle ne fera pas comme toutes les autres femmes, et ne répondra pas aux exigences de
la société : Elle ne sera ni une femme dévote comme l’avait souhaité sa mère, ni une femme obéissante et
bourgeoise appartenant à son époque comme l’avait imposé son père.
-Elle choisit, d’ailleurs, un destin d’écrivain célibataire, en totale ≠ avec ce que la bourgeoisie attend d’une JF.
-C’est l’athéisme qui permet à S de revendiquer pour les femmes le droit, non pas à un destin ou une vocation, mais
à une place dans le monde. Elle reproche aux religions, et ntm à la religion catholique, d’avoir cantonné les femmes
dans un rôle secondaire des siècles durant, en particulier dans celui de sa mère.
-L’∑ de l’œuvre est ensuite divisé en 4 parties. Cette division dans le récit ne semble pas anodine : chaque coupure
souligne un moment clé dans la construction et l’évolution de la N et sont presque toutes liées à l’institution scolaire,
ce qui montre l’importance de l’enrichissement et de l’acquisition de savoirs pour BV.
-En effet, pour que les femmes puissent accéder à l’égalité des sexes et devenir des agentes du changement,
l’éducation est un facteur indispensable ; c’est leur planche de salut vers un meilleur avenir.
-Ce processus d’émancipation repose en partie sur une réussite objective : la réussite à l’agrégation de philo qui
constitue un exploit pour une femme en 1929.
-C’est dc la 4e partie qui marque l’affermissement de cette idée de liberté : «  Je m’étais mise en marche vers
l’avenir. Toutes mes journées avaient désormais un sens  : elles m’acheminaient vers une libération définitive  ».
C’est une parie qui concrétise la liquidation de tout ce qui retient son ascension : le poids de la famille, les dernières
attaches idéologiques, Jacques.
-Comme toute nvll naissance, celle-ci s’accompagne d’un baptême : Elle est surnommée ‘’castor’’ par Herbaud.
!!!LE LIVRE : Confinée dans un univers familial, scolaire et religieux très conventionnel, la jeune S reste longtemps
tributaire d’une vision du monde qui est celle de la morale sociale, selon laquelle le rôle des femmes est celui
d’épouses et de mères. Le livre lui fait voir d’autres rôles. Elle se reconnait dans des figures d’exclus promus au rang
de héros et qui convertissent son sentiment d’exception en sentiment d’exceptionnalité.
-Le désir de plaire au père (le représentant du savoir) est à l’origine des 1 e efforts intellectuels. Son parcours scolaire
doit bcp au père.
-Être quelqu’un est devenu une obsession : «  Je voulais devenir quelqu’un, faire quelque chose, poursuivre sans fin
l’ascension commencée depuis ma naissance  »
-Le récit d’enfance de BV se termine sur le mot ‘’liberté’’, qui est aussi l’avant dernier mot de l’œuvre. Cette idée de
liberté apparaît alors finalement comme l’enjeu principal de toute l’œuvre : si BV choisit de se raconter, c’est pour
rendre compte du dév. de son indépendance, au fil des diff. étapes de sa vie, et pour mettre en relief les éléments
essentiels de son émancipation.
!!Cette émancipation se concrétise par petites touches progressives parfois en l’apparence anodines, comme par ex :
les correspondances et les livres qui ne sont plus censurés.
-Cette émancipation s’accomplit sous le signe de la rupture : «  Je me plaisais à piétiner les vieux tabous  ».
-BV choisit donc un style neutre, qui s’éloigne de tout attendrissement ou de toute nostalgie pouvant s’associer aux
souvenirs d’enfance, et présente son autob. comme une enquête objective sur son propre « je » (on peut aussi y voir une
résistance à la révélation de soi).
 «  J’étais, et je demeurerais tjrs mon propre maître  ».
ASCENSION PAR L’ESPACE
-La liberté morale et intellectuelle de S s’accompagne d’un élargissement significatif de l’espace.
*Enfance : Les lieux clos prédominent : appartements, chapelles, école. +Milieu humain limité aux membres de sa
vaste famille et aux fillettes dont les parents sont cautionnés par des relations communes.
*Bac : s’esquisse la libération géographique. Ex : étudie seule dans les jardins du Luxembourg.
*Etudiante : prend possession de la ville et s’ouvre sur un Paris nocturne autorisé puis clandestin (Ballets russes, Bars).
*Agrég : intègre des lieux inaccessibles : le lycée de garçons où elle fait son stage, et surtt l’Ecole normale.
-L’opposition entre Paris (la contrainte) et la compagne (la liberté) s’atténue jusqu’à ce que Paris récupère tous les
attributs de Meyrignac qu’il va déf. remplacer. Devenue vaste lieu de promenade et de liberté, la ville perd son
caractère exclus. urbain pour se parer de charmes rustiques à travers ses jardin, et même les éléments purement
citadins touchent le cœur (le bleu des enseignes qui rappelle des volubilis).

LA CREATION D’UN ETHOS EXEMPLAIRE


Dans le genre des récits de soi, plus que dans n’importe quel autre genre litt., l’écrivain cherche à se représenter
devant ses lecteurs.
-Elle montre, tout d’abord, la constitution de son image de ‘’JFR’’ (venant justifier le choix du titre), qui cède à l’emprise de ses
parents : « Pendant plusieurs années, je me fis le docile reflet de mes parents  ». 
-Toutefois, BV ne cache pas ses résistances à cette éducation puisqu’elle est très svt en proie à de violentes crises.
Or, ces ‘’crises furieuses’’ seront prog. éliminées par les éducateurs ou par elle-même, ntm en raison du début de la
guerre : «  Je m’étais définitivement métamorphosée en enfant sage  ».
-Or, même si, dans son plus jeune âge, S a montré une totale soumission à ses parents et une acceptation de son
éducation bourgeoise, elle exprime aussi peu à peu des interrogations et des doutes, qui sont des formes
d’ouvertures vers la vérité : commence à être sceptique au sujet de l’existence de Dieu, s’aperçoit que son image de
JFR très sûre d’elle n’est fin. qu’un faux-semblant.
-Double image : fille rangée et révoltée.
-L’image de soumission de la petite fille est à pls reprises contrebalancée par de l’arrogance, ntm par une impression
de supériorité : «  Pour de vrai, je ne me soumettais à personne : j’étais, et je demeurais toujours mon propre
maître. J’avais même tendance à me considérer, du moins au niveau de l’enfance, comme l’Unique  ».
-Dès la 2e partie, S commence à prendre des distances par rapport à son éducation et à son milieu familial : révoltes
un peu plus fréquentes, conduite bcp -sage : Insouciance et mépris
-S commence ainsi à développer son esprit critique et son refus des conventions, puisqu’elle refuse de se soumettre
à la bêtise de son enseignement : «  ces demoiselles ne détenaient plus les clés du bien et du mal du moment où
j’avais découvert qu’elles étaient bêtes  » +moment important de l’œuvre : Elle perd la foi.
-Dans la 3e partie, elle commence à montrer des avancées vers la liberté, même si elles ne sont encore que partielles
et désordonnées. C’est une période de ‘’piétinement’’ durant laquelle S se cherche encore bcp : «  Depuis deux ans
je me débattais dans un traquenard, sans trouver d’issue ; je me cognais sans cesse à d’invisibles obstacles : ça
finissait par me donner le vertige  ».
-C’est princip. la dernière partie qui sera le lieu de prises de consciences importantes de la part de la jeune fille, et
c’est, surtout, la rencontre avec Herbaud, puis avec Sartre, qui lui permettra de se détacher ent. des valeurs
bourgeoises, dont elle était encore imprégnée jusqu’alors, laissant loin derrière elle son enfance et son adolescence :
«  ils ne me demandaient somme toute que d’oser ce que j’avais toujours voulu : regarder en face la réalité  ».
BV construit dans MJFR, une représentation d’elle-même, basée sur un ethos exemplaire. Exemplaire car, tout
d’abord, elle est une petite fille modèle, tout à fait disciplinée. Exemplaire, ensuite, car elle se définit très vite
comme qq d’unique et de supérieur, un ex à suivre. Enfin, son exemplarité s’exprime par sa capacité progressive à se
détacher de tt les valeurs bourgeoises qui lui ont été inculquées, afin de voir le monde dans sa réalité.

UNE RECONSTRUCTION DANS L’INTERSUBJECTIVITE


-La ‘’présentation de soi’’ et l’auto-construction se développe, aussi, à travers ce que l’on appelle l’intersubjectivité.
-L’évolution progressive se fait très svt grâce à la présence d’autrui, par comparaison ou influence.
-D’abord, BV montre un rapport assez conflictuel à autrui. Encore enfant elle se sent observée de haut et considérée
à la façon d’un objet. Autrui peut alors apparaître comme ‘’un aimable miroir’’ ou, au contraire, comme un reflet
dévalorisant. BV insiste sur la dureté du regard d’autrui sur soi.
-Autrui a aussi participé dans la majeure partie à une construction positive ; Svt par comparaison ou par désir
d’imitation, S s’est construite de façon progressive, au fil de ses relations avec autrui.
-La présence de l’autre comme un danger ou une menace s’atténue et laisse place à une acceptation, celui-ci étant
source d’enrichissement.
-Les figures qui l’entourent s’imposent comme des contrastes qui lui permettent de se représenter et de se définir.
-Si Poupette, vu comme inférieure, lui permet de prendre confiance en elle et d’affirmer son autonomie par raport à
la domination des adultes, d’autres pers, s’avèrent d’emblée supérieurs et l’encouragent donc à progresser
positivement dans sa construction : Zaza, Jacques, Sartre :
*Zaza lui apprend, enfant, l’audace et l’indépendance d’esprit. Elle lui permet aussi de se remettre en question et de
n’être plus autant centrée sur elle-même, à viser la progression : «  Je la comparais à mon vide intérieur, et je me méprisais  ». ;
«  Mon entente avec Zaza, son estime, m’aidèrent à m’affranchir des adultes et à me voir avec mes propres yeux  ».
Au départ, elle se considérait comme le négatif de Zaza.
*Jacques, lui, apparait comme un guide intellectuel : « Sur le monde, les hommes, la peinture, la littérature, il en
savait bien plus long que moi : j’aurais voulu qu’il me fît profiter de son expérience  ». Il permettra à la JF de lire des
œuvres importantes et ainsi de commencer à développer son esprit critique.
*Herbaud l’aidera à se découvrir elle-même : «  à travers lui, je me plaisais à moi-même ; d’autres m’avaient prise
au sérieux mais lui, je l’amusais. (…) Je découvris que j’avais une démarche, une voix : c’était nouveau  ».
*Stépha l’éveille à l’intelligence des choses sexuelles.
!! Les figures considérées comme supérieures par leur influence sur S, se trouvent progr. dépassées. Cela permet de
mesurer le progrès de S :
*Zaza n’arrive pas à suivre le même chemin d’émancipation et succombe au tiraillement entre son milieu
conservateur et son aspiration à l'amour et à la liberté
*Jacques ne réussit jamais à écrire son livre et reste enfermé dans sa condition (Jacques semble servir de témoin et de
baromètre des progrès et de l'évolution de sa cousine, les 2 suivant des trajectoires opposées. Là où il était un petit garçon tout à fait indépendant, S
était une petite fille rangée, et là où la jeune agrégée va s'émanciper et rompre avec son milieu, il va faire un mariage de raison et s'aliéner dans les
affaires et la bourgeoisie)
*Garric se répète et ses idées communistes ne collent pas avec la réalité
*Herbaud échoue à l’agrégation. Ces échecs mettent en relief son propre parcours exceptionnel.
-Sartre s’impose comme la dernière figure importante dans la progression de S, puisqu’il lui permettra de concrétiser
entièrement son émancipation et d’entrer dans le cercle fermé des intellectuels, philosophes et écrivains. Il restera
une figure supérieure, répondant à l’image de l’homme idéal qu’elle espérait trouver un jour : «  mon goût de la
liberté, mon amour de la vie, ma curiosité, ma volonté d’écrire. Non seulement il m’encourageait dans cette
entreprise mais il proposait de m’aider  ».

LA CONDITION FEMININE
CORPS FEMININ
-BV s’interroge sur pk il était inconvenant de discuter du corps et de ses fonctions avec les JF. Car pour elle, à
l’époque, les choses ‘’inconvenantes’’ n’étaient que des histoires d’imaginations et d’excréments, mais elle découvrit
qu’il y avait des choses plus mystérieuses dont les adultes évitaient de parler et elle se mit à y réfléchir : « Il fallait
que le corps fût en soi un objet dangereux pour que toute allusion austère ou frivole, à son existence semblât
périlleuse ». Ce mystère s’accentuait : « il fallait le cacher ; laisser voir ses dessous ou sa peau -sauf en quelques
zones bien définies- c’était une incongruité ».
-On lui apprend aussi à ne pas regarder son corps, à se changer sans se découvrir.
-Si on n’osait pas parler du corps avec les filles il ne fallait pas qu’elles trouvent des explications dans les livres. C’est
ainsi que certains livres sont classés comme ‘’ouvrages défendus’’ et d’autres comme ‘’ouvrages pour jeunes filles’’.
-BV a un jour lu dans un livre qu’une héroïne qui n’était pas mariée, s’est retrouvée enceinte. Elle eut peur que sa
mère tombe sur le livre et sache ainsi qu’elle a découvert la vérité.
-Elle ne comprenait pas pk les adultes, n’informaient pas tt simplement les jeunes filles sur ces faits. En l’occurrence,
c’est par sa cousine Madeleine (qui était au courant de la sexualité par ses lectures) qu’elle découvrit les fonctions du corps et la
sexualité chez les animaux, car il n’y a jamais eu de discussion avec sa mère sur les év. dus à la puberté. C’est elle qui
révèle à BV que les enfants se forment dans le ventre de la femme et explique aussi les changements corporels.
-Le cas d’une jeune fille nommée Yvonne âgée de 25 ans est lamentable. Cette ‘’vieille’’ jeune fille venait passer ses
vacances dans le bourg voisin dans l’espoir de se faire épouser, elle fut bannie, parce qu’elle n’avait pas fait attention
et que les jeunes hommes ont profité d’elle. Le futur fiancé fut averti et il n’y eut pas de mariage pour Yvonne. Si elle
avait eu la possibilité de lire ‘’un ouvrage défendu’’ elle aurait été dc plus sur ses gardesle lgg cru et provocant de
S pour montrer sa révolte contre l’abêtissement de la jeune fille par la société.
-En revanche, la vie privilégiée des jeunes hommes : « encourageait les garçons de jeter leur gourme. Le moment
venu, ils épouseraient une jeune personne de leur monde ; en attendant, on les approuvait de s’amuser avec des
filles de petite condition  ».
-BV avait environ 16ans lorsqu’elle se mit à ouvrir les yeux sur les différences entre les garçons et les jeunes filles sur
le plan sexuel. Un ami lui dit : «  un homme qui demeurait vierge passée dix-huit ans, c’était à ses yeux une
névrose ; mais il prétendait que la femme ne devait se donner qu’en légitime noces ».
-Seuls les hommes ont dc le droit d’avoir des aventures avant le mariage et en marge de celui-ci.

ALIENATION
-Mme Mabille se méfie des intellectuels et astreint Zaza aux tâches sans intérêt des JF de bonne famille. Ainsi, Zaza
ne peut plus se consacrer à ses études et les chemins des 2amies se séparent : alors que S réussit l’agrég et acquiert
l’autonomie financière, Zaza reste prisonnière de sa famille.
-≠BV qui avait un rapport glacé avec sa mère, l’amour de Zaza pour sa mère l’empêchait de se révolter. Ex : Zaza qui
s’est mutilée ; Elle s’est donné un bon coup de hache sur le pied juste pour avoir un peu de solitude.
-La mère de Zaza pensait que S avait une mauvaise influence sur sa fille, entre autres à propos des questions
religieuses. Elle détestait son influence intellectuelle et regrettait qu’elle l’ait laissé fréquenter la Sorbonne.
-Lili la grande sœur de Zaza se voit obligée d’accepter des entrevues pour trouver un époux car le temps passe, et
ensuite ce sera le tour de Zaza, mais celle-ci refuse, provoquant l’indignation de sa mère.
-La mère de Zaza ne voulait pas que sa fille épouse le garçon qu’elle aimait car c’était la famille qui décidait. BV
suggère que le garçon demanda la main de la jeune fille, mais en vain. 2 idylles de Zaza sont ainsi contrariées par une
mère tyrannique : l’une avec son cousin André, l’autre avec Pradelle (Merleau-Ponty).
-Marguerite de Théricourt vouée à un mariage arrangé avec un homme beaucoup plus âgé qu'elle.
-BV montre le combat de son amie pour fuir son destin, alors que de son côté elle décidait de son avenir en refusant
le mariage et la maternité.
-Nous apprenons que Zaza avait réfléchi à la mort et sur la vie dans un cloître.
-Atteinte d’une forte fièvre, Zaza est hospitalisée et s’éteint qq jours plus tard. Sa mort de Zaza est le résultat
tragique de la soumission des jeunes filles et le symbole de la victoire des conventions sociales.
-S établit une liaison entre sa propre liberté et la mort de Zaza pour exposer le contraste de leurs destins : «  j’ai
pensé longtemps que j’avais payé ma liberté de sa mort  ».
-La mort de Zaza nous rappelle aussi le destin de Jacques, parce que le patriarcat de l’époque pouvait aussi faire des
victimes chez les hommes comme chez les femmes. BV offre un récit sur la destinée de celui-ci qu’elle appelle vers la
fin : « Son héros qui se change en bourgeois calculateur. Il finit par épouser une autre fille pour plaire à la société et
son mariage fut un échec. Il devint clochard et meurt à l’âge de 56 ans dans une misère effroyable. Il n’a pas réussi à
être bourgeois ni à fuir la bourgeoisie, il s’est réfugié dans les bars et a terminé sa route dans un cimetière.
!!La mère de BV est la figure représentative de la condition féminine, comme en témoigne son portrait peu flatteur :
entièrement soumise à son mari et astreinte de durs travaux ménagers, soucieuse de ‘’faire comme tout le monde’’,
responsable de l’enseignement des valeurs à sa fille, tendre et dominatrice : « elle redoutait les critiques et, pour les
éviter, mit tous ses soins à faire comme tout le monde ».

EDUCATION
-MJFR ont la valeur d’un doc d’époque pour saisir l’éducation des JF au début du XXe.
-Elle insiste sur l’éducation et les valeurs qui lui sont inculquées. Cette éducation très traditionnaliste est basée sur la
transmission de mythes et d’informations erronées qui altèrent la vérité du monde et cherchent à maintenir la JF
dans l’ignorance.
-BV montre bien comment toute son éducation se fonde sur l’apprentissage des bonnes manières. En effet, la JF se
rend au cours Désir à l’âge de 5,5ans, lieu où elle apprend surtt à avoir une conduite irréprochable (Les règles sociales
concernant surtt le sexe féminin).
-On lui interdit de sortir seule le soir, on censure ses lectures et on surveille ses correspondances.
-Se développe l’idée d’une ‘’féminité idéale’’ et le souci de répondre à une norme dans laquelle chaque femme est
contrainte de se tenir : «  Il y avait un mot qui revenait souvent dans la bouche des adultes : c’est inconvenant. Le contenu
en était quelque peu incertain. […] Certains détails vestimentaires, certaines attitudes étaient aussi répréhensibles qu’une
indiscrète exhibition. Ces interdits visaient particulièrement l’espèce féminine (…) : si elle transgressait ces règles, elle avait
mauvais genre. L’inconvenance ne se confondait pas tout à fait avec le péché mais suscitait des blâmes plus sévères que le
ridicule ». Dans ce passage, BV utilise le souvenir d’une parole pour donner sa vision de la femme dans la société du
XXᵉ siècle et de ses devoirs qui sont des restrictions de leurs libertés et condition à leur intégration (‘’espèce
féminine’’= singularité, catégorie à part).
-Même la jeune Zaza était d´accord avec la mère de BV qui déclarait : « Mettre neuf enfants au monde comme l’a
fait maman, ça vaut bien autant que d’écrire des livres ». Cela montre bien l’influence de cette éducation qui
s’infiltre d’une génération à une autre. +BV convaincue que la femme appartient à une caste inférieure.
-La révolte de S contre l’éducation des JF se trouve déjà tôt, lorsque enfant, elle découvre dans un livre enfantin,
intitulé La poupée modèle qu’une petite fille est comparée à des moutons, et elle s’en insurge : « Comment peut-on
comparer une petite fille à des moutons ?  », le mouton étant un animal doux mais docile et aussi connu pour sa
bêtise ; «  Sans me mélanger au troupeau des enfants de la paroisse, j’appartenais à une élite  ».
-Adolescente, c’est en essuyant la vaisselle aux côtés de sa mère qu’elle se promet d’avoir, elle, une vie qui
« conduira qq part ». Elle deviendra, en effet, la ‘’brebis galeuse’’ qui se distingue du troupeau.
-L’idée de conformisme que BV attribue à l’adjectif ironique ‘’rangée’’. Il permet aussi de venir souligner plus
fortement la dimension implicite de ‘’soumission’’ qu’il représente pour les femmes.
-Elle critique surtout l’enseignement catholique et bourgeois des JF, car une bonne partie de leur enseignement se
fait à travers la croyance religieuse.
-BV, connue pour son envie dévorante de s’enrichir tjrs un peu plus, dénonce la diff. d’éducation dont elle a souffert
durant son enfance et une partie de son adolescence. Les femmes sont condamnées à une ignorance infantile : «  Ils
avaient pour professeurs des hommes brillant d’intelligence qui leur livraient la connaissance dans son intacte
splendeur. Mes vieilles institutrices ne me la communiquaient qu’expurgée, affadie, défraîchie. On me nourrissait
d’ersatz et on me retenait en cage  ». Celles-ci étaient plus riches en vertus qu’en diplômes. Elles se permettent,
d’ailleurs, de s’appeler ‘’des éducatrices’’ au lieu de ‘’institutrices’’.
-elles prenaient qq cours d’histoire et de littérature. On proposait aussi à certaines des occupations futiles, BV donne
qq ex de ces ouvrages qu’on les faisait lire et elle énumère les préoccupations que l´on leur proposait : des cours aux
écoles du Louvre ou de la Croix-Rouge, de la peinture sur porcelaine, des sorties à l’opéra ou tourner autour du tombeau de
Napoléon pour pouvoir entrevoir un jeune homme pour se faire épouser.
-Son enseignement au cours Désir s’arrêtait d’ailleurs au 17e siècle.
 «  Il m’était bien difficile de penser par moi moi-même, car le système était à la fois monolithique et
incohérent  ». Ado, elle commence qd même à réfléchir par elle-même.
-Grâce à Jacques, elle s’ouvre un peu sur ce nv monde : «  Il connaissait une quantité de poètes et d’écrivains dont
j’ignorais tout ; avec lui entraient dans la maison les rumeurs d’un monde qui m’était fermé : comme j’aurais
voulu y pénétrer !  ».
-Le propos du père démontre de façon presque syllogique que, puisque S est instruite et a un esprit critique, c’est
qu’elle a un cerveau d’homme et donc qu’elle est un homme : «  Papa disait volontiers : « Simone a un cerveau
d’homme. Simone est un homme » Pourtant on me traitait en fille  ». La fille, elle-même se flattait d’avoir «  un
cœur de femme, un cerveau d’homme  », comme si l femme est condamnée à ne pas avoir d’esprit.
-BV raconte que dans son milieu on trouvait alors incongru qu’une jeune fille fit des études poussées et que
travailler équivalait à une déchéance pour une femme. Plus elle s’élève dans l’échelle des savoirs, plus sa situation
devient difficile. Le choix de faire carrière dans les lettres et la philo lui attire le blâme et le rejet de son entourage.
Elle est considérée comme un ‘’monstre’’ par sa famille et se sent ‘’exilée’’.
-Une femme qui écrit ne va pas encore de soi à son siècle. Etre une femme philosophe est encore moins évident.
-Importance de la dot : *Une mère de 3grands fils, de beaux futurs avocats, met en garde son entourage qu’elle
n’accepte pour ses fils que des filles dotées *Le père désormais en situation précaire prévient ses filles : « Il faudra
travailler  », car sans dot, il est difficile de les marier.
Être féminine n’est rien d’autre que de se montrer impotente, futile, passive, docile. La JF, selon BV, doit réprimer
sa spontanéité et apprendre à charmer car c’est cela que lui enseignent ses ainées.

S affiche très tôt un goût marqué pour l’indépendance et la remise en question des valeurs contemporaines de
son époque concernant la condition de la femme.
-BV propose de donner une chance à la JF, de la laisser à ses études, qu’elle participe à une activité sociale et
politique. Ainsi elle pourra s’affranchir de l’obsession du mâle, et serait bcp moins préoccupée par ses conflits
sentimentaux et sexuels.

DES FILLES NON-RANGEES


MADELEINE
-Le statut de fille modèle ne s’applique pas pour tt les jeunes filles. Par ex, sa propre cousine Madeleine était
presque éclairée, elle lisait n’importe quel livre car sa mère le permettait, à l’opposé des parents de S et surtt de sa
mère pour laquelle certains livres devaient être interdits. Elle était au courant de la sexualité, c’est elle qui informa S
sur la sexualité en lui montrant le sexe de son chien, et le rapport entre les mots aimer, amant et maitresse. A 18ans
Madeleine se poudrait malgré les interdictions des adultes.

LES BAS-BLEUS
BV admirait les femmes qui vivaient une vie éloignée de l’idée de la femme soumise.
-La jeune S a peu de modèles à se donner.
-Sur le plan de l’éducation, il y a des femmes qui faisaient des hautes études telles que Mademoiselle Dubois qui
terminait sa licence d’anglais et Mademoiselle Billon, d’une 30 d’année qui passait son baccalauréat à la Sorbonne. Il
y a surtout Mademoiselle Léontine Zanta qui avait un doctorat et qui vivait avec une nièce adoptée. Pour BV, cette
femme conciliait sa vie d’intellectuelle avec sa vie de femme.
Dans son école Sainte-Marie il y avait Mademoiselle Lambert qui lui inspirait du respect, elle fut agrégée en
philosophie à l’âge de 35ans.

STEPHA
-C’est princ. le pers. de Stépha qui, en tant que figure féminine « non-rangée », permet d’apporter une autre
dimension au récit.
-Originaire d’Ukraine, elle est engagée comme gouvernante pour la période des vacances dans la famille de Zaza,
pour faire de l’argent de poche. Elle était aussi curieuse de voir comment vivait une famille bourgeoise.
-Elle est cultivée, jouait du piano et chantait en Ukraine, mais très libre, coquette et désinvolte : «  en dépit de sa
parfaite éducation, elle choquait les gens de bien ; gracieuse, féminine, auprès d’elle, nous avions l’air, Zaza, ses
amies et moi-même, de jeunes nonnes  »
-Etudiante, elle a milité en faveur de l’indépendance Ukrainienne, et elle a même passé qq jours en prison. Elle avait
déjà posé nue pour son amant, un peintre espagnol. Plus avisée elle expliqua à son amie S que l’amour physique
était important surtout pour les hommes. En voyant des prostitués et leurs proxénètes, elle lui apprit que c’était la
vie bien que ce soit dégoûtant.
Cette fille émancipée harmonise bien sa liberté et sa vie de femme.
-Figure féminine importante qui apporte à BV l’image d’une autre possibilité de vie. Une vie où la femme n’a pas à
suivre des convenances, où elle choisit de s’habiller comme elle le souhaite, où elle a le droit de revendiquer ses
opinions ; en somme, de mener l’existence qu’elle désire. Stépha fera d’ailleurs svt remarquer à Zaza et à S leur
innocence et leur naïveté et s’amusera de leur mode de vie très ‘’rangé’’.

L’ECRITURE ?
UNE AUTOBIOGRAPHIE FEMINISTE ?
-Avant d’entreprendre Le 2e Sexe (qui deviendra la bible du féminisme), BV ne se définit aucunement comme féministe.
-L’étude pourrait apparaître comme non pertinente puisque le genre autob. ne se prête pas à la thèse . Toutefois, il
peut être intéressant de se demander en quoi le parcours décrit BV comporte des significations féministes, ajoutant
une portée plus universelle au récit.
-Ce n’est pas un manifeste de la libération des femmes, mais son itinéraire invite tt de même à l’émancipation.
-C’est sous le prétexte de ce besoin d’indépendance que sont svt évoqués les prob. liés à la situation de la femme.
Elle refuse donc le mariage par désir d’indépendance et la maternité par dégoût des ‘’servitudes’’ qui accablent la
mère dans cette situation.
-«  Je n'étais pas féministe dans la mesure où je ne me souciais pas de politique : le droit de vote, je m'en fichais.
Mais à mes yeux, hommes et femmes étaient au même titre des personnes et j'exigeais entre eux une exacte
réciprocité. L'attitude de mon père à l'égard du « beau sexe » me blessait […]. La morale sexuelle courante me
scandalisait à la fois par ses indulgences et par ses sévérités  » Réflexion déjà assez engagée sur la condition
féminine.
-Elle aborde même la question de l’avortement, perçu comme droit évident.
-S évoque pls fois l’attitude sexiste de son père («  mon père était vigoureusement anti-féministe  »). Elle permet de
représenter l’opinion commune sur les femmes, ntm sur les intellectuelles (les ‘’bas-bleus’’), dans la société du début du
XXᵉ siècle : «  Dans mon milieu, on trouvait alors incongru qu’une jeune fille fît des études poussées ; prendre un
métier, c’était déchoir  ».
-Sa pensée chemine déjà vers certaines réflexions du Deuxième Sexe.
!! MJFR n’a vrmt une portée explicitement féministe et se concentre sur l’émancipation de BV. Cependant, de façon
involontaire, son récit transmet tout de même un message à toutes les femmes. Son parcours apparait comme un
modèle d’émancipation.
-Comme le dit BV elle-même, son ‘’je’’ autob. est le ‘’je’’ d’une femme et donc, par cela, un ‘’je’’ qui concerne toutes
les femmes.

ECRITURE FEMININE
BV ne revendique pas son écriture comme typiquement féminine, assurant écrire avec le lgg de tt le monde.
Pourtant, nous pouvons tt de même distinguer des aspects féminins.
THEMES
ntm L’importance du corps : indications sur son physique, ses vêtements, tour à tour belle et élégante, laide ou mal
habillée : « je considérais mon reflet avec faveur  ».
*Elle raconte l’arrivée des règles et détaille les réactions de sa mère et de son père.
*La maternité, la grossesse sont abordées pour expliquer qu’elle les a très tôt refusées.
*Description précise des relations fille-mère et fille-père : de la mère aimée passionnément pendant l’enfance à la
mère suspicieuse, tyrannique, indiscrète de l’adolescente//L’admiration du père, sa légèreté, vont progres. aussi
évoluer vers la méfiance.
*Importance de la relation de couple : pls pages sont consacrées à ses relations avec Jacques+l’ombre de Sartre
plane sur tout le récit.
*Elle confronte son destin à celui des autres JFR, en particulier à Zaza.
NATURE
-BV, comme de nbr femmes écrivains, ne cache pas son amour de la nature au sein de ses œuvres. Elle a svt recours
à un registre lyrique dès qu’elle évoque ses vacances à la campagne : «  Le premier de mes bonheurs, c’était, au
petit matin, de surprendre le réveil des prairies  ».
-Dans ces passages lyriques où BV rend compte de son amour de la nature, elle se rapproche un peu plus des
caractéristiques de l’écriture féminine : une écriture plus libre, moins contrôlée, laissant une grande place aux
émotions et aux sensations.
!! Un style à la fois lyrique et distant : les émotions semblent tout de même rester mesurées puisque la N conserve
un ton assez sobre et n’use pas de ponctuation excessive ou d’apostrophes.
ORALITUDE
+Ecriture qui se démarque par l’oralitude : Style simple, naturel, proche du lgg oral, sans fioriture.
-L'apparente simplicité de l'écriture BV est un ressort de l'effet de sincérité de la mémorialiste.
+Elle fait usage, dans son processus de remémoration, de doc. tels que les lettres et le journal intime qui sont, selon
les critiques, les supports privilégiés de l’écriture des femmes.

IRONIE
-Le titre lui-même se fait déjà l'illustration de cette ironie en mention avec l'adjectif « rangée » qui renvoie au lgg
stéréotypé de la bourgeoisie pour désigner la JF de bonne famille de l'époque dont BV se détache évid. L’ironie
porterait alors sur les valeurs, nn sur le pers.
-Grd nbr de mots que les guillemets permettent explicitement d'identifier comme des modalisations autonymiques.
Ces mots sont attribués au vocabulaire conformiste et bourgeois récusé,
*voc qui est très svt celui du père dont est dressé un tableau peu flatteur : « honnêtes femmes », « noceuses » (53), «
une dame ''comme il faut'' »(108) …
-En effet, les membres de sa famille constituent aussi une cible, en tant que représentants de l’ordre bourgeois. Ex :
son grd-père, un vieux bourgeois qui a passé sa vie à essayer de s’enrichir, dont seuls les projets financiers paraissent
capables de réveiller la conscience.
*l'ironie peut aussi porter sur un discours attribué au « moi » passé qui répète les vérités qu'on lui fait croire, auquel
la N n'adhère plus. Le regard porté sur l'enfant est ironique, mais plus amusé que mordant. Elle se moque, par ex, de
sa vision manichéenne du monde, sa naïveté : + «  ''Je pleure, donc j’aime'', me dis-je avec ravissement. Dix-sept
ans : j’avais l’âge  »  ; son patriotisme ; son égocentrisme : «  je me sentais plus intéressante qu’un nourrisson cloué
dans son berceau  » ; «  j’appartenais à une élite  ».
-On peut assimiler les pages sur la 1e guerre mondiale à une chronique si ironique qu'elle en devient la satire du
discours patriotique ambiant.
-Elle se moque des enseignantes de l’institut Désir, ‘’bêtes’’ et ‘’plus riches en vertus qu’en diplômes’’ : «  Elles
croyaient devoir manifester leur dévotion par l’extravagance de leurs toilettes  ».
-Finalité double : saisir la bêtise et l’hypocrisie du milieu bourgeois par un discours indirect+Introduire dans le récit
une légèreté qui dit aussi celle de la vie de BV.
-Elle s’attaque aussi aux religieux et trivialise la religion : «  Je trouvai incongru que le tt puissant petit Jésus
s’amusât à descendre dans les cheminées comme un vulgaire ramoneur  » ; «  Dieu sortit indemne de cette
aventure  » ; «  peut-être que Dieu était bête  ».

BONHEUR
-Le bonheur a tjrs été un besoin chez BV.
-Elle fait apparaître l’existentialisme comme une philosophie tournée vers la recherche authentique du bonheur :
«  Je me promis aussi de vouloir désormais la joie, et de l’obtenir  »
-A maintes reprises, elle insiste sur son amour de la vie et son inclination au bonheur ; Il suffit de peu de chose pour
la rendre heureuse, un rayon de soleil et ‘’son sang bondît’’. Et, même lors d’une crise ou d’un moment de faiblesse,
elle trouve tjrs le courage nécessaire pour remonter la pente.
-Jacques a partic. un rôle dans cette conquête du bonheur : «  le bonheur, la vie, c’est lui  !  ». C’est pk, d’ailleurs, elle
s’y accroche.
-Grâce à lui, elle met le pied pour la 1e fois dans un café, essaie l’alcool, et commence ses virées au bar auxquels elle
a été initiée et qui éveillent en elle ce sentiment de liberté. Le goût de l’aventure est vécu comme une extase.
-C’est aussi grâce à Pradel qu’elle apprend de nouveau la gaieté qui la ferait sortir de son Inquiétude.
-Elle s’abandonne de plus en plus aux activités ludiques et ne se prive pas des joies de la vie, en dépit de ses
nombreuses occupations ; «  Tout en continuant à beaucoup travailler, je décidai de me distraire  ».
-Elle en vient ainsi, malgré ses nbr tourments, à conclure que « somme toute il était bien intéressant de vivre  ».
-L’idée maîtresse qui conditionne toute l’œuvre de BV est, au final, celle de liberté, une liberté qui ne s’acquiert en
revanche que par un combat, voire une lutte de survie, qui se cristallise par l’œuvre elle-même.

UNE HISTOIRE INDIVIDUELLE A PORTEE UNIVERSELLE


-BV : «  Construire une image de moi-même  : cette vaine et d’ailleurs impossible entreprise ne m’intéresse pas. Ce
que je souhaiterais c’est me faire une idée de ma situation dans le monde  ».
-L’histoire personnelle de la JF réussit à atteindre une universalité : «  Impossible de faire la lumière sur sa vie sans
éclairer, ici ou là, celle des autres  ».
-C’est par l’écriture de la vie qu’apparaît une vérité plus large que celle de la vie de BV et qui permet de faire
apparaître sa vie comme un ‘’universel singulier’’.
-Le ‘’je’’ dont elle se sert est très svt en vérité un ‘’nous’’ ou un ‘’on’’, qui fait allusion à l’∑ de son siècle plutôt qu’à
elle-même.
-Le présent de vérité générale assure la jonction entre le récit d’une vie privée et le déroulement de toutes les vies. Il
invite à lire le récit comme une variation unique sur un thème constant.

UNE PEINTURE SOCIOLOGIQUE ET HISTORIQUE DE L’EPOQUE.


-Son ambition n’est pas slm de développer une série d’anecdotes sur sa propre histoire, mais plutôt de montrer
comment sa personnalité s’est constituée au sein d’un certain milieu social et d’un contexte historique particulier.
-Son autob. échappe ainsi au narcissisme comme à l’insignifiance pour concerner autrui.
-Elle bannit aussi tt attendrissement individualisant.
-Elle déborde ainsi amplement la singularité de son expérience vécue dans une logique représentative.
-MJFR montre, comme le montre l’article indéfini dans le titre même, l’ambition quasi sociologique du récit conçu
comme le portrait de toute une classe sociale.
-Son regard de fillette donne à voir les conditions de vie auxquelles hommes et femmes étaient soumis durant la
période de la grande guerre.
-Elle fait la description d’un univers mi-aristocratique, mi-grand-bourgeois, qui s’esquisse en toile du fond du récit
d’enfance, et ce pour le critiquer.
-l’importance de la famille élargie et la ritualisation des échanges sociaux, ainsi que le passage d’un château à l’autre
chaque été.
-Une éducation dont elle dévoile les méthodes implicites de ‘’dressage’’. Elle est basée sur une surveillance incessante,
une homogénéité sociale des fréquentations et une cohésion idéologique de l’école privée et de la famille : «  On ne peut
imaginer enseignement plus sectaire que celui que je reçus. Manuels scolaires, livres, classes, conversations  : tt
convergeait ».
!!Sous le discours descriptif, se dégage une critique sociale, ntm en ce qui concerne le ‘’rôle’’ à jouer dans la société
mondaine.
-Elle insiste sur la notion de paraître, très présente dans son milieu, et le faste de cette classe : «  Je profitais
passionnément du privilège de l’enfance pour qui la beauté, le luxe, le bonheur sont des choses qui se mangent
[…]. je possédais toutes les couleurs et toutes les flammes, les écharpes de gaze, les diamants, les dentelles ; je
possédais toute la fête  ». Autour de la métaphore alimentaire, elle évoque alors ‘’la beauté’’ et ‘’le luxe’’ qui
l’entouraient, ainsi que les écharpes de ‘’gaze’’, ‘’les diamants’’ et ‘’les dentelles’’.
-Mais elle montre aussi ne pas être totalement dupe des ‘’sublimations bourgeoises’’ ou aristocratiques, puisque ces
classes sont, selon elle, séparées du monde véritable.
-«  Je n’admettais pas qu’un fait brut, la richesse, pût fonder aucun droit ni conférer aucun mérite  ».
-La religion est aussi très représentative des principes de ce milieu.
-A travers l’exemple des écrivains qu’elle admire, elle représente aussi tt un contexte littéraire marqué par la révolte
contre la famille et la tradition : «  Barrès, Gide, Valéry, Claudel : je partageais les dévotions des écrivains de la
nouvelle génération…  ».

LA CONDITION FEMININE
UN ECLAIRAGE SUR LA CONDITION HUMAINE
- BV : «  Mon ‘’je’’ recouvre les probs de la condition humaine en général  ».
-De nbr sujets évoqués dépassent une simple visée sociologique ou historique, pour rendre compte de problèmes
plus vastes sur la condition humaine.
-Le récit pose le prob du rapport à l’autre, de Dieu, de la mort, de l’amour, de la liberté, du sens de la vie.
Voir ESSAI PHILOSOPHIQUE

L’œuvre réussit à communiquer non pas la singularité d’une enfance mais l’universalité de l’enfance, à soulever
des interrogations non pas sur une condition de femme mais sur la condition des femmes, à illustrer non pas une
classe sociale mais le fonctionnement de toute une société et, plus que tout -et cela, parfois, malgré BV elle-même- à transmettre
un message d’émancipation, d’épanouissement et de liberté.

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