Vous êtes sur la page 1sur 15

 98-250-A-10

Pemphigus
M. Castel, L. Jelti, V. Hebert, P. Joly

Résumé : Le pemphigus est une maladie bulleuse auto-immune rare touchant la peau et les muqueuses.
Il se caractérise histologiquement par un clivage intraépidermique par acantholyse et par la production
d’autoanticorps dirigés contre des protéines desmosomales. Le diagnostic repose sur des examens immu-
nologiques visant à mettre en évidence, in vivo et in vitro, les autoanticorps et à déterminer leur spécificité
antigénique. La classification des pemphigus repose sur l’aspect clinique, le niveau de clivage histologique
et l’identification de l’antigène-cible des autoanticorps. On distingue les pemphigus profonds caractérisés
par la prédominance de lésions muqueuses, un clivage suprabasal et des autoanticorps dirigés contre
la desmogléine 3 (Dsg3) ; les pemphigus superficiels caractérisés par des lésions cutanées, un clivage
sous-corné et des autoanticorps reconnaissant la desmogléine 1 (Dsg1) ; et les pemphigus paranéopla-
siques caractérisés par l’association fréquente à une hémopathie lymphoïde, un clivage suprabasal, des
nécroses kératinocytaires et un infiltrat lichénoïde dermique, et des autoanticorps dirigés contre plusieurs
protéines de la famille des plakines. Le traitement dépend principalement de la sévérité de la maladie. Il
repose essentiellement sur le rituximab en association à une courte corticothérapie générale. Les patients
ne pouvant pas recevoir de rituximab en première intention sont traités par une corticothérapie générale
souvent associée à un immunosuppresseur.
© 2021 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Maladie auto-immune ; Maladie bulleuse ; Acantholyse ; Desmosome ; Desmogléines ; Rituximab ;


Corticoïdes ; Immunosuppresseurs

Plan maladie, avec la découverte de l’acantholyse par Auspitz en 1880,


puis la distinction des pemphigus et des dermatoses de la jonc-
■ Différentes formes de pemphigus 1 tion dermoépidermique et, enfin, la caractérisation histologique
Présentation clinique et paraclinique 1 des différentes formes par Civatte en 1943 et Lever en 1951.
Pemphigus profonds 2 C’est à Beutner que revient l’individualisation des pemphigus en
Pemphigus superficiels 4 tant que maladies auto-immunes avec la mise en évidence des
Autres formes de pemphigus 5 autoanticorps antisubstance intercellulaire (anti-SIC) dans la peau
Formes particulières de pemphigus 8 et le sérum des patients grâce au développement des techniques
d’immunofluorescences directe (IFD) et indirecte (IFI) [1] .
■ Traitement 9 La classification initiale des pemphigus repose sur la distinc-
Conduite générale du traitement 9 tion entre deux grandes formes, en fonction de la profondeur du
Moyens thérapeutiques 9 clivage intraépidermique : les pemphigus profonds (pemphigus
Indications 11 vulgaire et pemphigus végétant) comportant un clivage supra-
basal et les pemphigus superficiels (pemphigus séborrhéique,
pemphigus foliacé, pemphigus érythémateux, pemphigus endé-
mique), comportant un clivage dans la couche granuleuse.
 Différentes formes Depuis les années 1970, de nouvelles formes de pemphigus
de pemphigus ont été décrites, qui échappent à cette dichotomie : pemphigus
paranéoplasique, pemphigus herpétiforme et pemphigus à immu-
Présentation clinique et paraclinique noglobuline A (IgA). Dans le même temps, les développements
techniques et la compréhension de la physiopathologie ont mis à
Les différentes formes de pemphigus ont d’abord été indivi- disposition du clinicien des examens complémentaires (immuno-
dualisées cliniquement : Willan en 1808 et Hebra en 1860 ont blot, immunomicroscopie électronique [IME] et « enzyme-linked
décrit le pemphigus vulgaire, Cazenave en 1844 le pemphigus immunosorbent assay » [Elisa]) permettant d’affiner le diagnos-
foliacé, Neumann en 1876 le pemphigus végétant et Senear-Usher tic. Ainsi, si le diagnostic de pemphigus est souvent suspecté
en 1926 le pemphigus érythémateux. Dans un second temps, cliniquement, son affirmation nécessite la réalisation d’une biop-
les pathologistes ont décrit les principales caractéristiques de la sie cutanée ou muqueuse montrant un clivage intraépidermique

EMC - Dermatologie 1
98-250-A-10  Pemphigus

Figure 1. Lésions endobuccales de pemphigus vulgaire.

par acantholyse, ainsi qu’une étude en IFD et IFI à la recherche


d’anticorps dirigés contre la membrane des kératinocytes. Le diag-
nostic précis de la forme de pemphigus, orienté par l’aspect Figure 2. Lésions vaginales de pemphigus vulgaire.
clinique et histologique, est conforté par l’analyse de la spécificité
antigénique des autoanticorps.

Pemphigus profonds
Ils comportent le pemphigus vulgaire et une forme clinique
rare, le pemphigus végétant.

Pemphigus vulgaire
Épidémiologie
Le pemphigus vulgaire constitue la forme la plus fréquente de
pemphigus avec plus de 70 % des cas. Il est, malgré cela, une mala-
die rare dont l’incidence est d’un à cinq cas par million d’habitants
et par an [2–4] . La maladie a été décrite dans toutes les ethnies, mais
sa fréquence est nettement plus élevée chez les Juifs Ashkénazes
(16 à 32 cas par million d’habitants et par an) et au Japon. La
maladie survient dans les deux sexes, le plus souvent entre 40 et
60 ans, mais des cas ont été décrits chez des enfants et chez des
sujets plus âgés (de 18 mois à 89 ans).
Tableau clinique Figure 3. Lésions balaniques de pemphigus vulgaire.
Atteinte muqueuse. Dans plus de deux tiers des cas, la mala-
die commence par une atteinte muqueuse. L’atteinte buccale est
la plus fréquente (Fig. 1). Elle est faite de bulles fugaces qui IFD d’une biopsie permet de rattacher les manifestations oculaires
sont rarement observées car laissant rapidement place à des éro- au pemphigus.
sions post-bulleuses. Les bulles peuvent toucher le palais et les Atteinte cutanée. Le plus souvent, l’atteinte cutanée survient
gencives. Les érosions post-bulleuses sont douloureuses et traî- secondairement, plusieurs semaines ou plusieurs mois après les
nantes, gênant l’alimentation et pouvant être à l’origine d’une érosions muqueuses. Elle se caractérise par la survenue de bulles
dénutrition. La survenue d’une surinfection herpétique n’est flaccides à contenu clair, siégeant classiquement en peau non éry-
pas rare et doit toujours être évoquée en cas d’aggravation des thémateuse (Fig. 4). Fragiles, les bulles laissent rapidement place
lésions. L’atteinte buccale reste volontiers isolée pendant plusieurs à des érosions post-bulleuses cernées par une collerette épider-
mois avant que n’apparaissent les signes cutanés. Dans certains mique. Les bulles peuvent confluer pour donner naissance à de
cas, cependant, la maladie peut rester exclusivement buccale. vastes décollements à contour polycyclique. Il existe un signe de
L’atteinte des autres muqueuses est possible. L’atteinte œsopha- Nikolsky en peau péribulleuse et parfois en peau saine (Fig. 4).
gienne, même asymptomatique, semble assez fréquente [5] . Les Ce signe consiste en un détachement des couches superficielles
aspects endoscopiques rencontrés correspondent à des bulles, des de l’épiderme provoqué par le frottement appuyé de la peau. Les
érosions ou à une fragilité muqueuse avec décollement provoqué lésions peuvent être localisées ou généralisées et prédominent aux
par le passage de l’endoscope (signe de Nikolsky endoscopique). points de pression, dans les grands plis, sur le visage et le cuir
L’atteinte pharyngée et laryngée est également fréquente, pou- chevelu ainsi qu’aux extrémités (atteinte périunguéale fréquente).
vant se traduire par une dysphagie, une odynophagie ou une Elles sont habituellement peu ou pas prurigineuses. Les érosions
dysphonie. Une atteinte génitale ou rectale est également par- post-bulleuses, souvent douloureuses, cicatrisent lentement en
fois présente (Fig. 2, 3). Elle peut se traduire par des douleurs laissant parfois une macule pigmentée. Des formes atypiques ont
ou des saignements. Les érosions peuvent toucher la vulve, le été décrites : lésions à type de kératose séborrhéique [6] , lésions
vagin, exceptionnellement le col utérin. L’atteinte oculaire est nodulaires [7] , phénomène de Köbner sur des zones de trauma-
rare. L’atteinte peut être cornéenne ou conjonctivale. L’atteinte tismes ou de cicatrices [8] .
la moins rare est une conjonctivite pouvant se compliquer Atteinte unguéale. L’atteinte des ongles n’est pas rare au
d’ulcérations conjonctivales. L’atteinte de la cornée est plus grave, cours du pemphigus vulgaire. Il a d’ailleurs pu être mis en
pouvant exceptionnellement entraîner une cécité. L’examen en évidence des dépôts interkératinocytaires d’anticorps au niveau

2 EMC - Dermatologie
Pemphigus  98-250-A-10

Figure 4. Lésions cutanées de pemphigus vulgaire avec signe de


Nikolsky positif.

du lit de l’ongle. Tous les constituants de l’ongle peuvent être


touchés et les aspects rencontrés sont très polymorphes. Les
aspects cliniques suivants ont été rapportés : bulles périunguéales
avec périonyxis chronique, pseudogranulomes pyogéniques et
dystrophies unguéales multiples (onychomadèse, onychoschi- Figure 5. Histologie de pemphigus vulgaire.
zie, onycholyse, onychorrhexis, lignes de Beau, piqueté unguéal,
hémorragies sous-unguéales, hyperkératose sous-unguéale, ptéry-
gion, dyschromie, trachyonychie) [9] .
Évolution. Pronostic
La sévérité du pemphigus est maintenant classée en « peu
sévère », « modérée » ou « sévère » à partir de deux scores récem-
ment publiés, l’« Autoimmune Bullous Skin Disorder Intensity
Score » (ABSIS) (pourcentage de surface atteinte) et le « Pemphi-
gus Disease Area Index » (PDAI) (nombre et taille des lésions) [10] .
L’évolution spontanée est habituellement sévère du fait des
complications liées à la rupture de la barrière cutanée (déshydra-
tation, dénutrition, surinfection). Le pronostic de la maladie a été
révolutionné par l’introductiondu Rituximab qui permet un taux
de rémission complète proche de 90 % tout en permettant une
décroissance rapide de la corticothérapie.
Examens complémentaires
Signes biologiques. Il n’existe pas de signe biologique simple
permettant d’orienter le diagnostic. En revanche, les anomalies
reflétant les pertes hydroélectrolytiques et protéiques doivent être Figure 6. Immunofluorescence directe (IFD) de pemphigus vulgaire ou
recherchées. superficiel.
Histologie. L’examen en histologie standard d’une lésion bul-
leuse retrouve un clivage intraépidermique situé le plus souvent
au-dessus de la couche basale de l’épiderme dont les kératino- sibles. À la phase active de la maladie, l’IFI a une bonne sensibilité
cytes sont également séparés les uns des autres, prenant un aspect (90 % dans une série étudiée par Krasny en 1987) [12] . Elle constitue
en « pierre tombale » (Fig. 5). Ce clivage est parfois présent dans de plus un examen quantitatif utile au suivi des malades puisque
les follicules pileux. Il est retrouvé des cellules acantholytiques le titre des anticorps circulants est corrélé à l’activité de la maladie.
dans le liquide de bulle. Un infiltrat dermique mixte, le plus sou- Immunomicroscopie électronique (IME). L’IME directe
vent modéré et composé de polynucléaires neutrophiles et/ou (Fig. 7) permet d’objectiver des dépôts d’IgG et parfois de C3
éosinophiles, est souvent présent. Un infiltrat mastocytaire péri- situés sur la partie intercellulaire des desmosomes au niveau de
vasculaire et péripilaire du derme superficiel est retrouvé lorsqu’il la desmoglie. Elle n’est pas utile en pratique courante.
est recherché à l’aide de colorations spéciales [11] . L’aspect de spon- Immunotransfert (immunoblot). La plupart des sérums de
giose à neutrophiles souvent observé dans le pemphigus à IgA est pemphigus vulgaire reconnaissent, par cette technique, un anti-
parfois également présent dans le pemphigus à immunoglobuline gène de 130 kDa correspondant à la Dsg3. Environ 50 % des
G (IgG). sérums de pemphigus vulgaire reconnaissent également une
IFD. L’examen en IFD d’une biopsie réalisée en peau périlé- bande de 165 kDa correspondant à la desmogléine 1 (Dsg1). Il
sionnelle permet de mettre en évidence des dépôts d’IgG à la s’agit le plus souvent de cas de pemphigus vulgaires comportant
surface des kératinocytes, donnant à l’ensemble un aspect en une atteinte cutanée étendue (cf. infra).
« maille de filet » ou en « résille » (Fig. 6). Le marquage est le Elisa. La production des antigènes du pemphigus sous forme
plus souvent sur toute l’épaisseur de l’épiderme. Plus rarement, il recombinante est utilisée dans les tests Elisa permettant de détec-
prédomine sur les couches profondes car la desmogléine 3 (Dsg3) ter les anticorps anti-Dsg1 et anti-Dsg3. La sensibilité et la
prédomine dans les couches basale et suprabasale de l’épiderme. spécificité des tests Elisa au cours du pemphigus vulgaire sont
Des dépôts concomitants de C3 sont observés dans 50 % des cas. proches de 90 %. Le taux des anticorps anti-Dsg3 est bien correlé
IFI. La recherche d’anticorps circulants dirigés contre la mem- à l’étendue des lésions muqueuses et celui des anticorps anti-Dsg1
brane des kératinocytes peut être effectuée sur peau humaine, à l’étendue des lésions cutanées [13–15] . La baisse, voire la dispari-
mais également sur d’autres substrats comme la langue de bœuf tion, des anticorps anti-Dsg1 et anti-Dsg3 sous traitement est un
ou l’œsophage de rat ou de singe, qui sont des substrats plus sen- facteur de bon pronostic. La persistance de taux élevé d’anticorps

EMC - Dermatologie 3
98-250-A-10  Pemphigus

Figure 7. Marquage de la desmoglie par un sérum de pemphigus Figure 8. Lésions de pemphigus superficiel.
vulgaire en immunomicroscopie électronique (IME) avec marquage à la
peroxydase.
forme de bourgeonnements mamelonnés cernés de sillons. Des
complications à type de surdité, d’otalgie, d’otorrhée et de paraly-
anti-Dsg3 ne semble pas forcément associée à la survenue d’une sie faciale ont été décrites secondairement à des lésions végétantes
rechute muqueuse, à la différence des anticorps anti-Dsg1 pour du conduit auditif externe et de l’oreille moyenne [23] .
les rechutes cutanées [16] . Examens complémentaires
L’examen histologique d’une lésion cutanée montre un clivage
Pemphigus végétant intraépidermique suprabasal comme dans le pemphigus vulgaire,
et des lésions spécifiques de cette forme clinique : hyperacanthose
Tableau clinique
et papillomatose avec renflement en « massue » des bourgeons
Le pemphigus végétant est une forme clinique de pemphigus interpapillaires qui s’enfoncent dans le derme superficiel. Les
vulgaire caractérisée par l’évolution végétante des lésions et par aspects observés en immunofluorescence (IF) et les résultats de
leur localisation dans les grands plis [17, 18] . Il ne représente que l’Elisa sont identiques à ceux du pemphigus vulgaire [24] .
1 à 2 % des cas de pemphigus et peut se présenter sous deux
formes : le pemphigus végétant de type Neumann, d’évolution
comparable au pemphigus vulgaire, et le pemphigus végétant de Pemphigus superficiels
type Hallopeau, de meilleur pronostic.
Pemphigus de Neumann. Le pemphigus végétant de Neu- Les pemphigus superficiels sont caractérisés par un clivage
mann débute par une éruption bulleuse comparable à celle du intraépidermique survenant dans la couche granuleuse. Il en
pemphigus vulgaire. Cependant, sur les érosions post-bulleuses existe différentes formes cliniques. L’archétype est constitué par
se développent secondairement des végétations mamelonnées, le pemphigus foliacé dont la forme localisée constitue le pemphi-
rouges, molles, suintantes et croûteuses, dont la confluence donne gus séborrhéique. Le pemphigus érythémateux associe des signes
naissance à de vastes placards végétants cernés de lambeaux de rappelant le lupus érythémateux. Le pemphigus endémique se
décollement épidermique permettant d’évoquer l’origine bulleuse rapproche du pemphigus foliacé mais présente des caractéris-
des lésions. Les lésions peuvent être d’emblée végétantes si la tiques épidémiologiques très particulières constituant un modèle
phase bulleuse manque. Le signe de Nikolsky est souvent pré- potentiellement informatif sur la ou les causes de la maladie.
sent. L’évolution se fait vers l’affaissement des lésions qui laissent
une plage pigmentée. Les lésions prédominent aux plis, surtout Pemphigus foliacé
en début d’évolution, et doivent être recherchées aux plis axil- Décrit par Cazenave en 1844, il constitue la forme dite spo-
laires, inguinaux, interfessier, sous-mammaire, rétro-auriculaire, radique, par opposition à la forme endémique, du pemphigus
interdigitaux et ombilical. Un périonyxis est fréquent ainsi qu’un superficiel. Il s’agit d’une maladie très rare en France dont
aspect d’hyperkératose des paumes et des plantes. Une atteinte l’incidence est inférieure à un cas par million d’habitants et par
muqueuse est possible, surtout buccale. Aux lèvres, les lésions an.
végétantes sont souvent parcourues par de profondes fissures. Sur
la langue, on peut retrouver un aspect « scrotal » ou cérébriforme Tableau clinique
du fait de la présence de gros plis séparés par de profonds sillons Dans sa forme étendue, la maladie réalise un tableau
sur la face dorsale [19] . L’atteinte vulvaire a été décrite [20] . d’érythrodermie desquamative associée à des bulles très superfi-
Pemphigus de Hallopeau. Une forme bénigne et pustuleuse cielles et fugaces. L’évolution se fait souvent en deux temps. La
de pemphigus végétant dite initialement « pyodermite végé- première phase se traduit par l’apparition de bulles très fragiles
tante » a été décrite par Hallopeau [21] . La maladie a également et très fugaces qui sont de ce fait rarement observées. Les bulles
été considérée comme une manifestation infectieuse ou comme sont rapidement remplacées par des érosions croûteuses, parfois
une manifestation associée aux entérocolites inflammatoires [22] . cernées d’un érythème. Les lésions prédominent typiquement sur
Cependant, les données d’IFD et IFI indiquent qu’au moins les zones séborrhéiques (région médiofaciale, cuir chevelu, région
dans certains cas la pyodermite végétante de Hallopeau consti- présternale et partie supérieure du dos) (Fig. 8). À ce stade, la mala-
tue bien une variante de pemphigus végétant. Les lésions initiales die peut d’ailleurs simuler une dermite séborrhéique sévère. La
sont constituées par des pustules reposant sur une base inflam- seconde phase est caractérisée par la généralisation des lésions
matoire. Les lésions s’étendent de façon centrifuge et peuvent en quelques semaines ou quelques mois, le tableau évoluant vers
prendre un aspect polycyclique. L’évolution se fait vers des éro- une érythrodermie desquamative suintante Le signe de Nikolsky
sions bourgeonnantes et des végétations cernées rapidement par est retrouvé. À ce stade, les signes fonctionnels sont volontiers
de nouvelles pustules. La régression des lésions laisse une pigmen- intenses : douleur cutanée, avec sensation de cuisson et frissons.
tation brunâtre séquellaire. Les lésions siègent électivement aux L’atteinte muqueuse est très inhabituelle et doit faire discuter
plis génitocruraux, au pubis, aux plis sous-mammaires et autour le diagnostic de pemphigus profond. Une atteinte phanérienne
de l’ombilic, mais aussi sur la nuque et dans le cuir chevelu. Un est en revanche habituelle. Comme dans le pemphigus vulgaire,
périonyxis est fréquent. Une atteinte buccale est possible sous des atteintes unguéales non spécifiques avec périonyxis sont

4 EMC - Dermatologie
Pemphigus  98-250-A-10

rencontrées ainsi que, dans certains cas, une alopécie. Des formes peuvent laisser une pigmentation séquellaire. Des formes aty-
cliniques [25] hyperpigmentées et verruqueuses ont également été piques à type de verrues ou de kératoses séborrhéiques plus ou
décrites. L’évolution de la maladie est chronique. Il est classique de moins étendues ont été décrites. La recherche d’une cause médica-
considérer le pemphigus foliacé comme ayant un pronostic favo- menteuse doit être systématique dans la mesure où plusieurs cas,
rable du fait d’une bonne réponse au traitement. Il apparaît en induits notamment par la pénicillamine, ont été rapportés [32] .
fait qu’il s’agit d’une maladie sévère dont le pronostic et la sen- Examens complémentaires
sibilité aux différents traitements sont comparables à ce qui est
Histologie. Une fente acantholytique sous-cornée ou au sein
observé au cours du pemphigus vulgaire [4, 26] , avec une tendance
de la couche granuleuse est associée à un infiltrat inflammatoire
fréquente aux récidives et à la corticodépendance. La sévérité du
polymorphe modéré du derme superficiel contenant volontiers
pemphigus est évaluée en utilisant les scores de sévérité décrits
des polynucléaires éosinophiles [33] .
ci-dessus [10] .
Examens immunologiques. L’examen en IFD trouve des
Examens complémentaires dépôts d’IgG associés dans 50 % des cas à des dépôts de C3, sur
Signes biologiques. Une hyperéosinophilie est présente en la SIC [29] . L’aspect est le plus souvent indistinguable de celui du
particulier dans les formes de pemphigus superficiel à type de pemphigus vulgaire. Des dépôts granuleux d’IgG et de C3 sur la
spongiose à éosinophiles, mais elle est peu spécifique. jonction dermoépidermique (bande lupique) sont retrouvés sur
Histologie. Au stade initial de la maladie, il est observé un 80 % des biopsies de peau saine réalisées en zone photoexposée et
clivage intraépidermique par acantholyse, situé sous la couche dans 20 à 40 % des biopsies réalisées en zone non photoexposée.
cornée ou dans la granuleuse. Un infiltrat dermique superficiel L’examen en IFI révèle la présence d’anticorps anti-SIC dans 80 à
très discret contenant des polynucléaires éosinophiles peut être 100 % des cas. La recherche de facteurs antinucléaires est positive
observé. À la phase érythrodermique apparaît une parakératose dans 30 à 90 % des cas. Une augmentation de la vitesse de sédi-
associée à un œdème interkératinocytaire avec un infiltrat der- mentation et la présence d’un facteur rhumatoïde sont parfois
mique et une exocytose de polynucléaires éosinophiles. notées. En revanche, la présence d’anticorps anti-acide désoxy-
Immunohistochimie. L’aspect obtenu en IFD et IFI est le plus ribonucléique (ADN) natifs et anti-antigènes solubles n’a jamais
souvent similaire à celui observé dans les pemphigus profonds été rapportée. L’association du pemphigus érythémateux avec un
(marquage sur toute la hauteur de l’épiderme). Plus rarement, le véritable lupus systémique a cependant été rapportée à quelques
marquage de la SIC prédomine dans les couches superficielles de reprises.
l’épiderme (marquage sous-corné). Évolution
Immunotransfert. Les sérums de patients atteints de pemphi-
L’évolution de la maladie est habituellement chronique, faite de
gus superficiel contiennent des anticorps dirigés contre la Dsg1
poussées et de rémissions. Les lésions laissent à chaque poussée des
dont le poids moléculaire est de 165 kDa [27] . Cependant, la sensi-
taches pigmentées séquellaires. La maladie peut rester localisée ou
bilité de l’immunoblot pour la détection des anticorps anti-Dsg1
évoluer vers une forme étendue à type de pemphigus foliacé ou,
est inférieure à 50 %. Ceci s’explique probablement par le fait
plus rarement, de pemphigus vulgaire.
que la technique réalisée en condition dénaturante modifie les
épitopes conformationnels reconnus par les anticorps anti-Dsg1. Lupus érythémateux aigu bulleux : un diagnostic différentiel
Elisa. Les techniques Elisa, utilisant la Dsg1 recombinante Le pemphigus érythémateux doit être distingué du lupus aigu
de conformation proche de la protéine native, ont une sensibi- bulleux. Dans le lupus bulleux, le clivage est situé à la jonc-
lité bien meilleure pour la détection de ces anticorps. Comme tion dermoépidermique. L’infiltrat dermique est essentiellement
indiqué ci-dessus, le taux des anticorps anti-Dsg1 est fortement constitué de polynucléaires neutrophiles. En IFD, ontrouve des
corrélé à l’étendue des lésions cutanées au stade initial. Au cours dépôts granuleux ou linéaires d’IgG (mais parfois aussi d’IgA et
de l’évolution, la persistance de taux élevés d’anticorps anti-Dsg1 de complément) le long de la jonction dermoépidermique, mais
ou leur réapparition sous traitement sont fortement corrélées à la en aucun cas sur la SIC. En IFI, le sérum ne marque que la mem-
survenue de rechutes ultérieures [16] . brane basale épidermique. En immunoblot, on trouve parfois des
anticorps dirigés contre le collagène VII. Enfin, l’IME directe et
Pemphigus érythémateux ou pemphigus indirecte, permet de montrer des dépôts d’anticorps situés dans la
zone des fibrilles d’ancrage (sublamina densa).
séborrhéique de Senear-Usher
Le pemphigus érythémateux a été décrit en 1926 par Senear et
Usher [28] . Il s’agit d’une forme de pemphigus superficiel combi- Autres formes de pemphigus
nant des signes cliniques et biologiques de pemphigus et de
lupus [29, 30] . À côté des pemphigus classiques, profonds et superficiels, trois
nouveaux variants ont été décrits depuis les années 1970 : le
Épidémiologie pemphigus herpétiforme, le pemphigus à IgA et le pemphigus
La maladie survient à tout âge et touche un peu plus fréquem- paranéoplasique [34] .
ment les femmes que les hommes. Le pemphigus érythémateux
représenterait environ 8 % des cas de pemphigus [31] . Pemphigus herpétiforme
Signes cliniques Les premiers cas de pemphigus herpétiforme ont été décrits
Les lésions bulleuses ou post-bulleuses habituellement ren- en 1955 sous le nom de « dermatite herpétiforme avec acantho-
contrées dans le pemphigus superficiel sont souvent absentes. lyse », mais c’est Jablonska et al. qui individualisent cette entité
Elles sont remplacées par des plaques bien limitées, érythé- en 1975 [35] .
mateuses, parfois hyperkératosiques, squameuses et croûteuses, Épidémiologie
siégeant préférentiellement sur les zones séborrhéiques (régions
C’est une maladie très rare : une quarantaine de cas ont été
présternale, interscapulaire, médiofaciale, cuir chevelu) mais pou-
rapportés. Il représente environ 7 % des pemphigus et survient
vant s’étendre au-delà. Sur le visage, les lésions peuvent prendre
entre 30 et 80 ans (âge moyen : 65 ans) sans prédominance de
une disposition en « loup » évocatrice de lupus (atteinte de
sexe.
la région malaire et des ailes du nez). Le prurit est fréquent.
Une atteinte muqueuse est parfois retrouvée sous forme d’une Clinique
stomatite érosive, mais elle est très rare. Le signe de Nikolsky L’aspect initial est volontiers trompeur et la maladie est sou-
est habituellement présent. Les lésions sont classiquement pho- vent prise initialement pour une dermatite herpétiforme ou plus
tosensibles. En résumé, les aspects rencontrés correspondent à rarement pour une pemphigoïde bulleuse ou une dermatose à IgA
un mélange de lésions post-bulleuses, de lésions type dermite linéaire. En effet, les lésions initiales sont souvent constituées de
séborrhéique et de lésions ressemblant au lupus, et peuvent au plaques urticariennes ou de lésions érythémateuses, voire érythé-
demeurant se modifier au cours du temps dans l’une ou l’autre de matosquameuses, souvent circinées, associées à des vésicules ou
ces directions. L’état général est longtemps conservé. Les lésions des bulles et prenant volontiers une disposition herpétiforme.

EMC - Dermatologie 5
98-250-A-10  Pemphigus

Les lésions siègent essentiellement sur le tronc mais peuvent Tableau 1.


également atteindre les membres, de façon symétrique. Un prurit, Critères diagnostiques de pemphigus paranéoplasique (PPN) : trois cri-
souvent intense, est fréquent. Une atteinte muqueuse, essentiel- tères majeurs ou deux critères majeurs et un critère mineur (d’après
lement buccale, n’a été rapportée que dans quatre cas. Le signe Camisa et al. [40] ).
de Nikolsky est inconstant. L’évolution de la maladie est lente et Critères majeurs Critères mineurs
ce n’est que secondairement qu’apparaissent des signes cliniques
typiques de pemphigus superficiel ou plus rarement vulgaire. Éruption cutanéomuqueuse Présence d’une acantholyse
polymorphe
Examens complémentaires
Néoplasie associée Marquage de la SIC et de la
Biologie. Une hyperéosinophilie sanguine est fréquente. JDE en IFD
Histologie. La caractéristique principale est la présence d’une
Complexe paranéoplasique en IB IFI positive sur vessie de rat
spongiose à éosinophiles. Cet aspect, décrit en 1968 par Emmer-
son, correspond à l’exocytose de polynucléaires éosinophiles IB : immunoblot ; SIC : substance intercellulaire ; JDE : jonction dermoépider-
dans l’épiderme, associée à une spongiose pouvant former des mique ; IFD : immunofluorescence directe ; IFI : immunofluorescence indirecte.
vésicules. Cette image n’est pas spécifique et peut se rencon-
trer dans les lésions précoces de pemphigus. Cependant, elle
est plus fréquemment associée à des lésions cliniques derma-
tite herpétiforme-like. L’acantholyse est le plus souvent discrète.
Un infiltrat de polynucléaires neutrophiles est parfois également
observé. L’infiltrat inflammatoire est à prédominance de poly-
nucléaires éosinophiles dans 20 % des cas, de polynucléaires
neutrophiles dans 20 % des cas et mixte dans 60 % des cas. L’aspect
histologique varie en fonction de l’évolution des lésions cutanées
et un aspect typique de pemphigus n’apparaît que secondaire-
ment. Le niveau de clivage peut être sous-corné ou suprabasal,
exceptionnellement sous-épidermique. Des microabcès à neu-
trophiles dans les papilles dermiques sont exceptionnellement
rencontrés.
Examens immunologiques. Ce sont les explorations immu-
nopathologiques qui fournissent les meilleurs arguments en
faveur du diagnostic. L’examen en IF montre constamment des
dépôts intercellulaires d’IgG, prédominant parfois aux couches
superficielles de l’épiderme et associés à des dépôts de C3 dans
50 % des cas et d’IgA dans 25 % des cas. Des anticorps circulants
ne sont détectés qu’inconstamment (entre 30 % et 60 % des cas)
en IFI. Ces anticorps, comme les anticorps déposés in vivo, sont le
plus souvent d’isotype IgG4. Des anticorps anti-Dsg1 et exception-
nellement des anticorps anti-Dsg3 sont parfois mis en évidence en
immunoblot ou en Elisa. Le pemphigus herpétiforme est actuel-
lement considéré comme une variante de pemphigus superficiel
ou, plus rarement, de pemphigus profond.
Évolution
Le pemphigus herpétiforme est classiquement de bon pronos- Figure 9. Lésions de pemphigus paranéoplasique.
tic. La maladie répond habituellement bien au traitement par
Disulone® seule ou en association à de faibles doses de corticoïdes
qui permettent l’obtention d’une rémission durable. Cependant, vent des adultes d’âge moyen (âge moyen 60 ans) mais quelques
un certain nombre de cas évoluent vers des pemphigus superficiels cas pédiatriques ont également été rapportés.
ou plus rarement vulgaires et nécessitent le recours aux traite-
ments habituels de ces formes de pemphigus. La présence de taux Présentation clinique
élevés d’anticorps circulants constituerait un facteur de résistance L’éruption se caractérise par son polymorphisme et associe gros-
au traitement. sièrement des signes de pemphigus, d’érythème polymorphe et de
pemphigoïde bulleuse [41] . Des formes lichénoïdes sont également
Pemphigus à IgA décrites. L’atteinte muqueuse, souvent initiale, est quasi cons-
tante, et parfois isolée [38] . Elle se rapproche des lésions observées
Il est traité dans le chapitre concernant la pustulose sous- au cours des pemphigus vulgaires ou des érythèmes polymorphes
cornée [36] . graves (Fig. 9). Il s’agit d’érosions traînantes et douloureuses
pouvant toucher l’ensemble de la cavité buccale, à l’origine
Pemphigus paranéoplasique d’une dysphagie [42] . Comme dans l’érythème polymorphe, elles
Historique. Définition sont parfois associées à une chéilite érosive, touchant le versant
Cette variété de pemphigus a été décrite en 1990 par Anhalt à externe des lèvres. Une conjonctivite pseudomembraneuse, dont
partir de cinq observations [37] . Depuis, de nombreux cas ont été l’évolution cicatricielle peut être à l’origine d’un symblépharon,
rapportés venant confirmer le bien-fondé de l’individualisation de des érosions génitales sont fréquemment associées à l’atteinte buc-
cette nouvelle entité [38] . Le diagnostic est porté sur la coexistence cale. Les lésions muqueuses peuvent atteindre le pharynx, les
de critères cliniques, histologiques et immunologiques ainsi que fosses nasales, le larynx ainsi que les muqueuses œsophagienne et
sur l’association à une néoplasie le plus souvent une hémopathie intestinale. Elles sont particulièrement traînantes et résistantes au
lymphoïde (Tableau 1) [39] . Cependant, aucun signe pris isolé- traitement. Enfin, une atteinte de la muqueuse respiratoire a été
ment n’est discriminant par rapport au pemphigus vulgaire et l’on décrite, à l’origine d’un tableau de bronchiolite obstructive oblité-
attache une importance particulière à l’identification d’anticorps rante entraînant une défaillance respiratoire souvent létale [43, 44] .
dirigés contre un complexe protéique composé de diverses pro- Les lésions cutanées sont polymorphes et peuvent comporter des
téines de la famille des plakines, associées aux Dsg1 et 3. lésions bulleuses acrales en « cocarde », proches de l’érythème
polymorphe, des lésions bulleuses prurigineuses siégeant en peau
Épidémiologie urticarienne évocatrices de pemphigoïde bulleuse ou des bulles
Le pemphigus paranéoplasique est une maladie très rare. Il a fragiles avec signe de Nikolsky, comme dans le pemphigus. Enfin,
cependant été décrit dans de nombreux pays. Il touche le plus sou- le tableau clinique peut simuler un lichen ou un lichen plan

6 EMC - Dermatologie
Pemphigus  98-250-A-10

les anticorps dirigés contre l’ENV et la PPL. Les anticorps anti-Dsg1


sont exceptionnellement individualisés en immunotransfert mais
retrouvés dans 65 % des sérums testés en Elisa, tandis que les anti-
corps anti-Dsg3 sont constamment retrouvés (100 % des sérums)
par la technique Elisa [47, 54, 55] . Les anticorps anti-DSPK ne sont
pas spécifiques du pemphigus paranéoplasique puisqu’ils peuvent
également être occasionnellement détectés dans les sérums de
patients atteints d’érythème polymorphe ou plus rarement de
pemphigoïde bulleuse.
Tumeurs associées et pronostic
Le pemphigus paranéoplasique est presque toujours associé à
une prolifération tumorale, le plus souvent maligne, précédant
habituellement la découverte du pemphigus. L’association la plus
fréquente se fait avec les proliférations lymphoïdes (lymphomes
non hodgkiniens : 42 %) [38] , leucémie lymphoïde chronique
(29 %) et maladie de Waldenström (6 %), thymome (6 %), tumeur
de Castleman (10 %) mais d’autres types de tumeurs ont été
Figure 10. Marquage de la vessie de rat en immunofluorescence indi- décrites (sarcome, adénocarcinome colique et pancréatique, mala-
recte (IFI) par un sérum de pemphigus paranéoplasique. die de Hodgkin, etc.) [41] . Le type de cancer associé au pemphigus
paranéoplasique semble donc relativement spécifique, vu leur
rareté dans la population générale (thymome, maladie de Castel-
pemphigoïde [40] , voire comporter des lésions psoriasiformes [45] . man). Une observation de pemphigus paranéoplasique induit par
Un cas associant un acanthosis nigricans a été rapporté [46] . Des le traitement par interféron alpha au cours d’une maladie de Wal-
formes simulant une nécrolyse épidermique toxique (syndrome denström a été rapportée [56] . Le rôle inducteur de la radiothérapie
de Lyell) ont été décrites. a également été discuté. Le pronostic de la maladie est extrême-
ment péjoratif, à la fois du fait du cancer associé et de la sévérité
Examens complémentaires et de la résistance au traitement des lésions muqueuses [37, 40] .
Le décès survient en moyenne 9 mois après le diagnostic de la
Histologie. Une acantholyse est présente le plus souvent
maladie, le plus souvent par sepsis et défaillance respiratoire.
suprabasale, mais parfois située plus superficiellement au stratum
Cependant, plusieurs cas de survie prolongée ont été rappor-
spinosum. S’y associent habituellement des signes de souffrance
tés avec une mortalité inférieure à ce qui était classiquement
kératinocytaire identiques à ceux observés au cours des érythèmes
rapporté [4, 57] . Les pemphigus associés à des lymphomes sont par-
polymorphes graves : vacuolisation des kératinocytes basaux et
fois améliorés par les polychimiothérapies et ce d’autant qu’elles
nécroses kératinocytaires plus ou moins étendues. Un infiltrat der-
contiennent de fortes doses de corticoïdes. Cependant, même en
mique superficiel composé de polynucléaires éosinophiles et de
cas de rémission de la maladie sous-jacente, le pemphigus néces-
lymphocytes ayant parfois tendance à l’exocytose, peut s’associer
site habituellement la poursuite de la corticothérapie générale.
à un certain degré de spongiose. Si ces signes histologiques
En cas de thymome associé, la thymectomie semble avoir eu,
sont évocateurs, aucun n’est spécifique [34] . L’étude en microsco-
dans certains cas, un effet bénéfique sur l’évolution de la mala-
pie électronique, de réalisation non systématique, retrouve une
die. Il en va de même pour les formes localisées de maladie de
acantholyse des kératinocytes basaux ainsi que des signes de souf-
Castleman. En Asie, la maladie de Castelman est la néoplasie la
france, voire de nécrose kératinocytaire.
plus fréquemment associée au pemphigus paranéoplasique [58, 59] .
IFD. L’examen en IFD objective des dépôts interkératinocy-
Une myasthénie était rapportée chez un tiers des patients chi-
taires d’IgG et de C3 parfois difficiles à distinguer lorsque la
nois présentant un pemphigus paranéoplasique [60] . La survenue
nécrose kératinocytaire est extensive [43] . La fluorescence est sou-
d’une bronchiolite oblitérante était associée aux autoanticorps
vent plus épaisse que celle observée au cours du pemphigus
anti-epiplakine chez des patients japonais.
vulgaire. Elle est habituellement discontinue, associée à une fluo-
rescence intracytoplasmique et à des dépôts granuleux de C3 ou, Autres formes de pemphigus associés à des néoplasies
plus rarement, d’IgG le long de la membrane basale, souvent dis- Il convient de distinguer le pemphigus paranéoplasique qui
continus. L’examen des sérums en IFI sur les substrats habituels constitue une entité autonome présentant un profil clinique, his-
(peau humaine, langue de bœuf, œsophage de singe) montre un tologique, immunologique et un pronostic distinct, des autres
marquage de la SIC parfois isolé ou associé à un marquage de pemphigus pouvant occasionnellement être associés à une néo-
la membrane basale [44] . Du fait de la présence d’anticorps anti- plasie. L’augmentation de la fréquence des néoplasies dans
desmoplakines (anti-DSPK), les sérums de patients marquent en plusieurs séries relativement anciennes [61, 62] semble correspondre
IFI des substrats habituellement non marqués par les sérums de le plus souvent à des hémopathies (leucémie lymphoïde chro-
pemphigus vulgaire ou superficiel : vessie de rat (qui est le sub- nique [LLC], lymphome non hodgkinien, maladie de Hodgkin,
strat le plus sensible et le plus spécifique [38] ) (Fig. 10), intestin histiocytose maligne, mycosis fongoïde) et un certain nombre
grêle, foie (canalicules biliaires) ou myocarde de rat (stries scalari- de cas correspondaient probablement à des pemphigus paranéo-
formes). L’examen en IME montre des dépôts d’IgG et de C3 sur plasiques. Les tumeurs solides (le plus souvent sein, poumon et
les desmosomes ainsi que sur les hémidesmosomes [47] . Au niveau peau, mais tous les organes peuvent être touchés : foie, ovaire,
des desmosomes, le marquage intéresse à la fois la desmoglie et utérus, tractus urinaire, œsophage, estomac, pancréas, rectum,
les plaques desmosomales. L’examen en IME n’a pas d’utilité en tumeur carcinoïde, système nerveux, muscle, etc.) sont le plus
pratique courante. souvent associées à des pemphigus vulgaires, plus rarement à des
Immunoblot et Elisa. L’examen en immunoblot ou en pemphigus superficiels et exceptionnellement à des pemphigus
immunoprécipitation montre la présence d’anticorps dirigés paranéoplasiques [38] . Les thymomes sont observés à la fois chez les
contre un complexe antigénique [37, 48, 49] correspondant à des pro- patients atteints de pemphigus foliacé, érythémateux et vulgaire.
téines de la famille des plakines (DSPK1-2) (250–210 kDa) [50] , La plupart des patients porteurs d’une tumeur non thymique
BP 230 correspondant à l’antigène majeur de la pemphigoïde voient leur pemphigus se développer avant que le diagnostic de
bulleuse (230 kDa) [51] , envoplakine (ENV) (210 kDa), péripla- cancer ne soit fait, alors que les thymomes se développent, dans
kine (PPL) (190 kDa), plus rarement epiplakine et plectine et la majorité des cas, avant que n’apparaisse le pemphigus. Dans
à des protéines de la famille des cadhérines (DSG1, DSG3 des- certains cas, le pemphigus apparaît même après thymectomie.
mocollines) [52, 53] . D’autres protéines épidermiques peuvent être Il est souvent associé à une myasthénie [62] . Cette association
reconnues par les autoanticorps notamment la protéine BP180 entre pemphigus et cancer pose un certain nombre de ques-
(collagène XVII) et la protéinase inhibitor α2-macroglobulin-like. Les tions quant aux mécanismes physiopathologiques pouvant les
anticorps le plus fréquemment retrouvés en immunotransfert sont relier. Une hypothèse repose sur le développement d’une réaction

EMC - Dermatologie 7
98-250-A-10  Pemphigus

antitumorale croisant avec les antigènes kératinocytaires. Une L’association à la myasthénie est particulière puisqu’il existe, dans
anomalie de régulation du cycle cellulaire (anomalie de l’apoptose deux tiers des cas, un thymome [62] .
par exemple) pourrait à la fois être à l’origine d’une prolifération Pemphigus et virus de l’immunodéficience humaine (VIH)
tumorale et d’un défaut d’élimination de clones lymphocytaires
Quelques cas de pemphigus herpétiforme ou végétant associés
autoréactifs. Enfin, on ne peut exclure qu’une partie des cancers
à l’infection par le virus du VIH sont décrits dans la littérature.
associés au pemphigus relève d’une association fortuite.
Ces observations correspondent probablement à des associations
fortuites.
Pemphigus endémiques
Formes de passage et chevauchement
Pemphigus endémique brésilien ou « fogo selvagem »
Le pemphigus foliacé endémique appelé « fogo selvagem » Des formes de passage entre pemphigus vulgaire et pemphigus
(« feu de forêt » en portugais) est un type de pemphigus super- superficiel ont été décrites : soit des pemphigus vulgaires évoluant
ficiel touchant préférentiellement le Centre-Ouest du Brésil mais vers des pemphigus superficiels [67] , soit, plus rarement, des pem-
aussi certains autres pays d’Amérique du sud, mentionné pour phigus superficiels évoluant vers des pemphigus vulgaires [68] . Par
la première fois en 1768 par François Boissier de Sauvages. Il ailleurs, un certain nombre de caractéristiques cliniques et histo-
touche les enfants et les jeunes adultes des zones rurales. Il existe logiques sont communes au pemphigus vulgaire et au pemphigus
également des cas familiaux. L’étiologie est probablement mul- paranéoplasique qui se présentent tous deux avec des lésions
tifactorielle impliquant des facteurs génétiques, immunitaires et muqueuses sévères et une acantholyse suprabasale [38] . Ces formes
environnementaux notamment les piqûres d’insectes hémato- de passage et ces caractéristiques communes sont à mettre en
phages. Il a en particulier été montré que les anticorps anti-Dsg1 parallèle avec le chevauchement de la réponse auto-immune, la
avaient une réactivité croisée avec une protéine de la salive Dsg3 étant un antigène-cible commun au pemphigus vulgaire et
de la mouche noire sévissant dans ces régions endémiques. au pemphigus paranéoplasique, et la Dsg1 étant reconnue à la
Les caractéristiques cliniques, immunologiques et histopatholo- fois par les anticorps de pemphigus superficiel et les anticorps de
giques sont proches du pemphigus foliacé sporadique. Certaines certains pemphigus vulgaires et de certains pemphigus paranéo-
formes peuvent être localisées se rapprochant du pemphigus plasiques (cf. infra).
séborrhéique. Le traitement se rapproche de celui du pemphi-
gus sporadique : corticothérapie orale, immunosuppresseurs, et Pemphigus et terrain
rituximab [63] . Pemphigus de l’enfant
C’est une maladie rarissime chez l’enfant à l’exception du pem-
Pemphigus endémique tunisien phigus foliacé endémique d’Amérique du sud. Seuls quelques cas
La forme endémique de pemphigus observée dans le sud de la sont décrits dans la littérature chez des enfants d’âge moyen
Tunisie a été décrite pour la première fois en 1993 par Morini (12 ans). La maladie a également été décrite chez des jumeaux
et al. [64] . Cette forme touche principalement les jeunes femmes monozygotes, illustrant le rôle important joué par le terrain
des zones rurales et avec un âge plus jeune et une prédominance génétique. Tous les types de pemphigus ont été décrits chez
de formes superficielles de pemphigus. Cette forme de pemphi- l’enfant (pemphigus vulgaire, pemphigus végétant, pemphigus
gus a également été décrite dans d’autres pays du Sahel, ainsi érythémateux, pemphigus foliacé, pemphigus à IgA, pemphigus
que dans plusieurs pays d’Afrique sub-saharienne. La prédomi- herpétiforme, pemphigus paranéoplasique, pemphigus induit)
nance de pemphigus superficiels n’est réellement observée que avec cependant, comme chez l’adulte, une prédominance de
dans les régions rurales du sud tunisien tandis que la réparti- pemphigus vulgaires. Certains auteurs ont suggéré le rôle des
tion entre les pemphigus superficiels et vulgaires dans la ville de virus du groupe herpès ou du cytomégalovirus (CMV) dans le
Tunis est proche de celle observée en Europe. Des facteurs géné- déclenchement de la maladie, mais ces données demandent à
tiques et environnementaux semblent également impliqués [65] . être démontrées. Le pronostic est classiquement meilleur car la
Comme dans le pemphigus endémique brésilien, il a été mon- maladie reste souvent localisée et est parfois sensible aux seuls
tré une réactivité croisée entre les anticorps anti-Dsg1 et certains dermocorticoïdes. En cas de diagnostic tardif, elle peut cependant
antigènes leishmaniens, expliquant la fréquence de ce type de évoluer vers des formes extensives nécessitant des traitements sys-
pemphigus dans les régions rurales du sud tunisien. Il a été d’autre témiques (corticoïdes, immunosuppresseurs).
part montré que des anticorps anti-Dsg1 étaient observés chez
Pemphigus et grossesse
20 % des apparentés familiaux de ces patients indemnes de la
maladie [66] . La survenue d’un pemphigus au cours de la grossesse est
une éventualité rare mais possible puisque plusieurs cas ont été
décrits [69, 70] . La maladie peut survenir à n’importe quel stade de la
grossesse ou lors du post-partum. Dans certains cas, le pemphigus
Formes particulières de pemphigus récidive à chaque grossesse. Les complications rencontrées sont
Associations liées à la fois à la maladie et à son traitement. La mort fœtale sur-
vient dans 14 à 27 % des cas justifiant donc une surveillance fœtale
Pemphigus et maladies auto-immunes accrue [71] . Chez les patientes atteintes de pemphigus vulgaire,
Un certain nombre de maladies auto-immunes ont été décrites il existe un risque de pemphigus néonatal par passage transpla-
en association aux pemphigus, qu’il s’agisse des pemphigus centaire des IgG maternelles. La maladie, qui peut mimer une
superficiels ou vulgaires : lupus érythémateux disséminé, polyar- épidermolyse bulleuse héréditaire, guérit spontanément en 2 à
thrite rhumatoïde, syndrome de Gougerot-Sjögren, sclérodermie, 3 semaines avec l’élimination des anticorps maternels. Curieuse-
pelade, thyroïdite auto-immune, anémie hémolytique auto- ment, aucun cas de pemphigus néonatal n’a été décrit au cours
immune, anticoagulant circulant antifacteur VIII, sclérose en du pemphigus superficiel, bien que certains enfants puissent pré-
plaques, maladie d’Addison. L’association d’un pemphigus et senter des dépôts interkératinocytaires d’IgG en IFD.
d’une polyarthrite rhumatoïde est probablement également liée,
chez certains patients, à la prise de D-pénicillamine. Des associa- Pemphigus et facteurs exogènes
tions à d’autres maladies bulleuses auto-immunes sont également
rapportées, notamment avec la pemphigoïde bulleuse et la pem- Traumatismes
phigoïde cicatricielle. Enfin, des syndromes associant de multiples Plusieurs cas de pemphigus développés sur cicatrices chirurgi-
maladies auto-immunes ont été décrits (pemphigus, lupus éry- cales ont été rapportés, faisant parler de phénomène de Köbner.
thémateux disséminé, syndrome de Gougerot-Sjögren, anémie Ces cas étaient soit localisés à la cicatrice, soit s’étendaient au-delà.
hémolytique auto-immune, anticorps antithyroïdiens). Ces asso- Il s’agissait soit de pemphigus apparu de novo, soit de récidives
ciations semblent donc indiquer qu’une anomalie commune de la induites par le traumatisme. Un phénomène de Köbner a éga-
régulation du système immunitaire vraisemblablement d’origine lement été rapporté après « peeling », brûlures thermiques et
génétique peut conduire à différentes maladies auto-immunes. électrocoagulation.

8 EMC - Dermatologie
Pemphigus  98-250-A-10

Radiations suppresseurs conventionnels (cyclophosphamide, azathioprine,


Radiations ionisantes. Des cas de pemphigus radio-induits mycophénolate mofétil) ont initialement été utilisés dans les
sont décrits dans la littérature. Il s’agit de cas directement pro- formes corticorésistantes ou corticodépendantes. Leur utilisation
voqués par la radiothérapie ou radioaggravés [72–75] . Le délai de comme traitement adjuvant de première intention n’a que rare-
survenue est de quelques semaines à 1 an. Le siège initial des ment montré leur intérêt. Une méta-analyse poolant l’ensemble
lésions se situe dans la zone irradiée, puis l’éruption s’étend des immunosuppresseurs a cependant montré que leur utilisation
secondairement. L’évolution est habituellement favorable sous permettait de diminuer le taux de rechutes d’environ 30 % [81] . Le
corticothérapie. L’existence quasi constante d’une néoplasie sous- rituximab (anticorps monoclonal dirigé contre la molécule CD20
jacente pose cependant le problème du rôle relatif du cancer et de des lymphocytes B) a également été initialement utilisé chez les
son traitement dans l’induction du pemphigus. patients atteints de pemphigus corticodépendant ou corticorésis-
Ultraviolets (UV) et Psoralen And Ultraviolet A (PUVA). tant [82–89] . Il a été montré plus récemment que son utilisation
Quelques observations pourraient indiquer un rôle possible des en première intention permettait d’utiliser d’utiliser une dose ini-
UV dans l’induction d’un pemphigus. En effet, un cas de pem- tiale de corticoïdes moindre et surtout de diminuer rapidement la
phigus foliacé aggravé après exposition aux ultraviolet B (UVB) corticothérapie générale [90, 91] . En particulier, une étude randomi-
a été rapporté, de même qu’un cas induit par un coup de soleil. sée a montré que l’utilisation du rituximab permettait d’obtenir
Par ailleurs, il arrive que les lésions prennent une disposition pho- un taux de rémission complète sevrée de corticothérapie géné-
todistribuée. Il a également été décrit l’observation d’un patient rale proche de 90 % à 2 ans et d’arrêter la corticothérapie après
atteint de psoriasis et traité par PUVA thérapie qui a développé, seulement 6 mois de traitement chez 70 % des malades [92] .
au bout de 48 heures, un pemphigus se généralisant en 5 jours,
mais respectant le cuir chevelu et la bouche qui n’avaient pas été
exposés aux Ultraviolet A (UVA). Enfin, une étude expérimentale
Conduite générale du traitement
montre l’augmentation des anticorps fixés in vivo 5 à 24 heures Le choix des traitements dépend de la sévérité de la maladie [13]
après irradiation. qui doit donc être évaluée par les scores PDAI ou ABSIS [10] ainsi
Virus que par des critères propres : intensité de l’atteinte muqueuse
gênant l’alimentation (et comportant donc un risque de dénutri-
Le virus herpès simplex joue souvent, comme dans toute der-
tion) ; étendue des lésions cutanées (à l’origine de déperditions
matose acantholytique (cf. maladie de Hailey-Hailey et maladie
caloriques, de déshydratation et de surinfection) ; taux élevé
de Darier), le rôle d’infection opportuniste. Cependant, dans cer-
d’anticorps circulants anti-Dsg en Elisa, éventuelles comorbidités
tains cas, l’infection virale précède la survenue du pemphigus et
susceptibles de se décompenser.
certains auteurs évoquent donc un potentiel rôle inducteur. De
Le traitement s’articule en deux phases : le traitement d’attaque
plus, deux cas de pemphigus faisant suite à une primo-infection au
est destiné à contrôler la maladie [93] ; le traitement d’entretien
virus d’Epstein-Barr et à CMV ont été décrits. Une étude a montré
comporte une phase de consolidation puis une phase de décrois-
la présence plus fréquente d’ADN de HHV-8 dans la peau et dans
sance progressive, visant à maintenir la rémission complète. Le
les cellules mononucléées du sang périphérique ainsi que d’IgG
but du praticien est donc de maintenir la rémission tout en mini-
sériques spécifiques d’oligopeptides d’HHV-8 chez les malades
misant les doses et les effets secondaires de la corticothérapie et
atteints de pemphigus que chez des individus sains [76] .
des traitements adjuvants.
Facteurs de contact Le suivi du traitement repose sur l’évolution des signes cli-
De rares observations de pemphigus développés après derma- niques et paracliniques, en particulier le taux des autoanticorps
tite de contact à différents produits (teinture de benjoin, solvants qui suit habituellement l’activité de la maladie [94] et constitue
industriels, produits de jardinage, de nettoyage à sec, de déve- un bon indicateur de la réponse au traitement et du risque de
loppement photographique, pesticides, anti-inflammatoires non récidive [16] . En fin de traitement, la persistance d’un taux rési-
stéroïdiens) ont été rapportées. duel d’anticorps anticorps circulants fait craindre la survenue
d’une rechute, surtout si ce taux est élevé. Il est alors prudent
Aliments
de ne pas interrompre le traitement pour éviter la survenue d’une
En 1994, Brenner et Wolf attirent l’attention sur les plantes rechute [95] . Cependant, alors qu’il existe un parallélisme strict
du groupe allium (oignon, ail, poireaux) contenant de nom- entre la persistance d’anticorps anti-Dsg1 et le risque de survenue
breux constituants possédant des groupes thiols et disulfides qui de rechute cutanée [96–98] , cette relation est moins stricte pour les
pourraient induire et aggraver un pemphigus au même titre que anticorps anti-Dsg3 qui peuvent persister à des taux parfois relati-
les médicaments thiolés [77] . Des études in vitro ont confirmé vement élevés chez des malades indemnes de lésions muqueuses.
le pouvoir des allyls et des tannins qui sont en outre capables Ainsi, alors que des titres d’anticorps anti-Dsg1 supérieurs à 20 UI
d’augmenter la prolifération et la cytotoxicité de lymphocytes ont une valeur predicitive de 79 % en faveur d’une rechute cuta-
T [78] . Le rôle réel des aliments dans l’induction d’un pemphigus née, seuls des titres supérieurs à 130 UI d’anticorps anti-Dsg3 ont
n’est cependant pas clairement établi. une forte VPP (84 %) en faveur d’une atteinte muqueuse. Une
Stress surveillance semestrielle du taux d’anticorps est indiquée.
Le rôle des facteurs psychologiques est bien connu dans Certains auteurs proposent également de réaliser une biopsie
l’induction et les rechutes de nombreuses maladies auto- cutanée en peau saine pour examen en IFD. En effet, s’il persiste
immunes, mais peu de cas sont en fait rapportés. Une des anticorps fixés in vivo, le risque de rechute serait augmenté,
psychothérapie de soutien peut être utile dans cette maladie chro- alors qu’en cas de négativité de l’IFD, le taux de rechute à l’arrêt
nique et récidivante ayant fréquemment un retentissement sur la du traitement est inférieur à 25 %.
vie quotidienne des patients [79] .
Moyens thérapeutiques
 Traitement Traitements locaux
La corticothérapie locale ne peut être considérée que comme
La corticothérapie constitue la base du traitement du pem- un traitement d’appoint au cours du pemphigus. Elle peut être
phigus [80] . Cependant, son utilisation, souvent prolongée et à utilisée dans des formes très limitées de pemphigus superficiels le
fortes doses, est grevée d’une morbidité et d’une mortalité iatro- plus souvent en association avec la dapsone (Disulone® ). Elle peut
gènes importantes, rendant compte d’une part significative de la également être utilisée dans les atteintes buccales ou génitales très
mortalité résiduelle de la maladie. C’est la raison pour laquelle limitées au cours du pemphigus vulgaire.
d’autres thérapeutiques (rituximab, immunosuppresseurs, dap- En cas d’atteinte buccale, les corticoïdes locaux peuvent être
sone, immunoglobulines intraveineuses, etc.) ont été proposées utilisés en mélangeant un dermocorticoïde de niveau I ou II dans
avec pour double but de diminuer les doses de corticoïdes et une pâte adhésive (Corega® , Orabase® ). Des bains de bouche avec
d’augmenter l’efficacité thérapeutique. Les traitements immuno- une solution contenant un comprimé effervescent à 20 mg de

EMC - Dermatologie 9
98-250-A-10  Pemphigus

Solupred® dilué dans de l’eau sont parfois proposés. Cette solution À la suite de cette étude, le rituximab a reçu une autorisation de
doit être recrachée après quelques minutes si l’on veut éviter les mise sur le marché (AMM) aux États-Unis et en Europe dans les
effets secondaires de la corticothérapie générale. formes modérées à sévères de pemphigus vulgaire.
L’efficacité du rituximab dans les pemphigus superficiels est
Traitements systémiques vraisemblable et a été suggérée dans quelques études montrant
cependant un taux de rémission complète moindre que dans les
Ils présentent presque tous des effets secondaires potentielle-
pemphigus vulgaires. L’étude randomisée française n’ayant inclus
ment sévères et nécessitent donc une surveillance particulière. Le
qu’un nombre limité de pemphigus de faible étendue, le rituximab
très faible nombre d’études contrôlées rend difficile la détermina-
n’a pas eu d’AMM dans cette indication. Son utilisation semble
tion précise de leurs indications, excepté pour le rituximab.
cependant permettre une diminution très rapide de la cortico-
Corticothérapie générale thérapie et un sevrage en 3 mois voire l’utilisation d’une simple
La dose de prednisone habituellement utilisée en traitement corticothérapie locale dans ces formes peu sévères [91, 112] .
d’attaque varie de 0,5 à 1,5 mg/kg par jour en fonction de Les principaux effets secondaires du rituximab sont des réac-
l’étendue des lésions cutanéo-muqueuses, de la possibilité ou pas tions à la perfusion (hypotension ou hypertension, malaise,
d’utiliser ou pas le rituximab et des comorbidités du patient. réaction allergique) qui sont habituellement prévenus par
En cas d’utilisation du rituximab, la dose initiale de prednisone l’injection préalable de corticoïdes en intraveineux et qui cèdent
est de 0,5 mg/kg par jour dans les pemphigus peu sévères et de habituellement à l’arrêt ou au ralentissement de la perfusion et
1 mg/kg par jour dans les pemphigus étendus. Une fois le contrôle ne contre-indiquent pas l’utilisation ultérieure du rituximab. Les
de la maladie obtenu, les doses de prednisone sont diminuées sur autres effets secondaires sont essentiellement de nature infec-
3 mois dans les pemphigus peu sévères et sur 6 à 8 mois dans les tieuse, pouvant être favorisés par une lymphopénie B et/ou une
pemphigus étendus. En cas de non-contrôle, ces doses initiales hypogammaglobulinémie persistante. Celle-ci est cependant très
peuvent être augmentées par paliers jusqu’à 1,5 mg/kg par jour. rare, les taux d’IgG restant habituellement stables pendant les
Lorsque le rituximab n’est pas disponible ou contre-indiqué, mois qui suivent le traitement. Quelques effets secondaires héma-
la dose initiale de prednisone est habituellement de 1 mg/kg par tologiques (anémie, neutropénie, thrombopénie) ont également
jour dans les pemphigus peu sévères et de 1 à 1,5 mg/kg par jour été décrits. De rares cas de réactivations virales (hépatite B et
dans les pemphigus étendus, souvent associée à un immunosup- C) [113, 114] ont été décrits nécessitant la verification du statut séro-
presseur conventionnel (le plus souvent mycophénolate mofétil logique avant traitement.
ou azathioprine). La durée de décroissance de la corticothérapie La survenue de leuco-encéphalopathie multifocale progressive
est alors beaucoup plus longue que chez les patients traités par est un effet secondaire très grave le plus souvent mortel qui a
rituximab, de l’ordre de 18 mois à 3 ans en moyenne [99] . été décrit chez des patients atteints de lymphome traités par une
Les bolus de méthylprednisolone (Solumedrol 500 mg en intra- association de rituximab et de chimiothérapie, chez des patients
veineux 3 jours de suite) ne sont plus utilisés que dans les formes atteints de polyarthrite rhumatoïde, mais à ce jour chez aucun
très sévères, immédiatement menaçantes, souvent en association malade atteint de pemphigus.
aux immunoglobulines (Ig) intraveineuses. Les contre-indications au rituximab sont une hypersensibi-
lité connue au rituximab, une infection sévère et/ou évolutive,
Rituximab un déficit immunitaire sévère, une insuffisance cardiaque sévère
Le rituximab est un anticorps monoclonal dirigé contre la (NYHA Classe IV) ou une maladie cardiaque sévère non contrô-
molécule CD20 des lymphocytes B (LB) qui induit une déplé- lée [115] .
tion lymphocytaire B durant 6 à 18 mois en moyenne [100] . Le Le rituximab ne doit pas être administré à la femme enceinte,
rituximab pourrait également agir sur les lymphocytes T spéci- du fait d’un risque de faiblesse de l’immunité chez l’enfant à naître
fiques des desmogléines [96] . Bien que des rémissions prolongées pendant les 6 premiers mois de vie, excepté dans des cas extrêmes.
aient été décrites après un seul de rituximab, 60 à 80 % des Une contraception efficace est recommandée pendant le traite-
patients rechutent à moyen terme justifiant l’utilisation de per- ment et jusqu’à un an après le traitement [115] . Actuellement, il
fusions d’entretien dont les doses, le nombre et la périodicité ne n’existe aucune donnée sur le retentissement d’un traitement par
sont pas clairement établies actuellement [101] . rituximab sur la fertilité mais un avis auprès d’un Centre d’Études
Le traitement d’attaque par rituximab peut être administré et de Conservation des Œufs et du Sperme (CECOS) peut être
selon deux protocoles : le protocole rhumatologique consistant nécessaire.
en deux perfusions de rituximab à la dose de 1 g à j1 et j15 et le Le bilan pré-thérapeutique comprend : une numération for-
protocole hématologique avec administration de rituximab à la mule sanguine, un ionogramme sanguin, un dosage de la
posologie de 375 mg/m2 de façon hebdomadaire pendant 1 mois. créatinine et des enzymes hépatiques (ASAT, ALAT, gammaGT,
Utilisé en perfusion intraveineuse, selon le schéma 1 g j0 et j15, PAL), un dosage de la protéine C réactive, les sérologies virales
son efficacité a été montrée par de nombreuses études totalisant [VIH, « viral hepatitis B » (VHB), « viral hepatitis C » (VHC)],
plus de 1000 malades [102–105] . le dosage des beta-human chorionic gonadotropin (beta-HCG) s’il
Une étude randomisée comparant un schéma de corticothéra- s’agit d’une femme en âge de procréer, un typage lymphocytaire
pie standard (dose initiale de prednisone de 1 à 1,5 mg/kg par jour CD4-CD8, une électrophorèse des protéines plasmatiques, une
avec décroissance sur 12 à 18 mois) par rapport à une corticothéra- radiographie thoracique et une évaluation cardiaque (électrocar-
pie à dose initiale réduite (0,5 à 1 mg/kg/j de prednisone) avec une diogramme ± échographie cardiaque si sujet âgé ou insuffisance
décroissance sur 3 à 6 mois) associée au rituximab (2 g intialement cardiaque connue).
puis 500 mg à M12 et M18) a montré un net bénéfice en terme Avant chaque perfusion, une biologie comprenant une numé-
de taux de rémission sevré de toute corticothérapie (89 % versus ration formule sanguine, un bilan hépatique, un ionogramme
34 %) tout en divisant par trois la dose cumulée de corticoïdes sanguin et un dosage de la créatinine est nécessaire ainsi qu’un
et en divisant par deux le nombre de rechutes et d’effets secon- électrocardiogramme et un examen clinique complet éliminant
daires graves. Il a été montré récemment que les patients ayant tout signe d’infection.
initialement un score PDAI supérieur ou égal à 45 et/ou gardant Avant de débuter le traitement, les patients doivent être à jour
des taux élevés d’anticorps anti-Dsg trois après le premier cycle de leurs vaccinations et une vaccination antigrippale (annuelle)
de Rituximab (supérieurs ou égal à 20 UI/ml pour les anticorps et antipneumococcique (tous les 5 ans) sont recommandées [116] .
anti-Dsg 1 et supérieurs ou égal à 130 UI/ml pour les anticorps Les vaccins vivants sont contre-indiqués pendant le traitement
anti-Dsg 3) avaient un risque de rechute important (VPP = 50 % par rituximab [116] .
et VPN = 94 %), ce qui justifie probablement la réalisation d’un En cas d’antécédent de cancer récent (moins de 5 ans) ou de
cycle de rituximab au sixième mois [106] . En cas de rechute cli- cancer actif, un avis oncologique est souhaitable avant de débuter
nique, certaines équipes ont proposé un nouveau cycle complet le traitement par rituximab.
de rituximab [98, 107–109] . D’autres suggèrent un traitement « allégé » Le rituximab ne doit en principe pas être associé à un autre
avec une perfusion unique de rituximab à la dose de 1 g ou de immunosuppresseur. L’association du rituximab à un immuno-
500 mg [110, 111] . suppresseur conventionnel doit être réservée uniquement aux

10 EMC - Dermatologie
Pemphigus  98-250-A-10

formes très sévères non contrôlées par le rituximab et la corti- sur 2 ou 5 jours, essentiellement dans les formes particulièrement
cothérapie. sévères de pemphigus ne répondant pas aux fortes doses de cor-
L’intérêt de l’association du rituximab à des perfusions d’Ig ticothérapie générale. Dans ces formes, les Ig intraveineuses sont
intraveineuses dont n’est pas clairement montré [82] . Des études généralement associées au rituximab. Leur intérêt est de permettre
ouvertes suggèrent que l’utilisation des Ig intraveineuses permet- une action rapide tandis que le rituximab a un délai d’action de
trait d’éviter la survenue d’effets secondaires infectieux [82] . Il faut 2 à 3 mois. L’intérêt des Ig intraveineuses utilisées de façon systé-
cependant souligner que les Ig intraveineuses ont leurs effets matique comme traitement adjuvant en première ligne n’est pas
secondaires propres (méningites aseptique, insuffisance rénale montré actuellement.
aigue, thromboses vasculaires, etc.). Le traitement nécessite certaines précautions (contrôle des fonc-
tions rénales et hépatiques, de la numération, recherche de déficit
Immunosuppresseurs
en IgA, d’un facteur rhumatoïde et d’une cryoglobulinémie). Les
Il existe peu d’arguments en faveur de l’adjonction systéma- effets secondaires ne sont pas rares, notamment des méningites
tique d’un traitement immunosuppresseur à la corticothérapie en aseptiques ou la survenue d’une insuffisance rénale en particulier
première intention. chez les patients âgés. Enfin, le coût très élevé du traitement et
Une méta-analyse ayant collégié toutes les études randomi- la difficulté d’obtenir les Ig intraveineuses en limitent les indica-
sées testant un schéma associant un immunosuppresseur et une tions. Une étude randomisée récente chez des patients traités par
corticothérapie versus corticothérapie seule ne montre aucun de faibles doses de prednisone (20 mg/j) montre que l’utilisation
bénéfice de l’adjonction d’un immunosuppresseur sur le taux des Ig intraveineuses retarde le délai après lequel la corticothéra-
de contrôle de la maladie ou le taux de rémission. Collective- pie doit être augmentée chez des malades dont le pemphigus n’est
ment, l’adjonction d’un immunosuppresseur permet de diminuer pas contrôlé par cette faible dose de prednisone (20 mg/j) [137] .
le risque de rechute d’environ 30 %, cependant cet effet bénéfique
n’a pu être montré dans aucune des études testant un immuno-
suppresseur en particulier [99] . Mesures associées
En pratique, les deux immunosupresseurs conventionnels les Un soin particulier doit être apporté au maintien d’un équi-
plus utilisés sont le mycophénolate mofétil (Cellcept® ) [117–126] et libre nutritionnel et hydroélectrolytique satisfaisant, du fait de la
l’azathioprine (Imurel® ) [127] . Ce dernier médicament semblant gêne à l’alimentation occasionnée par les lésions muqueuses, et
avoir plus de toxicité hépatique. Le cyclophosphamide n’est plus d’autre part des pertes caloriques et protéiques en cas de lésions
que très rarement utilisé du fait de son effet oncogène (leucémie, cutanées étendues. En effet, la dénutrition entraîne un retard à la
carcinomes vésicaux), de ses effets secondaires sur la reproduction cicatrisation et favorise les surinfections.
et de sa médiocre tolérance hématologique. Le méthotrexate et la Des soins locaux adaptés aux lésions cutanées (antiseptiques et
ciclosporine ne sont pas recommandés actuellement. asséchants) sont également prescrits en se méfiant de leur causti-
Dapsone (Disulone® ) cité éventuelle.
Les mesures habituelles associées à la corticothérapie générale
La Disulone® est classiquement réputée pour avoir une cer-
sont mises en œuvre (régime peu salé, traitement vitamino-
taine efficacité dans certaines formes de pemphigus superficiels,
calcique éventuellement complété par des biphosphonates en
en particulier dans les formes limitées avec un titre faible
fonction des données de l’ostéodensitométrie, supplémentation
d’autoanticorps. Dans ces formes elle peut être essayée dans un
potassique).
premier temps en monothérapie ou en association à une cortico-
En cas d’atteinte buccale, une hygiène locale stricte est néces-
thérapie locale forte [128] . Les doses utilisées sont variables d’une
saire comportant la réalisation de bains de bouche avec des
étude à l’autre (de 50 à 150 mg/j). Cependant, une étude française
antiseptiques, dilués afin de minimiser leur causticité. Les dentiers
montre qu’à moyen terme trois quarts des malades ayant intia-
doivent être soigneusement ajustés afin de prévenir les trauma-
lement été contrôlés par la disulone ont rechuté et nécessité une
tismes ; des recommandations détaillées sur les soins locaux des
corticothérapie systémique [99] .
atteintes buccales ont été établies par le centre de référence des
Une petite étude randomisée n’a pas pu montrer d’effet d’éparge
maladies bulleuses auto-immunes et sont consultables sur le site
cortisonique qui est pourtant souvent allégué [129] .
de l’HAS (https://www.has-sante.fr/jcms/c 2636265/fr/maladies-
Immunomodulateurs bulleuses-auto-immunes-pemphigus). En cas de gingivite érosive,
Plasmaphérèses. Immunoadsorption. Les plasmaphérèses un détartrage des collets dentaires est souhaitable. Pour les
consistent, par des techniques d’échange plasmatique, à éliminer lésions très douloureuses gênant l’alimentation, l’utilisation
les anticorps à l’origine de la maladie [130, 131] . Du fait d’un rebond d’anesthésiques locaux permet le maintien d’un bon état nutri-
de la production des autoanticorps après les plasmaphérèses, ce tionnel. La Xylocaïne® est la plus efficace mais comporte
traitement ne peut être utilisé qu’en association aux immunosup- l’inconvénient d’entraîner une agueusie. En cas d’atteinte ocu-
presseurs. D’autre part, leur utilisation est limitée par la nécessité laire, le recours aux larmes artificielles et aux pommades
d’une grosse voie veineuse et des problèmes de tolérance notam- ophtalmiques à la vitamine A est souvent nécessaire, ainsi que
ment infectieux [132] . le traitement local des surinfections.
Les plasmaphérèses sont actuellement quasi abandonnées, les
formes les plus sévères de pemphigus étant actuellement trai-
tées par l’association de rituximab et d’Ig intraveineuses. Des Indications
techniues d’immunoadsorption spécifique des IgG sur différents
substrats (tryptophane, phénylalanine, Ig de mouton anti-IgG
Règles générales d’utilisation
humaines) ont comme principal avantage une meilleure tolérance La corticothérapie générale seule n’est plus recommandée en
hémodynamique mais sont grevées d’effets secondaires infectieux première intention. L’utilisation du rituximab depuis quelques
notamment en cas de nécessité d’utiliser une voie veineuse cen- années a justifié l’actualisation des recommandations françaises
trale. Cette technoique est actuellement essentiellement utilisée et internationales de traitement.
en Allemagne [133, 134] . Le choix du traitement se fait en fonction :
Gammaglobulines intraveineuses (Ig intraveineuses). Plu- • de l’étendue des lésions cutanées ou muqueuses ;
sieurs études ouvertes suggèrent une efficacité des Ig polyvalentes • de la gêne fonctionnelle ;
à forte dose, comme traitement adjuvant des pemphigus vulgaire • du type de pemphigus ;
et superficiel [135] . Une seule étude randomisée a été réalisée ne per- • du taux d’anticorps anti-Dsg dans le sérum ;
mettant pas de définir précisément la place de ce traitement dans • de l’âge et des éventuelles comorbidités.
la mesure où l’étude ne montre qu’un allongement de quelques Les recommandations pour l’utilisation de ces traitements ont
semaines du délai nécessitant une augmentation de la corticothé- été précisées par un consensus d’experts français et internatio-
rapie entre le bras Ig intraveineuses à la dose de 400 mg/kg par jour naux :
(mais pas 200 mg/kg/j) versus le bras corticothérapie seule [136] . • l’utilisation des dermocorticoïdes n’est pas recommandée, sauf
Les Ig intraveineuses sont utilisées à la dose de 2 g/kg, réparties dans de très rares cas de pemphigus vulgaire ou superficiel très

EMC - Dermatologie 11
98-250-A-10  Pemphigus

limités avec peu ou pas d’anticorps anti-desmogléines circu- Pemphigus à IgA


lant ; Comme dans la pustulose sous-cornée, le médicament le plus
• la dapsone n’est indiquée que dans les formes limitées de constamment efficace est la Disulone® , habituellement associée à
pemphigus superficiel, ne relevant pas d’une corticothérapie une corticothérapie locale forte, avec cependant des cas de résis-
générale ; tance, en particulier en cas d’association à une gammapathie.
• le rituximab a une AMM en première intention, associé à une Les corticoïdes per os et le rituximab peuvent être proposés en
corticothérapie générale de courte durée (3 à 6 mois) dans fonction de la sévérité des lésions.
les pemphigus modérés à sévères (PDAI > 15). Des perfusions
Pemphigus paranéoplasique
d’entretien sont nécessaires pour éviter la survenue de rechutes ;
• les bolus intraveineux de Solumédrol® ainsi que les Ig polyva- Le traitement de la tumeur ou de l’hémopathie associée consti-
lentes et/ou l’immunoadsorption ne sont indiqués que pour tue le premier volet du traitement mais est rarement suffisant
le contrôle des formes particulièrement sévères, en attendant (sauf en cas de tumeur bénigne, de type thymome ou tumeur de
l’efficacité retardée du rituximab. Castleman). Un traitement spécifique du pemphigus est toujours
associé. L’évolution du pemphigus paranéoplasique est en fait très
variable, certaines formes ayant une évolution rapidement favo-
Indications en fonction du type de pemphigus rable et d’autres une évolution particulièrement réfractaire aux
Pemphigus vulgaire et végétant différents traitements. Le rituximab est quasi systématiquement
Dans les formes peu sévères. Dans les formes peu sévères utilisé en association avec une corticothérapie systémique.
(PDAI < 15, surface corporelle < 5 %), un traitement par dermo-
corticoïdes de niveau d’activité très fort (propionate de clobétasol)
peut être utilisé seul dans les formes très pauci lésionnelles et
lorsque les taux d’Ac circulants sont très faibles ou nuls. En cas de
lésions plus étendues ou d’échec des dermocorticoïdes, un trai-
“ Points essentiels
tement par rituximab (1 g à j0 et j15 ou 375 mg/m2 une fois • Le pemphigus est une maladie bulleuse auto-immune
par semaine pendant 4 semaines en cas d’IMC < 18,5 kg/m2 ou
> 30 kg/m2 ) est nécessaire. Le rituximab sera alors employé seul ou rare touchant la peau et les muqueuses, caractérisée par un
en association à une courte corticothérapie générale (prednisone clivage intraépidermique et la production d’autoanticorps
0,5 mg/kg/j) d’une durée de 3 à 4 mois. dirigés contre des protéines desmosomales : les desmo-
Dans les formes modérées à sévères. Dans les formes modé- gléines.
rées à sévères de la maladie (PDAI > 15, surface corporelle > 5 %, • La classification des pemphigus repose sur l’aspect cli-
atteinte pluri-muqueuse), une hospitalisation est le plus souvent nique, le niveau de clivage histologique et l’identification
souhaitable afin d’instaurer le traitement qui reposera en première de l’antigène-cible des autoanticorps : pemphigus
intention sur le rituximab (1 g à j0 et j14 ou 375 mg/m2 une fois profonds, pemphigus superficiels, pemphigus paranéopla-
par semaine pendant 4 semaines en cas d’IMC < 18,5 kg/m2 ou siques.
> 30 kg/m2 ) associé à une corticothérapie générale (prednisone • Le traitement dépend du type clinique de pemphigus
1 mg/kg/j) suivi d’une décroissance progressive avec pour objec-
tif une durée totale de corticothérapie de 6 mois. Si le rituximab et de la sévérité de la maladie. L’utilisation du rituximab
n’est pas disponible ou contre indiqué, le traitement reposera sur a transformé le pronostic de cette maladie permettant le
une corticothérapie générale seule (prednisone 1 à 1,5 mg/kg/j) ou plus souvent un sevrage rapide de la corticothérapie géné-
d’emblée associée à un immunosuppresseur conventionnel (MMF rale.
ou azathioprine).
Une seconde perfusionde rituximab pourra être sproposée à
6 mois chez des patients gardant des lésions cliniques, et chez les
patients dont les taux d’anticorps anti-desmogléines n’ont pas suf- Déclaration de liens d’intérêts : Pascal Joly est consultant pour Roche, Amgen,
fisamment baissé après la perfusion initiale de rituximab et restent Principia Biopharma, Argenx, Astra Zeneca, Sanofi-Regeneron, Innovaderm, et
supérieurs à 130 UI/ml pour les anticorps anti-Dsg 3 et 20 UI/ml Thermofisher.
pour les anticorps anti-desmogléines 1. Les autres auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec
Des perfusions d’entretien de 500 mg de rituximab à 12 et cet article.
18 mois sont recommandées y compris chez les malades en
rémission complète clinique. Les données de la littérature ne
permettent pas de recommander la réalisation de perfusions sys-  Références
tématiques de rituximab au-delà de M18 chez les patients en
rémission. Une surveillance du taux d’Ac circulants devra être réa- [1] Beutner EH, Lever WF, Witebsky E, Jordon R, Chertock B. Autoan-
lisée tous les 6 mois. La réalisation de perfusions additionnelles de tibodies in pemphigus vulgaris: response to an intercellular substance
rituximab en entretien au-delà de M18 peut être discutée notam- of epidermis. JAMA 1965;192:682–8.
ment en cas de réascension à un titre élevé des Ac circulants. [2] Bastuji-Garin S, Souissi R, Blum L, Turki H, Nouira R, Jomaa B,
et al. Comparative epidemiology of pemphigus in Tunisia and France:
Pemphigus superficiel
unusual incidence of pemphigus foliaceus in young Tunisian women.
Les formes localisées ou peu étendues (surface corporelle < 5 %, J Invest Dermatol 1995;104:302–5.
PDAI < 15) peuvent être traitées par des dermocorticoïdes forts [3] Bastuji-Garin S, Souissi R, Blum L, Turki H, Nouira R, Jomaa B,
associés à la Disulone® . Le traitement des formes plus étendues ou et al. Comparative epidemiology of pemphigus in Tunisia and France.
modérées à sévères est le même que celui exposé précédemment Incidence of foliaceus pemphigus in young Tunisian women. Ann
pour le pemphigus vulgaire. Dermatol Venereol 1996;123:337–42.
[4] Jelti L, Cordel N, Gillibert A, Lacour JP, Uthurriague C, Doutre MS,
Pemphigus herpétiforme
et al. Incidence and mortality of pemphigus in France. J Invest Der-
Le pemphigus herpétiforme répond habituellement bien à la matol 2019;139:469–73.
Disulone® seule ou en association à des dermocorticoïdes. En [5] Mignogna MD, Lo Muzio L, Galloro G, Satriano RA, Ruocco V, Bucci
l’absence de réponse, le traitement rejoint celui du pemphigus E. Oral pemphigus: clinical significance of esophageal involvement:
vulgaire ou superficiel. report of eight cases. Oral Surg Oral Med Oral Pathol Oral Radiol
Pemphigus médicamenteux Endod 1997;84:179–84.
[6] Faber WR, Neumann HA, Flinterman J. Persistent vegetating and
Ils sont très rarement observés à l’heure actuelle. Le trai- keratotic lesions in patients with pemphigus vulgaris during immu-
tement repose sur l’arrêt du médicament causal. En l’absence nosuppressive therapy. Br J Dermatol 1983;109:459–63.
d’amélioration, les pemphigus médicamenteux doivent être trai- [7] Ohta M, Yamamoto M, Utani A, Ohno S, Danno K. Pemphigus vulgaris
tés comme des pemphigus auto-immuns. presenting as a nodular lesion. J Am Acad Dermatol 1990;23:522–3.

12 EMC - Dermatologie
Pemphigus  98-250-A-10

[8] Reichert-Penetrat S, Barbaud A, Martin S, Omhover L, Weber M, [35] Jablonska S, Chorzelski TP, Beutner EH, Chorzelska J. Herpeti-
Schmutz JL. Pemphigus vulgaris on an old surgical scar: Koebner’s form pemphigus, a variable pattern of pemphigus. Int J Dermatol
phenomenon? Eur J Dermatol 1998;8:60–2. 1975;14:353–9.
[9] Lauber J, Turk K. Beau’s lines and pemphigus vulgaris. Int J Dermatol [36] Wallach D. Intraepidermal IgA pustulosis. J Am Acad Dermatol
1990;29:309. 1992;27:993–1000.
[10] Boulard C, Duvert Lehembre S, Picard-Dahan C, Kern JS, Zambruno [37] Anhalt GJ, Kim SC, Stanley JR, Korman NJ, Jabs DA, Kory M, et al.
G, Feliciani C, et al. Calculation of cut-off values based on the Autoim- Paraneoplastic pemphigus. An autoimmune mucocutaneous disease
mune Bullous Skin Disorder Intensity Score (ABSIS) and Pemphigus associated with neoplasia. N Engl J Med 1990;323:1729–35.
Disease Area Index (PDAI) pemphigus scoring systems for defining [38] Joly P, Richard C, Gilbert D, Courville P, Chosidow O, Roujeau JC,
moderate, significant and extensive types of pemphigus. Br J Dermatol et al. Sensitivity and specificity of clinical, histologic, and immunolo-
2016;175:142–9. gic features in the diagnosis of paraneoplastic pemphigus. J Am Acad
[11] Levi-Schaffer F, Klapholz L, Kupietzky A, Weinrauch L, Shalit M, Dermatol 2000;43:619–26.
Okon E. Increased numbers of mast cells in pemphigus vulgaris skin [39] Mutasim DF, Pelc NJ, Anhalt GJ. Paraneoplastic pemphigus. Dermatol
lesions. A histochemical study. Acta Derm Venereol 1991;71:269–71. Clin 1993;11:473–81.
[12] Sabolinski ML, Beutner EH, Krasny S, Kumar V, Huang J, Chorzelski [40] Camisa C, Helm TN. Paraneoplastic pemphigus is a distinct neoplasia-
TP, et al. Substrate specificity of anti-epithelial antibodies of pem- induced autoimmune disease. Arch Dermatol 1993;129:883–6.
phigus vulgaris and pemphigus foliaceus sera in immunofluorescence [41] Anhalt GJ. Paraneoplastic pemphigus. Adv Dermatol 1997;12:77–96.
[42] Bialy-Golan A, Brenner S, Anhalt GJ. Paraneoplastic pemphigus:
tests on monkey and guinea pig esophagus sections. J Invest Dermatol
oral involvement as the sole manifestation. Acta Derm Venereol
1987;88:545–9.
1996;76:253–4.
[13] Harman KE, Seed PT, Gratian MJ, Bhogal BS, Challacombe SJ, Black
[43] Nousari HC, Deterding R, Wojtczack H, Aho S, Uitto J, Hashimoto T,
MM. The severity of cutaneous and oral pemphigus is related to des-
et al. The mechanism of respiratory failure in paraneoplastic pemphi-
moglein 1 and 3 antibody levels. Br J Dermatol 2001;144:775–80.
gus. N Engl J Med 1999;340:1406–10.
[14] Jamora MJ, Jiao D, Bystryn JC. Antibodies to desmoglein 1 and 3, and [44] Segard-Drouard M, Lefebvre I, Catteau B, Pannequin C, Delaporte
the clinical phenotype of pemphigus vulgaris. J Am Acad Dermatol E, Janin A, et al. Paraneoplastic pemphigus with tracheobronchial
2003;48:976–7. involvement. Ann Dermatol Venereol 1997;124:615–8.
[15] Amagai M, Tsunoda K, Zillikens D, Nagai T, Nishikawa T. The clinical [45] Bazarbachi A, Bachelez H, Dehen L, Delmer A, Zittoun R, Dubertret
phenotype of pemphigus is defined by the anti-desmoglein autoanti- L. Lethal paraneoplastic pemphigus following treatment of chronic
body profile. J Am Acad Dermatol 1999;40:167–70. lymphocytic leukaemia with fludarabine. Ann Oncol 1995;6:730–1.
[16] Abasq C, Mouquet H, Gilbert D, Tron F, Grassi V, Musette P, et al. [46] Lam S, Stone MS, Goeken JA, Massicotte SJ, Smith AC, Folberg R,
ELISA testing of anti-desmoglein 1 and 3 antibodies in the manage- et al. Paraneoplastic pemphigus, cicatricial conjunctivitis, and acantho-
ment of pemphigus. Arch Dermatol 2009;145:529–35. sis nigricans with pachydermatoglyphy in a patient with bronchogenic
[17] Ahmed AR, Blose DA. Pemphigus vegetans. Neumann type and Hal- squamous cell carcinoma. Ophthalmology 1992;99:108–13.
lopeau type. Int J Dermatol 1984;23:135–211. [47] Joly P, Thomine E, Gilbert D, Verdier S, Delpech A, Prost C,
[18] Becker BA, Gaspari AA. Pemphigus vulgaris and vegetans. Dermatol et al. Overlapping distribution of autoantibody specificities in para-
Clin 1993;11:429–52. neoplastic pemphigus and pemphigus vulgaris. J Invest Dermatol
[19] Premalatha S, Jayakumar S, Yesudian P, Thambiah AS. Cerebri- 1994;103:65–72.
form tongue-a clinical sign in pemphigus vegetans. Br J Dermatol [48] Hashimoto T, Amagai M, Watanabe K, Chorzelski TP, Bhogal BS,
1981;104:587–91. Black MM, et al. Characterization of paraneoplastic pemphigus autoan-
[20] Wong KT, Wong KK. A case of acantholytic dermatosis of the vulva tigens by immunoblot analysis. J Invest Dermatol 1995;104:829–34.
with features of pemphigus vegetans. J Cutan Pathol 1994;21:453–6. [49] Joly P, Gilbert D, Thomine E, Delpech A, Verdier S, Lauret P, et al.
[21] Nelson CG, Apisarnthanarax P, Bean SF, Mullins JF. Pemphigus Immunofluorescence and immunoelectron microscopy analyses of a
vegetans of Hallopeau: immunofluorescent studies. Arch Dermatol human monoclonal anti-epithelial cell surface antibody that recognizes
1977;113:942–5. a 185-kD polypeptide: a component of the paraneoplastic pemphigus
[22] Brunsting LA, Underwood LJ. Pyoderma vegetans in association with antigen complex? J Invest Dermatol 1993;101:339–45.
chronic ulcerative colitis. Arch Derm Syphilol 1949;60:161–72. [50] Oursler JR, Labib RS, Ariss-Abdo L, Burke T, O’Keefe EJ, Anhalt GJ.
[23] Fujimoto W, Hirano N, Miyashita M, Arata J, Saito C. Pemphigus Human autoantibodies against desmoplakins in paraneoplastic pem-
vegetans presenting with deafness, otalgia and facial nerve paralysis. phigus. J Clin Invest 1992;89:1775–82.
Br J Dermatol 1991;124:609–10. [51] Su WP, Oursler JR, Muller SA. Paraneoplastic pemphigus: a case with
[24] Parodi A, Stanley JR, Ciaccio M, Rebora A. Epidermal anti- high titer of circulating anti-basement membrane zone autoantibodies.
gens in pemphigus vegetans. Report of a case. Br J Dermatol J Am Acad Dermatol 1994;30:841–4.
1988;119:799–802. [52] Kiyokawa C, Ruhrberg C, Nie Z, Karashima T, Mori O, Nishikawa T,
[25] Diaz LA, Sampaio SA, Rivitti EA, Martins CR, Cunha PR, Lombardi et al. Envoplakin and periplakin are components of the paraneoplastic
C, et al. Endemic pemphigus foliaceus (Fogo Selvagem): II. Current pemphigus antigen complex. J Invest Dermatol 1998;111:1236–8.
and historic epidemiologic studies. J Invest Dermatol 1989;92:4–12. [53] Ruhrberg C, Watt FM. The plakin family: versatile organizers of cytos-
[26] Dehen L, Crickx B, Grossin M, Belaich S. Comparative study of keletal architecture. Curr Opin Genet Dev 1997;7:392–7.
[54] Amagai M, Nishikawa T, Nousari HC, Anhalt GJ, Hashimoto T. Anti-
the development and prognosis of pemphigus vulgaris and seborrheic
bodies against desmoglein 3 (pemphigus vulgaris antigen) are present
pemphigus. Ann Dermatol Venereol 1993;120:874–8.
in sera from patients with paraneoplastic pemphigus and cause acan-
[27] Rappersberger K, Roos N, Stanley JR. Immunomorphologic and bio-
tholysis in vivo in neonatal mice. J Clin Invest 1998;102:775–82.
chemical identification of the pemphigus foliaceous autoantigen within
[55] Martel P, Gilbert D, Labeille B, Kanitakis J, Joly P. A case of paraneo-
desmosomes. J Invest Dermatol 1992;99:323–30.
plastic pemphigus with antidesmoglein 1 antibodies as determined by
[28] Jordon RE. An unusual type of pemphigus combining features of lupus immunoblotting. Br J Dermatol 2000;142:812–3.
erythematosus by Senear and Usher, June 1926. Commentary: Pem- [56] Kirsner RS, Anhalt GJ, Kerdel FA. Treatment with alpha interferon
phigus erythematosus, a unique member of the pemphigus group. Arch associated with the development of paraneoplastic pemphigus. Br J
Dermatol 1982;118:723–42. Dermatol 1995;132:474–8.
[29] Chorzelski T, Jablonska S, Blaszczyk M. Immunopathological investi- [57] Leger S, Picard D, Ingen-Housz-Oro S, Arnault JP, Aubin F, Carsuzaa
gations in the Senear-Usher syndrome (coexistence of pemphigus and F, et al. Prognostic factors of paraneoplastic pemphigus. Arch Dermatol
lupus erythematosus). Br J Dermatol 1968;80:211–7. 2012;148:1165–72.
[30] Lever WF. Pemphigus and pemphigoid. A review of the advances made [58] Wang H-H, Liu C-W, Li Y-C, Huang Y-C. Efficacy of rituximab for
since 1964. J Am Acad Dermatol 1979;1:2–31. pemphigus: a systematic review and meta-analysis of different regi-
[31] Amerian ML, Ahmed AR. Pemphigus erythematosus. Senear-Usher mens. Acta Derm Venereol 2015;95:928–32.
syndrome. Int J Dermatol 1985;24:16–25. [59] Liu Q, Bu DF, Li D, Zhu XJ. Genotyping of HLA-I and HLA-II alleles
[32] Alinovi A, Benoldi D, Manganelli P. Pemphigus erythematosus indu- in Chinese patients with paraneoplastic pemphigus. Br J Dermatol
ced by thiopronine. Acta Derm Venereol 1982;62:452–4. 2008;158:587–91.
[33] Igarashi R, Morohashi M, Inomata N, Sato Y. An immunofluorescence [60] Wang R, Li J, Wang M, Hao H, Chen X, Li R, et al. Prevalence
study of light chain in pemphigus. Acta Derm Venereol 1980;60:123–8. of myasthenia gravis and associated autoantibodies in paraneoplas-
[34] Robinson ND, Hashimoto T, Amagai M, Chan LS. The new pemphigus tic pemphigus and their correlations with symptoms and prognosis. Br
variants. J Am Acad Dermatol 1999;40(5Pt1):649–71. J Dermatol 2015;172:968–75.

EMC - Dermatologie 13
98-250-A-10  Pemphigus

[61] Morioka S, Sakuma M, Ogawa H. The incidence of internal mali- [87] Leshem YA, Hodak E, David M, Anhalt GJ, Mimouni D. Suc-
gnancies in autoimmune blistering diseases: pemphigus and bullous cessful treatment of pemphigus with biweekly 1-g infusions of
pemphigoid in Japan. Dermatology 1994;189(Suppl. 1):82–4. rituximab: a retrospective study of 47 patients. J Am Acad Dermatol
[62] Younus J, Ahmed AR. The relationship of pemphigus to neoplasia. J 2013;68:404–11.
Am Acad Dermatol 1990;23(3Pt1):498–502. [88] Currimbhoy S, Zhu V, Dominguez AR, Pandya AG. Rituximab in the
[63] Hans-Filho G, Aoki V, Bittner NR, Bittner GC. Fogo selvagem: ende- treatment of 38 patients with Pemphigus with long-term follow-up. J
mic pemphigus foliaceus. An Bras Dermatol 2018;93:638–50. Eur Acad Dermatol Venereol 2016;30:1050–2.
[64] Morini JP, Jomaa B, Gorgi Y, et al. Pemphigus foliaceus in young [89] Sanchez J, Ingen-Housz-Oro S, Chosidow O, Antonicelli F, Bernard
women. An endemic focus in the Sousse area of Tunisia. Arch Dermatol P. Rituximab as single long-term maintenance therapy in patients with
1993;129:69–73. difficult-to-treat pemphigus. JAMA Dermatol 2018;154:363–5.
[65] Masmoudi H, Abida O, Masmoudi A, Turki H. Update on immu- [90] Ahmed AR, Nguyen T, Kaveri S, Spigelman ZS. First-line treatment
nogenetics of Tunisian endemic pemphigus foliaceus. J Leukoc Biol of pemphigus vulgaris with a novel protocol in patients with contrain-
2019;105:257–65. dications to systemic corticosteroids and immunosuppressive agents:
[66] Ayed MB, Martel P, Zitouni M, Gilbert D, Turki H, Mokni M, et al. Preliminary retrospective study with a seven year follow-up. Int Immu-
Tunisian endemic pemphigus foliaceus is associated with desmoglein nopharmacol 2016;34:25–31.
1 gene polymorphism. Genes Immun 2002;3:378–9. [91] Joly P, Maho-Vaillant M, Prost-Squarcioni C, Hebert V, Houivet E,
[67] Iwatsuki K, Takigawa M, Hashimoto T, Nishikawa T, Yamada M. Calbo S, et al. First-line rituximab combined with short-term predni-
Can pemphigus vulgaris become pemphigus foliaceus? J Am Acad sone versus prednisone alone for the treatment of pemphigus (Ritux
Dermatol 1991;25:797–800. 3): a prospective, multicentre, parallel-group, open-label randomised
[68] Takemiya M, Shiraishi S, Miki Y. A vegetating variety of pemphigus trial. Lancet 2017;389:2031–40.
foliaceus. Dermatologica 1990;180:102–5. [92] Colliou N, Picard D, Caillot F, Calbo S, Le Corre S, Lim A, et al.
[69] Rocha-Alvarez R, Friedman H, Campbell IT, Souza-Aguiar L, Martins- Long-term remissions of severe pemphigus after rituximab therapy are
Castro R, Diaz LA. Pregnant women with endemic pemphigus associated with prolonged failure of desmoglein B cell response. Sci
foliaceus (Fogo Selvagem) give birth to disease-free babies. J Invest Transl Med 2013;5:175.
Dermatol 1992;99:78–82. [93] Murrell DF, Dick S, Ahmed AR, Amagai M, Barnadas MA, Bor-
[70] Bonifazi E, Milioto M, Trashlieva V, Ferrante MR, Mazzotta radori L, et al. Consensus statement on definitions of disease, end
F, Coviello C. Neonatal pemphigus vulgaris passively transmit- points, and therapeutic response for pemphigus. J Am Acad Dermatol
ted from a clinically asymptomatic mother. J Am Acad Dermatol 2008;58:1043–6.
2006;55(Suppl. 5):S113–4. [94] Creswell SN, Black MM, Bhogal B, Skeete MV. Correlation of circu-
[71] Goldberg NS, DeFeo C, Kirshenbaum N. Pemphigus vulgaris and lating intercellular antibody titres in pemphigus with disease activity.
pregnancy: risk factors and recommendations. J Am Acad Dermatol Clin Exp Dermatol 1981;6:477–83.
1993;28:877–9. [95] Beutner EH, Chorzelski TP, Jablonska S. Immunofluorescence tests.
[72] Cianchini G, Lembo L, Colonna L, Puddu P. Pemphigus foliaceus indu- Clinical significance of sera and skin in bullous diseases. Int J Dermatol
ced by radiotherapy and responsive to dapsone. J Dermatolog Treat 1985;24:405–21.
2006;17:244–6. [96] Eming R, Nagel A, Wolff-Franke S, Podstawa E, Debus D, Hertl M.
Rituximab exerts a dual effect in pemphigus vulgaris. J Invest Dermatol
[73] Delaporte E, Piette F, Bergoend H. Pemphigus vulgaris induced by
2008;128:2850–8.
radiotherapy. Ann Dermatol Venereol 1991;118:447–51.
[97] Uzun S, Bilgiç Temel A, Akman Karakaş A, Ergün E, Özkesici B,
[74] Mseddi M, Bouassida S, Khemakhem M, Marrekchi S, Abdelmaksoud
Eskiocak AH, et al. Efficacy and safety of rituximab therapy in patients
W, Hadjtaieb H, et al. Radiotherapy-induced pemphigus: a case report.
with pemphigus vulgaris: first report from Turkey. Int J Dermatol
Cancer Radiother 2005;9:96–8.
2016;55:1362–8.
[75] Orion E, Matz H, Wolf R. Pemphigus vulgaris induced by radiotherapy. [98] Sharma VK, Bhari N, Gupta S, Sahni K, Khanna N, Ramam M, et al.
J Eur Acad Dermatol Venereol 2004;18:508–9. Clinical efficacy of rituximab in the treatment of pemphigus: A retros-
[76] Wang GQ, Xu H, Wang YK, Gao XH, Zhao Y, He C, et al. Higher pective study. Indian J Dermatol Venereol Leprol 2016;82:389–94.
prevalence of human herpesvirus 8 DNA sequence and specific IgG [99] Almugairen N, Hospital V, Bedane C, Duvert-Lehembre S, Picard D,
antibodies in patients with pemphigus in China. J Am Acad Dermatol Tronquoy AF, et al. Assessment of the rate of long-term complete
2005;52(3Pt1):460–7. remission off therapy in patients with pemphigus treated with different
[77] Brenner S, Wolf R. Possible nutritional factors in induced pemphigus. regimens including medium- and high-dose corticosteroids. J Am Acad
Dermatology 1994;189:337–9. Dermatol 2013;69:583–8.
[78] Brenner S, Ruocco V, Wolf R, de Angelis E, Lombardi ML. Pemphigus [100] Bosly A. Anticorps monoclonal anti-CD20 (rituximab) dans les mala-
and dietary factors. In vitro acantholysis by allyl compounds of the dies hématologiques et les affections auto-immunes. Reanimation
genus Allium. Dermatology 1995;190:197–202. 2006;15:270–7.
[79] Cremniter D, Baudin M, Roujeau JC, Prost C, Consoli SG, Frances [101] Mouquet H, Musette P, Gougeon M-L, Jacquot S, Lemercier B, Lim A,
C, et al. Stressful life events as potential triggers of pemphigus. Arch et al. B-cell depletion immunotherapy in pemphigus: effects on cellular
Dermatol 1998;134:1486–7. and humoral immune responses. J Invest Dermatol 2008;128:2859–69.
[80] Lever WF. Pemphigus. Medicine 1953;32:1–123. [102] Arin MJ, Engert A, Krieg T, Hunzelmann N. Anti-CD20 monoclonal
[81] Atzmony L, Hodak E, Leshem YA, Rosenbaum O, Gdalevich M, antibody (rituximab) in the treatment of pemphigus. Br J Dermatol
Anhalt GJ, et al. The role of adjuvant therapy in pemphigus: A sys- 2005;153:620–5.
tematic review and meta-analysis. J Am Acad Dermatol 2015;73: [103] Dupuy A, Viguier M, Bedane C, Cordoliani F, Blaise S, Aucouturier
264–71. F, et al. Treatment of refractory pemphigus vulgaris with rituximab
[82] Ahmed AR, Spigelman Z, Cavacini LA, Posner MR. Treatment of (anti-CD20 monoclonal antibody). Arch Dermatol 2004;140:91–6.
pemphigus vulgaris with rituximab and intravenous immune globulin. [104] Morrison LH. Therapy of refractory pemphigus vulgaris with
N Engl J Med 2006;355:1772–9. monoclonal anti-CD20 antibody (rituximab). J Am Acad Dermatol
[83] Joly P, Mouquet H, Roujeau JC, D’Incan M, Gilbert D, Jacquot S, et al. 2004;51:817–9.
A single cycle of rituximab for the treatment of severe pemphigus. N [105] Schmidt E, Hunzelmann N, Zillikens D, Brocker EB, Goebeler M.
Engl J Med 2007;357:545–52. Rituximab in refractory autoimmune bullous diseases. Clin Exp Der-
[84] Joly P, Bernard P, Bedane C, Prost C, Ingen-Housz-Oro S. Centres de matol 2006;31:503–8.
référence des maladies bulleuses auto-immunes. Société Française de [106] Mignard C, Maho-Vaillant M, Golinski M-L, Balayé P, Prost-
Dermatologie. Recommandations des centres de référence des mala- Squarcioni C, Houivet E, et al. Factors associated with short-term
dies bulleuses auto-immunes pour le diagnostic et la prise en charge relapse in patients with pemphigus who receive rituximab as first-
du pemphigus. Ann Dermatol Venereol 2011;138:252–8. line therapy: a post hoc analysis of a randomized clinical trial. JAMA
[85] Cianchini G, Lupi F, Masini C, Corona R, Puddu P, De Pità O. Therapy Dermatol 2020;156:545–52.
with rituximab for autoimmune pemphigus: results from a single- [107] Ojaimi S, O’Connor K, Lin MW, Schifter M, Fulcher DA. Treatment
center observational study on 42 cases with long-term follow-up. J outcomes in a cohort of patients with mucosal-predominant pemphigus
Am Acad Dermatol 2012;67:617–22. vulgaris. Intern Med J 2015;45:284–92.
[86] Lunardon L, Tsai KJ, Propert KJ, Fett N, Stanley JR, Werth VP, et al. [108] Vinay K, Kanwar AJ, Sawatkar GU, Dogra S, Ishii N, Hashimoto T.
Adjuvant rituximab therapy of pemphigus: a single-center experience Successful use of rituximab in the treatment of childhood and juvenile
with 31 patients. Arch Dermatol 2012;148:1031–6. pemphigus. J Am Acad Dermatol 2014;71:669–75.

14 EMC - Dermatologie
Pemphigus  98-250-A-10

[109] Kanwar AJ, Vinay K, Sawatkar GU, Dogra S, Minz RW, Shear NH, [124] Grundmann-Kollmann M, Kaskel P, Leiter U, Krahn G, Behrens S,
et al. Clinical and immunological outcomes of high- and low-dose Peter RU, et al. Treatment of pemphigus vulgaris and bullous pem-
rituximab treatments in patients with pemphigus: a randomized, com- phigoid with mycophenolate mofetil monotherapy. Arch Dermatol
parative, observer-blinded study. Br J Dermatol 2014;170:1341–9. 1999;135:724–5.
[110] Heelan K, Al-Mohammedi F, Smith MJ, Knowles S, Lansang P, Walsh [125] Grundmann-Kollmann M, Korting HC, Behrens S, Kaskel P, Leiter U,
S, et al. Durable remission of pemphigus with a fixed-dose rituximab Krahn G, et al. Mycophenolate mofetil: a new therapeutic option in
protocol. JAMA Dermatol 2014;150:703–8. the treatment of blistering autoimmune diseases. J Am Acad Dermatol
[111] Kim TH, Choi Y, Lee SE, Lim JM, Kim S-C. Adjuvant rituximab 1999;40:957–60.
treatment for pemphigus: A retrospective study of 45 patients at a [126] Nousari HC, Sragovich A, Kimyai-Asadi A, Orlinsky D, Anhalt GJ.
single center with long-term follow up. J Dermatol 2017;44:615–20. Mycophenolate mofetil in autoimmune and inflammatory skin disor-
[112] Ingen-Housz-Oro S, Valeyrie-Allanore L, Cosnes A, Ortonne N, Hüe ders. J Am Acad Dermatol 1999;40(2Pt1):265–8.
S, Paul M, et al. First-line treatment of pemphigus vulgaris with a com- [127] Aberer W, Wolff-Schreiner EC, Stingl G, Wolff K. Azathioprine in the
bination of rituximab and high-potency topical corticosteroids. JAMA treatment of pemphigus vulgaris. A long-term follow-up. J Am Acad
Dermatol 2015;151:200–3. Dermatol 1987;16:527–33.
[113] Al-Tawfiq JA, Banda RW, Daabil RA, Dawamneh MF. Progressive [128] Basset N, Guillot B, Michel B, Meynadier J, Guilhou JJ. Dapsone as
multifocal leukoencephalopathy (PML) in a patient with lymphoma initial treatment in superficial pemphigus. Report of nine cases. Arch
treated with rituximab: A case report and literature review. J Infect Dermatol 1987;123:783–5.
Public Health 2015;8:493–7. [129] Heaphy MR, Albrecht J, Werth VP. Dapsone as a glucocorticoid-
[114] Solal-Céligny P. Safety of rituximab maintenance therapy in follicular sparing agent in maintenance-phase pemphigus vulgaris. Arch
lymphomas. Leuk Res 2006;30(Suppl. 1):S16–21. Dermatol 2005;141:699–702.
[115] Résumé des Caractéristiques Produit rituximab. http://weaeuropaeu/ [130] Fine JD, Appell ML, Green LK, Sams Jr WM. Pemphigus vul-
humandocs/PDFs/EPAR/Mabthera/H-165-PI-fr.pdf. garis. Combined treatment with intravenous corticosteroid pulse
[116] Haut Conseil de la Santé Publique. Avis relatif aux recommandations therapy, plasmapheresis, and azathioprine. Arch Dermatol 1988;124:
vaccinales spécifiques des personnes immunodéprimées ou asplé- 236–9.
niques. Avis du 16 février 2012. [131] Bystryn JC. Plasmapheresis therapy of pemphigus. Arch Dermatol
[117] Nousari HC, Anhalt GJ. The role of mycophenolate mofetil in the 1988;124:1702–4.
management of pemphigus. Arch Dermatol 1999;135:853–4. [132] Tan-Lim R, Bystryn JC. Effect of plasmapheresis therapy on circula-
[118] Enk AH, Knop J. Mycophenolate is effective in the treatment of pem- ting levels of pemphigus antibodies. J Am Acad Dermatol 1990;22:
phigus vulgaris. Arch Dermatol 1999;135:54–6. 35–40.
[119] Enk AH, Knop J. Treatment of pemphigus vulgaris with mycopheno- [133] Pfutze M, Eming R, Kneisel A, Kuhlmann U, Hoyer J, Hertl M.
late mofetil. Lancet 1997;350:94. Clinical and immunological follow-up of pemphigus patients on adju-
[120] Beissert S, Mimouni D, Kanwar AJ, Solomons N, Kalia V, Anhalt vant treatment with immunoadsorption or rituximab. Dermatology
GJ. Treating pemphigus vulgaris with prednisone and mycophenolate 2009;218:237–45.
mofetil: a multicenter, randomized, placebo-controlled trial. J Invest [134] Schmidt E, Klinker E, Opitz A, Herzog S, Sitaru C, Goebeler M, et al.
Dermatol 2010;130:2041–8. Protein A immunoadsorption: a novel and effective adjuvant treatment
[121] Beissert S, Werfel T, Frieling U, Bohm M, Sticherling M, Stadler R, of severe pemphigus. Br J Dermatol 2003;148:1222–9.
et al. A comparison of oral methylprednisolone plus azathioprine or [135] Jolles S, Hughes J, Whittaker S. Dermatological uses of
mycophenolate mofetil for the treatment of pemphigus. Arch Dermatol high-dose intravenous immunoglobulin. Arch Dermatol 1998;134:
2006;142:1447–54. 80–6.
[122] Powell AM, Albert S, Al Fares S, Harman KE, Setterfield J, Bhogal [136] Amagai M, Ikeda S, Shimizu H, Iizuka H, Hanada K, Aiba S, et al.
B, et al. An evaluation of the usefulness of mycophenolate mofetil in A randomized double-blind trial of intravenous immunoglobulin for
pemphigus. Br J Dermatol 2003;149:138–45. pemphigus. J Am Acad Dermatol 2009;60:595–603.
[123] Bredlich RO, Grundmann-Kollmann M, Behrens S, Kerscher M, Peter [137] Jolles S, Hughes J, Rustin M. Therapeutic failure of high-dose intra-
RU. Mycophenolate mofetil monotherapy for pemphigus vulgaris. Br venous immunoglobulin in pemphigus vulgaris. J Am Acad Dermatol
J Dermatol 1999;141:934. 1999;40:499–500.

M. Castel, Assistante spécialiste.


L. Jelti, Assistante spécialiste.
V. Hebert, Chef de clinique assistant.
P. Joly, Professeur des Universités, praticien hospitalier (pascal.joly@chu-rouen.fr).
Clinique dermatologique, Centre de référence des maladies bulleuses auto-immunes, Inserm U1234, Université de Normandie, Hôpital Charles-Nicolle, 1,
rue de Germont, 76031 Rouen cedex, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Castel M, Jelti L, Hebert V, Joly P. Pemphigus. EMC - Dermatologie 2020;0(0):1-15 [Article 98-250-A-10].

Disponibles sur www.em-consulte.com


Arbres Iconographies Vidéos/ Documents Information Informations Auto- Cas
décisionnels supplémentaires Animations légaux au patient supplémentaires évaluations clinique

EMC - Dermatologie 15

Vous aimerez peut-être aussi