LA FORME SCOLAIRE
La forme scolaire de l’éducation : tensions internes et évolution – Maulini & Perrenoud
(2005)
Toutes les écoles ont le même mode de transcription des savoirs et de socialisation
(apprentissage anticipé, codifié et planifié → règles)
Instructeur = savant et compétant
Instruit = ignorant
S’étend à tous les jeunes : 2 – 3 ans à 15 – 20 ans
La forme scolaire peut entrainer l’aliénation, l’exclusion, l’enfermement ou encore des inégalités.
La forme scolaire a une forme sociale (mais ne renvoie pas forcément à des organisations), mais il peut
s’agir de pratiques et de dispositifs de formation interne à des organisations plus vastes.
Il y a des variations à l’intérieur de la forme scolaire mais qui ne sont pas des traits distinctifs :
n’appartient pas à un système régional/ national pas de dimensions bureaucratiques, pas d’évaluation
formelle des apprentissages, pas de classes, pas de structuration du cursus en degré.
L’organisation rationnelle d’un cursus scolaire s’est développée d’abord à échelle limitée, pour former
des religieux, lettrés, fonctionnaires, commerçants, soldats.
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Les grands courants de la pensée et de la recherche en éducation – Portefeuille de lectures
La forme scolaire est compatible avec les écoles sans notes/ redoublement et son contraire.
L’éducation selon les jésuites : l’enseignement du latin et des humanités – Gabriel Compayé
(XIXe)
L’enseignement jésuite :
- L’étude du grec et surtout du latin
- Idéal = écrire en latin
- Interdiction d’utiliser la langue maternelle (= langue vulgaire)
- Dans les 2-3 dernières années → philosophie et sciences
- Rhétorique → orateur latin
- En tout, il y a 5 ans d’étude (4 classes prépa : 3 années de grammaire + 1 année d’humanité ;
et la rhétorique)
- L’enseignement consiste à l’étude d’ouvrages tout au long de la formation (les explications
des auteurs, des études grammaticales, des préceptes de rhétorique et poétique, des thèmes
grecs, des compositions latines et grecs) et une partie se fait à l’ « érudition »
Méthodes de l’enseignement :
- À l’origine : en latin (mais au début, ils ont la permission d’utiliser la langue maternelle)
- XVII : utilisation plus fréquente du français (langue maternelle), mais en essayant toujours
d’utiliser le latin et le grec
- L’explication d’une œuvre se passait en 5 parties (p. 26)
- L’histoire y est bannie
- On respecte la pureté de l’enfant : suppression de tout ce qui pourrait effaroucher la pudeur,
salir l’imagination, provoquer des réflexions prématurées
- Suppression des traits qui suggèrerait une société antérieure au christianisme dans les textes
- Pousse la culture intellectuelle, mais pas assez pour provoquer l’émancipation intellectuelle →
les jésuites forment des esprits bornés, non-développés, incapables de se passer de la
direction paternelle du jésuitisme
- On amène l’élève à écrire des élégies en latin
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ÉGALITÉ
Rapport sur l’organisation générale de l’instruction publique présenté à l’Assemblé
nationale législative ou nom du Comité d’Instruction Publique – Condorcet
(1792)
Offrir à tous les individus les moyens de pourvoir à leurs besoins, d’assurer leur bien-être, de connaître
et d’exercer leurs droits.
Le plan d’organisation générale est de rendre l’éducation aussi égale, universelle et complète que
possible :
- L’instruction ne devrait pas abandonner les individus au moment où ils sortent de l’école
- Elle devrait embrasser tous les âges
5 degrés d’instruction : école primaire et secondaire (1 & 2), institut (3), lycée (4) et société nationale
des sciences et des arts (5).
L’école primaire enseigne ce qui est nécessaire à chaque individu pour se conduire lui-même, et jouir
de la plénitude de ses droits.
Le lycée enseigne toutes les sciences. C’est là que les savants et les professeurs vont se former.
La société nationale des sciences et des arts est instituée pour surveiller et diriger les établissements
d’instruction. Elle est uniquement composée de savants.
Les jeunes bruxellois : entre diversité et adversité – Dirk Jacobs & Andrea Rea
(2007)
646 élèves entre 17 et 18 ans (pour la majorité, mais s’étend jusque 21) dans l’enseignement
secondaire, technique et professionnel → l’étude s’est faite dans des classes de rhétoriques.
Au niveau de l’appartenance sociale, 63% se considère comme faisant partie de la classe moyenne
supérieure, 27% la classe moyenne inférieur, 6% de la classe supérieure et 3% de la classe inférieure.
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Au niveau des études des parents, 40% des pères et 30% des mères ont été à l’universalité, mais 15%
des pères et 16% des mères n’ont pas fini le secondaire.
Le statut socio – professionnel des parents varie entre : les salarié (majorité), environ 8% de
chômeurs.euse, 24% de femmes au foyer et 27% des pères sont indépendants.
L’orientation scolaire semble être déterminée par l’appartenance sociale. Les inégalités sociales se
perpétuent en inégalités scolaires.
La composition des populations scolaires s’est transformée et cette modification se vérifie dans la
composition des effectifs scolaires.
Racisme et discrimination :
- Presque la moitié des élèves rejettent l’idée qu’il existerait des races (→ moins de racisme),
mais 44% dit qu’il existe des races, mais qu’elles se valent => évaluation positive de l’altérité
- Les belgo – belges ne sont donc pas les seuls coupables d’insultes racistes envers les non belgo
– belges
L’inégalité pénale a ses causes dans le processus sélectif des pratiques policières et judiciaires, ainsi
que dans les mécanismes de neutralisation mobilisée par les acteurs disposants de ressources efficaces
pour les mettre en œuvre.
La délinquance est plus présente chez les garçons, l’insécurité est associée à un groupe particulier.
Les effets de l’agrégation sociale et académique des élèves sur l’efficacité des systèmes
d’enseignements donnent plusieurs constats. On démontre que plus un pays à recourt au
regroupement homogène des élèves selon des critères sociaux et/ ou académique :
- Plus le bénéfice d’un élève défavorise de fréquenter une école favorisée sera important
- Plus de déficit d’un élève défavoriser de fréquenter une école défavorisée sera important
- Plus l’écart de performance qui sépare les élèves faibles et les élèves forts sera élevé, même
chose pour les élèves favorisés et défavorisés
- Plus la corrélation entre l’origine sociale et la performance sera élevée
- Plus la performance moyenne en lecture sera faible et dans une moindre mesure
DIVERSITÉ CULTURELLE
Regards de responsables sur les notions d’égalité, non-discrimination et diversité –
Montargot & Peretti
(2012)
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L’idéal du vivre ensemble n’est jamais atteint spontanément et suppose une performance des efforts,
un cadre, une démarche pour faciliter la coopération et l’inclusion.
Chaque secteur, organisation, traite le sujet de la diversité selon sa vision, son environnement, sa
culture, même si les programmes de gestion de la diversité se focalisent sur les 4 axes : égalité
professionnelle (genre), âge, handicap et origine ethnique.
La question de la lutte contre les discriminations est abordée sous 2 axes : l’égalité homme/ femme et
l’origine ethnique. L’approche communautariste implique la cohabitation de chacun avec ses
différences :
1. En faveur de l’égalité des chances. Les politiques d’égalité des chances sont issues des
revendications des mouvements d’émancipation de groupes socialement défavorisés. On
instaure des procédures visant à enrayer les discriminations au sein des entreprises. L’objectif
est de bannir toute discrimination et d’assurer des opportunités d’emploi équitables, pour
tous les individus, sans distinctions.
2. L’évolution vers la notion de diversité : valoriser les caractéristiques sociales. L’objectif n’est
donc plus l’assimilation des minorités mais la recherche d’un nouveau creuset, qui permet
l’expression d’un collectif diversifié.
3. Il y a un glissement sémantique de la notion de non-discrimination à la notion de gestion de la
diversité. Il y a différents glissements sémantiques sont dès lors opérés, certains mots ont
quasiment disparus et ont été inclus dans une sphère plus large et consensuelle.
La notion de diversité s’est éloigné des groupes ayant subi un préjudice historique pour inclure
chaque citoyen
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Le contexte historique révèle l’importance de la notion d’égalité comme valeur fondée sur une
approche individuelle qui aurait dû suffire à écarter les discriminations et les différences de traitement.
Or l’égalité de droits n’a pas pu se traduire en égalité de faits.
ÉPISTÉMOLOGIE
Sciences, religions et identités culturelles – José-Luis Wolfs
(2013)
1. INTRODUCTION
Plaidoyer en faveur de l’intégration, dans l’enseignement des sciences, s’une formation explicite à
l’épistémologie et à certains éléments clés de l’histoire des sciences.
Les élèves ont une vision naïve et caricaturale de l’activité scientifique. Une des recherches pionnière
est celle de Nadeau et Desautels qui avaient pointé une conception fort empiriste de la science, parfois
proche du scientisme.
5 conceptions principales :
- L’empirisme béat
- Le réalisme naïf
- La vérification crédule
- L’idéalisme aveugle
- Le rationalisme abusif
Les trois premières conceptions reposent sur une forme de malentendu à propos du rôle de
l’ « observation » dans la démarche scientifique (sous-estimation importante du travail de
construction théorique). Les élèves ont une conception « empiriste, inductive et cumulative ». Cette
conception s’appuierait sur une représentation « réaliste-naïve » de la science. La science serait en
partie aussi entretenue par certaines méthodes d’enseignement.
Mc Combs relève au près d’élèves américains, « 15 mythes ou idées fausses ». Ces mythes illustrent le
décalage qui pouvait exister entre l’image que les élèves ont de la science et la manière dont celle-ci
se construit.
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Le but de l’enseignement de la science est d’amener les élèves à dépasser une conception naïve de la
nature de l’activité scientifique, au profit d’une représentation mieux informée. Cela passe aussi par la
réflexion « épistémologique » portant sur la nature des savoirs, leurs fondements, la manière dont ils
se développent, leurs conditions et limites de validité.
Une bonne compréhension de la nature de la science est de distinguer différents registres de discours,
en particulier ce qui relève des sciences et d’autres types de discours tels que les mythes, les discours
philosophiques et les discours logothéiques.
Les raisons de développer une meilleure compréhension de la nature de la science chez es élèves :
- Argument démocratique : une bonne compréhension de la nature de la science est nécessaire
afin de comprendre des problèmes socio-scientifiques et de pouvoir participer, comme
citoyen, aux processus de prise de décision
- Argument éthique : une bonne compréhension de la nature de la science devrait permettre
aussi de mieux comprendre certains enjeux éthiques et bio-éthiques et permettre de
participer, comme citoyen, à des débats en cette matière
- Argument culturel : une bonne compréhension de la nature de la science est nécessaire pour
pouvoir apprécier la science comme élément majeur de la culture
Remarque préliminaire : la science au singulier c’est l’idée générale de scientificité et les sciences au
pluriel, c’est l’idée d’une diversité de disciplines jusqu’à une certaine mesure, d’un idéal de scientificité
en partie commun.
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La première délimitation est problématique : distinguer, selon un usage assez classique, trois groupes
de disciplines selon leur objet : les sciences logico-mathématiques, les sciences de la nature et les
sciences humaines.
Une certaine familiarisation avec les sciences est nécessaire, avant d’adopter un regard plus « meta ».
Question 1 : quelles sont les origines de la science ? Quelles sont ses visées ?
1. Le mot « science » évoque l’idée d’un discours basé sur la raison, l’argumentation, le souci de
la logique, de la démonstration, de la preuve (aussi un effort d’abstraction et de calcul)
2. Développer l’histoire des sciences : la contribution du monde arabo-musulman (1) et
l’émergence de la science moderne au XVIIe (2)
3. La visée de la science, de la démarche scientifique est la « visée explicative »
4. La science vise aussi un « savoir pour faire ». Les interactions entre les sciences et les
techniques à produire des outils/ dispositifs. La science vise à « expliquer » le monde.
Cette réflexion, a développé l’origine des sciences et leur visée importante pour plusieurs raisons :
- Appréhender la science
- Met en valeur l’apport de différentes cultures
- Soulève des questions importantes (distinction entre « recherche fondamentale » et
« recherche appliquée » et vise à éviter une conception réductionniste de la science
- Soulève des questions sur les rapports entre la science, l’éthique et la politique
Question 2 : comment délimiter le « périmètre de la science » : ce qui est science et ce qui n’est pas
science ?
Expliquer aux élèves les trois critères qui constituent des balises pertinentes permettant de distinguer
science et non-science :
Question 3 : en quoi consiste l’activité scientifique ? Comment fait-on de la science ? Comment les
scientifiques travaillent-ils ?
1. Il n’existe pas une méthode unique et universelle pour faire de la science et qu’il peut exister
plusieurs conceptions de l’activité scientifique. Tous les scientifiques observent, comparent,
mesurent, testent, émettent des hypothèses, créent des outils conceptuels et établissent des
théories et des explications. Mais il n’y a pas une séquence s’activité unique, il y a deux
conceptions contrastées de l’activité scientifique. Les différences entre ces deux conceptions
sont :
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Les grands courants de la pensée et de la recherche en éducation – Portefeuille de lectures
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Les grands courants de la pensée et de la recherche en éducation – Portefeuille de lectures
Les facteurs amènent les chercheurs à changer de paradigme. L’abandon d’un paradigme reposant sur
une conception erronée (1) et l’abandon d’un paradigme qui aurait en quelque sorte atteint son point
« d’épuisement », qui n’offre plus de perspective nouvelles pour les chercheurs (2), ce sont les deux
types d’explications. Une nouvelle explication internaliste, Bourdieu est confronté à des paradigmes
concurrents et les critères de choix strictement rationnels fassent défaut.
Chacune de ces approches est pertinente mais limitée. Il y a trois idées clés qui peuvent faire l’objet
de débats avec les élèves :
1. La science évolue sans cesse et se remet en question (les explications proposées constituent
des « essais » et sont donc « faillibles ».
2. Les « paradigmes » ont des rôles très important, le choix dépend de paradigmes de référence.
3. La science nécessite de la créativité et de l’inventivité.
Une vision « absolue » des sciences (celle-ci détiendraient des certitudes, des vérités universelles,
intemporelles, indiscutables) et une vision « exagérément relativiste » (assimiler les savoirs
scientifiques). Ces deux conceptions reposent sur des malentendus. Ainsi un enseignement des
sciences qui s’inspirerait d’une conception positiviste empiriste présentée d’une manière caricaturale
pourrait avoir pour effet de renforcer la conception. La science « dévoilerait » des « vérités »
considérées comme absolues. À l’inverse, une conception socio-constructiviste, poussée à l’extrême
et mal interprétée, pourrait conduire l’autre excès : relativiser les savoirs scientifiques au point de les
assimiler à des opinions.
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Les différents « savoirs » et « croyances » sont que les savoirs scientifiques tendent à se
développer en rupture avec les opinions. Le fait scientifique représente une ouverture de la
pensée vers un nouveau champ du possible.
2. C’est la relation problème-solution qui donne tout son sens à un savoir scientifique. Les savoirs
scientifiques sont de conclusions, en sciences, savoir n’est pas simplement savoir que, mais
savoir que cela ne peut pas être autrement. Le rôle fondamental de l’activité problématisation
dans la démarche scientifique et l’importance, dans la relation problème-solution. Les
« nécessités » sont les conditions de possibilité des modèles explicatifs.
Il est artificiel de regrouper en un ensemble commun l’histoire et les différentes sciences humaines
car :
- Il peut exister autant de points communs et de différences entre ces disciplines
- L’histoire diffère de celui des autres sciences humaines, où « l’histoire » existe depuis
l’antiquité, ce qui n’est pas le cas d’autres sciences humaines
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Le point de départ est le constat d’un refus total ou partiel de la théorie de l’évolution par une partie
des élèves croyants. Beaucoup d’élèves établissent une équivalence entre référentiels scientifique et
non scientifique. Ils ont une conception composite de la diversité du vivant.
Celle-ci résulterait de l’action conjointe de l’œuvre divine et des processus évolutifs.
La prise de recul des élèves par rapport à leur conceptions antérieures, d’une meilleure prise en
compte des différences entre ces registres discursifs, prise de conscience que la sphère religieuse ne
peut interférer dans la sphère des savoirs scientifiques.
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Le texte « une culture ‘’contre’’ une autre : les idées de l’éducation nouvelle solubles dans l’institution
scolaire d’État ? Autour de la démocratisation de l’accès au savoir » d’André D. Robert (2006) n’est pas
résumé car Mr Wolf nous l’a enlevé de la matière d’examen.
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