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net/publication/320130404
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1 author:
Lionel Obadia
Université Lumiere Lyon 2
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All content following this page was uploaded by Lionel Obadia on 27 November 2018.
Édition électronique
URL : http://journals.openedition.org/mefrim/3475
DOI : 10.4000/mefrim.3475
ISSN : 1724-2142
Éditeur
École française de Rome
Édition imprimée
Date de publication : 1 janvier 2017
ISBN : 978-2-7283-1296-2
ISSN : 1123-9891
Référence électronique
Lionel Obadia, « Marchés, business et consumérisme en religion : vers un « tournant économique » en
sciences des religions ? », Mélanges de l’École française de Rome - Italie et Méditerranée modernes et
contemporaines [En ligne], 129-1 | 2017, mis en ligne le 28 septembre 2017, consulté le 27 novembre
2018. URL : http://journals.openedition.org/mefrim/3475 ; DOI : 10.4000/mefrim.3475
Lionel O BADIA
À partir d’une revue de littérature et d’une mise en perspective des publications récentes sur le thème émergent des
économies religieuses, cet article se propose de montrer comment le champ des rélexions autour des relations entre
économie et religion s’est récemment restructuré autour d’un « tournant économique » des études sur la religion. Cette
évolution témoigne-t-elle cependant d’une révolution ou d’une simple mode ? En examinant de manière critique les
grandes orientations de ce « nouveau » champ, ses principaux auteurs, ses grands modèles, cet article se propose d’en baliser
les contours et d’en évaluer la pertinence, la portée heuristique, mais aussi les limites.
Based upon a comparative review of recent literature on the emerging topic of religious economies, this paper attempts
to highlight the ways relections relating to the relationships between economy and religion have recently been theoreti-
cally and methodologically reorganized. This ‘economic turn’ in Religious Studies has been alternatively considered either
as a revolution or as simply fashion. This paper examines, in a critical perspective, the salient conceptual lines as well as
the main authors and prominent models of this ‘new’ ield. It otherwise appraises the relevance, heuristics and limits of
this ield.
Entre la in des années 1980 et le début des tion d’un domaine frontière entre plusieurs disci-
années 1990, le vocabulaire des sciences des reli- plines empruntant ses perspectives et modèles à
gions s’est brusquement enrichi d’un répertoire l’économie. La notion renvoie ici bien plus qu’à
jusqu’alors d’usage peu développé : celui de l’éco- la sphère d’activité humaine qui concerne la
nomie. Les termes de « marché », « bien », « consom- production, la distribution et la consommation de
mation », « consumérisme », « capital », « compé- biens matériels ou de prestations : elle s’applique
tition », « niche », « business » ou plus directement aussi – et surtout – à la science économique. Alors
« économie » (libellée sous des formes différentes : que les disciplines comme l’histoire, la sociologie
rituelle, symbolique ou religieuse) sont désormais plei- ou l’anthropologie s’étaient penchées, chacune à
nement inscrits dans les usages rhétoriques des sa manière, et sur la question des rapports entre
sciences sociales et historiques de la religion, qu’ils économie et religion, le nouveau champ qui
fassent par ailleurs l’objet de critiques idéologiques s’ouvre à travers les théories des économies reli-
ou qu’ils soient au contraire examinés sous l’angle gieuses offre de nouvelles perspectives à l’ana-
plus neutre du débat académique. lyse : il ne s’agit pas de reprendre le débat autour
Il ne s’agit, certes, pas dans ce cas du fait des rapports entre réalités socio-historiques que
d’une génération spontanée, mais de la matura- sont les économies et les religions mais bien plus
Marchés, business et consumérisme en religion
194 Lionel O BADIA
de rendre compte de la manière dont ces deux dans le domaine de la sociologie. Car le champ
réalités ont fait l’objet de modèles analogiques qui des économies religieuses a d’abord irrigué une
débordent des circonscriptions empiriques propre- sociologie des religions qui, dans les années 1980
ment dites. et 1990, connaissait déjà de profondes transfor-
La surface lexicale du répertoire économique mations : la première théorie de la sécularisation,
toujours plus ample, et l’importance toujours plus selon laquelle le déclin de dieu était inéluctable,
centrale de thèmes relatifs à l’économie dans les laissait place à une seconde version, reconnais-
références conceptuelles des sciences religieuses, sant qu’un « retour du religieux » s’opérait alors, et
semblent signaler un « tournant économique » – ou qu’un changement de paradigme était nécessaire,
à défaut, une colonisation des sciences religieuses qui allait faire toujours plus de place à des méta-
par l’économie. Les années 1990 sont marquées phores économiques1 qui se sont subséquemment
par la naissance de ce qui deviendra rapidement établies en tant que modèles d’analyse.
un nouveau paradigme scientiique. Ce processus En sociologie, il revient néanmoins à Max
visant à la rénovation, voire à une révolution des Weber d’avoir ouvert le champ d’une approche
sciences du religieux, a connu de rapides progrès, sociologique de la religion empruntant au réper-
mais a aussi assez rapidement essuyé d’impor- toire de l’économie, et ses recherches publiées dans
tantes critiques – à peine une décennie après son le volume Economie et société (1921, qui n’a pas eu de
apparition, les premières salves de contestation ont traduction complète en français) puis dans d’autres
été violentes. Cette approche économique ou plutôt textes (comme l’introduction à l’éthique économique
économiste des religions constitue, selon ses défen- des religions universelles, 1915) montrent clairement
seurs, une véritable innovation théorique, tant il que c’est à lui qu’il faut attribuer le premier recours
est vrai que, souvent, elle ouvre la voie au dépasse- explicite aux concepts et aux modèles de l’éco-
ment d’une approche classique de l’économie selon nomie scientiique pour nourrir sa sociologie des
les religions ou de l’économie au sein des religions. religions. Car c’est bien cela l’un des premiers traits
Elle s’est nourrie de perspectives plus complexes distinctifs de l’économie religieuse. Elle n’est pas
sur le plan épistémologiques que le réalisme empi- à proprement parler une économie mais procède
rique qui fait de l’économie un champ de valeurs d’une approche économiste et dans la plupart des
et de pratiques singulier interagissant avec le reli- cas au service d’un autre champ du savoir : histoire,
gieux. La perspective des économies religieuses sociologie, anthropologie, science politique, psycho-
procède en effet de la transposition de modèles et logie ou sciences cognitives… L’économie religieuse
de grilles d’analyse forgées dans les sciences écono- procède, et c’est un second trait, d’un autre regard
miques au domaine des croyances et des pratiques sur l’économie qui n’est plus objet de l’analyse, ni
sacrées. L’économique y apparait à la fois comme même contexte, mais comme modèle. Le glissement
perspective et comme méthode, avec des modèles et est signiicatif, car il constitue l’économie comme
des concepts empruntés à l’économie politique perspective et comme épistémologie et non plus
appliqués à la lecture des faits religieux, sans que seulement comme un élément empirique particu-
nécessairement le matériau traité soit lui-même de lier de l’étude d’une société ou d’une phase de son
nature économique, même s’il l’est souvent. histoire (un régime de iscalité, un mode de produc-
tion de richesse, des signiications ou valeurs parti-
culières assignées à un objet ou un symbole…).
NAISSANCE d’uN CHAMp – SI CHAMp IL y A… pourtant, l’émergence des modèles de l’éco-
nomie religieuse ne procède pas exclusivement
Le champ des rélexions qu’il est désormais d’une trajectoire inscrite dans la sociologie : elle
possible, depuis près de deux décennies, de dési- participe aussi et surtout d’une fécondation de
gner sous la rubrique d’« économies religieuses » la sociologie (car il faut bien dire que l’économie
est oficiellement né entre la in des années 1980 et religieuse relève paradoxalement bien plus d’une
le début des années 1990 aux États-unis, sous l’im- sociologie que d’autres disciplines) par l’économie
pulsion de la sociologie et de l’économie. Il n’y a et en particulier l’économie politique. La naissance
cependant rien de tout à fait nouveau ni d’original
dans le recours à des concepts et à des modèles
d’analyse empruntés à l’économie, en particulier 1. Hervieu-Léger 1993.
195
du champ est plus souvent attribuée à un écono- seulement Smith est considéré comme l’un des
miste nord-américain, Lawrence I. Iannaccone, qui fondateurs de l’économie scientiique (avec sa
s’en est effet spécialisé sur le domaine et à large- Richesse des Nations, 1776) mais il a en même temps
ment œuvré à la promotion des approches reli- ouvert la voie, bien avant l’heure, à une économie
gieuses en termes économistes : il a publié certaines des religions dans sa Théorie des sentiments moraux
des premières analyses signiicatives à la in des (1759) où il s’intéresse à l’inluence des idées et
années 1980 et il est aussi celui qui aura procédé de valeurs religieuses sur l’activité sociale et les
à un premier état des lieux en 1998, qui montrait échanges économiques. Très indirectement, mais
que, déjà, le champ se développait de manière ancré cette fois dans des Études Religieuses le pari
exponentielle2. Les travaux de Iannaccone portent de pascal aura lui aussi, mais dans l’ordre d’une
notamment sur les corrélations entre apparte- philosophie de la croyance, participé à l’émergence
nances religieuses et facteurs économiques, mais d’une théorie du choix rationnel en contexte reli-
après lui, une génération de chercheurs en ont gieux. une autre impulsion notable est venue
diversiié les objets et les approches3. pourtant des sociologues d’expression anglophone
Evidemment, d’autres généalogies ont été et notamment américains, qui s’étaient, dans les
tracées, qui remontent bien plus haut dans l’his- années 1980, penchés sur la question de la conver-
toire des idées et dans d’autres champs que la socio- sion religieuse dans les nouvelles sectes ou les
logie des religions. Les chercheurs qui se recon- nouveaux mouvements religieux alors foison-
naissent de ce domaine et qui se sont efforcés d’en nants6. délaissant les théories classiques (déter-
retracer les développements historiques ont tous ministes) ils vont proposer des modèles originaux
tendance à souligner l’impact notable de la socio- prolongeant les lectures économistes de la religion
logie des XIXe et XXe siècles, mais aussi, en remon- proposées par Weber et Bourdieu, pour les enri-
tant le il du temps, de la philosophie et notamment chir d’un niveau de complexité supplémentaire :
de celle d’un Walter Benjamin, qui a ouvert la voie même si les deux sociologues se sont illustrés
féconde de la métaphore de la « religion du capita- par leurs usages métaphoriques et analogiques du
lisme » que d’autres auront repris dans une critique répertoire économique (évoquant, les deux, des
attitude parfois souvent moins élaborée que celle « entrepreneurs », « un marché », une « compéti-
du philosophe – ainsi le débat que la journaliste tion », des effets de « monopole », des « biens de
Viviane Forrester avait créé il y a quelques années salut »…) c’était pour mieux saisir des dynamiques
en dénonçant les effets de la dématérialisation géné- à l’échelle des rapports entre les « grandes » et
ralisée de l’économie (l’Horreur économique, 1996). « petites » religions. Mais les nouvelles générations
Émile durkheim, George Simmel ou Max de sociologues entendaient iler la métaphore
Weber sont considérés comme pionniers, même si jusqu’à établir une nouvelle sociologie du sujet
tous n’ont pas traité des rapports entre l’économie croyant (en particulier du converti) et des orga-
et la religion de la même manière, avec la même nisations religieuses, dans un nouveau contexte :
profondeur de vue et avec les mêmes outils intel- celui de la libéralisation des mœurs et des esprits
lectuels. Si l’on repère chez Simmel des connexions en contexte de « Haute modernité », une catégorie
fortes entre sa « philosophie de l’Argent » et ses historique caractérisée par la culture de l’indivi-
« formes de vie religieuses », durkheim a été plus dualisme et l’émergence d’un sujet social rélexif
explicite dans son approche de l’économie4. Mais – réduisant par là même la possibilité d’établir des
ces sociologies ont été précédées d’une approche continuités avec des temps antiques, un volet qui
économiste de la valeur, car c’est avec les travaux reste encore en friche. Mais au moins ont-ils tenté
d’Adam Smith (1723-1790) que les économies – et jusqu’à un certain point, réussi – à rendre au
religieuses trouvent une source originale qui a couple conceptuel « économie et religion » une
posé les fondements de ces perspectives5. Non nouvelle jeunesse et à en faire l’un des champs en
pointe actuellement des analyses sur la religion en
contexte de mondialisation.
2. Iannaccone 1998.
3. Iannaccone 1991, 1992, 1998.
4. Steiner 2005. 6. Comme Loland 1978 ; Stark – Bainbridge 1985, parmi bien
5. Iannaccone 1998. d’autres.
Marchés, business et consumérisme en religion
196 Lionel O BADIA
également une révision de la notion de « ratio- (pentecôtistes en tête) sont loin de igurer les seuls
nalité » qui a été âprement débattue durant de à incarner cette dynamique d’inscription des reli-
longues décennies dans les sciences des religions16. gions dans des logiques de l’économie mondiale :
un second modèle est celui des dynamiques c’est le cas également de certains mouvements
économiques des religions, qui se traduisent par du bouddhisme moderne, comme la Soka Gakkai
plusieurs approches, dont celle, saillante actuelle- japonaise20, les Églises apostoliques indigènes
ment, de « l’entreprenariat religieux », et non pas d’Afrique21, de l’islam indonésien… mais aussi les
de la (pourtant très actuelle) question de la place groupes de vente pyramidale dont les convictions
des croyances et des pratiques religieuses dans les et la morphologie s’apparentent à des sectes ou
entreprises des sociétés modernes et de son cortège nouveaux mouvements religieux22.
d’effets directs ou indirects sur l’économie. Il s’agit une autre approche, dont le concept central
bien plus d’une perspective qui considère l’entre- connait de rapides développements, est la théorie
prise comme religion : les organisations religieuses du marché. Elle est fondée sur l’idée que l’offre et de
admettant un haut degré d’institutionnalisation et la demande constituent les éléments clefs de la reli-
qui déploient des stratégies de diffusion de leurs gion en autant de « biens » inscrits dans un espace
« biens de salut » (selon l’expression wébérienne) à de rencontre entre « consommateurs » et « produc-
l’image d’une « irme » productrice de simples biens teurs » qui devrait en grande partie sa conigu-
de consommation. La notion d’économie y revêt ration à l’essor, au développement et à l’exten-
dans ce cas une double acception. Elle recouvre ce sion du capitalisme moderne, à une économie de
qui, d’une part, relève de la modélisation écono- marché fortement dépendante des lux inanciers,
miste des dynamiques des religions (adaptations mais aussi à une économie de surproduction et de
doctrinales et pratiques, expansion et socialisation surconsommation qui est créditée, par un nombre
des croyances, ajustements idéologiques et symbo- croissant d’acteurs des mondes politique et acadé-
liques aux conditions globales, mondiales17… et mique, de la responsabilité d’une « altération » de la
dans ce cas l’économie apparait sous son aspect nature sacrée des croyances et des objets religieux23.
analogique dans et pour l’analyse : les religions se des changements terminologiques conceptuels
comportent comme des irmes ou entreprises.
relètent ces altérations et si la igure du consom-
Mais parallèlement à cette démarche, toute
mateur qui s’impose et semble se substituer à celle
théorique, se déploie un vaste ensemble de straté-
du chercheur de spiritualité, celle de l’entrepreneur
gies que les acteurs religieux, individuels ou collec-
religieux ou de religion s’impose parallèlement24
tifs, institutionnels ou pas, mettent en œuvre dans
les deux participent d’une reconiguration des rela-
le but d’apprivoiser le contexte économique et de
tions au sacré, qui se donnent à voir en contexte
s’y mouler de la manière la plus eficace. Le cas
chrétien25, bouddhiste26, musulman27, confucéen28.
le plus éclatant est le prosélytisme judicieusement
fondé sur l’idée, très protestante, de « réussite » et
habilement adossé à des programmes et des réseaux pORTÉE ET LIMITES
d’aide sociale, comme dans le cas des Évangéliques
Américains qui étendent leur inluence dans toute Le champ de l’économie religieuse a-t-il tenu
l’Amérique hispanophone et lusophone mais aussi
les promesses que ses promoteurs voulaient lui
au-delà, en se moulant particulièrement bien
voir tenir ? Il est sans doute un peu tôt pour en
sur les circuits et les logiques transnationales du
évaluer la portée et les fruits même si, à l’évidence,
capitalisme mondial18. Mais, bien qu’ils aient été
ses approches bénéicient désormais d’une certaine
considérés comme la tradition à partir de laquelle
se dégage le modèle de la religion mondialisée,
celui d’un esprit de mission et une éthique réso-
20. Liogier 2004.
lument matérialiste19 les Évangéliques américains 21. Thomas 2001.
22. Luca 2012.
23. Schlegel 1995.
24. Luca et al. 2016.
16. Stark – Iannaccone – Finke 1996. 25. Iannaccone 1988.
17. Rothstein 1996. 26. Hammond – Machacek, 2001.
18. Garcia-Ruiz – Michel 2012 ; Aubrée 1996. 27. Haeni 2005.
19. Berger 1997. 28. Vermander 2009.
Marchés, business et consumérisme en religion
198 Lionel O BADIA
légitimité, voire d’une indéniable notoriété mais analyses culturelles32, procède d’une réduction
elles sont d’autant plus contestées que s’étend leur aussi préjudiciable à la rélexion. Mais entre l’éco-
sphère d’inluence. La référence à l’économie sous nomie par excès heuristique (tout, dans le domaine
la forme de la galaxie des allégories (« marché », religieux, est à un certain point économique ou
« menu », « consommation » etc.) continue d’être s’interprète en termes économistes) et par défaut
proliique, voire proliférante. Mais il s’avère indis- idéologique (rien n’est économique dans la religion
pensable de s’interroger sur la nature des rappro- qui relève d’un domaine sacré), il y a la place pour
chements effectués entre phénomènes ou objets des modèles combinatoires restituant à l’analyse le
de nature religieuse et économique. Si la critique rôle précis des facteurs économiques dans les muta-
théologique (ou aux accents théologiques) s’est tions des comportements et des idées religieuses.
exprimée partout avec virulence – les organi-
sations religieuses dénonçant les « dérives » de
l’économie de marché, et prônant en retour les uN TOuRNANT ÉCONOMISTE ?
« vertus éthiques » de la religion comme moyen de
prémunir la morale de la corruption par la culture La portée heuristique des modèles et
mondialisée du consumérisme29. approches de l’économie religieuse ne se limite
La charge a été aussi menée avec une inat- toutefois pas à l’examen des modèles précédem-
tendue virulence du côté de l’anthropologie, avec ment exposés : de nouvelles perspectives s’offrent
notamment l’américain Thomas Csordas, dont les ainsi à la recherche, qui prolongent et afinent les
travaux s’orientent en particulier sur les nouvelles précédentes, et ajoutent un niveau de complexité
formes de croyances dans les cultes thérapeu- supplémentaire à l’analyse, avec des choix métho-
tiques issus du monothéisme : dilution du religieux dologiques qui semblent actuellement se pola-
dans l’économie, confusion entre la métaphore riser entre une économie modélisée comme outil
et la réalité, abus de la référence économique qui heuristique dans le cadre d’une analogie, d’une
appauvrit l’analyse par des emplois peu critiques part, et une économie à fondations empiriques
des modèles économiques, et, enin, indétermina- (activité économique des religions ou arrière-plan
tion entre les « biens » (commodities) proprement économique) d’autre part. Il est néanmoins difi-
religieux (i.e. sacrés et inscrits dans une économie cile de conférer une cohérence globale à l’ensemble
rituelle) et les biens qualiiés de religieux par des approches de ce qui semble relever d’un seul et
analogie30. En relativisant un peu le propos, Gordon même champ, sans être du même coup tenté de
Mathews, également anthropologue nord-améri- les inclure dans un unique paradigme : les théories
cain, avait pour sa part admis que le religieux était du choix rationnel, du marché, de la « markétisa-
désormais régi par des logiques de marché, tout tion » des religions ne se confondent ni dans les
en insistant sur la distinction entre la vérité (truth) perspectives retenues, ni dans les matériaux traités
et le goût (taste), considérant qu’un bien religieux à cette in. En arrière-plan de cette unité factice
inscrit dans un circuit économique n’est pas totale- du champ, qui met en question. Le caractère para-
ment écrasé par la logique du marché et conserve sa digmatique des modèles qui se proilent dans ce
part de sens existentiel (truth) contre d’autres biens nouvel horizon conceptuel, se pose évidemment la
d’une autre nature consommé sans autre forme
question plus large du changement de perspective
de procès (taste)31. Il reste alors que les approches
non plus seulement sur les phénomènes religieux,
économistes de la religion peuvent aussi s’avérer
mais sur les dynamiques qui les sous-tendent.
heuristiques sur bien des points : leur disqualii-
L’émergence et le développement des modèles
cation par une critique radicale qui verrait jeter le
de l’économie religieuse mettent de surcroit très
bébé économiste avec l’eau du bain économique.
directement en question, pourtant, pas seulement
Certes, l’attitude opposée qui consisterait à afirmer
des enjeux méthodologiques et épistémologiques :
le « tout économique » de l’analyse, un biais écono-
se proilent en toile de fond des débats de nature
miste depuis longtemps dénoncé dans d’anciennes
idéologique, que des références analogiques ou
métaphoriques sont de nature à révéler.
ENjEuX ET pORTÉES dES MÉTApHORES : uNE les raisons pour lesquelles ce sont ces deux réper-
CRITIquE dE L’EpisTEmE GLOBALISTE toires en particulier qui sont mobilisés : en d’autres
termes, pourquoi la religion est-elle plus volon-
Le dossier de la marchandisation des religions, tiers interprétée en termes d’économie et en retour,
c’est-à-dire, de leur réinvention dans le cadre de pourquoi les registres de l’économie se colorent de
logiques économiques, est toujours plus nourri : le religion. C’est en toile de fond le statut même de
yoga et les techniques de l’ascèse des religions asia- l’économie et de la religion sur l’arrière-plan de la
tiques33, le bouddhisme qui, lui-même, et dans les société globale et globalisée dans laquelle ils s’ins-
contextes très différents de l’Amérique du Nord, crivent qui engage dans cette voie : la domination
de l’Asie du Sud-Est igure le bon élève des reli- du capitalisme et le retour du religieux.
gions eco-friendly34, l’essor d’un islam « de marché » On peut en outre se poser la question de savoir
d’ailleurs engagé contre le sécularisme35, le chris- s’il s’agit là d’un véritable tournant économique dans
tianisme, qui lui aussi s’engage dans une logique les sciences (sociales) des religions, à l’image d’un
consumériste en dépit des critiques répétées des « tournant cognitif », d’un « tournant global » ou
plus hautes autorités (papales) est aussi tranquil- encore d’un « tournant spatial ». que les faits reli-
lement moulé dans les circuits et les dynamiques gieux soient requaliiés en termes économiques
de l’économie néolibérale et les valeurs de la pros- étonne inalement assez peu tant il est vrai que,
périté36. Il en découle de plus en plus nombreux depuis quelques décennies déjà, les économistes
et visibles processus de branding des religions, ces se sont intéressés à de multiples domaines de la
stratégies de « marketing » des images des religions vie sociale sur lesquels ils ont porté leur regard :
dans un contexte de concurrence (au péril du délinquance, sexualité, choix politiques, préfé-
mercantilisme) qui constituent les nouvelles moda- rences culturelles… l’économie exerce partout son
lités du religieux37, qu’il caractérise les grandes expertise, et n’a donc pas manqué de s’appliquer
religions38 comme les Nouveaux Mouvements au religieux, lui aussi devenu obsédant pour les
Religieux et les « sectes », mais aussi le champ intellectuels, qu’il prenne la forme de croyances
plus nébuleux de la « sagesse » et de la « spiritua- dispersées au gré du morcellement des sociétés
lité », c’est-à-dire, le sacré hors institution et plus modernes40 ou au contraire celle d’une crispation
susceptible de faire l’objet d’une appropriation en fondamentaliste et communautaire41.
mode marchand, parce que désormais libéré de ses Renversement de perspective sur la rationalité
emprises traditionnelles et circulant par les voies ou relocalisation de celle-ci ? la question se pose
les plus eficaces, celles de l’économie, en particu- avec acuité mais elle serait assurément détermi-
lier de la culture populaire de masse39. nante si, dans ce cas précis, les notion de ratio-
Finalement, par-delà le déjà très vaste champ nalité et d’irrationalité étaient évaluées sur un
lexical convoqué et les dispositifs théorico-mé- plan d’équivalence : or, entre la rationalité instru-
thodologiques déployés, que faut-il penser de ce mentale supposée caractériser l’homo economicus
paradigme ? On peut soit interroger la pertinence et la rationalité ontologique qui est questionnée
de l’analyse en termes économiques pour mieux derrière les croyances de l’homo religiosus, ce n’est
justiier du point de vue de l’analyse la portée pas à proprement parler une même rationalité à
heuristique de l’approche économiste – et légi- l’oeuvre. À cette première vague de précaution
timer l’analogie pour ses vertus heuristiques. Soit, épistémologique, s’ajoute la circonspection par
comme c’est plutôt le cas ici, s’interroger non rapport à la pertinence des modèles et au défaut
seulement sur la portée et les limites du raison- de pertinence du modèle « d’économie religieuse
nement par analogie, mais explorer également ouverte » dont le sociologue britannique david
Voas a montré que, contrairement au rôle expli-
catif qu’on lui fait souvent jouer, une situation
de pluralité religieuse n’entraine pas mécanique-
33. jain 2012.
34. Obadia 2011. ment des conversions ou métissages de croyances,
35. Haeni 2005.
36. Micklethwait – Wooldridge 2009.
37. Stolz – usunier 2013.
38. Einstein 2008. 40. Hervieu-Léger 2001.
39. Chidester 2005. 41. Kepel 1991.
Marchés, business et consumérisme en religion
200 Lionel O BADIA
mais contribue parallèlement au renforcement des listes actuellement dominantes. La religion passée
identités communautaires héritées42. au prisme de l’économie deviendrait purement
Il existe en outre encore certains problèmes « mondaine », abandonnerait ses idéaux de trans-
relatifs à l’application de ces modèles qui n’ont pas cendance pour se rapatrier sur de biens profanes
encore reçu toute l’attention qu’ils auraient dû. On logiques pécuniaires. Si la critique est entendue, et
peut d’abord pointer la question du répertoire des a ses défenseurs (certains ont été exposés ici, mais
termes adjectivant le substantif « économie », qui bien d’autres s’expriment au nom de la théologie),
admet des acceptions différentes selon qu’il s’agit elle révèle aussi en creux une posture essentialiste,
d’une économie morale, rituelle, culturelle, ou encore telle que défendue dans la phénoménologie d’un
sacriicielle43 qui évoque non plus les agencements Mircéa Eliade : l’essence de la religion est noumé-
et processus liés à la production de richesse, mais nale et échappe à la trivialité du plan phénoménal
à toute production praxéologique et symbolique. et en particulier du plus polluant d’entre eux,
Elle peut aussi procéder d’une immixtion entre l’économie46. À l’opposé, les approches sociologues
l’économie et le religieux, dans le cadre d’une d’un Marx ou d’un Weber ont au contraire montré
économie occulte (marginale, discrète et parallèle, respectivement que l’économie igurait une base
à l’image de ce que représente la magie pour la matérielle structurante pour les idéologies ou les
religion, cf. Hubert et Mauss, 1903-1904) dans pensées symboliques, dont la religion (chez Marx)
des pays d’Afrique déstabilisés par leur inscription ou un domaine d’activité affecté et modulé par des
dans le marché mondial, au sein de laquelle se idées religieuses (chez Weber). pour paraphraser ce
développe une économie de l’occulte (économie des que Bourdieu a théorisé à un autre propos (1971),
pratiques magiques et ésotériques visant à inlé- on peut dire que de ce point de vue l’économie
chir les effets du marché) lorsque jean et john est structurée par et structurante pour la religion.
Comaroff montrent comment, dans le contexte quant aux anthropologues, ils se sont plus parti-
africain, l’extension d’un marché économique culièrement intéressés à la manière dont, dans
et d’une économie inancière a réorganisé les les « sociétés traditionnelles » (catégorie englo-
systèmes économiques et sociaux traditionnels et bante pour des sociétés dispersées de l’Asie aux
en a entrainé la duplication44. Economies occultes Amériques), une partie des produits de l’économie
qui se fondent, d’ailleurs, sur des relations de clien- productive est détruite à des ins rituelles (dans le
télisme qui caractérisent les prestations magiques cas du potlatch, sa forme archétypale) ou dérivée
comme les prestations économiques indépendam- des circuits de consommation profanes mais parti-
ment d’ailleurs, du contexte historique et culturel, cipe d’une accumulation de prestige et de distri-
de même que les économies des religions (la bution du sacré (chez Mauss, Malinowski ou
production économique au sein des systèmes reli- Godelier). Ce que révèlent l’émergence et le déve-
gieux) plongent leurs racines au plus profond de loppement de ces nouveaux modèles et analyses,
l’histoire humaine. c’est un conlit de vues et de pertinence entre le
En premier lieu, et cela a été l’une des plus paradigme de la sécularisation (et « renouveau »
virulentes critiques adressées aux économies reli- du religieux) et celle des économies religieuses.
gieuses, le risque d’une réduction instrumenta- dès les années 1990, ces dernières avaient été
liste : celle qui consiste de considérer les variantes érigées au rang de contre-modèle d’une séculari-
du religieux (le croire, la ritualité, la symbolique sation désormais inapte à saisir les mutations des
du sacré, la iguration des héros ou des dieux..) religions dans un monde toujours plus dominé par
comme assujetties aux logiques instrumentales des les principes de l’économie, une « culture néoli-
usages marchands45, mais par extension, l’écrase- bérale » ou consumer culture dont l’« esprit » affecte
ment du spirituel par le matériel, et, partant, la désormais de toujours plus les sociétés modernes47.
dilution de la nature particulière de la religion ou À l’évidence, les traditions intellectuelles euro-
du sacré dans des matrices idéologiques matéria- péennes sont encore (un peu) réticentes à s’aligner
sur les principes d’un mouvement intellectuel
venu de l’économie et de la sociologie nord-amé- une perspective, toute théorique qu’elle soit, mais
ricaines, mais dont l’intégration dans les sciences aussi marquée par une vision du monde nationale
européennes des religions, quoique facilitée d’un et culturelle, celle du nouveau continent, peut-
côté par l’ouverte interdisciplinaire dont elles font elle se transposer in extenso dans le contexte d’une
preuve, se heurte d’un autre côté à des lourds chan- vieille Europe encore attachée, malgré la mondia-
gements de perspectives. Avec le paradigme des lisation, à son héritage politique ?
économies religieuses, il y a en effet une tentation
de substituer un paradigme psycho-économiste
à un paradigme socio-historique, et, partant, les CONCLuSION
modèles de l’histoire qui leur correspondent cultu-
rellement et qui leur donnent sens. deux expé- En arrière-plan, le surgissement récent de
riences historiques de deux régions du monde qui, cette perspective et de sa vocation à renouveler les
par leur héritage culturel et leur trajectoire histo- sciences des religions soulève d’autres questions :
riques, avaient de bonnes raisons de qualiier les en résumé, de quoi cette approche économiste de
dynamiques de leurs religions en des termes diffé- la religion est-elle le signe ? d’un changement de
rents et les ont inscrits dans les paradigmes distinc- paradigme ? de l’inter-fécondation de sciences
tifs de la sécularisation (relevant d’une histoire poli- jusqu’ici peu poreuses les unes aux autres ? Ou des
tique) et du marché (plus précisément inscrite dans effets dérivés de l’extension de phénomènes sail-
une économie politique)48. lants aux époques moderne et contemporaine, en
Sur le plan de l’analyse, il est à la fois légitime l’occurrence l’extension du capitalisme mondial et
et pertinent de distinguer les modèles et de les de la culture du consumérisme qui affecte les
constituer comme des programmes concurrents, conduites religieuses comme bien d’autres compar-
et de noter que l’un, le modèle économique, allait timents des comportements sociaux et culturels ?
prendre l’ascendant sur l’autre, le modèle poli- Ou s’agit-il ici d’analogies entre la religion et l’éco-
tique49 et que, par extension, des concepts comme nomie de marché qui ont été énoncées dans le
celui de « champ » serait rendu obsolète par celui cadre d’une critique de la mondialisation53 qui se
de « marché »50. Mais sur un plan plus prosaïque sont installées dans la pensée scientiique ?
de la réalité, en l’occurrence pour les acteurs qui Le bref portrait des origines, des développe-
alignent leur comportement sur les logiques de ments et apports de l’économie et de l’économie
l’économie, le politique n’est absolument pas politique aux sciences religieuses qui vient ici
contradictoire et il est même encore plus structu- d’être dressé n’a pas vocation à être exhaustif, tant
rant51. Il est vrai que les analyses menées dans le le champ continue de se diversiier et s’étend des
contexte nord-américain montrent bien qu’il s’y dimensions psychologiques de la croyance reprise
repère assez distinctement des logiques de choix en termes d’économie jusqu’aux stratégies institu-
et des effets de marché, ironiquement labellisés en tionnelles des grandes Eglises face au capitalisme
référence à des produits de grande consommation, mondial en passant par l’économie des marchés
comme l’effet Baskin-Robbins de réalignement des de biens spirituels54. Est-on donc un tournant
préférences religieuses sur des « marques » reli- économiste qui se donne donc à voir à travers ces
gieuses idélisées. d’études en études, la pertinence développements théoriques et méthodologiques,
de ces modèles dans le contexte nord-américain, à l’image d’autres tournants (linguistique, litté-
en particulier étatsunien, se justiie par leur conir- raire, cognitif…) qui ont eux aussi émaillé l’histoire
mation mais dans un contexte particulier, marqué récente des sciences humaines et sociales, et qui
par le libéralisme tocquevillien et des formes de ont impacté chacun à leur manière les sciences
culture et de religion (protestantes) qui ont fait religieuse ? Ou s’agit-il d’une simple relecture
de l’économie une réalité et même un emblème52. économiste des comportements religieux avec une
nouvelle lexicalité théorique et donc le risque d’une
surqualiication d’ « économique » de phénomènes
religieux (et inversement) en vertu de leur resé-
48. Micklethwait – Wooldridge 2009.
49. Warner 1993.
50. dianteill 2002.
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