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Hebdomadaire international

Présidentielles,

et référendums...
législatives, locales

L’Afrique sera-t-elle
plus démocratique ?
2016
LES ELECTIONS
ANNEE DE TOUTES
Parce que l’information a de la valeur
N° 341 - 28 janvier au 3 février 2016
EXCLUSIF SARA ABBAS, CHEF BUREAU OIM PARIS

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : ABDERRAZZAK SITAIL

SOMMAIRE

LES AFRIQUES Parce que l’information a de la valeur

N° 341 - 28 janvier au 3 février 2016

EDITORIAL
Elections, un tournant pour l’Afrique 04 2016, Année de toutes
BAROMÈTRE les élections
L’africaine Biopharm, géant des produits cosmétiques,
est en train de réussir un vaste déploiement industriel Cette année, dans pas moins de 22
en Côte d’Ivoire 06 pays du continent africain, vont se
BRUITS DE MARCHÉ dérouler, de janvier à décembre, des
Bénin : L’homme d'affaires Sébastien Adjavon candidat élections présidentielles,
à la présidentielle 08
législatives, locales, sénatoriales...
ARRÊT SUR IMAGE
Des éléments des forces de l'ordre du Burkina Faso
Le cas est plutôt rare pour ne pas
supervisent l'évacuation au Splendid hôtel et au être traité, mais surtout l’Afrique
restaurant Cappuccino 12 confirme son choix pour la
VERBATIM 14 démocratie. 42-63

BANQUES & ASSURANCES

SENEGAL-BDK La DG Anta Dioum
et le PCA Mamadou Seck jettent l'éponge 16
Sénégal-BDK La DG Anta
ASSURANCES Dioum et le PCA Mamadou
40ème assemblée générale annuelle de la Fanaf 17 Seck jettent l'éponge
BOURSES & FONDS
Le Cameroun envisage de lever 270 milliards Six mois après son démarrage, la BDK
de f CFA sur le marché de la BEAC 18 n'a pas fini de révéler ses secrets.
TUNISIE LEASING Nouvelle rallonge de Proparco 20 Après 6 mois aux commandes, la
ENTREPRISES & MARCHÉS Sénégalaise Anta Dioum, DG, et le
PETROLE BRUT Scenarii d'un baril PCA, Mamadou Seck, ont démissionné
entre 10 à 60 $, impacts sur l'économie algérienne 22
DAKAR
le 21 janvier, avec fracas. Retour sur
Appui de la BAD au lancement de Diamniadio Valley 24 les dessous d'un puzzle. 16
NIGER Sopamin, un bon cru en 2015 25
INVESTISSEMENTS Africa2016, forum international à
Sharm El-Sheikh, en février 26 Interview Ibrahim T. Konaté
AFRIQUE DU SUD Dégringolade du rand 27 Côte d’Ivoire Développer
CÔTE D’IVOIRE Percée des entreprises marocaines 28
MALI Mamou Daffé,
l’agriculture grâce aux TIC
nouveau sherpa d’Arterial Network 29
INTERVIEW IBRAHIM T. KONATÉ Côte d’Ivoire : En Côte d’Ivoire, une synergie est en
Développer l’agriculture grâce aux TIC 30 marche entre les nouvelles
POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE technologies et l’agriculture. Ibrahim
AFRIQUE AU SUD DU SAHARA 2016 en chiffres 32 T. Konaté nous parle de ce qui a
BURKINA FASO donné naissance au projet «e-
Raid meurtrier d’Aqmi à Ouagadougou 34 agriculture» qui devrait permettre de
RCA Elections générales, vers un second tour 35 booster le secteur agricole. 30-31
CÔTE D’IVOIRE Nouveau gouvernement Duncan 36
EBOLA OMS annonce la fin de l’épidémie en Afrique 37
CAMEROUN-CONGO Le Japon finance la construction
d’une route intracommunautaire 38 Interview Sara Abbas «Chaque
GABON L’économie numérique État peut faire mieux»
comme rampe de développement 39
L'avenir du Bassin du Niger au menu Avec les crises migratoires successives
de la Conférence des chefs d'Etat 40 que traverse la planète, nombre d’États
et d’organisations non gouvernementales
DOSSIER
2016, Année de toutes les élections 42 tentent de se mobiliser sur cette
question. C’est le cas de l’OIM
RELATIONS INTERNATIONALES (Organisation internationale des
INTERVIEW SARA ABBAS migrations) qui possède 400 bureaux à
«Chaque État peut faire mieux» 64 travers le monde, dont un à Paris.
PIED DE LETTRE Rencontre avec Sara Abbas, la chef du
Combat contre la malnutrition des enfants 66 bureau de la capitale française. 64-65

28 janvier 2016 Les Afriques .3

ÉDITORIAL

Abderrazzak Sitaïl,
Directeur de Publication

Elections,
un tournant pour l’Afrique

L
’Afrique des années 70 a pris un
retard important dans la mise en
place de systèmes démocratiques et
efficients. Nous en connaissons tous
les raisons : une décolonisation par
étapes, des dirigeants corrompus et 50 ans, à une volonté de dirigeants politiques
une élite politique à construire. Certes, de d’utiliser toutes les possibilités juridiques et
grands hommes ont tenté d’accélérer l’Histoire, constitutionnelles pour se maintenir au pouvoir.
notamment Patrice Lumumba, Kwame Certains ont réussi, d’autres ont vu leur peuple
Nkrumah, Thomas Sankara, Léopold Sédar se dresser devant eux. J’écrivais déjà dans le n°
Senghor, Houphouët Boigny… L’influence 299 du magazine du 23 au 29 octobre 2014 : «27
française et les intérêts néocoloniaux n’ont pas ans, n’est ce pas trop ?».
aidé à libérer les énergies de certains peuples, 2016 sera un tournant pour une majorité de
dont l’appétit pour la liberté était incroyable. pays d’Afrique. Une succession d’élections de
Qu’en reste-t-il ? toutes sortes va nous donner l’exacte
De bonnes nouvelles, avec un taux de croissance température de la santé de ces démocraties en
inimaginable, il y a encore 10 ans, une prise de puissance. Les dirigeants africains ont un
conscience planétaire d’un continent à fort rendez-vous avec l’Histoire et leur propre
potentiel, et effectivement une jeunesse prête à histoire. C’est à eux de choisir entre leurs
se battre pour la mondialisation. ambitions personnelles et l’avenir de leur
Malheureusement, nous assistons depuis plus de peuple.

LES AFRIQUES Parce que l’information a de la valeur

Rédaction
Olivier Tovor, Lomé, Rudy Casbi, Paris, François Bambou,
Yaoundé, Mohamed Masmoudi, Casablanca, Carlos Laye,
Bordeaux, Abdel Malik (AEM), Dakar, Mohamedou
Mehdi Derraz, Afrique de l’Ouest
m.derraz@lesafriques.com
Hayat Nouiouira, Afrique du Nord
h.nouiouira@lesafriques.com
Groupe Les Afriques Edition & Communication Ndiaye, Dakar, Daouda MBaye, Casablanca, Ibrahim Sou- Razan Khalil, Europe
leymane, Casablanca. r.khalil@lesafriques.com
SA au capital de 2’657’600.- CHF
Siège Social : Rue du Cendrier 24 - 1201 Genève Suisse Responsable e-Marketing
Comité Scientifique
François Konan, New York. Politiques économiques. Khalid Essajidi
Président Administrateur Délégué
Abderrazzak Sitaïl Philippe Bourgeois, Paris. Matières premières et coton. Responsable Abonnement et Distribution
Hasnae Elmadani
Révision h.elmadani@lesafriques.com
Les Afriques Edition & Communication Europe Hassan Radi
SARL au capital de 160.000 € Publicité
75, avenue Parmentier, 75544 Paris Cedex 11 Responsable Artistique : Mouhcine El Gareh commercial@lesafriques.com
Maquettiste : El Mahfoud Ait Boukroum Base de données
Les Afriques Communication & Edition Maghreb Mokhtar Lasmar
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Tél : +212 522 233 477 - Fax : +212 522 233 501 Mohamedou Ndiaye, Dakar Diffusion
Presstalis, Sochepress,
Chroniqueurs Royal Air Maroc, SN Brussel.
Directeur de la Publication François Konan, New York. Economie. Impression
Abderrazzak Sitaïl Philippe Bourgeois, Paris. Matières premières et coton. Rotimpres, Aiguaviva (Spain).
Dépôt légal : novembre 2010
Rédacteur en chef exécutif Directeur Développement et Marketing Edition internationale
Daouda MBaye Libasse Ka Commission paritaire : 1017 C 89135
daouda.mbaye@lesafriques.com libasse.ka@lesafriques.com Edition Maroc
B.O.N°5618-26 rabii 1429 (3-4-2008)
Rédacteur en chef délégué : Ismaïla Aidara, Uemoa. Responsables développement Crédit photos
Rédacteur en chef : Achille Mbog Pibasso, CEMAC. AFP, DR
Mohammed Karim Berraoui, Afrique de l’Ouest © Reproduction interdite sans l’accord écrit de l’éditeur
Grand reporter : Rodrigue Fenelon Massala. mk.berraoui@lesafriques.com

L’ACTUALITÉ AFRICAINE ET INTERNATIONALE SUR : LESAFRIQUES.COM /LESAFRIQUES @LESAFRIQUES_COM

4 Les Afriques . 28 janvier 2016

BAROMÈTRE

Chiffres
1 000
MILLIARDS
Pierre Goudiaby Atepa D’EUROS Joseph Kabila
Le président du conseil d’administration de la En RDC, on accuse vertement le président Jo-
Bourse régionale des valeurs mobilières d’Abid-
Prêts difficiles ou seph Kabila et l’opposant Étienne Tshisekedi de
jan (BRVM) a de quoi être fier de l’institution fi- impossibles à rembourser, tentatives de louvoiement pour conserver le
nancière ouest-africaine ayant pignon sur rue à émis entre 2009 et 2014 pouvoir. L’homme fort de Kinshasa est accusé
Abidjan. A la suite de road-shows réussis en Eu- par les banques dans de multiplier des actes inacceptables d’intimi-
rope et en Amérique, la bourse ouest-africaine a l’Union monétaire dation, de manipulation et de provocation pour
été récemment désignée par les professionnels européenne, et qui détourner les nobles objectifs préconisés par le
bourse la plus performante d’Afrique devant préoccupent la BCE dialogue politique annoncé.
celle du Botswana et d’autres grandes places fi-
nancières du continent.
32
MILLIARDS DE
DOLLARS
Avoirs bloqués que l’Iran
va récupérer avec la fin
des sanctions
Francis Nana Djomou
EN FORME

L’africaine Biopharm, géant des produits cos-

métiques, est en train de réussir un vaste dé- 1,18 Koffi Olomidé
A la suite d’un spectacle avorté prévu à Abid-

EN PANNE
ploiement industriel en Côte d’Ivoire, au Nigéria, MILLIARD DE jan, la vedette congolaise de la chanson, Koffi
en RD Congo, en Angola et probablement en Olomidé, a quitté avec fracas la capitale ivoi-
TOURISTES
Afrique du Sud : c’est l’ambition de son boss, rienne pour rallier Kinshasa. La star a laissé ses
Francis Nana Djomou, consacré actuellement Dans le monde en 2015, musiciens et danseuses en rade dans un hôtel
leader du marché camerounais des cosmétiques. soit + 4,4%, mais +8% abidjanais. Ces derniers sont restés à la merci
Il exporte dans une vingtaine de pays, où il réa- en Afrique du Nord et des organisateurs qui ont signifié à l’hôtelier
lise environ 60% de son chiffre d’affaires (18,3 +1% en Afrique que la prise en charge ne pourrait continuer à
millions d’euros lors du dernier exercice). Mieux, au sud du Sahara la suite du départ de la star.
Biopharm entend s’attaquer au segment des pro-
duits capillaires, très convoité.
70
MILLIONS
D’EUROS
Montant à débourser par
les opérateurs tunisiens
pour la 4G, soit 45
Esdras Ndikumana milliards de f CFA
L'Association de la presse diplomatique en Yaya Touré
France a remis un prix il y a quelques jours à
Esdras Ndikumana à l'occasion des vœux du 60 Ballon d’or africain lors des quatre dernières
éditions, le capitaine de l’équipe nationale
ministre des Affaires étrangères, Laurent Fa- MILLIARDS ivoirienne de football s’est signalé cette année
bius. Le journaliste burundais, qui vit actuelle- par une attitude de mauvais perdant. Il a vive-
ment en exil au Kenya, a été récompensé pour
DE DH ment critiqué le choix pourtant justifié du Ga-
sa couverture de la crise au Burundi en tant Recettes attendues bonais Pierre Emerick Aubameyang en jetant
que correspondant du RFI et de l'Agence du tourisme au Maroc l’opprobre sur la Confédération africaine de
France Presse (AFP). à fin 2016, soit +2% football (CAF).

6 Les Afriques . 28 janvier 2016

Rebond du cuivre Agenda
Le cours du cuivre a rebondi, la semaine dernière, dans l'espoir
de nouvelles mesures de relance de l'économie chinoise. En Abidjan :
effet, pour de nombreux analystes, la Chine va devoir prendre 4ème édition d’Africa CEO Forum,
de nouvelles mesures pour faire repartir sa croissance, suite à les 21 et 22 mars 2016
la confirmation d'un ralentissement de la croissance chinoise,
La 4ème édition d’Africa CEO Forum, le plus
à +6,9% pour l'ensemble de l'année 2015, après 7,3% l'année
grand rendez-vous international des déci-
précédente. La livre du métal rouge gagnait alors 2,4% pour
deurs et financiers du secteur privé, sera
s’établir à 1,987 $.
organisée les 2 et 22 mars prochain à Abi-
jan, en Côte d’Ivoire.
Les Bourses plombées par la chute Contact : www.theafricaceoforum.com.
des cours du brut
L’érosion continue de l'or noir et les in-
quiétudes persistantes sur l'état de santé de Addis-Abeba :
l'économie mondiale ne cessent d’impacter
les places financières. En milieu de semaine Sommet Afrique aide et
dernière, à Tokyo, l'indice Nikkei a plongé développement international,
de 3,7%, tombant au plus bas en 15 mois. les 2 et 3 février 2016
Si la chute a été moins forte en Europe, les
Bourses de Paris et Francfort n’en ont pas Le sommet Afrique aide et développement
moins décroché de plus de 2%, tandis que international, qui sera tenu au Centre de
Londres, dans le sillage des marchés asia- conférences des Nations unies, se focali-
tiques, a cédé près de 2%. sera sur les moyens et les innovations
technologiques pour améliorer les straté-
gies de développement en Afrique.
Quand le surplus d’offre pénalise l’or noir Inscriptions : www.africa.aidforum.org.
Après la levée des sanctions économiques et financières qui le
frappaient, l'Iran arrive en force sur le marché. L'Iran produit ac-
tuellement 2,8 millions de barils par jour et en exporte un peu plus Marrakech :
d'un million, et le pays insiste sur le fait qu'il a la capacité d'aug- 11ème édition de Cartes Afrique,
menter sa production de 500 000 barils par jour. En outre, dans
son dernier rapport mensuel sur le pétrole, l'Agence internationale les 24 et 25 mars 2016
de l'énergie (AIE) soutient que le marché pétrolier est confronté à La 11ème édition de Cartes Afrique, le ren-
la perspective d'une 3ème année consécutive où l'offre dépassera dez-vous annuel des professionnels de la
la demande de 1 million de barils par jour. carte, des moyens de paiement et de l’iden-
tification du mobile en Afrique, se tiendra
les 24 et 25 mars prochain au Palmeraie
Cours des monnaies et devises Golf Palace.
Contact : www.i-conferences.org
100 dinars Algérie (DZD)= 0,930 $ 100 nairas Nigéria (NGN) = 0,502 $ Tel. : 00212522369515.
100 rands Af. du Sud (ZAR) = 5,932 $ 100 shillings Somalie (SOS) = 0,162 $ Email : klaraqui@sp.ma.
100 kwanzas Angola (AOA) = 0,643 $ 100 leones S. Leone (SLL) = 0,024 $
100 livres Egypte (EGP) = 12,768 $ 100 dinars Tunisie (TND) = 49,055 $
100 birrs Ethiopie (ETB) = 4,71 $ 100 shillings Tanzanie (TZS) = 0,045 $
100 cedis Ghana (GHS) = 25,078 $ 100 shillings Ouganda (UGX) = 0,028 $ Casablanca :
100 shillings Kenya (KES) = 0,977 $ 100 francs Zone CFA = 0,166 $
100 dollars Libéria (LRD) = 1,171 $
2ème édition du «Carrefour
100 dirhams Maroc (MAD) = 10,119 $ africain», le 2 avril 2016
100 ariarys Madag (MGA) = 0,031 $ Le forum du recrutement en Afrique réci-
100 ouguiyas Maurit (MRO) = 0,326 $ dive. Après le succès qu’a connu la pre-
100 roupies Maurice (MUR) = 2,764 $ mière édition de ce forum d’emploi en
100 kwachas Malawi (MWK) = 0,141 $ juin 2015, l’événement ambitionne de de-
100 kwachas Zambie (ZMW) = 8,874 $ venir la plateforme incontournable pour
100 dinars Libye (LYD) = 73,239 $ le recrutement en Afrique.
100 dollars Namibie (NAD) = 5,93 $ Inscriptions au : +212537683614.

28 janvier 2016 Les Afriques .7

BRUITS DE MARCHÉ

Guinée : 1 milliard 500 millions de dollars

pour un barrage hydroélectrique
Pour un coût estimé à plus d'un milliard 500 millions de $, le
président guinéen Alpha Condé accompagné de son homo-
logue de la Gambie a lancé, le 9 janvier 2016, les travaux de
construction du barrage hydroélectrique de Souapiti (2ème
grand ouvrage), d'une capacité de 515 Mwt. La durée du
contrat est de 58 mois. Situé à 170 km au nord-ouest de la Gui-
née, l'ouvrage sera réalisé par l’entreprise chinoise China Inter-
national Water & Electric Corporation (CWE). «Il est important
que l'Afrique cesse d'être pourvoyeur de matières premières pour
transformer ses matières premières tant agricoles que minières sur
place», a en croire le Chef de l’Etat guinéen qui avait à se côtés le
Président gambien Yaya Jammeh.

La Côte d'Ivoire préside le Fonds Engie choisit la Côte d'Ivoire comme

mondial pour les produits de base
La Côte d'Ivoire préside désormais le Fonds commun pour
les produits de base (FCPB). L'élection a été faite lors de la
27ème réunion annuelle du Conseil des gouverneurs tenue à
La Haye (Pays-Bas). Au cours de cette session annuelle, deux
points essentiels étaient à l'ordre du jour : l'élection du Di-
recteur Général du FCPB et le renouvellement des organes
de l'Institution. Aly Touré, Représentant Permanent de la
Côte d'Ivoire auprès des Organisations Internationales de
Produits de Base et par ailleurs Gouverneur Suppléant, a été
élu à l'unanimité comme Président du Conseil des Gouver-
neurs pour l'année 2016. Il succède à S.E. Elizabeth-Sophie
Mazzella Di Bosco Balsa, gouverneur Suppléante auprès du
FCPB pour le Brésil. Le poste du Directeur Général a été
confié à Parvindar pour présider aux destinées de l'institu-
tion. Le FCPB existe depuis 1989 et qui est composé de 104
pays-membres. Il est un organisme intergouvernemental de
financement de Produits de Base, dont sont tributaires les
pays en développement. Il s'agit par conséquent d'un instru-
ment d'éradication de la pauvreté auquel la Côte d'Ivoire a
adhéré depuis le 29 octobre 1996.
Parvindar Singh, Directeur Général du Fonds commun
pour les produits de base
8 Les Afriques . 28 janvier 2016
porte d'entrée en Afrique de l'Ouest
Pour sa première implantation en Afrique de l'Ouest,
Engie (ex-GDF Suez) a choisi la Côte d'Ivoire selon ses diri-
geants. À partir du 1er janvier de l'année en cours, le nou-
veau bureau, dirigé par Philippe Miquel (jusqu'ici
responsable de projets GNL à Yaoundé) et essentiellement
composé de développeurs, sera chargé de «sourcer» de
potentiels investissements dans la sous-région. Cette ins-
tallation s'inscrit dans une stratégie plus large : Engie
lance une business unit consacrée à l'Afrique, où il veut
devenir un acteur majeur dans 5 à 10 pays.
Démission fracassante du ministre
ghanéen de l'Électricité
Jusque-là ministre ghanéen en charge de l'Ectricité, Kwa-
bena Donkor a démissionné de son poste le 31 décembre
2015. Une décision qui, selon les services de la communi-
cation du palais présidentiel d'Accra est intervenue à la
suite de discussions avec le président John Dramani Ma-
hama, organisées la veille. Ce même jour, le ministère de
l'Électricité avait publié un communiqué annonçant la fin
du Dumsor. Ce terme, tiré de l'ashanti et peut être traduit
par « éteindre/allumer », est devenu très populaire dans le
pays et désigne les délestages intempestifs qui affectent le
Ghana sur toute l'étendue de son territoire. En février
2015, Kwabena Donkor s'était officiellement engagé à dé-
missionner si cette crise électrique n'était pas résolue
avant la fin de l'année.
FAO : Importations afri- Bénin : L’homme d'affaires Sébastien Adjavon
caines de riz en baisse candidat à la présidentielle
d’un million de tonnes L'homme d'affaires béninois Sébastien Adjavon a officiellement présenté
Le tout dernier rapport de la FAO inti- sa candidature à la présidentielle de février lors d'un meeting grandiose
tulé «Suivi du marché du riz» a révélé organisé à Cotonou. Le doute sur ses intentions planait depuis plusieurs
que les exportations de cette matière à mois. Dans l'après-midi du dimanche 3 janvier, l'homme d'affaires et
destination de l’Afrique ont atteint la président du patronat béninois Sébastien Adjavon s'est officiellement
barre des 14,3 millions de t, soit une porté candidat à l'élection présidentielle dont le premier tour doit avoir
baisse d’un million de tonnes due à la lieu le 28 février prochain. Devant plusieurs milliers de personnes ras-
faiblesse des monnaies nationales et à semblées au stade Mathieu Kérékou de la capitale économique béni-
des politiques volontaristes d’autosuf- noise, Sébastien Ajavon a plaidé pour une gouvernance «débarrassée de
fisance en riz. Le commerce internatio- toute forme de corruption». Dans son discours, il a notamment fait état de
nal du riz a connu un fléchissement de la lutte contre le chômage sa priorité ou a encore défendu le droit de ses
l’ordre d’un million de tonnes. Résul- compatriotes à bénéficier d'un égal accès à l'électricité. «L'homme que je
tat, les estimations font état d’impor- suis refuse l'inaction», a souligné Sébastien Ajavon, avant de conclure :
tations de 44,7 millions de t de riz «Nous ne pouvons rester les bras croisés face à l'ampleur des tâches qui dé-
blanc, ce qui représente 2% de moins fient notre pays. Aussi importantes que soient les difficultés, elles demeurent
que le record enregistré en 2014. encore surmontables».

Uemoa : Un taux de Cameroun : 24 millions d'euros de La Chine accorde 60 milliards

croissance estimé à 6,6%
pour l'exercice 2015
L'activité économique a été bien orientée
en 2015, ont reconnu les huit chefs d'Etat
des pays de l'Union économique et moné-
taire ouest-africaine (Uemoa) qui étaient
en conclave le 9 janvier 2016 à Cotonou,
au Bénin. En 2015, le taux de croissance
de l'Union est à 6,6% grâce à une hausse
exponentielle des productions agricoles
et industrielles ainsi qu'au dynamisme du
secteur stratégique du BTP à la faveur des
investissements publics et privés. De
nombreux chantiers de l'Union qui re-
groupe huit pays ouest-africains, sont en
bonne voie selon le conseil des ministres.
Il s'agit notamment des engagements pris
au cours de la conférence de Dubaï qui
s'est tenue en septembre 2014.Ces déci-
sions devraient aboutir à la création d'un
fonds fiduciaire multi-donateurs d'appui
au financement des entreprises. L’Uemoa
attend respectivement des financements
de l'UE (1,2 milliard d'€) et du Japon (près
de 11 milliards d'€).
la BAD pour la centrale de Kribi
La Banque africaine de développe-
ment (BAD) a décidé d'octroyer 24 mil-
lions d'€ au Cameroun pour
l'extension de la célèbre centrale élec-
trique de Kribi. Ce montant n'est
qu'une partie des 140 millions d'€ de-
vant permettre à Kribi Power Develop-
ment Corporation (KPDC) d'ajouter 125
mégawatts supplémentaires à la cen-
trale à gaz, dont la capacité sera alors
portée à 341 MW. Le conseil d'adminis-
tration de la BAD a approuvé, le 17 dé-
cembre à Abidjan, un prêt de 24
millions d'euros (15,74 milliards de f
CFA) à Kribi Power Development Cor-
poration (KPDC), filiale de Globeleq,
pour l'extension de la centrale ther-
mique à gaz de Kribi, au sud du Came-
roun. Le projet Kribi II, d'un montant
de 140 millions d'€ (près de 92 mil-
liards de f CFA), vise à ajouter 125 mé-
gawatts (MW) supplémentaires, pour
porter la capacité totale de la centrale
à 341 MW. Il permettra de faire face au
déficit énergétique du Cameroun es-
timé à 100 MW, tandis que la demande
croît annuellement de 8%, et ce
jusqu'en 2035. En 2011 déjà, la banque
avait accordé 30 millions d'euros pour
la première phase du projet d'un mon-
tant global de 263,7 millions d'€.
de dollars pour l'industrialisa-
tion de l'Afrique
La Banque centrale chinoise a annoncé,
dans un communiqué, le lancement offi-
ciel du Fonds de coopération Chine-
Afrique sur la capacité industrielle, le
véhicule à travers lequel l'empire du mi-
lieu compte investir la majeure partie de
l'enveloppe de 60 milliards de $ promise à
l'Afrique en décembre dernier. Rendu pu-
blic par le président chinois Xi Jinping
6ème Forum sur la coopération sino-afri-
caine (FOCAC) tenu début décembre 2015
à Johannesburg, ce fonds en dollars inves-
tira principalement dans les secteurs de
l'industrie manufacturière, des nouvelles
technologies, de l'agriculture, de l'énergie,
des infrastructures et de la finance, a dé-
taillé la Banque populaire de Chine. La
Banque centrale chinoise a également
précisé que ce fonds, doté d'un capital ini-
tial de 10 milliards de $, doit servir des fi-
nancements globaux de 45 milliards de $
aux pays africains: 5 milliards de $ de sub-
ventions et de prêts sans intérêt, 35 mil-
liards de $ de prêts préférentiels et de
crédits à l'exportation avec des conditions
avantageuses, et 5 milliards de $ supplé-
mentaires pour le Fonds de développe-
ment Chine-Afrique et le programme
d'appui au développement des petites et
moyennes entreprises africaines.

28 janvier 2016 Les Afriques .9

BRUITS DE MARCHÉ

ONU : Le Sénégal a entamé son mandat

Dakar, capitale du Sénégal
au Conseil de sécurité
Le Sénégal a officiellement entamé son mandat en qualité de
membre non-permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, a
annoncé le ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais
de l'extérieur. Le pays a été élu le 15 octobre 2015 membre
non-permanent du Conseil de sécurité de l'organisation in-
ternationale au titre de la période 2016-2017 avec 187 voix. Il
intègre le Conseil de l'ONU pour la 3ème fois (1968/1969,
1988/1989). Le Conseil de sécurité, outre les cinq membres
permanents (Chine, Etats-Unis, Russie, France, Grande-Bre-
tagne), est composé de 10 membres non-permanents élus
pour un mandat de 2 ans. Le Sénégal entame son mandat
qui court jusqu'au 31 décembre 2017, en même temps que
l'Egypte, le Japon, l'Ukraine et l'Uruguay.

Le Sénégalais Jacques Diouf Le FMI accorde 28,7 millions de $ au Tchad

nouveau conseiller du Président
Alpha Condé
Le sénégalais Jacques Diouf, ancien directeur général
de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation
et l'agriculture (FAO), a été nommé conseiller spécial
du président guinéen, à travers un décret signé par
Alpha Condé et rendu public par le service de commu-
nication du Palais Sékoutouréya. En attendant de sa-
voir l'étendue de la tâche de ce conseiller spécial,
l'envergure internationale de Jacques Diouf rassure
déjà certains observateurs, qui s'attendent à ce que
l'ancien patron de la FAO apporte son expertise dans la
construction de la Guinée, un pays doté de ressources
naturelles impressionnantes. Diplomate et homme po-
litique sénégalais, Jacques Diouf a exercé les fonctions
de secrétaire d'État puis d'ambassadeur de la Répu-
blique du Sénégal avant d'être élu pour diriger la FAO,
pendant 18 ans. Après son départ de la FAO, Jacques
Diouf avait occupé les fonctions de conseiller du prési-
dent Sénégalais Macky Sall, avant de démissionner.
Jacques Diouf
10 Les Afriques . 28 janvier 2016
Le conseil d'administration du FMI a approuvé le déblocage
de 28,7 millions de dollars en faveur du Tchad. Ce montant
représente la deuxième tranche de l'accord triennal de faci-
lité de crédit (FEC) portant sur 148,4 millions de $. Suite à ce
décaissement, l’institution financière internationale aura au
total déboursé 75,1 millions de $. En proie à la chute des
cours du pétrole brut et au choc sécuritaire en rapport avec
Boko Haram, N’Djamena veut prévenir les difficultés de ba-
lance de paiements. Le Tchad est confronté à un double
choc, celui de la baisse des cours du brut dont les revenus
représentent près de la moitié de ses recettes budgétaires et
l'insécurité exacerbée par les insurgés de Boko Haram.
Christine Lagarde suggère à la Cemac
d’arrêter les exonérations fiscales
La directrice générale du FMI, Christine Lagarde, en visite au
Cameroun, a suggéré que les pays membres de la Commu-
nauté économique et monétaire d'Afrique centrale (Cemac),
devraient en finir avec l'utilisation généralisée des exonérations
fiscales et douanières discrétionnaires. «Ces exonérations com-
promettent les recettes globales des États et affaiblissent la gouver-
nance» a fait savoir Lagarde lors de sa rencontre vendredi 8
janvier 2016 avec les ministres de l'économie des pays mem-
bres de cette sous-région. Selon la patronne de l’institution fi-
nancière, la mobilisation de recettes intérieures doit également
tenir compte des importantes questions de fiscalité internatio-
nale qui ont une incidence sur l'assiette des impôts liés aux in-
dustries extractives.
Europe : Fin du roaming en 2017
Si le Paquet Télécoms, adopté par le parlement européen, comprend certaines
mesures assez controversées sur la neutralité du Net, il met également fin à
une pratique assez coûteuse pour les Européens qui se déplacent : l'itinérance
mobile, ou roaming. Ainsi, à partir de 2017, les ressortissants européens pour-
ront passer des appels et utiliser de la data sans surcout, de n'importe où dans
l'Union Européenne. Cela fait longtemps que la Commission européenne
voulait mettre fin à la surfacturation des communications mobiles en Europe,
lorsqu'un utilisateur téléphonait depuis un pays qui n'est pas le sien. Maintes
fois repoussée sous la pression du lobby des opérateurs téléphoniques, cette
mesure a donc finalement été adoptée par le parlement du vieux continent,
mais ne prendra effet que le 15 juin 2017. D'ici là, les opérateurs des 28 pays
européens concernés vont pouvoir s'adapter, et adapter leurs tarifs en consé-
quence. Un nouveau plafond, beaucoup plus bas, entrera en effet en vigueur
en avril 2016 pour les tarifs du roaming : 0,05 € la minute de communication (contre 0,19 € actuellement) et
0,05 € le Mo de donnée échangé (0,20 € actuellement). Les SMS, quant à eux, passeront de 0,05 € à 0,02 €.La
France fait figure d'exception puisque certains opérateurs, comme Free mobile ou Bouygues Télécom, ont déjà
anticipé cette décision de l'Europe en incluant directement le roaming dans certains de leurs forfaits.

Mali : L’ONU dénonce de graves
violations des droits de l’Homme
Au Mali, deux rapports publiés
conjointement par la Mission de
l’ONU (Minusma) et le Haut-commis-
sariat des Nations unies aux droits
de l’homme évoquent avec précision
deux affaires de violation des droits
humains. En 2014, l'armée malienne
ouvre les hostilités et tente, sans
succès, de reprendre des mains de la
rébellion la ville de Kidal, située au
nord-est. Ensuite, en mai 2015, c’est
une confrontation qui a eu lieu, tou-
jours dans le nord, entre des groupes
armés pro-Bamako et les groupes re-
belles. Dans les deux cas, précise le
rapport, de massives violations des
droits de l’homme ont été commises.
Pour la première affaire, l’armée
malienne a «utilisé des armes
lourdes, de façon indiscriminée, dans
la ville de Kidal, en direction de
zones habitées par des civils», pré-
cise le premier document. Des viola-
tions et des abus ont également été
commis par des groupes armés re-
belles qui, lors de ces évènements,
ont tué huit personnes, dont six
membres de l’administration ma-
lienne, et parmi lesquelles «cer-
taines auraient été exécutées
sommairement», selon l’ONU.
Rwanda : Paul Kagamé va tenter
de rempiler en 2017
Le président rwandais, Paul Kagamé, a
annoncé qu'il se représenterait à l'élec-
tion présidentielle de 2017 pour un troi-
sième mandat, comme l'autorise la
nouvelle Constitution approuvée massive-
ment par ses concitoyens lors du référen-
dum du 18 décembre. «Vous m'avez
demandé de diriger à nouveau ce pays
après 2017. Etant donné l'importance que
vous y accordez, je ne peux qu'accepter»,
a-t-il déclaré lors d'un discours à la nation
délivré à minuit sur la télévision natio-
nale. Lors du référendum, les Rwandais
ont approuvé une révision de la Constitu-
tion devant permettre à Paul Kagamé, 58
ans, de se présenter pour un nouveau
mandat en 2017 et de potentiellement di-
riger le pays jusqu'en 2034. Le «oui» a ob-
tenu 98,4% des voix, contre 1,6% au
«non». La révision constitutionnelle avait
été sévèrement critiquée par les parte-
naires internationaux du Rwanda, Etats-
Unis en tête, qui avaient appelé Kagamé à
quitter le pouvoir en 2017.
Paul Kagamé
Le magnat financier Georges
Soros prédit une crise financière
mondiale
Le célèbre financier George Soros es-
time que 2016 réunit toutes les
conditions d'une crise financière telle
que celle qui a frappé l'économie
mondiale en 2008. Cette fois, la crise
ne viendrait pas des subprimes amé-
ricains, mais d'une débâcle financière
chinoise. «Malheureusement, la
Chine fait face à un très gros pro-
blème d'ajustement. Elle a de nom-
breux choix à faire et peut transférer
ses problèmes au reste du monde en
dévaluant sa monnaie. C'est ce
qu'elle fait», a déclaré Georges Soros
à Colombo au cours des activités du
Sri Lanka Economic Forum. «Quand je
regarde les marchés financiers, je
vois une situation sérieuse qui me
rappelle la crise que nous avons eue
en 2008» a-t-il averti, redoutant une
spirale déflationniste mondiale qui
pousse les entreprises à retarder
leurs investissements et les consom-
mateurs à différer leurs achats. Pour
George Soros, «le système bancaire
qui a prêté beaucoup d'argent aux
pays en développement fait mainte-
nant marche arrière» car les liquidi-
tés sont en train de devenir un
investissement plus attractif.

28 janvier 2016 Les Afriques . 11

ARRÊT SUR IMAGE

Burkina Faso
Le 16 janvier - Des éléments des forces de
l'ordre du Burkina Faso supervisent
l'évacuation au Splendid hôtel et au
restaurant Cappuccino, suite à une attaque
jihadiste à Ouagadougou. Au moins 29
personnes, dont beaucoup d'étrangers, ont
été tuées dans cette attaque.

12 Les Afriques . 28 janvier 2016

28 janvier 2016 Les Afriques . 13
VERBATIM
Message
«Les suspensions à vie annon-
cées de trois de nos ex-respon-
sables envoient un message on
ne peut plus fort. Ceux qui
tentent de pervertir ou de cor-
rompre l’athlétisme seront
menés devant la justice»
Sébastian Coe, président de la Fédération internatio-
nale d’Athlétisme.
Sécurité
«Il est urgent pour les huis
pays de l’espace Uemoa de
travailler en synergie pour as-
surer la sécurité. C’est un gage
de stabilité sociale et d’un dé-
veloppement économique
harmonieux. Je prône dans ce
cadre une solidarité forte et profonde entre les Etats
membres de l’espace communautaire»
Yayi Boni, président de la République du Bénin.
Développement
«L'Afrique continue de faire
face aux problèmes fonda-
mentaux de développement
qui ne sont toujours pas réso-
lus. L'Afrique est un continent
largement agraire. Beaucoup
de pays africains n'ont pas en-
core réussi une transition agraire. Nous avons une in-
dustrialisation très faible, l'économie croît mais ne
crée pas d'emplois»
Dzodzi Tsikata, présidente du Codesria.
Manipulation
«La manipulation et la confis-
cation de l’expression de la
souveraineté du peuple ont
chaque fois été par le passé le
facteur principal de l’instabi-
lité et de la régression de la
République centrafricaine»
Martin Ziguélé, candidat à la présidentielle centrafricaine.
Construction
«L'unité du peuple rwandais
est inébranlable et le travail
de construction de la nation
continue à une allure régu-
lière. Les Rwandais ont de-
mandé une Constitution
révisée, qu'ils ont approuvée
dans le récent référendum»
Paul Kagamé, président du Rwanda.
14 Les Afriques . 28 janvier 2016
Considération
«L'élection du Sénégal au Conseil de
sécurité des Nations unies traduit
toute la considération et tout le cré-
dit que la Communauté internatio-
nale accorde à ce pays, véritable
puissance diplomatique. Il s'agit
d'un mandat national certes, mais
aussi ouest-africain et africain, international même»
Macky Sall, président de la République du Sénégal.
Electricité
«Il n'y a pas de développement sans
électricité. C'est pourquoi la Guinée
fera tout pour que l'ensemble des
barrages prévus dans le cadre de
l'Organisation de la mise en valeur
du fleuve Gambie (OMVG), notam-
ment la Guinée, la Gambie, le Séné-
gal et la Guinée Bissau et dans le cadre de l'Organisation de
la mise en valeur du fleuve Gambie (OMVS), notamment le
Sénégal, le Mali, la Mauritanie et la Guinée, soient réalisés»
Alpha Condé, président de la République de Guinée.
Places
«Nous nous sommes retrouvés avec
le chef du gouvernement pour ré-
fléchir sur comment faire mainte-
nir le Sénégal dans le top 10 des
meilleurs réformateurs mondiaux.
Nous voulons gagner des places
pour le prochain classement du
Doing Business de la Banque mondiale»
Khoudia MBaye, ministre de la Promotion des Investisse-
ments du Sénégal.
Intérêt
«Aucun intérêt d'un pays ne doit pri-
mer sur l'intérêt général et les chefs
d'Etat des pays de l'Uemoa ont pris
les bonnes décisions pour la bonne
marche de notre institution. Nos
principaux défis élevés au rang de
priorités sont liés aux infrastructures,
à l'énergie, à la paix et à la sécurité»
Cheikh Hadjibou Soumaré, président de la commission de
l'Uemoa.
Pourparlers
«L’Arabie saoudite soutient pleine-
ment les pourparlers pour la paix en
Syrie. C’est toujours d’actualité,
nous y croyons et nous soutenons
pleinement le processus, malgré nos
différends avec l’Iran»
Adel Al-Jubeir, ministre saoudien des
Affaires étrangères.
BANQUES & ASSURANCES
SENEGAL-BDK La DG Anta Dioum et le PCA
Mamadou Seck jettent l'éponge
Six mois après son démarrage, la BDK n'a pas fini de révéler ses secrets. A
peine aux commandes depuis fin juillet 2015, la directrice générale, la
Sénégalaise Anta Dioum, débauchée de la major Attijariwafa Bank, et le
président du conseil d'administration, Mamadou Seck, ont démissionné le 21
janvier, avec fracas. Retour sur les dessous d'un puzzle.
Q
ue se passe-t-il à la Banque
de Dakar ? C'est le premier
clash qui met en haute ten-
sion les administrateurs de l'une
des dernières banques de la place fi-
nancière de Dakar à avoir empoché
son ticket d'entrée suivie de la ga-
bonaise BGFI.
Nous l'avons annoncé dans nos pré-
cédentes éditions, respectivement les
26 mars 2015, 4 juin 2015 et 24 juillet
2015, la BDK (Banque de Dakar) est
une grande nébuleuse. Les Afriques
qui a éventré le deal des nouveaux gla-
diateurs voilà bientôt 9 mois - arrimés
sur la place financière de Dakar - vient
d'apprendre que la directrice générale
de la banque, la brillante et teigneuse
Anta Dioum vient de jeter l'éponge ce
jeudi 21 janvier 2016. Elle a été suivie
par le président du conseil d'adminis-
16 Les Afriques . 28 janvier 2016
tration, l'autre Sénégalais, Mamadou
Seck, jusqu'à un passé récent, était aux
commandes de l'hémicycle à la place
de Soweto. Selon des informations ex-
clusives parvenues aux Afriques, le
conseil des administrateurs a avalisé
ce jour le départ du tandem Anta
Dioum-Mamadou Seck.
Après avoir levé le voile sur l'identité
des actionnaires de la Banque de
Dakar, des sources crédibles jointes
par Les Afriques confirment la nomi-
nation du Vasco Duarté au poste de
PCA et du Sénégalais Ibrahima Fall
aux fonctions de directeur général.
Cet ancien cadre de la BRM (Banque
régionale des marchés) occupait
jusque-là avant la rupture des amarres
par Anta Dioum le fauteuil de direc-
teur général adjoint. Début juillet
2015, le patron de la holding bancaire,
l'Espagnol Alberto Cortina n'avait pas
lésiné sur les moyens en libellant le
gros chèque pour recruter au poste de
DG Anta Dioum, réputée une tête
d'œuf qui officiait au groupe Attijari-
wafa Bank à Casablanca. La BDK
avait dégainé fort pour finaliser le si-
gning package de la nouvelle recrue.
L'ex-pensionnaire d’Attijari avait dû
remplacer Vasco Duarté défenestré au
forceps, le même qui se voit propul-
ser au poste de président du conseil
d'administration.
Selon nos informations, les rapports
entre administrateurs à la BDK se dé-
gradaient au point qu'ils se regar-
daient en chiens de faïence. Une
exclusivité des Afriques, à en croire
nos sources, le magnat espagnol Al-
berto Cortina veut défoncer la serrure
et faire autre que le métier de banque
classique, s'apparentant à du Banking
casino ou du Banking offshore peu
conventionnel. On évoque dans les
coulisses, captées par nos câbles, des
informations faisant étant depuis le
démarrage des activités de la banque,
d'opacité de management, d'absence
notoire de transparence, de compor-
tements désobligeants des espagnols.
Le malaise a pris des proportions in-
soupçonnées mettant sous haute ten-
sion la banque contrôlée en grande
majorité par des capitaux étrangers
espagnols. Inflexible et rigoureuse,
La directrice Anta Dioum, pour question d'hon-
générale de la neur, a décidé de quitter le navire,
nous a commenté une source.
banque, la Signalons que c'est Aliou Sall, le jeune
brillante et frère du président Macky Sall, qui
teigneuse Anta avait servi d'intermédiaire aux Espa-
Dioum vient de gnols pour s'introduire sur le marché
sénégalais. Grosse nébuleuse. Les
jeter l'éponge. Afriques promet d'y revenir.
Ismael Aidara, Dakar
ASSURANCES
40ème assemblée générale annuelle de la Fanaf
Abidjan accueillera du 15 au 17 février 2016 la quarantième assemblée
générale annuelle et les cérémonies commémoratives du quarantième
anniversaire de la Fanaf. Les Assises 2016 de la Fanaf ont pour thème
«L’assurance africaine au cœur de l’émergence économique».

P
lus de sept cents délégués en
provenance de quarante-trois
pays ainsi que des représen-
tants de plusieurs organisations in-
ternationales seront à Abidjan à
l’invitation conjointe de la Fanaf et
des assureurs ivoiriens. Les Assises
de 2016 verront le retour d’une
journée consacrée à la finance et
une autre, mercredi 17 février, ré-
servée à l’assurance. Comme c’est le
quarantième anniversaire de la
Fanaf, les membres feront le bilan
de l’organisation et sonderont les
perspectives d’avenir d’un secteur
en perpétuelle mutation.
Après quelques années de pause liée
à des contingences techniques, la
Fanaf poursuit son ouverture vers le
secteur non assuranciel en renouant
avec la traditionnelle Journée de la
finance. Cette journée permettra
aux assureurs qui sont des collec-
teurs d’épargne d’échanger et de
dialoguer avec les acteurs de la
bourse et les émetteurs de titres.
Quant à la Journée de l’assurance,
elle dressera le bilan du parcours de
la Fanaf et se penchera sur le futur
du paysage assuranciel des pays de
l’espace Fanaf.
Le partenariat avec les régulateurs et
les intermédiaires sera magnifié une
fois de plus avec la table ronde
Cima-Fanaf et le Forum Fanaf-Fiac.
Ces retrouvailles avec ces trois opé-
Abidjan, rateurs indissociables du secteur de
Côte d’Ivoire l’assurance permettront de débattre
sur des sujets d’intérêt commun et
de surmonter les contraintes qui
Les membres freinent le développement de la fi-
feront le bilan lière dans les pays de la Fanaf.
Comme les Assises d’Abidjan coïn-
de l’organisa- cideront avec les quarante ans de la
tion et Fanaf, le bureau exécutif va honorer
sonderont les des femmes, des hommes et des ins-
titutions qui ont contribué à pro-
perspectives mouvoir l’assurance dans les pays
d’avenir d’un membres. Ainsi, des prix seront dé-
secteur en cernés aux lauréats des Prix Ahma-
dou Kourouma et Julien Jean
perpétuelle Codjovi.
mutation. Ismael Aidara,
Abidjan

28 janvier 2016 Les Afriques . 17

BOURSES & FONDS
Le Cameroun envisage de lever
270 milliards de f CFA sur le marché de la BEAC
Le Trésor public camerounais a lancé ce janvier les opérations de mobilisation
des fonds à travers l’émission des titres publics.
L
e Cameroun confirme sa po-
sition de principal animateur
du marché des titres de la
BEAC et entend lever au cours de
cette année 270 milliards de f CFA.
Comme c’est le cas depuis ces der-
nières années, le Cameroun a émis
des titres publics sur le marché, dont
l’objectif est de lever environ 57 mil-
liards de f CFA au cours du premier
trimestre. Pour la première émission
le 13 janvier 2016, le Cameroun a
mobilisé 7 milliards de f CFA de
Bons du Trésor assimilables (BTA),
cinq autres émissions de BTA pour
le même montant sont program-
mées pour le 27 janvier, les 10 et 24
février et les 9 et 23 mars 2016, selon
le calendrier prévisionnel établi par
l’institution d’émission monétaire
de l’Afrique centrale.
En plus de 42 milliards de f CFA de
BTA, il convient d’ajouter une émis-
sion d’obligations du Trésor assimila-
18 Les Afriques . 28 janvier 2016
bles (OTA) pour un montant de 15
milliards de f CFA, soit au total 57
milliards de f CFA que le Trésor pu-
blic envisage de lever sur le marché des
titres de la BEAC au cours du premier
trimestre 2016. Des fonds qui servi-
ront à financer les projets inscrits dans
le budget d’investissements publics
2016 ainsi que certains projets struc-
turants en cours de réalisation. L’en-
semble des opérations du Cameroun
sur le marché financier en 2016 est es-
timé à 370 milliards de f CFA, dont
210 milliards de f CFA par émission
de BTA et 60 milliards de f CFA par
émission d’OTA sur le marché des ti-
tres publics de la Communauté éco-
nomique et monétaire de l’Afrique
centrale (Cemac et un emprunt obli-
gataire de 100 milliards de f CFA à la
Bourse nationale des valeurs mobi-
lières du Cameroun, la Douala Stock
Exchange (DSX).
Bien que le Cameroun se positionne
Yaoundé, capitale en leader, les autres pays de la Com-
du Cameroun munauté économique et monétaire
de l’Afrique centrale (Cemac) ont
également annoncé leur recours sur
le marché des titres en vue de procé-
der au financement des projets de dé-
veloppement.
Dans cette perspective, le Gabon
projette de mobiliser 195,5 milliards
de f CFA, le Tchad entre 180 et 210
milliards de f CFA, tandis que la
Cinq autres Centrafrique, malgré une situation
sociopolitique difficile, entend mo-
émissions de biliser 8 milliards de f CFA au cours
BTA sont du premier semestre de l’année. La
programmées Guinée Équatoriale, elle, n’a pas en-
core révélé ses intentions, après sa
pour le 27 première opération effectuée sur ce
janvier, les 10 marché en 2015, alors que pour
et 24 février et l’instant le Congo est le seul pays de
la Cemac qui n’a pas encore intégré
les 9 et 23 le marché des titres comme modèle
mars 2016. de financement de son économie.
Achille Mbog Pibasso, Douala
BOURSES & FONDS
TUNISIE LEASING
Nouvelle rallonge de Proparco
Proparco vient d’annoncer un prêt de 10 millions d’euros à Tunisie Leasing.
L’accord pour cette ligne de crédit au leader du crédit-bail en Tunisie vise à
accompagner le développement de cette activité dans ce pays.
L
e partenariat historique de
Proparco avec Tunisie Lea-
sing, initié il y a plus de 20
ans, se conforte. Avec l’accord d’une
nouvelle ligne de financement de 10
millions d’euros, signé le 29 décem-
bre dernier, Tunisie Leasing pourra
diversifier ses sources de finance-
ment dans un contexte de tension
de liquidité en dinars et en devises,
particulièrement exacerbé depuis la
révolution. Aussi, cette rallonge per-
mettra d’améliorer leur accès à des
20 Les Afriques . 28 janvier 2016
financements à long terme, tout en
complétant l'offre de solutions de fi-
nancement en monnaie locale et en
élargissant la gamme des services fi-
nanciers disponibles en Tunisie. Les
responsables précisent qu’il s’agit de
la 2ème intervention de Proparco
dans le secteur financier tunisien,
depuis le début de l’année 2015.
Plus généralement, elle confirme
l’engagement de Proparco en Tuni-
sie et en Afrique du Nord. Le mon-
tant de ses financements dans la
région s’élève à près de 380 millions
d’euros.
Des solutions de finance-
ment plus rapides
Doit-on rappeler que le leasing per-
met à ces entreprises de bénéficier
de solutions de financement plus
simples et plus rapides que les cré-
dits bancaires classiques. Dans tous
les cas, une telle intervention envoie
des signaux encourageants sur la
consolidation du secteur bancaire et
le retour des investissements étran-
gers dans le pays.
Pour mémoire, Tunisie Leasing,
principalement active auprès des
PME et des TPE dans les secteurs du
commerce, des services et de l’in-
dustrie, a été la première société de
leasing, créée en Tunisie, en 1984.
Cotée à la Bourse de Tunis depuis
1992, elle propose des solutions de
financement en crédit-bail financier
tant mobilier (véhicules de tou-
risme, petits camions, matériel de
travaux publics, matériel médical,
équipements industriels, etc.)
qu’immobilier (bureaux, cabinets,
commerces, ateliers, dépôts, usines).
La société a su se positionner sur des
métiers innovants, tels que la loca-
tion automobile longue durée et
l’affacturage.
Quant à Proparco, c’est une institu-
Siège de Tunisie tion financière de développement,
Leasing à Tunis détenue par l’Agence française de
développement (AFD). Parmi ses
actionnaires, des privés du Nord et
du Sud. Sa mission est de catalyser
l’investissement privé dans les pays
émergents et en développement en
faveur de la croissance, du dévelop-
pement durable et de l’atteinte des
OMD (Objectifs du millénaire pour
le développement), indiquent les
responsables.
Abdelmalek El Mekkaoui, Tunis
ENTREPRISES & MARCHÉS
PETROLE BRUT Scenarii d'un baril entre 10 à 60 $,
impacts sur l'économie algérienne
Le baril de pétrole est coté dans la matinée du 15 janvier 2016 à 30,16 $
pour le WTI et 30,25 pour le Brent. Quels impacts alors sur toute la société
algérienne, avec un cours variant entre 10 et 60 $ ?
P
our la loi de Finances rectifica-
tive 2015, les recettes de Sona-
trach ont été établies par le
gouvernement à 34 milliards de dol-
lars. L’on doit retirer 20% de charges,
ce qui nous donne 27 milliards de dol-
lars de profit net en précisant que la
baisse d’un dollar en moyenne an-
nuelle occasionne une perte pour l’Al-
gérie d’environ 600 milliards de
dollars. Le prix du gaz est indexé sur
celui du pétrole. Or, une information
internationale de taille en ce mois de
janvier 2016 : le Qatar dès le 1er jan-
vier écoulerait le GNL vers l’Inde à 6/7
dollars le MBTU alors que la rentabi-
lité pour l’Algérie se situe entre 14/15
dollars. Nous aurons donc plusieurs
scénarios possibles quant au résultat
de la Sonatrach. A 50 dollars le baril,
le profit net de Sonatrach serait de 21
milliards de $, mais plongerait à 15
milliards de $, puis à 9 milliards, à 3
milliards, et afficherait une perte, en
fonction du coût de production et de
22 Les Afriques . 28 janvier 2016
transport, respectivement pour un
cours à 40 $, 30 $, 20$ et 10 $.
Comment alors mobiliser les res-
sources financières suivant ces diffé-
rents scénarios (posant la
problématique de la rentabilité future
des investissements projetés) - le mi-
nistère algérien de l'Energie venait de
déclarer, le 12 janvier 2016, que les pro-
grammes de Sonatrach (100 milliards
de dollars entre 2015 et 2020 et de 30
milliards de dollars pour la même pé-
riode pour Sonelgaz) connaitront un
endettement ou puisement dans les ré-
serves de change - et que restera-t-il des
autres secteurs ? En rappelant que toute
décision stratégique relève du Conseil
national de l'énergie, présidé par le pré-
sident de la République.
La loi de Finances 2016 a été établie
sur la base d’un cours de 37 $, ce qui
est un artifice comptable. Or, le dé-
ficit budgétaire sur la base d’un dol-
lar à 106 dinars est de 35 milliards
de dollars. Et si on avait appliqué 75
dinars un dollar, le déficit dépasse-
rait 45 milliards de dollars. Ce glis-
sement du dinar à la baisse voile
l’importance du déficit budgétaire
et gonfle artificiellement le Fonds de
régulation des recettes (FRR) cal-
culé en dinars. En réalité, concer-
nant le budget d’équipement et de
fonctionnement, selon le FMI, l’Al-
gérie fonctionne sur la base d’un
cours de 110/115 dollars le baril.
Incidences sur les réserves
de change et sur le dinar
Sur le Fonds de régulation des recettes
qui étaient prévues à 17/18 milliards
de dollars à fin 2016 sur la base d’un
cours largement supérieur à 50 dollars,
à ce rythme, il s’effondrerait courant
2017. Les incidences sur les réserves de
change étaient au 1er septembre 2015
à 152 milliards de dollars ayant ter-
miné certainement à moins au 31 dé-
Exploitation cembre 2015. Les sorties de devises en
pétrolière offshore 2014 ont été de 71,3 milliards de dol-
lars de biens et services, montant au-
quel il faut ajouter 4/5 milliards de
dollars de transferts légaux de capi-
taux, soit entre 75 et 76 milliards de
dollars. Le montant pour 2015, avec
En réalité, une baisse des importations relative-
ment faible d’environ 6/7 milliards de
concernant le dollars, cela nous donnerait une sortie
budget de devises d’environ 68/70 milliards de
d’équipement dollars. Au vu du cours actuel entre 30
et 40 dollars le baril, cela nécessitera
et de fonc- pour 2016 une loi de finances complé-
tionnement, mentaire, car au rythme de l’actuelle
selon le FMI, dépense publique, les réserves de
l’Algérie change fondraient vers 2018 avec un
retour au FMI.
fonctionne sur Aussi, il y aura une incidence sur la va-
la base d’un leur du dinar corrélée à 70% aux ré-
cours de serves de change elles-mêmes
provenant de la rente des hydrocar-
110/115 dollars bures. Avec la baisse tendancielle des
le baril. réserves de change, il y aura dérapage
proportionnel de la cotation du dinar
pour ne pas dire dévaluation effective,
avec un écart sur le marché parallèle
dont la cotation actuelle dépasse 180
dinars un euro.
Incidences
macroéconomiques
Il y a lieu d’avoir une vision réaliste car
70% des besoins des ménages et des
entreprises publiques et privées dont
le taux d’intégration ne dépasse pas
15% proviennent de l’extérieur, le sec-
teur industriel dominé par 95% d’en-
treprises familiales peu initiées à la
concurrence représentant 5% du PIB,
ne pouvant pas compresser au-delà de
25/30% au risque d’inévitables ten-
sions économiques et sociales. Aussi, la
baisse des cours a des incidences sur le
rythme de la croissance économique :
80% directement et indirectement
provenant de la dépense publique, la
rente des hydrocarbures accroissant le
taux de chômage déjà sous estimé avec
les emplois rentes notamment dans
l’administration et les sureffectifs des
entreprises publiques.
En résumé, la dette extérieure étant in-
férieure à 4 milliards de dollars et les
réserves de change oscillant entre 140
et 145 milliards de $, il y a lieu de bien
les utiliser, richesse virtuelle qu’il s‘agit
de transformer en richesse réelle, le ca-
pital argent n’étant qu’un moyen ne
créant pas de valeur. Cela implique
une visibilité et une cohérence dans la
politique économique qui fait cruelle-
ment défaut faute de planification
stratégique, la dynamisation de l’en-
treprise privée locale, internationale et
publique devant lever toutes les en-
traves, afin qu’elles s’insèrent dans le
cadre des valeurs internationales en
termes de coût et de qualité pour évi-
ter trois illusions : premièrement, la
généralisation à tous les secteurs de la
règle des 49/51% où l’Algérie supporte
tous les surcoûts pouvant s’appliquer
aux segments stratégiques qu’il ‘agit de
définir avec précision. Dans le cas
contraire, il ne faut pas s’attendre à at-
tirer les PMI-PME étrangères ayant un
fort potentiel de savoir-faire et de créa-
tion d’emplois durables, comme vient
de le souligner aux autorités algé-
riennes la majorité des chancelleries
occidentales, à moins que l’Algérie
supporte tous les surcoûts. Deuxième-
ment, l’illusion de l’ère mécanique du
passé, le fondement du développe-
ment reposant en ce XXIème siècle sur
l’économie de la connaissance et la
bonne gouvernance. Troisièmement,
revoir l’actuelle politique reposant es-
sentiellement sur les infrastructures et
le bâtiment n’étant qu’un moyen. En
bref, pour relever les défis, une gou-
vernance renouvelée s’impose.
Abderrahmane Mebtoul,
Expert international
Les réserves Malawi :
de change Inauguration d’une
oscillant entre usine d’égrenage
140 et 145 du coton à Balaka
Pr Peter Mutharika, président du
milliards de $, Malawi, a officiellement inauguré
il y a lieu de lundi dernier une usine moderne
bien les d'égrenage de coton, dans le dis-
trict de Balaka. Il s’agit de l’une des
utiliser. 3 usines d'égrenage entre Chik-
wawa et Karonga, construites pour
l’Admarc (Agricultural Develop-
ment and Marketing Corp.), finan-
cées, en partie, par une ligne de
crédit du gouvernement indien de
50 millions de $. Le chef de l’État
n’a pas manqué de souligner que le
développement est crucial dans
l'amélioration du bien-être des
producteurs de coton dans le pays.
Seychelles : L’écono-
mie bleue pour
renforcer la pêche
La 2ème Sommet de l'économie bleue
(Second Blue Economy Summit),
tenue sous le thème «Un océan, un
avenir», co-organisé par les gouver-
nements des Seychelles et des Émi-
rats arabes unis, en partenariat avec
Baisse des cours la Commission océanographique
du pétrole brut intergouvernementale de
l'UNESCO, a été un vibrant succès le
19 janvier 2016, avec l'adoption de la
Déclaration de l’Économie Bleue
Abu Dhabi 2016. La Déclaration,
adoptée à l'unanimité par le gouver-
nement, les participants internatio-
naux et la société civile, appelle la
communauté internationale à adop-
ter, élaborer et utiliser l'approche
économie bleue comme un outil-clé
dans la mise en œuvre de l'Accord de
Paris sur le changement climatique
et la réalisation des objectifs de dé-
veloppement durable. James Alix
Michel, président de la République
des Seychelles, qui s’est exprimé à
l’ouverture du Sommet, a prononcé
un discours mettant l’accent sur
l'importance et la signification d’un
changement de paradigme vers une
économie durable, notamment dans
l’exploitation de l’océan.
28 janvier 2016 Les Afriques . 23
ENTREPRISES & MARCHÉS
DAKAR Appui de la BAD au lancement
de Diamniadio Valley
L’offre d’offshoring et de nearshoring du Sénégal va
s’étoffer. L’accord de principe du conseil d’administra-
tion de la BAD du 21 octobre dernier, vient d’être
approuvé par la signature d’un accord de financement
de 40 Mrds de f CFA, avec le gouvernement sénégalais.
D
iamniadio Valley, Techno-
park devant concentrer sur
un pôle de 25 ha, à Diam-
niadio, localité située à quelque 40
km au sud de Dakar, est sur de bons
rails. Amadou Bâ, ministre sénéga-
lais des Finances, et Mamadou La-
mine Ndongo, représentant résidant
de la Bad au Sénégal, ont paraphé le
29 décembre à 2015 Dakar, un ac-
cord de financement de 40 milliards
de f CFA pour la réalisation de cette
importante infrastructure. Le Séné-
gal exprime ainsi sa volonté de se
positionner en pays de référence en
Afrique dans le développement de
telles activités et capter le maximum
d’investissements y afférents.
Les travaux de ce Technopark, de-
vant nécessiter 60 milliards de f CFA
d’investissements, devraient être en-
tamés au cours de ce mois de janvier
2016. Suivant le calendrier de dé-
part, il devrait être livré courant
24 Les Afriques . 28 janvier 2016
2017. Un tel cadre permettra, à
terme, à de grands comptes, tels que
Cap Gemini, BNP Paris Bas, Tata,
Dell, Bull, Intelcia… mais aussi à
d’autres de moindre envergure, de
faire du plug and play, à des loyers
symboliques. En effet, pour les res-
ponsables, il s’agit d’un projet d’im-
portance pour le développement
économique et social, dans la me-
sure où il favorisera la création
d’une flottille de PME-PMI. Il est
vrai que dans de telles infrastruc-
tures, qui s’apparentent à des villes
intelligentes, sont souvent présentes
toutes les commodités allant de la
restauration aux services bancaires,
en passant par l’hébergement, le loi-
sir… A terme, ce sont 35 000 em-
plois directs dans l’offshoring et le
nearshoring qui sont attendus, tan-
dis que 105 000 emplois indirects
pourraient être générés.
Daouda MBaye, Dakar
Steven Reid,
nouveau directeur
à Goldfields
Steven Reid a été nommé directeur
non exécutif indépendant au conseil
d'administration de Goldfields Ltd,
avec effet à partir du 1er février 2016.
Reid a servi comme directeur de Sil-
ver Standard Resources Inc. depuis
janvier 2013 et fut directeur d'Eldo-
rado Gold Corporation en mai 2013.
Il a derrière lui plus de 35 ans d'ex-
périence dans le commerce interna-
tional, y compris à des postes de
direction dans de nombreux pays.
Aussi, Steven Reid a occupé le poste
de Chief Operating Officer de Gold-
corp Inc. de janvier 2007 jusqu'à sa
retraite en septembre 2012.
Certification
ISO/IEC 20000-1
et ISO/IEC 27001
d’Intelcom
Intelcom, pionnier du marché ma-
rocain dans le domaine de l’intégra-
tion des réseaux télécoms et des
systèmes d’information, vient de re-
joindre le club prestigieux de
quelques entreprises marocaines
certifiées ISO/IEC 20000-1 «Système
de gestion des services IT» et
ISO/IEC 27001 «Système de gestion
de la sécurité IT». Ces dernières cer-
tifications, de type organisationnel,
ont été accordées par le cabinet BSI
«British Standards Institution», cer-
tificateur accrédité par l’organisme
international l'ANAB (The ANSI-
Un projet ASQ National Accreditation Board).
important pour Pour le directeur général d’Intel-
com, Bahâa Dine Tagmouti, cette
le développe- double certification est le fruit d’im-
ment plication et d’engagement de leurs
économique et collaborateurs dans le process
social, dans la continu d’amélioration de la qualité
des services délivrés aux clients et de
mesure où il la gestion de la sécurité de leurs in-
favorisera la formations critiques. Il a ajouté que
création d’une c’est aussi une distinction straté-
gique qui vient renforcer l’engage-
flottille de ment d’Intelcom dans la création de
PME-PMI. valeur pour ses clients en s’alignant
aux normes internationales.
NIGER
Sopamin, un bon cru en 2015
La Société du patrimoine des mines du Niger (Sopamin) a aurifère Ondundu
réalisé un chiffre d'affaires de 56 milliards f CFA, fin 2015.
Grosse performance du géant minier qui, après un
contentieux judiciaire contre Exim Bank Taiwan devant la
Cour de New York, tient sur de bonnes béquilles.
S
opamin respire désormais la
pleine forme. L'année 2015 est
considérée par les 11 adminis-
trateurs siégeant au conseil d'adminis-
tration comme celle de la grande
embellie. Selon des informations ex-
clusives des Afriques, la société a dé-
gagé un chiffre d'affaires de 56
milliards de f CFA à fin 2015 contre 27
milliards à la même période en 2014.
Une source a révélé aux Afriques que
les comptes ont été certifiés par le très
sérieux cabinet d'audit et fiduciaire
FCA, basé à Niamey.
Selon nos informations, cette embellie
n'a pas été de tout repos, puisque la
Sopamin a connu une longue période
de flottement judiciaire devant la ju-
ridiction compétente de New York,
saisie par les hauts dirigeants d’Exim
Bank Taiwan. Le guichet taïwanais ré-
clamait à l'Etat nigérien 178 millions
de dollars et avait mis la main sur les
comptes de Sopamin. Exim Bank Tai-
wan avait déjà gagné le procès contre
l'Etat nigérien en 1998. De rebondis-
sements en rebondissements, l'affaire
atterrit sur la table du nouveau régime
Participation supplé-
mentaire de B2Gold
dans le projet
du président Mahamadou Issoufou.
Ce dernier a hérité de ce brûlant dos-
sier de ses prédécesseurs, principale-
ment ceux de l'ère Mahamane
Ousmane et Cheiffou Amadou, a
commenté une source autorisée.
De procès en procès, Sopamin sous le
magistère de son directeur général,
Hamma Zada, lequel s'est attaché les
services d'un pool international
d'avocats (cabinet Holman) réputé
pugnace, est parvenu à faire ramener
et accepter à Exim Bank Taiwan sa
dette facturée à 20 millions de dollars
sur une durée de 20 ans. Un agree-
ment a été conclu entre les deux par-
ties avec paiement immédiat de 5
millions de dollars. Grâce au pool
d'avocats mobilisés, Sopamin a blindé
son dispositif judiciaire et a gagné
une bataille judiciaire haletante et
coûteuse. Fin 2015, les fonds propres
de la société s'établissent à 18 mil-
liards de f CFA contre 16 milliards en
2014, alors que les actifs immobilisés
cumulés sont de l'ordre de 19 mil-
liards de f CFA.
Ismael Aidara, Niamey
Forsys Metals a récemment an-
noncé un accord entre B2Gold Na-
mibie qui permet au producteur
d'or de prendre plus de parts,
jusqu’à 100% dans le projet auri-
fère Ondundu. Au cours des 12
premiers mois, B2Gold sera consi-
déré parmi les gestionnaires du
projet. Successivement, cette so-
ciété va acquérir 25% d’Ondundu
pour 900 000 $, puis 24% supplé-
mentaires à 1 100 000 $ pour 49%
de parts, ensuite 26% supplémen-
taires pour passer à 1 300 000 $
correspondants à 75% du capi-
tal… jusqu’à 8 500 000 $ dans les
24 à 36 mois pour le transfert du
solde d’Ondundu à B2Gold.
Casablanca :
Finale africaine
de Get In The Ring
Get In The Ring (GITR) est une
compétition internationale pour
start-up qui se déroule dans 80
pays dans le monde. La finale ré-
gionale africaine s’est tenue à Ca-
sablanca au Maroc, pour la
première fois, lors du Start-up
Africa Summit, le 23 janvier 2016.
Elle a regroupé 20 entrepreneurs
Les fonds de 10 pays africains, une déléga-
tion de Get In The Ring Global et
propres de la une sélection d’investisseurs na-
société tionaux et internationaux.
s'établissent à D’après les organisateurs, GITR
vise à donner de la visibilité aux
18 milliards de start-up vis-à-vis des investisseurs
f CFA contre 16 et des différents acteurs qui peu-
milliards en vent les aider à réaliser leurs am-
2014, alors que bitions. Les entrepreneurs qui se
sont affrontés sur un ring pour
les actifs convaincre le jury, composé d’in-
immobilisés vestisseurs, de la pertinence de
cumulés sont leurs business modèles et offres fi-
nancières, n’ont eu que le verbe
de l'ordre de 19 pour convaincre. Aucun support
Mrds de f CFA. n’a été utilisé sur des combats de
5 rounds, de 30 secondes chacun.
28 janvier 2016 Les Afriques . 25
ENTREPRISES & MARCHÉS

Tanzanie : Mobilisa-
INVESTISSEMENTS Africa2016, forum tion des investisse-
international à Sharm El-Sheikh, en février ments locaux dans le
secteur de l’énergie
A l’initiative d’EAPD, pôle de développement du En Tanzanie, le gouvernement a en-
ministère égyptien des Affaires étrangères, Africa tamé le processus de mobiliser les
investissements locaux dans le sec-
2016, forum international d’affaires et d’investisse- teur de l'énergie. Pour Sospeter Mu-
ments Afrique-Afrique de haut niveau, est prévu les hongo, ministre de l’Énergie et des
mines, cela passerait par l'implica-
20 et 21 février 2016 à Sharm El-Sheikh. tion des investisseurs locaux dans
les entreprises de services publics
d’électricité. Justement, dans ce sens
le gouvernement envisage une réu-
nion de 3 jours pour les investis-
seurs de l'énergie. La rencontre est
prévue au siège du ministère, à par-
tir du 15 février 2016. Pour le minis-
tre tanzanien de tutelle, le principal
objectif de la réunion est de mobili-
ser les investisseurs potentiels
d'énergie pour produire, transpor-
ter et distribuer l'électricité.

Ghana : Un new deal

énergétique

D
écidément, l’Egypte se posi-
tionne en partenaire majeur
en Afrique. Forte du succès
de groupes qui ont investi surtout
en Afrique de l’Est et en Afrique
australe, dans les secteurs de l’in-
dustrie pharmaceutique et des TIC,
cette nation multiplie les rencon-
tres d’affaires de haut niveau entre
Africains. Avec le Forum interna-
tional d’affaires et d’investisse-
ments, Africa2016, l’Etat entend
renforcer les liens au sein du conti-
nent, autant au niveau présidentiel
que dans le domaine des affaires,
indique-t-on. En effet, la manifes-
tation sera inaugurée par le prési-
dent égyptien Abdelfattah Al-Sissi,
en présence de plusieurs de ses
pairs africains. D’ores et déjà, le
forum qui annonce 1 000 partici-
pants, se veut aussi une réflexion
sur les opportunités en Afrique et
compte apporter sa contribution à
l’intégration africaine.
Heba Salama, directeur de l’agence
régionale d’investissements et de
coopération, Comesa, a annoncé
des discussions autour des ques-
tions les plus pressantes du conti-
nent, l’encouragement d’échanges
B2B… Dans le même sillage, pour
S.E. Hazem Fahmy, secrétaire géné-
ral de l’Egyptian Agency of Partner-
ship for Development (EAPD),
Africa2016 est un événement im-
portant dans la mesure où il aidera
à stimuler les investissements et le
commerce interafricain. Pour les
responsables, il est grand temps que
le secteur privé du continent profite
des opportunités qui n’y manquent
pas. Ils rappellent que justement
l’Afrique offre les retours sur inves-
tissement les plus élevés au monde.
Daouda MBaye, Le Caire
Sharm El-Sheikh,
Egypte
Zoetic Global, développeur de pro-
jet aux États-Unis, a signé un contrat
d'achat d'électricité de 20 ans avec la
Compagnie d'électricité du Ghana
(ECG) pour 100 MW de production
d'énergie additive au barrage d'Ako-
sombo sur le lac Volta. John Dra-
mani Mahama, chef de l’État
ghanéen, a vanté la convention si-
gnée entre Zoetic et ECG, tout en in-
sistant sur l'approche globale de son
administration à la production
d'énergie et le rôle clé des énergies
Stimuler les renouvelables. Il a notamment pré-
investisse- cisé que le projet Zoetic est une so-
ments et le lution idéale pour leur plate-forme
de développement durable et que
commerce son pays accueille les nouveaux dé-
interafricain. veloppeurs qui apportent des solu-
tions pratiques.

26 Les Afriques . 28 janvier 2016


AFRIQUE DU SUD
Dégringolade du rand
Lundi 11 janvier, la monnaie sud-africaine, le rand, a
connu une forte baisse de 9%. Les analystes n’ont pas
tardé à souligner qu’il s’agit de la chute quotidienne la
plus importante depuis octobre 2008…
E
n ce début de semaine, la devise
sud-africaine a lourdement
chuté. Dans le sillage des cours
des matières premières qui ont forte-
ment dévissé, le rand (ZAR) s’est dé-
précié de 9%, lundi 11 janvier, par
rapport à sa dernière cotation face au
dollar américain. A titre d’exemple, les
100 rands s’échangeaient contre
6,8833 $ à la fin du mois de décembre
2015, contre 5,9208 aujourd’hui. Les
experts attirent aussi l’attention sur les
faibles perspectives économiques du
pays, exacerbées par le tâtonnement
du président Zuma qui a dernière-
ment changé plusieurs fois le ministre
des Finances, et un taux de chômage
autour de 25%. A cela s’ajoutent les in-
quiétudes sur la morosité de l’écono-
mie chinoise… Justement, ce tableau
assez sombre de l’économie sud-afri-
caine a induit l’agence de notation
Fitch à baisser la note du pays, pour la
ramener à BBB.
Afin d’atténuer l’impact de ce plon-
geon du rand, la Reserve Bank
(banque centrale) va relever son taux
directeur, apprend-on de sources
dignes de confiance.
D.MB., Johannesburg
Ouganda : Grave sé-
cheresse à Karamoja
et nécessité d’une
aide urgente
Dans la région de Karamoja en Ou-
ganda, au moins 640 000 personnes,
soit plus de la moitié de la popula-
tion, sont confrontées à des pénu-
ries alimentaires, suite une
sécheresse terrible. Selon une étude
conjointe du gouvernement et du
Programme alimentaire mondial
des Nations Unies (PAM), une aide
alimentaire à échelle pour la région
sera nécessaire, dans 31 des 52 sous-
comtés, au cours des 3 prochains
mois. Il en ressort que les ménages
en question sont jugés fortement
dépendants de l’aide du PAM. Aussi,
les experts trouvent qu’il est impé-
ratif qu’ils migrent vers les ceintures
vertes de la région, atténuent l’abat-
tage des arbres pour le bois de
chauffage et le charbon…
Djibouti :
Démarrage des tra-
vaux de la première
centrale solaire
Les travaux de la première centrale
solaire du Grand Bara à dans le sud
de Djibouti ont été entamés. Le pro-
jet sera réalisé en 6 étapes de 50 MW
chacune, pour une capacité finale de
300 MW et va nécessiter un investis-
sement de 390 millions de $. Les res-
ponsables ont précisé que le
développement de cette centrale so-
laire est le résultat d'un partenariat
Johannesburg entre Djibouti et Green Enesys, so-
ciété allemande spécialisée dans les
énergies renouvelables. Le nouveau
projet solaire fait partie de la straté-
gie du gouvernement visant à ré-
duire le coût de l'énergie et soutient
également l'objectif d'approvision-
ner de Djibouti en sources renouve-
lables d'ici la prochaine décennie. À
noter qu’actuellement, 56% de
l'énergie utilisée dans la République
de Djibouti provienne d'une source
d'énergie renouvelable, notamment
de l'interconnexion hydroélectrique
avec l'Éthiopie.
28 janvier 2016 Les Afriques . 27
ENTREPRISES & MARCHÉS
CÔTE D’IVOIRE
Percée des entreprises marocaines
Au terme de l’année écoulée, les investissements
directs étrangers du Maroc sur la Côte d’Ivoire se
sont inscrits dans une nette hausse. Sur les 185
entreprises créées, quelque 37 sont marocaines, soit
un peu plus de 20%, selon le CPI ivoirien.
A
ctuellement, les opérateurs
économiques marocains
n’ont d’yeux que pour la
Côte d’Ivoire. L’axe Abidjan-Casa-
blanca, les deux capitales écono-
miques respectives de la Côte
d’Ivoire et du Maroc, se porte bien.
Dans le sillage de la coopération
Sud-Sud, voulue et encouragée par
les chefs d’Etat des deux pays, les
IDE marocains s’accentuent dans ce
pays de l’Afrique de l’Ouest. Dans sa
dernière sortie, Essis Esmel Emma-
nuel, directeur général du Centre de
promotion des investissements (Ce-
pici), qui a dressé le bilan 2015 de
cette entité, a soutenu que la palme
revient aux entreprises marocaines,
parmi les étrangères. En effet, il a
précisé qu’elles ont été 37 entre-
prises sur les 185 créées en 2015, da-
mant le pion aux françaises qui
n’ont totalisé que 20 unités. Le DG
du Cepici a ajouté que l’encours des
28 Les Afriques . 28 janvier 2016
investissements agréés par le Cepici
a atteint 669,7 milliards de f CFA,
soit 1,11 milliard de $, des investis-
sements pouvant générer quelque 6
500 emplois. Doit-on rappeler qu’il
s’agit d’une tendance qui se dessi-
nait déjà depuis 2013. Meriem Ben-
salah Chaqroun, présidente de la
CGEM (patronat marocain), défen-
dait alors qu’au cours des six pre-
miers mois de cette année-là, 25%
des IDE du Maroc sont allés sur la
Côte d’Ivoire. La patronne des pa-
trons marocains avait alors fait allu-
sion à la fois à l’option du choix
d’une économie libérale basée sur
une vision claire, avec un ambitieux
programme de relance économique,
et l’encouragement d’une réelle
coopération Sud-Sud par Moham-
med VI, roi du Maroc, et Alassane
Ouattara, président ivoirien.
Abdelmalek El Mekkaoui,
Abidjan
Égypte : Du déve-
loppement et de
l’aménagement de la
zone des Pyramides
L’Égypte compte mettre en place des
plans pour développer le domaine
des pyramides à Gizeh. En effet, le
président Abdel Fattah al-Sissi a
tenu, le 18 janvier 2016 au Caire, une
réunion avec l’ingénieur Ibrahim
Mahlab, président adjoint pour les
projets nationaux et stratégiques. Il
s’agira de développer tous les as-
pects de cette zone archéologique.
Le chef de l’État égyptien a souligné
l'importance d’accorder une atten-
tion particulière au développement
de la région et l'amélioration des
services offerts aux touristes. À
noter qu’étaient présents à la réu-
nion l’Autorité chargée du génie des
Forces armées, ainsi que les minis-
tères du Logement, des services pu-
blics et des communautés urbaines,
le tourisme et les antiquités.
Forafric–Tria : Nais-
sance d’un géant afri-
cain de la minoterie
Le groupe Forafric, fleuron national
Abidjan, capitale de la minoterie industrielle, prend
économique de le contrôle du groupe Tria, un ac-
Côte d’Ivoire
teur majeur du secteur créé en 1976.
Le groupe Tria compte 2 minoteries
industrielles, une société de distri-
bution, une unité de pâtes alimen-
taires et de couscous, ainsi qu’une
société de négoce et de stockage de
céréales. De nombreuses synergies
sont attendues, notamment dans les
domaines du stockage, de la logis-
tique, des achats, des ressources hu-
maines, et permettront au groupe
de présenter un éventail élargi de
produits. Désormais, le groupe Fo-
rafric-Tria comptera près de 1 000
collaborateurs pour un chiffre d'af-
faires consolidé de plus de 2 mil-
25% des IDE liards de DH. Lors de la reprise du
du Maroc sont groupe Forafric, l’ambition décla-
rée de Yariv Elbaz reste inchangée,
allés sur la c'est-à-dire celle de créer un cham-
Côte d’Ivoire. pion africain du secteur, créateur de
valeur et d’emplois.
MALI
Mamou Daffé, nouveau sherpa d’Arterial Network
En marge du raout international des professionnels et acteurs culturels,
tenu récemment à Yaoundé, au Cameroun, le Malien Mamou Daffé a été
élu nouveau président du réseau panafricain des acteurs culturels,
Arterial Network. Portrait d'un intrépide baroudeur de l'industrie
culturelle africaine.
A
rterial Network, ce réseau
panafricain d'acteurs cul-
turels blinde ses cordes. Au
terme de sa conférence biennale
tenue dernièrement à Yaoundé, au
Cameroun, le nouveau métronome
de l'art africain est le malien
Mamou Daffé. On le présente
comme le futur bâtisseur de l'in-
dustrie culturelle panafricaine,
avec à la clé d'importantes ré-
formes dans les starting-blocks de
Arterial Network. Car le temps
presse et les défis sont gigan-
tesques. Au cours de cette grand-
messe culturelle de Yaoundé,
plusieurs points figuraient à l'or-
dre du jour, entre autres la lecture
du rapport du comité de pilotage
sortant, du rapport du secrétaire
général, les mises à jour des affiliés
nationaux, les présentations spé-
ciales sur des projets au Burkina
Faso, aux Seychelles et au Swazi-
land. Un important point et non
des moindres, celui de l'engage-
ment fort à travers le projet de
plan stratégique qui va faire bou-
ger les lignes du réseau, a été
abordé. Le clou de la conférence a
été l'élection avec brio d'un nou-
veau comité de pilotage.
Le Malien Mamou Daffé, qui a servi
dans le comité de pilotage pour les
deux dernières années, a été élu à
l’unanimité comme président. Le
tout nouveau sherpa a déclaré :
«Face aux nombreux défis du secteur
de la culture auxquels est confronté
Arterial Network, je suis convaincu
qu’on peut ensemble inscrire notre
réseau dans une nouvelle dyna-
mique, de durabilité, de profession-
nalisme, tout en mettant la culture
au cœur des politiques de développe-
ment du continent. Pour cela, nous
avons besoin d’une direction claire,
des ressources humaines de qualité et
des actions concrètes pour construire
une industrie culturelle dynamique,
concertée, pérenne». Jeune entrepre-
neur tourné vers la créativité à forte
valeur ajoutée, Mamou Daffé tient
les cartes en main et voit l'avenir
prometteur.
«Nous allons œuvrer durant ce
mandat pour repositionner Arterial
Mamou Daffé, Network comme le réseau des ré-
nouveau président seaux d’artistes et acteurs culturels
d’Arterial Network
du continent qui favorise les
échanges et des collaborations créa-
tives et dynamiques entre ses mem-
bres, avec des représentations
efficaces qui conçoivent et réalisent
leurs propres programmes avec des
effets et impacts positifs sur leurs
communautés», a affirmé le prési-
dent Daffé.
Ismael Aidara, Bamako
28 janvier 2016 Les Afriques . 29
ENTREPRISES & MARCHÉS
INTERVIEW IBRAHIM T. KONATÉ
CÔTE D’IVOIRE Développer l’agriculture
grâce aux TIC
En Côte d’Ivoire, une synergie est en marche entre les
nouvelles technologies et l’agriculture. Ibrahim T. Konaté
nous parle de ce rapprochement qui a donné naissance
au projet «e-agriculture» qui devrait permettre de
booster le secteur agricole.
L
es Afriques : Comment
l'Agence nationale du ser-
vice universel des télécom-
munications/TIC (Ansut) qui
œuvre dans les nouvelles techno-
logies peut-elle intervenir dans le
domaine agricole ?
Ibrahim T. Konaté : Le ministère
des TIC est en partenariat avec le
ministère de l’Agriculture, et
l'Agence nationale du service uni-
versel des télécommunications/TIC
(Ansut), à travers cet accord, tra-
vaille sur le projet «e-agriculture».
Un document de stratégie nationale
est déjà mis en place avec une prio-
risation. Un certain nombre de pro-
jets sont identifiés déjà, et des
chantiers lancés.
A travers ce document de stratégie
30 Les Afriques . 28 janvier 2016
nationale, nous apporterons un cer-
tain nombre d’éléments technolo-
giques à la problématique qui a été
soulevée par les experts du secteur
agricole. C’est ça l’objet de e-agricul-
ture. Les experts ont travaillé et déter-
miné six chantiers majeurs. Comme
vous le savez, dans le secteur agricole,
seuls les acteurs eux-mêmes savent les
difficultés qu’ils rencontrent. Par
exemple, ils ont des problèmes d’in-
formation sur la disponibilité des pro-
duits, sur les semences, des problèmes
climatiques, etc.
Grace à la technologie on est capa-
ble d’apporter l’information à un
agriculteur qui est au fin fond de la
Côte d’Ivoire. Vous savez, le taux de
pénétration des smartphones, de la
téléphonie, est très élevé en Côte
Fast Jet ne desser-
vira plus le Malawi
La compagnie low-cost Fast Jet vient
d’annoncer qu’elle a cessé ses vols
vers le Malawi. Parmi les raisons
évoquées, les décisions du gouver-
nement du Malawi d’imposer des
taxes supplémentaires à l’aéroport
de Chileka à Blantyre… Pour Rose-
bery Sath Sambo, président du
Conseil du tourisme du Malawi, le
départ rapide de la compagnie est
un jour sombre pour le tourisme au
Malawi. Outre le fait qu’elle ait dé-
mocratisé le transport aérien, ce
sera un coup dur pour les hommes
d’affaires qui devront passer 3 jours
dans un bus pour rallier la Tanzanie,
au lieu d’un vol de 2 à 3 h.
Zambie : Inaugura-
tion de la route
Mbala-Kakonde
Construit par la société China
CAMC, le projet de route Link Zam-
bia 8000, lancé en 2012, est axé sur
la réalisation d’un certain nombre
de routes dans tout le pays. Initié
par l'Agence de développement
routier, il vise à désenclaver les dis-
tricts et provinces de la Zambie,
mais aussi doit faciliter sa liaison de
la Zambie avec les pays voisins, no-
tamment la Tanzanie et le Malawi.
Un tronçon 171,9 km reliant ces 3
Ibrahim T. Konaté, pays vient d’être achevé.
DG Adjoint de
l'Ansut
Angola : Les exploi-
tants agricoles pour
l’industrialisation
de Cuanza Sul
Les agriculteurs de la province cen-
Dans le secteur trale Cuanza Sul ont défendu lundi
agricole, seuls la revitalisation de l'industrie ma-
les acteurs nufacturière dans la région, grâce à
un financement de l'État, visant à la
eux-mêmes récupération des plantes paralysées.
savent les Certains parmi eux trouvent que la
difficultés province dispose d'un potentiel
agricole enviable, de sorte que la re-
qu’ils vitalisation de l'industrie de fabri-
rencontrent. cation serait une valeur ajoutée
pour la région.
d’Ivoire. Seule l’information peut
permettre au paysan d’être très
performant. Sans oublier que celle-
ci au niveau des produits sur les
marchés leur permet d’accroître la
création de richesse. Pour envoyer
leurs produits, ils peuvent savoir où
il y a des requêtes, et donc où
orienter leurs produits, au lieu de
garder une production vivrière qui
peut rester ou pourrir par exemple,
parce qu’ils ne savent pas qu’il y a
une pénurie ailleurs.
LA : En dehors du volet qui porte
sur l’information, dans certains
pays on voit des nouveautés
comme la télé-irrigation ou irri-
gation à distance. Est-ce que ce
genre de technologies est à l’ordre
du jour en Côte d’Ivoire ?
I.T.K. : Il faut aller par étape. L’Etat
veut moderniser l’agriculture en
Côte d’Ivoire. Le développement et
la modernisation de l’agriculture
est le leitmotiv du projet e-agricul-
ture, sans compter le fait de pro-
duire plus avec moins, de façon
durable. Seule la technologie peut
permettre cela. Sur des surfaces ré-
duites, avoir une certaine technolo-
gie pour produire plus, grâce à des
systèmes d’auto-irrigation…
Nous avons une jeunesse qui est très
portée sur la technologie. Nous de-
vons la convaincre d’aller vers l’agri-
culture. Mais alors comment la
convaincre ? Si la jeunesse voit
qu’on utilise des méthodes techno-
logiques pour faire l’agriculture, ce
métier ne sera plus perçu comme
dévalorisant. Ce sont des jeunes qui
sont très bien formés.
La partie mécanique, robotique, est
facile à mettre en œuvre, mais il faut
d’abord faire la promotion du capi-
tal humain, la formation des res-
sources humaines.
LA : Quels sont les résultats ob-
tenus grâce à cette synergie entre
nouvelles technologies et agri-
culture ?
I.T.K. : Nous sommes au début.
Mais il y a beaucoup de demandes.
Ce sont les agriculteurs eux-mêmes
qui viennent vers nous. Même les
producteurs du secteur vivrier vien-
nent nous faire des requêtes. Des
structures comme l’OCPV (Office
de la commercialisation des pro-
duits vivriers) sont partenaires dans
ce projet ainsi que les experts que
nous avons cités. Il y a un tel en-
gouement, il y a beaucoup d’attente.
Nous sommes dans l’obligation
d’apporter d’abord un minimum de
solutions à ces agriculteurs, dès le
départ. Pour le moment, la synergie
est en termes de potentiel.
Propos recueillis par
Ibrahim Souleymane, à Abidjan
La partie Elections munici-
mécanique, pales en Afrique du
robotique, est Sud : Une date à fixer
facile à mettre En Afrique du Sud, aucune date
officielle n’a encore été annoncée
en œuvre, mais pour la tenue des municipales
il faut d’abord 2016. L’opposition s’inquiète jus-
faire la tement de cet état de fait, d’autant
promotion du plus que la Constitution prévoit
qu’elles devraient avoir lieu entre
capital les mois de mai et août.
humain. La date précise doit être annoncée
par le président du parti au pou-
voir, l’ANC. L’Alliance démocra-
tique, principal parti
d’opposition, qui vient de révéler
le nom de son candidat pour Jo-
hannesburg, en la personne
d’Herman Mashaba (homme
d’affaires de 56 ans qui lança en
1985 une ligne de produits capil-
laires dédiés aux Africains), mon-
tre quelques signes d’inquiétude
quant à ce mutisme.
Angola : Finance-
ment du Japon pour
la Phase II du port
de Namibe
Les travaux de la deuxième phase
de réhabilitation du port de Na-
mibe en Angola seront en partie
réalisés par le Japon. Le ministère
angolais des Relations extérieures
et l’ambassade du Japon en An-
gola ont signé à Luanda un accord
d’échange des notes, évalué à plus
de 2 milliards de yens. Il s’agit
d’un don du gouvernement du
Japon. Le document a été paraphé
par Ângela Bragança, secrétaire
d’Etat en charge de la coopéra-
tion, et l’ambassadeur du Japon
en Angola, Kuniaki ITO. Le port
de Namibe, l’un des trois plus im-
portants de l’Angola, constitue le
point stratégique pour la région
Sud du pays et doit se transfor-
mer dans un avenir proche à un
participant actif dans le proces-
sus qui transformera l’Angola à
l’un des principaux centres logis-
tiques d’Afrique australe à travers
le couloir de Moçâmedes.
28 janvier 2016 Les Afriques . 31
POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE
AFRIQUE AU SUD DU SAHARA
2016 en chiffres
L’année 2015 vient de s’achever. Outre la rétrospective,
je vais me tourner vers l’année qui s’annonce.
D
ans une récente publication
du FMI, sur l’état de l’éco-
nomie régionale de l’Afrique
au sud du Sahara (octobre 2015), il
ressort les perspectives écono-
miques pour 2016. Cette base de
données est l’ossature de cette
contribution.
Taux individuel de crois-
sance du PIB
Le Mozambique et l'Éthiopie, selon
les estimations du FMI, seront les
seuls pays à obtenir un taux de
croissance supérieur à 8%. L’Éthio-
pie demeurera sur sa lancée de ces
cinq dernières années en atteignant
un taux de croissance moyen de 8%.
Le Mozambique continue d’être
parmi les économies les plus perfor-
mantes de la sous-région. Si tout va
bien du côté de dame nature et que
le climat se montre clément, le taux
32 Les Afriques . 28 janvier 2016
de 8,2% est raisonnable. La Sierra
Leone (-0,7%) continuera de sentir
l’effet de la crise de l’Ébola sur son
économie. La Guinée équatoriale
avec -0,8% du taux de croissance du
PIB en 2016 connaîtra une contrac-
tion négative de l’activité écono-
mique. Je suis sidéré de constater
que le pays ayant l’un des taux d’in-
vestissement le plus élevé du conti-
nent puisse finir avec une croissance
économique négative.
Classification par revenu
national
Au niveau des classifications régio-
nales, les pays à revenu moyen,
même si en perte de croisière l’an-
née passée, continueront d'être à la
tête avec un taux de croissance éco-
nomique de 6,8% pour 2016. Les
pays à économies fragiles avec un
taux de 5,9% continueront de do-
Banque Millenium,
Meilleure banque en
ligne d’Angola
Notre confrère Global Banking &
Finance Review vient de décerner
le Prix de Best Internet Banking
2015 en Angola à la Banque Mil-
lennium. Pour Millennium An-
gola, cette distinction signifie la
reconnaissance de l'effort d'inno-
vation dans le marché angolais,
étant un encouragement qui vient
renforcer le compromis de la
Banque Millennium envers ses
clients. Parmi les critères qui ont
amené le jury a octroyé : la qualité,
la facilité d'accès et la sécurité que
les services de Millennium Angola
présentent, surtout, le commode
service «Paga Fácil» qui accroît la
disponibilité de la banque. A
noter que Banque Millennium
Angola compte plus de 600 000
clients, 100 agences, 13 centres
Prestige et 8 centres pour entre-
prises et corporate, dont 2 orien-
tés vers l’industrie pétrolière,
totalisant ainsi 109 espaces de ser-
vice ouverts au public. Pour facili-
ter le quotidien des clients,
quelque 55 de ces espaces fonc-
tionnent les samedis avant-midi.
Croissance du PIB
réel en 2016
Ethiopie : Les Oromos
contre un nouveau
plan d’urbanisme
d’Addis-Abeba
En Ethiopie, la communauté des
Oromos se rebiffe. Ils se soulèvent,
Le Mozambique depuis novembre dernier, contre
et l'Éthiopie, un projet d’extension de la capitale
Addis-Abeba. Les localités de Ha-
selon les ramaya, Jaso, de Robe et de Walliso
estimations du sont concernées. Il ne faut pas per-
FMI, seront les dre de vue que depuis une décen-
nie, plus de 150 000 Oromos ont
seuls pays à été forcés de quitter leurs champs
obtenir un taux au profit d’une urbanisation galo-
de croissance pante de la capitale éthiopienne.
Actuellement, les Oromos crai-
supérieur à gnent une expropriation de leurs
8%. terres ancestrales sans une certaine
rétribution.
miner légèrement le groupe des éco-
nomies de frontières (5,3%) (pays à
revenu moyen).
Les pays exportateurs et
importateurs de pétrole
Les pays exportateurs de pétrole
sont supposés rebondir avec un
taux de croissance de 4,2%. Je suis
cependant peu réservé sur cette es-
timation du FMI. Au cas où la chute
actuelle des prix du pétrole se pro-
longe en 2016, On pourrait avoir un
autre scénario. Contrairement aux
pays exportateurs, les pays importa-
teurs, eux, vont connaître une
hausse de leur PIB de 4,4% pour
l'année 2016. Si le prix moyen du
baril de pétrole reste bas pour l’an-
née 2016, alors il faudra s’attendre à
un taux légèrement supérieur.
L’épargne et l’investisse-
ment national
Ces deux identités sont importantes
pour le financement de toute éco-
nomie. Tout pays s’engageant à fon-
der sa croissance économique à
partir de l’investissement assoit la
base d’une économie performante à
long terme. Pour atteindre cet ob-
jectif, elle doit avoir une épargne
nationale assez solide. Dans cette
rubrique, le FMI prévoit pour Mo-
zambique un taux d’investissement
de 51,2%, le plus élevé de la sous-ré-
gion. Ce n’est pas étonnant que ce
pays connaisse un taux de crois-
sance de plus de 8%.
Le taux d’inflation
Cet indice mesure indirectement
l’effet de la politique monétaire.
Dans le court terme, il est un bon in-
dicateur de la pression de la de-
mande domestique sur l’offre limitée
des biens et services. Dans la sous-ré-
gion, le temps des taux d’inflation
élevés à deux chiffres n’est plus du
commun des mortels. Il existe ce-
pendant des pays qui continueront
en 2016 d’avoir des taux d’inflation
critiques, à savoir le Soudan du Sud
(14,1%) et l’Érythrée (12,2%). En
2016 le Malawi (14,1%) continuera
de lutter contre le démon de l’infla-
tion. Le Zimbabwe revient de loin,
une longue période d’hyperinflation,
ce pays connaître pour 2016 un taux
d’inflation nul (0,0%).
Francis Konan,
Expert international à New York
Je suis Succès du 1er sukuk
cependant peu de la Côte d’Ivoire
réservé sur Le 21 décembre 2015, la Côte
cette estima- d’Ivoire, agissant par l'intermédiaire
du ministère de l'Économie et des fi-
tion du FMI. nances, émettait un sukuk inaugural
en devise nationale de 150 milliards
f CFA, soit 244 millions USD. Pour ce
Sukuk al-Ijara, la Société islamique
pour le développement du secteur
privé (ICD), branche de la Banque
islamique de développement, basée
à Jeddah, agissait en tant que princi-
pal arrangeur. Le sukuk, qui a une
maturité de 5 ans, a été souscrit par
des investisseurs issus d'institutions
régionales et internationales. Des in-
vestisseurs du secteur de la vente au
détail issus de 8 membres de l'Union
économique et monétaire ouest-
africaine (Uemoa) y ont également
souscrit. Pour la suite, Khaled Mo-
hammed Al Aboodi, PDG de l’ICD,
a soutenu qu’ICD fera tout son pos-
sible pour contribuer à la transfor-
mation du marché de capitaux de
Un trend haussier l’Uemoa, et va s’engager à promou-
du cours du brut voir et à augmenter considérable-
handicapant la
croissance des pays ment le volume de transactions
producteurs financières islamiques à destination
des économies de l’union.
Burundi : La Red-
Tabara, nouveau
mouvement de
résistance
Afin de lutter contre la recrudes-
cence des violences, des viols et des
exactions au Burundi, un nouveau
mouvement armé de lutte contre le
régime de Pierre Nkurunziza entre
en lice. Jusque-là, il y avait surtout
les FNL (Forces nationales de libé-
ration) du général Nzabampema
Aloys et le Forebu du lieutenant co-
lonel Edouard Nshimirimana.
28 janvier 2016 Les Afriques . 33
POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE
BURKINA FASO
Raid meurtrier d’Aqmi à Ouagadougou
Du 15 au 16 janvier 2016, 3 jihadistes se revendiquant
d’Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), ont perpétré
une attaque au café Cappuccino de Ouagadougou et
pénétré dans un 4 étoiles. Bilan : 29 morts et plusieurs
blessés… un deuil national de 3 jours a été décrété.
A
près la récente prise d’otages
au Radisson Blu de Bamako,
au mois de novembre der-
nier, des terroristes enturbannés réci-
divent à Ouagadougou, à l’hôtel
Splendid de Ouagadougou. Le
modus operandi reste le même…
Des islamistes armés forcent le léger
barrage sécuritaire devant l’établisse-
ment, incendient 2 ou 3 véhiculent et
atteignent les étages supérieurs où ils
prennent en otage plusieurs clients et
membres du personnel de l’hôtel. Un
hôtel 4 étoiles de luxe, surtout fré-
quenté par des hommes d’affaires, du
personnel d’organismes internatio-
naux et des militaires français de lutte
contre l’islamisme armé dans la sous-
région. La nouveauté dans cette at-
taque se trouve dans le fait qu’il y a eu
une diversion, en début de soirée, au
Cappuccino, un café fréquenté par
des expatriés à quelques encablures
de l’hôtel. Un modus operandi, simi-
laire à celui des attaques de Paris.
L’assaut a été donné par les forces de
l’ordre du Burkina Faso, appuyées
34 Les Afriques . 28 janvier 2016
par quelques soldats français. Une
aile du Splendid était toujours en
feu au moment où nous rédigeons
ces lignes. D’après les premiers té-
moignages, recueillis parmi les 63
rescapés, dont un ministre burki-
nabé, il y a eu au total une trentaine
de morts au cours d’échanges de
coups de feu nourris entre le com-
mando et les forces de l’ordre, y
compris les 10 corps dans le café-
restaurant. Pendant les attaques, il
règnait encore un certain flou dans
la capitale du Burkina. Au moment
où le ministre de l’Intérieur annon-
çait la fin de la prise d’otages, 126 li-
bérés, 33 blessés (évacués dans un
CHU et un hôpital de la capitale) et
3 terroristes tués, une autre attaque
par 2 terroristes, avec prise d’otages,
était évoquée à l’hôtel Yibi, mitoyen
au premier établissement… Les mi-
litaires du Burkina viendront à bout
des jihadistes et un deuil de 3 jours
a été décrété.
Abdelmalek El Mekkaoui,
Ouagadougou
Côte d’Ivoire–Libé-
ria : Améliorations
de la sécurité aux
frontières
Suite à la visite officielle d’Ellen
Johnson Sirleaf, présidente du Li-
béria, en Côte d’Ivoire (à Guiglo à
l’ouest du pays), dans le cadre de
la deuxième réunion du Conseil
conjoint des chefs coutumiers et
anciens (CCCA) des 2 pays, le chef
de l’Etat ivoirien Alassane Ouat-
tara a jugé que la sécurité aux
frontières de la Côte d’Ivoire et du
Liberia s’est considérablement
améliorée. Cependant, ce dernier
s’est empressé d’admettre que des
risques sécuritaires existent, tout
en appelant à la mutualisation
des efforts pour le règlement des
problèmes transfrontaliers. Il
s’agissait d’une rencontre entre
les chefs coutumiers et les anciens
des 2 pays, à laquelle prennent
part les 2 chefs d’Etat, et qui se
situe dans le cadre du renforce-
ment de la coopération écono-
mique, sociale et sécuritaire.
Rappelons que la première ren-
Des soldats contre du genre s’est tenue il y a 3
français prennent ans à Zwedru au Libéria.
position dans les
environs de l'hôtel
Splendid
Le Gabon, vexé,
rappelle son ambas-
sadeur à Paris
«Ali Bongo n’a pas été élu,
comme on l’entend», ces propos
de Manuel Valls, Premier minis-
tre français, sur une chaine fran-
çaise de télévision, ont offusqué
les autorités de Libreville. Le
Gabon n’a d’ailleurs pas tardé à
Aqmi, qui a rappeler son ambassadeur en
revendiqué les France, S.E. Germain Ngoyo
attaques, a Moussavou pour consultations et
attend sans doute des excuses of-
publié la photo ficielles de Matignon. Il faut
de 3 jeunes, noter que Pacôme Moubelet-Bou-
sortis à peine beya, ministre gabonais de l’inté-
rieur, avait invité, le lendemain, le
de l’adoles- Premier ministre français à ap-
cence. porter des éclaircissements sur sa
déclaration…
 Maroc : Arrestation
RCA d’un Belgo-marocain
à Mohammédia
Elections générales, vers un second tour J. A., soupçonné d’être en relation
directe avec les actes terroristes du
Les résultats partiels des élections générales, du 30 13 novembre à Paris, a té arrêté, la
décembre 2015, en République centrafricaine (RCA), semaine dernière à Mohammedia
au Maroc, ville située à environ 30
placent Faustin Archange Touadéra en tête. Mais km au nord de Casablanca. Il a été
d’ores et déjà, on avance un prochain tour le 31 appréhendé par les éléments du
janvier 2016. Bureau central d’investigation ju-
diciaire (BCIJ), relevant de la
DGST. Selon les limiers du BCIJ, il
aurait côtoyé les kamikazes de
Paris pendant des mois et avait re-
joint la Syrie, où il s’était engagé
dans un premier temps dans les
rangs de Jabhat Al Nosra, mou-
vance armée et animée par des ji-
hadistes marocains, avant de
rejoindre les unités de Daech. Re-
traçant son parcours, ils ont déter-
miné qu’il est arrivé au Maroc,
après avoir transité par la Turquie,
l’Allemagne, la Belgique et les
Pays-Bas.

Nigéria : Graves
détournements
de deniers publics
au Trésor public

L
a République centrafricaine
(RCA), qui a été ravagée par
un peu plus de 3 années
d’une guerre civile, ponctuée de
terribles violences intercommu-
nautaires, a tant bien que mal né-
gocié sa transition. Lors du
scrutin du mercredi 30 décembre
2015, les 2 millions d’électeurs
centrafricains inscrits ont eu à
voter pour une liste de candidats,
parmi lesquels plusieurs fils d’an-
ciens présidents et de chefs de
gouvernement...
Après la publication des premiers
résultats partiels (environ 27%),
Faustin Archange Touadéra, candi-
dat indépendant et ex-Premier mi-
nistre de François Bozizé, est arrivé
en tête avec 120 838 voix, suivi
d’Anicet Georges Dologuélé (68 547
voix), ex-Premier ministre de l’an-
cien président Ange Félix Patassé,
puis de Désiré Bilal Kolingba (39952
voix), fils de l’ex-président André
Kolingba. Ces chiffres concernent
Bangui, la capitale, 8 des 16 pro-
vinces du pays et l’étranger, sachant
que l’Autorité nationale des élec-
tions (ANE) a relevé un taux de par-
ticipation de 71% au vote.
Mais au moment où le processus de
dépouillement se poursuit, une
vingtaine de candidats, avec à leur
tête Karim Makassoua et Sylvain
Patassé, fils de l’ex-président Pa-
tassé, contestent la validité des pre-
mières estimations.
Ils évoquent des fraudes éven-
tuelles. Dans ce pays, si riche, parce
que producteur de diamants,
d’or… mais exsangue par plusieurs
guerres fratricides et une gabegie
sans égales, ne demande qu’à aller
de l’avant, au profit de tous ses fils.
Daouda MBaye, Bangui
Délibération Lai Mohammed, ministre nigérian
dans un bureau de l’Information, vient d’indiquer
de vote à Bangui
qu’entre 2006 à 2013, quelque 55
personnes, dont des gouverneurs,
des ministres et des fonctionnaires,
mais aussi des banquiers et des
hommes d’affaires, ont subtilisé
plus de 13 milliards de $ au Trésor
public. Des allégations faites au
Faustin début d’une «campagne nationale
Archange de sensibilisation» appelant les Ni-
gérians à se joindre à la lutte contre
Touadéra, la corruption qui gangrène le pays.
candidat Pour le ministre, le Nigéria, qui jouit
indépendant et de la plus forte économie du conti-
nent, d’une importante industrie
ex-Premier pétrolière et de la plus grande popu-
ministre de lation d’Afrique, «devrait être un
François pays riche». Justement, il a déploré
que les sommes dérobées auraient
Bozizé, est pu servir à la construction de 36 hô-
arrivé en tête. pitaux ou éduquer quelque 4 000 en-
fants jusqu’à l’université…

28 janvier 2016 Les Afriques . 35

POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE
CÔTE D’IVOIRE
Nouveau gouvernement Duncan
Daniel Kablan Duncan, Premier ministre ivoirien, vient
de former son gouvernement. A première vue,
l’ossature de son premier gouvernement a été
conservée, et la gent féminine se renforce dans une
équipe portée à 36 membres.
L
e président ivoirien Alassane
Ouattara avait demandé, le 6
janvier dernier, à son Premier
ministre, Daniel Kablan Duncan,
rapidement reconduit, après la dé-
mission du gouvernement, de for-
mer une nouvelle équipe. Le nouvel
exécutif est, à quelques exceptions
près, identique au précédent. Il est
vrai qu’il comporte 9 entrants, dont
4 femmes, 5 ministres sortants, et
s’élargit à 36 membres. Aussi, 3 por-
tefeuilles de souveraineté changent
de mains. Ainsi, Paul Koffi Koffi, hé-
rite du ministère de l’Enseignement
supérieur et de la formation. Le dé-
partement de la Défense, qui lui
était confié, est désormais géré par
la présidence. Il échoit à Paul
Charles Donwahi, nommé ministre
auprès du président de la Répu-
blique. Gnénéma Coulibaly cède la
36 Les Afriques . 28 janvier 2016
Justice au magistrat, ex-secrétaire
général du gouvernement, Sansan
Kambilé, tandis que le nouveau chef
de la diplomatie ivoirienne devient
Abdallah Albert Toikeuse Mabri de
l’UDPCI. Ce dernier remplace
Charles Koffi Déby.
Les sortants sont Mathieu Babaud
Darret (Eaux et forêts), Bacongo
Cissé (fonction publique et réforme
administrative), Charles Déby Koffi
(Affaires étrangères), Gnénéma
Coulibaly (Justice, garde des Sceaux
et droits de l’homme), et Albert Ag-
grey (chargé des relations avec les
institutions de la République).
A noter que le nouveau gouverne-
ment, dépeint comme une équipe
de mission et de combat et qui passe
de 31 à 36 membres, va compter 9
femmes.
Daouda MBaye, Abidjan
Sénégal : Vers une
mise en place d’une
politique de cyber-
sécurité
Malick Ndiaye, directeur de cabi-
net du ministre sénégalais des Té-
lécommunications et de
l’économie numérique, a récem-
ment annoncé à Dakar que son
pays s’attelle à la mise en place
d’une «politique de cybersécurité»,
courant de ce premier semestre, à
défaut d’une stratégie nationale. Il
s’est ainsi exprimé en marge d’un
atelier sur la situation du Sénégal
en matière de cybersécurité, a noté
APS (Agence de presse sénéga-
laise). Une rencontre qui a permis
de faire un état des lieux de la poli-
tique de cybersécurité au Sénégal,
d’identifier les priorités de la sen-
sibilisation sur la cybersécurité, et
d’examiner les défis et les expé-
riences acquises.
Le directeur de cabinet du ministre
des Télécommunications a précisé
Daniel Kablan que la formulation de cette poli-
Duncan, Premier tique de cybersécurité demande
ministre de
la Côte d’Ivoire l’implication de toutes les parties
prenantes, telles que le ministère
de la Justice, la Commission natio-
nale de la cryptologie, l’Agence de
l’informatique de l’Etat, le minis-
tère des Affaires étrangères - pour
des questions de coopération - et le
ministère de l’Intérieur.
Pour mémoire, le Sénégal avait mis
en place, depuis 2008, un cadre ju-
ridique pour lutter contre la cyber-
Le nouvel criminalité, mais au-delà de ce
cadre juridique, qu’il faut d’ail-
exécutif est, à leurs actualiser, ce responsable
quelques trouve qu’il faut mettre en place
exceptions des structures et des organisations
qui permettent de manière opéra-
près, identique tionnelle de lutter contre la cyber-
au précédent. criminalité, des centres d’alerte et
des centres de surveillance.

EBOLA
OMS annonce la fin de l’épidémie en Afrique
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) vient de
déclarer la fin de l’épidémie à virus Ebola, en Afrique de
l’Ouest, jeudi 14 janvier 2016…
G
ame over pour Ebola ? De
toutes les façons, on peut
croire que le plus dur est der-
rière nous, après plusieurs milliers
de morts (+ de 11 000 malades et
une centaine de soignants), quelque
22 000 enfants laissés orphelins ou
sans un parent proche et un lourd
impact sur les économies de la sous-
région. Dans un communiqué rendu
public, l’OMS a annoncé au-
jourd’hui la fin de cette épidémie en
Afrique de l’Ouest, avec l’arrêt de la
transmission au Libéria. Cette date
va coïncider avec le 42ème jour de-
puis que le dernier patient d’Ebola
au Libéria a été testé négatif, relève-
t-on dans ce document.
Rappelons que déjà le 4 janvier der-
nier, l’organisation internationale
déclarait la fin de ce fléau en Guinée,
soit 2 ans, après son début dans ce
pays. Un pays qui avait déclaré offi-
ciellement la fin de la maladie le 16
novembre 2015. Néanmoins, il ne
faut pas jubiler trop vite. Si des res-
ponsables avancent qu’un protec-
teur à 100% a été mis au point, il
n’en demeure pas moins que nom-
bre de chercheurs ont regretté que
beaucoup de nouveaux traitements
ont échoué. La question essentielle
est de savoir si les Etats sont mieux
armés pour combattre une éven-
tuelle prochaine flambée ?
D.MB., Freetown
BAD : soutien finan-
cier à une centrale
hydroélectrique en
Afrique centrale
La banque africaine de dévelop-
pement (BAD) vient d'approuver
un financement d'un montant
global de 138 millions de dollars
pour financer la centrale hydro-
électrique dénommé Ruzizi III.
L'ouvrage devrait alimenter le
Burundi, la RDC et le Rwanda. Il
fait partie du programme de dé-
veloppement des infrastructures
en Afrique (PIDA) lancé à travers
le Nepad et implique trois Etats
d'Afrique centrale qui forment la
communauté économique des
pays des grands lacs (EGL).D'une
capacité globale de 147 méga-
watts ,cette centrale a fait l'objet
d'un accord signé en septembre
2014 entre les pays de l'EGL et un
consortium composé de Sithe
Global, filiale du géant américain
Blackstone Group et Industrial
Promotion Services, filiale du
fonds Agan Khan pour le déve-
loppement économique. Selon le
ministre saoudien de la Défense,
Mohamed Ben Salmane, la mo-
narchie tire ainsi les consé-
quences de la chute vertigineuse
des cours du brut en cherchant à
s’appuyer sur de nouveaux inves-
tisseurs.
Ebola,
des prolongations
Somalie : Attaque
en Sierra Leone Shebab d’une base
kenyane
Les islamistes somaliens d’Al She-
bab, affiliés à Al-Qaïda, ont attaqué
vendredi dernier un camp de la
force de l'Union africaine en So-
malie (Amisom). Il s’agit d’un as-
saut qui a fait plusieurs morts
parmi les soldats kényans. Les
corps des soldats kényans tombés
ont commencé à être rapatriés,
Néanmoins, il lundi 18 janvier à Nairobi. De leur
ne faut pas côté, les assaillants shebab affir-
maient, dimanche 17 janvier, avoir
jubiler trop vite. tué plus d’une centaine de soldats
kényans et en avoir capturé 12...
28 janvier 2016 Les Afriques . 37
POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE

RDC : Edem Kodjo,

CAMEROUN-CONGO Le Japon finance la pour relancer le dia-
construction d’une route intracommunautaire logue politique
Edem Kodjo, ex-Premier ministre
Le prêt de 25 milliards de f FCA du Japon au Cameroun du Togo et ex-SG de l’OUA, vient
devrait permettre d’apporter un coup d’accélérateur à d’être nommé par la Commission
de l’Union africaine facilitateur du
la construction de cette route qui facilitera des dialogue politique en République
échanges entre les deux pays voisins. démocratique du Congo (RDC).
Devant réussir là où l’ex-envoyé
spécial de l’ONU, Saïd Djinnit, a
failli, il est appelé à œuvrer pour un
rapprochement des points de vue
entre les acteurs de la classe poli-
tique. A noter que le président
congolais Joseph Kabila propose un
tel dialogue et que des réticences
sont relevées dans une partie de
l’opposition. Des adversaires oppo-
sés à la possibilité d’un troisième
mandat pour le chef de l’Etat actuel.

La BRVM classée
bourse la plus per-
formante d’Afrique
Le dernier classement africain des
bourses a hissé la Bourse régionale
des valeurs mobilières (BRVM)
d’Abidjan au rang de bourse la
plus performante du continent. La
BRVM a vu son indice composite

L
e Japon a travers l’Agence ja-
ponaise de coopération inter-
nationale (JICA) a octroyé un
prêt de 25 milliards de f CFA au Ca-
meroun, pour appuyer les efforts de
ce pays dans son programme de
construction de route reliant le Ca-
meroun au Congo. Ce financement,
a-t-on appris, permettra notam-
ment la construction d’un lot de
67,5 km entre les localités de Min-
tom et Lélé, dans la région du Sud-
Cameroun qui fait partie du projet
de la route Djoum-Ketta compo-
sante de l’axe routier devant relier
les villes de Sangmélima au sud du
Cameroun et d’Ouesso au nord du
Congo. Avec ce financement japo-
nais, le Cameroun devrait boucler
l’enveloppe nécessaire à la construc-
tion de la partie camerounaise.
Pour la Banque africaine de déve-
loppement (BAD), cette route
transfrontalière longue de 651 Km
est «le maillon manquant de l’in-
ter-capital Yaoundé-Brazzaville».
Sa construction permettra non
seulement de désenclaver des di-
zaines de localités transfrontalières,
mais apportera également un coup
d’accélérateur à l’intégration sous-
régionale au sein de la Commu-
nauté économique et monétaire de
l’Afrique centrale (Cemac).
Conformément au cahier des
charges, la partie camerounaise de la
route Sangmélima-Ouesso devrait
coûter 119,8 milliards de f CFA, dont
la majeure partie a déjà été mobilisée
par divers bailleurs de fonds, tels que
la Banque arabe de développement
en Afrique (Badea), la Banque isla-
mique de développement (BID), la
BAD, le Fonds saoudien de dévelop-
pement, et le Fonds kowïtien.
Achille Mbog Pibasso, Douala
La route commu- progresser de 17,77% au moment
nautaire, vecteur où la bourse du Botswana, classée
de l’intégration
sous-régionale deuxième, n’a connu qu’une
hausse de 5,33 %. Ce positionne-
ment de la BRVM est le fruit de la
stratégie de promotion régionale
et internationale déployée depuis
plus de trois années par son Top
Management. La BRVM a terminé
l’année 2015 en fanfare avec une
Désenclaver capitalisation du marché estimé à
7500 milliards de f CFA, soit une
des dizaines de progression de 18,67% en un an.
localités Aujourd’hui, sa marge de progres-
transfronta- sion est encore très grande selon
les spécialistes qui ont vivement
lières, un coup salué la nomination du magnat sé-
d’accélérateur négalais Pierre Goudiaby Atépa au
à l’intégration poste stratégique de Président du
conseil d’adminitration. La BRVM
sous- qui regroupe les huit Etats de l’Ue-
régionale. moa est l’unique bourse au monde
commune à plusieurs pays.

38 Les Afriques . 28 janvier 2016

GABON
L’économie numérique comme rampe de développement
Des acteurs nationaux et internationaux se sont réunis du 14 au 18 décembre
2015, à Libreville, pour réfléchir sur l’apport de l’économie numérique dans le
développement du pays.
L
e Gabon vient d’abriter son
tout premier Salon internatio-
nal de l’économie numérique
et de l’innovation (Senig). Organisé
sous l’égide du ministère de l’Écono-
mie numérique et de la Poste, cet évè-
nement a mobilisé plusieurs acteurs
nationaux et internationaux du sec-
teur des technologies de l’informa-
tion et de la communication. Sous le
thème « Jeunesse et numérique, le-
viers de développement durable »,
quelque 2 000 visiteurs ont effectué le
déplacement pour échanger sur ce
secteur en pleine mutation, et dont
des études concordantes le classent
parmi les secteurs à fort potentiel
économique pour l’Afrique. Edition
meublée par des ateliers de formation
pour le renforcement des capacités,
des expositions et des conférences-
débats sur l’apport du numérique
dans le développement du continent.
A en croire le ministre de l’Econo-
mie numérique et de la Poste, Pas-
tor Ngoua N’neme, l’organisation
de cette première édition du Salon
international de l’économie numé-
rique et de l’innovation vient à
point nommé, en ce sens qu’elle ap-
porte une valeur ajoutée dans le
secteur, à travers «des conférences
sur le numérique dans les divers
secteurs de l’écosystème de l’Inter-
net, tels la cyber-sécurité, les res-
sources Internet, les noms de
domaines, le réseautage, les inno-
vations, l’inclusion numérique et
financière, les infrastructures».
D’où cette mobilisation observée
parmi les opérateurs mobiles et de
télécommunications, les structures
du gouvernement en charge des
TIC, la société civile, les collectivités
locales, les jeunes et étudiants, les
enseignants et chercheurs, les orga-
Libreville, capitale nisations internationales ainsi que
du Gabon des partenaires au développement.
Dans ce contexte, le comité d’organi-
sation s’est réjoui du fait que «cette
plateforme est le cadre idéal
Un lieu de d’échanges sur les nouvelles techno-
promotion des logies de l’information et de la com-
munication et offre sans aucun doute
services et des opportunités de rencontres et
produits d’affaires pour des investisseurs na-
d’entreprises tionaux et internationaux». En tout
état de cause, «le Senig 2015 se veut
privées également un lieu de promotion des
d’informatique, services et produits d’entreprises pri-
d’électronique vées d’informatique, d’électronique
et de télécommunications à fort im-
et de télécom- pact économique et social dans tous
munications à les secteurs d’activités». Reste à im-
fort impact plémenter les résolutions prises au
économique et terme de ces assises tant il est vrai que
la fracture numérique est encore une
social. réalité au Gabon.
A.M.P., Libreville
28 janvier 2016 Les Afriques . 39
POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE

L'avenir du Bassin du Niger au menu

de la Conférence des chefs d'Etat
Le Sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’Autorité du Bassin du
Niger (ABN) a réuni 9 pays riverains vendredi 8 janvier à Cotonou, au Bénin.
Un plan d'investissement stratégique d'un montant de 3,11 milliards de
dollars (environ 1 556 milliards de f CFA) devait être mobilisé dans le cadre
d'une gestion intégrée durable des ressources hydriques.

L
es présidents Ibrahim Bouba-
car Keita, Mahamadou Issou-
fou, Muhammadu Buhari et
Idriss Déby se sont réunis dans la
capitale béninoise vendredi 8 jan-
vier et sont décidés de passer à la vi-
tesse supérieure. Cette grand-messe
des chefs d'Etat et de gouvernement
à Cotonou est le prolongement de la
COP21 de Paris tenue en décembre
dernier où les décideurs africains
avaient présenté le document stra-
tégique contenant quelque 246 ac-
tions prioritaires pour la mise en
valeur des ressources du Bassin du
fleuve. Coût total des investisse-
ments : 3,11 milliards de dollars. La
durée de la mise en œuvre du pro-
gramme structurant est de 10 ans
(2015-2025). Les présidents Idriss
Déby et Mahamadou Issoufou s'il-
lustrent comme les grands défen-
seurs de l'opération sauvetage du
Bassin du Niger, en proie à de ré-
currents dérèglements climatiques.
Le chef de l'Etat malien, Ibrahim
Boubacar Keita, joue aussi sa parti-
tion dans la croisade climatique aux
côtés des autres pays membres de
l'Autorité du Bassin du Niger.
Le Mali a désigné Cissé Mariam Kai-
dama Sidibé, ex-Premier ministre,
au titre d'ambassadrice de l'ABN
avec à la clé une feuille de route axée
sur les questions liées à la gestion in-
tégrée de l'eau du bassin afin d'éva-
luer les risques et les besoins
d'investissements prioritaires. En
Le fleuve Niger prélude à ce raout de Cotonou, les
gouvernements membres de l’ABN
s'étaient retrouvés à Bamako, le 3
novembre 2015, à l'occasion d'une
Cette grand- réunion extraordinaire afin de dis-
messe des cuter du Plan d’investissement cli-
chefs d'Etat et mat (PIC) de l’ABN.
Un média confrère malien a in-
de gouverne- formé que cette rencontre avait re-
ment à groupé autour du Premier ministre,
Cotonou est le Modibo Keïta, le secrétaire exécutif
de l’ABN, Collins R.U. Ihekire, le
prolongement ministre béninois en charge de
de la COP21 de l’Eau, Christine Vyaho, les représen-
Paris tenue en tants des partenaires techniques et
financiers, entre autres la Banque
décembre mondiale et la Banque africaine de
dernier. développement.
Ismael Aidara, Niamey

40 Les Afriques . 28 janvier 2016

DOSSIER
2016,
Année de toutes les élections
Cette année, dans pas moins de 22 pays du continent africain,
vont se dérouler, de janvier à décembre, des élections
présidentielles, législatives, locales, sénatoriales... Le cas est
plutôt rare pour ne pas être traité, mais surtout l’Afrique confirme
son choix pour la démocratie.
L
es chemins vers la démocratie sont pavés
de bonnes élections. Entre les pays où
des dirigeants s’accrochent au pouvoir,
réclamant un énième mandat, tels
l’Equato-guinéen Nguéma, le Gambien
Jammeh, le Congolais Sassou, le Djiboutien Guel-
leh, le Gabonais Bongo et ceux qui sont en passe
de réussir de réelles alternances démocratiques,
notamment aux Seychelles, au Cap-Vert, en Zam-
bie, ou encore au Bénin avec ses technocrates,
d’autres se cherchent toujours. En République cen-
trafricaine (RCA), la Transition touche à sa fin
Le chrono- avec un second tour fort attendu. Cette même ten-
dance est constatée aux îles Comores, au Tchad, ou
gramme est en Ouganda.
entamé par la De décembre 2015 au janvier 2016 à la fin de l’an-
née en cours, le continent sera traversé par pas
RCA avec des moins de 23 scrutins. Le chronogramme est en-
tamé par la RCA avec des élections générales entre
élections décembre 2015 et février 2016. Il se poursuit avec
générales entre les présidentielles au Niger au mois de février, au
Bénin, en Ouganda et les Comores. Au mois
décembre 2015 et d’avril, des présidentielles au Tchad et à Djibouti
et en décembre au Ghana, il y aura un référendum
février 2016. constitutionnel au Sénégal, probablement au mois
de mai, des présidentielles à Sao Tomé et Principe
42 Les Afriques . 28 janvier 2016
en juillet, en Zambie, au mois de septembre, et en
Gambie et en Guinée équatoriale, au mois de no-
vembre. Entretemps, des élections générales seront
organisées au mois d’août dans les îles du Cap-
Vert, des régionales et municipales en Tunisie.
Si dans tous ces pays, l’agenda des votes est plus ou
moins précis, la présidentielle au Congo, prévue
courant 1er trimestre, nous édifiera si le président
Sassou va rempiler ou non. Entre autres dates de
scrutins à fixer, la présidentielle au Gabon, les lo-
cales en Afrique du Sud, les législatives aux Sey-
chelles, au Maroc, en Côte d’Ivoire, les élections
générales en République démocratique du Congo
(RDC) et des communales en Guinée.
S’il est vrai que de plus en plus d’Africains, au pou-
voir comme dans l’opposition, retiennent et défen-
dent que sur le champ politique la bataille ne peut
être que celle des idées, nous assisterons à des joutes
électorales où les duels sont entre hommes d’af-
faires, tels que Zinsou et Patrice Talon au Bénin, des
sempiternels, tels que Museveni en Ouganda ou
Sassou Nguesso au Congo, des alternances atten-
dues, telles qu’aux Comores où se devrait être le
tour de la Grande Comore, ou encore les fils d’ex-
notables (président et Premier ministre) en RCA.
Daouda MBaye
28 janvier 2016 Les Afriques . 43
DOSSIER

Élections présidentielles
Radioscopie des candidats
Entre odeur de tripatouillage de Constitutions, calendriers
incertains de tenue des élections et volonté de marquer un coup
dès le premier tour, d'un pays à un autre, voici un décryptage des
dessous des cartes...
Une série d’élections

Bénin : Boni Yayi passe la main
à Lionel Zinsou
Sauf changement d'agenda électoral, la présiden-
tielle au Bénin se tiendra en principe le 28 février
2016. Le président Yayi Boni ne briguera pas un
troisième mandat après les scrutins de 2006 et de
Lionel Zinsou 2011. Nommé Premier ministre depuis janvier
2015, le brillant banquier franco-béninois, Lionel
joue à fond la Zinsou, joue à fond la bataille pour conquérir le pa-
bataille pour lais de la Marina. Changement de tête au Bénin. Au
moment où tout le monde craignait le pire pour ce
conquérir le pays stable et réputé pour la santé de sa démocra-
tie, le président Thomas Yayi Boni, conformément
palais de la à la Constitution béninoise, a décidé de ne point
Marina. rempiler. A sa grandeur ! Critiqué par l'opposition
et une importante frange de la société civile, le
sherpa du gouvernement tient sur de bonnes bé-
quilles. Il jouit de l'aura et du soutien de l'esta-
blishment politique de son prédécesseur. On le pré-
sente comme un des grands favoris de cette
présidentielle, du fait de ses connexions avec bon
nombre de palais dont le plus exposé est l'Elysée
qui tire les ficelles dans l'ombre pour succéder au
président Boni Yayi. Seulement, sa bête noire et
l'éternel challenger de cette présidentielle, le richis-
sime homme d'affaires Patrice Talon, ne lui facili-
tera pas la traversée de la Primature à la Marina. Ce
dernier avait été accusé par Cotonou de tentative
de coup d'Etat et d'empoisonnement en 2012. Il vi-
vait reclus entre Paris, Bruxelles et Londres avant
son retour au pays. Patrice Talon est considéré
comme l'un des potentiels favoris de cette prési-
dentielle. Ses réseaux, sa fortune et sa connaissance
du terrain militent à sa faveur. Des concurrents à

44 Les Afriques . 28 janvier 2016

 moindre calibre sont en lice: l'ancien malheureux
Deux poids lourds candidat Abdoulaye Bio Tchané, Pascal Koupaki,
Robert Gbian, Lehady Soglo. Certains d'entre eux
de la scène passent pour des figurants qui animeront sans
doute la galerie.
politique
ougandaise sont Ouganda : Yoweri Museveni, le théori-
cien des KO s'accroche
sur le ring. Le président Yoweri Museveni, arrivé au pouvoir en
1986, est décidément un dur à cuire. Le sphinx s'ac-
croche toujours à son fauteuil présidentiel et va à la
course pour un nouveau mandat de cinq ans. Un
quatrième dans la foulée. Sauf report, le scrutin se
tiendra le 18 février prochain. Grand tribun, vieux
briscard et futé en politique, il sera en lice avec son
teigneux adversaire de tous les temps, Kizza Bezi-
gye, leader du Forum pour le changement démo-
cratique (FDC). Ces deux poids lourds de la scène
politique ougandaise sont sur le ring et ne se font
pas de cadeau. Depuis 2001, Yoweri Museveni croise
le fer avec Kizza. Rebelote en 2006 et 2011. Le 18 fé-
vrier prochain, les deux hommes s'affronteront
pour la quatrième fois consécutive. Mais l'ordre des
choses risque de se bouleverser. Car une nouvelle
recrue et non des moindres fait son entrée dans la
bataille du fauteuil présidentiel. Son nom est
Amama Mbabazi, ancien Premier ministre, qui a
posé armes et bagages dans la sphère très fermée de
l'opposition. On le présente comme le futur arbitre
du jeu politique ougandais lors de la présidentielle
de février 2016. Plusieurs officines politiques ma-
nœuvrent pour la création d'une coalition des deux
forces politiques de l'opposition pour barrer la
route au vieux briscard Yoweri Museveni. L'homme
fort de Kampala est réputé avoir un redoutable
Tout sera fin prêt
pour le vote
flegme de remporter les élections dès le premier
tour. Les Ougandais retiennent leur souffle.
Gambie : Yahya Jammeh, super chair-
man, maitre du jeu ?
Sans coup férir, l'homme fort de Banjul (50 ans)
reste le maître à bord. Arrivé au pouvoir depuis
1994, déposant le président Daouda Kairaba Dia-
wara, le chef de l'Etat gambien blinde son palais et
n'entend pas faire de place à ses rivaux qui ambi-
tionnent de poser leurs baluchons au palais State
House indépendance Driver (rue de la bâtisse pré-
sidentielle). Pour le moment. A priori, profitant du
non-amendement, les joutes présidentielles de-
vront se tenir le 1er décembre 2016. Mais, son parti
APRC (parti au pouvoir) de plus en plus en pleine
forme et gagnant du terrain devra formaliser d'ici
à fin janvier le fichier électoral soumis aux autori-
tés compétentes. La troupe se tient prête à aller au
charbon pour imposer le président Jammeh à la
tête du pays lors de la prochaine présidentielle cen-
sée se tenir le 1er décembre 2016. Face à lui, des op-
posants réduits à néant. Il leur manque tout : caisse
de guerre, think-tank, appareils ancrés dans le pays.
Son principal challenger Ousseini Drabo, affaibli
par le poids de l'âge et son état de santé, est plus
que jamais en perte de vitesse. L'homme fort de
Banjul qui a la magie insoupçonnée d'échapper aux
multiples tentatives de coups d'Etat perpétrés
contre lui entamera son cinquième mandat. Sans
heurts. Il jouit d'une cote de popularité inoxydable
auprès du monde paysan et de la chefferie mara-
boutique du pays. A Banjul, on scande ça et là, Jam-
meh For Ever !
Ismael Aidara
28 janvier 2016 Les Afriques . 45
DOSSIER

Niger Des élections aux multiples enjeux

Le président nigérien Mahamadou Issoufou, candidat à sa propre
succession, devra affronter 14 prétendants lors des élections
présidentielles du 21 février prochain. Confiant de son bilan de cinq
ans à la tête du pays, le camp présidentiel qui affronte une opposition
dispersée table sur une victoire dès le premier tour.
Mahamadou Issoufou,
président du Niger

L
e 21 février prochain, quelque 7 millions
d’électeurs nigériens seront appelés à choi-
sir parmi 15 candidats le prochain prési-
dent de la république pour un mandat de
cinq ans.
Le président Mahamadou Issoufou qui se présente sous
les couleurs du PNDS Tarraya, la formation qui l’avait
porté au pouvoir en 2011, veut rempiler pour un second
La mouvance mandat. A l’approche des consultations électorales,
toute la classe politique nigérienne est mobilisée. Le
présidentielle est coup d’envoi de la campagne sera donné le 1er février.
plus que jamais En quête d’un second mandat
mobilisée pour Le gouvernement et ses partisans comptent sur le
bilan de cinq ans de gestion du pays pour faire élire
vulgariser les leur candidat dès le premier tour, comme ce qu’a réa-
réalisations du lisé Alassane Ouattara en Côte-d’Ivoire ou Alpha
Condé en Guinée. La mouvance présidentielle est plus
régime sous le que jamais mobilisée pour vulgariser les réalisations
du régime sous le signe de la «Renaissance» du pays.
signe de la «Au terme de ces cinq (5) années, des résultats probants
«Renaissance». ont été enregistrés dans divers domaines de la vie so-
cioéconomique et politique du Niger malgré un contexte
marqué par un climat sécuritaire tendu tant au plan
mondial que national auquel s’ajoutent les catastrophes
naturelles et les obstacles de tous ordres», a déclaré le
chef de l’Etat nigérien dans une allocution prononcée
récemment à la veille du Nouvel An. Dans son mes-
sage à la nation, le président Mahamadou Issoufou a
dressé une sorte de bilan de ses réalisations autour de
huit (8) axes stratégiques du Programme de Renais-
sance. Renforcement des infrastructures de transport
et énergétiques (chemin de fer, centrale électrique,
routes), réalisation de grands projets (échangeurs,
aménagements urbains), amélioration des indicateurs
de base (santé, éducation, accès à l’eau et à l’électri-
cité) ou augmentation du pouvoir d’achat des Nigé-
riens (recrutement massif dans la fonction publique,
rehaussement des salaires)… le bilan que tire le prési-
dent Issoufou de son premier mandat est assez positif.
«Le Niger est un pays qui attire les investisseurs et qui
inspire confiance à ses partenaires. C’est un pays dont
les indicateurs sont satisfaisants avec un taux de crois-
sance annuel moyen d’environ 6% sur la période 2011-
2015, un taux d’inflation annuel moyen de 0,94%», a
souligné Mahamadou Issoufou. Selon le bilan du gou-
vernement, depuis 2011, au moins 710 063 emplois
ont été créés dont 137 028 permanents. Mais malgré

46 Les Afriques . 28 janvier 2016

 ses avancées importantes en cinq ans grâce à la mise en
Face aux œuvre du Programme de Renaissance, des défis mul-
tiformes restent à relever.
revendications de
15 candidats en lice
l’opposition, le C’est donc sur un bilan satisfaisant que le président
fichier électoral a nigérien et ses partisans regroupés au sein du Mouve-
ment pour la Renaissance du Niger (MRN) comptent
été audité par s’appuyer pour obtenir un second mandat. Selon le
des experts de ministre d’Etat à la Présidence Bazoum Mohamed,
président du PNDS-Tarayya, le parti présidentiel,
l’OIF avant d’être «Mahamadou Issoufou a de fortes chances de passer dès
le premier tour au vu de ses résultats à la tête du pays».
accepté par tous. Pour l’opposition politique, le scénario n’est pas envi-
sageable au Niger et les réalisations de l’actuel prési-
dent «sont loin de correspondre aux réelles
préoccupations des Nigériens». Les opposants repro-
chent au régime une mauvaise gouvernance, le non-
achèvement de certains chantiers prévus par le régime,
comme le Barrage de Kandadji ou la mine géante
d’Imouraren concédée au groupe français Areva pour
l’exploitation de l’uranium et de vouloir instaurer une
dictature au Niger. L’opposition accuse également le
régime d’avoir orchestré «le concassage des partis po-
litique de l’opposition» en vue d’obtenir un second
mandat à la tête du pays.
Bras de fer entre
pouvoir et opposition
A l’approche des élections, le climat sociopolitique
est tendu avec les manifestations régulières de l’op-
position et de la société civile. En décembre dernier,
à moins de 3 mois des élections, les autorités ont
d’ailleurs annoncé avoir déjoué une tentative de
coup d’Etat. Plusieurs officiers supérieurs de l’ar-
mée et des politiciens ont été interpellés. L’opposi-
tion compte peser de tout son poids électoral pour
Vote à Niamey
gagner en 2016 afin d’instaurer une alternance.
Pour le scrutin du 21 février, plusieurs personnalités
connues des Nigériens sont en lice. En dehors du prési-
dent Mahamadou Issoufou qui brigue un 2ème mandat,
les candidats les plus en vue sont notamment Seyni Ou-
marou du MNSD Nassara (ancien parti au pouvoir de
2000 à 2010 avec Tandja Mamadou et qui était arrivé
second en 2011), Mahamane Ousmane (ancien chef de
l’Etat, 1993-1996), Amadou Boubacar Cissé (ancien mi-
nistre d’Etat au Plan sous Issoufou) ou Ibrahim Yacouba
(l’ex-directeur de cabinet de l’actuel président ) qui se
présente pour la première fois après avoir rompu avec le
PNDS Tarayya. Cependant, le candidat qui fait le plus
parler de lui, c’est celui du Moden Lumana, l’ancien allié
du président Issoufou (2011-2013) et ancien président
de l’Assemblée nationale, Hama Amadou. Actuellement
détenu dans une prison, civile située à quelques kilo-
mètres de Niamey, depuis le 14 novembre dernier, date
de son retour au pays après un exil de plus d’une année
en France, Hama Amadou impliqué dans une affaire de
«trafics de bébés nigérians» a vu sa demande de liberté
provisoire rejetée, le 11 janvier dernier, en dépit de la va-
lidation de sa candidature à l’élection présidentielle par
la Cour constitutionnelle. Notons que Hama Amadou
était arrivé 3e lors des élections présidentielles de 2011
avant de se rallier à Mahamadou Issoufou au second
tour. Face aux revendications de l’opposition, le fichier
électoral a été audité par des experts de l’OIF avant
d’être accepté par tous.
La campagne électorale débutera le 1er février. Selon
certains observateurs, le scrutin présidentiel du 21 fé-
vrier couplé aux législatives s’annonce plein d’incerti-
tudes. Les appels à l’apaisement et à des élections
transparentes se multiplient de la part de la société ci-
vile et des partenaires internationaux pour préserver le
climat de paix et de stabilité qui règne dans le pays.
Ibrahim Souleymane
28 janvier 2016 Les Afriques . 47
DOSSIER

Centrafrique Dologuélé et
Touadéra pour le sprint final
Les deux anciens Premiers ministres qualifiés pour la finale seront
départagés le 31 janvier au terme d’un second tour qui s’annonce
serré, où le vrai vainqueur sera le peuple centrafricain.
Bangui, capitale de la
République centrafricaine

Les 2 finalistes
sont suivis par
Désiré Kolingba,
fils de l’ancien
président André
Koligba, arrivé en
3ème position avec
12,6%, l’ex-
Premier ministre
Martin Ziguélé
crédité de

A
10,82% pointe près trois ans d’instabilité sociopoli-
en 4ème position tique suite à l’éviction du président
François Bozizé par une coalition de
et Jean-Serge mouvements rebelles menée par la
Bokassa, fils de Séléka et une interminable transition
qui s’en est suivie, la Centrafrique devrait enfin re-
l’ancien président trouver l’ordre constitutionnel, au terme du second
tour de l’élection présidentielle le 31 janvier 2016.
Jean Bedel Un duel qui opposera deux anciens Premiers mi-
Bokassa avec nistres, en l’occurrence Anicet Georges Dologuélé
et Faustin Archange Touadéra, arrivés en tête au
5,5%, ferme le premier tour de la présidentielle du 30 décembre
2015, avec respectivement 23,78% des suffrages et
quintuplé de tête. 19,42% des voix d’après les résultats annoncés par
l’Autorité nationale des élections (ANE) et validés
par la Cour constitutionnelle. Malgré des contesta-
tions de certains candidats appelant à un nouveau
décompte des voix. Les deux finalistes sont suivis
par Désiré Kolingba, fils de l’ancien président
André Koligba, arrivé en troisième position avec
12,6%, l’ex-Premier ministre Martin Ziguélé cré-
dité de 10,82% pointe en quatrième position et
Jean-Serge Bokassa, fils de l’ancien président (em-
pereur) Jean Bedel Bokassa avec 5,5%, ferme le
quintuplé de tête. Les autres 25 candidats en lice
s’étant partagés le reste des suffrages.
Avec un taux de participation estimé à 69%, il s’agit
là d’un grand succès. Mieux, un demi-miracle non
seulement parce que d’énormes difficultés maté-
rielles auraient pu amener la majorité des Centra-

48 Les Afriques . 28 janvier 2016

 fricains à rester chez eux, mais d’autant que tout le
Quel que soit le pays est loin d’être pacifié. C’est dire qu’avec la sé-
rénité qui a entouré le premier tour, il est possible
vainqueur, le que la participation soit plus forte au second tour,
surtout que les Nations unies ont particulièrement
véritable renforcé le dispositif sécuritaire de la Mission inté-
vainqueur sera le grée multidimensionnelle de stabilisation des Na-
tions unies en République centrafricaine (Minusca).
peuple Comme il fallait s’y attendre, le second tour fait
centrafricain, qui, place au jeu des alliances. C’est dans ce cadre qu’une
vingtaine de candidats, éliminés au premier tour,
défiant des ont apporté leur soutien à Faustin Touadéra, «sou-
cieux de l’impérieuse nécessité d’un large rassemble-
obstacles et des ment du peuple centrafricain de la préservation de la
menaces de paix ainsi que de la cohésion sociale», ont-ils indiqué.
toutes sortes, a Une joute électorale à l’issue incertaine
Selon toute vraisemblance, l’outsider qui se pré-
décidé de sente en candidat indépendant pourrait finalement
redonner à la créer la surprise, en se faisant élire au soir du 31
janvier prochain. Cette probabilité est de plus en
Centrafrique une plus envisageable quand on sait que malgré l’accord
passé entre l’Union pour la renaissance en Centra-
place dans le frique (URCA) d’Anicet Dologuélé et le Kwa Na
concert des Kwa (KNK) de l’ex-président Bozizé, des militants
de cette formation politique ont déclaré qu’ils ap-
Nations. porteraient leur soutien à Touadéra. Selon Samuel
Tokofeisse, membre du bureau politique du KNK,
l’accord politique entre le KNK et l’URCA est une
initiative de Bertin Bea qui assure l’intérim du se-
crétariat général du parti. Ainsi, «les propos tenus
par le secrétaire par intérim du KNK n’engagent que
Centrafricains devant
les bureaux de vote
lui et ses acolytes. Bozizé n’a signé aucun accord avec
l’URCA, c’est une initiative de Bea et cela ne nous lie
pas», a-t-il expliqué. En d’autres termes, la base du
KNK ne respectera jamais cette consigne. Et pour
cause, «nous qui sommes de la base, nous disons aux
ouvrières et ouvriers de ne pas accepter cet engage-
ment en faveur du candidat Dologuélé», note-t-il.
Toutefois, rien n’est encore joué, d’autant qu’à
moins d’une semaine du scrutin, l’on ne note pas
de ralliement majeur pour l’un ou l’autre candi-
dat. Beaucoup d’analystes considèrent toujours
Dologuélé comme favori. Dans cette perspective,
Désiré Kolingba, avec 12,6%, l’ex-Premier ministre
Martin Ziguélé, avec 10,82%, se présentent comme
les vrais arbitres de ce duel. Ces derniers n’ont pas
encore donné de consignes de vote, des tractations
étant en cours avec les deux finalistes. Tout laisse
croire que le score pourrait être serré, surtout
qu’une éventuelle hausse du taux de participation
rendrait le scrutin plus complexe. Certes, tout n’a
pas été parfait, mais les Centrafricains n’en méri-
tent pas moins d’être félicités. En tout état de
cause, quel que soit le vainqueur, le véritable vain-
queur sera le peuple centrafricain, qui, défiant des
obstacles et des menaces de toutes sortes, a décidé
de redonner à la Centrafrique une place dans le
concert des Nations. La prochaine étape étant de
s’unir tous et de se consacrer ensemble pour le dé-
veloppement du pays dans un pays où tous les
frères et sœurs se seront réconciliés pour sortir de
la misère et de l’instabilité.
Achille Mbog Pibasso
28 janvier 2016 Les Afriques . 49
DOSSIER

Congo Vers un plébiscite

de Sassou Nguesso
Le président en exercice, qui a fait modifier la Constitution afin de se
représenter, part largement favori pour se succéder à lui-même,
d’autant que l’opposition a du mal à parler d’une même voix.
Denis Sassou Nguesso,
président du Congo

L
Le président de la e prochain épisode qu’écriront les
Congolais le 20 mars 2016 sera l’élection
République, qui a du prochain président de la République.
véritablement Un épisode qui viendra ainsi clore un
feuilleton sociopolitique à rebondisse-
repris la main, a ments, marqué notamment par la modification de
fixé l’élection la Constitution qui permet au président Dénis Sas-
sou Nguesso de briguer d’autres mandats. Une pré-
présidentielle rogative que lui déniait la Constitution votée
pourtant sous son magistère et qui disposait
au premier qu’une personne ne pouvait faire trois mandats
trimestre 2016. successifs à la tête du pays. En plus de ce verrou
constitutionnel, l’ancien communiste marxiste qui
est actuellement âgé de 72 ans en était d’office
exclu, puisque la loi prévoyait la limite d’âge à 70
ans. Tout cela ne relève plus que de l’histoire
puisque, entretemps, le pouvoir a fait adouber ces
changements au terme d’un référendum boycotté
par l’opposition. Dans ce sillage, le président de la
République, qui a véritablement repris la main, a
fixé l’élection présidentielle au premier trimestre
2016 alors qu’elle était prévue au début du troi-
sième trimestre de l’année.
Même s’il n’est pas encore officiellement candidat,
ses partisans, sous la houlette du Parti congolais du
travail (PCT), multiplient des artifices «suppliant
instamment» leur champion à se présenter candi-
dat pour le prochain scrutin. Une vérité de Lapa-

50 Les Afriques . 28 janvier 2016

 lisse qui ne surprend personne, puisque Sassou n’a
L’opposition pas procédé à la modification de la Constitution
pour abandonner «librement et tout de suite» le
congolaise a palais de Mpila à un autre occupant. Disposant de
tous les leviers de pouvoir et d’une administration
beaucoup du mal acquise à sa cause, le président sortant devrait sauf
à désigner un coup de tonnerre se faire royalement réélire dès le
premier tour. En tout cas, tous les voyants sont pra-
candidat unique à tiquement au vert pour le chef de l’État, d’autant
cause des que l’opposition est loin de présenter un visage uni.
En effet, l’opposition congolaise, rassemblée au sein
problèmes de la plateforme Front républicain pour le respect
de l’ordre constitutionnel et l’alternance démocra-
structurels qui la tique (Frocad) et l’Initiative pour la démocratie au
déchirent. Congo (IDC), a beaucoup du mal à désigner un
candidat unique à cause des problèmes structurels
qui la déchirent.
L’opposition en rangs dispersés
De quoi espérer que le dialogue entamé le 8 janvier
2016 entre les deux regroupements sous les aus-
pices d’André Okombi Salissa de l’Idc et Pascal
Tsaty Mabiala du Frocad puisse faire bouger les
lignes. D’autres leaders de l’opposition, à l’instar de
Mathias Dzon, s’ils souhaitent l’alternance poli-
tique au Congo-Brazzaville doivent forcément se
mettre ensemble. Faute de quoi, Sassou l’emporte-
rait haut la main dès le premier tour sans qu’il ait
même recours à des tripatouillages comme le su-
bodorent déjà ses détracteurs. A en croire des ana-
lystes et des observateurs avertis de l’espace
politique congolais, «l’opposition congolaise existe à
travers des individus, et non pas par des organisations
Brazzaville,
capitale du Congo
établies durablement sur le terrain». Il n’en fallait pas
plus pour que d’aucuns en viennent à tirer la
conclusion selon laquelle des regroupements ou
des tentatives de regroupements en cours ne sont
que conjoncturels, car ne reposant sur aucun pro-
gramme de société consensuel. Illustration : cer-
tains souhaitent participer à l’élection
présidentielle au nom de la vie démocratique, d’au-
tres estiment que les conditions ne sont pas rem-
plies et qu’un certain nombre d’éléments liés à la
gouvernance électorale doivent être mis en place,
avant toute participation aux élections. Entre au-
tres, la mise en place d’une commission électorale
dont l’indépendance est reconnue par tous, un fi-
chier électoral fiable accepté de tous, des cartes
d’électeurs biométriques, ou encore l’identification
électronique des électeurs.
Au regard de la situation actuelle de l’opposition
congolaise, ses propres dissensions internes sem-
blent plus difficiles à concilier que de combattre le
pouvoir dont le candidat s’ouvre une voie royale
pour une victoire «nette et sans bavure» dès le pre-
mier tour. A défaut, des querelles byzantines
conforteront des observateurs à l’idée que des diri-
geants de l’opposition s’agitent dans l’espoir de
frapper le pourvoir dans l’optique de négocier des
prébendes pour des intérêts partisans. Problème,
l’opposition est-elle capable de se ressaisir d’ici le
20 mars 2016, ou bien doit-on se contenter de ce
qu’elle a toujours représenté. Une opposition de
circonstance en fonction des événements politiques
du moment ? Voilà toute la question.
Achille Mbog Pibasso
28 janvier 2016 Les Afriques . 51
DOSSIER

Gabon Une équation à plusieurs

inconnues pour Ali Bongo
La prochaine élection présidentielle pourrait être la plus disputée de
toute l’histoire politique de ce pays. Au regard des forces en présence,
bien malin celui qui se risquerait à un jeu de pronostic.
Ali Bongo Ondimba,
président du Gabon

C
ontrairement aux autres pays
d’Afrique centrale où les dirigeants au
pouvoir pourraient tous rempiler sans
grande surprise, la prochaine élection
présidentielle au Gabon s’annonce très
Le climat serrée du fait des forces en présence. Difficile dès
sociopolitique lors de faire un pronostic, au risque de se faire dés-
avouer par le verdict des urnes. En d’autres termes,
plutôt délétère et rien ne présage pour l’instant la victoire du prési-
tendu ne présage dent Ali Bongo Ondimba qui a succédé à son père
Omar Bongo Ondimba en 2009 au cours d’un
guère des scrutin très disputé, certains leaders de l’opposi-
tion, à l’instar d’André Mba Obame alors président
élections de l’Union nationale (UN), s’étant autoproclamé
apaisées. vainqueur. S’ensuivirent alors des manifestations
de contestations et des scènes de violence et de pil-
lage qui obligèrent le pouvoir à requérir l’interven-
tion des forces de l’ordre pour ramener le calme
dans un pays qui a évité de peu de s’embraser. Au-
jourd’hui, le climat sociopolitique plutôt délétère
et tendu ne présage guère des élections apaisées, à
moins que les dirigeants politiques décident de
taire leur égo et privilégier l’intérêt du peuple ga-
bonais. Sans jouer au devin, tout laisse croire qu’il
sera difficile de réaliser un consensus politique tant
la violence du discours et des positions plutôt tran-
chées de part et d’autre inquièt.
Le débat sur les origines du président Ali Bongo qui
anime les chaumières de Libreville, à Port-Gentil,
en passant par Oyem ou Lambaréné sera sans
doute l’un des éléments clés de la divergence des
acteurs politique. L’opposition qui estime que l’ac-
tuel chef de l’État est un «fils adoptif» de l’ancien
président Omar Bongo Ondimba aurait des ori-

52 Les Afriques . 28 janvier 2016

 gines nigérianes, plus précisément de la région du
La grosse bataille Biafra qui tenta une sécession dans les années 1960,
ne devrait pas être candidat à sa propre succession
au sein de parce qu’il «n’est pas Gabonais». Un combat sans
doute perdu d’avance, car on ne voit pas comment
l’opposition met la candidature d’Ali Bongo pourrait être invalidée
en relief les pour ce motif, alors qu’il achève un septennat à la
tête du pays. C’est dire qu’il faudra d’autres argu-
anciens pontes ments à l’opposition pour déloger le président de la
du parti République du palais de Bord de mer. En tout état
de cause, Ali Bongo qui a «apporté un coup de
présidentiel. fouet à l’économie gabonaise», clament ses parti-
sans du Parti démocratique gabonais (PDG, au
pouvoir), entend rempiler dans la perspective de
réaliser son programme de société dont le maître
mot est de faire du Gabon un pays émergent en
2025. Dix années pour que ce pays d’environ deux
millions d’habitants devienne une économie in-
dustrialisée, il faudra sans doute faire plus et mieux
pour atteindre cet objectif, d’autant que le Gabon
dont le pétrole constitue plus de 85% des res-
sources est loin de bien se porter avec la déprécia-
tion du prix du baril sur le marché international.
Pronostic difficile
Une conjoncture économique difficile dont l’oppo-
sition cherche à tirer profit, bien que ses divisions
internes constituent le premier obstacle à surmon-
ter dans sa quête de magistrature suprême. Selon
toute vraisemblance, le décès de l’opposant histo-
rique Pierre Mamboudou de l’Union du peuple ga-
bonais (UPG) et tout récemment d’André Mba
Obame de l’UN, ex-transfuge du PDG sont loin de
faire les affaires de l’opposition gabonaise, tant ces
deux personnalités jouissaient d’un certain cha-
Libreville,
capitale du Gabon
risme qui pouvait sérieusement mettre en difficulté
le chef de l’État sortant. La grosse bataille au sein de
l’opposition met en relief les anciens pontes du parti
présidentiel, dont des égos surdimensionnés ne
semblent pas favoriser le consensus nécessaire pour
battre Ali Bongo. Une situation savamment entre-
tenue par certains membres influents de ce bord po-
litique s’est envenimée récemment avec la
déclaration de l’ancien Premier ministre, Jean
Eyeghe Ndong, vice-président de l’Union nationale
appelant à la candidature de Jean Ping. Ce dernier,
ancien président de la Commission de l’Union afri-
caine (UA) apparait comme l’un des opposants les
plus virulents du chef de l’État.
Les retrouvailles entre les présidents en exercice du
Front de l’opposition pour l’alternance (FOPA),
Jean De Dieu Moukagni Iwangou, et de l’Union des
forces pour l’alternance (UFA), Benoit Mouity
Nzamba, pour «coordonner leurs actions à mener en
vue des futures batailles électorales notamment l’élec-
tion présidentielle de 2016» en présence des mem-
bres de ces deux mouvements politiques de
l’opposition gabonaise, à savoir Zacharie Myboto,
Clément Divoungi Di Ndinge, Jules Aristides
Bourdes Ogouliguendé, Jean Ping, Jean Eyeghe
Ndong, Pierre Amoughe Mba, ont montré que
l’opposition est loin de parler d’une même voix. En
effet, d’aucuns ont publiquement récusé le «choix»
porté sur Jean Ping comme candidat unique de
l’opposition. Des attitudes qui prouvent que l’op-
position gabonaise a encore du chemin à faire pour
réaliser son unité, alors que le temps commence à
presser, la présidentielle gabonaise étant prévue
dans dix mois.
Achille Mbog Pibasso
28 janvier 2016 Les Afriques . 53
DOSSIER
Guinée équatoriale
Tapis rouge pour Obiang Nguéma
Le président équato-guinéen ne devrait pas rencontrer de réelles
difficultés pour se faire réélire. En réalité, le vrai enjeu de ce scrutin
réside dans le taux de participation.
L
Obiang Nguéma, président e peuple équato-guinéen se donne ren-
de la Guinée équatoriale dez-vous en novembre prochain pour
élire un nouveau président de la Répu-
blique. Un scrutin qui devrait confirmer
L’opposant l’hégémonie du Parti démocratique de
Guinée équatoriale (PDGE, au pouvoir) et dont le
historique porte-étendard l’actuel chef de l’État Teodoro
Severino Moto, Obiang Nguema sera sauf cataclysme politique
sans précédent réélu pour un autre mandat à la
qui vit en exile en tête du pays. Dans la perspective de ce rendez-vous
électoral, le PDGE a organisé, le 10 novembre 2015
Espagne, et les à Bata, la capitale économique du pays, son troi-
autres leaders de sième congrès extraordinaire dont le point
d’orgue fut la désignation du président de la Ré-
l’opposition de la publique comme candidat à la prochaine élection
présidentielle. Un choix que le natif de Mongomo
diaspora auront dans le Nord de ce pays peuplé d’un million
du mal à voir leur d’âmes environ, et dont d’importantes ressources
pétrolières ont contribué à l’amélioration des
candidature conditions de vie des populations et à la moderni-
prospérer. sation des infrastructures.
Face à cet «appel pressant du peuple», le chef de
l’Etat au pouvoir depuis 1981 a accepté sans au-
54 Les Afriques . 28 janvier 2016
cune ambigüité de briguer un énième mandat dé-
clarant en substance : «j’ai reçu l’accord de tous les
militants pour être candidat à la prochaine élection
présidentielle». Les Équato-Guinéens lui deman-
dent de continuer son œuvre pour l’émergence
économique à l’horizon 2020. Outre la poursuite
du développement, le président candidat a d’ores
et déjà décliné son plan d’action qui se résume
entre autres à l’amélioration du cadre juridique et
institutionnel de la nation, la lutte contre la délin-
quance et la corruption. Le parti présidentiel qui
contrôle tous les leviers du pouvoir promet un vrai
plébiscite à son champion, d’autant qu’il aura en
face de lui une opposition de façade dont la mau-
vaise structuration ne constitue aucune crainte
pour le président sortant.
L’enjeu sur le taux de participation
Pendant que le PDGE ratisse large pour son candi-
dat, la Coalition de l’opposition pour la restaura-
tion d’un État démocratique (Cored) se prépare à
sa manière, c’est-à-dire davantage par la multipli-
cation des déclarations à partir de l’étranger alors
qu’on l’attend sur le terrain au pays. Toujours est-
il qu’après une analyse en profondeur de la situa-
tion politique en Guinée équatoriale, soulignent-ils
«notre organisation politique a pris la décision capi-
tale de participer à la prochaine élection présiden-
tielle. Notre structure politique ne va pas participer
aux élections, pour légitimer ou donner une démo-
cratie de façade au régime d’Obiang Nguema sans
partage depuis 36 ans. La Cored va aux élections pour
les gagner avec le soutien du peuple. Cela implique
par conséquent la tenue d’élections libres et transpa-
rentes, une garantie de sécurité de tous les acteurs po-
litiques». Dans ce contexte, l’opposant historique
Severino Moto, qui vit en exile en Espagne, et les
autres leaders de l’opposition de la diaspora auront
du mal à voir leur candidature prospérer, car d’au-
cuns ont maille à partir avec la justice de leur pays.
Du coup, l’enjeu de cette élection présidentielle
semble se situer sur le taux de participation, le vain-
queur étant connu de tous.
Achille Mbog Pibasso
Tchad Idriss Déby en pole position
Après avoir défait des mouvements rebelles qui ont à plusieurs reprises
menacé son pouvoir, le président tchadien pourrait obtenir un autre
mandat de son peuple et consolider son leadership sous-régional.
L’
Idriss Déby Itno, élection présidentielle au Tchad en 2016
président du Tchad pourrait-elle déboucher sur l’alternance
à la tête du pays ? À tort ou à raison, cer-
tains observateurs le pensent. Quoi qu’il
en soit, au regard des forces en présence,
le président Idriss Déby Itno à la faveur de la modifica-
tion de la Constitution il y a quelques années qui l’auto-
rise à briguer d’autres mandats pourrait continuer son
bail à la tête du pays. L’homme fort de Ndjamena pré-
senté comme l’un des suraucrates de l’Afrique du fait de
la présence de l’armée tchadienne dans plusieurs pays du
continent dans le cadre des missions de la paix sous la
houlette des Nations unies aurait toutes les chances de
l’emporter. En tout état de cause, il est plus que jamais fa-
vori à sa succession, l’opposition ayant du mal à offrir
une alternative aux Tchadiens. Le parti présidentiel, le
À l’actif d’Idriss Mouvement patriotique du salut (MPS, au pouvoir) est
Déby, la stabilité non seulement le mieux implanté à travers le pays, mais
le chef de l’État sortant a également un avantage du fait
des institutions, que l’administration semble acquise à la cause du pou-
malgré de voir, ce qui devrait rendre relativement facile la réélec-
tion d’Idriss Déby Itno dès le premier tour.
multiples Après plus d’un quart de siècle au pouvoir, l’actuel chef
de l’État a pu se forger l’image d’un «guerrier», très apte
tentatives de pour combattre des groupes terroristes qui écument le
coups d’Etat. continent, notamment l’organisation terroriste nigériane
Boko Haram qui multiplie des attaques meurtrières dans
la zone du lac Tchad, notamment au Cameroun, au
Niger, au Tchad et évidemment au Nigéria, l’épicentre
de ce groupe intégriste et obscurantiste. Un courage qui
aurait amené certains de ses compatriotes à revoir leur
position vis-à-vis du régime. Bien que le Tchad soit entré
en récession depuis quelque temps, du fait de la dépré-
ciation des cours du pétrole sur le marché mondial, le
taux de croissance qui se situe autour de 9% reste l’un
des plus élevés de la Communauté économique et mo-
nétaire de l’Afrique centrale (Cemac). Avec des chantiers
en cours à travers le pays, le Tchad n’en pas moins en-
registré ces dernières années de réelles avancées sur le
plan économique et social. Également à l’actif d’Idriss
Déby, la stabilité des institutions, car malgré de multi-
ples tentatives de coups d’Etat, notamment en 1999 et
en 2005, et surtout l’offensive rebelle de février 2008, le
pouvoir central a été consolidé.
L’opposition n’a pas
dit son dernier mot
Un bilan somme toute défendable, mais qui ne saurait
dire que tout est joué d’avance pour le tombeur d’His-
sène Habré dont il fut le chef d’État major, tant l’oppo-
sition essaie bien que mal de faire entendre sa voix. Ainsi,
le chef de file de l’opposition, leader de l’Union natio-
nale pour le développement et le renouveau (UNDR) et
député, Saleh Kebzabo, estime qu’il a les chances de
l’emporter, raison pour laquelle, pense-t-il, le pouvoir
aurait organisé une cabale politique visant à l’écarter de
l’élection présidentielle de 2016. Et pour cause, le gou-
vernement a récemment transmis une demande de
levée de son immunité parlementaire.
Dans cette guerre psychotique, Saleh Kebzabo demande
au président Idriss Déby Itno, au pouvoir depuis 1990,
«de ne plus se représenter en 2016 à la présidentielle».
Un appel qui a peu de chance d’aboutir, car dans son
discours de vœux à la Nation, le 31 décembre 2015, le
président Déby a annoncé que l’élection présidentielle
aura lieu à la fin du premier trimestre 2016.
Toujours est-il qu’en vue d’assurer des élections libres,
transparentes et équitables pour tous, l’opposition a
émis des préalables parmi lesquels la présence des kits
de vérification à l’entrée des bureaux de vote. Un maté-
riel électoral qui pourrait manquer à l’appel «faute de
moyens» selon la Commission électorale nationale in-
dépendante (CENI). Reste à l’opposition de se mobili-
ser dans une démarche unitaire pour se donner une
chance d’obtenir l’alternance tant souhaitée.
A.M.P.
28 janvier 2016 Les Afriques . 55
DOSSIER

Cameroun Et si Paul Biya

anticipait la présidentielle
En principe, le Cameroun est le seul pays de la Communauté
économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) où il n’y aura
pas d’élection présidentielle, étant donné que le mandat de l’actuel
chef de l’État court jusqu’en 2018. Mais certains indices et signaux
laissent croire que tout est possible.
Paul Biya,
président du Cameroun

L
es enjeux politiques de l’heure au Came-
L’insistance du roun ne doivent certes pas laisser libre
pouvoir appelant cours à toutes les conjectures. Toutefois,
ils autorisent toutes sortes de probabili-
les Camerounais tés. Parmi lesquelles, l’éventualité d’une
élection présidentielle anticipée en 2016. Un scru-
à s’inscrire sur tin qui interviendrait alors deux ans avant la fin du
les listes septennat de Paul Biya qui va normalement
jusqu’en 2018. À première vue, d’aucuns excluent
électorales une telle hypothèse, étant donné que le Cameroun
ne connaît ni une crise institutionnelle, encore
pourrait être un moins une crise sociale de nature à remettre en
indice de plus. cause le fonctionnement des institutions ou ceux
qui les incarnent. Mais lorsqu’on analyse certains
faits et gestes des acteurs politiques, l’on peut s’at-
tendre à tout. Depuis quelque temps, des person-
nalités politiques, en l’occurrence des membres du
parti présidentiel, le Rassemblement démocratique
du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir) mul-
tiplient des déclarations et des motions de soutien
appelant le président Paul Biya à être «candidat à
la prochaine élection présidentielle».
Certes, la prochaine présidentielle est normalement
prévue en 2018, sauf que certains partisans du ré-
gime soutiennent qu’il s’agit «d’un appel pressant
qui ne trouverait sa réponse que dans deux ans». On
ne peut pas être plus clair qu’il s’agit là d’une dé-
marche visant à anticiper l’élection présidentielle.
L’insistance du pouvoir appelant les Camerounais
à s’inscrire sur les listes électorales pourrait être un

56 Les Afriques . 28 janvier 2016

Un amendement indice de plus. Parce que les mêmes faits produi-
sent les mêmes effets, c’est le même manège qui
qui rapprocherait avait amené le président de la République à antici-
per la présidentielle en 1992. Parmi des personna-
le Cameroun du lités de premier plan à avoir déclenché l’avalanche
système politique des appels à la candidature, l’on peut citer le prési-
dent de l’Assemblée nationale, Djibril Cavaye Ye-
des États-Unis, guié, troisième personnalité de la République sur
le plan protocolaire. Puis, il y a eu «des élites et des
au détriment du forces vives» du Sud, région natale de Paul Biya,
modèle français. avant que des appels à la candidature ne se propa-
gent dans tout le pays.
Création d’un poste
de vice-président de la République
Après trente-trois ans passés au pouvoir, Paul Biya
qui se garde de désigner un dauphin pourrait éga-
lement donner des indices sur sa succession. Selon
de fiables informations, il n’est pas exclu que le
pouvoir procède à une modification de la Consti-
tution lors de la session parlementaire en mars pro-
chain avec la création d’un poste de vice-président
de la République à qui il reviendrait la responsabi-
lité d’assurer l’intérim à la tête du pays en cas de
vacance à la tête de l’État. Dans ce cas, cette place
dévolue pour le moment au président du Sénat
changerait totalement la donne, car si l’actuelle
Constitution prévoit qu’en cas de vacance à la tête
du pays le président du Sénat assure l’intérim et or-
ganise les élections au bout de trois mois maxi-
Yaoundé,
capitale du Cameroun
mum, élection à laquelle il ne sera pas candidat, le
vice-président de la République, selon des sources
proches du dossier, non seulement devrait termi-
ner le mandat du président, mais pourrait égale-
ment être candidat à la fin de son intérim. Un
amendement qui rapprocherait le Cameroun du
système politique des États-Unis, au détriment du
modèle français. Du coup, sans que la Constitution
ait été changée, des Camerounais se préparent à
tout, même s’ils se demandent si le vice-président
sera nommé ou s’il sera élu en tandem avec le pré-
sident de la République.
Certains analystes pour qui le Cameroun est un
volcan dont la moindre étincelle pourrait embra-
ser le pays soutiennent l’option d’une modification
de la Constitution et la création du poste de vice-
président, parce que cela serait de nature à préser-
ver «la paix et l’unité». En d’autres termes, une
disparition du chef de l’État de manière «subite»
dans les conditions actuelles pourrait déclencher
une instabilité institutionnelle et sociopolitique
avec pour conséquence au minimum, la spirale de
violence, et au pire, la guerre civile. C’est dire que
Paul Biya qui déclarait devant le président français
François Hollande lors de sa visite d’État au Came-
roun en juillet 2015 que ne «dure pas au pouvoir
qui veut, mais qui peut» sait ce qui lui reste à faire
pour permettre au Cameroun de maintenir la sta-
bilité pendant et après son départ du pouvoir.
Achille Mbog Pibasso
28 janvier 2016 Les Afriques . 57
DOSSIER
Sénégal Un référendum sur la
révision de la constitution en mai
Lors de la campagne électorale de 2012, le candidat Macky Sall avait
promis de réduire son mandat de 7 à 5 ans, et de limiter le nombre de
mandats à 2, une fois élu. Le voici à la tête du Sénégal depuis bientôt
4 ans. Il propose alors un projet de révision, qui s’enracine dans le
patrimoine politique national.
A
Macky Sall, u Sénégal aussi, les électeurs iront pro-
président du Sénégal bablement aux urnes au mois de mai
2016. Ils seront appelés à voter, au
cours d’un référendum censé appor-
ter des innovations importantes.
Outre la réduction du mandat présidentiel et sa li-
mitation à deux quinquennats, le projet reprend
quelques recommandations des Assises nationales
qui ont abouti à la Commission nationale de ré-
forme des institutions (CNRI), renforce le rang de
l’opposition en tant que force de propositions et de
progrès, des sénégalais de la diaspora, élargit les
prérogatives de l’Assemblée nationale… Nous les
listons ci-dessous pour nos lecteurs :
1. la modernisation du rôle des partis politiques
dans le système démocratique
58 Les Afriques . 28 janvier 2016
2. la participation des candidats indépendants à
tous les types d’élection ;
3. la promotion de la gouvernance locale et du dé-
veloppement territorial par la création du Haut
Conseil des collectivités territoriales ;
4. la reconnaissance de nouveaux droits aux ci-
toyens : droits à un environnement sain, sur
leur patrimoine foncier et sur leurs ressources
naturelles ;
5. le renforcement de la citoyenneté par la consé-
cration de devoirs du citoyen ;
6. la restauration du quinquennat pour le man-
dat présidentiel ;
7. le renforcement des droits de l’opposition et de
son Chef ;
8. la représentation des Sénégalais de l’Extérieur
par des députés à eux dédiés ;
9. l’élargissement des pouvoirs de l’Assemblée na-
tionale en matière de contrôle de l’action gou-
vernementale et d’évaluation des politiques
publiques ;
10. la soumission au Conseil constitutionnel des
lois organiques pour contrôle de constitutionna-
lité avant leur promulgation ;
11. l’augmentation du nombre des membres du
Conseil constitutionnel de 5 à 7 ;
12. la désignation par le Président de l’Assem-
blée nationale de 2 des 7 membres du Conseil
constitutionnel ;
13. l’élargissement des compétences du Conseil
constitutionnel pour donner des avis et connaî-
tre des exceptions d’inconstitutionnalité soule-
vées devant la Cour d’appel ;
14. la constitutionnalisation des principes de la
décentralisation et de la déconcentration ;
15. l’intangibilité des dispositions relatives à la
forme républicaine, à la laïcité, au caractère indi-
visible, démocratique et décentralisé de l’Etat, au
mode d’élection, à la durée et au nombre de man-
dats consécutifs du Président de la République.
Daouda MBaye
Algérie Révision constitutionnelle,
importantes avancées dans les libertés
Ayant été invité par la présidence de la République, le 19 juin 2015, en tant
que personnalité nationale et expert, pour donner mon appréciation sur la
révision constitutionnelle et ayant transmis mes recommandations en
langue nationale, française et anglaise, j’ai été destinataire de la part du
directeur de cabinet de la présidence de la République de l’avant-projet.
A
près avoir étudié attentivement l’avant-
projet de la révision constitutionnelle, je
mets en relief les points suivants concer-
nant l’approfondissement des libertés,
en espérant qu’elles seront effectivement
réalisées sur le terrain, ayant constaté souvent un di-
vorce entre les promesses et les pratiques. Les lois et
décrets d’application doivent être formulés rapide-
ment et avec précision afin d’évier de mauvaises in-
terprétations et des débats stériles, comme la
définition précise les secteurs stratégiques et non stra-
tégiques de ce qui est stratégique. Comme a été omis
le rôle du Conseil national de l’énergie présidé par le
président de la République qui est le seul habilité à tra-
cer la stratégie énergétique du pays, lui-même devant
s’inscrire dans le cadre d’une autre institution, la pla-
nification stratégique globale.
Des libertés économiques
et sociales en particulier
ARTICLE 8 : Le peuple se donne des institutions ayant
pour finalité : - la sauvegarde et la consolidation de la
souveraineté et de l’indépendance nationales, - la sau-
vegarde et la consolidation de l’identité et de l’unité na-
tionales, - la protection des libertés fondamentales du
citoyen et l’épanouissement social et culturel de la Na-
tion, - la promotion de la justice sociale, - l’élimination
des disparités régionales dans le développement, - l’en-
couragement de la construction d’une économie diver-
sifiée mettant en valeur toutes les potentialités naturelles,
humaines et scientifiques du pays, - la protection de
Évier de l’économie nationale contre toute forme de malversa-
tion ou de détournement, de corruption, de trafic illicite,
mauvaises d’abus, d’accaparement ou de confiscation illégitime.
interprétations et ARTICLE 17 : La propriété publique est un bien de la
collectivité nationale. Elle comprend le sous-sol, les
des débats mines et les carrières, les sources naturelles d’énergie,
les richesses minérales, naturelles et vivantes des diffé-
stériles. rentes zones du domaine maritime national, les eaux et
les forêts. Elle est, en outre, établie sur les transports fer-
roviaires, maritimes et aériens, les postes et les télé-
communications, ainsi que sur d’autres biens fixés par
la loi. ARTICLE 17 bis : L’Etat garantit l’usage rationnel
des ressources naturelles ainsi que leur préservation au
profit des générations futures. L’Etat protège les terres
agricoles. L’Etat protège également le domaine public
hydraulique. La loi détermine les modalités de mise en
œuvre de cette disposition.
ARTICLE 20 : L’expropriation ne peut intervenir
que dans le cadre de la loi. Elle donne lieu à une in-
demnisation juste et équitable.
ARTICLE 21 : Les fonctions et les mandats au service
des institutions de l’Etat ne peuvent constituer une
source d’enrichissement, ni un moyen de servir des
intérêts privés. Toute personne désignée à une fonc-
tion supérieure de l’Etat, élue au sein d’une assem-
blée locale, élue ou désignée dans une assemblée ou
dans une institution nationale doit faire une décla-
ration de patrimoine au début et à la fin de sa fonc-
tion ou de son mandat. Les modalités d’application
de ces dispositions sont fixées par la loi.
ARTICLE 37 : La liberté d’investissement et de com-
merce est reconnue. Elle s’exerce dans le cadre de la
loi. L’Etat œuvre à améliorer le climat des affaires. Il
encourage, sans discrimination, l’épanouissement
des entreprises au service du développement éco-
nomique national. L’Etat régule le marché. La loi
protège les droits des consommateurs. La loi inter-
dit le monopole et la concurrence déloyale.
ARTICLE 38 : La liberté de création intellectuelle,
artistique et scientifique est garantie au citoyen. Les
droits d’auteur sont protégés par la loi. La mise
sous séquestre de toute publication, enregistrement
ou tout autre moyen de communication et d’infor-
mation ne pourra se faire qu’en vertu d’un mandat
judiciaire. Les libertés académiques et la liberté de
recherche scientifique sont garanties et s’exercent
dans le cadre de la loi. L’Etat œuvre à la promotion
et à la valorisation de la recherche scientifique au
service du développement durable de la Nation.
28 janvier 2016 Les Afriques . 59
DOSSIER
Alger, capitale de l’Algérie
ARTICLE 52 : La propriété privée est garantie. Le
droit d’héritage est garanti. Les biens «wakf» et les
fondations sont reconnus; leur destination est pro-
tégée par la loi.
ARTICLE 64 : Les citoyens sont égaux devant l’im-
pôt. Chacun doit participer au financement des
charges publiques en fonction de sa capacité contri-
butive. Nul impôt ne peut être institué qu’en vertu
de la loi. Nul impôt, contribution, taxe ou droit d’au-
cune sorte, ne peut être institué avec effet rétroactif.
Toute action visant à contourner l’égalité des ci-
toyens et des personnes morales devant l’impôt
constitue une atteinte aux intérêts de la commu-
nauté nationale. Elle est réprimée par la loi. La loi
sanctionne l’évasion fiscale et la fuite de capitaux.
ARTICLE 170 : La Cour des Comptes est indépen-
Les citoyens sont dante. Elle est chargée du contrôle a posteriori des fi-
égaux devant nances de l’Etat, des collectivités territoriales, des
services publics, ainsi que des capitaux marchands de
l’impôt. Chacun l’Etat. La Cour des comptes contribue au développe-
ment de la bonne gouvernance et de la transparence
doit participer au dans la gestion des finances publiques. La Cour des
financement des comptes établit un rapport annuel qu’elle adresse au
Président de la République, au Président du Conseil de
charges la Nation, au Président de l’Assemblée Populaire na-
tionale et au Premier Ministre. La loi détermine les at-
publiques en tributions, l’organisation et le fonctionnement de la
fonction de sa Cour des Comptes et la sanction de ses investigations,
ainsi que ses relations avec les autres structures de l’Etat
capacité chargées du contrôle et de l’inspection.
ARTICLE 173-5 : Il est institué un Organe national
contributive. de prévention et de lutte contre la corruption, au-
torité administrative indépendante, placée auprès
60 Les Afriques . 28 janvier 2016
du Président de la République. 37 Il jouit de l’auto-
nomie administrative et financière. L’indépendance
de l’Organe est notamment garantie par la presta-
tion de serment de ses membres et fonctionnaires,
ainsi que par la protection qui leur est assurée
contre toute forme de pression ou d’intimidation,
de menaces, outrages, injures ou attaques de
quelque nature que ce soit, dont ils peuvent être
l’objet à l’occasion de leur mission.
ARTICLE 173-6 : L’Organe a pour mission notam-
ment de proposer et de contribuer à animer une poli-
tique globale de prévention de la corruption,
consacrant les principes de l’Etat de droit et reflétant
l’intégrité, la transparence ainsi que la responsabilité
dans la gestion des biens et des deniers publics. L’Or-
gane adresse au Président de la République un rapport
annuel d’évaluation de ses activités liées à la préven-
tion et à la lutte contre la corruption, des insuffisances
qu’il a relevées en la matière et des recommandations
proposées le cas échéant.
ARTICLE 173-7 : Le Conseil national économique
et Social, ci-dessous dénommé «le Conseil», est un
cadre de dialogue, de concertation et de proposi-
tion dans le domaine économique et social. Il est le
conseiller du Gouvernement.
ARTICLE 173-8 : Le Conseil a notamment pour
mission : - d’offrir un cadre de participation de la
société civile à la concertation nationale sur les po-
litiques de développement économique et social ; -
d’assurer la permanence du dialogue et de la
concertation entre les partenaires économiques et
sociaux nationaux; - d’évaluer et d’étudier les ques-
tions d’intérêt national dans les domaines écono-
 mique, social, de l’éducation, de la formation et de
Les libertés l’enseignement supérieur ; - de faire des proposi-
tions et des recommandations au Gouvernement.
fondamentales et
Des libertés en général
les droits de ARTICLE 3 bis : Tamazight est également langue na-
l’homme et du tionale et officielle. L’Etat œuvre à sa promotion et à
son développement dans toutes ses variétés linguis-
citoyen sont tiques en usage sur le territoire national. Il est créé une
garantis. Ils Académie algérienne de la langue amazighe, placée au-
près du Président de la République. L’Académie qui
constituent le s’appuie sur les travaux des experts est chargée de réu-
nir les conditions de promotion de Tamazight en vue de
patrimoine concrétiser, à terme, son statut de langue officielle.
commun de tous. ARTICLE 9 : Les institutions s’interdisent : - les
pratiques féodales, régionalistes et népotiques, -
l’établissement de rapports d’exploitation et de
liens de dépendance, - les pratiques contraires à la
morale islamique et aux valeurs de la Révolution
de Novembre.
ARTICLE 14 : L’Etat est fondé sur les principes
d’organisation démocratique, de séparation des
pouvoirs et de justice sociale. L’Assemblée élue
constitue le cadre dans lequel s’exprime la volonté
du peuple et s’exerce le contrôle de l’action des
pouvoirs publics. L’Etat encourage la démocratie
participative au niveau des collectivités locales.
ARTICLE 31 bis : L’Etat œuvre à la promotion des
droits politiques de la femme en augmentant ses
chances d’accès à la représentation dans les assem-
blées élues. Les modalités d’application de cet arti-
cle sont fixées par une loi organique.
ARTICLE 31 ter : L’Etat œuvre à promouvoir la pa-
rité entre les hommes et les femmes sur le marché de
l’emploi. L’Etat encourage la promotion de la femme
Des algériennes, lors d’un
précédent scrutin
aux responsabilités dans les institutions et adminis-
trations publiques ainsi qu’au niveau des entreprises.
ARTICLE 31 quater : La jeunesse est une force vive
dans la construction du pays. L’Etat veille à réunir
toutes les conditions à même de développer ses ca-
pacités et dynamiser ses énergies.
ARTICLE 32 : Les libertés fondamentales et les
droits de l’homme et du citoyen sont garantis. Ils
constituent le patrimoine commun de tous les Al-
gériens et Algériennes, qu’ils ont le devoir de trans-
mettre de génération en génération pour le
conserver dans son intégrité et son inviolabilité.
ARTICLE 33 : La défense individuelle ou associa-
tive des droits fondamentaux de l’homme et des li-
bertés individuelles et collectives est garantie.
ARTICLE 36 : La liberté de conscience et la liberté
d’opinion sont inviolables. La liberté d’exercice du
culte est garantie dans le respect de la loi.
ARTICLE 39 : La vie privée et l’honneur du citoyen
sont inviolables et protégés par la loi. Le secret de la
correspondance et de la communication privée,
sous toutes leurs formes, est garanti. Aucune at-
teinte à ces droits n’est tolérée sans une réquisition
motivée de l’autorité judiciaire. La loi punit toute
violation de cette disposition. La protection des
personnes physiques à l’égard du traitement des
données à caractère personnel est un droit fonda-
mental garanti par la loi qui en punit la violation.
ARTICLE 40 : L’Etat garantit l’inviolabilité du do-
micile. Nulle perquisition ne peut avoir lieu qu’en
vertu de la loi et dans le respect de celle-ci. La per-
quisition ne peut intervenir que sur ordre écrit
émanant de l’autorité judiciaire compétente.
ARTICLE 41 : Les libertés d’expression, d’associa-
tion et de réunion sont garanties au citoyen.
28 janvier 2016 Les Afriques . 61
DOSSIER
ARTICLE 41 bis : La liberté de manifestation pacifique
est garantie au citoyen dans le cadre de la loi qui fixe
les modalités de son exercice et ARTICLE 41 ter : La
liberté de la presse écrite, audiovisuelle et sur les ré-
seaux d’information est garantie. Elle n’est restreinte
par aucune forme de censure préalable. Cette liberté
ne peut être utilisée pour attenter à la dignité, aux li-
bertés et aux droits d’autrui. La diffusion des infor-
mations, des idées, des images et des opinions en toute
liberté est garantie dans le cadre de la loi et du respect
des constantes et des valeurs religieuses, morales et
culturelle de la Nation. Le délit de presse ne peut être
sanctionné par une peine privative de liberté.
ARTICLE 42 bis : Dans le respect des dispositions de
l’article 42 ci-dessus, les partis politiques agréés bénéfi-
cient, sans discrimination, notamment des droits sui-
Le pouvoir vants : - La liberté d’opinion, d’expression et de réunion.
ARTICLE 45 : Toute personne est présumée inno-
judiciaire protège cente jusqu’à l’établissement de sa culpabilité par une
juridiction régulière dans le cadre d’un procès équi-
la société et les table lui assurant les garanties nécessaires à sa défense.
libertés. Il ARTICLE 47 : Nul ne peut être poursuivi, arrêté ou
détenu que dans les conditions déterminées par la
garantit, à tous loi et selon les formes qu’elle a prescrites. La dé-
et à chacun, la tention provisoire est une mesure exceptionnelle
dont les motifs, la durée et les conditions de pro-
sauvegarde de rogation sont définies par la loi. La loi punit les
actes et les faits d’arrestation arbitraire.
leurs droits ARTICLE 56 : Le droit syndical est reconnu à tous
fondamentaux. les citoyens.
ARTICLE 57 : Le droit de grève est reconnu. Il
s’exerce dans le cadre de la loi.
62 Les Afriques . 28 janvier 2016
ARTICLE 63 : L’ensemble des libertés de chacun
s’exerce dans le respect des droits reconnus à autrui
par la Constitution, particulièrement dans le respect
du droit à l’honneur, à l’intimité et à la protection
de la famille, à celle de la jeunesse et de l’enfance.
ARTICLE 74 : La durée du mandat présidentiel et
de cinq (5) ans. Le Président de la République est
rééligible une seule fois.
ARTICLE 138 : Le pouvoir judiciaire est indépen-
dant. Il s’exerce dans le cadre de la loi. Le Président
de la République est garant de l’indépendance du
pouvoir judiciaire.
ARTICLE 139 : Le pouvoir judiciaire protège la so-
ciété et les libertés. Il garantit, à tous et à chacun, la
sauvegarde de leurs droits fondamentaux.
ARTICLE 140 : La justice est fondée sur les principes
de légalité et d’égalité. Elle est égale pour tous, ac-
cessible à tous est s’exprime par le respect du droit.
ARTICLE 166 : Le Conseil constitutionnel est saisi
par le Président de la République, le Président du
Conseil de la Nation, le Président de l’Assemblée
Populaire Nationale ou le Premier ministre. Il peut
être saisi également par cinquante (50) députés ou
trente (30) membres du Conseil de la Nation.
ARTICLE 170 bis : Les pouvoirs publics en charge
de l’organisation des élections sont tenus de les en-
tourer de transparence et d’impartialité. A ce titre,
la liste électorale est mise à chaque élection, à la dis-
position des candidats. La loi organique relative au
régime électoral précise les modalités d’application
de cette disposition.
ARTICLE 170 ter : Il est créé une Haute instance in-
 dépendante de surveillance des élections. Elle est
Ni une vision de présidée par une Personnalité nationale qui est
nommée par le Président de la République, après
sinistrose, ni une consultation des partis politiques. La Haute Ins-
tance dispose d’un Comité permanent et déploie ses
vision d’autosa- autres membres dès la convocation du corps élec-
tisfaction toral. La Haute Instance est composée à parité : - de
magistrats proposés par le Conseil Supérieur de la
négative. Magistrature, nommés par le Président de la Répu-
blique ;- et de compétences indépendantes choisies
parmi la société civile, nommées par le Président de
la République. La Haute instance veille à la trans-
parence et à la probité des élections présidentielles,
législatives et locales, depuis la convocation du corps
électoral jusqu’à la proclamation des résultats pro-
visoires du scrutin. Le Comité permanent de la
Haute Instance veille notamment : - à la supervi-
sion des opérations de révision des listes électorales
par l’administration ; - à la formulation de recom-
mandations pour l’amélioration du dispositif légis-
latif et réglementaire régissant les opérations
électorales ; - à l’organisation de cycle de formation
civique au bénéfice des formations politiques, sur la
surveillance des scrutins et la formulation des re-
cours. La loi organique précise les modalités d’ap-
plication du présent article.
ARTICLE 173-1 : Il est institué un Conseil natio-
nal des droits de l’Homme, ci-dessous dénommé
«le Conseil», placé auprès du Président de la Répu-
blique garant de la Constitution. Il jouit de l’auto-
nomie administrative et financière.
ARTICLE 173-2 : Le Conseil assure une mission de
surveillance, d’alerte précoce et d’évaluation en
matière de respect des droits de l’Homme. Sans
préjudice des attributions du pouvoir judiciaire, le
Assemblée nationale
d’Algérie
Conseil examine toute situation d’atteinte aux
droits de l’Homme constatée ou portée à sa
connaissance, et entreprend toute action appro-
priée. Il porte les résultats de ses investigations à la
connaissance des autorités administratives concer-
nées et, le cas échéant, devant les juridictions com-
pétentes. Le Conseil initie des actions de
sensibilisation, d’information et de communica-
tion pour la promotion des droits de l’Homme. Il
émet également des avis, propositions et recom-
mandations relatives à la promotion et à la protec-
tion des droits de l’Homme. Le Conseil élabore un
rapport annuel qu’il adresse au Président de la Ré-
publique, au Parlement et au Premier Ministre, et
qu’il rend public également. La loi fixe la composi-
tion et les modalités de désignation des membres
du Conseil ainsi que les règles relatives à son orga-
nisation et à son fonctionnement.
En résumé, je pense en toute objectivité que la nouvelle
monture consacre le développement des libertés. Il ne
faut avoir ni une vision de sinistrose, ni une vision
d’autosatisfaction négative. Mais une constitution n’est
qu’une Loi fondamentale. L’objectif stratégique est de
comprendre le fonctionnement réel de la société afin
que toute loi soit applicable sur le terrain. Cela renvoie
à la fois au bon fonctionnement des institutions qui
doivent coller aux réalités locales et internationales de-
vant concilier efficacité économique et cohésion so-
ciale, la justice sociale ne signifiant pas égalitarisme.
Cela renvoie fondamentalement aux femmes et aux
hommes chargés de les appliquer sur des bases démo-
cratiques tenant compte de notre anthropologie cul-
turelle afin de susciter l’adhésion de la population.
Abderrahmane Mebtoul,
Expert international
28 janvier 2016 Les Afriques . 63
RELATIONS INTERNATIONALES

Sara Abbas,
chef du bureau
OIM à Paris

64 Les Afriques . 28 janvier 2016

Interview Sara Abbas
«Chaque État peut faire mieux»
Avec les crises migratoires successives que traverse la planète, nombre
d’États et d’organisations non gouvernementales tentent de se mobiliser
sur cette question. C’est le cas de l’OIM (Organisation internationale des
migrations) qui possède 400 bureaux à travers le monde, dont un à Paris.
Rencontre avec Sara Abbas, la chef du bureau de la capitale française.
L
es Afriques : l’OIM agit sur le front des flux
migratoires humains alors que la planète
traverse une crise sans précédent dans ce
domaine?
Sara Abbas : Le défi est immense à plus d’un titre.
Le premier est de faire face à ce défi et répondre aux
causes de ces migrations. C’est la raison pour la-
quelle nous avons développé plusieurs programmes
d’insertion et de réinsertions des migrants. Ensuite,
il y a le combat des opinions. Ici en France, nous
avons tous en tête les images de la «jingle de Calais»,
ce que laisserait supposer une réalité parfois par-
tiellement erronée.
LA : À quelle «réalité erronée» faites-vous
référence ?
S.A. : La simple idée que la majorité des migrations
seraient transcontinentales alors qu’elles sont ma-
joritairement intercontinentales. C’est le cas pour
l’Afrique subsaharienne par exemple. Mais là n’est
pas l’essentiel, notre mission est avant tout de prê-
ter main forte aux États dans ce défi en participant
au développement local, à la racine de cet enjeu, à
savoir le continent africain.
LA : Quels sont les programmes que vous mettez
en place ?
S.A. : Notre programme phare est le MIDA (Migra- Prêter main
tion for Development in Africa). Il est réparti en
trois phases. La première, c’est le profilage. Nous
forte aux États
sollicitons l’expertise d’un ressortissant d’une dias- dans ce défi en
pora ici en Europe capable d’établir le lien entre les
besoins du pays en question et les capacités des
participant au
membres de la diaspora relative à cet État. Ensuite, développement
nous avons une phase de financement et d’action
sur le terrain en coordination avec nos antennes lo- local.
cales présentes sur le continent.
LA : Concrètement, comment cela se passe ?
S.A. : La phase de profilage dure quelques semaines.
Ensuite, nous recrutons les personnes sur la base du
volontariat. Cela prend souvent la forme pour elles
de congés non payés. Et après, nous agissons sur le
terrain bien souvent autour des thématiques liées
au développement, à la santé et à l’éducation.
LA : Comment est né le projet MIDA et qui en a
déjà bénéficié ?
S.A. : C'est à la demande des Etats, mais aussi avec
le soutien de l’ONU et les aides de grands donateurs
comme le gouvernement américain ou encore la
Commission européenne. Chaque MIDA dure 1-2
ans en général. Le budget de fonctionnement est de
100 000 dollars par an en moyenne. ET parmi les
États bénéficiaires, on retrouve le Cameroun ou en-
core le Congo Brazzaville.
LA : Quels sont vos projets à l’avenir ?
S.A. : Actuellement, nous sommes en train de pros-
pecter pour réaliser une opération MIDA avec Ma-
dagascar. Nous explorons cette diaspora qui compte
100 000 personnes en France. On en est au début. Et
c’est l’antenne OIM locale d’Antananarivo qui sera
chargée du suivi des opérations sur place. Là encore,
nous agissons sur l’éducation, mais à ce stade, il est
difficile d’en dire davantage.
LA : Enfin, parmi les États donateurs, vous avez
cité l’UE (donc la France et le Royaume-Uni), les
États-Unis, mais pas la Chine. Un État qui pour-
tant s’implique fortement dans le continent.
Pékin en fait-elle assez dans le développement du
continent ?
S.A. : Chaque État peut toujours mieux faire !
Propos recueillis par Rudy Casbi, Paris
28 janvier 2016 Les Afriques . 65
PIED DE LETTRE
Combat contre la malnutrition
des enfants
L
a malnutrition et la sous-nutrition
touchent certaines catégories sociales
dans de nombreux pays africains. Une
problématique qui a pris des proportions
inquiétantes, avec l’adoption de modes
alimentaires exogènes. Le fait de
privilégier une agriculture commerciale, imposée
dans un premier temps, puis devenant
conventionnelle, y est pour beaucoup. De nombreux
pays sur le continent ont manqué de volonté
politique pour orienter leurs chercheurs, diététiciens
et nutritionnistes dans l’étude de cultures
traditionnelles, aujourd’hui délaissées ou dans la
recherche des vertus alimentaires et thérapeutiques
de l’alimentation traditionnelle. Peu de choses ont
été faites dans la détermination des phénotypes et
des molécules, voire des vitamines et oligo-éléments
qui composent les fruits du baobab, du corossol, de
la goyave, de la papaye, du ditakh… ou de céréales,
telles que le mil, le fonio … de tubercules, de
produits halieutiques et d’élevage…
l’environnement influant sur le produit.
Que de fruits, dits exotiques hors de nos frontières et
dont le goût exquis est unanime, ne demandent qu’à
être normés, calibrés et labellisés, pour être vendus
partout dans le monde ! Pourtant, dans un pays
comme le Nigéria, actuellement sur le toit de
66 Les Afriques . 28 janvier 2016
Baobabs du Sénégal
Daouda MBaye,
rédacteur en chef exécutif
l’Afrique, le ratio d’enfants malnutris est de un sur
cinq. C’est d’autant plus paradoxal que dans nos pays
tout pousse et qu’un grand nombre d’autres espèces
sont encore inconnues hors d’Afrique. Pire, il arrive
très souvent que les arbres fruitiers (baobabs, rôniers,
…) se trouvent dans des forêts sauvages, où il ne
suffit que de cueillir les productions… Mais hélas
rien n’est fait pour exploiter tous ces atouts, non
seulement en privilégiant leur consommation
localement, avant de songer à des débouchés sur
l’export, mais aussi en créant des banques de
semences pour les préserver. Aussi, nos mentalités
doivent changer. Excepté la cola, dans quelles
cérémonies à Dakar, Abidjan ou Bamako, distribue-t-
on des fruits locaux, sauf s’ils sont sous forme de jus ?
Face aux dégâts de la malnutrition sur les enfants, en
termes de retard de croissance et sur le développement
cognitif des enfants, il est urgent de prendre à bras le
corps une telle problématique. Aliko Dangote et Bill
Gates, à travers leurs fondations respectives, vont
injecter 100 millions de $, à l’horizon 2020, au Nigéria
pour mettre fin à un tel fléau. Pourvu que de telles
actions - à saluer du reste - encouragent l’exploitation
agricole traditionnelle, à la fois riche et durable et qui
est issue d’un patrimoine inestimable. Des
investissements dans la production locale d’aliments
nutritifs, exempts de pesticides et de fongicides…