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Acromégalie
P. Chanson

L’acromégalie est une maladie liée à une hypersécrétion d’hormone de croissance (growth hormone
[GH]), par un adénome hypophysaire somatotrope dans plus de 95 % des cas. Elle est responsable d’un
syndrome dysmorphique acquis, d’évolution progressive, prédominant à la face et aux extrémités, et de
conséquences (rhumatologiques, cardiovasculaires, respiratoires, métaboliques, etc.) qui conditionnent le
pronostic : elles sont en effet d’autant plus sévères que l’excès de GH a été prolongé et important. La gra-
vité de l’acromégalie peut aussi, bien sûr, tenir à la tumeur hypophysaire qui en est la cause et qui peut être
à l’origine d’un syndrome tumoral, marqué par des céphalées et/ou des troubles visuels (par compression
chiasmatique). Le diagnostic d’acromégalie repose sur la mise en évidence d’une concentration plasma-
tique de GH élevée et surtout non freinable par une hyperglycémie provoquée orale. L’augmentation (en
références à des normes établies en fonction de l’âge) de la concentration d’insulin-like growth factor-I
(IGF-I), le principal facteur de croissance dépendant de la GH, confirme le diagnostic. Une fois le diagnostic
d’acromégalie porté, il faut évaluer, par une imagerie par résonance magnétique, le volume et les éven-
tuelles expansions de la tumeur hypophysaire. Le bilan du retentissement de l’acromégalie (échographie
cardiaque, recherche d’apnées du sommeil, coloscopie, etc.) est complété par une évaluation des autres
fonctions hypophysaires, à la recherche d’une insuffisance antéhypophysaire associée liée à la compres-
sion, par la tumeur, de l’hypophyse normale ou de la tige pituitaire. L’obtention de concentrations de GH
inférieures à 2 ␮g/l dans certaines études ou inférieures à 5 mUI/l dans d’autres, et d’une IGF-I normale
ramène la mortalité des acromégales à celle de la population générale. Les objectifs du traitement sont
donc, d’une part, de corriger une éventuelle compression tumorale (ou d’en éliminer tout risque) par
exérèse de la lésion causale et, d’autre part, de corriger l’hypersécrétion de GH/IGF-I, en permettant au
patient de retrouver des concentrations de GH normales (ou du moins « de sécurité »). L’exérèse chirur-
gicale, par voie trans-sphénoïdale, de l’adénome hypophysaire responsable, est souvent le traitement de
première intention. Lorsque le traitement chirurgical n’a pas permis de guérir l’hypersécrétion de GH,
on propose un traitement médical utilisant la cabergoline et, surtout, les analogues de somatostatine
puis, en cas d’efficacité insuffisante de ces médicaments (éventuellement combinés), l’antagoniste de GH
(pegvisomant). En dernier ressort, une radiothérapie (conventionnelle fractionnée ou en une seule séance
par gamma-knife) permet de compléter l’arsenal thérapeutique et d’obtenir un contrôle de la maladie
dans la quasi-totalité des cas.
© 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Acromégalie ; Hypophyse ; Hormone de croissance ; Insulin-like growth factor-I ;


Analogues de somatostatine ; Pegvisomant

Plan ■ Évaluation tumorale et fonctionnelle hypophysaire 4


Syndrome tumoral 5
■ Épidémiologie 2 Imagerie 5
Bilan fonctionnel hypophysaire 5
■ Pathogénie 2
■ Pronostic et évolution 5
Acromégalie d’origine hypophysaire 2
Acromégalie extrahypophysaire 2 ■ Traitement de l’acromégalie 5
■ Manifestations cliniques – complications 2 Objectifs thérapeutiques 5
Syndrome dysmorphique 2 Traitement chirurgical 5
Traitement médical 6
■ Diagnostic d’acromégalie 4
Radiothérapie 6
Mesure de la GH 4
Une stratégie thérapeutique adaptée à chaque patient 7
Dosage d’IGFI 4
Tests de stimulation 4

EMC - Endocrinologie-Nutrition 1
Volume 13 > n◦ 3 > juillet 2016
http://dx.doi.org/10.1016/S1155-1941(16)64282-8
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 Épidémiologie protein) [11, 12] . Ces mutations peuvent aussi, même si c’est plus
rare, être trouvées dans des cas d’acromégalie sporadique, par-
ticulièrement chez des sujets jeunes [13] . Enfin, très récemment,
L’acromégalie est rare. La prévalence, longtemps estimée entre des microduplications de Xq26.3 ont été trouvées à l’origine
40 et 70 cas par million d’habitants, semble, d’après des études, d’acromégalo-gigantismes familiaux à début très précoce dans
être de 80 à 130 cas par million, voire plus ; l’incidence est de trois l’enfance [14] .
à quatre cas par million par an [1, 2] . Du fait de son caractère insi-
dieux, le diagnostic est souvent fait avec retard (4 à 10 années,
voire plus), en moyenne à 40 ans, autant chez l’homme que chez Acromégalie extrahypophysaire
la femme [3, 4] . La cause de l’hypersécrétion de GH n’est pas toujours hypophy-
saire.
L’acromégalie peut, en effet, être en rapport avec une hypersé-
 Pathogénie crétion de growth hormone releasing hormone (GHRH) eutopique,
d’origine hypothalamique (gangliocytome, hamartome, choris-
Quelle que soit l’étiologie, la conséquence commune est la
tome, gliome, etc.) ou, plus souvent ectopique, périphérique
même : élévation de la growth hormone [GH] et de l’insulin-like
(tumeur endocrine pancréatique ou bronchique, de type car-
growth factor-I (IGF-I), responsable des signes et des symptômes
cinoïde) stimulant l’hypophyse normale qu’elle hyperplasie,
de l’acromégalie.
conduisant à une hypersécrétion secondaire de GH [15] .
Une concentration plasmatique élevée de GHRH et la mise en
Acromégalie d’origine hypophysaire évidence de la tumeur endocrine sécrétant la GHRH (bronchique
ou pancréatique généralement) permettent de faire le diagnostic.
Plus de 95 % des acromégalies ont un adénome hypophysaire Une hypersécrétion de GH a également été observée, soit à par-
bénin sécrétant la GH [3, 5] . tir d’un adénome hypophysaire ectopique (sinus sphénoïdal, os
temporal pétreux, cavité nasopharyngée), soit, mais c’est excep-
Variétés tionnel, à partir d’une tumeur périphérique (tumeur pancréatique
Il peut s’agir d’adénomes hypophysaires somatotropes purs de type insulaire ou lymphome).
(60 %), soit à cellules riches en grains de sécrétion, avec immu-
nomarquage diffus, soit à cellules pauvres en grains de sécrétion
à immunomarquage éparpillé dans certaines cellules [5] . Certains  Manifestations cliniques –
de ces adénomes purement somatotropes contiennent aussi de
la sous-unité alpha libre des glycoprotéines (colocalisée dans les
complications [2, 3, 16, 17]

mêmes cellules, voire dans les mêmes granules de sécrétion que Syndrome dysmorphique [3, 4]
la GH).
Les extrémités (mains, pieds) sont élargies, en battoir, les doigts
Il peut aussi s’agir d’adénomes mixtes :
sont élargis, épaissis, boudinés, la peau de la paume des mains et
• adénomes mixtes sécrétant GH et prolactine (PRL). Certains
de la plante des pieds est épaissie.
adénomes contiennent les deux types cellulaires, d’autres sont
Le patient a dû, au cours des dernières années, faire élargir bague
développés à partir d’une cellule souche mamosomatotrope et
ou alliance et changer de pointure. Le visage est caractéristique
leurs cellules, monomorphes, plus matures, expriment à la fois
(tous les patients acromégales se ressemblent) : le nez est élargi,
GH et PRL [5] ;
épaissi, les pommettes sont saillantes, le front bombé, les lèvres
• certains adénomes peuvent aussi cosécréter en excès de la
épaisses et les rides sont marquées.
thyréostimuline (TSH), le tableau clinique associant alors une
La peau, très épaissie au niveau du front, peut donner un
hyperthyroïdie à TSH non freinée (sécrétion inappropriée de
aspect cérébriforme. On note une tendance au prognathisme. La
TSH), voire de l’adrénocorticotrophine (ACTH).
comparaison à des photographies antérieures met en évidence
Les carcinomes à GH sont exceptionnels. Ce n’est qu’en pré-
la transformation lente, insidieuse, sur plusieurs années (Fig. 1).
sence de métastases à distance que l’on porte ce diagnostic.
C’est souvent la consultation d’un médecin remplaçant ou d’un
Certains patients présentent un adénome somatotrope (immu-
nouveau médecin, ne connaissant pas le patient, qui permet le
nomarquage positif) sans sécrétion périphérique de GH, et donc
diagnostic. Les déformations peuvent aussi toucher le reste du
sans acromégalie clinique.
squelette : cyphose dorsale, sternum projeté en avant, voire aspect
Pathogénie des adénomes somatotropes en polichinelle.
Syndromes génétiques avec acromégalie
Signes fonctionnels
Le syndrome de McCune-Albright qui associe une dysplasie
fibreuse osseuse multiple, une puberté précoce et des taches Les plaintes sont multiples [4] : sueurs, surtout nocturnes,
café-au-lait s’accompagne d’une acromégalie dans plus de 20 % malodorantes ; céphalées (que l’adénome hypophysaire soit volu-
des cas [6] . Ce syndrome est en rapport avec une mutation soma- mineux ou non) ; paresthésies des mains ; douleurs articulaires.
tique activatrice de la sous-unité alpha de la protéine Gs. Modifications cutanées
Une acromégalie peut s’associer à une hyperparathyroïdie, L’hyperhydrose et une peau grasse touchent près de 70 % des
à une tumeur endocrine digestive (gastrinome, insulinome ou patients. L’épaississement de la peau est lié à des dépôts de gly-
tumeur pancréatique non fonctionnelle) et à un adénome surré- cosaminoglycanes et à une augmentation de la production de
nalien, dans le cadre d’une néoplasie endocrinienne multiple de collagène au niveau du tissu conjonctif. Un syndrome de Raynaud
type 1 (NEM1), liée à une mutation germinale de la ménine [7, 8] . est présent chez un tiers des patients.
Des mutations de CDKN1B sont à l’origine de la NEM de type 4,
qui combine une hyperparathyroïdie, des adénomes hypophy- Modifications osseuses
saires (dont l’acromégalie) et d’autres tumeurs endocrines on Craniofaciales. En réponse à l’IGF-I, une formation de nouvel
non [9] . os périosté conduit à l’augmentation de la croissance squelettique,
L’association d’une acromégalie avec une hyperplasie micro- en particulier au niveau mandibulaire (prognathisme) ; un épais-
nodulaire pigmentée bilatérale des surrénales (à l’origine d’un sissement des maxillaires, une séparation des dents, une bosse
hypercorticisme ACTH-indépendant) et des myxomes cutanés ou frontale, une malocclusion des mâchoires et une hypertrophie de
cardiaques doit faire rechercher un complexe de Carney, en rap- l’os nasal en sont aussi les conséquences.
port avec une mutation germinale de la sous-unité régulatrice 1 Les radiographies du crâne montrent un épaississement de la
de la protéine kinase A (PRKAR1A) [10] . voûte crânienne et des protubérances, une hyperostose frontale
Depuis une dizaine d’années, on connaît l’anomalie génétique interne et une hypertrophie des sinus. Cette dernière explique,
à l’origine de certaines acromégalies familiales : il s’agit de muta- avec les changements des cartilages laryngés, les modifications de
tions germinales du gène AIP (aryl hydrocarbon receptor interacting la voix qui devient profonde et caverneuse.

2 EMC - Endocrinologie-Nutrition
Acromégalie  10-018-A-10

Figure 1. Photographies successives d’une


patiente acromégale montrant l’évolution très
graduelle du syndrome dysmorphique. Le diag-
nostic a été porté en 2011. Les premiers signes
sont probablement notables dès 1984, soit plus
de 25 ans plus tôt.
1976 1978 1980 1981 1983 1985 1986 1988

1990 1994 1995 1996 1997 1998 2000

2001 2004 2005 2007 2009 2010 2011

Extrémités. Les modifications sont aussi dues aux déforma- L’HTA est, au moins en partie, en rapport avec une hypervolé-
tions osseuses. Les radiographies montrent une hypertrophie de mie chronique secondaire à une augmentation de la réabsorption
la houppe des phalangettes, un élargissement de la base des pha- de sodium au niveau du tubule distal, du fait d’une hyperacti-
langes, un épaississement des corticales diaphysaires sans liseré vité des canaux épithéliaux au sodium (epithelial sodium channel,
périosté, un épaississement des interlignes par hypertrophie du ENaC [22] ). L’HTA est aussi le résultat d’un dysfonctionnement
cartilage articulaire [18] . endothélial.
Tronc. Les déformations osseuses touchent le rachis, siège Cardiomyopathie spécifique. L’atteinte cardiaque est cons-
d’une cyphose dorsale haute avec hyperlordose lombaire com- tante : elle est spécifique, indépendante d’une éventuelle atteinte
pensatrice, élargissement des vertèbres. Le thorax est déformé par coronaire (d’ailleurs trouvée chez seulement 20 % environ des
une saillie de la portion inférieure du sternum et un allongement patients), valvulaire ou d’une HTA [2, 17, 23] , même chez les sujets
des côtes dû à la croissance des articulations chondrocostales. jeunes (< 30 ans).
Membres. Un épaississement radiologique de la corticale dia- Au début, elle est asymptomatique (du moins au repos), mar-
physaire des os longs et des interlignes articulaires, avec parfois quée par une hypertrophie myocardique, alors que les dimensions
des ostéophytes, est noté. du ventricule gauche sont normales (hypertrophie concentrique).
Densité minérale osseuse. Le remodelage osseux est sti- La fonction diastolique (remplissage anormal des ventricules) est
mulé [19] . L’os cortical est le siège d’un épaississement des altérée, en rapport avec un trouble de la relaxation par rigidité,
structures osseuses (observé sur l’index métacarpien et par les don- probablement liée en partie à l’infiltration œdémateuse de la
nées histo-morpho-métriques). Le volume trabéculaire osseux est paroi ventriculaire [24] . S’il n’y a pas de traduction clinique au
diminué, normal ou augmenté. La mesure de la masse osseuse repos, il peut y en avoir à l’effort (dyspnée d’effort). À ce stade,
est normale au niveau du rachis lombaire dans l’acromégalie iso- la fonction systolique reste normale, du moins au repos, grâce
lée, mais diminuée en cas d’hypogonadisme associé. Pourtant, à l’augmentation de la contractilité myocardique. Le syndrome
même si la masse osseuse est similaire à celle des témoins, la pré- hyperkinétique (augmentation de l’index cardiaque) est en effet
valence des fractures est plus de deux fois supérieure. Celles-ci constant. Même à ce stade précoce, des troubles du rythme et/ou
sont d’autant plus fréquentes que l’IGF-I est élevée, l’acromégalie de la conduction peuvent être observés, liés sans doute au remo-
ancienne et l’hypogonadisme ancien. delage, à l’hypertrophie et à la fibrose.
Si l’atteinte cardiaque évolue, il peut néanmoins très rarement
Complications articulaires
(3 %) se constituer un tableau d’insuffisance cardiaque congestive,
L’atteinte articulaire de l’acromégalie est quasi constante. Elle responsable de signes fonctionnels d’abord à l’effort puis perma-
porte aussi bien sur les articulations périphériques que sur le
nents. À l’échographie apparaît alors une dilatation variable des
rachis. Elle est marquée par des douleurs, des déformations non
cavités [25] .
spécifiques. Les signes radiologiques sont plus caractéristiques.
Sous traitement efficace de l’acromégalie, les paramètres car-
Neuropathie diovasculaires s’améliorent. De façon générale, la « récupération »
Un syndrome du canal carpien symptomatique est fréquent (20 des anomalies diastoliques ou de l’hypertrophie myocardique
et 50 %, et jusqu’à 75 % au moment du diagnostic). Plutôt qu’une ou des dysfonctions systoliques est d’autant meilleure que les
compression extrinsèque, le mécanisme en serait un « œdème » du patients sont jeunes et que l’acromégalie est moins ancienne [17] .
nerf médian [20] . En revanche, quand les patients sont à un stade d’insuffisance
L’échographie permet de bien visualiser l’œdème du médian cardiaque congestive dilatée, leur pronostic est comparable à
mais aussi celui de l’ulnaire (cubital), au niveau du coude, parfois celui des patients atteints d’une insuffisance cardiaque d’autre
à l’origine d’un syndrome ulnaire, et montre qu’il s’améliore après origine [25] .
traitement de l’acromégalie [21] . Le risque cardiovasculaire ischémique des patients acromégales
fait l’objet de controverses. Les scores de risque cardiovasculaire de
Manifestations cardiovasculaires type Framingham sont élevés chez les patients acromégales du fait
Hypertension artérielle (HTA). Présente chez 20 à 50 % des de la fréquence de l’hypertension, du diabète et de la diminution
patients, elle est d’autant plus fréquente que la maladie est des high density lipoprotein (HDL) [26] . Pourtant, l’athérosclérose
plus ancienne, la GH plus élevée et l’âge des patients supérieur. carotidienne, l’épaisseur intima-media et la prévalence des

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pathologies coronaires ne sont pas plus importantes que chez les Tumeurs thyroïdiennes
témoins [27] . On comprend mal les raisons de cette discordance Un goitre est trouvé chez 25 à 90 % des acromégales. Le risque de
apparente : les effets athérogènes de l’HTA, de l’insulinorésistance développer des nodules augmente avec l’ancienneté de la maladie.
et du diabète sont-ils contrebalancés par des facteurs protecteurs ? Le goitre multinodulaire peut être autonome (« toxique ») chez
Valvulopathie. Une prévalence accrue d’anomalies valvu- 10 à 20 % des patients et parfois à l’origine d’une hyperthyroïdie
laires est notée chez l’acromégale [28] . Elle augmente avec patente. Les nodules thyroïdiens sont généralement bénins et le
l’ancienneté de la maladie et persiste souvent malgré un traite- risque de cancer thyroïdien ne semble pas supérieur [35] .
ment efficace de l’acromégalie [29] .
Complications métaboliques
Physiologiquement, la GH est hyperglycémiante, a un effet lipo-
 Diagnostic d’acromégalie
lytique et induit l’hydrolyse des triglycérides en acides gras libres Le diagnostic d’acromégalie, suggéré cliniquement, est
et glycérol. confirmé biologiquement [2, 37] .
L’excès de GH produit une insulinorésistance. La prévalence
du diabète va de 20 à 56 % et l’intolérance au glucose de 16 à Mesure de la GH
46 %, selon les séries [17] . Tant que l’augmentation compensatrice
de l’insulinosécrétion par les cellules pancréatiques contrebalance Elle se fait au moyen de dosages immunoradiométriques,
la réduction de la sensibilité à l’insuline, les patients gardent une fluorométriques ou par chimiluminescence. Selon les recom-
tolérance glucidique normale. Quand l’insulinosécrétion s’altère, mandations d’un consensus international [38] , les kits de dosage
apparaît une intolérance au glucose puis un diabète [30] . actuels de GH doivent être calibrés vis-à-vis du standard inter-
L’acromégalie est à l’origine d’une réduction de la masse national IS 98/574, établi avec la GH recombinante : cela permet
grasse (viscérale et sous-cutanée) mais d’une augmentation d’exprimer les résultats en mUI/l ou ␮g/l (le facteur de conversion
de la masse grasse intermusculaire (qui pourrait contribuer à officiel étant alors de 3 mUI ou ␮g). La concentration plasmatique
l’insulinorésistance) ainsi qu’à une augmentation de la masse de GH basale (prélèvement aléatoire) est élevée. Cependant, des
maigre [31, 32] . concentrations élevées de GH peuvent aussi s’observer chez un
L’hypercalciurie est fréquente et peut être à l’origine de lithiases sujet normal du fait du caractère épisodique de la sécrétion de GH
urinaires. Elle est en rapport avec une augmentation de la synthèse qui peut fluctuer entre des concentrations indétectables (le plus
de calcitriol (médiée par l’IGF-I et indépendante de la para- souvent) et des pics, pouvant atteindre 30 ␮g/l (90 mUI/l).
thormone) responsable d’une hypercalciurie absorptive et d’une Selon les recommandations d’une réunion de consensus en
augmentation de la calcémie à jeun par stimulation de la réab- 2000 [39] et celles de l’Endocrine Society publiées en 2014 [40] ,
sorption de calcium au niveau du tubule distal [22] . lorsqu’on suspecte une acromégalie, un dosage de GH basal et
un dosage d’IGF-I doivent être pratiqués. Si la concentration de
Complications respiratoires GH est inférieure à 0,4 ␮g/l (1,2 mUI/l) et si celle d’IGF-I est nor-
Apnées du sommeil. Elles touchent 60 à 80 % des acro- male, l’acromégalie est éliminée. Si elle est supérieure 0,4 ␮g/l
mégales (plus souvent les hommes) [33] . Elles sont typiquement (1,2 mUI/l) et/ou si l’IGF-I est augmentée, une hyperglycémie
obstructives et liées aux modifications anatomiques entraînées par provoquée orale (HGPO) doit être pratiquée. Si la valeur la plus
la croissance mandibulaire et maxillaire, à l’épaississement des tis- basse (nadir) de GH au cours de l’HGPO est inférieure à 1 ␮g/l
sus mous, en particulier au niveau du palais et de la luette, et à (3 mUI/l), l’acromégalie est éliminée. Si elle reste supérieure à
la macroglossie, ainsi qu’aux modifications dans l’angulation des 1 ␮g/l (3 mUI/l), l’acromégalie est confirmée. En fait, l’utilisation
différents segments osseux, expliquant l’hypercollapsibilité des de dosages très sensibles de la GH devrait conduire dans l’avenir
parois latérales et postérieure de l’hypopharynx. à abaisser encore le seuil diagnostique à 0,9 mUI/l (0,3 ␮g/l), voire
Altération de la fonction respiratoire. Elle est fréquente moins [37] . Le plus souvent, cependant, les concentrations de GH,
mais moins connue. Les modifications anatomiques osseuses tant basales que sous HGPO, sont élevées et le diagnostic est
et cartilagineuses au niveau du thorax (thorax en tonneau) et évident [41] .
mécaniques de l’élasticité thoracique et l’atteinte des muscles ins- De manière paradoxale, l’HGPO peut stimuler la sécrétion de
piratoires entraînent des troubles de ventilation. L’augmentation GH (10 % des acromégales).
de la capacité pulmonaire totale est liée à celle de la taille
des alvéoles. Une hypoxémie infraclinique peut être notée. La
ventilation-perfusion est normale. Dosage d’IGF-I
Après traitement de l’acromégalie. Après ce traitement,
Les dosages d’IGF-I doivent maintenant être calibrés vis-à-vis
l’index apnées-hypopnées s’améliore, de même que l’index
du standard international IS 02/254 [38, 42] . La concentration d’IGF-
d’apnées obstructives et l’oxymétrie [33] . Mais si certains patients
I augmente de façon parallèle au log de la concentration de GH.
guéris de leur acromégalie voient disparaître leurs apnées, 40 %
Elle doit être appréciée selon des normes établies en fonction de
les gardent, justifiant alors le recours à une ventilation à pression
l’âge (l’IGF-I diminue avec l’âge). La grossesse et la puberté ainsi
positive nocturne.
que la période postpubertaire s’accompagnent de concentrations
élevées d’IGF-I. La concentration d’IGFBP3, la principale protéine
Risque néoplasique de l’acromégalie
porteuse des IGF, est habituellement augmentée chez les acro-
Tumeurs digestives mégales, mais ce dosage apporte peu d’éléments diagnostiques
Plusieurs publications font état d’une prévalence élevée de complémentaires.
polypes coliques, susceptibles de dégénérer. Des polypes coliques
sont trouvés chez 45 % des patients acromégales (il ne s’agit de
polypes adénomateux que dans 24 % des cas) [34] , sans corrélation
Tests de stimulation
claire avec les concentrations de GH et d’IGF-I. Le risque de cancer Certains patients (jusqu’à 50 %) augmentent leur concentra-
colique est multiplié par deux à trois [35] . Sauf en cas de symptômes tion de GH après TRH et/ou GnRH. Ces tests n’apportent rien
intestinaux préalables, on peut proposer qu’une première colo- au diagnostic de la maladie. La réponse à la GHRH n’a pas non
scopie soit effectuée à partir de l’âge de 40 ans [36] . Comme pour plus d’intérêt.
toute coloscopie, la préparation doit être soigneuse et l’examen
réalisé par un opérateur expérimenté car il est volontiers difficile
(préparation souvent insuffisante, longueur supérieure du côlon,
nombreuses boucles). En cas de polype adénomateux colique ou
 Évaluation tumorale
si l’IGF-I reste élevée, un contrôle après trois ans semble oppor- et fonctionnelle hypophysaire
tun. En l’absence de polype et si l’IGF-I est normalisée, une
coloscopie de contrôle n’est proposée que tous les cinq à dix Une fois le diagnostic posé, un double bilan, tumoral et fonc-
ans [36] . tionnel, s’impose.

4 EMC - Endocrinologie-Nutrition
Acromégalie  10-018-A-10

Une hypersécrétion de PRL dans 30 % de cas (soit hyperpro-

“ Point fort lactinémie de déconnexion par compression de la tige pituitaire


interrompant l’arrivée de la dopamine habituellement freina-
trice sur la sécrétion de PRL, soit adénome mixte, sécrétant PRL
et GH) [44] , de sous-unité alpha libre dans 20 à 40 % des cas,
Diagnostic de l’acromégalie
de TSH beaucoup plus rarement, voire de PRL et de TSH, ou,
• Selon les diverses recommandations publiées, lorsqu’on
mais c’est exceptionnel, de gonadotrophines ou d’ACTH, peuvent
suspecte une acromégalie, un dosage de GH basal et un s’observer.
dosage d’IGF-I doivent être pratiqués. Si la concentration
de GH (le dosage étant fait au hasard, à n’importe quel
moment de la journée) est inférieure à 0,4 ␮g/l (1,2 mUI/l)  Pronostic et évolution
et celle d’IGF-I est normale, l’acromégalie est éliminée. Si
L’acromégalie est associée à une surmortalité. Plusieurs
elle est supérieure 0,4 ␮g/l (1,2 mUI/l) et/ou si l’IGF-I est études individualisent les causes cérébrovasculaires comme
augmentée, une HGPO doit être pratiquée. d’importantes causes de décès, en particulier chez les femmes.
• Si la valeur la plus basse (nadir) de GH au cours de Toutefois, dans ces études portant sur des populations traitées il y a
l’HGPO est inférieure à 1 ␮g/l (3 mUI/l), l’acromégalie de nombreuses années avec des moyens thérapeutiques très diffé-
est éliminée. Si elle reste supérieure à 1 ␮g/l (3 mUI/l), rents (chirurgie par voie haute, radiothérapie), on ne peut exclure
l’acromégalie est confirmée. un effet délétère de ces traitements, en particulier de la radio-
• Certains patients, rares, présentant des signes cliniques thérapie [45] . Dans deux méta-analyses [46, 47] , l’indice de mortalité
patents d’acromégalie et une IGF-I élevée, ont pourtant standardisé (rapport de la mortalité observée dans la population
un nadir de GH inférieur à 1 ␮g/l (3 mUI/l) au cours de acromégale à la mortalité attendue dans la population générale)
est de 1,72 (intervalle de confiance [IC] [95 %] : 1,62–1,83) mais
l’HGPO. Cela a amené à suggérer que, lorsque sont uti-
la survie est meilleure dans les séries plus récentes. La concentra-
lisés, pour le dosage de GH, des dosages dont les seuils tion de GH obtenue après traitement est probablement le meilleur
de détection sont très bas (0,10 à 0,30 ␮g/l, soit 0,3 à indice prédictif de survie, quelle que soit la cause du décès, et cela
0,9 mUI/l), on retienne plutôt comme valeur seuil diagnos- indépendamment du type de complications : lorsque la GH est
tique lors de l’HGPO non pas la valeur de 1 ␮g/l (3 mUI/l) inférieure à 2 ␮g/l ou l’IGF-I normalisé, l’espérance de vie rede-
mais celle de 0,30 ␮g/l (1 mUI/l). vient similaire à celle de la population générale appariée [48, 49] , ce
qui confirme la validité des critères de bon contrôle de la mala-
die proposés il y a 15 ans [39] . Le pronostic de l’acromégalie s’est
amélioré ces 20 dernières années, probablement du fait du traite-
Syndrome tumoral ment plus « agressif » de l’acromégalie mais aussi de la meilleure
prise en charge des comorbidités [50] . La qualité de vie est aussi
Céphalées altérée et s’améliore de façon partielle après traitement efficace
de l’acromégalie [51] . Même si l’acromégalie est guérie ou contrô-
Elles sont très fréquentes, typiquement rétro-orbitaires ou fron-
lée, les patients gardent des séquelles (arthropathie, déformations,
tales. Elles sont liées à l’adénome mais aussi à l’hypersécrétion de
qualité de vie, etc.) [52] .
GH elle-même.

Troubles visuels  Traitement de l’acromégalie


Lorsque l’adénome se développe vers le haut, il peut comprimer
La prise en charge de l’acromégalie est maintenant assez consen-
le chiasma optique, ce qui se traduit par une atteinte du champ
suelle [2, 40, 42, 53] .
visuel qui débute en moyenne périphérie, dans les secteurs tem-
poraux supérieurs, puis évolue vers une hémianopsie bitemporale.
Si la compression persiste, une cécité peut se développer. L’étude Objectifs thérapeutiques
du champ et de l’acuité visuels est donc systématique. Les objectifs thérapeutiques cliniques sont de soulager les symp-
tômes, de réduire le volume de la tumeur hypophysaire, d’éviter sa
Autres manifestations du syndrome tumoral récidive, et d’améliorer la morbidité et la mortalité au long cours
Si l’adénome se développe vers le haut, jusque dans le troisième de l’acromégalie. Les critères de « guérison » ou de « bon contrôle »
ventricule, puis obstrue les trous de Monro, une hydrocéphalie de l’acromégalie sont maintenant beaucoup plus stricts : on exige
avec hypertension intracrânienne peut être observée. que la concentration de GH (prélevée « à la volée ») soit ramenée à
Rarement l’acromégalie peut être révélée ou se compliquer moins de 1 ␮g/l, soit 3 mUI/l, et que l’IGF-I soit normalisée [40, 42] .
d’une apoplexie hypophysaire avec céphalées brutales très vio- Pour parvenir à ces objectifs, une stratégie thérapeutique en plu-
lentes, atteinte oculomotrice, voire atteinte visuelle [43] . sieurs étapes est souvent nécessaire.

Imagerie Traitement chirurgical


C’est généralement le traitement de première intention.
Le scanner cérébral n’est utilisé qu’en cas d’impossibilité d’avoir L’exérèse, par voie trans-sphénoïdale le plus souvent, permet
recours à une imagerie par résonance magnétique (IRM). une normalisation de GH/IGF-I dans 40 à 70 % des cas envi-
L’IRM est l’examen de référence. ron [54] , les résultats dépendant de la taille de la tumeur (les
Il montre un microadénome (< 10 mm) dans 20 % des cas envi- microadénomes ont beaucoup plus de chances d’être guéris),
ron ou un macroadénome (> 10 mm). des concentrations de GH préopératoires (le taux de suc-
L’absence d’image évidente d’adénome à l’IRM ou un aspect cès est d’autant meilleur que les concentrations de GH sont
d’hypophyse bombée, hyperplasique, doit faire évoquer une acro- basses, < 10 ␮g/l ou 30 mUI/l) et de l’expérience du chirurgien.
mégalie secondaire à une sécrétion ectopique de GHRH [15] . L’endoscopie maintenant utilisée dans la plupart des centres n’a
semble-t-il pas amélioré les résultats de la chirurgie mais en a
Bilan fonctionnel hypophysaire peut-être réduit les effets secondaires locaux [54] .
Le succès chirurgical est évalué au troisième mois postopéra-
En se développant dans la loge sellaire, l’adénome comprime toire. En l’absence de guérison ou de bon contrôle après chirurgie
l’hypophyse saine (ou la tige pituitaire) et peut altérer les sécré- ou si la chirurgie est impossible ou contre-indiquée, un traitement
tions hypophysaires physiologiques. Un déficit gonadotrope est complémentaire, médicamenteux et, éventuellement, radiothéra-
fréquent : il peut relever de plusieurs mécanismes [44] . pie est nécessaire.

EMC - Endocrinologie-Nutrition 5
10-018-A-10  Acromégalie

Traitement médical de l’insulinorésistance entraînée par l’abaissement des concen-


trations de GH. Globalement, les conséquences sont mineures
Agonistes dopaminergiques [55] en termes de glycémie et d’hémoglobine glyquée [67] . Une sur-
Selon une méta-analyse, la cabergoline normalise l’IGF-I chez veillance métabolique régulière est néanmoins justifiée. Enfin,
34 % des patients, plutôt ceux dont l’IGF-I est modérément leur coût est élevé.
augmentée [56] . Si l’utilisation de fortes doses d’agonistes dopa- Le pasiréotide est un nouvel SA qui se lie avec une haute affinité
minergiques chez les parkinsoniens semble s’accompagner du aux sst1, 2, 3 et 5. Il semble plus efficace que l’octréotide [68] et
développement de valvulopathies cardiaques, ce n’est pas le cas permet de normaliser l’IGF-I et d’obtenir une concentration de
chez les acromégales [29] . GH inférieure à 2,5 ␮g/l chez 15 à 20 % des patients non contrôlés
par les SA classiques [69] . Cependant, les anomalies du métabolisme
du glucose sont plus fréquentes avec ce médicament [68, 69] .
Analogues de somatostatine (SA) [55]
Les SA « classiques » freinent la sécrétion de GH en se liant aux Antagoniste de GH, pegvisomant
récepteurs de la somatostatine, particulièrement aux sous-types 2 Le pegvisomant bloque les effets de la GH sur ses organes cibles,
et 5, présents sur la cellule adénomateuse somatotrope. par liaison aux récepteurs de la GH dont il empêche la dimérisa-
L’octréotide, par voie sous-cutanée à la dose de 100 à 200 μg, tion, ce qui bloque la transduction du signal GH et inhibe donc
deux à trois fois par jour, a été le premier analogue mis à disposi- l’activité de la GH, en particulier la production d’IGF-I [70] .
tion dans les années 1980. Il a constitué une véritable innovation Pour apprécier l’efficacité du traitement, on ne peut donc se
thérapeutique [57] . Le lanréotide à libération prolongée a été la servir que de la mesure de l’IGF-I. Il est administré de manière quo-
première forme retard disponible. Il était administré tous les dix tidienne, par voie sous-cutanée, à la dose de 10, 15 ou 20 mg, voire
à 14 jours par voie intramusculaire. Le lanréotide est mainte- plus, la dose étant adaptée à la réponse hormonale (normalisation
nant disponible en formulation retard injectable tous les 28 jours de l’IGF-I).
par voie sous-cutanée profonde, dosée à 60, 90 ou 120 mg [58] . Son efficacité est remarquable : 70 à 90 % des patients nor-
L’octréotide LP est la formulation retard de l’octréotide, adminis- malisent leur IGF-I sous pegvisomant [71–73] . Pour l’instant, ce
trée tous les mois par voie intramusculaire [59] . Le traitement est traitement est réservé aux échecs des SA. Une augmentation du
habituellement démarré à la dose médiane une fois par mois, la volume tumoral, non significative, a été observée chez quelques
dose étant ensuite titrée sur les concentrations de GH/IGF-I. rares patients (en rapport avec l’histoire naturelle de l’adénome ?
Les deux analogues ont une efficacité comparable et permettent Ou avec une stimulation de la croissance tumorale ? Ou avec un
d’obtenir un contrôle des concentrations de GH chez 56 % des effet rebond après l’arrêt de l’effet antitumoral du SA ?). Une sur-
patients et une normalisation de l’IGF-1 dans 55 % des cas [55, 60] . Le veillance du volume tumoral par IRM est donc nécessaire.
taux de succès s’améliore avec le temps. Ces traitements doivent Les effets secondaires sont limités à de rares élévations des
être poursuivis indéfiniment car, théoriquement, ils sont pure- enzymes hépatiques (2,5 % des patients) qui généralement se
ment suspensifs sur l’hypersécrétion de GH. En fait, chez quelques normalisent, soit spontanément, soit après interruption du trai-
patients, très sensibles, il est possible d’accroître l’intervalle entre tement [73] .
deux injections, voire d’arrêter définitivement le traitement, sans Le traitement combiné SA/pegvisomant a aussi été développé :
que les concentrations de GH/IGF-I n’augmentent à nouveau [61] . une administration retard de SA est donnée chaque mois à la dose
À côté de leur effet antisécrétoire, les SA ont également des effets autorisée la plus élevée (30 mg d’octréotide LAR ou 120 mg de lan-
sur le volume tumoral qui est réduit chez 20 à 70 % des patients, en réotide autogel) et le pegvisomant est injecté une fois par semaine
général au niveau de la portion suprasellaire de l’adénome [58, 62] . à doses croissantes jusqu’à normalisation de l’IGF-I. La normalisa-
La réduction du volume de l’adénome est d’autant meilleure que tion de l’IGF-I dans ce schéma a été obtenue chez quasiment tous
les patients sont traités en première intention par SA. les patients avec une dose hebdomadaire médiane de pegvisomant
Le traitement par SA peut parfois être utilisé en première inten- de 60 mg [74] .
tion, particulièrement en cas de comorbidités sévères exposant
à un risque de complications périopératoires [63] . D’autre part,
lorsque la tumeur est très volumineuse et s’étend en dehors de Radiothérapie
la selle turcique et qu’il n’est pas possible de la réséquer en tota- Les techniques de radiothérapie ont évolué. L’irradiation peut
lité chirurgicalement, un traitement par SA peut être proposé être administrée en une séance par radiochirurgie stéréotaxique
dans l’espoir de contrôler l’hypersécrétion de GH et la croissance (RCS) (une dose élevée de 20 à 25 Gy sur une cible de petite taille)
tumorale, et d’éviter le recours à la chirurgie [55, 64] . Lorsque les ou de manière fractionnée (doses faibles, de 2 à 3 Gy, délivrées
SA ne permettent pas d’obtenir un bon contrôle de la maladie, sur 5–6 semaines en 25–30 fractions). Les irradiations focalisées de
certains auteurs proposent d’augmenter la dose de SA ou de rac- type radiochirurgie stéréotaxique utilisent des photons (gamma-
courcir l’intervalle entre les injections, ce qui permet d’obtenir knife, accélérateur linéaire) ou des protons. La radiothérapie
un contrôle chez certains patients [65] . Lorsque le traitement par fractionnée (RF) se fait aussi, maintenant, en conditions stéréo-
SA est inadéquat, on peut proposer également une chirurgie de taxiques, le plus souvent. Le choix entre la RCS et la RF dépend
réduction tumorale de manière à réduire les concentrations hor- de la taille de la tumeur et de la proximité des voies visuelles [75] .
monales, ce qui permet, en remettant en route un traitement par Si la lésion mesure moins de 3 cm et est située à plus de 3 à 5 mm
SA, d’obtenir un contrôle de la maladie [66] . Il est aussi possible de des voies optiques, la RCF est intéressante, la RF étant proposée
combiner la cabergoline avec un SA, les concentrations d’IGF-I se dans les autres cas. Après irradiation fractionnée, des concentra-
normalisent alors chez la moitié des patients [56] . tions de GH inférieures à 2 ␮g/l (< 6 mUI/l) avec normalisation de
Le sujet du traitement par SA préopératoire pour améliorer les l’IGF-I sont obtenues chez 22 % des patients à deux ans, 60 % à
résultats de la chirurgie reste controversé : plusieurs études ont dix ans, et 77 % à 20 ans dans une étude britannique [76] , et chez
montré que, chez certains patients avec macroadénomes enclos, 23 %, 42 % et 61 % à, respectivement, cinq, dix et 15 ans dans une
la chirurgie obtenait un meilleur contrôle de l’acromégalie lorsque étude italienne [77] . La concentration basale de GH est prédictive
les patients avaient été préalablement traités par un SA, alors que du résultat [76] .
d’autres études n’ont pas montré de différence [63] . Le prétraite- La radiochirurgie a, selon une étude française portant sur plus
ment par SA semble surtout efficace quand les résultats habituels de 80 patients, des résultats assez comparables à ceux de la RF [78] .
de la chirurgie, dans ce centre, sont médiocres (chirurgien peu D’après une méta-analyse, le bon contrôle est obtenu dans 48 à
expérimenté). 53 % des cas après un suivi moyen de quatre ans. Cette efficacité
Les SA sont responsables d’effets secondaires digestifs, générale- apparemment meilleure de la RCS est probablement liée au fait
ment transitoires, et de la survenue d’une lithiase vésiculaire dans que les tumeurs traitées sont de plus petit volume [79] . L’efficacité
10 à 20 % des cas. Des perturbations du métabolisme du glucose des différentes techniques de RCS sur le volume tumoral (> 95 %
sont parfois observées, dont une intolérance au glucose ou un des cas sont contrôlés) semble similaire [75, 78, 79] .
diabète chez les patients en surpoids. Dans d’autres cas, cepen- La radiothérapie s’accompagne néanmoins d’une insuffisance
dant, la tolérance au glucose s’améliore du fait de la réduction antéhypophysaire, d’importance variable, dans 50–80 à 100 % des

6 EMC - Endocrinologie-Nutrition
Acromégalie  10-018-A-10

Acromégalie Figure 2. Arbre décisionnel. Proposition de stra-


tégie thérapeutique chez les patients porteurs
Chez la majorité Chez certains
Chirurgie SA d’une acromégalie. SA : analogues de somatosta-
des patients patients
tine ; CAB : cabergoline ; GHRA : growth hormone
sélectionnés
SA préopératoires receptor antagonist.
chez certains patients
sélectionnés Bon
contrôle

CAB
Maladie
SA
persistante

Chez certains patients Réponse inadéquate


proposer une
réduction du
Essayer d’associer Suivi
reliquat tumoral
CAB et SA

Réponse inadéquate
ou intolérance

GHRA
(seul ou combiné
avec CAB ou SA)
Croissance tumorale? Essayer pasiréotide ?

Chirurgie et/ou radiothérapie

cas après 10 à 15 ans. Les complications à type de radionécrose


ou neuropathie optique sont heureusement devenues exception-
nelles. Les accidents vasculaires cérébraux seraient 1,7 à 2,8 fois
plus fréquents [75] , survenant parfois de nombreuses années après
“ Point fort
une irradiation et certainement à l’origine d’une bonne part de la
Après échec de la chirurgie : traitement médica-
surmortalité de ces patients [45] . On espère que les techniques plus
modernes de radiothérapie vont minimiser ce risque observé avec menteux ou que radiothérapie ?
les techniques plus anciennes. • Actuellement, si le traitement chirurgical n’a pas permis
une guérison de l’acromégalie, on recommande générale-
ment, plutôt qu’une radiothérapie d’emblée, le traitement
médical par les SA (éventuellement précédé d’un essai
d’agonistes dopaminergiques, en particulier si les concen-
Une stratégie thérapeutique adaptée trations d’IGF-I sont modérément augmentées). En cas
à chaque patient d’échec des SA, on propose généralement, avant de déci-
der une radiothérapie, un traitement par pegvisomant.
La stratégie thérapeutique doit prendre en compte les avan- • Le coût de ces traitements doit être mis en balance
tages mais aussi les coûts et les inconvénients de chaque type
avec les risques de la radiothérapie (insuffisance antéhypo-
de traitement. Une stratégie thérapeutique est proposée dans la
Figure 2. physaire quasi constante à dix ans, incidence accrue des
Actuellement, si le traitement chirurgical ne permet pas de gué- accidents vasculaires cérébraux, induction de secondes
rir l’acromégalie, le traitement médical, avec les SA, est préféré à tumeurs, etc.). De toute façon, si l’on décide une radio-
la radiothérapie. Dans quelques cas sélectionnés (ceux qui ont thérapie, en attendant ses effets on donne un traitement
une augmentation modérée de l’IGF-I), la cabergoline pourrait médical.
être essayée en première intention. Si les SA ne permettent pas • En cas de contre-indication à la chirurgie ou quand on
d’obtenir un contrôle de l’acromégalie, on peut proposer de répé- sait que le traitement chirurgical ne guérira pas le patient
ter la chirurgie pour enlever le maximum de tumeur avant de (en particulier en cas d’invasion des sinus caverneux), un
réessayer un SA. La combinaison avec la cabergoline peut aussi être traitement par les SA peut être proposé en première inten-
intéressante si un SA est seulement partiellement efficace. Sinon,
tion.
le pegvisomant peut être essayé avant de recourir à la radiothéra-
• Une réévaluation annuelle de l’effet des traitements est
pie.
Le coût de ces traitements médicaux, qui peuvent être néces- indispensable.
saires de manière indéfinie, doit être pesé vis-à-vis des risques de
la radiothérapie. Dans tous les cas, le traitement médical est néces-
saire en attendant les bénéfices de la radiothérapie. Si la chirurgie
et la radiothérapie sont contre-indiquées, un traitement par SA en
première intention peut être proposé. Déclaration d’intérêts : Philippe Chanson a été investigateur principal dans dif-
L’efficacité de tous ces traitements doit être réévaluée chaque férents essais cliniques promus par Novartis, Ipsen et Pfizer. Il a effectué des
année. Après radiothérapie, si un traitement médical est néces- missions de consultance et a donné des conférences pour Novartis, Ipsen et Pfizer
saire en attendant les effets de la radiothérapie, son interruption dont tous les honoraires sont payés à son institution. Le Service d’endocrinologie
régulière doit être proposée pour évaluer la persistance de la mala- et des maladies de la reproduction, Hôpital de Bicêtre, a reçu des bourses de
die. formation et de recherche de la part de Novartis, Ipsen et Pfizer.

EMC - Endocrinologie-Nutrition 7
10-018-A-10  Acromégalie

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P. Chanson, Professeur des Universités, praticien hospitalier (philippe.chanson@aphp.fr).


Service d’endocrinologie et des maladies de la reproduction, Hôpital Bicêtre, AP–HP, Faculté de médecine Paris-Sud, Université Paris-XI, 78, rue du Général-
Leclerc, 94275 Le Kremlin-Bicêtre, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Chanson P. Acromégalie. EMC - Endocrinologie-Nutrition 2016;13(3):1-9 [Article 10-018-A-10].

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