Vous êtes sur la page 1sur 15

 10-018-L-10

Hyperprolactinémie
P. Chanson, J. Young

L’hyperprolactinémie est une cause fréquente d’anovulation, et donc de troubles des règles et d’infertilité,
et de galactorrhée. Son diagnostic repose sur le dosage sanguin de la prolactine (PRL), qu’il ne faut
pas hésiter à demander. L’étape suivante du diagnostic consiste à s’assurer que l’hyperprolactinémie est
authentique et qu’il ne s’agit pas d’un artefact de dosage, très fréquent avec les dosages immunométriques
sandwich automatisés : le plus simple est alors de contrôler la prolactinémie dans un autre laboratoire
ou de demander son contrôle après polyéthylène glycol (PEG) ; puis, après avoir éliminé les situations
(grossesse, prise médicamenteuse, etc.) qui s’accompagnent d’une hyperprolactinémie, une imagerie par
résonance magnétique (IRM) de la région hypothalamohypophysaire à la recherche d’une tumeur est
programmée. En présence d’un microadénome (diamètre < 10 mm), le diagnostic de microprolactinome
est vraisemblable. En cas de tumeur plus volumineuse, il convient de distinguer s’il s’agit d’une hyperpro-
lactinémie de déconnection accompagnant une tumeur non prolactinique ou d’un macroprolactinome.
Cette distinction est importante sur le plan thérapeutique : en effet, une tumeur non prolactinique avec
hyperprolactinémie de déconnection est traitée chirurgicalement en cas de syndrome tumoral, alors qu’un
macroprolactinome est traité par les agonistes dopaminergiques. Le traitement des microprolactinomes
fait appel aux agonistes dopaminergiques ou à l’exérèse chirurgicale sélective de l’adénome.
© 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Hypophyse ; Adénome hypophysaire ; Hyperprolactinémie ; Agoniste dopaminergique ;


Aménorrhée

Plan ■ Traitement des hyperprolactinémies 10


Traitement médical de l’hyperprolactinémie 10
■ Introduction 1 Traitement chirurgical 11
Abstention thérapeutique avec surveillance 12
■ Physiologie normale de la sécrétion de prolactine : quelques Radiothérapie 12
données pour comprendre la pathologie 2 Traitement des hyperprolactinémies sous neuroleptiques 12
■ Physiopathologie de l’hyperprolactinémie 2 Grossesse et hyperprolactinémie 12
Définition 2 ■ Conclusion 12
Mécanismes de l’hyperprolactinémie 2
■ Épidémiologie 3
Épidémiologie de l’hyperprolactinémie 3
Épidémiologie des adénomes hypophysaires à prolactine 3
■ Présentation clinique
Chez la femme
3
3
 Introduction
Chez l’homme 4
Depuis la première description de la technique de dosage de la
Chez l’enfant et l’adolescent 4
prolactine (PRL) dans le sérum, il y a plus de 50 ans, la patholo-
Signes d’insuffisance antéhypophysaire quand
gie de la PRL est devenue l’un des chapitres les plus importants
l’hyperprolactinémie est en rapport avec un adénome
de l’endocrinologie de la reproduction. Chez l’homme et chez la
hypophysaire 4
femme, la PRL est sécrétée en faible quantité. Sa concentration
Rares cas d’adénomes mixtes prolactine-hormone de croissance 4
s’élève physiologiquement pendant la grossesse de façon à pré-
■ Stratégie diagnostique devant une hyperprolactinémie 5 parer la glande mammaire à la lactation. L’hypersécrétion de PRL
Dosage de la prolactine 5 en dehors de la grossesse peut provoquer une galactorrhée mais
Stratégie diagnostique en présence d’une hyperprolactinémie 7 est surtout responsable d’une anovulation avec des troubles des
■ Imagerie des prolactinomes 8 règles et/ou une infertilité. Du fait de sa grande fréquence dans la
Microprolactinomes 8 population générale, les signes devant amener à doser la PRL puis
Macroprolactinomes 9 la stratégie diagnostique à appliquer devant une hyperprolactiné-
Macroprolactinomes géants 9 mie doivent être connus. Le traitement de l’hyperprolactinémie
Exploration ophtalmologique 9 dépend en effet essentiellement de sa cause.

EMC - Endocrinologie-Nutrition 1
Volume 12 > n◦ 3 > juillet 2015
http://dx.doi.org/10.1016/S1155-1941(14)43049-X
10-018-L-10  Hyperprolactinémie

 Physiologie normale alors que thyrolibérine (TRH), vasoactive intestinal peptide (VIP),
sérotonine, peptides opioïdes, ocytocine, pour ne citer que les plus
de la sécrétion de prolactine : importants, la stimulent.
Une fois sécrétée, la PRL circule sous plusieurs formes : mono-
quelques données pour mérique de 23 kDa (little PRL) majoritaire, dimérique (big PRL) de
comprendre la pathologie 50 kDa, voire agrégée avec des immunoglobulines G (IgG) consti-
tuant des formes de haut poids moléculaire (150 kDa, big big PRL).
La PRL est une hormone de 199 acides aminés, dont le poids Pour agir sur ses tissus cibles, essentiellement la glande mam-
moléculaire est de 23 kilodalton (kDa), synthétisée par la cellule maire dans l’espèce humaine, la PRL se lie au récepteur de la PRL,
lactotrope de l’hypophyse. La concentration de PRL est inférieure le PRL-R, récepteur transmembranaire de la famille des récep-
à 20 ng/ml, aussi bien chez l’homme que chez la femme. Cette teurs des cytokines de classe 1 [2] . Une molécule de PRL se lie
concentration augmente dans deux conditions physiologiques : par deux sites différents à deux récepteurs, présents à la sur-
la grossesse et l’allaitement. face des cellules sous forme d’homodimère. La liaison de la PRL
Au cours de la grossesse, l’augmentation est régulière (sous à l’homodimère entraîne une modification conformationnelle
l’effet de l’augmentation de la concentration des estrogènes) et du complexe constitué des deux récepteurs dimérisés et de la
atteint environ 40 ng/ml au troisième mois, 80 à 100 ng/ml au PRL qui active la cascade de transduction intracellulaire janus
sixième mois et 100 à 150 ng/ml en fin de grossesse [1] . Dans kinases 2 (JAK2)-signal transducer and activators of transcription 5
les quatre à six semaines suivant l’accouchement, la prolactiné- (STAT5). La translocation des facteurs de transcription phospho-
mie chute mais reste cependant élevée, ce d’autant que la mère rylés dans le noyau et leur liaison aux séquences consensus
allaite : chaque tétée produit alors, dans les minutes suivantes, des promoteurs des gènes cibles de l’hormone induit la syn-
un pic de PRL (trois à cinq fois la valeur de PRL basale) qui thèse de différentes protéines du lait dans les cellules épithéliales
baisse ensuite progressivement pour rejoindre la prolactinémie mammaires.
basale précédant la tétée. Puis, durant les trois mois du post-
partum, la prolactinémie, tant basale que stimulée par la tétée,
diminue progressivement pour se normaliser. La cellule lactotrope
est équipée pour fabriquer une quantité importante de PRL. Si elle
 Physiopathologie
n’en délivre qu’une quantité minime en situation physiologique, de l’hyperprolactinémie
c’est parce qu’elle est freinée en permanence par la dopamine,
synthétisée dans l’hypothalamus, au niveau de neurones spécia- Définition
lisés du noyau arqué et du noyau ventromédian dont les axones
convergent vers l’éminence médiane où elle est déversée dans le L’hyperprolactinémie est définie comme la persistance de
système porte hypothalamohypophysaire et parvient à la cellule concentrations élevées de PRL (> 20 ng/ml) en dehors des situa-
lactotrope sur la surface de laquelle elle se lie à des récepteurs dopa- tions physiologiques que sont la grossesse, le post-partum et
minergiques D2, récepteurs à sept domaines transmembranaires l’allaitement.
couplés à l’adénylate cyclase, au système inositol triphosphate et
au transport du calcium intracellulaire, convergeant pour dimi-
nuer la production de PRL par la cellule lactotrope (Fig. 1A). Les Mécanismes de l’hyperprolactinémie
estrogènes bloquent partiellement l’effet inhibiteur de la dopa-
mine sur la cellule lactotrope. D’autres régulateurs de la sécrétion Une hyperprolactinémie peut relever de différents mécanismes.
de PRL ont été décrits, mais leur importance sur le plan physio- Il peut s’agir d’une stimulation directe de la cellule lactotrope
pathologique est moindre : gonadotropin associated peptide (GAP), (par exemple par les estrogènes, en cas de grossesse) ou, plus sou-
acide ␥-aminobutyrique (GABA) freinent aussi la sécrétion de PRL, vent, d’une inhibition du tonus dopaminergique normalement
freinateur (provoquant donc un défreinage de la sécrétion de
PRL) : c’est encore le cas des estrogènes (Fig. 1B) ou des médica-
ments qui déplètent l’hypothalamus de sa dopamine (réserpine,
alphaméthyldopa, médicaments moins utilisés à l’heure actuelle)
ou encore des médicaments bloquant les récepteurs dopaminer-
Dopamine Dopamine giques de la cellule lactotrope (antagonistes dopaminergiques
comme les phénothiazines type chlorpromazine, les butyro-
phénones, type halopéridol, le pimozide, les benzamides, type
sulpiride ou le métoclopramide, etc.) (Fig. 1C). C’est également
Grossesse le cas des substances stimulant la recapture de la dopamine
Cellule lactotrope Médicaments (imipramine, amphétamines). Enfin, une compression ou une
E2 interruption de la tige pituitaire (tumeur de la région hypotha-
Normal lamohypophysaire ou section de tige pituitaire) peut empêcher
PRL la dopamine de parvenir à l’hypophyse pour y exercer son effet
PRL inhibiteur, ce qui libère la sécrétion de PRL (Fig. 1D).
A B L’hyperprolactinémie peut, beaucoup plus rarement, résulter
d’une hypothyroïdie périphérique (qui inhibe l’activité dopami-
Dopamine Dopamine nergique et stimule la production de peptides hypothalamiques
PRL Dopamine favorisant la sécrétion de la PRL) ou d’une insuffisance rénale
chronique, qui diminue l’élimination rénale de la PRL et favorise
son accumulation.
L’hyperprolactinémie, enfin, peut être la conséquence d’une
tumeur développée aux dépens des cellules lactotropes (adénome
à PRL, appelé aussi prolactinome) (Fig. 1E).
Antagonistes Prolactinome Pour être complet, il faut citer l’exceptionnelle hyperprolacti-
Compression
dopami- PRL ou section de némie en relation avec une mutation hétérozygote du gène du
nergiques PRL
la tige pituitaire récepteur de la PRL, le rendant moins sensible à la PRL, ce qui
C D E provoque une augmentation de la concentration de PRL. Dans
la seule famille avec cette mutation, décrite très récemment [3] ,
Figure 1. Physiopathologie de l’hyperprolactinémie : les différentes trois sœurs présentaient une hyperprolactinémie (leur imagerie
étiologies (A à E). PRL : prolactine ; E2 : estradiol ; PR : récepteur de la par résonance magnétique [IRM] hypophysaire était bien évidem-
progestérone. ment strictement normale).

2 EMC - Endocrinologie-Nutrition
Hyperprolactinémie  10-018-L-10

 Épidémiologie « différentes », en tout cas de deux entités dont la pathogénie


diverge à un moment ou à un autre de leur évolution, même si
avant de faire plus de 10 mm, un adénome passe bien évidemment
Épidémiologie de l’hyperprolactinémie par un stade où il fait moins de 10 mm !
L’hyperprolactinémie peut survenir à tous les âges et sa préva-
lence varierait de 1,2 % dans une population britannique adulte Incidence
tout venant (dosage de PRL systématique) [4] à 0,2 ‰ (hommes) et L’incidence annuelle des adénomes à PRL, selon une étude fin-
1 ‰ (femmes) dans une population néerlandaise (hyperprolacti- landaise, serait en moyenne de 2,2 pour 100 000 habitants [10] .
némies traitées par agonistes dopaminergiques) [5] . Leur pic de survenue chez les femmes est autour de la trentaine
Une hyperprolactinémie est parfois trouvée chez les femmes (environ dix nouveaux cas par an pour 100 000 habitants) alors
présentant un syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), ce qui qu’il est en majorité diagnostiqué après la cinquantaine chez les
a amené de nombreux auteurs à faire du SOPK une étiologie de hommes [11] . L’étude néerlandaise déjà mentionnée donne des
l’hyperprolactinémie. En fait, plus qu’une relation de cause à effet, chiffres assez concordants avec, chez les femmes âgées de 25
il s’agit probablement de l’association fortuite de deux patholo- à 34 ans, une incidence annuelle des hyperprolactinémies jus-
gies très fréquentes dans la population générale dont le diagnostic tifiant un traitement agoniste dopaminergique de 24 cas pour
respectif est biaisé par le fait qu’elles partagent des symptômes 100 000 habitants [5] .
communs (troubles des règles) et qu’une fausse hyperprolactiné-
mie par artefact de dosage (macroprolactine) (cf. infra) est très Prédisposition génétique
fréquemment trouvée lorsque la PRL est dosée avec certains kits
Rarement, l’adénome à PRL peut survenir dans un contexte
de dosage. Une enquête étiologique menée chez des femmes por-
familial : il peut s’agir d’une néoplasie endocrinienne multiple
teuses de SOPK et qui présentaient une hyperprolactinémie a
de type 1 (NEM1), au cours de laquelle l’adénome hypophysaire
d’ailleurs retrouvé les étiologies habituelles (prolactinome, hyper-
est associé à une hyperparathyroïdie primaire, à des tumeurs
prolactinémie médicamenteuse ou artefact de dosage de la PRL)
gastro-entéro-pancréatiques (gastrinome, insulinome, etc.) et à
avec des fréquences comparables à celles rapportées dans les
des adénomes surrénaliens, généralement non sécrétants [20, 21] .
hyperprolactinémies chez les femmes sans SOPK [6] .
Ce diagnostic doit être systématiquement recherché en cas
Chez les femmes qui ont une aménorrhée ou une oligoménor-
d’hypercalcémie ou d’antécédents familiaux évocateurs ainsi que
rhée secondaire, une hyperprolactinémie est en cause dans près
chez les enfants et les adolescents, car l’adénome hypophysaire
de 15 % des cas [7, 8] : il est donc « rentable » de doser la PRL chez
peut être la première manifestation de la NEM1. Son diagnos-
les femmes en aménorrhée ou en oligoménorrhée.
tic repose sur l’analyse génétique à la recherche d’une mutation
du gène MEN1, qui code pour la ménine. Il peut aussi s’agir
Épidémiologie des adénomes hypophysaires d’adénomes hypophysaires familiaux liés à une mutation du gène
AIP : dans ce cas, l’histoire familiale ne comporte que des cas
à prolactine d’adénomes hypophysaires, sans histoire de tumeurs endocrines
digestives ou d’hyperparathyroïdie [22, 23] . Là encore, le diagnostic
Prévalence doit être systématiquement évoqué en cas d’adénome à PRL sur-
La prévalence des adénomes hypophysaires se situe entre venant chez un enfant ou un adolescent, même en l’absence de
78 et 94 cas pour 100 000 habitants : les prolactinomes en cas familiaux connus [24, 25] .
représentent environ la moitié [9–11] . La prévalence des macroa-
dénomes à PRL (diamètre ≥ 10 mm) serait d’environ dix pour
100 000 habitants [9, 11, 12] alors que celle des microadénomes à  Présentation clinique
PRL (diamètre < 10 mm) serait d’environ 40 pour 100 000 [11–13] .
Classiquement, on compte un macroadénome pour huit à neuf Chez la femme
microadénomes à PRL chez la femme [10, 14] , alors que, chez
l’homme, ce sont des proportions inverses qui sont trouvées : L’aménorrhée est le signe le plus fréquent : plus de 90 %
75 à 90 % auraient un macrodénome [10, 15] . Les études autop- des femmes ayant une hyperprolactinémie ont une absence
siques trouvent autant de prolactinomes chez l’homme que chez totale de règles (aménorrhée) ou une oligoaménorrhée (moins
la femme [13] : le diagnostic d’hyperprolactinémie (et de prolac- de quatre cycles par an) [15] et, dans la moitié des cas, des irré-
tinome) est donc fait moins souvent chez l’homme que chez gularités menstruelles ou un allongement progressif des cycles
la femme, soit par négligence des symptômes (les troubles de (spanioménorrhée) avaient été notés dans les mois ou années
la libido et/ou de l’érection sont souvent mis sur le compte de précédant l’installation de cette aménorrhée ou de cette oligoa-
l’âge et une hyperprolactinémie est rarement évoquée devant ménorrhée. Les troubles des règles sont d’autant plus sévères
une infertilité masculine, etc.), soit par moindre sensibilité de que la PRL est élevée. Toutefois, un chiffre très élevé de PRL
l’axe gonadotrope à l’hyperprolactinémie dans le sexe masculin, peut parfois s’accompagner de faibles perturbations du cycle. Les
sous-estimant d’autant la prévalence des microadénomes à PRL et conséquences de cette inhibition gonadotrope sur la sécrétion fol-
surestimant celle des macroprolactinomes. Quoi qu’il en soit, chez liculaire d’estradiol sont généralement modérées : l’imprégnation
l’homme, les macroadénomes à PRL sont plus souvent révélés par estrogénique (trophicité vaginale et sécrétions vaginales) est
des symptômes tumoraux et sont volontiers plus volumineux, habituellement correcte. Les patientes se plaignent néanmoins
plus invasifs et plus agressifs que chez la femme [16] . souvent d’une baisse de la libido et parfois d’une dyspareu-
Les adénomes hypophysaires sont exceptionnels à l’âge pédia- nie liée à la sécheresse vaginale. Ces troubles des règles sont
trique (0,1 cas par million). Là encore, les prolactinomes sont les évidemment masqués chez les femmes recevant une contracep-
plus fréquents (un cas sur deux). Quand ils surviennent, c’est plus tion hormonale estroprogestative à l’origine de cycles artificiels :
souvent à l’adolescence (et chez une fille dans plus de trois cas sur l’hyperprolactinémie ne se révèle alors qu’après interruption de
quatre) que durant l’enfance, mais cette proportion varie selon cette contraception : c’est la classique « aménorrhée post-pilule »,
la taille : les macroadénomes semblent plus fréquents chez les à moins que la survenue d’une galactorrhée sous contraception
garçons (trois fois sur quatre), alors que, chez les filles, ils se voient estroprogestative ait déjà suggéré le diagnostic.
autant que les microadénomes [15, 17, 18] . Ils sont plus souvent inva- L’hypogonadisme provoqué par l’hyperprolactinémie est aussi
sifs que chez l’adulte [19] . responsable de conséquences à long terme : ostéopénie, voire
Les macroprolactinomes ne sont pas la conséquence évolu- ostéoporose tant chez l’adulte [26, 27] que chez l’adolescent, en par-
tive d’un microadénome. Il est en effet bien démontré (études ticulier chez le garçon [28] .
épidémiologiques ou études de suivi des microadénomes sans Le mécanisme exact de l’insuffisance gonadotrope
intervention thérapeutique) que la proportion des micropro- induite par l’hyperprolactinémie a récemment été élucidé.
lactinomes évoluant vers un macroadénome est infime (3 à L’hyperprolactinémie retentit sur l’axe gonadotrope en agissant
6 %) [15] , laissant penser qu’il s’agit de deux entités pathologiques sur la sécrétion de gonadotrophin releasing hormone (GnRH)

EMC - Endocrinologie-Nutrition 3
10-018-L-10  Hyperprolactinémie

hypothalamique. En effet, l’administration pulsatile de GnRH totalisant 444 patients), des anomalies campimétriques (36 %),
permet de restaurer une pulsatilité normale de LH et des cycles ou une insuffisance antéhypophysaire (33 % des cas) étaient
ovulatoires chez des femmes hyperprolactinémiques [29] . Des présentes lors de la consultation initiale, bien plus souvent
travaux récents montrent qu’il ne s’agit pas d’un effet direct de qu’une galactorrhée (présente dans 10 % des cas seulement),
l’hyperprolactinémie sur les neurones à GnRH, mais plutôt d’un alors même que l’interrogatoire révélait, rétrospectivement, des
effet médié par les neurones kiss : la PRL inhibe l’expression du troubles sexuels dans près de 78 % des cas [15] !
gène kiss1 ce qui diminue la production de kiss et donc, en aval, L’un des signes « classiques » de l’hyperprolactinémie chez
de la sécrétion de GnRH et de gonadotrophines [30] . l’homme est la gynécomastie. S’il reste vrai que toute gynéco-
La galactorrhée est une manifestation classique de mastie doit faire doser de manière systématique la PRL, ce signe
l’hyperprolactinémie chez la femme. Elle peut être sponta- clinique est finalement exceptionnel chez les hommes hyper-
née ou, le plus souvent (80 % des cas), uniquement provoquée, prolactinémiques. Il convient de rappeler en effet que, chez
découverte fortuitement par la patiente ou à l’occasion d’un un homme, le développement d’une gynécomastie nécessite un
examen clinique. Sa recherche nécessite de comprimer la glande excès d’estrogènes en même temps qu’une chute de la testosté-
mammaire de façon concentrique, au niveau de l’aréole. Cette rone. En cas d’hyperprolactinémie (particulièrement si celle-ci est
manœuvre est suivie d’une expression concentrique du mamelon. importante et ancienne, comme dans les macroprolactinomes),
La galactorrhée, lorsqu’elle est présente, n’est significative que si le déficit gonadotrope et la chute des androgènes sont souvent
elle est faite de liquide lactescent contenant de la caséine et qu’elle tels qu’aucune aromatisation des androgènes en estrogènes n’a
survient à distance du post-partum [31] . La découverte d’une galac- lieu, expliquant l’absence de gynécomastie (et, par-là, l’absence
torrhée n’est pas, loin s’en faut, synonyme d’hyperprolactinémie : de galactorrhée).
une galactorrhée serait même présente chez 5 à 10 % des femmes
ayant des cycles normaux [1] , et la grande majorité (80 à 90 %) des
femmes qui ont des cycles normaux et qui consultent pour une
Chez l’enfant et l’adolescent
galactorrhée ont une prolactinémie normale [32] . Toutefois, toute Chez les filles, le diagnostic est porté devant une aménorrhée
galactorrhée impose un dosage de PRL, car 30 à 80 % des femmes (80 % des cas) primaire ou plus souvent secondaire. Une oligo-
ayant une hyperprolactinémie ont une galactorrhée [15, 33, 34] . ménorrhée ou des cycles irréguliers sont moins fréquents. Même
Celle-ci est indépendante des concentrations de PRL [33] . Pour en cas d’aménorrhée primaire, un développement mammaire est
certains auteurs, elle est plus fréquente en cas de grossesse(s) habituel et l’impubérisme complet est rare [17] .
antérieure(s) [35] mais pas pour d’autres [33] . Il est possible que la Chez les garçons, un hypogonadisme ou une gynécomas-
profondeur de l’hypoestrogénie joue également un rôle ou qu’il tie amènent parfois au diagnostic, mais moins souvent qu’un
s’agisse simplement d’une sensibilité individuelle variable de la syndrome tumoral [17] , qui constitue le motif principal de consul-
glande mammaire à l’hyperprolactinémie. tation.
Le retard de croissance est rare et n’est observé que chez les
Autres symptômes liés à l’hyperprolactinémie enfants porteurs d’un macroadénome [39] . Une prise de poids,
voire une obésité ont été décrites chez la moitié des patients dans
Une prise de poids est parfois observée qui se corrige avec le une série napolitaine [19] .
retour à la normale de la prolactinémie [36] . Son mécanisme reste
mal connu.
Signes d’insuffisance antéhypophysaire
Symptômes tumoraux en rapport quand l’hyperprolactinémie est en rapport
avec un adénome à prolactine avec un adénome hypophysaire
La découverte d’un macroprolactinome suite à la présence
Alors que les microprolactinomes (en dehors de l’inhibition
de signes tumoraux (céphalées, troubles visuels) est rare chez
gonadotrope liée à l’hyperprolactinémie) ne retentissent pas
la femme car, d’une part, les troubles des règles ou l’infertilité
sur les autres fonctions hypophysaires, les macroprolactinomes
ont souvent conduit à consulter avant que le macroadénome
peuvent être à l’origine d’une insuffisance antéhypophysaire, liée
ait atteint une taille suffisante pour les produire, et d’autre part,
à un effet compressif direct de l’hypophyse ou de la tige pitui-
le caractère évolutif de ces tumeurs est moins marqué dans le
taire, altérant le contrôle hypothalamique [40] . Plus la tumeur est
sexe féminin. Après la ménopause, le macroprolactinome est plus
volumineuse, plus le risque d’atteinte d’une ou de plusieurs autres
rare et le diagnostic est fait surtout à l’occasion d’un syndrome
fonctions hypophysaires augmente : une insuffisance corticotrope
tumoral qui n’a rien de spécifique : céphalées souvent rétro-
et/ou thyréotrope est trouvée en moyenne dans 10 à 30 % des cas si
orbitaires et non pulsatiles, et/ou troubles visuels par compression
le macroadénome a une expansion extrasellaire [15] . L’insuffisance
chiasmatique en cas d’expansion suprasellaire de l’adénome [37] .
somatotrope est encore plus fréquente.
L’hémianopsie bitemporale, classique, est heureusement rare :
Chez l’enfant et l’adolescent, le retentissement sur les autres
plus souvent les troubles visuels sont limités à une quadranop-
fonctions hypophysaires n’est pas rare non plus : 78 % des patients
sie temporale supérieure ou à un scotome paracentral. Les troubles
qui avaient un macroadénome à extension extrasellaire et un
oculomoteurs sont exceptionnels et se voient en cas d’invasion du
tiers des patients ayant un macroadénome enclos avaient une
sinus caverneux (atteinte du III, du IV ou du VI) ou d’apoplexie
atteinte hypophysaire à un degré variable [19] . Ce chiffre est à com-
hypophysaire (cf. infra). En cas d’expansion suprasellaire volu-
parer au très faible pourcentage de déficit hypophysaire en cas de
mineuse vers les lobes temporaux, une épilepsie temporale peut
microadénome (moins de 5 % des cas), justifiant donc une évalua-
également survenir dans 20 à 25 % des cas, mais sa reconnaissance
tion soigneuse des différentes fonctions hypophysaires en cas de
est parfois difficile en raison des symptômes atypiques (hallucina-
macroadénome, quels que soient sa taille et son degré d’extension
tions olfactives, absences ou désorientation, automatismes oraux,
ou d’invasion.
etc.) [38] . Quand, exceptionnellement, l’expansion atteint les trous
de Monro, une hydrocéphalie avec hypertension intracrânienne
peut compléter le tableau. Rares cas d’adénomes mixtes
prolactine-hormone de croissance
Chez l’homme Dans de très rares cas, l’hyperprolactinémie est révélatrice d’un
Le plus souvent, chez l’homme, ce sont les signes en rap- adénome mixte responsable d’une acromégalie (parfois discrète)
port avec le développement de la masse tumorale qui sont et d’une hyperprolactinémie [41] . Au moindre doute clinique (syn-
révélateurs d’un prolactinome. Ce n’est pas étonnant puisque, drome dysmorphique, etc.), un dosage de l’insulin-like growth
chez l’homme, les prolactinomes cliniquement patents sont factor 1(IGF-1), voire une épreuve d’hyperglycémie provoquée
très fréquemment des macroadénomes [15] . Ainsi, des céphalées orale (HGPO) avec dosage de l’hormone de croissance (growth
(dans 29 % des cas selon une compilation de 16 séries publiées hormone [GH]) s’imposent [42] .

4 EMC - Endocrinologie-Nutrition
Hyperprolactinémie  10-018-L-10

 Stratégie diagnostique La prescription de la mesure de la PRL est d’autant plus facile


que la plupart des laboratoires d’analyses médicales se servent
devant une hyperprolactinémie maintenant d’automates utilisant des dosages immunométriques
« sandwich » afin de doser la PRL, immunodosages susceptibles
Le diagnostic positif d’hyperprolactinémie est simple : il repose de présenter une interférence avec les complexes PRL-IgG et de
sur le dosage de la PRL. Il faut néanmoins connaître deux artefacts donner un résultat d’hyperprolactinémie. C’est pourquoi, il n’est
de dosage qui peuvent majorer ou, au contraire, minorer, à tort, pas rare de trouver une pseudohyperprolactinémie liée à une
le dosage de PRL. macroprolactinémie (alors que la PRL monomérique est parfai-
tement normale) parmi toutes les femmes chez qui est pratiqué
un dosage de PRL (environ 20 %). Le risque est bien sûr d’entraîner
Dosage de la prolactine la patiente qui, en fait, n’a pas de pathologie de la PRL, vers un
Conditions du prélèvement faux diagnostic et des investigations (IRM hypophysaire, etc.),
voire un traitement, inappropriés. Pour éviter cela, les recom-
Même si le stress est un facteur classique de stimulation mandations visent aussi bien les fabricants de kits de dosage, que
de la PRL, et malgré les recommandations souvent faites aux les laboratoires d’analyse ou les cliniciens. Les fabricants de kits
patients dans les laboratoires d’analyses médicales, le prélèvement de dosage sont invités à revoir leur technique quand elle pré-
peut être fait immédiatement après la ponction veineuse car les sente trop d’interférences avec les complexes IgG-PRL : en effet,
concentrations de PRL ne se modifient pas après une période de on sait que la capacité de reconnaître faussement une macro-
repos de quelques minutes [43] . prolactinémie varie beaucoup d’un kit de dosage à l’autre [49] .
Les tests dynamiques (TRH, métoclopramide, dom- Cette particularité est aussi à prendre en compte par le clini-
péridone, etc.) n’ont aucun intérêt pour le diagnostic cien à qui l’on recommande, s’il trouve une prolactinémie élevée,
d’hyperprolactinémie [37, 44, 45] . de la contrôler dans un autre laboratoire (utilisant un autre kit
de dosage) : en cas de discordance importante entre les deux
Technique du dosage dosages, en particulier si l’un des dosages donne une valeur nor-
Le dosage, maintenant automatisé, est actuellement fait par male, l’hypothèse d’une macroprolactinémie est vraisemblable.
technique immunométrique non compétitive grâce à un « dosage Il est aussi recommandé aux laboratoires d’analyses, en présence
sandwich », utilisant deux anticorps monoclonaux dont chacun d’une hyperprolactinémie, de remesurer la PRL sur le sérum après
est spécifique d’un épitope particulier de la molécule de PRL. L’un avoir précipité les IgG par du polyéthylène glycol (PEG), ce qui
des anticorps est fixé à la paroi du tube : c’est l’anticorps de cap- permet de ne mesurer que la PRL monomérique biologiquement
ture et l’autre est l’anticorps signal qui porte le marqueur (enzyme, active. En cas de doute, la méthode de référence est la chroma-
molécule fluorescente, etc.) dont l’intensité mesurée est parallèle tographie de la PRL (Fig. 3) qui confirmerait le diagnostic de
à la concentration de PRL dans l’échantillon sanguin. La PRL est macroprolactinémie en présence de 30 à 60 % de formes lourdes ;
prise en sandwich entre ces deux anticorps (Fig. 2A). mais c’est une méthode lourde et coûteuse. D’autres méthodes
Quand l’hyperprolactinémie est secondaire à un adénome à comme l’immunoprécipitation par la protéine A ont été proposées
PRL, son importance est généralement proportionnelle à la taille mais sont en attente de validation. Enfin et surtout, les cliniciens
de l’adénome [15] . doivent être vigilants et évoquer une éventuelle macroprolactiné-
mie devant toute hyperprolactinémie asymptomatique. L’absence
de galactorrhée et d’aménorrhée ou d’oligoménorrhée, la norma-
Artefacts de dosage
lité de l’IRM doivent amener à remettre en question la réalité de
Pseudohyperprolactinémie par présence l’hyperprolactinémie et à demander une confirmation du dosage,
d’une « macroprolactine » soit en changeant de laboratoire et de kit de dosage, soit en deman-
La PRL circule sous plusieurs formes. Chez le sujet normal, dant un dosage de PRL après précipitation par le PEG [37] .
c’est surtout la forme monomérique de 23 kDa (little PRL) qui
circule : elle représente 60 à 85 % de la PRL circulante. En plus Effet crochet (« hook effect »)
de se combiner entre elles en formant des dimères (big PRL) de L’effet crochet ou « hook effect » des Anglo-Saxons est l’effet par
50 kDa, qui représentent dans le sérum, 10 à 20 % de la PRL lequel une concentration très élevée de PRL est largement sous-
circulante, les molécules de PRL peuvent s’agréger avec des IgG estimée par un dosage immunométrique.
(auto-anticorps) et constituer des formes de haut poids molécu- Dans les dosages immunométriques « sandwich », les anticorps
laire (150 kDa, big big PRL) qui ne représentent normalement que doivent être en large excès par rapport à la PRL à doser. Les gammes
5 à 25 % de la PRL circulante. Quand les titres d’auto-anticorps d’étalonnage et les concentrations d’anticorps ont été adaptées
augmentent (et cela, y compris chez un sujet parfaitement nor- aux concentrations physiologiques et pathologiques les plus fré-
mal, indépendamment de toute pathologie auto-immune), la quentes. Quand la concentration de PRL s’élève au-delà de la
concentration de big big PRL augmente, sans que celle de la lit- concentration maximale de la gamme d’étalonnage, on observe
tle PRL, forme active biologiquement et normalement régulée, une augmentation de la PRL fixée sur la phase solide jusqu’à la
ne s’élève, créant ainsi une fausse hyperprolactinémie qui ne saturation des anticorps de capture. Le nombre de sandwichs for-
s’accompagne pas des signes habituels de l’hyperprolactinémie, més et donc le signal mesuré atteignent un maximum (Fig. 2B).
c’est-à-dire l’aménorrhée et la galactorrhée [46] . La première publi- Lorsque la concentration de PRL continue à augmenter, des anti-
cation rapportant ces fausses hyperprolactinémies sans adénome corps marqués peuvent réagir avec des molécules de PRL restées
hypophysaire date de 1985 [47] . Les formes lourdes de PRL ainsi en solution. Ainsi, toutes les molécules de PRL fixées sur la phase
générées (« macroprolactine ») sont reconnues par les immuno- solide n’ont pas la possibilité de former un sandwich. Le signal
dosages (la concentration élevée de PRL tiendrait à la réduction mesuré diminue progressivement quand la concentration aug-
de la clairance de ces agrégats de PRL-IgG) alors qu’elles n’ont pas mente, jusqu’à rejoindre les valeurs mesurées dans la gamme
d’effet biologique. Plusieurs raisons ont été suggérées pour expli- d’étalonnage. Le résultat rendu est donc très sous-estimé.
quer l’absence de bioactivité de ces agrégats : absence de passage Ce piège ne peut se présenter que dans le sérum de patients
transendothélial des agrégats de PRL qui restent confinés au sec- porteurs d’un macroadénome sécrétant de grandes quantités de
teur vasculaire et/ou mauvaise reconnaissance de la PRL par son PRL (le plus souvent supérieures à 10 000 ng/ml) [50, 51] et le dosage
récepteur du fait de l’encombrement stérique par les IgG [48] . indique alors des valeurs peu élevées (par exemple 38 ng/ml) [51] ,
Pourquoi ces artefacts de dosage (ces « macroprolactinémies ») voire normales [52] .
sont-ils trouvés aussi fréquemment alors qu’ils sont asymptoma- Le seul moyen de mettre en évidence l’effet crochet est de réali-
tiques ? C’est probablement parce que, rançon du succès de ce ser les dosages de PRL sur du sérum qui est progressivement dilué :
dosage, la PRL est mesurée à la moindre occasion, en particulier en cas d’effet crochet, le signal mesuré augmente avec le facteur
lors de l’exploration d’une infertilité ou de vagues troubles des de dilution alors que, normalement, il doit diminuer (Fig. 2C).
règles ou d’un hirsutisme, et cela indépendamment de la présence Les laboratoires des centres recevant beaucoup de patients
de signes cliniques réellement évocateurs d’hyperprolactinémie. porteurs d’adénomes hypophysaires avec, potentiellement des

EMC - Endocrinologie-Nutrition 5
10-018-L-10  Hyperprolactinémie

Anticorps signal Anticorps signal


Antigène (Prolactine) Antigène (Prolactine)
Anticorps de capture A Anticorps de capture B
50 000
45 000
1/100
40 000
1/10
35 000 1/1000
Signal mesuré

30 000
25 000
20 000
15 000
10 000
Pur
5000 1/10 000 28 x 10 000 = 280 000 µg/l 31 µg/l
0
1 10 100 1000 10 000 100 000 1 000 000
PRL µg/l C
Figure 2. Principe du dosage immunométrique de la prolactine (PRL).
A. Concentration de PRL normale ou modérément augmentée. La PRL présente dans le sérum est prise en sandwich entre l’anticorps (Ac) de capture fixé
sur le tube et l’Ac signal (en excès) ajouté. La quantité de PRL dans le sérum est parallèle à la quantité de signal émise par l’anticorps signal fixé sur chaque
molécule de PRL.
B. Concentration de PRL très élevée. Lorsque la concentration de PRL continue à augmenter, des anticorps marqués peuvent réagir avec des molécules de
PRL restées en solution. Toutes les molécules de PRL fixées sur la phase solide n’ont pas la possibilité de former un sandwich. Le signal mesuré diminue
progressivement quand la concentration augmente, jusqu’à rejoindre les valeurs mesurées dans la gamme d’étalonnage. Le résultat rendu est donc très
sous-estimé.
C. En diluant progressivement le sérum, le signal mesuré augmente avec le facteur de dilution en cas d’effet crochet alors que, normalement, il doit diminuer.
Sérum pur, sans dilution : PRL égale 31 ng/ml ; après dilution : PRL égale 28 000 ng/ml.

60 40 Figure 3. Résultats d’une chromatographie de


Big big Little Big big Little la prolactine (PRL), méthode de référence pour
35 le dépistage et la quantification de la macropro-
50 lactinémie.
A. Chromatographie d’une hyperprolactinémie
30
« normale » : l’essentiel de la PRL élue au niveau
40 de la PRL monomérique (little PRL). PRL totale :
25 70 ng/ml ; pourcentage de macroprolactine :
9 %.
30 20 B. Chromatographie d’un sérum contenant des
formes lourdes de PRL (macroprolactinémie) :
15 82 % de la PRL est constitué de big big PRL de
20 haut poids moléculaire. PRL totale : 105 ng/ml ;
pourcentage de macroprolactine : 82 %.
10
10
5

0 0
A B
Fractions d'élution Fractions d'élution

6 EMC - Endocrinologie-Nutrition
Hyperprolactinémie  10-018-L-10

concentrations de PRL très élevées, font souvent, de manière Tableau 1.


systématique, une dilution. Mais, habituellement, vu la rareté de Médicaments hyperprolactinémiants (d’après [37] ).
ce piège, il n’est pas possible de le faire systématiquement. Ce test Médicaments Effet
de dilution n’est donc pratiqué que si le biologiste est informé hyperprolactinémiant
de la probabilité d’une concentration de PRL très élevée (par
exemple en cas de très volumineux adénome chez un homme) Neuroleptiques
ou en cas de discordance clinicobiologique. Une autre situation, Phénothiazines +++
qui doit faire évoquer ce piège, est l’augmentation franche de Butyrophénones +++
la PRL en postopératoire chez un patient opéré d’un adénome Thioxanthènes +++
apparemment non fonctionnel et dont la PRL était normale ou
Benzamides +++
très peu élevée en préopératoire.
Rispéridone +++
Véralipride ++
Stratégie diagnostique en présence
Lopaxine +
d’une hyperprolactinémie (Fig. 4) Clozapine 0
Éliminer les causes générales et médicamenteuses Aripiprazole 0
Si la réalité de l’hyperprolactinémie est confirmée, la première Olanzapine +
étape est de vérifier que l’hyperprolactinémie n’est pas secondaire Pimozide +
à une cause générale ou à une prise médicamenteuse [46] . La gros-
Antidépresseurs
sesse est, bien sûr, la première étiologie à éliminer : un dosage de
human chorionic gonadotropin (hCG) est donc indispensable. Tricycliques
Un interrogatoire soigneux doit permettre de s’assurer de Clomipramine ++
l’absence de prise médicamenteuse [46, 53] susceptible d’élever Amitriptyline +
la prolactinémie (Tableau 1). Les plus grands pourvoyeurs Désipramine Cas rapportés
d’hyperprolactinémie médicamenteuse sont les neuroleptiques.
Imipramine Cas rapportés
La sensibilité est très variable d’un patient à l’autre, aussi bien
en termes de concentrations de PRL observées qu’en termes de Maprotiline Cas rapportés
durée d’élévation de la PRL. La PRL s’élève dans les minutes Amoxapine Cas rapportés
qui suivent une injection intramusculaire de neuroleptiques ; Trimipramine Cas rapportés
elle monte en quelques jours quand ils sont administrés par Doxepine Cas rapportés
voie orale. Les prolactinémies sont généralement inférieures à
Inhibiteurs sélectifs de la mono-oxydase A
100 ng/ml mais des concentrations allant jusqu’à 350 ng/ml ont
été décrites [54] . En utilisation chronique, 40 à 90 % des patients Pargyline (Moclamine® ) ++
gardent des prolactinémies élevées avec des signes cliniques. Les Inhibiteurs sélectifs de la recapture de la
prolactinémies chutent dans les 48 à 96 heures suivant l’arrêt du sérotonine
neuroleptique [53] . Les neuroleptiques atypiques font nettement Fluoxétine Cas rapportés
moins monter la PRL [55, 56] . Il faut rappeler ici l’effet hyperprolacti- Paroxétine Cas rapportés
némiant des neuroleptiques « cachés » que sont les antiémétiques, Citaprolam Cas rapportés
comme le métoclopramide, la métopimazine ou la dompéridone,
Fluvoxamine Cas rapportés
pour lesquels un interrogatoire « policier » est parfois nécessaire,
tant ces médicaments sont entrés dans l’automédication courante Sertraline Cas rapportés
et sont « oubliés » des patients. Escitalopram Cas rapportés
Parmi les autres médicaments responsables Inhibiteurs sélectifs de la recapture de la
d’hyperprolactinémie, il faut citer les antidépresseurs, les sérotonine et de la noradrénaline
antihypertenseurs centraux et les médicaments accélérant le Venlafaxine Cas rapportés
transit intestinal [53] .
Traitement des nausées et vomissements
L’hypothyroïdie périphérique (un simple dosage de thyréosti-
muline [TSH] suffit pour en faire le diagnostic) est aussi une cause Benzamides (alizapride, métoclopramide) +++
classique mais en fait exceptionnelle [57] d’hyperprolactinémie Dérivés des phénothiazines (métopimazine) +++
(elle est parfois même accompagnée d’une hyperplasie de Dompéridone +++
l’hypophyse visible en imagerie qui peut en imposer, à tort, pour Antihistaminiques H2
une tumeur hypophysaire !) et l’hyperprolactinémie se normalise
Cimétidine +
avec le retour à l’euthyroïdie. L’insuffisance rénale chronique, en
diminuant la clairance de la PRL augmente la prolactinémie. Ranitidine +
Famotidine (Pepcid AC® ) Cas rapportés
Réaliser une imagerie par résonance magnétique Antihypertenseurs
hypophysaire Vérapamil ++
Lorsque les causes médicamenteuses ou générales Méthyl dopa +
d’hyperprolactinémie sont éliminées, il faut envisager la possi-
Réserpine +
bilité d’une tumeur de la région hypothalamohypophysaire. La
radiographie de crâne classique, centrée sur la selle turcique, et Autres
même le scanner hypophysaire apportent des renseignements Morphine ++
très insuffisants par rapport à l’IRM qu’il faut maintenant préférer Méthadone ±
de manière systématique. Estrogènes à forte dose +
L’IRM renseigne sur le type de tumeur en cause. Elle permet de
Cocaïne +
découvrir des lésions tumorales de taille très variable [58] , il peut
s’agir :
• d’un microadénome intrasellaire, souvent intrahypophysaire :
la coexistence d’une authentique hyperprolactinémie (respon- prolactinique (adénome hypophysaire d’une autre nature ou
sable de symptômes) et d’une image de microadénome permet tumeur non adénomateuse) accompagnée d’une hyperprolac-
de porter le diagnostic de microprolactinome ; tinémie de déconnection (cf. infra) ;
• d’une tumeur plus volumineuse qui peut correspondre à • plus rarement, l’imagerie est négative, ce qui doit pousser à
un macroprolactinome, etc., mais aussi à une tumeur non rechercher une macroprolactinémie.

EMC - Endocrinologie-Nutrition 7
10-018-L-10  Hyperprolactinémie

Figure 4. Arbre décisionnel. Stratégie diagnos-


Hyperprolactinémie tique étiologique devant une hyperprolactinémie.
PRL : prolactine ; ␤-hCG : bêta-human chorio-
nic gonadotropin ; IRM : imagerie par résonance
magnétique.
Vérifier le chiffre de PRL
(nouveau dosage dans
un autre laboratoire)

Grossesse (ßhCG)
Médicaments (cf. Tableau 1)
Hypothyroïdie périphérique (TSH)
Insuffisance rénale

Oui Non
Pas de traitement IRM hypothalamohypophysaire
hypoprolactinémiant
Traitement de la cause
ou arrêt du médicament
hyperprolactinémiant Microadénome Tumeur plus volumineuse

Microprolactinome PRL < 200 ng/ml PRL > 200 ng/ml

Tumeur non Macroprolactinome


prolactinique avec
hyperPRL de
déconnection ?

Hyperprolactinémie et volumineuse tumeur Test thérapeutique par les agonistes dopaminergiques


de la région sellaire à l’imagerie par résonance Il est utile quand, devant une hyperprolactinémie modérée
magnétique : différence entre (entre 100 et 200 ng/ml), le clinicien hésite entre un prolactinome
peu sécrétant et un adénome non fonctionnel avec hyperpro-
un macroprolactinome et une tumeur d’une autre lactinémie de déconnection. Dans le cas d’un prolactinome, la
origine avec hyperprolactinémie de déconnection taille de l’adénome a de grandes chances de réduire en quelques
Pour répondre à cette question, la mesure basale de la concen- semaines sous agoniste dopaminergique (habituellement on se
tration de PRL est essentielle. Accessoirement, le test à la TRH donne trois mois sous stricte surveillance clinique, campimétrique
(quasiment plus disponible en France et peu sensible) ou surtout et neuroradiologique), confirmant ainsi la nature prolactinique
un test thérapeutique par les agonistes dopaminergiques aident à de l’adénome ; à l’inverse, s’il s’agit d’un adénome d’une autre
la distinction. nature, sa taille ne va pas bouger et l’indication opératoire est
alors formelle [46] .
Valeur basale de la prolactine
Généralement, la corrélation entre la concentration de PRL
et le volume du macroprolactinome est étroite [15, 44] . Ainsi, la
présence d’une prolactinémie supérieure à 150 à 200 ng/ml per-  Imagerie des prolactinomes
met d’affirmer le diagnostic d’adénome à PRL. En revanche, en
cas d’adénome non fonctionnel responsable d’une compression L’IRM est aujourd’hui indispensable au diagnostic et au suivi
de la tige pituitaire ou de l’hypothalamus, l’hyperprolactinémie des prolactinomes [58, 63, 64] .
(dite « de déconnection ») est moins importante, générale-
ment inférieure à 100 à 150 ng/ml [14, 15, 31, 44] . Dans un travail
récent, reprenant une série de 226 patients porteurs d’adénomes Microprolactinomes
hypophysaires non prolactiniques ayant tous une extension
suprasellaire, l’équipe de Wass, à Oxford, soutient même qu’aucun À l’IRM, les microadénomes hypophysaires sont généralement
de leurs patients n’avait de prolactinémie supérieure à 100 ng/ml hypo-intenses, parfois iso-intenses, en tout cas rarement hyperin-
(2000 mUI/l). Attention, néanmoins, en cas de volumineux adé- tenses en T1 (transformation hémorragique) [63] (Fig. 5).
nome hypophysaire associé à une prolactinémie inférieure à L’aspect des microadénomes en séquence T2 est plus
100 ng/ml, de ne pas éliminer trop vite un adénome à PRL : cer- variable : 80 % se présentent sous forme d’un hypersignal T2 [64] .
tains prolactinomes sécrètent peu de PRL ou encore le volume L’hypersignal T2 peut ne correspondre qu’à une partie de
apparent de l’adénome est parfois surestimé par la présence d’une l’adénome.
importante portion kystique, etc. Lorsque l’adénome lui-même est mal visualisé, des signes indi-
rects peuvent aider : convexité localisée de la paroi supérieure
Test à la thyrolibérine de l’hypophyse, déviation de la tige pituitaire du côté opposé
Il était autrefois très utilisé [59–61] mais sa valeur diagnostique est à la lésion, augmentation de la hauteur hypophysaire, plutôt
en fait médiocre, il est devenu très difficile d’en disposer en France asymétrique, anomalies du plancher sellaire, etc. en sachant
et il expose au risque de nécrose adénomateuse hypophysaire [62] . que ces signes sont parfois présents dans la population nor-
Dans ces conditions, même s’il est encore cité par certains comme male [65] . Il faut aussi faire attention aux situations physiologiques
potentiellement utile [37, 44] , la plupart des équipes ont arrêté de comme la puberté ou la période postpubertaire chez les filles [66] ,
l’utiliser [45] . ou encore la grossesse, qui induisent une augmentation de

8 EMC - Endocrinologie-Nutrition
Hyperprolactinémie  10-018-L-10

dans la citerne optochiasmatique, et sont alors susceptibles de


comprimer le chiasma optique ; plus rarement, ils peuvent sou-
lever le plancher du troisième ventricule, voire oblitérer un trou
de Monro et donner une hydrocéphalie.
Cette extension peut aussi se produire vers le bas, dans le sinus
sphénoïdal, ou latéralement vers le(s) sinus caverneux.
Les macroprolactinomes sont habituellement centrés sur la selle
turcique et ont souvent une forme polycyclique avec parfois une
ou deux extensions supérieures bien individualisées. Leur signal
spontané est variable mais généralement plus élevé en pondéra-
tion « spin écho T1 » que celui des microadénomes. Un aspect
hétérogène est fréquent, particulièrement net en pondération
turbo T2, avec des plages disséminées d’hypersignal en relation
avec des zones kystiques ou nécrotiques. L’injection de gadoli-
nium permet de repérer le tissu hypophysaire sain qui se présente
comme un appendice ou une pseudocapsule fortement rehaussée
par l’injection, située à la périphérie de l’adénome.
La tige pituitaire est habituellement fortement inclinée latérale-
ment et, le plus souvent, seule la partie proximale de la tige peut
être repérée. Les rapports avec le chiasma et les nerfs optiques
sont bien étudiés en coupes coronales : lorsque l’expansion supra-
sellaire est très volumineuse, le chiasma est parfois difficile à
voir. L’IRM permet aussi d’étudier l’envahissement d’un ou des
deux sinus caverneux [67] . Chez l’homme, les macroadénomes
sont plus volumineux, plus agressifs [68] que ceux de la femme
et sont révélés dans plus de la moitié des cas par des signes
tumoraux [16] .
Figure 5. Microadénome hypophysaire (diamètre < 10 mm) intrasel-
Une transformation hémorragique se produit au cours de
laire bien visible (flèche) en imagerie par résonance magnétique (IRM)
l’évolution de 20 % des macroprolactinomes, le plus souvent de
en coupe coronale sous forme d’un hyposignal après injection de
façon asymptomatique [69] . Le tableau d’apoplexie pituitaire avec
gadolinium.
céphalées, syndrome pseudoméningé, paralysies oculomotrices
et développement rapide d’une insuffisance hypophysaire, par-
fois réversible, correspond, en général, à une hémorragie brutale
au sein du macroadénome [62] . L’hémorragie intra-adénomateuse
aiguë se traduit par l’apparition d’hypersignaux hétérogènes
en T1. Au stade subaigu, la sédimentation des parois des cel-
lules sanguines et celle des différents dérivés de l’hémoglobine
vont conduire à l’apparition de niveaux liquide-liquide au
sein de l’hémorragie (désoxyhémoglobine, méthémoglobine).
Beaucoup plus fréquemment, de petites suffusions hémorra-
giques peuvent apparaître au sein des macroprolactinomes, sans
aucun signe clinique. Les agonistes dopaminergiques sont tenus
pour responsables de certaines transformations hémorragiques
au sein des prolactinomes mais des hémorragies sont parfois
mises en évidence à l’IRM avant l’institution du traitement
médical.

Macroprolactinomes géants
Ils correspondent classiquement aux adénomes de plus de 4 cm
de diamètre et/ou dont l’extension suprasellaire est supérieure à
2 cm ; ils sont heureusement rares et se retrouvent presque tou-
jours dans le sexe masculin [70–72] . Ils s’accompagnent souvent
d’une hyperprolactinémie majeure, dépassant 5000 ng/ml [70] . Ils
peuvent être confondus avec un chordome, voire avec une tumeur
épithéliale maligne de la sphère oto-rhino-laryngologique (ORL),
Figure 6. Macroadénome hypophysaire à extension suprasellaire. en particulier quand ils sont très invasifs au niveau de la base du
L’adénome mesure 27 mm (hauteur) × 22 mm (antéropostérieur). Coupe crâne et s’étendent vers le clivus ou le cavum. Si l’on ne pense pas
sagittale. à faire un dosage de PRL, le diagnostic n’est alors malheureuse-
ment fait qu’à la biopsie, voire à l’examen de la pièce opératoire,
si le malade est opéré !
la hauteur hypophysaire, ainsi que les anomalies morpholo-
C’est souvent en présence de ces adénomes géants avec hyper-
giques à l’origine d’un phénomène d’inadaptation contenu-
prolactinémie majeure que peut se produire un effet crochet
contenant [64] .
amenant à sous-estimer la prolactinémie avec les dosages immu-
Suivant les habitudes, les séquences avec injection de gadoli-
noradiometric assay (IRMA) utilisés actuellement (cf. supra).
nium peuvent être utiles pour révéler une microlésion quand elle
est iso-intense en T1 et T2 : elle apparaît alors en hyposignal par
rapport au reste de l’hypophyse normale qui prend le contraste.
Exploration ophtalmologique
Macroprolactinomes L’exploration visuelle (acuité, champ visuel) est inutile en cas
de microprolactinome car l’adénome est largement à distance du
Les macroadénomes hypophysaires (Fig. 6) présentent classi- chiasma optique et le reste ; en revanche, elle est indispensable en
quement une extension extrasellaire, le plus souvent vers le haut, cas de macroadénome.

EMC - Endocrinologie-Nutrition 9
10-018-L-10  Hyperprolactinémie

Tableau 2.
Principaux agonistes dopaminergiques avec les doses habituellement utilisées.
DCI Nom commercial Présentation Posologie habituelle
®
Bromocriptine Parlodel Comprimés à 2,5 mg 2,5 mg en deux à trois prises/j
Quinagolide Norprolac® Comprimés à 75 et 150 ␮g 75 à 150 ␮g en une prise/j
Cabergoline Dostinex® Comprimés à 0,5 mg 0,5 mg à 1 mg/semaine

DCI : dénomination commune internationale.

 Traitement augmentant les doses de cabergoline jusqu’à 3,5 mg [89] , voire


6 mg par semaine [90] , il est exceptionnel que la PRL ne soit pas
des hyperprolactinémies normalisée.

Traiter une hyperprolactinémie n’a de sens qu’une fois le diag-


Tolérance des agonistes dopaminergiques
nostic étiologique établi. Le traitement de l’hyperprolactinémie,
en cas d’adénome hypophysaire, est très différent si l’on est face Elle est parfois médiocre (malaises, nausées, hypotension ortho-
à un microadénome ou à un macroadénome. statique, etc.), en particulier avec la bromocriptine qui semble
On dispose de quatre modalités thérapeutiques : traitement moins bien tolérée que le quinagolide qui, lui-même, est moins
médical par les agonistes dopaminergiques, traitement chirur- bien toléré que la cabergoline [76–85] . En cas d’intolérance digestive
gical, simple surveillance et radiothérapie, qu’il faut parfois à l’un, il faut en essayer un autre, en commençant à faible dose
combiner. Néanmoins, c’est le traitement médicamenteux par les et en proposant une ascension posologique progressive jusqu’à
agonistes dopaminergiques qui est le plus largement utilisé. obtenir une prolactinémie normale. Si les doses normalisant la
PRL sont mal tolérées, on peut diminuer la posologie, permettant
au moins d’obtenir un retour de cycles normaux sans tenir compte
Traitement médical de l’hyperprolactinémie alors de la PRL. Il convient de signaler aussi, sous agonistes dopa-
minergiques, la survenue possible, heureusement exceptionnelle,
Le traitement médical de l’hyperprolactinémie fait appel
de certains troubles psychiatriques : agressivité, idées délirantes,
aux agonistes dopaminergiques (Tableau 2) : bromocriptine
hypersexualité, jeu pathologique, trouble psychotique, hallucina-
(Parlodel® ), quinagolide (Norprolac® ), cabergoline (Dostinex® ).
tions, etc.
La bromocroptine n’est quasiment plus utilisée du fait de sa
moins bonne tolérance et du nombre de prises nécessaire. Dans
l’immense majorité des cas, c’est la cabergoline qui est maintenant Prendre les agonistes dopaminergiques
donnée en première intention. à vie ou les arrêter
Il n’y a pas d’argument pour penser qu’un traitement par ago-
Résultats du traitement médical
niste dopaminergique très prolongé ait des inconvénients (la
Microprolactinomes bromocriptine étant disponible depuis les années 1970–1980,
Dans plus de 80 % des cas, une prolactinémie normale et certaines femmes ont ce traitement depuis plus de 40 ans). Cepen-
des cycles ovulatoires sont obtenus sous agoniste dopaminer- dant, deux publications ont attiré l’attention sur la survenue de
gique [14, 15, 19, 73, 74] . Comme pour le traitement chirurgical, les valvulopathies cardiaques chez des patients parkinsoniens trai-
résultats, en termes cliniques, sont excellents : retour de cycles tés par agonistes dopaminergiques [91, 92] , mais il s’agissait de très
normaux, obtention de la grossesse souhaitée, dans la majorité fortes doses, largement supérieures à ce qui est utilisé dans le
des cas. traitement des adénomes à PRL et aucune complication de ce
type n’a été observée chez les patients traités pour hyperpro-
Macroprolactinomes lactinémie [93–95] . Il est cependant recommandé de réaliser, avant
Les agonistes dopaminergiques permettent non seulement la tout traitement par agoniste dopaminergique, une échographie
normalisation des concentrations de PRL (dans plus de 80 % cardiaque et d’en réaliser d’autres à intervalles réguliers sous trai-
des cas, en particulier sous cabergoline) [19] mais aussi, dans tement par agoniste dopaminergique, particulièrement quand de
70 % des cas environ, une régression souvent spectaculaire du fortes doses sont employées (actualisation 2013 du résumé des
volume tumoral, permettant de régler rapidement, s’ils existent, caractéristiques des produits à base d’agonistes dopaminergiques
les problèmes visuels liés à la compression du chiasma par la sur les sites de l’Agence nationale de sécurité du médicament et
tumeur [15, 73–75] . des produits de santé [ANSM] et de la Haute Autorité de santé
Les agonistes dopaminergiques sont donc le traitement de pre- [HAS]).
mière intention des macroprolactinomes, même très volumineux La tendance actuelle est d’essayer d’interrompre le traitement
et compressifs. chez les patients dont la PRL a été normalisée au long cours
Chez l’enfant et l’adolescent (quelques années). En effet, après traitement prolongé par la bro-
mocriptine, son interruption entraîne une réascension de la PRL
Lorsque le prolactinome est découvert chez un enfant ou un
et un retour des symptômes de l’hyperprolactinémie dans 65 à
adolescent au stade prépubertaire, le traitement médical de pre-
80 % des cas environ [96, 97] , alors qu’après traitement prolongé par
mière intention permet, dans la majorité des cas, grâce à la
cabergoline, cela se produirait chez un tiers des patients environ
normalisation de la prolactinémie, la restauration de la fonction
seulement [98] . Une méta-analyse des différentes études publiées
gonadotrope et un développement pubertaire satisfaisant [17, 18, 39] .
sur ce sujet donne des chiffres nettement moins optimistes :
seuls 21 % des patients garderaient une prolactinémie normale de
Résistance aux agonistes dopaminergiques manière persistante après arrêt des agonistes dopaminergiques,
Comparé à la bromocriptine et au quinagolide, les résistances surtout si c’est la cabergoline qui est utilisée, et ce d’autant que le
à la cabergoline sont rares (< 10 % des cas) [76–86] . Les macroadé- traitement a été prolongé [99] . La persistance, sous traitement, d’un
nomes s’étendant dans le sinus caverneux sont moins souvent résidu adénomateux constituerait un facteur de risque de récidive
sensibles aux agonistes dopaminergiques (un peu plus d’une après interruption des agonistes dopaminergiques [98] . Il est donc
fois sur deux) que les macroadénomes non invasifs (> 90 %) [67] . licite d’interrompre de temps en temps (une fois tous les deux
Lorsqu’aucun agoniste dopaminergique n’est efficace, il est tou- ans ?) le traitement par agoniste dopaminergique afin de vérifier
jours possible de se tourner vers la chirurgie, qui peut réduire que le patient en a encore besoin. Mais il faut rester méfiant, en
la masse tumorale et la prolactinémie [87, 88] . On peut alors particulier quand c’est un traitement par cabergoline qui a été
envisager de refaire l’essai d’un agoniste dopaminergique, qui per- prescrit pendant longtemps : en effet, du fait de la demi-vie très
met parfois d’atteindre un meilleur contrôle thérapeutique. En longue et de la puissance du produit, il faut parfois plusieurs mois,

10 EMC - Endocrinologie-Nutrition
Hyperprolactinémie  10-018-L-10

voire années, pour que la prolactinémie remonte : un suivi avec • survenue d’une apoplexie adénomateuse compressive sous trai-
des dosages de PRL très à distance (plusieurs années) est donc tement (céphalées, troubles visuels, augmentation du volume
indispensable avant d’affirmer la « guérison » d’un prolactinome tumoral) [69] ;
par le traitement médical. • survenue d’une rhinorrhée cérébrospinale (fonte tumorale
Afin de savoir s’il est possible d’interrompre le traitement, une sous agoniste dopaminergique, établissant ainsi une continuité
autre solution consiste, lorsque la prolactinémie est normalisée entre les espaces sous-arachnoïdiens et les sinus de la face),
(et éventuellement que la diminution de volume d’un macroa- nécessitant une intervention d’étanchéité au niveau de la base
dénome est stable), à diminuer de façon progressive, par paliers du crâne [106] .
(tous les six mois ? tous les ans ?) la posologie de l’agoniste dopa- En dehors de ces rares cas, il n’est le plus souvent pas utile
minergique de façon à obtenir la moindre dose efficace permettant d’opérer ces patients.
la normalisation de la PRL et le maintien d’un volume stable de
l’adénome [14, 73, 100] . Résultats de la chirurgie
L’absence de preuves convaincantes sur les conséquences délé-
Des taux de succès très variables
tères éventuelles de l’hyperprolactinémie, en dehors de ses effets
sur la fonction gonadotrope incite à interrompre le traitement Les résultats sont très variables en fonction de l’expertise
par agoniste dopaminergique après la ménopause, en cas de du chirurgien, de la taille de la tumeur et de la concentra-
microadénome, ce d’autant qu’une normalisation spontanée pro- tion préopératoire de PRL. Gillam et al., reprenant différentes
gressive de la PRL est observée de manière très fréquente après la séries chirurgicales, ont trouvé que 1596 des 2137 patients ayant
ménopause (44 % des cas dans une étude) [101] . Le traitement par un microadénome (74,7 %) et 755 des 2226 patients ayant un
agoniste dopaminergique peut être repris en cas de galactorrhée macroadénome (33,9 %) normalisent leur prolactinémie dans les
gênante. 1 à 12 semaines suivant l’intervention [19] . Les résultats, variables
selon les études, s’expliquent aussi par le fait que, pour certaines
équipes, l’objectif n’était clairement pas de normaliser la PRL,
mais simplement de réduire le volume tumoral, alors que, pour
Traitement chirurgical d’autres, le traitement était systématiquement médical en cas de
Techniques et indications chirurgicales volumineuses tumeurs. De plus, les séries chirurgicales récentes
(dans les 10 à 15 dernières années) ont inclus des patients très
Il faut distinguer la situation du microprolactinome de la différents de ceux des premières séries publiées : en effet, actuelle-
femme jeune, du macroprolactinome invasif touchant plus sou- ment les patients sont majoritairement traités médicalement par
vent l’homme jeune. La prise en charge des macroprolactinomes les agonistes dopaminergiques et seuls les patients résistants ou
enclos de taille modérée rejoint celle des microprolactinomes. intolérants aux agonistes dopaminergiques ou ceux chez qui une
Reste le cas du macroadénome accompagné d’une hyperprolac- réduction satisfaisante du volume chirurgical n’a pas été obtenue
tinémie dont on n’est pas certain de la nature tumorale ou par sous agonistes dopaminergiques sont opérés [19, 105] . Si une hyper-
« déconnection ». En cas de doute, après bilan biologique et tests prolactinémie persiste en postopératoire, le recours au traitement
dynamiques, c’est l’évolution de la taille de la tumeur et de la médical est possible.
prolactinémie sous agoniste dopaminergique qui va permettre de La normalisation de la PRL s’accompagne d’un retour à la nor-
trancher (cf. supra). male de la fonction gonadotrope dans la majorité des cas : 88 %
des femmes souhaitant une grossesse l’obtiennent dans l’année
Microprolactinomes et macroadénomes enclos suivant l’opération [15, 107] . Une grossesse peut même être obte-
En cas d’échec ou de refus du traitement médical au long cours, nue alors que la prolactinémie n’est pas normalisée, mais s’est
en cas d’intolérance aux agonistes dopaminergiques, ou sim- abaissée suffisamment pour remettre en route la pulsatilité de
plement parce que le(a) patient(e) préfère un traitement radical GnRH, bloquée par l’hyperprolactinémie, et déclencher une ovu-
plutôt qu’un traitement médical suspensif, il est possible d’opter lation. Enfin, si le macroprolactinome était responsable, avant
pour une intervention chirurgicale. La situation de l’hypophyse l’opération, d’un déficit hypophysaire, il peut s’améliorer, comme
dans la selle turcique permet un abord par voie nasale puis trans- peut apparaître un déficit au niveau d’une fonction hypophysaire
phénoïdale. La voie sublabiale de Guiot et al. [102] est, de plus en épargnée avant l’opération.
plus, remplacée par la voie nasale, transnarinaire, moins traumati-
sante [103] . La résection endoscopique par voie nasale directe, sans Facteurs pronostiques du succès chirurgical immédiat
écarteurs, s’impose progressivement dans le milieu neurochirur- Qu’il s’agisse d’un micro- ou d’un macroadénome, les résultats
gical et devient la technique de référence [104, 105] . L’intervention sont d’autant moins bons que la PRL est plus élevée (par exemple,
conduite sous magnification optique ou sous endoscope, consiste si la PRL est supérieure à 200 ng/ml, le taux de succès s’abaisse à
à ouvrir le plancher de la selle turcique et à retirer l’adénome de moins de 15 %) [15] , que la tumeur est volumineuse ou proche du
manière sélective en respectant l’anté- et la posthypophyse. Les sinus caverneux et que le neurochirurgien ne dispose pas d’une
microadénomes sont rarement invasifs mais peuvent adhérer à expérience suffisante dans ce type de chirurgie !
l’antéhypophyse ou à la dure-mère, ce qui peut compliquer leur
Récidives après chirurgie des microprolactinomes
exérèse.
Les séries récentes, fondées sur des critères plus stricts pour
Macroprolactinomes invasifs juger du succès chirurgical initial, laissent penser qu’après suc-
cès chirurgical (c’est-à-dire normalisation de la prolactinémie), le
Cette situation, très différente, est le plus souvent rencon-
taux de récidive se situe entre 5 et 21 % après un suivi de dix
trée chez des hommes jeunes. Ces tumeurs peuvent atteindre
ans [15, 107–110] . De plus, même si l’hyperprolactinémie réapparaît,
des tailles considérables, envahissent la base du crâne (os et
elle reste généralement très modérée, souvent sans conséquences
méninges), les sinus caverneux et parfois l’encéphale. Dans ces
cliniques. Finalement, dix ans après la chirurgie, 55 à 73 % des
cas, on sait que le traitement chirurgical ne peut jamais conduire
femmes ont une prolactinémie normale et 75 % ont des cycles
à une exérèse complète. Même en cas de troubles visuels graves, le
normaux, ce qui est finalement l’objectif thérapeutique princi-
traitement initial par agoniste dopaminergique peut se révéler très
pal [107–109] .
efficace en quelques heures ou quelques jours sur les symptômes.
Ce serait donc une erreur de les opérer d’emblée, car le traitement
médical suffit le plus souvent. On peut cependant être contraint
Complications de la chirurgie
à l’intervention dans les trois situations suivantes : Les complications sont exceptionnelles, dominées par la sur-
• résistance absolue aux agonistes dopaminergiques, conduisant venue d’un diabète insipide ou d’une insuffisance hypophysaire
à proposer une réduction tumorale (debulking) chirurgicale, par postopératoire, voire, encore plus rarement, d’une brèche dure-
voie basse, par voie haute ou combinée, suivie d’une reprise mérienne avec fuite de liquide cérébrospinal (LCS) et risque de
des agonistes dopaminergiques, et parfois d’une radiothéra- méningite [107, 111] . Le taux de complications est inversement pro-
pie [87, 88] ; portionnel à l’expérience de l’équipe chirurgicale [112, 113] .

EMC - Endocrinologie-Nutrition 11
10-018-L-10  Hyperprolactinémie

Abstention thérapeutique avec surveillance en route très prudente d’un agoniste dopaminergique (qui pose
problème, car il antagonise les neuroleptiques et peut favoriser
En cas de microadénome et si l’hyperprolactinémie est la décompensation de la psychose sous-jacente) sont rares, chez
modeste, en l’absence de retentissement gonadique ou sexuel des patients sous neuroleptiques présentant aussi un macropro-
de l’hyperprolactinémie, surtout si l’agoniste dopaminergique est lactinome avec expansion suprasellaire comprimant le chiasma
mal toléré, peut se discuter une abstention thérapeutique avec optique [53] .
simple surveillance [31, 44] . Cette attitude se justifie par le fait que
les microadénomes n’augmentent de taille que de manière excep-
tionnelle (moins de 7 % des cas) [19] et que, même s’il augmente de Grossesse et hyperprolactinémie
taille, il le fait de manière modeste : il reste un microadénome qui
ne va jamais, ou presque, poser de problème tumoral. De plus, une Les adénomes à PRL ne contre-indiquent quasiment jamais
augmentation de taille s’accompagne le plus souvent d’une aug- une grossesse mais imposent une surveillance variable selon que
mentation de la PRL, ce qui permet d’éviter une surveillance trop la patiente présente un micro- ou un macroprolactinome [117] .
rapprochée par IRM. L’autre condition pour une abstention thé- Le risque d’évolution tumorale exposant à un trouble visuel
rapeutique sous simple surveillance est l’absence de troubles des durant la grossesse est inférieur à 5 % en cas de microadé-
règles et l’absence d’une galactorrhée trop gênante : il va de soi nome à PRL [118] , même si le traitement médical par agoniste
qu’en présence du moindre trouble sexuel ou de la libido en rap- dopaminergique est interrompu, permettant généralement de
port avec l’hyperprolactinémie et même si les cycles ne sont pas se contenter d’une surveillance assez simple sans traitement et
réguliers chez une femme avant la ménopause, du fait du risque d’autoriser un allaitement. Le risque de progression tumorale est
d’ostéoporose, un traitement de l’hyperprolactinémie est néces- supérieur (supérieur à 20 % des cas) en cas de macroprolacti-
saire. Après la ménopause, si la galactorrhée n’est pas gênante, nome [118] : avant de pouvoir proposer une éventuelle interruption
l’abstention thérapeutique en cas de microadénome est souvent des agonistes dopaminergiques, il faut donc avoir vérifié que le
proposée, ce d’autant que la PRL tend à diminuer spontanément. macroadénome, s’il augmentait effectivement de taille pendant
Il est aussi possible, en particulier en cas de mauvaise tolérance la grossesse, ne risque pas de comprimer les voies optiques. Si ce
des agonistes dopaminergiques, de proposer une abstention thé- risque est écarté, à condition de vérifier régulièrement l’absence
rapeutique combinée à un traitement estroprogestatif permettant d’augmentation menaçante de l’adénome pendant la grossesse
d’assurer une imprégnation estrogénique [45] . Les réserves émises par un champ visuel et une IRM, il est possible d’interrompre les
autrefois sur la prescription des estrogènes chez les patientes agonistes dopaminergiques, quitte à les réintroduire si l’adénome
présentant une hyperprolactinémie, en particulier associée à un augmente à nouveau de taille de façon préoccupante [119] . En
adénome à PRL n’ont plus cours actuellement : on sait que la revanche, si l’adénome menace d’emblée le chiasma, il est pré-
prescription d’estrogènes (en particulier la pilule estroprogesta- férable de proposer une intervention chirurgicale de réduction
tive) n’induit pas d’hyperprolactinémie et ne fait pas grossir les tumorale avant la grossesse, ou de maintenir tout au long de la
prolactinomes [114] . grossesse le traitement par agoniste dopaminergique. Les don-
nées maintenant rassurantes de pharmacovigilance quant aux
risques fœtaux des agonistes dopaminergiques, en particulier
Radiothérapie de la cabergoline [119, 120] , permettent d’envisager de façon plus
sereine leur utilisation pendant la grossesse si celle-ci se révèle
Elle n’est quasiment plus utilisée à l’heure actuelle du fait de
nécessaire.
l’efficacité des traitements, médical et chirurgical, dans l’immense
majorité des cas, et surtout à cause de ses effets indésirables (insuf-
fisance antéhypophysaire quasi obligatoire à dix ans, risque de
tumeurs radio-induites) [19, 73] . Surtout, elle est très longue à agir  Conclusion
puisque, tant après radiothérapie fractionnée qu’après radiochi-
rurgie (gammaknife), seuls 20 à 50 % des patients normalisent leur L’hyperprolactinémie est fréquente. Sa découverte doit
PRL [115, 116] . Néanmoins, elle est parfois utile pour stabiliser le conduire à une enquête étiologique soigneuse afin de détermi-
volume tumoral des macroprolactinomes agressifs, lorsque les DA ner si elle est secondaire (auquel cas son traitement est celui
ne peuvent être utilisés, car ils sont inefficaces, contre-indiqués ou de la cause de l’hyperprolactinémie) ou si elle est en rapport
responsables d’effets indésirables sévères. avec un adénome hypophysaire. Là encore, avant de traiter, il
importe de faire la distinction entre une hyperprolactinémie
Traitement des hyperprolactinémies accompagnant une tumeur prolactinique ou une hyperprolac-
tinémie liée à une hypersécrétion de PRL par un adénome à
sous neuroleptiques PRL. Le traitement des prolactinomes est maintenant réglé, dans
l’immense majorité des cas, par la mise en route d’un traitement
Chez un patient présentant une hyperprolactinémie alors qu’il
médicamenteux utilisant les agonistes dopaminergiques. S’il
est sous neuroleptiques, se pose la question de savoir si cette
reste une place (selon le choix du patient) pour le traitement
hyperprolactinémie est simplement en rapport avec la prise de
chirurgical en première intention en cas de microprolactinome,
neuroleptiques ou si elle est secondaire à une lésion organique
c’est souvent l’option médicamenteuse qui est choisie. En cas de
de la région hypothalamohypophysaire. Quand on peut arrê-
macroprolactinome, en revanche, en première intention, c’est
ter le neuroleptique de manière transitoire, deux à quatre jours
toujours le traitement médicamenteux par les agonistes dopa-
suffisent, la question est vite réglée si la PRL se normalise ; il
minergiques qui est proposé, tant les résultats sont excellents
en est de même si le neuroleptique peut être remplacé par un
en termes sécrétoires mais aussi tumoraux, la régression rapide
autre, connu pour ne pas donner (ou donner moins souvent) une
du volume tumoral permettant de lever le problème tumoral et
hyperprolactinémie (les neuroleptiques atypiques donnent moins
l’efficacité sur la prolactinémie étant bien supérieure à celle de la
d’hyperprolactinémie). Tout cela, bien évidemment, doit se faire
chirurgie !
avec l’accord du psychiatre qui suit le patient. Si ce n’est pas pos-
sible, il ne faut pas hésiter à réaliser une IRM ou au moins un
scanner hypophysaire, afin d’éliminer un adénome à PRL asso-
Déclaration d’intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts en
cié, surtout si la PRL est très élevée (supérieure à 300 ng/ml). relation avec cet article.
Si l’hyperprolactinémie sous neuroleptiques est symptomatique
(aménorrhée, baisse de la libido, ostéoporose, etc.), il faut soit dis-
cuter avec le psychiatre pour passer à un neuroleptique moins
hyperprolactinémiant, soit respecter l’hyperprolactinémie mais  Références
assurer une imprégnation par les stéroïdes sexuels satisfaisante par
estrogènes et progestatifs chez la femme ou par testostérone chez [1] Molitch M. Prolactin. In: Melmed S, editor. The pituitary. Malden,
l’homme. Les seuls cas où l’on peut être amené à proposer la mise Mas, USA: Blackwell Science Inc; 2002. p. 119–71.

12 EMC - Endocrinologie-Nutrition
Hyperprolactinémie  10-018-L-10

[2] Bole-Feysot C, Goffin V, Edery M, Binart N, Kelly PA. Prolactin (PRL) [28] Di Somma C, Colao A, Di Sarno A, Klain M, Landi ML, Facciolli
and its receptor: actions, signal transduction pathways and phenotypes G, et al. Bone marker and bone density responses to dopamine ago-
observed in PRL receptor knockout mice. Endocr Rev 1998;19:225–68. nist therapy in hyperprolactinemic males. J Clin Endocrinol Metab
[3] Newey PJ, Gorvin CM, Thakker RV. Mutant prolactin receptor and 1998;83:807–13.
familial hyperprolactinemia. N Engl J Med 2014;370:977–8. [29] Bouchard P, Lagoguey M, Brailly S, Schaison G. Gonadotropin-
[4] Vanderpump MP, French JM, Appleton D, Tunbridge WM, Kendall- releasing hormone pulsatile administration restores luteinizing
Taylor P. The prevalence of hyperprolactinaemia and association with hormone pulsatility and normal testosterone levels in males with hyper-
markers of autoimmune thyroid disease in survivors of the Whickham prolactinemia. J Clin Endocrinol Metab 1985;60:258–62.
Survey cohort. Clin Endocrinol 1998;48:39–44. [30] Sonigo C, Bouilly J, Carre N, Tolle V, Caraty A, Tello J, et al.
[5] Kars M, Souverein PC, Herings RM, Romijn JA, Vandenbroucke JP, de Hyperprolactinemia-induced ovarian acyclicity is reversed by kisspep-
Boer A, et al. Estimated age- and sex-specific incidence and prevalence tin administration. J Clin Invest 2012;122:3791–5.
of dopamine agonist-treated hyperprolactinemia. J Clin Endocrinol [31] Chanson P, Schaison G. Pathologie de la prolactine. In: Mauvais-Jarvis
Metab 2009;94:2729–34. P, Schaison G, Touraine P, editors. Médecine de la reproduction. Paris:
[6] Filho RB, Domingues L, Naves L, Ferraz E, Alves A, Casulari LA. Flammarion Médecine-Sciences; 1997. p. 317–39.
Polycystic ovary syndrome and hyperprolactinemia are distinct enti- [32] Molitch ME, Reichlin S. Hyperprolactinemic disorders. Dis Mon
ties. Gynecol Endocrinol 2007;23:267–72. 1982;28:1–58.
[7] Greer ME, Moraczewski T, Rakoff JS. Prevalence of hyperprolactine- [33] Berinder K, Stackenas I, Akre O, Hirschberg AL, Hulting AL. Hyper-
mia in anovulatory women. Obstet Gynecol 1980;56:65–9. prolactinaemia in 271 women: up to three decades of clinical follow-up.
[8] Lee DY, Oh YK, Yoon BK, Choi D. Prevalence of hyperprolactinemia Clin Endocrinol 2005;63:450–5.
in adolescents and young women with menstruation-related problems. [34] Franks S, Nabarro JD. Prevalence and presentation of hyperprolac-
Am J Obstet Gynecol 2012;206, 213 e1–5. tinaemia in patients with “functionless” pituitary tumours. Lancet
[9] Daly AF, Rixhon M, Adam C, Dempegioti A, Tichomirowa MA, 1977;1:778–80.
Beckers A. High prevalence of pituitary adenomas: a cross-sectional [35] Schlechte J, Sherman B, Halmi N, Van Gilder J, Chapler F, Dolan K,
study in the province of Liege, Belgium. J Clin Endocrinol Metab et al. Prolactin-secreting pituitary tumors in amenorrheic women: a
2006;91:4769–75. comprehensive study. Endocr Rev 1980;1:295–308.
[10] Raappana A, Koivukangas J, Ebeling T, Pirila T. Incidence of pituitary [36] Greenman Y, Tordjman K, Stern N. Increased body weight associated
adenomas in Northern Finland in 1992-2007. J Clin Endocrinol Metab with prolactin secreting pituitary adenomas: weight loss with norma-
2010;95:4268–75. lization of prolactin levels. Clin Endocrinol 1998;48:547–53.
[11] Fernandez A, Karavitaki N, Wass JA. Prevalence of pituitary [37] Brue T, Delemer B. Diagnostic et prise en charge de
adenomas: a community-based, cross-sectional study in Banbury l’hyperprolactinémie. Consensus d’experts de la Société française
(Oxfordshire, UK). Clin Endocrinol 2010;72:377–82. d’endocrinologie. Ann Endocrinol 2007;68:e8–14.
[12] Ezzat S, Asa SL, Couldwell WT, Barr CE, Dodge WE, Vance ML, et al. [38] Deepak D, Daousi C, Javadpour M, MacFarlane IA. Macroprolactino-
The prevalence of pituitary adenomas: a systematic review. Cancer mas and epilepsy. Clin Endocrinol 2007;66:503–7.
2004;101:613–9. [39] Cannavo S, Venturino M, Curto L, De Menis E, D’Arrigo C, Tita P, et al.
[13] Buurman H, Saeger W. Subclinical adenomas in postmortem pituita- Clinical presentation and outcome of pituitary adenomas in teenagers.
ries: classification and correlations to clinical data. Eur J Endocrinol Clin Endocrinol 2003;58:519–27.
2006;154:753–8. [40] Arafah BM, Prunty D, Ybarra J, Hlavin ML, Selman WR. The domi-
[14] Schlechte JA. Clinical practice. Prolactinoma. N Engl J Med nant role of increased intrasellar pressure in the pathogenesis of
2003;349:2035–41. hypopituitarism, hyperprolactinemia, and headaches in patients with
[15] Molitch M. Prolactinoma. In: Melmed S, editor. The pituitary. Malden, pituitary adenomas. J Clin Endocrinol Metab 2000;85:1789–93.
Mas, USA: Blackwell Science Inc; 2002. p. 455–95. [41] Grynberg M, Salenave S, Young J, Chanson P. Female gonadal function
[16] Delgrange E, Trouillas J, Maiter D, Donckier J, Tourniaire J. Sex- before and after treatment of acromegaly. J Clin Endocrinol Metab
related difference in the growth of prolactinomas: a clinical and 2010;95:4518–25.
proliferation marker study. J Clin Endocrinol Metab 1997;82:2102–7. [42] Chanson P, Salenave S. Acromegaly. Orphanet J Rare Dis 2008;3:17.
[17] Salenave S, Bahougne T, Lecoq AL, Kamenicky P, Young J, Linglart [43] Briet C, Saraval M, Loric S, Topolinski-Duyme H, Fendri S, Desailloud
A, et al. Les prolactinomes de l’enfant et de l’adolescent. Mises au R. The use of intravenous catheterisation with a rest period is useful for
point cliniques d’Endocrinologie. 2012. determination of plasma cortisol levels but not plasma prolactin levels.
[18] Colao A, Loche S, Cappa M, Di Sarno A, Landi ML, Sarnacchiaro F, Ann Endocrinol 2007;68:34–8.
et al. Prolactinomas in children and adolescents. Clinical presentation [44] Casanueva FF, Molitch ME, Schlechte JA, Abs R, Bonert V, Bronstein
and long-term follow-up. J Clin Endocrinol Metab 1998;83:2777–80. MD, et al. Guidelines of the Pituitary Society for the diagnosis and
[19] Gillam MP, Molitch ME, Lombardi G, Colao A. Advances in the management of prolactinomas. Clin Endocrinol 2006;65:265–73.
treatment of prolactinomas. Endocr Rev 2006;27:485–534. [45] Melmed S, Casanueva FF, Hoffman AR, Kleinberg DL, Montori VM,
[20] Thakker RV, Newey PJ, Walls GV, Bilezikian J, Dralle H, Ebeling Schlechte JA, et al. Diagnosis and treatment of hyperprolactinemia: an
PR, et al. Clinical practice guidelines for multiple endocrine neoplasia Endocrine Society clinical practice guideline. J Clin Endocrinol Metab
type 1 (MEN1). J Clin Endocrinol Metab 2012;97:2990–3011. 2011;96:273–88.
[21] Verges B, Boureille F, Goudet P, Murat A, Beckers A, Sassolas [46] Cortet-Rudelli C, Sapin R, Bonneville JF, Brue T. Diagnostic étiolo-
G, et al. Pituitary disease in MEN type 1 (MEN1): data from the gique d’une hyperprolactinémie. Ann Endocrinol 2007;68:e15–22.
France-Belgium MEN1 multicenter study. J Clin Endocrinol Metab [47] Jackson RD, Wortsman J, Malarkey WB. Macroprolactinemia presen-
2002;87:457–65. ting like a pituitary tumor. Am J Med 1985;78:346–50.
[22] Beckers A, Aaltonen LA, Daly AF, Karhu A. Familial isolated pitui- [48] Fahie-Wilson M, Smith TP. Determination of prolactin: the
tary adenomas (FIPA) and the pituitary adenoma predisposition due to macroprolactin problem. Best Pract Res Clin Endocrinol Metab
mutations in the aryl hydrocarbon receptor interacting protein (AIP) 2013;27:725–42.
gene. Endocr Rev 2013;34:239–77. [49] Smith TP, Suliman AM, Fahie-Wilson MN, McKenna TJ. Gross varia-
[23] Vierimaa O, Georgitsi M, Lehtonen R, Vahteristo P, Kokko A, Raitila A, bility in the detection of prolactin in sera containing big big prolactin
et al. Pituitary adenoma predisposition caused by germline mutations (macroprolactin) by commercial immunoassays. J Clin Endocrinol
in the AIP gene. Science 2006;312:1228–30. Metab 2002;87:5410–5.
[24] Cazabat L, Bouligand J, Chanson P. AIP mutation in pituitary adeno- [50] Frieze TW, Mong DP, Koops MK. “Hook effect” in prolactinomas:
mas. N Engl J Med 2011;364:1973–4 [author reply 4–5]. case report and review of literature. Endocr Pract 2002;8:296–303.
[25] Cazabat L, Bouligand J, Salenave S, Bernier M, Gaillard S, Parker F, [51] Barkan AL, Chandler WF. Giant pituitary prolactinoma with falsely
et al. Germline AIP mutations in apparently sporadic pituitary adeno- low serum prolactin: the pitfall of the “high-dose hook effect”: case
mas: prevalence in a prospective single-center cohort of 443 patients. report. Neurosurgery 1998;42:913–5 [discussion 5–6].
J Clin Endocrinol Metab 2012;97:E663–70. [52] Schofl C, Schofl-Siegert B, Karstens JH, Bremer M, Lenarz T, Cua-
[26] Klibanski A, Neer RM, Beitins IZ, Ridgway EC, Zervas NT, McArthur rezma JS, et al. Falsely low serum prolactin in two cases of invasive
JW. Decreased bone density in hyperprolactinemic women. N Engl J macroprolactinoma. Pituitary 2002;5:261–5.
Med 1980;303:1511–4. [53] Molitch ME. Drugs and prolactin. Pituitary 2008;11:209–18.
[27] Klibanski A, Greenspan SL. Increase in bone mass after treatment of [54] Pollock A, McLaren EH. Serum prolactin concentration in patients
hyperprolactinemic amenorrhea. N Engl J Med 1986;315:542–6. taking neuroleptic drugs. Clin Endocrinol 1998;49:513–6.

EMC - Endocrinologie-Nutrition 13
10-018-L-10  Hyperprolactinémie

[55] Dickson RA, Seeman MV, Corenblum B. Hormonal side effects in [80] Di Sarno A, Landi ML, Cappabianca P, Di Salle F, Rossi FW, Pivonello
women: typical versus atypical antipsychotic treatment. J Clin Psy- R, et al. Resistance to cabergoline as compared with bromocriptine
chiatry 2000;61(Suppl. 3):10–5. in hyperprolactinemia: prevalence, clinical definition, and therapeutic
[56] Lieberman JA, Stroup TS, McEvoy JP, Swartz MS, Rosenheck strategy. J Clin Endocrinol Metab 2001;86:5256–61.
RA, Perkins DO, et al. Effectiveness of antipsychotic drugs in [81] Duranteau L, Chanson P, Lavoinne A, Horlait S, Lubetzki J, Kuhn JM.
patients with chronic schizophrenia. N Engl J Med 2005;353: Effect of the new dopaminergic agonist CV 205-502 on plasma pro-
1209–23. lactin levels and tumour size in bromocriptine-resistant prolactinomas.
[57] Raber W, Gessl A, Nowotny P, Vierhapper H. Hyperprolactinaemia in Clin Endocrinol 1991;34:25–9.
hypothyroidism: clinical significance and impact of TSH normaliza- [82] Morange I, Barlier A, Pellegrini I, Brue T, Enjalbert A, Jaquet P.
tion. Clin Endocrinol 2003;58:185–91. Prolactinomas resistant to bromocriptine: long-term efficacy of qui-
[58] Bayrak A, Saadat P, Mor E, Chong L, Paulson RJ, Sokol RZ. Pituitary nagolide and outcome of pregnancy. Eur J Endocrinol 1996;135:
imaging is indicated for the evaluation of hyperprolactinemia. Fertil 413–20.
Steril 2005;84:181–5. [83] Rains CP, Bryson HM, Fitton A. Cabergoline: a review of its
[59] Bussen S, Brosemann N, Steck T. Prolactin response to metoclopra- pharmacological properties and therapeutic potential in the treat-
mide and thyrotropin-releasing hormone in normoprolactinemic and ment of hyperprolactinæmia and inhibition of lactation. Drugs
hyperprolactinemic women: a comparison of diagnostic validity. Gyne- 1995;49:255–79.
col Endocrinol 1996;10:83–90. [84] Vilar L, Burke CW. Quinagolide efficacy and tolerability in hyperpro-
[60] Fideleff HL, Azaretzky M, Boquete HR, Pujol AB, Honfi M, Suarez lactinaemic patients who are resistant to or intolerant of bromocriptine
MG, et al. Tumoral versus non-tumoral hyperprolactinemia in children [see comments]. Clin Endocrinol 1994;41:821–6.
and adolescents: possible usefulness of the domperidone test. J Pediatr [85] Webster J. Clinical management of prolactinomas. Baillieres Best
Endocrinol Metab 2003;16:163–7. Pract Res Clin Endocrinol Metab 1999;13:395–408.
[61] Sawers HA, Robb OJ, Walmsley D, Strachan FM, Shaw J, Bevan JS. [86] Barlier A, Jaquet P. Quinagolide–a valuable treatment option for hyper-
An audit of the diagnostic usefulness of PRL and TSH responses to prolactinaemia. Eur J Endocrinol 2006;154:187–95.
domperidone and high resolution magnetic resonance imaging of the [87] Primeau V, Raftopoulos C, Maiter D. Outcomes of transsphenoidal sur-
pituitary in the evaluation of hyperprolactinaemia. Clin Endocrinol gery in prolactinomas: improvement of hormonal control in dopamine
1997;46:321–6. agonist-resistant patients. Eur J Endocrinol 2012;166:779–86.
[62] Chanson P, Lepeintre JF, Ducreux D. Management of pituitary apo- [88] Vroonen L, Jaffrain-Rea ML, Petrossians P, Tamagno G, Chanson P,
plexy. Expert Opin Pharmacother 2004;5:1287–98. Vilar L, et al. Prolactinomas resistant to standard doses of cabergo-
[63] Bonneville JF, Bonneville F, Cattin F. Magnetic resonance imaging of line: a multicenter study of 92 patients. Eur J Endocrinol 2012;167:
pituitary adenomas. Eur Radiol 2005;15:543–8. 651–62.
[64] Bonneville F, Cattin F, Bonneville JF. Imagerie de l’hypophyse et de la [89] Delgrange E, Daems T, Verhelst J, Abs R, Maiter D. Characteri-
tige pituitaire. In: Chanson P, Young J, editors. Traité d’endocrinologie. zation of resistance to the prolactin-lowering effects of cabergoline
Paris: Flammarion; 2007. p. 978–94. in macroprolactinomas: a study in 122 patients. Eur J Endocrinol
[65] Ahmadi H, Larsson EM, Jinkins JR. Normal pituitary gland: coronal 2009;160:747–52.
MR imaging of infundibular tilt. Radiology 1990;177:389–92. [90] Ono M, Miki N, Kawamata T, Makino R, Amano K, Seki T, et al.
[66] Chanson P, Daujat F, Young J, Bellucci A, Kujas M, Doyon D, et al. Prospective study of high-dose cabergoline treatment of prolactinomas
Normal pituitary hypertrophy as a frequent cause of pituitary inci- in 150 patients. J Clin Endocrinol Metab 2008;93:4721–7.
dentaloma: a follow-up study. J Clin Endocrinol Metab 2001;86: [91] Schade R, Andersohn F, Suissa S, Haverkamp W, Garbe E. Dopamine
3009–15. agonists and the risk of cardiac-valve regurgitation. N Engl J Med
[67] Delgrange E, Duprez T, Maiter D. Influence of parasellar extension 2007;356:29–38.
of macroprolactinomas defined by magnetic resonance imaging on [92] Zanettini R, Antonini A, Gatto G, Gentile R, Tesei S, Pezzoli G. Val-
their responsiveness to dopamine agonist therapy. Clin Endocrinol vular heart disease and the use of dopamine agonists for Parkinson’s
2006;64:456–62. disease. N Engl J Med 2007;356:39–46.
[68] Trouillas J, Delgrange E, Jouanneau E, Maiter D, Guigard MP, Don- [93] Drake WM, Stiles CE, Howlett TA, Toogood AA, Bevan JS,
ckier J, et al. Le prolactinome chez l’homme : caractéristiques cliniques Steeds RP. A cross-sectional study of the prevalence of cardiac
et pathologiques. Ann Endocrinol 2000;61:253–7. valvular abnormalities in hyperprolactinemic patients treated with
[69] Sarwar KN, Huda MS, Van de Velde V, Hopkins L, Luck S, Preston ergot-derived dopamine agonists. J Clin Endocrinol Metab 2014;99:
R, et al. The prevalence and natural history of pituitary hemorrhage in 90–6.
prolactinoma. J Clin Endocrinol Metab 2013;98:2362–7. [94] Steffensen C, Maegbaek ML, Laurberg P, Andersen M, Kistorp CM,
[70] Davis JR, Sheppard MC, Heath DA. Giant invasive prolactinoma: Norrelund H, et al. Heart valve disease among patients with hyper-
a case report and review of nine further cases. Q J Med 1990;74: prolactinemia: a nationwide population-based cohort study. J Clin
227–38. Endocrinol Metab 2012;97:1629–34.
[71] Corsello SM, Ubertini G, Altomare M, Lovicu RM, Migneco MG, [95] Valassi E, Klibanski A, Biller BM. Clinical review: potential cardiac
Rota CA, et al. Giant prolactinomas in men: efficacy of cabergoline valve effects of dopamine agonists in hyperprolactinemia. J Clin Endo-
treatment. Clin Endocrinol 2003;58:662–70. crinol Metab 2010;95:1025–33.
[72] Murphy FY, Vesely DL, Jordan RM, Flanigan S, Kohler PO. Giant [96] Jeffcoate WJ, Pound N, Sturrock ND, Lambourne J. Long-term
invasive prolactinomas. Am J Med 1987;83:995–1002. follow-up of patients with hyperprolactinaemia [see comments]. Clin
[73] Chanson P. Pituitary tumors: overview of therapeutic options. In: Endocrinol 1996;45:299–303.
Becker KL, editor. Principles and practice of endocrinology & metabo- [97] Passos VQ, Souza JJ, Musolino NR, Bronstein MD. Long-term
lism. Philadelphia: Lippincott Williams and Wilkins; 2000. p. 182–94. follow-up of prolactinomas: normoprolactinemia after bromocriptine
[74] Maiter D, Primeau V. 2012 update in the treatment of prolactinomas. withdrawal. J Clin Endocrinol Metab 2002;87:3578–82.
Ann Endocrinol 2012;73:90–8. [98] Colao A, Di Sarno A, Cappabianca P, Di Somma C, Pivonello R,
[75] Bevan JS, Webster J, Burke CW, Scanlon MF. Dopamine agonists and Lombardi G. Withdrawal of long-term cabergoline therapy for tumo-
pituitary tumor shrinkage. Endocr Rev 1992;13:220–40. ral and nontumoral hyperprolactinemia. N Engl J Med 2003;349:
[76] Biller BM, Molitch ME, Vance ML, Cannistraro KB, Davis KR, 2023–33.
Simons JA, et al. Treatment of prolactin-secreting macroadenomas [99] Dekkers OM, Lagro J, Burman P, Jorgensen JO, Romijn JA, Pereira
with the once-weekly dopamine agonist cabergoline. J Clin Endocrinol AM. Recurrence of hyperprolactinemia after withdrawal of dopa-
Metab 1996;81:2338–43. mine agonists: systematic review and meta-analysis. J Clin Endocrinol
[77] Brownell J. Quinagolide in hyperprolactinemia. Rev Contemp Phar- Metab 2010;95:43–51.
macother 1998;9:1–75. [100] Colao A, Di Sarno A, Landi ML, Scavuzzo F, Cappabianca P, Pivonello
[78] Brue T, Pellegrini I, Gunz G, Morange I, Dewailly D, Brownell J, et al. R, et al. Macroprolactinoma shrinkage during cabergoline treatment is
Effects of the dopamine agonist CV 205-502 in human prolactinomas greater in naive patients than in patients pretreated with other dopamine
resistant to bromocriptine. J Clin Endocrinol Metab 1992;74:577–84. agonists: a prospective study in 110 patients. J Clin Endocrinol Metab
[79] Colao A, Di Sarno A, Sarnacchiaro F, Ferone D, Di Renzo G, Merola 2000;85:2247–52.
B, et al. Prolactinomas resistant to standard dopamine agonists respond [101] Karunakaran S, Page RC, Wass JA. The effect of the menopause on
to chronic cabergoline treatment [see comments]. J Clin Endocrinol prolactin levels in patients with hyperprolactinaemia. Clin Endocrinol
Metab 1997;82:876–83. 2001;54:295–300.

14 EMC - Endocrinologie-Nutrition
Hyperprolactinémie  10-018-L-10

[102] Guiot G, Bouche J, Hertzog E, Vourc’H G, Hardy J. Hypophysectomy [112] Ciric I, Ragin A, Baumgartner C, Pierce D. Complications of transs-
by trans-sphenoidal route. Ann Radiol 1963;6:187–92. phenoidal surgery: results of a national survey, review of the literature,
[103] Griffith HB, Veerapen R. A direct transnasal approach to the sphenoid and personal experience. Neurosurgery 1997;40:225–36 [discussion
sinus. Technical note. J Neurosurg 1987;66:140–2. 36–7].
[104] Cappabianca P, Decq P, Schroeder HW. Future of endoscopy in neuro- [113] Barker 2nd FG, Klibanski A, Swearingen B. Transsphenoidal surgery
surgery. Surg Neurol 2007;67:496–8. for pituitary tumors in the United States, 1996-2000: mortality, morbi-
[105] Kreutzer J, Buslei R, Wallaschofski H, Hofmann B, Nimsky C, Fahl- dity, and the effects of hospital and surgeon volume. J Clin Endocrinol
busch R, et al. Operative treatment of prolactinomas: indications and Metab 2003;88:4709–19.
results in a current consecutive series of 212 patients. Eur J Endocrinol [114] Christin-Maitre S, Delemer B, Touraine P, Young J. Prolactinoma and
2008;158:11–8. estrogens: pregnancy, contraception and hormonal replacement the-
[106] Suliman SG, Gurlek A, Byrne JV, Sullivan N, Thanabalasingham G, rapy. Ann Endocrinol 2007;68:106–12.
Cudlip S, et al. Nonsurgical cerebrospinal fluid rhinorrhea in invasive [115] Tsagarakis S, Grossman A, Plowman PN, Jones AE, Touzel R, Rees
macroprolactinoma: incidence, radiological, and clinicopathological LH, et al. Megavoltage pituitary irradiation in the management of pro-
features. J Clin Endocrinol Metab 2007;92:3829–35. lactinomas: long-term follow-up. Clin Endocrinol 1991;34:399–406.
[107] Feigenbaum SL, Downey DE, Wilson CB, Jaffe RB. Transsphenoi- [116] Loeffler JS, Shih HA. Radiation therapy in the management of pituitary
dal pituitary resection for preoperative diagnosis of prolactin-secreting adenomas. J Clin Endocrinol Metab 2011;96:1992–2003.
pituitary adenoma in women: long-term follow-up. Clin Endocrinol [117] Chanson P, Delemer B. Adénomes à prolactine et grossesse. In: Caron
Metab 1996;81:1711–9. P, editor. Pathologie hypophysaire et grossesse. Paris: Springer-Verlag
[108] Thomson JA, Davies DL, McLaren EH, Teasdale GM. Ten-year follow- France; 2007. p. 49–66.
up of microprolactinoma treated by transsphenoidal surgery. Br Med J [118] Molitch ME. Pituitary disorders during pregnancy. Endocrinol Metab
1994;309:1409–10. Clin North Am 2006;35:99–116, vi.
[109] Serri O, Hardy J, Massoud F. Relapse of hyperprolactinemia revisited [119] Lebbe M, Hubinont C, Bernard P, Maiter D. Outcome of
[letter]. N Engl J Med 1993;329:1357. 100 pregnancies initiated under treatment with cabergoline in hyper-
[110] Thomson JA, Gray CE, Teasdale GM. Relapse of hyperprolactine- prolactinaemic women. Clin Endocrinol 2010;73:236–42.
mia after transsphenoidal surgery for microprolactinoma: lessons from [120] Stalldecker G, Mallea-Gil MS, Guitelman M, Alfieri A, Ballarino MC,
long-term follow-up. Neurosurgery 2002;50:36–9 [discussion 39–40]. Boero L, et al. Effects of cabergoline on pregnancy and embryo-fetal
[111] Laws Jr ER, Thapar K. Surgical management of pituitary adenomas. development: retrospective study on 103 pregnancies and a review of
Baillieres Clin Endocrinol Metab 1995;9:391–405. the literature. Pituitary 2010;13:345–50.

P. Chanson (philippe.chanson@bct.aphp.fr).
J. Young.
Service d’endocrinologie et des maladies de la reproduction, CHU de Bicêtre, 78, rue du Général-Leclerc, 94275 Le Kremlin-Bicêtre cedex, France.
Faculté de médecine, Université Paris-Sud, 94276 Le Kremlin-Bicêtre cedex, France.
Inserm U693, Faculté de médecine, 94276 Le Kremlin-Bicêtre cedex, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Chanson P, Young J. Hyperprolactinémie. EMC - Endocrinologie-Nutrition 2015;12(3):1-15 [Article
10-018-L-10].

Disponibles sur www.em-consulte.com


Arbres Iconographies Vidéos/ Documents Information Informations Auto- Cas
décisionnels supplémentaires Animations légaux au patient supplémentaires évaluations clinique

EMC - Endocrinologie-Nutrition 15

Vous aimerez peut-être aussi