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Introduction aux moustiques (Culicidae)

Les Diptères sont des insectes caractérisés par la présence d’une paire d’ailes
membraneuses, d’une paire de balanciers (vestiges d’ailes), d’un appareil buccal
adapté pour sucer ou pour piquer, et de tarse à cinq articles.
Dans le sous ordre des Diptères Nématocères, la famille des Culicidae
regroupe l’ensemble des moustiques, elle comprend environ 3530 espèces, qui
sont traditionnellement placés dans 43 genres.

Les moustiques sont divisés en trois sous-familles: Toxorhynchitinae,


Anophelinae (anophèles) et Culicinae (culicines). Les moustiques ont une
distribution dans le monde entier. Ils sont présents dans les régions tropicales et
tempérées et vers le nord dans le cercle polaire arctique. Les seules zones où ils
sont absents sont l'Antarctique et quelques îles. Ils ont été trouvés à une altitude
de 3500m et dans les mines à des profondeurs de 1250m en dessous du niveau de
la mer.

Les espèces nuisibles et vectrices de maladies les plus importantes


appartiennent aux genres Anopheles, Culex, Aedes, Psorophora, Mansonia,
Haemagogus et Sabethes :

 Les moustiques du genre Anopheles sont des vecteurs du paludisme,


quelques filarioses (Wuchereria bancrofti, Brugia malayi et Brugia timori)
et quelques arbovirus.
 Les moustiques du genre Culex transmettent des arbovirus et également
Wuchereria bancrofti.
 Les moustiques du genre Aedes sont des vecteurs importants de la fièvre
jaune, la dengue, le virus du Nil occidental et beaucoup d'autres arbovirus,
et dans quelques zones restreintes, ils transmettent aussi Wuchereria
bancrofti et Brugia malayi.
 Les moustiques du genre Mansonia transmettent les filaires Brugia malayi
et parfois Wuchereria bancrofti et quelques arbovirus.
 Les moustiques du genre Haemagogus et du genre Sabethes sont les
vecteurs de la fièvre jaune et quelques autres arbovirus en Amérique
centrale et du Sud.
 Les moustiques du genre Psorophora contient quelques espèces qui
transmettent des arbovirus.
 Plusieurs moustiques qui ne sont pas des vecteurs peuvent néanmoins très
nuisants par leur piqûres.
Dr HAMMOU Mohammed, Médecin tropicaliste, Entomologiste Médical
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1. Morphologie générale du moustique

1.1. Adulte ou Imago

Le corps du moustique adulte est composé de trois parties : la tête, le thorax et


l’abdomen (fig.1)

Fig.1. Présentation schématique d’un moustique

Il possède une seule paire d'ailes fonctionnelles, les ailes antérieures. Les ailes
postérieures sont représentées par une paire de petits haltères (balanciers).

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Les moustiques sont des insectes minces et relativement petits, mesurant environ
habituellement 3- 6 mm de longueur. Certaines espèces, cependant, peuvent être
aussi petites que 2 mm tandis que d'autres peuvent être plus long que 19mm. Le
corps est nettement divisé en une tête, le thorax et l'abdomen.

La tête comporte une paire d’œil composé en forme d’haricot. Entre les yeux se
pose une paire d’antennes filamenteuses et segmentés. Chez les femelles les
antennes ont des verticilles (poils) courts, mais chez les moustiques mâles, qui
n’ont aucun intérêt médical, les antennes ont beaucoup de poils longs en leur
donnant un aspect plumeux d’où la dénomination « antennes plumeuses » (Fig. 2).
Les deux sexes de moustiques peuvent ainsi être facilement identifiés par
l'examen de leurs antennes.

Fig. 2.Tête d’un anophèle femelle Tête d’un anophèle male

1.1.1. La tête
La tête des insectes est une capsule formée de plusieurs pièces unies par des lignes
de suture. Elle comporte divers organes comme les yeux, les antennes, et des pièces
buccales (la trompe).

Fig.3. Pièce buccale

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1.1.1.1 Les yeux


Ils sont généralement en position latérale et au nombre de deux composés
de nombreuses ommatidies.

1.1.1.2. Les antennes


Elles s’insèrent dans une échancrure du champ oculaire, et sont composées
de 15 articles chez le mâle et 16 articles chez la femelle. Les deux
premiers articles (modifiés) sont : le scape et le torus. Ils sont suivis de
treize autres articles formant le flagellum, et portant à leur base des
verticilles de soie. Celles-ci sont longues et nombreuses chez le mâle
(antennes plumeuses), tandis qu’elles sont courtes et rares chez la femelle
(antennes glabres).

1.1.1.3. Les pièces buccales


Elles constituent un ensemble appelé trompe ou proboscis qui comporte le
labium en forme de gouttière qui entoure et protège les pièces buccales
vulnérantes au nombre de six (ce sont les stylets) (fig.3).
On y distingue deux mandibules, deux maxilles, l’hypopharynx dans
lequel passe le canal salivaire, et le labre qui forme un canal dans lequel
remonte le sang. Chez le mâle, le proboscis n’est pas vulnérant.
En effet, les mandibules et les maxilles sont très peu (fig.4).

Fig.4. Pièce buccale

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1.1.1.4. Les palpes maxillaires


Deux palpes maxillaires sont situés de part et d’autre de la trompe. Ces
derniers peuvent atteindre la taille de la trompe chez le mâle, tandis qu’ils
sont plus courts chez la femelle (sauf chez les anophèles) (fig.5)

fig.5.Palpes maxillaires

1.1.2. Le Thorax
Il est formé de trois métamères fusionnés, de développement très inégal.
Les métamères sont composés de plaques sclérifiées. Les plaques ventrales
sont les sternites, les plaques latérales sont les pleurites et les plaques
dorsales sont appelées tergites. Ces plaques sont reliées entre elles par des
membranes souples. Trois paires de pattes, une paire d’ailes et une paire
d’haltères ou balanciers remplaçant la deuxième paire d’ailes, sont portées
par le thorax.
Le thorax se termine par le scutellum. Les faces latérales du thorax sont
occupées par des écailles et soies qui jouent un rôle important dans la
diagnose des espèces culicidiennes.

Il se compose de plusieurs parties notamment (fig.6):

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1.1.2.1. Le prothorax
Est très réduit, et ne porte qu’une paire de pattes.
1.1.2.2. Le mésothorax
C’est le métamère le plus développé des trois. Il porte une paire d’ailes,
une paire de pattes, et une paire de stigmates. La quasi-totalité de la face
dorsale est constituée par le scutum, qui chez beaucoup d’espèces
présente des dessins particuliers pouvant servir lors de la diagnose des
espèces de Culicidae.

Fig.6 .Vue latérale du thorax du moustique


1.1.2.3. Le métathorax
Il est également très réduit, et porte une paire de pattes, une paire
d’haltères (homologues d’une paire d’ailes vestigiales) et une paire de
stigmates (fig.7).

Fig.7. Morphologie schématique et emplacement des soies du thorax en vue latérale

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1.1.2.4. Les pattes


Elles s’insèrent à la face inférieure du thorax, et sont composées de 9 articles : le coxa, le
trochanter, le fémur, le tibia et 5 tarsomères qui forment le tarse. Le dernier article du tarse
(tarsomère 5) porte une paire de griffes, un empodium médian et une paire de pulvilles.
Les pattes constituent également, par la présence ou non de certains caractères particuliers,
des éléments très utilisés dans le diagnose d’espèces des moustiques (fig.8).

Fig.8. Différentes parties d’une patte de moustique

1.1.2.5. Les ailes


Chaque aile est formée d’une membrane recouverte de microtriches,
tendue sur une armature de nervures recouvertes d’écailles (fig.9).
A l’articulation se trouvent deux lobes membraneux : l’alula et la squama.
La présence ou non de certains caractères sur les nervures fait que celles-ci
sont de plus en plus utilisées dans les clés de détermination des espèces.

Fig.9. Morphologie de l’aile chez le moustique (aile d’Anopheles) : nervation et


écailles en place
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1.1.3. L’abdomen
Il est constitué de 10 segments. Les sept premiers sont distincts et constitués
d’une plaque dorsale (tergite) et d’une plaque ventrale (sternite) reliées
latéralement par une membrane pleurale souple qui porte les stigmates
abdominaux (fig.10). Les 9e et 10e segments sont les segments génitaux et
forment l’hypopygium ou genitulia ou encore terminalia. Ils montrent chez le
mâle une structure complexe d’importance taxonomique considérable qui,
dans beaucoup de groupes, est le seul critère d’identification des espèces.

Fig.10. Vue dorsale de l’abdomen du moustique (Anopheles)

1.1.3.1. Les genitalia mâles


L’appareil génital externe encore appelé genitalia est utilisé en taxonomie. Il
est porté par le neuvième segment abdominal (segment génital) qui subit de
grandes modifications. Il est composé d’une paire de forcipules entourant le
pénis. Le premier segment de chaque forcipules est une large pièce basale
appelée gonocoxite. A la partie apicale du gonocoxite se trouve une plaque
munie de nombreuses épines, c’est le lobe apical. Au gonocoxite fait suite une
pièce fine appelée style. Il porte une forte épine terminale.

1.1.3.2. Les genitalia femelles


Sur le plan morphologique, le huitième segment est bien développé tandis que
le segment neuf est très réduit. L’orifice du rectum s’ouvre entre la plaque
postérieure génitale et une paire de cerques dorsaux portant des soies.

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L’orifice vaginal, placé ventralement, est limité par deux lèvres qui en
obstruent la lumière.
L’étude de l’appareil génital femelle interne fournit de précieuses
informations sur le stade physiologique et l’âge de l’insecte (fig.11)
L’appareil génital femelle interne est formé de deux ovaires composés
d’ovarioles. Dans chaque ovaire se trouve un oviducte interne (calice) dans
lequel débouche les ovarioles. A la sortie des ovaires, les deux oviductes
externes se réunissent pour former l’oviducte commun qui est suivi d’un
vagin dans lequel s’ouvrent les deux canaux des trois spermathèques. Ensuite
suit la bourse copulatrice.

Fig.11. Morphologie schématique de l’appareil génital femelle (Eldridge & Edman,


2000).

1.2. La nymphe

Elle est aquatique et très mobiles, en forme de virgule. Elle respire, l’air
atmosphérique, à la surface de l’eau par une paire de tubes ou trompettes.
Relativement peu de nymphes ont été décrites, si bien qu’on ne peut en
général identifier les espèces à ce stade. Les caractères taxonomiques portent
sur la chétotaxie du céphalothorax et de l’abdomen et sur la structure des
palettes natatoires.

1.3. La larve
Comme la nymphe elle est aquatique et respire l’air atmosphérique.
Elle passe par quatre stades successifs séparés du précédent par une mue.

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Le corps est divisé distinctement en 3 parties (fig. 12B).


La tête est une structure plus ou moins globulaire, fortement chitinisée et plus
ou moins aplatie dorsoventralement. Sa partie dorsale est divisée par deux
sutures en quatre sclérites : un large et Central le front une paire de latéraux
qui portent les yeux, et u n antérieur, le clypeus (cl). Ces sclérites portent des
soies de grande importance taxonomique : soies A, B, C, d, e, f chez les
Culicinae (fig. 13 A), soies clypéales internes (cli) et externes (cle) chez les
Anophelinae (fig. 14 A).
Les antennes (a) sont insérées sur le côté de la tête et sont généralement
spiculées et portent une touffe de soies (ta).

Fig. 12

Les pièces buccales sont ventrales. Elles sont du type broyeur. Le labre porte
une paire de remarquables structures, les brosses buccales (bb) constituées de
longues soies courbes qui, par leurs mouvements, produisent un courant qui
amène les particules de nourriture à la bouche. Chez les espèces à larves
prédatrices elles sont transformées en fortes épines recourbées préhensiles.

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Les trois segments du thorax (fig. 12 B) ne sont différenciés que par leurs
soies pleurales respectives (spl) ; elles ont une importance taxonomique chez
les Anophelinae.
L’abdomen (fig. 12 B, 13 B et 14 B) est composé de neuf segments apparents.
Les sept premiers sont à peu près semblables entre eux et peuvent porter des
soies ou des sclérites d’importance taxonomique (Anophelinae). Le huitième
porte les stigmates (st).
Chez les Culicinae et les Toxorhynchitinae ils sont à l’extrémité d’un tube
respiratoire dorsal ou siphon (si). Chez les Anophelinae il n’y a pas de siphon
et les stigmates sont portés par une plaque stigmatique. Les faces latérales du
8e segment présentent chez les Culicinae un groupe d’écailles ou d’épines
parfois porté par une plaque chitinisée ; c’est le peigne du 8e segment (p8). Il
a une grande importance taxonomique. Il existe chez les Anophelinae de part
et d’autre des stigmates une paire de plaques bordées distalement d’épines ;
on l’appelle aussi le peigne (p) bien qu’elle ne soit pas l’homologue du
précédent.

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Fig. 13

Fig. 14

Le siphon a aussi une très grande importance taxonomique. Il porte une ou


plusieurs soies ou touffes de soies subventrales (ssv) et quelquefois des soies
latérales ou subdorsales. Sur sa partie basale il y a latéralement une rangée de
dents ; c’est le peigne du siphon (ps).
Le neuvième segment ou segment anal est rejeté ventralement et porte
toujours une plaque chitineuse dorsale qui peut l’entourer complètement ou
pas ; c’est la selle (s). A son angle dorso-apical le 9e segment porte deux
paires de soies caudales (SC) et à I’angle ventro-apical une série de touffes
paires de soies qui constituent la brosse ventrale (bv). Ces touffes ont une

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base fortement chitinisée dont l’ensemble constitue l’aire barrée. Enfin à la


partie postérieure du segment il y a deux paires de sacs allongés ou papilles
anales (Pa).

1.4. L’œuf
Il a été rarement décrit. Les œufs peuvent être pondus isolément ou en
barquettes (Culez spp.). Les œufs des Anophèles possèdent des flotteurs.

2. Méthodes de récolte et montage pour identification

On récoltera les larves et les nymphes de moustiques avec On récoltera les


larves et les nymphes de moustiques avec une louche ou une cuvette à
dissection émaillée. On recueillera les larves en surface, soit à vue, soit en
fouillant dans la végétation ou les débris végétaux.
Elles seront aspirées à la pipette et mises en tubes ou en flacons.
Pour les conserver on ajoutera de l’eau environ 1/4 de lactophénol (formule
LANGERON) dès que possible. On pourra également employer de l’alcool
mais il durcit et noircit les larves.
Si on veut élever des larves ou des nymphes on le fera dans l’eau du gîte.
Pour l’identification on montera les larves entre lame et lamelle après avoir
coupé l’abdomen à la jonction du sixième et du septième segment afin de voir
de profil les huitième et neuvième segments. On utilisera comme milieu de
montage le PVA-lactophénol (formule in GRENIER et TAUFFLIEB,
1952) qui a un excellent indice de réfraction et permet de monter directement
les larves sorties de l’eau lactophénolée. Ce milieu présente néanmoins
l’inconvénient de s’altérer en milieu tropical au bout de quelques mois. Il
faudra donc, si on veut garder les préparations, utiliser le baume du Canada
après éclaircissement des larves au liquide de Marc André (formule
LANGERON) déshydratation à la créosote de hêtre. Les adultes seront
montés sur minuties piquées sur des paillettes de bristol ou mieux sur des
morceaux de polypore.

3. L’identification morphologique des spécimens

L’identification morphologique des spécimens entiers (montés sur minuties


ou aiguilles, ou conservés en alcool) se fait sous loupe binoculaire, à l’aide de
clés d’identification dichotomique qui permettent de choisir entre plusieurs
critères morphologiques. Ces clés sont en version papier ou sous forme
électronique.

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