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APPLICATION ET INTERET DES MICROALGUES

CHAPITRE II DANS LA PRODUCTION DE L’ENERGIE

I-Potentiel des microalgues  :


Les problèmes d’approvisionnements et de pollutions engendrés par l’usage des sources fossiles
d’énergie ont stimulé la recherche de solutions alternatives comme les biocarburants de sources
agroalimentaires.

À leur tour, ces derniers ont causé d’autres problèmes tout en ne répondant qu’à une fraction de la
demande massive de carburants dans le monde. Il est possible qu’une conversion graduelle des sources
fossiles d’énergie vers des sources plus naturelles comme la biomasse d’algues microscopiques qui
représente une avenue raisonnable compte tenu des enjeux globaux.

Depuis plusieurs années, de nombreuses espèces de microalgues sont étudiées et testées dans le
monde. Certaines présentent des rendements en biomasse prometteurs avec des teneurs particulièrement
élevées en lipides. De plus, leurs rendements énergétiques à l’hectare sont plus de dix fois supérieures à
ceux des meilleures cultures terrestres (François Doré-Deschênes, 2009).

 Aspects environnementaux
En général, la plus grande part du concept d’algocarburants repose sur la reproduction en mode
accéléré du processus photosynthétique opéré par les microalgues dans les mers.

Les technologies qui exploitent ce concept ne nécessitent donc pas d’irrigation, ni de grandes
quantités d’eau potable, de pesticides ou d’immenses surfaces de terres cultivables. De plus, ces
technologies peuvent être appliquées à l’épuration d’eaux usées et à la captation du CO2 de centrales au
charbon ou d’autres procédés.

L’application industrielle de ce concept permettrait aussi l’atténuation de la déforestation et des


menaces à la biodiversité qui en découlent, car il peut être appliqué en territoires incultes ou désertiques.

Toutefois, plusieurs recherches sont en cours pour augmenter le rendement des microalgues par
l’utilisation de modifications génétiques. Ces manipulations suscitent certaines inquiétudes concernant les
dangers potentiels que représenteraient des microalgues génétiquement modifiées relâchées en milieux
naturels. Par ailleurs, les quantités importantes de CO2 produites mondialement pour la production
industrielle et électrique peuvent être éventuellement diminuées par des technologies de captation et de
conversion associées à la production de biomasse algale.

 Aspects économiques

Ces dernières années, la production de biocarburants (bioéthanol et biodiesel) de sources


agroalimentaires a provoqué une augmentation substantielle du prix des aliments dans le monde. À titre
d’exemple, en 2006, le prix du maïs a doublé.

L’exploitation des microalgues peut représenter un grand potentiel de développement économique,


car une nouvelle industrie durable pourrait émerger et permettre d’atteindre une meilleure autonomie
énergétique, particulièrement dans les pays situés en zones tropicales.

Cette approche permettrait aussi de préserver le patrimoine forestier et agraire de plusieurs régions
du monde en limitant le déboisement et l’appauvrissement des sols surexploités. L’établissement de bourses
du carbone pourrait permettre d’échanger avec profits les crédits de carbone générés par les procédés basés
sur le concept algal.
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Le développement de concepts performants durables et exportables pour produire de la biomasse en


grandes quantités favoriserait l’autonomie alimentaire et énergétique de plusieurs pays en développement.

 Aspects sociaux
Les produits agricoles subventionnés et souvent excédentaires des pays industrialisés ont remplacé et
affaibli les productions locales des pays en développement durant plusieurs années. Ceci a provoqué des
déficits alimentaires très rapides causant de sérieuses conséquences dont une augmentation de la
malnutrition, de la pauvreté et des désordres sociaux.

Les microalgues peuvent devenir une source idéale de biomasse convertissable en biocarburants et
en protéines économiques. Leur production pourrait éventuellement favoriser la stabilité géopolitique et le
développement social de plusieurs régions défavorisées.

II-Applications des microalgues dans le domaine énergétique :

Les microalgues peuvent être une source d’énergie non négligeable. Comme toute biomasse, celles-ci
peuvent produire du biogaz par méthanisation. Certaines microalgues sont riches en sucre et peuvent
produire alors du bioéthanol. D’autres riches en lipides permettront la production de biodiesel. Parmi ces
différents scénarios, la production de biogaz et de biodiesel sembleraient être les plus pertinentes.

II-1-Production de biocarburants liquides par les microalgues  :

Les biocarburants liquides sont particulièrement recherchés par le secteur des transports parce que
ces substituts ne nécessitent que des modifications mineures aux infrastructures de raffinages, de transport,
de distribution et d’utilisation. Il s’agit de combustibles liquides issus de la transformation de la biomasse
microalgale. Il existe deux principales filières : le biodiesel obtenu à partir des huiles ou lipides extraites de
biomasses et les distillats, comme le bioéthanol en particulier, obtenus par la distillation de solutions de
biomasses traitées par fermentation.

II-1-1-Production de biodiesel :
Le biodiesel ou biogazole est une énergie renouvelable, utilisée comme alternative au carburant pour
moteur diesel classique gazole ou pétrodiesel. Le biodiesel peut être utilisé seul dans les moteurs ou mélangé
avec du pétrodiesel. Comparativement au diesel, le biodiesel offre la possibilité de réduire les émissions de
gaz à effet de serre, réduire les émissions d’échappements, de plus il est moins toxique.
Les microalgues et les cyanobactéries sont des organismes photosynthétiques qui utilisent la lumière
du soleil comme source d’énergie pour fixer le dioxyde de carbone. Il n’y a pas meilleurs capteurs solaires
au monde que ces organismes photosynthétiques microscopiques. Leur croissance est très rapide, il est
possible d'effectuer une récolte complète en quelques jours. Les lipides accumulés par ces microalgues,
pouvant atteindre jusqu’à 80 % de leur poids sec, sont principalement sous forme de triglycérides. Ces
derniers peuvent ensuite être utilisés pour produire du biodiesel via une réaction appelée Transestérification
(Les huiles végétales, les graisses animales ou les huiles à base de microalgues sont mélangées à froid à un
alcool (éthanol ou méthanol) en présence d'un catalyseur (hydroxyde de sodium ou de potassium) (A.L
Ahmad et al., 2010).
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Figure 6 : concept de production d'huile de microalgues visant à obtenir du biodiesel


(https://www.researchgate.net/figure/Concept-de-production-dhuile-de-micro-algues-visant-a-obtenir-du-
biodiesel_fig3_267390520)
La transestérification de glycérides normaux avec du méthanol en esters méthyliques est une
réaction importante utilisée dans l’industrie de la fabrication de détergents et de savons. Presque tout le
biodiesel est formé dans un processus chimique similaire utilisant cette technique catalysée par une base, car
il s'agit de la méthode la plus économique et ne nécessite que de basses pressions et températures.
La méthode de transestérification est la réponse d'un triglycéride (graisse / huile) avec un alcool
pour former du glycérol et des esters. Un triglycéride a un atome de glycérine comme base avec trois acides
gras insaturés à chaîne longue connectés. Les attributs de la graisse sont dictés par l'idée des graisses
insaturées liées à la glycérine. L'idée des graisses insaturées peut, à son tour, influencer les qualités du
biodiesel.
Une réponse de transestérification efficace est liée à la séparation des couches de glycérol et d'ester
méthylique (biodiesel) après le temps de réponse. Le coproduit plus lourd résout le glycérol et peut être
vendu tel quel ou purgé pour être utilisé dans différentes entreprises, par exemple des produits
pharmaceutiques, des produits de beauté et des détergents.
Après la réaction de Transestérification et la séparation de la phase glycérine lourde, le réducteur est
laissé avec une phase brute de biodiesel léger. Ce biodiesel brut nécessite une purification avant utilisation
(A.L Ahmad et al., 2010).

Fig
ure 7 : Procédés d’obtention du Biodiesel (http://anciennes-etang-apigne.over-blog.com/article-
carburants-verts-62013219.html)
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Les molécules du biodiesel ainsi obtenues peuvent alors être utilisées comme carburant dans les
moteurs à allumage par compression. Ce biodiesel ne contient pas de soufre, n'est pas toxique et est
hautement biodégradable.
Parmi les principales classes ou phylums, certaines espèces de microalgues possèdent un potentiel
intéressant pour la production de biodiesel en raison de leur importante production d’acides gras. Ces
principales espèces sont présentées dans le tableau ci-dessous.
Tableau IV : Principales espèces pour la production du biodiesel (Isabelle Cantin, 2010)

La production du biodiesel à partir de microalgues a pris une ampleur mondiale suite au premier choc
pétrolier dans les années 70. Dans le courant des années 90, le prix du pétrole relativement bas conduit a un
fort ralentissement des programmes. Au début des années 2000, devant l’augmentation du prix des
carburants et face à une pénurie du pétrole, la production d’algo-carburant revient à l’ordre du jour.
En plus de l’argument de productivité, les microalgues possèdent un atout majeur par rapport aux autres
solutions : la non-concurrence avec les cultures alimentaires (figure 8)

F
igure 8 : productivité en huile des microalgues par rapport à d'autres plantes oléagineuses (Céline
Dejoye Tanzi, 2013)

II-1-2-Production du bioéthanol  :
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Le bioéthanol ou agroéthanol est un biocarburant utilisable dans certains moteurs à essence. Le


préfixe bio indique que l'éthanol est produit à partir de matière organique (biomasse). Il s'agit d'un vecteur
énergétique issu de l’agriculture, ou des déchets de l'industrie forestière, et appartenant à la famille des
énergies renouvelables. Cet éthanol d’origine végétale n’est rien d’autre que de l’alcool éthylique, le même
que celui que l’on trouve dans toutes les boissons alcoolisées.
Les microalgues accumulent une forte teneur en glucides dans leurs cellules, ce qui peut constituer
une matière première potentielle pour la production de bioéthanol. Les glucides synthétisés par les
microalgues se présentent généralement sous forme d'amidon (sans lignine), ce qui facilite beaucoup la
conversion en sucre réducteur simple par rapport à la biomasse lignocellulosique (MAN KEE LAM et
KEAT TEONG LEE ; 2015).
L’étude menée par (VARELA-BOJORQUEZ et al ; 2016) sur la culture de l’espèce de la microalgue
Dunaliella tertiolecta a été établie sur une base pilote et la biomasse a été collectée et caractérisée
préalablement à la fermentation éthanolique avec Saccharomyces cerevisiae
Dans cette expérience, tout le matériel a été immergé dans du HCl pendant 24 h, rincé avec de l'eau
distillée et enfin autoclavé. L'eau de mer recueillie dans la baie Altata a ensuite été filtrée à travers un tamis
(100 μm), du charbon actif (5 μm) et une membrane de nylon (0,45 μm). La salinité de l'eau a été mesurée
indirectement et ajustée à 33 g · L-1 avec de l'eau distillée en mesurant le total des solides solubles à l'aide
d'un réfractomètre. Des solutions nutritives pour le milieu f/2 ont été préparées pour 20 litres de culture.
Quatre litres de culture de D. tertiolecta fournis par l'Institut des sciences de la mer et de la limnologie de
l'UNAM ont été utilisés comme inoculum. La culture a été maintenue dans des conditions contrôlées ;
température de 23 à 24 ° C avec des cycles de 12 h de lumière et 12 h d'obscurité et reliés à un système
d'aération avec des filtres à charbon actif et à la silice. La biomasse de D. tertiolecta a été récupérée par
centrifugation à 4 000 tr/min et à 10 ° C, puis lavée avec du formiate d'ammonium 0,5 M et lyophilisée à des
fins de conservation (VARELA-BOJORQUEZ et al ; 2016).
Parmi les composants de la biomasse de D. tertiolecta : Protéine, amidon, fibre, cendres, lipides et
glucides. La composition neutre de sucre de cette biomasse déterminée par chromatographie en phase
gazeuse la montre la figure ci-dessous :

Figure 9 : Composition neutre de sucre de D. Tertiolecta déterminée par chromatographie en phase
gazeuse. Les barres indiquent une déviation standard (N = 4). RHA, RAMNOSE ; FUC, FUCOSE ; ARA,
ARABINOSE ; XYL, XYLOSE ; MAN, MANNOSE ; GAL, GALACTOSE ; GLU, GLUCOSE
(VARELA-BOJORQUEZ et al ; 2016)
La biomasse saccharifiée a été fermentée pendant 66 h, comme le montre la figure10, et la
concentration maximale en éthanol est apparue entre 30 et 33 h d'incubation avec une efficacité de 0,6158 ±
0,06 ml d'éthanol · g-1 de biomasse (db), égale à 0,48 ± 0,05 g d’éthanol · g-1 de biomasse (db).
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Cependant, il est important de souligner que les différences d'efficacité de la fermentation sont
également influencées par l'espèce de microalgues, les conditions de culture et le processus de fermentation
(VARELA-BOJORQUEZ et al ; 2016).

Figure 10  : Cinétique de la production d'éthanol à différents temps de fermentation de la biomasse de D.


Tertiolecta avec S. Cerevisiae. Les barres indiquent une déviation standard (N = 3)
(VARELA-BOJORQUEZ et al ; 2016).

D. tertiolecta démontre une bonne adaptabilité de la culture et son potentiel en tant que matière
première pour la production de biocarburants. La quantité et la fermentabilité des glucides composant la
biomasse de D. tertiolecta le rendent approprié pour la production de bioéthanol (VARELA-BOJORQUEZ
et al ; 2016).

II-2-Filière de l’hydrogène  :

La généralisation de la filière de l’hydrogène reste à long terme un objectif intéressant, car


l’hydrogène est un vecteur polyvalent d’énergie sans carbone. Des recherches sont en cours pour produire de
l’hydrogène ou d’autres combustibles directement à partir de cultures algales actives. Ces approches
représentent un réel potentiel de progrès, parce que certaines de ces techniques permettraient aussi de
produire des biocarburants, dont l’hydrogène, sans détruire les microorganismes.

II-2-1-Production du biohydrogène par les microalgues  :

Le biohydrogène (H 2) est un gaz considéré comme le combustible du futur. Il n’est ni toxique, ni


polluant, plus énergétique que le pétrole et abondant. Seulement, on ne le trouve pas sous forme libre sur
Terre.
On l’extrait à partir du gaz naturel, qui est une source d’énergie fossile, ou par électrolyse de l’eau, ce qui
demande beaucoup d’énergie électrique.

Cependant les microalgues représentent une alternative intéressante à l’heure actuelle puisqu’elles ont
la capacité de produire de l’hydrogène lors de la photosynthèse. Ces dernières poussent dans des milieux
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assez simples (de l’eau, du dioxyde de carbone et quelques nutriments) et tirent leur énergie des
rayonnements solaires.

Le bio-hydrogène peut être produit par les microalgues, Plusieurs travaux ont été menés à ce sujet,
l’espèce Chlamydomonas renhardtii reste la plus utilisée (Céline Dejoye Tanzi, 2013), (figure 11),

Figure 11  : schéma représentatif de la production d’hydrogène par Chlamydomonas reinhardtii


(Lili Xu et al., 2019)

Ces unicellulaires partagent avec certaines cyanobactéries la faculté de produire de l’hydrogène dans
des conditions précises (Jean-David Rochaix). Cela arrive en anaérobie, c’est-à-dire en l’absence d’oxygène,
et en présence de lumière afin que le processus de photosynthèse soit actif, la photosynthèse a comme
résultat de produire des électrons libres qui, par des processus biochimiques complexes, alimentent le
métabolisme cellulaire. Mais ce mécanisme fournit parfois des électrons en excès, qui deviennent alors
toxiques. Il convient donc de les neutraliser et de s’en débarrasser. L’une des stratégies de Chlamydomonas
renhardtii passe par une enzyme qui s’appelle l’hydrogénase. Celle-ci permet de combiner ces électrons
avec des protons et de former ainsi des molécules d’hydrogène. Ce gaz est alors relâché dans
l’environnement.

Selon Dr. Yiftach Yacoby, directeur du laboratoire des énergies renouvelables de l’Ecole des
Sciences végétales de l’Université de Tel-Aviv (Georges Simmonds, 2016) ; les scientifiques savent depuis
des années que les microalgues émettent de l’hydrogène pendant le processus de photosynthèse, mais on
pensait jusqu’à présent que la quantité produite était minime, et donc inappropriée à la fourniture d’énergie.
“L’hydrogène est produit par l’algue grâce à une enzyme appelée hydrogénase qui se décompose en
présence d’oxygène”, explique-t-il.

Le problème auquel nous faisons face est que la production d’hydrogène par les algues est
impossible en présence d’oxygène, alors que la photosynthèse dont nous avons besoin pour entraîner le
processus, en fabrique l’oxygène justement.

Par conséquent, nous avons manipulé le système génétique de la microalgue de manière à pouvoir
découpler la production d’hydrogène en deux phases distinctes. Au cours de la première, la photosynthèse a
lieu et la microalgue produit de l’énergie, stockée sous forme d’amidon. Dans la seconde, on bloque
artificiellement la photosynthèse ce qui entraîne une réduction rapide du taux d’oxygène ambiant. Les
conditions deviennent anaérobiques et les microalgues commencent à produire de l’hydrogène (Figure 12).
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Figure 12  : processus de photosynthèse pour la production de l’hydrogène (Gilles Peltier, 2013)

La production d’hydrogène biologique implique l’utilisation des microalgues dans un bioréacteur. La


méthode courante est la bio-photolyse. L’avantage de la bio-photolyse est qu’il n’est pas nécessaire
d’ajouter du substrat en tant que nutriments. L’eau est le principal donneur d’électrons nécessaires à la
production d’hydrogène gazeux. La lumière du soleil et le CO2 sont les intrants de base nécessaires à la
croissance de microalgues par bio-photolyse via l’enzyme hydrogénase. Les photobioréacteurs ont été
conçus pour obtenir une multiplication rapide et économique et une densité élevée de la culture de
microalgues.

Le Dr. Yiftach Yacoby, a réussi à concevoir une microalgue produisant 5 fois plus d’hydrogène et
capable de fournir suffisamment d’énergie pour faire fonctionner les voitures et les vélos électriques
(Georges Simmonds, 2016). Selon les chercheurs, les algues unicellulaires, du type de celles qui se
multiplient dans les réservoirs d’eau stagnante, émettent de l’hydrogène pendant toutes les heures de la
journée et constituent une source d’énergie potentielle beaucoup plus importante qu’on ne le supposait
jusque-là. “L’hydrogène est une source d’énergie qui présente d’énormes avantages”, explique le Dr.
Yacoby. “Tout d’abord, son contenu énergétique est énorme : 5 kg d’hydrogène suffisent pour faire rouler
une voiture sur plus de 500 km, et un vélo électrique n’en consomme que 30 grammes pour plus de 100
kilomètres ! D’autre part, l’hydrogène n’est absolument pas polluant : le fonctionnement d’une pile à
combustible alimentée de cette manière ne génère que de la vapeur d’eau et son échappement rejette de l’eau
potable !”.

II-2-2-Application du biohydrogène  :
Les applications du biohydrogène (H2) sont multiples. En plus du stockage d’énergie, il peut être
utilisé dans les piles à H2 qui alimentent les voitures, cars, bus, avions, vélos, bateaux. Peut être utilisé
également en gaz pour alimenter les chaudières à H2, dans l’alimentation et par d’autres industries telles que
l’aérospatial (carburant de fusée), dépollution de sables bitumineux, le traitement de combustibles fossiles
(hydrocracking) et la production d’ammoniaque (surtout pour le marché de fertilisants).

 Applications chimiques  :
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Engrais chimiques, métallurgie, électronique, chimie, verrerie, alimentation…etc.


Chaque année, plus de 60 millions de tonnes d’hydrogène sont consommés dans le monde, ce qui
équivaut à ¼ du méthane produit.  95% sont utilisés par le producteur et 5% commercialisés. La production
augmente de l’ordre de 10% par an.
 Transport  :
Les voitures à H2 sont des voitures électriques munies de pile à combustible qui produit l'électricité
au sein de la voiture grâce à une réaction entre l’hydrogène injecté dans la pile à combustible (FCH) et
l’oxygène aspiré de l’air. Le plein d’hydrogène est fait en 3 min.
Véhicules, bateaux, charriots remonte-charge, bus, trains, etc.

Dès 2015, les entreprises japonaises comme Toyota et Hyundai ont commencé à produire en série
des véhicules électriques alimentés par de l’hydrogène gazeux. Des bicyclettes électriques ont été converties
à l’hydrogène ; des stations de ravitaillement en hydrogène sont en cours de construction au Japon, en
Scandinavie, en Allemagne et en Californie et les scientifiques du monde entier sont à la recherche de
méthodes efficaces et accessibles pour produire de l’hydrogène à grande échelle.

 Stockage de l’énergie électrique :


L’électricité ne peut pas être stockée, cette énergie est gaspillée. Pour éviter ce gaspillage, l’excédent
d’électricité produit par les éoliennes ou les panneaux solaires peut être utilisé pour produire de l’hydrogène
qui est stockable. Cet hydrogène peut servir de carburant pour les voitures électriques à piles à combustible
(FCEV) ou pour chauffer des bâtiments. A terme, quand la technologie sera moins coûteuse, l’hydrogène
stocké pourra être reconverti en électricité à l’aide de piles à combustible et réinjecté dans le réseau
électrique lors de pics de demande créant ainsi un « tampon énergétique ». 

 Chauffage  :
Il existe dans le marché, des chaudières à l’hydrogène qui ne produisent pas de pollution secondaire
En termes de matières polluantes, les 2 l de gasoil consommés par heure pour une chaudière thermique
conventionnelle produisent plus de 5 kg de CO2 + des NOX + des benzopyrènes et des particules fines.
Cependant, le coût de l’utilisation de l’H2 est aujourd’hui plus du double de l’utilisation du mazout.

II-3-La biométhanisation  :
La méthanisation est un processus de digestion anaérobie transformant les matières organiques en
biogaz. Ce dernier contient environ 60% à 70% du biométhane, le reste étant principalement du CO2, qui
peut être recyclé pour la production des microalgues (figure 13).
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Figure 13  : processus de digestion anaérobie pour la production du biogaz (Ahmed Mahdy, 2014)

L’idée de recycler le CO2 généré par l’industrie comme ressource de carbone pour la production de
microalgues, car il est nécessaire pour leur développement, puis de les méthaniser pour obtenir du biogaz est
une alternative originale qui permet de s’abstraire des contraintes présentées par d’autres processus de
transformation de la biomasse.

Les microalgues sont cultivées dans des photobioréacteurs, elles se concentrent par décantation
naturelle puis sont éventuellement centrifugées. Le flux de microalgues concentrées est ensuite injecté dans
un digesteur anaérobie. La production du méthane ainsi obtenue peut être utilisée en tant que biocarburant
dans les moteurs à combustion.

On distingue deux types de déchets que l’on peut méthaniser avec les microalgues : 

 Les effluents liquides :


 Les eaux résiduaires, urbaines ou industrielles ; 
 Les effluents d'élevage (lisiers) ;
 Les boues d'épuration qui sont souvent des boues mixtes composées des boues primaires et
des boues biologiques. Les boues primaires sont les dépôts récupérés par une simple
décantation des eaux usées et les boues biologiques sont principalement constituées de corps
bactériens et de leurs sécrétions ;
 Les effluents agro-alimentaires. 

 Les déchets solides organiques :


 Les déchets industriels : déchets de transformation des industries végétales et animales ;
 Les déchets agricoles : substrats végétaux solides, déjections d'animaux ;
 Les déchets municipaux : journaux, déchets alimentaires textiles, déchets verts, emballages,
sous-produits de l'assainissement urbain.

Les principaux avantages du procédé de biométhanisation sont :


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 L’utilisation de la biomasse humide, réduisant ainsi la nécessité du séchage, et la possibilité de


recycler les nutriments contenus dans la biomasse digérée à l’état liquide et solide.
 Les principaux produits de la décomposition anaérobie sont le méthane, très énergétique, et le
dioxyde de carbone. Les deux sont des gaz, par conséquent ils se séparent de la matière liquide
et forment ainsi du biogaz.
 Ce biogaz peut ensuite être utilisé dans une unité de cogénération (production d'électricité et de
chaleur) ou réinjecté dans le réseau, brûlé en chaudière ou utilisé comme carburant, dans des bus par
exemple, ou dans une unité de purification (production du biométhane).
 L'électricité, la chaleur et le biométhane peuvent ensuite alimenter des réseaux de distribution
locaux.

  Le biométhane fabriqué dans l'usine de valorisation de gaz a exactement les mêmes propriétés que le
gaz naturel, étant tout aussi flexible dans son utilisation et plus facile à stocker que d'autres sources
d'énergie. De plus, il est renouvelable.

II-4-Les technologies thermochimiques  :


Les technologies thermochimiques de conversion de la biomasse sont en principe relativement plus
simples que les précédentes. Le traitement biologique des matières organiques des microalgues possède un
avantage de ne pas impliquer les organismes vivants, des conditions extrêmes peuvent alors être utilisées.
Ces technologies se distinguent principalement par la quantité relative d’oxygène qu’elles utilisent, le mode
de chauffage de la charge ainsi que par la composition chimique de leurs rejets. La figure ci-dessous,
présente les principales voies thermochimiques et les particularités qui les caractérisent (figure 14).

Figure 14 : Voies de conversion thermique (François Doré-Deschênes, 2009)

II-4-1-Les principales voies de conversion thermique  :


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L’approche par combustion directe est la technique la plus simple de conversion énergétique. Elle
consiste à incinérer le plus efficacement possible la totalité de la biomasse après en avoir retiré une quantité
suffisante d’humidité et en fournissant à la charge tout l’oxygène nécessaire à sa combustion, plus un certain
excédant.

La chaleur récupérée peut produire de la vapeur pour activer des turbines et générer de l’électricité ou
servir dans, d’autres procédés. L’extraction de l’eau est une étape importante, car l’évaporation de l’eau
résiduelle absorbe beaucoup d’énergie durant la combustion. La simplicité de cette approche peut parfois
compenser la baisse de rendement causée par l’humidité résiduelle de la biomasse destinée à être brûlée. Le
séchage solaire est une option à considérer selon les conditions climatiques moyennes prévalentes.

La combustion directe est le mode de conversion énergétique le plus répandu. Il est Particulièrement
utilisé pour la valorisation énergétique de déchets domestiques et industriels.
Son utilisation est aussi considérée pour alimenter des centrales électriques ou de cogénération. Le charbon
bon marché reste le principal combustible des centrales électriques ce qui entrave le développement de cette
voie pour la biomasse microalgale (François Doré-Deschênes, 2009).

La gazéification et la pyrolyse, sont exécutées en conditions de défaut d’oxygène. Un manque partiel


d’oxygène caractérise la gazéification. Toutefois, la pyrolyse se distingue par une absence totale d’oxygène
associée à l’addition d’une source indirecte de chaleur (Julie PERSON, 2010).

La pyrolyse a pour principe la décomposition chimique d'une substance condensée sous l’action de la
chaleur. Elle ne fait pas intervenir de réactions avec de l'oxygène ou tous autres réactifs. Le traitement
thermochimique des algues, ou de toute autre biomasse, peut avoir pour résultat une vaste gamme de
produits, selon les paramètres de la réaction. Le rendement en produit liquide tend à favoriser les courtes
durées de séjour, des taux de chauffage rapides, et des températures modérées. La pyrolyse a un avantage
majeur sur les autres méthodes de conversion, du fait qu’elle soit extrêmement rapide, avec des temps de
réaction de l'ordre de quelques secondes ou minutes.

La gazéification est un procédé qui permet de convertir des matières carbonées, comme le charbon, le
pétrole, ou de la biomasse, en monoxyde de carbone et en hydrogène par réaction de la matière première
avec une quantité contrôlée d'oxygène à des températures très élevées.

Le mélange carboné obtenu, appelé syngaz, est lui-même un carburant. La gazéification est méthode
très efficace pour l'extraction d'énergie à partir des différents types de matières organiques, et trouve
également des applications dans l'élimination des déchets verts.

La gazéification de la biomasse microalgale peut constituer une façon extrêmement flexible pour
produire différents combustibles liquides, principalement en passant par la synthèse de Fischer- Tropsch
(FTS) ou la synthèse d'alcools mélangés à du syngaz en résultant. La synthèse d'alcools mélangés utilisant la
gazéification de la lignocellulose est un procédé relativement mature, et il est raisonnable de s'attendre à ce,
qu’une fois le problème de la teneur en eau réglée, la gazéification des algues pour l’obtention de ces
biocarburants soit relativement simple. La synthèse de Fischer-Tropsch est aussi une technologie
relativement mature où les composants du syngaz (CO, CO 2, H2O, H2, et impuretés) sont nettoyés et
améliorés par un changement eau gaz et une hydrogénation du monoxyde de carbone (CO) pour obtenir des
carburants liquides utilisables.

Ces technologies particulièrement utilisées dans la valorisation des déchets sont complexes et
dispendieuses mais plusieurs projets sont financièrement rentables.
 La figure ci-dessous, résume les applications des microalgues et les principales options de
transformation de la biomasse microalgale en bioénergies.
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Figure 15  : Principales options de transformation de la biomasse microalgale


(François Doré-Deschênes, 2009)

III-Performance énergétique des bâtiments  :


Le concept de biofaçade, mettant en œuvre des photobioréacteurs de culture de microalgues sur les
parois de bâtiments (usines, immeubles de travail ou d’habitation) en symbiose énergétique et chimique avec
le bâtiment hôte (figure 16).
Avec la belle couleur verte des algues, le choix d'implanter des biofaçades relève d'intérêts économiques
et énergétiques. On parle de "symbiose énergétique" entre le bâtiment et la culture de microalgues.
Plusieurs bénéfices sont attendus notamment sur le plan énergétique, à commencer par un effet d'isolation
externe. Mais ce sont bien les échanges thermiques entre le bâtiment, le photobioréacteur et l'environnement
qui sont prédominants dans l'intérêt écologique du système.
Pour être clair, s'il fait très ensoleillé, le photobioréacteur va jouer un rôle de captation du rayonnement
solaire et donc atténuer l'échauffement du bâtiment, en particulier si ce photobioréacteur vient remplacer des
parois vitrées. Au contraire, si l'atmosphère extérieure est froide, les déperditions du bâtiment vont servir à
réchauffer le photobioréacteur, valorisant en quelques sortes une énergie perdue et fatale, ce qu’on appelle la
synergie entre le bâtiment et le photobioréacteur.
APPLICATION ET INTERET DES MICROALGUES
CHAPITRE II DANS LA PRODUCTION DE L’ENERGIE

Figure 16  : Culture de microalgues sur les façades des bâtiments


(http://www.formule-verte.com/microalgues-pilote-en-vue-pour-le-projet-symbio2/)

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