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Les complications neurologiques centrales sont encore fréquentes et le résultat de l’association des proprié-
tés du virus de l’immunodéficience humaine lui-même, des caractéristiques de l’hôte et des interactions
avec l’environnement (incluant les traitements). On peut schématiquement séparer deux groupes de
manifestations neurologiques : celles principalement liées à l’immunodépression (infections opportunistes
et néoplasies), et celles dues à la chronicisation de l’infection et des conséquences des traitements antiré-
troviraux. Si le contrôle de l’infection et la restauration de l’immunité ont nettement diminué la fréquence
de certaines de ces complications, au premier rang desquelles les infections opportunistes et la démence
du sida, elles restent malheureusement encore très fréquentes et sont détaillées dans cet article.
© 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
EMC - Neurologie 1
Volume 11 > n◦ 4 > octobre 2014
http://dx.doi.org/10.1016/S0246-0378(14)53818-3
17-051-B-10 Manifestations neurologiques centrales associées à l’infection VIH-1
régions du monde les plus touchées sont l’Afrique sub-saharienne visuel, syndrome cérébelleux. Les manifestations cliniques
(22,4 millions) et l’Asie (6,1 millions) [8] . En France, le nombre de peuvent être initialement plus diffuses (syndrome confusion-
personnes vivant avec le VIH est évalué à 150 000 (entre 135 000 nel, troubles du comportement), évoluer sur plusieurs semaines
et 170 000) [9] . En métropole, les principaux groupes à risque sont et être trompeuses en cas d’abcès multiples ou de locali-
encore représentés par la communauté des hommes ayant des sation frontale. Les crises comitiales sont aussi un mode
rapports avec des hommes [11] , dont la dynamique d’infection a de révélation fréquent. Chez les patients VIH, la toxoplas-
réaugmenté ces dernières années en lien avec un comportement mose atteint fréquemment les noyaux gris centraux et est
de « relâchement » vis-à-vis de la prévention, les personnes ori- alors responsable de mouvements anormaux très évocateurs.
ginaires d’Afrique subsaharienne qui représentaient en 2008 une Un syndrome d’hypertension intracrânienne (HIT) (céphalées
découverte de séropositivité sur trois [12] et les usagers de drogues intenses, vomissements et troubles de la conscience) peut
intraveineuses dont l’incidence demeure environ 18 fois plus éle- compléter la présentation clinique ;
vée que celle observée chez les hétérosexuels [13] . • l’encéphalite toxoplasmique : une encéphalite diffuse se mani-
Depuis quelques années, le pronostic global des personnes festant par des troubles de la conscience, des crises comitiales
vivant avec le VIH a été nettement amélioré depuis l’avènement généralisées et des céphalées d’évolution subaiguë est plus fré-
des multithérapies antirétrovirales hautement actives (HAART). quente chez les transplantés que chez les patients VIH. Le
On estimait que les personnes vivant avec le VIH et traitées de diagnostic différentiel peut être celui d’une encéphalite herpé-
façon efficace avec une charge virale indétectable et des CD4 tique ou d’une encéphalite VIH. La fièvre est alors un argument
supérieurs à 500/mm3 depuis au moins six ans présentaient une important [1] ;
survie globale proche de celle des personnes non infectées par le • l’abcès médullaire : l’atteinte médullaire isolée ou associée à une
VIH [14] . Cependant, cette augmentation de l’espérance de vie fait atteinte cérébrale est rare et se traduit par un tableau en géné-
apparaître une très probable surmorbidité potentiellement liée : ral aigu paraparétique ou paraplégique, associé à des troubles
• au virus VIH lui-même ou à l’inflammation résiduelle qu’il sensitifs et sphinctériens en fonction de la région atteinte. Il
engendre même si la charge virale est indétectable sous s’agit d’un tableau de souffrance médullaire avec niveau sensi-
HAART [15, 16] ; tif et lésion intramédullaire abcédée à l’imagerie par résonance
• à l’iatrogénie d’une exposition prolongée et cumulée aux ARV ; magnétique (IRM). Le principal diagnostic différentiel est le
• enfin au fait que les facteurs de risque vasculaire classiques lymphome.
comme le tabagisme, la dyslipidémie, l’hypertension artérielle
ou le diabète sucré soient surreprésentés dans la population Diagnostic
VIH [17] .
Par ailleurs, le manque de connaissance des risques de trans- Aspects radiologiques
mission du VIH et l’exclusion des plus de 50 ans de la cible des L’IRM est l’examen de choix. Il n’y a pas d’image pathognomo-
campagnes de prévention sont aussi responsables d’une augmen- nique de TC : la séroprévalence et le degré d’immunodépression
tation des nouvelles infections par le VIH chez les sujets âgés. sont des éléments importants pour orienter le diagnostic.
L’imagerie typique (80 % des cas) montre des abcès multiples, loca-
lisés dans les noyaux gris centraux et les régions sous-corticales,
Manifestations opportunistes prenant le contraste en anneau, associés à un œdème périlé-
sionnel souvent important, l’ensemble réalisant un aspect en
cocarde. Sous traitement spécifique, la lésion disparaît ou laisse
Toxoplasmose des cicatrices en quatre à six semaines en moyenne : atrophie ;
Parasitose due à Toxoplasma gondii, la toxoplasmose est une zone d’encéphalomalacie ; calcifications ; signes de saignement.
infection ubiquitaire largement répandue dans la population, La persistance des images voire leur aggravation sous traitement
puisqu’en France environ deux tiers de la population adulte d’attaque bien conduit doit faire envisager un autre diagnostic,
possède des anticorps sériques spécifiques témoignant d’une au premier rang desquels le lymphome cérébral surtout dans les
infection ancienne. Au cours de l’infection VIH, la toxoplasmose pays développés et une mycobactérie dans les pays en voie de
cérébrale (TC) procède d’une réactivation endogène des kystes développement. Nous avons aussi observé la persistance prolon-
présents dans l’organisme engendrée par l’immunodépression [1] . gée (plusieurs mois à années) d’un rehaussement par le produit
Son incidence dépend donc de la prévalence de l’infection dans de contraste de lésions sans activité de la TC. En cas d’encéphalite
la population générale. La séroprévalence varie de 5 à 10 % en toxoplasmique, l’IRM objective une atteinte de la substance
Europe du Nord jusqu’à 54 % en Europe du Sud [18] . Par comparai- blanche, sans prise de contraste. De très rares cas d’accidents vas-
son, la séroprévalence aux États-Unis est de 10,8 %. En Afrique, les culaires ischémiques et de vascularite ont été rapportés.
chiffres peuvent varier de 10 % en Afrique sub-saharienne, 20 %
au Burkina Faso ou au Mali à 80 % en Ethiopie. Elle a considéra- Sérologie toxoplasmique et étude du liquide cérébrospinal
blement décliné grâce à la prophylaxie par cotrimoxazole associée La sérologie toxoplasmique a surtout un intérêt chez le patient
aux combinaisons d’ARV restaurant l’immunité. La TC survient en peu immunodéprimé (d’où l’importance de la demander dès que
règle chez des sujets ayant moins de 100 lymphocytes CD4/mm3 , l’infection VIH est connue) et témoigne d’une infection ancienne
présentant une sérologie toxoplasmique positive et ne recevant (présence d’immunoglobulines G [IgG]). Sa négativité plaide
pas de prophylaxie spécifique. De très rares cas ont été rapportés contre le diagnostic de TC, mais des faux négatifs sont observés
chez des patients ayant un nombre de CD4 supérieur à 200 voire chez 5 % des patients en raison de l’immunodépression [19] . Depuis
600/mm3 . La TC reste encore un mode de révélation fréquent de quelques années, des études ont évoqué l’intérêt de l’utilisation
l’infection VIH. de la polymerase chain reaction (PCR) toxoplasmique dans le sang,
qui présente des chiffres de sensibilité et spécificité supérieurs
à 90 % et serait beaucoup plus associée à la réactivation que le
Manifestations cliniques titre des IgG tout en présentant l’avantage d’être accessible même
Classiquement, la TC se présente comme un déficit neuro- en cas de contre-indication de la ponction lombaire (PL). La PL
logique focal fébrile rapidement progressif, mais la fièvre n’est n’apporte aucune aide au diagnostic positif de TC, mais permet
présente que dans 50 % des cas. Parfois le tableau est plus insi- d’éliminer une autre affection. La PCR toxoplasmique dans le
dieux, se résumant à des céphalées récentes ou à la modification liquide cérébrospinal (LCS) a une spécificité de 96 à 100 %, mais
de céphalées anciennes, isolées, ou à une fièvre inexpliquée. Les une sensibilité encore faible et extrêmement variable d’une étude
signes méningés sont rares. à l’autre entre 11,5 et 100 %, des valeurs prédictives positive de
On distingue trois situations cliniques principales : 100 % et négative de 85,7 % [19] . Sa négativité incite néanmoins à
• l’abcès cérébral : c’est la présentation la plus fréquente, ne pas différer les imageries de contrôle sous traitement. En cas
responsable d’un syndrome neurologique d’installation rapi- de doute diagnostique (sérologie négative ou prophylaxie bien
dement progressive, orientant vers la localisation de l’abcès : conduite) ou d’image atypique à l’IRM, l’intérêt de la PL repose
hémiparésie ou hémiplégie, aphasie, amputation du champ aussi sur les autres PCR. Leur éventuelle positivité pendant le
2 EMC - Neurologie
Manifestations neurologiques centrales associées à l’infection VIH-1 17-051-B-10
traitement antitoxoplasmique d’épreuve ou en cas d’aggravation de référence en cas d’intolérance ou de contre-indication aux
clinique permet d’orienter rapidement la stratégie diagnostique sulfamides. Les effets secondaires sont également très fréquents
(intérêt par exemple d’une PCR Epstein-Barr virus [EBV] positive (60 % des cas) : rash cutané (30 à 40 % des cas) moins sévère
dans une localisation inaccessible à la biopsie cérébrale). qu’avec l’association pyriméthamine–sulfadiazine et nécessitant
rarement l’interruption du traitement, diarrhée (20 % des cas)
Traitement avec parfois colite pseudomembraneuse, hématotoxicité (30 %
C’est en définitive la réponse au traitement présomptif qui est des cas).
l’argument diagnostique majeur car près de 90 % des patients Triméthoprime–sulfaméthoxazole. L’association
ont une réponse favorable en moins de 14 jours. Même en triméthoprime–sulfaméthoxazole (5/25 mg/kg) per os ou par
cas d’œdème cérébral important, il est important de garder en voie intraveineuse toutes les 12 heures peut être une alternative
mémoire que le diagnostic de TC est probabiliste, et qu’une biop- thérapeutique, notamment en raison de son accessibilité facile,
sie cérébrale peut être indispensable en cas d’aggravation clinique notamment dans les pays du Sud, et de sa voie intreveineuse.
ou radiologique. Quelques dizaines de milligrammes de corti- Atovaquone. La variabilité de la réponse clinique ne place
coïdes peuvent obérer les résultats histologiques dans le cas d’un cette thérapeutique que dans les cas où les autres traitements ne
lymphome. Il ne faut donc donner des corticoïdes qu’après échec sont pas possibles. La posologie est de 3 g/j.
des autres traitements d’une HIC et situation clinique préoccu- Traitement d’entretien
pante. L’association pyriméthamine (25 mg/j) et sulfadiazine (2 g/j)
Traitement d’attaque constitue le traitement d’entretien de référence. En cas
La TC est une urgence thérapeutique. L’institution rapide d’un d’intolérance, on peut recourir à l’association pyriméthamine
traitement spécifique présente un intérêt double ; il constitue (25 mg/j) et clindamycine (1,2 g/j), avec un taux de rechutes de
d’une part un élément majeur du pronostic vital et neurolo- l’ordre de 25 %. Des effets secondaires (environ 20 %), de même
gique, et d’autre part le critère diagnostique le plus rapidement nature que lors du traitement d’attaque, sont observés chez 20 %
spécifique. L’adage classique d’instaurer un traitement antitoxo- des patients, tant avec l’association pyriméthamine–sulfadiazine
plasmique d’épreuve pendant une durée probatoire de deux qu’avec l’association pyriméthamine–clindamycine. Compte
semaines devant tout processus expansif intracrânien ou intra- tenu de son excellente efficacité antitoxoplasmique, de son effi-
médullaire demeure encore vrai aujourd’hui. Les arguments qui cacité comme prophylaxie de la pneumocystose, l’association
imposent une remise en question rapide du diagnostic sont : pro- pyriméthamine–sulfadiazine doit être privilégiée. Des techniques
phylaxie par cotrimoxazole bien suivie, antécédent de sérologie de désensibilisation en cas de rash, reposant sur une augmentation
toxoplasmique négative, PCR TC dans le sang négative, taux de progressive des doses de sulfadiazine, peuvent être proposées. Le
CD4 supérieur à 200/mm3 . The Cochrane Collaboration n’a pas cotrimoxazole à la dose quotidienne de 960 mg est aujourd’hui
démontré de supériorité des trois schémas thérapeutiques sui- une alternative thérapeutique en cas d’intolérance aux sulfa-
vants. mides et permet aussi la réduction du nombre de comprimés à
Pyriméthamine–sulfadiazine. Le traitement de référence de prendre chez des patients polymédicamentés pour favoriser ainsi
la TC repose sur l’association pyriméthamine (Malocide® ) et sul- la compliance thérapeutique.
fadiazine (Adiazine® ) [20] qui agissent de façon synergique en Le traitement d’entretien peut être suspendu une fois le nombre
bloquant la synthèse des folates, indispensables au dévelop- de lymphocytes CD4 supérieur à 200/mm3 et/ou représentant
pement des trophozoïtes de T. gondii. Elles sont sans action 15 % des lymphocytes totaux vérifié au moins deux fois à trois
sur les formes kystiques, ce qui justifie le maintien, lorsque mois d’intervalle [9] . Ces patients doivent être surveillés étroi-
persiste l’immunodépression, d’une inhibition permanente des tement et toute diminution des CD4 invite à reprendre la
trophozoïtes par un traitement d’entretien. L’action antifolinique prévention. Enfin, de très rares cas de récidive ou réinfection
puissante de cette association rend compte également de sa toxi- de toxoplasmose ont été décrits, malgré la restauration immuni-
cité hématologique, prévenue par l’adjonction d’acide folinique. taire sous traitement antirétroviral. Toute la difficulté repose sur
De façon courante, la pyriméthamine est administrée à la dose de l’importance de ne pas différer un autre traitement, mais aussi
100 mg le premier jour, puis 1 mg/kg par jour soit 50 à 75 mg/j de ne pas proposer une biopsie cérébrale pour un abcès toxoplas-
en une prise. La sulfadiazine est utilisée à la dose de 4 à 6 g/j en mique.
quatre prises. L’acide folinique doit être associé systématiquement Enfin, le pronostic à long, voire très long terme, supposé
à la dose de 25 mg/j pour prévenir les effets hématotoxiques de la excellent pour une infection opportuniste traitable et guéris-
pyriméthamine et de la sulfadiazine. Une hydratation suffisante sable, est obéré par des données récentes qui montrent de moins
avec alcalinisation des urines est recommandée pour prévenir la bonnes performances cognitives chez ces patients, par comparai-
cristallurie liée aux sulfamides. La durée du traitement d’attaque son à des patients comparables pour l’ancienneté de l’infection,
est habituellement de six semaines, et jusqu’à réponse clinique l’âge, le niveau culturel, la charge virale plasmatique et au stade
et radiologique (disparition de l’œdème périlésionnel surtout et sida pour une complication autre que neurologique [21] . D’autre
aussi du rehaussement des lésions par le produit de contraste, part, ces déficits cognitifs sont les plus sévères et affectent plus
tout en gardant en mémoire que des prises de contraste prolon- de domaines cognitifs que les autres infections opportunistes
gées ne sont pas synonymes de lésions actives). L’efficacité de comme la leucoencéphalopathie multifocale progressive (LEMP)
cette association pyriméthamine–sulfadiazine est de 80 à 90 % ou la cryptococcose. Un des mécanismes sous-jacents peut être
selon les séries. La précocité de l’administration du traitement, l’amputation de la réserve neuronale.
dès les premiers symptômes, est le meilleur garant du pronostic Prévention primaire
vital et fonctionnel. L’amélioration clinique est habituellement
La toxoplasmose peut être prévenue chez des patients ayant
plus rapide que l’amélioration radiologique. Le problème majeur
une sérologie toxoplasmique positive, moins de 200 CD4/mm3 ,
de cette association est sa toxicité, observée dans 40 à 60 % des
moins de 15 % de CD4 ou un rapport CD4/CD8 inférieur à 20 %
cas : rash cutané ; syndrome de Stevens-Johnson ou de Lyell ;
par le cotrimoxazole à la dose de 80/400 mg/j ou 160/800 mg/j,
leucopénie, anémie, thrombopénie ; cytolyse hépatique ; colique
L’augmentation des lymphocytes CD4 au-delà de la valeur de
néphrétique ou insuffisance rénale.
200 CD4/mm3 sous traitement antirétroviral permet d’arrêter la
La TC survient fréquemment chez des patients dont l’infection
prophylaxie primaire.
VIH n’est pas traitée ; il est possible de débuter un traitement
antirétroviral après ou durant la phase aiguë de la toxoplasmose,
c’est-à-dire en moyenne après deux semaines. Cytomégalovirus
Pyriméthamine–clindamycine. L’association
pyriméthamine–clindamycine (2,4 g/j) est une alternative thé- Les complications dues au cytomégalovirus (CMV) surviennent
rapeutique d’efficacité assez comparable à celle de l’association le plus souvent quand les CD4 sont inférieurs à 50/mm3 . Quelques
pyriméthamine–sulfadiazine, quoiqu’un peu moins rapidement cas ont été rapportés dans le cadre du syndrome de restaura-
efficace [9] . Elle constitue le traitement de seconde intention tion immune [22] . Avant les trithérapies, la fréquence de l’atteinte
EMC - Neurologie 3
17-051-B-10 Manifestations neurologiques centrales associées à l’infection VIH-1
du SNC par le CMV variait de 20 à 30 %, mais après 1996 leur diffuse micronodulaire, qui se caractérise par l’apparition pro-
incidence a chuté de plus de 80 % grâce à la restauration d’une gressive d’une confusion, accompagnée parfois d’idées délirantes,
immunité correcte [1] . Dans une série autopsique européenne, d’une apathie inhabituelle et d’un ralentissement idéomoteur. Il
la fréquence des atteintes centrales était de 17,4 % pendant la s’agit d’un tableau proche de celui d’une encéphalopathie liée au
période 1984–1992, de 20 % pendant la période 1993–1995 et VIH qui est le principal diagnostic différentiel [24] . Les éléments qui
de 11 % après l’introduction des trithérapies [23] . Leur fréquence orientent davantage vers une encéphalite à CMV sont : l’évolution
est cependant mal connue car la présentation clinique est protéi- plus rapide, la présence de troubles hydroélectrolytiques (hypo-
forme, parfois déroutante, et le diagnostic positif parfois difficile. natrémie surtout) et l’importance de l’immunodépression. Cette
La maladie à CMV représente aujourd’hui 2 à 4 % de l’ensemble forme d’encéphalite à CMV est souvent méconnue et explique
des infections opportunistes en France, survenant soit chez des la sous-évaluation diagnostique des atteintes à CMV révélée dans
patients très immunodéprimés (CD4 < 50/mm3 ), soit en situation les études autopsiques. L’IRM est normale ou montre une atro-
de multiéchecs, soit chez des patients dont la séropositivité VIH phie cérébrale aspécifique. Le LCS est le plus souvent normal ou
est découverte tardivement ou en rupture de soins. Le diagnos- présente des anomalies non spécifiques. Devant des manifesta-
tic de certitude repose aujourd’hui sur la PCR CMV et l’analyse tions à ce point aspécifiques, la PCR CMV dans le LCS est alors
histologique avec recherche d’un effet cytopathogène d’un prélè- d’un grand intérêt diagnostique quand elle est positive. Depuis
vement tissulaire. La sensibilité et la spécificité de la PCR CMV l’introduction des multithérapies HAART, aucun cas d’encéphalite
dans le LCS sont comprises entre 80 et 90 %. Il faut savoir micronodulaire n’a été observé dans la série de Jellinger et al. [23] .
évoquer rapidement une infection à CMV devant des manifes-
tations neurologiques chez un sujet ayant un nombre de CD4 Encéphalites focales
inférieur à 50 à 100/mm3 , car la rapidité de l’instauration du trai- Les encéphalites focales nécrosantes se manifestent par des
tement anti-CMV est le facteur pronostique le plus important. signes neurologiques focaux d’évolution aiguë ou subaiguë. La
Les manifestations neurologiques centrales liées au CMV ont une symptomatologie dépend de la localisation initiale de cet « abcès »
présentation « dichotomique », se répartissant en deux groupes à CMV. On note le plus souvent des céphalées, des déficits neu-
homogènes : les encéphalites et les myélites, chaque groupe étant rologiques en foyer, voire des crises comitiales [25] . Un syndrome
lui-même subdivisé, soit selon l’étendue de l’infection en atteinte infectieux marqué est fréquent, mais peut être absent. L’IRM céré-
diffuse ou focale, soit selon son caractère en atteinte nécrotique brale montre une image en cocarde rehaussée en périphérie par
ou non. Les vascularites cérébrales à CMV sont abordées avec les le produit de contraste et entourée d’un important œdème périlé-
complications vasculaires (cf. infra). sionnel. Ces encéphalites focales nécrosantes sont indiscernables
des autres abcès cérébraux, notamment toxoplasmiques, et des
Encéphalites lymphomes. Seule la biopsie stéréotaxique permet de poser le
diagnostic, en mettant en évidence le CMV dans les tissus nécro-
Les encéphalites dues au CMV n’ont aucune spécificité et leur sés, car la PL est souvent contre-indiquée en raison de l’HIC. Les
spectre clinique varie de la forme asymptomatique, de décou- encéphalites focales non nécrosantes sont localisées, dans notre
verte autopsique, à la forme fulminante, conduisant au décès en expérience, presque uniquement au tronc cérébral et au cerve-
quelques jours. Toutes variétés confondues, les symptômes neu- let (rhombencéphalites). Rares, elles se traduisent principalement
rologiques le plus souvent observés sont, par ordre de fréquence par une atteinte unilatérale des nerfs crâniens (névralgie du tri-
décroissante : des troubles de la mémoire ; un syndrome confu- jumeau, névrite vestibulaire), très évocatrice d’une infection à
sionnel ; une apathie ; de la fièvre ; une somnolence inhabituelle ; herpès virus. Le lymphome cérébral et la tuberculose peuvent
des céphalées ; des crises comitiales ; un déficit moteur focal ; des également donner ce type d’atteinte. Le diagnostic positif des
troubles de l’équilibre ; des manifestations psychiatriques. Des encéphalites focales non nécrosantes est difficile car l’IRM céré-
tableaux neurologiques plus rares mais plus caractéristiques ont brale doit être de bonne qualité et centrée sur la zone atteinte.
permis d’individualiser deux variétés d’encéphalites à CMV, qui Elle montre des zones de haut signal en T2, punctiformes et
diffèrent par leur présentation tant clinique que radiologique et localisées essentiellement dans le tronc cérébral, sans effet de
pronostique. Schématiquement, si on privilégie la localisation masse, rarement rehaussées par le gadolinium. La PL est nor-
anatomique, les infections qui affectent l’encéphale dans son male ou ne montre que des anomalies aspécifiques. Le diagnostic
ensemble sont appelées « encéphalites diffuses » et celles qui n’en repose essentiellement sur la PCR CMV positive dans le LCS,
atteignent qu’une partie « encéphalites focales ». À l’opposé, si on l’existence de localisations extraneurologiques liées au CMV et
privilégie l’atteinte histologique, on les classe alors en encépha- l’absence d’autre cause (notamment lymphome cérébral, infec-
lites « nécrosantes » et « non nécrosantes ». tion bactérienne présuppurative et virus varicelle-zona [VZV]).
Mais parfois c’est seulement l’épreuve thérapeutique qui permet
Encéphalites diffuses d’affirmer a posteriori le diagnostic d’encéphalite focale à CMV.
Les formes les plus sévères s’accompagnent d’une ventricu-
lite nécrosante à l’examen anatomopathologique, réalisant un
Myélites
tableau de ventriculoencéphalite aiguë. Il s’agit de l’apparition
rapide, souvent dans un climat fébrile, d’un syndrome confu- Les myélites dues au CMV réalisent souvent un tableau de
sionnel, qui se complique de troubles de la vigilance conduisant myéloradiculite. Isolées, elles se présentent comme une myélite
rapidement au coma. Certaines formes sont plus insidieuses. transverse. À l’instar des atteintes encéphaliques, on distingue des
L’examen montre, souvent associés, une atteinte du tronc céré- myélites nécrosantes [25] et des myélites non nécrosantes. Les myé-
bral et un déficit moteur ascendant (présent dans un cas sur trois), lites focales sont le plus souvent nécrosantes, ont une présentation
témoignant d’une atteinte diffuse du SNC et du système nerveux clinique aiguë ou subaiguë, et posent le problème du diagnos-
périphérique. L’IRM encéphalique objective un rehaussement très tic différentiel avec un abcès (toxoplasmique, notamment) ou un
caractéristique des parois ventriculaires après injection de gado- lymphome médullaire. Le tableau clinique est celui d’un déficit
linium. La PL montre le plus souvent une hyperprotéinorachie moteur accompagné de troubles sphinctériens d’installation aiguë
et une pléiocytose lymphocytaire modérées. Une hyperprotéino- et souvent douloureuse. L’IRM médullaire montre une lésion pre-
rachie de plusieurs grammes par litre associée à une pléiocytose nant le contraste en périphérie et dont le centre nécrotique est en
importante (plusieurs milliers de cellules) et une franche hypogly- hyposignal en T1. La prise de contraste des racines est évocatrice
corachie sont des facteurs de très mauvais pronostic. La présence de l’infection à CMV. La PL est le plus souvent contre-indiquée.
de polynucléaires non altérés, très évocatrice d’infection à CMV, Seule la biopsie chirurgicale permet de faire le diagnostic positif.
est beaucoup plus rare dans les encéphalites à CMV que dans Elle ne doit pas être différée en cas de compression médullaire
les méningo-myélo-radiculites. Le pronostic extrêmement sévère et proposée rapidement en cas d’inefficacité d’un traitement anti-
de cette forme d’encéphalite à CMV impose, devant toute suspi- toxoplasmique d’épreuve. Les myélites diffuses sont plus étendues
cion diagnostique, d’initier un traitement spécifique sans attendre et ont une évolution plus torpide, sauf quand elles sont asso-
le résultat de la PCR. La présentation neurologique est par- ciées à une radiculite. Elles se traduisent par des troubles de la
fois beaucoup moins bruyante, réalisant alors une encéphalite marche et des troubles sensitifs d’évolution plus ou moins rapide.
4 EMC - Neurologie
Manifestations neurologiques centrales associées à l’infection VIH-1 17-051-B-10
L’IRM peut montrer dans de rares cas un hypersignal intramédul- • la réaction immunitaire dans le SNC secondaire au VIH favo-
laire en T2, qui n’est cependant pas spécifique du CMV. Elle peut risant la pénétration des lymphocytes B infectés par le virus
être également normale. La PL est normale ou montre des ano- JC ;
malies aspécifiques. L’atteinte radiculaire associée est évocatrice • l’atteinte de la barrière hématoencéphalique (BEH) par le VIH
d’infection à CMV et réalise le classique tableau de myéloradicu- facilitant l’entrée du virus dans le SNC [28] .
lite. Le diagnostic est évoqué devant une virémie CMV qui s’est
récemment positivée, une PCR CMV positive dans le LCS et la
présence d’atteintes extraneurologiques liées au CMV. Devant un
Manifestations cliniques
tableau médullaire et sur ces arguments, un traitement spécifique La LEMP réalise une atteinte insidieuse, souvent au début
doit être débuté, l’amélioration clinique confirmant a posteriori le seulement « monofocale », et qui évolue sans rémission vers
diagnostic. l’aggravation en une atteinte multifocale du SNC. Les signes
initiaux dépendent de la localisation de la première lésion démyé-
Traitement linisante. Les déficits moteurs sont les plus fréquents (65 %
Il repose sur des molécules virustatiques qui inhibent le cycle de des cas), de topographie variable (monoparésie, hémiparésie,
réplication du virus mais ne permettent pas d’éradiquer le CMV. hémiplégie, etc.). Les troubles visuels sont le symptôme révé-
Par conséquent, l’interruption du traitement d’attaque conduit lateur dans 30 à 45 % des cas : quadranopsie ou hémianopsie
à la rechute dans plus de 80 % des cas si l’immunodépression latérale, syndrome de Balint, cécité corticale, etc. Les troubles
persiste. cognitifs (35 % des cas) sont variés : modification de la per-
sonnalité, confusion mentale, troubles mnésiques, aphasie, etc.
Traitement d’attaque Certaines LEMP peuvent prendre le masque d’une démence liée
Il repose sur quatre molécules : le ganciclovir (5 mg/kg/ au VIH. L’atteinte de la fosse postérieure, qui se manifeste prin-
12 heures), le valganciclovir (900 mg/12 heures), le foscarnet cipalement par un syndrome cérébelleux (30 % des cas), est
(90 mg/kg/12 heures) et le cidofovir (5 mg/kg/semaine). Le gan- fréquente dans l’infection VIH par comparaison aux autres causes
ciclovir intraveineux ou per os et le foscarnet ont une efficacité d’immunodépression [1] . Des troubles sensitifs (10 à 20 % des cas)
équivalente, seul diffère leur profil de tolérance. Dans les atteintes sont également décrits. Des crises d’épilepsie (décrites jusqu’à
neurologiques, les formes intraveineuses sont préférées compte 18 % des cas) sont parfois inaugurales mais compliquent plus sou-
tenu du peu d’études avec la forme orale [26] . Le cidofovir n’est vent l’évolution des formes avancées de la maladie, témoignant
proposé qu’en seconde intention [26] . d’une atteinte corticale associée [30] . Les signes négatifs sont impor-
Traitement d’entretien tants : il n’existe pas de céphalées, pas de fièvre et encore moins
d’HTI. Toutefois, face à cette description classique, il existe des
Après un traitement d’attaque de six semaines en moyenne, un
formes plus encéphalitiques qu’affectant la substance blanche,
traitement d’entretien doit être maintenu au moins jusqu’à un
plus agressives que progressives et moins multifocales comme
nombre de CD4 supérieur à 200/mm3 .
l’a rappelé Koralnik [31] , estimant de manière « provocante » que
l’acronyme LEMP n’était peut-être pas aussi adapté aujourd’hui
Leucoencéphalopathie multifocale qu’il l’était lors des premières descriptions de la maladie.
progressive Enfin, quelques observations de méningoencéphalomyélite à
virus BK ont été rapportées en association avec le VIH. Les manifes-
La LEMP est une affection subaiguë démyélinisante du SNC, tations cliniques sont aspécifiques et c’est la détection du génome
dont l’agent étiologique est un polyomavirus, principalement le viral dans le LCS qui permet le diagnostic. Il est possible qu’un cer-
virus JC et exceptionnellement le virus BK ou le virus SV40. Le tain nombre de méningites lymphocytaires non étiquetées soient
virus JC est ubiquitaire. La primo-infection survient le plus sou- liées à ce virus. Contrairement à la LEMP classique, les lésions
vent dans l’adolescence, si bien que des études sérologiques ont neuropathologiques ne sont pas démyélinisantes.
montré la présence d’anticorps chez 35 à 91 % de la popula- Plus récemment ont été identifiées des LEMP associées à une
tion adulte. Une sérologie en double enzyme-linked immunosorbent dégénérescence de la couche des grains du cervelet [32] , ainsi
assay (Elisa) a montré une séroprévalence de 54 %, avec un taux qu’une infection productive des neurones de cette couche des
de faux négatifs de 2,5 %. La primo-infection est silencieuse. Ce grains par le virus JC avec [32] ou sans [33] LEMP authentique. Ces
virus reste ensuite latent dans l’organisme (rein, lymphocytes B observations confirment des observations anciennes [34] démon-
dans la moelle osseuse ou la rate), mais a priori en extracéré- trant que parmi les causes d’atrophies cérébelleuses le virus JC
bral. L’infection latente intracérébrale est discutée. L’hypothèse pouvait jouer un rôle comme le VIH [33] .
actuelle est que, à la faveur du déficit immunitaire, le virus JC est
réactivé et essaimerait jusqu’au SNC à partir d’organes périphé-
riques par voie sanguine, via les lymphocytes B infectés [27] . Diagnostic
Les séries autopsiques et épidémiologiques font état d’une Aspects radiologiques
incidence d’environ 5 % dans l’infection VIH [27, 28] . Malgré le L’IRM cérébrale est l’examen de référence pour déceler la LEMP
développement des multithérapies, la fréquence de la LEMP est et est fortement évocatrice lorsqu’elle montre, sur les séquences
restée stable depuis le début de l’infection VIH, dans les études en T1, des lésions de la substance blanche pariéto-occipitale
tant d’épidémiologie clinique qu’autopsiques [29] . En France, la sous-corticale étendues aux fibres en U, à limites très nettes
fréquence de la maladie rapportée dans la base des données hospi- suivant le tracé des circonvolutions, hypo-intenses, le plus sou-
talières sur l’infection est de 12 cas pour 10 000 personnes-années, vent multifocales, sans œdème périlésionnel, ni effet de masse,
relativement stable sur une dizaine d’années de traitement ni prise de contraste. Sur les séquences T2 et fluid-attenuated
de type HAART. Une prépondérance masculine (7,6/1) est inversion recovery (FLAIR), ces lésions sont hyperintenses, à pré-
décrite. La LEMP survient dans la majorité des cas à un stade dominance sous-corticale, proches des sillons qu’elles soulignent,
d’immunodépression sévère (CD4 < 100/mm3 ) ; cependant, il ne respectant la substance grise. Les séquences en diffusion peuvent
faut pas écarter ce diagnostic chez des patients moins immunodé- objectiver le front de démyélinisation sous la forme d’un hypersi-
primés. gnal franc. Plus rarement dans les LEMP « classiques », on peut
L’infection par le VIH est aujourd’hui la principale cause de observer une très discrète prise de contraste en périphérie des
LEMP et certaines hypothèses soulevées pour expliquer cette aug- lésions, qui pourrait témoigner d’une meilleure réaction immu-
mentation des cas de LEMP au cours du sida sont : nitaire, mais dont le caractère pronostique est débattu. Cette
• l’augmentation du nombre de patients VIH positifs survivant prise de contraste est en revanche plus fréquente et plus carac-
avec une atteinte sévère de l’immunité cellulaire ; téristique des LEMP survenant dans un contexte de syndrome
• l’absence chez certains patients de lymphocytes T cytotoxiques inflammatoire de reconstitution immune (plus communément
spécifiques du virus JC, importants dans le contrôle du virus ; dénommé par l’acronyme anglo-saxon IRIS). On peut exception-
• la constatation que la protéine Tat du VIH-1 semble augmenter nellement observer un effet de masse périlésionnel. Aucun des
la transcription du virus JC ; signes en IRM n’a de valeur prédictive sur la surviedes patients,
EMC - Neurologie 5
17-051-B-10 Manifestations neurologiques centrales associées à l’infection VIH-1
pas même l’étendue ni le nombre des lésions [35] . Seule la présence des explorations complémentaires, et notamment une PL, chez les
d’un effet de masse est statistiquement associée à un moins bon patients VIH sans antécédents psychiatriques connus. Une hypo-
pronostic. natrémie par syndrome de sécrétion inappropriée d’hormone
antidiurétique est très évocatrice. Des accidents vasculaires céré-
Étude du liquide cérébrospinal braux consécutifs à une artérite sont également une complication
L’examen standard de la PL n’apporte pas en soi d’éléments fréquente, atteignant jusqu’à 60 % des patients [37, 38] .
positifs en faveur de la LEMP. La PCR du virus JC est incontour-
nable. Avant l’ère des trithérapies, la sensibilité de la PCR JC était Tuberculomes et abcès cérébraux
de 72 à 92 % et sa spécificité de 92 à 100 %. Depuis les associa- Il existe deux types de localisations intraparenchymateuses dis-
tions thérapeutiques de type HAART, il est devenu beaucoup plus tinctes :
fréquent d’observer des LEMP avec PCR JC négative, et la sensi- • les abcès tuberculeux, qui ont un centre puriforme contenant de
bilité de la PCR n’est plus que de 58 %. Cette différence pourrait très nombreux bacilles de Koch, et dont la réaction inflamma-
s’expliquer par une immunodépression moins sévère des patients toire périphérique est minime et dépourvue de toute réaction
traités par une association antirétrovirale au moment du diagnos- folliculaire granulomateuse. Autrefois exceptionnels, ils sont
tic de LEMP. La quantité d’acide désoxyribonucléique (ADN) viral fréquents dans l’infection VIH ;
dans ce cas pourrait être plus basse que le seuil de détection de • les tuberculomes sont au contraire constitués d’une zone cen-
la technique. La valeur prédictive d’une PCR JC positive dans le trale de nécrose caséeuse entourée d’une capsule faite de cellules
LCS sans signe clinique et radiologique est encore inconnue. La géantes et de cellules épithélioïdes. Ils ne contiennent que très
charge virale du virus JC dans le LCS pourrait également avoir une peu de bacilles de Koch. Les signes révélateurs sont ceux des
valeur pronostique, mais il n’existe pas de seuil défini à ce jour. Il lésions occupant de l’espace : fièvre et/ou signes de localisa-
ne faut pas hésiter à répéter la PL si les arguments diagnostiques tion (hémiplégie, syndrome cérébelleux par exemple), et/ou
sont importants et une première PCR négative. troubles de la conscience, et/ou crises comitiales, et/ou cépha-
Biopsie cérébrale lées [1] .
Le diagnostic de certitude de la LEMP repose sur l’examen
histologique, obtenu par biopsie, le plus souvent en condition Atteintes de la moelle épinière
stéréotaxique. La sensibilité et la spécificité de la biopsie cérébrale Les principales lésions sont les tuberculomes ou abcès
sont respectivement de 96 et 100 %. médullaires, l’arachnoïdite spinale et l’épidurite avec ou sans
spondylodiscite associée.
Traitement Les atteintes cérébroméningées à mycobactéries atypiques sont
exceptionnelles, ont la même présentation clinique que Myco-
La LEMP évolue spontanément dans l’immense majorité des bacterium tuberculosis et ont été décrites principalement dans les
cas vers l’aggravation inéluctable et le décès survient en moyenne infections à Mycobacterium avium intracellulare, voire kansasii, for-
en 6 mois. Cependant, près de 9 % des malades ont une survie tuitum ou genavense.
supérieure à un an sans traitement. Dans une étude où le diagnos-
tic de LEMP reposait sur la biopsie cérébrale, les facteurs associés
significativement à une survie prolongée étaient : la LEMP comme Diagnostic
première manifestation du sida, un nombre de lymphocytes CD4 Aspects radiologiques
supérieur à 300/mm3 et la prise de contraste au scanner ou à L’IRM cérébrale est toujours l’examen de choix. L’imagerie
l’IRM [36] . Il n’y a pas de traitement spécifique de la LEMP. Le typique dans la méningite met en évidence une prise de contraste
traitement repose sur l’introduction ou la modification des mul- méningée (notamment des citernes de la base) ou une dila-
tithérapies anti-VIH, supportant l’hypothèse que la restauration tation des ventricules cérébraux, témoin d’une hydrocéphalie.
d’une immunité cellulaire correcte et le contrôle de la charge virale Les lésions parenchymateuses, volontiers superficielles, évoca-
sérique du VIH restent le meilleur traitement de cette infection. trices de tuberculomes, sont souvent multiples, hypo-intenses en
La diminution la plus rapide de la charge virale VIH plasmatique T2 (tuberculomes récents), hypo-intenses en T2 avec couronne
est recommandée en choisissant les meilleurs ARV selon le géno- iso-intense (nécrose caséeuse), voire parfois hyperintenses en T2
type viral identifié. La survie médiane des patients ainsi traités est au centre. La prise de contraste est nodulaire ou en anneau, et il y
supérieure à 46 semaines. Des aggravations parfois fatales avec la a peu d’effet de masse ou d’œdème périlésionnel. L’abcès tubercu-
restauration immunitaire sont rapportées. Enfin, les multithéra- leux est au contraire volontiers unique, volumineux et polylobé,
pies sont parfois inefficaces sur la progression de la LEMP malgré fortement rehaussé en périphérie par le produit de contraste et
une bonne réponse immunovirologique. associé à un œdème périlésionnel important. Plus rarement, on
observe une cérébrite tuberculeuse sous la forme de zones hypo-
Tuberculose et mycobactéries atypiques denses périphériques sans corrélation avec un territoire vasculaire,
associées à une prise de contraste gyriforme ou des accidents
La tuberculose peut survenir à n’importe quel stade de ischémiques souvent multiples et symétriques, et localisés pré-
l’infection VIH, même si le risque s’accroît avec la profondeur férentiellement dans le noyau caudé, la capsule interne et le
du déficit immunitaire. L’infection VIH augmente le risque de thalamus. Les lésions spinales sont bien mises en évidence par
réactivation et la vitesse de propagation de la tuberculose mala- l’IRM avec injection. Il s’agit de lésions bien limitées prenant le
die tout organe confondu, ainsi que le risque d’infection ou de contraste en périphérie, et l’association à une prise de contraste
réinfection. Le pronostic de la méningite tuberculeuse est plus intense des racines en T1 est évocatrice. Cependant, le caractère
sévère chez les patients VIH. Ainsi, la mortalité atteint 25 % des aspécifique des lésions peut conduire à la réalisation d’une biopsie
patients VIH négatifs mais 67 % des patients infectés par le VIH chirurgicale.
dont 50 % peuvent garder des séquelles neurologiques, tels des
troubles cognitifs, une atrophie optique, un déficit moteur par Étude du liquide cérébrospinal
exemple [37] . Dans la méningite tuberculeuse, le LCS est clair, hyperlym-
phocytaire, franchement hypoglycorachique et la protéinorachie
Manifestations cliniques est le plus souvent supérieure à 1 g/l. Parfois, il s’agit d’une
Trois situations cliniques sont classiquement décrites : ménin- méningite à polynucléaires neutrophiles. Le LCS peut être aussi
gite ; abcès cérébraux ; atteintes spinales et/ou radiculaires. acellulaire et trompeur [1] . Dans les tuberculomes et abcès tuber-
culeux, le LCS est normal dans 40 % des cas. La présence de bacilles
Méningite/méningoencéphalite acido-alcoolo-résistants à l’examen direct est rare (facilitée par un
D’installation progressive, l’atteinte associée des nerfs crâniens prélèvement d’au moins 6 ml) et les cultures sont longues. La
est fréquente. Des manifestations psychiatriques résument parfois PCR bacille de Koch dans le LCS est d’interprétation difficile et
la présentation clinique, si bien qu’il ne faut pas hésiter à pratiquer l’existence de faux négatifs peut faire errer le diagnostic.
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Manifestations neurologiques centrales associées à l’infection VIH-1 17-051-B-10
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8 EMC - Neurologie
Manifestations neurologiques centrales associées à l’infection VIH-1 17-051-B-10
(400 mg/j) est moins efficace que la pénicilline G en cas d’allergie. généralement subaiguë ; les encéphalites localisées se traduisent
L’efficacité du traitement doit être rigoureusement vérifiée par la par un syndrome déficitaire focal dans les suites d’une éruption
cinétique du VDRL dans le sang (qui est cependant un peu plus zostérienne faciale (zona ophtalmique, notamment) ;
lente que chez les personnes non infectées par le VIH) et le dépis- • la méningomyélite aiguë avec angéite nécrosante, réalisant un
tage proposé au(x) partenaire(s) sexuel(s). tableau de myélite transverse d’évolution rapide voire fulmi-
nante et souvent associée à une radiculite, voire à des signes
d’atteinte cérébrale ;
Virus herpès simplex • la vascularite nécrosante affectant les artères leptoméningées,
Manifestations cliniques responsable d’infarctus cérébraux.
D’autres signes cliniques, non spécifiques mais évocateurs
L’encéphalite herpétique, fréquente chez l’immunocompétent d’infection à VZV, doivent être recherchés : atteinte rétinienne
est rare au cours de l’infection VIH et souvent moins aiguë. Elle avec nécrose rétinienne aiguë uni- ou bilatérale ; radiculite tou-
peut être aussi due au virus herpès simplex (HSV) de type 2, ce qui chant les nerfs crâniens ou n’importe quelle racine du tronc ou
est rare en dehors de l’infection VIH. des membres ; polyradiculonévrite avec syndrome de la queue-de-
Il s’agit d’une encéphalite nécrosante affectant préférentiel- cheval.
lement les lobes temporaux. Le tableau clinique classique,
d’installation rapide, comporte une fièvre élevée, des cépha- Diagnostic
lées, des troubles du comportement, des signes neurologiques
Aspects radiologiques
focalisés. Des crises convulsives généralisées et des troubles
de la conscience complètent le tableau. La symptomatologie Ils ne sont pas spécifiques. L’IRM cérébrale est évocatrice devant
est parfois plus torpide (pseudopsychiatrique) ou résumée à des lésions en hypersignal T2 des noyaux gris centraux et de la
des crises partielles complexes difficiles à identifier. Des rhom- substance blanche, pouvant confluer et saigner (vascularite), voire
bencéphalites et plus exceptionnellement des myélites ont été exceptionnellement prendre le contraste. Une prise de contraste
rapportées [44] . des parois ventriculaires peut témoigner d’une ventriculite à VZV.
L’IRM met en évidence des lésions temporales uni- ou bilaté- Des lésions de topographie vasculaire en rapport avec une isché-
rales, parfois hémorragiques, prenant le contraste et associées à mie cérébrale localisée sont également évocatrices, ainsi qu’une
un œdème périlésionnel. L’électroencéphalogramme peut mon- rhombencéphalite. L’IRM médullaire peut être normale, ou mon-
trer une activité électrique périodique caractéristique. L’étude du trer une augmentation modérée de volume de la moelle épinière,
LCS montre une hyperprotéinorachie modérée et une hyperlym- avec hypersignal diffus en T2 et hyposignal central en T1, témoi-
phocytose. Le diagnostic repose sur la PCR HSV, dont la sensibilité gnant de la nécrose dans les myélites nécrosantes [45] .
est de 96 % et la spécificité de 99 %. Une PCR HSV négative rend Étude du liquide cérébrospînal
peu probable le diagnostic d’encéphalite herpétique chez le sujet
Le LCS est souvent anormal, avec pléiocytose à prédo-
VIH, mais ne l’exclut pas totalement.
minance lymphocytaire (en moyenne 100 à 200/mm3 ) et
hyperprotéinorachie nette (généralement supérieure à 1,5 g/l).
Traitement Plus exceptionnellement, il s’agit de méningites à polynucléaires
Il repose sur l’aciclovir (Zovirax® ) : 10 à 15 mg/kg (sous sur- non altérés, notamment dans les cas associés à une méningo-
veillance rénale) en perfusion intraveineuse trois fois/j pendant myélo-radiculite ou à une ventriculite, comme dans l’infection
15 jours, voire le foscarnet (Foscavir® ) en cas de résistance à à CMV. L’interféron alpha peut être élevé dans le LCS, mais est
l’aciclovir ; les séquelles peuvent être importantes si le diagnostic normal dans 50 à 60 % des cas. La détection dans le LCS de
est tardif. l’ADN viral du VZV par PCR est sensible (80 %) et spécifique
(98 %). Cependant, elle peut être positive au cours d’un zona non
compliqué, d’une méningite zostérienne banale, voire d’une autre
Virus varicelle-zona infection [45] . La positivité de la PCR VZV n’est donc évocatrice
L’infection du SNC par le VZV est peu fréquente au cours qu’en association à un tableau clinique compatible avec atteinte
du sida et ne représente que 2 % des infections opportunistes du système nerveux.
rencontrées chez ces patients [45] . Elle survient dans la plupart
des cas quand le nombre de CD4 est inférieur à 100/mm3 . Elle Traitement
peut cependant survenir à tous les stades de l’infection VIH. Il repose en premier lieu sur l’aciclovir intraveineux à la dose
La prévalence de ces complications a nettement diminué depuis minimale de 10 mg/kg trois fois par jour, mais une dose de
l’introduction des associations d’ARV de type HAART. Le meilleur 15 mg/kg trois fois par jour peut être conseillée les premiers jours,
élément d’orientation est la constatation d’une éruption zosté- en surveillant étroitement la fonction rénale. La durée du trai-
rienne concomitante des troubles neurologiques. L’éruption peut tement nécessaire n’est pas établie, allant de dix à 60 jours dans
cependant précéder de plusieurs semaines voire quelques mois les cas publiés. La réponse au traitement paraît d’autant plus pro-
les manifestations neurologiques. Dans un tiers des cas, on ne bable que celui-ci est débuté tôt, avant la constitution de lésions
retrouve pas d’antécédent de zona [45] . anatomiques irréversibles (nécrose). La rapidité d’évolution de
l’infection neurologique à VZV, l’existence d’une vascularite, ainsi
Manifestations cliniques que le délai fréquemment nécessaire pour évoquer ou établir le
L’atteinte neurologique survient généralement dans un diagnostic, rendent compte des échecs observés (mortalité supé-
contexte fébrile d’intensité variable, mais la fièvre peut man- rieure à 20 %), ainsi que des séquelles fréquentes (déficits moteurs
quer dans environ 30 % des cas. Quatre situations cliniques sont ou cognitifs dans environ un tiers des cas). Le principal diag-
décrites, qui peuvent être associées [45] : nostic différentiel est celui de l’infection à CMV et il n’est pas
• l’encéphalite aiguë fébrile d’aggravation rapidement progres- rare de débuter un traitement actif sur les deux virus : ganciclovir
sive, associant troubles de la conscience et du comportement, (10 mg/kg par jour), cidofovir (5 mg/kg/semaine) ou surtout fos-
confusion, crises d’épilepsie et signes focaux variables [46] ; carnet (90 à 120 mg/kg deux fois par jour). Certains auteurs ont
l’encéphalite peut s’associer à des signes de méningomyélite, de utilisé une bithérapie, en particulier aciclovir et foscarnet dans la
méningoradiculite, de méningite lymphocytaire « aseptique » période initiale du traitement.
ou à un accident vasculaire cérébral ischémique. On distingue
deux entités anatomopathologiques : les leucoencéphalites
multifocales et les ventriculites ;
Lymphomes et autres tumeurs
• la myélite ou l’encéphalite focales avec signes de localisa- Lymphomes
tion correspondants : dans les myélites focales, le tableau
est celui d’une paraplégie faisant suite à une éruption zos- Les LCP sont dans l’immense majorité des cas des lymphomes
térienne dans le dermatome correspondant. L’évolution est non hodgkiniens (LNH) B [1] . D’exceptionnelles localisations
EMC - Neurologie 9
17-051-B-10 Manifestations neurologiques centrales associées à l’infection VIH-1
neurologiques de maladie de Hodgkin ont été décrites. Contraire- Working Formulation et la classification actualisée Kiel ; ils sont
ment aux LNH systémiques, les LCP surviennent surtout quand les dits lymphomes diffus à grandes cellules selon la Revised Euro-
CD4 sont inférieurs à 50/mm3 [9] . Cependant, des LCP prouvés his- pean American Lymphoma Classification (groupe 9) et dans celle
tologiquement ont été décrits chez des patients ayant un bon bilan de l’Organisation mondiale de la santé [1] .
immunovirologique sous traitement antirétroviral. L’incidence
des LCP a diminué depuis l’introduction des associations théra- Diagnostic différentiel
peutiques efficaces, passant de trois cas pour 1000 patients-années Le traitement antitoxoplasmique présomptif reste encore sys-
à 1,2 cas pour 1000 patients-années. L’étude neuropathologique tématique chez un patient dont la sérologie toxoplasmique est
de Jellinger et al. [23] montre que la fréquence des LCP après 1996 positive. Cependant, quand la prophylaxie antitoxoplasmique est
reste de 6 %, identique à la fréquence observée avant 1992, mais prise régulièrement, que la sérologie toxoplasmique est négative
inférieure à celle de 1993 à 1996 qui atteignait 11 %. Les échappe- et/ou que la PCR toxoplasmique dans le LCS est négative, le doute
ments thérapeutiques toujours possibles doivent faire garder en diagnostique doit être soulevé et il faut organiser rapidement une
mémoire que le LCP est la deuxième cause de lésions cérébrales biopsie stéréotaxique. L’aggravation des LCP peut être très rapide
focales après la toxoplasmose, principal diagnostic différentiel. et le pronostic dépend aussi du délai pour confirmer le diagnos-
Les hommes sont plus fréquemment atteints (sex-ratio de 9/1). La tic de certitude. En pratique, dès qu’un LCP est évoqué, un délai
fréquence des localisations neurologiques des LNH systémiques de 8 à 10 jours est suffisant pour mettre en évidence l’absence de
est de 30 %. Il s’agit surtout de localisations méningées. réponse sous traitement antitoxoplasmique.
10 EMC - Neurologie
Manifestations neurologiques centrales associées à l’infection VIH-1 17-051-B-10
étaient tous à un stade sévère d’immunodépression, n’avaient Les principaux sites de réplication du VIH dans le cerveau sont
jamais été traités par inhibiteurs de protéase et 48 % d’entre eux les cellules exprimant le récepteur CD4 : les macrophages et les
étaient usagers de drogues par voie intraveineuse. Nous avons cellules microgliales. D’autres cellules du parenchyme cérébral
rapporté, chez un patient VIH de 37 ans (CDC stade A) bien équi- pourraient contenir du virus. L’infection des astrocytes est en
libré par une trithérapie efficace (CD4 > 500/mm3 et charge virale général abortive et celle des neurones controversée.
inférieure à 50 copies) et sans facteur de risque vasculaire, une Plusieurs études démontrent la compartimentalisation de
paralysie oculomotrice ischémique réversible par atteinte de la l’infection dans le SNC [58] . Les mécanismes des atteintes neurolo-
microvascularisation du nerf dans son trajet sous-arachnoïdien, giques liées au VIH sont multiples, pour certains encore spéculatifs
tout à fait superposable à celle que l’on observe chez les et surtout ne s’excluent pas mutuellement. Les hypothèses envi-
sujets diabétiques ou hypertendus [56] . Les vascularites infectieuses sagées sont la neurotoxicité de certaines protéines d’expression
(tuberculose, CMV, VZV, HSV, syphilis, cryptococcose, candidose, virale (gp120 ou les protéines tat ou nef), la production de
toxoplasmose, aspergillose, mucormycose, coccidioïdomycose, neurotoxines, de médiateurs de l’inflammation, de cytokines
trypanosomiase), les vascularites associées à un lymphome céré- pro-inflammatoires, de radicaux libres par les monocytes infec-
bral, les troubles de l’hémostase (anticorps antiphospholides, tés et les astrocytes, la neurovirulence de certains variants du
coagulation intravasculaire disséminée), l’usage de drogues, sont VIH, l’activation des récepteurs neuronaux glutamatergiques de
décrits. Quelques observations de vascularite cérébrale primitive type NMDA et l’apoptose neuronale. L’altération de la BHE par
ou rapportée au VIH ont aussi été décrites à des stades différents les cytokines circulantes est également possible [57] . La possible
de l’infection [50, 51] . La vasculopathie ectasiante liée au VIH est convergence de ces facteurs vers une voie commune comme un
encore plus rare. La restauration immunitaire pourrait être aussi choc oxydatif responsable du dysfonctionnement neuronal est
responsable de vascularite cérébrale [50, 51] . Les inhibiteurs de pro- aussi proposée.
téase et certains nucléosidiques ont enfin été incriminés dans la
genèse d’une athérosclérose précoce, en raison des troubles du Manifestations neurologiques
métabolisme lipidique qu’ils induisent [50] . Dans 25 à 40 % des cas,
cependant, aucune cause définie n’est retrouvée et le diagnostic de la primo-infection
d’AVC cryptogénique retenu. Les déficits neurologiques transi- La primo-infection par le VIH peut induire dans le SNC,
toires ne sont pas tous des AIT, mais relèvent de causes variées, dans certaines conditions exceptionnelles, une réaction cellu-
le plus souvent non connues. Certains ont retenu un possible laire T contemporaine de la séroconversion. Ces manifestations
vasospasme comme dans les auras migraineuses. neurologiques représenteraient 10 à 15 % des primo-infections
Les multithérapies, par l’allongement de l’espérance de vie des symptomatiques. Cette réaction immunopathologique pourrait
patients (qui atteignent l’âge où la fréquence des AVC augmente induire une maladie démyélinisante d’intensité variable. Légère,
dans la population générale) et la chronicisation résultante de elle est responsable d’une méningite aiguë lymphocytaire, d’une
l’infection VIH, ainsi que par les troubles métaboliques induits, encéphalopathie ou d’une myélopathie, spontanément régres-
pourraient accroître l’incidence des AVC dans cette popula- sives [1] . Dans les formes plus chroniques, on peut observer des
tion [52–54] . La surveillance et la limitation des facteurs de risque épisodes neurologiques transitoires récidivants ressemblant à la
vasculaire paraissent donc nécessaires, au moins théoriquement. sclérose en plaques. De manière plus exceptionnelle, cette réac-
Les hémorragies cérébrales sont habituellement liées à des infec- tion peut induire une leucoencéphalite aiguë hémorragique ou
tions opportunistes (toxoplasmose, tuberculose), des tumeurs des lésions de sclérose en plaques aiguë ou d’encéphalite péri-
(LNH, métastases de sarcome de Kaposi) et aux thrombopénies [50] . veineuse disséminée, voire d’encéphalomyélite aiguë disséminée,
Aujourd’hui, les hémorragies cérébrales restent encore fréquentes qui peuvent être fatales. En dépit d’anomalies fréquentes du
chez les patients VIH toxicomanes [52] . LCS témoignant de la présence du virus, la plupart des patients
ne présentent aucun trouble neurologique durant la période
Manifestations dues au virus d’incubation de la maladie.
EMC - Neurologie 11
17-051-B-10 Manifestations neurologiques centrales associées à l’infection VIH-1
affectées. Des critères de définition complémentaires ont été pro- a. comme complexe démentiel probable : critères 1, 2 et 3 ;
posés en 1996 pour les troubles cognitivomoteurs mineurs du b. l’étiologie ne peut être déterminée (tous les examens radio-
VIH [1] . Cette nomenclature avait surtout pour but de standardiser logiques ou de laboratoire n’ont pas été réalisés).
et uniformiser le diagnostic clinique. Enfin, les valeurs normatives
utilisées pour les épreuves cognitives reposaient sur celles définies Troubles neurocognitifs associés au virus
lors de la validation des tests utilisés. Une autre classification indi-
vidualisant la démence du sida et les troubles cognitifs modérés
de l’immunodéficience humaine ou
liés au sida a également été actualisée par l’American Psychiatric « HIV-associated neurocognitive disorders »
Association pour le Diagnostic and Statistical Manual of Mental En 2007, un groupe de travail a proposé de réviser les cri-
Disorders, cinquième édition [61] . tères de 1991, de regrouper les troubles cognitifs associés au
Les premiers symptômes sont essentiellement des troubles de VIH en un terme général de HAND (HIV-associated neurocognitive
l’attention et de la concentration associés à des troubles mné- disorders) et de définir trois classes diagnostiques de sévérité crois-
siques. Un ralentissement psychomoteur s’installe parallèlement, sante [59, 60] . Comme pour les critères de l’AAN, il faut se donner
souvent plus évident pour l’entourage que pour le patient lui- les moyens d’écarter toutes les causes d’altération des fonctions
même. Les premiers symptômes sont proches d’un syndrome cognitives autres que le VIH lui-même (item 4 de la définition sus-
dépressif. Parfois, un état maniaque peut inaugurer une encépha- jacente par exemple) pour répondre à l’une de ces trois catégories
lopathie VIH. Après quelques semaines ou mois surviennent une diagnostiques. Comme pour les anciens critères, un bilan neu-
apathie, une indifférence affective, une perte de motivation avec ropsychologique est indispensable, l’intérêt de cette classification
désintérêt global et des difficultés déambulatoires. À la phase évo- étant d’imposer l’exploration d’au moins cinq domaines cognitifs
luée, le syndrome démentiel est sévère, confinant le patient au définis. La sévérité des troubles cognitifs et le retentissement dans
mutisme, avec incontinence fécale et urinaire, et paraplégie en la vie quotidienne définissent ainsi :
rapport avec une myélopathie souvent associée à ce stade. Il n’y • le trouble cognitif asymptomatique ou asymptomatic neurocog-
a pas de troubles de la conscience jusqu’à un stade évolué de la nitive impairment (ANI) : il s’agit d’une catégorie de patients le
démence. plus souvent sans aucune plainte et obtenant des scores infé-
Le diagnostic clinique de l’encéphalopathie VIH repose sur des rieurs d’une déviation standard dans deux domaines cognitifs
critères qui n’apportent pas une certitude, surtout dans les stades et n’ayant aucun retentissement dans les activités de la vie quo-
précoces. Des critères de sévérité sont également définis en fonc- tidienne. Il faut signaler que dès 1995 Grant et Atkinson avaient
tion du retentissement sur les activités de la vie quotidienne. proposé le terme de subsyndromic neurocognitive impairment en
complément de la classification de l’AAN et correspondant
Complexe démentiel associé au virus de l’immunodéficience exactement à l’ANI ;
humaine probable • le trouble cognitif léger ou mild neucocognitive disorder (MND) :
Le patient doit présenter chacun des items suivants (1, 2, 3 et il s’agit de patients répondant aux mêmes critères vis-à-vis des
4) [1] : épreuves cognitives que l’ANI, mais ayant un discret retentisse-
1. anomalies acquises dans au moins deux domaines cogni- ment dans la vie quotidienne ;
tifs parmi les suivants, présentes depuis au moins un mois • la démence associée au VIH ou HIV-associated dementia (HAD) :
et vérifiées par l’anamnèse et l’examen du patient, retentis- il s’agit de patients obtenant des scores inférieurs de deux
sant sur les activités de la vie quotidienne et ne relevant pas déviations standards dans au moins deux domaines cognitifs
d’une pathologie générale : attention/concentration, raison- et souffrant d’un important retentissement dans la vie quoti-
nement/abstraction, vitesse et traitement des informations, dienne.
mémoire/ apprentissage, capacités visuospatiales et langage ; Ces critères ont aussi des limites. Leur validation repose sur
2. au moins un trouble parmi les deux ci-après : une petite cohorte de 39 patients avec vérification autopsique
a. troubles moteurs à l’examen neurologique : lenteur des (19 patients HAND, dont cinq cas d’ANI, dix cas de MND et quatre
mouvements alternatifs rapides, troubles de la marche, cas d’HAD, et 20 témoins sans troubles cognitifs). La sensibilité et
incoordination des membres, vivacité des réflexes tendi- la spécificité de ces critères par comparaison aux critères de l’AAN
neux, hypertonie, déficit moteur ; à l’évaluation neuro- sont respectivement 67 % (56 %) et 92 % (83 %). Le seuil d’une
psychologique : rapidité d’exécution des tâches, dextérité déviation standard aux tests cognitifs est différent des critères
manuelle, habilité perceptivomotrice, AAN et n’est pas habituellement retenu dans les travaux neu-
b. perte de motivation, diminution du contrôle émotionnel ropsychologiques, quelle que soit la pathologie neurologique ou
ou perturbation des conduites sociales (modification de la inflammatoire en cause. Cela introduit un biais méthodologique
personnalité avec apathie, aboulie, irritabilité, labilité émo- dont le risque est la surestimation des ANI et MND dans la popu-
tionnelle, conduites sociales inappropriées, désinhibition) ; lation VIH par comparaison à la population générale par exemple.
3. absence d’obtusion de la conscience pendant un délai suffisant Ils définissent des catégories diagnostiques, l’ANI et le MND
pour affirmer l’existence du critère 1 ; notamment, différentes de celles utilisées dans la population
4. pas d’autre étiologie évidente (infection opportuniste active générale. Enfin, de l’aveu même des auteurs, il existe une grande
du SNC, tumeur ou maladie systémique sévère, troubles psy- variabilité diagnostique des ANI et MND car 40 % des patients
chiatriques, effets de l’alcool, d’une toxicomanie, d’un état de peuvent changer de catégorie diagnostique dans l’année, voire
manque aigu ou chronique, etc.), après une anamnèse orien- obtenir des performances ultérieures normales. Par exemple, dans
tée, un examen physique et des investigations radiologiques et la série de Robertson et al. [62] la majorité (58 %) des patients ayant
biologiques appropriées (PL, IRM cérébrale notamment). Si une des troubles cognitifs à l’inclusion obtenaient des performances
autre cause potentielle est présente (dépression par exemple), cognitives normales à une deuxième évaluation à 20 semaines
elle n’est pas responsable des symptômes et signes cognitifs, d’intervalle. Cette variabilité diagnostique des troubles cogni-
moteurs et comportementaux. tifs légers est bien connue dans la population générale âgée de
65 ans et plus, malgré des critères diagnostiques régulièrement
Complexe démentiel associé au virus de l’immunodéficience
affinés puisque leur incidence et prévalence peuvent varier de 8,5
humaine possible
à 77/1000 personne-années et de 1,03 à 53,8 % respectivement.
Le patient doit présenter au moins l’un des deux items sui- Un article s’interroge sur la pertinence nosologique des troubles
vants [1] : cognitifs légers, ANI et MND, en proposant un titre révélateur
1. une autre étiologie potentielle est présente, mais le patient doit du questionnement des cliniciens : Troubles cognitifs asymptoma-
réunir chacun des points suivants : tiques : réalité ou fiction ? [63] .
a. comme complexe démentiel probable : critères 1, 2 et 3,
b. une autre étiologie potentielle est présente mais la cause des
anomalies cognitives (critère 1) est incertaine ; Données épidémiologiques
2. l’évaluation clinique est incomplète, mais le patient doit réunir Avant l’ère des associations thérapeutiques efficaces, des
chacun des points suivants : troubles cognitifs survenaient chez plus de 30 % des patients
12 EMC - Neurologie
Manifestations neurologiques centrales associées à l’infection VIH-1 17-051-B-10
au stade sida et 16 % d’entre eux souffraient d’un authentique Myélopathie associée au virus
syndrome démentiel. L’incidence annuelle de la démence était
de 7 % quand le nombre de CD4 était inférieur à 200/mm3 . de l’immunodéficience humaine
Après l’introduction des thérapies antirétrovirales combinées, Myélopathie vacuolaire
l’incidence de la démence du sida a considérablement diminué
pour rejoindre la prévalence de la population générale [4] . Ce C’est la plus fréquente des myélopathies survenant au cours de
sont les troubles cognitifs légers qui posent le plus de questions l’infection VIH. Sa prévalence varie de 20 à 55 % selon les séries
aujourd’hui. Encore aujourd’hui, les différents travaux menés autopsiques [1, 64] . Cependant, il y a très peu d’études autopsiques
pour évaluer la prévalence des troubles neurocognitifs dans la incluant la moelle épinière et encore moins d’études cliniques qui
population infectée par le VIH et contrôlée ne donnent qu’une permettraient de connaître sa réelle fréquence, qui est très cer-
vision approximative de la prévalence réelle puisque les chiffres tainement sous-estimée car le diagnostic est difficile. Dans notre
avancés varient de 6 à 69 % (revue in [59] ). De plus, les troubles expérience, elle atteint davantage les patients contaminés depuis
cognitifs asymptomatiques peuvent représenter jusqu’à 60 % des au moins dix ans et les formes frustres sont les plus fréquentes.
troubles cognitifs tout stade confondu (revue in [59] ). La caractéristique histologique de la myélopathie vacuolaire
est une vacuolisation intramyélinique de la moelle épinière. Les
lésions débutent dans la moelle thoracique et s’étendent au fur
Aspects radiologiques et à mesure que la maladie progresse. L’atteinte de la moelle
L’IRM cérébrale est, là encore, l’examen de choix. L’imagerie est lombaire est rare. Les axones sont généralement intacts ; une
souvent normale au stade précoce. De petits hypersignaux en T2 dégénérescence axonale secondaire peut cependant être notée
punctiformes sous-corticaux de la substance blanche décrits à la dans des zones de vacuolisation sévère. Sa relation étiologique
phase précoce pourraient être les stigmates de la primo-infection, et pathogénique avec le VIH est discutée. Son association, bien
mais leur évolution naturelle n’est pas bien connue. Secondai- qu’inconstante, avec une démence du sida (dans le cadre du
rement, il existe une atrophie cortico-sous-corticale (dont le complexe cognitivomoteur associé au VIH) et la présence de cel-
diagnostic est facile si elle est évolutive) et des anomalies de lules géantes multinucléées à proximité de vacuoles médullaires
la substance blanche en T2 et FLAIR de morphologie variable, et de particules virales ayant les caractéristiques du VIH dans
punctiformes, en plages confluentes ou diffuses (surtout aux les lésions suggèrent que le virus est en cause. Mais le tableau
stades tardifs), généralement bilatérales, symétriques ou non, à clinique classique et les lésions histologiques similaires à la sclé-
limites externes floues, sans effet de masse, sans prise de contraste rose combinée de la moelle laissent penser que des troubles du
après injection. L’atteinte du splenium du corps calleux et des métabolisme de la vitamine B12 ou des folates pourraient aussi
piliers postérieurs du trigone serait évocatrice du diagnostic. Un intervenir [64] . Cependant, les dosages sériques de ces vitamines
élément diagnostique important est l’absence d’hyposignal franc sont le plus souvent normaux. Un déficit en groupements méthyl
sur les séquences T1 à l’opposé de la LEMP. La spectroscopie par avec baisse du taux de S-adénosylméthionine dans le LCS serait
résonance magnétique peut être intéressante, surtout dans les peut-être responsable de l’atteinte myélinique. À l’instar des hypo-
troubles cognitifs légers, mais n’est ni nécessaire ni suffisante thèses physiopathologiques de la myélopathie associée au human
dans le diagnostic. T-cell leukomia virus 1 (HTLV-1), on pourrait envisager deux méca-
nismes possibles : la migration dans le SNC de lymphocytes
infectés par le VIH pourrait créer un foyer inflammatoire local qui
Étude du liquide cérébrospinal
s’autoentretiendrait et s’étendrait progressivement, ou l’infection
La PL est le plus souvent normale ou montre des anomalies de clones lymphocytaires périphériques « autoréactifs » (contre
modérées aspécifiques (discrète élévation de la protéinorachie, des antigènes du système nerveux) pourrait conduire à leur expan-
présence de quelques lymphocytes normaux). Son intérêt est sion et à leur activation, puis à leur pénétration secondaire dans le
d’écarter une autre cause d’encéphalopathie. Une charge virale SNC. La localisation préférentielle des lésions dans la moelle tho-
VIH élevée dans le LCS n’est ni nécessaire, ni suffisante pour faire racique basse également dans la myélopathie liée au HTLV-1, zone
le diagnostic de HAND selon les critères à la fois de l’AAN et ceux faiblement vascularisée, pourrait être liée à l’existence de ces zones
de 2007. Cependant, il existe des cas, rares, de dissociation de la de « derniers prés », qui faciliteraient le passage des lymphocytes
charge virale dans le sang et le LCS [3] , voire de souches génotypi- activés.
quement différentes entre les deux compartiments qui imposent Le terme de myélopathie vacuolaire est anatomopathologique
la PL surtout, dans notre expérience, lorsque les troubles cognitifs et ne doit pas être utilisé stricto sensu en dehors d’une confirma-
sont associés à des anomalies spectroscopiques. tion autopsique.
EMC - Neurologie 13
17-051-B-10 Manifestations neurologiques centrales associées à l’infection VIH-1
2. myélopathie suffisamment sévère pour requérir un appui uni- Autres complications neurologiques centrales
latéral permanent à la marche ;
3. si un déficit cognitif est associé, il est mineur et n’a pas de associées au virus de l’immunodéficience
retentissement socioprofessionnel ; humaine
4. exclusion d’une autre cause que le VIH par les moyens cli-
niques, biologiques et d’imagerie appropriés. Si une autre cause De nombreuses autres pathologies rapportées au VIH, et non
potentielle est présente, elle n’est pas la cause de la myélopa- iatrogènes ni dues à des complications opportunistes ou tumo-
thie. rales, sont régulièrement décrites [1] . Il peut s’agir de nouvelles
Le diagnostic de myélopathie associée au VIH possible requiert formes d’encéphalopathie au profil histologique différent de
l’un des deux points suivants : ceux décrits jusqu’alors, de l’émergence de leucoencéphalopathie
1. une autre cause potentielle est présente mais les deux critères démyélinisante très sévère sous multithérapies, de l’expression
suivants doivent être réunis : inhabituelle de l’infection du SNC par le VIH : dyskinésies
a. comme myélopathie probable : critères 1, 2 et 3, paroxystiques, syndromes parkinsoniens, dégénérescence cérébel-
b. une autre cause potentielle est présente mais la cause de la leuse, hypothermies récurrentes, etc.
myélopathie est incertaine ;
2. évaluation clinique incomplète mais les deux critères suivants Encéphalite à CD8
doivent être réunis :
a. comme myélopathie probable : critères 1, 2 et 3 ; Une forme grave d’encéphalite associée au VIH a récem-
b. la cause ne peut être déterminée (examens appropriés non ment été individualisée et ses caractéristiques cliniques [67] et
effectués). histologiques [68] définies. Il s’agit d’un syndrome démentiel
En cas de co-infection VIH-1 et HTLV-1, il s’agit d’une myélo- d’aggravation rapide, avec un grand ralentissement psychomo-
pathie associée au VIH-1 possible et non probable. teur, une apathie, des troubles du comportement, parfois associé
à des signes neurologiques focaux (épilepsie, aphasie, hémipa-
résie). Des troubles de la vigilance pouvant aller jusqu’au coma
Diagnostic
avec nécessité d’une réanimation lourde sont observés. L’IRM
Il repose sur les examens suivants : cérébrale montre des hypersignaux T2 et FLAIR affectant à la
• aspects radiologiques : l’IRM médullaire est dans l’immense fois la substance blanche et la substance grise, et des prises de
majorité des cas normale. Plus rarement, elle met en évidence contraste périvasculaires volontiers linéaires mais parfois puncti-
des hypersignaux T2 localisés surtout dans les cordons pos- formes, qui sont pathognomiques. Elles sont surtout bien mises
térieurs. Parfois, dans les formes anciennes et/ou sévères, la en évidence sur les séquences T1 en écho de spin avec transfert
moelle est atrophique. L’imagerie élimine surtout une autre d’aimantation. Au moment de l’installation des premiers symp-
cause de myélopathie ; tômes neurologiques, on note fréquemment une élévation de
• étude du LCS : la PL est normale ou montre des anomalies aspé- la charge virale plasmatique et une chute des CD4 le plus sou-
cifiques. L’intérêt de la charge virale VIH dans le LCS est discuté. vent transitoires. La charge virale VIH dans le LCS est en général
Il ne semble pas y avoir d’augmentation de la charge virale élevée, mais là encore transitoirement. Une hyperlymphocytose
VIH dans le LCS, sauf dans quelques observations exception- CD8 périphérique est rare, mais la plupart des patients ont une
nelles [65] ; pléiocytose dans le LCS constituée en majorité de CD8 qui est
• examens électrophysiologiques : les potentiels évoqués somes- toujours polyclonale. L’examen histologique montre des lésions
thésiques et moteurs sont importants dans les formes frustres encéphalitiques : œdème, activation astrocytaire et microgliale
et quand il existe une neuropathie périphérique associée, car ils avec une expression variable de la protéine p24 du VIH, parfois
objectivent l’atteinte de la voie cordonale et de la voie motrice associées à des lésions démyélinisantes et surtout une infiltra-
centrale, respectivement. tion lymphocytaire à large prédominance (parfois exclusivement)
CD8+, périvasculaire et diffuse intraparenchymateuse. Les cir-
Traitement constances déclenchantes peuvent être la restauration immune
Aucune grande série clinique n’a démontré l’efficacité d’une après introduction des ARV, l’arrêt des ARV, une banale infection
thérapeutique spécifique. Nous préconisons de négativer à chaque intercurrente dans les semaines précédentes ou une réplication
fois que cela est possible la charge virale sérique en association à virale « inappropriée ». La guérison est obtenue si le diagnostic est
de fortes doses de vitamine B12 en intramusculaire. Les traitements rapidement établi et une corticothérapie à forte dose initiée [67] .
symptomatiques doivent être utilisés largement : kinésithéra-
pie, baclofène (Liorésal® ), gabapentine (Neurontin® ) pour la
spasticité ; bilan urodynamique pour améliorer les troubles vési- Syndrome inflammatoire de reconstitution
cosphinctériens (traitement médicamenteux, toxine botulique, immune
etc.). La restauration immune est le fait de passer d’un état
d’immunodépression acquis et réversible à un état d’immunité
Autres myélopathies associées fonctionnelle [69, 70] . L’IRIS regroupe les manifestations inflamma-
toires liées à la restauration d’une réponse immune excessive
au virus de l’immunodéficience humaine et insuffisamment régulée vis-à-vis d’antigènes infectieux ou
Une myélite VIH est observée dans 8 % des cas autopsiques. non [70] . Non spécifique de l’infection VIH, il apparaît dans ce
Les lésions y sont comparables à celles de l’encéphalite VIH, contexte principalement depuis l’introduction des trithérapies
associant de petits foyers de cellules inflammatoires et des cel- HAART. Sa fréquence globale est de 16 %, mais un IRIS neuro-
lules géantes multinucléées. Ses manifestations cliniques sont logique n’a été décrit que chez 0,9 à 1,5 % des patients dans
mal connues. Classiquement, elle serait asymptomatique, pro- une étude [70, 71] . La profondeur du déficit immunitaire, le début
bablement parce que trop rarement diagnostiquée. Les formes précoce des ARV dans les quatre semaines qui suivent une infec-
symptomatiques semblent bien améliorées par les ARV. Quelques tion opportuniste et la dissémination de l’infection initiale sont
observations de myélopathie aiguë spontanément résolutive lors des facteurs favorisants [70] . La physiopathologie est encore mal
de la primo-infection, de myélites récurrentes dans le cadre de connue. Certains patients développent un IRIS et pas d’autres alors
sclérose en plaques et des syndromes de Devic ont été signa- qu’ils partagent les mêmes facteurs de risque, laissant supposer un
lés. Enfin, récemment des atteintes de la corne antérieure ont polymorphisme génétique possible notamment des gènes codant
été associées au VIH. Il s’agit en général de formes monomé- les cytokines [70] . Sa définition n’est pas univoque parce que la
liques de sclérose latérale amyotrophique, associant syndrome présentation clinique et les agents infectieux responsables sont
pyramidal et signes moteurs périphériques (amyotrophie et fas- multiples. On distingue trois formes d’IRIS :
ciculations, notamment), inhabituelles parce que survenant chez • la forme paradoxale qui correspond à l’aggravation secondaire
des sujets jeunes. Cette complication est parfois réversible avec les après une amélioration induite par le traitement d’une infec-
ARV [66] . tion ;
14 EMC - Neurologie
Manifestations neurologiques centrales associées à l’infection VIH-1 17-051-B-10
• la forme infectieuse où la reconstitution d’une réponse immune [21] Levine AJ, Hinkin H, Ando K. An exploratory study of long-term
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ou inflammatoires déclenchées ou aggravées par la modifica- rapy in AIDS patients with CMV disease: impact on the survival and
tion de la réponse immune [70] . long-term treatment outcome. J Infect 2008;56:40–3.
Les IRIS affectant le SNC sont souvent sévères, avec une mor- [23] Jellinger KA, Setinek U, Drlicek M. Neuropathology and general
bidité et une mortalité plus élevées que pour les IRIS touchant autopsy findings in AIDS during the last 15 years. Acta Neuropathol
d’autres organes. Les recommandations thérapeutiques sont les 2000;100:213–20.
suivantes : [24] Grassi MP, Clerici F, Perin C, D’Arminio Monforte A, Vago L, Borella
• poursuite du traitement ARV ; M, et al. Microglial nodular encephalitis and ventriculoencephalitis
due to cytomegalovirus infection in patients with AIDS: two distinct
• poursuite ou début du traitement de l’infection causale ;
clinical patterns. Clin Infect Dis 1998;27:504–8.
• au cas par cas peuvent se discuter les corticoïdes mais sans
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A. Moulignier (amoulignier@fo-rothschild.fr).
Service de neurologie, Fondation Adolphe-de-Rothschild, 25, rue Manin, 75019 Paris, France.
F.-X. Lescure.
Service des maladies infectieuses et tropicales, CHU Bichat–Claude-Bernard, 48, rue Henri-Huchard, 75018 Paris, France.
J. Savatovsky.
Service de neuroradiologie, Fondation Adolphe-de-Rothschild, 25, rue Manin, 75019 Paris, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Moulignier A, Lescure FX, Savatovsky J. Manifestations neurologiques centrales associées à l’infection
VIH-1. EMC - Neurologie 2014;11(4):1-16 [Article 17-051-B-10].
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