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RELIGION CHRÉTIENNE
CONTEIUIfT
TOUTE LA THÉOLOGIE
DE LA NOUVELLE ÉGLISE
.Prédite par le SeiKneur dans Daniel, VII, l3, l4 j et dans l'Apocalypse, XII, i, 2.
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El'tIl'tIA.NITEIA SWEDE~BORG
Serviteur du Seigneur .Jé8u8-ebr"t
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SECONDE ÉDITION
TOME SECOND
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... la Librairie, 19, rue du Sommer8l'd.
Londr....
New-York
~878
LA VRAIE
RELIGION OHRÉTIENNE
LA VRAIE
RELIGION CHRÉTIENNE
CONTENANT
TOUTE LA THÉOLOGIE
DE LA NOUVELLE ÉGLISE
Prédite par le SeiRneur dans Daniel, VII, i3, H; et dans l'Apocalypse, X:I.I, i, !.
l'AR
SECONDE ÉDITION
TOME SECOND
"
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Â. la Librairie, 19, rue du Sommer6l'd.
Londr"s
SWEDENBORG SOCIETY, 36, Bioomsbury Street, V. C.
New.York
NEW Clin.clI BOOK-RoOH, 20, Cooper Union.
1878
•
LA. VRAIE
RELIGION CHRÉT.lENNE
CONTEN,\NT
TOUTE LA THEOLOGIE
CHAPITRE HUITIÈME
DU LIBRE ARBITRE
)) Dieu quand elle est prêchée, mais qu'il la regarde comme une
» chose extravagante, et qu'il ne s'approche jamais de lui-même
» vers Dieu, mais que plutôt il est et demeure ennemi de Dieu,
.' raison, que l'homme n'est pas une pierre ou une souche '; la
» pierre ou la souche ne résiste pas, et elle ne c:omprend pas ou
"ne sent pas ce qui se fait en elle, comme l'homme par sa vo
» lonté résiste à Dieu, JUSqU'.1 ce qu'il ait été tourné vers Dieu;
.. et c'est une vérité que l'homme avant la conversion est une
Il créature ralionnelle, qui a l'entendement, mais non dans les
.. choses Divines, et la volonté, mais non pOlir vouloir quelque
)1 hien salUlaire ; mais néanmoins Il ne pellt contrihuer en rien à
» Sil conversion, el en cela il est 'pire qu'une souche ou qu'une
.. pierre, pag. 6ï2, 6i3. VI. Toute la conversion est l'opération,
Il le don CL l'œuHe du seul Esprit Saint, qlli l'effectue et l'opère
)1 leurs modernes, que Dieu attire celui qui veut être attiré, la
» ment faibles, et même quelque petits qu'ils soient ils ont été
» infectés de venin par la maladie héréditaire, et ils ont été cor
» qu'il est conduit, régi et gouverrié par l'Esprit Saint; mais néan
l) rigine n'est point une sorle de délit qui se commet par acte,
» mais il est intimement tenu attaché à la nature, à la substance
» et à l'essence de l'homme; il est la source de tous les péchés
Il actuels, comme sont les mauvaises pensées, les mauvaises pa
46fS. Tels sont les préceptes, les dogmes et les points consacrés
de l'Église d'aujourd'hui sur le Libre Arbitre de l'homme dans les
choses spirituelles et dans les naturelles, et aussi sur le Péché ori-
ginel ; ils on t été rapportés ici, afin que les pré.ceptes, les dGgmes
et les points consacrés de la Nouvelle Église sur ces deux sujets se
présentent avec plus d'évidence, car par ces deux formes mises
ainsi en regard, la vérité se montre dans la lumière, comme il ar--
rive pour les Tableaux dans lesquels une Figure difforme est mise
à côté d'une Figure belle; en les voyant ensemble, la beauté de
l'une et la difformité de l'autre se présentent clairement devant
l'œil. Les points consacrés de la Nouvelle Église sont ceux qui
suivent.
10 LA VRAIE
choses finies, dont il est composé, sont des substances spirituelles,
qui sont dans le ~Ionde spirituel, et qui ont aussi été trànsportées
dans noIre terre, et y ont été renfermées; si elles n'étaient pas en
m'ême temps avec les subslances matérielles, aucune semence ne
pourrait étre imprégnée par les intimes, ni par suite croître d'une
manière merveilleuse sans aucune déviation depuis le premier jet
jusqu'aux fruits, et jusqu'à de nouvelles semences; ct aucun ver
ne serait procréé des effluves provenant de la terre, ni de l'exha
laison des vapeurs des végétaux, dont les atmosphères ont été im
prégnés. Qui est-ce qui peut, d'après la raison, penser que l'I~fini
pui~se créel' autre ehose que le fini, el que l'homme, étant fini,
soit autl'e chose qu'une formè que l'Infini peut vivifier d'aprèsJa
vie qu'il a en lui-même; c'est lit ce qui est entendu par ces pa
l'oies: « Jéhovah Dieu (orma l'homme, poussière de la tel're, ~t
-soulfla dans ses nm'ines urie âme de vies. )l - Gen. Il. 7. - Dieu)
parce qu'il est Infini, est la Vie en Soi-Même, il ne peut la créer
ni par conséqutlnt la transcrire dans J'homme, car ce serait le faire
Dieu; penser que cela a été fait, ce fut la folie du serpent ou du
diable, et d'après lui cel1e d'Ève et d'Adam, car le se~pent dit: « Au_
jour où VOltS mangel'ez du fruit de cet Arbre, ouvel'ts seront vos
yeux, et vous serez comme Dieu.)l - Gen. HI. 5. - Que celte
abominahle persuasion, que Dieu s'est transfusé et transcrit dans les
hommes, ail existé l'hez les hommes de la Très-Ancienne Église
à la fin de celle Église quand elle eut été consommée, c'est ce que
j'ai appris de leur propre bouche; et ceux-ci, il callse de celle abo
minable foi, qu'ils étaient ainsi des dieux, sont tenus cachés dans
une profonde Caverne, ,irès de laquelle personne ne peut appr9
cher, salis être aussitôt saisi d'un vertige intérieur et sans succom
ber. Que la Très-Ancienne Église soit' enlendue et décrite par
Adam et par son Épouse, c'est ce qui _a été montré dans l'Article
précédent.
471. Quel est l'homme qui, s'il peut penser d'après la raison
élevé au-dessus des sensuels du corps, ne voie pas que la vie n'est
pas créable? En effet, qu'est-ce que la vie, siuon- l'intime activité
de l'Amotir et de la Sagesse qui sant en Dieu et qui sont Dieu, yie
qui peut aussi être appelée la fof~e jvive même'1 'éerüi qui voit cela
peut aussi voir que cette vive ne peut être transcrite en aucun
RELIGION' ëIÏRtTIENNE.
hom'me, si ce n'est 'en 'même temps' avec l'amour e,tla sagesse.
Qui esi-ce qui nie, ou peut nier, que, tout bien de l'amour eUout
vrai de la sagesse viennent uniquement de Dieu, et qu'autan-t
l'homme les reçoit de Dieu, autant, il vit par Dieu, et est dit né de-
Dieu, c'est-il-dire, régénéré; et que vice ve?'sd, autant l'homme·
-ne reçoit pas l'amour et la sagesse, ou ce qui revient au même,,la.
charité et la foi, autant il ne reçoit pas de, Dieu la vie qui en soi esl
la vie, mais re~,oit de l'enfer une vie qui n'est autre que la vie ren-
versée, laquelle est appelée mort spirituelle?
4i2. De ce qui vient d'être dit on peut percevoir et conclure qUQ
les choses qui suivent ne sont poin t C1:éables, il savoi l': 1° L'infini ~
2° l'amour et la sagesse; 3° et par suite la vie; 4° la lumière et la
chaleur; 5" el de plus, l'activité elle-même, considérée en soi; mais
que les Organes qui les reçoivent sontcréables et ont été créés. Ceci
peut être illustré par ces comparaisons: La lumière n'est pas créa-
ble, mais son organe qui est l'œil est créable; le son qui est l'ac-
tivité de J'atllJosphère n'est pas créable, mais son organe qui est'
l'oreille est créable; de même la c~aleur, qui est le principal actif,
pour la réception de laquelle ont été créées toutes les choses qui
sont dans les trois Règnes de la nature, lesquelles n'agissent pas,.
mais sont mises en action selon .la réception. C'est une loi de la
Création, que là où il y a des actifs, il y ait aussi des passifs, et que
ces deux se conjoignent comme en un; si les actifs étaient créa-
bles, comme les passifs, il n'y aurait pas besoin de Soleil, ni par:
conséquent de chaleur et de lumière, mais toutes les choses créées
subsisteraient sans eux, lorsque cependant s'ils étaient' supprimés
l'Univers créé lomberait dans un Chaos. Le Soleil du monde con-
sisle lui-même en substances créées dont l'activité produit le felL
Ceci a été rapporté pour servir d'illustration. Il en serait de même
de l'homme, si la Lumière spirituelle. qui dans son essence est la
sagesse, et la Chaleur spirituelle, qui dans son essence est l'amour,
n'influaient pas dans l'homme, et n'étaient pas reçues par l'homme.:
l'homme tout entier n'est autre qu'une forme 9rganisée pour la ré-
éeption de la .chaleur et de la lumière, tant du Monde naturel que
du Monde spirituel. car elles se correspondent l'une à l'autre. Si
l'on niait qu~ l'homme soil une ,F.o~mé. récipiente de l'amou~ et. de.
la-sagesse procédant de Dieu, on nierait aussi l'influx, et par COD- '
LA VRAIE
séquent que tout bien vienl de Dieu; on nierait encore la conjonc
tion avec Dieu; el par suite cetle parole, que l'homme pëut être
l'habitacle et le temple ~e Dieu, serait une parole vaine.
473. Si l'homme ne sait pas cela d'après quelque lumière de
la raison, c'est parce que les illusions provenant de ce que l'on
croit aux apparences des sens externes du corps, couvrent d'om
bre celle lumière. Si l'homme ne sent autrement que comme s'il
vivait de sa propre vie, c'est parce que l'instrumental sent le prin
cipal comme sien, et qu'ainsi il ne peut distinguer l'un de l'autre•
.car la cause principale et la cause instrumentale font ensemble une
seule cause, selon le lbéorême connu dans le Monde savant; la
cause principale est la ,oie, atla cause instrumentale est le mental
de l'homme. Il semble allssi que les bêtes possèdent une vie créée
en elles, maïs c'est une illusion semblable; en effet, elles -sont des
Organes créés pOlir rece\'oir la lumière el la chaleur ùu l\Ionde na
turel el en même temps du Monde spirituel, car chaque espèce est
_l1ne forme de quelque amour naturel, et reçoit la lumière et la'
chaleur du Monde spirituel médiatement par le ciel_ el l'enfer, les
bêtes douces par le ciel, et les bêtes féroces par l'enfer. L'homme
seull'eçoil la lumière el la chaleur, c'est-à-dire, la sagesse et l'a
mour, immédiatement du Seigneur: c'est là la différence.
474. Qne le Seigneur soit la Vie en Lui-Même, ainsi la Vie
même, c'e:5l ce qu'il enseigne dans Jean: «( La Parole était chez
Dieu; et Dieu elle était, la Pm'ole,. en Elle la Vie était, et la
Vie était la Lumière des hommes. Il - 1. f, 4. - Dans le Même;
« Comme le Père a la vie en Lui-Même, ainsi il a donné au Fils
d'avoir la vie en Lui-Même. » - V. 26. - Dans le Même: « Moi,
je suis le Chemin, la Vél'ité et la Vie. Il - XIV. 6. - Dans le
Même: ) Celui qui Me suit aura ta Lumiè1'e de la Viti.)J
VIII. t 2.
L'homme, tant qu'il vit dans le Monde, est tenu dans le milieu_
entre le Ciel et l'Enfer, et là dans l'Équilibre spirituel, qui
est le Libre Arbit?'e,
475. Pour qu'on sache ce que c'est que le Libre Arbitre, et quel
RELIGION CHRÉTIENNE. t3
il est, il faut nécessairement savoir d'où il vient; son origine étant
COnnue, on connaît aussitôt non-seulement qu'il existe, mais en-'
core quel il est. Son origine vient du Monde spirituel où le Mental
de l'homme est tenu par le Seigneur; le Mental de l'homme est
son Esprit qui vil après la mort, et l'esprit de l'homme est conti
nuellement en société avec ceux qui sont semblables à lui dans le
Monde spirituel, et cet Esprit par le corps matériel, dont il est en
veloppé de toute part, est avec les hommes dans le Monde naturel.
Si l'homme ne sait pas qu'il est au milieu des Esprits quant à son
Mental, c'est parce que ces Esprits, avec lesquels il est en société
dans le Monde spirituel, pensent et parlent spirituellement, au
lieu que l'esprit de l'homme, tant qu'il est dans le éorps matériel,
pense et parle naturellement; or, la pensée et le langage spirituels
ne peuvent être ni compris ni perçus par l'homme naturel, et vice
versd la pensée et le langage naturels ne peuvent l'être par les es
prits; de là vient qu'ils ne peuvent pas non plus être vus; mais
quand l'esprit de l'homme est en société avec les esprits dans leur
Monde, il est alors aussi dans la pellsée et le langage spirituels
avec eux, parce que son mental est intérieurement spirituel, l'pais
extérieurement naturel; c'est pourquoi il communique par ses in
térieurs avtJc eux et par ses extérieurs avec les hommes; par ceLle
communication l'homme perçoit les choses, et il les pense analyti
quement; si cela n'était pas en l'homme, il ne penserait ni plus ni
autrement que les bêles; comme encore, si tout commerce avec
les esprits lui était ôté, il mourrait à l'instant. Mais pour qu'on
puisse comprendre comment l'homme peut être tenu dans le mi
lieu entre le Ciel et l'~hfer, et par là dans l'Équilibre spirituel,
dont résulte pour lui le Libre Arbitre, il va être donné quelques'
explications. Le Monde spirituel est composé du Ciel et de l'Enfer;
le Ciel est au-dessus de la Tête, et l'Enfer est là au-dessous des
pieds, non pas cependant dans le milieu d'une Terre habitée par des
hommes, mais au-dessous des terres de ce monde là, qui aussi sont.
d'origine spirituelle, et est ainsi non pas dans l'étendue, mais dans
l'apparence de l'étendue. Entre le Ciel et l'Enfer il y a un grand
Intervalle, qui apparaît à ceux qui y sont comme un monde en
tier; dans cet Intervalle s'exhale de l'Enfer le mal en toute abon
dance, et influe du Ciel le bien aussi en toute abondance; c'est au
LA VRAIE
sujet Ile cet intervalle qu'Abràham dit au riche dans l'Enfer: « Entre
nous et vous un Gou/treJmmense a été établi, de sorte que ceux
qüi veulent traverser d'ic(vers vous ne le peuvent, non plus que
ceuÇc de là vers nous (ne peuvent) passer. » - Luc, XVI. 26,
Aùinllieu de cet interv~l1e est tout homme quant à son esprit, et
cela uniquement afin qu'il soit dans le libre arbitre. Cet Inter
vàl1e, parce qu'il est immense et apparaît à ceux qui y sont comme
uTÏ grand monde, est appelé le MONDE DES ESPRITS; il est plein
d'esprits aussi, parce que touthùmme après la mort vient d'abord
là, et y est préparé ou pour le Ciel ou pour l'Enfer; il est là en so
ciété parmi les esprits comme auparavant parmi les hommes dans
leï\londe precédent ; il n'y a point là de Purgatoire; le purgatoire
est une. fable inventée par les Catholiques-Romains. !\Jais ce l\fonde
de~ Ésprits a été spécialement décrit dans le Traité sur le CIEL ET
L'ENFER, publié à Londres, en 1i58, N°' 4,21 à :S35.
4i6. Tout homme, depuis l'enfance jusqu'à la vieillesse, change
de lieux ou de situalions dans lel\'Ionde des Esprits: PETIT ENFANT,
il est tenll dans I~a plage orienlale vers le septentrion; ENFANT,· à
mesure qu'il apprend des éléments de la religion, peu à peu du
septentrion il. recule vers le midi; AOOLESCENT, à mesure qu'il
commence à penser d'après son mental, il est porté du côté du
midi, et ensuite quand il devient maître de ses opinions et de ses
aClions, à mesure qu'il fait des progrès intérielJrement dans les
chôses qui concernent Dieu et ('amour à l'égard du prochain, il est
porLé dans le midi vers l'orient: mais s'il est fa\'orable au mal et
qu'il s'y abandonne, II s'avance du côté de l'occident: tous, en ef
fet~ clans le Monde spirituel babitent selon le~ plages·; dan.s 1'0
RI,EiH, ceux qui sont dans le bien par le Seigneur, car là est le So
leil, au milieu duquel est le Seigneur; dans le SEPTENTRION, ceux
qui sont dans l'ignorance; dans Je MIDI, ceux qui sont dans l'in
l'intelligence; et dans l'OCCIDENT, ceux qui sont dans le mal. L'homme
lui-même quant au corps n'est pas tenu dans cel Intervalle ou ce
l\fiIiell entre le Ciel et l'Enfer, mais il y est tenu quaut à SOli es
prit, et selon que son esprit change d'état, en s'approchant ou du
bien ou du mal, il est transporté vers des lieux ou des situations
dans telle ou telle plage, et là il se met en société avec les habi
tants: ~Mais il faut qu'on sache que le Seigneur ne transporte pas
-------
J.U.~.u.lLl.l.V .. ' \.d.J.1LüJ.lc"nl'it!" • t5
. l'homme ici ou là, mais que Phomme s'y lransporte lui-même de:
différentes manières; s'il choisi.l,. le bien, alors l'homme, avec le 1
SeIgneur, ou' pluiiôt~,1e ~S~igiie~r; layeq l'ho l11 me tra~spo;t~ s0D.t e'sp~i! 1
vers ['orient; mais-si l'h,omme .choisit le m,al, alors l'homme. ave((",
le diable, ou plutôt' le diablé ,avec 'l'IJomme transporte son esprit.
vers·'l'occiaenr. Il'faut observer qll'icilorsqu'j/ est dit le Ciel, il e~t,,,
hom'me après la mort se rend dans cel Intervalle 'vel's les siens, et ,
s'associe à cellx ql!i sonl dans lin amour semblable au sien, car là
l'Amour conjoin 1 chacun avec ses semblables, et fail que chacun
respire librement, et est dans l'état de sa viepassée ; mais alors les •
extemes qui ne font pas un avec les internes sont successivement
dépouillés'; ce dépouillement étant fait, le bon est élevé dans le
Ciel, elle méchant se rend dans l'Enfer, chacun vers ceux avec
lesquels il faiL un quant à l'amour régnant.
4i8. Mais cet Équilibre spirituel, qui est le Libl'e Arbitre, peut
être illustré par des équilibres naturels. JI est comme l'équilibre
d'un homme lié autour ou nlilieu du corps ou par les bras entre
deux hommes de même force, donl l'un le tire à droite et l'autre
à gauche, alors cet homme peut librement, se tourner d'un côté
ou de l'autre comme s'il n'était poussé par aucune force, et s'il se
porte à droite, il entraîne l'homme de gauche à soi avec violence,
jusqu'à ce que cet homme tombe à terre. Il en serait de même si
quetqu'un, même faible, élait lié entre trois hommes à droite et
autant d'hommes de même force à gauche; et de même, si c'étai~
entre des chameaux ou des chevaux. L'Équilibre spirituel, qui est _
le Li,bre. ,Arbitre, peut ét~e ~omparé ~ une balanc~ dout chacu... ,J
~l .'.1
, ['
16 LA VRAIE
des plateaux contient des poids égaux, si alors on ajoute le moindre
poids dans l'un des plateaux, l'axe de la balance se met aussitôt
en mouvement; il en est aussi de même d'une barre de fer ou d'une
poutre posée par le milieu sûr son appui. Toutes et chacune des
chose;; qui sont au dedans de l'homme, comme le cœur, le pou-
mon, l'estomac, le foie, le pancréas, la rate, les intestins, etc.,
sont dans un pareil équilibre, de là vient que chacune peut rem-
plir ses fonctions dans le plus grand repos; il en est de même de
tous les muscles, sans cet équilibre toute action et tome réaction
s'arrêteraient, et l'homme cesserait d'être homme. Puis donc que
toutes les choses qui sont dans le Corps sont dans un tel équilibre,
toutes celles qui sont dans le Cerveau sont aussi dans un sem-·
blable équilibre, et par conséquent toutes celles qui, là, sont dans
le Mental, lesquelles se réfèrent à la volonté et à l'entendement.
Il y a aussi une liberté chez les bêtes, les oiseaux, les poissons et
les insectes; mais ils son t portés par les sens de leur corps à l'ins-
tigation de l'appétit et de la volupté; l'homme serait assez sem-
blable à eux, s'il avait la liberté de faire comme il a la liberté de
penser, il serail aussi porté seulement par les sens de son corps à
l'instigation de la convoitise et de la volupté; il en est tout autre-
ment de celui qui se pénètre des choses spirituelles de l'Église, et
réprime par elles son libre arbitre, celui-là est, par le Seigneur,
détourné des convoitises et des voluptés du mal, et de leurs avi-
dités innées (connatis) , et il a de l'affection pour le bien, et de
l'aversion \Jour le mal; celui-là est alors transporté par le Sei-
gneur plus près vers l'orient et en même temps vers le midi dans
le Monde spirituel, et il est mis dans la Liberté céleste, qui est vé-
ritablement la Liberté. -.
479. Que l'homme ait le Libre Arbitre dans les .choses spiri-
tuelles, c'est ce qui va être confirmé d'abord par des Notions com-
munes, puis par des Notions particulières, qu'il suffira d'énoncer
RELIGION CHRÉTIENNE.
pour que chacun les admelle. Les NOTIONS COMMUNES sont ctllles
ci: f ° Le plus sage des hommes, Adam et son· Épouse, se sont
laissé séduire par le Serpent. 2° Le premier de leurs fils, Caïn, a
tué son frère Abel, el Jéhovah Dieu ne l'en a pas détourné en ·par
lant avec lui, mais seulement après l'action il l'a maudit.· 3° La
Nation Israélite dans le désert a adoré le veau d'or, et cependant
Jéhovah voyait cela du haut de la montagne de Sinaï, et il ne
l'a pas empêché. 4° David a fait le dénombrement du peuple, et
pour cela il fut envoyé une peste qui fit périr plusieurs milliers
d'hommes, et ce fut non pas avant mais après le dénoinbrement
que Dieu envoya le prophète Gad à David, pour lui annoncer Îe
chàtiment. 5° Il a été permis à Salomon d'établir des cultes ido
lâtres. 6° Et à plusieurs rois après lui de profaner le Temple et les
cboses saintes de l'Église. 7° Et enfin il a été permis à ceLLe Na
tion de crucifier le Seigneur. Il a été permis à Mahomet d'instau
rer une Religion non conforme en plusieurs points à l'Écriture
Sainte. 8° La Religion Chrétienne a été divisée en plusieurs sectes,
et chaque secte remplie d'hérésies. 9" Tant d'impies clans le Chris
tianisme, et aussi tant de parades d'impiété, tant de machinations
et tant de fourberies, même contre les hommes pieux, justes et
sincères! f 0° L'injustice triomphe souvent sur la justice dans les
jugements et dans les affaires. HO Les impies sont élevés aux hon
neurs, et deviennent des Grands et des PrimaIs. 12" Les guerres
sont permises, et alors le massacre de tant d'hommes, et le pillage
de tant de villes, de nations, de familles, etc. Quelqu'un peut
il déduire de telles choses d'autres part que du Libre Arbitre
cbez chaque homme? La Permission du mal, qui est connue dans
tout l'univers, n'a pas d'autre origine. Que les Lois de permission
soient aussi des lois de la Divine Providence, on le voit dans le
Traité sur LA DIVINE PROVIDENCE, imprimé il Amsterdam, en 1765,
N°S 234 fi 274, où les notions rapportées ci-dessus ont aussi été ex
pliquées.
480. Les NOTIONS PARTICULIÈRES qui montrent que le Libre Ar
bitre existe pour les choses sprityelles comme pour les choses na
turelles, sont innombrables. Que chacun se consulte s'il le veut;
ne peut-il pas soixante et dix foix en un jour, ou trois cents fois en
une semaine, penser à Dieu, au ~eigneur, à l'Esprit Saint. ct aux
n 2
18 LA VRAIE·
Divin~ qui sont appelés les spirituels de l'Église! Sent-il alors
qlJelque chose de contraint, s'il est porté à ces pensées d'après
quelque volupté, et méDle d'après quelque convoitise, et cela, soit
qu'il ait la foi, soit qu'i! n'ait pas la foi? Examine même, dans
quelque état que· tu sois, si tu peux penser quelque chose sans le
libre arbitre, soit dans tes discours, soit dans tes prières à Dieu.
soit quand tu prêches, soit quand lu écoules? Est-ce que le Libre
Arbitre n'est pas en tout cela le point essentiel? Bien plus, sans
le Libre Arbitre dans cbaque chose et même dans les plus petites
choses, tu ne respirerais pas plus qu'une statue, car la respiration
suit il chaque pas la pensçe et par conséquent la parole; je dis .. pas
plus qu'une s!atue, " et non .. pas plus qu'une bête, " parce que
la héle l'l'spire d'après le libre arbitre naturel, au lieu que l'homme
respire d'après le Libre Arbitre dans les choses naturelles el en
même temps dans les choses spirituelles, car '~lOmme ne naît pas
comme la bête, la bêle naît avec Ioules les idées, qui liout les ser
v:lnles de son amour naturel, pour les choses qui concement la
nourriture et la prolification; mais l'homme n'a pas d'idées in
nées, il naît seuleOlent avec la faculté de savoir, de comprendre
et d'êlre sage, et avec une inclina lion à s'aimer et il aimer le
monde, et aussi le prochain et. Dieu; c'est pour cela qu'il est liit,
" si le Libre Arbitre lui élait ôté dans chacune des choses qu'il veut
et pense, il ne respirerait pas plus qu'une statue, " et qu'il. n'est
pas dit, .. il ne respirerait pas plus qu'une bête .•
481. Que J'homme ait le Libre Arbilre dans les choses natu
relles, on ne le nie pas; mais l'homme n'a ce Libre Arbill'e que
d'après son Libre Arbitre dans les choses spirituelles; car le Seï
. gneur influe par le supérieur ou l'intérieur chez tout llOmme avec
le Divin Bi!3n et le Divin Vrai, ainsi qu'il a élé montré précédem
ment; et par là il inspire à l'homme une vie liistincle de' la vie des
bêtes? et, pour qu'il reçoive ce bien et ce vrai et qu'il agisse d'a
près eux, il Jui donne de pouvoir et de vouloir, et cela n'esl ja
mais ôté à qui que ce soit; d'où il suit que la volonté perpétuello
du Seigneur est que l'homme reçoive le vrai, et fasse le bien, et
ainsi devienne spirituel; c'est pour cela qu'il est né; or, devenir
spirituel, sans le libre arbitre dans liS choses spirituelles, est
aussi impossible que de faire passer un chameau par le trou d'uDe
RELIGION CHRÉTIENNE. f.9
~igui1le, ou de toucher avec la main une étoile du ciel. Qu'il ait
~té donné à chaque hOnlllle, el aussi aux diables, de pouvoir. com
prendre le vrai et de vouloir le comprendre, et que ce pouvoir et
ce vouloir ne soient jamais ôtés, c'est ce qui m'a élé montré par
·une vive expérience: Un de ceux qui étaient dans l'Enfer fnt trans
porté lIU jour dans le Monde des esprits, et là, il lui fut demandé
·du ciel par des Anges, s'il pouvait comprendre les choses dont ils
s'entretenaient avec lui; c'étaient des Divins ~pirituels; il répon
-dit qu'illes comprenait; interrogé pourquoi il ne recevait pas des
Divins semblables, il dit qu'il ne les aimait pas, et. que par cODsé
.quent il ne les voulail pas: il lui fut dit de nouveau qu'il pouvait
les vouloir; cela l'étonna, et il dit qu'il ne le pouvait; les Anges done
inspirèrent dans son entendement la gloire de la réputation avee
son charme, et dès qu'il ('eut reçue, il les voulait aussi, et même il
les aimait; mais peu après il fut remis dans son état antérieur, dans
lelluel il avait été pillard, adultère et blasphémateur du prochain,
et alors comme il ne les voulait pas, il ne les comprit pIns. D'après
tout ce qui précède, il est bien évident que l'homme est homme
par le lihre arbilre dans les choses spirituelles, et que sans ce libre
arbitre l'homme serait une souche, une pierre, ou la stalue femme
.o.e Loth.
482, Que l'homme n'aurait aucun' libre at'bitre dans les choses
civiles, morales et naturelles, s'il n'avait pas un libre arbitre dans
les choses spirituelles, on le voit en ce que les choses spirituelles,
qui sont appelées Théologiques, résident dans la suprême région
du mental de l'homme, comme l'âme dans le corps; si elles rési
dentliJ, c'est parce que là Mt la porte par laquelle le Seigneur en
1re dans l'homme; .sous elles sont les choses civiles, morales et
nalurelles, qui dans l'homme reçoivent Ioule leur vie des spiri
tuelles qui sont au'dessus ; et comme la vie influe du Seigneur par
les suprêmes, et que la \'ie de l'homme est de pouvoir librement
penser, voulOir, et par suile parler ct faire, il s'ensuit que c'est de
là et non d'au Ire part q...·il y a libre arbitre dans les choses politi
ques et naturelles; d'après ceUe Libertr spirituelle l'homme a la.
_perception du bien et du vrai, du juste et du droit dans les choses
çiviles, perception qui estl'enlendemenL même dans son essence.
Le libre arbitre de l'homme dans les choses spirituelles est, pour
20 LA VRAŒ
employer une comparaison, comme dans le poumon l'air qui,. selon
tous les changements de la pensée, est attiré, retenu et renvoyé~
sans quoi l'homme seraIt dans un état pire que celui qui souffre
d'ùn cauchemar, d'une angine ou d'un asthme. Il est aussi comme
le sang dans le cœur; si le sang commençait à manquer, le cœur
d'abord palpiterait) et après des convulsions de toutes sortes il ces
serait de battre. Ce serait aussi comme un corps mis en mouve
ment, qui continue à se mouvoir tant que dure eT, lui l'effort, mais
qui s'arrête en même temps que l'effort cesse; il en est aussi de
même du libre arbitre dans lequel est la volonté de l'homme; l'un
et l'autre, en même temps le libre arbitre et la volonté) peuvent
dans l'homme être appelés l'effort vif, car la volonté cessant l'ac
tion cesse, et le libre arbitre cessant la volonté cesse. Si la liberté
spirituelle était ôtée à l'homme, ce serait encore par comparaison
comme si l'on ôtait les roues à une machine, les ailes à un mou
lin à vent, et les voiles à un navire; et même il en serait de cet
homme comme d'un homme qui rend le souffle quand il meurt;
car la vie de. l'esprit de l'homme consiste en son libre arbitre
dans les choses spirituelles. Les Anges gémissent, quand seule
ment il est dit que ce Libre Arbitre est nié aujourd'hui par beau
coup de Ministres de l'Église, ~t ils nomment cela délire sur délire.
Livre, à savoir, que l'homme n'a aucun Libre Arbitre dans les
ehoses spirituelles, que serail la religion, 'qui consiste à faire le
biell, sinon un vain mol! Et sans la religion que serait l'Église,
sinon comme autour du bois l'écorce qui n'esl bonne qu'à être
brûlée? Et ne penserait-il pas encore; .. S'il n'y a point d'Église.
>1
30 LA VRAIE
la vie de l'homme et la subsistance Ile toutes les choses dont il se
'Compose, viennent de Dieu. Que Dieu n'ait pas créé le mal, mais
que ce soit l'homme qui l'a introduit, cela vient de ce que l'homme
change en mal le bien qui influe continuellement de Dieu, par
cela qu'il se déto~rne de Dieu et se tourne vers lui-même; quand
il en est ainsi, le plaisir du bien reste, et ce plaisir alors devient
le plaisir du mal, car s'il ne restait pas un plaisir qui fût comme
·semblable, l'homme ne vivrait pas, car le plaisir fait la vie de son
amour: mais néanmoins ces plaisirs sont diamétralement opposés;
toutefois l'homme ignore cela tant qu'il vit dans le Monde, mais
après la mort il le saura, et même il le pùcevra clairement, car
a40rs le plaisir de l'amour p'u bien est changé en béatitude céleste,
et le plaisir de l'amour du mal en tourment infernal. D'après ce
qui vient d'ètre rapporté, on voit que tout homme a été prédes-
tiné pour le Ciel, el que personne ne l'a été pour l'Enfer, mais
que l'homme se livre lui-même à l'Enfer par l'abus de son Libre
Arbitre dans le$ choses spirituelles, d'après lequel il embrasse ce
qui s'exhale (le l'Enfer; car, ainsi qu'il a été dit ci-dessus, tout
homme est tenu dans le milieu entre le Ciel et l'Enfer, afin qu'il
soit dans l'équilibre entre le hien et le mal, et par suite dans le
Libre Arbitre dans les choses spirituelles.
491. Que Dieu ait mis la Liberté non-seulement dans l'homm~,
mais aussi daris chaque bête, et même un analogue de la liberté
dans les êtres inanimés, dans chacun pOUl' qu'il la reçoive seloJl
sa nature, et qu'aussi il pourvoie le bien pour eux tous, mais
que les objets changent ce bien en mal, c'est ce qui peut êll'e
illustré par des comparaisons:· L'atmosphère donne à chaql!.e
homme la faculté de respirer, pareillement à chaque bêle douce
et à cbaque bête sauvage, et aussi à chaque oiseau, tant au hibou
qu'à la colombe, én y joignant la faculté de voler, et cependill!t
l'atmosphère n'est pas cause (lue cela soit reçu peU des êtres· qui
sont d'un génie et d'un caractère opposés. L'Océan procure en lui
une demeure et fournit aussi des aliments à tous les poissons,
mais il n'est pas cause que l'un y dévore l'autre, et que l~croco
dile change son aliment en im poison qui tue l'homme, Le sol~U
pourvoit aux besoins de tous par la lumière et par la chaleur, ·mals
les objets, qui sont les divers végétaux de la terre,. reçoivent de
RELIGION CHRÉTlE~NE.
diverses manières cette lumière et celle chaleur, l'arbre bon ét
l'arbuste bon autrement que l'épine el le buisson, et l'herbe sa
lubre autrement que l'herbe empoisonnéoe. La pluie descend de la
régiou supérieure de l'atmosphère sur toutes les parties de la terre,
et fournit à la terre des eaux pour chaque arbuste, chaque
plante el chaque herbe, et chacun d'eux se les appliqutl selon le
besoin; c'est là ce qui est appelé l'analogue du Libre Arbitre, parce
que ces végétaux s'en imbibent librement par de petites bouches,
des pores et des conduils, qui au temps de la chaleur se tiennent
ouverts; la terre fournit seulement et les humides et les éléments,
et les plantes les attirent selon quelque chose de semblable à la
soif el à la faim. Il en est de même des hommes, en ce que le Sei
gneur influe chez chaque homme aVilC la Chaleur spirituelle, qui
dans !'lon essence est le bien de l'amour, et avec la Lumière spiri
tuelle, qui dans son essence est le vrai de la sagesse, mais l'homme
les reçoit selon qu'il se tourne ou vers Dieu ou vers lui-mêm~;
c'est pourquoi lorsque le Seigneur ~onne des instructions sur l'a
mour à l'égard du prochain. il dit: Afin que vous soyez fils de
(C
.votre Père, qui lait lever son soleil sur méchants et bons, et
enVOle la pluie sur justes et injustes, ) - l\faUh. V . 41> ; - et
1il1eurs il dit, qu'il veut le salut de tous,
492. A ce qui précède j'ajouterai ce Mémorable: J'ai souvent,
au sujel du bien de.la charité, enlendu des paroles envoyées do
ciel en bas, qui traversaient le Monde des esprits, et pénétraient.
dans l'enfer jusqu'au fond, et dans· leur. marche ces paroles se
changeaient en d'autres qui étaient entièrement opposées au bien
de la charité, et enfin en des paroles de haine contre le prochain,
indice que lout ce qui procède du Seigneur est bon, et est changé
en mauvais par les esprits dans l'Enfer. Il en arriva de même de
quelques vrais qui dans leur marche se changèrent en faux opposés.
aux vrais; car la forme qui reçoit change elle-même ce qui tombe
en elle en choses concordantes avec el\e.
32 LA VRAIE
spirituel; notre Foi y est seule spirituelle; mais nous l'avons soi
gneusement fermée, afin que personne ne regarde en dedans, et
nous avons pris de grandes précautions pour qu'aucun rayon spi
rituel n'en efflue, et ne se montre devant l'entendement; et de
plus, l'homme ne porte pas sur·· elle la moindre partie d'une dé
termination venant de lui: nous avons éloigné de tout spirituel la
Charité, et nous l'avons faite purement morale; de même le Dé
calogue : ~ur la justificalion, la rémission des péchés, la régéné
ration et la salvation, nOlis ne présentons rien de spirituel, nous
disons que la Foi les opère; mais comment, nous ne le savons nul
lement; au lieu de la pénitence, nous avons pris la contrition, et
pour qu'on ne.la croie pas spirituelle, nOlis l'avons éloignée de 11a
foi quant à tout contact: sur la Rédemption nous n'avons adopté
que des idées purement naturelles, qui sont, que Dieu Je Père
.avait enveloppé tout le Genre humain SOU8 la damnation, et que
son Fils a pris sur Lui ,celle damnation, et s'est laissé suspendre
à la ,croix, et qu'ail'lsi il a contraint son Père à la commisération,
~ull'e plusieurs autres choses semblables, dans lesquelles tu ne
saisiras rien de spirituel ;au contraire, tout y est purement natu
rel. li Alors dans l'ardeur du zèle, dont j'avais d'abord été saisi,
je continuai en disan~: Si l'homme n'avait pas le libre arbitre
l(
dans les choses spirituelles, que serait-il alors, sinon !lOe brute?
N'est-ce pas par ce libre arbitre que .l'homme s'élève au-dessus
des bêtes bruies? Sans lui, que serait l'Église, sinon la face noire
d'un tlscarbot, dans les yeux duquel il y a une marque blanche?
Sans lui, que serait la Purole, sinon un livre inutile? Qu'y trouve
t-on plus fréquemment dit et commandé, sirion que l'homme doit
aimer Dieu, et qu'il doit aimer le prochain, et aussi qu'il doit croire,
eLque le salut et la vie sont à lui selon quïl aime et qu'il croit?
Qui est-ce qui n'a pas la faculté de comprendre et de faire les
choses qui ont été ordonnées dans la Parole, et les préc@ptes qUI
sont datls le Décalogue? Comment Dieu aurait-il pu les prescrire et
les commander, si cette' faculté n'avail pas élé donnéeà l'homme?
Dis à qu'eJque paysan, dont le menlal n'a pas élé fermé par des il
lusions théologiques, qu'il ne peul, pas plus,qu'une souche et une.
pierre, rien comprendre ni rien vouloir dins les choses de la foi
et de la charité, et par conséquent dans les choses du salut, et
qu'il ne peut pas-m~me s'y attacher ni se les aœapler; est-ce qu'a
lors il n'éclalera pas de rire et ne dira pas: ce Quoi de plus insensé?
que serait alors pour moi U!l Prêtre el sa prédication? Que serait
alors un Temple plus qu'une étable? et que sel'3it alors un culte
plus qu'un labourage? Oh! quelle démence de pal'Ier ainsi, c'est
folie sur folie,» - Qui est-ce qui nie que tout bien vienne de Dieu?
N'a-l-il pas été donné à l'homme defail'e d'après soi-même le bien
d'apl'ès Dieu? Il en est de même de croire, Il En entendant ces mo.ts.
ils crièrent tous ~ « Nous, nous avons parlé en orthodoxes d'après
les orthodoxes; loi, au contraire, ~u as parlé en paysan d'ap"ès
les paysans, .. Alais tout-à-coup la foudre lomba du ciel; et, pour
RELIGION CHRÉTIENNE. 47
•
qu'elle ,ne les consumât pas, ,ils s'élancèrent en ,fou'1e, et s'enfuirent
de là; chacun d~s sa maison.
5.04. SECONIl!\lÉMORAB[,E. J'étais dans la vue intérieure spiri-
lueHe où sont les Anges du Ciel supérieur, mais en même temps
dans .le Monde des esprits; et je vis deux Esprits non loill de moi,
éloignés cependant l'un de l'au Ire, et j'aperçus que l'un d'eux a:i-
maiL le bien et le vrai, et était par là conjoint ail Ciel, eL que l'ao-
tre aimaÙ le mal et le faux, et était par là conjoint à l'Enfer; je
m'approchai et les appelai; el, d'après le son de leurs voix et leurs
réponses', je conclus qne l'ull comme l'autre pouvait percevoir les
vérités, reconnaître celles qui avaient été perçues, ainsi penser
d'après l'entendement, et aussi déterminer les intellectuels comme
il lui plaisait, et les volontaires selon son gré, que par conséquent
ils étaient l'un et l'antre dans un semblable Libre Arbitre quant
aux rationnels; et, de plus, j'observai que d'après celte Liberté
dans leurs mentais, il apparaissait une clarté depuis la première
vue qui appartenait à la perception jusqu'à Ja dernière vue qui ap-
partenait à l'œil; mais quand celui qui aimait le mal et le faux
pensait livré à lui-même, je remarquais qu'il s'élevait de l'enfer
co'mme une fumée, et qu'elle éteignait la clarté qui était au-des-
sus de la mémoire, d'où pour lui, là, une obscurité comme celle
du milieu de la nuit: puis aussi, que celle fumée s'embrasant brû-
lait comme une flamme, et que celte flamme éclairait la région du
mental qui était au-desso,us de la mémoire; c'est d'après celle fu-
mée embrasée qu'il pensait des faux énormes provenant des maux
oe l'amour de soi. Alais chez l'Autre qui aimait le bien et le vrai, je
voyais, quand il était livré à lui -même, comme une flamme douce
~ui descendait du ciel, et qui éclairait la région de son mental
au-dessus de la mémoire, el aussi la région au-dessous de cette
mémoirejusqu'à l'œil, et que la lueur de cetle flamme resplendis-
sait de plus en plus, selon que d'après l'amour du hien il percevait
et pensait le vrai. D'après ces remarques il fut évident pour moi
que chaque homme, tant le méchant que le bon, a un Libre Ar-
bitre spiriLuel ; mais que l'Enfer l'éteint parfois chez les: méchants,
et que le Ciel l'exalte et l'enOamme chez les bons. Après cela, je
_conversai avec l'un et avec l'autre, et d'abord avec celui qui aimait
le, mal el le fa~x ; et, apllès Ç}uelq\les questions sur son sort. lorsqQe
.
48 LA 'VRAIE
je prononçai le mot de Libre Arbitre, il s'emporIa, et dit: cc 'Ah !
quelle folie de croire que l'homme ait le Libre Arbitre dans les
choses spirituelles! Quel homme peut s'attribuer la foi et faire Je
bien par lui-même? Le Sacerdoce aujourd'hui n'enseigne-t-il pas
d'après la Parole, que personne ne peut prendre que ce qui lui a
été donné du Ciel, et le Seigneur Christ n'a-t-il pas dit à ses dis
ciples: Sans l\Ioi, vous ne pouvez rien faire? Et à cela j'ajoute,
que personne ne peut remuer ni le pied ni la main pour faire
quelque bien, ni remuer la langue pour prononcer quelque vrai
d'après le bien; c'est pourquoi l'Église par ses sages a conclu que
l'homme ne peut ni vouloir, ni comprendre, ni penser aucun spi
rituel, ni même se disposer il le vouloir, à le comprendre et à le
penser, pas plus qu'une statue, une souche et une pierre; et que
c'est pour cela que Dieu, qui a Seul une Puissance très-libre et
illimitée, inspire selon son bon plaisir la foi, qui, sans notre tra
vail et sans noire puissance, par l'opération de l'Esprit Saint, pro
duit toutes les choses que les ignorants allribuent à l'homme ...
Ensui te je conversai avec l'Autre, qui aimait le bien et le vrai, et
après quelques questions sur son sort, lorsque je prononçai le .mol
du Libre Arbitre, il dit: " Quelle folie de nier le Libre Arbitre
dans les choses spirituelles! Qui est-ce qui ne peut pas vouloir et
faire le Lien, penser et prononcer le vrai de soi-même d'après la'
Parole, ainsi d'après le Seigneur, qui est la Parole? Car le Seigneur
a dit :'Paites des fruits bons, etcroyez-.en la Lumière,. et aussi:
Aimez-vous les uns les autres, et aimez Dieu,. puis: Celui qui
entend et fait mes préceptes, celui-là M'aime, et Moi je l'aime
rai,. outre mille passages semblables dans toule. la Parole: A quoi
servirait donc la Parole, si l'homme ne pouvait rien vouloir ni rien
penser, et par suite rien faire ni rien prononcer de ce qui Y'a été.
commandé? Sans cette puissance chez l'homme, que seraient la
Religion et l'Église, sinon comme un vaisseau naufragé, qui est
au fond de la mer, et dont le pilote se tient au haut du mâl, et
crie: Je ne peux rien; tandis qu'il voit les autres marins s'échap
per dans des barques après avoir hissé les voiles? N'a-t-il pas été
donné à Adam liberté de manger de l'Arbre de vie, ei liberté de
manger de l'Arbre de la science du bien et du mal? et comme d'a
près sa liberté il a mangé de_l'Arbre de la science, une fumée sottie
RELIGION CHRETIENNE. 49
du serpent, c'est-à-(iire, de l'Enfel'. enlra dans son menlal, c'est
pour cela qu'il fut (;hat:sé <.lu Paradis et maudit; et cependant il ne
perdit pas le Lihre,Arbilre, car on lit que le chemin qui conduit à
l'Arbre de vie fol gardé par un Chérubin, ce qui n'a été fait que
parce qu'il pouvait encore vouloir en manger. »Après qu'il eut
parlé ainsi, celui qui aimait le malet le faux répondil: Je laisse
(1
,ce que j'ai entendu, et je garde en moi ce que j'ai avancé; qui ne
sait que Dieu seul est vivant et par suite actif, et que l'homme par
lui-même est mort, et par suite purement passif? Commcnt celui
qui en soi est morl et puremenl passif. peul-il s'aUribuer quelque'
chose de vivant et d'actif? A cela je répondis; « L'homme est un
Organe de la vie, él Dieu seul est la Vie, et Dieu répand sa vie dans
l'Organe et dans toutes les parties de l'organe, comme le Soleil ré
panod sa chaleur dans l'Arbl'e et dan:; toutes les parties de J'arbre;
et Dieu donne à l'homme de sentir celte vie en lui comme sienne,
et Dieu veut qu'jlla senle ainsi, afin que, selon les lois de l'ordre,
qui sont en aussi grand nomhrè qu'il y a de préceptes ilans la Pa
role, l'homme vive comme par lili-même, et se dispose il recevoir
l'Amour de Dieu; mais néanmoins Dieu tient continuellement du
doigt le ni\"eau~ ~ml' la balance, et modère, mais ne vioie jamais le
Libre Arbitre par contrainte; l'Arbre ne peut l'ien recevoir de ce
que la Chaleur du soleil introduit par la racine, à moins qu'il ne
devienne tiède et ehaud quant à chacun de ses filaulenls; et les
éléments ne peuvent monler par la racine, à moins qiJe chacun de
ses filaments d'après la chaleur reçue n'exhale aussi la chaleul', et
ne contl'ibue ainsi au passage; 'de même l'homme d'après la cha
leur de la vie qu'il a reçue de Dieu; mais l'Homme diffère de l'Ar.
bre en ce qu'il sent celte chaleur éomme sienne, quoiqu'elle ne'
lui appartienne pas; tOlltefois, autant il croit qu'elle lui appartient
et non à Dieu, aulant il reçoit la lumière de la vie, mais non la
chaleul' de l'amour pl'océdant Je Dieu; il reçoit au contraire. la
chaleur de l'amour provenant de J'Enfer; et comme cetle chaleur
est grossière, elle obstrue et bouche les plus purs rameaux de
l'Organe, comme un sang in,pur les vaisseaux capillaires du corps;
ainSI de spirituel l'homme se rend purement naturel. Le 'Libre
re chez l'homme vient de ce qu'il sent la vie en sQi comme
itie teen,nsdece que Dieu 'laisse l'homme senlir ainsi, afin que se
u. 4
LA VRAIE
..:- ainsi, ce n'est point la Foi. - Ils dirent que c'était pour ce su
jet qu'ils avaient été convoqués. Mais pour ne pas les troubler, je
me retirai; et alors ils furent vus encore de loin comme des Boucs,.
et tantôt comme couchés, ellantôt comme debout, mais ils se dé-
tournaient du troupeau de brebis; ils apparaissaient comme cou
chés quand ils délibéraient, et comme debout quand ils conciliaient;.
je tins mes regards fixés sur leurs Cornes, et j'étais étonné de voi~
que les Cornes sur leurs fronts apparaissaient tantôt tournées en
avant et en haut tantôt courbées en arrière vers le dos, et enfin
tout à fait recourbées en arrière; et alors ils se tournaient subite
,ment vers le Troupeau de 8rebi~, mais ils apparaissaient toujour~
-comme des Boucs; c'est pourquoi je m'approchai de nouveau, et
::je leur demandai où ils en étaient. Ils répondirent qu'ils avaient
conclu, que la Foi Seule produiL les Biens de la Charité, comme
l'Arbre produit les Fruits: mais alors un tonnerre se fit entendre~
. et la foudre fnt vue en haut; eL peu après un Ange apparut, se te
nant entre ces deux Troupeaux, et il cria au Troupeau de brebis:
« Ne les écoutez point; ils n'ont point renoncé à leur ancienne Foi,
qui est que la Foi seule justifie et sauve, et que la charité actuelle
. ne fait ahsolument rien; la Foi non plus n'est point l'Arbre, c'est
l'homme qui est l'Arbre; mais faites pénitence et tournez vos re
gards vers le Seigneur, et vous aurez la foi; la Foi avant cela n'est
pas une Foi dans laquelle il y ait quelque chose de vivant. .. Alors·
les Boucs ayant les cornes recourbées en arrière voulurent s'ap
procher des Brebis; mais l'Ange qui se tenait entre eux divisa les
drebis en deux Troupeaux, et il dit aux brebis de la gauche: .. Joi
gnez-vous aux Boucs; mais je vous dis qu'il vien'dra un Loup, qui
les ravira, et vous avec eux. II.
Mais après que les deux Troupeaux de brebis eurent été sépa
rés, et que ceux de la gauche eurent entendu les pal'oles mena
çantes de l'An~e, ils se regardèrent mutuellement et dirent: Con
ft
coinme ils enseignent. Ce prêtre leur dit: « Non, ils pensent que
)1
tout bien de la charité, qu'on appelle bonne œuvre, qui est fait par
l'homme pour le salut et la vie éternelle, n'est pas le bien en la
moindre partie, par la raison que l'homme par l'œuvre venant de
Jui veUt se sauver lui-même, s'attribuant la justice et le mérite qui
n'appartiennent qu'au Sauveur, et qu'il en est ainsi de toute bonne
œuvre, dans laquelle l'homme sent sa. volonté; c'est pourquoi ils
affirment qu'il n'y a absolumtlnt aucune conjonction de la foi et
--de la charité, et que même la Foi n'est ni retenue ni conservée par
les bonnes œuvres. Mais ceux du Troupeau de la gauche dirent:
)1
Jl
r
. pour
Diable, et Ole suis maudit en le maudissant; et, c.omblé de louanges
·cela, j'ai été élevé au Ciel ; d~ient que j'ai été appelé ,fils
-sais était juste et bien; mais la cause m'en a été découverte, c'est
(
~e la Raison; de là vient que des A'thé~ eux-mêmes, qui sOflt
. dans ia gloil'e de la renommée d'après l'amour de soi, et par suite
dans le fasle de·la propre intelligence, jouissent d'une. rationalité
pl!1s sublime que beaucoup d'autres; mais c'est. lorsqu'ils sont
[f1 dans la pensée de l'Entendement, et non lorsqu'ils sont dans l'a
e mour de la Volonté; et l'amour ~ la Volonté possède l'homme
Interl1e, mais a' pensée de l'Entendement possède j'homme Ex
t1 teme. i!:Ufir(rAng~nOUs donna le motif pour lequel l'homme a
:;. été composé (e ces trois Amours, savoir, ·de l'arn.Q.lIr de l'~age,
3 de l·amQ.!!!....Q.!. U\londe et de l'amo Ir Ile Soi; c'est afin que l'homme
pense d'apI è, Dieu, quoique absolument comme d'après lui-même;
Il Il, nous dit que dans le Mental de l'homme les suprêmes ont été;
2 tournés en baut vers Dieu, les moyens en dehors veTS le Monde.
3 et les infillles en bas vers le cm'ps; et, comme les infimes ont été
toumés en -bas, l'homme pense absolument comme d'après lui
même, quoique cependant ce soit d'après Dieu.
o(}8. S'XIÈ~IE i\IEMORAllLE. « Un jour il m'apparut un Temple
~.
RELIGION· CHRÉTIENNE. 6i
l) magnifique de forme c~rrée, dont le Toit était, à l'instar d'nue
» couronne, voûté en dessu8 el élevé tout autour; ses murailles
» étaient de continuelles Fenêtres de Cristal; sa Porte, d'une sub
» stance de perle; à l'intérieur, du côté méridional vel's l'occi
» dent, était une ch:lire, sur laquelle à droite reposait la Parole
)) ouverte entourée d'une sphère de lumière, dont la splendeur se
» répandait autoUl' de toute la chaire et l'éclairait; dans le milieu
", les choses politiques qui concernent la vie de l'homme .dans le.,
"i,0uvernement sous lequel il est, dans, les choses civiles qui
.---------- - - - - ----
62 LA VRAIE
.. appartiennent à sa fonction, et dans les, choses dom~stiques
.. qUI appartietlnent à sa maison; dans les unes et les autre:; il
.. s'sllache continuellement à la nature, et d'après les attraits de
l) ~es voluptés i1I'aime'comme un Idolâtre l'image d'or qu'il porle
II dans son sein. Comme les dogmes maintenant dans les Églises
.. Chrétiennes d'aujourd'hui ont été composés non pas d'après la
.. Parole, mais d'après la propre intelligence, et par conséquent
Il d'après des faux, et ont anssi été confirmés par quelques pas
» sages de la Parole, c'est pour celle raison que la Parole, d'ap!ès
.. la Divine PI'oviden~~ du Seignetir, a été enlevée aux La~s
.. chez les Catholiques-Romains, et que chez les Protestants elle a
» été ouvel'te, mais néanmoins fermée par cette sentence générale
» toujours da~~ur bouche,9,!.le renlendement doit être misS(;us
.. l'~béissance de lenrloi. Mais dans la Nouvelle Église, c'est l'in
.. verse; il Ya été permis d'entrer et de pénétrer par l'entendement
.. dans tous les secrets de la Parole, et aussi de les coufirmer par
l) la Parole; et cela, parce que ses Doctrinaux sont ulle_ c.ha~e
» Vérités que le Sei~neur a dévoilées par la Parole, et que les
-.
CHAPITRE NEUVIÈME
ilE LA PENiTENCE.
009. Après les Traités sur la Foi, sur la Charité et sur le Libre
Arbitre, se présente selon l'enchaînement des choses le Tl'aité sur
la Pénitence, puisque la vraie Foi et la Charité réelle ne sont
point possibles sans la pénitence, et que personne ne peut faire
pénirence sans le Libre Arbitre: s'il est question ici de la Péni
tence, c'est aussi parce qu'ensuite il sera traité rie la Régéné
ration, et que personne ne peut êLI'e régénéré, avant d'avoir éloi
gné les maux énormes qui renrlent l'homme dérestable devant
Dieu, et ces maux sont éloignés par la Pénitence; et qu'y a-t-il
de moins régénéré qu'un impénitent? et l'impénitent n'est-il pas
comme relui qui est en léthargie? JI ne sait rién du péché" et par
conséquent il le réchauffe dans son sein, et il lui donne chaque
jour des baisers, comme l'adultère à la prostituée qui est dans
son lit. Mais pour qu'on sache ce que c'est que la Péniten.ce et ce
qu'elle pl'oduit, ce Traité va être divisé en Articles.
M6. Sur .celle Confession de lèvres, voièi ce que disent les Ré
formés attachés à la Confession d'Aubourg: Personne ne peut
ft
Il or, celui qui confesse n'elre tout entier que péché comprend
." tous les péchés, 'n'en exclut aucun, et D'en oublie aucun. Ce
,> pendant l'énuméraüon des péchés, "quoiqu'elle ne ·soit pas né
"• cessaire, ne doit pas êlre abolie, à cause des conciences tendres
• et timides, mais c'est seulement une forme puérile et communo
.. de confession pour les simples et les ignorants, lJ - FORMULE
DE CONCORDE," pag. 327, 331, 380." - Cette confession a élé ac
ceptée par les Réformés à la place de la Pénitence actuelle, après
qu'ils se furent" séparés des Catholiques-Romains, parce qu'ellé
est fondée sur leur Foi imputative, qui seule sans la Charité, et par:
conséquent aussi sans la Pénitence, opère la rémission des péchés,
et régénère l'homme; et aussi sur ce motif qu'elle est un appen
dice inséparable de celle foi, qu'il n'y a aucune coopération de
l'homme avec l'Esprit saint dans l'acte de la justification; et SUl"
celui-ci, que personne n'a le Libre Arbitre dans les choses spiri-
tuelles; puis encore sur celui-ci, qU,e toutes choses appartiennent
à la Miséricorde immédiate, et que rien n'appartient à la Miséri
corde médiate opérant d'après et par l'homme.
517. Parmi plusieurs raisons, que la seule Confession de lèvres
~u'on est pécheur n'est pas la Pénitence, se trouve celle-ci, que
chaque homme peut s'écrier qu'il est pécheur, qu:il est impie, et
même Diable, et cela avec ulle dévotioll externe, quand il pense .
.am:: tortures de l'enfer qui le menacent et se présentent à lui j,
mais qui ne voit que cela ne vient d'aucune dévotion interne,
qu'ainsi cela est imaginatif et par conséquent pulmonaire, mais
70 LA VRAIE
non volontaire par l'intérieur ni par conséquent cardiaque? car
un impie et un diahle sont toujours intérieurement embras~s par
les convoilises de l'amour de faire le mal, par lesquelles ils sont
portés çà et là comme des ailes de moulin agitées par une tem
pête; une telle exclamation n'est donc qu'un artifice pour trom
per Dieu afin d'être délivré, ou pour en imposer aux simples ; car..
qu'y a-t-il de plus facile que d'ouvrir les lèvres pour crier, que de
préparer pour cela la respiration de la bouche, et qlle "d'élever les
yeux et les mains en haut? C'est cela même que le Seigneur dit,
dans ~Iarc: Ésaïe a bien prophétisé de vous, hypoc1'ites! Ce
(1
peuple des lèvres M'honore, mais leur r-Œur est b~en loin de
Moi. » - VII. 6 ; - et dalls Matthieu: « Malheu1' à vous, Scribes
et Pharisiens, parce que vous nettoyez l'extérieur de la coz(pe
et du plat, tandis. que les" inté1'ieurs sont pleins de ;apine et
- ' ~.
d'intempérance! Pharisien aveugle, nettoie premièrement l'in
térieur de la coupe et du plat, afin qu'aussi l'extérieU?' devienne
net. )) - XXIII. 25, 26, - et plusieurs autres passages dans ce
même Chapitre.
5t8. Dans I1n pareil culte hypocrite sont ceux qui ont confirmé
chez eux la Foi d'aujourd'hui, qne le Seigneur par la Passion de
]a croix a enlevé tous les péchés du Monde; et par là ils enten
dent tous les péché~ de quiconque emploie dans ses prières les
formules sur la Propitiation et la Médiation; quelques-uns d'eux
peuvent, du haut de leur chaire. prononcer d'une voix élevée et.
comme avec un zèle ardent plusieurs choses sur la Pénitence et
sur la Charité, tandis qu'ils les regardent l'une et l'autre comme
inutiles pour le salut, car ils u'entendent pas d'autre Pénitence
que la Confession de lèvres, ni d'autre Charilé que la Charité ci
viTe, mais ils font cela pour le peuple. Ce sont eux qui sont en
tendus par ces paroles du Seigneur: « Plusieurs Me diront en ce
jour-là: Seigneur! Seignew'! par ton Nom n'avons-nous pas
prophétisé? et en ton Nom des mit'ac/es nombreux "n'avons
nous pas fait? Mais alors je leur dirai: Je ne vous connais
"po.int, retirez-vous de Moi, ouvriers de l'iniquité. 1) M~Uh.
vn. 22, 23. - Un jour, pans le Monde Spirituel, j'entendis quel
qlfun prier ainsi: Cl Je suis plein d'infection, lépreux, en cor
rdplion dès le ventre de ma mère j il n'y a chez moi rien de sain
RELIGION CHRÊTIENNE. 71
depuis la tête jusqu'à la plante des pieds; je ne suis pas digne de
lever les yeux en haut vers Dieu, je mérite la mort et la da~na
lion éternelle; aie compassion de moi à cause de ton Fils, ,purifie
moi. pal' son sang; dans ton bon plaisir est le salut de tous, j'im
plore ta miséricorde, » Ceux qui .étaient présents, après avoir en
tendu cette prière, lui dirent: « D'où sais-tu que tu es tel? » Il ré
pondit: « Je le sais parce que je l'ai entendu dire. )) Alors il fut en
, voyé. vers les Anges examinateurs, devant lesquels il prononça de
semblables paroles: et ceux-ci, après examen fait, 'rapportèrent
que ce qu'il avait dit de lui élait vrai; mais que néanmoins' il ne
connaissait aucun mal chez lui, parce qu'il ne s'était jamais exa
miné, et qu'i! avait cru qne les maux après la confession de lè
vres n'étaient pas plus des maux devant Dieu, tant parce que Dieu en
détourne les yeux,. que parce qu'il est devenu propice; et qu'en
conséquence il ne s'était repenti d'a1l0un péché, quoiqu'il fût
adultère de propos délibéré, voleur, fourbe, calomniateur, et
extrêmement vindicatif; qu'il était tel de volonté et de cœur; et
que par conséquent il serait tel en paroles et en actions, si la
crainte des ~is et de la perte de la réputation ne l'arrêtait pas.
Après qu'il eût été découvel't que tel il était, il fut jugé, et jeté dans
. l'enfer vel's les hypocl'ites.
519. Des compal'aisons vont montrer clairement quels sont ces
hypocrites: Ils sont comme des Temples où il n'y a de rassem
blés que des esprits du dragon, et ceux qui sont entendus dans
l'Apocalypse p.ar les sauterelles; et ils sont comme des chaires
dans ces temples où il n'y a pas la Parole, parce qu'elle a été mise
sous les pieds. Il sont comme des mUl'ailles récrépies dont l'en
duit est d'une belle couleur, entre lesquelles, les fenêtres étant
ouvertes, voltigent des hiboux et d'affreux oiseaux de nuit. Ils
sont comme des sépulcres blanchis qui renferment des os de
morts. Ils sont comme des monnaies faites de marc d'huile ou de
fumier desséché et couvertes d'or. Ils sont comme les écorces et
)'aubiel' autour d'un tronc pourl'Ï; et comme les habits des fils
d'.Aharon autour d'un corps lépreux; et même cOlllme des ulceres
qll'on croit guéris, et en dedans dtsquels est la sanie que recouvre
.une peau mince, Qui est- ce qui ne sait que le saint extel'De et le
profane interne ne peuvent coilcorder ensemble? De tels hommes
7! LA VRAIE
craignent même, plus que les autres, de s'examiner; c'est pour
quoi ils ne sentent pas plus en eux les choses vicieuses, qu'ils ne
sentent les mati ères nidoreuses et puantes dans leur estomac el
dans leurs intestins, avant qu'elles soient jetées dans les latrines.
Mais il faut se garder de confondre ceux dont il vient d'être parlé
jusqu'à présent avec ceux qui agissent bien et croient bien; ni avec
ceux qUi font pénitence de quelques péchés, et qui en eux-mêmes
parlent ou prient d'après une pareille confession de lèvres lors
qu'ils sont dans le culte, et plus encore lorsqu'ils son t dans une
tenta.tion spirilueIle; car celle commune confession non-seulement
précède, mais encore suit la réformation et la régénération.
L'homme naît enclin aux maux de tout genre; et, s'il ne les
éloi,qne en partze par la pénitence, il demeure en eux, et celui
qui demeure en eux ne peut être sauvé.
520. Que tout homme naisse enclin aux maux, tellement que
dès le ventre de sa mère il n'est que mal, cela est notoire dans
l'Église; et cela est devenu notoire, parce que les dflnciles et les
chefs des Églises ont affirmé que le péché d'Adam a été transmis
à toute sa postérité, et que c'est uniquement pour ce péché que
tout homme après Adam a été condamné en même temps que lui.
et que c'est là ce qui est inhérent à chacun dès la naissance: en
outre ~ur cette assertion ont été fondés plusieurs dogmes que les
Églises enseignent, par exemple, que le Bain de la, régénération..
qui est appelé baptême, a été institué par le Seigneur pOlir éloi
gner ce péché; que ce fut là la cause de l'avènement du Seigneur;
et que la foi en Son Mérite est le moyen par lequel il est éloigné.
outre plusieurs autres dogmes que les Églises ont fondés sur celle
assertion. Mais qu'il n'y ait aucun mal héréditaire provenant de
cette origine. on peut le voir d'après ce qui a été montré ci-des
sus" N°' 466 et suivanls; on y voit qu'Adam n'a pas été le Pre":
mier des hommes. mais que par Adam et son épouse a été décrite
d'une manière représentative la première Église sur ce Globe; par
le Jardin d'Éden, la sagesse de celle Église; par l'ArbrQ de vie.
son regard porté vers le Seigneur qui devait venir; et par l'Arbre
RELIGION CHRÉTIENNE. 73
de la science du bien et du mal, son regard porté vers elle·même
et non vers le Seigneur: que celle Église ait été décrite d'une
manière représentative par les premiers Chapitres de la Genèse,
cela a été prouvé par plusieurs passa:ges parallèles tirés de la Pa-
role, dans les ARCANES CÉLESTES, publiés à Londres.' Devant ces
preuves comprises et Ilaisles tombe l'opinion jusqu'ici adoptée,
que ·le mal inné dans l'homme d'après ses parents vient d'Adam.
lorsque cependant ce n'est pas de là mais d!antre part qu'il tire
son origine. Que l'Arbre de vie et l'Arbre de la science du bien
et du mal soient chez chaque homme, et qu'ils soient dits placés
dans un jardin, pour signifier le Libre Arbitre de se Lourner vers
le Seigneur et de se détourner de Lui, c'est ce qui a été pleine-
ment démôntré dans le Chapitre sur le LIEsRE ARRITRE.
621. Mais, mon ami, le mal héréditaire ne vient pas d'autre
part que des parents, non pas le mal même que l'homme commet
en actualité, mais l'inclination à ce mal; que cela soit ainsi, cha-
cu e reconnaîtra, pourvu qu'il joigne la raison il l'expérience;
qui ne sait que les fils naissent dans une. commune ressemblance
avec leurs parents quant aux faces. aux mœurs et aux caractères,
et aussi les petils-fils et les arrière-petits-fils dans celle des aïeuls
et des aïeux, et que par suite beaucoup de personnes distinguent
les familles, et aussi .les nations, par exemple, les nations Afri-
caines d'avec les Européennes, les Napolitains d'avec les Alle-
mands, les Anglais d'avec les Français, et ainsi du reste? Et qui
ne reconnaît un Juif d'après la face, les yeux, le langage et les
gestes? Elsi lu pouvais sentir la sphère de vie qui émane du pen-
chant natif de chacun. tu pourrais pareillement être convaincu de
la similitude des caractères (animorum) et des mentais. 1\ suit
de là que l'homme naît, non pas dans les maux eux-mêmes, mais
seulement dans l'inclination aux maux, mais portée plus ou moins
vers des maux particuliers; c'est pourquoi après la mort, nul
n'est jugé d'après quelq.ue mal héréditaire, mais chacun est jugé
d'après les maux actuels qu'il a lui-même commis; c'est même
{le qui est évident par cestatutdu Seigneur: « Le père ne mourra
pm'nt pour le fils, et le fils ne mourra point pour le père, cha-
cun pour son péché mourra . .. - Deutér. XXIV. t 6. - Ceci es~
devenu certain pour moi, dans le Monde spirituel, d'après les en-
74 LA Vl\A.IE
Cants qui meurent, en ce que seulemenl; ils ont une inclination
pour les maux, ainsi en ce q':le seulement ils les veulent, mais •
néanmoins ne les font pas t car ils sont élevés sous l'auspice
du Seigneu~ et sont sauvés, Cette inclinalion et ce penchàlll pour
les maux transmis par les parents aux enfanls et aux descendants,
sont brisés uniquement par la nouvelle naissance que donn.e le
Seigneur, et qui est appelée Régénération: sans el1e, celle inclina
lion non-seulemenl demeure ininlerrompue, mais s'accroit même
Jlar les parenls successifs, et devient plus portée vers les maux,
et enfin vers loule espèce de maux: de là \ient que les Juifs sont
encore les images de Judah leur père, qui, par son mariage avec
une Canaanile, et par son adultère avec Thamar sa bru; engendra
leurs trois souches; c'est pourquoi cet héréditaire l'ar le laps ju
temps a lellemenl été augmenlé chez ëiix~ qÜ"ilsnep:euvent pas em
brasser Îa religion-Chréliênne par la foi du cœur: il est dit qu'ils
ne peuvent pas, parce que la volonlé inlérieure de leur mental
est opposée, et celle volonlé les empêche de pouvoir, -
522. Que tout mal, s'il n'est éloigné, demeure chez l'homme~
et que l'homme, s'il demeure daps ses maux, ne puisse être sauvé,
ce sont là des conséquences qui découlent d'elles-mêmes; qu'aucun
mal ne puisse êtl'e éloi,g'né que par le Seigneur chez ceux qui
croienl en Lui ef ailllent le prochain, on peutie voir clairement
d'après ce qui a été pl'écédemment dit, surtout d'après ces Arti
cles dans le .Chapilre sur LA FOI: Le Seigneur, la Charité et la
Foi font un, comme la vie, là volonté et l'entendement, et s'ils
sont divisés, chacun est perdu, c01?Zme une Perle réduite en
poudl'e; le Seigneur est .11, Charité et la Foi dans t homme, et
l'homme est la Charité ,! la Foi dans le Seigneur. Mais on de
mande comment l'homme ileut entrer dans celle union; je ré
ponJs que l'homme ne le peul, s'il n'éloigne pas ses maux en
partie par la pénitence: il est dit que l'homme éloigne, parce que
le Seigneur ne le fail pas immédiatement' sans la coopéralion de
l'homme; c'esl aussi ce qui a été pleinement monlré dans le mème
Chapitre, el dans le Chapitre suivant sur LE LIBRE ARBITRE.
523. On dit que personne ne peul accomplir la Loi, et qu'on
P Jt d'autant moins l'accomplir que quiconque prévarique contre
un préceple du Décalogue, prévarique contre lous: mais celte
RELIGION CHRÉTIENNE.
formule de langage n'est pas ce qu'elle parait, car cela doit être
entendu de cette manière: Celui qui, de propos délibéré ou con--
firmé, agit contre un précepte, agit contre lous les autres, parce
que agir de propos délibéré et conDl'mer c'est nier absolument que
ce soit un péché; et si l'on dit que c'en est un, c'est le rejeter
comme dc nulle importance; et celui qui ainsi nie et .rejette un
péché, considère comme rien tout ce qui est appelé péché. Dans
ce propos délibéré viennent ceux qui ne veulent pas entendre par-
ler de la Pénitence. Au contraire, dans le propos délibéré de croire
au Seigneur et d'aimer le prochain viennent ceux qui par la pé-
nitence ont éloigné quelques maux qui sont des péchés; ceux-ci
sont tenus par le Seigneul' dans le propos délibéré de s'abstenir
de plusieurs; c'est pourquoi, si par ignorance ou par la prépon-
dérance de quelque convoitise ils péchent, cela ne leur est point
imputé, parce qu'ils ne se le sont pas proposé, et ne le confirment
pas chez eux. Il m'est permis de confirmer ceci par ces expé-
riences: Dans le MOllde Spirituel, j'ai rencontré plusieurs esprits
qui, dans lc ~fonde Naturel, araieut vécu de même que d'autres,
en s'habillant avec luxe, se nourrissan t avec rec11erche, trafiquant
avec profit, fréquentant les spectacles, plaisantant sur des sujets
amoureux avec une sorte de volupté, et ûisant plusieurs autres
actions semblables, et cependantOes Angcs considéraient chez les
uns ces actions comme des manx, et chez les autres ils ne les con-
sidéraient pas comme des maux, et déclaraient ceux-ci innocen ts
et ceux-là coupables; interrogés pourquoI ils décidaient ainsi,
puisque les actions étaient pareilles, ils répondaient qu'ils exa-
minent tous les'hommes d'après le propos délibéré, l'intention et la
fin, et les distinguent ainsi; et que c'est pour cela qu'eux-même,
excusent ou condamnent ceux que la fin ou excuse ou condamne-
parce que la fin du bien est chez tous dans le Ciel, et la fin du mal
chez tous dans l'Enfer.
524. !\Jais ceci va être illustré par des comparaisons: Les pé-
chés' retenus chez l'homme impénitent peuvent être comparés avec
diverses maladies qui causent la. mort de l'homme, lorsque ·des
médicaments n'oilt pas été employés, et que par eux la malignité
n) pas été enlevée; principalement avec la maladie appelée gan-
grène, qui, si elle n'est pas guérie à temps, se répand alentour.
76 LA VRAIE
et donne inévitablement la mort; de même avec les aposthèmes
et les abcès s'ils ne sont pas dissous et ouverts, car les empyèmes
ou les amas de pus s& répandraient dans les parties voisines.
et de I~ dans les viscères annexés ~ ces parties, et enfin dans'""'
le cœur, et donneraient la mort. On peut aussi les comparer avec
des tigres, des léopards, des lions, des loups et des renards,
qui, s'ils rr'étaient pas tenus dàns des loges, ou liés de chaines ou
de cordes, se jetteraient sur le menu et le gros bétail, el le re
nard sur les poules, et les massacreraient: et aussi 3 des serpents
venimeux, qui. s'ils n'étaient tenus pressés par des pienx, ou si
on ne leur arrachait les dents, porteraient des coups mortels à
l'homme. Un troupeau qui serait lancé dans un champ où sont
des herbes vénéneuses périrait tout entier, si le berger ne le con
duisait dans des pâlurages non nuisibles; le ver ~ soie périrait de
même, et avec lui toute la récolte de soie, si les autres vers n'é
taienl pas chassés des feuilles de son arbre. On peut encore faire
une comparaison avec du blé renfermé dans des greniers ou dans
des maisons, il deviendrait moisi et chanci, et par conséqueut
inutile, si l'on ne donnait à l'air la facilité de passer au milieu, et
d'enlever ce qui est nuisible. Le feu, s'il n'était pas éteint à la
première explosion, ravagerait toule une ville ou toute une forêt.
Un jardin serait entièrêment envahi par les ronces, les chardons
et les épines, si on ne les arrachait. Les jardiniers savent que
l'arbre mauvais de semence et de racine porte ses mauvais sucs
dans le tronc de l'arbre bon greffé ou enté, et que les mauvais
sucs qni entrent sont changés en sucs bons. et produisent des
fruits utiles;.la même chose se fait chez l'homme par l'éloigne
.ment du mal au moyen de la pénitence, car p~r elle l'homme est
attaché au Seigneur comme le sarment l'est au cep, et il porle de
bons fruits. - Jean, xv. 4, 5, 6.
» autres les offenses, comme il veut que ses offenses soienl remises
" par Dieu; autrement, la réception de la Sainte Communion ne
) ferait qu'aggraver sa conrlamn'ation. En conséquence, si quel
» qu'un de VOlIS est un blasphémateur de Dieu,' médisant et se
1) moquant de sa Parole, ou s'il est adullère ou coupable de ma
Il lice, d'envie, ou de quelque autre énorme crime, qu'il fasse pé
» nitence de son péché; sinon, qu'il n'appl'oche point de la Sainte
La Pénitence actuelle est facile chez ceux qui l'on faite quel-
que/ois, mais très-réfractaire pour ceux qui ne l'ont pas:
faite.
t La lacune dans la série des Numéros, depuis 540 jusqu'à 559. est une· .
simple erreur de chiffres; le telte est complet. (Note du 'Traducteur.)
92 LA. VRAIE
ne contribuent en rien au salut, mais que de l'imputation de la
Foi seufërésuflënt larémission des péchés, la justification, l'in
novation, la régénération, la sanctification, et le s:llut éternel,
sans que l'homme coopère par soi-même ou comme par soi-même,
cette coopération étant appelée par leUl's dogmatiq~s inutile,
contraire au mérite du Christ, offensanTe et injurieuse; et quoique
le Vulgaire ignore les choses mystiques de cette foi, cela a été
semé en lui par ée peu de mots: « La foi seule sauv-e j et qui est
r
ce qui pêut faire le bien par soi-même? » Oe là vient que la Pé
nitence, chez les Réformés, est comme un nid abandonné avec
l
les petits par les oiseaux qu'un oiseleUl' a pris et_ tués. A celle
raison se joint celle-ci, que l'homme qu'on appelle réformé n~est.
quant à son esprit, dans le ~Ionde spirituel, qu'avec des esprits
semblables il lui, qui portent cette doctrine dans les idées de ses
pensées, et le détournent de chercher à regarder en lui-même-et
à s'examiner. .
562, J'ai demandé, dans le Monde spirituel, à beaucoup de
Il ~ pourquoi ils n'avaient pas fait la pénitence actuelle,
lorsque cependant cela était enjoint, tant dans la Parole que dans
le Baptême, et aussi avant la Sainte Communion dans toute5 leurs
Églises; et ils m'on t fait diverses réponses; LES UNS: Qu'il suffit
de la Contrition, accompagnée de la Confession de lèvres qu'on
est pécheur. D'AUTRES: Qu'une telle pénitence, parce qu'elle est
faite par l'homme agissant d'après sa volonté, ne coïncide pas
avec la foi universellement reçue. 0'AUTRES: Qui est-ce qui peut
Ct
le péché d'Adam, d'où tous ses maux actuels ont jailli? Ces maux
n'ont·i1s pas été lavés en même temps que ce péché par les eaux
du b;plême? N'ont-ils pas été effacés et couverts par le mérite du
Ch rist ? Que devient alors la pénitence, sinon une. imposition qui
tro uble grièvement. les consciences timorées? Ne sommes-nous
pas d'après l'Évangile sous la grâce, et non sous la dure loi de la
pénitence? etc. » QUELQUES-UNS m'ont dit que, lorsqu'ils cherchent
à s'examiner, l'effroi et la terreur s'emparent d'eux, comme s'ils
RELIGION CHRÉTIENNE. 93
voyaient un monstre près de leur lit au point du jour. Par ces ré
110nses, j'ai vu clairement pourquoi la Pénitence actuelle, dans le
Monde Chrétien Rérormé, est comme cn oubli et rejetée. Je deman
dai aussi, en présence de ceux-lil, à quelques Esprits aLlaehés à la
L rReligion C3tholique-Roma~, au sujet de leur Confession actuelle
'devint eurs ministres, si cette eonfcs~ion était réfractaire ponr
. eux; ils répondirent qu'après y avoir été initiés, ils ne craignaient
pas de faire l'énumération de leul's fautes devant un confesseur
lion sévère, et qu'ils les recueillaient avec une sorte de volupté,
et énonçaient gaiement les plus légères, mais un peu timidement
les plus lourdes; que chaque année il l'époque élablie pal' la cou
tume ils revenaient librement, et se réjouissaient après l'abso
lution; et qu'enfin tous regardent co;nme impurs ceux qui ne
veulent pas dévoiler les souillures de leur cœur, A ces mots, les
Réformés, qui étaient présents, s'enfuir'cnt, les uns l~iaicnt el se
moquaient, les autres étaient étonnés et cependant approuvaient.
Ensuite §'approchèrent de moi quelques autres qui avaient· été
~J la même Érrlise; mais qui, ayant demeuré dans des pays
où il y avait des Réformés, avaient fait d'après un usage solennel
parOli eux non pas une Confession spéciale, comme leurs frères
ailleurs, mais seulement une Confession commune· devant leur
guide spirituel; ceux-ci dirent qu'ils n'avaient jamais pu sc son
der, découvrit' et divulguer leurs maux actuels, ni les secrels de
leur pensée, et qu'ils sentaient cela aussi répugnani et aussi ef
frayant, que de vouloir franchir le fossé d'un rempart, où se tient
en armes un soldat qui crie: « N'approche point. " D'après ce qui
précède, il est maintenaant évident que la Pénitence actuelle est
facile chez ceux qui l'ont faile quelquefois, mais très-réfractaire
pour ceux qui ne l'ont pas faite.
563. On sait que l'Habitude fait une seconde natm'e, et que
par suite ce qui est difficile à l'un est facile à l'autre; de même
aussi s'examiner, et confesser le résultat de l'examen; qUoi de
plus facile pour un journalier, un porte-faix et un métayer, que de
travailler des bras du matin au soir, tandis qu'au contraire ~n
homme élevé aùx honneurs et délicat ne pourrait pas se livrer au
même travail pendant une demi-heure sans lassitude et sans sueur!
Il est facile à ùn coureur de faire avec un bâton et des souliers lé
94 LA Vl\A.IE
~ers une course de plusieurs milles, tandis qu'un homme habitué
li aller en voilure peut à peine courir lentement d'une rue dans
-une autre. Tout artisan qQ.i se plaît à son ouvrage l'accomplit faci
lement el de hon cœur, et quand il le quitte il désire le reprendre,
tandis qu'un autre du même métier, mais indolent, peut difficile
ment être contraint à se mettre à l'œuvre: pareillementtout fone,
tionnaire, et tout homme d'élude. Quoi de plus facile à celui quj
-s'applique à la piété, que de prier Dieu et quoi de plus diffiCIle
pour celui qui s'est livré à l'impiélé? Quel est le prêtre qui, prê
ilhant pour la première fois devant un Roi. n'est pas intimidé?
mais après qu'il s'est remis, il continue avec assurance. Quoi de
_plus facile à l'homme-ange que d'élever les yeux au Ciel, el à
l'homme-diable que de porter ses regards vers l'enfer? Cepen
.{jant si celui-ci est hypocrite il peut pareillement lever les yeux
vers le Ciel, mais son cœur est il l'opposé: la fin propter quem
(pour laquelle il agit), et par suite l'habitude, font la trempe de
l'homme.
Celui qui n'a jamais fait pénitence, ou qui ne s'est jamais r:J!..
gardé intérieurement ni scruté, ne sait pas enfin ce que c'est
que le mal qui damne, ni ce que c'est que le bien qui sauve.
une bête féroce, parce qu'il fait un avec ceux qui sont dans l'enfer
où tous sont tels; mais celui qui est rationnel et moral aussi d'après
le Cie! est vraiment rationnel et moral, parce qu'il l'est en même
temps d'esprit, de bouche et de corps; au dedans du rationnel ét du
moral il y a, comme âme, un spirituel qui met en action le lIa-:
turel, le sensuel et le corporel, celui-là fait lin aussi avec ceux qui
~ont dans le Ciel: c'est pourquoi il ya l'homme rationnel et mo
ral spirituel, et aussi l'homme rationnel et moral purement na
turel, et l'un n'est pas distingué de l'autre dans le l\fonde, surtout
si l'hypocrisie est passée en habitude; mais les Anges dans le Ciel.
les dIstinguent aussi facilement qu'on distingue les' colombe~
d'ave.c les hiboux, et les agneaux d'avec les tigres. L'homme pu
rement naturel peut voir le5 maux et les biens chez les autres, e~
même reprendre ceux chez qlli ils sont; mais comme il ne s'est,
( ni regardé illL~rieu.!:~Illli!!., n~té, il ne voit aucun mal che~
lui, el si un autre en découvre un, il le voile au moyen de son ra-,
_.
lionnel, comme le serpent cache sa tête dans la poussière; et il s'en
fonce d:lns ce mal, comme le frelon dans le fumier. Voilà ce ue fait
l~ plaisir du mal, qui enveloppe cet homme, comme le brouillard
couvre un marais, et absorbe et étouffe les rayons de la lumière;
le plaisir infernal n'est pas autre chose; ~plaisir du mal est
i
exhalé de l'enfer, et Ï!!!!!!e chez tout homme, mais dans les plantes
des pieds, le dos et l'occiput; mais s'il est reçu par la tête dans le
sinciput, et par le corps dans la poitrine, l'homlYte est asservi à
l'enfer; et cela, parce qup..le cerveau humain a été destiné à l'eo
f tendement et à la s~gesse de l'entendement, et le Cervelet à la vo
z. l.nté et à l'amour de la volonté; de là vient qu'il y a deux Cer
vëaûx. Mais ce plaisir infernal est corl'igé, réformé el retourné
uniquement par le Spirituel rationllel et moral.
565. Il va êtredmmé, comme suite, une sorte de descriptio~
de l'homme rationnel et moral purement naturel, qui considéré
en lui-même est sensuel, et qui, s'il continue, devient corporel" o~
-charnel; mais cette description sera faite en une esquisse com~
96 LA VRAŒ
posée de diverses parties. - Le sensuel est le dernier de la vie dn
menlal de l'homme, il est aôhér'ent et cohérent allx cinq sens de
sou corps. - Est dit homme sensuel celui qui porte des jugements
au sujet de tontes choses d'après les sens du corps, et qui ne croit
que ce qu'il peut voir des yeux et toucher des mains, disant que
ees objets sont quelque chose, et rejetant tout le resle. Les inté
.rieurs de son mental, qui voient d'après la lumière du Ciel, ont
été fermés, de sorte qu'il né voit rien du vrai qui appartient au
Ciel et à l'Église. Un tel homme pense dans les extrêmes, et non
intérieurement d'après quelque lumière spirituelle, parce qu'il
est dans une épaisse lueur naturelle; de là vient qu'intérieure
filent il est contre les choses qui concernent le Ciel et l'Église.
quoiqu'extérieurement il puisse parler pour ellés avec ardeur.
selon son espoir d'obtenir par elles domination et opulence. - Les
Savants et les Érudits qui se sont confirmés profondément dans
les faux, et plus encore ceux qui sont confirmés contre les vrais
de la Parole, sont plus sensuels que les autres. - Les hommes sen
suels raisonnent avec rigueur' et adresse. parce que leur pensée
est si près de leur parole, qu'elle est presqu'en elle et comme
dans leurs lèvres, eL parce qu'ils placent toute intelligence dans
la parole provenant de la mémoire seule; puis, ils peuvent, adroi
tement confirmer les faux, et après les avoir confirmés, ils les
croient des vrais; mais Hs raisonnent et confirment d'après les il
lusions des sens, par lesquels le vulgaire se laisse prendre et per
suader. - Les hommes sensuels sont plus l'lIsés et ont plus de ma
lice que tous les autres. - Les avares, les adultères et les fourbes
sont principalement sensuels, lors même qu'aux yeux du Monde
ils paraissent ingénieux. Les intérieurs de leur mental sont sales
llt --corrompus; par ces intérieurs ils communiquent avec les en
fers: dans la Parole ils sont appelés morts. - Ceux qui sont dans
tes-Enfers sont sensuels el d'autant plus sensuels, qu'ils sont dans
des enfers plus profonds; la spl1ère des esprits infernaux se con
joi~t avec le sensuel de l'homme par derrière; et d:ms-Ia lumière
du-Ciel l'occiput paraît excavé. -:- Ceux qui raisonnaient d'après les
sensuels seuls étaient appelés par les anciens les serpents de
lJ Arbre de la science. - Les sensuels doivent être au dernier rang
et non au premier; et, chez l'homme sage et intelligent, ils sont
RELIGION ·CHR~TIENNE. 97
au dernier rang, sous la déjlenUltnCtl des inlérieurs; mais chez
l'homme insensé ils sont au premier rang, et ils t.lominent. S.i les
sen-sueis sont ail dernier ran~, par eux est ouvert le chemin vers
l'entendement, et les vrais sont perfectionnés par le mode d'ex
traction. Ces sensuels sont très-près dn Monde, et ils admettent
les choses qui viennent du monde, et les criblent pour ainsi dire.
- L'homme pal' les sensuels communique avec le Monde, et pnr les
rationnels avec le Ciel. - Les sensuels fournissent les choses (pli
s~l"\'ent aux intérieurs du menlal. Il y a des sensuels qui four
nissent il la partie intellectuelle, et des sensucls qui fournissent à
la partie volontaire. - Si ~pensée n'est pas élevée audessns des
--
sensuels, l'homme a peu de sagesse. L'homme, quand sa pensée
est élevée au-dessus des sensuels, vient dans une lueul' plus
claire, et enfin dahs une lumière céleste, et alors il perçoit~
choses qui défluent du Ciel. - Le dernier de l'entcndcment c.:>t le
së~q.ue naturel, et le deruicl' de la volonté est le plaisil' sen
suel,
566, L'homme, en tant qù'homme naturel est semblable il la
bête, il prend lïmag'e de la bêle par sa vie; c'est pour cela qu'au
tour de tels hommes dans le Monde spirituel il apparaîl de!' bèies
de toule espèce, qui sont des correspondances; car, considéré
en lui-même, le naturel de l'homme est purement animal; mais
comme le' spirituel y a été ajouté, il pcut clcvenil' homme, et s'il.
ne le devient pas d'après la faculté qu'il en a, il pellt contrefaire
l'homme, mais il n'est toujours qu'une bêle parlante; car il pade
.l'après le rationnel naturel, mais il pense d'après le vertige spi
rituel; il agit d'après la mOl'ale naturclle, mais il aime d'après le
satyriasis spirituel; ses acles, aux yeux de l'holllme rationnel
spiriluel, ne sont que comme la danse rie celui qui a été piqUé de
la tarentule, et qu'oll nomme (Ianse de St-Vite ou de SI-Guy. Qui'
ne sait qu'un hypocrite peut parler de Dieu; un voleur, de sincé
rité ; un adultère, de chasteté, et ainsi des autres; mais si l'homme
n'avait pas la faculté de fermel' et d'ouvrir la porte entre les pen
sées et les paroles, et entre les intentions et les actions, et s't! n'y
avait là pour portitr la prudence on l'astuce, il se pr'écipiterait
avec plus de férocité qu'aucune bête sauvage dans des actes cri
minels et atroces; mais cette porte est ouverte chez chacun après
~ 7
98 LA VRAIE
la mort, et alors chacun se montre tel qu'il a été; toutefois le mé
chant est tenu dans un lien par les châtiments et les prisons dans
l'Enfer, c'est pourquoi, bienveillant Lecteur, regarde-toi intérieu
rement, va à la recherche de tel ou tel mal chez toi, et repouslie
]e par motif de Religion; si c'est par un aut re OJotif ou une autre
fin. lu ne le repousses que pour qu'il ne se ma.flifeste pas devant
le Monde.
•
56ï. A ce Chapitre seront joints le~ MÉMORABLES suivants:
PREMIER MÉMORABLE. Je fus saisi subitement d'une malailie
presque mortelle; toute ma Têle était pesante; une fumée pes
tilen tielle fut envoyée de la Jérusalem qui est appelée Sodome et
Egypte, - Apoc. XI. 8 ; - j'élais à demi-mort souffrant cruelle
ment, j.'allendais ma dernière heure; je restai ainsi étendu dans
. mon lit pendant trois jours et demi; leI était devenu mon esprit,
et par suite mon corps: et aloni j'entendis autour de moi des voix.
de g'ens qui disaient: « Le voici étendu mort dans la place ·de notre
Ville, celui qui prêchait la Pénitence pour la rémission des péchés,
et le seul Christ homme ... Et ils demandaient à quelques ecclé
siastiques, si celui· là était digne de la sppullure. Ils répondirent:
" Non; qu'il reste étendu, eL qu'i! soit en spedacle. " Et ils allaient,
re\'enaient, se moquaient. Voilà, d'après la vériLé, ce qui m'est
arl'Ïvé, !,Qrsque j'expliquai~ le_ Cha itreXI~I:\pocalyp.!e. On
entendit alors ces moqueurs, prononcer des paroles sur lesquelles
ils appuyaient fortement, surtout celles-ci: li Comment peuHm
faire Pénitence sans la foi? Comment le Christ homme peut-il
être adoré comme Dieu? Pltisque nous sommes sauvés gratuite
ment sans aucull mérite de notre part, qu'est-il besoin d'autre
,chose ((Ile de cette foi seule, que Dieu le Père a envoyé son Fils,
. pOUl' ôter la damnation de la. Loi, nous imputel' son mérite, et
ainsi devant Lui nous justifier, et nous absoudre des péchés par
la déclat'ation d'un Prêtre, et alors nous donner l'Esprit Saint, qui
opèl'e tout bien en nous? Ces choses ne sont-elles pas conformes
à l'Écl'itUl'e, et en outre conformes fi la raison? Il La fOllle des as
. sistants applaudissait à ces paroles. Je les en~end:\is et ne pE..,!!ai8
répondre, parce qu~.Jélais étendu l'es Ue mort; mais ap~is;
j~rs el deini mon esprit reprit ~es. forces, et je sortis, quant!
=====-------=----------~~,-____.,o__---~
RELIGION CHRÉTIENNE. 99
mon esprit, de la place, et j'allai dans la Ville, et je dis de nouveau:
• Faites Pénitence et croyez au Chist, et vos péchés seront remis,
et ,-ous serez sauvés; sinon, vous périrez; le Seigneur Lui-Même
n'a-t-il pas prêché la pénitence pour la rémission des péchés, et
~ue l'on crût en Lui? N'a-t-il pas ordonné aux disciples de prê
cher la même chose? Ulle. co!'!!plète _séçurité de vie n'e~le
pas la suite du dogl!!il de votre foi? .. ~fais ils dirent: « Que si-
\ :gnifie ce verbiage? Le fils n'a-t-il pas satisfait? Le Père n'a-t-il
J pas imputé celte satisfaction du Fils, eL ne nous a-t-il pas justi
_) fié~, nons qui y avons -cru? Ne sommes-nous pas conduits ainsi
--
par l'esprit de grâce? Dès lors qu'est-ce ue le p~ché en nous?
- ---
Dès lors qu'est-ce gue la mort a _de cOllimun avec nous? Com
prends--=wcet Évatliile~toi, prêcheur du péché et de la péni~
r tence? !\fais alors il sortit du Ciel une voix qui dit: Il Qu'est-ce
1)
-sir. JI Et les uns disaient: « Quelle question nous fais-tu là? Qui
ignore ce que c'est que le Plaisir? N'est-ce pas la joie ~.1l'allé
gresse? Un plaisir est donc un plaisir, l'un aussi bien què l'autre,
:nous ne connaissons point de différence, D'autres disaient: « Le
1)
-Plaisir est le rire du mental, car .lorsque le mental rit, la face est
gaie, le langage joyeux, le seste plaisant, et l'homme tout entier
dans le plaisir, .. l\Jais d'autres disaient: « Le Plaisir n'est autre
-chose que d'être en festin, et de manger des mets délicats, de boire
-et de s'enivrer avec un vin généreux, et alors de oauser de choses
-diverses, et surtout des jeux de Vénus et de Cupidon. » Après avoir
ilotendu ces pal'oles, l'Esprit novjce indigné se dit en lui-même:
« Ces réponses sont grossières et inciviles; ces Plaisirs ne sont ni le
Ciel ni l'Enfer; que ne puis-je trouver des sages! II Et il quitta ees
Esprits, et alla à la recherche d'Esprits sages; et alors il fut vu
'parun Esp-rit angélique, qui lui dit: Je perçois que tu es embrasé
ft
>
HO LA VRAIE
~ont donc là des choses agréables pour vous? » ils répondirent:
« Très-agréables. » Et on leur dit: « Alors vous êtes comme les
bétes immondes qui vivent dans de pareilles ordures.» Et ils ré
pondiren t: « Si nous le sommes, nous le sommes; mais ces odeurs
sont les délices de nos narines... Et on leur demanda: " Qu'avez
vous encore à raconter?» Ils dirent: l( Il est permis à chacun de
nOl\s d'être dans son Plaisir, même le plus immonde, ainsi qu'on
l'appelle, pourvu qu'il n'infeste ni les bons Esprits ni les Anges i
mais comme d'après notre plaisir nous n'avons pu faire autrement
que de les infester, nous avons été jetés dans des cachots, où nous
souffrons cruellement; être privé et retiré de nos Plaisirs dans
ces cachots. c'est ce qui est appelé le tourment de l'Enfer; c'est
~ussi une douleur intérieure. ,) Et on leur demanda: " Pourquoi
avez-vous infesté les bons?» Ils dirent: » Nous n'avons pu faire
autrement; c'est comme une fureur qui s'empare de nous, quand
nous voyons un Ang-e, et que nous 5entons la Sphère Divine du
Seigneur autour d~ lui. .. A celle réponse nous dîmes: Il Alors
vous êtes aussi comme des bêtes féroces. Il Et peu après, quand
ces diables virent l'Esprit novice avec les Anges, ils furent saisis
d'une fureur qui apparut comme le Feu de la haine; c'est pour
quoi, de peur qu'ils ne causassent du dommage, ils furent replon
gés dans l'Enfer. Ensuite apparurent des Anges qui d'après les
fins voyaien t les causes, et par les causes les effets, et qui etaient
dans le Ciel au-dessus de ces trois A§selllblées, et ils furent vus
dans une .lumière éclatante, qui, se d~veloppant par des sinuosités
en spirale, porta avec elle une Guirlande de fleurs en forme ronde,
et la posa sur la Tête de l'Esprit novice; et alors de celle lumière
sortit une voix qui lui dit: « Cette Couronne de Laurier t'est don
née, parce que tu as, dès ta jeunesse, médité sur le Ciel et sur
J'Enfer. "
RELIGION CHRÉTIENNE. HI
CHAPITRE DIXIÈME
DE LA RÉFORMATION ET DE LA RÉGÈNÉRATION
">
Ù2 LA VRAIE
dans I~ Second.; mais celui qui, dans le ~Ionde, n'est pas entré.
dans le Premier état, ne peut pas après la morL être introduiL
dans le Second, Ainsi ne peut pas être régénéré. Ces deux Etats·
peuvent être comparés à la progression de la Lumière et de la
Chaleur pendant le jour. dans la saison du printemps, le Premier
au point du jour ou au chant du coq, le Second au matill et à l'au-
rore, et la progression de ce second état il la progression du jour
jusqu'à midi, et ainsi dans la Lumière et dans la Chaleur, il peut
aussi être comparé à la Moisson, qui d'abord est Une herbe vel'Ie,
ensuite croit en tuyaux et en épis, ct enfin dalJs ceux-ci devient
blé. Puis aussi à ~'Arbre qui d'abord d'après la semence sort de
terre, ensuite devient une tige, de laquelle sortent des branches,
et celles-ci se parent de feuilles, et plus tard il fleuJ'it, et Je J'in-
time des fleurs il commence des fruits qui, ~ mesure qu'ils mù-
l'isselll, ·produisenl de nouvelles semences, comme de nouvelles
lignées. Le premier état, qui est celui de la Réformation, peul aUSSi
être comparé à l'étal du ver à soie, quand il tire de lui et qu'il
développe ses fils de sore; et après son travail industrieux, il vole
dans l'air, el se nourrit, non de feuilles comme auparavant, mais
de sucs dans les fleurs.
ces deux fassent ensemble une seule acti,on, chacun le sait: quan t,
H6 LA VRAIE
de l'homme; c'est pourquoi 1:1 puissance du bien agir vient du
Seigneur, et par suite la volonté d'a~ir est comme appartenant à
l'homme, parce· qu'il est dans le libre arbitre, d'après lequel il
pellt ou agir avec le Seigneur, et ainsi se conjoindre, ou agir d'a-
pl'ès la puissance de l'enfer, laqnelle est en dehors, et ainsi se sé-
parer. L'action de l'homme concordante avec l'action du Sejgneul~
est celle qui est entendue ici par Coopération; pour que ce point
soit perçu avec plus d'évidence, il sera encore illustré dans la suite
par des comparaisons.
577. De là, il résulle encore, que le Seigneur est toujours en ac-
tion pour régénérer l'hol1l me, parce qu'il est tonjours en action
pour le sauvel', et que nul ne peut être sauvé, s}il n'est régénéré,
selon les paroles mêmes du Seigneur dans Jean: (( Si quelqu'un
n'est engend"é de nouveau, il ne peu,t voir le Royaume de Dieu. )
- III. 3, 5, 6: - c'est pourquoi la Régénération est le moyen de
la salvation, et la Charité et la Foi sont les moyens de la régé-
nération. Croite que la Régénération suit la foi de l'Église d'au-
jourd'hui, qui n'admet pas la coopération de Vhomme, c'est la va-
ni lé des van.ités, L'action et la coopération, telles qu'elles ont été
décrites, peuvent être vues dans chaque cbose qui a quelque ac-
tivité et quelque mobilité: Telles sont l'action et la coopér:Hion du
cœur et de chaque artère; le Cœur agit, et l'Artère d'après ses
enveloppes ou tuniques coopère, de là la circulation; il en est de
même du Poumon, J'air agit d'après la pression selon la hauteur
de son atmosphère, et les côtes coopèrent d'abord avec le pou-
mon, et bientôt ensuite le poumon itvec les côtes, de là la respi-
ration de chaque membrane dans le corps; ainsi les méninges du
cerveau, la plèvre, le péritoine, le diaphragme, et toules les au-
tres membranes qui couvrent les viscères, et qui composent le de-
dans, agissent et sont mises en action, et ainsi coopèrent, car elles
'sont élastiques, de là l'existence et la subsistance; il en est de
même dans chaque' fibre et chaque nerf, et dans chaque muscle,
et même dans chaque cartilage; que dans chacune de ces parties
il y ait action et coopération, cela est notoil'e. Il y a aussi une telle
coopération dans chaque sens, cal' les sensoria du corps, de même
que les mot01'ia, se composent de fibres, de membranes et de
muscles; mais décrire la coopération de chacun est inutile, car on
RELIGION CHRÉTIENNE. Hi
sait que la lumière agitsur l'œil, le son sur l'oreille, l'odeursur
la narine, et la saveur sur la langue, et que les oq~anes s'y adap
tent, d'où résulte la sensation: qui est-ce qui de là ne peut per
cevoir que, s'il n'y avait pas une telle action et une telle coopéra
tion avec la vie qui influe dans l'organisme spirituel du Cerueau,
ta pensée el la volonté ne pourraient pas exi,ster? En effet, la vie
influe du Seigneur dans cet organisme; et, parce que cet orga
nisme coopère, ce qui est pensé est perçu, et pareillement ce qui y
est examiné, conclu est déterminé en acte. Si la vie seule agissait,
et que l'homme ne coopérât pas comme de lui-même, il ne pour
rait pas plus penser qu'une souche, ou qu'un temple quand le
Ministl'e prêche; le temple peut, il est vrai, -sentir comme uo
écho par la répercussion liu son sur les hatlants des portes, mais
il ne sent rien du sermon: tel serait l'homme s'il. ne coopérait pas
avec le Seigneur quant à la charité et à la foi.
oi8. Dnpeut aussi illustrer par des comparaisons quel serai
l'homme, s'il ne coopérait pas avec le Seigneur: Quand il perce
vrait et sentirait quelque spirituel du Ciel et de l'Église, ce serait
comme quelque chose d'antipathique ou de discordant qui influe
rait, et comme l'infect pour le nez, le dissonant pour l'oreille, le
monstrueux pour l'œil, et le dégoûtant pour la langue; si le plai
sir de la charité et le charme de la foi influaient dans l'organisme
spirituel du mental de ceux qui sont dans le plaisir du mal et du
faux, ceux-ci par l'Intrusion de ces plaisirs et de ces charmes se- ,
rilient tourmentés et torturés, et enfin ils tomberaient en défail
lance; comme cet organisme consiste en hélices perpétueIlès, il
se roulerait en spirales chez de tels hommes, et se tordrait comme
un serpent sur un monceau de fourmis. Qu'il en soit ainsi, c'est
ce qui est devenu évident pour ,moi d'après un grand nombre
<J'expériences dans le Monde spirituel.
liS LA VMlE:
579. Pour que ceci soit compris, il faut auparavant dire quelque
chos. da la Rédemption': Le Seigneur est venu dans le mODd~
prÎneipalemen t pour ces deux fins : Éloigner de l'ange et de
l:homme l'enfer. et glorifier son Humain; en effet, avant l'avè
nement du Seigneur. l'enfer s'était accru au point d'infester les
anges du dei, et d'intercepter par son interposition entre le ciel
et le monde la communication du Seigneur avec les hommes de
la tene, d'où il résultait qu'il ne pouvait passer du Seigneur vers
les hommes aucun Divin Vrai, ni aucun Divin Bien: de là une
Damnation totale' menaçait tout le Genre Humain~ et les Anges
du ciel ne pouvaient pas non plus subsister longtemps dans leu...
îp.légrité. Afin dono de repousser l'enfer. et d'enlever aipsi cett~
damnation imminente. le Seigneur vint dans le Monde. il élo-igna.
l~elîfer et le subjugua, et ainsi il ouvrit le Ciel. de sorte qu'il a pu
~ans la suite être présent chez les hommes de la terre, et sauvel,"
cpux quiv·ivraient selon ses préceptes, par conséquent les régénére...
et les sauver, car ceux qui sont régénérés sont sauvés: ainsi est.
j'otenduce point. que tous ayant été rachetés. tous peuvent être
.r~générés, et que, oomme la régénération et la salvation font un.
to.u~ peuvent être sauvés: donc ce qu'enseigne l'Église, que per
.$onne sans l'avènement du Seigneur n'eût pu être sauvé, doit être
:flinsi entendu, que personne sans l'avènement du Seigneur n'eût.
.pU'être régénéré. Quant à la seoonde fin, pour laquelle le Sei
gneur est venu dans le monde, fin qui consistait à' glorifier SQ!.l
Humain, ce fut parce qu'ainsi il devint Rédempteur, Régénérateur
et Sauveur pour l'éternité; oar il faut croire non pas que par la Ré
demption une fois faite dans le Monde, tous après cetle rédemp
tion aient été raohetés, mais que le Seigneur rachète perpétuel
lement ceux qui croient en Lui et font ses paroles. Sur ce sujel ..
voir de plus grands détails dans le Chapitre sur la Rédemption.
580. Que chacun puisse être régénéré selon son étal, o'est parce,
qu'il en est autrement des simples que des.savants; autrement de
REliGION CJIRETIENNE. ua
ceux quis'appliq,uent à des études différentes, et aussi de ceux qui'
sonl dans des empl&is différents; autrement de ceux qui scrute.nl
les externes de, la ,Parole, et de ceux qui en scrulentles internes;.
autrement de ceux qui sont par leurs parents dans le hien naturel·
que de ceux qui sont dans le mal; autrement de ceux qui dès l'en
fance se sont jetés dans les vanilés du Monde, et autrement de
ceux qui s'en sont éloignés plus tôt ou plus tard; en un mot, au,
trement de ceux qui conslituent l'Église externe du Seigneur, el
autrement de ceux qui cansliluent l'Église interne; celle variété
est· infinie comme cell. des' faces et des caractéres, mais néanmoins
chacun peut être régénéré et sauvé selon son état. Qu'il en soit
ainsi, on peutIe voir d'après les Cieux, où viennent tous les régé
nérés, en ce qu'il y en-a trois, le Suprême, le Moyen eL le Dernier,>
et que dans le Suprême viennent ceux qui }lar la régénération re
çoivenL l'amour envers le Seigneur. dans le Moyen ceux qui re
çoivent l'amour à l'égard du prOchain, dans le Der·nier ceux qUi
seulement s'appliquent à la charité externe, et reconnaissent en
même temps le Seigneur pour Dieu Rédempteur et Sauveur. Tous
ceux-ci ont été sauvés, mais de·différente manière. Si tous peuvent
être régénérés el ainsi sauvés, c"est parce que le Seigneur avec,
son Divin Bien et son Divin Vrai est présent chez tout homme; de
là chacun a la vie, et par suite la faculté de comprendre et de vou
lpir, et le Libre Arbitre dans les spirituels; ces choses ne man
quent à aucun homrue; et en outre les moyens ont éLé donnés,
aux Chréliens dans la Parole, et aux Gentils dans la religion de'
ehacun, religion qui enseigne qu'il y a un Dieu, et donne des pré
certes sur le bien et sur le mal. Il suit de là que chacun peut être
sauvé, que par conséquenL si l'homme n'esL pas sauvé, c"esL lui"1
et non le Seigneur, qui esL en faute; eL l'homme est en faute, parce
qu'il ne c-oopère pas.
5Si. Que la Rédemption et la Passion de la croix soient deux
~hQses distincLes, et qui ne doivent pas être confoodues, et que
le Seigneur par l'une et par l'autre se soit mis en puissance de·
~égénérer eL de sauver les hommes, cela a été monLré dans le
Chapitre sur la RÉDEMPTION. De la foi reçue dans l'Église d'au
jourd'hui sur la Passion de la croIX, qUll celle Pa<;sion a été la
l\édemption même, sont sorties des phalanges de f'.lusselés hor
120 LA VRAIE
ribles sur Dieu, sur la foi, sur la charité, et sur les autres choses
qui en dépendent dans un enchaînement continu; par exemple,
sur Dieu, qu'il a décidé la damnation du genre humain, et qu'il
a voulu être ramené à la miséricorde par la damnation mise sur
le Fils, ou reçue par le Fils en lui-même, et qu'il n'y a de sauvés
que ceux auxquels le mérite du Christ est donné ou par prévision
ou llar prédestinai ion; de cette illusion est aussi sorti le dogme
de celle 'foi, que ceux qui ont été gratifiés de cette foi ont été en
même temps régénérés, sans qu'ils aient en rien coopéré, et qne
même ils ont ainsi été absous de la damn~tion de la loi, et ne sont
plus sous la loi, mais qu'ils sont sous la grâce; et cela, quoique
le Seigneur ait dit « qu'il n'a pas m~me tJté un seul accent de la
loi, ,,- Mauh. V. t8, 19, Luc, XVI. t7; - et quoiqu'il ailcom
mandé aux disciples, " de p,'êche1' la pénitence pow' la "émis- .
siondepéchés.» -Luc, XXIV. 47. Marc. VI. 12;-etqu'ilait
dit aussi Lui-Même:. Le Royaume de Dieu s'est approché.
H
....
LA V,RAIE
des choses qui lui viennent du Monde I}a~urelet sont nommées ci~
viles et morales, on voit clairement de- quelle manière se fait sa.
formation;. et puisque, comme il a été dit, il· Y a une perpétuelle
correspondance chez l'homme entre les choses qui se font natu
rellement et celles qui se font spirituellement, il s~ensuit qu'elle
est comme la conception, la gestation, l'enfantement et l'éduca
tion. C'est pour celte raison que dans la Parole par les Naissances
naturelles il est entendu les Naissances spirituelles qui sont celles
du bien et du vrai, car tout ce qui existe dans le sens de la loUre
de la Parole. C'est-à-dire dans le sens naturel, enveloppe et signi
fie un spirituel: que dans toutes et dans chacune des expressions
i
du sens de la leUre de la Parole il ait un Sens spirituel, cela a été
pleinement monlJ'é dans le Chapitre sur l'ÉCRITUIlE SAINTE. Que
les Naissances naturelles mentionnées dans la Parole enveloppent
des Naissances spirituelles, on le voit clairement dans ces pas
sages: « Nous avons eonçu, nous avons été en t1'avail, nous
avons quasi enfanté; de saluts nous n'avons point fait.» - Ésaïe.
XXVI. t8. - Il A la p1'ésence du Seigneur, enfante, ~ terre I)l
Ps. cnv. 7. - Il Est-ce que la terre enfantera en un seul jour?
Est-ce que Moi je bl'ism'ai et n'engend1'èrai pas? Est-ce que je
ferai engendrer et je fm'merai? » - Ésaïe, LXVI. 7 à t O. - Il Sin
t,e1'a en t?'avail d'enfant, et No sera près de rompre. )l - Ézéch.
XXX. {o, {6. - li Les doulew's de celle qui enfante viendront sur
Ëphraïm, lui, fils non sage, parce que dans le temps Zl ne se<
tient pas dans l'utérus des fils. » - Rosée, XIII. i 2, t 3 ; - pa
reillement ailleurs en b~allCo\lp d'endroits. Comme les générations
naturelles signifient dans la Parole les générations spirituelles, et
que celles-ci viennent du Seigneur, c'est pour cela que le Sei~neu ..
~t appelé Formateur, et Celui qui tire de l'utérus, ainsi qu'il est
évident d'après ces passages: " Jéhovah ton Facteur, e~ ton ,for
mateur dès futérus.» - Ésaïe XLIV. 2. ~)l Celu{";jfti'n;,''fi tiPide.
l'utérus.)) - Ps. XXII. iO. -- ~<Sli":ToiYâÛtéappuyédèsl'uté
rus; des entrailles de ma mère, Toi, tu m'as tiré. !l - Ps. LXXI.
7. - " Faites attention il M~i, vous, pm·tés dès l'utérus, soutenus
dès la matrice. Il - Ésaïe, XLVI. 3; - et en oulre ailleurs. Dè là
vient que le Seigneur est appelé Père, comme dans Ésaïe, - IX. ls.
LXIIl. t 6. Jean, X. 30. XIV. 8, 9 ; - el que cellx qui sont par lui.
RELIGION CHRÉTJENNE. 423
daD~' les biens et dans les;vrais sont dits fi,ls et nés de Dieu, et en
tre euison't appelés frères, - Matth. X:xIII. 8 ; - et que ntglise
est nommée Mère, - Hosée, II. 2, 5. Ézéeh. XVI. 45.
Œ89 D'après cela, il estmain~enant évident qu'il y a une ~()r
r~spondance entre les GénératIOns naturelles et' les Générations
spirituelles; et puisqu'il Y' a une Correspondance, il s'ensuit que
Don-seulement'la conception, la gestation, l'enfantement etl'édu
cation peuvent se dire de la nouvelle Génération, mais qu~elles
existent aussi en actualité pour cette nouvelle Génération; quant
à ce qu'elles sont, cela va êlre présenté'en ordre dans cet Article
sur la Règénération. Ici, il sera dit seulement que la' semence de
l'homme est conçue intérieurement dans l'entendement, et fop
mée dans la volonté,el de là transportée dans le testicule, où elle
s'enveloppe d'une couverture naturelle; et elle est' ainsi portée
dans l'utérus, et entre dans le M'onde. En outre, il y aune cor
respondance de la régénération de l'homme avec toules les choses
qui 30nt dans le Règne végétal; aussi, dans la Parole, l'homme est
H décrit par un Arbre, son' Vrai par la semence, et son Bien par le
fruit. Qu'un maUvais arbre puisse être de nouveau comme engen
dré, et porter ènsuite de bons fruits et dè bonne semence, on le.
voit par les entés' et par les' ~reffes'; alors', quoique le mênie- su~
monte de la racine par le tro-nc jusqu'à l'ente ouà la greffe, néan~
moius il est changé en un suc bon, et fail un bon arbre. Dans l'É
glise, il en est de même de ceux qui sont greffés au Sei-gneur; c'est
ce qu'il enseigne Lui-Même- par ces paroles: " Moi, je suûle Cep.,
vous, les sarments; celui qui demeure en Moi, et Moi en lui~
celui-là porte du fruit beal~coup: si quelqu'un ne demeure pas
en Moi, il est jeté dehors comme le sarmetU, et il sèche, et est
jeté au feu. Il -Jean, xv. 5,6.
585. Que les végétations non-seulement des arbres, mais ausSÎ>
de tous les arhustes, correspondent aux prolifications des homm~s~
c'est ce qui a éLé enseigné par plusieurs Erudits, c'est pourquoi
j'ajouterai sur ce sujet quelque chose comme appendice. Dans les
arbre~ et dans tous les autres sujeLs du Règne végétal il n'y a pas
les deux sexes, le masculin et le féminin, mais chaque sujet y est
masculin; la Terre seule, ou l'humus, est la Mère commune, ainsi
comme la Femelle; en effet, ellé" reçoit les s6DIences de tous lés
LA VRAIK
végélaux, elle les ouvre, les porte comme dans UB utérus, et alors
elle les nourrit, et les enfante, c'est-à-dire, les produit au jour, et
ensuite elle leur donne des vêlements et des aliments. La terre,.
quand d'abord elle ouvre la semence, commence par la racine, qui
est à l'instar du cœur; de cette racine elle envoie et transmet le suc,
comme sang, et construit ainsi comme un corps pourvu de mem
bres ;Ie tronc lui-même est le corps, les branches et les rameaux
en sont leg membres; les feuilles qu'elle fait sortir aussitôt après
l'enfantement tiennent la place du poumon, car de-même. que le
cœur sans le poumon ne produit ni mouvement ni sens, et ne vi
vifie pas l'homme par eux, de même la racine ne donne point de
végétation à l'arbre ou i l'arbuste sans les feuilles: les fleurs qui
précèdent le fruit sont les moyens de décanler le suc, qui en est
le sang, et d'en séparer les parties grossières d'avec les parties
pures, et de former pour l'influx de celles-ci dans leur sein une
nouvelle petite tige par laquelle le suc décanté influe, et ainsi
donne un commencement ct successivement une conformation au
-fruit, qui peut être comparé à un testicule dans lequel les semences
sont perfectionnées; l'âme végétative, qui règne intimement dans
toute particule du suc, ou son essence prolifique, ne vient pas
d'autre part que de la chaleur du Monde spirituel, laquelle, parce
qu'elle procède du Soleil de ce monde spirituel, ne respire que gé
nération, et par elle continuation de création; et comme elle res
pire essentiellement la l;énération de l'homme, c'est pour cela
qu'elle donne à tout ce qu'elle engendre une certaine ressemblance
de l'homme. Qu'on ne soit pas étonné de ce qu'il a été dit qu~
les sujets du Règne végétal ne sont que mâles, et que la Terre
seule ou l'humus est -comme la Mère commune ou la femelle, cela
sera illustré par une chose semblable chez les Abeilles; elles n'ont,
selon l'autopsie de SWAMMERDAM dans ses BIBLES - DE LA NATURE.
qu'une seule mère commune, de laquelle est produite toufe la li
gnée d'une ruche entière; puisqu'à ces insectes il n'est donné
qu'une seule mère commune, pourquoi n'en serait-il pas de même
pOlll' tous les végétaux? Qlle la Terre soit la mère commune,c'est
ce qui pent aussi être illustré spirituellement; et cela est illustré,
en ce que la Terre dans la Parole signifie l'Église, et que l'É~lise est
la mère commune, ainsi qu'elle est aussi nommée dans la Paro\e_t
RELIGION CHRÉTIENNE. 125
que-l'on consulte l'APOCALYPSE REVELEE, on y verra, Nol 280; 902,
que la Terre signifie l'Église. Si la terre ou l'humus peut entrer
dan~ l'intime de la semence jusqu'à son prolifique, le faire sortir
et le porIel' çà et là, c'est parce que chaque petit grain de pous-
sière ou pollen exhale de son essence quelque chose de subtil
comme effluve, qui pénètrè la semence; cela se fait d'après la
force active de la chaleur procédant du Monde spirituel.
386. Que l'homme ne puisse êlre régénéré que successivement, -
c'est ce qui peut êlre illustré par toutes et par chaèune des choses
qui existent dâns le Monde naturel: L'arbre ne peut pas croHre
en arbre en un seul jour, mais il croît d'abord d'après la semence,
puis d'après la racine, ensuite d'après son jet, qui devient tronc,
et de ce tronc sortent des branches avec des feuilles, et enfin des
fleurs et des fruits: le froment et l'orge ne s'élèvent point en- mois-
son en un seul jour j une maison n'e!!t point bâtie en un seul jour;
lin homme ne parvient pas non plus en un seul jour à la stature
d'homme, et moins encore à la sagesse; l'Église non pl~ n;;8t ni
instaurée ni perfectionnée en un seul jour; et il n'y a aucune pro-
gression vers une fin, qui n'ait un commencement d'où elle part.
Ceux qui conçoivent la régénération autrementne savent rien de
la Charité ni de Ja Foi, ni de l'accroissement de l'une et de l'au tre
_se~on la cOEpération... de l'homme avec le Seigneur. D'âprès cé q;îi
précède il est évident que la Régénération se fait de la même ma-
nière que l'homme est conçu, est porté dans l'utérus, naît et est
élevé.
591>' S'il s'élève all)l's un combat, c'est parce que l'homme In
terne a été réformé par les Vl'ais, el voiL par eux ce qui est mal
et ce qui est faux, ct que le mal et le faux sont encore dans
l'homme Externe ou _naturel; il s'élève donc d'abord une dissen
sion entre la volonté nouvelle qui est au-dessus et la vieille vo
lonlé qui est au:dessous; et comme la dissension est entre les
volonlés, clle est enlre les plaisirs de l'une et de l'autre, car l'on
sait que la chair est contre l'esprit et l'esprit contre la chair,4:t
f34 LA VRAIE
que la chair avec ses convoitises doit être domptée avant· que
l'esprit puisse agir, ct que l'homme puisse devenir nouveau; après
celte dissension des volontés, il s'élève un combat, combat qui
est appelé Tentation spirituelle; toutefois cette tentation ou ce
combat SP. fait, non pas entre les biens et les maux, mais entre
les vrais du bien et les (aux du mal; car le bien ne peut pas de
lui-même combattre, mais il combat par les vrais, et le mal ne
peùt pas de lui-même combattre, mais il combat par ses faux, de
même que la volonté Ile peut pas non plus d'elle-même com
battre, mais combat par l'entendemenl où sont ses vrais. L'homme
ne sent pas ce combat autrement qu'en lui-même, et comme des
remords de conscience; cependant c'est le Seigneur et le diable,
c'est-à-dire, l'enfer, qui combattent dans ('homme, et ils corn·
baltent au sujet de la domination sur l'homme, ou à qui le pos
sèdera; le diable ou l'enfer attaque l'homme et en évoque les
maux, et le Seigneur le défend et en évoque les biens. Mais, quoi ~ ..
que ce combat se fasse dans le Monde spirituel, toujours est-il
cependant qu'il se fait dans l'hOmme entre les vrais du bien et les
faux du mal qui sont en lui, c'est pourquoi l'homme doit combat
tre absolument comme par lui-même, car il est dans le libre arbitre
d'agir pour le Seigneur, et aussi d'agir pour le diable; il est pour le
Seigneur, s'il reste dans les vrais 4'après le bien, et pour le diable,
s'il reste dans les faux d'après le mal: il resulte de là que celui
qui e<;t v:l.inqueur, soit l'homme interne soit l'homme externe,
dor:nine sur l'autre; c'est absolument comme deux rois ennemis
qui combattent ~ qui sera Maître du royaume dé l'autre; ('elui
qui est vainqueur s'empare du royaume, et met sous son obéis
sance tous ceux qui l'habitent; ici donc si l'homme Interne est
vainflueur, il rommande, et il subjugue tous les maux de l'homme
Externe, et alors la régénération est continuée; si au contra~ ..e.
l'homme Exteme est vainqlieul', il commande, et il dissipe 10us
les biens de l'homme Interne, et alo;'s la régénération est détruite.
597. Aujourd'hui, il est Haî, l'on sait fI'I'il ya des Tentations,
mais il est à peine quelqu'un qui sache d'où elles viennent, et quelles
elles sont, et ce qu'elles prorluisent de bien; d'où elles viennent
et qneILe1'o elles sont, c'est ce qui vient d'ètr'e montré ci-dessus;
pu~s aussi ce qu'elles produisent de bien, à safoir, que quand
RELIGION CHRÉTIENNE. t35
l'homme Interne est vainqueur, l'homme Externe esl ~::hjllG'lé,
et après qu'il a été subjugué, les convoitises sont écartées, et à
leur place les affections du bien et du vrai sont implantées, et tel
lement disposées en ordre, que les biens et les vrais que l'homme
veut et pense, il les fait aussi et les prononce de cœur: outre cela, par
la victoire sur l'homme externe, l'homme devient spirituel, et alors
il est consocié par le Seigneur avec les Anges du Ciel, qui tous sont
spirituels. Si jusqu'à présent les Tentations n'ont pas été connues,
et s'il est 11 peine quelqu'un qui ait su d'où elles viennent et quelles
elles sont, et ce qu'elles produisent de bien, c'est parce que jus
qu'à présent l'Église n'a pas été rlans les vrais; personne n'est
dans les vrais, à moius de s'adresser directement au Seigneur, de
rejeter la foi précédente, et d'embrasser la foi nouvelle; de \;) vient
que depuis les siècles qui onl suivi l'époque où le Synode de Nicée
a introduit la foi de trois Dieux, nul n'a été arlmis dans aucune
tentation spirituelle, car si quelqu'un y eût été admis, il aurait
aussitôt succombé, et ainsi se serait précipité plus profondément
dans l'Enfer: la Contrition, que l'on dit précé.der la Foi d'aujour
d'hui, n'est pas la Tentation; j'ai intelTogé un grand nombre
d'Esprits sur celle contrition et ils m'ont dit que c'est un mot et
rien de plus, à moins que ce ne soit peut·être chez les simples
quelque pensée craintive au sujet du feu de l'Enfer.
598. L'homme, la Teutation étant passé, est quant à l'homme
Interne dans le Ciel, et par l'homme Externe dans le Monde; c'est
pourquoi par les tentations chez l'homme il se fait une conjonction
du Ciel et du Monde, et alors le Seigneur gouverne chez lui selon
l'ordre son monde d'après le ciel. Le conlraire arrive, si l'homme
reste naturel, alors il désire ardemment gouverner lui-même le
Ciel d'après le l\fonde; tel devient tout homme qui est dans l'a
mour de dominel' d'après l'amoul' de soi; si cet homme esl exa
miné à l'intérieur, il ne croit en auèun Dieu, il croit en lui seul;
et après la mort, il croit Dieu celui qui l'eml;orle en puissance sur
les autres; telle est la folie dans renfe." et elle s'est :\Ugmenlée
au point que quelques-uns se disent Dieu le Père, d'autres Dieu
le Fils, et d'aulre Dieu l'Espril Saint, et parmi les Juifs quelques
uns se disent le Mes:;ie. Par l~ on voit clairemenl ce que l'homme
devient après la mOI'I, si l'homme naturel n'est pas régénéré, par
i36 LA VRAIE
conséquent ce qu'il devien~rait dans sa phantaisie, s'il n'ét~i~ pa~
instauré par le Seigneur une nouvelle Église, dans laquelle les
vrais réels sont enseignés: c'est là ce qui est entendu par ces pa
roles du Seigneur: « Dans la consommation du siècle~») c'est:'"11
dire, dans la fin de l'Église d'aujourd'hui, « il y aura une alfliction,
telle que point il n'yen a eu depuis le commencement du Monde,
et point il n'yen aura: c'est pourquoi si n'étaient abrégés ces
jours, ne serait sauvée aucune chair.)) - Matlh. XXIV, 21, 22.
599. Dans les combats ou tentations des hommes le Seignenr
opère une Rédemption particulière, comme il en a opéré une géné
rale quand il était dans le Monde; le SeigneUr dans le Monde par
les combats et les tentations a glorifié son Humain, c'est-à-dire, l'a
fait Divin; de même maintenant dans le particulier chez l'hom,me,
pendant qu'il est dans les tentations, il combat en eHe.s pou,r lui
et dompte les esprits infemaux qui l'infestent, et après la tentation
il le glorifie, c'est-à-dire qu'il le rend spirituel. Le Seignenr, après
sa Rédemption universelle, a remis toutes choses eu ordre d.a,ns le
Ciel et dans l'Enfer; il agit de même avec l'homme après la tentation,
c'est-à-dire qu'il rem'et dans l'ordre toutes les choses qui appar
tiennent au Ciel et au Monde chez lui. Le Seigneur après la Rédemp,
tion a instauré une nouvelle Église; de même aussi il instaure chez
l'homme les choses qui :Jppartiennent à l'Église, et il fait qlJ'il est
une Église dans le particulier. Le Seigneur après la Rédemption
a gratifié de la Paix ceux qui ont cru en Lui, car il a dit: Il Paix
je vous laisse, ma Paix je vous donne,. non pas comme le Monde
donne, Moi je vous donne. » - Jean, XIV. 27; - de même après
la tentation il donne à l'homme de sentir la paix, c'est à-dire, l'al
légresse de l'esprit (animi) et les consolations. Par là, il est évi
dent que le Seigneur est Rédempteur pour l'éternité. .
600. L'hoUlme Interne régénéré, sans que l'homme Externe le
soit aussi, peut .être comparé il un oiseau qui vole dans l'air sans
avoir de demeure sur ·un terrain sec, mais qui s'arrête seuleme
dans un marais, où il est infesté par les serpellts et par les gl'a
nouilles, c'est pourquoi il s'envole et meurt de laSSitude. II peut
aussi être comparé 11 un c)'gne qui nage au milieu de la mer, sans
pouvoir alleindre le rivage et construire un nid, cn conséqueJlce
les œufs qu'il pond tombent dans les eaux, et sont dévorés pat les
RELIGION CHRÉTIENNE. t37
poissons. Il peut être comparé à un soldat sur une muraille qui,
s'écroulant sous ses pieds, le précipite en bas, et l'écrase sous ses
ruines. Il peut encore être comparé à un bel Arbre transplanté
dans une terre fangeuse, où une foule de vers rongent sa racine,
ce qui fait qu'il se flétri eL meurt. Il peut être comparé à une mai
son sans fondement, el aussi à une colonne sans piédestal. Tel est
l'homme Interne réformé seu lemen t, sans quc l'homme Ex terne le
soit aussi, car il n'a en lui aucunc détermination pour faire le
~~. '
611. Si, autant l'homme est régénéré, autant sont éloignés les
péchés, c'est parce que la régénération consiste à réprimer là
RELIGION CHRÉTIENNE. 145
chair pour qu'elle ne domine pas, et à dOl"npter le vieil homme
avec ses convoitises pour qu'jl ne se relève pas, et ne détruise pas
l'intellectuel; car celui-ci étant détruit, l'homme n'est plus sus
ceptible de réformation, laquelle ne peut se faire, à moins que
l'esprit de l'homme, qui est au-dessus de la chair, ne soit instruit
et perfectionné, Quel est l'homme, dont l'enlendement est encore
sain, qui ne puisse d'après cèla conclure que de telles choses ne
peuvent pas être faites en un moment, mais qu'elles le sont suc
'cessivement, de la même manière que l'homme est conçu, est
porté dans l'utérus, naît et est élevé, selon ~e qui a été montré ci
dessus? en effet, les choses qui appartiennent à la chair ou au
vieil homme sont inhérentes par naissance, et construisent la pre
mière maison de son mental, dans laquelle les convoitises ha
bitent coinme des bêtes féroces dans leurs loges; et elles habitent
d'abord dans les vestibules, et entrent parfois comme dans des par
ties soulerraines de celle maison, et ensuite elles monlent pal' des
escaJiers et se construisent des chambres ;ce qui a lieu successi
vement, à mtlsure que l'enfant croît, devient petit garçon el en
suite adolescent, et qu'alors il commence à penser d'après son
propre entendement, et à agir d'après sa propre volon lé ; qui esl
ce qui ne voit pas que cette maison jusqu'alors conHruile dans le
mental, et dans laquelle les convoitises se tiennent par la main et
dansent comme des ochim, des· jiims et des satyres, ne petit pas
être détruite en un moment, et qu'une nouvelle maison ne peut
en un moment être construite à sa place? Les convoitises qui se
tiennent par la main, et qui se diverlissent ainsi, ne doivent-elles
pas" d'abord être éloignées, et de nouveaux désirs conCerllllnt le
bien et le vrai ne doivent-ils pas élre introduits à la place des cu
pidités qui appartiennent au mal et a'u faux? Qlle ces choses ne
puissent être f~ites en un moment, tout homme sage pelll le" \'oir
par cela seul que tout. mal est composé d'innomhrables con\'oi
tises, et qu'il est comme un fruit qui en dedans de sa pellicule est
plein de vers au corps blanc et il la tête noire, et aussi "en ce que
les maux sont nombreux et conjoints entre eux, comme une li
gnée d'araignées lorsqu'elle sort du ventre de la mère; si donc I.cs
maux ne sont pas mis dehors l'un après l'autre, et cela jusqu'il ce
que la ligne ait été brisée, l'homme ne peut pas devenir nouveau.
Il iO
t46 LA. VRAIE
Ces détails ont été donnés, afin qu'on sache que, autant quelqu'on
est régénéré, auLant sont éloignés ses péchés.
6t 2. L'homme par naissance incline vers les maux de tom
genre, eL d'après l'inclination il les convoiLe, eL mclme autant qu'il
en est libre il les fait; car pllr naissance ilconvoiLe la domination
sur les au tres et la possession des biens des autres, deux choses
qui brisant l'amour à l'égard du prochain; et alors il prend en
haine quiconque s'oppose à lui, et d'après la haine il respire la
vengeance, qui intél'Ïeurement fomente le meurtre; de là vient
aussi qu'il regarde comme rien les adultères, comme rien les dé
prédations qui sont des vols clandestins, el comme rien les blas
phèmes qui sont aussi des faux témoignages; et celui qui regarde
ces maux comme rien esL aussi un athée de cœur; tel esL l'homme
par naissance; il est donc évidenL que par naissance il est· l'enfer
dans la forme la plus petite, l\Iainlenant, comme l'homme quant
aux intérieurs de son menLal esL né spirituel, to'ut auLrement que
la hête, par conséquent est né pour le ciel, eL que cependant son
homme naturel ou externe est l'enfer dans la forme la plus pétite,
ainsi qu'il vienl d'être dit, il s'ensuit que leèiel ne peul pas être
implanté où est l'enfer, si l'enfer n'est pas éloigné.
6t3. Celui qui saiL commenLle Ciel et l'Enfer sont entre. eux, et
comment l'un est éloigné par l'autre, peut savoir comment l'homme
est régénéré, et aussi qliel hom,me.a été régénéré; pour que cela
soit compris, il sera exposé en sommait'e, que tous ceux qui sont
dans le Ciel regardent le Seigneur par la face, et que tous ceux qui
sont dans l'Enfer détournent leurs faces du Seigneur; c'est pour.:
quoi, lorsque du Ciel on regarde l'enfer, ceux-ci apparaissenL seu
lement par l'tlcciput et par le dos; bien plus ils apparaissent même
renversés, comme les antipodes, les pieds en haut et la tête en
bas; et cela, quoiqu'ils. marchent sur les pieds, et tournent la face
de côté et d'autre, car c'est la direction opposée des intérieurs de
leur mental, qui produit ceLte vue; ces choses étonnantes, je les
rapporte carome témoin oculaire. Par là il m'a été découvert de
quelle manière se fait la régénération, à savoir, qu'elle se fait·ab
solumenL de même que l'Enfer est éloigné et ainsi séparé du Ciel;
car, ainsi qu'il a été dit ci-dessus, l'homme quant à la première
nature qu'il tient par naissance est l'enfer dans la forme la 'plus
RELIGION CHRÉTIENNE. U7
petite, et. quant ~ la ·seconde nature qu'il lient d'une seconde nais
sance il est le Ciel dans la forme la plus pelite. JI suit de là llue les
m3UX chez l'homme sont éloignés el séparés de même qu'il en est
à l'égard du Ciel et de l'Enfer dans la grande forme, el que les
!Danx, à· mesure qu'ils sont éloignés, se détonrnenl du S.eignenr
etse renversent successivement, et que cela se foil :lU même d~
gré que le Ciel est Implanté, c'e51-à-dire, à mesure que l'honmic
devient nouveau. A cela il sera ajoulé pour illustration, que chaqJe
mal chez l'homme li une conjonction avec ceux qui dans l'enfer
sont dans un semblable mal, et que vice ve7'sâ chaque bien chez
l'homme a IIne conjonction avec ceux qui dans le Ciel sonl'dans
un semblable bien.
614. D'apl'ès ce qui vient d'être rapporté, on pellt voir 'qne,la
rémission des péchés n'en est ni l'exlirpation ni le nelloiemcnl,
mais que c'en·est l'éloignemtnt et ain~i la séparation; puis aussi
qlle tout mal, qiJe l'homme s'est en actualité approprié, resle; et
1
ses œuvres; 2° qu'il croira en Dieu; tous les Enfants dans le Cid
sont initiés dans ces dèux clIOses, mais pour eux le diable est l'en
fer, et Dieu est le Seigneur: de plus, le Baptême est un signe de
vant les Anges que l'homme est de l'Église. » Après avoir entendu
ces explications, ceux de l'Assemblée dirent: Il Nous comprenons
,cela ... Mais alors une voix fut entendue sur le côté, criant: .. Nous
ne comprenons pas. " Et une autre voix: .. Nous ne voulons pas
comprendre... El l'on rechercha de qui étaient ces voix; et l'on
découvrit qu'elles venaient de ceux qui avaient confil'lnt chez eux
les faux de 13 foi, et avaient "oulu qu'on les crût comme des ora
cles, ct qu'ainsi on les adoràt. Les Ange!; dirent: Il Ne vous en éton
nez point; il Yen a beaucoup aujourd'hui qui laur ressemblent;
du Ciel ils nous apparaissent co III me des statues faites avec un tel
art, qu'elles peuvent remuer les lèvres, et produire des sons comme
de véritables organes, el ils ne savent pas si le souffle d'après le
quel ils produisent les sons viem de l'Enfer, ou s'il vient du Ciel,
parce qu'ils ne savent pas si c'est le faux ou si c'est le vrai; ils rai·
sonnent et raisonnellt, puis ils confimJent et confirment, et ils ne
voient jamais si la chose est ou n'est pas; mais sachez que le Gé
nie humain pellt confirmer tout 'ce qu'il veUl, au point de le faire
paraître comme s'il existait réellement; c'est pourquoi les héréti
ques le peuvent, les impies le peuvent et même les athres peuvent
confirmer qu'il n'y a point de Dieu; et qu'il n'y a que la Nature. If
Seigneur, et qui fait pénitence, est par celle chose très-sainte con
joint au Seigneur et introdui t dans le Ciel. " Mais ceux de l'Assem.
blée dirent: le Ceci est un llJy~tère. Et les Anges répondirent,:
If
Cl C'est un mystère, mais il est tel cependant, qu'il peut être com
RELIGION CHR);;TIENNE. 1!S9
'pris; le 'Pain èt 1e Vin'ne foot point ce mystère, il n'y a rien de
's::iint en èiix ; mais le'Pain matériel et le Pain spirituel se corres
:porident'mutuellement, et aussi le Vin matÛiel et le Vin spirituel;
'et le Pain spïrituel est le Sainl de l'amoUl', et le Vin spirituel est
le Saint de la foi ,procédant l'un et l'autre du Seigneur, et étant
l'un et l'autre le Seigneur; de I:~ la conjonction du Seigneur avec
\l~homme, el de l'liointiie avec le Seigneur, non 'avec le pain etle
\tj'n, inâis 'avec l'amolJret la foi de l'homme qui a' fait pénitence;'
et la conjonction avec le Seigneur est aussi l'introduclion dans le
Ciel. » Et après que les Anges leur enrent dannr qnelques ins
tructions sur la Correspondance, ceux de l'Assemblée dirent:
'1( Maintenallt pour la première fois nous pouvons aussi comprendre
et vous ne pouvez pas penser autrement; mais j'ai perçu chez vous
l'affection de savoir et de comprendre, et celle affection étant spi
rituelle, vous avez aussi pensé spirituellement, car il y a une pen
sée spirituelle intérieurement cachée dans votre pensée matérielle,
ce que vous ne s:ivez pas encore. Mais je reviens à ce que précé
demment je disais, que celui qui pense matériellement, pendant
qu'jllitla Parole, ou qu'il médite d'après la Parole, apparaît de
loin comme un Cheval mort, tandis que celui qui pense spirituel
lement apparaîL comme un Cheval vivant; et que celui qui pense
à Dieu seulement d'apl'ès la Personne, et non d'après l'essence,
y pense matériellement; car il y a plusieurs Attributs de la Divine
Essence, comme la Toule-Puissance, la Toute-Science, la Toute
Présence, l'Éternité," l'Amour, la Sagesse, la Miséricorde ct la'
Grâce, et d'autres; et il y a des Attributs procédant de la Divine
Essence, qui sont la Création et la Conservation, la Rédemption
et la Salvation, l'Illustration et l'Instruction. Quiconque pense à
JJ
RELIGION CHRÉTIENNE. 163
Dieu d'après la Personne, fait trois Dieu~, en disant, qu'il y a un
'Dieu qui est Créateur et Conservateur, un autre qui est Rédemp
teur et Sauveur, et un Troisjèm~ qui est Illustrateur et Instruc
téur; mais quiconque pense à Dieu d'après. l'essence, fait un Seul
Dieu, en disant: Dieu nous a créés, et ce même Dieu nous a ra
-ehetés et nous sauve, et lui aussi nous illustre et nous instruit;
.fie là vient que ceux qui pensent à la Trinité de Dieu d'après la
Personne, et ainsi matériellement, ne peuvent d'après les idées
·(je :leur pensée, qui est matérielle, que faire d'un Seul Dieu Trois
Dieux. mais néanmoins ils sont tenus, contre leur pensée, de dire
qu'il y a Union de ces Trois Dieux par l'Essence. parce qu'ils ont,
-comme à travers un treillis, pensé aussi à Dieu d'après l'essence;
,c'est pourquoi, mes Élèves, pensez d'après l'Essence, et d'après
elle à la Personne, car penser d'après la Personne· à l'Essence,
c'e~t peuser matéridlement aussi à l'Essence, tandis que penser
d'après l'Essence à la Personne, c'est penser spirituellement aussi
à la Personne: les Gentils Anciens, parce qu'ils ont pensé maté
riellement à Dieu, et par conséquent aussi aux Attrihuts de Dieu,
(lnt fait non-seulement trois Dieux, mais une multitude de Dieux
jusqu'à plus de ccnt, car de chaque Attribut ils faisaient un Dieu:
sachez que le matél'Ïel n'entre pas dans le spirituel, mais que le
spirituel entre dans le matériel. li en est de même de la pensée sur
le Prochain d'après sa forme externe. et non d'après sa qualité·;
et de même aussi de la pensée sur le Ciel d'après le Iieu~ et non
d'après l'Amour et la Sagesse qui constituent le Ciel. Il en est de
même de loutes et de chacune des choses qui sont dans la Parole;
c'est pourquoi celui qui conserve une idée matérielle sur Dieu, et
aussi sur le Prochain et sur le Ciel, ne peut rien comprendre dans
la Parole, elle est pour lui une lettre morte; ct lui-même, quand
il là lit, ou qu'il médite d'après elle, apparaît de loin comme un
Cheval mort: ceux que vous avez vus descendre du ciel, et qui
sont devenus devant vos yeux comme des Chevaux morts, étaient
des hommes qui ont bouché chez eux et chez les autres la vue ra
tionnelle, quant aux choses Théologiques ou spirituelles de fÉ
glise, par ce dogme particulier, que l'Entendement doit être mis
sous l'obéissance de leur foi, sans penser que l'entendement fermé
y
par la Religion est aveugle comme une taupe, et qu'il a en lui
464 LA VRAIE
nne pure obscurité, el .une telle obscurilé, qu'elle rejelle loio
d'elle toute lumière spirituelle, en abaisse l'influx qui vient d",
Seigneur et du Ciel. et pose pour' cet influx une l>arre dans le sen
suel corporel, bien au-dessous du rationnel dans les choses de la.
foi, c'est-à-dire qu'elle la pose près du nez, et la fixe dans son
-cartilage, de sorte qu'ensuile ilue peul pas. même sentir les choses.
spiriluelles ; de là quelques-uns sont devenus tels, que, quand ils.
senlent l'odeur provenanl des choses spirituelles, ils lombent en
défaillance; par l'odeur j'enlends la perception. Ce sont ceux-là
qui font Dieu Trois; ils disent, à la vérilé, d'après l'[ssence, que
Dieu est Un, mais néanmoins quand ils prient d'après leur Foi,.
laquelle est que Dien le Père a compassion à cause du Fils et en
voie l'Esprit Saint, ils font manifestement Irois Dieux; ils ne peu
\'ent faire 3nlrernen f, car ils prient l'Un d'avoir compassion' à cause
de l'Autre, et d'envoyer le Troisième... Et alors leur Maître leui
enseigna ;lU snjet du Seigneur, qu'il est le Senl Dieu en Ql~i est la
Divine Trinité.
6~{. QUATRIÈ~IE MÉlIORARLE. Ayant été réveillé de mon som
meil au milieu de la nuit, je vis à une cel'taine hauteur vers l'O
rient un Ange tenant dans la main droite un Papier qui, d'apr€s
le Soleil, apparaissait. d'une blancheur éclalante; il Y avail au mi
lieu une Écriture en lettres d'or; et je vis écrit: MARIAGE DU BIEN
ET DU VRAI; de l'Écriture sortit une splendeur qui forma un large
cercle autour du Papier; ce cercle ou contour apparnt ensuite
comme apparaît l'aurore dans la saison citt" printemps. Après cela, .
je vis l'Ange descendre avec le P:lpier il la main, et il mesure qu'i}
descendait, le Papier apparaissait de moins en moins brillant, et
celle ÉCI'j[ure, il savoir: MAillAGE DU BI"E~ ET Dt; VnAI apparais
sait changée de couleul' d'or en couleur d'al'(~ent, et ensuite en
couleur d'airain, puis en couleur de fel', enfin en une. couleur de
rouille de fer et de rouille d'airain; etenfin je vis l'Ange entrer
dans un Nuage obsclIr, el arriver il travers le Nuage sur la Terre;
et là, quoique ce Papier fûl encore dans la main de l'Ange, je ne
Je vis pas; cela se passai t dans le )\Ioncle des esprits, d:lns lequel.
arrivent d'abord tOI1~ les hommes après la mort; et alors J'Ange
me parla, en disant: « Demande à ceux qui viennent ici, s'ils me
voient, ou s'ils voient quelque chose dans ma main. » Il vint une
RELIGION CHRl1;TIENNE. 165
multitude d'esprits, les uns de l'orient, d'autres du midi, d'autres
de l'occident, d'autres du septent,:ion, et je demandai à ceux qui
"enaient de l'Orient et du Midi, - c'étaient ceux qui dans le Monde
's'étaient livrés à l'érudition, - s'ils voyaient quelqu'un près de
'Ploi, ou s'ils voyaient quelque chose dans sa main; tous dirent
.qu'ils ne voyaient absolument rien; ensuite je fis la même ques-
tion à ceux qui venaient de l'Occident et du Septentrion, - c'é-
taient ceux qui dans le Monde avaient cru aux paroles des érudits,
- ils dirent qu'ils ne voyaient rien non plus: cependant les der-
niers d'entre eux, qui dans le Monde avaient été dans la foi simple
d'après la charité, ou dans quelque vrai d'après le bien, après que
les premiers se furent retirés, dirent qu'ils voyaient un Homme
avec un Papier, l'Homme vêtu élégamment, et le Papier avec des
lettres tracées dessus; et, lorsqu'Ils eurent approché les yeux, ils
dirent qu'ils lisaient MARIAGE DU BIEN ET DU VRAI; et ils s'adres-
-gèrent à l'Ange, en le priant de dire ce que cela signifiait; et il
dit: «( Toutes les choses qui existent dans le Ciel entier, et toutes
celles qui existent dans le Monde entier, ne sont par. création que
le Mariage du bien et du vrai, parce que toutes et chacune d'elles~
tant celles qui vivent et sont animées, que celles qui ne vivent:
point et ne sont point animées, ont été créé du Mariage du bien
et du vrai et pour ce Mariage; il n'existe rien de créer pour le Vrai
-seul, ni rien pour le dien seul, le bien seul ou le vrai seul n'est
rien, mais par le Mariage ils existent et deviennent quelque cbose
de tel qu'est un mariage, Dans le Seigneur Dieu Créateur le Divill
Bien el le Divin Vrai sont dans leur Substance même, l'Être de ]a
Substance de Dieu est le Divin Bien, et l'Exister de la Substance de
Dieu est le Divin Vrai; en Lui aussi ils sont dans leur Union même,
car en Lui ils font un d'une manière infinie; comme ces deux sont
un dans Dieu Créaleur Lui-Même, c'est pour cela qu'ils sont aussi
un dans Loutes et dans chacune des choses créées par Lui; pal' là.
aussi le Créatllur a été conjoint avec toutes ses créàlures par une
alliance éternelle comme par une alliauce de Mariage. Il "De plus r
.J'Ange dit: " L'Écriture Sainte, qui a été dictée par le Seigneur,
est dans le commun et dans la partie le Mariage du bien et du
vrai, - voir ci-dessus, N°' !48 à 253 ; - et comme l'Église qui
est formée par les Vrais de la Doc/rine, et la Religion qui est for-
166 LA VRAIE
mée pal' les Biens de la vie selon les Vrais de la Doctrine, sont,.
chez les Chrétiens, uniquement, tirées de l'Écrilure Sainte, on.
peut voir que l'Église aussi dans le commun et dans la partie est
le Mariage du Bien et du Vrai ... - Ce qui a été dit ci-dessus du:
Mariage du Bien el du Vrai, a été dit aussi pour le MARIAGE nE LA.
CHARITÉ ET nE LA FOI, parce quele Bien appartient à la Charité.
et le Vrai appartient à la Foi. - Après que l'Ange eut ainsi parlé, il
s'éleva de terre, et porté à travers le nuage il monta dans le Ciel;
et alors, à mesure qu'il mon lait, le Papier brillait comme aupara
vant; et voici, alors le Cercle, qui auparavant avait apparu comme
l'aurore, s'abaissa; et il dissipa le Nuage qui avait répandu des té...
nèbres !Our la Terre, et le temps devint clair et serein.
620. CINQUIÈME MÈMORABLE. Un jour, pendant que je méditais
sur le Second Avénement du Seigneur, il apparut tout à coup un
grand éclat ùe lumière qui me frappa fortet~ent les yeux; c'esl
pourquoi, je regardai en haut, et voici, tout le Ciel au-dessus de
moi apparut lumineux; et de là de l'Orient à l'Occident sans auc.une
jnt~rruption se faisait entendre une GLORIFICATION; et un Ange
se présenta, .et dit: <1 CeLle Glorification est la Glorification du.
Seigneur à cause de son i\.véllement ; elle est faiLe par les Anges.
du Ciel Oriental et du Ciel Occidental. On n'entendait du Ciel Mé
1)
CHAPITRE ONZIÈME
DB L'IMPUTATION.
==!l!=""""'=_........__...........~'=
- - - - - - -
RELIGION CHRÉTIENNE. i79
par là revendiquer et reslilUH au Seigneur la Divinité, ne sachant
pas queDi;u Créateur de l'univers était Lui-Même descendu, pour
devenir Rédempteur; et ai~si de' nouveau Créateur, selon ces pas
sages explicites dans l'Ancien Testament, - Ésaïe, XXV. 9. XL. 3.
5,10, H,XLIU.14. XLIV. 6,24. XLVIII. 4, XLVIII.O. XLIX. 7,
~6, LX. 16. LXIII. 16. Jérém. L. 34. Hosée, XlII. 4. Ps. XIX. 15;
~joutez aussi Jean, IX. 35, 37.
638. Celle Église Apostolique, parcr. qu'elle adora le Seigneur
Dieu Jésus-Christ, et alors en même temps en Lui Dieu-lePère,.
peuL être comparée au Jardin de Dieu; et Arius, qui alors s'éleva,
au sel' ent sorti de l'Enfer'; et leCOncile de Nicée, à l'Êpousëd' A
dam qui présen!!.!~.fruit à son mal'l e.!Je .sé(iûi;it, d'oh il advint
qu'après en avoir mangé ils se virent nus, et' couvrirent leur iiïi
d.llé avec des feuilles de figuier; par leur nud ilé il est' enten u
l'innocence dans laquelle ils avaient d'abord été, et par les feuilles
<le figuiers lës vrais de l'homme natureÎ qi'iifurent successivement
falsifiés. Cette primitive Église peut fnême être comparée au cré
puscule el à l'aurore; de là Je jour s'avança jusqu'à la dixième
heure, mais alors survint une - nuée épaisse sous laquel e e jour
s'avança vers le soir, et après le soir dans I~-nuit, pendant'Îaquelle
la Lune se leva po'ur quelques-uns, qui à sa lueur vi l'en t quelque
chose d'après la Parole, et tous les autres marchèrent dans l'obs
curité de la nuitju~qu~~ ne plus rien voir de iâ DivinItédans l'Hu
manité du Seigneur, quoique Paul dise que dans - Jésus:Gïiiist
tozitê la plénitude de la Divinité habite corp01'ellement, - Co
]{)ss. Il. 9 ; - et que Jean dise que le Fils de Dieu, envoyé dans le
Monde, est le vrai Dieu et la vie éternelle, - 1 Épît. V. 20, 21 ,
L'Église rimiLire ou Apostolique n'a jamais pu présager qu'il
viendrait après elle une Jtglis; qui adorerâit plusieurs dieux de
cœ-;-et un seul de bouché, qui séparerait la charité' d'avec la foi,
ia rémission des péchés d'avec f:;pénilence -ët l'élude d'u;e ~u
velk' vic, et qui admettrait IIne totale impuissance dans I~_clioses
sp.i!jtuelles; ni, fi plus forte raison, qU'lin certain . rius lèverait la
tète, et qu'après sa mort il reparaill'ait et dominerait secrèLement
jusqu'il la fin.
639. Qu'aucune Foi imputative du mérite du Christ n'ait été
entendue dans la Parole, c'est ca qui résulte clairement de ce qu~
{SO LA VRAIE
celte foi n'a pas été connue dans l'Église, avant que le Synode de
Nicée eût introduit les trois Personnes Divines de Ioule étë.=iiïé;
O;::-quand cette foi eut été introduite et eut parcouru tout le Monde
Chrétien, loute auLre oi fut rejelée _dans.Je~res; c'est pour-
quoi Illaintenant quiconque lit la Parole, et voit la foi, l'impulalioJl,
et le mérite du Christ, tombe de lui-mêwe dan~ c.!\ u'il a unique~
men.!..Eru, semblable à celui qui voit J'écriture d'une seule page,
et en reste I~, sans la lourner et sans voir autre chose; ou, sem,:
blable à celui qui se persuade que telle chose est vraie, quoiqu'elle
soit fausse, et qui la confirme seule; alors il voit le faux- eomme
vrai elle vr;ù comme faux, et plus tardTI serrerait les dents, et se
mO-'uerait de quiconque J'improuverait, et il lui dirait: « Tu es sans
intelfrgence ; » son mental est en lui entièrement entouré d'un calus,
q!!.i rejette comme hélér~doxes_tou~ les choses qui ne cadre!!!
pas avec ses croyances qu'i.!2.Ppelle orthodoxes; car sa mémoire
est comme une tablelle sur laquelle il n'y a de gravé que ce
point lhéologique dominant; si quelque autre chose y entre, -il n'y
a-I)ointdeplace pour l'insérer, c'est pourquoi il la rejelle comme
la bouche rejette l'écume. Par exemple, dis à un Naturaliste con
firmé, qùi croit, ou que, la Nature s'est créée elle-même, ou que
Dieu a existé après la nature, ou que la Nature et Dieu sont un,
dis-lUi qne c'est absolument le contraire, ne te regardera-t-il pas
comme une dupe des fables des prêtres, ou comme un simple, ou
comme ùn hèDélé,ou-conïïli6 un -hOmme en dén~ce? Il en est
de même de togtes les chose-s que ~ persuasi.Q.!l et la ~~nfir~a!iQ!l
ont gravées, elles apparaissent enfin comme des tapisseries peintes·
attachées par beaucoup..de clous à une rnur"ille composée de pier
rai Iles usées.
--------
RELIGION CHRÉTIENNE. tin
il Yest montré qu'elle a été la subjugation des Enfel's et l'ordina
tion des Cieux, et ensuite l'Instauration de l'Église, et qu'ainsi la
Rédemption ~été une ~uvl'EL.P.u~ment~e; il Ya aussi été
--
montré que le Seigneur par la Rédemption s'~t mis en puissa~e
·de réO'énél'er el sauver les hommes qui croient en Lui et fonl ses
préceptes, et que sans celle Rédemption aucune-- Chair n'aurait pu
<être sauvée. Maintenant, puisque la Rédemption a été une OEuvre
.purement Divine et l'OEuvre du Seigneur seul, et qu'elle est le Mé
Tite du Seigncur, H s'ensuit que ce mérite n'est applicable, addi
-cable ni imputable à aucun homme, as lus ue la Création ~
Conservation de l'Univers; la Rédemption a même été une sorte
deCréation du Ciel Angélique à nouveau, e!- ~ussi c;le..r~se. Que
l'Eglise d'aujourd'hui allribue ce mérite du Seigneur Rédempteur
~ ce~~ ql!i par grâce obtiennent la Foi, cela résulte évidemment
·des dogmes de cette Eglise, parmi lesquels celui-ci est le principal...;
car il est dit par les chefs de cette Eglise et par ceux qui les sui
vent, tant dal.ls l'Eglise Catholique-Romaine que dans les Églises
-des Réformés, que par l'Imputation du Mérite du Christ ceux qui
ont obtenu la Foi, non-seulement sont réputés justes et saints,
!D_ai~e s(>nt réellement, et que leurs péchés ne sont point des pé
~de.!~nt Dieu, parce qu'ils ont été remis, el qu'eux ont été
justifiés, c'est-à-dire, réconciliés, innovés, régénérés, sanctifiés, et
inscrits dans le Ciel. Que toute l'Eglise Chrétienne enseigne au
jourd'hUI ces mêmes choses, on le voit clairement par le SynOde
dë Trente, par les Confessions de Wiltemberg et d'Augsbourg, .et
par les commentaires annexés et e!! même temps acceptés, Des
.chOSès dites ci-dessus, et tran"""Sportées dans celle foi, que dé.coule:
t-il, sinon que la possession de celle foi est ce mérite et cette jus
tice du Seigneur, qu'ainsi son possesseur est un Christ dans une
autre personne? carn est dit que le Christ Lui-l\f~!Jl~ e3t la Jus
tice, et que cette foi est la justjce~ qüë l'imputation, par laquelle
SOlÎt aussi entendues l'addicalion et l'application, fait que non
seuleme.nt on est réputé juste et saint, mais qu'on l'est réellemëiï~.
ÂJoute_s.eulem~nt 1~.-!RANs~RIPT~à 1'i!TI pu tatio..!! , à_ 1_~aypILç~n
.et à laddication, et tu seras un vicaire Pape,
641. Puis donc' que e Mérite et a Justice du Seigneur sont pur~
ment Divins, et que les purement Divins sont tels, que s~ils
182 LA VRAIE
étaient appliqués et addiqués, l'homme mourrait à l'instant, et
serait consumé, comme une bûche jetée dans le Soleil nu, de sorte
qu'à peine en resterait-il une étincelle, c'est pour cela que le Sei·
gneur arec son Divin s'approche des Anges et des hommes pal'
une lumIère tempérée et modérée selon la faculté et la qualité de
chacun, ainsi pal' quelque chose qui est adéquat et accommodé; il
en est de même quant à la chaleur. Dans le Monde spirituel il y a
un Soleil, au milieu duquel est le Seigneur; de ce Soleil le Sei
gneur influe par la lumière et par la chaleur dans tout le Monde
.spirituel, et dans tous ceux qui y sont ; toute lumière et tout~
chaleul' dans ce Monde vient de Iii : de ce Soleil le Seigneur influe
aussi avec la même lumière et la même chaleur dans les âmes et
dans les mentais des hommes; cette chaleur dans son essence est
]e Divin Amour du Seigneur, et cette lumière dans son essence est
sa Divine Sagesse; le Seigneur adapte cette lumière et cette chaleuI'
-à la faculté et à la qualité de l'Ange et de l'homme qui reçoivent,
ce qui se fait par des aures ou atmosphères spirituelles qui les por'
-tent et transportent; le Diviu même qui entoure immédiatement
le Seigneur constitue ce Soleil. Ce Soleil est distant des Anges•
..comme le Soleil du Monde naturel est distant des hommes.; et cela,
afin de ne pas les toucher à nu, ni par conséquent immédiatement.
car ainsi ils seraient consumés comme une bûche jetée dans le
Soleil nu, ainsi qu'il vient d'être dit. D'après cela, on peut
voir qne le mérite et la justice du Seigneur, parce qu'ils sont pu
r.ement Divins, ne peuvent nullement être portés par imputation
dans aucun ange ou dans aucun homme; et même, si quelque
-étincelle de ce Divin, non modérée ainsi qu'il vient d'être dit, les
touchait, aussitôt ils se tordraient COlllme ceux qui luttent avec la
mort, leurs pieds se disloqueraient, leurs yeux s'écarteraient, et ils
seraient privés de la vie. Cela a été CODnu dans l'Eglise Israélite. en
ce qu'il lui a été dit que personne ne peut voir Dieu et vivre. Le
Soleil du Monde spirituel, tel qu'il est depuis que Jéhovah Dieu a
pris l'Humain, et y a ajouté la Rédemption et la Justice nouvelle;.
est même décrit en ces termes dans Ésaïe: « La Lumière du So~
lei! sera septuple, comme la Lumière de sept jours, au jour
.que Jéhovah bande1'a la fractw'e de son peuple. ,,- XXX. ~6;
- dans ce Chapifre, depUIs le commencement jusqu'à la fin, il
RELIGION CHRÉTIENNE. i83
s'agit de l'avénement du Seigneur. Ce qui arriverait, si le Sei
gneur descendait et approchait de quelque impie, est aussi décri! par
ces paroles dans l'Apocalypse: « Ils se cachèrent dans les cavernes
et dans les 1'ochers des' montagnes; et ils disaient aux 'monta
gnes et aux roche1's: Cachez-nous de la lacé de Celui qui est
assis sur le Trône, et de la colère de l'Agneau. » - VI. 15,16 ;
- il est dit de la colère de l'Agneau, parce qu'ainsi leur apparais
sent la terreur'etle tourment à l'approche du Seigneur. Cela de
vient encore évident en ce que, si quelque impie est introduit dans
le Ciel, où règnent la charité et la foi au Seigneur. les ténèbres
s'emparent de ses yeux, le vertige et la folie saisissent son men
tal, la douleur et la torture envahissent son corps, et il devient
comme l'or pur, même devant nous; mais quand nous eùmes fait
tomber sur elles la lumière venant de l'orient, c'étaient de petits
grains d'or, qu'ils rendaient ainsi plus gros par la réunion de la
phantaisie commune; ils disaient qu'il faut que chacun de ceux qui
entrent, apporte avec lui un peu d'or, qu'ils coupent en petits mor-
ceaux, et les petits morceaux en petits grains, et par la force ilna-
nime de la phantaisie ils les étendent en pièces de monnaie du plus
grand module: et alors nous dimes: « Est-ce qlle vous n'aes pas
nés llOmmcs raisonnables? d'où vous vient celte folie visionnaire'? »
Ils dirent: « Nous savons que c'est une vanité imaginaire; mais
corn me elle fait le plaisir des intérieurs de notre mental, nOLIs en·
trons ici, et nous y trouvons des délices comme si nOlls possé-
dions tout; cependant nous n'y restons que quelques heure&. après
lesquelles nous sortons, et chaque fois alors le bon sens nous re-
vient; mais néanmoins notre l
amusement visionnaire revient ai-
ternativement, et fait que successivement nous rentrons et res-
sortons; ainsi, nous sommes alternativement sages et fous. NOlIS
savons aussi qu'un sort cruel aLLend ceux qui par ruse enlèvent
aux autres lenrs biens. » Nous leur demandâmes quel était ce sort;
ils dirent: « Ils sont engloutis, et sont jetés nus dans une prison
infernale, où ils sont obligés de travailler pOlir le vêtement el
pour la nourriture, et dans la suite pour quelques petites pièces
de monnaie, dans lesquelles ils mettent la joie de leur cœur; mais
s'ils font du mal à leurs compagnons, il faut qu'ils donnent une
partie de celle monnaie pour amende. "
663. TROISIÈME !\IÉt'ORABLE. 'Un jour, je me trouvai au milieu
des- Anges, et j'entendis leur conversa lion ; leur conversalion était
sur, l'Intelligence el sur la Sagesse; ils disaient que l'homme ne
II
210 LA VRAIE
sent et ne perçoit pas autrement, si ce n'est qu'elles sont l'une et
l'autre en lui, et qu'ainsi tout ce qu'il veut et pense vient de lui,
tandis que cependant de l'homme il ne vient pas la moindre chose
de l'intelligence et de la sag~sse, il n'a que la faculté de les rece
voir; entre plusieurs autres choses qu'ils dirent, se trouvait aussi
celle-ci, que l'Arbre de la science du bien et du mal dans le Jar
din d'Éden signifiait la foi que l'Intelligence et la Sagesse venaient
de l'homme; et que l'Arbre de vie signifiait la foi que l'Intelli
gence et la Sagesse venaient de Dieu; et qu'Adam, à la persuasion
du serpent, ayant mangé du premier arbre, croyant ainsi qu'il
était ou deviendrait comme Dieu, c'était pour ccla qu'il avait été
chassé du Jardin et condamné. Pendant que les Anges s'entrete
naient de ce sujet, il vint deux Prêtres avec un HOllln:e qui dans
le Monde avait été Ambassadeur d'un Roi, et je leur raconlai ce
que j'avais entendu dire par les. Anges sur l'Intelligence et sur la
Sagesse. Dès qu'ils eurent entendu ce que je leur rapportais, ils
se mirent à discuter tous trois sur l'une et sur l'autre, et aussi
sur la Prudence, afin de décider si elles venaient de Dieu oa de
l'homme; la discussion était vive; tous les trois croyaient égale
ment qu'elles viennent de l'homme, parce que la sensation elle
même et par suite la perception le confirment; mais les Prêtres,
qui étaient alol's dans le zèle théologique, soutenaient que rien
de l'Intelligence ni de la Sagesse, et par suite rien de la Prudence,
ne venait de l'homme; et ils confirmaient cela par ce passage dans
la Parole: Un homme ne peut prendre ?'ielZ, à moins qu'il ne
lui ait été donné du Ciel. » - Jean, III. 27 ; - et par celui-ci:
« Jésus dit aux disciples: Sans moi vous ne pouvez (aire rien. »
-Jean, Xv. 5; - mais comme les Anges avaient perçu que,
quoique les Prêtres parlassent ainsi, ils avaient néanmoins de
cœur la même croyance que le Diplomale, ils leur dirent: « Otez
vos vêtements, et prenez des vêlements de Ministres Politiques,
et croyez que vous êles ces Ministres. Et ils firen.t ainsi; et alors
)J
ils pensèrent d'après leur intérieur, et ils parlèrent d'après les ar
guments qu'ils avaient intérieurement embrassés, lesquels étaient,
que taule sagesse et toute intelligence habitent dans l'homme, et
qu'elles lui appartiennent, disant: ,. Qui est-ce qui a jamais senti
qu'elles aient influé de Dietr? " Et ils se regarùaient mutuellement»
RELIGION CHRÉTIENNE. 2f t
et ils se c.:>nfirmaient. Il y a cela de particulier dans le Monde spi
chose, slOon que par les Élus dans la Parole il est entendu ceux
. qui avant d'être nés, ou après qu'ils sont nés, sont choisis et pré
destinés par Dieu pour le Ciel, et. qu'à eux seuls est donnée la Foi
comme marque d'Élection, et que tous les autres sont réprouvés
et abandonnés il eux-mêmes afin qu'ils aillent, par le chemin qu'ils
voudront, vers l'Enfir; et moi, cependant, je sais qu'il n'y a aucune
Élection avant la naissance, ni après la naissance, mais que tous
sont élus et prédestinés pour le Ciel, parce que tous ont été appe
lés, et que le Seigneur après la mort choisit ceux qui ont bien
vécu et sainement cru, et ceux-ci, il les choisit après qu'ils ont été
examinés: que cela soit ainsi, c'est ce qu'il m'a été donné de sa
voir pal' un grand nombre d'expériences; et comme je vous ai VilS
la tête ceinte d'une sphère àe lumière céleste, j'ai perçu que vous
é~iez du nombre des Élus qui sont préparés pour le Ciel. II A cela
ils répondirent: Tu rapportes là des choses que nous n'avions
(1
212 LA VRAIE
jamais entendues auparavant; qui ne sait qu'il ne naît aucun·
homme qui ne soit appelé pour le Ciel, et qu'après la mort sont
choisis ceux qui ont cru au Seigneur et vécu selon ses préceptes,
et que reconnaître une autre Élection, c'est ,accuser le Seigneur
Lui-Même non-seulement d'impuissance de sauver, mais encore
d'injustice?
665. Après cela, il fut ent~ndu une voix du Ciel, venant des
Anges qui étaieflt immédiatement au-dessus de nous, disant:
ft Montez ici. et nous interrogerons l'un de vous, qui est encore
dans le l\fonde naturel quant au corps, sur ce qu'on sait dans ce .
monde sur la CONSCIENCE... Et nous montâmes; et après que nous
fûmes entrés, quelques sages vinrent à notre rencontre, et ils me
demandèrent: « Que sait-on dans ton Monde sur la Conscience? »
Et je répondis: Si vous le trouvez bon, descendons, et nous
ft
rent, l'un après l'autrtl, à cette question des réponses, dont le- ré
suméétait, qu'ils ne savaient sur la Conseience autre chose, sinon
qu'elle consiste à savoir Avec soi-même, c'est-à-dire, à co-savoir~
(Je qu'on a projeté, pensé, fait et dit; mais nous leur dîmes:
.. Nous ne vous àvons pas demandé l'étymologie du mot Conscience,
mais nous vous avons interrogés au sujet de la Conscience.» Et
ils répondirent : ~ La Conscience ne peut être que la douleur pro
venant d'une crainte préconçue des périls de l}honneur ou des ri
chesses, et aussi des périls de la réputation à cause de l'honneur
et.des richesses; mais cette douleur est dissipée par les reras, les
rasades de bon vin, et les propos joyeux sur les plaisirs de Vénus
et de son fils. » Nous leUr dîmes: « VOliS voulez plaisanter; dites,
s'il vous plaît, si J'un de vous a senti quelque anxiété venant d'autre
part.» Ils répondirent: « Qu'est-ce qui aurait pu nous inquiéter
d'autre part? le Monde entier n'est-il pas comme un Théâtre,
sur lequel chacun joue son rôle, comme les comédiens sur le leud
nous avons joué el circonvenu par leur propre convoitise tous ceux
:lvec qui nous avons eu- des relations, les uns par des plaisànte
ries, ù}autres par des flatteries, d'autres par des fourberies, d'au
tres par une feinle amitié, d'autres par une feinte sincérité, et
d'autres par quelque autre artifice politique et par quelque autre
appât; nous n'éprouvons pour cela aucune douleur du mental,
mais ail contraire nous en retirons une gaieté et une allégresse
que nous exhalons de nolre poitrine tacitement et néanmoins plei
nement; nous avons, il est vrai, entendu dire li quelques esprits
de nolre société, que parfois il leur survient une anxiété et UDe
angoisse qui semblent partil' du cœur et de la poitrine, et par suite
(Jomme une contraction du mental; mais lorsqu'ils ont consulté des
pharmaciens sur ce sujet, ils ont appris que cela vienl d'une hu
meur mélancolique proùuite par des matières indigestes dans l'es
tomac, ou par un état malaùif de la rate; et nous avons entendu dire
.par quelques-uns d'eux qu'ils avaient été rendus à leur précédente
.gaielé par des médicaments. » Après avoir entendu ces réponses,
flOUS nous tournâmes vers l'Assemblée qui élait composée d'Eru
dits, parmi lesquels il y avait aussi plusieurs physiciens' habiles;
et, leur adressant la parole, nous dîmes: Vous qui avez étudié
of
les sciences, et qui par suite avez été regardés comme des Oracles
2U LA VRAIE
de la sagesse, dites-nous, s'il vous plaît, ce que c'est que la Con
science? » Et ils répondirent: Quelle est celle proposition? Nons
avons, il est vrai, entendu dire que chez quelques hommes il y a
lIne tristesse, un chagrin et une anxiété qui infestent non-seule
ment les régions gastriques du corps, mais aussi les habitacles du
mental; car nous, nOlis croyons que les deux cerveaux sont les
habitacles dü mental; et comme le mental consiste en tlbres conti.
nues, nous croyons que c'est quelque humeur acre qui agace,
mord et ronge ces fibres, et comprime ainsi la sphère des pensées
du mental, de telle sorte qU'II ne peut s'épancher par des variétés
dans aucun amusement, d'où il résulte que l'homme ne s'aLlache
qu'à une seule cllose, ce qui détruit la tensibilité et l'élasticité de
ces fibres; de là leur raideur et leur rigidi té, d' OÜ provien t le
mouvemeut irrégulier des esprits animaux, qui est appelé par les
Médecins Ataxie, et aussi la faiblesse dans leurs fonctions, qui est
app~lée Lipothymie: en un mot, le Mental est alors comme as
siégé par des troupes ennemies, et ne peut pas pIns se tourner çà
et là, que ne le peut une roue attachée par des clous, et que ne
le pellt un navire engravé sur des bancs de sable: ces angoisses
du Ytlental et tle la Poitrine se font senlir en ceux chez qni l'A
mour régnant souffre une perle; si cet amour est atlaqué, les fi
bres du Cerveau se contracten l, et cetle con (l'action empêche que
le 1\1enlal ne fasse librement des excursions, et ne recherche des
délices dans des formes nouvelles; quand ces hommes sont dans
celle crise, ils sont en proie, chacun selon son tempérament, à
des phantaisies, à des démences et à des délires de divers genre,
et quelques-uns dans les choses rdigieuses à des affections céré
brales, qu'ils appellent remords de Conscience. .. Ensuite nous
nous tournâmes vers la troisième Assemblée qui se composait de
Médecins, parmi lesquels il y avait aussi des Chirurgiens et des
Pharmaciens; et nous leur dîmes: 'c Vous savez peut-être, vous,
ce que c'est que la Conscience; si c'est une douleur nuisible qui
saisil et la Tête et le p:Olrenchyme du Cœur. et par suile les Ré
gions Épü,gastrique et Hypogastrique étendues ali-dessous; ou si
~'est autte chose... Et ils répondirent: " La Conscience n'est ab
solument que celle douleur; nous, mieux que tous les autres, nous en
connaissons les origines; car ce sont des Maladies contingentes,
".
RELIGION CHRÉTIENNE. 215
qui infestent les parties organiques du corps, et aus!>i les parties
organiques de la Tête, par conséquent aussi le l\fental, puisque le
mental a son sié~e dans les organes du Cerveau comme l'araignée
a le sien au centre des fils de sa toile; par ces organes il fait d~s
excursions et court pareillement; ces maladi~s, nous les nommons
organiques, et quand elles reviennent de temps en temps, nous
les nommons chroniques: quant à la douleur telle qu·elle est dé
crite devant nous par les malade.s comme douleur de Conscience,
ce n'est autre chose qu'uue l\blaqie hypocondriaque, qui prive
d'abord la Rate, et ensuite le Pancréas et le l\Iésenthère, de leurs
fonctions propres; de là dérivent des Maladies d'Estomac, et en·
tre autres la Cacochymie; car il se fait autour de l'orifice de l'es
tomac une compression qui est appelée Cardialgie; de là provien
nent des humeurs imprégnées de bile noire, jaune ou verte, qui
tordent les très-petits vaisseaux sanguins appelés vatsseaux capil~
laires, ce qui produit la cachexie, l'atrophie et la symphysie, et
aussi la Péri pneumonie bâtarde d'après une pituite l(mle et une
lymphe ichoreuse et rongeanle dans toute· la masse du sang: de
semblables effets viennent aussi de l'épanchement du pus dansle
sang el dans sa sérosité par la résolution J'empyèmes, d'abcès et
d'aposthèmes dans le corps; quand ce sang mon te par les caroti
des dans la tête, il frotte, ronge et mord les parties médullaires,
les parlies corticales et les méninges du Cerveau, et excite ainsi
les douleul's qui sont appelées douleurs de Conscience. Après M
se séparer les unes des autres, et alors les deux premières se di
figer à droite, et les deux dernières à gauche, et celles-ci des
cendre, et celles-là monter.
RELIGION CHRÉTIENNE. 2i9
CHAPITRE DOUZIÈME
DU BAPTÈME.
670. Que des Ablutions aient été ordonnées aux tils d'IsraëL,
cela est notoire d'après les statuts portés par l\Ioïse ; ainsi, Aha:::
ron devait se laver avant de revêtir les habits du ministère, _
LévÎt. XVI. 4, 24; - et avant d'approcher de l'Au leI pour y rem
plir ses fonctions, - Exod. XXX. 18 à 2t... XL. 30, 31 ; - pareil
lement les Lévites, - Nomb. VIII. 6.. 7 ; - et aussi ceux qui étaient
devenues impurs par des péchés, et ils sont dits sanclifiés par les
Ablutions, -Exod. XXIX. 4. XL. 12. Lévit. VIII. 6. - C'est pOUl'.
quoi, afin qu'ils se lavassent, la l\Ier d'airain et plusieurs Cuves,
222 LA VRAIE
avaient été placées près du Temple, .- 1 Rois, VII. 23 à 39; - et
même on lavailles vases et ustensiles, tels que tables, bancs, lits,
plats et coupes, - Lévi!. Xl. 3!. XIV. 8,9. XV. 5 à f2. XVII. HS,
f6. Marc, VIL 4. - Mais les Ablutions, et plusieuxs autres choses
semblables, avaient été enjointes et ordonnées aux fils d'Israël,
par celle raison que chez eux l'Eglise avait été instituée Eglise re
présentative, et qu'elle fut instituée ainsi pour figurer l'Eglise
Chrétienne à venir; c'est pourquoi, lorsque le Seigneur vint dans
Je Monde, il abrogea les représentatifs, qui tous étaient des exter
nes, et il institua' une Eglise dont toutes les choses devaient être
des internes; ainsi le Seigneur dissipa les figures, et révéla les ef
figies elles-mêmes, comme celui qui ôte un voile ou qui ouvre une
porte, et fait que non-seulement on voit les intérieurs, mais que
même on en approche: de toutes ces figures le Seigneur D'en a
retenu q11e deux, qui devaient contenir dans un seul complexe
toutes les choses de l'Eglise interne; c'est le Baptême au lieu des
Ablutions, et la Sainte Cène au lieu de l'Agneau, qui était sacri
fié chaque jour, et généralement à la Fête de Pâques.
67L Que les Ablutions, mentionnées ci-dessus, aient figuré et
ombré, c'est-à-dire, représenté les Ablutions spirituelles, qui sont
Jes purifications des maux et des faux, on le vOil clairement par
ces passages: « Lorsque le 8eigneur aura lavé l'excrément des
filles de Sion, et aura nettoyé les sangs par un esprit de juge
ment etparun esprit de purification.» - Esaïe, IV. 4. - « Quand
tu te laverais avec du nitre, et qu.e tu multiplierais pour toi le
savon, toujours ton iniquité retiendrait des taches. ») - Jérém,
Il. 22. Job. IX. 30, 31, - « Lave-moi de mon iniquité, et plus
que la neige blanc je serai. ») - Ps. LI, 4, 9: - « Nettoie de la
malice ton cœw', Jérusalem, afir. que ta sois sauvée. » - Jérém.
IV: 14. - (( Lavez-vous,pw·ifiez-vous. éloignez la malice de vos
.œU'U1'es de devant mes yeux, cessez de faire te mal. » - Esaïe,
l. i6. - Que l'ablution de l'esprit de l'homme ait été entendue
par l'ablution de son corps, et aue les Internes de l'Eglise aient
été représentées par les Externes tels qu'ils ét-aient dans l'Eglise
Israélite, on le voit clairement par ces paroles du Seigneur: « Les
Pharisiens et les Scribes ayant vu ses Disciples manger des
paius avec des mains non-lavées, ils les bldmèrent,. car les
RELIGION CHRÉTIENNE. 223
Pharisiens et tous les Juifs, sans s'~tre lavé les mains à poi
gnée, ne mmigent pas; et heaucoup f! autres choses il y a qu'ils
ont reçues pour les retenir, comme les ahlutions des coupes et
des pots; et des vases d'airain et des lits. Le Seigneur s'adres
sant à eux el à la foule, leur dit: Écoulez-Moi tous, et compre
nez: Il n'y a rien au dehors de l'homme, entrant en lui, qui
puisse le souiller; mais les choses qui sm'lent de lui, ce sont
celles-là qui le souillent. » - Marc, VII. 1,2, 3, 4, 14, HS. Matth.
XV. 2,11, fi, 18,19, 20; - et aill~urs: Cl Malheur à vous. Scri
bes et Pharisiens, parce que vous nettoyez l'extérieur de la
coupeet du plat, tandis que les intérieurs sont pleins de rapine
et d'intempérance. Pharisien aveugle, nettoie premièrement
l'intérieur de la coupe et du plat, afin qu'aussi l'extérieur de
t'ienne net. ,,' - Matth. XXIII. 25, 26. - D'après ces passages il
est évident que par l'Ablution, qui est appelée Baptême, il est en
tendu l'Ablwtion spirituelle qui est la Purification des maux el des
faux.
672. Quel est l'homme, d'une raison saine, qui ne puisse voir
que se laver la face, les mains, }tS pieds, tous les membres, et
même tout le corps dans un bain, ne fail autre chose que d'enle
ver la crasse pour se présenter propre dans la forme humaine de
vant les hommes? et qui est-ce qui ne peut comprendre qu'au
cune ablution n'entre dans l'esprit de l'homme, et ne le rend net
d~n8 semblable manière? car tout fripon, brigand ou voleur, peut
se laver jusqu'à être d'une extrême propreté; est-ce que pour cela
le penchant à la friponnerie, au brigandage et au vol sera effacé?
est-caque ce n'est pas l'interne qui influe dans l'externe, et y
<lpère les effets de sa volonté et de son entendement, et non l'ex
terne dans l'interne? en effet; l'influx de l'externe dans l'interne
est contre la nature, parce qu'il est contre l'ordre, mais l'influx de
l'interne dans l'externe est selon la nature, parce qu'il est selon
.r ordre.
673. Il s'ensuit que les Ablutions, et aussi les Baptêmes, si l'In
'terne de l'homme n'est pas purifié des maux et des faux, ne font
pas plus que les pots et les plats nettoyés par les Juifs; et il s'ensuit
aussi que, de même qu'eux,' on est comme des sépulcres qui au
~ehors paraissent beaux, mais au dedans sont pleins d'os de morts
224. LA VRAIE
et de toute pourriture, - Mauh. XXIII. 2ts à 28. Cela est encore
. évident en ce que les enfers sont pleins de Satans qui avaient été
des hommes, les uns baptisés, et les autres non. Quant à ce que
produit le Baptême, oille verra dans ce qui suit; c'est pourquoi.
sans ses usages et sans ses fruits, il ne contribue pas plus au salut.
que la triple Tiare sur la tête du Pape et le Signe de la croix SUI"
ses mules ne contribuent à sa suréminence pontificale; pas plus
que le vêtement de pourpre du Cardinal ne contribue à sa dignité;
ou le pallium de l'Évêque, à la vraie fonction de son ministère;
ou le Trône, la Couronne, le Sceptre et le Manteau du Roi, à
son pouvoir Royal; ou le bonnet de soie sur la tête du Docteur
lanréat, à son intelligence; ou l'étendard d'un escadron de cava
lerie, à la bravoure des cavaliers dans le combaL; et même Oll'
peut encore dire qu'il ne purifie pas plus l'homme, que l'eau ne
nettoie une brebis ou un agneau avant qu'ils soient tondus; car
l'homme naturel séparé de l'homme spirituel est purement ani
maI; et même, comme il a déjà été montré, il est plus bête féroce
que la bête féroce des forêts; quand donc on le laverait avec de
l'eau de pluie, de l'eau de rosée, de l'eau des fontaines les plus
renommées, 011, comme disent les prophétes, quand on le nettoie
rait avec du nitre, de l'hysope, du smegma ou savon, chaque jour.
on ne le purifierait cependant pas de ses iniquités, sinon pu les
moyens de la Régénération, dont il a été traité dans les Chapitres..
sur I~ Pénilence, et sür la Réformation et la Régénération.
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LA VRA.IE
684. Cet usage est l'Usage même pour lequel a été institué le
Baptême, ainsi c'e~t l'usage final; et cela, parce que le vrai Chré
. tien connaît et reconnaît le Seigneur R~dempteur Jésus-Christ,
qui puisqu'il est Rédempteur, est aussi Régénérateur; car la Ré
demption et la Régénération font un, comme on le voit dans le
Cnapitre sur la Réformation et la Régénération. Art. Ill; puis,
parce que le chrétien possède la Parole dans laquelle sont décrits
les moyens de la Régénération, et ces moyens sont la Foi au Sei
gneur et la Charité à l'égard du prochain: c'est la même chose que
234, LA VRAIE
ce qui est dit du Seigneur, qU'Il Il ~aptise d'Esprit saz'nt et de
Feu" - MaUh. III. 11. Marc, 1. 9 à 11. Luc, III. 16', Jean, I. 33 ;
- par l'Esprit saint il est entendu le Divin Vrai de la foi, et par l~
Feu le Divin Bien de l'amour ou de la Charité, l'un et l'autre pro
céda.nt du Seigneur; que par l'Esprit saint il soit entendu le Divin
Vrai de la foi, on le voit dans le Chapitre sur L'ESPRIT SAINT; el
que par le Feu il soit entendu le Divin Bien de l'amour, on le voit
dans l'ApOCALYPSE REVELEE" N°s 468, 395; c'est par l'un etl':lUtre
que le Seigneur opère toute Régénération. Si le Seigneur b.Qt;
:Mêm~ a été baptisé pal' Jean, - Mallh. III. 13 à tï. Marc, I. 9.
Luc, III. 21, 22, - c'était non-seulement afin d'instÎluer le Bap
tême pour l'avenir, et d'en donner le premier l'exemple, mais.
aussi parce qu'il a glorifié flon Humain et L'a rendu Divin, comme
il régénère l'homme et le rend spirituel.
681'), Par ce qui précède et par ce qui est dit maintenant, on
-peut voir qlle les trois Usages du baptême sont cohél'enls en un,
cornille la callse première, la cause moyenne qui est'efficien te, et la
cause dernière qui est l'effet et la fin même pOUl' laquelle sont les
deux premières; en effet, le premier usage est que l'homme soit
nommé Chrétien; le second, qui en est la suite, c'est qu'il connaisse
et reconnaisse le Seigneur Rédempteur, Régénérateur et Sauveur;
et le troisième, c'est qu'il soit régénéré par Lui; et quand cela se·
fait, il est racheté et sauvé. Puisque ces trois usages se suivent
en ordre et se conjoignen 1 dans le dernier, et que par sui te dans
l'idée des Anges ils sont cohérents comme un seul, c'est pourquoi,
quand un baptême est fait, quand ce mot est lu dans la Parole,'
et quand il est prononcé, les Anges qui soilt présents entendent
non pas le baptême, mais la Régénération j c'est pourquoi, par cès
paroles du Seigneur: ~. Celui qui aura au et aura été baptisé
sera sauvé, mais celui quz n'aw'a pas cru sera condamné. Il
Marc, XVI. 16, - il ést entendu par les Anges dans le Ciel que'
elui qui reconnaît le Seigneur et est régénéré et sauvé. De là
vient aussi que le Baptême est, appelé BAIN DE REGENERATION par
les Églises Chrétiennes sur la terre; que le Chrétien sache donc
que celui qui ne croit point au Seigneur ne peut être régénéré,
-quoiqu'il ait été baptisé, ct que la Cérémonie du baptême sans la
foi au Seigne.ur ne fait absolument rien; vair ci~dessus dans ce:
RELIGION CHRETIENNE.- ~35
VII. 27. - D'après ces passages il est évident que ce Jean a été
Je prophète qui fu t envoyé pour préparer le chemin à Jéhovah
Dieu qui devait descendre dans le Monde, et achever la Rédemp
tion, et qu'il a préparé ce chemin par le Baptême, et alors en an
nonçant l'Avènement du Seigneur, et que sans cette prépal'ation
tous là auraient été frappés d'anathème, et auraient péri.
689. Si le chemin a été préparé par le Baptême de Jean, c'est
238 LA VRAIE
parce que l'al' ce Baptême, ainsi qu'il vient d'être montré, on était
introduit dans l'Église future du Seigneur·, et in.:;éré dans le Ciel
parmi ceux qui avaient attendu et désiré le l\Iessie, et qu'ainsi on
était gardé par les Anges, ann que les Diables ne s'élançassent
point de l'Enfer, etqu'on ne fût point perdu; c'est pourquoi il est
dit dans Malachie: « Qui soutiendra le jO/.t1. de son avènement? »
Et: « De peur que Jéhovah ne vienne, et ne trappe la terre fla
nathème.l) - III. 2, 24. - De même dans Ésaïe: « Voici le jour
de Jéhovah vient, cruel, et d'indiqnation et d'emportement de
colère: j'ébranlerai le Ciel, ~t la terre sera remuée de sa' place
au jour de l'emportement de sa co/ère. ,) - XIII. 6, 9, f3, 22.
XXII. 5, 12. - De même dans Jérémie, ce jour est appelé jour
de vastation, de 'L'engeance, et de destruction, - IV. 9. VII. 32,
XLVI. 10, 2.1. XLVII. 4. XLIX. 8, 26. - Dans Ézéchiel, jour de
colère de nuage et d'obscurité, - XIII. 5. XXX. 2, 3, 9. XXXlV.
H, 12. XXXVIII. H, 16, t8, 19.-Pareillementdans Amos,
V. t3, t8, 20. VIII. 3, 9, 13 - Dans Joël: « Grand (esl) le jour
de Jéhovah, et terrible,. et qui le soutùmdra ? » - II. 1, 2, 11.
Ill. 3, 4. - El dans Séphanie: cc En ce j01l1'-là il y aura une voix
de c1·i,. le g1'and jour de Jéhovah est proche,. jour d'emporte
ment, ce jour-là,. jour d'angoisse et de détresse, jour de vas
tation et de dévastation,. au jour de l'emportement de Jéhovah
sera dév01'ée toute la terre, et il fera consommation avec tous
te~ habitants de la terre. » - I. 7 à 8 ; - et en outre dans beau
coup d'autres endroits: d'après ces passages il es évident que si
le chemin de Jéhovah, descendant dans le Moude, n'eût pas été
préparé par le Baptême de Jean, dont l'effet dans le Ciel fut de
fermer les Enfers, les Juifs n'auraient pu être préservés d'une en
tière destruction: Jéhovah dit aussi à Moïse: c( En un moment,
si je montais au milieu de toi, je consumerais ce peuple. »
Exod. XXXIII. 5. - Qu'il en soit ainsi, on le voit clairement par
les paroles de Jean à la foule qui venait pour être baptisée par lui:
~( Race de vipères, qui vous a montré à luù'la colère à venir?))
- MaUh. III. 7. Luc, Ill. 7. - Que Jean ait aussI annoncé le
Christ et son avènement, quand il baptisait, on le voit dans Luc.
- III. 16. Jean, 1. 25, 26, 31, 32, 33. III. 26. - D'après cela, il
est facile d.e voir comment Jean a préparé le chemin.
RELIGION CHRÉTIENNE. 239
690. Quant à ce qui concerne le Baptême de Jean, il représen
tait la purification d'e l'homme externe; mais le Baptême, qui est au
jourd'hui chez les Chrétiens, représente la purification de l'homme
Illterne, c'est-à-dire, la Régénération; aussi lit-on que Jean bap
tisait d'eau, mais que le. Seigneur baptise d'esprit saint et de feu,
et c'est 'pour cela que le baptême de Jean e~t appelé baptême de
pénitence, - l\'Ialth. m. 1. L Marc, l. 4 et suiv. Luc, III. 3, 1.6.
Jean, I. 25, 26, ;)3. Act. I. 22. X. 3ï. XVIII. 25. - Les Jutfs,
,qui éraient baptisés, étaient des hommes purement Externes, et
:l'homme externe sans la foi au Christ ne peut devenir interne;
~ue ceux qui furent baptisés du baptême de Jean soient devenus
hommes internes, lorsqu'ils eurent reçu la foi au Christ, et qu'a
lors ils aient été baptisés au Nom de Jésus, on le voit dans les
Actes des Apôtres, - XIX. 3 à 6.
69t. Moïse dit à Jéhovah: Il Montre-moi ta gloire,. Jehovah
lui dit: Tu ne peux voir mes faces, parce que nepeut Me voir
J'homme, et vivre,. et il dit: Voici un lieu où tu te tiendras sur
le rocher, et je te mett?'ai dans la fente du rocher, et je te cou
vrirai de ma main jusqu'à ce que je sois pàssé; et torsque je
retirerai ma main, tu vernzs ·mes der1'ières, et mes faces ne
.seront point vues-, " - Rxod. XXXUI, 1.8 à 23. - Si l'homme' ne
{)eut voit- Dieu et vivre, c'est parce que Dieu est l'Amour Même,
et que l'Amour Même ou le Divin Amour apparaît dans le ~Iond6
spirituel devant les Anges comme un Soleil, distant d'eux comme
le Soleil de notre monde est distant des hommes; si donc Dieu,
qui est au milieu de ce Soleil, approchait près/des Anges, ils péri
raient, de même que les hommes périraient si le Soleil du monde
approchait d'eux·, car il est également ardent; c'est pourquoi il y
a de perpétuelles températures qui modifient et modèrent l'ar
deur de cet amour, afin qu'il n'influe pas dans le Ciel comme il
est en soi, cal' les Anges en seraient consumés; aussi lorsque le
Seigneur se manifeste dans une plus grande présence dans le Ciel.
les impies qui sont au-dessous du Ciel commencent-ils à se lamen
ter, à être tourmentés et à perdre la respiration, c'cst pourquoi
ils s'enfuient dans les cavernes et dans les rochers des montagnes.
en criant: « Tombez sur nous, et cache:l-nous de la face de Celui
qui est assis sur le Trône, .. - Apoc. VI. t 6. Ésaïe, Il. 1.9,21 : .......
240 LA VRAIE
cc n'est pas le Seigneur Lui~~Ième qui descend, mais c'est un
Ange ayant autour de lui la sphère de l'amour procédant du Sei
gneur: j'ai vu quelquefois des impies terrifiés par celte descente
comme s'ils voyaient la mort devant leurs yeux, les uns se préci
pitant dans l'enfer de plus en plus profondément, et d'autres tom
bant en furie. Ce fut pOUl' cela que les fils d'Israël se préparèrent
pendant trois jours, avant la descente de Jéhovah le Seigneur sur
la .montagne de Sinaï, et que la montagne fut entourée d'une bar
rière, afin que personne n'en approcbât et ne mourût, - Exod.
XIX. - Il en a été de même de la Sainteté de Jéhovah le Seigneur
dans le Décalogue qui fut alors promulgué, et gravé du doigt de
Dieu sur deux Tables, et ensuite déposé dans l'Arche, sur laquelle
dans le Tahernacle avait été placé le Propitiatoire, et sur le pro
pitiatoire les Chérubins, afin que personne ne touchât immédia
tement de la main ou de l'œil celle Sainteté; Abaron· ne pouvait
pas non plus en approcher, si ce n'est une seule fois pu an, après
qu'il s'était expié par des Sacrifices et des Fumigations. Ce fut
pour cela que les Ekronites et les Betbschémites moul'Urent pal'
milliers, seulement parce qu'ils avaient porté leurs yeux sur l'Ar
che, - ISam, V. H, 12. VI.:l9; - et aüssi Uzzah, parce qu'il l'a
vait touchée, - II Sam. VI. 6, 7. - Par ce peu d'exemples, il a
été manifesté de quel anathème et de quelle destruction auraient
été frappés les Juifs, s'ils n'avaient pas été préparés par le Bap
tême de Jean à recevoir le Messie, qui était Jéhovah Dieu dans
une forme humaine, et si Jéhovah Dieu n'avait pas pris l'Humain,
et ne s'était pas révélé de celle manière; ils furent pr~parés par.
cela que, dans le Ciel, ils furent inscrits et mis au nombre de
ceux qui de cœur avaient altendu et désiré le Messie, ce qui fit
~ ... . .. ..
qu'alors des Anges furent envoyés et devinrent leurs gardiens.
~----------==:::::=::::==----:---
246 LA VRAIE
693. SECOND MÉ~IORABLE. Quelques semaines apl'ès, j'entendi~
une voix du Ciel qui me dit: « Voici de nouveau une Assemblée
au Parnasse; approche, nous te montrerons le chemin."» Je m'ap
prochai, et quand je fus auprès, je vis sur l'Hélicon quelqu'un te
Dant une trompette avec laquelle il annonçait et indiquait l'As
semblée. Et je vis, comme précédemment, des esprits monter de
la Ville d'Athénée et des environs, et au milieu d'eux trois No
vices du Monde; ils étaient tous trois d'entre les Chrétiens, l'un
Prêtre, l'autre Politique, et le troisiême Philosophe; on les égayait
en chemin par une conversation sur divers sujets, principalement
sur les Sagès Anciens qu'on désignait par leur nOJ:l); ils deman
dèrent s'ils les verraient; ou leur répondit qu'ils les verraient, et
.que, s'ils le voulaieut, ils lellr présenteraient le salut, attendu
qu'ils étaient affables. Ils s'informèrent de Démosthènes, de DIo
gène et d'Épicure. On leur dit;« Démosthènes n'est point ici, il
est auprès de Platon; Diogène, avec ceux de son école, demeure
sous l'Hélicon, par ceUe raison qu'il regarde les choses IT,ondaines
comme rien, et ne s'occupe que de choses célestes; Epicure habite
.à l'occident sur les confins, ct n'entre pas chez nous, parce que
nous, nous distinguons entre les affections bonnes et les affections
mauvaises, et nous disons que les affections bonnes sont avec la
sagesse, et les affections mauvaises contre la sagesse... Quand ils
eurent monté la colline du Parnasse, quelques gardes y appor
tèrent de l'eau de la fontaine dans des vases de cl'istal, et dirent:
«C'est de l'eau de la fontaine, que, selon les récits de l'antiquité,
le cheval Pégase avait fail jaillir en frappant la terre avec la corne
de son pied. et qui fut ensuite consacré aux neuf Vierges; or,
})ar le Cheval ailé, Pégase, ils désignaient l'Entendement du vrai
pal' lequel existe la sagesse; par la corne de son pied, les expé
riences par lesquelles on acquiert l'intelligence naturelle; et par
les neuf Vierges, les connaissances et les sciences de tout gem'e;
ces choses aujourd'hui sou t appelées fables, mais elles étaient des
correspondances, d'après lesquelles s'exprimaient les hommes de
l'antiquité. » Ceux qui a"ccompagnaient les trois nouveaux venus
leur dirent: c( Que cela ne VOliS étonne pas, les gardes ont été ins
-fruits il parler ainsi; et nous, par boire de l'eau de la fontaine
1l0US entendons être instruit des vrais, et des biens au moyen
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RELIGION CHRÉTIENNE. 247
ges vrais, et amstavoir la sagesse.)l Ensuite ils entrèrent dans
Je Palladium, et avec eux les trois Novices du Monde, le Prêtre,
le Politique et le Philosophe; et alors ceux qui étaient couron
nés de laurier, et assis près des tables, demandèrent: Qu'y A
T-lI. DE NOUVEAU DE LA 'l'ERRE? Il Et ils répondirent: « Il y a de
nouveau, qu'un homme prétend converser avec les Anges, et avoir
la vue ouverte pour le Monde spirituel comme il l'a ouverte pour
1e l\londe natUl'el ; et il en rapporte plusieurs choses nouvelles,
entre autt'es celles-ci: Que l'homme vit homme après la mort,
comme il a vécu précédemm.ent dans le Monde; qu'il voit, en
tend, parle comme auparavant dans .le Monde; qu'il ~st vêtu et
paré d'ornements comme auparavant dans le Monde; qu'il a faim
et soif, Illange et boit comme auparavant dalls le Monde; qu'il
jouit du délice conjugal comme auparavant dans le !\fonde; qu'il
110rt et veille comme auparavant dans Je Monde; qu'il y a là des
terres et des lacs, des montagnes et des collines, des plaines et
des vallées, ùes fon taines et des fleuves, des jardins tt des bo
cages; et qu'il y a allssi là des palais et des maisons, des villes et
des villages, comme dans le Monde naturel; qu'il y a aussi des
·écritures et des livres, des emplois et des commerces, des pierres
précieuses, de l'or et de l'argent; qu'en nn mot, il y a là, en gé
néral et en particulier, toutes les choses qui sont sur la terre; et.
que, dans les cieux, elles sont infiniment plus parfaites, avec la
seule différence que toules les choses qui sont dans le l\Ionde spi
rituel sont d'origine spirituelle et par suite spirituelles, parce
qu'elles procèdent du Soleil spirituel qui est pur Amour, tandis
que toutes les choses qui sont dans le l\fonde naturel sont d'ori
gine naturelle et par suite naturelles et matérielles, parce qu'elles
procèdent du Soleil naturel qui est pur feu; qu'enfin l'homme
après la mort est parfaitement homme, et même plus parfaite
ment hommë qu'auparavant dans le Monde, cal' auparavant dans
le Monde il était dans un corps matériel, tandis que dans le Monde
spirituel il est dans lin corps ~piriluel. li Après qu'ils eurent ainsi
parré, les Sages anciens leur demandèreut ce qu'on pense de cela
sur la terre. Ils dirent tous trois: Il Quant à nous, nOlis savons que
cela est vrai, puisque nous sommes ici, et que nous avons tout
visité et tout examiné; nous dirons donc comment on en a parlê
24,8 LA VRAIE
et comment on en a raisonné sur la terre. )1 Et alors le PRÈTRE
dit: Aussitôt que ceux qui sont de notre ordre eurent entendu
l(
ces récits, ils les ont traités de visions, et ensuite de fictions, puis
ils ont dit qu'il avait vu des fantômes, et eufin ils ont hésité, et
ont dit: Croyez, si vous voulez; pour nous, jusqu'à présent nous
avons enseigné que l'homme, après la mort, ne sera pas dans un
corps avant le jour du jugement dernier.)) Et l'on demanda a"tl
Prêtre s'il n'y avait pas parmi eux quelques hommes Intelligents
qui pussent leur démontrer et leur faire reconnaître celte vérité,
que l'homme vit homme après la mort. Le Prêtre répondit: « Il y
en a qui la démontren t, mais ils ne convainquent pas; ceux qui la
démontrent disent, qu'il est contre la saine raison de croire que
l'homme ne vit pas homme avant le jour du jugement dernier, et
que l'Ame en altendan t ce jour e~t sans corps; qu'est-ce alors qne
l'Ame, et où est-elle pendan t ce temps? Est-ce un souffle, ou un
vent qui voltige dans l'air, ou un être renfermé au centre de la
terre? Où est son Quelque part (Pu)? Est-ce que les Ames d'Adam
et d'Ève, et de tous ceux qui ont vécu' après eux, depuis six mille
ans ou soixante siècles, yoltigent encore dans l'univers, ou sont
tenues renfermées dans le centre de la terre, et altendent le Ju
gement dernier? Quoi de plus pénible et de plus mis~rabJe qu'une
.telle attente? Leur sort ne pourrait-il pas être comparé au sort de
ceux qui sont en pri.son les fers aux mains et aux pieds? Si tel
était Je sort qui attend l'homrue après la mort, ne vaudrait-il pas
mieux najLre âne que de naître homme? N'est··il pas aussi contre
la raison de croire que j'âme peut être de no~veau revêtue de son
corps? Le corps n'a-t·i! pas été rongé par les vers, par les rats,
par les poissous? Et des os brûlés au soleil ou réduits en pous
sière pourraient-ils rentrer daus ce nouveau corps? Comment des.
matières cadavéreuses et infectes se rassembleraient-elles et s'u
niraient-elles aux àmes? A ces raisonnements, ceux qui les en
tendent ne répondent rien de raisonnable, mais ils -resteut atta
chés à lellr foi, disant: Nous soumettons la raison à l'obéissance de
la foi. Quant à la réunion de tous les morts sortant des tombeaux
-au jour du jugement dernier, ·ils disent: C'est l'œuvre cie la Toule
Puissance: et quand ils nomment la Toute-Puissance et la Foi, la
rai30n est bannie; et je puis di}'e qu'alors la saine raison est
RELIGION CHRÉTIENNE. 249
comme rien, et pour quelques-ulis d'eux comme un spectre; et
même ils peuvent dire à la saine raison: Tu déraisonnes.» A ces
mots, les Sages de la Grèce dirent: « Ces paradoxes ne se dissi
pent-ils pas d'eux-mêmes comme contradictoires? Et cependant
aujourd'hui dans le Monde ils ne peuvent être dissipés par la
saine raison; que pent-on croIre de plus paradoxal que ce qui est
raconté du Jugement Dernier, que l'Univers périra, et qu'alors les
étoiles du ciel tomberont sur la terre, qui est plus petit~ que les
étoiles; et que Jes corps des hommes, alors ou cadavres, ou mo
mies triturées par les hommes, ou réduits à rien, seront réunis.
à leurs âmes? Nous, lorsque nous étions dans le !\fonde, nous
avons cru à J'immortalité des âmes des hommes, d'après les in"
ductions que la raison !JOliS fournissait; et en outre nOlis avons
désigné pour les bienheureux des lieux que nous avons appelés'
Champs-Élysées; ct nous avons cru que ces âmes étaient des effi
gies ou formes hlllllaines, mais tenues parce qu'elles étaient spi
rituelles. » Après avoir ainsi parlé, ils se tournèrent vers le se
cond nouveau venu, qui dans le Monde avait été POLITIQUE; ce
lui-ci avoua qu'il n'avait pas cru il la vie après la mort, et qu'au
sujet des choses nouvelles qu'il en avait entendu dire il avait
pensé que c'étaient des fictions et des inventions: ( En méditant
sur celte vie futtire, je disais: Comment des âmes peuvent-elles
être des corps? Tout ce qui appartient à l'homme n'est-il pas
étendu mort dans le tombeau? Son œil n'y est-il pas; comm'ent
peut-il voir? Son oreille n'y est-elle pas; comment peut-il en
tendre? D'où a-t-il une bouche pour parler? Si quelque chose de
l'homme vivait apràs la mort, serait·ce autre chose qu'un spectre?
Comment un spectre peut-il manger et boire, et comment peut-il
jouir du délice conjugal? Où prend-il des vêtements, une maison.
des aliments, et le resle? Et Jes spectres, qui sont des effigies aé
riennes, apparaissent comme s'ils existaient, et cependant n'exis
tent pas. J'avais dans le Monde ces pensées et d'autres semblables
sur la vie des hommes après Ja mort; mais ~ présent qlle j'ai tout
vu, et tout tO,liché de mes mains, je suis convaincu par les sens
eux-mêmes que je suis homme comme dans le Monde, au point de
ne savoir autre 'chose sinon que je Yis comme je vivais, avec la
différence que maintenant ma raison est pIns saine; [ai souvent
250 LA Vl\AIE
eu honte de mes pensées antérieures. Il Le PIIILOSOPHE raconta
sur lui·même des choses semblables, avec cette différence cepen~
dan t, qu'il avait rangé ces nouveautés, qu'il entendaiL dire sur la
vie après la mort, au nombre des opinions et des hypothèses qll'il
:lvait recueillies des Anciens et des Modernes. Les Sages étaient·
stupéfaits de ce qu'ils venaient d'entendre; et ceux qui étaient de
l'Ecole de Socrate dirent que, d'après ces Nouvelles de la terre,
ils percevaient que les intérieurs des mentaIs humains avaient été
successivement bouchés, et que maintenant dans le 1\-londe la foi
du faux brille comme la vérité, et l'extravagance du génie comm.e
la sagesse, et que la lumière de la sagesse, depuis les temps où ils
vivaient dans le Monde, s'était abaisssée des intérieurs du Cer:
veau sur la bouche au-dessous du nez, où celte lumière se montre
dev:mt les yeux comme éclat de la lèvre, ct par suite le langage
de la bouche comme sagesse. Après avoir entendu ces mêmes
choses, l'un des élèves de celle école dit: « Combien sont stupides
:lIIjourd'hui les mentais des habitants de la terre! Oh! si nOlis
avions ici des Disciples de Démocrite et d'Héraclite, dont les uns
rien t de tou t, et les autres se lamentent de tout, que de rires et
de lamentations nous entendrions! " Celte séance de l'assemblée
ayant été levée, i1~ donnèr~nt aux trois No\'Ïces de la terre des
marques de leur autorité; c'étaient des . lames de cuivre sur les
quelles quelques Hiéroglyphes avaient été gravées; et les Novices
·se retirèren t avec ces lames.
694. TROISIÈME MÉMORABLE. Quelque temps après, je portai
mes regards vers la Ville d'Athénée, dont il a été dit quelque
chose dans le premier Mémorahle, el j'entendis provenant de là
une clameur extraordinaire; il Y avait en elle quelque cllOse du
rire, dans le rire quelque chose de l'indignation, et dans l'indigna
tion quelque chose de la tristesse? néanmoius celle clameur n'était
pas pOUl' cela dissonnanto, mais il y avait consonnance, parce que
ce n'était par un s(}n avec un autre, mais c'était un son au-dedans
d'un autl'e ; dans le Monde spirituel on perçoit distinctement dans
le son la variété el le mélange d~s affections. Je demandai de loin
'Ge que c'était; et on me dit:· Un messager est arrivé du lieu oil
(1
--------~-----------_:__--_l
252 LA VRAIE
quelque chose de semblable; et alors ou leur fit cette réponse:
( Qu'est-ce que les joies et les délices, et par suite la félicité, ont
de commun avec l'oisiveté? Par l'oisiveté le mental s'affaisse et ne
s'étend point, ou bien l'homme tombe dans un état de mort et
n'est point vivifié; qu'on snpl'0se quelqu'un assis dans une oisi
veté complète, les bras croisés, les yeux baissés ou élevés, et qu'on
suppose qu'il soit en même temps entouré d'une atmosphère d'al
légresse, un assoupissement profond ne s'emparerait-il pas et de
sa tête et de son corps, l'expansion vitale de la face ne s'étein-.
drait-elle pas, et enfin les fibres se relâchant ne chancellerait-il
pas de plus en plus, jusqu'à ce qu'il tombât par telTe? Qu'est-ce
qui tient dans J'expansion et dam: la tension le système de tout le
corps, si ce n'cst la contention de l'esprit (animi)? Él d'où vient
la contention de j'esprit, si ce n'est des choses à administrer et
des occupations, quand on s'y livre avec plaisir? C'est pourquoi je
vous apprendrai une Nouvclle du Ciel, c'est que là il Ya des ad
ministrations, des ministèrr.s, des trihunaux grands ct petits, el
aussi des métiers et des occupations. QU!lDd les trois nouveaux.
1)
\.
comme des épées, ,tantôt émoussés comme des épées brisées; ces
~ù_le~ .eune ens sonlinitiés dans les diverses choses qui con- ;
1;
mais où y t'Ïent-'êll;-sacour? je n'oserais dire; cependant j'ai
penché tantôt pour ceUx qui lui ont assigné son siége dans !es
trois Ventricules dlil Cei'veau, tan1ôt pOl:lr ceux qui l'ont placé là_
.dans les Corys striés, tantôl ponr ceux qui l'ont placé dans la~b
statlCe· mêduHaire de l'un et j'autre Cerve:lil, tantôt pour ceux qui
l'ont plaCé dàns la Substanêe~licale, tànlôl pour ceux qui l'ont
pl'àéê dans la-Dure-Mère ; c:wles sulrrages~ résultant des confirma
tions poûr' chacun de tcs'siéges, n'olil pas manqué, Pour les trois. ..... 1
Ventricules du Cene:w, les suffrages provenaient de ce qu~s.
ventricules·sont les réce tacleslll~s t!s )f'lfs animaux eL de LOlltes les
lym hes du Cerveau: pour les Corps"~triés, les suffrages prorenaient l
de ce qùP ces cOrps font la. Moelle p_ar laguelle sorLenlles nerfs,
et la Moellèpar laquelle l'un ef l'autre Cerveau se prolonge dans.
l'Epine, et que de l'une et de l'autre émanent les fibres dont tout
le corps a été tissu: pour la Substance médullaire de l'un ell'aulre- 3
Cerveau, les. suffrages provenaient de ce qu'elle esl la réunion et
l'assemblage de toutes les libres, qui sont les commencements de
tout l'homme :"lwt1r' 'la Substance cort icale, les suffrages prove- .-- ~
naiènt de ce que Iii sont ~es fins premières el dernières, et pal'
suile les princi pes de toutes lés fibres, et pal' conséquen t des sens ~
et des mouvements: pour 11l"DlII'e-Mère, les suffrages provenaient - <.,
de ce qu'elle eslle tégument coiiill)lIn de l'un et de l'aulre Cerveau,
et que de là pal' une cért:Une' é'ontinuité elle s'étlmd sur le cœur
et sur les viscères du corps. Qliant à filai, je ne me décide pas plus
pour l'un que pOUl' l'autre de ces siéges ; vous, je valls prie, exa
· minez, et choisissez celui qui est préférable.» Après qu'il eut
· ainsi parlé, il des'candit de-la Chaire, et il donna la tunique, la robe
- elle bonnet au Troisième, qui, montant dans la Chaire, s'exprima
en ces termes: " Que puis-je, moi j~une homme, en présence d'un
'lh"éorême si sublime? j'en appelle {lUX Erudits qui si~gent ici sur
·"les' côtés; j'eil appelle' à vous, Sages, qui êtes dans l'dl'(:hestré ; et
- meine rEm a ellé aux AnO'es dlJ Ciel rême; est-il quelqu'un
_[ ~ui, d'après sa lurn.ière r:üionnelle, puisse se forme.r une, idée ~e
1Ame? Quant au slége ' de l'~me dans l'homme, Je pUIS, mOI,
comme d'autres, tirer' dés conjecthreS'i' et- fè' corijecttir"e qu'il est
--~------------=-----:.;.:;..-----
RELIGION CIIRETIENNE. 263
dans l~ Cœur, et par' suile dans le Sang; ma conje~ture est ba
sée sur èe qué le' cœur par' son sang gôuverne ét lé Corps et la
Tête, car il envoie dans tout le CQrps une" grande ar,tè,re àppe.1ée
, Aorte, et dans tôule la 'fêle des artères appelées Carolidés; dè là
. il es't généralement admis que l'Am'e' d'après le cœu'r souttent,
n'ourrit, vivifie par le s:lng tout 'le système organiqùe et du C.orps.
et de la Téte; à l'appui de celle assertion ajoutez que dans rÉcri
ture-Sainte il est très-souvent dit l'Ame ei le Cœur, par exemple,
qu'il faut aim.JlL.D~_u de toute Am'e et de tout Cœur; et Clue Dieu
crée en J'homme uDe.A1R6_llQ.uveiJe lit un Ç,œur nouveau, - Dell
tér. VI. 5. X. f 2. XI.i3. XXVI. f6. Jérém. XXXII. 4L Matth.
XXII. 37. Muc, XII. 30, 33. Luc, X. 27, et ailleurs; - et il est dit
ouvertement que le Sa!lg,~J.me de la chair, - Lévit. xviI.. H,
14. - .. Quelques-uns, après avoir entendu ces citations. élevè
renl la voix en disant: Bien! bien! .. c'étaient des prêtres. En
If
CliAPITRE TRE[ZrEME
.,
1 C.~rin,th. XI. 24, ~5.; - q1,!a p~!ei!lem~nf, p~r le P~in il. n'estl'~s .
el}.~~~.d,u dl} p.~i,n, p~ p,~r.,l" W~{ q.y :,!.n :;)mjlis,qu,~ par ~'un,:e~ ):~~re.
d:a,~s l~ ~Et\S ~~Tu,n~L Il. e~t..fepte~4u: 1~ J.lIélpe chose qu~ pêlr,,~
C~~i~ ~~ le S~pg, ç',est7à;-~jr~, ~a Pjas.siqD ,de la cJ~Îlc, car on l·il:,
• ,1fsp;~, t:.917Jl!ft le Pa~'fl. et .(le) ~O~~(l aux pi~ciples, et .il4,il,:
C~çf ~s~ 11Jo7~. porR$.; ,€t~:.lIr~rflfn,J,!, f?pppe, il ,(la) leur. 4o~~a,.
d1.S/!!J.t: Çec~ eS?:'M_~ S(lnq..fI -;-,ftI~t~l. XXVI.. ~f~J'c,){JV. Lu~.
X~l~ ~ ,c'es,t, p~:~rquoi l~ ~,ei~,n~ur.:~:a!J~si .. ;ap.Re.lé. Couy,e~a \p~s~
sion de la croix, -Marc,
- 1'- ' . '( 1
XI:\".
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36.
.-~\.
Jea,n,.,XVIII.
' 1
ft. .
1
f(
neront point le Nom de leur Dieu, parce qu'ils o/frent, eux, les
IGNITIONS A JÉHOVAH, u.::PAIN DE LEUR DIElT. Tu le sanctifieras,
parce qu'il offre, lui, LE PAIN DE TON Oum. L'homme de lase
mence d'Aharon, en qui il y aura une tache, ne s'approchera
point pour o/frir LE PAIN DE SON DIEU. » - Lévi!. XXI. 6,8, 17;
21. - « Commande aux fils d'Israël, et dis-leur: Mon Ohlation,
·MON PAIN, POUIl LES IGNITIONS D'ODEUR DE .REPOS, vous ohserve
rez, pour Me l'o/frir aa temps fixé, » - Nomb. XXVIII. 2.
« Ce,lui qui aura touché l'impur ne mangera point des choses
sanctifiées, mais il lave?'a sa chair dans l'eau, et ensuite il
mangera des choses sanctifiées, PARCE Ql:E C'EST LA SON PAIN. »
- Lévi!. XXII, 6, 7; - manger des choses sanctifiées, c'était
manger de la Chair des sacrifices, laquelle ici est aussi appelée
Pain; el en outre dans Malachie, - 1. 7. - . Dans les sacrifices,
les-l\Iinchahs, qui étaient faites de fine fleur de froment, ainsi
étaient du Pain, ne signifiaienL pas non plus/autre chose, - Lévit.
276 LA VRAIE
.II. t à H. VI. 6 à H. VII. 9 à 13, et ailleurs. - Les PAINS sur la
Table, dans le Tabernacle, qui élaient appelés Pains des faces et
de proposition, ne signifiaient pas non plus aulre chose, - Exod.
XXV. 30. XL. 23. Lévil. XXIV. ~ à i O. - Que par le Pain il soit
entendu, ·non pas le pain naturel, Iflais le Pain céleste, on le voit
clairement d'après ces passages: « Non par le Pain seulement
vit l'homme, mais par tout ce qui sort de la bouche de Dieu vii
l'homme. » - Deutér. VIII. 2, 3. - (1 J'enverrai une famine en
la tel're, non pas famine pour le Pain, et non pas SOl! pour les
eaux, mais pour entendre les paroles de Jéhovah. ,,- Amos,
VIII. t t. - En oulre, par le Pain il est entendu toute Nourriture,
- L~vil. XXIV. ~ à 9. Exod. XXV. 30. XL. ~3. Nomb. IV. 7. 1
Rois, VII. 48. - Que ce soit aussi la Nourriture spirituelle, on le
voit clairement par ces paroles du Seigneu\': "Travaillez non.
pour la NOW'riture qui périt, mais pour la Nourriture qui
demeure pour la vie étemelll', laquelle (nourriture) le Fils de
l'homme vous donnera. » - Jean, VI. 27.
708. Que par le VIN il soit enlendu la même chose quc par le
Sang, on le voit clairement par les paroles du Seigneur: " Jésus.
prenant la COUPE, dit: Ceci est mon Sang.» - l\Jatth. XXVI,
Marc, XIV. Luc, XXII; - puis, par celles-ci: « Il lave dans le
VIN son vêtement, et dans le SANG DES RAISINS son marlteau. »
- Gen, XLIX. 11 ; ces paroles ont été diles du Seigneur. « Jé
hovah Sébaoth fel'a à tous les peuples'un festin de graisses, un.
festin de VIN DÉLICAT.)l - Ésaïe, XXV. 6; - celles·ci ont été
dites du Sacrement de la Sainle Cène qui devait être instilué par
le Seigneur. Dans le Même: " Quiconque a soif, allez Vel'S les
eaux; et quiconque n'a point d'argent, allez, achetez et man
gez, et achetez sans argent le VIN. )l - - LV. 1. - Par LE FRUIT
DU CEP, qu'il~ boiront nouveau dans le Royaume céleste, - 1'laUh.
XXVI. 29 .. Marc, XIV. 21). Luc, XXII. 17, 18, - il n'est pas en
tendu aull'e chose que le Vl'ai de la Nouvelle Église' et du Ciel;
c'est même pour cela que dans un grand nombre de passage,s de
la Parole l'Église est appelée VIG[,;E, - tsaïe, V. 1, 2, 4. Mallh.
XX. 1 à 13, - et que le Seigneur SE NOMME LE "RA! CEP, ct ap
pelle SAR~IENTS les hommes qui sont greffés SUI' lui, - Jean, XV.
1, ~ ; - sans parler de plusieul's pas,sages ailleurs.
RELIGION CHRÉTIENNE. 277 .
709. D'après ces explications on peut maintenant voir ce qui est
entendu par la Chair et le Sang du Seigneur, et par le Pain et le
Vin, dans le triple Sens, Naturel, Spirituel et Céleste. Tout homme
imbu de religion dans le Christianisme peut savoir, et s'il ne le
sait pas, peut apprendre, qu'il y a une Nourriture naturelle et une
Nourriture spirituelle, et que la Nourriture naturelle est pour le
Corps, tandis que la NOUl'riture spirituelle e1\t pour l'Ame, car
Jéhovah le Seigneur dit dans Moïse: (( Non par le paîn seulement
vit l'homme, mais par tout ce qui sort de la bouche de Jéhovah
vit l'homme. n - Deutér. VIII. 2, 3. - Maintenant, comme le
Corps meurt, et que l'Ame vit après la mort, il s'ensuit que la
Nourriture spirituelle est pour le salut éternel: ensuite, qui est
{:e qui ne voit pas que ces deUx Nourritllres ne' doivent pas être
~onfondues en la moindre chose, et que si quelqu'un les confond,
il ne peut faire autrement que de se former sur la Chair et le Sang
du Seigneur, et sur le Pain et le Vin, des idées Jl3turelles et sen
~l1elles, c'est-il-dire, matérielles, cOl'porelles el charnelles, qui
étouffent les idées spirituelles concernant ce Sacrement Très
Saint. Mais, si quelqu'un est tellement simple, qu'il ne puisse pas
penser d'après l'entendement autre chose que ce qu'il' voit de ses
yeux, je lui conseille, ail sujet de la, Sainte Cène; quand il prend
le Pain ct le Vin, et qu'alors il entend nommer la Chair et le Sang
<lu Seigneur, de penser en' lui-même que c'est la chose la plus
Sainte du Culte, et de se rappeler la Passion du Christ, et Son
Amour pOlir le salut de l'homme, carIl dit: « Faites ceci en sou
venir de Moi. Il - Luc, xxn. 49; puis: cc Le Fils de l'homme
est venu pOUl' donn,?l' son A me en 1'édemption pour plusieurs. ))
- Mallh. XX. 28, Marc, X. 45, - cc Mon âme je dépose pour les
hl'ebis. n - Jean, X. 15, 1i. XV. 13.
710. Cela peut aussi être illustré par des eomparaisons: Qui
est-ce qui ne rappelle pas il son souvenil' et n'aime pas celui qui
par un zèle d'amour p-0llr la Patrie combat jusqu'à la mort contre
l'~~i, pour la délivr r..d.!!j9J!Z_de a ~rVllude? Et qui est-ce qui·
. ne rappelle pas à son souvenir et n'aime pas l'Îlomme qui, voyant
ses concitoyens dans llne extrême disette, et leur mort sous ses
yeux par l'accl'oissclllent de la famine, el étant alors fouché de
compassion, tire de sa maison son Argent et son Or, et en fait une
278 LA VRAIE
distribution gra~uite? Et qui est-ce qui ne rappelle pas à son sou
venir el n'aime pas l'homme qui par amour et par amitié prend
le seul agneau qu'il possède, el qui le prépare et le sert aux con
vives? Et ainsi du reste.
f
être séparé de son Humain, que l'Ame ne peut être séparée du
Corps ;'ê~st' pourquoçlo"rsqu'il est dit que le Seigneur ql~Qn - .2
Humain esl tout enlier dans la Sainle Cène, il s'ensuit qne son Di-
vin dont a prOCédé son Humain y est aussi en même temps. Main-
tenant, puisque sa Chair signifie le _Divin ~n de son amour, et
sou Sang ~i\jn V~ai de sa sagesse, il est évident qlle le Seigneur .J
tout enlier, tunt q~.~~~au Di.,yin que quant à "Humain glorifié, est 1
Tout-Présent dans la Sainte Céne; et qu'ainsi la Sainte Cène est
une J....anducation spirituelle.
71i. Que dans la Sainle Cènr. il y ail la Rédemption du Sei-
gneur LOlit enLière, c'est la conséquence de ce qni vient d'être dit,
car où le Seigneur est lout enlier, là aussi est sa Rédemplion lout
entière; eneffet, Lui:'l\fême quant à rHumai~é Rédempteur,
par conséquent il est aussi la Rédemplion elle-même; il ~ peut
l'ien manq~erJle la_ RédempLionL~~ l:ui-l\'Iême est lOllt enlier;
[ 2ëst pourquoi Lous ceux qui font dignèmen.Ua Sai.,!.!te COiïïilïUflion
de_vienn,ent ses}ychelés: el com~)e pa~ il est en-
r
l
tendu la Délivrance de l'Enf~l>-, la ConjoncLi.o~vec le Seig~r eL
la Salvation, dont il sera'parlé plus bas dans ce Charilre~ el donl
. il a été plus ~leinemenltr~ilé dans ~e Cha,pitre de la Rédemption,
c'est pour cela qu~~frtJlls sont lIvrés a l'homme, non cepen-
dant autant que le Seigneur veul, car d'après son Divin Amour il
282 LA VRAIE
veut les livrer lou:;, mais autant que l'homme reçoit, el celui-, qgj
1J
reçQj st racheté au même degré qu'il reçoit, D'après cela on voit
que les effets e.lles fruits de la. Rédemption du Seigneur revien
nent à ceux qUI s'approchent dlg-nemenl.
) 7 t 8. Chez tout homme sensé il y a la faculté de ~evoir .la sa
~ l g~e procédant du Seigneur, c'est-à-dire, de multiplier éternel
lement les vrais par lesquels existe la sagesse; et aussi de ~
~ )" ~ur, c'est-à-dire, de fructifier de même éternellement
lIes hiens par lesquels existe l'amour: cette perpetuelle fructifica
tion du hien et conséquemment de l'!.!!!Q.ur, el cette perpétuelle
niulliplication du vrai et conséquemment de la sagesse, sont don
nées anx Ange:;, et données aussi aux hommes-quideviennent des
Anges: et com'me le Seigneur est l'Amour même et la Sagesse
S même, il s'ensuit que l'homme a la faculté de se conjoindre au
l Seigneur et de conjoindre le Seigneur à lui perpétuellement;
mais néanmoins comme l'homme est fini, le Divin ~lê.!!~e du Sei
gneur ne peut pas lui être conjoint, mais peul seulement lui M!'e
adjoint; ainsi, pour il1usLl'atioll, la Lumière-du soleil ne peut pas
être conjointe à l'OEil, ni le Son dt: l'air être conjoinl à l'Oreille.
mais seulement ils peuvent y être adjoints, et ainsi donner la fa
culté de voir et d'entendre; en effet, l'homme n'egt pas la Vie en
~i, comme le Seigneur l'e5t, même quant à l'Humain, -Jean, V. 26.
{ - mais il est le réceptacle de la vie, et c'est la Vic !!!.êm~qu~:"
jointe à l'ho~e, mais elle n'y est pas conjointe. Ceci aété ajouté.
afin que l'on comprenne de quelle manière le Seigneur tout entier..
{
et sa Rédemption tout entière. sont présents dans la Sainte Cène.
7t9. Dans les deux Articles qui suivent, il est montré qui sont
ceux qui s'approchent dignement de la Sainte Cène, el alors en
- - ~
RELIGION CHRÉTIENNE. 283
même tempsqlli sont ceux qui s'en ~pI>ro~ig~t, car
ce qui est dit des uns fait connaître les autres d'après l'opposé. Si
le Seigneur est présent non-seulement chez ceux qui sont dignes,
mais même chez ceux qui sont indignes, c'est par{le qu'il est 10ut
Présent, tant dans le Ciel que dans l'Enfer et aussi dans le !\fonde,
par conséquent chez les méchants de même qne chez les bons;
mais chez les bons, c'est-à-dire, chez les régénérés, il est présent
universellement et -;ingulièrement, ca;-feI~ci~ est en eux et
eux sont dans le Seigneur, et eu elit le Seigneur, là est le Ciel; le
Ciel aussi fait le Corps du Seigneur, c'est pourquoi être dans Son
Corps, c'est en même temps être dans le Ciel. Mais la présence
du Seigneur chez ceux qui s'approchent indignement est sa pré
sence universelle, et non sa présence singulière, ou, ce qui est la
même chose, c'est sa présence externe et non en même temps in
terne; et sa présence universelle ou externe f:lit que l'homme "il
homme, et jouit de la faculté de savoir, de comprendr6 et de
parler rationnellement d'3près l'entendement, car l'homme est
né pour I.e ciel, et c'-est pour cela qu'il est aussi né spirituel, et
non pas simplement naturel, comme la bête; il jouit aussi de la
faculté de vouloir et de faire les choses que l'entendement peut
savoir, comprendre et par suite prononcer ntionnellement; mais
si la Volonté se refuse aux choses véritablement _rationnelles de
l'en tendemen t, lesquelles son t allssi in térieuremen 1 spirituelles,
alors l'homme devient Externe; c'est pourquoi cbez ceux qui
comprenncntseulement ce que c'est que le vrai el le \lien, la pré
sence du Seigneur est universelle ou externe; màis chez ceux qui
aussi veulent et fopt le vrai et le bien, la présence du Seigneur
est et universelle el singulière, ott et externe et intel'ne. Ceux qui
seulement comprennent les vr3is et les biens et en parlent, sont
par comparaison les Vierges insensées qui 3V3ient des lampes el
n'av3ient pas J'hnile ; mais ceux qui non-seulement comprennent
les vrais et les biens et en parlent, m3is aussi les veulent et le&
font, sont les Vierges prudentes qui furent introduites dans la
salle des noces" tandis que les autres restèrent dehors et heurtè
rent, mais ne furent point introduites, -IUatth, XXV. 1 à 12.
D'après cela, on voit que le Seignenr est· présent chez ceux qui
s'approchent dignement de 13 Sainte Cène, et leur ouvre le 'Ciel t
284 LA VRAIE
et qu'il est même présent chez ceux qui s'en approchent indigne
ment, mais qu'il ne leur ouvre pas le Ciel.
720. Toutefois, cependant, il ne faut pas croire que le Seigneur
ferme le Ciel ~ ceux qui s'approchent indignement; il ne fait cela
à aucun homme jusqu'au dernier moment de la vie dans le Monde;
mais c'est l'homme qui se fel'me à llli-mème le Ciel; et il se le
ferme en rejetant la foi, et en persistant dans le mal Je la vie;
mais néalJmoins l'homme est continuellement tenu dans un état '
possible de pénitence et de conversio'n ; car le Seigneur est conti
nuellement présent et presse afin d'être reçu; en effet, il dit: « Je
me tiens à la porte et fe heurte, si quelqu'un entend ma voix
et ouvre, j'entrerai chez lui, et JE SOUPERAI AVEC LUI ET LUI
AVEC Mol. JI - Apoc. Ill. 20: -l'homme qui n'ouvre pas la porle,
est donc lui-mèmp. en faute. Il en arrive autrement après la mort,
alors le Ciel a été fermé et ne peut plus être ouvert à ceux qui jus
qu'à la fin de la vie se sont approchés indignement de la Sainte
Tahle, car alors les intérieurs de leur Menlal ont été fixés et dé..:
terminés.
721, Que le Baptême soit l'inlroduction dans rÉglise, cela a
été monll'é dans le Chapitre du Baptême; et que la Sainte Cène
soit l'introduction dans le Ciel, on le voit par les choses dites ci
ciesssus et perçue~. Ces deux Sacrements, le Baptême et. la Sainte
Cène sont comme deux Porles pour J~ vie éternelle? tout homme
Chrétien par le Baptême, qui est la première Porte, est admis et
introduit dans les choses que l'Église d'après la Parole enseigne
sur l'autre Vie, qui tOllles sont des moyens par lesquels l'homme
peut être préparé et conduit au Ciel. La seconde Porte est la Sainte
Cène, par laquelle est admis el inrroduit dans le Ciel lout homme
qui s'est laissé préparer et conduire par le Seigneur: il n'y a pas
d'autres Portes universelles. Ces deux Sacrements peuvent être
comDarés à un Prince né pour le Trône; en premier lieu il est in
troiuit dans les connaissances qui concernent la manière de gou
verner, en second lieu, on le couronne el on lui remet le gouver
nement. Ils peuvent allssi être comparés à un Fils né pour un
gèanll héritage; en pl'enlÎer lieu il doil êtl'c instruit et sc p6nétrer
Je lout ce qui regarde la juste disposition des possessions et des
richesstls, en second lieu viennent la possession et l'administra
RELIGION CHRÉTIENNE. 285
lion. Ils peuvent encore être comparés à la construction d'une
maison, et à l'habitation de celle maison; et aussi à l'instruction
de l'homme depuis l'enfance jusqu'à l'âge où il jouit de son droit
et de son jugement, et ensuite à sa vie rationnelle et spirituelle;
il faut nécessairement que la première Période précède, pour qu'il
. parvienne ~ la seconde, car celle-ci n'e~t p~s possible sans celle
là. Ces comparaisons montrent clairement que le Baptême ct la
Sainle Cène sont comme deux Portes par lesquelles l'homme est in
troduit dans la vie éternelle, et qu'après la première Porte il ya une
vaste plain~ qu'il doit parcourir, et que la seconde est le terme
où se trouv-e le prix vers lequel il a dirigé sa course; car la palme
n'est donnée qu'après la lutte, et la récompense qu'après le combat.
Il tre aux autres leurs offenses, comme il veut que ses offenses soient
tion qui a lieu dar.s l:t Sainte Cène est une manducation spiri
tuelle. Ces choses élant bien perçues, on voit que la Sainte Cène
est comme une marque et un sceau que ceux qui s'en approchent
dignement sont les fils de Dieu.
729. Mais ceux qui décèdent dans le premier ou nans le second
âge de l'enfance, et ainsi n'atteigne pas l'âge où l'on peut s'ap
procher dignement de la Sainte Cène, sont introduits par le Sei
gneur au moyen du Baplême; car, ainsi qu'il a été montré dans.
]e Chapitre. du Baptême, le Baptême est l'introduction dans l'É
glise Chrétienne, et en même temps {insertion parmi les Chré
tiens dans le Monde spirituel; et là l'Église et le Ciel sont un.,
c'est pourquoi là pour eux l'introduction dans l'Église est aussi
l'introduction dans le Ciel; et eux, étanl élevés sous l'auspice du
.seigneur, sont régénérés de plus en plus, et deviennent ses fils;
en effet, ils ne connaissent pas d'autre Père. Quant aux perits en
fants eL aux enfants, nés hors de l'Église Chrétienne, ils sont, par
un autre moyen que par le Baptême, introduits dans le Ciel dési
gné à leur Religion, après la réception de la foi au Seigneur, mais
ils ne sont point mêlés avec ceux qui sont dans le Ciel Chrétien.
Il n'y a, en effet, aucune nation sur tout le Globe qui ne puisse
être sauvée, si elle reconnaît Dieu et vit bien; car le Seigneur a
'racheté tous les hommes, et l'homme est né spirituel, ce qui lui
'procure la faculté de recevoir le don de la rédemption. Ceux qui
reçoivent le Seigneur, c'est-à-dire, ceux qui ont la foi en Lui et
ne 50nt pas dans les maux de la vie, sont appelés FILS DE DIEU,
et NÉS DE DIEU, - Jean, I. 12, 13. XI. 52; - puis FILS DU ROYAUME,
- Mau.h. XIII. 3H; - et aussi HÉRITIERS, - l\Jauh. XIX. 29.
XXV. 34. - Les DISCIPLES DU SEIGNEUR sont aussi appelés FILS,
- Matth. XIII. 33; - et en outre Tous LES ANGES, Job, I. 6.
II. L
730. Il en est de la Sainte Cène comme d'une Alliance qui,
après les conventions arrêtées, est contractée et enfin Rcellée d'un
sceau. Que le Sang du SeigneJr soit l'Alliance, Lui-Même l'ensei
gne, car il dit, lorsqu'il prit la coupe et la donna: Ct Buvez-en
tous, ceci est mon Sang, celui du Nouveau Testament. Il
l\latth. XXVI. 28. Marc, XIV. 24. Luc, XXII. 20. - Le Nouveau
Testament est la Nouvelle Alliance; c'est pourquoi la Parole écrite,
RELIGION CHRÉTIENNE.
part de ceux qui, dans la vie précédente, ont médité sur le Ci.",
et se sont formé des idées arrêtées, au sujet ·des joies célestes, au
point d'en avoir le désir. " Après avoir entendll ces paroles, l'Ange
cM la trompelte dit aux six Cohortes de Sages du Monde Chrétien
IfU'it: av~it convoquées: Il Suivez-moi, et je vous introdui.raidans
vos Joies, par conséquent dans le Ciel. "
734. Après qu'il ellt prononcé ces mo~s, l'Ange marcha en
avant; et d'abord, il fut suivi par la Cohorte de ceux qui s'éLaient
persuadés que les Joies Célestes étaient seulement de très-joyeuses
réunions et de très-agréables conversations : l'Ange les introdui-.
sil dans des Assemblées de la Plage Septentrionale, qui n'avaient
llas eu, dans le monde précedeflt, d'autres no-tions au sujet des
joies du ciel. 1\ , avait là une Maison spa.cieuse dans laquelle cel;l-X
qui étaient t.els avaient été réunis; cetlt~'M'aison avait plus de cin
quante ch,ambres, dislin-guées selon les divers genres d'en~retiens:
dans les nnes on parlait de ce qu'on a-vait vu et entendu dans la
'place publique et dans les rues; dans d'au~res, on tenait di,vers
propos aimables sur le beau sexe, en 'les entremêlant de facéties~
mnltipliées au point 'tle répanàre tes ris de la gaHé sur tous les vi
sages de l'assemblée; àans d'autres chambres, on s'occupait des'
Nouvelles des Cours, des Ministères, de l'État p-oHtiqiJ.e, des diffé
rentes choses qui avaient transpiré des Conseils secrets; et l'on
faisait des raisonnemen ~s et des cOfljectures sur les événements;
dans d'autres, on padait de eommerce ; dans d'autres de littérat-ure;
dans d'autres, de ce qui a -rapport à la Prudence civ-i1e et à la Vie
morale; dans d'autres, des cnases Ecclésiastiques et des Sectes; et
ainsi du reste: il me fut donné de faire la visite dans ceHe malsaD.
et je vis des gens qui couraient de chambres en chamIlres, cher
chant des compagnitls conformes à leur affection et par conséquent!
à leur joie; et dan'S l~s C(}Rlpagnies j'en vis de trois es-pèces; les UIlS
haletants de parler, d'autres dêsi'reax de qlJ'estionner, et d'auwes:
avIdes d'entendre. Il y avait quatre pOrtes ~ la l\fa<ison, une Vers.'
clla{}.IJe plage, et je remarquai que plus-ieurs q,ttiuai-ent les o6mpa
gnies, et se hâtaient pour sorti r; j'en· suivis quelCfUres-uns l'ers ·F.
porte Orientale, et fen vis quelqu'ts autres assis d'un ai.., trist-ë!
près de celte porl~ ; et je m'approchai, et·je leur demandai )'lOU'l'
quoi i·ls étaient assis ainsi tristes; et ils -rêpondirent: Il LesportJes
RELIGION CHRÉTIENNE. 299
de cette Maison sant tenues fermêes pour ceux qui veulent sortir,
et voici maintenant le troisième jour que. nous y sommes entrés.
et que nous y avons vécu conformément à notre désir en compa
gnies et en conversations, et ces entretiens continuels nous ont l~l
lement fatigués. que nous pOllvons à peine supporter d'en enten
dre le simple bonrdonnement; c'~st pourquoi, poussés par l'ennui,
nous 1I0US sommes rendus vers cette porte, et nous avons frappé;
mais on nOlis a répondu: Les portes de cette Maison s'ouvrent
non pour ceux qui veulent sortir, mais pour ceux qui veulent en
trer; restez et jouissez des joies du Ciel. D'après ces réponses,
nous avons conclu que nous resterons ici éternellemen t; de ce
moment la tristesse s'est emparée de nos mentais, et maintenant
notre poitrine commence à se serrer, et l'anxiété à s'emparer de
nous. )) Alors l'Ange prit la parole, et leur dit: Il Cet état est la
mort de vos joies ·que vous avez cru être uniquement célestes, lors
que cep~ndant elles ne sont que des accessoires des joies célestes. ))
Et ils dirent à l'Ange: Il Qu'est-ce donc que la Joie Céleste?» Et
l'Ange répondit en peu de mots: .. C'est le plaisir de faire quelque
chose qui soit utile à soi-même et aux autres; et le plaisir de l'u
sage tire son essence de l'Amour et son existence de la Sagesse;
le plaisir de l'usage qui tient son origine de l'Amour par la Sa
gesse est l'âme et la vie de t.outes les joies célestes. Il ya dans lcs
Cieux de très-agréables Réunions, qui égayent les mentais des An
g.es, divertissent leurs esprits (animz), réjouissent leurs cœurs,
e1. récréent leurs corps; mais ils n'en joui3sent qu'après avok fait
des usages daus leurs fonctions et dans leurs œuvres; par 13 il Y a
âme et vie daus toutes leurs allégresses et dans tous leurs amuse.
ments ~ mais qu'on ôte cette âme ou cette vie, les joies accessoires
cessent successivement d'être des joies, et dev·iennent d'abord in-·
différentes, ensuiLe comme rien, el enfin elles ne sont que tristesse
et anxiété." Après qu'il eut parlé ainsi, la porte s'ouvrit, et ceux
qui étaient assis auprès sortirent précipitamment; et ils s'enfui
rent chei eux, chacun à sa f.oncLion et à son ~uvrage, et ils furent
so.nlagés.
735. Ensuite l'Ange s'adressa à ceux qui s'étaient formé de la
loie du Ciel et de la Félicité éterne1:le celte ~dée, que c'étaient des
Ban.quets avec· Abraham, Isaac .et .Jaeoh; et,. après les repas, des·
300 . LA VRAIE
Jeux et des Spectacles et de nouveau des repas, et ainsi durant
1
prême degré des pouvoirs et des dignités ont des Palais et des
Cours, qui surpassent en magnificence et en splendeur les palais
et les cours des Empereurs et des Rois sur la rerre, et ils sont
entourés d'honneur et de gloire par le nombre des courtisans,
des ministres et des gardes, et par les vêtemen ts magnifiques de
ceux-ci: mais ceux qui sont ainsi élevés ail rang suprême sont
choisis parmi ceux dout le cœur est pour le salut public, et dont.
les sens du corps sont seulement dans la grandeur de la magnifi
cence à cause de l'obéissance: et puisqu'il est du salut public que
chacun soit de quelque usage dans la société, comme corps com
mun, el puisque tout usage vient du Seigneur, et est fait par les
ange~ et par les hommes comme par eux-mêmes, il est évident que
c'est là régner avec le Seigneur. » Après avoir enlendu ces paroles
prononcées du Ciel, ces prétendus rois el princes descendirent des
trônes et des siéges, et jetèrent loin d'eux sceptres, couronnes et
chlamydes, et le brouillard dans lequel était l'atmosphère de la
phantai~ie s'éloigna d'eux, et ils furent enveloppés d'une nuée
blanche où était l'atmosphère de la sagesse, qui rendit la santé à
leurs mentaIs.
/37. L'Ange revint ensuite à la Maison de l'assemblée des sages
du Monde Chrétien, et il appela vers lui ceux qui avaient eu la foi
que les Joies du Ciel et la Félicité- éternelle étaient des délices pa
radisiaques: il leur dit: « Suivez-moi, et je vous introduirai dans
le Paradis, votre Ciel, afin que vous commenciez à jouir des béa
titudes de votre félicité éternelle; et il les introduisit par une
Porte élevée, construite avec un entrelacement de branches et de
rejetons d'arbres précieux: quand ils furenl entrés, il les conduisit
par des détoul's de plage cn plage; c'était effectivement un Paradis
dans la première entrée vers le Ciel, Paradis clans leqnel sont en
voyés ceux qui, dans le Monde, ont cru que le Ciel enlier est un .
seul Paradis, parce qu'il est appelé le Paradis; et qui ont imprimé
en eux cette idée, qu'après la mort il y a un complet repos sans au
cun travail, et que ce repos consisterait uniqurment fi respire.' des
.délices, à se promener sür des roses, à se délectel' du j.us le plus
exquis des raisins, et à célébrer des fêtes par des festins; et que
cette vie ne peut exister que dans le Paradis Céleste. Conduits par
fAnge, ils voyaient une grande multitude tant de vieillards que
RELIGION CHRÉTIENNE. 305
de jeunes hommes et d'enfants, et aussi de femmes et de jeunes
filles, trois par trois, et dix par dix, assis dans des lieux plantés
de rosiers, tressant des guirlandes dont ils ornaient les têtes des
vieillards, les bras des jeunes hommes, et par faisceaux les poi
trines des enfants: ailleurs, exprimant dans des coupes le jus des
raisill!i, des cerises et des groseilles, et le buvan t avec réjouissan
ce ; ailleurs. respirant les parfums exhalés pal' les fruits, Jes fleurs·
et les feuilles odoriférantes, et répandus de tous côtés; ailleurs,
chantant des odes mélodieuses dont ils charmaient les oreilles de
ceux qui étaient présents j ailleurs. assis près des fontaines et des
eaux qui jaillissaient en prenant diverses formes; ailleurs, se pro
menant, causant et lançant de joyeux propos; ailleurs, se reti
rant dans des cabinets ail milieu des jardins, pour s'y reposer sur
des li t!i ; sans parler de plusieurs autres allégresses par;ldisiaques.
A près qu'ils euren t vu tous ces groupes, l'Ange conduisit ses com
pagnons par des circuits çà et là, el enfin vers d'autres esprits qui
étaient assis dans un très-beau bosquet de rosiers entouré d'oli
viers, d'orangers et de citronniers, el qui, la tête penchée et les
mains sur les joues, gémissaient et répandaient des larmes; ceux
qui accompagnaient l'Ange leur adressèrent la parole, et dirent:
cc Pourquoi êtes-vous ainsi assis? Il Et ils répondirent: .. Il Ya