Chartres, Cathédrale Alchimique Et Maçonnique by Patrick Burensteinas

CHARTRES
CATHÉDRALE ALCHIMIQUE
ET MAÇONNIQUE
PATRICK BuRENSTEINAS
CHARTRES
CATHÉDRALE ALCHIMIQUE
ET MAÇONNIQUE
UN OUVRAGE PARU
SOUS LA DIRECTION DE
JACQUES ROLLAND
T Éditions
J.rajectoir
E
Du même auteur :
• La Trame - Se soigner par l'énergie du monde,

Éditions Le Mercure Dauphinois, 2002.
• Le Disciple - Trois contes alchimiques,

• De la Matière à la Lumière -pierre philosophale,

modèle du monde,
AVERTISSEMENT
Il est rappelé que les visites et expérimentations doivent se
faire avec discernement, brièvement et sans aucunement
contrevenir aux règles de sécurité ou de bienséance dans
un lieu de culte.
Maquette : François Le Maël - idee.graphic@free.fr
Tous droits de reproduction, de traduction, et d'adaptation réservés pour tout pays.

Toute reproduction, même partielle, de cet ouvrage est interdite.
Une copie ou toute reproduction par quelque moyen que ce soit constitue
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et la loi du 3 juillet 1985 sur la protection des droits d'auteur.
Toutes les illustrations de cet ouvrage ont été réalisées par Patrick Burensteinas.
Réalisation des plans par Mélanie Burensteinas.
© 2012 Éditions Trajectoire

Une marque du groupe éditorial Piktos,
355, rue de la Montagne Noire - 31750 Escalquens
www.editions-trajectoire.fr
EAN: 978-2-84197-592-1
Introduction
ra ien que les cathédrales ne fussent pas faites pour parler

d'alchimie ou bien de franc-maçonnerie, il est indéniable que de
nombreux corps de métier et de non moins nombreux artistes
participèrent à son élaboration.
Même si la fonction première de cet édifice est essentiellement

religieuse, de nombreuses corporations laissèrent là des
témoignages uniques de leur savoir-faire.
Des architectes, tailleurs de pierre, charpentiers, forgerons, verriers,

peintres, etc. mirent leurs expériences uniques dans ce livre de
pierre. De nouvelles techniques furent sans cesse nécessaires pour
relever les défis de cette construction. Et ce, pour la plus grande
gloire de Dieu.
Mais, je n'arrive pas à croire un seul instant que ces artistes n'aient
pas voulu transmettre leurs connaissances. Bien sûr, il n'existe
aucun écrit confirmant cette hypothèse, mais souvenons-nous que
la tradition est essentiellement orale. Pourquoi écrire un livre alors
que tout est sous nos yeux 2
I.'.artiste sait bien que l'art sans esprit n'est que technique.
Alors, comment faire :

Et si ce lieu ne nous parlait pas que d'Histoire ou d'architecture 2
Et si les bâtisseurs avaient glissé, pour ceux qui prennent la peine
de regarder, des messages autres que religieux pour les temps à
venir 2
C'est cette histoire que je m'en vais vous conter.
Ce voyage, avec ses divers arrêts et expériences à vivre nest qu'une

transposition du voyage que tout alchimiste fait sur le chemin
de sa pierre. Ces différents arcanes sont autant de passages sur le
chemin que le franc-maçon accomplit jusqu'à sa maîtrise.
-s -
CHARTRES, CATHÉDRALE ALCHIMIQUE ET MAÇONNIQUE
Vous qui allez accomplir ce chemin, faites-le sans hâte et avec

sérénité.
N'attendez rien.
C'est la seule manière de recevoir le tout.
Comment utiliser ce livre.

Après avoir lu les chapitres du voyage, reportez-vous à la fiche de
visite.
Celle-ci comporte, au recto, le plan que vous devez suivre. Chaque
point est illustré par une photo vous permettant de vous placer
correctement.
Une fois en place, retournez le plan. Au verso, reportez-vous à la

photo correspondante et faite l'exercice qui y est décrit.
Puis, passez au suivant jusqu'à ressortir de la cathédrale.
Vous aurez alors accompli votre chemin initiatique.
Il est préférable de faire le chemin en entier. Néanmoins, vous

pouvez isoler un exercice si celui-ci vous est profitable.
En vous souhaitant un merveilleux voyage dans ce lieu unique.
-6-
INTRODUCTION
C'est après un long périple, une longue marche que le pèlerin

arrivant tout droit de Bruxelles traverse les plaines de la Beauce
encore brumeuses. À plus d'une dizaine de kilomètres, il peut déjà
percevoir les deux clochers se dressant à l'horizon. Les deux tours
si proches, et pourtant tellement différentes, ressemblent à deux
mâts sans voile d'un navire voguant sur un océan de terre. Tout est
immobile et silencieux autour de ce monument unique.
C'est au travers des yeux du pèlerin que nous arriverons en tant
que profane, mais c'est en initié que nous sortirons de l'église
cathédrale de Chartres.
Pourquoi Chartres r
Même si le départ du pèlerinage de l'alchimiste commence à
Bruxelles, là où tout le Grand Œuvre est décrit d'une manière
allégorique, Chartres est le seul lieu qui se fait deux fois lors du
pèlerinage. C'est une sorte de croisement initiatique.
À la descente, c'est le travail sur soi qui est important. Cest un

travail qui ne nécessite aucune matière extérieure. Matière que,
d'ailleurs, nous n'avons pas encore.
C'est un travail de purification personnelle, qui se fait à travers le
cheminement initiatique gravé dans la cathédrale. C'est la partie
oratoire de la quête.
À la remontée, possédant maintenant la matière première

de notre œuvre, cest un travail plus opératif qui nous
attend. I..explication de celui-ci, étant faite au portail
sud. À travers la description alchimique de celui-ci, le
cherchant peut maintenant avoir une idée beaucoup
plus précise du travail :
c'est la partie labor
de la quête.
Chapitre 1
LE LIEU
L'implantation
A u ri° siècle av. J.-C., nous sommes dans un endroit inaccessible,
dans la forêt des Carnutes. Personne ne s'était alors intéressé à ce
lieu, qui deviendra la capitale de ce peuple celtique. Ces Gaulois
furent les premiers à ériger des menhirs, sentant que ces lieux
avaient quelque chose de magique. Les druides venaient sy réunir
pour leur grande assemblée annuelle. Il y aurait eu, à cet endroit,
un tertre surmonté d'un dolmen, signe de la reconnaissance sacrée.
Ce lieu est traversé par une ligne de force de la nature que les Anciens
appellent « Lignes Leys ». Les effets de fénergie terrestre y sont
décuplés. Les Celtes y voyaient la manifestation de leurs dieux. Les
lierne sacrés ont toujours été édifiés suivant ces trajectoires.
Nous le découvrirons lors de notre voyage, mais sachez dès à

présent que les Celtes travaillaient en harmonie avec les forces de
la nature et en connaissaient les secrets.
Par la suite, les bâtisseurs de lieux sacrés ont continué à utiliser
les fondations d'édifices préexistants en respectant l'orientation
originelle des lieux.
Des vagues de terre
Les éléments ont toujours influencé le monde qui nous entoure.

La Lune crée, bien sûr, les marées, en exerçant une attraction sur
l'eau. Mais elle agit aussi sur la terre. Il existe des marées de terre.
Au contact des forces de la nature, des vagues de terre se forment.
Notre-Dame de Chartres est érigée sur une ligne du monde, sur
un courant, qui agit naturellement sur le relief de la plaine où sied
le bâtiment. Nous pouvons observer, sur les relevés géologiques ou
sur les photos aériennes de la plaine de la Beauce, des vagues de
terre d'une période d'environ 20 kilomètres qui viennent frapper
la cathédrale.
-9-
Placez du sable sur une enceinte acoustique. Les vibrations du

son vont créer une forme dans le sable. Si vous changez de son, le
sable va prendre une autre forme. Nous constatons que la forme
est dans le son et non dans le sable. Ce n'est pas la matière qui
« décide » de sa forme, mais l'information qui y circule tel un plan.
Faisons l'analogie avec la Terre. Si celle-ci a une forme, cela signifie

qu'il y a un plan dedans. Au cours du temps, la terre n'étant pas
homogène, il se dessine des particularités :
• des endroits où l'information circule plus ou moins bien ;
• desveinesmétalliques,desrivièressouterrainesquitransportentde
l'information plus facilement ;
•du vide.
Les matériaux faisant résistance créent des concentrations

dënergies à certains endroits et des dépressions à d'autres.
Certaines concentrations deviennent de véritables artères. Ces
lignes remarquables sont les lignes Leys, nommées aussi « lignes
du monde». Une de ces lignes va de la Grand-Place de Bruxelles
à Saint-Jacques-de-Compostelle. Celle qui nous intéresse passe,
bien sûr, par la cathédrale de Chartres.
- ro-
CHAPITRE 1
Touchée par lënergie qui parcourt cette ligne, toute la cathédrale

vibre, résonne au son de la musique du monde. Une musique
subtile qui expliquerait pourquoi beaucoup peuvent être touchés
par un tel lieu. Les Anciens connaissaient l'usage de ces lignes. Les
Celtes matérialisaient les tracés à l'aide de menhirs pour ceux qui
ne pouvaient pas les ressentir et qui avaient besoin de marques.
Par la suite, ces menhirs servirent de points de repère à l'édification
des églises. Les bâtisseurs savaient qu'ils représentaient des points
remarquables. En Bretagne, quelques-uns demeurent encore dans
les murs de ces édifices religieux ; d'autres ont simplement été
christianisés.
Des pierres levées jalonnent les chemins empruntés par les pèlerins
de Compostelle depuis une période préchrétienne. Ce trajet peut
être fait en suivant la ligne du monde qui part de Bruxelles et qui
finit à Saint-Jacques. Chartres fait partie de ce pèlerinage, et la
coquille se dévoilera à nous.
Le mystère des 47
La culture celte se calait sur la lune représentée par le dieu Lug.
Les alignements de mégalithes étaient, par conséquent, calés sur
cet astre. Les chrétiens ayant une religion solaire, les lieux sacrés
sont orientés est-ouest, symbolisant la course apparente du Soleil.
Et pourtant, l'orientation de la cathédrale présente un décalage
de 47° par rapport à l'axe est-ouest. La cathédrale a donc une
orientation nord-est/sud-ouest.
Les bâtisseurs étaient-ils désorientés ~

La cathédrale, construite entre 1134 et 1260, a été « orientée »
non pas selon l'Orient, mais parallèlement aux vagues de terre,
suivant la ligne du monde. Les bureaux de l'Église affirment que
des circonstances particulières, comme la situation du terrain, ont
provoqué quelquefois des exceptions à l'orientation.
La cathédrale gothique fut construite sur les plans d'une ancienne

cathédrale romane détruite en 1194 par un incendie. Dès lors, le
chantier du nouvel édifice fut calqué sur les anciennes fondations.
En conséquence, le décalage de 47 ° fut conservé.
- Il -
Le bâtiment de pierre prend son orientation dans le sens des

vagues tel un navire. Une immense nef, telle la coque d'un bateau
retourné voguant, non pas sur le monde, mais sur le ciel.
Ce qui est en haut est-il comme ce qui est en bas ?
Si cette embarcation ne nous fait pas voyager dans la matière,

peut-être nous fait-elle voyager dans lesprit.
Le puits des Saints-Forts

D ans la crypte de la cathédrale se trouve le puits des Saints-Forts.
À l'origine, cette construction celtique est carrée,
orientée aux quatre points cardinaux. Les Celtes
s'y recueillaient, y travaillaient.
Le puits est un regard sur la ligne du monde.
Il permet au druide d'entrer en contact avec
un esprit de la nature. À la croisée des quatre
éléments, le druide représente le cinquième
et devient l'intercesseur entre son peuple et
les dieux. Quand la première église fut bâtie,
ce puits fut conservé par les Romains en le
christianisant. La partie haute fut arrondie :
le cercle étant le symbole du christianisme.
Le puits mesure 37 mètres de profondeur. Il est
à remarquer que le cercle s'inscrit parfaitement
dans le carré.
« Du mâle et de la femelle, fais un cercle, puis, de là,

un carré, et ensuite un triangle ; fais un cercle
et tu auras la Pierre des Philosophes »
Atalante Fugitive XXI Mickael Meier
Le moine chartrain, qui rédigea, vers 1080, le Cartulaire de l'abbaye

de Saint-Père de Chartres, nous apprend que le puits était, depuis
l'année 858, l'objet d'un pèlerinage très fréquenté, et qu'il s'y opérait
beaucoup de miracles. Un de ces miracles fut rapporté dans « Le
livre des miracles de Notre-Dame de Chartres » de Jehan Le
Marchant, écrit vers 1250 d'après un ouvrage latin : « pendant
qu'on faisait la procession dans la crypte, un enfant de chœur
tomba dans ce puits et il fut impossible de retrouver son corps.
CHAPITRE 1
Mais l'année suivante, lors de la même procession, on fut étonné

de le revoir, vêtu de son aube, qui n'était point mouillée, et tenant
son cierge à la main. Il déclara qu'au moment de sa chute, une belle
dame, vêtue de blanc, l'avait reçue dans ses bras, l'avait soignée
pendant toute l'année et l'avait ensuite remis à sa place. »
Bien sûr, pour l'alchimiste, le puits représente le creuset, celui qui

est à la croisée des chemins. Trois des éléments, l'Eau, 11\ir et
la Terre sont présents. Le quatrième, le Feu, devra être invoqué
par l'alchimiste. Alors, seulement, il sera sur le chemin de la
quintessence.
Cette quintessence, qui est ce feu secret, l'ultime lumière cachée

derrière les apparences.
Pour le maçon, cest le premier travail de l'apprenti. Là où, en
silence, il apprendra à écouter, méditer et comprendre le monde
par la contemplation qui n'est autre que fouverture du temple.
Expérimentation
Placez-vous à la verticale du
puits en calant votre regard
sur le fond. Percevez le
courant d'air qui monte du
puits et respirez-le (attention
au vertige).
La colonne de la crypte
À côté du puits des Saints-Forts,

dans une salle voisine, se trouve une
colonne datant d'une construction
précédente. S'appuyant contre le
mur, elle courtjusquâ la clefde voûte.
Elle devait appartenir à l'ancien lieu
de culte celte. Le sol s'appuie dessus
à l'endroit du labyrinthe.
11nergie jaillissante du puits est

conduite dans tout lëdifice grâce à
ce pilier.
- 13 -
Dans les lieux de culte en général, et dans les églises en particulier,

les colonnes ne sont pas obligatoirement utiles à la consolidation
de la fondation. ürchitecture sacrée est utilisée pour conduire
lënergie à des endroits particuliers. Parfois, le flux est tellement
fort qu'il crée une dépression à certains endroits, ce qui peut être
désagréable aux sujets sensibles. Une colonne est donc posée afin
d'interdire le passage des visiteurs. De plus, avec ce dispositif, le
courant sera véhiculé à lenérieur du bâtiment pour être dissipé
et donc neutralisé. Vous comprenez maintenant pourquoi, dans
certaines églises, des colonnes, généralement torsadées, sont
disposées au milieu de nulle part sans fonction apparente.
La base du puits se situe 37 mètres sous le sol de la cathédrale. Or

la clef de voûte s'élève 37 mètres au-dessus de la cathédrale. Soit
une hauteur totale de 74 mètres.
« Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas », nous dit la Table
d'Émeraude, ouvrage cher aux alchimistes.
Si on regarde le bâtiment en coupe, on s'aperçoit qu'il est

exactement bâti comme un violon. Le sol en serait la table, la crypte
jouant le rôle de caisse de résonance et la colonne qui transmet les
vibrations : l'âme. La cathédrale fonctionne comme un véritable
instrument de musique.
Quand la marée de terre vient

frapper le pilier, l'onde se
propage et s'amplifie dans la
crypte, pour remonter sur le sol
de la cathédrale, qui se met à
jouer une musique qui relie la
terre, la matière avec le céleste.
C'est finalement une cathédrale
musicale qui fonctionne comme
une machine alimentée par les
forces de la nature.
Expérimentation
Après avoir respiré le souffle du puits, placez vos mains contre la
colonne et sentez les pulsations qui la parcourent. Elles ont un
CHAPITRE 1
rythme de no·; c'est-à-dire une minute dans un sens du bas vers

le haut, et trente secondes dans l'autre.
Notre-Dame-Sous-Terre
P rès de la colonne, au nord de la crypte, se situe

la chapelle de Notre-Dame-Sous-Terre. Ici
reposait la plus ancienne des vierges noires de la
cathédrale de Chartres. Détruite à la révolution,
elle fut reconstituée en 1975. C'est la« Virgo
Pariturae » : la Vierge qui doit enfanter. Les
Celtes l'adoraient déjà pendant leur culte.
Fille dJ\nna la Celte, elle est la matrice, la fille
de la Terre. Les druides l'appelaient Danaan,
archétype de la féminité féconde. Elle est
placée à la verticale de l'autre vierge noire
placée dans la nef: Notre-Dame-du-Pilier.
Traditionnellement, les vierges noires

sont associées aux énergies telluriques.
Celle-ci est destinée à la purification
du pèlerin, mais nous reparlerons des
vierges noires plus tard, car ici se profile le mythe d'Isis et d'Osiris.
Expérimentation
En entrant dans la chapelle de la vierge noire ; sur le pas-de-porte,
regardez, à la verticale vous verrez, une peinture représentant une
main entourée d'étoiles.
Placez-vous à la verticale de la main et fermez les yeux. Un flux

vous parcourant de bas
en haut est perceptible,
qui peut aller jusqu'à la
sensation qu'une main vous
passe dans les cheveux.
Le travail du sous-sol est

maintenant terminé. Nous
continuerons donc notre
chemin à la lumière du jour.
- 15 -
Chapitre II
LES DEUX TOURS

La tour de la Lune
À droite du portail occidental se dresse une tour romane,
surmontée d'une girouette représentant la Lune.
On a toujours associé la Lune à l'argent, à un principe féminin.

Lorsque nous contemplons cette tour, nous éprouvons un
sentiment d'intériorité. Lënergie va de !extérieur vers l'intérieur,
que l'on appelle négative. Le style roman sans fioriture nous
conduit à la concentration.
Pour les alchimistes, c'est le principe Mercure, le messager des
dieux. Il est celui qui nous pénètre du message.
Cette tour fonctionne telle une éponge. Elle

capte lënergie den haut et la fait jaillir vers le
bas semblable à un arbre plantant ses racines
dans le ciel, et dont les branches seraient
dans la terre. Cela préfigure le sens de
circulation dans la cathédrale.
Les vitraux en alignement avec cette

tour sont à dominante bleue. Pour les
alchimistes, la couleur est obtenue
en fabriquant ces vitraux avec de
l'argent, un métal lunaire.
La lumière que nous voyons

émaner de la Lune n'est que
la réflexion de celle du Soleil.
Ce qui nous conduit tout
naturellement à l'action que
provoque cette tour sur
nous.
Les symboles alchimiques
-La femme.
- La lune pleine ou en croissant.
- Couleur : bleu ou blanc.
- Forme géométrique: étoile à neuf branches.
- Métal : argent.
- Pierre : améthyste.
- Archange : Gabriel, celui qui apporte la parole.
- Dieux antiques : Diane ou Sélène.
- Énergie : qui va de !extérieur vers l'intérieur.
- Vertu : la maîtrise de la peur pour trouver la spiritualité.
-Jour de la semaine : lundi.
- Fonction : intériorisation.
Les symboles maçonniques
- La colonne du nord.
- La place de l'apprenti.
- La lune sur la colonne.
- Vertu : garder le silence et l'immobilité pour pouvoir apprendre.
- Le fil à plomb symbole d'intériorisation.
- La contemplation, éest-à-dire l'ouverture du temple.
Expérimentation
Placez-vous devant cette tour.
Regardez-la lentement du haut
jusquâ sa base. Restez quelques
instants comme cela.
Au bout d'une ou deux minutes,

ramenez le regard vers vos pieds,
puis fermez les yeux. Maintenez
quelques instants cette position.
Vous pourrez avoir la sensation de
vous vider à l'intérieur de la terre.
Comme la tour de la Lune, vous
venez d'induire une circulation du
haut vers le bas.
- 18-
CHAPITRE II
C'est la meilleure manière de se

préparer à la suite de notre voyage.
Avant de se remplir, il faut, bien
sûr, se vider.
Notons quen inclinant la

tête, le menton sur la poitrine,
nous dégageons un point très
particulier : celui de la septième
cervicale que je décrirai après.
La tour du soleil
L' autre tour placée sur la gauche est complètement différente.

D'un style gothique flamboyant, elle est surmontée d'une girouette
en forme de soleil : un principe masculin. Le Soleil
est associé à l'or. Le rayonnement va de l'intérieur
vers l'extérieur, ce que l'on appelle positif. Cest une
énergie jaillissante. Les volutes gothiques, comme
de véritables flammes de pierre, nous conduisent à
l'expansion. Sans même le vouloir, cette tour nous
invite à regarder vers le haut, à écarter les bras, à
nous élever.
Pour les alchimistes, c'est le principe Soufre.
C'est ce qui doit sortir de nous : l'animation, les
émotions. Si nous les gardons, nous souf&ons.
(Avoir le« soufre en ce»= la souf&ance)
Cette tour fonctionne comme une fontaine.

Elle capte l'énergie den bas et la fait jaillir
vers le ciel. Les vitraux en alignement avec
cette tour sont à dominante rouge. Selon les
alchimistes, le verre du vitrail a été fabriqué
avec de l'or. Nous y reviendrons plus tard.
Les symboles alchimiques

-Lhomme.
- Le soleil.
- Couleur : rouge ou jaune.
- Forme géométrique : étoile à six branches.
- Métal: or.
- Pierre : citrine ou topaze.
- Archange : Michael, celui qui apporte la force.
- Dieu antique : Apollon.
- Énergie : qui va de l'intérieur vers l'extérieur.
- Vertu : trouver la lumière sans succomber à !Orgueil
-Jour de la semaine : dimanche
- Fonction : extériorisation.
Les symboles maçonniques

- La colonne du sud.
- La place du compagnon.
- Soleil sur la colonne.
- Vertu : apprendre à parler avec discernement.
- La perpendiculaire, l'acquisition d'une nouvelle dimension.
- La mise en mouvement, le voyage.
Expérimentation
Placez-vous devant la tour solaire.
Regardez vos pieds puis fermez les
yeux pendant quelques instants.
Respirez lentement. Ouvrez les
yeux et portez lentement votre
regard au pied de la tour. Arrêtez-
vous quelques instants. Laissez
votre regard partir du pied de la
tour en montant de plus en plus
vite jusqu'au sommet, et ce, en
inspirant. Vous constaterez une
impression d'expansion.
CHAPITRE II
Les bras ont d'ailleurs tendance à

s'écarter du corps, la respiration se
fait profonde avec un sentiment
de jaillissement.
Comme la tour du Soleil, vous
venez d'induire une circulation
du bas vers le haut. Ce qui
nous conduit à l'ouverture, à
l'expression.
Notons qu'en redressant la tête,

nous dégageons un point très
particulier : celui du cceur que je
vais décrire ci-dessous.
Le mystère des tours inversées
Il est à remarquer que la tour romane surmontée d'une lune est

placée au sud, alors que celle gothique placée au nord est surmontée
d'un soleil, ce qui semble illogique. Même si l'ordre de construction
de ces tours et l'évolution du style peuvent justifier cette inversion,
le choix de les signer avec une girouette montre bien l'intention de
placer la solaire au nord et la lunaire au sud.
Imaginons un sens de circulation de l'énergie du nord au sud,

c'est-à-dire jaillissant de la tour solaire pour s'enfoncer dans la tour
lunaire. Nous pouvons constater la
création d'un cercle vertical.
Ce cercle, s'il est projeté sur le sol

de la cathédrale, est bien le sens
solaire du chemin initiatique
de la cathédrale. Un cercle
au sol nord, est, sud,
ouest, et un cercle en
façade passant par les
deux tours nord, haut,
sud, bas.
- 21 -
Nous observons que cela fonctionne comme un engrenage : deux

cercles sur deux plans se rejoignant à un endroit très particulier.
Cest la conjonction d'une énergie terrestre (horizontale) avec une
énergie céleste (verticale).
Nous reparlerons de ce point remarquable plus tard.
Les deux: points mystiques

Le point de la nuque
En architecture sacrée, on a utilisé tous les artifices pour pouvoir
dégager ce point.
Par exemple quand vous montez sur la pyramide maya de Chichén
lrza, les marches sont faites de telle manière que si vous montez
droit, vous tombez. La seule manière de l'éviter est de se pencher
en avant tête baissée. Par là même, les Anciens nous obligeaient
à montrer une déférence aux dieux. Mais, surtout, cette position
dégage la nuque, comme dans les temples où une porte basse
impose de se pencher pour entrer dans le Saint des Saints.
Les Anciens pensaient que nous étions reliés à la Lumière par ce

point. C'est par là que rentre l'énergie de rectification, c'est-à-dire
celle qui nous rend droits.
Nous en avons un exemple dans un culte ancien pratiqué encore de
nos jours, même si les participants l'ignorent : la corrida. Quel que
soit le point de vue que nous avons sur elle, la portée symbolique
est évidente.
Le taureau représente la matière première ou l'impétrant.
La muleta, cape rouge, représente les émotions ou l'agitation qui
CHAPITRE Il
nous fait courir en nous masquant la Lumière. Les banderilles

sont autant de pics perçant cette matière pour laisser échapper nos
émotions (hemo, le sang). Épuisé, immobile, un genou à terre, le
taureau reçoit le coup de grâce. Il est donné par le torero vêtu d'un
habit de lumière. La lame pénètre à travers la septième cervicale,
provoquant une ouverture libérant l'âme après la mort du corps.
C'est pourquoi la tour de la lune agit sur ce point, qui nous libère
de la matière et permet que la Lumière entre en nous. C'est le
point de l'humilité, « heureux, les pauvres en esprit ».
Pour les francs-maçons, la notion de rectification est très

importante. C'est la quête qui rendra l'homme droit.
La devise V.I.T.R.1.0.L commune aux alchimistes et aux francs-
maçons l'exprime en disant :
Visita lnteriora T errae Rectificando lnvénies Occultum Lapidem.
Pour l'alchimiste : « Visite l'intérieur de la terre et en rendant droit

tu trouveras la pierre cachée. »
Pour le maçon : « Visite l'intérieur de toi-même, et en te rendant

droit, tu trouveras la bonne manière de tailler ta pierre. »
Le point du cœur
Si les bâtisseurs savaient nous faire baisser la tête, ils savaient aussi
nous la faire lever. Ainsi, dans les cathédrales, la seule Lumière
vient d'en haut. Elle nous oblige à lever le nez. De même qu'avec les
pyramides égyptiennes, dont la forme conduit immanquablement
le regard vers le sommet, sans oublier les sundances qui conduisent
les Indiens à dégager la poitrine et à ouvrir largement les bras face
au Soleil.
Nous voyons que c'est un mouvement inverse du point de nuque.

La représentation symbolique christique représente le Sacré-
Cœur au centre de la poitrine, et non à gauche. De plus, il est
rayonnant.
La tour du soleil agit sur le point du cœur. Elle conduit à son

ouverture, à son exaltation. Elle permet à la Lumière de sortir de
nous. C'est le point de l'élévation, de la transmission.
Les vitraux
Les vitraux de la cathédrale de Chartres ne sont pas uniquement

décoratifs, ils nous apportent quelque chose de bien plus important.
Au-delà de leurs messages, ils ont une portée alchimique par leur
fabrication et par leur nature.
La lumière à deux manières de réagir avec la matière.
1. Par réflexion
Si vous voyez une fleur bleue, c'est que la matière qui la compose
absorbe toutes les couleurs sauf la bleue. Cest cette couleur qui,
revenant vers l'œil, fera voir la fleur bleue.
2. Par interférence
La lumière passe au travers d'un matériau. Sa fréquence est
modifiée comme les couleurs de l'arc-en-ciel que nous voyons
sortir d'un morceau de verre qui n'est pourtant pas coloré.
Les méthodes de fabrication ont varié avec le temps et les époques.

Au début, le verre était fondu au creuset, puis coulé sur une plaque.
En refroidissant, il avait tendance à se briser. Ce qui explique
pourquoi les vitraux étaient faits avec de petits morceaux.
Une autre méthode consistait à prendre une portion de verre

fondu avec une perche et de la déposer sur une plaque de marbre,
ce qui donna corps à l'histoire suivante.
CHAPITRE II
À cette époque, des incendies inexplicables ravageaient certaines

églises. Ce ne pouvait bien sûr être que leeuvre du diable. Ces
sinistres avaient pourtant une explication rationnelle. Lors de
l'élaboration du vitrail, la canne déposait sur le marbre une plaque
ronde et grossière plus épaisse au milieu. Une fois qu'elle était mise
en place, il suffisait que le Soleil frappe le vitrail pour qu'un effet
loupe se produise, ce qui pouvait incendier l'église.
Cet inconvénient disparut par la suite.

Le verre était soufflé dans un cylindre puis, pendant qu'il était
encore chaud, on le découpait dans la longueur pour obtenir une
plaque régulière. Les églises ne prenaient plus feu.
La lumière qui traverse un simple vitrail n'aura pas de vertu

particulière. Les alchimistes, quant à eux, savent fabriquer les
vitraux suivant deux procédés qui leur permettent d'y inclure des
propriétés remarquables. Le métal est utilisé pour fabriquer ou
colorer le verre.
Le premier procédé consiste à incorporer des poudres métalliques

à l'intérieur des morceaux de verre. Les poudres métalliques
fonctionnent comme des petits miroirs. En traversant le vitrail,
la lumière subit une modification de sa longueur d'onde, comme
pour !expérience du calice ci-dessous, et jaillit dans l'édifice avec
les vertus des métaux employés.
CHARTRES, CATHHDRALE ALCHIMIQUE ET MAÇONNIQUE
La transsubstantiation
Un des exemples les
plus marquants est la
transs ub s tan tia tio n.
Lors de cette cérémonie
religieuse, du vin est placé à
l'intérieur d'un calice pour
figurer le sang du Christ.
Pourtant, on utilise du
vin blanc. Alors quel est le
rapport avec le sang ?
Ü:xplication est la suivante. Prenez une coupe en or ou recouverte
d'or. Mettez de leau dedans et éclairez le tout. Vous aurez la
surprise de voir le liquide rouge.
Comment est-ce possible ?
La lumière rebondit sur les parois du calice. Ce faisant, elle

ralentit, ce qui change sa longueur donde et donc sa couleur. Par
cette expérience, nous pouvons en conclure que le sang du Christ
n'est pas du sang, mais la lumière. Ce qui change évidemment tout.
Le second procédé est la réalisation de vitraux exclusivement

composés de métal. Dans ce cas, la silice nest pas employée.
La conception des vitraux alchimiques à partir d'antimoine, par
exemple, ne nécessite que le métal, un creuset, du feu et, surtout,
du savoir-faire. Les alchimistes sont capables de rendre le métal
transparent de telle manière qu'il ne fasse plus résistance au
passage de la Lumière. On ne rajoute rien, on ne retire rien. Tous
les métaux peuvent être vitrifiés.
Les vitraux ainsi réalisés ont certaines

particularités physiques. Superposées, les
couleurs ne se mélangent pas, ce qui, d'un
point de vue optique, est impossible. Les
morceaux se brisent comme du verre, mais
si on les entrechoque, ils sonnent comme
du métal, comme des pièces de monnaie.
Toutes les couleurs peuvent être obtenues
de cette manière. La teinte dépendra du
métal utilisé et du temps de cuisson.
·2.6·
CHAPITRE II
Pourquoi le bleu et le rouge de Chartres

font-ils partie des couleurs exceptionnelles
mondialement reconnues ?
Observons-les avec attention. En

nous approchant au plus près, nous
découvrons que ce sont de toutes
petites baguettes rouges et bleues.
En nous éloignant, nous percevons

la lumière passant au travers du bleu,
fait d'argent, se croiser avec la lumière
traversant le rouge, fait d'or.
Le rouge et le bleu se mêlent : le violet

apparaît. Cette couleur symbolise une
étape à franchir dans la quête de l'initié:
éest la maîtrise de la peur pour obtenir
la spiritualité. Dernière couleur visible
du spectre de notre monde, serait-elle la
première d'un autre ?
Le 15 août, fête de Notre Dame, lënergie

est à son apogée. Larchitecture a été
conçue pour que la lumière des deux
verrières se croise au cœur du labyrinthe
faisant apparaître le violet sur le sol.
À cette étape de notre voyage, nous

savons que la cathédrale est un instrument de musique conçue
comme un violon. Si nous parlons de musique, nous évoquons la
gamme chromatique. Or, qui dit « chromatique » dit « couleur »,
et la gamme correspond à la suite de notes.
Y aurait-il un étroit rapport entre les deux ?

Les sons seraient-ils associés aux couleurs ?
Certains musiciens en sont persuadés.

La musique est la serrure.
La lumière est la clef.
La gamme de sept notes correspond aux sept couleurs et sept

métaux qui symbolisent les sept marches à gravir sur le chemin de
la quête initiatique.
Voici ce qu'elles sont :
1) Apprendre à surmonter ses peurs pour s'ouvrir l'esprit. Le métal

associé est l'argent, la couleur violette, et la note do.
2) Être à l'écoute du monde afin d'être capable d'entendre autre
chose que soi-même. Le métal associé est le mercure, la couleur
orange, et la note ré.
3) Le rapport à l'autre, la sensiblerie, pour apprendre à comprendre
l'autre. Le métal associé est le cuivre, la couleur verte, et la note mi.
4) Celui qui reçoit la Lumière, la Connaissance sans succomber à
l'orgueil. Dépasser la vanité pour trouver le don de soi. Le métal
associé est l'or, la couleur jaune, et la note fa.
5) Maîtriser la violence, la colère pour trouver la force, le pouvoir
de construire au lieu de détruire. Le métal associé est le fer, la
couleur rouge, et la note sol.
6) Recevoir la puissance sans succomber au pouvoir ni à la
vengeance. Le métal associé est lëtain, la couleur bleue, et la
note la.
7) La dernière étape consiste à rassembler ce qui est épars sans
succomber au chaos. C'est la perte de la dualité. Le métal associé
est le plomb, la couleur noire, et la note si.
Les vitraux fonctionnent comme un filtre. Lorsque la lumière les

traverse, ce n'est plus une énergie indifférenciée, mais une énergie
teintée du bienfait métallique qui nous illumine.
Nous avons à présent compris le fonctionnement de cette

cathédrale. Les vagues font sonner l'édifice et nous permettent
d'entendre la musique des sphères. Les lumières se croisent et
manifestent la couleur qui nous permettra de nous élever. Mais
pour faire 11\scension, il faut se délester de nos scories. Cest
pourquoi, en arrivant, le pèlerin devra d'abord se dépouiller de ce
qui l'encombre en faisant un parcours initiatique à l'intérieur de la
cathédrale.
C'est ce chemin que nous allons découvrir ensemble.
- 28-
Chapitre III
LES QUATRE ÉLÉMENTS

DE LA FAÇADE OUEST
Géométrie
Les deux tours occidentales encadrent
le portail du Christ. Si nous observons
la façade attentivement, nous voyons
certaines formes géométriques se distinguer
dans l'architecture. La rosace s'inscrit
parfaitement dans un carré surmonté d'un
triangle. Ces formes représentent les quatre
éléments. Le carré symbolise la Terre, le
cercle de la rosace l'Eau et le triangle li\ir
et le Feu.
Les quatre éléments sont donc bien figurés
ici.
Pour l'alchimiste, il nexiste pas quatre
éléments, mais un seul à des états
d'agitation différents.
Par exemple, l'état dans lequel se trouve l'Eau dépend de la

quantité d'énergie qu'elle contient. Dans son état stable, éest-à-dire
à température et pression ambiantes, elle est liquide. Mais si je lui
retire de l'énergie, cest-à-dire si je la refroidis, eh bien elle devient
solide.
Ce qui correspond pour l'alchimiste à la Terre.
Si, en revanche, je lui donne de l'énergie, cest-à-dire que je la
chauffe, eh bien elle passe à l'état de vapeur, ce qui est, pour
l'alchimiste, l'Air.
Enfin, si j'apporte encore plus d'énergie à cette vapeur, éest-à-dire

que je la chauffe à l'extrême, elle se transformera en plasma (nuage
électronique) qui, pour l'alchimiste, est le Feu.
Symboliquement, 11\ir et le Feu sont associés au nitre, aux éléments

du haut, à l'esprit, au volatil. La Terre et l'Eau sont associées au
principe sel, aux éléments du bas, à ce qui est fixe.
La quintessence
Tout en haut, la pointe du triangle est surmontée d'un Christ.
C'est la quintessence, l'élément qui domine et rassemble les autres.
C'est ce que cherche l'alchimiste. Le franc-maçon la désigne par
une étoile à cinq branches.
Le Christ se tient debout sur un octogone. Cette forme à huit
côtés symbolise le messager des dieux. C'est pourquoi dans les
églises, les baptistères sont octogonaux, comme les fontaines ou
les claustras des mosquées. Il est donc logique que l'intercesseur
entre les hommes et les dieux repose sur cette forme. Si nous
observons avec attention ce christ, nous constatons que ses bras ne
sont pas largement écartés, comme ce devrait être le cas d'un christ
en majesté. Au contraire, les mains semblent définir une distance.
Filiation maçonnique
Les architectes avaient une idée bien
particulière de leur travail. Leur
construction ne pouvait être animée
que si celui qui la construisait
s'impliquait personnellement. C'est
pourquoi ils utilisaient une unité de
mesure propre à chaque bâtisseur :
la coudée. Celle-ci était la distance
entre le creux de la main et le coude propre à chaque individu.
La coudée était, en quelque sorte, la signature de l'architecte.
Il prenait un premier nœud, qu'il avait fait à l'extrémité d'une corde,
dans le creux de la main. Il tendait la corde en suivant l'avant-bras
jusqu'au coude et y faisait en autre nœud. Ensuite, il suffisait de
reprendre ce second nœud dans le creux de la main et de répéter
l'expérience douze fois. Il obtenait alors cet outil emblématique
qui lui permettait de bâtir avec une juste proportion : la corde
à 13 nœuds.
Le temps de construction d'une cathédrale étant supérieur au

temps de vie d'un homme, la question se posait, de savoir comment
laisser au bâtisseur suivant, et d'une manière sûre, la coudée du lieu.
- 30-
CHAPITRE III
La transmission se faisait simplement en plaçant une statue

remarquable dont l'écartement des mains indiquait la coudée du
lieu. Ce qui fut fait à Chartres.
En plus de la coudée, il est utilisé dans ce lieu un autre nombre
particulier, le nombre d'or. Sa valeur arrondie en est 1,618 et il est
calculé comme suit.
vs
1 +2 ~ 1,618
Je ne reviendrai pas sur l'application de ce nombre et vous invite à

consulter les nombreux livres existants sur le sujet (bibliographie).
Toutes les constructions faites avec cette proportion ont deux

caractéristiques :
• être particulièrement harmonieuses et agréables à rœil,
• laisser passer la vraie lumière.
Pour l'alchimiste, la nature se sépare en trois principes : la lumière,

la matière, et l'obstacle entre les deux. Si on imagine que l'univers
est une bulle, il a un dehors, un dedans et une frontière. Dans la
bulle est ce qu'on appelle « la matière», à l'extérieur « la lumière »,
et entre les deux« un obstacle ». Cet obstacle est de la lumière
ayant acquis une certaine densité. C'est un état intermédiaire
ou la lumière n'est plus lumière, mais pas encore matière. Pour
l'alchimiste, ces trois principes sont nommés le Sel, le Mercure et
le Soufre.
À remarquer que la lumière visible dans la bulle est considérée

comme matière. C'est pour cela que nous appelons la lumière qui
est à !extérieur la vraie lumière.
Les cathédrales étant des bâtiments sacrés, elles ont pour vertu de
nous faire percevoir la vraie lumière.
• Pour la lumière visible, ce sont les ouvertures physiques, les
rosaces, les vitraux.
• Pour la vraie lumière qui elle est invisible à l'œil, cest le nombre
d'or.
Si un mur, une arcade ou une colonne sont faits au nombre d'or,

c'est-à-dire si la longueur divisée par la largeur est égale à 1,618,
cela revient à percer un trou virtuel qui aura pour objet de laisser
passer cette Lumière. Le mur au nombre d'or est toujours intact
à l'œil, et pourtant il ne fait plus résistance au passage de la

vraie lumière. Il devient transparent. Il est toujours demandé de
persévérer sur le chemin initiatique.
Percez et vous verrez.
Le portail du christ
R egardons maintenant plus bas. Le Christ est à l'intérieur d'une

mandorle; il est à l'intersection de deux cercles, l'un terrestre et
l'autre céleste. La mandorle (mandorla en italien) signifie l'amande.
Elle symbolise l'immortalité et le secret. Il faut casser la coque
dure pour trouver le cœur. Comme nous devons percer la matière
pour trouver la Lumière. Elle représente le
passage entre les mondes.
Une tradition illustre sa fonction : la galette

des Rois.
Dans une roue solaire, dorée et quadrillée se

cache une fève.
A remarquer le mot « galette » littéralement : petite gal. La racine

gal veut dire pierre comme galet, pays de Galles, galerie (faire des
trous dans la pierre). En hébreu, le mot gal signifie onde, vague.
CHAPITRE III
Pour les alchimistes, c'est à la fois la pierre et l'onde. C'est pour cela qu'il
commence son pèlerinage en Gaule et le termine en Galice, toujours
sur le chemin de la pierre qui conduit à l'onde.
Un enfant innocent et pur choisit une part qu'il va donner. Dans

cette part, celui qui trouve la fève devient roi, éest-à-dire qu'il
porte la couronne. La fève figure le soleil, faisant de celui qui la
porte un souverain éclairé.
La tradition ne s'arrête pas là, il doit aussi trouver sa reine, qui

portera une couronne d'argent. Alors par l'argent et l'or, comme
entre les deux tours de la cathédrale, s'ouvrira la voie du milieu.
Comme le Christ dans la mandorle à la croisée d'un cercle d'or et
d'argent.
Pour bien montrer qu'il est la quintessence, il est encadré de quatre

animaux ailés figurant les quatre évangélistes, mais aussi les quatre
éléments.
Le lion, Marc pour le Feu Laigle, Jean pour 11\ir
l'.ange, Matthieu pour l'Eau Le bœuf, Luc pour la Terre
thistoire à l'origine de cette tradition intéresse particulièrement

les alchimistes et les francs-maçons.
LES ROIS MAGES
Tout d'abord, cette histoire ne se trouve pas dans la Bible. Nous

la trouvons très modestement exprimée dans l'Évangile selon
Matthieu, où nous apprenons que des Rois mages ont apporté
des cadeaux à la naissance du Christ, mais sans préciser ni leur
nombre ni leur nom. Nous l'apprendrons bien plus tard dans le
récit de La légende dorée de Jacques de Voragine, écrit vers 1260.
Il y aurait eu trois Rois mages, un noir, un blanc, un rouge. Le

rouge est une association symbolique tardive, car le peuple rouge
était alors inconnu. Il est fort probable que ce roi fut issu du
continent asiatique, et donc du peuple jaune. Les alchimistes
parlent de l'œuvre au noir, au blanc, puis au rouge. Ces trois Rois
mages suivent une étoile à cinq branches, à la verticale de laquelle
ils trouveront une grotte où se trouve un enfant naissant et qui
s'appelle le Christos.
C'est exactement ce qu'il se passe dans le creuset de l'alchimiste

fondant sa matière.
Dans « Christos », nous entendons « cristal ».
Or plus un cristal est pur et plus il laisse passer la lumière sans

résistance. Le Christ est à la fois prophète et pontife. Il parle au
nom de Dieu, c'est celui qui transmet la voie, mais il guide aussi
vers la Lumière. Il fait le passage entre l'esprit et la matière. Il est
le pontife, celui qui fait le pont, de la même manière que la pierre
philosophale nous montre la Lumière, par sa propre existence,
et nous emmène vers elle par sa consommation. Il est tout à fait
normal de l'avoir nommé ainsi. Il représente la matière alignée et
immobile. Mais pour qu'une matière atteigne cet état, elle doit
être parfaitement purifiée. Elle aura alors une caractéristique
que les cherchants appellent « la quintessence » : la cinquième
essence. C'est le point immobile de la matière, !'endroit où la
lumière peut se manifester. Lëtoile à cinq branches en est le
symbole.
Les trois Rois mages se nomment Melchior, Balthazar, et Gaspard.

CHAPITRE III
Melchior, en réalité « Mael Or » : le seigneur des nains, celui qui

possède les forces d'en bas, l'énergie de la terre. C'est l'homme noir
âgé qui apporte la myrrhe, un encens utilisé pour embaumer les
morts.
Il représente l'énergie et le feu d'en bas.
Gaspard, ou plutôt« Gastaar »,le seigneur d'en haut, du vent,

du souffle. C'est le plus jeune, celui qui est rouge ou jaune. Il
représente le feu den haut et apporte l'or qui, en hébreu (aour)
signifie Lumière.
Le dernier est au milieu, il s'appelle Balthazar, que nous pouvons

traduire Baal zar : le serviteur de Bal ou Baal azar, le serviteur du
hasard. Il amène !encens. Homme dans la force de l'âge, il relie le
jeune homme d'en haut avec le vieillard den bas. Il fait le lien entre
la Lumière et les morts par le hasard.
Lorsque les Rois mages ont apporté la myrrhe, l'encens et l'or, ils
ne sont pas repartis les mains vides. La mère leur confia un coffret
et dit : « Vous pourrez rapporter ce coffret chez vous, mais surtout
ne l'ouvrez pas avant votre arrivée. »
Ne pouvant résister à la curiosité, ils ouvrent le coffret en chemin
et découvrent à l'intérieur une vulgaire pierre rouge. Se sentant
froissés, car pensant s'être fait offrir un simple caillou en échange
de somptueux cadeaux, ils jetèrent cette pierre dans un puits.
À l'instant même où ils jetèrent la pierre, le puits senflamma.

Essayant en vain de récupérer la pierre, ils réussirent tout de même
à rapporter ce feu chez eux, qui, dit-on, brûle toujours et serait une
filiation de la religion zoroastrienne : les adorateurs du feu.
Chapitre IV
L'ANGE
A u pied de la tour de la Lune se trouve
un ange souriant, qui serait assimilé à
Jean le Baptiste et qui est fêté au 21 juin.
Cette cathédrale est donc bien calée sur
les saisons, et particulièrement sur le
solstice d'été, comme nous l'apprendrons
plus loin. Le cadran solaire qu'il rient se
situe face au midi, vers le sud. Ce cadran
donne le temps du soleil, un temps
naturel qui est matérialisé par l'homme,
mais dont il n'est pas la source.
La disposition confirme que les bâtisseurs avaient dévié

l'orientation du monument à dessein, et qu'ils savaient
pertinemment que le bâtiment n'était pas orienté est-ouest. Son
installation a très certainement eu lieu en 1528, lors de la pose de
l'horloge astronomique située dans le chœur afin d'en contrôler le
bon fonctionnement.
Expérimentation
À cet endroit, nous prenons conscience du lien entre l'homme
et l'univers, nous devons ressentir
l'immensité du cosmos qui nous
entoure. Lors de notre chemin vers
Saint-Jacques, nous perdrons la
notion de temps humain pour être
mesurés par le temps solaire. Un
chemin rythmé non plus par les
heures d'une horloge, mais par la nuit
et le jour.
I.Ânge original se situe dans la crypte.
• 37.
Chapitre V
L'ÂNE ET LE TAUREAU
L'âne à la lyre
P rès de l'ange au cadran se trouve un âne musicien.
La statue, nommée ü\sne qui vielle (du nom de l'instrument
de l'époque), joue en réalité de la lyre.
Phèdre, fortement inspiré du bestiaire d'Ésope, évoquait

déjà un âne jouant de cet instrument dans une de ses fables.
« L'âne, voyant une lyre abandonnée par terre dans

une prairie, s'approcha et essaya les cordes avec son sabot, elles
résonnèrent dès qu'il les toucha : «joli instrument parbleu, mais c'est
mal tombé, dit lane, car je ne sais pas en jouer. Si quelqu'un de plus
savant l'avait trouvé, il eût charmé les oreilles
par de divines mélodies.» »
Fable 117 « Asinus et lyra » - Phèdre
La première représentation retrouvée de cet âne musicien remonte

à 5 000 ans en Samarie et se trouve sur une curieuse pierre
gravée (exposée au musée du Louvre) et qui comporte divers
symboles égyptiens, dont le symbole des grands prêtres de la cité
d'Héliopolis. On retrouvera cette image plusieurs

siècles plus tard dans les planches du Mutus Liber1•
Cette allégorie symbolise l'homme qui ignore comment

utiliser les fabuleux outils mis à sa disposition et nous
incite à aller plus loin dans nos recherches, et surtout
à ne pas s'arrêter aux apparences. Nous, pèlerins, ne
devons pas être comme l'âne et devons apprendre, au-
delà des apparences, à «jouer » de la cathédrale.
Cet instrument évoque aussi le mythe de la lyre di\pollon. Les

sept cordes représentant les sept rayons de lumière : l'arc-en-ciel.
À l'origine, sa lyre vient de Mercure, lui-même assimilé à Hermès.
Après avoir échangé avec son frère Apollon sa lyre contre un
rayon de soleil, Mercure se promène sur un chemin tout fier de
sa nouvelle acquisition. Ne voilà-t-il pas qu'il croise deux serpents
qui se battent. Pour les mettre d'accord, il place son rayon entre les
deux serpents. Ceux-ci montent en se croisant trois fois. Depuis,
ils se font face jusqu'à la fin des temps. Ainsi naquit le caducée.
Lenseignement de cette histoire est multiple :
« Qui dit «rayon» dit «centre.» »
Cela nous indique ce que nous cherchons : « le centre ». Le seul

endroit immobile. C'est un des trois préceptes du cherchant :
trouver l'immobilité.
Les deux serpents sont mis en accord. Ce qui devra aussi être notre
cas. Se mettre en accord déjà avec nous-mêmes, et ensuite avec la
nature. C'est le deuxième précepte : l'alignement.
Et enfin, il échange sept cordes contre un rayon. Cest la
simplification : de sept notes, ou sept couleurs, il n'en fait qu'une.
D'une cacophonie de sept sons, il n'en reste qu'un, le silence. C'est
le dernier précepte.
Sept notes, sept couleurs, trois étapes, ce qui nous donne le secret
de la voie.
Le début du chemin se trouve à l'endroit immobile. Le nord.
Ce nord porte un autre nom : « le septentrion », le sept en tri ion,
1. Le livre muet composé de 15 planches sans texte décrivant en image le Grand Œuvre.
CHAPITRBV
ce qui peut se traduire: de sept en trois tu vas (le mot grec ion veut
dire qui va).
Expérimentation
Éprouvons notre capacité à être immobile,
silencieux et aligné. I.exercice à faire est
le mouvement du serpent (description des
exercices en annexe 1).
Linstrument de musique n'est pas le seul à

nous montrer la voie. Lâne est l'animal qui
porte le Christ lors de sa fuite en Égypte
I.:âne timon faisant ainsi que pendant son entrée à Jérusalem.
danser les alchimistes Il est aussi celui qui, dans la Bible, guide
les juifs à la fontaine : éest l'âne Timon,
anagramme del'antimoine : matière première de la voie métallique
des alchimistes. C'est pourquoi, quand les alchimistes parlent de la
matière première à mots couverts, ils disent « notre âne ».
D'un côté, nous avons l'ange, et de l'autre, nous avons l'âne.

Pour les maçons, la lettre « G » est particulièrement importante.
C'est la lettre de la Connaissance. Celle de la gnose. La forme
de cette lettre est comme une spirale nous incitant à aller vers le
centre. Trouver le cœur des choses. Et c'est grâce à elle que l'âne
deviendra anGe.
« Va chercher à l'intérieur de l'âne et tu trouveras l'ange. »

(Le messager de la lumière)
Le taureau
N on loin de l'âne est une statue que l'on devine être
un taureau. Pour l'alchimiste, le taureau donne des
indications fondamentales.
Cest d'abord une indication de temps. Le taureau

est le signe du mois de mai. Le mot « mai » vient
de Maïa (petite mère, nom que l'on donnait aux
grands-mères ou aux nourrices) et est à remarquer
quelle est mère de Mercure et qu'elle le nourrit.
Pour les Celtes, éest les feux de Beltan, une fête célébrée le 1" mai,
le feu de Bel ou Bélénos représentant le Soleil. Le jour où les dieux
prirent pied dans la terre d'Irlande, ils brûlèrent leurs bateaux
pour être sûrs de ne pas revenir en arrière. C'est donc l'engagement
irréversible.
C'est aussi les forces de la nature que nous devons maîtriser,

rectifier, et dont nous devons tuer les apparences, comme nous
l'avons vu précédemment dans la symbolique de la corrida.
C'est aussi une matière noire, pleine d'agitation, que nous devrons
apprivoiser. Comme nous-mêmes devrons apaiser nos émotions.
Il est indiqué, dans le Mutus Liber (planches 4 et 9), de travailler

entre le bélier et le taureau. Non seulement éest une indication de
date entre avril et mai, mais c'est aussi une indication de nature, le
bélier étant le Mercure et le taureau le Soufre.
Pour les maçons, ce sont les 12 bœufs représentant le zodiaque

qui, devant le temple de Salomon, soutiennent la mère d'airain,
qui est un bassin de purification. C'est ce qui donne le nom de salk
humide au parvis du temple.
Nous savons à présent quentre le bélier et le taureau, il nous

faudra travailler l'âne en jouant sur les sept cordes.
Expérimentation
Devant le taureau, apaisons
nos émotions, pensons à nos
engagements et préparons-nous
au voyage.
(Description de la respiration
seconde en annexe)
Dirigeons-nous maintenant
vers le portail nord de la
cathédrale. Sur le chemin, en
levant les yeux, nous découvrons
une grosse horloge.
Chapitre VI
L'HORLOGE
DU PORTAIL NORD
C ette horloge extérieure est mécanique. Ce n'est plus le soleil

qui donne l'heure, mais des rouages inventés par l'homme.
Contrairement au cadran solaire, celle-ci peut avancer ou retarder.
Nous devons comprendre : « Toi qui veux suivre la voie, laisse le

temps vulgaire à l'extérieur. En entrant dans ce lieu sacré, tu ne
mesureras plus le temps de la même manière. Tu quittes le monde
des hommes pour entrer dans l'antichambre de l'éternité. » Nous
passerons d'un temps terrestre à un temps céleste.
Notre manière même d'appréhender le temps change.

D'un temps chronologique, c'est-à-dire dans la logique du temps,
fractionné, nous passons à un temps illogique, non mesurable,
et même, dans le meilleur des cas, à plus de temps du tout. Une
véritable bulle dëternité.
Pour les maçons, c'est foccasion de laisser les métaux à lextérieur
du temple. Toutes nos vanités, tous nos biens mesurables et
terrestres, tous nos soucis aussi, pour ne laisser entrer que ce qui
peut être touché par lesprit.
CHARTRES, CATHÉDRALE ALCHIMIQUE ET MAÇON NIQUE
C'est pourquoi, à l'intérieur du temple, le temps est mesuré

différemment, non point d'heure en heure, mais entre deux
périodes.
En détaillant cette horloge, en bas nous apercevons des sirènes

ailées tenant un flambeau et, en haut, des angelots musiciens
jouant de la flûte à bec et de la harpe.
Pour l'alchimiste cette allégorie représente la similitude entre le

haut et le bas « tout ce qui est en haut est comme ce qui est en
bas », les anges représentant le volatil, le subtil et les sirènes le fixe.
Notons qu'elles tiennent un flambeau, signe d'un feu caché dans
l'eau.
C'est pour nous, le symbole du chemin qui reste à parcourir : du

bas vers le haut en traversant le temps et les étoiles.
Lattention du pèlerin est attirée par les coquilles StJacques, en bas

de l'horloge. Il pourra comprendre ce message : « Pour continuer
ton chemin, laisse le temps ici. Sépare le subtil de lëpais et entre
maintenant dans la maison de Dieu. »
C'est ce que nous allons faire.

PARTIE II
LE VOYAGE
P our le cherchant, l'entrée dans les lieux sacrés se fait toujours par
la porte nord, le profane n'étant pas encore capable de supporter la
lumière de l'orient. Notre périple dans cette cathédrale ne déroge
pas à cette règle. C'est pourquoi notre première étape sera la porte
nord.
Le zodiaque de la porte nord

II se situe à l'entrée de la porte nord, dans la voûte, sur la partie la
plus extérieure. Pour entrer, nous sommes obligés de passer sous
un ciel de pierre.
Il semble étrange de trouver un

zodiaque sculpté dans le porche
d'une église alors que celle-ci
condamne l'astrologie. La raison
en est simple, c'est une bonne
manière de marquer le temps.
Vous pourrez constater que
douze personnages, un devant chaque signe, représentent les
travaux des champs.
C'est l'explication profane, mais il existe une raison ésotérique.
Ce ciel représente la manifestation de Dieu dans son ensemble.

En effet si nous prenons son nom dans l'alphabet hébraïque
(YHVH) le nombre de mots différents que nous pouvons faire
en permutant ces lettres est 12. À remarquer, qu'en hébreu il ny a
pas de voyelles. C'est pourquoi nous nutilisons que les consonnes
YHVH Bélier YHHV Taureau

YVHH Gémeaux HVHY Cancer
HVYH Lion HHVY Vierge
VHYH Balance VHHY Scorpion
VYHH Sagittaire HYHV Capricorne
HYVH Verseau HHYV Poisson
Pour l'alchimiste, éest un rappel de son travail. Comme un bon

laboureur, il suivra les saisons pour accomplir son œuvre.
Or, pour lui, l'année commence à l'équinoxe de printemps.
Ce qui semble logique, car éest le renouveau de la vie. D'ailleurs,
le nom des mois l'indique. Si nous prenons les racines des mois de
SEPTembre, OCTObre, NOVembre, DÉCembre, nous voyons
bien la suite sept, huit, neuf, dix. Pour que cela soit vrai, il faut que
le premier mois soit mars.
Les saisons sont déterminées par la succession des solstices et

des équinoxes. Cest par cette allégorie énigmatique que je décris
l'œuvre. Comme elle est décrite par le fameux livre d'alchimie :
le Mutus Liber.
PARTIE II
Printemps Récolte dans un panier

Ta rosée purifiée
Été Anime ton mercure
Au loup en sa culture
Automne Que de l'eau écumante
La terre devienne l'amante
Hiver C'est cette matière mourante
Qu'un bel enfant enfante
Printemps Plus beau que ses parents
Lumineux et confiant
Éternité Telle est la pierre des sages
Qui montre son visage
L'.alchimiste travaille avec le Ciel et la Terre, les saisons, les énergies

de l'univers. Il s'allie avec les forces de la nature et c'est de leur union
que naît sa pierre.
C'est ce que représentent pour lui les figures du zodiaque.
Pour les maçons, cest le chemin de l'apprenti. Il est admis dans

le temple, mais doit garder le silence et l'immobilité. C'est son
premier « pas sage » pour être un « apprenti sage ».
Nous arrivons ici agités, pleins de toutes les vicissitudes de la vie.

En passant sous ce ciel, nous quittons le monde profane. Nous
acceptons dëtre éprouvés par le nord, exemple d'immobilité
(l'étoile Polaire marquant le nord est la seule de notre hémisphère qui
est immobile).
Expérimentation
N'attendez rien. Sentez-vous comme un pèlerin
qui, après un long voyage, arrive à bon port,
goûtant au plaisir de poser ses bagages avec un
grand soupir de soulagement. Soupir que je vous
invite à faire.
N'oubliez pas que pour se remplir, il faut d'abord
accepter de se vider. Alors, videz votre esprit,
oubliez le bruit du monde. Ne pensez qu'à votre
respiration. N'ayez plus peur.
Voilà vous êtes prêt à entreprendre votre voyage.
Alors maintenant, entrons.
LAPIERRE
,
DE DECHARGE
La première étape de notre voyage se trouve
juste à droite en entrant, derrière le coffi-age
de bois. C'est un pan de mur où, aujourd'hui,
trône un magnifique extincteur. Derrière se
trouve la pierre de décharge (en grisé).
Comme le pèlerin entrant en ce lieu en

dépoussiérant son manteau, cette pierre
a pour vertu de dépoussiérer son âme.
Souvenons-nous que, pour se remplir, il faut
d'abord se vider. Dans tous les édifices sacrés,
une pierre ayant cette vertu existe.
Les Anciens croyaient qu'il était possible de

canaliser la circulation de courant entre le haut
et le bas grâce à l'architecture. Certains types
de matériaux, des proportions sont capables
d'induire des courants ayant des particularités
utiles. Un courant de bas en haut rechargera,
rendra dynamique et actif celui qui sy plonge. C'est celui qui parle.
A contrario, un courant de haut en bas videra, rendra passif et
statique. C'est celui qui écoute.
La pierre de décharge est évidemment le point émergent d'un

courant passif. Celui qui entre ici doit être réceptif et attentif.
Où est-elle située :
Le plus fréquent est à la porte nord en entrant sur la droite, à
hauteur d'homme, comme c'est le cas ici. Elle peut aussi se trouver
toujours au nord, mais au sol. Ces deux possibilités représentent
l'écrasante majorité des cas. Comme nous l'avons vu précédemment,
le cherchant se présente en premier à la porte nord; or éest là qu'il
a le plus besoin d'une pierre de décharge.
ÉTAPE!
Comment la reconnaître ~
•D'une part, par son aspect.
La couleur de la pierre est différente du mur ou du sol qui la porte.
Le fil n'est pas dans le même sens que les autres pierres. Son état de
surface, poli par d'innombrables mains, ou au contraire granuleux
pour être reconnue au toucher dans le noir. Il peut être gravé un
signe particulier comme une croix, une gravure en forme de clef en
saillie ou en creux.
• D'autre part, par son contact.

Si aucun signe distinctif n'est remarquable, nous balayerons de la
paume de la main, sans contact, la surface du mur du nord.
Plusieurs sensations peuvent se manifester.
Une impression de froid intense, comme un courant d'air soufflant

sous la paume de la main. Un sentiment de vide, voire de nausée.
La sensation de basculer vers la pierre. Des picotements pouvant
s'étendre jusquâ l'épaule. Un goût métallique dans la bouche.
À remarquer que si nous cherchons la pierre par terre, il est

possible d'effectuer cette expérience en balayant le sol avec un pied.
Les sensations enregistrées seront les mêmes.
Expérimentation
La découverte de la pierre est déjà un travail en soi. Cela fait, placez
la paume de la main au contact de la pierre, doigts écartés. Restez
quelques instants (environ une minute) immobile et silencieux.
Respirez calmement et profondément. Ressentez ce qui se passe.
Laissez-vous pénétrer par le froid intense et la sensation de se vider.
Si des vertiges ou des nausées
apparaissent, retirez la main. Rien
ne s'oppose à ce que vous restiez
plus longtemps du moment que
vous ne sentez pas de malaise.
Après quelques instants, nous

pourrons continuer notre voyage
dans le sens des aiguilles d'une
montre jusquâ la prochaine étape.
-49-
LA VIERGE NOIRE
Le pilier nord + l'argent
En continuant notre chemin dans le
sens des aiguilles d'une montre, nous
rencontrons la vierge noire : Notre-
Dame du Pilier.
Nous pouvons constater quelle porte

une robe tissée de fils d'argent. Turgent
étant un métal lunaire, féminin, il
représente l'énergie passive, c'est-à-dire
qui va de lextérieur vers l'intérieur,
tout comme la couleur noire d'ailleurs.
Tout dans cette représentation fait
que cette vierge absorbe, nous vide.
Thrgent correspond à la première

épreuve que l'initié doit franchir,
la maîtrise de la peur, pour trouver
l'ouverture d'esprit, la spiritualité.
Cet effet est encore renforcé par le fait que l'enfant qu'elle porte
est ceint d'une couronne ornée de pierres violettes. C'est la couleur
de la spiritualité, car elle est la dernière couleur visible de notre
monde dans le spectre de la lumière : après vient l'ultraviolet qui,
lui, est invisible. Celui qui porte le violet est donc l'intercesseur
entre le visible et l'invisible. Ce qui explique pourquoi les évêques
sont habillés en violet et portaient une améthyste.
La vierge noire est, bien sûr, une résurgence du mythe d'Isis et

d'Osiris, comme le démontre l'histoire suivante.
- 50-
ÉTAPE II
Isis
Les représentations de la
Vierge et de son enfant
rappellent l'histoire d'Isis
et de son fils Horus. Dans
la mythologie égyptienne,
Isis est fille de Geb, qui n'est
autre que le roi de la Terre.
C'est bien le principe fixant
qui est représenté. Isis est
la déesse-mère, la Matrice,
et nous pouvons, par ces
qualités, la rapprocher de la Vierge Marie.
Malheureusement, un jour, dans un élan de jalousie, Seth, le

dieu guerrier, assassina Osiris, mari et frère d'Isis, pour ensuite
le découper en quatorze morceaux. Isis partit alors à la recherche
du corps de son défunt mari, mais ne réussit à trouver que treize
morceaux. Le sexe demeurait introuvable. Elle fabriqua alors un
phallus en argile et le ressuscita. Le couple put ainsi concevoir un
fils, et ainsi naquit Horus, qui représente la lumière du soleil.
An 416 •Au Liban
Un prêtre nommé Jean Cassien découvre une statue d'Isis qu'il

trouve très belle et décide de la rapporter en France, à Marseille.
Il la présente aux prêtres sur place comme une statue de la Vierge,
mais la couleur noire les empêche de l'exposer au plus grand
nombre. Elle sera placée dans la crypte.
Elle s'y trouve toujours et semblerait être la plus ancienne vierge

noire de France. Les processions en l'honneur de cette vierge noire
se faisaient uniquement avec des cierges verts, tradition toujours
en vigueur à l'abbaye Saint-Victor de Marseille. À remarquer que
la couleur verte représente la connaissance des choses cachées.
Pour l'alchimiste, éest une indication précieuse pour la suite de

son travail. À chaque fois qu'il la trouvera, comme dans le serpent
vert de Goethe2, les dragons verts, que nous trouvons dans de

nombreux contes de fée, et dans notre cas les cierges verts, son
intention sera immanquablement attirée.
N'est-ce pas pour lui la VÉRité ?
Sur le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, l'alchimiste

trouvera, à chaque étape de son chemin, une vierge noire. Même
si d'autres interprétations venant plus tard dans l'œuvre sont
possibles, au début, elle représente la première phase de son travail.
Lors du Grand Œuvre, la première chose à faire est de purifier la

matière, de la décomposer, de séparer le subtil de l'épais.
Comme en alchimie, l'expérimentateur participe intimement à
l'expérience. Il est évident qu'il passera par les mêmes phases.
Cest l'œuvre au noir.

Du noir, de la putréfaction sortira la matière vierge qui portera
l'enfant à naître, la pierre des philosophes.
De la décomposition de nos habitudes, du carcan de nos préjugés,
par dissolution de nos certitudes, nous sortirons vierges pour
recevoir la Lumière.
Pour les Celtes, la représentation de la déesse-mère est Birgit.

Cest la seule déesse du panthéon celte. Elle était tellement fêtée
2. Le serpent vert de Goethe, publiéen 1795.
- 52-
ÉTAPE II
que la chrétienté a tenté de lui substituer une sainte chrétienne :

sainte Brigitte. Malgré cela, son culte a perduré. En Irlande, le jour
de célébration de sainte Brigitte est le 1., février.
Le 1er février est le jour de la fête d'Imbolc, fête de la lustration, de
la purification. Cest !Occasion pour le cherchant de se présenter
à la déesse dans l'espoir de se purifier. La purification s'effectuait
par l'eau.
À remarquer la proximité entre les vierges noires et l'eau. Non

seulement un culte était rendu à la vierge de Notre-Dame-sous-
Terre, mais l'eau du puits était considérée comme miraculeuse.
À Chartres, il existe trois vierges

noires qui représentent les trois
étapes de l'œuvre de la voie
alchimique.
La vierge du sel, la plus fixe, celle qui

pousse à l'intériorisation comme le
principe alchimique de la neutralité.
C'est le corpus, qui se situe dans la
crypte et porte le nom de Notre-
Dame-sous-Terre. Placée au sous-
sol, elle nous met au niveau des démons, ce qui est à l'envers du
monde. Elle nous confronte à nos pensées les plus profondes, les
plus primitives. Son action est de purifier le passé et de favoriser
l'introspection.
La vierge du soufre, la plus animée.

Celle qui met nos émotions en
mouvement, qui les fait jaillir comme
le principe actif quelle représente.
Cest l'animus qui se situe au nord.
Au niveau du sol, elle est de notre
monde, mais placée au septentrion,
c'est-à-dire là où la lumière est la
moins forte. Elle nous place face à
notre présent, nous purifie de nos
lourdeurs et absorbe nos souffrances.
Elle favorise la suite du chemin.
- SJ -
La vierge du Mercure, principe passif, là où la paix nous permet

de recevoir la Lumière. Cest le spiritus, la troisième vierge noire.
Vous la trouverez en levant les yeux sur le vitrail sous la rosace
nord. Elle représente sainte Anne, la mère de la Vierge. Sur ce
vitrail, curieusement, elle est de couleur sombre, ce qui la relie à
la tradition des vierges noires. Située au niveau du ciel, elle est le
futur avènement de la Lumière. Elle nous conduit à l'élévation, à
la sublimation de la matière et même si elle est noire, elle laisse
passer la Lumière.
Expérimentation
Placez-vous face à la vierge du
pilier nord.
Respirez calmement sans penser
à rien de particulier.
Pensez et énumérez les choses
qui vous empêchent d'avance~
Toutes ces lourdeurs, tracas,
doutes, peurs, colères ou tout
autre obstacle. En prenant un
problème à la fois, donnez-lui
la forme d'une pierre. Regardez
bien cette pierre en imaginant le plus de détails possibles, forme,
couleur, aspect. Cela fait, laissez monter en vous le désir de vous
en débarrasser en l'associant à quelque chose qui vous répugne.
Quand le désir devient suffisamment fort, imaginez que vous
la déposez aux pieds de la statue. Recommencez autant que
nécessaire. Que votre foi soit religieuse ou dans la voie, si vous
lui témoignez tout le respect qui lui est dû, elle absorbera avec
compassion votre fardeau.
Cela terminé, continuez votre chemin vers la troisième étape sans

vous retourner.
Étape III
LE ZODIAQUE
DE VERRE
En continuant notre
chemin, nous allons
trouver un deuxième
zodiaque.
Nous sommes passés
par le zodiaque de
pierre au nord relié au
monde des ténèbrd,
puis, en contournant le
chœur, nous sommes
maintenant face au
zodiaque de verre, celui
du sud, relié au monde
de la Lumière. Notre
élévation continue, nous
sommes passés de la
matière à la Lumière.
Ce zodiaque nous rappelle que l'alchimiste est aussi nommé

laboureur. Non pas comme un laboureur de la terre, mais un
laboureur du ciel. Il utilise les saisons pour récupérer les fruits
célestes de son travail.
Ce vitrail se « lit » de bas en haut et nous invite à nous élever

encore plus. La partie gauche représente les mois de l'année et la
partie droite les signes du zodiaque. Au bas, se trouve Janus, le
dieu romain associé à janvier. Il est figuré ouvrant la porte de son
temple, et il se trouve sur le seuil« de la nouvelle aimée». Ce dieu
est remarquable, car il possède deux visages : un regardant vers
le passé et l'autre tourné vers l'avenir. Ici, son troisième visage,
traditionnellement caché, est apparent. Il indique le moment
présent, seul endroit où l'on peut trouver le bonheur.
- 55 -
CHARTRBS, CATHBDRALB ALCHIMIQUB BT MAÇONNIQUB
Pour les maçons, c'est l'action de travailler de midi plein à minuit

plein. C'est-à-dire dans un temps qui n'est plus profane et surtout
en pleine lumière. Quelle soit solaire ou lunaire, la lumière à son
Zénith ne fait pas dombre.
En face, une horloge astronomique indique les positions de la lune

et du soleil. Il s'agit du plus vieux cadran de France, qui daterait
de 1407. Les signes astrologiques qui la décorent nous montrent
que ce zodiaque temporel associé à une horloge est opposé à un
zodiaque spirituel
associé à la Lumière.
Nous avons vu le
premier zodiaque
par la lumière qui
lëclaire, alors que
nous sommes éclairés
par la lumière qui
traverse le second. Ce vitrail funcrionne comme un filtre. Le
premier nous pousse à la réflexion alors que le second nous
pousse à la transparence, voire la transcendance. Si le vitrail est
fait selon le grand art, ce n'est pas du verre qui le compose, mais
des métaux. Lalchimiste dit qu'il passe à travers les couleurs.
C'est comme remonter un arc-en-ciel à sa source.
Expérimentation
Vous pouvez vous préparer à cet exercice en regardant le stéréogramme
en annexe et en suivant le mode d'emploi.
En commençant en bas et à gauche, regardez à travers le vitrail
comme vous avez regardé le stéréogramme. Gardez votre calme
et respirez lentement. Lënervement nuit à cette expérience. Vous
pourrez constater que des reliefs apparaissent accompagnés d'une
sensation de flottement. Recommencez l'expérience en vous
élevant jusqu'en haut en alternant mois et signe du zodiaque. Cette
expérience ne doit pas excéder des tranches de deux minutes et
doit être interrompue au moindre signe de vertige ou de maux de
tête.
Le bénéfice en est une élévation avec un sentiment dexpansion.

Le sentiment de respirer plus profondément.
ÉTAPE Ill
Lignes du Monde et coquilles Saint-Jacques

En regardant le sol, nous pouvons nous apercevoir qu'il a une
particularité unique. Il figure un passage. Le sol est incurvé, comme
un canal qui matérialise la ligne du monde. De plus, en regardant
du côté de l'horloge, vous pourrez constater que ce passage
est marqué de coquilles Saint-Jacques gravées dans la pierre.
Cest le seul endroit de tout l'intérieur de la cathédrale où l'on peut
en trouver. Elles nous confirment qu'en suivant ce chemin, nous
arriverons à Saint-Jacques-de-Compostelle.
Ce sera la fin de la première partie du voyage de l'alchimiste.

C'est là qu'il ira chercher sa matière première. Compostela signifie
les étoiles dans le compost. Lalchimiste y voit l'allégorie d'un
minerai qui brille comme une étoile à l'intérieur de la terre, alors
que le profane ne verra qu'une matière à rejeter.
Mais, rappelons-nous que Saint-Jacques-de-Compostelle est loin
de la mer. Les coquilles nous indiquent qu'il faudra poursuivre
le chemin au-delà de la cathédrale pour arriver sur une plage en
s
croissant de lune et y trouver le métal qui y échoue, à une période
unique de l'année, entre le bélier et le taureau... Mais peut-être
n'est-ce là qu'une allégorie ?
Expérimentation
Se placer sur la ligne du monde (éest-à-dire au milieu du chemin
matérialisé au sol), face au vitrail. Les bras légèrement séparés du
corps, la main ouverte et les doigts disjoints. Vous sentirez le flux
de cette ligne vous traverser. Il peut être matérialisé par un courant
d'air froid venant de derrière vous. Sans le chercher, le corps va
induire un mouvement d'avant en arrière alternatif. Laissez-vous
porter par cette vague. Lënergie circulant dans notre monde d'une
manière sinusoïdale est cette vague que nous sentons. Le fait de
nous laisser porter par celle-ci nous prépare à recevoir la Lumière.
• S7 •
NoTRE . . DAME
'
DE LA BELLE VERRIERE
M ême si ce n'est pas une étape de notre voyage, il est impossible

de ne pas parler de ce vitrail, la couleur unique ayant donné le
qualificatif le plus prestigieux de cette cathédrale : le bleu de
Chartres.
Le secret de sa fabrication, au xn< siècle, ne nous est pas parvenu.

Pourtant, les alchimistes utilisaient leur art pour obtenir des
couleurs et des matériaux inédits.
- 58 -
ÉTAPE IV
Un violet et un bleu unique ont été créés par les alchimistes

chinois pour satisfaire l'empereur Qin Shi Huang (259 •
10 septembre 210 av. J.-C.), fondateur de la dynastie Qin.
La teinture violette sur ce soldat d'argile peint enterré avec le premier

empereur de la dynastie Qin est connue aussi sous le nom de violet Han.
La fabrication de cette couleur est aujourd'hui encore extrêmement

difficile. Redécouverte fortuitement pas des chercheurs travaillant
sur des supraconducteurs, elle a été obligatoirement fabriquée,
car elle n'existe pas dans la nature. Sa formule en est complexe
(BaCuSi206). Sa fabrication est dangereuse, car elle est élaborée
à partir de baryte contenant un sulfate de baryum (BaS04 ).
À remarquer que la Chine compte, sur son territoire, d'important
gisement de ce minerai.
Non contents de fabriquer cette couleur, ils faisaient aussi un bleu
unique : le bleu Han (BaCuSi40).
Mine de barytine abandonnée près d'Aberfeldy, Perthshire, en Écosse.
La France a, bien sûr, de nombreux gisements de ce métal.
- 59-
(HART RES, CATHÉDRALE ALCHIMIQUE ET MAÇONNIQUE
Alors comment faisaient les alchimistes pour fabriquer ces

couleurs r
Ils transmutaient les métaux et les rendaient transparents.
De même que les artistes chinois ont vitrifié du baryum pour

ensuite le réduire en poudre et en faire de la peinture, les
alchimistes occidentaux ont fait de même pour obtenir des verres
colorés sans un iota de silice.
Juste du métal et du savoir-faire.
Exemple pour le rouge
« Mais éest de la chimie », me direz-vous r

Non, car !expérimentateur a une place dans l'expérience.
Expérience, d'ailleurs, qui ne fonctionne pas à tous les coups.
Nous pouvons maintenant continuer notre chemin en gardant en

mémoire ce vivant témoignage. Les alchimistes de tous pays, de
toutes religions, de toutes cultures et de tous sexes ont œuvré dans
le même sens.
-60 -
LE CLOU
DE LA SAINT ...jEAN
Le solstice d'été et l'horloge céleste
Q uatre périodes sont particulièrement fastes : les solstices et les

équinoxes. Ces moments privilégiés sont célébrés par l'homme
depuis l'aube des temps, et ce, toutes cultures et toutes religions
confondues. Nous parlerons ici du solstice dëté, du latin solstitium,
« époque où le soleils'arrête ».Comme une pierre poussée en haut
d'une montagne, c'est le point d'équilibre avant qu'elle retombe de
l'autre côté.
Le 21 juin, le soleil est à son apogée et donc le jour est le plus
long. A midi solaire, tout corps éclairé ne projette pas d'ombre.
Ce qui est bien sûr hautement symbolique. Le cherchant est en
pleine lumière. Cest le seul moment où même le fond d'un puits
est entièrement éclairé. De plus, la lumière tombant verticalement,
c'est là où elle est la plus pénétrante, j'oserai dire perçante. C'est
un exemple de rectification. La dernière chance de se rendre droit
avant le déclin de la lumière.
Cest la fête du feu, de la récolte.
Pour les francs-maçons, cest le moment de commencer les travaux,

car il est « midi plein ». Ils fêtent la Saint-Jean d'été comme la
réunion entre le haut et le bas.
Lalchimiste utilise les forces de la nature toute l'année. Pour ne pas

rompre l'équilibre, il est normal qu'il rende périodiquement ce qu'il
a pris. Il participera donc à cette fête de communion avec la nature.
Le feu qui tombe du ciel devra rejoindre celui caché à l'intérieur
de la terre. Ce feu étant la part de lumière enfermé dans la matière
lors de la création, qui tend à se libérer en perçant les apparences.
Il sera l'intercesseur permettant cette commune union.
Alors, évidemment, pour nous qui cheminons dans cette
cathédrale, ce point est une étape obligatoire.
Mais comment déterminer avec précision le jour exact du solstice ?
•6I •
ÉTAPE V
Horloge céleste
Afin de calculer le plus précisément possible le moment de la
Saint-Jean d'été, le chanoine Claude Estienne a commandé, en
1701, l'installation d'un dispositif particulier.
Au sol, nous distinguons

une dalle avec un clou, et si
nous observons le vitrail de
saint Apollinaire, on y voit
un verre incolore rond.
Au solstice d'été, à midi

solaire, un rayon de soleil
passe à travers le vitrail
et la lumière est projetée
sur la dalle au niveau du
clou. Cette cathédrale
est une véritable horloge
astronomique.
Expérimentation
Pensez à vos ombres,
toutes les choses que
vous avez cachées, toutes
vos sombres pensées. Ne
vous mentez pas. C'est
là, tels des chiffons sales
sortant de votre bouche,
que vous laisserez ces
sombres émotions. Ayez
physiquement l'impression
de les cracher au sol.
Au nord, vous avez laissé ce

que vous portiez. Au sud,
vous laisserez ce qui fait
obstacle à la Lumière.
-63.
Étape VI
LE LABYRINTHE
N ous pouvons poursuivre notre chemin vers l'occident et nous

placer maintenant à l'entrée du labyrinthe.
La première chose que nous pouvons constater, éest qu'autour de

lui, il y a des demi-cercles noirs qui pouvaient marquer l'endroit
où les pèlerins attendaient leur tour. Ces demi-cercles laissent
simplement la place pour y mettre les deux pieds. Imaginez
l'émotion de l'impétrant avec, autour de lui, une haie formée par
ceux qui l'accompagnent. Certains le faisaient pieds nus pour
mieux ressentir les énergies de la terre.
Vous remarquez qu'il a été choisi un labyrinthe et non point un

dédale. Celui-ci ne comporte qu'une seule entrée et une seule
sortie. Ce n'est finalement qu'un seul chemin parcourant des
circonvolutions. Aucun risque de s'y perdre, en tout cas pas dans
l'espace.
En fait, c'est un escalier qui monte dans lesprit. C'est une mise en
rythme qui nous permet d'être au diapason de l'édifice. Si vous
prenez deux diapasons de tailles différentes, vous en faites vibrer
un et vous approchez l'autre. Il restera immobile.
ÉTAPE VI
En revanche, si vous faites l'expérience avec deux diapasons

identiques, ils se mettront à l'unisson. C'est exactement ce que
nous cherchons depuis le début de notre voyage, entendre la
musique des sphères. Être rectifié et porté vers le haut à la quête
de la lumière.
Lors de notre cheminement dans le labyrinthe, à l'image du

chemin initiatique, nos premiers pas nous conduisent quasiment
au centre, en vue de la rose. Comme pour nous montrer la source,
alors que nous, profanes, cherchons la fin.
Différence entre le début et la source
Imaginez que vous êtes dans une boîte à chaussure. Cette boîte
est dans une armoire. Et, enfin, que cette armoire est dans une
maison. La boîte et l'armoire sont percées d'un trou et la maison
a une fenêtre.
Quand vous vous trouvez dans la boîte, vous voyez bien la lumière
qui passe par le trou, et pour vous, cette lumière a un début
(le trou) et une fin (les parois de la boîte). Mais ce n'est pas la source.
Si vous sortez de la boîte, immédiatement vous vous rendez
compte que la lumière qui éclaire l'armoire a un autre début et une
autre fin. Mais ce n'est toujours pas la source.
Enfin, si vous sortez de l'armoire, vous constatez que dans celle-ci,
la lumière a un autre début (la fenêtre) et une autre fin (les murs).
Mais si nous marchons vers la fenêtre et que nous !Ouvrons, peut-
être tombons-nous sur la source... ou sur un autre début.
l.:initié n'est-il pas celui qui sort de ces boîtes gigognes pour suivre
le chemin de la maison éclairé par la fenêtre ? Ce labyrinthe de
lumière le conduit immanquablement à la fenêtre. Aura-t-il le
courage d'ouvrir la fenêtre pour regarder dehors ? Et, qui sait,
sortir de la maison pour faire le tour du jardin (parades en hébreu) ?
Puis, le chemin se détourne et nous repartons au loin.
Accepter que le temps, l'espace et .la matière n'aient pas aussi

d'importance que nous leur donnons : telle est la leçon de ce
labyrinthe.
-6s -
Expérimentation
Le plus important dans l'expérience est le rythme. Une fois entré,
face à l'orient, le pas doit être régulier. Vous pourrez sentir des
oscillations. Dès l'instant où on a commencé le mouvement, on ne
s'arrête qu'au milieu.
Si des obstacles sont sur votre chemin, vous pouvez les contourner.
En le faisant, soyez attentif à garder le rythme. Si ces obstacles
sont infranchissables, marquez le rythme sur place en oscillant
légèrement d'une jambe sur l'autre. Au bout d'un moment, nous
ne marchons plus sur le chemin. Nous sommes ce chemin. C'est ce
que l'on appelle le mouvement immobile.
Le profane marche et l'initié démarche. (Dé marche)
Les Anciens nous disaient qu'à certains moments de l'année, des

taches violettes projetées par les vitraux apparaissent à des endroits
remarquables au sol. C'est le moment où la porte entre les mondes
s'ouvre. Le centre de ce labyrinthe est l'endroit de la cathédrale où
nous en ressentirons le plus ses effets.
Le combat de thésée et du minotaure
Au cœur du labyrinthe, il reste des clous qui, à l'origine, fixaient

une plaque de cuivre sur laquelle était figuré le mythe du combat
de Thésée contre le Minotaure.
La plaque présente à l'époque permettait de toucher tous les clous

d'ancrage en même temps.
Cela décuplait les effets telluriques. Cette plaque a été enlevée lors
de la révolution en 1792.
-66-
ÉTAPE VI
Le Minotaure est un monstre de la mythologie grecque, mi-

homme mi-taureau, qui vivait enfermé dans le labyrinthe de
Dédale dont personne ne pouvait sortir. Tous les ans (ou tous les
neuf ans, selon les mythes), septjeunes hommes et septjeunes filles
lui étaient envoyés en sacrifice par le roi Égée. Thésée, fils d'Égée
se joignit aux victimes pour tuer le Minotaure et éviter la mort de
jeunes innocents. En chemin, il rencontra Ariane. La jeune femme
tomba amoureuse de lui et Dédale lui expliqua comment aider
Thésée à sortir du labyrinthe s'il réussissait à vaincre le Minotaure.
Ainsi, Ariane offiit une bobine de fil à Thésée, qu'il devait attacher
à l'entrée et la dérouler dans le labyrinthe pour retrouver la sortie.
Thésée tua le Minotaure à main nue et put sortir grâce au fil.
Comme Thésée, après avoir parcouru bien des périls en chemin,

nous voilà confrontés à l'ultime matière. Un face-à-face avec nous-
mêmes.
Sommes-nous prêts à dissiper les dernières ombres ?
Au centre de ce labyrinthe, la lumière est verticale. Plus aucune

zone d'ombre n'est possible. Nous voici maintenant en pleine
lumière, grâce au fil d'Ariane qui nous guide depuis le début.
Ce fil conducteur porte le nom de voie initiatique, Lumière ou
bien foi. Nous traverserons cette dernière épreuve pour trouver
enfin l'illumination. Mais avant, regardons à nos pieds.
La rose
Après avoir vaincu notre Minotaure, la rose se révèle à nous. Elle

a six lobes contenant une étoile à six branches. Deux triangles
équilatéraux, un tourné vers l'orient pour indiquer le Feu et !'Air,
l'or et le soleil, l'autre vers l'occident pour !'Eau, la Terre, l'argent
et la lune. I.:impétrant est maintenant sur la voie du milieu.
Tout ce qui est en haut

est comme ce qui est en bas
La rose, fleur du secret, celle qui montre son cœur au moment où

elle va mourir, nous révèle ici l'ultime ouverture avant la révélation.
Tel Merlin l'enchanteur du bout du monde, le Finistère (là où la

terre se finit) qui, grâce à son maillet, son merlin, ouvre les portes
entre la vie et la mort grâce aux deux clefs que nous portons en
nous, les clavicules ou petites clefs.
Il frappe celle d'orient à droite, puis celle d'occident à gauche.

Et, enfin, au front, pour qu'à la croisée de ces deux portes et à
travers une mort apparente (mais ne devrions-nous pas entendre
la mort des apparences), passe la verticalité, la lumière rectifiante.
Comme les premiers chrétiens, et avant eux les juifs, faisaient une
croix sur le front dessinant par-là la lettre tav, dernière lettre de
l'alphabet (dans l'alphabet araméen, la lettre se dessine +), ce qui
indiquait la fin du chemin, le signe de Dieu.
La croix est maintenant sur la rose.
Nous avons fait tout ce qui était humainement possible. Il ne reste

plus qu'à espérer recevoir la Lumière. Sortons du labyrinthe et
dirigeons-nous vers foccident.
-68 -
Étape VII
LA PIERRE D ÉQUILIBRE 1
La dernière étape de notre voyage se présente enfin : la croisée des

chemins. Elle est matérialisée par une pierre que nous trouvons
en droite ligne après la sortie du labyrinthe. Elle est proche de la
porte doccident. Elle est carrée et ne peut contenir qu'une seule
personne. Elle est exactement à la conjonction de la circulation au
sol et de celle entre les deux tours.
C'est elle qui relie le

haut et le bas. Il est
temps pour nous de
faire l'expérience de l'illumination. En ce point unique et après
notre voyage, toute la cathédrale peut déverser en nous ce courant
qui, par sa pression, a pouvoir de rectification. Aucun homme ne
peut donner une initiation, mais notre chemin nous a placés en
état de la recevoir.
Expérimentation
Après vous être placé sur la pierre, vous
fixerez le vitrail qui est à droite du chœur
et ce, sans faire le point, éest-à-dire en
regardant dans le vague. Restez ainsi une
à deux minutes jusquâ ce que votre vision
se brouille.
Cela fait, et sans porter votre regard

ailleurs, regardez à la verticale la couronne
qui est à la croisée dogives au-dessus de
vous. Sentez ce qui se passe, nous avons
l'impression d'un fluide qui se déverse à Capture d'écran DVD
l'intérieur. Voyage alchimique
-69-
Restez quelques secondes dans cet état et redressez-vous, toujours

en restant sur la pierre et en regardant devant vous.
La sensation d'une vague horizontale cette fois se fait sentir. Votre

corps a tendance à induire un mouvement alternatif d'avant en
arrière. Une sensation de flottement, de transparence peut se faire
sentir.
Restez quelques minutes dans cet état, puis sortez de la pierre.
Le sol semble instable et le besoin de s'assoir peut se faire sentir.

Quelquefois, des nausées ou des vertiges peuvent apparaître. Il est
prudent, si c'est possible, de faire cette expérience avec quelqu'un
qui sera là pour vous soutenir si besoin est.
Le voyage est temporairement terminé, il nous reste à sortir par la

porte qui est derrière nous, la porte d'occident.
Même si cette cathédrale n'a pas livré tous ses secrets, nous sommes
entrés en son sein en profane, et nous en ressortons en cherchant.
Plus rien ne sera plus comme avant. Celui qui a été touché par la
Lumière ne peut jamais l'oublier.
Et c'est un peu plus éclairés que nous continuerons notre chemin.

ÉTAPE VII
Explication opérative du portail sud.

Au début règne l'Unité. Pour une raison qu'on ignore, une
singularité, une agitation apparaît. Il y a maintenant une différence.
C'est comme une bulle apparaissant dans un océan. Il y a un dedans
et un dehors. Le dedans s'appelle la Matière ou les Ténèbres, le
dehors la Lumière. Le but de l'alchimiste est de retrouver cette
unité. Pour se faire, il doit faire disparaître la différence. Cest-à-dire
faire disparaître la matière en lare-transmutant en Lumière. LOutil
qu'il a trouvé pour exécuter cette tâche est la pierre philosophale.
Cette pierre est un récipient qui contient la vraie lumière
Comme il est dit dans la Table d'émeraude, texte fondateur de
l'alchimie,
« Tu trouveras la lumière qui pénètre toutes choses solides et
éloigne toutes ténèbres. »
Tout ce qui est éprouvé par la pierre se transmute en lumière et,

bien sûr, l'alchimiste aussi.
La fabrication de cette pierre comporte trois étapes.
Décomposition de la matière première. Le corbeau, l'œuvre au noir

La matière se décompose en ses trois principes.
e Le Sel : principe neutre, représenté par la couleur blanche,

le cul d'un tonneau. Si on brûle une plante, les cendres
purifiées sont son sel.
Le Soufre : principe actif, masculin, représenté par la

couleur rouge, un homme, le soleil. Cest, par exemple, les
huiles essentielles d'une plante.
Le Mercure : principe passif, féminin, représenté par la

couleur blanche, ou bleue, une femme, la lune ; éest, par
exemple, l'alcool tiré d'une plante.
Purification et recomposition de celle-ci. La licorne, l'œuvre au

blanc
• 71.
La purification du sel se fait en le lessivant avec une combinaison

de soufre et de mercure. Pour reprendre Iexemple des plantes,
il faudra d'abord combiner le soufre/huile/homme avec le
mercure/alcool/femme. Donc, mélanger l'huile essentielle avec
l'alcool. Cest ce quon appelle une teinture. En effet, l'alcool blanc
finirait par être teinté par l'huile rouge. Comme symboliquement,
c'est l'association de l'homme et de la femme, cette opération
portera le nom de noce chymique (l'orthographe la différencie
d'une opération chimique ordinaire). Cette teinture obtenue
servira à laver le sel qui deviendra blanc et pur.
La vraie lumière descend dans la matière préparée à cet effet en

utilisant l'alchimiste comme vecteur. Le phénix, l'œuvre au rouge
Une fois le réceptacle obtenu, c'est-à-dire le sel absolument pur,

il n'y a plus qu'à espérer que la vraie lumière accepterait de se
couler dans cette coupe et y rester. Les alchimistes parlent du DD,
Donum Déi. Le don de Dieu.
Cest la description de toutes les opérations nécessaires à leeuvre

que nous verrons au portail sud.
LE PORTAIL SUD
Lorsque le pèlerin descendu à Saint]acques-de-Compostelle a trouvé
sa matière première, il remonte en bateau, passe par Orléans puis
retourne à Chartres.
Cette fois, il ira au portail sud appelé : « Le portail des Alchimistes ».
T out comme sur les bas-reliefs de Notre-Dame de Paris, où le

pèlerin se rendra par la suite, l'alchimiste utilise les représentations
du portail sud de Notre-Dame de Chartres pour décrire son
Grand Œuvre.
Grâce à l'étude de la philosophie de léruvre, grâce au pèlerinage

qu'il vient d'accomplir, l'alchimiste peut maintenant se mettre au
creuset. C'est pourquoi il vient chercher ici un mode demploi. Les
symboles gravés dans la pierre sont pour lui autant d'allégories à
la fois philosophiques et opératives du Grand Œuvre. I.:impétrant
ne franchit le portail sud que s'il comprend « le langage des
oiseaux », langue utilisée par les cherchant à travers des jeux de
mots, anagrammes, cabales phonétiques3, pour se transmettre des
secrets de fabrication, des symboles, des clefs•••
3. Par exemple, le mot OR donne le secret de la rosée. En effet, nous pouvons entendre eau
(0) et air (R) de l'eau dans l'air.
-73 -
Ce que les bâtisseurs avaient à dire, ils l'ont écrit dans la pierre.
Observons les différentes séries de gravures sur les piliers qui sont
tournés vers l'extérieur et œuvrons.
Série 4 Série 1 Rois musiciens Série 2 Série 3

Côté gauche Centre Côté droit
Série 1
L'homme qui tombe de son cheval
O n découvre tout d'abord un personnage

qui tombe de cheval. C'est le symbole des
émotions que l'on ne maîtrise pas. Cette
gravure peut être associée également au
principe Soufre qui agite le métal travaillé
par l'alchimiste. Il devra pacifier la matière
en faisant sortir l'agitation, sans pour cela se
laisser désarçonner.
Le corbeau
A u-dessus, on observe un corbeau sur l'écu d'un personnage. Cest

la décomposition de la matière, l'œuvre au noir.
Quand on décompose une matière, elle perd sa forme, elle se
volatilise. De plus, la lumière se perd à l'intérieur et elle nous paraît
noire. Quoi de plus naturd d'avoir pris un volatil noir, un corbeau
comme symbole du premier œuvre r
SÉRIE I
Hercule
Sur le bas-relief suivant, nous pouvons voir Hercule. Il est
représenté avec une massue à la main et va vers un chêne symbole
de la Connaissance. Seul homme à sëtre élevé au rang de dieu grâce
à ses douze travaux qui sont, pour l'alchimiste, autant d'allégories
de son Œuvre. Il personnifie la maîtrise de la force.
On nous explique ainsi que la décomposition de la matière peut
demander une grande force, beaucoup de travail, et une grande
rigueur.
-77-
Le caducée de mercure
D ans l'écu du personnage est représenté le caducée de Mercure.

Ayant échangé avec son frère Apollon sa lyre à sept cordes contre
un unique rayon de soleil, il met sur son chemin deux serpents
en accord. Notre périple s'apparente au caducée de Mercure, nous
avons oscillé autour de l'axe de la Lumière.
Nous avions trouvé le Soufre au premier cartouche, la maîtrise de

notre corps. Ici, nous trouvons le Mercure, la maîtrise de l'esprit.
SÉRIE I
Les deux natures
U ne fois ces deux principes trouvés, nous devons les assembler.

C'est ce que l'on appelle une noce chymique4•
Deux personnages nous montrent la cohabitation pacifique des

deux natures.
4.1.'.ancienne orthographe indique que c'est une opération alchimique.

CHARTRBS, CATHÉDRALB ALCHIMIQUB ET MAÇONNIQUE
La rose et la plume
S ur la gravure d'en haut, un personnage rient d'un côté un écu avec

une rose à l'intérieur, et de l'autre côté, une plume. La rose, fleur du
secret, contient la quintessence. La plume représente le volatil, la
partie la plus subtile.
Le personnage réussit à aller au-delà du secret (la rose) et va
trouver le volatil qu'il maîtrise puisqu'il écrit avec. Aussi, la plume
lui permet d'écrire, de transmettre.
Nous sommes arrivés à ce portail après avoir fait notre

pèlerinage, nous sommes capables maintenant de le transmettre.
«Tu trouveras !esprit, en volatilisant la matière. Puis tu fixeras le
volatil.»
• 80.
SÉRIE I
Les rois musiciens

Les rois musiciens, avec leurs instruments, nous indiquent
que la royauté s'obtient ici par ceux qui connaissent la musique.
Cathédrale, instrument de musique céleste mettant le pèlerin à
l'unisson de la musique des sphères.
. 81.
Série 2
Le lion vert
U n guerrier porte une épée et un lion est gravé sur son écu.
Une des interprétations possibles est le lion vert des alchimistes.
La couleur verte est indiquée au vitrail de la rosace ouest de Notre-
Dame de Paris. C'est la formule chimique du produit qui nous
permet de décomposer la matière première.
Ce personnage est martial. Mars correspond à un métal : le fer.

En le travaillant, il est possible d'obtenir un vitriol jaune. Nous
nous apercevons que la couleur ne correspond pas au vert espéré.
En regardant précisément ce bas-relief, nous voyons qu'il porte
une robe qui lui tombe sur les pieds. Ce qui semble curieux pour
un guerrier. Sauf, bien sûr, si on voulait attirer notre attention sur
la partie féminine de l'œuvre. Le féminin étant attribué à Vénus,
qui a un rapport avec le cuivre, éest tout naturellement que nous
ferons un vitriol de cuivre qui, lui, aura une couleur bleue.
Évidemment, si nous associons les deux natures, l'homme et la

femme, nous obtiendrons un acide double vert qui est une des
interprétations du lion vert des alchimistes.
SÉRIE 2
Le lièvre
Un homme lâche son épée, il est poursuivi par un lièvre dont il ne

reste que les pattes. Une chouette est posée dans l'arbre.
Comme la gravure de Notre-Dame de Paris, il indique comment

utiliser la figure suivante.
Le produit découvert dans le cartouche suivant (le lion vert) sert à
décomposer la matière première. Au bout de quelque temps, des
cristallisations en forme d'oreilles de lièvre apparaissent sur les
parois du ballon (cf. photo).
Les chimistes appellent ces cristaux encore aujourd'hui « les
oreilles de lièvre» ou« des feuilles de chêne ». Cette expérience
doit être faite dans !obscurité, ce qui explique la présence d'une
chouette.
• 85.
La Reine
Une reine donne un coup de pied à son serviteur.
Ce cartouche indique les précautions que le cherchant doit
prendre dans une partie délicate de l'œuvre : la séparation du
mercure. Une explosion n'étant pas impossible, nous devrons être
un bon serviteur de la reine si nous ne voulons pas que la coupe
censée contenir la Lumière nous saute à la figure.
- 86 -
SÉRIE 2
La cohabitation pacifique des contraires
Un vieillard propose l'hospitalité à une jeune fille.

Le Soufre et le Mercure peuvent cohabiter maintenant que la
fougue de la jeunesse est pacifiée. Le Soufre est devenu paisible
par le régime de Saturne.
Série 3
Les noces chymiques

U n homme et une femme se tiennent par le cou, mais se battent.
La femme a, à ses pieds, une quenouille, tandis que l'homme un
pot à boire. Lhomme est le Soufre, le mouvement, l'émotion.
La femme est le Mercure, la réflexion, lesprit, l'intériorité. Pour
trouver l'unité, il faudra associer ces deux natures. C'est une noce
« chymique », une opération où deux liquides, le blanc et le rouge,
l'actif et l'inactif se mélangent.
Cette opération demande beaucoup de patience. Un bon vaisseau

où les deux époux pourront consommer leur union. Si tout est fait
suivant l'art, une teinture naîtra de cette union.
-90-
SÉRIE 3
La nature
À cette étape du Grand Œuvre, nous avons fait tout ce qui était
humainement possible. Nous avons travaillé sur la matière à
travers les quatre éléments. Ce qui est représenté par les feuilles
dans lëcu, symbole de la nature. Il nous reste maintenant à espérer
que la Lumière voudra bien descendre dans le nid que nous lui
avons construit, et surtout qu'elle voudra bien y rester.
L'ecclésiastique
Au-dessus, un ecclésiastique apporte la Lumière, mais l'homme
qui est en face la refuse. Cet homme représente la matière sur
laquelle nous avons travaillé. C'est l'épreuve de l'acceptation de la
Lumière. C'est le pardon « part donner ». La Lumière accepte de
descendre dans les Ténèbres si celles-ci acceptent de souvrir pour
la laisser rentrer.
Le dragon
Le dragon est le symbole de la connaissance des choses cachées.
Dans tous les contes de fées, ce sont les dragons qui gardent les
trésors (treize ors).
Nous sommes le chevalier qui, après avoir passé trois épreuves,

maîtrise le dragon.
Notre Sel est maintenant devenu pur dans la figure précédente.
Le dragon, étant céleste par ses ailes et terrestre par ses griffes, va
pouvoir faire le lien entre le haut et le bas. La lumière va se fixer
dans le Sel. C'est le volatil fixé.
Si vous êtes comme le chevalier armé de son bouclier de vertu et

son épée de vérité, vous pourrez vaincre le dragon et connaître son
secret.
CHARTRES, CATHBDRALE ALCHIMIQUE ET MAÇONNIQUE
Le dépouillement
L e secret étant trouvé, la matière s'ouvre à nous. C'est l'entrée
du sanctuaire. Le cherchant devient libre de toute attache. Il se
déshabille avant de rentrer dans le Saint des Saints. Comme à sa
naissance, il rencontre la Lunùère, nu.
Le UN est NU.
· 94·
SÉRIE 3
La couronne
Lorsque l'homme dépouillé reçoit la lumière, il est couronné.

Cest ce que représente la couronne que l'on voit sur la figure
suivante. Celle-ci représente la Lumière. C'est un soleil avec des
rayons orientés vers le haut, comme les empereurs romains étaient,
lors de leur triomphe,
surmontés d'une
couronne de laurier
(consacré à Apollon)
aureus, l'or y est.
Le sel
N ous savons maintenant que le plus important dans la quête de
la pierre philosophale est le Sel. C'est lui qui fixe le volatil. Son
symbole est un cercle avec une barre horizontale, l'essence même
de la pierre étant que la Lumière soit fixée dans notre matière.
C'est ce que ce tonneau représente. Cest lui qui scelle et permet
la cohabitation pacifique des contraires qui finit par engendrer un
enfant.
À l'intérieur des tonneaux, on peut trouver un sel appelé : tartre

du tonneau. Ce pourrait être grâce à lui que nous fabriquerons
l'œuf qui contiendra nos deux principes. La matière du creuset, qui
nous permettra de mélanger les différentes parties de notre œuvre.
Le symbole du Sel, deux demi-cercles réunis pour n'en faire qu'un
représentent la communion entre le haut et le bas.
« Tout ce qui est en haut est comme ce qui est en bas.»
·96·
Série4
Le bélier
U n personnage tient un écu avec un bélier. Il donne trois
indications.
La première, la saison du début de l'Œuvre. C'est le mois de

mars, le premier mois de l'année pour les alchimistes, le printemps
(le premier temps).
La deuxième, c'est le travail du feu, le bélier étant, pour les
astrologues, un signe de feu.
La troisième indication est donnée par sa corne en forme de spirale,

forme géométrique qui indique le centre. Il nous est donc dit :
« Au printemps tu trouveras un feu qui concentrera ta matière. »
Comme Jason, nous trouverons la toison d'or.
-98-
SÉRIB4
Un homme percé par son épée

U n personnage se passe une l'épée à travers le corps. Notre travail
nous conduira à percer la matière. Persévérez, « percez et vous
verrez ».Pour laisser passer la lumière à travers la matière, il va
falloir faire des « trous », comme saint Michel perçant le dragon.
Il va falloir tuer la matière, joserai dire l'occire. Nous pourrons
donc l'oxyder.
L-Oriflamme
« L'or y flamme »
P endant notre travail, un certain nombre d'étapes seront
nécessaires, comme les flammes du drapeau. Il était à l'origine
peint. Les couleurs étaient les mêmes que celles qui se succédaient
dans le creuset jusquâ l'obtention
de flammes dorées ou que la
Lumière (l'or) y apparaisse comme
un feu céleste.
~ IOO ~
SÉRIE 4
Le dieu pan
Au-dessus, un homme prie devant un personnage doté d'une

queue et d'une tête de bouc. Semblable au diable, éest en réalité
le dieu Pan. Lors de l'avènement du christianisme, pour éviter la
persistance du culte au dieu Pan, on en a fait la représentation du
diable. Il a troqué sa flûte à sept tuyaux contre un trident. Pour
les Hébreux, la lettre Shin représente l'introspection, le feu secret
caché.
À cette étape de notre travail, nous avons trouvé des secrets de

la nature, comme nous l'indique Pan, qui veut dire : « TOUT».
C'est la nature naturante. Lesprit caché dans toutes choses.
C'est le point comme UN.
• 101.
C ette cathédrale, lieu magique à plus d'un titre, a su guider nos

pas sur le chemin de l'initié. Quelle que soit l'interprétation que
nous en faisons aujourd'hui, qu'elle soit religieuse, architecturale
ou initiatique, elle est pour nous tous au croisement de la
Connaissance. C'est à travers ce livre de pierre, que nous avons
décrypté ensemble, que le cherchant trouvera ce qu'il peut
comprendre.
Plus jamais, vous ne regarderez les monuments sacrés de la

même manière. C'est avec un œil neuf et attentif, acquis grâce
aux expériences que vous avez vécues en ce lieu, que vous pouvez
maintenant reprendre votre chemin.
Alors courage, le chemin est encore long, mais vous avez déjà
fait les premiers pas. Vous savez maintenant que la réalité n'est
pas toujours ce quelle semble être. Dépassons nos préjugés,
nos certitudes. Pensons au travail colossal que nos anciens ont
accompli pour que cette Connaissance nous parvienne. Soyons les
dignes apprentis qui, un jour, transmettront comme nous avons
reçu. Pour que la chaîne de la Lumière ne soit jamais rompue.
- 102 -
Bibliographie
LES DIX LIVRES

INDISPENSABLES
• Les figures hiérogliphiques, Nicolas Flamel, 1612
• Les douze clefs de la philosophie, Basile Valentin, 1618
• Le traité de l'.Azoth, Basile Valentin, 1618
• Le char triomphant de l'antimoine, Basile Valentin
• Le Mutus Liber, édition de la Rochelle, 1677
• Œuvres diverses, Cyrano de Bergerac, 1710
• Cours de chymie, Nicolas Lémery, 4• édition, 1757
• Dictionnaire mytho-hermétique, Dom Pemety, 1758
• Le mystère des cathédrales, Fulcanelli, 1926
• Les demeures philosophales, Fulcanelli, 1930
• 103.
Chapitre I • Le lieu ............................................................................. 9

:Limplantation ...............................................................................................................9
Des vagues de terre ....................................................................................................9
Le mystère des 47° .................................................................................................. 11
Le puits des saints-forts ...................................................................................... 12
La colonne de la crypte ........................................................................................ 13
Notre-dame-sous-terre ....................................................................................... 15
Chapitre 11 • Les deux tours ........................................................................ 17

La tour de la lune ..................................................................................................... 17
La tour du soleil ........................................................................................................ 19
Le mystère des tours inversées ....................................................................... 21
Les deux points mystiques ................................................................................ 22
Les vitraux ..................................................................................................................... 24
Chapitre Ill• Les 4 éléments de la façade ouest .................... 29

Géométrie ......................................................................................................................29
Le portail du christ ................................................................................................. 32
Chapitre IV• L'ange .............................................................................................. 37
Chapitre v • L'âne et le taureau ................................................................. 39

l.'.âne à la lyre ................................................................................................................ 39
Le taureau ...................................................................................................................... 41
Chapitre VI + L'horloge du portail nord ..........................................43
• 104.
TABLB DBS MATIÈRES
Partie 11. Le voyage ................................................................................................ 45

Le zodiaque de la porte nord ..........................................................................45
Étape 1
La pierre de décharge .................................................................................... 48
Étape 11 ............................................................................................................................. 50
La vierge noire ....................................................................................................... 50
Le pilier nord • l'argent ........................................................................................50
Isis ....................................................................................................................................... 51
Étape III ........................................................................................................................... 55

Le zodiaque de verre ...................................................................................... 55
Lignes du monde et coquilles saint-jacques ......................................... 57
Étape IV .............................................................................................................................. 58
Notre-dame de la belle verrière ................................................................58
Étapev ............................................................................................................................... 61
Le clou de la Saint-Jean ............................................................................... 61
Le solstice d'été et l'horloge céleste ............................................................. 61
Horloge céleste .......................................................................................................... 63
Étapev1 .............................................................................................................................. 64
Le labyrinthe ........................................................................................................... 64
Le combat de thésée et du minotaure ...................................................... 66
La rose .............................................................................................................................. 67
Étape VII ........................................................................................................................... 69

La pierre d'équilibre ........................................................................................69
Le portail sud ......................................................................................................... 73
• IOS •
Série 1 .................................................................................................................................. 75
Lhomme qui tombe de son cheval ............................................................. 75
Le corbeau ..................................................................................................................... 76
Hercule ............................................................................................................................ 77
Le caducée de mercure ......................................................................................... 78
Les deux natures .......................................................................................................79
La rose et la plume .................................................................................................. 80
Les rois musiciens .................................................................................................... 81
Série 2 .................................................................................................................................. 83
Le lion vert .................................................................................................................... 84
Le lièvre ...........................................................................................................................85
La reine ............................................................................................................................ 86
La cohabitation pacifique des contraires ................................................87
Série 3 .................................................................................................................................. 89
Les noces chymiques ............................................................................................... 90
La nature .......................................................................................................................... 91
!.ecclésiastique .............................................................................................................. 92
Le dragon .........................................................................................................................93
Le dépouillement ....................................................................................................... 94
La couronne ................................................................................................................... 95
Le sel .................................................................................................................................... 96
Série 4 .................................................................................................................................. 97
Le bélier ...........................................................................................................................98
Un homme percé par son épée ...................................................................... 99
LOriflamme .................................................................................................................100
Le dieu pan .................................................................................................................101
Conclusion ....................................................................................................................102
Bibliographie .............................................................................................................. 103
Annexes ...........................................................................................................................107
-1o6.
Annexe 1
EXERCICE DU SERPENT
A ssis en tailleur, les fesses bien calées au sol, lexercice du serpent

est un mouvement alternatif et latéral du bassin de droite à
gauche. Les fesses restent toujours en contact avec le sol. Le dos
doit toujours être perpendiculaire au sol.
l"'temps:
• le corps fait un mouvement de glissement latéral du côté droit à
partir des lombaires ;
• le dos et la tête accompagnent le mouvement en restant droit ;
• arrivé côté droit, la tête tombe sur l'épaule droite.
2•temps:
• le corps fait un mouvement de glissement latéral du côté gauche,
• la tête toujours du côté droit ;
• arrivé côté gauche, la tête bascule côté gauche.
Reprendre premier temps.
En enchaînant ces deux séquences, il s'induit un mouvement

sinusoïdal, comme le mouvement d'une algue dans l'eau.
Ce mouvement produit des bâillements. N'hésitez pas à les faire
bruyamment. Si votre nez coule, mouchez-vous.
Cet exercice peut se prolonger cinq minutes.
• 107·
CHARTRBS, CATHBDRALB ALCHIMIQUB BT MAÇONNIQUE
LA RESPIRATION
SECONDE
lertemps:
• assis confortablement, le dos bien droit, inspirez profondément ;
• restez une seconde dans cette position.
2•temps:
• sans expirer, inspirez encore en ouvrant bien la cage thoracique
en ayant l'impression que les poumons gonAent sous les clavicules.
3• temps:
• expirez sans forcer, en laissant juste les épaules retomber.
Cet exercice peut se faire deux ou trois fois (le faire plus peut
entraîner des problèmes d'hyperventilation) .
• 108.
Annexe 2
STÉRÉOGRAMME
Mode d'emploi
U ne des techniques consiste à se rapprocher tout près de l'image,

le nez à quelques centimètres de sa surface puis regarder au loin,
au-delà de la feuille comme si on voulait regarder à travers, sans
chercher à focaliser.
À ce stade, votre vision est donc floue, ne cherchez pas à voir

quelque chose. Au bout de quelques secondes, éloignez-vous petit
à petit de l'image et toujours sans chercher à focaliser.
Quand la distance atteindra 50 cm, ne bougez plus et attendez que

l'image apparaisse.
- 109-
PLAN GÉNÉRAL
,
DE LA CATHEDRALE
DE CHARTRES
Achevé d'imprimer en juin 2019 en France par PRÉSENCE GRAPHIQUE

2, rue de la Pinsonnière - 37260 MONTS
N° d'imprimeur: 061963353
Dépôt légal: novembre 2012

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Chartres, Cathédrale Alchimique Et Maçonnique by Patrick Burensteinas

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Chartres, Cathédrale Alchimique Et Maçonnique by Patrick Burensteinas

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CHARTRES

• La Trame - Se soigner par l'énergie du monde,

• Le Disciple - Trois contes alchimiques,

• De la Matière à la Lumière -pierre philosophale,

Maquette : François Le Maël - idee.graphic@free.fr

Tous droits de reproduction, de traduction, et d'adaptation réservés pour tout pays.

© 2012 Éditions Trajectoire

ra ien que les cathédrales ne fussent pas faites pour parler

Même si la fonction première de cet édifice est essentiellement

Des architectes, tailleurs de pierre, charpentiers, forgerons, verriers,

Alors, comment faire :

C'est cette histoire que je m'en vais vous conter.

Ce voyage, avec ses divers arrêts et expériences à vivre nest qu'une

Vous qui allez accomplir ce chemin, faites-le sans hâte et avec

C'est la seule manière de recevoir le tout.

Comment utiliser ce livre.

Une fois en place, retournez le plan. Au verso, reportez-vous à la

Puis, passez au suivant jusqu'à ressortir de la cathédrale.

Vous aurez alors accompli votre chemin initiatique.

Il est préférable de faire le chemin en entier. Néanmoins, vous

En vous souhaitant un merveilleux voyage dans ce lieu unique.

C'est après un long périple, une longue marche que le pèlerin

À la descente, c'est le travail sur soi qui est important. Cest un

À la remontée, possédant maintenant la matière première

Nous le découvrirons lors de notre voyage, mais sachez dès à

Des vagues de terre

Les éléments ont toujours influencé le monde qui nous entoure.

Placez du sable sur une enceinte acoustique. Les vibrations du

Faisons l'analogie avec la Terre. Si celle-ci a une forme, cela signifie

Les matériaux faisant résistance créent des concentrations

Touchée par lënergie qui parcourt cette ligne, toute la cathédrale

Les bâtisseurs étaient-ils désorientés ~

La cathédrale gothique fut construite sur les plans d'une ancienne

Le bâtiment de pierre prend son orientation dans le sens des

Si cette embarcation ne nous fait pas voyager dans la matière,

Le puits des Saints-Forts

« Du mâle et de la femelle, fais un cercle, puis, de là,

Le moine chartrain, qui rédigea, vers 1080, le Cartulaire de l'abbaye

Mais l'année suivante, lors de la même procession, on fut étonné

Bien sûr, pour l'alchimiste, le puits représente le creuset, celui qui

Cette quintessence, qui est ce feu secret, l'ultime lumière cachée

À côté du puits des Saints-Forts,

11nergie jaillissante du puits est

Dans les lieux de culte en général, et dans les églises en particulier,

La base du puits se situe 37 mètres sous le sol de la cathédrale. Or

Si on regarde le bâtiment en coupe, on s'aperçoit qu'il est

Quand la marée de terre vient

rythme de no·; c'est-à-dire une minute dans un sens du bas vers

P rès de la colonne, au nord de la crypte, se situe

Traditionnellement, les vierges noires

Placez-vous à la verticale de la main et fermez les yeux. Un flux

Le travail du sous-sol est

LES DEUX TOURS

On a toujours associé la Lune à l'argent, à un principe féminin.

Cette tour fonctionne telle une éponge. Elle

Les vitraux en alignement avec cette

La lumière que nous voyons

Les symboles alchimiques

Les symboles maçonniques

Au bout d'une ou deux minutes,

C'est la meilleure manière de se

Notons quen inclinant la

L' autre tour placée sur la gauche est complètement différente.

(Avoir le« soufre en ce»= la souf&ance)

Cette tour fonctionne comme une fontaine.