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Université Paris Nord

Pierre Busuttil

Les verbes complexes en anglais contemporain

Verbes prépositionnels et verbes adverbiés

Thèse de doctorat

1994

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p INTRODUCTION

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Tout apprenant de l'anglais langue seconde se heurte un jour au


problème de la compréhension, puis de la maîtrise d'énoncés tels que:

I was only sticking up for my country (VERBE 2874)

en raison des groupes verbaux composés qu'ils contiennent, et qui


sont communément nommés en français "verbes composés", "verbes
complexes" ou "verbes à particule", et en anglais "phrasal verbs".
Quelquefois, le contexte peut aider, comme c'est le cas dans l'énoncé
qui précède (la défense d'un jeune anglais condamné pour avoir porté
sur son gilet une inscription grossière et insultante à l'égard des
Argentins, en 1982, pendant la guerre des Malouines) et permettre
une déduction du sens (ici équivalent à "support").

D'autres fois le contexte n'est pas d'un très grand secours,

It had grown dark, the rain was letting up, and I sat reading
the engineer's newspaper (VERBE 1754),

l'apprenant en est alors réduit à faire des suppositions vraisemblables,


ou à se reporter à un dictionnaire (général, ou dictionnaire de "verbes
à particule") pour découvrir le sens (ici équivalent à "slacken").

D'autres fois encore, ce sont le contexte et les suppositions qui


peuvent permettre de comprendre:

'Human,' Felix called, and his servant squelched over.


(VERBE 1558)

(l'énoncé qui précède notre exemple est le suivant: The rain seemed to
have slackened a bit. Under a tree he saw Human crouched over a small
fire.), mais il est strictement impossible d'essayer de remplacer le
verbe à particule par un synonyme ou un "parent proche" car celui-ci
n'est pas lexicalisé. Le traducteur éventuel en est alors réduit à la
paraphrase plus ou moins heureuse.

La consultation d'ouvrages spécialisés (en général en langue anglaise)


n'apporte pas d'aide véritablement efficace. On se rend vite compte
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que les définitions varient selon les auteurs, et qu'il est très difficile de
spécifier ce qu'est véritablement un "verbe à particule". S'il est
communément admis que STICK UP et LET UP font partie de la
catégorie, il n'est pas du tout aussi aisé, à notre avis, de l'affirmer
pour un composé comme SQUELCH OVER.

Tenter d'expliquer comment sont formées ces combinaisons complexes


est la raison principale qui nous a encouragé à entreprendre ce
travail, mais ce n'est pas la seule.

Nous avons toujours été troublé par l'appellation "particule" pour


désigner les deuxièmes termes de ces combinaisons, car il nous
semblait presque toujours, intuitivement, que la fonction de ces
deuxièmes termes s'apparentait très souvent, soit à celle d'un adverbe,
soit à celle d'une préposition, et nous n'avons pas trouvé de raison
convaincante à l'adoption du terme, si ce n'est justement qu'il permet
une dérobade élégante.

L'étude des dictionnaires de "phrasal verbs" compilés par des


anglophones n'est pas d'un grand secours non plus, et une évidence
s'impose très vite: la définition du "phrasal verb" varie selon les
ouvrages. D'une manière générale, on trouve trois définitions
principales:

− Pour certains, un "phrasal verb" est un assemblage VERBE +


PARTICULE,
− Pour d'autres il faut inclure aussi certains assemblages VERBE +
PRÉPOSITION,
− Pour d'autres encore les "phrasal verbs" sont des assemblages
VERBE+PARTICULE ou VERBE + PRÉPOSITION à condition que
leur sens soit "idiomatique".

Dans presque tous les cas, il est question, comme dans les ouvrages
de grammaire écrits par des francophones, de "particules", sans pour
autant qu'une définition satisfaisante du terme soit donnée.

Par définition satisfaisante, nous entendons une définition apte à


nous permettre de déterminer, sans équivoque, les caractéristiques
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qui permettent de les distinguer, d'une part, des adverbes, et d'autre


part, des prépositions.

Le seul critère de discrimination qui apparaisse clairement dans ces


ouvrages est celui de l'idiomaticité. Ainsi, dans les énoncés qui
suivent:

The intention seems to have been to put up a building in


which the portrait of the Kaiser could be hung and not look out
of place. (VERBE 1748)

Mr Bernard said "Where are you putting up?" I said I didn't


have the slightest idea. (VERBE 1806)

les deux instances de PUT UP sont en général dites idiomatiques, mais


la deuxième est, presque toujours, jugée plus idiomatique que la
première.

Nous n'avons pu nous satisfaire du caractère imprécis d'une telle


explication, qui conduit le lexicologue, soit à accepter (ou rejeter) des
combinaisons verbales par application de critères de discrimination
purement subjectifs, soit à tout accepter, sans pour autant être
certain d'être exhaustif. C'est ainsi, par exemple, qu'un des
dictionnaires de "phrasal verbs" avec lesquels nous avons travaillé ne
comporte pas moins de quarante-deux entrées à la rubrique GO TO,
dont aucune n'est, à notre avis, un véritable "phrasal verb" (Courtney
pp. 260-261).

La question de la classification des "phrasal verbs" est, certes, un


problème très difficile à résoudre, et nous ne pensons pas en détenir
la solution définitive. Nous n'avons pas, non plus, l'ambition
d'élaborer un dictionnaire de "phrasal verbs". Le but de notre travail
est autre, et sera divisé en trois parties essentielles:

1. Analyser quelques-uns des dictionnaires de "phrasal verbs" les


plus courants ainsi que des ouvrages de grammaire traitant de la
question en vue d'établir une synthèse de leurs conclusions et de

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mettre en relief leurs points de convergence et leurs points de


divergence.

2. Essayer de montrer comment, à notre sens, sont formés les


"phrasal verbs", de déterminer si le terme "particule" est
véritablement adéquat, et de proposer une classification
permettant de pallier les imprécisions dues aux expressions
"phrasal verb" et "verbe à particule".

3. Proposer une analyse de notre corpus qui fera ressortir les


adverbes, prépositions, adjectifs et verbes qui se prêtent le plus
facilement à ces combinaisons complexes, et d'établir les
principales grandes catégories de sens.

Nous ne tenterons pas d'inclure le système des verbes complexes, tel


que nous l'aurons décrit, dans une quelconque des théories de la
grammaire de l'anglais. Nous nous inspirerons, cependant, à chacune
des étapes de notre démarche, des travaux de nos prédécesseurs.

Notre approche sera à la fois pratique et théorique: de l'observation de


réalités avérées (les énoncés extraits de notre corpus), nous nous
efforcerons de déduire quelques-uns des principes fondamentaux de
formation des verbes complexes, dans l'espoir d'aider les apprenants
francophones dans deux tâches principales:

− la compréhension des énoncés contenant ce type de verbe, même


dans le cas où leur sens ne semble pas être la somme des sens de
leurs éléments constitutifs,
− la détermination du caractère vraisemblable ou non d'une
combinaison complexe verbe + adverbe ou verbe + préposition,
qu'ils seraient éventuellement amenés à formuler eux-mêmes.

Nous nous efforcerons de garder la plus grande prudence dans la


formulation de nos jugements, et nous attacherons à garder toujours
présente à l'esprit l'opinion de Paul Bénichou, exprimée dans Critique
de la Critique, un roman d'apprentissage (Tzvetan Todorov : Paris Seuil
1984):
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" [...] Je crois qu'on abuse aujourd'hui du mot de méthode, parce qu'il suggère l'idée d'un projet
scientifique: en fait on l'emploie pour désigner des systèmes préconçus d'interprétation et des
démarches arbitraires qui sont parfois, je crois, aux antipodes de l'esprit scientifique."

Nous espérons, par notre réflexion sur ce phénomène, très riche en


anglais et pratiquement inexistant en français, contribuer à une
meilleure compréhension du problème et faciliter la tâche des
apprenants de l'anglais.

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Chapitre 1 Questions de définitions
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p 1. QUESTIONS DE DÉFINITIONS

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Chapitre 1 Questions de définitions
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L'appellation "VERBE COMPLEXE" est un raccourci pratique mais peu


précis pour désigner l'objet de cette thèse. La meilleure preuve en est
que les anglophones disposent de plusieurs appellations pour des
constructions verbales qui se ressemblent et dont les emplois parfois
se recoupent: ces appellations tendent à désigner soit une classe, soit
des emplois plus spécifiques. Elles sont malheureusement souvent
aussi peu précises que l'appellation française "verbe complexe":

1.1 Appellations de classe

- COMPOUND VERBS

- MULTI-WORD VERBS

Sous l'une ou l'autre de ces appellations génériques peuvent


figurer toutes sortes de verbes, pourvu qu'ils soient formés de
plusieurs mots (noms, adjectifs, verbes, "particules", adverbes,
prépositions). Nous conservons, pour l'heure, ici le terme
"particule". Bien qu'il ne nous donne pas satisfaction, nous
l'utilisons, comme le font Quirk et al. dans A Comprehensive
Grammar Of The English Language, pour son caractère "neutre"
(Op. Cit. 1985: p. 1150):

"The words which follow the lexical verb in expressions like drink up, dispose
of, and get away with are morphologically invariable, and will be given the
neutral designation PARTICLES. They actually belong to two distinct but
overlapping categories, that of prepositions and that of spatial adverbs though
such adverbs are not necessarily used with spatial meaning."

1.2 Diverses constructions verbales composées possibles

1) VERBE + VERBE
I don't know how she makes do on so small an income (Wood
p. 176)

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Chapitre 1 Questions de définitions
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2) NOM + VERBE
There were complaints of racial slurs and manhandling
(Collins p. 883)
A young accountant masterminded the take-over of the
company (Collins p. 893)

3) ADJECTIF + VERBE
That's the second time I have been short-changed in that
shop (Collins p. 1340)

4) ADVERBE + VERBE
If you back-comb your hair you brush it towards your scalp
rather than away from it (Collins p. 92)

5) ADJECTIF + NOM
Lendl double-faulted his way out of the tournament
(VERBE 691)

6) NOM + NOM
Stop pussyfooting and get on with it ! (Collins p. 1170)

7) PARTICULE + VERBE
You will get the settee through the doorway more easily if you
up-end it (Wood p. 301)
To download characters this switch must be off (mode
d'emploi imprimante)
Zürich's needle park is overrun with junkies (VERBE1574)

8) VERBE + PRÉPOSITION + COMPLÉMENT


She looked at women... running across the street to join in.
(VERBE1003)

9) VERBE + COMPLÉMENT 1 + PRÉPOSITION +


COMPLÉMENT 2
How soon are you ready to make the first payment and take
the Falcon off my hands ? (VERBE1275)
In fact he had been feeling his way around the United States
for a couple of years now (VERBE1440)
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Chapitre 1 Questions de définitions
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10) VERBE + ADJECTIF


I wanted to make happy the bruised face of the woman who
would become my mother (VERBE 2779)

11) VERBE + PARTICULE


The boy put away one of his pistols and he came up close
behind Spade (VERBE1272)
Yes, they were all nice, they rubbed along happily
(VERBE1049)

12) VERBE + PARTICULE + PRÉPOSITION


'How long have you been out here ?' / 'Getting on for three
years' (VERBE1087)
You have to get on the phone right now and fix up with
someone to get the money for you (VERBE1433)

13) VERBE + COMPLÉMENT 1 + PARTICULE +


PRÉPOSITION + COMPLÉMENT 2
He pushed his way on through the crowd (VERBE1036)
WAY semblant être un complément 1 privilégié.

Les catégories (7) à (13) avec les divers agencements


VERBE/PARTICULE/PREPOSITION possibles constituent pour
les apprenants de l'anglais un domaine d'étude très riche. C'est
ce domaine qui nous intéresse principalement et qui constituera
le centre de notre étude.

Ces divers agencements peuvent être regroupés en catégories


distinctes. Nous reprenons ici pour l'instant les classifications de
Chalker (1984) et de Quirk et al. (1985).

1.3 Distinction complémentaire

Dans un but de clarté, nous établissons une distinction entre les


diverses combinaisons possibles.
Nous traiterons séparément, d'une part, les catégories 2, 3, 4, 5
et 6 (c'est-à-dire les composés du type N+V, ADJ+V, ADV+V,
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Chapitre 1 Questions de définitions
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ADJ+NOM et N+N), et d'autre part, les catégories 1 et 7 à 13,


dans le but d'établir une nouvelle classification, qui nous
conduira à trouver des appellations différentes pour les catégories
que nous aurons mises en évidence.

1.4 Agencements VERBE/PARTICULE/PRÉPOSITION

- PREPOSITIONAL VERBS
- PHRASAL VERBS (intransitive)
- PHRASAL VERBS (with objects)
- PHRASAL PREPOSITIONAL VERBS

Si nous avons, au début de notre travail, repris les appellations


anglaises, c'est pour une raison essentielle: l'adaptation en français de
l'expression "prepositional verb" ne pose aucun problème, mais il n'en
va pas de même pour l'expression "phrasal verb". Il n'est que de voir
les diverses définitions de ce qu'est exactement un "phrasal verb" dans
les ouvrages traitant du sujet pour avoir un aperçu de la difficulté.

L'analyse critique qui est l'objet du chapitre suivant a deux buts


essentiels:

− mettre en évidence les critères de reconnaissance des "phrasal


verbs" exposés par les différents auteurs, afin d'en élucider les
points de convergence et les points de divergence,

− nous permettre ensuite, à partir des critères ainsi révélés, de


proposer notre propre analyse ainsi que notre classification.

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Chapitre 2 Analyse d'ouvrages traitant de la question des verbes complexes
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p 2. ANALYSE D'OUVRAGES TRAITANT


DE LA QUESTION DES VERBES COMPLEXES

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Chapitre 2 Analyse d'ouvrages traitant de la question des verbes complexes
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Une telle analyse ne saurait être exhaustive, aussi avons nous


choisi de nous limiter à trois types d'ouvrages qui sont, à notre
sens, représentatifs des travaux facilement disponibles traitant
du sujet qui nous occupe. Leur classement est chronologique,
sauf pour l'ouvrage de R. Quirk et al..

Les ouvrages

Les trois dictionnaires de "phrasal verbs" à notre avis les plus


connus :

Dictionary of English Tom McArthur and Beryl Collins 1974


Phrasal Verbs and their Atkins
Idioms
Dictionary of Phrasal Verbs Rosemary Courtney Longman 1983
Oxford Dictionary of Current A.P. Cowie and R. Mackin OUP 1975-
Idiomatic English (Vol.1 85
Phrasal Verbs)

Trois ouvrages de grammaire anglaise écrits par des auteurs


anglophones:

Current English Grammar Sylvia Chalker MacMillan 1984


Collins COBUILD English Collins 1990
Grammar
A Comprehensive Grammar Randolph Quirk, Longman 1985
of the English Language Sydney Greenbaum,
Geoffrey Leech,
Jan Svartvik

Deux ouvrages de grammaire anglaise écrits par des auteurs


francophones:

Grammaire Anglaise Jacques Roggero Nathan 1979


Grammaire Explicative Paul Larreya et Claude Longman 1991
Rivière

Ces deux derniers ouvrages ne sont pas choisis de manière


arbitraire; en effet, peu d'autres grammaires anglaises écrites par
des francophones traitent de ce sujet: la question des "phrasal
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Chapitre 2 Analyse d'ouvrages traitant de la question des verbes complexes
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verbs" n'est abordée de façon systématique ni dans la Grammaire


Linguistique de l'Anglais de H. Adamczewski (Armand
Colin: 1982), ni dans la Grammaire Systématique de l'Anglais
d'A. Joly et D. 0'Kelly (Nathan: 1990). J-R. Lapaire et W. Rotgé
consacrent une page au sujet dans Linguistique et Grammaire de
l'Anglais (PUM: 1991, p. 343). J-C. Souesme, cependant,
consacre un chapitre à la question (Prépositions, adverbes et
particules) dans sa Grammaire Anglaise en Contexte
(Ophrys: 1992, pp. 41 à 53), dans lequel il reprend, pour
l'essentiel, les analyses et classifications de F.R. Palmer (The
English Verb 2° edition, Longman 1965-87) et de S. Chalker
(MacMillan: 1984), dont nous étudions et commentons les
travaux par ailleurs.

Il est trois ouvrages que nous ne passerons bien évidemment pas


sous silence, car ils ont constitué pour nous une base de
réflexion et de travail:

− The Phrasal Verb in English de D. Bolinger (Harvard 1971),


− The English Verb (Second Edition) de F.R. Palmer (Longman
Linguistics Library 1987)
− Verbes à Particule et Structuration de L'Énoncé Anglais de
Patrick Getliffe (Thèse de doctorat, Université de la Sorbonne
Nouvelle 1990), qui nous a précédé et a placé sa recherche
"dans la lignée des travaux d'Henri Adamczewski et Claude
Delmas" (1990: p. 7).

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Chapitre 2 Analyse d'ouvrages traitant de la question des verbes complexes
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2.1 Dictionary of English Phrasal Verbs and their


Idioms (Collins: 1974)

Pour les auteurs de ce dictionnaire, un "phrasal verb" est le


résultat de la combinaison d'un verbe "plutôt simple,
monosyllabique (put, take, get etc.) et d'un certain nombre de
particules (on, up, out, etc.)". Ils ajoutent (1974: p. 5):

"The combination is nowadays called phrasal, because, on paper, it presents


the appearance of a two-word phrase rather than a single item.".

On ne peut manquer de noter, dès les premières pages,


l'ambiguïté qui entache cette tentative de définition. En effet tous
les composés VERBE+PARTICULE répondent à cette définition,
qu'ils soient "phrasal" ou "prepositional". Le terme "phrasal" sert
ici à décrire l'aspect composé de l'expression. On verra que ce
n'est pas toujours le cas. Les auteurs distinguent ensuite deux
catégories de "phrasal verbs": les transitifs et les intransitifs.
Parmi les transitifs, ils distinguent deux sous-catégories, ceux qui
sont séparables et ceux qui ne le sont pas.

2.1.1 Verbes séparables

Selon les auteurs, la grande majorité des "phrasal verbs"


appartient à cette première catégorie, mais pour que le verbe
puisse être séparable il faut que son complément soit un
nom. Pour PICK UP, par exemple, on peut trouver les
formes:
He picked the book up
ou
He picked up the book
mais si le complément est pronominal, on a obligatoirement:
He picked it up

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2.1.2 Verbes non séparables

Les auteurs notent que dans les verbes non séparables la


particule a en fait été 'volée' à une autre expression
(1974: p.7):

"The particle in a fused phrasal verb has in effect been 'stolen' from
another phrase. The result is a special idiom and the fused structure
should be spoken and thought of as a unit."

The man came across his friend


doit être pensé comme
[the man] [came across] [his friend]
et non comme
[the man] [came] [across his friend].
Nous admettons bien volontiers que, dans ce cas, verbe et
particule soient inséparables, mais les auteurs ne nous
expliquent pas pourquoi il en est ainsi. Ils ne nous
expliquent pas non plus à quelle autre expression la
particule a été "volée".

D'autre part, toujours selon le même ouvrage, il existe


"plusieurs degrés 'd'inséparabilité'" surtout dans le cas des
"phrasal verbs" intransitifs suivis de prépositions comme AT
(1974: p. 8):

"In some instances it makes more sense to treat these as phrasal verbs
followed by an unattached preposition, while in other metaphoric
instances it is best to take them as a fused whole."

Ainsi l'expression KEEP ON AT est-elle traitée comme un


seul "phrasal verb" quand elle est l'équivalent de NAG.

Il ne nous semble pas que cette manière de procéder


permette de résoudre tous les problèmes qui se posent à qui
souhaite comprendre les mécanismes auxquels obéit la
formation de ces verbes complexes, ne serait-ce que parce
qu'affirmer que l'expression citée est considérée comme un
tout quand elle signifie NAG laisse entendre qu'elle peut
avoir d'autres sens, ce qui, selon l'opinion des auteurs, n'est

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Chapitre 2 Analyse d'ouvrages traitant de la question des verbes complexes
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absolument pas le cas (voir la page 124 du dictionnaire). Ils


oublient ce faisant un emploi comme:
Keep on at it !
tout à fait "idiomatique", et dont le sens n'a, apparemment,
pas grand-chose à voir avec celui du verbe NAG.

S'il fallait encore se convaincre que ce regroupement est


artificiel, il suffirait d'essayer d'appliquer la loi énoncée un
peu plus haut pour voir si l'expression KEEP ON AT s'y plie.
Est-il vraiment possible de considérer et d'énoncer
l'expression comme un tout inséparable dans l'exemple
qu'en donnent les auteurs ?

I wish you wouldn't keep on at me the whole time

Cet énoncé doit se décomposer comme


[I wish] [you wouldn't keep on] [at me] [the whole time]
et non comme
[I wish] [you wouldn't keep on at] [me] [the whole time].
Un accent marqué vient se placer sur le ON de KEEP ON et
peut être suivi d'une interruption avant la suite de l'énoncé.
Mais s'il y a interruption, elle doit logiquement se situer
avant le AT et non après, provoquant ainsi la rupture de
l'ensemble KEEP ON AT, qui est à notre avis une
construction pratique pour le lexicologue, mais qui, dans la
pratique, n'est certainement pas lexicalisé sous cette forme.
Ne serait-il pas plus simple d'affirmer que AT conserve son
statut de préposition et a pour fonction d'introduire le
complément ME ?

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2.2 Dictionary of Phrasal Verbs (Longman: 1983)

Pour Courtney, un "phrasal verb" est une combinaison


idiomatique qui peut revêtir trois formes:
a) VERBE + ADVERBE
The salesman finds it easy to take in old ladies and
persuade them to give him their money (p. 648)
The old lady was taken in (= deceived) by the salesman
(Introduction) 1
b) VERBE + PRÉPOSITION
She set about (=started) making a new dress
c) VERBE + ADVERBE + PRÉPOSITION
I can't put up with him - he's always complaining
Elle ajoute cependant: "Souvent une combinaison verbale du type
VERBE+ADVERBE ou VERBE+PRÉPOSITION peut avoir non
seulement son sens normal 2 mais également un sens totalement
différent. La combinaison de HOLD et UP, par exemple, peut être
utilisée avec son sens normal:

Hold up your right hand and repeat these words after me.

Mais elle peut aussi avoir un sens complètement différent (arrêter


par force avec l'intention de voler) comme dans:

The criminals held up the train and stole all the passengers'
money.

Dans ce cas le sens de l'expression ne peut pas être déduit du


seul verbe. Il s'agit d'un exemple de 'phrasal verb'... HOLD UP a
donc à la fois un sens normal et un sens idiomatique 3)" (0p.Cit.
p.2 ?)4.

Que penser d'une telle définition ? Faut-il en conclure que le


sens "idiomatique" n'est pas "normal" ?

1 Les pages d'introduction ne sont pas numérotées.


2 C'est nous qui soulignons.
3 C'est nous qui soulignons.
4 Les pages d'introduction ne sont pas numérotées.
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Cette classification est différente de celle de McArthur et Atkins


sur deux points:

1) Elle ne range pas dans la classe des "phrasal verbs" les verbes
simplement prépositionnels comme WALK+ALONG dans

The girl walked along the road.

Cela rend incontestablement les choses un peu plus claires.

Il semble que pour mériter l'appellation "phrasal verb" une


combinaison VERBE+PARTICULE ou VERBE+ADVERBE doive
avoir un sens "idiomatique". Nous y reviendrons, mais nous
pouvons d'ores et déjà nous demander si "idiomatique" signifie
essentiellement "non accessible au non-anglophone", sinon par
imitation. Cependant nous verrons un peu plus loin que la
frontière entre verbes prépositionnels "idiomatiques" et "non
idiomatiques" n'est pas vraiment très nette.

2) Elle ne fait aucune distinction entre "phrasal verbs" séparables


et non séparables.

Si la différence entre "prepositional verb" et "phrasal verb" est


maintenant établie pour l'auteur, nous ne pouvons cependant
manquer de noter que la limite entre les deux catégories reste
floue. Il suffit de reprendre les exemples (a) et (b) pour s'en
convaincre. Selon la définition de l'auteur, IN dans (a) est un
adverbe. Il modifie donc le verbe TAKE et l'expression TAKE IN
forme un tout inséparable qui doit s'entendre comme:

[The old lady] [was taken in] [by the salesman],

ce qui semble être le reflet logique de la réalité. D'autant plus que


si l'on exprime la même réalité à la voix active, on obtient l'entité
logique correspondante:

[The salesman] [took in] [the old lady]

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Chapitre 2 Analyse d'ouvrages traitant de la question des verbes complexes
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où l'expression TAKE IN (=deceive) doit, en général, rester soudée


pour conserver son sens "idiomatique".
On peut comparer cet emploi "idiomatique" à un autre emploi
"idiomatique" de l'expression dans:

d) A gas lamp on the wall was turned down low. Felix's


nervous glance took in a single cast iron bed (VERBE1532)

où l'entité TAKE IN conserve son caractère "idiomatique" mais a


un sens sensiblement différent. L'énoncé doit bien s'entendre
comme:

[Felix's nervous glance] [took in] [a single cast iron bed],

et non comme:

[K Felix's nervous glance] [took] [in a single cast iron bed].

Dans les deux cas TAKE+IN forment un bloc logique qui peut
avoir plusieurs sens, à notre avis liés. Et si l'on veut que le sens
global de l'expression soit conservé, on préfèrera ne pas opérer de
rupture physique du bloc TAKE IN comme dans:

The salesman took the old lady in


K•Felix's nervous glance took a single cast iron bed in

Dans le premier cas, l'énoncé entier pourrait très bien avoir un


sens tout à fait différent, et, dans le deuxième, il serait tout
simplement dénué de sens. Notons d'ailleurs que le schéma
intonatif des énoncés (a) et (d) confirme les faits: dans les deux
cas IN est accentué, et si une interruption est marquée dans
l'énoncé, elle intervient après IN et non avant.

Procédons maintenant à l'analyse de l'exemple (b) où, pour


Courtney, la combinaison SET ABOUT est un "phrasal verb"
composé d'un verbe et d'une préposition.

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Chapitre 2 Analyse d'ouvrages traitant de la question des verbes complexes
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Si l'on se réfère à quelques définitions couramment acceptées des


prépositions 5, il doit exister dans l'exemple ci-après un lien entre
le verbe SET et la nominalisation MAKING A NEW DRESS, ce lien
étant la préposition ABOUT selon le schéma suivant:

[She] [set] [ABOUT] [making a new dress]

comme si MAKING A NEW DRESS était une nominalisation


complément d'objet indirect du verbe SET.

Toujours suivant le même principe, l'expression devrait s'énoncer


comme:

[She] [set] [about making a new dress],

sans accentuation tonique particulière sur ABOUT 6, et dans le


cas d'une interruption, celle-ci devrait se trouver avant ABOUT et
non après. Or la réalité est bien différente, SET ABOUT est un
bloc logique qui signifie "se mettre à, commencer" et l'énoncé
s'entend le plus souvent comme:

[She] [set about] [making a new dress]

5Préposition = Mot grammatical invariable, introduisant un complément en


marquant le rapport qui unit ce complément au mot complété "La préposition est
un instrument de détermination et de liaison" (DAUZAT).
Le Petit Robert 1981.

Preposition = One of the parts of speech; an indeclinable word or particle serving to


mark the relation between two notional words, the latter of which is usually a
substantive or a pronoun; as, sow in hope, good for food etc. The following
substantive is said to be 'governed' by the preposition.
The Shorter Oxford English Dictionary (OUP 1965).

There are several points of similarity between prepositions and other word classes
and constructions in English grammar, in particular conjunctions and adverbs, but
also participles and adjectives...
In certain cases, the same items can function both as prepositions and
conjunctions, e.g.: after, as, before, since, until...
One distinguishing criterion between the two word classes is that prepositions
introduce complements which are nominal or nominalized...
A Comprehensive Grammar Of The English Language R. Quirk, S. Greenbaum,
G. Leech et J. Svartik (LONGMAN 1985).
6 Accentuation non différente de l'accentuation habituelle de la deuxième syllabe
des prépositions bisyllabiques.
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Chapitre 2 Analyse d'ouvrages traitant de la question des verbes complexes
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la rupture intonative intervenant, le cas échéant, après ABOUT et


non avant. Il convient de se demander pourquoi l'auteur confère
un statut d'adverbe au IN de l'exemple (a) et un statut de
préposition au ABOUT de l'exemple (b). Si l'on peut admettre que
IN ne soit pas une préposition dans la glose à la voix active de
l'exemple (a) car il n'opère aucune liaison entre un verbe et un
(pro)nom, il est plus difficile de dire la même chose de l'exemple
(b). En effet, la plupart des dictionnaires donnent pour le verbe
SET pris isolément des constructions du type V, V+O ou
V+PRÉPOSITION+O. Nous nous en tiendrons ici à ces quelques
exemples du COLLINS COBUILD 7:

Leave the Jelly to cool and set


The government set a minimum price of £1.15
She took out a sheaf of papers which she set before him.
etc.

Toutes les occurrences de SET+PRÉPOSITION qui figurent dans le


dictionnaire comme des entités lexicales distinctes portent la
marque "phrasal verb", certains du type V+ADVERBE et d'autres
du type VERBE+PRÉPOSITION. Il n'existe pas de différence
syntaxique entre:

She set about making a new dress

et:
[...] which she set before him.

Nous avons dans les deux cas un schéma V+PRÉPOSITION+O.


Seule l'interruption, qui est déplacée d'un mot vers la droite,
indique que les deux structures ne peuvent être considérées
comme identiques. Pourtant on ne peut imaginer ici un statut
uniquement adverbial pour ABOUT, comme dans:

He dreams so noisily sometimes, thrashing about and


groaning...

7 Collins COBUILD English Language Dictionary (COLLINS 1987).


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Chapitre 2 Analyse d'ouvrages traitant de la question des verbes complexes
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Force est donc de constater qu'il "s'est passé quelque chose" au


niveau de l'intonation et de la nature du lien dont est chargée la
préposition ABOUT.

Nous reviendrons plus loin en détail sur ces questions, à notre


sens essentielles, de la nature de ces prépositions et/ou de ces
adverbes d'une part, et du rôle qu'ils jouent dans la formation du
"phrasal verb" d'autre part.

Dans tous les dictionnaires que nous avons consultés et qui


traitent essentiellement de "phrasal verbs" comme en atteste leur
titre, figurent des exemples du type:

You can't depend on the weather being fine for anything you
plan in England,

où il est clair que le schéma syntaxique est du type [VERBE]


[PRÉPOSITION + COMPLÉMENT] et non du type [VERBE +
ADVERBE] [COMPLÉMENT]. Les combinaisons de ce type ne
constituent pas, à notre avis, des "phrasal verbs", et nous fixons
comme but de le démontrer. La simple comparaison des deux
énoncés suivants:

e) Does this train go to London ?


f) My son goes to university,

qui figurent à la page 280 de l'ouvrage de Courtney montre qu'il


est tout à fait artificiel de classer la combinaison GO+TO avec les
"phrasal verbs" formés suivant le schéma VERBE+PRÉPOSITION.
Selon l'auteur, il est possible d'attribuer 42 sens différents à cette
combinaison ! Par exemple, l'explication qui est donnée pour (e)
est "to move or travel to (someone or a place)" et pour (f) "to
attend (a place, organization etc.)"; or, il est clair que le
sémantisme de base de GO est le même dans les deux cas et peut
être représenté comme un simple déplacement d'un point A vers
un point B, la préposition TO ne servant, dans chacun des cas,
qu'à introduire le complément, c'est-à-dire, dans les exemples qui
nous occupent, à indiquer la direction du mouvement et son
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Chapitre 2 Analyse d'ouvrages traitant de la question des verbes complexes
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aboutissement. Le mouvement de A vers B peut être concret,


comme dans (e) et (f), ou figuré comme dans:

I'm sorry to hear that the boy has gone to the bad, turning
criminal so young.

Nous pensons que si une combinaison VERBE+TO peut parfois,


comme nous le verrons, constituer un bloc logique et donc un
"phrasal verb", l'existence d'un "phrasal verb" GO TO n'est
démontrée par aucun des exemples cités dans l'ouvrage, et qu'il
est abusif, et surtout peu utile, de classer la combinaison GO+TO
dans les "phrasal verbs" en raison des critères énoncés par
l'auteur.

Pour ce qui concerne l'exemple (c), nous ferons les mêmes


remarques que dans le cas du KEEP ON AT de McArthur et
Atkins (voir supra page 17): il faut considérer PUT UP comme une
entité logique dont le complément d'objet indirect HIM est
introduit par la préposition WITH.

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Chapitre 2 Analyse d'ouvrages traitant de la question des verbes complexes
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2.3 Oxford Dictionary of Current Idiomatic English (OUP:


1975)

(Volume 1, Phrasal Verbs)

Dès le début de l'ouvrage, les auteurs énoncent les critères de


sélection des verbes qui figurent dans le dictionnaire. Ces critères
sont simples: "toutes les entrées consistent en combinaisons
VERBE + PARTICULE ou VERBE + PRÉPOSITION" (1975: p. vii) 8.
La seule précision donnée sur ce que les auteurs entendent par
"particule" est une parenthèse indiquant qu'il peut s'agir de
"particules adverbiales" (Ibid.: p. viii).
Les différentes combinaisons possibles sont les suivantes:
1) VERBE + PARTICULE (Sans complément d'objet direct après le
verbe):
(of a witness) come forward
(of a plane) take off

2) VERBE + PRÉPOSITION (Sans complément d'objet après le


verbe):
come across (an old friend)
run into (difficulties)

3) VERBE + PARTICULE + PRÉPOSITION (sans complément


d'objet après le verbe):
face up to (one's responsibilities)
put up with (interruptions)

4) VERBE + PARTICULE (Avec complément d'objet après le verbe)


make up (one's face)
take off (a politician)

5) VERBE + PRÉPOSITION (Avec complément d'objet après le


verbe)
hold (someone's past failings) against (him or her)
put (someone) off (driving)

8 Traduit par nous.


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6) VERBE + PARTICULE + PRÉPOSITION (Avec complément


d'objet après le verbe)
bring (someone) up against (a problem)
take (one's anger) out on (someone)

Une nouvelle fois, la distinction entre PARTICULE et


PRÉPOSITION n'est pas très claire. Dans la première série
d'exemples, FORWARD, qui est classé comme une particule, est
sans aucun doute un adverbe, comme peuvent en attester tous
les dictionnaires 9. Rien par contre ne peut indiquer si OFF est
préposition ou adverbe, sinon le fait qu'il n'est pas suivi d'un
complément. Nous partageons, ici, l'opinion de Palmer (1987: p.
217): l'appellation "particule" se révèle une fois de plus pratique
en ce qu'elle permet d'éviter d'avoir à définir la nature (voire la
fonction grammaticale) des mots auxquels elle est attribuée:

"The term 'particle' has been used in order not to distinguish [...] between
preposition and adverb."

Pour ce qui concerne la quatrième série d'exemples, on ne peut


qu'être surpris du contenu des parenthèses et se demander ce
que les auteurs entendent par "avec complément d'objet après le
verbe" (1975: p. xii) 10, le verbe est-il l'ensemble "phrasal"
MAKE UP, ou la seule base verbale MAKE ? Aucun des exemples
donnés par l'ouvrage ne correspond directement à cette catégorie
(cf. make up 7 p. 204). Les structures du type MAKE UP + OBJET
sont décrites comme possibles, mais ne sont pas illustrées. Ici
encore, la classification nous paraît ambiguë.

Cet ouvrage, comme celui de Courtney, appelle d'autre part un


certain nombre de remarques sur l'usage qui y est fait du mot
"idiom" et de ses dérivés "idiomatic" et "idiomaticity".
Deux exemples sont d'abord utilisés:

9 OED CD-ROM Second edition 1992, par exemple: [OE. for(e)weard, adj. and adv.;
see fore adv. and -ward. The adj. seems to have become obsolete after the OE.
period, and to have been redeveloped from the adv. in the 16th c. The adv. (OE.
foreweard) was app. in origin the neut. acc. of the adj.]
10 With an object following the verb.

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Chapitre 2 Analyse d'ouvrages traitant de la question des verbes complexes
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a) Be careful: you could easily fall through into the room


below.
et:
b) I'm afraid the deal has fallen through.

pour montrer qu'un "phrasal verb" peut quelquefois avoir un sens


"idiomatique" qui est "loin d'être évident" ("far from
straightforward" 0p.Cit. p.vii), et que le sens de FALL THROUGH
de l'exemple (b) est "plus idiomatique" que celui de l'exemple (a).
Or, si, dans le cas de l'exemple (b), FALL+THROUGH constitue
bien une unité de sens effectivement difficile à prévoir pour le
non-anglophone, il ne nous paraît pas nécessaire pour le prouver
de l'opposer au FALL+THROUGH de l'exemple (a), où l'"unité"
FALL THROUGH n'existe tout simplement pas. Nous pensons que
l'exemple (a) n'est qu'une des multiples illustrations possibles du
sens du verbe FALL qui se trouve, dans ce cas précis, être suivi
de la préposition THROUGH, utilisée, si l'on veut, comme un
adverbe. Nous tenterons de donner plus loin une explication du
phénomène et nous contenterons, pour l'instant, d'affirmer que
l'exemple (a) signifie en réalité:

you could easily fall through (the floor) into the room below.

Il nous semble qu'une explication du phénomène "phrasal" par le


caractère plus ou moins idiomatique des ensembles
VERBE+PARTICULE est loin d'être entièrement satisfaisante.
Comparons les exemples suivants, donnés par les auteurs pour
diverses combinaisons possibles de TURN avec ON:

c) The machine turns on a central pivot


d) Pop music turns on many young people
e) The caretaker turns on the hall lights
f) Our conversation turned on what was to be done when the
battle was over (1975: p. viii)

toujours fournis par les mêmes auteurs pour illustrer la fonction


de ON.

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La syntaxe:

c') K•The machine turns a central pivot on

est impossible, alors que:

d') Pop music turns many young people on

est parfaitement correct, car dans (c) ON est une préposition et


introduit le complément PIVOT, alors que dans (d) il s'agit d'une
particule adverbiale 11. Le ON de (c) est incontestablement une
préposition, mais les auteurs poursuivent ainsi (1975: p. viii):

"We cannot use this grammatical evidence of contrastiveness in support of a


claim that turn on (= 'excite') is a unit of meaning and thus an idiom. If we
did, we should have to explain why it is that turn on as used in the sentence

The caretaker turns on the hall lights

appears, and can be shown to be, less idiomatic, while at the same time
displaying the same characteristics with regard to the particle."

Ils ajoutent un peu plus loin (1975: p. x):

"In fact, the more individual cases we examine the more does it appear that
the boundary between highly idiomatic items and the rest is not sharply
drawn but hazy and imprecise." 12

Comment pourrait-il en être autrement quand l'instrument de


mesure du degré d'"idiomaticité" d'une expression (pour
reprendre les termes des auteurs 13) n'est en fait que la
subjectivité de celui qui analyse le phénomène ? Qui saurait
affirmer (voire prouver) que l'exemple (d) est "plus idiomatique"
que l'exemple (e) ? Le même instrument de mesure est utilisé
pour comparer les exemples (c) et (f) (dans lesquels les
occurrences de TURN+ON ne constituent pas des "phrasal verbs")
pour montrer que (c) est moins idiomatique que (f).

11 0p.Cit. p.viii: a particle (or adverbial particle).


12 C'est nous qui soulignons.
13 Scale of idiomaticity.

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Ainsi donc, le classement par degré croissant d'"idiomaticité" des


quatre exemples donnerait, selon Cowie et Mackin, le résultat
suivant:

1° (c) (peu idiomatique) The machine turns on a central pivot


2° (f) Our conversation turned on what was to be done when
the battle was over
3° (e) The caretaker turns on the hall lights
4° (d) (hautement idiomatique ?) Pop music turns on many
young people

Nous contestons le bien-fondé d'une telle approche du


phénomène, car elle explique peu de choses et ne résout rien des
problèmes qui peuvent se poser au non-anglophone (et
éventuellement à l'anglophone) qui cherche à comprendre
comment fonctionnent les "phrasal verbs". D'une part, TURN ON
ne constitue un bloc logique, une unité de sens, que dans les
exemples (d) et (e) (les exemples (c) et (f) n'étant que des
illustrations d'emplois respectivement littéral et figuré du verbe
prépositionnel TURN); et d'autre part, cette classification ne nous
permet pas d'expliquer pourquoi les entités TURN ON des
exemples (d) et (e) conservent leur sens, même quand la particule
est séparée du verbe.

Pour obtenir une mesure précise, il faut utiliser un instrument de


mesure adéquat et précis: en l'occurrence, le terme "idiomatique"
doit avoir exactement le même sens pour tous les observateurs et
analystes du phénomène ("phrasal verbs" pour ce qui nous
concerne), ce qui ne semble pas être le cas si l'on compare la
définition qu'en donnent les auteurs 1975: p.ix):

"An idiom is a combination of two or more words which function as a unit of


meaning",

à celle qui est communément acceptée et qui est beaucoup


moins réductrice.

Prenons, à titre d'illustration de notre propos, le cas des verbes


français SERRER et RÉDUIRE. Ils ont tous les deux un sens
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"normal" que tous les francophones connaissent, mais SERRER


et RÉDUIRE signifient également RANGER, l'un dans le sud-ouest
de la France et l'autre en Suisse romande. Il est clair que ces
deux emplois locaux sont idiomatiques puisqu'ils sont
"impossibles à traduire littéralement", ils ne correspondent
pourtant pas à la définition de l'idiome telle que la donnent Cowie
et Mackin puisqu'ils ne comportent qu'un seul mot; et de plus,
qui saurait affirmer que RÉDUIRE dans le sens suisse est plus
(ou moins) idiomatique que RÉDUIRE utilisé dans "réduire un
calcul" ?

Même en anglais, les idiomes ne sont pas nécessairement


composés de deux mots. L'énoncé américain

Education Secretary Lamar Alexander (declared) a math


emergency in the nation's schools. "None of the states are
cutting it," he said. "This is an alarm bell that should ring all
night."

par exemple, ne peut se comprendre que si l'on connaît ce sens


idiomatique du verbe CUT: "to be able to manage or handle a
situation - usually used in negative constructions 14".
De même, le caractère idiomatique des ensembles PULL +
TOGETHER dans les expressions:

g) Brent and Dennis are the guys who really pulled it (the
treaty) together, not Ryan. (VERBE 2673)
h) Annabel pulled herself together and settled the baby in
his pram. She waved him off. (VERBE 1020)

ne peut être discuté: dans les deux cas les expressions sont
indubitablement idiomatiques (si l'on entend par "idiomatiques"
qu'elles sont intraduisibles littéralement). Or, qui saurait affirmer
d'une part que (g) est plus idiomatique que (h) (ou l'inverse), et
d'autre part que, si PULL TOGETHER constitue bel et bien une

14 Webster's New Collegiate Dictionary (MERRIAM 1973) p.281 (cut/8).


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unité de sens, un bloc logique dans (h) (=control oneself), il en est


de même dans (g) ?

Nous ne nous sommes pas préoccupé ici du schéma intonatif des


exemples VERBE+PARTICULE cités, car les remarques seraient
identiques à celles qui ont été faites pour les deux premiers
ouvrages étudiés.

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2.4 Current English Grammar (Macmillan: 1984)

Nous nous limiterons au seul examen des pages 230 à 236


traitant des verbes prépositionnels et des "phrasal verbs".

Dès le début du chapitre, l'auteur attire notre attention sur les


différentes combinaisons VERBE+PARTICULE possibles,
soulignant que certains ouvrages nomment toutes ces
combinaisons "phrasal verbs", alors que d'autres les nomment
"verbes prépositionnels", en se basant sur des critères soit
sémantiques, soit formels. Elle annonce son intention de
n'utiliser que des critères de classification formels, tout en
précisant que les questions de sens ne sont pas omises dans sa
classification, mais que le degré d'"idiomaticité" ne saurait être
un critère de classification efficace, car "les combinaisons VERBE
+ PARTICULE" couvrent un domaine sémantique très large,
depuis le sens clair de:

Take your clothes off (=remove)

jusqu'à des combinaisons dont les deux composants sont


opaques:

He took us in (=deceived) (1984:p. 231)15.

L'approche est donc différente de celle de Cowie et Mackin, mais


nous y voyons quand même apparaître:
- les mêmes notions de degré d'"idiomaticité", bien qu'elles ne
soient pas utilisées dans la classification, et
- les mêmes incertitudes quant à la nature de la particule. Il est
difficile de savoir si elle est une préposition ou pas.

L'auteur fait ensuite une distinction entre les verbes


prépositionnels et les "phrasal verbs" suivis d'un complément
d'objet (1984: p. 231) 16 d'une part, et les verbes "ordinaires"

15 Traduit par nous.


16 Le terme 'object' figure entre guillemets dans le texte original.
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suivis d'un complément introduit par une préposition d'autre


part. Cette distinction s'opère de deux manières (1984: p. 231
10.21):

1) Au niveau de la langue parlée.


On observe dans ces combinaisons une "tendance à une
pause" ("a potential pause") du type [He ran up] [a huge bill] pour
un "phrasal verb" ou verbe prépositionnel suivi d'un complément
d'objet, alors qu'un énoncé qui ne comporterait qu'un verbe
ordinaire suivrait le schéma intonatif [He ran] [up the hill].

2) Au niveau de la syntaxe.
Il est possible dans le cas des verbes "ordinaires" à complément
prépositionnel d'insérer un adverbe entre le verbe et le
complément. On peut dire par exemple;

He ran hurriedly up the hill

alors que dans le cas des "phrasal verbs" et des verbes


prépositionnels l'opération est impossible:

K•He ran stupidly up a bill

car "la liaison verbe-particule est plus intime" ("The particle


belongs more closely with the verb").

Pour illustrer ce propos l'auteur présente un tableau de deux


colonnes (1984: p.231) où figurent, à gauche, des verbes
prépositionnels+objet et des "phrasal verbs" (répertoriés A), et à
droite des verbes ordinaires (répertoriés B), les compléments des
verbes A répondant à des questions du type WHAT ou WHO et
ceux des verbes B à des questions du type WHERE ou WHEN.

A B
He ran up a huge bill He ran up the hill
He turned down my offer They turned down the lane
We joined in the celebrations We joined in April 1980
She waited for her boyfriend She waited for a long time
He looked at his watch I looked at six o'clock

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Avant tout autre commentaire, on peut observer que les deux


combinaisons RUN+UP citées ne sont effectivement pas
identiques: la première constitue un vrai "phrasal verb", pas la
seconde. Si l'on accepte pour l'instant la définition du "phrasal
verb" qui ressort des divers ouvrages examinés, il semble logique
que la combinaison RUN UP formant un bloc distinct (une unité
de sens résultant de l'union verbe+particule) ne puisse être
interrompue par un adverbe ou une rupture intonative qui
viendrait s'insérer entre ses deux éléments constitutifs et détruire
ainsi l'union. Mais il nous semble que les exemples de la colonne
A ne sont pas très clairs, ou, en tout cas, qu'ils ne devraient pas
être tous rangés dans la même catégorie: si les deux premiers
sont sans aucun doute des "phrasal verbs" dans des énoncés au
schéma intonatif [VERBE PARTICULE] [COMPLÉMENT], les deux
derniers n'en sont certainement pas, et nous voyons mal
comment leur réalisation phonique pourrait être du même type.
Le troisième exemple (We joined in the celebrations) pose un
problème plus aigu. Comme de nombreux autres énoncés du
même type, il est difficile de le classer parmi les énoncés
[VERBE PARTICULE] [COMPLÉMENT] plutôt que [VERBE]
[PRÉPOSITION COMPLÉMENT] sans analyse plus approfondie.
Nous situerons pour l'instant cette combinaison JOIN+IN "à la
frontière" entre "phrasal verbs" et verbes prépositionnels.

Il n'en reste pas moins que, selon la classification de Chalker, il


faut comprendre les deux derniers exemples de la colonne de
gauche comme [She waited for] [her boyfriend] d'une part, et [He
looked at] [his watch], d'autre part.

Il ne nous semble pas que cette manière de procéder corresponde


à la réalité de l'anglais: si la "tendance à la pause", à laquelle
l'auteur fait allusion un peu plus haut, se manifeste dans la
réalisation phonique de ces énoncés, cette pause intervient dans
les deux cas avant respectivement FOR et AT, et non après.
Nous pouvons également nous demander pourquoi la
combinaison WAIT+FOR de:

She waited for her boyfriend


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est considérée comme un verbe prépositionnel à part entière,


alors que dans:

She waited for a long time,

l'existence même de la combinaison n'est pas reconnue. L'auteur


nous donne un élément de réponse (1984: p. 232):

"Prepositional verbs are so called because the particle behaves like a


preposition - that is, it must normally precede its object, whether noun or
pronoun [...] as in
He looked at the timetable
He looked at it"
[...] In effect this means that (except occasionally when an intervening
adverb is possible [...]) the verb and particle cannot be separated as they can
in phrasal verbs."

Nous pensons que procéder ainsi revient à poser le problème à


l'envers: l'existence du verbe d'une part et celle de la préposition
(ou particule ou adverbe) d'autre part ont nécessairement
toujours précédé celle d'une combinaison VERBE+PARTICULE
(ou PRÉPOSITION ou ADVERBE) éventuelle. Dans le cas qui nous
occupe la particule ne se "comporte" pas comme une préposition,
c'est une préposition à part entière, et la renommer particule ne
fait que rendre l'analyse du phénomène plus difficile. La
différence établie entre:

She waited for her boyfriend

d'une part, et:

She waited for a long time

d'autre part est tout à fait artificielle. Il s'agit dans les deux cas
d'emplois du verbe WAIT avec des compléments différents (objet
et circonstanciel de temps). Si une différence existe, elle se situe
au niveau des emplois différents de FOR et non pas à celui de
l'existence hypothétique d'une entité "séparée" WAIT FOR
"prépositionnelle".

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En conclusion de cette analyse nous serions à nouveau tenté de


dire que le verbe prépositionnel n'existe pas en tant qu'"entité
lexicale". Une telle conclusion serait, pour l'heure, prématurée,
mais nous pouvons d'ores et déjà lever certaines ambiguïtés,
comme par exemple celle qui consiste à dire (1984: p. 235) que:

"Come to (return to consciousness) and bring to (with object) are unusual


verbs because to is normally a preposition, not an adverb as here, and
therefore combinations with to are normally prepositional verbs. Bring to is
always in the pattern <bring someone to> not <K bring to someone>, eg:

She was a long time coming to after the operation


They brought Henry/him to eventually."

Il n'y a à cette dernière remarque rien d'étonnant. En effet,


Henry/him est complément d'objet direct du seul verbe BRING et
non pas de la combinaison BRING+TO, comme nous le
démontrerons plus loin.

L'auteur établit également des listes de "phrasal verbs" pouvant


avoir un complément d'objet et de "phrasal verbs" intransitifs.
Parmi les "phrasal verbs" transitifs figure la combinaison
GET+OVER assortie d'une note (1984: p. 234):

"Distinguish two different verbs get over


a) I'll never get over it (= recover from it) - prepositional verb
and
b) Why don't you get it over ? (= cause something unpleasant to be done
and finished with) - phrasal verb"

Dans le cas de l'exemple (a), nous réitérons l'opinion que faire de


la combinaison GET+OVER une entité "verbe prépositionnel" est
artificiel et ne correspond pas vraiment à la réalité du langage. Il
s'agit une fois encore d'un emploi au sens figuré du verbe GET
suivi d'un complément d'objet indirect introduit par la préposition
OVER (tout comme en français d'ailleurs, où l'on peut
littéralement franchir, surmonter, un obstacle physique, mais où
l'on peut aussi franchir, surmonter figurativement une difficulté).
Cela ne revient pas à dire que tous les verbes prépositionnels qui
figurent sous cette rubrique dans les dictionnaires n'ont aucune
raison d'y figurer: certaines combinaisons se tiennent à une sorte

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Chapitre 2 Analyse d'ouvrages traitant de la question des verbes complexes
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de frontière entre les catégories de verbes "ordinaires" et


prépositionnels d'une part, et de verbes prépositionnels et
"phrasal verbs" d'autre part. C'est le cas, par exemple, du JOIN IN
de l'exemple cité à la page 34: We joined in the celebrations
s'entend effectivement comme [we joined in] [the celebrations],
mais il nous semble très probable que l'origine de ce "phrasal
verb" se situe dans l'énoncé [we joined] [in the celebrations]. Si
l'on peut affirmer sans grand risque d'erreur qu'une rupture
intonative se situerait après UP dans He ran up a huge bill, on ne
peut à notre sens affirmer avec la même force que cette rupture
se situerait après IN dans We joined in the celebrations .

Pour ce qui concerne l'exemple (b), dire que cette combinaison


constitue un "phrasal verb" revient à créer une nouvelle catégorie:
les "phrasal verbs" toujours séparés. En effet, dans l'exemple qui
nous est proposé le complément est un pronom personnel. Son
remplacement par un nom donnerait

Why don't you get the chores over ?

et il serait tout à fait impossible de dire

K•Why don't you get over the chores ?

en conservant le même sens.

Une nouvelle fois, nous avons le sentiment que les tentatives de


classification aux limites bien définies se heurtent à des éléments
que l'on pourrait qualifier de récalcitrants. Nous nous efforcerons
de montrer que cette propension aux limites floues tient à la
nature même des "phrasal verbs" et à leur origine.

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Chapitre 2 Analyse d'ouvrages traitant de la question des verbes complexes
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2.5 Collins COBUILD English Grammar (Collins: 1990)

Tout comme le dictionnaire de McArthur et Atkins (voir supra,


page 16), cette grammaire n'établit aucune différence
d'appellation entre verbes prépositionnels et "phrasal verbs".
Toutes les combinaisons complexes citées sont appelées "phrasal
verbs", et sont réparties en trois catégories:

- VERBE+ADVERBE
a) He sat down
b) Ralph stood on his head and fell over
c) The cold weather set in
- VERBE+PRÉPOSITION
d) She looked after her invalid mother
e) She sailed through her exam
f) The other day I came across a letter from Brunel written in
the last year of his life

- VERBE+ADVERBE+PRÉPOSITION
g) You may come up against unexpected difficulties
h) I look forward to reading it
i) Fame has crept up on her almost by accident

Les auteurs notent (1990: p.162) que:

"By combining a verb and an adverb or a preposition in this way, we can


extend the usual meaning of the verb or create a new meaning, different from
any that the verb has on its own. You cannot, therefore, always guess the
meaning of a phrasal verb from the usual meanings of the verb and the
adverb or preposition."

En examinant la liste d'exemples de la catégorie


VERBE+PRÉPOSITION (nous l'avons reproduite entièrement),
nous notons qu'elle ne comporte aucune instance du type:

j) She looked at [...] women with their aprons, running


across the street to join in. (VERBE1003)

et, indirectement, en déduisons que, pour les auteurs, les verbes


"normalement" prépositionnels (c'est-à-dire auxquels il n'est pas
nécessaire de donner une interprétation métaphorique) ne font

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Chapitre 2 Analyse d'ouvrages traitant de la question des verbes complexes
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pas partie de ce qu'ils nomment "phrasal verbs". Nous pouvons


considérer qu'il s'agit d'une tentative de lever certaines
ambiguïtés concernant le rôle des prépositions, par exemple
AFTER, THROUGH, ACROSS et AT dans les exemples (d), (e) et (f),
d'une part, et (j), d'autre part. En effet, si dans (j) les prépositions
AT et ACROSS sont des prépositions dont le seul rôle est
d'introduir des compléments, ce n'est pas le cas de AFTER,
THROUGH et ACROSS dans (d), (e) et (f). Comme dans le cas de
l'ensemble SET ABOUT (voir supra page 24), il s'est "passé
quelque chose", et la préposition n'a plus pour unique fonction
celle d'introduire le complément, d'une certaine façon on peut
dire qu'elle modifie le sens de l'ensemble VERBE+PRÉPOSITION.
Nous avons vu que la place de l'accentuation tonique directement
sur la préposition et la présence éventuelle d'une rupture
intonative après la préposition sont les signes révélateurs de son
changement de fonction. Malheureusement, dans le cas qui nous
intéresse, il semble que les trois exemples cités ne permettent pas
d'en apporter la preuve: en effet AFTER et ACROSS sont
bisyllabiques et, comme toutes les prépositions de ce type,
comportent, par nature, une syllabe accentuée - dans l'exemple
(j), ACROSS qui n'est qu'une préposition, est tout de même
accentué – . Quant à l'ensemble SAIL THROUGH de l'exemple (e),
s'il pouvait être considéré comme un "phrasal verb", ce serait
pour une autre raison: le complément d'objet HER EXAMS après
le verbe SAIL indique qu'il ne peut s'agir que d'un sens figuré qui
implique une certaine facilité. Pour ce qui concerne
l'accentuation, nous pensons qu'il s'agit une nouvelle fois d'un
exemple "frontière" pour lequel il est difficile d'affirmer qu'une
interruption existe, d'une part, et d'autre part, si elle existe, où
elle se trouve. Il est intéressant de noter que cette ambiguïté
particulière est l'occasion de désaccords entre les auteurs
d'études sur les verbes complexes. Ceux de la grammaire Collins
COBUILD affirment: "Les 'phrasal verbs' ne s'écrivent jamais en
un seul mot, ni ne peuvent comporter de trait d'union" (1990: p.
162) 17, alors que pour Christophersen et Sandved "Quelquefois,
quand il y a risque d'ambiguïté, le lien étroit entre un verbe et un

17 Traduit par nous.


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Chapitre 2 Analyse d'ouvrages traitant de la question des verbes complexes
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adverbe est indiqué en langue écrite par la présence d'un trait


d'union: [...] drinking-in the crisp spring air, The difficulty of
settling-in in new surroundings." (1969: p. 82) (Nous
remarquerons que le trait d'union de settling-in est inutile
puisque le complément de lieu est introduit par un deuxième IN,
qui lève, de fait, toute ambiguïté).

Si les définitions de ce que sont exactement "phrasal verbs" et


verbes prépositionnels divergent dans les ouvrages décrits
jusqu'ici, elles sont au moins en accord sur une des
caractéristiques de ces combinaisons: ce qui est communément
appelé "phrasal verb" ou verbe prépositionnel est une occurrence
de deux mots, un verbe et une "particule". Or, malgré la définition
qui figure en première page du chapitre (Les "phrasal verbs" sont
des verbes spéciaux constitués de deux ou trois mots (1990:
p. 162) 18), les auteurs donnent à penser que le qualificatif
"phrasal" ne s'applique qu'au verbe et pas au deuxième
constituant (1990: p. 169) :

"Remember that when a phrasal verb consists of an intransitive verb followed


by a preposition, the noun group always comes after the preposition, even
when it is a pronoun.

A number of reasons can account for this change.


They had all dealt with the problem intelligently.
If I went away and left you in the flat, would you look after it ?"

Ils créent ainsi une ambiguïté supplémentaire. En effet, soit la


préposition introduit le complément et celui-ci, logiquement, vient
après elle, faisant de la combinaison ACCOUNT+FOR tout au plus
un verbe prépositionnel, soit l'hypothétique ensemble insécable
ACCOUNT FOR serait un "phrasal verb" suivi d'un complément
d'objet direct. Mais cette dernière thèse est infirmée à la fois par
le schéma intonatif de la phrase (accentuation sur la deuxième
syllabe de ACCOUNT et rupture intonative éventuelle après le
même ACCOUNT) et le caractère intransitif du verbe souligné par
les auteurs eux-mêmes. Il nous semble illogique de vouloir rendre
transitif direct un verbe qui ne l'est pas en lui accolant une

18 Traduit par nous.


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Chapitre 2 Analyse d'ouvrages traitant de la question des verbes complexes
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préposition servant habituellement à introduire des compléments


indirects.

Une autre caractéristique de la grammaire Collins COBUILD est de


donner des listes de verbes conformes aux nombreuses catégories
qui sont décrites:

1) VERBES INTRANSITIFS + ADVERBES


The boys were fooling around
2) VERBES INTRANSITIFS + PRÉPOSITIONS
[...] The arguments that stem from gossip
3) VERBES INTRANSITIFS + ADVERBES ou PRÉPOSITIONS
[...] A dog who had lagged behind the others
After a while, I see he is deliberately lagging behind
4) VERBE TRANSITIFS + ADVERBES
She read the poem out quietly
5) "PHRASAL VERBS" TRANSITIFS ou INTRANSITIFS suivant
le sens
A plane took off
Gretchen took off her coat
6) "PHRASAL VERBS" à sens unique TRANSITIFS OU
INTRANSITIFS
It won't take me a moment to clear away
Brody began to clear away the soup bowls
7) "PHRASAL VERBS" réversibles
I won't wake him up just yet
He woke up in the middle of the night
8) "PHRASAL VERBS" du TYPE VERBE+OBJET+PARTICULE
Captain Dean was still ordering everybody about
9) "PHRASAL VERBS" qui se comportent comme les verbes
du groupe 8 "quand ils ont un sens particulier" ("When used
with a particular meaning").
The scent of the hay took Ash back to long-ago evenings in
Devon
10) VERBES TRANSITIFS + PRÉPOSITIONS
They agreed to let him into their secret
11) VERBES TRANSITIFS + ADVERBES ou PRÉPOSITIONS
Rudolph showed them around the theatre
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Chapitre 2 Analyse d'ouvrages traitant de la question des verbes complexes
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Come on, I'll show you around


I left my pack behind
12) "PHRASAL VERBS" "à trois mots" INTRANSITIFS
Terry Holbrook caught up with me
13) "PHRASAL VERBS" "à trois mots" TRANSITIFS
Multinational companies can play individual markets off
against each other

Parmi les ouvrages examinés, cet ouvrage est, de loin, celui qui
distingue le plus grand nombre de catégories de "phrasal verbs",
mais rien ne nous indique si ces listes sont exhaustives ou
simplement indicatives, bien qu'il soit aisé d'imaginer que celles
qui concernent les "phrasal verbs prépositionnels" puissent être
considérées comme ouvertes suivant le schéma classique:

PRÉPOSITION = indicateur de l'existence d'un but à


atteindre.
BASE VERBALE = manière d'atteindre le but.

Un des points communs de ces treize catégories réside dans le


caractère imprécis de leur présentation: le lecteur est frappé par
l'abondance de remarques comme "Certains 'phrasal verbs'....",
"Des 'phrasal verbs' sont presque toujours utilisés de manière...",
"Quand un complément d'objet est long il est plus probable qu'il
se place..." etc.

Il est sans aucun doute dans la nature de ces combinaisons


verbales d'être difficilement classables, et c'est pour cette raison
que les opinions des différents auteurs divergent, mais nous
pensons cependant qu'une telle multiplicité de catégories et sous-
catégories ne peut en aucun cas aider l'apprenant non-
anglophone, ni faciliter la compréhension du phénomène en
déterminant, notamment, si certaines combinaisons sont plus
prévisibles que d'autres.
Il n'est pas d'un grand secours de dire, par exemple, de la
catégorie (5): "Il existe un groupe important de 'phrasal verbs' qui
peuvent être utilisés aussi bien dans des structures intransitives
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Chapitre 2 Analyse d'ouvrages traitant de la question des verbes complexes
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que transitives. Cela est souvent dû au fait qu'un 'phrasal verb'


de ce type peut revêtir plusieurs sens: 'break in', par exemple, est
habituellement (1990: p.166) 19 intransitif quand il signifie 'entrer
quelque part par effraction', mais le même 'break in' est transitif
quand il signifie 'aider quelqu'un à s'adapter à une nouvelle
situation':

If the door is locked, I will try to break in


Brodie liked to break in his assistants slowly" 20.

Nous remarquons que le premier énoncé est un raccourci, une


forme de contraction de la pensée qui a pour conséquence un
effacement des compléments. En effet, si nous "annulons" les
effacements, nous obtenons:

[...] I will try to break (the door to get) in(to the house),

ce qui montre bien que les compléments sont ceux du verbe


simple BREAK et du "phrasal verb" GET IN.

Ce type de raisonnement ne doit pas cependant être


systématique: une telle manipulation n'est pas aussi aisée dans
le cas du deuxième exemple, car l'emploi est figuré et le
complément est celui de l'ensemble BREAK IN et non celui du
seul BREAK, ce qui laisse supposer une nature plus
"prépositionnelle" au complément du premier exemple qu'à celui
du second, et permet peut-être d'envisager une ébauche de
classification différente: le premier ensemble "break in" serait en
fait un verbe prépositionnel "déguisé" et le second un "vrai"
"phrasal verb". Mais nous y reviendrons.

Le problème est sensiblement le même pour la catégorie (7) des


verbes réversibles (1990: p. 66) . Les auteurs nous disent:

"some phrasal verbs are ergative verbs; that is, you can use the object of the
transitive verb as the subject of the intransitive verb."

19 C'est nous qui soulignons.


20 Traduit par nous.
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Chapitre 2 Analyse d'ouvrages traitant de la question des verbes complexes
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[...] leaves that had been blown off the trees


My hat blew off"

or, il est clair que l'ensemble BLOW OFF a la même signification


dans les deux énoncés, il nous semble donc illogique d'affirmer
que OFF, qui est préposition dans le premier, soit soudainement
considéré comme adverbe dans le second. Après tout, ce
deuxième exemple signifie bien:

My hat blew off (MY HEAD)

avec effacement d'un complément qui est évident: si un


énonciateur se contente de dire que son chapeau s'envole,
l'endroit d'où il peut s'envoler est, par défaut, sa tête. Si ce n'était
le cas il serait plus précis et dirait quelque chose comme:

My hat blew off the hatrack.

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Chapitre 2 Analyse d'ouvrages traitant de la question des verbes complexes
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2.6 A Comprehensive Grammar of the English


Language (Longman: 1985)

Nous avons vu, au cours des analyses qui précèdent, que les
différents ouvrages cités se contentent d'affirmer que les
"particules" sont tantôt adverbes, tantôt prépositions, sans
toutefois établir les critères qui permettent de les discriminer.
Aussi notre analyse portera, dans un premier temps, sur les
chapitres 9.64 (Modification of prepositional phrases) et
9.65 (Prepositions and prepositional adverbs) qui éclairent le
phénomène d'une manière plus précise. Nous nous attacherons
ensuite aux chapitres 16.2 à 16.17 de l'ouvrage, qui traitent des
verbes complexes.

Selon Quirk et al. (1985: p. 713) ,

"Prepositional meanings (particularly of time and place) are subject to


modification as regards degree and measure, and prepositions may therefore
(like many adjectives and adverbs) be preceded by intensifiers."

Les auteurs nous donnent à l'appui de cette thèse un certain


nombre d'exemples dont font partie:

a) I left it just inside the garage. [a little way]


b) He had wandered right off the path. [completely]
c) There was rubbish all over the place...
d) The dog was lying right in the middle of the floor,

en précisant qu'il subsiste un doute dans ces énoncés:

"There is a doubt in such cases as to whether the intensifier should be


treated as applying to the whole prepositional phrase, or to the preposition
alone."

Dans (d) par exemple, l'affecté de RIGHT peut être soit le seul "in
the middle", soit l'expression prépositionnelle complète "in the
middle of the floor". Ainsi donc, et par analogie, JUST, RIGHT et
ALL des exemples (a), (b) et (c) pourraient modifier soit les seules
prépositions INSIDE, OFF et OVER, soit les expressions

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Chapitre 2 Analyse d'ouvrages traitant de la question des verbes complexes
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prépositionnelles complètes INSIDE THE GARAGE, OFF THE


PATH et OVER THE PLACE.

Dans la première hypothèse, ces prépositions qui peuvent être


modifiées par des adverbes seraient en fait des adverbes
prépositionnels 21 dont les auteurs nous donnent la définition
(1985: p.713):

"A prepositional adverb is a particle which is formally identical to or related to


a preposition, and which often behaves like a preposition with ellipted
complement."

Ainsi dans:
A car drove past the door,
PAST est une préposition, alors que dans
A car drove past,
il s'agit d'un adverbe prépositionnel.

Les auteurs précisent que:

"[...] a prepositional adverb shares the form, but not the syntactic status, of a
preposition",

car il peut figurer seul dans l'énoncé, sans complément à sa


droite.

Une autre différence entre les adverbes prépositionnels et les


prépositions réside dans le fait que les premiers sont accentués
alors que les secondes ne le sont en général pas:

e) Which prisoner did they march in ? '


'
f) Which uniform did they march in ?

l'accentuation porte sur IN dans (e) et sur MARCH dans (f).

Les auteurs soulignent que prépositions et adverbes


prépositionnels peuvent tous deux apparaître comme deuxième
terme d'une "combinaison idiomatique" à la droite d'un verbe,

21 D'autres auteurs les nomment particules adverbiales.


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Chapitre 2 Analyse d'ouvrages traitant de la question des verbes complexes
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mais ne consacrent ce chapitre qu'à l'étude du sens et du


comportement syntaxique individuels de ces mots. Ils précisent
"l'usage idiomatique est le souci du lexicologue plutôt que du
grammairien" (1985: p. 714) 22 mais annonçent une étude des
combinaisons VERBE+PRÉPOSITION ou VERBE+ADVERBE qui
se comportent au niveau du sens et de la syntaxe comme des
entités dans un prochain chapitre (16).

Nous aimerions insister sur le fait que si la distinction entre


préposition et adverbe prépositionnel rend les choses plus claires,
elle ne permet pas, selon nous, de tout expliquer.
Prenons les deux exemples suivants:

g) A car drove past


h) The rain let up, and in the villages of grass huts [...] the
lime kilns were sending clouds of smoke into the palm
groves.(VERBE 1772)

Selon le principe qui vient d'être énoncé PAST dans (g) et UP dans
(h) ne sont pas des prépositions, puisqu'aucun complément ne
figure à leur droite. Il s'agit donc d'adverbes qui devraient, si les
expressions avaient la même valeur, pouvoir être modifiées par
des "intensifieurs", or ce n'est pas du tout le cas. Si:

g') A car drove right past

est tout à fait possible, l'énoncé

h') K•The rain let suddenly up...,

est agrammatical. En effet, dans ce cas, la combinaison LET+UP


est devenue entité logique, unité de sens (LET UP=cease)
qu'aucun adverbe ne peut briser. UP ne peut donc plus être
considéré uniquement comme un adverbe modifiant le sens du
verbe LET. Par contre, la combinaison LET UP entière, en tant

22 Traduit par nous.


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Chapitre 2 Analyse d'ouvrages traitant de la question des verbes complexes
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qu'expression verbale insécable, peut être modifiée par un


adverbe, et un énoncé comme

h'') The rain suddenly let up. ..

est parfaitement envisageable.

Dans les ouvrages que nous avons déjà cités, cette différence
essentielle entre des énoncés du type (g) et du type (h) est en
général expliquée par le caractère "plus idiomatique" des seconds
par rapport aux premiers, et il semble que ce soit le cas ici
également. Mais cette explication ne nous satisfait pas pour les
raisons que nous avons déjà exposées (voir supra page 30).
Nous nous efforcerons d'analyser le phénomène et en
proposerons une explication sensiblement différente.

Le chapitre 16 de l'ouvrage est consacré aux combinaisons


VERBE+PARTICULE qui se comportent "comme un seul mot tant
au niveau du lexique que de la syntaxe" (1985: p. 1150) 23. Ces
combinaisons sont appelées MULTI-WORD VERBS ("verbes à
plusieurs mots" ) et sont regroupées dans les catégories décrites à
la page 12.

Les auteurs développent l'argumentation que l'ensemble


DISPOSE+OF, par exemple, dans We disposed of the problem
fonctionne à divers titres comme une seule entité et que, à
certains égards, il n'est pas absurde de décomposer la phrase
suivant le schéma:

[We] [disposed of] [the problem]

plutôt que:

[We] [disposed] [of the problem],

23 Traduit par nous.


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Chapitre 2 Analyse d'ouvrages traitant de la question des verbes complexes
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car l'ensemble DISPOSE+OF constitue une unité de sens (= se


débarrasser de).

Une nouvelle fois, nous voudrions signaler que si cet


arrangement peut satisfaire certains lexicologues ou
grammairiens, il ne correspond pas à la réalité phonique de
l'anglais parlé. Dans:

We disposed of the problem,

c'est DISPOSE qui est porteur d'accentuation, et non pas OF, et


si une rupture intonative est marquée, elle intervient avant OF et
non après. Comme notre but, dans cette étude, est de respecter
cette prééminence de la chose dite sur la chose écrite, nous ne
pouvons accepter cette classification. Il est d'ailleurs intéressant
de noter que les dictionnaires (qui ne se préoccupent pas
exclusivement de verbes complexes) ne comportent pas de
rubrique DISPOSE OF: c'est le seul DISPOSE qui fait l'objet d'une
rubrique, aussi bien dans le Shorter Oxford English Dictionary que
dans le Collins COBUILD English Language Dictionary, par
exemple. Le premier nommé ne connaît même pas l'expression
DISPOSE OF et le deuxième ne connaît que celle-là, puisque les
seuls exemples qu'il donne au regard de DISPOSE sont "avec OF",
reflétant ainsi l'usage: le DISPOSE transitif (signifiant
"distribuer") du moyen anglais 24 a laissé la place au
DISPOSE+OF signifiant "se débarrasser de" de l'anglais
moderne 25.
Nous ne disputerons pas le fait que l'ensemble DISPOSE+OF
constitue une unité de sens que certains peuvent trouver
pratique de considérer comme un seul mot, mais il n'en reste pas
moins qu'au niveau de la syntaxe et de l'intonation nous n'avons
affaire qu'à un verbe transitif indirect et à la préposition qui
introduit son (ou ses) complément(s).

24Dispose 1.1 p.532 Shorter Oxford English Dictionary (OUP 1965).


25Dispose+of 1. p.407 Collins COBUILD English Language Dictionary (COLLINS
1987).
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Les auteurs établissent ensuite une distinction entre ces verbes


prépositionnels constituant une unité de sens et les "phrasal
verbs" à partir de deux critères: la non-séparabilité de la
"particule" et la place de l'accentuation tonique.
Dans:

She called on her friends

nous avons indubitablement affaire à un verbe prépositionnel.

K•She called her friends on

est impossible car la fonction de la préposition est d'introduire le


complément, elle ne saurait donc se retrouver rejetée après lui.
D'autre part, dans cet exemple, comme dans le cas de tous les
verbes prépositionnels, c'est la base verbale qui est accentuée. Il
n'y a à cela rien d'exceptionnel: quand un énonciateur dit "She
called on her friends", l'essentiel de l'information qu'il transmet
est véhiculé par la base verbale CALL, et certainement pas par la
préposition. Les deux exemples qui sont donnés en note sont à ce
titre révélateurs:

a) He 'turned 'on his supporters (phrasal verb=excited them)


b) He 'turned on his supporters (prepositional verb=attacked
them)

Le fait de pouvoir, sans grande modification de sens, remplacer le


verbe de l'exemple (a) par "excite" et celui de l'exemple (b) par
"attack" n'implique pas, à notre avis, que le complément
"supporters" puisse dans les deux cas être considéré comme un
complément d'objet direct des deux occurrences d'une même
expression verbale TURN ON qui serait "phrasal" dans (a) et
prépositionnelle dans (b). Dans les deux cas le verbe, qui décrit la
nature du mouvement, est normalement accentué. A notre avis,
dans le cas de (a) un nouvel élément d'information est transmis
par ON et c'est pour cette raison que ON est accentué. Le fait que
la combinaison TURN ON soit un "phrasal verb" est une
conséquence de ce phénomène, et non sa cause.
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Chapitre 2 Analyse d'ouvrages traitant de la question des verbes complexes
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Dans le cas de (b), l'essentiel de l'information est véhiculé par la


seule base verbale TURN (qui logiquement porte l'accentuation
tonique) et la fonction principale de ON est d'introduire le
complément, un peu comme contre dans l'énoncé français:

Il s'est retourné contre moi.

Si la combinaison française SE RETOURNER CONTRE peut, dans


certains contextes, avoir une "valeur ajoutée idiomatique" (ou, en
d'autres termes, une charge sémantique additionnelle), cet emploi
idiomatique n'est qu'une des acceptions figurées possibles de
l'expression. Elle ne justifie pas des entrées de dictionnaire
distinctes comme: "retourner", "se retourner" ou "se retourner
contre". On peut également établir un parallèle avec les deux
expressions verbales françaises "se souvenir" et "se rappeler": le
fait que "se rappeler" se construise transitivement et que "se
souvenir" impose l'emploi de la préposition DE ne fait pas de
SE SOUVENIR DE un verbe à part entière qui n'aurait que des
compléments d'objet directs.

On serait à nouveau tenté, à la suite du raisonnement qui vient


d'être exposé, d'aboutir à la conclusion que le verbe
prépositionnel anglais, en tant qu'unité de sens distincte de la
somme des sens de ses composants, n'existe tout simplement
pas. Une telle conclusion serait pourtant prématurée car ne
serait pas sans conséquences sur l'existence même de certains
"phrasal verbs": la combinaison SET ABOUT de la page 24, par
exemple, ne pourrait être considérée que comme une occurrence
du verbe SET avec un simple complément d'objet indirect
introduit par ABOUT. Pourtant, force est de constater que les
choses sont différentes et que l'explication ne saurait être aussi
simple.

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Chapitre 2 Analyse d'ouvrages traitant de la question des verbes complexes
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2.7 Grammaire anglaise (Nathan Université: 1979)

Il s'agit d'un ouvrage français. Son auteur n'utilise jamais


l'appellation "phrasal verb". Les combinaisons verbales qui nous
intéressent sont nommées "verbes à particules", mais le terme
"particule" n'a pas la même signification que pour les auteurs
non francophones que nous avons précédemment cités (voir
supra note n°1). L'auteur précise (1979: p. 26):

"La liste des particules est non seulement fermée, mais succincte; les voici:
ABOUT, ACROSS, ALONG, AWAY, BACK, DOWN, IN, OFF, ON, OUT, OVER,
ROUND, THROUGH, UP" (1979: p. 22).
"Du point de vue de leur comportement syntaxique, les particules verbales
diffèrent des prépositions alors que la plupart d'entre elles sont homonymes
de prépositions. En fait, seules trois d'entre elles ne sont jamais en position
de préposition: AWAY, BACK et OUT.
La particule est un constituant du verbe, et peut donc se trouver (cas d'un
intransitif) en fin de groupe ou de phrase.
La préposition est le premier constituant d'un groupe prépositionnel, et elle est
suivie d'un nom (sauf transformation ultérieure, comme on verra)".

Plusieurs remarques s'imposent:

- Il ne s'agit plus ici de prépositions qui deviennent (ou


fonctionnent comme) des adverbes, mais de particules qui
peuvent se trouver (ou non) en position de prépositions. Ces
particules sont bien décrites comme des "particules adverbiales
que l'on appellera par simplification particules" (1979: p. 22).

- Abstraction totale est faite de l'anglais américain, où l'emploi de


OUT comme préposition est très courant, comme en témoigne

You could look out the tall windows at the branches of the
towering trees. (VERBE1688)

Le tableau suivant comprend, dans la colonne de gauche, la liste


fermée des particules qui nous est fournie (1979: pp. 221, 222) 26,
et, dans celle de droite, la liste des prépositions possibles:

PARTICULES PRÉPOSITIONS

26Il s'agit d'un classement par ordre alphabétique des deux listes "prépositions
courantes" et "prépositions simples" fournies par l'auteur.
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Chapitre 2 Analyse d'ouvrages traitant de la question des verbes complexes
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ABOARD
ABOUT ABOUT
ABOVE
ACROSS ACROSS
AFTER
AGAINST
ALONG ALONG
AMONG
+ AROUND
AS
AT
AWAY _
BACK _
BEFORE
BELOW
BEHIND
BENEATH
BESIDE
BETWEEN
BEYOND
+ BY
DOWN DOWN
DURING
FOR
FROM
IN IN
INSIDE
INTO
LIKE
+ NEAR
OF
OFF OFF
ON ON
OUT OUT
OUTSIDE
OVER OVER
+ PAST
ROUND ROUND
SINCE
THROUGH THROUGH
THROUGHOUT
TILL
TO
TOWARDS
UNDER
UNDERNEATH
UNTIL
UP UP
UPON
WITH
WITHIN
WITHOUT

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Chapitre 2 Analyse d'ouvrages traitant de la question des verbes complexes
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La confrontation de ces listes appelle deux remarques:


- La liste des prépositions est bien plus longue que celles des
particules homonymes, indiquant, peut-être, que ces particules
ne sont en fait que des prépositions utilisées comme telles dans
des circonstances particulières et non des entités totalement
indépendantes des prépositions.
- La raison de cette classification nous est donnée: la
caractéristique commune des particules "est de pouvoir collaborer
au sens des verbes indépendamment du sens qu'on pourrait leur
attribuer isolément" (1979: p. 22). Il s'agit donc d'un type de
classification différent de ceux qui nous ont déjà été proposés.

Pourtant, certaines des prépositions énumérées (nous les avons


mises en caractères gras et signalées par le symbole +) peuvent
être employées comme autre chose que de simples prépositions,
comme en attestent les énoncés suivants:

a) Why should you have risked serious injury to prevent my


searching for it? / I should sit around and let people come in
and stick me up? (VERBE1191)

b) So Felix lingered at Bona Durio, unable to pursue Von


Lettow, feeling frustrated and hard done by.(VERBE1566)

c) However, the exposed position of Twelve company at the


southernmost tip of the army's advance made them suspect
that if any unit was going to be hard done by it would be
theirs.(VERBE1557)

d) I read until the conductor came by, and when he had


finished punching everyone's ticket, he walked backwards up
the aisle. (VERBE1837)

e) No one had told her that health and energy and the Lord's
work are harder to come by in bad weather. (VERBE1719)

f) Work permits and visas for the remaining scientists became


far harder to come by, and all manner of provisions became
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Chapitre 2 Analyse d'ouvrages traitant de la question des verbes complexes
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unobtainable as international sanctions and superpower


muscle-flexing imposed official and unofficial economic
sanctions. (VERBE1324)

g) As your birthday is drawing near, what would you like for


a present ? (Courtney, 1983 p. 149)

h) A troop of boy scouts [...] loped past in unmilitary array


[...] (VERBE1596)

En plus du fait que toutes ces "prépositions" sont employées


comme des adverbes, elles collaborent "au sens des verbes
indépendamment du sens qu'on pourrait leur attribuer
isolément". Elles méritent donc tout à fait, à notre point de vue, le
titre de "particule" dans l'acception qu'en donne Roggero. Cela est
vrai pour le AROUND de l'énoncé (a) associé au verbe statique
SIT, et surtout pour les BY des énoncés (b), (c), (d), (e) et (f). Nous
pensons que si le sens de l'ensemble COME BY de l'énoncé (d)
peut être considéré comme transparent, il est loin d'en être de
même en (e) et (f), où l'ensemble signifie "obtenir". Nous notons
au passage la faculté pour les participes passés de certaines de
ces combinaisons verbales d'être employés comme des adjectifs:
c'est le cas dans les énoncés (a) et (b). L'ensemble DO BY ne
semble exister que dans des emplois de ce type, avec ou sans
adjonction préalable de l'adverbe HARD (hard done
by = maltraité) 27.

Nous sommes par ailleurs convaincu que la liste des particules


ainsi modifiée n'est pas exhaustive et qu'il doit être possible de
trouver dans la langue écrite aussi bien que dans la langue parlée
des occurrences de ABOARD dans des fonctions non
prépositionnelles, comme c'est le cas pour le BEHIND de:

i) If your payments of rent fall behind, you will be asked to


leave (Courtney, 1983 p. 173)

27 Cf. le dicton "Do as you would be done by."


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Chapitre 2 Analyse d'ouvrages traitant de la question des verbes complexes
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dont le sens ne peut pas être qualifié de plus transparent que


ceux des BRING UP, CARRY OUT ou TAKE OFF (comme dans the
plane took off) dont l'auteur affirme que "la signification globale
ne peut absolument pas être déduite de celle des parties" (1979:
p. 24).

Cette grammaire se distingue également des autres ouvrages


étudiés en ce qu'elle prend en compte les verbes à particule dans
lesquels les particules "placées avant, sont graphiquement
rattachées comme en allemand" (1979: p. 22).

Nous consacrerons une partie de notre étude à ces combinaisons


particulières. Notons toutefois que les particules de ces
combinaisons ne sont pas nécessairement graphiquement
rattachées: c'est le cas pour DOWNLOAD ou OVERRUN, mais pas
toujours pour UPEND (UP-END), et quasiment jamais pour
ABOUT-FACE et ABOUT-TURN.

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Chapitre 2 Analyse d'ouvrages traitant de la question des verbes complexes
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2.8 Grammaire explicative (Longman: 1991)

Il s'agit du deuxième ouvrage français examiné dans notre étude,


qui traite, au chapitre 22, des combinaisons verbales qui nous
intéressent. Ces combinaisons sont regroupées, de manière
désormais classique, en verbes prépositionnels et verbes à
particule (que nous continuerons, pour l'instant, de nommer
"phrasal verbs"). Les auteurs nous disent que ces deux catégories
ne doivent pas être confondues.

Une étude contrastive (Ibid. p. 220) des sens français de plusieurs


verbes démontre que, dans les structures de ce type, la particule
adverbiale modifie le sens du verbe au point que la combinaison a
pour traduction en français un verbe différent de l'équivalent de
la seule base verbale anglaise:

HE LOOKED IL A REGARDÉ
HE LOOKED UP IL A LEVÉ LES YEUX
HE LOOKED UP A WORD IL A CHERCHÉ UN MOT (dans le dictionnaire)

En fait, ce problème ne se pose que pour les combinaisons dont


les auteurs nous disent que le sens est « pratiquement
imprévisible », qu'il s'agisse de verbes prépositionnels ou de
verbes "à particule".

Nous attirons cependant l'attention du lecteur sur le fait suivant:


si l'on compare l'un des exemples qui nous sont proposés (Ibid.:
p. 232)

a) We have run out of money. Nous n'avons plus d'argent


(sens idiomatique)
à
b) The front door burst open, that's the only word, and this
woman came running out, down the steps, and threw her
arms round Sandor. (VERBE1378)

par exemple, les deux ensembles RUN OUT sont identiques,


même si cela ne semble pas évident. C'est par un nouvel effet de
contraction du moyen d'expression que le RUN OUT de (a) est

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Chapitre 2 Analyse d'ouvrages traitant de la question des verbes complexes
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devenu "réversible". Si nous remontons à la source de


l'expression, à notre avis un simple énoncé à la voix active, nous
obtenons la glose:

a') Money has run out of us (our pockets),

dont la syntaxe est semblable à celle de (b) (les affectés sont dans
la même position). La seule différence est que l'expression a un
sens figuré. Le placement de l'affecté 28 en tête d'énoncé dans (a)
n'aurait pour effet que de mettre l'accent sur la gravité de la
situation pour l'énonciateur, et cela est parfaitement illustré par
le schéma intonatif :

'We have 'run out of 'money.


où WE, représentant l'énonciateur-affecté, est fortement
accentué, de même que MONEY, dont le référent est l'objet de son
désarroi. Nous ne pensons pas que le sens du RUN OUT de (a) est
« pratiquement imprévisible ». Nous tenterons de montrer que
son imprévisibilité, comme celle de la plupart des "phrasal verbs"
qui partagent cette caractéristique, s'explique par l'éloignement
de la source de l'assemblage: plus le stade d'évolution est avancé
dans le temps, plus il devient difficile d'en reconnaître l'origine.

Les auteurs observent ensuite que la syntaxe des verbes à


particule transitifs correspond à un schéma résultatif du type
(1991: p.236):

 Adjectif
GN1 V GN2 +  Adverbe
 Préposition + GN3
ou
 Adjectif
GN1 V+  Adverbe
 Préposition + GN3

comme dans:

28Nous employons ici, et dans tout le reste de notre travail, le verbe "affecter" dans
son sens courant, tel qu'on peut le trouver dans le Petit Robert:: "Toucher quelqu'un
par une impression, une action sur l'organisme ou le psychisme." (1967: p.31).
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Chapitre 2 Analyse d'ouvrages traitant de la question des verbes complexes
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The door slammed shut


He hurried out
He swam across the Channel

Ils précisent (1991: p.237, 22.7.2) qu'il existe des structures


basées sur le même modèle mais qui ne sont pas résultatives et
ne doivent pas être confondues. Nous pensons, et tenterons de
montrer, que, pour ce qui concerne les verbes complexes qui
nous intéressent, cette réserve n'a pas lieu d'être: toutes
procèdent d'une logique résultative 29.

L'analyse des exemples proposés pour illustrer des schémas


idendiques qui n'ont pas de sens résultatif:

"a) They found him stupid. Ils l'ont trouvé bête (Appréciation
d'un état stable)
b) He looked tired. Il semblait fatigué (État stable)
c) He looked the word up (Verbe à particule de sens non
prévisible)
d) We met him in the bar / He swam in the river (Action qui
n'aboutit pas à un résultat: pour qu'il y ait sens résultatif, il
faut une préposition qui soit compatible avec le sens de
changement de lieu, alors que in préposition est forcément
statique. IN + GN est un circonstanciel qui indique le lieu où
l'on est) (1991: p. 237)".

appelle deux remarques à notre avis essentielles:

1. Il est clair que (a) et (b) ne sauraient être considérés comme


résultatifs puisqu'ils décrivent un état stable (ou posé comme tel
par l'énonciateur), en quelque sorte:
a') He is stupid
et
b') He is tired
qui implique donc qu'il n'y a pas de passage d'un état à un autre.

29 Cf. Bolinger (1971, p. 96): "After something is bleached white it is white, and
after a person gets away, he is away. The notion of resultant condition is essential
to phrasal verbs."
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Chapitre 2 Analyse d'ouvrages traitant de la question des verbes complexes
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Par contre le LOOK UP de (c) (exemple classique...) peut être


comparé au SIZE UP de:

e) One gift he was blessed with, he considered, was the ability


to see through people, to size them up, see what they really
were beneath public pose; an invaluable talent. (VERBE 1056)

L'aspect résultatif des expressions LOOK UP, SIZE UP, et même


SEE THROUGH, ne paraît pas aussi évident que dans le cas des
structures "non idiomatiques" précisément parce que ces
structures sont employées dans un sens figuré, mais il existe bel
et bien. Si on cherche un mot dans un dictionnaire, c'est bien
parce qu'on ne le connaît pas, si on cherche à évaluer quelqu'un,
c'est bien parce qu'on ne sait pas ce qu'il vaut, et si le "héros" de
l'exemple (e) a une supériorité par rapport au commun des
mortels c'est bien sa faculté d'"aller voir de l'autre côté" des
humains. Nous avons affaire, dans chaque cas, au passage d'un
état A (ignorance) à un état B (connaissance).

S'il est aisé de considérer que THROUGH indique un passage,


nous convenons qu'il est plus difficile d'expliquer comment UP
indique, non pas un passage, mais le résultat d'un passage. Un
élément de réponse nous est apporté par Chalker (1984: p.
236) 30. Nous consacrons le chapitre 8 à l'étude de cette question.

2. Les deux énoncés de l'exemple (d) sont au coeur de l'ambiguïté


commune à un grand nombre d'analyses de verbes complexes, et
que nous tenterons de lever: dans la majorité des études, la
distinction est faite entre "verbes prépositionnels" et "verbes à
particule" sur un plan purement grammatical. Ici, par exemple,
on nous dit que:

"les prépositions appartiennent au groupe du complément, tandis que les


particules font partie du verbe" (1991: p. 232),

mais l'existence de deux types d'emploi des verbes


prépositionnels est très souvent passée sous silence, et pourtant

30 UP: intensifying – completion or destruction.


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Chapitre 2 Analyse d'ouvrages traitant de la question des verbes complexes
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elle existe. Nous pensons, en effet, que les deux énoncés de (d)
n'ont pas grand chose à voir avec le:

f) She went on a diet

de la page 232, ni avec aucun des exemples de verbes


prépositionnels cités à la page 234 31. Nous ne saurions dire,
sans contexte, si la préposition ON est compatible avec un
changement de lieu ou pas. Par contre, le verbe GO, tout comme
le SWIM de (d) l'est parfaitement puisqu'il s'agit de verbes de
mouvement. Il y a bel et bien "mouvement" dans (f), même si ce
mouvement n'est que figuratif: le sujet de la relation SHE/GO ON
A DIET est passé de l'état A d'"obèse passive" à l'état B d'"obèse
qui réagit". C'est l'emploi d'un verbe de mouvement dans un
énoncé qui n'exprime pas de mouvement qui est ici le moyen
d'ajouter du sens à la structure prépositionnelle. La différence
avec les énoncés de (d) – structures prépositionnelles banales
sans valeur ajoutée – est frappante.

En réalité, les verbes prépositionnels sans aucune valeur ajoutée


sémantique ne constituent jamais, à notre sens, ce que les
anglophones nomment "phrasal verbs": leur sens n'est que la
somme des sens de leurs composants. Tout l'intérêt, et toute la
difficulté, du problème réside dans l'appréciation de cette valeur
ajoutée que peuvent prendre certains verbes prépositionnels et
certains verbes "à particule". Nous pouvons d'ores et déjà
mesurer combien les appellations "verbe composé", "verbe
complexe", "verbe à particule" , "verbe prépositionnel", et même
"phrasal verb" (puisque l'expression n'a pas la même signification
pour tous les auteurs anglophones), sont peu adaptées à la
description du phénomène, car, ne prenant en compte que sa
composante grammaticale, elles font abstraction de la partie à
notre avis essentielle de ces combinaisons verbales: le sens
ajouté. Elles ne sauraient donc être qu'ambiguës.

31 Come across, come to, do with, do without, look for, look after, look into, stand
for et run into.
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Chapitre 2 Analyse d'ouvrages traitant de la question des verbes complexes
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2.9 Synthèse

L'analyse de ces huit ouvrages ne se veut ni systématique, ni


exhaustive. Son unique but est de mettre en évidence un certain
nombre de points de divergence et de points de convergence.
Les points de convergence permettent, à notre sens, de donner
une idée de ce qui se dit "habituellement" sur ce genre de verbes
complexes, et les divergences sont une bonne illustration des
difficultés d'analyse et de classification que posent ces
combinaisons aussi bien à l'anglophone qu'au non-anglophone.

2.9.1 Les points de divergence

Verbes prépositionnels, verbes "à particule" ou "phrasal


verbs" ?

Cette question d'appellation apparaît comme une des plus


difficiles à résoudre. S'il semble que sur ce point les auteurs
français s'accordent en ne faisant pas d'amalgame entre les
deux premières catégories, ce n'est pas le cas des auteurs
anglais. Tous reconnaissent la possibilité pour certaines
combinaisons VERBE+PARTICULE ou VERBE+PRÉPOSITION
de prendre un sens qui est souvent qualifié d'"idiomatique"
et qui peut être indépendant de la somme des sens des deux
éléments constituant l'expression. Cependant, pour certains,
cette condition est suffisante pour qu'un "phrasal verb"
puisse apparaître (Dictionary of English Phrasal Verbs and
their Idioms, Collins COBUILD English Grammar), alors que
pour les autres, elle n'est que nécessaire, et ils font la
distinction entre "phrasal verbs", verbes prépositionnels
"normaux" et verbes prépositionnels "idiomatiques". Ce
désaccord est dû à la différence d'appréciation par les
auteurs de la nature et de la fonction des prépositions et/ou
des particules.

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Chapitre 2 Analyse d'ouvrages traitant de la question des verbes complexes
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Préposition ou particule ?

Toutes les études convergent pour affirmer qu'il y a création


d'un sens "idiomatique" dès que la préposition d'un groupe
prépositionnel participe au sens du verbe, mais pour
certains, dès que cela se produit il y a apparition d'un
nouveau verbe (le "phrasal") qui a pour complément d'objet
direct l'ancien groupe prépositionnel alors privé de sa
préposition qui a été "captée" par le verbe, tandis que pour
les autres la préposition n'abandonne aucune de ses
prérogatives.

Nous voudrions insister sur le fait qu'il ne s'agit que d'une


simple différence d'appréciation du même phénomène: les
premiers nomment l'"ancienne" préposition "particule
adverbiale" et les seconds "adverbe prépositionnel", même si,
parfois, la question semble être cruciale pour d'autres encore
qui bannissent tout ce qui peut rappeler la préposition 32.
Cette divergence ne relèverait que de l'anecdote si certaines
combinaisons ne se comportaient de manière singulière,
mais sur ce point particulier tous les auteurs sont d'accord.

2.9.2 Les points de convergence

Le problème est que certaines combinaisons non seulement


prennent un sens "idiomatique", mais en plus deviennent
inséparables. Pour ce qui concerne ce phénomène
particulier, il semble que tous les auteurs s'accordent sur
deux points:

1) Plus une combinaison devient "idiomatique", moins elle


tend à être séparable.

32 Cf. Jacques Roggero Grammaire Anglaise p. 22: "Le terme scolaire français (non
employé en Grande-Bretagne) de « postposition » a été écarté ici parce qu'il offre
une analogie trompeuse avec « préposition ». Or il importe avant tout de distinguer
soigneusement ces deux catégories de formes au lieu de les confondre."
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Chapitre 2 Analyse d'ouvrages traitant de la question des verbes complexes
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2) Plus une combinaison est "idiomatique", moins il devient


facile de "prévoir", "deviner" ou "déduire" son sens de celui
de ses éléments constitutifs.

Mais rien dans les ouvrages cités ne dit précisément quand


une combinaison VERBE + PARTICULE ou VERBE +
PRÉPOSITION devient "inséparable". La seule indication que
nous ayons est d'un ordre que l'on pourrait qualifier
d'esthétique: si le complément est long la "particule" tend à
ne pas être séparée du verbe.

Selon nous, la "querelle" PARTICULE/PRÉPOSITION ne doit pas


masquer une autre réalité: de très nombreux "phrasal verbs"
existent, qui sont formés suivant le schéma VERBE+ADVERBE et
dont le deuxième terme n'a donc jamais exercé des fonctions de
préposition (c'est le cas de toutes les combinaisons avec AWAY,
BACK ou FORTH par exemple). Ces combinaisons sont
construites selon le schéma résultatif proposé par Larreya et
Rivière (1991: p.236), et apparaissent dans des énoncés au sens
souvent figuré du type:

But they were also irritable, talkative, dogmatic, arrogant and


humourless, holding forth with malicious skill on every
subject except the future of Calcutta. (VERBE1791)

dans lesquels la combinaison VERBE+ADVERBE (ici


HOLD FORTH) constitue une entité à la fois sémantique et
physique.

Il existe d'autre part des combinaisons qui ne sont "que


prépositionnelles" comme

He stood there and watched her primping down the street,


throwing her head like a Shetland pony. (VERBE621)

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Chapitre 2 Analyse d'ouvrages traitant de la question des verbes complexes
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dont le sens, au moins pour les francophones, n'est pas limpide


car il s'agit de la description littérale d'un mouvement au moyen
d'un verbe qui ne ressemble en rien à un verbe de mouvement.
Nous pensons que ces deux types d'agencement
VERBE+ADVERBE ou VERBE+PRÉPOSITION sont des
illustrations des schémas de pensée qui sont à la base de la
création des "phrasal verbs".

Nous pensons également que les seules combinaisons qui


méritent le titre de "phrasal verbs" sont les combinaisons
comportant une véritable liaison entre leur premier et leur
deuxième termes: une fois la liaison définitivement établie, un
élément nouveau est créé dont il devient, pour l'usage courant (la
communication), presqu'inutile de savoir s'il est constitué d'une
combinaison VERBE+ADVERBE ou VERBE+PRÉPOSITION, et
surtout, de "prévoir" ou "deviner" comment les deux éléments ont
pu donner ce sens. Cette dernière démarche ne saurait être que
rétroactive: qui s'est jamais soucié de prévoir que l'association
des mots français PETIT et GRIS, par exemple, servirait, une fois
la jonction PETIT-GRIS définitivement établie, à désigner soit un
petit écureuil de Russie, soit une variété d'escargots ?

Les ensembles VERBE+PRÉPOSITION forment, a notre avis, une


catégorie à part, et sont difficilement classables avec ce qu'il est
convenu d'appeler "phrasal verb", dans l'acception qu'en donne
Bolinger (1971 p. 3):

[...] an outpouring of lexical creativeness that surpasses anything else in our


language: to help out, to write up, to die off, to string along, to gad about...

En réalité l'appellation ne convient pas véritablement à la


description du phénomène. Nous en proposerons une autre et
tenterons de montrer que, lorsqu'un ensemble VERBE +
PRÉPOSITION devient "phrasal", la préposition n'est plus
véritablement une préposition.

L'établissement d'une telle frontière à la classe des "phrasal


verbs" permet de surcroît d'éviter les classifications par "degré

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Chapitre 2 Analyse d'ouvrages traitant de la question des verbes complexes
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d'idiomaticité" dont nous avons entrepris de montrer le manque


de fiabilité.

Nous nous proposons, dans les pages qui suivent, d'expliquer la


genèse du phénomène au travers de l'examen des mécanismes de
pensée et des structures qui participent à leur formation
(schémas résultatifs VERBE+ADVERBE ou VERBE+ADJECTIF, et
même VERBE + NOM, et schémas prépositionnels à sens littéral
ou figuré).

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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
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p 3. DU CAPTAGE A L'ACCOLAGE

Essai de classification

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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
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3.1 Propositions pour une nouvelle classification

Une réalité s'impose après l'analyse du chapitre précédent: c'est


la rigidité grammaticale de la distinction entre verbes
prépositionnels et verbes "à particule" qui interdit de prendre en
compte le facteur crucial qu'est l'ajout de sens; or c'est
précisément cet ajout de sens qui fait qu'une combinaison
VERBE+PRÉPOSITION ou VERBE+ADVERBE devient
"idiomatique".

Notre hypothèse est que la distinction traditionnellement établie


entre verbes à particule et verbes prépositionnels n'a pas
véritablement lieu d'être, et crée, dans de nombreux cas, un faux
problème pour au moins trois raisons:

1. Le terme "particule" est mal adapté, même dans la définition


qu'en donne Quirk. Son unique objet est d'éviter la question
du véritable statut du morphème grammatical concerné
(adverbe ou préposition ?).
2. Il existe des combinaisons verbales complexes "idiomatiques"
qui semblent formées suivant le modèle VERBE+ADJECTIF.
3. La logique grammaticale nous conduit à penser que ni la
préposition ni l'adjectif, parce qu'ils ne sont jamais
directement incidents au verbe, ne peuvent en modifier le
sens (Pagnoux 1987: pp. 10-11).

Notre conviction est que, pour modifier le sens d'un verbe – que
ce soit temporairement ou définitivement –, il faut
nécessairement un adverbe. Le but de ce chapitre est donc
double:

• Montrer comment le changement de statut des adjectifs et


des prépositions dans des combinaisons VERBE+ADJECTIF
et VERBE+PREPOSITION peut donner naissance à des
"phrasal verbs".
• Proposer une classification différente des verbes complexes
qui permette, entre autres choses, d'éviter de devoir recourir

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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
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systématiquement au terme "particule", et même, comme


c'est parfois le cas en français, à l'expression "phrasal verb".

3.1.1 Méthode

Notre travail, dans ce chapitre, comporte trois volets


principaux:
- L'analyse d'exemples extraits de For Whom the Bell Tolls 1.
- L'analyse des résultats d'une enquête menée auprès de
francophones et d'anglophones, visant à mettre en lumière
leur perception du phénomène que nous avons appelé
"accolage".
- L'analyse des résultats d'une étude d'achantillons sonores
produits par des anglophones.

Le choix de For Whom the Bell Tolls comme référence est,


nous le concédons volontiers, arbitraire. Il a été
principalement motivé par le fait qu'il nous a été possible
d'en numériser entièrement le contenu. Nous disposons
donc du texte complet sous forme de fichier ASCII 2 utilisable
par tout micro-ordinateur. Nous pensons d'autre part,
qu'avec plus de 209000 mots, il constitue une partie non
négligeable de notre corpus. Nous ajouterons qu'il en
constitue une partie objective. En effet, une grande partie de
nos références étant constituée d'exemples d'énoncés
collectés au cours de nos lectures et rassemblés dans une
base de données, il va sans dire que nous n'avons pas pu
relever tous les groupes VERBE+ADVERBE ou
VERBE+PRÉPOSITION que nous avons rencontrés depuis
plusieurs années. La sélection que nous en avons faite est
donc forcément subjective.

Dans le cas de For Whom the Bell Tolls, les multiples lectures
"informatiques" que nous avons effectuées à l'aide d'un

1 Ernest Hemingway, 1941. Edition TRIAD GRAFTON BOOKS.


2 American Standard Code for Information Interchange.
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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
_________________________________________________________________________________

concordanceur que nous avons mis au point 3, nous ont


permis d'effectuer des recherches systématiques des
morphèmes suivants intervenant dans la formation des
verbes complexes, qu'ils soient à l'origine des prépositions,
des adjectifs, des adverbes ou des noms:

Liste des morphèmes recherchés

1. ABACK 22. FOR 43. OVER


2. ABOUT 23. FORE 44. PAID
3. ACROSS 24. FORTH 45. PARALLEL
4. AFOUL 25. FORWARD 46. PAST
5. AFTER 26. FROM 47. ROUND
6. AHEAD 27. HOME 48. SHUT
7. ALONG 28. IN 49. SILLY
8. AMOK 29. INSIDE 50. SIMUL
9. AMUCK 30. INTO 51. THROUGH
10. APART 31. INWARD(S) 52. TO
11. AROUND 32. NEAR 53. TOGETHER
12. ASIDE 33. NUTS 54. TOWARD(S)
13. AT 34. OF 55. UNDER
14. AWAKE 35. OFF 56. UP
15. AWAY 36. ON 57. UP TO
16. BACK 37. ONTO 58. UPON
17. BEHIND 38. ONWARD(S) 59. UPSTAIRS
18. BETWEEN 39. OPEN 60. UPWARD(S)
19. BY 40. OUT 61. WAY
20. DOWN 41. OUTSIDE 62. WITH
21. DOWNSTAIRS 42. OUTWARD(S)

L'ordinateur n'est capable que de rechercher des chaînes de


caractères qu'il compare à un modèle proposé. Dans le cas
qui nous intéresse nous avons recherché ces morphèmes
sous leur forme libre (précédés et suivis d'un espace
typographique ou d'une marque de ponctuation) sauf dans
les cas où il existe des variantes du même modèle: pour
obtenir tous les OUTWARD et OUTWARDS, par exemple, il
suffit de lancer une recherche du modèle OUTWARD avec
l'option "mot non isolé".

3 LOOK IT UP! (1987-92).


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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
_________________________________________________________________________________

A chaque occurrence de la chaîne de caractères recherchée,


le concordanceur "remonte" dans le texte jusqu'au premier
séparateur de phrase trouvé, puis "redescend" jusqu'au
séparateur suivant. Il enregistre alors la phrase trouvée dans
un fichier consacré à cette chaîne. Le procédé permet
d'obtenir une succession de phrases entières, répétées
éventuellement s'il y a plusieurs occurrences du morphème
recherché dans la même phrase 4.

Le point de départ de notre analyse est le morphème OPEN,


qui apparaît, de manière isolée, 55 fois dans For Whom The
Bell Tolls. Si nous avons choisi le morphème OPEN, c'est
qu'il fait partie de ceux pour lesquels il n'existe aucune
ambiguïté: il ne peut être ni préposition, ni "particule". S'il
intervient dans des "phrasal verbs", ce sera donc à un autre
titre. D'autre part, les manifestations en discours de la
notion OPEN qui viennent à l'esprit, hors de tout contexte,
sont, à notre sens, plus souvent des verbes et des adjectifs
que des adverbes ou des noms.

Nous aurions pu, pour la même analyse, choisir le


morphème AWAKE, par exemple, mais il n'apparaît que
quatre fois dans le roman.

Nous nous sommes également intéressé, dans un but de


comparaison, à l'utilisation faite par Hemingway des
morphèmes ON, ABOUT et AHEAD.

Les 55 occurrences de OPEN sont, tour à tour, des VERBES,


des ADJECTIFS, des ADVERBES ou des NOMS (OPEN1-
FW6). Nous n'effectuons pas ici l'analyse de tous ces
énoncés (la liste complète des occurrences figure en annexe
dans le tome 2). Notre attention porte plus particulièrement
sur les 6 suivants:

4 Le logiciel limite la longueur des "phrases" à 240 caractères. Dans le cas où le


modèle cherché ne figure pas dans ces limites après la "remontée" jusqu'au début
de la phrase, le programme isole et enregistre un segment qui contient le modèle
(30 caractères+modèle+30 caractères).
________________________________________________________________________________
Chapitre 3 Du captage à l'accolage
_________________________________________________________________________________

1. Pablo pulled open the blanket and went into the cave
without looking toward Robert Jordan. (OPEN1-FW7)
2. And at daylight he blew the wall open.(OPEN1-FW11)
3. The window was open and up the square from the fonda I
could hear a woman crying. (OPEN1-FW24)
4. He could not be sure and he held his mouth open and
listened, glancing up at Primitivo as he did so. (OPEN1-FW36)
5. He had the bucket open and was ladling out the stew onto
a plate. (OPEN1-FW44)
6. One case had burst open on landing and as Gomez and
Andres stopped and wheeled the motorcycle forward through
the stalled vehicles to show their safe-conduct at the control
Andres walked over the brass hulls of the thousands of
cartridges scattered across the road in the dust. (OPEN1-
FW52)

dans lesquels les fonctions de OPEN sont des fonctions


d'adjectifs ou d'adverbes. Nous nous proposons de montrer
que ces structures sont très semblables à celles que l'on
nomme habituellement "phrasal verbs".

3.1.2 Adverbe, particule ou préposition ?

Il est intéressant de noter la grande similitude entre les


énoncés (1) et (2), par exemple:
1. Pablo pulled open the blanket and went into the cave
without looking toward Robert Jordan. (OPEN1-FW7)
2. And at daylight he blew the wall open. (OPEN1-FW11)
et des énoncés comme:
7. The caretaker [...] came and turned the hose on and
commenced to lay the dust at the edge of the plaza... (ON1-
FW223)
8. 'Let us go for the old man,' Robert Jordan said, putting on
his leather coat (ON1-FW426)

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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
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On peut également facilement opposer (7) et (8) à (9):


9. They turned on you often but they always turned on
everyone (ON1-FW317)

Dans (9) les ON sont des prépositions, cela ne fait aucun


doute: leur rôle est d'introduire les compléments YOU et
EVERYONE, ce qui ne semble être le cas ni pour (7), ni pour
(8). Il est convenu de dire que dans (7) et (8) les ON sont des
"particules" qui participent au sens des verbes qui les
commandent: en somme TURN et PUT obtiendraient, par
l'adjonction de ON, un sens nouveau, et leurs compléments
(HOSE et LEATHER COAT), n'étant introduits par aucun
morphème grammatical, seraient des compléments d'objet
directs des ensembles TURN ON et PUT ON . Ce type de
verbe serait ce que les grammairiens anglais ou américains
nomment "phrasal verbs".

Une telle définition est séduisante, mais elle a, à nos yeux,


trois défauts majeurs:

1. Elle impose immédiatement la création de deux


catégories de phrasal verbs: ceux dans lesquels le verbe
ne peut pas être séparé de sa "particule" et les autres...
2. Elle rend théoriquement impossible la formation d'un
"phrasal verb" à l'aide d'un verbe et d'une préposition.
3. Elle fait des OPEN de (1) et (2) également des
"particules".

3.1.3 Deux catégories de "phrasal verbs" ?

S'il peut être aisé d'admettre que COAT soit effectivement le


complément direct de PUT ON, la même opération nous
semble beaucoup plus difficile dans le cas de HOSE et TURN
ON: pour quelle raison l'ensemble TURN ON serait-il réparti
autour de son complément ?
La réponse qui est communément donnée est que certains
"phrasal verbs" sont séparables et d'autres pas.
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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
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Cela, à première vue, semble vrai, mais chacun sait que les
énoncés:

7'. The caretaker [...] came and turned on the hose and
commenced to lay the dust at the edge of the plaza...

et:

8'. 'Let us go for the old man,' Robert Jordan said, putting his
leather coat on.

sont parfaitement corrects et, à notre sens, au moins aussi


fréquents que (7) et (8).

Pour quelles raisons TURN ON et PUT ON sont-ils des


"phrasal verbs" séparables ? Qu'est ce qui fait que certains
"phrasal verbs" sont inséparables ? Nous tenterons de
donner une réponse à ces questions par une classification
différente.

3.1.4 Le type VERBE+PREPOSITION

Considérons les énoncés suivants:

10. There are necessary orders that are no fault of yours and
there is a bridge and that bridge can be the point on which the
future of the human race can turn. As it can turn on
everything that happens in this war. You have only one thing
to do and you must do it. Only one thing, hell, he thought. If it
were one thing it was easy. Stop worrying, you windy
bastard, he said to himself. Think about something else. (ON1–
FW96/97)

11. Bueno, he said to himself, feeling the familiar caress of the


flannel lining as he spread his legs wide, then drew them
together and then turned on his side so that his head would
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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
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be away from the direction where he knew the sun would


come. (ON1-FW154)

Comme dans (9), les ON de (10) et (11) sont des prépositions,


et les verbes TURN sont prépositionnels: en effet, on ne
saurait imaginer que les sens des énoncés puissent être
identiques si les compléments YOU, EVERYONE, POINT,
EVERYTHING et HIS SIDE étaient placés entre les TURN et
les ON. La raison en est simple: les compléments cités
représentent les affectés des prépositions ON et non ceux
des verbes TURN, ni des éventuels ensembles TURN ON.
Nous aurons l'occasion de revenir en détail sur la question.

Il n'en demeure pas moins que ces trois emplois différents de


TURN+ON ne sont pas sémantiquement identiques.
Certains, comme Cowie et Mackin (1975), parlent, dans ce
cas, de variation du degré d'idiomaticité: (9) serait plus
idiomatique que (10) qui, lui-même, serait plus idiomatique
que (11). Nous pensons que cette explication n'est pas la
bonne.

Selon nous, chacune des trois occurrences constitue une


expression idiomatique – c'est-à-dire propre à un idiome – .
Pour déterminer le sens exact de chacune de ces
constructions, il faut prendre en compte au moins deux
paramètres:

Les constantes: Ici TURN et ON et leurs sens de base.


Les variables: – Emploi littéral ou figuré
– Répartition des affectés
– Effacements éventuels

– Dans (10) et (11), il s'agit d'une révolution de l'affecté du


verbe TURN autour du référent du complément introduit par
la préposition ON. Il se trouve que, dans les deux cas,
l'affecté du verbe TURN est effacé (il s'agit tout simplement
du sujet grammatical).
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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
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Si la révolution est littérale en (11), elle est simplement


figurée en (10): comme en français, on fait "comme si"
l'avenir de l'humanité tournait autour d'un point.

– Dans (9) – They turned on you often but they always


turned on everyone –, l'affecté de TURN est également effacé
(il s'agit aussi du sujet grammatical), mais ce n'est pas tout.
Comme dans (10) et (11), la construction exprime une
révolution (ici figurée) du sujet grammatical autour d'un axe,
mais cet axe, l'énonciateur choisit de ne pas en expliciter la
nature, et le complément qui serait, dans le cas contraire,
introduit par ON, est en conséquence effacé lui aussi. S'il n'y
a, dans (10) et (11), qu'un seul effacement (celui de l'affecté
du verbe TURN), il y en a deux dans (9), où il n'est fait
mention explicite ni de l'affecté du verbe TURN, ni de l'axe de
révolution, qui est, dans ce cas, l'axe par défaut (l'axe de
symétrie du sujet grammatical) que l'énonciateur estime
n'avoir pas besoin de préciser car il le suppose connu de son
co-énonciateur. YOU et EVERYONE sont bien des
compléments introduits par ON, mais un ON de sens
différent, qui indique l'aboutissement prévu du mouvement,
tel celui de:

12. Don Guillermo rushed toward the man, blindly, with tears
now running down his cheeks and the man hit him hard
across the face with his flail and Don Guillermo sat down from
the force of the blow and sat there crying, but not from fear,
while the drunkards beat him and one drunkard jumped on
top of him, astride his shoulders, and beat him with a bottle.
(ON1-FW252)
par exemple.

Une manière de se convaincre de la réalité du phénomène,


s'il y avait un doute, consiste à essayer de substituer à
l'ensemble TURN+ON, l'ensemble REVOLVE+AROUND qui a
pratiquement le même sens, à ceci près que la préposition
AROUND évoque chez le co-énonciateur l'idée de circularité
(ce qui n'est pas le cas de ON) et se prête tout naturellement
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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
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à l'introduction grammaticale d'un complément exprimant


l'axe de la révolution, réelle ou figurée, dont il est question.
Il y a révolution dans les trois cas qui nous intéressent, et
pourtant la substitution n'est possible que dans (10) et (11),
ce qui montre bien que le ON de (9) n'est pas synonyme des
deux suivants et qu'il ne sert pas à introduire un
complément qui figurerait l'axe de la révolution dont est
pourvu le référent du sujet grammatical. C'est bien un ON
qui indique la cible du mouvement.

L'ensemble TURN+ON de (9) n'est, pour nous, pas plus (ni


moins) "idiomatique" que ceux de (10) ou (11), il est
simplement différent. Tout co-énonciateur a tendance à
prêter, dans le cas d'ensembles VERBE+PREPOSITION, au
verbe et à la préposition, des rôles et des affectés bien précis,
aussi bien au sens réel qu'au sens figuré.

Ces rôles et ces affectés sont ceux que ces ensembles ont le
plus souvent, ou, en d'autres termes, ceux auxquels s'attend
le plus souvent le co-énonciateur: c'est le cas de (10) et (11).
Mais parfois, l'énonciateur prête à l'un des éléments un sens
ou un affecté que son co-énonciateur, surtout s'il n'a pas la
même langue maternelle, n'imagine pas toujours aussi
facilement: c'est le cas de (9), que certains qualifient de "plus
idiomatique." Pour le non-anglophone, un tel emploi
provoque une forme d'effet de surprise, qui fait parfois dire
que le sens de l'ensemble VERBE+PREPOSITION est différent
de la somme des sens du verbe et de la préposition, ou
encore que le sens de l'ensemble est difficilement prévisible.
Nous disons, pour notre part, que dans ces cas il y a
simplement sens différent: si l'un des éléments de l'ensemble
a un sens différent, il est normal que le sens de l'ensemble
soit modifié en conséquence. Nous montrerons que le
phénomène se produit également avec d'autres prépositions,
et que, si le sens d'un tel ensemble est difficile à prévoir,
c'est bien parce que l'on prévoit habituellement pour chacun
des éléments un rôle et un affecté bien précis, qui ne sont
pas forcément les mêmes que ceux que l'énonciateur a
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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
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choisis. (Voir chapitre 5 pour l'étude détaillée de la question


des effacements).

Il ne faut pas confondre ce type d'ensemble purement


prépositionnel avec ce que certains nomment "verbes
prépositionnels idiomatiques": structures dans lesquelles la
préposition non seulement introduit un complément, mais
tend, en quelque sorte, vers un statut d'adverbe qui modifie
le sens du verbe, comme par exemple:

13. Well, he would have to see about getting Pablo a cigar.


(ABOU1–FW131)
ou
14. 'That you should get about thy business with Agustin,'
Pilar said. (ABOU1–FW269)

dans lesquels le morphème ABOUT, accolé au verbe (nous le


montrons plus loin), forme, avec lui, une nouvelle unité de
sens. Les ABOUT de (13) et (14) ont un statut hybride: ils ont
acquis des caractéristiques adverbiales, sans pour autant
perdre leurs caractéristiques prépositionnelles. Nous dirons
que dans ce type de structures ils sont des quasi-adverbes.
Nous tenterons de montrer que ce type d'accolage quasi-
adverbial de la préposition au verbe a souvent une réalité
phonique qui prend la forme d'une interruption entre le
quasi-adverbe et le groupe nominal qu'il introduit. Cette
interruption est anormale, ou du moins inhabituelle, dans le
cadre d'un énoncé uniquement prépositionnel et elle lie, de
fait, l'"ex- préposition" au verbe. Quand cette interruption
existe, elle est révélatrice de l'acquisition par la préposition
du statut d'adverbe nécessaire à la formation d'un "phrasal
verb" par une opération d'"actualisation énonciative" du type
décrit par Cotte (1991: p. 106):

"La simple mention de signes dans la parole est en effet une actualisation
énonciative qui recrée nécessairement au plan notionnel la
représentation de leurs référents [...] Il suffit pour que ces signes
réfèrent effectivement à de l'extralinguistique, d'ajouter à ce potentiel de
référence (car le mode déclaratif positif suppose l'existence du sujet et

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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
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du prédicat mais déclare surtout l'existence d'une relation les unissant),


une intonation, un rythme unifiants [...]"

Cotte traite ainsi des relations prédicatives "simples". Il


ajoute en note:

"On opposera ainsi John lie ! (rapport imaginaire) qui présente une
interruption entre un sujet et un prédicat pourvus chacun d'un
mouvement mélodique propre et John lied sans rupture rythmique ni
mélodique, qui est assertif."

L'apparition d'une interruption entre un morphème qui a


toutes les apparences d'une préposition et le complément
qu'il introduit est du même type, et révèle l'"actualisation
énonciative" du changement de statut de la préposition.

3.1.5 Comment naissent les "Phrasal Verbs" ?

Si pour participer au sens d'un verbe jusqu'à former avec lui


une expression verbale "idiomatique", la préposition doit
subir un changement, fût-il partiel, de statut et devenir une
forme d'adverbe, il semble logique que des morphèmes qui
sont déjà des adverbes puissent, plus facilement et plus
naturellement encore, se joindre aux verbes pour former
avec eux le même type d'association.

Nous pensons, en effet que des énoncés comme:

1. Pablo pulled open the blanket and went into the cave
without looking toward Robert Jordan. (OPEN1-FW7)
et
2. 'Let us go for the old man,' Robert Jordan said, putting on
his leather coat (ON1–FW426)

sont le résultat de processus de formation identiques, et


c'est ce que nous allons tenter de démontrer.

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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
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3.1.6 Adjectif ou adverbe ?

Les énoncés (3) et (4)


3. The window was open and up the square from the fonda I
could hear a woman crying. (OPEN1-FW24)
4. He could not be sure and he held his mouth open and
listened, glancing up at Primitivo as he did so. (OPEN1-FW36)

ne posent pas de problème particulier et décrivent chacun


un état présenté comme stable au moment de l'énonciation.
Dans (3), OPEN est incident au nom WINDOW, sujet
grammatical, c'est donc un adjectif qualificatif en position
d'attribut. Dans (4), OPEN est toujours incident à un nom:
MOUTH. Son statut originel est donc aussi celui d'adjectif
qualificatif, mais il participe ici au sens du verbe HOLD
causatif en indiquant le résultat du procès, et acquiert de ce
fait une fonction adverbiale.

L'énoncé (5) pose un problème semblable:

5. He had the bucket open and was ladling out the stew onto
a plate. (OPEN1-FW44)

Si l'auteur avait utilisé une construction causative en HAVE


COMPLÉMENT + (V+EN) comme:

Francesca had them photographed with a low table set with


a lace-edged tray of afternoon tea, and the sun streaming in
the window. (VERBE 966),

cela aurait supposé l'intervention d'un participant extérieur,


mais le contexte montre qu'il n'en est rien:

Maria came up from the camp with a tin bucket of stewed hare with
mushrooms sunken in the rich gravy and a sack with bread, a leather wine
bottle, four tin plates, two cups and four spoons. She stopped at the gun and
ladled out two plates for Agustin and Eladio, who had replaced Anselmo at the
gun, and gave them bread and unscrewed the horn tip of the wine bottle and
poured two cups of wine.

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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
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Robert Jordan watched her climbing lithely up to his lookout post, the sack
over her shoulder, the bucket in one hand, her cropped head bright in the
sun. He climbed down and took the bucket and helped her up the last boulder.
'What did the aviation do ?' she asked, her eyes frightened.
'Bombed Sordo.'
He had the bucket open and was ladling out stew onto a plate.
'Are they still fighting ?'
'No. It is over.'
'Oh,' she said and bit her lip and looked out across the country.

Le héros Robert Jordan a pris le seau des mains de Maria et


l'a ouvert lui-même. L'énoncé est donc pratiquement
synonyme de « He opened the bucket... ». La structure
s'apparente à un schéma résultatif. Selon nous, la relation
exprime un changement d'état du seau, et OPEN ajoute du
sens au verbe HAVE et forme avec lui la lexie HAVE OPEN ≈
OUVRIR.

Les énoncés (2) et (6) peuvent être soumis à la même analyse


2. And at daylight he blew the wall open.(OPEN1-FW11)
6. One case had burst open on landing and as Gomez and
Andres stopped and wheeled the motorcycle forward through
the stalled vehicles to show their safe-conduct at the control
Andres walked over the brass hulls of the thousands of
cartridges scattered across the road in the dust. (OPEN1-
FW52)

Dans (2), OPEN, adjectif incident au complément d'objet


direct est logiquement placé après ce dernier (OPEN n'est
pas une caractéristique intrinsèque du mur). Dans (6) par
contre, l'analyse peut être différente: OPEN n'est pas
incident au complément d'objet direct d'un énoncé, mais à
son sujet grammatical. Il faut remarquer cependant qu'une
caisse ne saurait exploser seule. Il s'agit en réalité d'un
largage à partir d'un avion. La construction est de type
ergatif: elle semble exploser seule, mais c'est le largage et
l'arrivée brutale au sol qui ont provoqué l'explosion de la
caisse. L'énoncé est donc en réalité du même type que (2) et
il s'agit aussi d'une structure résultative. Il pourrait être
considéré comme une éventuelle réponse à une question du
type What was the result of the impact of the case ?, la

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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
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réponse étant, par exemple, it burst open. Tout comme le


ABOUT cité précédemment, OPEN se voit conférer un statut
d'adverbe incident au verbe BURST, et peut désormais
s'accoler à lui. C'est ce qui se passe dans l'énoncé (1): Pablo
pulled open the blanket and went into the cave without
looking toward Robert Jordan. (OPEN1-FW7).

Nous pensons que ce mécanisme et celui de la formation


des "phrasal verbs" sont identiques. En général, les deux
syntaxes VERBE + COMPLÉMENT + ADVERBE ou VERBE +
ADVERBE + COMPLÉMENT ne sont pas exclusives l'une de
l'autre, et peuvent coexister. Il est cependant des cas où les
accolages VERBE+ADVERBE deviennent irréversibles et
peuvent prendre un sens propre dérivé de la somme des
sens de leurs éléments constitutifs. Sont alors formés ce que
l'on pourrait appeler des vrais "phrasal verbs".

C'est le cas de l'ensemble TAKE IN cité par Courtney (1983:


p.648):

The salesman finds it easy to take in old ladies and


persuade them to give him their money.

ou de l'ensemble PUT IN de:

15. She has put in a pretty complicated day, if you ask me


(IN1-FW899)

de For Whom The Bell Tolls.

Il est à noter que c'est ce genre d'accolage qui a très


certainement provoqué les classifications en sens "plus ou
moins" idiomatiques de ces verbes complexes. Nous pensons
que, quand un véritable "phrasal verb" a été ainsi formé,
c'est l'ensemble VERBE+ADVERBE irréversiblement accolés
qui a acquis un sens, et lui seul. Le complément d'un tel
ensemble, s'il existe, représente alors l'affecté des deux
éléments accolés et non de l'un ou de l'autre pris isolément.
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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
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Il serait en effet quasiment impossible, en conservant le


même sens, de "décoller" les éléments des ensembles pour
obtenir des énoncés comme:

K•The salesman took the old lady in


ou
15'. K•She has put a pretty complicated day in, if you ask me

Et pourtant, ce sont bien ces énoncés non encore accolés qui


sont à l'origine des deux "phrasal verbs": il s'agit, bien
entendu, d'un exercice tout à fait artificiel, mais il est
possible, dans la plupart des cas, de rétablir les affectés
effacés des éléments des ensembles et, une fois la remontée
à la source terminée, de faire ce que l'on pourrait appeler
une "prévision a posteriori" du sens de l'accolage.

Ainsi, dans l'énoncé de Courtney modifié, THE OLD LADY


est complément du seul verbe TAKE, et IN est une
préposition qui a "perdu" son complément. Ce complément
non dit par l'énonciateur qui l'estime évident ou, en tout cas,
le suppose connu du co-énonciateur, a pour référent la
réalité du monde malhonnête du vendeur. En y faisant
entrer la vieille dame sans le lui dire, en lui laissant croire
que rien n'est changé, le vendeur la trompe: he takes her into
his confidence, le propre du "con man". La préposition IN,
libérée de son complément par défaut, se prête tout
naturellement au changement de statut par accolage avec le
verbe TAKE, et cet accolage est encore facilité par
l'association par l'énonciateur et son co-énonciateur de
TAKE d'une part, et de IN sans complément d'autre part, à
l'idée de tromperie (TAKE IN = DECEIVE). C'est ainsi que
dans l'énoncé non modifié, les vieilles dames sont affectées
par le procès exprimé par l'ensemble TAKE IN (et non par le
seul verbe TAKE), et c'est pour cela que l'on dit
habituellement, à raison, que les compléments de ce type de
"phrasal verbs" sont des compléments d'objet directs.
En effet, si l'affecté avait été différent, il aurait fallu pour que
le co-énonciateur le connaisse, soit que l'énonciateur l'ait
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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
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déjà mentionné (affecté thématique), soit qu'il l'exprime à la


suite de la préposition (affecté rhématique). Dans (15),
l'énonciateur considère l'ensemble des journées vécues par
le référent du sujet grammatical, son expérience en quelque
sorte, et à chaque fin de journée, une journée de plus est
ajoutée à cette expérience. C'est cet accroissement figuré de
l'ensemble des journées vécues qui est exprimé par PUT IN.
Le déplacement de IN à la fin de l'énoncé, c'est-à-dire
l'amorce du rétablissement de son statut de préposition par
la création, dans l'esprit du co-énonciateur, d'une place pour
un complément, imposerait la mention explicite du référent
de ce complément, soit dans un énoncé antérieur, soit à la
place laissée vide. Sans affecté exprimé, IN est tout entier
consacré au verbe auquel il ajoute du sens pour donner PUT
IN = AJOUTER, INTÉGRER A SON VÉCU.

L'attraction qu'exerce le verbe sur l'adjectif (ou la


préposition), parfois jusqu'au captage qui aboutit à son
changement de statut, peut être résumée par la figure
suivante:

Incidence ADJ
GN ou
PREP

Transformation
Attraction

VERBE ADV
Incidence

Il est à remarquer que dans tous les exemples cités figure


une forme de mouvement, réel ou figuré, destiné à amener
l'affecté de son état de départ à l'état final dans le cadre des
schémas résultatifs mentionnés plus haut. Mais cela n'est

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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
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pas du tout une condition nécessaire à la formation de ces


ensembles VERBE+ADVERBE:

Si (5) pouvait faire penser à une structure causative, ce n'est


pas du tout le cas de

16. The day was warm but he had on a sheep's wool-lined


short leather jacket buttoned up to the neck. (ON1–FW327)
17. It had on chains and one link of chain was slapping, and,
as he watched, it came up the snow-covered road, green and
brown. (ON1–FW430)
18. He had on a long overcoat and he was bareheaded and
his hair was gray, his cheekbones broad and his eyes were
deep and set close together. (ON1–FW536)

Il semblerait que dans ces trois cas le résultat final ait, en


quelque sorte, primé sur la manière de l'obtenir (le co-
énonciateur comprenant que si un personnage portait un
long manteau, c'est que ce manteau avait auparavant été
mis sur ses épaules, par lui-même ou par quelqu'un
d'autre). On peut remarquer, par ailleurs, que si dans (17) et
(18), il est tout à fait possible de rétablir à ON son statut
original de préposition devenue adverbe par effacement de
son affecté

17'. It had chains on (itself) and one link of chain was


slapping, and, as he watched, it came up the snow-covered
road, green and brown.
18'. He had a long overcoat on (himself) and he was
bareheaded and his hair was gray, his cheekbones broad and
his eyes were deep and set close together,

ce n'est pas vraiment le cas de (16):

16'. K•The day was warm but he had a sheep's wool-lined


short leather jacket buttoned up to the neck on (himself).

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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
_________________________________________________________________________________

en raison, probablement, de la longueur du groupe nominal


complément du verbe HAVE. Les accolages peuvent donc
être réalisés soit par association d'idées, soit pour des
raisons pratiques, voire euphoniques ou esthétiques.

3.1.7 Le cas des vrais adverbes

Les morphèmes adverbiaux purs nous intéressent car ils ne


peuvent ni être incidents à des noms ni introduire ces noms.
Dans des ensembles VERBE+ADVERBE ils ne peuvent être
incidents qu'au verbe auquel ils peuvent éventuellement
s'accoler.
Nous avons choisi d'examiner l'usage que fait Hemingway de
l'adverbe AHEAD (la liste complète des 67 occurrences de
AHEAD dans For Whom The Bell Tolls est fournie en
annexe) en analysant plus particulièrement les énoncés
suivants

19. I go ahead to warn them. (AHEA1-FW2)


20. 'Give me the carbine, then,' he said and when Pablo
handed it to him, he slung it over his back and, with the
two men climbing ahead of him, they went heavily,
pulling and climbing up the granite shelf and over its
upper edge to where there was a green clearing in the
forest. (AHEA1-FW3)
21. He grinned, looking at the two bent backs and the big
packs ahead of him moving through the trees.
22. 'Go ahead and eat.' (AHEA1-FW7)
23. He passed two men, four men, eight men, ten men and
nothing happened and he was walking between that line
of men, his head up, his fat face gray, his eyes looking
ahead and then flickering from side to side and walking
steadily. (AHEA1-FW11)
24. Do you believe in the possibility of a man seeing ahead
what is to happen to him ? (AHEA1-FW19)
25. He saw the old man drop his pine tree behind a rock and
then he was out of sight in the rocks and Robert Jordan
________________________________________________________________________________
Chapitre 3 Du captage à l'accolage
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was looking ahead across the open space toward the


timber. (AHEA1-FW22)

Dans tous ces groupes, AHEAD est incident au verbe, qu'il


modifie. (19), (20), (22), (23) et (25) ont un sens littéral, (22)
et (24) ont un sens figuré. Il est à remarquer que le
complément de (25), introduit par ACROSS, est complément
du seul verbe LOOK, transitif indirect. AHEAD ne fait que
modifier LOOK en précisant la direction. Il pourrait
parfaitement être omis: le sens de l'énoncé serait moins
précis mais la syntaxe demeurerait correcte. La comparaison
de (21) et (23) montre que la préposition OF de (21) n'a pas
du tout le même rôle que le ACROSS de (25). La fonction de
ce OF n'est pas ici d'introduire un complément du verbe
LOOK (qui est introduit par la préposition AT), mais de
délimiter l'espace de AHEAD, faisant de AHEAD OF HIM, un
sous-ensemble de AHEAD suivant le schéma:

AHEAD
AHEAD OF HIM

On a donc bien, dans tous les cas des ensembles


VERBE+ADVERBE, les verbes étant, ou non, assortis d'un
complément direct ou indirect.

Pour comprendre quand un ensemble VERBE+ADVERBE


devient "phrasal", il faut comparer les sens littéraux et
figurés.

Dans (22), l'énonciateur porte effectivement son regard vers


l'avant. La suite logique d'un tel procès, son résultat,
pourrait être par exemple:

[...] his eyes looking ahead saw the rocks and ruts in the
path

________________________________________________________________________________
Chapitre 3 Du captage à l'accolage
_________________________________________________________________________________

qui peut être glosé par:

[...] his eyes saw the rocks and ruts ahead

où il s'agit effectivement de voir vers l'avant. Exactement


comme dans le cas du PUT IN de (15), l'association de SEE et
de AHEAD à l'état notionnel peut être utilisée avec un sens
figuré et favorise l'accolage des deux termes pour donner
SEE AHEAD = PREVOIR. Dans (24), la nominalisation « what
is to happen to him » est complément d'objet direct de
l'ensemble SEE AHEAD (auquel pourrait d'ailleurs être
substitué un autre verbe complexe FORESEE, mais nous en
reparlerons). Il s'agit alors d'un vrai "phrasal verb" tel que
décrit à la page 83.
L'énoncé:

24'. K Do you believe in the possibility of a man seeing what


is to happen to him ahead ?

est, en effet, impossible car il rompt l'accolage SEE AHEAD,


fait de la nominalisation en WHAT le complément du seul
verbe SEE, et détruit la cohérence de l'ensemble.

3.2 D'autres accolages

L'adverbe AHEAD présente des similitudes étymologiques avec


d'autres lexies, même s'il n'a pas toujours exactement le même
statut grammatical: ALIVE, APART, ASIDE, ASLEEP, et AWAKE,
par exemple (ceci n'est pas une liste exhaustive).

Nous commencerons par étudier les définitions que donne OED


(1992) de ces lexies:

AHEAD: adv. (and prep.)


[a prep.1 in, at + head.]
Originally a nautical term. Now used fig. in all its senses.

ALIVE: adv. or (pred.) a.


________________________________________________________________________________
Chapitre 3 Du captage à l'accolage
_________________________________________________________________________________

A prep.1 = on, in + ME. live, OE. lífe, dat. sing. of líf life. Here, as in the pl.
lives and the vb. live, the f between two vowels took the voice -sound v, while f
final remained in the nom. sing. This disguises the fact that a-live is only a
shortened form of on life = in life. The fuller form on live was still current in
the 17th cent.

APART: adv.
Fr. à part, f. à to, part place, side; though formally identified with Eng.
phrases like a-side, a-head, the various senses closely follow the Fr.

ASIDE: adv., prep.


[orig. a phrase, on side: see a prep.1 (Used in U.S. in various expressions
where apart is used in England.)]

ASLEEP: adv. and pred.


Forms: 2 an slep, 3 on slæpe, o slæpe, [...] asleep.
[f. a prep.1 11 + sleep. In OE. on slæpe occurs = in sleep; see Andreas 851.]

AWAKE: v.
[...] In this, as in the simple wake, q.v., two early verbs are mixed up; the
form-history being complicated with that of awaken, as the sense -history is
with that of awecche. 1. For the intransitive vb., OE. has awæcnan, awóc,
awacen, compound of wæcnan, wóc, wacen, the present stem having a
formative -n-, wak-n-. (Cf. Goth. fraihn-an, frah, fraihans.) This present began
already in OE. to be treated as a weak vb., with pa. tense awæcnede; whence
mod.E. awaken, awakened. As the earliest texts have onwæcnan, the a- in
later OE. was probably = on-, not a- prefix .

Toutes commencent par la lettre A et toutes sont données d'abord


comme des adverbes, sauf AWAKE (verbe). Seuls ALIVE et
ASLEEP sont données également comme des adjectifs. La lettre A
est, dans tous les cas, en anglais moderne, la trace d'une
préposition de l'anglais ancien (IN ou ON) 5. Nous nous sommes
demandé si, à l'instar de AHEAD, ces lexies pouvaient s'accoler à
des verbes et ainsi participer à la formation de "phrasal verbs".

5Ce qui explique la règle qui stipule que les adjectifs du type ALIVE ou ASLEEP ne
peuvent exister qu'en position d'attribut.
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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
_________________________________________________________________________________

Voici quelques exemples extraits de notre base de données:

1. There was a moment when it didn't matter where we


were, when comfort and pleasure and even tenderness
were elbowed aside by her whispered then screaming
demands. (VERBE 833)
2. For a new material to succeed, it usually must be able to
muscle aside a metal or glass: after all, they got there
first. (VERBE 838)
3. 'Good grief!' It was Chloe Fanshawe, brushing aside a
couple of guests to intrude upon their dialogue.
(VERBE 1143)
4. But the areroplanes [...]? Temple felt he could pull one
apart with his bare hands, punch it into rags and
kindling. (VERBE 1541)

Le changement de point de vue exprimé par la voix passive dans


l'énoncé (1) ne permet pas de vérifier que l'accolage
VERBE+ADVERBE a bien eu lieu, mais les énoncés (2) et (3) ne
laissent aucun doute à ce sujet. L'argument selon lequel c'est la
longueur du complément qui impose l'accolage en provoquant
l'avancement de l'adverbe ne peut être invoqué ici: les
compléments a metal or glass et a couple of guests peuvent être
considérés comme suffisamment "courts". Les ensembles
MUSCLE ASIDE et BRUSH ASIDE doivent être considérés comme
deux lexies composées dont le sens notionnel se situe à
l'intersection des ensembles MUSCLE et ASIDE d'une part, et
BRUSH et ASIDE d'autre part.

MUSCLE MUSCLE
(BRUSH)
(BRUSH) ASIDE
ASIDE

Ces deux lexies forment deux nouveaux ensembles notionnels et


les compléments a metal or glass et a couple of guests restent les

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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
_________________________________________________________________________________

compléments d'objet directs qu'ils auraient été si les accolages


n'avaient pas eu lieu:

2'. For a new material to succeed, it usually must be able to


muscle a metal or glass aside : after all, they got there
first.
3'. 'Good grief!' It was Chloe Fanshawe, brushing a couple
of guests aside to intrude upon their dialogue.

Les deux formes peuvent d'ailleurs coexister sans grande


modification de sens. Dans les deux cas le but recherché est
atteint, mais avec des outils différents:

Accolage But atteint à l'aide d'un seul outil: un verbe


complexe résultant de l'accolage d'un verbe
et d'un adverbe.
Absence d'accolage But atteint à l'aide d'un verbe modifié par
un adverbe.

On peut considérer que, dans les deux cas, il s'agit de structures


résultatives: à la suite des actions qui ont été exercées sur eux,
les référents des compléments sont passés d'un état A à un
état B.

Quand l'énonciateur a, comme dans le cas présent, le choix entre


deux solutions, c'est lui qui choisit la méthode la plus efficace:
soit une structure résultative classique
VERBE + COMPLÉMENT + ADVERBE, soit une structure VERBE
COMPLEXE + COMPLÉMENT.

L'énoncé (4) semble poser un problème sensiblement différent en


raison de la nature du complément ONE. L'énoncé:

4'. ? But the aeroplanes [...]? Temple felt he could pull


apart one with his bare hands, punch it into rags and
kindling.

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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
_________________________________________________________________________________

peut paraître douteux à certains, nous pensons néanmoins qu'un


accolage de PULL et de APART est possible (du type [...] If you
pull apart one of those calculators... (Collins COBUILD Dictionary
of Phrasal verbs 1989 p. 266)) même en l'absence de complément
prépositionnel à la droite de ONE.

Notre conviction est que, dans tous les cas, le pouvoir décisionnel
de l'énonciateur est primordial: c'est lui qui choisit, parmi les
outils que lui procure la langue, ceux qui lui paraissent les mieux
adaptés pour atteindre, en discours, le but de communication
qu'il s'est fixé. Le schéma VERBE+ADVERBE n'est d'ailleurs pas
le seul à sa disposition. Il peut également procéder à des
accolages VERBE+ADJECTIF du type déjà mentionné au début de
notre travail:

How do you plead ? - guilty or not guilty ? (Courtney 1983 p.


432)

L'ensemble PLEAD+GUILTY proposé par Courtney est intransitif


et ne permet pas d'illustrer l'accolage de façon convaincante,
mais il en existe d'autres, par exemple:

5 She put the root-beer bottle to her lips and drank it


empty. (VERBE 2733)
6 I wanted to make happy the bruised face of the woman
who would become my mother. (VERBE 2779)
7 'Plastic,' he said and, before he pulled the flap open, he
said, 'Don't be afraid. Peek inside.' (VERBE 1815)
8 [...] all [...] testified to the extreme rarity of the treasure.
They said it was of the fourth century after Christ, that it
[...] had probably been buried by the owner's bailiff to
save it from the Picts and Scots who swept down from the
north in about A.D. 365-7 and laid waste many Roman
settlements. (VERBE 2910)

L'ensemble DRINK+EMPTY de l'énoncé (5) ne comporte pas


d'accolage. Il semble que ce soit le cas à chaque fois que le
complément est un pronom personnel. Nous n'avons jamais
________________________________________________________________________________
Chapitre 3 Du captage à l'accolage
_________________________________________________________________________________

rencontré de schémas VERBE + ADVERBE (ou ADJECTIF) +


PRONOM PERSONNEL.

Les énoncés (6) et (7), par contre, nous semblent particulièrement


intéressants. La longueur du complément de (6) semble
pratiquement interdire toute glose en:

6'' ? I wanted to make the bruised face of the woman who


would become my mother happy,

mais il n'en reste pas moins que l'ensemble MAKE+HAPPY existe


bel et bien, quelle que soit la longueur du complément. Notre
opinion est que l'énoncé:

6''' I wanted to make the bruised face of the woman [...]


happy

n'est pas impossible, malgré tout.

Déduire de ce phénomène une "règle de grammaire" qui voudrait


que dans les structures du type MAKE + COMPLÉMENT +
ADJECTIF, c'est la longueur du complément qui impose la place
de l'adjectif avant le complément, serait à notre avis une erreur.
Cette erreur est malheureusement souvent répandue dans les
grammaires normatives. Il serait, à notre sens, plus conforme à la
réalité d'affirmer que, dans les structures de ce type, un
complément long rend souvent nécessaire l'accolage VERBE +
ADJECTIF et contribue à la formation d'un verbe complexe
VERBE + ADVERBE, l'adjectif, normalement incident au nom,
devenant, dans ce cas, incident au verbe et acquérant ainsi des
qualités d'adverbe.

Pour ce qui concerne l'énoncé (7), il peut, sans aucune difficulté


être glosé en

7' 'Plastic,' he said and, before he pulled open the flap, he


said, 'Don't be afraid. Peek inside.'

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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
_________________________________________________________________________________

La visée d'effet de l'énonciateur est pratiquement identique en (7)


et en (7'), mais le moyen choisi pour l'atteindre est différent.
Dans ce type d'énoncés, les deux solutions qui se présentent en
général à l'énonciateur peuvent en fait être schématisées ainsi:

SUJET VERBE COMPLÉMENT ADJECTIF


Solution 1
"classique"
SUJET VERBE COMPLÉMENT ADVERBE

Solution 2 SUJET VERBE COMPLEXE COMPLÉMENT

VERBE+ADJECTIF

VERBE+ADVERBE

Ainsi donc, la question de savoir s'il vaut mieux dire He pushed


the door open ou He pushed open the door, par exemple, n'est pas
cruciale: dans ce cas les deux solutions sont possibles. Il subsiste
une difficulté cependant: la lexicalisation des ensembles
VERBE+ADVERBE ou VERBE+ADJECTIF n'est pas automatique:
on peut dire He pushed the door shut, mais l'énoncé ? He pushed
shut the door nous semble, a priori, plus douteux. En la matière,
c'est l'usage qui gouverne, et il est difficile, voire impossible, au
non-anglophone de fabriquer de telles lexies sans risque d'erreur.
Nous pensons que cette question de l'usage est très importante.
En effet, tous les non-anglophones, y compris ceux dont la
qualité d'anglais est très proche du bilinguisme, souffrent d'une
sorte de complexe d'infériorité par rapport aux vrais anglophones.
Ils ont tendance à tenir pour acquis que les anglophones ne
doutent jamais de l'existence ou non d'un verbe complexe
lexicalisé (accolage réalisé). Nous formulons l'hypothèse que cette
impression est fausse, et que, parmi les anglophones, les
opinions divergent en fonction de différents facteurs: leur pays ou
région d'origine et leur éducation, par exemple, ou la situation
d'énonciation, tous facteurs influant sur l'interprétation qu'ils

________________________________________________________________________________
Chapitre 3 Du captage à l'accolage
_________________________________________________________________________________

donnent au message. Afin de déterminer si l'hypothèse est


cohérente, nous avons distribué à 20 personnes, anglophones
(huit Britanniques et Américains) et francophones connaissant et
enseignant l'anglais, le questionnaire suivant:

You will find two versions of fifteen sentences on the following page. I
borrowed them from various novels originally written in English.
The differences between the two versions lie, as you will soon notice, in
the word order.
You will find one pattern only in column A, and a single different pattern
in column B, which does not mean that the authors of the sentences
originally opted for either solution A or solution B. They, of course,
produced only one version of these excerpts, I produced the other.
Next to the sentences you will find four boxes labelled A, B, BOTH and
NEITHER
I would be very grateful if you could read page 2 very carefully and give
your opinion on the "linguistic correctness" of each of the sentences by
ticking the appropriate box(es) (Tick A if you think A is correct, etc.).
It is essential that you should give your personal opinion as a native
(or non native) speaker of English, not one you may have borrowed from
a grammar or dictionary, for instance.
If you find it necessary to justify your answers or comment in any way on
the questionnaire, please feel free to do so on a separate sheet of
paper.

A B A B BOTH NEITHER

1 But the aeroplanes [...]? But the aeroplanes...? Temple felt


Temple felt he could pull he could pull apart one with his bare
one apart with his bare hands, punch it into rags and
hands, punch it into rags kindling.
and kindling.
2 He went into the bar, He went into the bar, shook awake
shook the steward awake the steward and was given another
and was given another whisky.
whisky.
3 I leaned across and kissed I leaned across and kissed awake
his curving mouth awake. his curving mouth.
4 I wanted to make the I wanted to make happy the bruised
bruised face of the woman face of the woman who would
who would become my become my mother.
mother happy.
5 Plastic,' he said and, Plastic,' he said and, before he
before he pulled the flap pulled open the flap, he said, 'Don't
open, he said, 'Don't be be afraid. Peek inside.'
afraid. Peek inside.'
6 Her visitor sat down across Her visitor sat down across the
the table, clicked an table, clicked open an armored
armored attaché-case attaché-case, and produced an 8 by
open, and produced an 8 10 of a face she knew...
by 10 of a face she knew...

________________________________________________________________________________
Chapitre 3 Du captage à l'accolage
_________________________________________________________________________________

But prying the palace gates But prying open the palace gates
7
open was a bit like was a bit like jimmying Pandora's
jimmying Pandora's box. box.
I push the door open I push open the door
8
I expect a stranger, but it's I expect a stranger, but it's Nick who
9
Nick who pushes the door pushes open the door, flicks on the
open, flicks on the light. light.
10 He creaked the gate open He creaked open the gate and
and walked up the path to walked up the path to the door and
the door and knocked. knocked.
It was as if a jailer had It was as if a jailer had clanged shut
11
clanged yet another prison yet another prison door between me
door shut between me and and freedom
freedom
12 I tried to persuade Pascal I tried to persuade Pascal to stay
to stay with Joe and let with Joe and let go David and
David and myself go, but myself, but Joe woke as we
Joe woke as we discussed discussed it, so I carried him along
it, so I carried him along with me and we all installed
with me and we all installed ourselves, with Joe on my knee, and
ourselves, with Joe on my Flora sitting primly beside me.
knee, and Flora sitting
primly beside me.
13 'It's legalised rape,' I said, 'It's legalised rape,' I said, and he let
and he let my hand go and go my hand and turned over on his
turned over on his side, side, taking the sheets and blankets
taking the sheets and with him.
blankets with him.
'You'd better let go of my 'You'd better let go my hand,' he
14
hand,' he said, but I hung said, but I hung on to it all the tighter.
on to it all the tighter.
15 Incredulity and expectation Incredulity and expectation strung
strung me up between me up between them, and I could let
them, and I could let go of go neither.
neither.

Nous avons inclus dans cette enquête trois énoncés avec LET et
GO car nous pensons que l'association de ces deux verbes
présente des caractéristiques tout à fait semblables à celles des
ensembles VERBE+ADVERBE et VERBE+ADJECTIF:

1. L'association de deux morphèmes pour former une lexie


composée, avec formation d'une nouvelle notion à l'intersection
des deux ensembles originaux, et ajout de sens. L'énoncé (12)
est banal, il s'agit d'une structure du type
VERBE+COMPLÉMENT+ADVERBE conforme à la solution 1
que nous avons décrite plus haut. L'énoncé (13) est très
intéressant en ce qu'il est l'illustration d'une autre forme

________________________________________________________________________________
Chapitre 3 Du captage à l'accolage
_________________________________________________________________________________

d'accolage (VERBE+VERBE) (solution 2) pour créer une


nouvelle notion, selon le schéma

LET LET GO GO

Dans (12) I tried to persuade Pascal to stay with Joe and let
David and myself go, David est complément d'objet du verbe
LET et sujet du verbe GO, alors que dans (13) he let go my
hand and turned over on his side, MY HAND est complément
d'objet direct d'un nouveau verbe notionnel créé par l'accolage
de LET et de GO. A ce sujet, Quirk et al. notent (1985: 16.52. a.
p.1206):

"The formulaic nature of let him go and similar expressions is illustrated by


variants such as [1-3], which cannot be fitted into any regular
complementation pattern 6:

 go the rope [1]


They let  the rope go [2]
 go of the rope [3]"

Nous pensons que les variantes [1] et [2] correspondent


respectivement aux solutions 2 et 1 que nous avons évoquées à
propos des verbes complexes. La variante [3], quant à elle, est
à notre avis la conséquence d'un autre phénomène qui affecte
également le "comportement" de certains verbes complexes
(voir plus loin). Les emplois intransitifs auxquels se prête très
facilement la lexie LET GO peuvent être considérés comme un
des signes révélateurs de la réalité de l'accolage:

And once commerce had created an interface for itself with


royalty through the medium of one of the showbiz sports, it
wasn't about to let go. (VERBE 2884)

6 C'est nous qui soulignons.


________________________________________________________________________________
Chapitre 3 Du captage à l'accolage
_________________________________________________________________________________

'Three years ago I moved into a flat which I shared with my


two elder brothers. Papa would have preferred me to stay at
home, but he understands he has to let go. If I have a
problem I solve it myself, unless it gets dire and then I go to
him. (VERBE 2885)

En effet, dans le cas d'une lexie LET GO employée de manière


transitive, il est parfois possible d'avancer, comme nous l'avons
montré plus haut, que le complément qui figure à sa droite est,
en fait, complément du verbe LET et sujet du verbe GO: toute
tentative de démonstration de ce type est bien évidemment
impossible dans le cas d'emplois intransitifs en raison de
l'absence totale de complément (il serait, en effet, bien difficile
de retrouver des compléments effacés dans les deux
occurrences qui précèdent).

Il existe, par ailleurs, des occurrences d'accolage de LET avec


d'autres verbes, notamment FLY, FALL et même SEE:

'Those can see the horses,' Pablo said. / 'Those can see thy
cigarette butts,' the woman said. 'Let fall the blanket.' (VERBE
2877)

L'énoncé suivant:

She'd said nothing about his recent non appearance at the


Welches', nor had any disintegrating question or avowal been
let fall. (VERBE 2876)

confirme, si besoin était, la thèse de l'accolage. LET FALL est


ici le participe passé du verbe complexe LET FALL dont les
deux éléments sont indissociables. L'accolage interdit
"l'émergence de to au passif" (Adamczewski et Delmas 1982:
p.19) et rend impossible la glose:

K•She'd said nothing about his recent non appearance at the


Welches', nor had any disintegrating question or avowal been
let to fall.
________________________________________________________________________________
Chapitre 3 Du captage à l'accolage
_________________________________________________________________________________

car elle impliquerait l'existence de deux relations prédicatives


dans la deuxième partie de l'énoncé (au lieu de la relation
initiale QUESTION... / BE LET FALL, nous aurions les deux
relations QUESTION... /BE LET et QUESTION... /FALL), et
interdirait, de fait, l'apparition du sens métaphorique
recherché ici par l'énonciateur. Si ce n'était pas le cas, la
"cohérence qui informe toute la grammaire de l'anglais" (Ibid.)
serait rompue (voir chapitre 5 pour une analyse plus détaillée
du "test" de passivation).

Le même raisonnement peut être appliqué à:

And then when it came to the time for me to leave Galway and
come up to the convent he was much worse and I wouldn't be
let see him, so I wrote him a letter... (VERBE 2920)

2. Un comportement semblable à celui de certains verbes


complexes:

Si nous examinons les énoncés suivants:

1. "If he's got the proof there like he says, I'll have it off of
him and turn it back on him, I swear I will..."
(VERBE 2531)
2. Tonight all he'd brought with him was an ancient Fender
Precision bass that he'd taken the frets off of himself
back around '76... (VERBE 2635)
3. " [...] you could see he was [...] tryin' to save that
Bourbon - [...] he was down tryin' to suck what he could
up off of the floor..." (VERBE 2659)
4. Lydia leaped off of the bed. "Jesus, you make me sick!"
(VERBE 2750)
5. "My God," said Keesing. "I never saw anybody get off of
an airplane looking like that." (VERBE 2751)
6. The Cunninghams never took anything they can't pay
back - no church baskets and no scrip stamps. They never

________________________________________________________________________________
Chapitre 3 Du captage à l'accolage
_________________________________________________________________________________

took anything off of anybody, they get along on what


they have. (VERBE 2783),

nous pouvons remarquer que, pour chacun d'entre eux,


l'énonciateur aurait pu faire l'économie de la préposition OF.
Certains jugent d'ailleurs souvent que cette économie aurait
été le signe d'un niveau de langue plus soutenu, et ceci est le
point qui nous intéresse plus particulièrement: tous les
anglophones ne sont pas spécialistes de grammaire. En tant
qu'énonciateurs, ils ne peuvent utiliser pour communiquer
leurs messages que les outils de langue qu'ils connaissent, ou,
éventuellement, en fabriquer de nouveaux par imitation.
Comme le font justement remarquer Foss et Hakes
(1978: p. 17), il n'est aucunement question pour eux
d'"appliquer" des règles de grammaire:

"A theory of linguistic competence states the rules that are tacitly known
by the speakers of a language. It is this knowledge that permits each
speaker to make judgements about whether or not utterances are
grammatical."

Il est vraisemblable que dans les ensembles HAVE OFF,


TAKE OFF, SUCK OFF, LEAP OFF et GET OFF, le morphème
OFF, s'il est perçu comme une entité séparée, n'est jamais
perçu comme une préposition, et est toujours perçu comme un
adverbe, cela en raison de comparaisons implicites avec des
énoncés prépositionnels de sens voisin. Nous formulons, pour
expliquer le phénomène, l'hypothèse suivante à partir de
l'énoncé (4):

On peut considérer que l'énoncé Lydia leaped off of the bed est
le résultat de plusieurs opérations mentales. Dans He took off
his shirt and trousers and put on the red overalls (VERBE 1118),
OFF n'est pas perçu comme un adverbe (et encore moins
comme une préposition), mais comme partie intégrante d'un
ensemble indissociable TAKE+OFF qui signifie ENLEVER.
L'énoncé (4) pourrait également être exprimé par (4') Lydia
leaped off the bed, lui-même très proche d'un énoncé (4'')
Lydia leaped from the bed .

________________________________________________________________________________
Chapitre 3 Du captage à l'accolage
_________________________________________________________________________________

En (4') et (4'') OFF et FROM ne peuvent être perçus que comme


des prépositions puisqu'ils introduisent le complément BED.
Nous pensons que l'anglophone non grammairien n'a pas
nécessairement toujours présente à l'esprit la nature tantôt
prépositionnelle, tantôt adverbiale de OFF, mais il ne peut
cependant ignorer cette nature essentiellement duelle du
morphème (sa perception de OFF ne saurait être semblable à
celle de FROM, qui ne peut être que préposition). Par analogie
avec un ensemble connu et d'un usage très courant (TAKE
OFF) qu'il interprète certainement, à raison, comme une notion
complexe (PRENDRE+ÔTER), il crée un nouveau verbe
notionnel complexe LEAP OFF (SAUTER+QUITTER).
Cependant, par un second processus d'analogie, cette fois-ci
avec le LEAP de Lydia leaped from the bed, par exemple, il
donne à ce nouveau verbe complexe une nature par défaut
prépositionnelle, et perçoit donc un manque à sa droite pour
introduire le complément. Nous postulons que la conséquence
de la perception de ce manque se traduit naturellement, en
discours, par l'ajout de la préposition OF pour combler le vide.

Il est à remarquer que ce type de redondance prépositionnelle


n'est pas réservé aux composés avec OFF, mais peut également
apparaître avec WITH, ON ou FROM.

Dans:

7. When she left she was wearing the cotton skirt and T-shirt
but she'd changed that for a very short dress in bright hot
pink and white tights with pink roses on. I guessed Sandor
must have come across with the American Express card.
(VERBE 1427),

la préposition WITH apparaît à la suite de l'ensemble COME


ACROSS de la même manière qu'elle apparaît souvent après le
verbe MEET 7.

7 Il ne peut s'agir ici d'un sens littéral: Le héros Sandor ne revient pas d'un voyage
outre-Atlantique, dont il aurait rapporté une carte American Express. Il a
________________________________________________________________________________
Chapitre 3 Du captage à l'accolage
_________________________________________________________________________________

Le ON de l'énoncé suivant:

8. He felt about on the bed for his matches. I took the box off
the mantelpiece, lit the match, held the flame to his
cigarette. (VERBE 1343)

n'est pas véritablement indispensable à la construction du


sens: un effet sensiblement différent aurait été obtenu avec He
felt about the bed for his matches... Il est, en effet, impossible
de déplacer l'ensemble localisant "on the bed" vers la fin de la
phrase sans modification de sens:

8'. He felt about for his matches on the bed. I took the box off
the mantelpiece, lit the match, held the flame to his
cigarette. (VERBE 1343)

présuppose que le référent du sujet grammatical n'envisage


pas que ses allumettes puissent être ailleurs que sur le lit, ce
qui n'est pas le cas de (8).

L'énoncé suivant nous fournit une variante avec FROM:

9. [...] But the question will be whether Mr Paisley gets so


much support in Northern Ireland, on the streets and
elsewhere, that some other Ulster unionists get nervous
about that degree of support and start to flake off from
backing Mr Major's peace initiative. (VERBE 2898)

Comme dans les huit énoncés précédents, le changement de


statut grammatical de OFF a provoqué l'apparition d'une
préposition redondante. Il ne s'agit pas ici d'anglais écrit, mais
d'un commentaire spontané d'un journaliste de la BBC en
réponse à une question de la présentatrice d'un journal télévisé

simplement volé "par hasard" cette carte à sa mère alors qu'il était en visite chez
elle en son absence.
________________________________________________________________________________
Chapitre 3 Du captage à l'accolage
_________________________________________________________________________________

à propos de l'accord signé entre le Royaume-Uni et l'Irlande le


15 décembre 1993 8.

Nous pensons que la variante [3] citée par Quirk et al. est
construite sur le même modèle, par imitation, cette fois-ci,
d'énoncés à préposition redondante tels que ceux que nous
venons de citer. En somme, l'ensemble LET GO est lui aussi un
verbe notionnel complexe, dont les anglophones ne perçoivent
pas toujours l'origine exacte. Concernant cette même question,
Bolinger (1971: pp. 79-80) explique l'"apparition" de OF à la
fois par une "bifurcation sémantique" et un "facteur
prosodique" 9. Nous comprenons ce facteur prosodique comme
une forme d'aide au discours: l'accolage de OFF au verbe à sa
gauche et son accentuation entraînent un manque à droite
(celui de la préposition) qui est naturellement comblé par une
nouvelle préposition.

Résultats de l'enquête:

Nous sommes tout à fait conscient du manque de pertinence


statistique de notre petite enquête, mais là n'était pas son but... Il
ne s'agissait pas de prouver que certaines choses se disent et
d'autres pas, mais de mettre en évidence les différentes
perceptions possibles d'une même réalité selon les individus. Son
extension pourrait être envisagée à une beaucoup plus grande
échelle (dans un travail de recherche ultérieur), en discriminant
par exemple le niveau d'éducation supposé des personnes
sondées, leur âge ou la région où ils vivent, et en choisissant des
échantillons de discours différents (langue écrite, langue
soutenue, langue courante etc.).

8BBC News: 15 décembre 1993, 19 heures (BBC World Service)


9With let go there is probably a prosodic factor:
Let go (of) my leg!
Let go of John!
But there is also a semantic bifurcation:
Let go of him! (Release him from your grasp.)
Let him go! (Don't detain him!).
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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
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Affirmer que nous n'avions aucune idée préconçue en imaginant


ce questionnaire serait bien entendu faux: nous postulions que
les réponses qui nous seraient données ne pouvaient qu'être
diverses, et, d'une certaine manière, espérions qu'elle le seraient
vraiment et confirmeraient ainsi notre thèse. Notre opinion est
que tous les énoncés que nous avons présentés sont plausibles,
que ce soit dans leur version A ou B (avec une réserve peut-être
pour 1B en raison de la nature pronominale du complément);
autrement dit, il n'y a pas pour nous de réponses "justes" ou
"fausses".

Malgré le soin que nous avons pris de demander aux personnes


intéressées de nous donner leur opinion personnelle, presque
toutes chez les anglophones, et toutes chez les francophones ont
eu le sentiment que nous voulions tester leurs compétences (un
questionnaire nous est même revenu assorti de la mention
"j'espère que je ne me suis pas trompé".) Nous nous sommes
limité à 20 questionnaires (10 pour les anglophones et 10 pour
les francophones). Sur ces 20 questionnaires, 15 nous sont
revenus complétés (9 d'anglophones (8 anglais britannique et
1 anglais américain) et 6 de francophones). Les résultats sont
représentés dans le tableau suivant:

ANGLOPHONES FRANCOPHONES
A B BOTH NEITHER A B BOTH NEITHER
1 A 8 1 3 3
2 A 6 1 2 4 2
3 A 2 3 2 2 5 1
4 B 4 2 1 2 3 3
5 A 1 2 6 4 2
6 B 1 3 5 1 2 3
7 B 1 8 3 1 2
8 B 4 1 4 5 1
9 B 3 1 5 4 2
10 B 2 2 4 1 4 1 1
11 B 1 3 5 2 2 2
12 A 8 1 5 1
13 B 4 1 3 1 3 2 1
14 A 9 3 2 1
15 A 6 1 2 3 2 1

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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
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Le tableau suivant comporte, en caractères normaux, les énoncés


originaux, et en caractères barrés, les énoncés modifiés:

A B
1 But the aeroplanes...? Temple felt he could pull oneBut the aeroplanes...? Temple felt he could pull A
apart with his bare hands, punch it into rags andapart one with his bare hands, punch it into
kindling. (VERBE 1541) rags and kindling.
2 He went into the bar, shook the steward awake He went into the bar, shook awake the A
and was given another whisky. (VERBE 1042) steward and was given another whisky.
3 I leaned across and kissed his curving mouth I leaned across and kissed awake his curving A
awake. (VERBE 2772) mouth.
4 I wanted to make the bruised face of the woman I wanted to make happy the bruised face of B
who would become my mother happy. the woman who would become my mother.
(VERBE 2779)
5 Plastic,' he said and, before he pulled the flap Plastic,' he said and, before he pulled open the A
open, he said, 'Don't be afraid. Peek inside.' flap, he said, 'Don't be afraid. Peek inside.'
(VERBE 1815)
6 Her visitor sat down across the table, clicked an Her visitor sat down across the table, clicked B
armored attaché-case open, and produced an 8 open an armored attaché-case, and produced
by 10 of a face she knew... an 8 by 10 of a face she knew [...] (VERBE
2605)
7 But prying the palace gates open was a bit like But prying open the palace gates was a bit like B
jimmying Pandora's box. jimmying Pandora's box. (VERBE 2704)
8 I push the door open I push open the door (VERBE 2723) B
9 I expect a stranger, but it's Nick who pushes the I expect a stranger, but it's Nick who pushes B
door open, flicks on the light. open the door, flicks on the light. (VERBE
2726)
10 He creaked the gate open and walked up the path He creaked open the gate and walked up the B
to the door and knocked. path to the door and knocked. (VERBE 2755)
11 It was as if a jailer had clanged yet another prison It was as if a jailer had clanged shut yet B
door shut between me and freedom another prison door between me and freedom
(VERBE 2083)
12 I tried to persuade Pascal to stay with Joe and let I tried to persuade Pascal to stay with Joe and A
David and myself go, but Joe woke as we let go David and myself, but Joe woke as we
discussed it, so I carried him along with me and discussed it, so I carried him along with me
we all installed ourselves, with Joe on my knee, and we all installed ourselves, with Joe on my
and Flora sitting primly beside me. (LET1-GY14) knee, and Flora sitting primly beside me.
13 'It's legalised rape,' I said, and he let my hand go 'It's legalised rape,' I said, and he let go my B
and turned over on his side, taking the sheets and hand and turned over on his side, taking the
blankets with him. sheets and blankets with him. (LET1-GY22)
14 'You'd better let go of my hand,' he said, but I 'You'd better let go my hand,' he said, but I A
hung on to it all the tighter. (LET1-GY56) hung on to it all the tighter.
15 Incredulity and expectation strung me up between Incredulity and expectation strung me up A
them, and I could let go of neither. (LET1-GY46) between them, and I could let go neither.

La comparaison des résultats fait apparaître une grande variété de


réponses si l'on compare anglophones et francophones, mais une
homogénéité certaine dans chacune des deux catégories.

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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
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Chez les anglophones

Quand un choix a été fait, seule la rubrique 14 a fait l'unanimité, et


seules les rubriques 1, 2, 12 et 15 ont obtenu une franche majorité.

• La lexie PULL APART est préférée sous sa forme séparée par la


majorité. Nous pensons que cela est dû à la nature pronominale du
complément. Les réponses sont conformes à ce que nous
attendions.
• Pour ce qui concerne les combinaisons avec AWAKE (2 et 3: SHAKE
AWAKE et KISS AWAKE): la lexie SHAKE AWAKE est acceptée par
la majorité, mais pas sa réalisation avec accolage graphique. Ceci
est surprenant, surtout si l'on examine les résultats de la rubrique
3 où la combinaison KISS AWAKE, qu'elle soit séparée ou non, est
rejetée entièrement par deux personnes, mais est acceptée par 3
(la majorité) sous sa forme avec accolage graphique (3B). On pourra
arguer que cela est dû à la longueur du complément curving
mouth, mais, à notre avis, l'argument ne tient pas, et nous en
voulons pour preuve l'énoncé 4, où la lexie MAKE HAPPY est
également entièrement rejetée par 2 personnes, acceptée sous sa
forme avec accolage graphique par 2 personnes seulement, mais
reconnue par 4 personnes sous sa forme sans accolage graphique
en dépit de la longueur non négligeable du complément (11 mots).
• Les combinaisons avec OPEN et SHUT (5 à 11) ne semblent pas
avoir posé de problème: les lexies CLICK OPEN, PRY OPEN, PUSH
OPEN, CREAK OPEN et CLANG SHUT sont acceptées
indifféremment par la majorité, que ce soit sous leur forme séparée
ou non: une majorité nette se prononce pour la validité des deux
énoncés.
• Les ensembles avec LET et GO ont également donné des résultats
conformes à ce que nous attendions. Les quatre énoncés sont
extraits du même ouvrage (The Garrick Year: Margaret Drabble,
1964 Penguin). Dans l'énoncé 12, personne ne perçoit de lexie LET
GO (8A et 1 rejet total, signifiant, à notre sens, que cet énoncé ne
comporte pas de verbe complexe LET GO), et ceci se conçoit
aisément: il est clair que les référents de David and myself sont
affectés par le procès exprimé par le seul verbe LET et agents du
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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
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procès exprimé par le seul verbe GO. Les réponses obtenues pour
les trois autres énoncés sont, à notre sens, remarquables: dans
l'énoncé 13A, nous avons brisé l'accolage graphique, mais les
personnes sondées ont hésité à accepter la lexie LET GO avec
complément d'objet direct (l'une d'entre elles a même ajouté la
mention "let go of my hand OK"). Ce fait nous semble confirmer
l'hypothèse que nous avons émise de l'existence d'un besoin d'une
préposition pour introduire le complément, par imitation d'autres
structures prépositionnelles (voir plus haut page 102). Ceci est
corroboré par la rubrique 14, où le choix unanime s'est porté sur
l'énoncé A (la "bifurcation sémantique" évoquée par Bolinger), et
par l'énoncé 15, qui n'est refusé par deux personnes que pour des
raisons de type ou niveau de langue (l'une d'entre elles a ajouté la
mention "let go someone definitely is American").

Chez les francophones

Nous remarquons une plus grande homogénéité des réponses.

• La lexie PULL APART a posé moins de problèmes ici: les réponses


sont également partagées.
• Pour ce qui concerne les combinaisons avec AWAKE: les lexies
SHAKE AWAKE et KISS AWAKE semblent à première vue acceptées
par tous, mais pas leur réalisation avec accolage graphique. Notre
sentiment est que ceci est une des conséquences de l'apprentissage
et des règles normatives auxquelles recourent les francophones par
sécurité. Il serait très difficile de prouver irréfutablement ce que
nous avançons, mais notre opinion est qu'en fait SHAKE AWAKE et
KISS AWAKE ne sont pas perçus comme des lexies à part entière
mais comme faisant partie de simples structures du type SUJET +
VERBE + ADVERBE. Cette opinion nous semble confirmée par le
choix fait pour l'énoncé 4, où les avis sont également partagés,
mais où personne n'opte directement pour l'énoncé A, à notre avis
en raison de la longueur du complément, et donc en application de
la "règle" que tout professeur d'anglais de lycée ou de collège a
enseignée à ses élèves, et qui consiste à préconiser le placement de
l'adverbe à la droite du verbe quand le complément est "long".

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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
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• Les combinaisons avec OPEN et SHUT (5 à 11) sont une nouvelle


illustration des difficultés auxquelles doivent faire face les
francophones: si les deux formes sont en général acceptées, la
majorité opte pour les énoncés A avec lexies séparées. Il est
remarquable de noter à ce propos que les énoncés originaux
étaient, sans aucune exception, les énoncés B avec accolage
graphique réalisé. Ceci tendrait à confirmer ce que nous avons
avancé pour les trois énoncés précédents: la majorité opte pour les
constructions du type SUJET + VERBE + ADVERBE. Nous
postulons que les francophones, par prudence, hésitent à créer de
"nouvelles" lexies: les verbes complexes accolés PULL OPEN et PRY
OPEN ont été acceptés par 3 personnes, mais PUSH OPEN et
CREAK OPEN n'ont reçu aucun suffrage. Cette dernière lexie a
même été qualifiée d'incorrecte dans un cas, quel que soit l'ordre
des mots. Nous pensons que la cause de ces hésitations et de ce
rejet tient à la fréquence d'emploi, réelle ou supposée, prêtée à telle
ou telle lexie (nous-même étions prêt à accepter les combinaisons
avec OPEN, mais émettions des doutes sur les combinaisons
accolées avec SHUT (voir plus haut page 95)).
• Les ensembles avec LET et GO n'ont pas posé de problème et
toutes les variantes des énoncés ont été acceptées (avec une légère
préférence pour les énoncés A), ce qui tendrait à montrer que les
combinaisons LET GO ne sont pas perçues comme des verbes
complexes, mais comme de simples cas particuliers ou des
"tournures idiomatiques" appris comme tels. Ceci correspond
après tout à l'analyse de la combinaison faite par Quirk et al. (voir
plus haut page 98)

Au total, ces résultats, pour partiels et incomplets qu'ils soient, nous


semblent aller dans le sens de notre thèse sur trois points à notre avis
essentiels:
− L'existence de certains verbes complexes est acceptée par les uns et
rejetée par les autres: MAKE HAPPY (4), par exemple ou LET GO
(15).
− Quand un verbe complexe est accepté, les deux formes (séparée et
non séparée) coexistent si leurs sens ne se sont pas, à l'usage,
d'abord différenciés, puis figés (les énoncés 5 à 11).

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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
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− Les non-anglophones sont, d'une manière générale et bien


compréhensible, plus "prudents" que les anglophones: dans le
doute, ils optent pour une structure plus "classique" du type
SUJET + VERBE + ADVERBE plutôt que pour un verbe complexe.

Ces conclusions partielles, ajoutées à l'analyse que nous avons déjà


faite des "phrasal verbs", nous conduisent également à reconsidérer la
définition du terme "adverbe".

3.3 Adverbes: définition élargie ?

Dans sa thèse sur les verbes à particule, Getliffe (1990 : p.5) fait
remarquer que:

" [...] le postulat qui définit souvent la particule comme un élément de


nature adverbiale est particulièrement réducteur, à moins de redéfinir le
terme ad–verbe [sic]. [...] L'analyse doit dépasser le niveau descriptif qui
reste prisonnier des catégories grammaticales définissant traditionnellement
le morphème qui peut suivre le verbe (adverbe, particule, adjectif, verbe, etc.)
pour s'intéresser à la nature de la relation qui unit ce m orphème au verbe."

Il fait sans aucun doute, dans ce passage, référence aux


définitions du type de celle que donne Grevisse (1980: p. 993):

"L'adverbe est un mot invariable que l'on joint à un verbe, à un adjectif ou à


un autre adverbe, pour en modifier le sens: Il parle bien. Un homme très
pauvre. Il écrit fort mal."

Si l'on s'en tient à cette définition, il va de soi qu'il est impossible


d'assimiler des combinaisons comme LET GO à des "phrasal
verbs". Nous rappellerons simplement ici que telle n'a pas
toujours été la définition de l'adverbe. Michael (1970 : p.49), par
exemple, précise que, dans la tradition, la définition était
beaucoup moins restrictive:

"The Alexandrian influence in the tradition had restricted the category of


adverb to those words which modified the verb [...]. Donatus emphasizes
that the noun and verb are the principal parts of speech [...] Priscian
discusses the parts of speech at greater length. He gives the same primacy to
the noun and verb 'secundum dialecticos' and introduces the term

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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
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syncategoremata (which he latinises as consignificantia) for all words which do


not by themselves make a complete utterance, that is all words other than
noun and verb."

Nous nous en tiendrons à la catégorie des consignificantia définie


par Priscien, et prise au sens large. En effet, la limitation
excluant les noms et les verbes est clairement une limitation
apportée par Michael lui-même, comme le montre la citation de
Priscien (Institutio de Arte Grammatica) qu'il ajoute (Ibid. p.50):

"The parts of speech cannot be distinguished from each other unless we have
regard to their individual capacities for expressing meaning".

suivie du commentaire de Michael:

"Meaning, not form, is to be the criterion."

Nous nous préoccuperons de sens, plutôt que de forme, et


considérerons donc que, dans une combinaison comme LET GO,
le deuxième terme, qui est, stricto sensu, un verbe, a, en fait,
essentiellement le rôle d'un adverbe: en somme, techniquement,
GO modifie LET exactement de la même manière que le fait UP
dans:

The rain let up, and in the villages of grass huts with steeply
pitched roofs the lime kilns were sending clouds of smoke into
the palm groves. (VERBE 1772)

En modifiant le sens du verbe LET, GO se comporte comme un


adverbe et participe au sens de la nouvelle lexie formée de
l'association des deux termes.
Le même phénomène se produit également par association des
verbes MAKE et BELIEVE pour donner MAKE BELIEVE, lexie
verbale, qui peut évoluer vers la lexie dérivée MAKE-BELIEVE, de
nature nominale.
Il est à remarquer qu'il n'est pas nécessaire, en anglais
contemporain tout au moins, que le deuxième verbe soit à
l'infinitif pour former avec le premier une nouvelle lexie:

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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
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'They dare not show themselves any more.' / 'We put paid to
that.' (VERBE 2489)

Dans ce cas, le deuxième terme au participe passé est à assimiler


à un adjectif devenu adverbe.
Les verbes ne sont d'ailleurs pas les seuls types de mots qui, en
plus des adverbes et des prépositions, peuvent s'associer aux
verbes pour former de nouvelles lexies. Les "consignifiants"
possibles peuvent également être, comme nous l'avons vu, des
adjectifs, mais aussi des noms:

'Then they can't get back over again to limp home.'


(VERBE 2536)

On peut arguer qu'il ne s'agit ici en réalité que d'une structure


VERBE DE MOUVEMENT + ADVERBE banale, mais cela ne
change rien à la véritable nature de l'"adverbe" HOME, qui est en
réalité un nom employé comme adverbe (cf. SOED 1965 p. 914:
Home: adv. (Orig. accus. of Home sb1, as the case of destination
after a verb of motion)), et cet "adverbe", associé à d'autres verbes
(de mouvement ou non) peut participer à la formation de lexies
composées à sens métaphorique, un des divers signes qui
permettent d'identifier les "phrasal verbs":

I think it was rubbing his feet with my hands which truly


brought home to me our desperate position [...] I would rub
until I had the circulation going again and he would whistle
under his breath with the pain of it... (VERBE 2036).

Notre opinion à ce sujet rejoint celle de Guimier (1980: p. 209).


Guimier compare les deux énoncés He painted the door red et He
painted the red door, et aboutit à la conclusion que:

"L'incidence de red à paint est de nature particulière. Dans le verbe de


discours paint red, paint est porteur de tous les éléments formels propres au
verbe (...). Il constitue à proprement parler la forme même du verbe de
discours. Cette forme intègre une matière sémantique "paint" jugée ténue par
le locuteur, d'où la nécessité de l'appoint notionnel contenu dans red.
Pleinement verbe par sa forme, mais altéré au niveau de sa matière, paint ne
peut intégrer red que si celui-ci, tout en conservant sa matière, subit une

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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
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altération au niveau de sa forme. C'est à cette condition seulement que le


verbe composé paint red formera une unité de discours."

Guimier définit ensuite RED comme un "pré-adjectif". Nous nous


en tiendrons, pour ce qui nous concerne, à ce que nous avons
déjà dit de ce type de combinaison: le deuxième terme (qu'il soit
originellement nom, adjectif, adverbe ou verbe) ajoute du sens au
premier, et participe ainsi au sens global de la combinaison
premier terme + deuxième terme, c'est-à-dire qu'il joue
pleinement le rôle d'un adverbe: dans l'exemple de Guimier,
PAINT RED forme bien une unité de discours (exprimée par ce
que nous avons nommé, en langue, un verbe complexe adverbié),
au sens de laquelle participent à la fois le verbe PAINT et l'adjectif
(ainsi devenu adverbe) RED. Le deuxième terme participe donc au
sens de la combinaison entière en modifiant le sens du premier
terme.

3.4 Quand la distinction adverbe/préposition n'est pas claire

La théorie qui voudrait que la formation d'un "phrasal verb"


s'accompagne toujours du changement de statut d'un nom, d'un
verbe ou d'une préposition est séduisante, mais
malheureusement il demeure un grand nombre de cas où son
illustration dans les faits n'est pas parfaite, notamment avec les
prépositions ABOUT, IN et OVER. L'examen des trois énoncés
suivants, par exemple:

1. He felt about on the bed for his matches. I took the box off
the mantelpiece, lit the match, held the flame to his
cigarette. (VERBE 1343)
2. He treated Temple as a dear friend, a comrade-in-arms
whose shared exposure to enemy fire had brought about
an indissoluble union. (VERBE 1542)
3. How do you set about building a boat ? (Courtney 1983, p.
551)

montre que les deux premiers ABOUT sont clairement des


adverbes et rien d'autre. Le troisième, par contre, que Courtney

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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
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présente comme une préposition, pose un problème différent que


nous nous proposons de tenter de résoudre.

3.4.1 Les faits

Il est classique, quand on parle de verbes complexes anglais,


d'établir une distinction entre des composés avec adverbe
comme:

(1) If he wants more time to look it up, OK, but get some sort
of opinion out of him now. (VERBE 1240)
(1') He sat down at his desk, looked up a number in the
telephone book, and used the telephone. (VERBE 1247)

et avec préposition comme:

(2) The trees are quite thick there but there's a place where
they part and you can look up a long avenue of them where
the grass between is green and lush... (VERBE 1420)

Un des moyens habituels d'établir cette distinction repose,


d'une part, sur l'accentuation (dans (1) et (1') UP est
accentué, mais n'est pas censé l'être dans (2)), et d'autre
part sur l'analyse grammaticale (dans (1) et (1') « it » et « a
number in the telephone book » sont compléments d'objet
directs de « look up », alors que dans (2) « a long avenue » est
complément d'objet indirect de « look » et introduit par UP).
Il est convenu de dire que le LOOK UP de (1) et (1') est un
"verbe à particule" et que le LOOK de (2) est un "verbe
prépositionnel" (par ex. Larreya & Rivière 1991: p. 232).

Cependant, nous pensons que cette méthode ne permet pas


de résoudre tous les problèmes que ce genre de composés
peut soulever. Si la distinction était si simple à établir,
personne n'éprouverait le besoin d'utiliser des vocables
comme « particule » ou « postposition » pour définir ces mots
qui sont, au départ, soit des adverbes, soit des prépositions,
et rien d'autre.
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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
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Il est par exemple impossible, en utilisant la méthode


résumée ci-dessus, d'analyser l'exemple suivant

(3) [...] how Dahmer could continue to go about his


business... (VERBE 2262)

et d'affirmer, sans risque d'erreur, que ABOUT est soit


adverbe, soit préposition (l'appeler "particule" ou
"postposition" n'apporte rien de neuf et laisse le problème
entier). Il y a plusieurs raisons à cela:
- ABOUT peut effectivement, suivant le contexte, être
préposition OU adverbe,
- ABOUT est bisyllabique et comporte, de toute façon, une
syllabe accentuée,
- Il est difficile de résister à une analyse grammaticale de
l'énoncé qui semble s'imposer et qui ferait de « his business »
le complément d'objet indirect de « go » introduit par la
préposition ABOUT. En effet on peut dire que « go » est ici
employé figurativement, et le "lieu" où évolue le sujet
(Dahmer) est bien, figurativement aussi, « his business ».

La "méthode de l'accentuation" peut être appliquée à une


multitude d'autres énoncés, sans résultat convaincant,
comme, par exemple:

(4) [...] she had been brought up to join in what others


seemed to enjoy no matter how different her opinion might be.
(verbe 2495)

Dans ce cas, IN, monosyllabique, est accentué (ce qu'il est


convenu d'appeler une "particule"), mais il s'agit bien, pour
le sujet grammatical, de s'impliquer DANS ce que font "les
autres" en dépit de son opinion personnelle. Ce IN est donc,
à notre sens, aussi une préposition. Pourtant les deux
expressions SET ABOUT et JOIN IN forment bien, chacune,
un tout sémantique, même si, d'après la méthode
précédemment citée, IN ne peut être préposition puisqu'il est
accentué. Sans doute est-ce là l'origine des appellations
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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
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« particule » ou « postposition », termes qui permettent, soit


de masquer la difficulté, soit de qualifier des morphèmes qui
porteraient en eux les caractéristiques de l'adverbe ET/OU
de la préposition, selon le contexte.

Que dire alors d'un énoncé comme:

(5) At the end they [...] mulled over what I had said ?
(VERBE 2237)

OVER, bisyllabique, porte en soi une accentuation plus forte


sur la première syllabe que sur la seconde, et l'énoncé peut
être compris de deux manières différentes:

OVER peut être préposition, comme dans:

(6) Finally one of them chased him right over the edge, right
over. (VERBE 1013)

ou:

(7) When he went out to answer the bell he left her here with
the pistol to watch over me. (VERBE 1210)

ou alors adverbe, comme dans:

(8) Adekunle signalled over a waiter who was carrying a


tray of drinks. (VERBE 1061)

ou:

(9) [...] and when I looked the apartment over I found a rent-
receipt dated five or six days before the time you told me you
rented it. (VERBE 1311)

Si nous nous contentons des seuls critères qui ont été


énoncés plus haut, il nous semble difficile d'affirmer:

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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
_________________________________________________________________________________

- soit que OVER est un adverbe et que l'ensemble


MULL OVER est bien ce qui est communément appelé un
"verbe à particule".
- soit que OVER est une préposition qui ne sert qu'à
introduire le complément « what I had said ».
Il existe en effet des arguments en faveur des deux
hypothèses:

Le Longman Dictionary Of Phrasal Verbs (1983, p. 397)


donne de MULL OVER la définition suivante:

* mull over: v; adv; prep à think about [T1]: to consider


something at length.
The committee have mulled over your suggestion but have
decided not to accept it because of the cost.

L'astérisque en début de rubrique signifie "idiomatic


meaning contrasted with normal meaning", et [T1] "a
transitive verb with a noun direct object". Nous avons déjà
dit que ce genre de définition, qui oppose l'usage
"idiomatique" à l'usage "normal" d'une expression, ne nous
semble pas contribuer à la compréhension du phénomène
"phrasal verb". Nous ajouterons qu'il est intéressant de noter
que l'équivalence proposée pour ce verbe "transitif" est
THINK ABOUT, où il nous semble que ABOUT soit une
préposition: le même ouvrage, à la page 667, donne

think about: v prep [I0]


Grace still thinks about her red-haired boy every day

où [I0], qui signifie "an intransitive verb. It need not be


followed by anything", ne peut s'appliquer qu'à la seule base
verbale THINK.

L'hypothèse "prépositionnelle" est au moins aussi


convaincante. SOED (1965) donne du verbe MULL la
définition suivante, page 1295:

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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
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Mull: v.4 1862


1. trans. (Athletics) To make a failure of.
2. intr. To work (over) mentally; to cogitate, ruminate,
ponder.

Webster's New Collegiate Dictionary (Merriam 1977),


page 755, quant à lui, dit

mull: vt
1. to grind or mix thoroughly: PULVERIZE
2. to consider at length: PONDER ~ vi: MEDITATE,
PONDER.

Le verbe MULL est donc donné comme intransitif ou


transitif, selon le dictionnaire consulté. Il semble que le
OVER qui figure en italiques dans la définition de SOED
puisse être interprété soit comme une préposition, soit
comme un adverbe, mais l'ouvrage ne nous donne aucune
précision à ce sujet 10.

Les définitions des deux dictionnaires nous donnent à


penser que l'usage fait de MULL un verbe transitif dans son
sens littéral, et prépositionnel quand il est employé
figurativement, sauf, peut-être, en anglais américain.

Il n'est pas impossible, en effet, d'imaginer que, dans (5), ce


ne sont pas les paroles de l'interlocuteur qui sont
ressassées, mais bien les pensées (complément d'objet
effacé 11) du sujet à cause des paroles de l'interlocuteur.
OVER serait dans ce cas une préposition comme dans

(10) "As usual, I found Betty in her room, crying over her
misfortunes" (Cowie & Mackin, 1975 p. 70).

10 0p.Cit. Introduction pp.x-xi: Additions, as of prepositions or adverbs, or an


infinitive, in italic type indicate that the italicized words do or may enter into the
construction accompanying or dependent upon the word when used in the sense
defined.
11 Voir chapitre 2: Analyse d'ouvrages traitant de la question des verbes complexes.

________________________________________________________________________________
Chapitre 3 Du captage à l'accolage
_________________________________________________________________________________

Deux autres critères sont couramment utilisés pour


déterminer la nature de la "particule": la transformation à la
voix passive et l'essai de "séparabilité". Nous pensons que
seul le second permet d'affiner l'analyse. En effet, la
présence de la préposition ou de l'adverbe à côté du verbe
dans des énoncés de type passif est possible aussi bien avec
des constructions VERBE+PREPOSITION:

(11) These losses have been much cried over and seldom
made good. (Cowie & Mackin, 1975 p. 70),

qu'avec des constructions VERBE+ADVERBE:

(12) This was the creature [...] that drove me through the dusk
[...], untroubled by love, taken aback by the power of her
own beauty... (VERBE 1638)

Pour ce qui concerne le deuxième critère, celui de la


séparabilité, la question est beaucoup plus délicate. En effet,
il n'est pas impossible d'imaginer un énoncé, à notre avis
peu élégant, comme:

(5') ? At the end they [...] mulled what I had said over

qui semble faire de OVER un adverbe et rien d'autre.

L'analyse des résultats de l'expérience que nous décrivons


un peu plus loin montre que la question méritait d'être
posée. Les mêmes remarques pourraient, d'ailleurs,
s'appliquer à l'exemple (9), qui pourrait très bien être
transformé en:

(9') [...] and when I looked over the apartment I found a


rent-receipt dated five or six days before the time you told me
you rented it.

cette transformation provoquant une légère modification du


sens.
________________________________________________________________________________
Chapitre 3 Du captage à l'accolage
_________________________________________________________________________________

Une autre raison tient peut-être à la nature des morphèmes:


ABOUT et OVER peuvent, l'un et l'autre, être préposition ou
adverbe, ce qui n'est pas le cas de toutes les prépositions.

3.4.2 Proposition d'explication

Notre opinion est que l'accentuation du deuxième terme de


ce qui deviendra une combinaison verbale de type "phrasal
verb" est un des signes révélateurs du processus d'accolage,
mais que ce n'est pas le seul, en particulier quand le
deuxième terme n'a pas uniquement des fonctions d'adverbe.
Nous proposons de montrer que l'accolage d'une préposition
à un verbe s'accompagne, dans certains cas, d'un autre
signe révélateur, de caractère phonique: la séparation
"sémantique" de l'ensemble PREPOSITION+NOM, signe de
l'acquisition par la préposition du statut d'adverbe, se
manifeste parfois par une séparation "physique", une
interruption, un "espace vide" plus long qu'à l'accoutumée
entre la préposition et le nom. Cette interruption doit
correspondre à la limite d'un "groupe de sens" tel que l'ont
défini O'Connor et Arnold (1961: p. 3):

"We neither think nor speak in single words ; we express our thoughts
in closely knit groups of words which contribute to the situation in
which we are placed at a given moment. Such groups of words are
called sense groups. They are usually separated from each other by
pauses, though on occasion these pauses may be suppressed ; however,
it will be simpler if we assume that the pauses are always present – as
in most cases they are – [...]"

Dans le but de vérifier que l'hypothèse que nous venons


d'exposer est cohérente et correspond bien aux faits (dans le
cas, en particulier, des exemples avec OVER que nous avons
cités), nous avons imaginé une expérience qui consiste à
faire lire des énoncés d'anglais britannique et américain qui
proviennent d'oeuvres littéraires, d'articles de presse ou
d'ouvrages consacrés aux "phrasal verbs" par des
anglophones, et de les étudier en détail à l'aide des outils
suivants:

________________________________________________________________________________
Chapitre 3 Du captage à l'accolage
_________________________________________________________________________________

− Un micro-ordinateur compatible PC. Processeur


Intel 80486 DX cadencé à 33 Mhz.
− Une carte "son" SOUND BLASTER PRO de Creative Labs
Inc.
− Un scanner Canon
− Le logiciel VOICE EDITOR II de Creative Labs Inc.
− Le logiciel de dessin Image-In de CPI-SA
− Un logiciel de capture d'écran.

Le logiciel VOICE EDITOR II permet de numériser et


d'analyser des échantillons sonores saisis à partir d'une
cassette ou d'un microphone, et produit des oscillogrammes
illustrant les variations en amplitude et en temps des
échantillons fournis.
La figure suivante montre un des écrans de travail de Voice
Editor II.

La procédure mise en oeuvre est assez complexe:


Nous avons commencé par faire enregistrer sur cassette, par
deux anglophones, les échantillons que nous avions prévu
de traiter, pour ensuite les faire numériser et analyser à
l'aide de VOICE EDITOR II. VOICE EDITOR II permet de faire
des analyses des échantillons sonores mais n'a pas été
conçu pour produire des résultats imprimés. Nous avons
donc utilisé un logiciel de capture d'écran pour saisir les
parties des écrans qui nous intéressaient et les transformer
________________________________________________________________________________
Chapitre 3 Du captage à l'accolage
_________________________________________________________________________________

en fichiers graphiques utilisables par notre traitement de


texte. Nous avons ensuite inclus le texte correspondant au
regard des courbes d'amplitude. Les fichiers ainsi obtenus
ont été nommés et assortis d'un numéro d'ordre, puis
sauvegardés ainsi: LOC1/1, LOC1/2... LOC2/10B, etc. 12 .

3.4.3 L'échantillon d'anglais

1. There is a kind of denial, which might explain how Dahmer could


continue to go about his business in spite of the suspicious smells
and noises he was generating. (VERBE 2262 US)
2. She set about making a new dress. (Courtney Introduction GB)
3. "And it was one of them that showed Miles across?" Spade shook
his head. "Thursby killed Miles."(VERBE 1244 US)
4. But a short walk in the Malayan jungle had done for him, because
when the heart decides you've had enough it packs in without
permission asked or granted. (VERBE 2517 GB)
5. Again I was following in the footsteps of the humble weavers about
whom my old gentleman in the park had told me.
(VERBE 2405 GB)
6. . [...] she had been brought up to join in what others seemed to
enjoy no matter how different her opinion might be.
(VERBE 2495 GB)
7. We joined in the celebration. (Chalker 1984 p. 231 GB)
8. With Edward replete with Miss Sinford's and Mrs Hicks's milk and
sleeping quietly in the Chariot, Avril and I went on the usual
shopping round. (VERBE 2065 GB)
9. Avril was sitting on the floor in a corner, her face red and tear-
stained, getting over a tantrum. (VERBE 1987 GB)
10. At the end they [...] mulled over what I had said. (VERBE 2237 GB)
11. Most of these kids can add but they have serious trouble thinking
through simple problems. (VERBE 1745 US)
12. He escaped from The Berkshire hospital yesterday, apparently by
squeezing through the narrow window of a shower room on the
third floor after sawing through an inch-thick steel-bar.
(VERBE 2263 GB)
13. I went through each child's clothing before it set off for school.
(VERBE 1993 GB)

Ces énoncés sont classés par ordre alphabétique des


prépositions ou adverbes ABOUT, ACROSS, FOR, IN, ON,
OVER et THROUGH. Pour l'expérience, ils ont été présentés
sans aucune référence d'origine. Nous les avons choisis en
raison des difficultés d'analyse qu'ils nous ont posées, en
particulier quand il s'est agi de déterminer si les deuxièmes

12 Les cassettes et toutes les disquettes contenant les enregistrements sont


disponibles pour d'autres analyses éventuelles.
________________________________________________________________________________
Chapitre 3 Du captage à l'accolage
_________________________________________________________________________________

termes des combinaisons étaient des prépositions ou des


adverbes.

3.4.4 Le but de l'expérience

L'idée de départ peut être résumée ainsi:

- Les anglophones ne sont pas tous grammairiens, et donc


sont susceptibles, tout comme les non-anglophones,
d'interpréter différemment les combinaisons verbales qui
nous intéressent.
- A la différence des non-anglophones, ils n'ont pas les
mêmes difficultés à mémoriser, puis à énoncer les lexies que
constituent, en fait, ces combinaisons, puisqu'il s'agit de
leur langue maternelle. En quelque sorte, s'ils commettent
des erreurs, ces erreurs ne sauraient, en aucun cas, être
imputées à leur "qualité" de non-anglophones.
- Si les combinaisons sont perçues comme différentes par
des locuteurs différents, leur réalisation à la lecture doit
faire ressortir ces différences: si l'adverbe (ou la préposition)
est effectivement compris(e) comme accolé(e) au verbe, le
phénomène doit apparaître sur l'oscillogramme de
l'enregistrement.
1) Pour le locuteur que nous avons appelé LOC1:
Nous lui avons fourni, sans aucun commentaire préalable,
les quinze échantillons ci-dessus et une cassette vierge. Il
nous a rendu les échantillons enregistrés quelques jours
plus tard. LOC1 est un de nos collègues, et il est informé,
sinon de la teneur de nos travaux, du moins de leur sujet. Il
nous a suggéré, pour une prochaine expérience, de fournir
des échantillons plus longs, de manière à ce que le locuteur
lise les combinaisons verbales "comme elles viennent", sans
avoir le temps de réfléchir avant de les produire.
2) Pour le locuteur que nous avons appelé LOC2:
Ce n'est pas un universitaire, et il n'avait pas, avant la
séance d'enregistrement, la moindre idée du sujet, ni de la
teneur de nos recherches.

________________________________________________________________________________
Chapitre 3 Du captage à l'accolage
_________________________________________________________________________________

Dans le but de contourner les objections que LOC1 avait


formulées, nous avons supprimé de la liste les échantillons
n°2 et 7, qui sont les plus courts, et dont ont peut penser
qu'ils ont été fabriqués pour la circonstance (dictionnaire de
"phrasal verbs", livre de grammaire).
L'enregistrement a été réalisé sans préparation préalable,
dès la découverte du texte. Il comporte donc quelques
hésitations et erreurs. Nos deux collaborateurs sont
britanniques.

3.4.5 L'analyse des enregistrements

1. There is a kind of denial, which might explain how Dahmer


could continue to go about his business in spite of the
suspicious smells and noises he was generating.
(verbe 2262 US)

LOC1

to go a bout his business

LOC2

to go a bout his busi ness

Dans les deux cas GO et ABOUT sont clairement liés. Le


creux entre les deux ventres correspond à la fermeture de la
bouche avant l'attaque du B de ABOUT. L'espace vide entre
ABOUT et HIS est l'illustration de l'interruption que nous
avons évoquée un peu plus haut et de l'attaque du H de HIS.

________________________________________________________________________________
Chapitre 3 Du captage à l'accolage
_________________________________________________________________________________

2. She set about making a new dress. (Courtney


Introduction GB)

LOC1

she set a bout ma king a new dress

L'analyse donne sensiblement les mêmes résultats que pour


l'énoncé précédent: ABOUT est graphiquement lié à SET. On
observe l'absence d'espace entre SET et ABOUT, ainsi que la
présence d'un espace entre ABOUT et MAKING.

3. "And it was one of them that showed Miles across?"


Spade shook his head. "Thursby killed
Miles."(VERBE 1244 US)
LOC1

and it was one of them that showed Miles a cross

LOC2

and it was one of them that showed Miles a cross


La deuxième syllabe de ACROSS est accentuée, pas la
première, ce qui semble normal. MILES et ACROSS sont liés
dans les deux cas. L'absence de complément à la droite de
ACROSS fait du morphème nécessairement un adverbe.

4. But a short walk in the Malayan jungle had done for him,
because when the heart decides you've had enough it packs
in without permission asked or granted. (VERBE 2517 GB)

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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
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LOC1

in the Malayan jungle had done for him

LOC2

but a short walk in the Malayan jungle had done for him

Dans les deux cas DONE FOR HIM est dit dans un seul
souffle, avec une accentuation plus forte sur FOR HIM chez
LOC2 que chez LOC1. FOR, préposition, est étroitement lié à
HIM.

LOC1

it packs in with out permission asked

LOC2

it packs in without permission asked

Dans les deux cas PACKS et IN sont étroitement liés, mais IN


et WITHOUT aussi: le test n'est pas, dans ce cas, très
concluant.

5. Again I was following in the footsteps of the humble


weavers about whom my old gentleman in the park had told
me. (VERBE 2405 GB)

________________________________________________________________________________
Chapitre 3 Du captage à l'accolage
_________________________________________________________________________________

LOC1

a gain I was following in the foot steps

LOC2

a gain I was following in the full

Erreur de LOC2 ("in the fulls...")


Dans les deux cas IN est étroitement lié à ce qui précède et à
ce qui suit, mais, contrairement à ce qui se passe
habituellement pour les prépositions monosyllabiques, il est
accentué avec la même force que les deux syllabes de
FOLLOW. IN est ici, à notre sens, plus adverbe que
préposition.

6. .... she had been brought up to join in what others seemed


to enjoy no matter how different her opinion might be.
(VERBE 2495 GB)

LOC1

to join in what others

LOC2

to join in what others

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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
_________________________________________________________________________________

Comme dans l'énoncé précédent, IN, que l'on serait tenté


d'analyser comme une simple préposition, est étroitement lié
à JOIN et accentué.

7. We joined in the celebration. (Chalker 1984 p.231 GB)

LOC1 (1° partie)

we joined in the ce le bration

LOC1 (2° partie)

we joined in the ce le bration

La réalisation de cet énoncé est intéressante si on la


compare à ce qui précède: dans (6), FOLLOW IN a été, sans
aucune hésitation, perçu et lu comme un tout.
Ici, le locuteur a lu une première fois, puis a semblé réfléchir
(il dit, pour annoncer la deuxième prise "or perhaps...").
Le résultat de sa réflexion n'est pas, comme on aurait pu
l'imaginer, l'ajout d'une interruption significative entre JOIN
et IN THE CELEBRATION (une interruption à cet endroit
équivaudrait à un refus total d'accolage entre JOIN et IN, et
ferait de ce morphème une simple préposition): au contraire,
JOIN et IN demeurent intimement liés (moins toutefois que
dans LOC2/6), mais la force de l'accentuation sur IN a
considérablement diminué.
Nous postulons que l'hésitation est due à un doute sur le
statut de IN, perçu plutôt comme un adverbe dans la
première réalisation, et plutôt comme une préposition dans
la seconde.

8. With Edward replete with Miss Sinford's and Mrs Hicks's


milk and sleeping quietly in the Chariot, Avril and I went on
the usual shopping round. (VERBE 2065 GB)

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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
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LOC1

Avril and I went on the usual shopping round

LOC2

Av ril and I went on the usual shopping round

Les réalisations des deux locuteurs sont différentes.


LOC2 divise l'énoncé en deux blocs distincts: AVRIL AND I
WENT, puis ON THE USUAL SHOPPING ROUND. Si ON est
légèrement accentué, il est clairement séparé de la première
partie de l'énoncé. Il n'y a pas d'accolage. ON et THE USUAL
sont étroitement liés, l'ensemble semble perçu comme une
structure prépositionnelle banale.
Dans la réalisation de LOC1, il y a également deux blocs
distincts, mais la séparation intervient avant le verbe. ON
n'est pas plus accentué que dans la réalisation de LOC2.
L'ensemble GO ON nous semble toutefois perçu comme une
structure prépositionnelle. Quand LOC1 a lu notre
commentaire, il a ajouté l'annotation suivante:

"Peut-être deux choses ici – d'une part, il est toujours possible après
un GN plus ou moins long de marquer une petite pause ... (on constate
une erreur courante chez les étudiants anglais qui consiste à insérer
une virgule entre un GN long et son prédicat), d'autre part, je suis peut-
être coupable d'une confusion entre GO ON (went on with) et
GO // ON."

Nous ne pensons pas que, dans ce cas précis, la confusion


ait été faite, mais ce commentaire nous confirme qu'une telle
"confusion" est tout à fait possible chez les anglophones eux-
mêmes.

9. Avril was sitting on the floor in a corner, her face red and
tear-stained, getting over a tantrum. (VERBE 1987 GB)

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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
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LOC1

getting over a tan trum

LOC2

getting o ver a tan trum

Les deux réalisations sont très semblables. LOC1 accentue


plus la première syllabe de OVER que LOC2. OVER semble
également lié à ce qui le précède et à ce qui le suit. Le test
n'est pas très révélateur dans ce cas.

10. At the end they... mulled over what I had said.


(VERBE 2237 GB)

LOC1

they mulled o ver what I had said

LOC2

they mulled o ver what I said

Les deux réalisations sont différentes. Forte accentuation de


la première syllabe de OVER chez LOC1 seulement. Tout
comme dans l'énoncé précédent OVER est lié à ce qui le
précède. On observe une très courte interruption dans la
réalisation de LOC2: LOC1 perçoit MULL OVER comme un

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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
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"phrasal verb", LOC2 comme une structure V +


PRÉPOSITION. A la lecture de notre analyse, LOC1 ajoute le
commentaire "Je pense que c'est moi qui ai raison."

11. Most of these kids can add but they have serious trouble
thinking through simple problems. (VERBE 1745 US)

LOC1

thinking through simple problems

LOC2

think ing through simp simple problems

LOC2 se trompe et dit "... thinking through simp... simple


problems."
Dans les deux cas THROUGH est accentué. Chez LOC2, on
observe une interruption très nette entre THROUGH et
SIMPLE PROBLEMS, interruption qui confirme l'accolage.
THROUGH est dans les deux cas perçu comme un adverbe
lié à THINKING.

12. He escaped from The Berkshire hospital yesterday,


apparently by squeezing through the narrow window of
a shower room on the third floor after sawing through
an inch-thick steel-bar. (VERBE 2263 GB)

LOC1 (1° partie)

by squeezing through the narrow window

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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
_________________________________________________________________________________

LOC2 (1° partie)

by squeezing through the narrow window

Dans cette première partie de l'énoncé, nous observons une


interruption significative avant THROUGH. Cette
interruption est un signe de la nature prépositionnelle de la
structure.

LOC1 (2° partie)

after sawing through an inch thick steel bar

LOC2 (2° partie)

after sawing through an inch thick steel bar

THROUGH porte un accent plus fort dans l'énoncé lu par


LOC1. Il n'y a pas d'interruption entre THROUGH et la suite:
la structure est très certainement interprétée comme
prépositionnelle.

13. I went through each child's clothing before it set off for
school. (VERBE 1993 GB)

LOC1

I went through each child's clothing

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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
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LOC2

I went through each others each

LOC2 se trompe, et dit "I went through each other's...


each...".
Chez LOC1, THROUGH est beaucoup plus fortement
accentué que chez LOC2, mais, comme pour signifier qu'il
n'y a pas d'accolage malgré cela, l'interruption qui précède
THROUGH est beaucoup plus longue (0,15 seconde). La
structure a, une nouvelle fois, été perçue comme
prépositionnelle.

Trois conclusions s'imposent à la suite de cette première


analyse:

1. L'interruption, même si elle est nettement perceptible à


l'oreille, est malheureusement assez difficile à mettre en
évidence sur les graphiques d'amplitude.
2. Interruption et accentuation semblent devoir être
analysées ensemble: même quand la particule ne porte
pas d'accentuation particulièrement forte, l'absence
d'interruption après le verbe est le signe de la perception
de l'ensemble comme un "phrasal verb": voir l'ensemble
JOIN IN de (7).
3. Comme nous le supposions, les anglophones eux-mêmes
sont susceptibles d'hésiter sur la nature de la
combinaison verbale: GO ON de (8) et MULL OVER de
(10).

3.4.6 Deuxième série d'enregistrements

A la suite des critiques qui nous ont été adressées par notre
collaborateur LOC1, nous avons renouvelé l'expérience, en la
modifiant de deux manières:

1. Nous avons réalisé une série d'enregistrements plus longs,


de façon à dissimuler plus efficacement dans le corps du
texte le point qui nous intéresse plus particulièrement.
Les nouveaux extraits que nous avons proposés
comportent chacun environ 300 mots.

2. Nous avons fait appel à Monsieur Etienne Emerit,


directeur du Laboratoire de Phonétique Expérimentale de

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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
_________________________________________________________________________________

l'Université de Pau et des Pays de l'Adour, qui a bien voulu


nous aider. Il a réalisé pour nous l'analyse de deux
énoncés et en a établi, non plus des oscillogrammes
indiquant les variations d'amplitude, mais des
sonagrammes qui illustrent les variations de fréquence et
font ressortir de manière plus nette les attaques des
différents sons. Ces sonagrammes ont été réalisés à l'aide
d'un Sona Graph® type 6061A de Kay Elemetrics Co. Pine
Brook N.J. U.S.A. équipé d'un calibreur de
fréquences/temps externe réalisé par M. Emerit lui-
même 13.

Le but de cette deuxième expérience est identique à celui de


la première:
– vérifier l'existence d'une éventuelle interruption soit après
la réalisation d'un "phrasal verb", soit avant la
préposition dans le cas d'une combinaison
prépositionnelle.
– vérifier que les mêmes combinaisons ne sont pas toujours
perçues de la même manière par les locuteurs
anglophones.

La marque graphique de l'interruption sur l'oscillogramme


n'est pas très facilement repérable: il s'agit d'un trait vertical
franc à la reprise de l'énoncé: voir le IN de "in the Malayan
jungle" de LOC2/4 ou le OVER de "they mulled over what I
said" de LOC2/10.
Nous avons imaginé que cette interruption pouvait être mise
en évidence plus nettement dans le cas d'un "phrasal verb
prépositionnel", car le terme qui suit immédiatement le
verbe est, dans ce cas, forcément de nature adverbiale, et le
deuxième forcément une préposition. Cette différence de
nature est marquée à la réalisation orale.
Nous proposons à nouveau, à cette fin, l'extrait du
commentaire du journaliste de la BBC Robin Oakley à
propos de la signature de l'accord de "peace initiative" entre
le premier ministre britannique John Major et le premier
ministre irlandais Albert Reynolds le 15 décembre 1993.

13 Calibreur à fréquences multiples, pilotage par quartz 4 mégahertz, et diviseurs


binaires et décimaux
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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
_________________________________________________________________________________

Nous rappelons qu'il s'agit de propos spontanés, et non de


notes lues, le journaliste répondant depuis Westminster à
des questions de la présentatrice du journal télévisé:

"... But the question will be whether Mr Paisley gets so much


support in Northern Ireland, on the streets and elsewhere, that
some other Ulster unionists get nervous about that degree of
support and start to flake off from backing Mr Major's peace
initiative." (VERBE 2898)

and start to flake off from backing

Si la nature indéniablement adverbiale de OFF est nettement


marquée par l'accentuation, elle l'est également par la
répartition des interruptions: l'intervalle de temps entre
FLAKE et OFF est de 0,04 seconde, alors qu'il est trois fois
plus long (0,13 seconde) entre OFF et FROM.
Notre opinion est que, dans ce type d'énoncé, le marquage de
la différence est plus sensible qu'avec les "phrasal verbs
simples", comme pour distinguer, sans aucun doute
possible, la fonction grammaticale de chacun des
morphèmes. Nous pensons que, même s'il est plus
difficilement mis en évidence par l'oscillogramme avec des
"phrasal verbs simples", le phénomène est exactement le
même.

Deuxième série d'enregistrements

Nous avons fait appel, cette fois-ci à une locutrice, que nous
nommerons LOC3. Nous lui avons fourni 7 extraits de
romans en anglais britannique et américain d'environ
300 mots chacun et une cassette. Les enregistrements ont
été réalisés hors de notre présence. Nous fournissons ici les

________________________________________________________________________________
Chapitre 3 Du captage à l'accolage
_________________________________________________________________________________

seules parties des textes qui contiennent les combinaisons


verbales qui nous intéressent. Les extraits "complets"
figurent en annexe.

(1) 'That's just dishonesty,' said David, 'that's all that is. You
mean that if you're playing Tennessee Williams in Cheltenham
you gloss over all the punch lines, for fear of offending the
old ladies.

you gloss over all the punch lines

Nous observons une interruption très nette entre GLOSS et


OVER: l'énoncé est, sans aucun doute possible, lu comme
une structure prépositionnelle. L'interruption entre GLOSS
et OVER dure 0,09 seconde. Il n'est pourtant pas
envisageable que notre collaboratrice ignore le sens de la
combinaison GLOSS OVER (donnée dans Collins COBUILD
p. 617 comme une structure V + ADV + O). Il semble que,
quel que soit le statut donné à OVER, et quelle que soit la
réalisation qui en est faite, la combinaison conserve son
sens. Nous verrons, d'ailleurs, que la même combinaison
GLOSS OVER est réalisée de manière différente pour
l'énoncé (5).

(2) Sandy came across a pawn ticket which he took into the
kitchen to Hager.

Sandy came a cross a pawn ti cket

________________________________________________________________________________
Chapitre 3 Du captage à l'accolage
_________________________________________________________________________________

L'accolage phonique est réalisé: CAME ACROSS est perçu


comme un tout.

(3) The horses were almost like his own body to him. He felt he
was done for now.

he felt she was done for now

Comme le DONE FOR HIM de LOC1/4 et LOC2/4, DONE


FOR NOW est dit dans un souffle.

(4) but as I trace over what we went through I see how much
common ground we must have found in the one idea that, by
good fortune, could steady us.

but as I trace over what we went through


Il n'y a pas d'interruption entre TRACE et OVER.
L'accentuation beaucoup plus forte de TRACE et de OVER
par rapport à WHAT WE montre que l'ensemble est perçu
comme une combinaison accolée.

(5) It was exactly as if they had both had at heart to gloss


over any recent little friction.

they both had at heart to gloss o ver a ny re cen...

________________________________________________________________________________
Chapitre 3 Du captage à l'accolage
_________________________________________________________________________________

Énoncé intéressant par sa différence très nette par rapport à


l'énoncé (1). Il n'y a, ici, aucune interruption entre GLOSS et
OVER. GLOSS OVER est indéniablement perçu comme un
"phrasal verb".

(6) Again I was following in the footsteps of the humble


weavers about whom my old gentleman in the park had told
me.
following in

again I was following in the footsteps of the humble weavers

Comme dans LOC2/5 et LOC1/5, IN est étroitement lié aux


phonèmes précédent et suivant. Il est également accentué.

(7) With Prairie hanging off him like a monkey in a tree, he


waved goodbye to Sasha

with Prairie hanging off him

Dans ce cas OFF est à la fois accentué et accolé à HANGING.


L'ensemble HANG OFF est lu comme un "phrasal verb", alors
que l'énoncé est, sans aucun doute possible, prépositionnel.
Ce phénomène peut certainement être expliqué par la nature
de la préposition OFF, différente de OF notamment en ce
qu'elle est toujours porteuse d'accentuation 14. Ici, la

14 Cf. OED CD-ROM (1992): off , adv., prep., a., and n.


[Originally the same word as of, as explained under that word; off being at first a
variant spelling, which was gradually appropriated to the emphatic form, i.e. to the
________________________________________________________________________________
Chapitre 3 Du captage à l'accolage
_________________________________________________________________________________

'
réalisation est du type With Prairie hanging off // him like a
monkey, et non With Prairie hanging // off him like a
monkey, qui aurait été plus proche de la réalité
grammaticale. Nous postulons que, dans ce cas, OFF a une
nature quasi-adverbiale, telle que nous l'avons définie plus
haut.

Vérification par sonagramme

Les deux réalisations différentes de la combinaison GLOSS


OVER des énoncés (1) et (5) sont, à notre sens, un signe
révélateur de l'ambiguïté que peut parfois revêtir pour les
anglophones ce type de combinaisons. GLOSS OVER a
exactement le même sens dans (1) et dans (5) 15, il est
pourtant lu de deux manières radicalement différentes:
comme une combinaison prépositionnelle dans (1) et comme
un "phrasal verb" dans (5). L'interruption que nous avons
mesurée dans (1) apparaît également très nettement sur le
sonagramme:

(1) 'That's just dishonesty,' said David, 'that's all that is. You
mean that if you're playing Tennessee Williams in Cheltenham
you gloss over all the punch lines, for fear of offending the
old ladies.

adverb and the prepositional senses closely related to it, while of was retained in
the transferred and weakened senses, in which the prep. is usually stressless and
sinks to /Ev/. Off appears casually from c. 1400, but of and off were not
completely differentiated till after 1600...]
15 a) Vt fus. (Play down) atténuer, glisser sur, passer sur (cover up) dissimiler.
(Robert & Collins 1991)
b) Phrasal verb. Order V+ADV. If you gloss over a problem, a mistake or an
embarrassing moment, you try and make it seem unimportant by ignoring it or by
dealing with it very quickly (Collins COBUILD 1987).
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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
_________________________________________________________________________________

Chaque graduation verticale sur le graphique correspond à


0,1 seconde. La durée de l'interruption est mesurée par le
calibreur externe à 0,08 seconde (intervalle comparable à
celui que nous avions mesuré avec Voice Editor). Le
graphique des variations de fréquence fait apparaître juste
avant la 6° graduation un son /E/ entre 200 et 2000 Hz.
Monsieur Emerit a qualifié ce son de "/E/ atypique", et l'a
noté plus bas que les autres. Il correspond à un relâchement
à la fin du son /s/ de GLOSS avant l'attaque "très dure" du
/EU/ de OVER 16. Le relâchement, l'interruption et l'attaque
très dure du son /EU/ dans (1) semblent confirmer notre
hypothèse de la perception de cette combinaison GLOSS
OVER comme une combinaison prépositionnelle, ce qui n'est
absolument pas le cas dans (5), qui ne présente ni /E/
atypique ni interruption significative entre GLOSS et OVER,
comme le montre le sonagramme suivant.

(5) It was exactly as if they had both had at heart to gloss


over any recent little friction.

16 Nous avons noté entre guillemets les commentaires de M. Emerit, à qui nous
avons soumis ces pages pour vérification.
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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
_________________________________________________________________________________

3.4.6 Conclusion

Il nous est difficile de tirer de cette expérience des


conclusions définitives, car nous n'avons utilisé que trois
locuteurs et un nombre limité d'énoncés. Nous sommes
parfaitement conscient du fait que notre enquête, en raison
du petit nombre d'échantillons analysés, n'est pas, du point
de vue de la statistique, très significative. Nous n'avons pu, à
ce jour, développer notre recherche avec des moyens plus
importants. Pour que les résultats soient véritablement
significatifs, il faudrait sonder des cohortes statistiquement
significatives. Nous ne désespérons pas de pouvoir mener à
bien une telle étude à l'avenir.

Malgré ces réserves, nous pensons que l'expérience tend à


confirmer notre hypothèse que la réalisation phonique des
verbes complexes peut varier en fonction d'au moins deux
paramètres: la nature du deuxième terme lui-même (à la
différence de OF, OFF n'a pas de forme faible, par ex.) et la
compréhension des différents locuteurs anglophones, ainsi:

– LOC1/8 et LOC2/8 sont deux réalisations différentes du


même énoncé, et LOC1 envisage la possibilité pour lui
d'avoir fait une erreur.
– LOC1/11 et LOC 2/11 sont deux nouvelles réalisations
différentes du même énoncé. LOC1 estime qu'il a raison,
et donc que LOC2 se trompe (les deux locuteurs sont,
nous le rappelons, anglophones).
– LOC3/7 montre la réalisation d'un accolage phonique du
type VERBE + ADVERBE, avec forte accentuation du
deuxième terme, alors qu'il ne peut s'agir que d'une
simple structure prépositionnelle, mais il n'y a pas, dans
ce cas, d'autre solution possible.
– LOC3/1 et LOC3/5 constituent deux réalisations
radicalement différentes (révélatrices de deux perceptions
différentes) de la même combinaison par le même
locuteur.

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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
_________________________________________________________________________________

Si ces résultats ne constituent pas une preuve formelle du


caractère systématique des interprétations différentes des
verbes complexes, elles apportent au moins la preuve que
ces différences peuvent exister, même chez les anglophones.
Il est à remarquer également que, dans les énoncés ci-
dessus au moins, les réalisations phoniques différentes des
mêmes combinaisons verbales ne provoquent pas de
modification radicale du sens des énoncés; c'est le cas, en
particulier, des combinaisons avec OFF et OVER que nous
avons étudiées, mais ce n'est pas toujours vrai:

1) "I wish everybody would just lay off Dan Quayle," said
Democratic Sen. Patrick Leahy of Vermont. (VERBE 1699)

2) A pay strike by 500 clerical workers has caused the


company to lay off 2,500 car assembly workers. (OED CD-
ROM : 1992)

La démonstration de Gauthier à propos de la réalisation


phonique des constructions non causatives en Have (1990-
91 : pp.98-99) s'applique également ici: la combinaison de
LAY et OFF est prépositionnelle dans l'énoncé (1) et
adverbiée dans l'énoncé (2), et la force de l'accentuation sur
OFF identique dans les deux cas. Seule la matérialisation
par le locuteur de groupes de sens (que ce soit sous forme de
rupture intonative ou de pause) peut permettre de les
distinguer: lay // off Dan Quayle pour (1) et lay off // 2,500
car assembly workers pour (2), et permettre une
reconstruction exacte du sens (LAY + OFF = "laisser
tranquille" et LAY OFF = "licencier").

Nous reviendrons dans les chapitres suivants sur les


combinaisons avec OFF et OVER.

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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
_________________________________________________________________________________

3.5 Notre classification

Nous pensons avoir montré que les "phrasal verbs" (autrement


appelés "verbes à particule") sont en fait des structures
VERBE+ADVERBE. Leur deuxième terme, l'adverbe, étant soit un
véritable adverbe, soit un quasi–adverbe, produit du changement
de statut d'un adjectif, d'une préposition, d'un nom, ou même
d'un verbe.

Il est, d'autre part, ressorti de la première partie de notre étude,


consacrée à l'analyse critique d'ouvrages existants, qu'un grand
flou règne dans les définitions des "phrasal verbs", qui varient
selon les auteurs. Ce flou est, à notre sens, provoqué par
l'assimilation à des "phrasal verbs" de simples emplois au sens
figuré d'ensembles VERBE+PREPOSITION ou VERBE+ADVERBE.
Nous ne mentionnerons ici, à titre d'exemple, qu'un seul des 42
sens proposés par Courtney à l'ensemble GO+TO (1983: p.260):

Go to the country BrE to hold a general election: if the members


of Parliament vote against the government, they will have to go to
the country

Nous avons en fait affaire à une structure prépositionnelle banale


employée au sens figuré. Il s'agit de la rubrique n°17 de l'entrée:
GO TO v prep, or, si « go to the country » a effectivement un sens
littéral et un sens figuré, ces sens appartiennent à l'ensemble
VERBE + PREPOSITION + COMPLÉMENT et non à un
hypothétique "phrasal verb" GO+TO. Notre classification vise à
tenter de simplifier la répartition de ces verbes en différentes
catégories, et à éliminer d'une éventuelle liste de "phrasal verbs"
tous les énoncés du type de celui que nous venons de citer.

L'origine de tels ensembles, nous l'avons vu, ne peut être qu'une


construction du type VERBE + ADVERBE ou VERBE +
PRÉPOSITION. En conséquence, nous n'utiliserons plus
désormais les appellations "phrasal verb", ni "verbe à particule",
que nous abandonnons au profit des trois appellations suivantes,
décrivant les différentes catégories de verbes:

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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
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• VERBES PRÉPOSITIONNELS
• VERBES QUASI-ADVERBIÉS
• VERBES ADVERBIÉS

La catégorie des ADVERBIÉS comprend les verbes complexes


construits suivant le modèle:

Premier Terme: fonction verbale Deuxième terme: fonction adverbiale

VERBE ADVERBE
NOM NOM
ADJECTIF ADJECTIF
VERBE

Le tableau suivant résume la classification des verbes complexes


que nous proposons:

Classification des verbes complexes

PRÉPOSITIONNELS SENS LITTÉRAL When I went to the door, there


was no one there (Courtney
1983: p.260)
SENS FIGURÉ If the members of Parliament
vote against the government,
they will have to go to the
country.
Bueno, he said to himself,
feeling the familiar caress of
the flannel lining as he spread
his legs wide, then drew them
together and then turned on
his side so that his head would
be away from the direction
where he knew the sun would
come. (ON1-FW154)
They turned on you often but
they always turned on
everyone (ON1-FW317)
QUASI-ADVERBIÉS Well, he would have to see
(toujours accolés) about getting Pablo a cigar.
(ABOU1–FW131)

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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
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ADVERBIÉS SÉCABLES SENS LITTÉRAL 'Let us go for the old man,'


(accolés ou non) Robert Jordan said, putting on
his leather coat (ON1-FW426)
'But if I rub them and put
liniment on, it will warm them
and they will be better (ON1-
FW423).
SENS FIGURÉ The caretaker [...]came and
turned the hose on and
commenced to lay the dust at
the edge of the plaza [...] (ON1-
FW223)

ADVERBIÉS Do you believe in the


INSÉCABLES possibility of a man seeing
(toujours accolés) ahead what is to happen to
him ? (AHEA1-FW19)
The old lady was taken in by
the salesman.
'It's legalised rape,' I said, and
he let go my hand and turned
over on his side, taking the
sheets and blankets with him.
(LET1-GY22)

Les adverbiés sécables peuvent se rencontrer sous les formes


accolées ou non.
Si l'on considère que la formation des adverbiés insécables est un
processus dynamique qui tend vers l'irréversibilité, nous dirons
que les adverbiés sécables sont à un stade d'évolution
intermédiaire. En d'autres termes, les adverbiés insécables et les
adverbiés sécables accolés sont devenus des lexies dignes de
figurer en tant que telles dans les dictionnaires, alors que les
adverbiés sécables non-accolés (même s'ils coexistent avec des
sécables accolés) sont des variantes d'emploi des verbes qui
constituent leur premier terme, associés à leur deuxième terme.
Ils font, en quelque sorte, partie de la frange lexicale telle qu'elle
est définie par Tournier (1988, p.80):

" [...] un petit nombre de combinaisons qui ne sont pas répertoriées dans ce
dictionnaire 17ne paraissent pas impossibles (bring away, look off...) et
peuvent donc être considérées comme appartenant soit à la « frange lexicale »
– c'est-à-dire au sous-ensemble des lexies réalisées et non-répertoriées –
soit au lexique potentiel."

17 COD: Concise Oxford Dictionary.


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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
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Nous proposons les abréviations suivantes pour les différentes


catégories telles que nous les avons définies:

VERBES COMPLEXES

1 PL Prépositionnel Littéral
2 PF Prépositionnel Figuré
3 QA Quasi-Adverbié
4 ASL Adverbié Sécable Littéral
5 ASF Adverbié Sécable Figuré
6 AI Adverbié Insécable

3.6 La question des affectés

La classification que nous proposons n'est pas parfaite, mais elle


fait une place logique à des verbes complexes comme LIE OFF par
exemple, dans:

It was clear enough to the rest of us: Walter Cunningham was


sitting there lying his head off (VERBE 2782)

Il nous paraît impossible d'envisager l'accolage physique de LIE et


de OFF, qui se matérialiserait, par exemple, dans l'énoncé:

K•Walter Cunningham was sitting there lying off his head

Ceci est dû, à notre sens, au poids considérable du complément


effacé. Dans ce cas précis HEAD impose SHOULDERS: en
d'autres termes LYING HIS HEAD OFF n'est pas synonyme de
LYING HIS HEAD OFF + ∅. Le complément SHOULDERS, même
s'il est effacé, est indispensable à la compréhension de
l'expression.
D'ailleurs, toute tentative de traduction de cet énoncé en français
impose soit une adaptation par transposition (mentir comme un
arracheur de dents, par ex.) soit la mention explicite du

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Chapitre 3 Du captage à l'accolage
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complément introduit par OFF, et qui est effacé en anglais


(mentir à s'en faire tomber la tête des épaules, par ex.).
Dans ce cas particulier, l'adverbe OFF n'est pas débarrassé de
tous ses attributs prépositionnels: la lexie LIE OFF n'est pas
(encore) formée en raison de l'attachement de la préposition au
complément qu'elle introduit.
Cette question des effacements est essentielle. Elle concerne
principalement les compléments et ne peut être séparée de la
question des affectés: en effet, ces derniers peuvent être les
référents des compléments grammaticaux, mais ils ne le sont pas
forcément. Ils peuvent également être les référents des sujets
grammaticaux, ou encore, d'autres éléments des énoncés.

Nous consacrons le chapitre suivant à cette question.

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Chapitre 4 Affectés et compléments grammaticaux
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p 4. AFFECTÉS ET COMPLÉMENTS GRAMMATICAUX

La question des effacements

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Chapitre 4 Affectés et compléments grammaticaux
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Dans un énoncé comme:

(1) I decided finally as I sat watching the television with Pascal and
eating three helpings of chocolate mousse that I was not annoyed
at all. (EAT1-GY5),

le groupe nominal three helpings of chocolate mousse est


complément d'objet du verbe eat, et le référent du groupe nominal
est l'affecté du procès représenté par la relation prédicative I/EAT
CHOCOLATE MOUSSE (la "victime" si l'on veut, c'est MOUSSE
qui est "touché" par l'action I/EAT). Le référent du sujet
grammatical I est l'agent du procès qui affecte le référent de
MOUSSE.

Si ces faits paraissent évidents, il suffit pourtant de considérer un


énoncé comme:

(2) As my plane taxis down the runway in Milan and fails to


take off because there is clearly something wrong with the
engine, the pilot announces it has been struck by lightning.
(Daily Telegraph 6/3/93)

pour se rendre compte que l'analyse n'est pas toujours aussi


simple.

Dans (2), seule la localisation du sujet grammatical est chose


facile: l'énoncé ne comporte pas de complément d'objet ni
d'affectés "visibles": c'est le référent de plane qui est affecté par le
procès fail to take off.

Nous pensons que tout l'intérêt et toute la difficulté des verbes


complexes adverbiés et quasi-adverbiés (pour les non-
anglophones comme pour les anglophones) tient à cette
apparente "dissimulation" de certains éléments d'énoncés.
Les verbes prépositionnels "purs" ont, nous le montrerons, un
comportement différent, et il est moins difficile d'en maîtriser
l'usage.

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Chapitre 4 Affectés et compléments grammaticaux
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Si nous étudions systématiquement l'énoncé:

(3) a) A white heron took off and (b) shrugged itself


effortfully into the evening sky . (VERBE 1335),

nous pouvons remarquer qu'il comporte deux propositions (a et b)


avec chacune un verbe complexe:
− Le premier, TAKE OFF, est adverbié,
− Le second, SHRUG INTO, est prépositionnel.
Les deux propositions sont coordonnées et pourvues du même
sujet grammatical, explicite pour (1) et implicite pour (2). On
pourrait reconstruire l'énoncé ainsi:

A white heron took off. A white heron shrugged itself


effortfully into the evening sky.

ou encore

A white heron took off. It shrugged itself effortfully into the


evening sky.

En fait, c'est exactement ce qui se passe dans l'esprit du co-


énonciateur qui, pour comprendre le message de l'énonciateur,
doit d'abord le décoder, correctement et complètement, puis
l'interpréter, à défaut de quoi le message reçu ne serait pas
identique au message transmis. Si l'on considère que la
transmission de l'information s'opère selon le schéma établi par
Shannon et Weaver (1985, cités par Grize 1990, p. 28):

Destinateur Destinataire
Codage Message Décodage

A B

Émetteur Bruit Récepteur

on voit comment le co-énonciateur de l'énoncé (3) peut recevoir


une information identique à celle qui a été émise par
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Chapitre 4 Affectés et compléments grammaticaux
_________________________________________________________________________________

l'énonciateur, mais on ne voit pas comment sa compréhension du


message pourrait, à coup sûr, s'effectuer sans erreur. En effet,
rien n'y est prévu pour la transmission de l'implicite.

Codage, transmission et décodage ne suffisent pas à assurer la


communication exacte d'un message. Ces trois opérations sont,
de toute façon, inscrites à l'intérieur d'un ensemble contenant qui
représente tout ce qui n'a pas besoin d'être explicitement
transmis, et qui constitue le patrimoine commun à l'énonciateur
et au co-énonciateur. Ce patrimoine commun correspond au
domaine défini par Kerbrat-Orecchioni (1986: p. 162) comme
celui de la compétence encyclopédique:

"La compétence encyclopédique se présente comme un vaste réservoir


d'informations extra-énoncives portant sur le contexte; ensemble de savoirs
et de croyances, système de représentations, interprétations et évaluations de
l'univers référentiel, que l'on appelle, c'est selon, « axiomes de croyance » ,
« bagage cognitif » , « informations préalables » , « informations en coulisse »
(Zolkovskij), « postulats silencieux » (Korzybski), « complexe de présupposés » ,
(Schmidt), « système cognitif de base » (Flahault), « background information »
(Searle, Noordman), « assomptions contextuelles préalables » (Searle),
« univers d'assomption » (Martin, Rastier), etc., et dont une petite partie
seulement se trouve mobilisée lors des opérations de décodage."

Destinateur Destinataire
Codage Message Décodage

A B

Émetteur Bruit Récepteur

Compétence encyclopédique: patrimoine commun à A et B

Sans cet ensemble contenant, qui impose qu'en même temps


qu'ils échangent des informations, énonciateur et co-énonciateur
échangent une partie "sans signes extérieurs" de leurs messages,
il ne saurait, comme l'a montré Culioli (1990: pp. 25-26), y avoir
de véritable communication:
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Chapitre 4 Affectés et compléments grammaticaux
_________________________________________________________________________________

"Lorsque nous avons activité de langage, nécessairement située entre des


énonciateurs [...], de deux choses l'une: premièrement, nous utilisons
(consciemment ou non) la métaphore de la machine : un émetteur, un
récepteur, une boîte noire aux deux bouts, selon le schéma suivant : on a du
sens transformé par une boîte noire en message (flux sonore) qui passe d'un
émetteur à un récepteur où une boîte noire transforme le flux sonore en sens,
de sorte que le sens reçu correspond au sens chez l'émetteur. Nous avons
alors une métaphore qui est, en gros, celle du commutateur : je suis, à un
moment donné, émetteur, j'envoie un message, et il y a un récepteur en face;
le récepteur, muni du code commun, décode; puis, il tourne dans l'autre sens
le bouton et devient lui-même émetteur. Même au point de vue
physiologique, on voit que cela ne marche pas du tout ainsi, je veux dire qu'il
n'y a pas cette séparation radicale entre émission et réception, sans
rétroaction.
Mais on peut aller plus loin : ce genre de métaphore suppose que nous ayons
affaire à des univers normés, pré-découpés et calibrés: de même, la notion de
code en linguistique est suspecte. On aurait ainsi affaire à des phénomènes
qui n'appellent pas d'ajustement entre les sujets aux deux bouts, où il n'y
aurait pas de modulation et de déformation, où le message, comme on dit, ne
serait qu'un transport d'information toute constituée et stable. Ce faisant,
nous ramenons l'activité de langage à n'être qu'une activité informative,
véhiculant une information immuable, sans jeu intersubjectif, sans marge
stylistique. Il existe, certes, des situations de ce type : lors de la transmission
de certains messages par radio. Il est évident que nous sommes dans une
telle situation. Lorsqu'un pilote d'avion décolle e t échange un message avec la
tour de contrôle, il est dans cette situation; dans l'armée, les messages seront
souvent de ce genre, car les formes de dialogue modulé y sont assez rares.
Mais il est évident que, en dehors de tels exemples, on n'est pas dans cette
situation. Il faut alors concevoir (et c'est le deuxième terme de l'alternative)
que l'activité de langage ne consiste pas à véhiculer du sens, mais à produire
et à reconnaître des formes en tant que traces d'opérations (de
représentation, référenciation et régulation). La signification n'est donc pas
véhiculée, mais (re)-construite. La relation entre production et
reconnaissance suppose la capacité d'ajustement entre les sujets. Cette
capacité ne permet que rarement un ajustement strict. C'est parce qu'il y a
un jeu inter-sujets qu'il y a du jeu dans l'ajustement."

Dans la deuxième proposition de (3), l'élément d'information


concernant le sujet n'a jamais été explicitement transmis.
L'énonciateur considère comme une évidence que le référent du
sujet grammatical des deux propositions est unique, et il
suppose, en raison de leur compétence linguistique commune (de
leur connaissance de leur langage commun, si l'on veut) que cette
unicité est une évidence aussi pour son co-énonciateur, à qui il
laisse le soin de reconstruire le sens de son message 1.

1 Nous empruntons ici encore à Kerbrat-Orecchioni (L'Implicite, 1986: p.162): "Toute


unité de contenu possède, directement ou indirectement, un support signifiant
quelconque; et même lorsqu'ils n'ont d'autre ancrage qu'indirect, les contenus
implicites sont en quelque sorte « entés » sur les contenus explicites, de telle sorte
________________________________________________________________________________
Chapitre 4 Affectés et compléments grammaticaux
_________________________________________________________________________________

Il va de soi que la compétence linguistique, à elle seule, ne peut


permettre la compréhension intégrale du message: si la
compétence encyclopédique de l'énonciateur et celle du co-
énonciateur ne sont pas exactement semblables, l'énonciateur
risque de ne pas être compris. Ce jeu de l'implicite et de l'explicite
n'est pas, bien entendu, particulier à l'anglais, mais commun à
toutes les langues. Il renvoie à ce que Grize nomme PCC
(PréConstruit Culturel) (1990: p. 30) et doit être considéré comme
une composante essentielle du discours, tout comme doivent
l'être aussi l'intonation, les comparaisons, les métaphores, et les
gestes et attitudes qui accompagnent souvent la parole. Tous ces
éléments participent ensemble au sens du message, qui n'est
donc pas limité à la somme des sens des éléments de langue qui
le composent. Si cela était le cas, tout énonciateur serait toujours
compris par un co-énonciateur parlant la même langue, et, dans
le cas de langues différentes, personne n'éprouverait jamais de
difficultés à traduire quelque message que ce soit d'une langue
dans une autre, et donc, les verbes complexes anglais, entre
autres, ne poseraient strictement aucun problème.

Si encodage et décodage sont des opérations nécessaires à la


transmission des messages, ces opérations ne sauraient donc en
aucun cas être considérées comme suffisantes. Le co-énonciateur
doit prendre en compte tous les autres éléments implicites et les
interpréter 2, le cas échéant, en fonction de la situation
d'énonciation. Nous nous référons une fois de plus à Grize (1990,
p. 92) pour illustrer cette intervention du co-énonciateur sur le
message qu'il reçoit dans le but de construire un sens:

" [...] lorsque ma femme me dit:


« Si ça sonne, ce sont les fleurs. Tu n'as pas besoin de te précipiter »,
il y a de ma part intervention sur la forme: « ça » n'a jamais sonné et
certainement pas des fleurs, et construction d'un sens: rien de nature
inquiétante dans ce coup de sonnette."

que la reconnaissance des premiers présuppose l'identification des seconds. Il n'est


donc aucune unité de contenu dont le décodage puisse s'effectuer sans
l'intervention de la compétence linguistique ."
2 Selon la définition de Kerbrat-Orecchioni "Interpréter un énoncé, c'est tout
simplement, qu'il s'agisse de son contenu implicite ou explicite, appliquer ses
diverses « compétences » aux divers signifiants inscrits dans la séquence, de
manière à en extraire des signifiés..." (1986: p.161)
________________________________________________________________________________
Chapitre 4 Affectés et compléments grammaticaux
_________________________________________________________________________________

Grize résume la situation en citant Tschumi (1987 : p. 176):

"Pour qu'il y ait sens, il faut deux actes créateurs, l'un au départ, l'autre à
l'arrivée du message."

En matière de participation du co-énonciateur à la construction


du message, tout ce qui vaut pour la communication orale, vaut
également pour la communication écrite. Mason (1993: p.3) ne dit
pas autre chose quand il évoque les problèmes qui se posent au
traducteur:

"Whereas it is always the case that the text receiver has no direct access to
the producer's intended meaning, communication proceeds on the basis of
mutual assumptions made in order to establish coherence. In other words,
text producers intend meaning and receivers interpret it by virtue of the
textual record and sets of contextually determined assumptions made about
each other (cf. Hatim & Mason 1990: p. 194). To these may be added what we
may call the intertextual history of users, encompassing their entire previous
experience of texts and enabling them to perceive and relay beliefs, values,
ideology and so on."

Il serait surprenant que la compréhension et l'interprétation des


verbes complexes anglais soient régies par des lois différentes.
Eux aussi nécessitent bien souvent pour leur compréhension une
intervention que l'on pourrait qualifier de puissante de la part du
co-énonciateur. Ils sont, si l'on préfère, plus ou moins chargés de
références implicites à des connaissances supposées communes à
l'énonciateur et au co-énonciateur, ou aux particularités d'une
situation d'énonciation donnée (certains diraient qu'ils sont plus
ou moins "idiomatiques").

Un critère de reconnaissance des "phrasal verbs" anglais très


souvent retenu par certains, mais aussi souvent critiqué par
d'autres 3, leur faculté d'être remplaçables par un verbe simple ne
comportant qu'un seul mot, est très révélateur à ce sujet.

3 cf. par ex. Bolinger 1971, p. 6: The most general of all (tests) is replaceability by a
simple verb. Live (p.428) compares count out to exclude, look into to investigate, egg
on to incite, get around to circumvent, and so on. This includes both too little and
too much. Many obvious candidates cannot be matched with items from the more
meagre stock of learnèd [sic] words:
The plane took off. ("departed" is not specific)
He broke out with a rash. ("erupted" is ludicrous)
________________________________________________________________________________
Chapitre 4 Affectés et compléments grammaticaux
_________________________________________________________________________________

Dans un énoncé comme:

(4) She and her boyfriend came and picked me up. And put
me up for a few days. (VERBE 2271)

PICK UP et PUT UP peuvent être remplacés respectivement par


les verbes simples COLLECT et ACCOMMODATE qui sont alors
trop souvent qualifiés de "moins idiomatiques", tout comme le
PUT UP de (4) est considéré comme plus "idiomatique" que celui
de

(5) The intention seems to have been to put up a building in


which the portrait of the Kaiser could be hung and not
look out of place.(VERBE 1748)

Nous pensons, nous l'avons déjà dit, que cette explication n'est
pas satisfaisante, qu'un supposé degré d'"idiomaticité" n'a rien à
voir dans cette affaire. Notre opinion est que la vérité est à
rechercher dans l'ensemble des références implicites (ce que nous
avons appelé le patrimoine) dans lequel est inscrit chacun des
énoncés: le PUT UP de (5) ne renvoie pas au même domaine de
référence (connu ou supposé connu du co-énonciateur) que celui
de (4). Le problème est exactement le même que celui qui est
soulevé par l'énoncé (3). Il ne peut être exposé clairement qu'à
l'aide d'une analyse détaillée des éléments non explicitement
transmis et d'une comparaison de la structure des deux
propositions:

(3) a) A white heron took off and b) shrugged itself


effortfully into the evening sky . (VERBE 1335)

Nous convenons volontiers avec Bolinger que la variante (a') A


white heron departed réduirait considérablement la teneur du
message (DEPART n'étant pas spécifique, et pouvant servir à
exprimer le départ de n'importe quel autre type d'animal, et pas
forcément dans les airs).

He hauled off and hit me (no synonym that I am aware of, unless we admit "He
upped and hit me")
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Chapitre 4 Affectés et compléments grammaticaux
_________________________________________________________________________________

Un premier constat s'impose: la deuxième proposition semble


beaucoup moins chargée en implicite que la première. Nous
allons tenter de montrer pourquoi.

Proposition (a):

L'énonciateur suppose que son co-énonciateur sait:


(1) ce qu'est un oiseau
(2) qu'un oiseau vole
(3) que le héron est un oiseau
(4) que le verbe TAKE renvoie à la notion de prendre
(5) que la préposition OFF renvoie à la notion de provenance,
donc d'enlèvement
(6) qu'une fois associés TAKE et OFF forment une combinaison
presque synonyme de l'ensemble FLY OFF et renvoient à la
notion d'envol.

Ces 6 éléments, qui sont parties intégrantes du message


reconstitué, n'ont pas été transmis explicitement par
l'énonciateur. Ils sont considérés comme faisant déjà partie du
patrimoine du co-énonciateur, et c'est au co-énonciateur que
revient la tâche de reconstruction du sens. Cette tâche ne peut
être menée à bien qu'à la suite de deux opérations: décodage et
interprétation:
Décodage:
Le co-énonciateur décode le message dès sa réception en fonction
des éléments qu'il reçoit:

A heron déterminant + nom position initiale, probablement sujet,


un individu extrait d'une classe
take off notion verbale "prendre" (TAKE) et "enlever" (OFF)
Preterit (took) marque de temps Existence d'une relation entre le
grammatical référent du sujet et la notion
exprimée par TAKE OFF. Validation
de cette relation dans le passé.

C'est tout ce que les éléments transmis permettent de


comprendre, on conviendra que c'est peu au regard de la teneur
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Chapitre 4 Affectés et compléments grammaticaux
_________________________________________________________________________________

exacte du message. La deuxième phase du travail de


reconstruction reste à accomplir: l'interprétation.
Interprétation
S'il sait, comme le suppose l'énonciateur, sans, bien sûr, avoir à
le formuler de cette manière, que A heron took off signifie en
réalité A Heron took itself off the ground, le co-énonciateur
comprend que l'action qu'a exercée le héron est une action
d'enlèvement de lui-même du sol, donc d'envol, mais il ne peut
donner à l'énoncé cette interprétation littérale que si les six
éléments non explicitement dits développés plus haut font partie
de son patrimoine: un héron ne peut s'enlever du sol que parce
que c'est un oiseau, que les oiseaux ont la capacité de voler, etc.
Ce n'est que parce que ce patrimoine est partagé (ou supposé tel)
par l'énonciateur et le co-énonciateur que l'énonciateur peut faire
l'économie des deux compléments itself et the ground, que l'on
pourrait qualifier d'évidents. La conséquence de cet effacement
est la formation de la lexie TAKE OFF et son association à ce sens
littéral 4.

Chacun sait pourtant que cette même lexie peut revêtir d'autres
sens, par exemple:

(6) Bill took off Winston Churchill to perfection (Cowie &


Mackin 1985 p. 326)

Les deux phases successives de décodage et d'interprétation sont


ici aussi (comme dans tous les cas) nécessaires au co-
énonciateur pour comprendre le message.

4 Les étapes que nous avons présentées ne sont pas nécessairement si clairement
différenciées pour tous les énonciateurs: (4) et (5) par exemple, peuvent être
perçues globalement sous la forme de l'"image mentale" qu'évoque TAKE OFF. La
comparaison avec le français DÉCOLLER est à cet égard révélatrice: il est possible
d'imaginer, et de comprendre, qu'un avion (ou un héron) "décolle" sans pour autant
avoir pleinement conscience de l'étymologie du verbe, ni éprouver le besoin de
reconstruire l'énoncé source originel (≈ supprimer le "collage" de l'avion (ou du
héron) au sol); de même, il est tout à fait possible, en anglais, de comprendre
globalement le sens de A white heron took off. Il n'empêche que les différentes
étapes logiques de la formation de la lexie TAKE OFF = DÉCOLLER sont bien telles
que nous les avons décrites. En d'autres termes, le fait que la combinaison de TAKE
et de OFF puisse être perçue globalement atteste son statut de lexie autonome.
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Chapitre 4 Affectés et compléments grammaticaux
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Il est intéressant de remarquer que la phase de décodage est, à


très peu de choses près, identique à celle de (3) (la combinaison
TAKE OFF a ici un complément explicite à la droite de OFF); c'est
au stade de l'interprétation que tout change. Pour comprendre le
message, le co-énonciateur a nécessairement besoin de savoir
qu'imiter quelqu'un, c'est lui "prendre" quelque chose (ses
attitudes, mimiques, façons de s'exprimer etc.), et que, dans ce
cas aussi, il est courant, dans sa culture, dans sa langue,
d'utiliser la lexie TAKE OFF en effaçant le complément du verbe
TAKE (si l'énonciateur avait transmis un énoncé "complet", il
aurait dit quelque chose comme: Bill took his attitudes and
idiosyncracies off Winston Churchill (to perfection). Cette
connaissance doit absolument faire partie de son patrimoine,
sans quoi l'opération d'interprétation n'a aucune chance d'être
menée à bien. Nous ne disons pas que le TAKE OFF de (6) est
plus (ou moins) idiomatique que celui de (3), tout ce que nous
pouvons affirmer avec certitude c'est:

− qu'il est différent, et que cette différence réside dans les


domaines différents de l'implicite auxquels renvoie chacun de
ces deux verbes complexes. Sans la connaissance (ou
l'intuition) de cette différence, il est impossible d'interpréter
sans erreur, et donc de prétendre restituer un message
identique à celui qui a été émis.

− que la nature de la différence entre les domaines implicites


réside essentiellement dans le caractère plus ou moins
métaphorique (et non "idiomatique") du message transmis par
l'énonciateur. La valeur métaphorique ajoutée est bien plus
importante en (6) qu'en (3). (A titre de comparaison, elle est
quasiment nulle en (2) et nulle dans un énoncé comme I take
off my clothes and put on my nightgown (VERBE 2711)).

Getliffe (1990: pp. 107-108) a également étudié la question des


effacements, et il pose que:

" [...] s'il y a effacement, c'est parce qu'il y a une opération d'anaphore de la
relation préposition-syntagme nominal. L'effacement du syntagme nominal
correspond donc à un acquis de structuration."

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Chapitre 4 Affectés et compléments grammaticaux
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Il commente les deux occurrences de TAKE OFF transitif


suivantes, extraites de The Adventures of Huckleberry Finn:

Well, I'd been selling an article to take the tartar off the teeth -
and it does take it off, and generally the enamel along with it.

et découpe l'énoncé en deux séquences:

a) take the tartar off o the teeth


b) take the tartar off ∅

dont il propose l'analyse suivante:

En a), la relation off o Syntagme nominal est rhématique, alors qu'en b) la


relation off - ∅ est thématique. Cette dernière correspond au stade de
structuration qui précède le passage de l'opérateur au statut de particule ,
conséquence d'une rupture totale à droite, et que nous notons ainsi:

c) take the tartar off l...

[...] la modification ne concerne que l'opérativité de off, et c'est au niveau du


schéma c) que tout bascule: on sort en effet des phénomènes de discours
pour passer à un phénomène de langue qui [...] aboutit au verbe take off.
Mais ce verbe de langue pourra à son tour, une fois constitué comme unité
sémantique, devenir objet de discours, sa caractéristique essentielle étant le
déplacement possible de la particule:

take off COD

take COD off

Nous partageons son analyse de la formation du "verbe de


langue" TAKE OFF consécutive à une opération de structuration
d'un énoncé en discours (ce que nous avons appelé l'usage), mais
nous n'en tirons pas les mêmes conclusions, ne serait-ce que
parce que l'énoncé:

6') ?•Bill took Winston Churchill off to perfection

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Chapitre 4 Affectés et compléments grammaticaux
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ne nous paraît pas vraiment possible. Notre analyse est


sensiblement différente, et nous dirons que, d'une manière
générale, l'accolage comporte deux étapes:
1) Opération première: accolage "mental". L'association des sens
notionnels de chacun des éléments (de leurs programmes
sémiques) pour former la combinaison.
2) Opération seconde: accolage "physique". Même s'il n'y a pas de
soudure graphique entre les deux éléments (comme dans setup
par ex.), la combinaison devient alors insécable.

Si nous reprenons l'énoncé I take off my clothes and put on my


nightgown (VERBE 2711), il comporte les deux éléments accolés
TAKE OFF et PUT ON, qui sont le résultat de l'opération 1
("accolage mental"). A ce stade d'évolution, l'accolage est réalisé,
mais la combinaison ne peut pas être considérée comme
insécable car les deux formes (I take off my clothes and put on
my nightgown, d'une part, et I take my clothes off and put my
nightgown on, d'autre part) peuvent parfaitement coexister, selon,
comme l'a expliqué Getliffe, le type de point de vue exercé par
l'énonciateur sur le procès. Ce type d'accolage est donc le résultat
d'une première opération mentale exercée par l'énonciateur à
partir des sens de TAKE et de OFF (effacement des compléments
"évidents").

Le TAKE OFF de:

(6) Bill took off Winston Churchill to perfection (Cowie &


Mackin 1985 p. 326),

par contre, est à notre avis différent: son sens particulier, et son
inséparabilité, sont la conséquence d'une deuxième opération
mentale, effectuée à partir du verbe complexe TAKE OFF =
ENLEVER (né de l'opération première). En d'autres termes, ce
TAKE OFF là ne provient pas directement de l'association des
sens de TAKE et de OFF, mais d'une métaphorisation du sens de
la combinaison TAKE OFF. La figure suivante illustre la séquence
des deux opérations.

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Chapitre 4 Affectés et compléments grammaticaux
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État initial TAKE OFF I take my clothes off and put my nightgown on

Opération première TAKE OFF I take off my clothes and put on my nightgown

Opération seconde TAKE OFF He takes off Winston Churchill to perfection

Proposition (b):

and (b) shrugged itself effortfully into the evening sky

L'énonciateur suppose que son co-énonciateur connaît:

(1) le sens de AND


(2) le sens du verbe SHRUG
(3) le sens du nom EFFORT et de l'adverbe dérivé EFFORTFULLY
(4) le sens de la préposition composée INTO
(5) le sens de EVENING SKY
(6) le sens de la construction dite résultative utilisée ici (un
francophone n'a pas nécessairement cette "connaissance", et
aura certainement de plus grandes difficultés à décoder le
message s'il ne connaît pas bien l'anglais).

Décodage

and coordination position initiale, probablement sujet,


un individu extrait d'une classe
shrug itself notion verbale + "Mouvement d'épaules vers le haut →
pronom réfléchi soulever", "soi-même"
Preterit (ed) marque de temps Existence d'une relation entre le
grammatical référent du sujet (non exprimé ici) et
la notion exprimée par SHRUG.
Validation de cette relation dans le
passé.
effortfully adverbe modification du sens du verbe ou de
l'énoncé entier.

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Chapitre 4 Affectés et compléments grammaticaux
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into the sky complément indication d'une direction et de la


prépositionnel cible de cette direction

Il est remarquable de noter que, dans cette proposition,


l'opération de décodage permet de restituer presque tout le sens
du message, ne laissant que relativement peu de choses à
l'interprétation.

Interprétation

Le seul élément implicite de la proposition est le sujet (voir plus


haut), tout le reste est explicite, et cela peut être aisément
expliqué. On peut dire que l'énonciateur, pour augmenter les
chances de compréhension complète de son message, est venu au
secours de son co-énonciateur en n'effaçant rien d'autre que le
sujet, seul élément "évident" de cette partie du message. En effet,
comme il n'a pas utilisé le verbe SHRUG dans son contexte le
plus fréquent en anglais contemporain 5, il est contraint de
donner des éléments d'information supplémentaires pour rendre
plus certaine une interprétation non erronée. Il suffit de consulter
les dictionnaires de "phrasal verbs" déjà cités pour se rendre
compte que presque tous donnent SHRUG OFF comme unique
combinaison possible du verbe SHRUG avec un adverbe ou une
préposition (seule Courtney (1983, p. 570) donne aussi SHRUG
AWAY). Nulle part ne figure l'association de ce verbe avec la
préposition INTO. D'ailleurs SHRUG, verbe de mouvement
signifiant "tirer vers le haut", n'est que la cinquième acception
dans SOED (to jerk, pull or tug up. U.S. 1807), et Webster (1993)
ne reconnaît même pas cet usage. Dans ce cas précis, le co-
énonciateur ne peut comprendre la description du mouvement
des ailes du héron qu'a posteriori: c'est INTO THE EVENING SKY
qui le conduit à faire une opération de déduction du sens de
l'image anthropomorphique évoquée par SHRUG (hausser les

5 to raise (and contract) the shoulders, esp. as an expression of disdain,


indifference, disclaiming responsibility, etc. (S OED 1965 p.1885).
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Chapitre 4 Affectés et compléments grammaticaux
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épaules). Cette déduction s'opère par comparaison 6 avec les


structures résultatives "classiques" en anglais, dans lesquelles le
complément indique le résultat atteint, et le verbe la manière
dont il a été atteint, comme, par exemple:

He believed he should attack the Baronet... and argue him


into a little more rationality. (VERBE 868)
ou
It was plain she had come out with him only to stuff and
drink herself into a stupour. (VERBE 1437)

Pour aider le co-énonciateur dans sa tâche de reconstruction du


sens, l'énonciateur a transmis le complément inhabituel ITSELF,
dont la fonction est d'interdire la mise à cette place du
complément "implicite" rendu évident par l'usage: ITS
SHOULDERS. La communication complète du message s'effectue
donc au moyen de ce dosage subtil d'informations jugées
indispensables (et en conséquence encodées et transmises par
l'énonciateur) et d'appels implicites à tout un domaine de
connaissance supposé partagé par le co-énonciateur. Le jeu de
l'explicite et de l'implicite varie forcément en fonction de la
maîtrise de l'outil de l'un et de l'autre: les chances sont faibles,
voire nulles, pour qu'un énonciateur non-anglophone puisse
créer de toutes pièces de tels énoncés, si les habitudes de langage
et les images qui viennent naturellement à l'esprit des locuteurs
anglophones ne lui sont pas familières. C'est à dessein que nous
envisageons ici l'éventualité de la création de lexies. Nous
pensons, en effet, que ce schéma résultatif est remarquable, car il
constitue une sorte de gabarit à partir duquel peuvent être
construits une infinité d'énoncés, qui n'en deviennent pas pour
autant toujours des verbes complexes. Le chapitre 7 est consacré
à l'analyse de ce type d'énoncés.

Que dire encore des énoncés suivants si l'on ne tient pas compte
des informations non transmises par l'énonciateur ?

6Il s'agit, stricto sensu, d'une comparaison, toutefois si énonciateur et co-


énonciateur possèdent le même degré de compétence linguistique , l'opération est
automatique dès que ce type de structure est rencontré.
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Chapitre 4 Affectés et compléments grammaticaux
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(7) The intention seems to have been to put up a building in


which the portrait of the Kaiser could be hung and not
look out of place.(VERBE 1748)
(8) Finally there was a note to the British Council saying yes,
they could put up an itinerant poet for a couple of days...
(VERBE 1029)
(9) ''My husband doesn't put up with me,' I said, wearily,
sinking more and more heavily on to the pram handle...
(VERBE 2904)

sinon qu'on serait obligé, pour classer les trois occurrences de


PUT UP, de recourir à une fallacieuse échelle d'idiomaticité.
Mieux vaut en étudier les similitudes et les différences. La partie
commune est, à l'évidence, le segment du message encodé et
transmis par l'énonciateur, la différence, par contre, est à
rechercher dans le domaine de l'implicite:

(7) PUT UP Eriger Rien n'est effacé, tout


a building (un bâtiment) est dit
(8) PUT UP a foreign Héberger PUT UP (a roof over)
poet (un poète itinérant) an itinerant poet for a
couple of days...
(9) PUT UP WITH Supporter PUT UP (a roof over
me (endurer) me and stay under it)
WITH me

La lexie PUT UP est parfaitement identique dans les trois cas,


c'est l'interprétation qu'en fait le co-énonciateur qui est différente,
et cette interprétation ne peut être menée à bien (dans (8) et (9)
au moins) que si la partie non transmise du message (l'appel au
patrimoine) est présente à son esprit: toute inadéquation entre
implicite pour l'énonciateur et implicite pour le co-énonciateur
aboutit forcément à l'échec de la tentative de communication. Il
est à noter qu'il est parfaitement possible d'extrapoler à partir de
l'emploi (9) pour évoluer vers des emplois plus figuratifs encore:

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Chapitre 4 Affectés et compléments grammaticaux
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(10) Why should he have to put up with these privations and


disreputable surroundings? (VERBE 1077)

Même des énoncés, que l'on ne peut pas considérer comme


représentatifs du fait de leur caractère exceptionnel, comme:

(11) The attack is now being made by a fascist autocracy...


The reaction of the British people through Parliament is to
make clear what may not have been clear before - that
there are limits to the negotiating instructions of the FCO,
and the attack oversteps the limits up with which the
British people will not put (VERBE 2476).

font appel à tout un contexte implicite que ne peut soupçonner


un co-énonciateur non averti (il s'agit ici d'un extrait d'une lettre
du Colonel Dodds-Parker au sujet des Argentins pendant le
conflit des Malouines. Cette lettre a été publiée par le Times de
Londres le 13 avril 1982). Selon toute vraisemblance, le dernier
segment de cet énoncé sonnera curieusement aux oreilles de nos
contemporains anglophones s'ils ne comprennent pas le "clin
d'oeil" que leur adresse le Colonel Dodds-Parker. On conviendra
que, si énonciateur et co-énonciateur partagent la même
compétence encyclopédique, la forme plus "moderne" the attack
oversteps the limits the British people will not put up with paraît
bien terne ou, en tout cas, véhicule un message beaucoup moins
dense.

Nous pensons que le rôle central joué par l'implicite est la


principale source des difficultés de compréhension que peuvent
rencontrer les non-anglophones devant les verbes complexes
adverbiés, car l'énonciateur, qui leur suppose (ou feint de leur
supposer) les mêmes compétences que les siennes ne juge pas
nécessaire de leur communiquer les éléments qui leur sont
pourtant indispensables à l'interprétation correcte de son
message, puisqu'ils n'en disposent pas par défaut. Le problème
ne doit pas être réduit à une simple question de connaissance de
la langue: même si le non-anglophone possède une grande
compétence linguistique et sait que, par association de deux
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Chapitre 4 Affectés et compléments grammaticaux
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lexies, on peut en former une troisième, il ne sait pas


obligatoirement, s'il ne possède pas les mêmes domaines de
référence culturels, quelles lexies sont susceptibles d'être
associées. On comprend alors que ce type de lexies soient plus
difficiles à produire qu'à interpréter.

Nous pensons que l'implicite est également à l'origine de la


formation des lexies complexes VERBE+ADVERBE en raison du
vide créé entre ces deux éléments par l'absence du complément
effacé. C'est, entre autres facteurs, la proximité physique entre
un verbe et un adverbe qui favorise ipso facto leur accolage: il est,
après tout, logique que le mot, fût-il composé, vienne après l'idée.
On peut ainsi recréer les étapes de la genèse de tous les
complexes adverbiés. Nous ne citerons pour exemple que la lexie
TAKE OFF:

a) TAKE something OFF


b) TAKE OFF something
c) TAKE OFF (a heron took off...)
d) TAKE OFF (Bill took off Winston Churchill...)

Le processus s'étalant dans le temps, il peut être considéré


comme normal que les formes (a) et (b) coexistent. La même
vision diachronique permet d'expliquer pourquoi il y a toutes les
chances pour que la lexie soit devenue insécable en (d): les
éléments implicites qui sont à son origine sont, à ce stade, dilués
dans ce qui est devenu le patrimoine supposé commun au couple
énonciateur/co-énonciateur, et elle ne renvoie plus qu'à l'idée
d'emprunt. Cela ne signifie pourtant pas forcément que (d) soit
directement issu de (c): l'accolage entre TAKE et OFF s'est, en
quelque sorte, figé pour exprimer la notion de PRENDRE+OTER,
qui est devenue un "tout sémantique" que l'énonciateur peut
décider d'utiliser littéralement (on a alors l'énoncé (c)) ou
métaphoriquement (comme dans l'énoncé (d)). Le caractère
transitif de TAKE OFF dans (d) est, s'il en était besoin, un signe
supplémentaire du caractère définitif de la soudure des deux
morphèmes (le groupe nominal Winston Churchill n'est pas

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Chapitre 4 Affectés et compléments grammaticaux
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complément prépositionnel du verbe simple TAKE mais


complément direct du verbe complexe TAKE OFF)

La deuxième source des difficultés pour les non-anglophones est


le poids du complément effacé, qui parfois semble interdire
l'accolage physique du verbe et de l'adverbe (cf. Walter
Cunningham was sitting there lying his head off (VERBE 2782) cité
au chapitre précédent).

S'il est bien clair qu'une fois que le verbe complexe est lexicalisé,
il se comporte comme un tout: dans put up a building, building
est le complément d'objet direct de l'ensemble put up, et donc le
référent de building est l'affecté du procès auquel renvoie put up;
il ne faut pas pour autant oublier l'origine de l'expression: put a
building up, dans laquelle le référent de building est affecté par un
procès différent auquel renvoie le seul verbe put modifié par un
adverbe. En conséquence, si l'on tente d'établir quels types
d'effacements ont abouti à la formation d'un verbe complexe
adverbié ou prépositionnel donné, il faut tenir compte des
fonctionnements différents. Ces fonctionnements diffèrent selon
les verbes complexes. Nous avons noté cinq types d'interaction
entre affecteur et affecté:

1) Affectés du verbe seul


2) Affectés de la préposition
3) Affectés de la combinaison entière
4) Combinaisons réversibles
5) Base verbale affectée par l'adverbe

Les deux premières catégories constituent un schéma de base et


peuvent être considérées comme les sources des trois suivantes,
puisqu'elles sont des illustrations du fonctionnement "normal" de
l'adverbe pour la première, et de la préposition pour la seconde.

4.1 Affectés du verbe seul

L'affecté de la base verbale peut être soit le référent du


complément d'objet du verbe:
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Chapitre 4 Affectés et compléments grammaticaux
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(8) In those days there were no midday meals or drinks of


milk at school to help children along. (VERBE 2051)
(9) 'Plastic,' he said and, before he pulled the flap open, he
said, 'Don't be afraid. Peek inside.' (VERBE 1815)

Children et the flap sont affectés par les seuls verbes HELP et
PULL,

soit le référent du sujet grammatical:

(10) Then she put one hand on her hip, tilted her shoulder,
and swaggered away (VERBE 753)
(11) '... I've got a table for sixteen. Where's he going to sit, for
Heaven's sake?' / 'He can squeeze in,' Holland said.
(VERBE 1527)

She et he sont affectés par les seuls verbes SWAGGER et


SQUEEZE. Dans la deuxième partie de (11), le complément
évident HIMSELF qui a été effacé n'aurait fait que renvoyer
au référent du sujet grammatical du verbe SQUEEZE.

4.2. Affectés de la préposition

Dans ce cas, il s'agit forcément du référent du complément


introduit par la préposition. Si rien ne se trouve à la droite
de la préposition, celle-ci, nous l'avons vu, acquiert un
statut d'adverbe. Rien n'empêche, pourtant, que la base
verbale ait, elle aussi, un affecté, effacé ou non:

(12) Then Priscilla arrived and the Fanshawes walked them to


the door and waved them down the steps. (VERBE 1081)
(13) The old lady shrieked up the stairs in a strong, Liverpool
accent. (VERBE 1945)

(the steps et the stairs sont affectés par les seules


prépositions DOWN et UP).

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Chapitre 4 Affectés et compléments grammaticaux
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4.3 Affectés de la combinaison entière

L'adverbe est accolé au verbe, et l'affecté, s'il n'est pas effacé,


peut être soit:

– le référent du complément d'objet direct du verbe


complexe:

(14) Paul actually looked up the phone number of the nearest


police station and dialled the first three digits of the
number. (VERBE 1422)
(15) Father Graves managed to look up a train which gave us
three hours to wait on the afternoon of the match against
Lancashire. (VERBE 1606)

(the phone number et a train sont affectés par les


combinaisons LOOK UP entières)

– soit le référent du sujet grammatical:

(16) How are you bearing up, Mrs Christopher ? Can you tell
us anything about the other girls ? (VERBE 1002)

(Mrs Christopher est affecté par la combinaison BEAR UP


entière)

4.4 Combinaisons réversibles

Nous employons le terme "réversible" pour décrire les


emplois intransitifs de combinaisons dans lesquelles le
référent du sujet grammatical n'est pas le véritable agent du
procès: Charis's spirits picked up, par exemple, ou The car
pulled away. Dans ces combinaisons, les effacements sont
souvent difficiles à repérer. Le degré de complexité de ces
verbes (c'est-à-dire leur éloignement par rapport à un
énoncé-source non réversible, qui peut être reconstruit par

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Chapitre 4 Affectés et compléments grammaticaux
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rétablissement des éléments effacés) peut varier du


relativement simple au très élevé.

Dans:

(17) Charis's spirits picked up and she prattled on in what


Felix recognized as her usual bright but fairly mindless
way for the rest of the drive back to Stackpole. (VERBE
1510)

le mécanisme est simple, et l'énoncé pourrait être réécrit


sous la forme ? Charis picked up her spirits, où l'ensemble
PICK UP serait d'abord utilisé métaphoriquement pour,
ensuite, donner naissance au verbe complexe notionnel PICK
UP = IMPROVE, qui correspond tout à fait aux emplois
métaphoriques des adjectifs HIGH et LOW (low spirits, high
spirits par ex.).

L'analyse de l'énoncé suivant:

(18) Then the gears were engaged, Cyril tooted the horn and
the car pulled away to renewed cheers from the guests...
(VERBE 1473)

peut sembler moins aisée. Il faut, pour le comprendre, se


référer à des énoncés voisins comme, par exemple:

(19) [To a chauffeur] Twenty-six is the number we want, and


the sooner the better, but we don't want to pull up at the
front door. (VERBE 1270)

Il est clair que, pour que la communication soit effective,


énonciateur et co-énonciateur doivent nécessairement
partager la même compétence encyclopédique du domaine
dont il est question: celui du transport par véhicule
automobile avant l'invention du moteur à explosion: PULL
UP, synonyme de STOP, ne peut être compris que par
reconstruction de l'énoncé "complet" pull the reins up (so the
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Chapitre 4 Affectés et compléments grammaticaux
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horse will stop), énoncé dont on peut penser qu'il a donné


d'abord pull up the reins par accolage de l'adverbe au verbe,
pour ensuite évoluer, selon le principe guillaumien du
passage du particulier au général, vers le verbe complexe
adverbié notionnel PULL UP = STOP. On comprend mieux
alors l'émergence par extrapolation d'un autre adverbié
notionnel PULL AWAY = START, par référence au même
domaine de connaissance. Le principe de cette extrapolation
est, à notre avis, le suivant: AWAY indique le résultat du
procès (la voiture s'éloigne) et PULL, la manière dont ce
résultat a été atteint (il faut tirer sur les rênes) suivant le
schéma résultatif classique. La visée de l'énonciateur n'est
plus ici centrée sur le conducteur du véhicule, mais sur le
véhicule lui-même, ce qui explique la position initiale de
CAR. On retrouve ce type d'extrapolation avec d'autres
adverbes, notamment UP, IN et OUT:

(20) Wyndham was trying once more to relieve the pressure by


pulling the car off me with his bare hands, and I was
watching his efforts and trying to feel whether my feet
were still attached, when Neville's car pulled up and
David got out. (VERBE 2906)

(21) Zoyd was put into the back of a taupe Caprice with
government plates and taken away up the hill out of
Gordita Beach... pulling in at last to a collection of low
sand-colored structures that could have been some junior
high school campus...(VERBE 2648)

(22) Morris pulled out and varoomed down the wrong side of
the road, scandalized drivers honking protest in his wake.
(VERBE 2690)

Il est à noter que l'appel à la connaissance encyclopédique


n'est pas obligatoirement direct. Il faut considérer que la
connaissance encyclopédique est, par définition, collective (il
s'agit, schématiquement, de la connaissance qu'ont les
individus appartenant à une civilisation donnée, de leur
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Chapitre 4 Affectés et compléments grammaticaux
_________________________________________________________________________________

civilisation), et peut donc être transmise. De même qu'en


français, il n'est pas nécessaire de connaître le verbe
AMARRER pour comprendre le verbe DÉMARRER, il est tout
à fait possible en anglais:
1. de comprendre le verbe complexe PULL UP,
2. de créer ensuite les verbes complexes réversibles PULL
UP et PULL AWAY,
sans connaissance directe de l'histoire de la langue. Le mot
est d'abord créé, pour être ensuite imité et, au bout du
compte, éventuellement expliqué: quand un anglophone
apprend globalement le sens de la lexie PULL UP, il
n'apprend pas nécessairement son histoire, mais la
composante historique, inhérente à la lexie, n'en demeure
pas moins toujours présente et prête à être découverte.

On peut considérer de manière similaire l'énoncé:

(23) 'Only an hour and ten minutes behind schedule,' Morgan


observed. 'Things are looking up.' (VERBE 1132).

Il ne peut se comprendre que si l'on donne à LOOK UP une


valeur notionnelle proche de celle du PICK UP de (17).

4.5 Bases verbales affectées par un adverbe

Ces combinaisons correspondent à la catégorie que Getliffe


(1990: p. 19) nomme verbes à préfixe inséparable, et qu'il
divise en deux sous-classes:
− Le type BEFALL, FORGIVE, ARISE:
− Le type OUTGROW, OVERCOME etc. dont fait partie:
(24) After that he doesn't say anything for a while, and neither
do I. We are outwaiting each other. (VERBE 2712)

Getliffe dit à propos des adverbes de la deuxième sous-


classe:

" [...] il s'agit d'opérateurs en position préverbale qui avaient au départ


une fonction adverbiale ou prépositionnelle et qui étaient, selon les cas,
séparables ou non [...] Ces deux types se sont développés à une époque

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Chapitre 4 Affectés et compléments grammaticaux
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où la langue privilégiait la préfixation des verbes. Ils ne sont plus


productifs..." (1990: p. 20)

et nous ne sommes pas tout à fait d'accord avec sa dernière


affirmation. Il nous semble au contraire que ce type de
combinaisons constitue une catégorie ouverte, c'est-à-dire
apte à s'enrichir de nouveaux éléments au fil de l'évolution
de la langue et des besoins des énonciateurs. Nous en
voulons pour preuve, même si cette preuve semblera sans
doute paradoxale, le OVERFLY de l'énoncé suivant:

(25) Think you can get in there?


No, but our launch can, what gives?
A possible triple homicide? Possible drug involvement. We
overflew the area this morning. There's a fishing boat
right here. (VERBE 2866)

qui est loin d'être marginal: quiconque voyage de temps à


autre en avion aura entendu un commandant de bord
annoncer aux passagers le survol d'une certaine région à
l'aide de ce verbe, qui est pourtant singulier à plus d'un titre.
Nous avons demandé à plusieurs anglophones britanniques
leur opinion sur l'énoncé (25), et cette opinion est quasi-
unanime: ils connaissent le verbe, le comprennent, mais en
déconseillent l'usage. Les qualificatifs qu'ils emploient le
plus souvent pour le définir sont "sub-standard" ou
"American English". Ils préfèrent tous la forme plus
"orthodoxe" FLY OVER. Or, s'il est absent de dictionnaires
anglais publiés récemment (Collins COBUILD par exemple),
OVERFLY figure dans la dernière édition du Collegiate
Dictionary de Merriam Webster et dans le Shorter Oxford
English Dictionary, qui fait remonter son origine au XVIème
siècle ! 7. Il semble que de nombreuses combinaisons de ce
type se soient formées en anglais au fil des siècles et se
soient effectivement figées dans des sens qui paraissent
aujourd'hui très modernes, au point que de nombreux

7 Overfly: 1558. Trans. To cross or pass over by flying. SOED 1965 p.1403.
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Chapitre 4 Affectés et compléments grammaticaux
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anglophones pensent qu'il s'agit de néologismes. Nous


citons pour exemple 8:

VERBE Date VERBE Date


OUTLAST 1573 OUTSTAND 1571
OUTLAUGH 1477 OUTSTARE 1596
OUTLIVE 1472 OUTSTAY 1600
OUTSLEEP 1590 OUTSTEP 1759
OUTSPAN 1852 OUTSTREAM Late M.E.
OUTSPEAK 1603 OUTSTRETCH Late M.E.
OUTSPEND 1586 OUTSTRIP 1580
OUTSPIN 1616 OUTTRAVEL 1619
OUTSPREAD 1841 OUTVOTE 1647

Ce type d'assemblage, d'un âge vénérable, est non seulement


toujours en usage (c'est le cas du OUTLAST de:

(26) ... but he also resented the fact that these meek and
foolish animals might outlast himself. (VERBE 2672))

mais il est à notre avis également très productif. De


nouvelles combinaisons apparaissent en anglais
contemporain, qui sont construites exactement sur le même
modèle:

(27) It was very difficult when Joe was outrighted to


Oklahoma City on Saturday. (OED CD-ROM 1992)
(27') The Pirates had finally released him late in March
(outrighted him, in baseball parlance). (OED CD-ROM
1992)

Si effectivement ces assemblages au deuxième terme


antéposé n'ont plus, pendant un certain temps, été
productifs, nous postulons, au contraire de Getliffe, qu'ils le
redeviennent, et pas seulement avec l'adverbe OUT, qui a
toujours permis des créations presque sans limites, comme
le célèbre:

8Tous verbes figurant dans SOED 1965. Cette liste n'est pas exhaustive et ne
préjuge pas du nombre de combinaisons possibles avec d'autres adverbes, comme
DOWN ou UP par exemple.
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Chapitre 4 Affectés et compléments grammaticaux
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(28) it offends me to the soul to hear a robustious periwig-


pated fellow tear a passion to tatters, to very rags, to split
the ears of the groundlings, who, for the most part, are
capable of nothing but inexplicable dumb-shows and
noise: I would have such a fellow whipped for o'erdoing
Termagant; it out-herods Herod: pray you, avoid it.

Il existe également de nombreuses nouvelles créations avec


d'autres deuxièmes termes (essentiellement DOWN, UP, BY):

(29) Instructions for uploading Fastlynx to another PC:


1. Connect the FastLynx serial cable between the two
computers.
2. Please indicate which serial port the remote computer is
using. (VERBE 2886))

par exemple.

Nous pensons que, dans ce type de combinaison, le


deuxième terme (l'adverbe) se comporte comme le deuxième
terme des combinaisons NOM+VERBE ou des mots du type
mot-valise:

(30) 'He didn't even make me parallel-park!' Owen said.


(VERBE 1732)

ou encore:

(31) When the HDTV transmission system is in place, stations


will simulcast both the HDTV and regular analog signals
- a necessity until most consumers buy a new HDTV set.
(VERBE 2630)

dans lequel SIMULCAST est le résultat de l'amalgame de


l'adverbe SIMULTANEOUSLY et du verbe BROADCAST. Le
deuxième terme antéposé de ces combinaisons joue
pleinement un rôle adverbial. Ce type de formation n'est
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Chapitre 4 Affectés et compléments grammaticaux
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pas, comme on l'entend dire très souvent, réservé à l'anglais


américain: l'énoncé suivant, emprunté à Helen Simpson, est
tout ce qu'il y a de plus britannique:

(32) This morning when I wolf-whistled him as he emerged


shaggy and glistening from the shower, he clapped his
hands over himself and said, 'That's not exactly very
feminine, is it.' (VERBE 2767)

4.5 Conclusion

Si les effacements, traces des références systématiques à des


éléments implicites du discours, rendent ardues, pour les
apprenants de l'anglais L2 la maîtrise et la pratique des
verbes complexes adverbiés et prépositionnels anglais, ces
effacements en constituent néanmoins la plus grande source
de richesses car ils rendent possible une infinité de
combinaisons.

Les chapitres 7 à 9 sont consacrés à l'étude des principaux


types d'assemblages possibles.

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Chapitre 5 Séparabilité et possibilité de passivation
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p 5. SÉPARABILITÉ ET POSSIBILITÉ DE PASSIVATION

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Chapitre 5 Séparabilité et possibilité de passivation
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Le classement des verbes complexes communément appelés "à


particule" en deux catégories: verbes séparables et verbes non
séparables 1 est classique dans les ouvrages traitant du sujet.
Nous nous proposons dans ce chapitre d'analyser les critères qui
permettent d'établir ce classement, et de montrer pourquoi, à
notre avis, ils ne sont pas toujours pertinents.

La répartition des verbes complexes que nous proposons rend, de


fait, cette distinction inutile:

− Selon toute vraisemblance, les adverbiés non accolés


précèdent chronologiquement les adverbiés accolés, et les
deux catégories peuvent dans certains cas coexister. Dans
notre classification, les termes "accolé" et "non accolé"
décrivent deux structures différentes, et non deux états d'une
même structure.

− Les prépositionnels ne sont, par définition, jamais séparables,


puisque leur préposition se trouve nécessairement avant le
complément pour pouvoir introduire ce dernier.

Si donc critère de séparabilité il y a, il ne peut concerner que les


adverbiés, ce qui montre incidemment, encore une fois s'il était
nécessaire, combien le terme "particule" est flou et trompeur.

Palmer (1988: p. 216), en accord avec ce principe, élimine de la


catégorie "phrasal verbs" tous les prépositionnels, mais, à la
différence de Quirk et al. (1985: p. 1150), il y inclut tous les
adverbiés, en les classant toutefois, lui aussi, selon des critères
d'"idiomaticité":

"The grammatically defined combinations that are to be discussed will be


referred to as 'prepositional verbs' and 'phrasal verbs' - depending on whether
the particle is identified as a preposition or as an adverb. This contrasts with
other analyses where the terms are used only for the idiomatic combinations,
the non-idiomatic ones being referred to as 'verb+preposition' and
'verb+adverb'."

1 Suivant le schéma VERBE + COMPLEMENT + PARTICULE ou VERBE


+PARTICULE + COMPLEMENT.
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Chapitre 5 Séparabilité et possibilité de passivation
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En ce qui concerne le caractère plus ou moins idiomatique de


certaines combinaisons, il ajoute (Ibid.: p. 220):

"There are some combinations of verb plus adverb that are certainly
idiomatic, where the adverb is unlikely to occur after the verb:

1. The car picked up speed.


1'. K•The car picked speed up.
2. She gave up hope.
2' K•She gave hope up.

However, the adverb may occur after the complement in the same
combination, but with a different sense 2:

3. The car picked the hitchhikers up.


4. She gave her boyfriend up."

Nous faisons remarquer que, hormis le fait que nous ne voyons


pas très bien en quoi le degré d'idiomaticité de 1, 1', 2 et 2' est
différent de celui d'une expression comme The enemy gave in
(Ibid.: p. 216), il faut ajouter, même si l'on peut considérer que
c'est implicite dans ce qu'affirme Palmer, que:

3'. The car picked up the hitchhikers


4'. She gave up her boyfriend

sont des énoncés parfaitement grammaticaux.

Notre opinion est que les ensembles PICK + UP de (1) et (3) et


GIVE + UP de (2) et (4) sont semblables.
Si, comme le fait justement remarquer Palmer, 1' et 2' ne sont
pas grammaticaux, cela n'est dû ni à PICK ni à UP (qu'ils soient
pris isolément ou non) mais à leurs compléments, ou du moins
au statut grammatical de ces compléments, conséquence du
point de vue qu'exerce l'énonciateur sur leurs référents.

2C'est nous qui soulignons. L'énoncé qui figure dans l'édition que nous citons ( The
English Verb Second Edition) est en réalité le suivant: "However, the adverb may
occur after the verb in the same combination, but with a different sense". Nous
avons corrigé la coquille, à notre avis, manifeste: dans 3.•The car pickedthe
hitchhikers up, l'adverbe apparaît bien après le complément.
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Chapitre 5 Séparabilité et possibilité de passivation
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Pour (1) et (2), nous avons ∅ SPEED et ∅ HOPE, compléments


d'objet directs de PICK UP et GIVE UP. Dans (3), HITCHHIKERS
est complément d'objet direct du seul PICK, alors que dans (3') il
est complément d'objet direct du verbe adverbié PICK UP.

Si l'on examine les référents des compléments, on s'aperçoit que,


dans (3) et (3'), HITCHHIKERS renvoie à des animés humains
(donc parfaitement dénombrables) qui peuvent être "ramassés"
par le référent du sujet grammatical. Dans (1) et (2) par contre,
SPEED et HOPE renvoient à des notions, par nature
indénombrables. Nous dirons qu'il y a incompatibilité entre la
base verbale PICK et des compléments notionnels comme SPEED
et HOPE, ou encore LOVE, COURAGE etc.

Nous postulons qu'en diachronie (3) et (4) précèdent logiquement


(1) et (2): il s'agit de structures que l'on pourrait qualifier de
banales, du type:

SUJET VERBE COMPLÉMENT ADVERBE

que nous avons exposées plus haut.

L'association de PICK et UP d'une part, et de GIVE et UP d'autre


part, a donné naissance dans l'esprit des anglophones aux deux
notions complexes PICK UP et GIVE UP, dont les sens sont
dérivés de la somme des sens de leurs éléments constitutifs. En
d'autres termes, PICK UP et GIVE UP, images en langue des
notions décrites, sont devenues des lexies qui, même si elles sont
dérivées, n'en demeurent pas moins autonomes, c'est-à-dire
qu'elles sont comprises comme des blocs de sens et représentent
respectivement l'idée de prendre, de s'approprier, et l'idée
d'abandonner. Dès lors, rien n'empêche qu'elles puissent être
utilisées avec des compléments dont les référents renvoient à des
notions. Selon nous, séparabilité et non-séparabilité ne sont pas
des qualités intrinsèques aux verbes complexes issus d'une
première opération mentale. Dans les exemples cités par Palmer
(1 et 2 par exemple), c'est la nature des référents des
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Chapitre 5 Séparabilité et possibilité de passivation
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compléments grammaticaux qui bloque les verbes complexes


PICK UP et GIVE UP à l'état non séparable, car aucune opération
de délimitation n'est effectuée sur les notions SPEED et HOPE.
C'est cette particularité qui explique pourquoi, dans le cas d'un
complément d'objet de nature pronominale, celui-ci est placé
entre le verbe et l'adverbe: la notion exprimée par le verbe
complexe est forcément délimitée au référent déjà connu.

Pour que le critère de séparabilité soit un critère de classification


et de reconnaissance efficace, il faudrait donc non seulement dire
que certains adverbiés sont tantôt séparables et tantôt non
séparables, mais préciser en outre que la séparabilité est fonction
de la nature du référent du complément grammatical. D'ailleurs,
en l'absence de compléments grammaticaux les adverbiés sont,
de fait, sinon non séparables, du moins non séparés : des lexies
comme PICK UP et GIVE UP figurent en tant que telles dans les
dictionnaires, preuve de plus, s'il en fallait, qu'elles renvoient à
des notions.

A l'appui de notre thèse nous allons développer deux arguments,


fournis par Palmer lui-même: certains verbes complexes peuvent
subir une transformation passive et d'autres pas, de même que
certains peuvent être inversés et d'autres pas. La possibilité ou
l'impossibilité d'effectuer ces transformations découle, selon
nous, de la nature des énoncés dans lesquels figurent les verbes
complexes, et les transformations doivent obéir au principe que
nous venons d'exposer:

Renvoi à une notion Passivation et inversion


impossibles
Renvoi à un domaine délimité Passivation et inversion
possibles

5.1 Le critère de la passivation

Ce critère est souvent considéré comme un critère de


classification très important. Nous pensons qu'il faut étudier
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Chapitre 5 Séparabilité et possibilité de passivation
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sa pertinence par rapport aux catégories que nous avons


définies:
− Les prépositionnels
− Les adverbiés
− Les quasi-adverbiés

5.1.1 Les prépositionnels

Palmer (1988: p. 221) fait remarquer

" [...] with an adverb, but not a preposition, the sentence can be
freely passivized:

The flag was run up.


K• The hill was run up

However, this is not an absolute restriction, since it is possible to


say (with the preposition):

I don't like my shoulder being looked over at football matches."

Ce passage est très surprenant: ce qui y est dit


concernant les adverbiés est exact, nous le montrerons
plus loin, mais le passage concernant les
prépositionnels appelle quelques commentaires:

"It is even possible to have passives such as:

He's being looked after.


I'm being smiled at.

but this depends, in part at least, on idiomaticity."

Une interprétation à la lettre de ce passage signifie que


la possibilité de transformation passive d'une
combinaison dépend, au moins en partie, de son degré
d'idiomaticité. Il est un fait que, si l'on considère qu'un
énoncé comme ...arrive at a solution est idiomatique,
alors que ...arrive at Victoria Station ne l'est pas, cela est
souvent vérifié. Nous ne pouvons, néanmoins, retenir le
degré d'idiomaticité – vague par définition – comme
critère permettant ou interdisant ces transformations
passives.
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Chapitre 5 Séparabilité et possibilité de passivation
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Nous ne voyons pas en quoi (1) He is staring at me (Ibid.:


p. 220) (transformation passive possible) serait plus
idiomatique que (2) He ran up the hill (Ibid. p:221)
(transformation passive impossible), et nous pensons
que l'argument d'idiomaticité ne tient pas dans ce cas
non plus. (Nous avons déjà montré ailleurs qu'il ne peut
tenir nulle part en raison de son caractère
essentiellement subjectif.) La différence fondamentale
entre les deux énoncés est à rechercher dans un autre
domaine: d'une part RUN est un verbe de mouvement,
pas STARE, et UP indique une direction, pas AT; d'autre
part (2) peut être assimilé à une structure résultative (à
la fin du procès le référent du sujet HE est au sommet
de la colline, plus en bas), mais pas (1).

Si nous reprenons la paire classique

3. We arrived at Victoria Station


4. We arrived at a solution

nous pouvons faire les mêmes observations: AT


n'indique de mouvement ni dans (3) ni dans (4).
ARRIVE, par contre indique un mouvement réel dans (3)
alors que dans (4) le mouvement n'est que figuré. Il
semble que la possibilité de passivation des
prépositionnels tienne à la nature et à l'emploi du verbe
et/ou de la préposition comme l'illustrent les deux
énoncés suivants:

5. Sandor had his key and we started climbing up that


sort of path staircase (VERBE 1377)
et
6. I stared up the beautiful sweep of steps leading to its
entrance... (VERBE 2070).

Nous avons bien deux structures prépositionnelles


indiquant chacune un mouvement: (5) car CLIMB est
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Chapitre 5 Séparabilité et possibilité de passivation
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un verbe de mouvement, UP ne faisant ici qu'indiquer la


direction de ce mouvement, et (6) à cause de la seule
présence de la préposition UP, le verbe n'étant pas un
verbe de mouvement. Aucun de ces deux énoncés ne
peut être transformé à la voix passive (on dira, selon
nous, that mountain has never been climbed plutôt que
that mountain has never been climbed up).

Dans tous les cas d'énoncés où la réalité du mouvement


est avérée, la transformation passive est impossible, et
cela est tout à fait logique.

Dans un tel énoncé, l'importance du référent du sujet


grammatical est primordiale: c'est lui qui est l'agent du
procès, et c'est lui qui, au terme du procès, change de
position dans l'espace. La place du sujet grammatical
d'un tel énoncé en position initiale thématique ne doit
donc rien au hasard. On sait qu'un énonciateur qui
s'exprime à la voix passive exerce sur un procès donné
une vision rétrospective, s'attachant d'abord à son
résultat 3, dont il place logiquement la marque en
discours (le sujet grammatical) en position thématique.
Ainsi (4) pourrait être vu comme:

(4') A solution was arrived at (by us)

avec effacement plus que probable de l'agent, car dans


ce cas, ce qui importerait avant tout serait le résultat
du procès (solution). L'énoncé n'exprime aucun
déplacement dans l'espace de l'agent. (3) par contre, ne
saurait être exprimé qu'à la voix active: Victoria Station,
terme supposé connu du déplacement dans l'espace du
référent du sujet grammatical, n'est en rien affecté par
le procès (son état ne change pas). L'agent, qui est

3 On nous a opposé ici l'argument suivant: "En quoi John est-il résultat dans 'John
was loved by Mary' ?". Nous disons que, dans ce cas, l'état de John a changé en
raison de l'événement "Mary/love John". Son état (be loved by Mary) est bien le
résultat du procès Mary loves John.
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Chapitre 5 Séparabilité et possibilité de passivation
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également l'affecté du procès (son état a changé), peut,


lui, être placé en position initiale.

Par ailleurs, un autre critère intervient dans la


possibilité de passivation d'un ensemble VERBE DE
MOUVEMENT + PRÉPOSITION, et ce critère tient lui
aussi à la qualité du verbe: certaines bases verbales
sont à la fois transitives directes et prépositionnelles,
WALK, par exemple, dans

Every Sunday I had to walk them all across the fields


and visit the stables and we must never overlook the
kennels where the dogs were kept. (VERBE 603)

Il est clair que dans ce cas le complément d'objet direct


peut être placé en position thématique initiale et
devenir sujet grammatical à la suite d'une
transformation passive:

They all had to be walked across the fields...

Ceci se comprend naturellement: d'une part le référent


du complément prépositionnel (complément de lieu)
existe nécessairement indépendamment de la validation
du procès, et d'autre part, il ne saurait, en raison du
procès, subir de déplacement dans l'espace. Seul le
référent du complément d'objet direct peut être affecté
par le procès, c'est-à-dire subir une modification de son
état.

5.1.2 Les adverbiés

Les adverbiés non accolés

Les adverbiés non accolés doivent, du point de vue


syntaxique, être considérés uniquement pour ce qu'ils
sont, c'est-à-dire des verbes simples "normaux" modifiés
par des adverbes et qui ont la potentialité d'être la
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Chapitre 5 Séparabilité et possibilité de passivation
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source de formation de nouvelles lexies complexes.


L'éventualité d'une transformation passive d'énoncés où
ils figurent est dès lors soumise aux restrictions
habituelles.

Il faut nécessairement une structure du type SUJET +


VERBE + OBJET + ADVERBE pour que la
transformation soit possible. Les restrictions sont alors
les mêmes que celles que nous avons montrées pour les
prépositionnels. Ainsi l'énoncé de sens littéral:

Hello, angel. Sorry to get you up. (VERBE 1306)

qui décrit un mouvement ne semble pas avoir de glose à


la voix passive du type:

K• She was got up by her friend.

Cependant, la même combinaison GET UP apparaît


directement à la voix passive dans:

Temple looked about him. Everyone was got up in their


finery. The women all wore white dresses with lacy trims
and carried parasols. (VERBE 1462)

avec un sens figuratif. Ce sens figuratif est d'ailleurs


répertorié dans OED (CD-ROM 1992), et certains des
exemples qui sont donnés sont à la voix active:

get up, v. (m) To dress (the person, hair, etc.) in a certain way;
to produce or turn out in a (specified) style as regards externals;
said with reference to the mounting of a play, the binding, print,
and paper of a book, etc. Chiefly in pa. pple. got up. Also intr. for
refl.
1782 Mrs. Thrale Let. to Johnson 16 Feb., I am told the new plays
this year are got up (as the phrase is) very penuriously.
1863 [Hemyng] Eton Sch. Days xviii. (1864) 207 He felt confident
in his power of getting up so that no one would recognise him.

On remarque que, dans les cas de passivation, l'adverbe


se trouve nécessairement immédiatement à la droite du
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Chapitre 5 Séparabilité et possibilité de passivation
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verbe pour former un accolé, puisque le complément a


été déplacé.

Les adverbiés accolés

L'adverbié accolé, nous l'avons montré, est une lexie


composée qui a un sens notionnel produit directement
ou métaphoriquement à partir de la somme des sens de
ses éléments constitutifs, mais il s'agit d'une seule lexie,
fût-elle complexe – un verbe de langue selon la
définition de Getliffe (1990: p.108) – . Il est tout à fait
normal qu'un tel verbe puisse être employé dans un
énoncé à la voix passive, à condition de figurer dans
une structure du type SUJET + VERBE + OBJET.

Si nous prenons l'ensemble HOLD UP, par exemple,


nous pouvons constater que les énoncés:

1. She went down on her knees at his knees. She held


up her face to him. (VERBE 1186)

2. I held up my end. You got your dingus. It's your hard


luck, not mine, that it isn't what you wanted.
(VERBE 1309)

peuvent tous deux subir une transformation passive,


que leur sens soit littéral ou figuratif:

1'. Her face was held up to him.

2'. My end was held up.

La combinaison HOLD UP apparaît même directement


avec un autre sens dérivé dans un énoncé comme:

3. A rumour went through the train that we would be


held up at Hua Hin... (VERBE 1817)

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Chapitre 5 Séparabilité et possibilité de passivation
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5.1.3 Les quasi-adverbiés

Soit les énoncés suivants:

1. He seemed to be completely alone in the landscape.


He had come across no pickets or patrols of either
side. (VERBE 1547)

2. No wonder that I wanted to get my face on that dark


receiving box myself, to join in that intricate pattern,
the celluloid drama that is played out there every night
at the discretion of the programme arrangers...
(VERBE 2814)

3. I set about Hereford as I had set about London: I


wrote to the estate agents, I advertised in the local
papers, I rang up the theatre management.
(VERBE 2813)

Leur particularité est que leurs prépositions n'ont pas


perdu toutes leurs qualités de prépositions pour devenir
des adverbes: il est peut-être possible de formuler
l'hypothèse que les combinaisons de ce type sont à des
étapes intermédiaires de leur évolution vers des verbes
complexes purement adverbiés.

La possibilité d'utiliser ces combinaisons à la voix


passive dépend de plusieurs facteurs.
Ainsi:
1'. ??• No pickets or patrons... were come across
3'. K• Hereford was set about...
semblent impossibles, alors que:

2'. The intricate pattern, the celluloid drama was joined


in...

semble possible. (1') est impossible pour deux raisons:


La composante prépositionnelle de l'ensemble COME

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Chapitre 5 Séparabilité et possibilité de passivation
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ACROSS de (1) est, d'une part, si forte que la présence


du complément à la droite de la préposition est
indispensable à la compréhension du sens, et d'autre
part elle donne à la structure toutes les caractéristiques
d'un verbe prépositionnel de mouvement au sens
presque littéral.

Le même raisonnement appliqué à (2) montre que (2')


est tout à fait possible, car, même si JOIN IN implique
un mouvement, ce mouvement ne peut être que
figuratif: un locuteur (A) occupé à une activité
quelconque avec les individus (B) et (C) peut inviter un
co-énonciateur (D) à l'aide d'un énoncé comme "Please,
join in", même si, pour ce faire, (D) doit parcourir une
certaine distance. On peut difficilement imaginer qu'il
lui dise "K•Please come across". En effet, quand la
combinaison COME ACROSS a le même sens qu'en (1),
que certains qualifient d'idiomatique, elle implique,
d'une part que la volonté du référent du sujet
grammatical n'est pas engagée, et d'autre part que le
complément introduit par ACROSS n'est pas effacé.

On peut, pour s'en convaincre, comparer des énoncés


avec COME ACROSS quasi-adverbié comme (2) ou:

4. Once when they were rummaging in the trashpile to


see what they could find, Sandy came across a pawn
ticket which he took into the kitchen to Hager. It was
for a watch his Aunt Harriett had pawned the
Saturday she ran away. (VERBE 2821)

à un énoncé purement prépositionnel comme:

5. Once a motorcyclist in a leather coat and an all-leather


helmet with an automatic rifle in a holster by his left
leg came across the bridge and went on up the road.
(VERBE 2815)

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Chapitre 5 Séparabilité et possibilité de passivation
_________________________________________________________________________________

Il est intéressant de remarquer à ce stade que lorsque


COME ACROSS (dans (1), par exemple) et JOIN IN sont
des quasi-adverbiés, leur degré d'évolution vers le statut
d'adverbié pur est différent: il semble que le IN de
JOIN IN soit plus adverbe que préposition alors que
c'est l'inverse pour ACROSS. Le IN de JOIN IN a, si l'on
veut, perdu plus de ses caractéristiques
prépositionnelles que le ACROSS de COME ACROSS.

Pour ce qui concerne l'énoncé (3), la transformation à la


voix passive est impossible pour une raison différente,
qui tient aussi bien à la nature du verbe SET qu'au
traitement des affectés par l'énonciateur. Si dans (1) et
(2) COME et JOIN sont employés comme
prépositionnels, la situation est différente pour (3) car le
verbe SET ne peut avoir de compléments d'objet que
directs. Dans l'énoncé qui nous occupe, le complément
d'objet direct de SET a été effacé. En d'autres termes
HEREFORD n'est pas le complément d'objet de SET
introduit par la préposition ABOUT. Si l'on rétablit le
complément effacé, on obtient la glose:

I set MYSELF about Hereford as I had set MYSELF about


London...

La conclusion de cette analyse est qu'il nous semble


difficilement possible d'énoncer des règles précises
permettant ou interdisant la transformation passive
d'énoncés à quasi-adverbiés précisément en raison du
caractère hybride de ces combinaisons; tout au plus
peut-on dire qu'il faut, pour se prononcer, tenir compte
à la fois de la situation dans laquelle ils sont énoncés et
de toutes leurs composantes, puisqu'ils se comportent
différemment selon le degré d'adverbialisation de leur
préposition.

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Chapitre 5 Séparabilité et possibilité de passivation
_________________________________________________________________________________

5.1.4 Le cas des combinaisons avec OVER

Les verbes complexes avec OVER sont un cas


particulier, non pas parce qu'ils remettent en question
notre classification, mais parce qu'ils ont quelquefois
un comportement singulier et constituent, si l'on veut,
une sous-classe.

D'une manière générale, les prépositions qui entrent


dans la composition des quasi-adverbiés
(essentiellement IN, ABOUT et ACROSS) permettent,
nous l'avons vu, de produire des combinaisons tantôt
indéniablement adverbiées, tantôt indéniablement
prépositionnelles et tantôt quasi-adverbiées:

Prépositionnel 'I pad about the place like some great


jungle beast,' Hethersett said.
(VERBE 824)
(K [...] pad the place about impossible)
Quasi-adverbié I set about Hereford as I had set about
London... (VERBE 2813)
Adverbié He treated Temple as a dear friend, a
comrade-in-arms whose shared
exposure to enemy fire had brought
about an indissoluble union.
(VERBE 1542)

Les combinaisons avec OVER semblent fonctionner de


la même manière, à une différence près: certaines
d'entre elles semblent conserver le même sens quel que
soit le statut grammatical de OVER:

Prépositionnel 1. I'd be happy to go with you, even


though I'm getting over a cold.
(VERBE 1698)
Quasi-adverbié 2. At the end they... mulled over
what I had said. (VERBE 2237)

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Chapitre 5 Séparabilité et possibilité de passivation
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Adverbiés 3. Get your business with him over,


and then see how we stand. (VERBE
1200)
4. We've come to look the place
over. (VERBE 2463)

(1) est clairement prépositionnel; par contre, si l'on


modifie (3) (adverbié non accolé malgré la longueur du
complément) on obtient

3'. Get over your business with him...

tout à fait grammatical malgré le flou du statut de


OVER, qui peut être interprété soit comme une
préposition, soit comme un adverbe sans changement
radical du sens de l'énoncé.

De même, modifier (4) en

4'. We've come to look over the place.

ne modifie pas véritablement le sens de l'énoncé non


plus.

Nous classons (3') et (4') dans la catégorie des quasi-


adverbiés, non pas parce que leur deuxième terme
comporte à la fois les attributs d'une préposition et
ceux d'un adverbe, mais parce qu'il peut être l'une ou
l'autre, suivant l'interprétation que lui donne
l'énonciateur et/ou le co-énonciateur: quel que soit le
résultat de l'analyse que fait le grammairien du OVER
de (2), le sens global de l'énoncé demeure pratiquement
inchangé.

D'autres combinaisons avec OVER sont


particulièrement ambiguës quant au statut du
deuxième terme, en particulier les associations avec le
verbe RUN:
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Chapitre 5 Séparabilité et possibilité de passivation
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5. Most days I'd learnt new words and I'd run over them
in my mind. (VERBE 1317)
6. 'Sure,' Owen said. 'And I suppose his father ran over
the dog.' (VERBE 1725)
7. What was it about Murray, he wondered, that made
him want to dash out his brains, run him over with
his car, hack him into dog-meat with a machete?
(VERBE 1084)

Si le verbe complexe de (5), énoncé dont le complément


d'objet est un pronom personnel, est indubitablement
prépositionnel, la variante:

5'. Most days I'd learnt new words and I'd run them over
in my mind.

demeure tout à fait possible sans changement de sens


notable. Quant à (6) et (7), ils donnent deux réalisations
syntaxiques différentes d'un assemblage qui conserve
dans chaque cas le même sens, et sont une nouvelle
illustration du danger d'une classification trop
restrictive des verbes complexes qui ne peut que
provoquer une multiplication de catégories cloisonnées.
Ceci n'est pas particulier aux combinaisons RUN OVER:
peut-on vraiment dire qu'une permutation des
compléments et de OVER provoquerait une modification
fondamentale du sens de (8) et (9)?

8. Then he sat back and said "I'll think it over".


(VERBE 1197)
9. I never told nobody this... I know you don't need me to
do it. To tell it or even think over it. You don't have to
listen either, if you don't want to. (VERBE 2811)

Dire que (8) suppose que la tâche a été menée à bien


alors que (9) n'offre aucune garantie d'efficacité ne
serait pas, à notre sens, tout à fait exact. Notre opinion
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Chapitre 5 Séparabilité et possibilité de passivation
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est que dans les deux cas l'activité de réflexion a été


menée à bien, mais que le point de vue exercé par
l'énonciateur sur le procès est différent. Il est
intéressant de noter que Cowie & Mackin (1975: p. 337)
et Courtney (1983: p. 668) classent tous deux la
combinaison dans la catégorie des VERBE+ADVERBE,
et ne donnent d'exemples que sous la forme séparée
(think things over, think the plan over). Les sens qu'ils
donnent à la combinaison sont les suivants:

Cowie & Mackin: "review past events in one's mind, consider


carefully something that may affect the future."
Courtney: "1. To consider (something) seriously, at length, often
alone. 2. To reconsider (something) often with a change of
opinion."

A notre avis, les syntaxes différentes illustrent les


nuances suivantes: Think over things décrit uniquement
le procès (la réflexion), alors que Think things over est
une structure résultative dans le sens où elle permet
d'exprimer que les "choses" sont passées de leur état
initial (non "examinées) à un état final différent
("examinées").

Palmer (1988: p. 238) qualifie d'ailleurs ce type de


combinaisons de "marginales", en particulier RUN
OVER.

Nous ne partageons pas tout à fait son analyse, car elle


semble impliquer que tous les quasi-adverbiés (par
exemple COME ACROSS, JOIN IN ou encore SET
ABOUT) sont des combinaisons marginales, alors que
l'usage fréquent qui en est fait dans la langue actuelle
tendrait à prouver le contraire.

La situation particulière qu'occupe OVER est, selon


nous, un autre signe révélateur du fait que le processus
de formation des adverbiés est un processus
dynamique, en évolution constante. Si nous ne
partageons pas tout à fait les conclusions de Palmer
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Chapitre 5 Séparabilité et possibilité de passivation
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quant au caractère marginal des combinaisons avec


OVER, notre opinion rejoint la sienne quand il affirme:

" [...] RUN OVER in particular, seems to be in the process of


becoming a phrasal verb, but does not yet fully contrast with the
homonymous prepositional verb [...]" (Ibid.: p. 238)

Nous formulons l'hypothèse que, dans le processus


d'évolution du prépositionnel vers l'adverbié, OVER se
trouve à la zone d'équilibre, sans inclinaison
particulière vers un statut ou l'autre, à la différence de
IN, qui est plutôt adverbial, et de ABOUT, qui est plutôt
prépositionnel. On peut schématiser ces différences
ainsi:

ABOUT OVER IN

- 0 +
Préposition Adverbe

5.2 Le critère de l'inversion "verbe-sujet"

Un des moyens classiques de mettre en évidence la


réalisation d'un accolage VERBE+ADVERBE est de
pratiquer sur la combinaison ce que l'on pourrait appeler le
test de l'inversion provoquée par la mise en position initiale
du deuxième terme 4.

Un énoncé VERBE + ADVERBE banal comme he went


down... peut être modifié en down he went..., ce qui n'est pas

4Nous utilisons le terme "inversion" en raison de sa commodité (il est couramment


utilisé dans la littérature). Bien entendu, cela n'impli que nullement que nous
considérions l'ordre "sujet-verbe" comme l'ordre "normal".
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Chapitre 5 Séparabilité et possibilité de passivation
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possible dans certains cas: he broke down... ne peut donner


K•down he broke...

On remarque incidemment qu'une inversion de ce type


provoque nécessairement la séparation du verbe et de
l'adverbe.

Certaines analyses décrivent cette particularité comme


l'impossibilité de procéder à l'inversion quand la
combinaison verbe plus adverbe est idiomatique. Ce type
d'analyse et de classification n'est absolument pas fiable en
raison, nous l'avons vu, de l'impossibilité de définir une
norme en matière d'idiomaticité.
Nous proposons une analyse différente des mécanismes qui
autorisent ou interdisent ces inversions.

Si un énonciateur dit:

1. Down the street under the light of the gas-lamps we


marched, past the brothels, past the garish lights... of the
local pub, past the boys..., out of the slum..., into quieter
streets... (VERBE 2152),

combinaison prépositionnelle, ou:

2. Down we marched, past the brothels, past the garish


lights... of the local pub, past the boys..., out of the slum...,
into quieter streets...,

glose adverbiée, c'est qu'il a de bonnes raisons de ne pas


utiliser en discours la syntaxe "normale" We marched down
(the street)... Sa visée d'effet est nécessairement différente: il
attire l'attention de son co-énonciateur sur la direction du
mouvement effectué par le référent du sujet grammatical, et
place en conséquence en position initiale l'élément d'énoncé
qui décrit ce mouvement, en l'occurrence la préposition ou
l'adverbe, selon le cas.

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Chapitre 5 Séparabilité et possibilité de passivation
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L'analyse que nous faisons ici est semblable à celle que nous
avons exposée au début du chapitre pour les combinaisons
GIVE UP et PICK UP: la réalisation ou non de l'accolage par
l'énonciateur est le moyen pour lui d'exprimer des degrés de
détermination différents. Quand l'accolage de type notionnel
est réalisé, les deux éléments de la combinaison forment une
seule lexie composée, dont le domaine sémantique est situé
à l'intersection des domaines sémantiques représentés par
chacun de ses éléments constitutifs. Ce type de liaison entre
verbe et préposition ou verbe et adverbe n'existe ni dans
l'énoncé (1), ni dans l'énoncé (2). Si nous comparons:

3. The soldiers stopped him and put him off the train at
Hsipaw. (VERBE 1809)
à
4. I'd put your lawyer off if I were you. Ring him now and put
him off. (VERBE 1017)

nous observons que dans (3) l'emploi de PUT et de OFF est


littéral. Il s'agit de deux notions et il est donc possible pour
l'énonciateur d'opérer une focalisation sur une seule d'entre
elles en procédant à une inversion:

3'. And off the train they put him at Hsipaw...

Dans (4) par contre, l'emploi est figuré, c'est-à-dire que


même si l'accolage physique entre PUT et OFF n'est pas
réalisé, l'accolage notionnel, lui, l'est parfaitement: PUT OFF
renvoie à une notion à l'intersection des domaines
sémantiques de PUT et de OFF et il s'agit d'une seule lexie
même si ses deux éléments sont éloignés. L'inversion de ses
termes est donc logiquement impossible. Si l'on dit de
l'énoncé:

4'. K•Off she put her lawyer...

qu'il est agrammatical, ce n'est pas en raison d'une


quelconque incompatibilité de OFF avec la position initiale
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Chapitre 5 Séparabilité et possibilité de passivation
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due à l'idiomaticité de l'ensemble PUT OFF, mais bien parce


que l'énoncé ainsi formulé perd son sens: la focalisation sur
un seul des termes de la lexie PUT OFF provoque une
séparation non seulement physique, mais sémantique de la
combinaison, ce qui équivaut purement et simplement à sa
destruction. Si la superposition d'une partie des domaines
sémantiques de PUT et de OFF est indispensable à la
naissance de la notion dérivée PUT OFF, les deux éléments
n'ont pas un poids égal dans la formation du nouveau sens:
si l'on dit généralement que l'adverbe est incident au verbe
et non l'inverse, c'est bien parce que le rôle de l'adverbe est
limité à la modification d'un sens préexistant, celui du verbe.
Ceci peut être schématisé par la figure suivante:

OFF

PUT IN

OUT

qui illustre la formation des notions dérivées PUT OFF, PUT


IN et PUT OUT. On voit bien qu'une inversion des éléments
constitutifs provoquerait un renversement des valeurs et
donnerait naissance à des lexies différentes du type:

PUT
OFF
IN PUT

OUT
PUT

OFFPUT, INPUT et OUTPUT, ce qui n'est pas le but


recherché. (Nous développons cette question dans le
chapitre 9).

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Chapitre 5 Séparabilité et possibilité de passivation
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Tout cela ne signifie cependant pas que l'inversion des


premier et deuxième termes soit impossible avec des verbes
complexes adverbiés come PUT OFF, mais la condition sine
qua non pour qu'une inversion de ce type puisse être réalisée
est qu'elle ne provoque pas la destruction de la lexie.

Si l'on considère l'énoncé:

Cordelia had put him off with apologies and excuses...


(VERBE 1676),

on peut très bien lui imaginer une suite du genre:

Cordelia had put him off with apologies and excuses... , but
put off he had been nevertheless,

où la lexie porteuse de sens serait intégralement transférée


en début d'énoncé, et où le sens serait donc sauvegardé.

K•Off he had been put...

est un énoncé, bien entendu, exclu, car il matérialiserait la


destruction de la lexie PUT OFF porteuse de sens ici.

5.3 Conclusion

Il est exact que les verbes complexes se comportent de façon


différente au regard des possibilités de séparation (et donc
d'inversion) et de passivation, mais cela ne signifie
certainement pas qu'inversion et passivation puissent être
considérées comme des critères pertinents de
reconnaissance et de classification de ces différentes
combinaisons.

En d'autres termes, si PUT et OFF peuvent être inversés


dans (3) The soldiers stopped him and put him off the train at
Hsipaw (off the train they put him...) et non dans (4) I'd put
your lawyer off if I were you. Ring him now and put him off
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Chapitre 5 Séparabilité et possibilité de passivation
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(K•Off he had been put...), ce n'est pas parce que le PUT OFF
de (4) est plus idiomatique que celui de (3), mais bien parce
que les verbes mis en cause dans (3) et (4) sont différents:
PUT pour (3) et PUT OFF pour (4). De plus, le procès exprimé
dans (3) The soldiers put him off the train a pour conséquence
un déplacement dans l'espace du référent du complément,
alors que (4) I'd put your lawyer off ne renvoie à aucune
instance particulière d'un déplacement dans l'espace du
référent du complément, mais à une notion.

L'explication est du même type pour ce qui concerne la


possibilité ou non de transposer à la voix passive les énoncés
prépositionnels, même si le phénomène semble moins
marqué. We arrived at Victoria Station renvoie à un
événement et surtout à un lieu particuliers, alors que We
arrived at a solution n'a aucune implication spatiale, mais
renvoie par contre à une notion proche de celle représentée
par le verbe UNDERSTAND, par exemple. Dans ce cas précis,
c'est le seul verbe ARRIVE qui est mis en cause, et non une
hypothétique combinaison ARRIVE AT, même si, dans
l'esprit du locuteur anglophone, le verbe ARRIVE a une
affinité particulière avec la préposition AT quand il n'exprime
pas de déplacement dans l'espace (on peut dire We arrived in
London, mais pas K• We arrived in a solution). C'est de cette
affinité particulière, et d'origine concrète aux yeux de
l'énonciateur, d'un verbe avec une préposition ou un
adverbe, que naît ce que nous avons appelé accolage. Quand
nous disons que le processus d'accolage est dynamique,
nous voulons dire qu'à partir d'outils existant dans sa
langue, et dont il connaît l'usage concret, l'énonciateur
construit des associations nouvelles d'usage plus général.

Instance "Well, Tom, I don't guess we'll go wrong


particulière pulling the lot of them in." Tom nodded
gloomily. (VERBE 1211)

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Chapitre 5 Séparabilité et possibilité de passivation
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2 notions
2 sens particuliers
2 lexies PULL IN

ACCOLAGE
PULL IN
Nouvelle notion
1 lexie

All I wanted was a good time. Luckily, I


Nouveau sens plus pulled in an income to keep it going, and
général being an only child I felt the full blast of
the old man's will when he crossed the
bar. (VERBE 2458)

Dans le cas que nous avons illustré, l'accolage physique


entre le verbe et l'adverbe est réalisé, nous dirons qu'il est
explicite. Cependant, que l'accolage physique soit réalisé ou
non, l'opération mentale exercée par l'énonciateur est
exactement la même, il s'agit de la construction d'un sens
plus général à partir d'un sens particulier au moyen d'un
mécanisme semblable à celui décrit par Guillaume et repris
par Joly & O'Kelly (1990: pp. 90-94):

Tension I S Tension II

U1 Particularisation Généralisation U2
U = universel
S = singulier

Le raisonnement de Guillaume concerne « le système


cinétique des articles fondamentaux du français» , mais
nous pensons qu'il est tout à fait adapté à l'explication de la
genèse des verbes adverbiés anglais. Joly et O'Kelly
l'exposent ainsi:

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Chapitre 5 Séparabilité et possibilité de passivation
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"Ce système représente une opération de pensée une qui se recompose


de deux cinèses, ou tensions, successives:
(a) la première, particularisante, orientée vers le Singulier S (limite
centrique du système) constitue un mouvement anti-extensif, ce que
symbolise sur la figure la marche du large à l'étroit...
(b) la seconde, généralisante, est orientée au rebours de la première, en
éloignement du Singulier vers l'Universel: c'est un mouvement extensif
symbolisé par une marche de l'étroit au large..."

L'association des sens d'un verbe d'une part, et d'un adverbe


d'autre part, dans l'esprit d'un énonciateur pour décrire un
événement donné, correspond à la Tension I
particularisante, et l'on obtient une combinaison VERBE +
ADVERBE banale à emploi en général littéral. Cette
combinaison crée les conditions de déclenchement de la
Tension II généralisante, dont la première manifestation est à
rechercher dans les combinaisons figuratives. A ce stade
l'accolage des deux éléments constitutifs de la combinaison
peut très bien être réel dans l'esprit de l'énonciateur, même
s'il n'a encore de réalité ni phonique ni graphique (nous
disons que l'accolage physique n'est pas réalisé). Une fois
l'accolage réalisé, la nouvelle lexie (accolée graphiquement
ou pas) est soumise à la Tension II, et se prête à son tour à
des emplois littéraux ou dérivés. Le tableau suivant résume
le fonctionnement du mécanisme à partir des lexies TAKE et
OFF:

1. Éléments de base 1. She said she would take his


egg. (TAKE1-GS9)
Tension I 2. Everyone carried a shopping
particularisante bag in case they should be lucky
enough to pass a shop that had a
⇓ sudden stock of something off the
rations. (OFF1-GS1)

2. Particularisation ...did he want Manuel to take the


sens littéral key off him? (VERBE 1441)

3. Tension II To take her mind off her


généralisante discomfort she opened her
sens dérivé travelling bag and took out the
début de l'accolage thin wooden box. (VERBE 1465)

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Chapitre 5 Séparabilité et possibilité de passivation
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4. Généralisation
accolage réalisé Selina took off her hat and laid it
nouveau sens on the sofa beside her. (OFF1-
littéral GS15)

5. Généralisation Bill took off Winston Churchill to


sens dérivé perfection (Cowie & Mackin 1985
p. 326)

Ainsi, dans:

1. A gas lamp on the wall was turned down low. Felix's


nervous glance took in a single unmade cast iron bed...
(VERBE 1532)
et
2. She was quite interested, walking beside me, taking it all
in like a person in a museum. (VERBE 1781)

nous avons deux manifestations différentes du même type


d'accolage: explicite dans (1), implicite dans (2) 5, mais la
nouvelle lexie est présente dans les deux cas. Au stade de
l'énonciation, la différence est la suivante: dans (2)
l'énonciateur a construit une lexie comme si elle n'était pas
déjà lexicalisée et a donc encodé son message à l'aide des
"lexies de base" TAKE et IN, laissant à son co-énonciateur le
soin d'exécuter l'opération inverse, c'est-à-dire la
reconstruction du sens à partir du décodage, du
réassemblage et de l'interprétation des éléments émis. Dans
(1), par contre, l'énonciateur a effectué un travail plus
complet puisqu'il a introduit dans son message une marque
révélatrice de l'opération mentale qu'il a effectuée avant
l'encodage (l'accolage physique), épargnant à son co-
énonciateur une partie du travail de reconstruction du sens.
Nous supposons qu'en diachronie un énoncé du type (1) est
logiquement postérieur à un énoncé du type (2), mais les

5 Dans ce cas l'appellation de Live (1965, citée par Bolinger 1971) "discontinuous
verb" convient parfaitement puisqu'un élément étranger à la lexie vient s'intercaler,
et empêche ipso facto les deux éléments de s'accoler.
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Chapitre 5 Séparabilité et possibilité de passivation
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deux types de réalisations peuvent parfaitement coexister.


C'est bien là la source de bon nombre des difficultés
qu'éprouvent les non-anglophones à maîtriser les verbes
complexes anglais. Nous supposons que ces difficultés
doivent également être rencontrées par les jeunes
anglophones dans les phases d'apprentissage de la langue.

Si l'on considère connus tous les outils de base de la langue,


tous les sens dérivés qui peuvent être construits en utilisant
deux outils distincts ne peuvent l'être qu'à la suite
d'opérations mentales de déduction ou d'inférence à partir
du schéma de base

Particulier → Général.

Pour que le sens décodé par le co-énonciateur corresponde


exactement au sens encodé par l'énonciateur, il faut
nécessairement que tous deux possèdent le même
patrimoine linguistique, la même culture, la même habitude
de recourir à des images identiques, c'est-à-dire la même
compétence encyclopédique. Ainsi un énonciateur peut très
bien à l'aide des lexies TAKE et IN construire des énoncés
comme (1) et (2), mais il peut tout aussi bien vouloir
transmettre un message différent:

3. "We Mormons tend to be taken in by someone who has


just had a revelation from God," the lawyer says. "People
are awful gullible." (VERBE 2530)

Au stade du décodage et de la reconstruction du sens, le co-


énonciateur doit effectuer des opérations de déduction et/ou
d'inférence pour comprendre le message (les opération 1 et 2
que nous avons décrites page 161). 6:

6 Il va de soi que si un anglophone reçoit le message contenu dans l'énoncé (3),


réception et interprétation du message sont quasi-simultanées. Cette quasi-
simultanéité est due à sa compétence encyclopédique. En quelque sorte, il ne peut
connaître ce sens particulier de la lexie TAKE IN que parce qu'elle fait partie de son
patrimoine culturel. Ses ancêtres l'ont décodée avant lui, et lui ont transmis leur
savoir.
________________________________________________________________________________
Chapitre 5 Séparabilité et possibilité de passivation
_________________________________________________________________________________

Opération de déduction pour (1) et (2), qui peut être


schématisée ainsi:

Puisqu'un énoncé comme :

"Please fill in the forms I have given to you. I will take them in
in a few minutes." (VERBE 2255)

signifie que je vais ramasser des questionnaires, c'est-à-dire les amener


à moi physiquement, je peux en déduire le sens dérivé TAKE IN =
amener à soi non plus physiquement mais mentalement, assimiler,
enregistrer et, éventuellement, comprendre.

Opérations de déduction et d'inférence pour (3).

En effet, l'opération de déduction décrite plus haut doit déjà


avoir été effectuée. Elle doit faire, si l'on veut, partie du
patrimoine linguistique du co-énonciateur qui effectue
d'abord une nouvelle opération de déduction du type:

A partir du sens de TAKE IN = amener à soi mentalement, et de


l'orientation passive de l'énoncé, je peux déduire le nouveau sens
dérivé TAKE IN + PASSIF = être la victime d'une opération
d'assimilation indépendante de ma volonté, c'est-à-dire
(BE+EN)+(TAKE IN) = ÊTRE TROMPÉ.

pour ensuite effectuer une opération d'inférence (qui


correspond à l'opération seconde que nous avons décrite
plus haut):

L'énoncé (BE+EN)+(TAKE IN) = ÊTRE TROMPÉ doit pouvoir être


simplifié en (BE+EN)+(TAKE IN) = ÊTRE TROMPÉ(R), et donc
l'expression TAKE IN doit également pouvoir signifier TROMPER.

Le même type de raisonnement peut être appliqué dans tous


les cas d'occurrences "séparables" et "non séparables" de la
même combinaison adverbiée. Ainsi, on peut dire:
________________________________________________________________________________
Chapitre 5 Séparabilité et possibilité de passivation
_________________________________________________________________________________

1) "I've got to brush my hair up",

mais on est obligé de dire:

2) She must brush up her French. (OED: CD-ROM 1992)

La variante "K She must brush her French up" est considérée
comme incorrecte. L'explication du phénomène réside dans
les différents degrés de métaphorisation. L'énoncé (1) est
purement littéral (il s'agit d'une simple structure VERBE +
COMPLÉMENT +ADVERBE). A partir de ce type d'énoncé, il
est possible, par une première opération mentale d'associer
les deux termes BRUSH et UP pour former une nouvelle lexie
BRUSH UP = "ramasser, nettoyer", par exemple, pour
ensuite construire de nouveaux sens. Ainsi:

BRUSH UP: to brighten up by brushing, to free from dust and cobwebs,


to furbish up, rub up, renovate; also fig. to revive or refresh one's
acquaintance with anything. (Pope associates this with using a brush in
painting, but perhaps only by a word-play). (OED CD-ROM 1992) 7

Au premier stade de métaphorisation, la lexie est déjà plus


difficile à séparer ( ? "You've got to brush this table up"). La
séparation devient tout simplement impossible si l'on
effectue une deuxième opération de métaphorisation:

3) I thought I must brush up my recollections of the map of


England (C. Brontë OED CD-ROM 1992)

Pour résumer:

BRUSH + UP Métaphorisation ∅ Ramasser (avec une brosse)


Métaphorisation 1 Nettoyer, faire briller
Métaphorisation 2 Rafraîchir (connaissances)

7 C'est nous qui soulignons.


________________________________________________________________________________
Chapitre 5 Séparabilité et possibilité de passivation
_________________________________________________________________________________

Plus on s'éloigne de la source littérale initiale, plus il devient


difficile de rompre l'accolage.

On comprend que si le co-énonciateur ne dispose pas des


compétences linguistique et encyclopédique nécessaires
(non-anglophone ou anglophone débutant), le décodage du
message et la reconstruction du sens sont des tâches très
difficiles, voire impossibles. On comprend également qu'une
classification complexe et détaillée (en verbes "à particule"
séparables, non séparables, passivables, etc.) qui ne repose
que sur l'observation de faits et sur des critères, trop fragiles
à notre avis, d'idiomaticité ne peut permettre à l'apprenant
d'acquérir une maîtrise suffisante de la question pour
pouvoir être certain que telle ou telle association VERBE +
PREPOSITION ou VERBE + ADVERBE qu'il aurait créée soit
viable en anglais. Nous ne pensons pas qu'un non-
anglophone puisse, sans risque d'erreur, élaborer des verbes
complexes, s'il ne comprend pas les mécanismes de pensée à
la base du discours anglais, et n'a pas sans cesse présents à
l'esprit des schémas de formation "types": s'il semble que les
prépositionnels puissent être formés sans grandes
restrictions, il n'en est pas tout à fait de même pour les
adverbiés. Seules l'écoute, la lecture et la pratique intensives
de la langue peuvent contribuer au succès d'une telle
entreprise.

________________________________________________________________________________
Chapitre 6 Les verbes complexes: distribution
_________________________________________________________________________________

p 6. LE SYSTÈME DE FORMATION DES VERBES


COMPLEXES

Résumé
Distribution

_________________________________________________________________________________
209
Chapitre 6 Les verbes complexes: distribution
_________________________________________________________________________________

Notre objectif, dans les chapitres précédents, était d'analyser un


par un les critères de reconnaissance courants des verbes
complexes adverbiés.

Notre approche a consisté essentiellement à remettre en question


des caractéristiques généralement considérées comme acquises
de ces combinaisons verbales:

− Leur degré d'idiomaticité,


− L'appellation "particule" généralement donnée à leur deuxième
terme, et qui masque son véritable statut grammatical: celui
d'un adverbe,
− L'existence de verbes complexes adverbiés séparables et
d'adverbiés inséparables,
− La faculté qu'ont certaines combinaisons de pouvoir subir une
transformation passive.

Nous ne nions pas pour autant la pertinence de certains de ces


critères de discrimination (la possibilité d'inversion ou de
transformation passive, par ex.), mais nous pensons avoir montré
que chacun d'entre eux, pris isolément, constitue, au mieux, un
cas particulier qui ne saurait, à lui seul, rendre compte de la
formation des combinaisons ni permettre d'expliquer leur
comportement en discours. Il est exact qu'un vrai "phrasal verb"
au terme de son évolution est devenu un authentique "verbe de
langue" lexicalisé, et que ce verbe de langue a un comportement
identique à celui des autres verbes de langue "normaux" (emplois
intransitifs, transitifs directs et indirects, par exemple); mais les
analyses qui sont présentées dans les dictionnaires de "phrasal
verbs" ou les ouvrages de grammaire ne rendent presque jamais
compte des situations d'énonciation dans lesquelles ils sont
produits, et qui sont, à notre avis, essentielles à la
compréhension et à l'explication du phénomène. Notre opinion
est que, pour en expliquer la genèse, il faut se libérer des
systèmes de classification en catégories étanches (séparables et
non séparables, passivables et non passivables, inversibles et non
inversibles, etc.) pour remonter à leur source, c'est-à-dire à leurs
_________________________________________________________________________________
210
Chapitre 6 Les verbes complexes: distribution
_________________________________________________________________________________

éléments constitutifs, et à l'emploi qui en est fait en discours.


C'est ce que nous nous sommes efforcé de faire.

La gravitation de ce que nous avons appelé le deuxième terme


"consignifiant" autour du noyau (le premier terme) naît d'une
affinité particulière de ce deuxième terme avec le premier dans
l'esprit de l'énonciateur, soit à la suite d'une opération mentale
qui lui est propre (dans le cas de la création de combinaisons),
soit parce qu'il la tient du milieu dans lequel il évolue (sa
compétence encyclopédique). A l'image des satellites qui gravitent
autour des planètes, ces deuxièmes termes sont parfois capturés
par les noyaux pour former avec eux de nouvelles unités de sens
complexes et autonomes (les nouvelles lexies). A leur tour, ces
nouvelles lexies, devenues outils de langue à part entière, sont
utilisées en discours et peuvent devenir les instruments de
nouvelles opérations mentales (emplois littéraux ou figuratifs, par
exemple).

Nous avons illustré ce processus à l'aide du schéma suivant:

NOM VERBE ADVERBE PRÉPOSITION ADJECTIF

ATTRACTION
Adjectif à adverbe
Prépositionà adverbe
Nom à adverbe
Verbe à adverbe

VERBE VERBE VERBE VERBE VERBE ADJECTIF ADVERBE NOM


ADVERBE ADJECTIF PRÉPOSITION NOM VERBE VERBE VERBE VERBE
Go ahead Make happy Come to Go home Let fall Short change Back dive Parallel park

Formation d'une nouvelle lexie Composés non accolés


Opération 1 Accolage graphique réalisé ou non
Avec ou sans trait d'union
ADVERBIÉS SÉCABLES

Accolage graphique réalisé


Opération 2 Composés accolés
ADVERBIÉS NON SÉCABLES

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211
Chapitre 6 Les verbes complexes: distribution
_________________________________________________________________________________

Nous observons deux types d'assemblage différents: deuxième


terme postposé d'une part, et deuxième terme antéposé d'autre
part. Nous les avons illustrés à l'aide de combinaisons extraites
soit de notre corpus, soit de dictionnaires. Pour ce qui concerne
les assemblages à deuxième terme postposé, le schéma de base
est un schéma, à l'origine au moins, résultatif, à partir duquel
sont effectuées les diverses opérations mentales qui donnent
naissance aux nouvelles lexies (notamment déduction, inférence,
extrapolation et métaphorisation). Nous leur consacrons les deux
chapitres suivants. Les assemblages à deuxième terme antéposé
ne reposent pas, à l'origine, sur les mêmes schémas résultatifs,
nous les étudierons séparément.

6.1 Répartition des verbes complexes

Tableau 1: Classement alphabétique des deuxièmes termes

PB_GRAM Sur % PB_GRAM FWBT LOB


ABACK 2 1506 00,133 % 0 3
ABOUT 12 1506 00,797 % 294 1895
ACROSS 29 1506 01,926 % 139 264
AFTER 4 1506 00,266 % 170 1119
AHEAD 2 1506 00,133 % 67 92
ALONG 16 1506 01,062 % 82 250
APART 1 1506 00,066 % 16 134
AROUND 7 1506 00,465 % 138 245
ASIDE 3 1506 00,199 % 10 38
AT 2 1506 00,133 % 1054 6043
AWAKE 2 1506 00,133 % 4 13
AWAY 79 1506 05,246 % 150 537
BACK 31 1506 02,058 % 357 934
BEHIND 2 1506 00,133 % 150 292
BETWEEN 1 1506 00,066 % 68 867
BEYOND 1 1506 00,066 % 24 151
BY 17 1506 01,129 % 312 5796
DIVERS 1 1506 00,066 % 0 0
DOWN 81 1506 05,378 % 424 885
DOWNSTAIRS 2 1506 00,133 % 1 20
EMPTY 1 1506 00,066 % 18 70
FALL 3 1506 00,199 % 22 122
FOR 20 1506 01,328 % 982 9299
FORE 2 1506 00,133 % 1 5

_________________________________________________________________________________
212
Chapitre 6 Les verbes complexes: distribution
_________________________________________________________________________________

PB_GRAM Sur % PB_GRAM FWBT LOB


FORTH 5 1506 00,332 % 4 24
FORWARD 5 1506 00,332 % 67 207
FROM 3 1506 00,199 % 762 4686
GO 2 1506 00,133 % 410 714
HAPPY 1 1506 00,066 % 33 130
HOME 3 1506 00,199 % 18 546
IN 78 1506 05,179 % 2422 21108
INSIDE 1 1506 00,066 % 50 130
INTO 122 1506 08,101 % 287 1657
INWARD 1 1506 00,066 % 0 4+7
NEAR 2 1506 00,133 % 11 207
NUTS 1 1506 00,066 % 3 9
OF 2 1506 00,133 % 3629 35716
OFF 159 1506 10,558 % 113 551
ON 63 1506 04,183 % 1101 7027
ONTO 2 1506 00,133 % 52 15
ONWARDS 1 1506 00,066 % 0 2+13
OPEN 11 1506 00,730 % 59 265
OUT 177 1506 11,753 % 499 2035
OUTDOORS 1 1506 00,066 % 0 13
OUTSIDE 1 1506 00,066 % 38 234
OUTWARD 1 1506 00,066 % 0 10+5
OVER 126 1506 08,367 % 419 1264
PAID 1 1506 00,066 % 10 159
PARALLEL 1 1506 00,066 % 2 34
PAST 12 1506 00,797 % 31 223
PROUD 1 1506 00,066 % 11 44
ROUND 9 1506 00,598 % 21 336
SHUT 2 1506 00,133 % 56 39
SILLY 1 1506 00,066 % 7 29
SIMUL 1 1506 00,066 % 2 0
THROUGH 58 1506 03,851 % 236 623
TO 37 1506 02,457 % 3560 26760
TOGETHER 6 1506 00,398 % 81 347
TOWARDS 6 1506 00,398 % 120 14+318
UNDER 1 1506 00,066 % 152 645
UP 236 1506 15,671 % 716 1860
UP TO 1 1506 00,066 % 52 0
UPON 1 1506 00,066 % 9 407
UPSTAIRS 1 1506 00,066 % 3 36
UPWARD 1 1506 00,066 % 2 15+23
WAY 35 1506 02,324 % 180 941
WITH 4 1506 00,266 % 1426 7197
WITHOUT 2 1506 00,133 % 86 665
WASTE 1 1506 00,066 % 7 55
WOLF 1 1506 00,066 % 0 0

_________________________________________________________________________________
213
Chapitre 6 Les verbes complexes: distribution
_________________________________________________________________________________

Tableau 2: Classement par ordre de fréquence décroissant

PB_GRAM FWBT LOB


UP 00,656 % 236 OF 01,732 % 3629 OF 03,5716 % 35716
OUT 00,492 % 177 TO 01,700 % 3560 TO 02,6760 % 26760
OFF 00,442 % 159 IN 01,156 % 2422 IN 02,1108 % 21108
OVER 00,350 % 126 WITH 00,681 % 1426 FOR 00,9299 % 9299
INTO 00,339 % 122 ON 00,526 % 1101 WITH 00,7197 % 7197
DOWN 00,225 % 81 AT 00,503 % 1054 ON 00,7027 % 7027
AWAY 00,219 % 79 FOR 00,469 % 982 AT 00,6043 % 6043
IN 00,217 % 78 FROM 00,364 % 762 BY 00,5796 % 5796
ON 00,175 % 63 UP 00,342 % 716 FROM 00,4686 % 4686
THROUGH 00,161 % 58 OUT 00,238 % 499 OUT 00,2035 % 2035
TO 00,103 % 37 DOWN 00,202 % 424 ABOUT 00,1895 % 1895
WAY 00,097 % 35 OVER 00,200 % 419 UP 00,1860 % 1860
BACK 00,086 % 31 GO 00,196 % 410 INTO 00,1657 % 1657
ACROSS 00,081 % 29 BACK 00,170 % 357 OVER 00,1264 % 1264
FOR 00,056 % 20 BY 00,149 % 312 AFTER 00,1119 % 1119
BY 00,047 % 17 ABOUT 00,140 % 294 WAY 00,0941 % 941
ALONG 00,044 % 16 INTO 00,137 % 287 BACK 00,0934 % 934
ABOUT 00,033 % 12 THROUGH 00,113 % 236 DOWN 00,0885 % 885
PAST 00,033 % 12 WAY 00,086 % 180 BETWEEN 00,0867 % 867
OPEN 00,031 % 11 AFTER 00,081 % 170 GO 00,0714 % 714
ROUND 00,025 % 9 UNDER 00,073 % 152 WITHOUT 00,0665 % 665
AROUND 00,019 % 7 AWAY 00,072 % 150 UNDER 00,0645 % 645
TOGETHER 00,017 % 6 BEHIND 00,072 % 150 THROUGH 00,0623 % 623
TOWARD(S) 00,017 % 6 ACROSS 00,066 % 139 OFF 00,0551 % 551
FORTH 00,014 % 5 AROUND 00,066 % 138 HOME 00,0546 % 546
FORWARD 00,014 % 5 TOWARD(S) 00,057 % 120 AWAY 00,0537 % 537
AFTER 00,011 % 4 OFF 00,054 % 113 UPON 00,0407 % 407
WITH 00,011 % 4 WITHOUT 00,041 % 86 TOGETHER 00,0347 % 347
ASIDE 00,008 % 3 ALONG 00,039 % 82 ROUND 00,0336 % 336
FALL 00,008 % 3 TOGETHER 00,039 % 81 TOWARD(S) 00,0332 % 14+318
FROM 00,008 % 3 BETWEEN 00,032 % 68 BEHIND 00,0292 % 292
HOME 00,008 % 3 AHEAD 00,032 % 67 OPEN 00,0265 % 265
ABACK 00,006 % 2 FORWARD 00,032 % 67 ACROSS 00,0264 % 264
AHEAD 00,006 % 2 OPEN 00,028 % 59 ALONG 00,0250 % 250
AT 00,006 % 2 SHUT 00,027 % 56 AROUND 00,0245 % 245
AWAKE 00,006 % 2 ONTO 00,025 % 52 OUTSIDE 00,0234 % 234
BEHIND 00,006 % 2 UP TO 00,025 % 52 PAST 00,0223 % 223
DOWNSTAIRS 00,006 % 2 INSIDE 00,024 % 50 FORWARD 00,0207 % 207
FORE 00,006 % 2 OUTSIDE 00,018 % 38 NEAR 00,0207 % 207
GO 00,006 % 2 HAPPY 00,016 % 33 PAID 00,0159 % 159
NEAR 00,006 % 2 PAST 00,015 % 31 BEYOND 00,0151 % 151
OF 00,006 % 2 BEYOND 00,011 % 24 APART 00,0134 % 134
ONTO 00,006 % 2 FALL 00,011 % 22 HAPPY 00,0130 % 130
SHUT 00,006 % 2 ROUND 00,010 % 21 INSIDE 00,0130 % 130
WITHOUT 00,006 % 2 EMPTY 00,009 % 18 FALL 00,0122 % 122
APART 00,003 % 1 HOME 00,009 % 18 AHEAD 00,0092 % 92
BETWEEN 00,003 % 1 APART 00,008 % 16 EMPTY 00,0070 % 70
BEYOND 00,003 % 1 NEAR 00,005 % 11 WASTE 00,0055 % 55
DIVERS 00,003 % 1 PROUD 00,005 % 11 PROUD 00,0044 % 44
EMPTY 00,003 % 1 ASIDE 00,005 % 10 SHUT 00,0039 % 39

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214
Chapitre 6 Les verbes complexes: distribution
_________________________________________________________________________________

PB_GRAM FWBT LOB


HAPPY 00,003 % 1 PAID 00,005 % 10 ASIDE 00,0038 % 38
INSIDE 00,003 % 1 UPON 00,004 % 9 UPWARD(S) 00,0038 % 15+23
INWARD(S) 00,003 % 1 SILLY 00,003 % 7 UPSTAIRS 00,0036 % 36
NUTS 00,003 % 1 WASTE 00,003 % 7 PARALLEL 00,0034 % 34
ONWARD(S)S 00,003 % 1 AWAKE 00,002 % 4 SILLY 00,0029 % 29
OUTDOORS 00,003 % 1 FORTH 00,002 % 4 FORTH 00,0024 % 24
OUTSIDE 00,003 % 1 NUTS 00,001 % 3 DOWNSTAIRS 00,0020 % 20
OUTWARD(S) 00,003 % 1 UPSTAIRS 00,001 % 3 ONTO 00,0015 % 15
PAID 00,003 % 1 PARALLEL 00,001 % 2 ONWARD(S) 00,0015 % 2+13
PARALLEL 00,003 % 1 SIMUL 00,001 % 2 OUTWARD(S) 00,0015 % 10+5
PROUD 00,003 % 1 UPWARD(S) 00,001 % 2 AWAKE 00,0013 % 13
SILLY 00,003 % 1 DOWNSTAIRS 00,000 % 1 OUTDOORS 00,0013 % 13
SIMUL 00,003 % 1 FORE 00,000 % 1 INWARD(S) 00,0011 % 4+7
UNDER 00,003 % 1 ABACK 00,000 % 0 NUTS 00,0009 % 9
UP TO 00,003 % 1 INWARD(S) 00,000 % 0 FORE 00,0005 % 5
UPON 00,003 % 1 ONWARDS 00,000 % 0 ABACK 00,0003 % 3
UPSTAIRS 00,003 % 1 OUTDOORS 00,000 % 0 SIMUL 00,0000 % 0
UPWARD(S) 00,003 % 1 OUTWARD(S) 00,000 % 0 UP TO 00,0000 % 0
WASTE 00,003 % 1 WOLF 00,000 % 0 WOLF 00,0000 % 0
WOLF 00,003 % 1 DIVERS 00,000 % 0 DIVERS 00,0000 % 0

PB_GRAM notre base de données ≈ 36000 mots,


1498 énoncés
FWBT For Whom the Bell Tolls 209472 mots
LOB Corpus Lancaster-Oslo-Bergen ≈ 1.000.000 mots

Nous avons emprunté les chiffres concernant le corpus LOB à


Hofland et Johansson (Longman:1982).

Les chiffres concernant notre corpus ont été calculés par notre
logiciel de base de données, ceux de For Whom the Bell Tolls ont
été calculés par le logiciel Look it up!.

Les pourcentages de fréquence PB_GRAM du tableau 1


concernent seulement les deuxièmes termes, ceux du tableau 2
sont établis par rapport à l'ensemble des mots de notre base de
données. Nous donnons, à côté des fréquences de PB_GRAM,
celles de For Whom the Bell Tolls et du corpus LOB à titre de
comparaison. Nos énoncés ont été collectés sur une période de
5 ans, au fil de nos lectures. Ils sont extraits essentiellement de
romans en anglais britannique ou américain et d'articles de

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215
Chapitre 6 Les verbes complexes: distribution
_________________________________________________________________________________

journaux ou magazines 1. Le choix des énoncés sélectionnés


relève uniquement de notre subjectivité. Ces énoncés ne
sauraient donc être considérés comme représentatifs de la
fréquence des mots recherchés en anglais moderne. Les
fréquences de For Whom the Bell Tolls et du corpus LOB
permettent de corriger les distorsions évidentes, en particulier le
corpus LOB, dont un des buts est de donner une image
représentative de l'anglais britannique moderne:

"The LOB Corpus, like its American counterpart (the Brown Corpus), aims at
a general representation of text types for research on a broad range of aspects
of the language." (1982; p. 1).

Il reste que tous les verbes anglais ne sont pas nécessairement


susceptibles de s'accoler à n'importe quel adverbe ou préposition
pour former une combinaison complexe. Avant de développer
cette question en plus grand détail, nous donnons ici:

− Une liste par ordre décroissant de fréquence de tous les verbes


qui figurent dans notre corpus PB_GRAM en tant que verbes
complexes (adverbiés ou prépositionnels).
− Une liste par ordre décroissant de fréquence des verbes les
plus employés (ceux dont le nombre est au moins égal à 7
dans notre base de données), accompagnés des deuxièmes
termes consignifiants avec lesquels ils sont associés.

Tableau 3: Répartition des verbes par ordre de fréquence

1) PUT 69 14) THINK 15 27) BREAK 8 40) CUT 5


2) LOOK 59 15) WALK 15 28) SET 8 41) DRINK 5
3) TAKE 57 16) TALK 14 29) WAVE 8 42) EASE 5
4) COME 42 17) DRAW 13 30) PASS 7 43) FIGHT 5
5) GET 41 18) SEND 13 31) PUSH 7 44) HELP 5
6) GO 31 19) GIVE 12 32) CATCH 6 45) HURRY 5
7) TURN 30 20) HOLD 12 33) DRIVE 6 46) LAY 5
8) PULL 25 21) PICK 12 34) EAT 6 47) REASON 5
9) RUN 25 22) SEE 12 35) KEEP 6 48) SHUT 5
10) MAKE 24 23) FALL 11 36) LAUGH 6 49) SIT 5
11) LET 21 24) SHOW 11 37) LISTEN 6 50) STAND 5
12) BRING 19 25) KNOCK 10 38) LIVE 6 51) STICK 5
13) DO 16 26) CALL 9 39) SHAKE 6 52) WIN 5

1La liste complète de nos sources, classée par auteurs, figure dans le tome 2, en
même temps que le texte complet de notre corpus PB_GRAM.
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216
Chapitre 6 Les verbes complexes: distribution
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53) BECKON 4 110) ALLOW 2 167) RUSH 2 224) BIND 1


54) BLOW 4 111) BE 2 168) SCARE 2 225) BLACK 1
55) CREEP 4 112) BICYCLE 2 169) SCOFF 2 226) BLACKEN 1
56) FILL 4 113) BLINK 2 170) SCOLD 2 227) BLANK 1
57) FLICK 4 114) BOOK 2 171) SCREAM 2 228) BLOT 1
58) JOIN 4 115) BOW 2 172) SCREW 2 229) BLUDGEON 1
59) KICK 4 116) BUY 2 173) SEGUE 2 230) BLUFF 1
60) PAY 4 117) CAST 2 174) SETTLE 2 231) BLUNDER 1
61) SHOOT 4 118) CHANGE 2 175) SHOEHORN 2 232) BOIL 1
62) SHRUG 4 119) CHEAT 2 176) SHOUT 2 233) BOLT 1
63) STARE 4 120) CHECK 2 177) SHRIEK 2 234) BOMB 1
64) THROW 4 121) CHEER 2 178) SIDLE 2 235) BOSS 1
65) TIE 4 122) CHUCK 2 179) SING 2 236) BOTTOM 1
66) WORK 4 123) CLIMB 2 180) SLEEP 2 237) BOWL 1
67) ARGUE 3 124) COCK 2 181) SMOOTH 2 238) BREATHE 1
68) BEAR 3 125) COLLAPSE 2 182) SORT 2 239) BROWN 1
69) BEND 3 126) CONJURE 2 183) SPIRIT 2 240) BRUSH 1
70) BUILD 3 127) CRASH 2 184) SQUIRM 2 241) BUMP 1
71) CHICKEN 3 128) CRAWL 2 185) STEP 2 242) BUNG 1
72) COVER 3 129) DANCE 2 186) STIR 2 243) BUNK 1
73) CRY 3 130) DISPOSE 2 187) STRIKE 2 244) BURST 1
74) DOZE 3 131) DODGE 2 188) TEMPT 2 245) BUTTER 1
75) EXPLAIN 3 132) EDGE 2 189) THUNDER 2 246) CALM 1
76) FIGURE 3 133) ELBOW 2 190) TICK 2 247) CANNON 1
77) FLASH 3 134) ESCAPE 2 191) TOUCH 2 248) CANNONADE 1
78) GLOSS 3 135) FEEL 2 192) TRICK 2 249) CARRY 1
79) GROW 3 136) FINISH 2 193) TRIP 2 250) CHARM 1
80) HANG 3 137) FIX 2 194) TUMBLE 2 251) CHASE 1
81) HAVE 3 138) FLY 2 195) TWIST 2 252) CHECKER 1
82) HEAD 3 139) FOLLOW 2 196) USHER 2 253) CHIP 1
83) HIT 3 140) FREEZE 2 197) WAIT 2 254) CLAMBER 1
84) INVITE 3 141) FRIGHTEN 2 198) WASH 2 255) CLANG 1
85) JERK 3 142) GAZE 2 199) WATCH 2 256) CLATTER 1
86) LEAD 3 143) HAMMER 2 200) WEAR 2 257) CLAW 1
87) LEAN 3 144) HAND 2 201) WHEEL 2 258) CLEAR 1
88) LIE 3 145) HEAR 2 202) WHILE 2 259) CLICK 1
89) LULL 3 146) HELICOPTER 2 203) WHISTLE 2 260) CLOMP 1
90) MARCH 3 147) INVALID 2 204) WOLF 2 261) CLOSE 1
91) OPEN 3 148) LEAP 2 205) WRINKLE 2 262) CLOUD 1
92) POP 3 149) LIMP 2 206) WRITE 2 263) CLOWN 1
93) ROLL 3 150) LURE 2 207) ZIGZAG 2 264) CLUCK 1
94) RUB 3 151) MEET 2 208) ASCEND 1 265) COIL 1
95) SHAME 3 152) MOVE 2 209) ASK 1 266) COOL 1
96) SIGN 3 153) MUDDLE 2 210) ASSIST 1 267) COUGH 1
97) SMILE 3 154) OUT 2 211) ATTRACT 1 268) CRACK 1
98) SNEAK 3 155) OVERFLOW 2 212) AWE 1 269) CRANK 1
99) SQUEEZE 3 156) PAD 2 213) BACK 1 270) CREAK 1
100) SUCK 3 157) PEDAL 2 214) BALLPOINT 1 271) CROSS 1
101) SWEEP 3 158) PERSUADE 2 215) BANG 1 272) DART 1
102) TEAR 3 159) PISS 2 216) BANK 1 273) DASH 1
103) TELL 3 160) PLOUGH 2 217) BARGE 1 274) DAWDLE 1
104) TRACE 3 161) PRIMP 2 218) BEEF 1 275) DIG 1
105) WEAVE 3 162) PROVOKE 2 219) BEGUILE 1 276) DISAPPEAR 1
106) WHIP 3 163) PUFF 2 220) BELCH 1 277) DIVIDE 1
107) WILL 3 164) PUNCH 2 221) BELIEVE 1 278) DOLL 1
108) WIND 3 165) PUTT-PUTT 2 222) BICKER 1 279) DOUBLE-FAULT 1
109) ZERO 3 166) READ 2 223) BILLOW 1 280) DRAG 1

_________________________________________________________________________________
217
Chapitre 6 Les verbes complexes: distribution
_________________________________________________________________________________

281) DRAIN 1 338) JUMP 1 395) POWER 1 452) SPLICE 1


282) DREAM 1 339) KILL 1 396) PRATTLE 1 453) SPONGE 1
283) DROP 1 340) KISS 1 397) PREACH 1 454) SPREAD 1
284) DRUG 1 341) KNEAD 1 398) PROLONG 1 455) SPUR 1
285) DRY 1 342) KNIFE 1 399) PRY 1 456) SQUEAK 1
286) DUCK 1 343) LABOR 1 400) PUCKER 1 457) SQUELCH 1
287) DWINDLE 1 344) LAPSE 1 401) PURSUE 1 458) STAGGER 1
288) EKE 1 345) LEAVE 1 402) PUSSYFOOT 1 459) STARVE 1
289) EMPTY 1 346) LEVEL 1 403) PUTTER 1 460) STAY 1
290) ENCHANT 1 347) LIGHT 1 404) PUZZLE 1 461) STEAL 1
291) ENLARGE 1 348) LOLLIPOP 1 405) QUIVER 1 462) STOMP 1
292) EXPLODE 1 349) LOLLOP 1 406) RAIN 1 463) STRAIN 1
293) EXTEND 1 350) LOPE 1 407) RATTLE 1 464) STRING 1
294) FADE 1 351) LOWER 1 408) REACH 1 465) STRIP 1
295) FASTEN 1 352) LUCK 1 409) REAL-TIME 1 466) STROLL 1
296) FEED 1 353) MAGIC 1 410) RED-EYE 1 467) STUFF 1
297) FEND 1 354) MANOEUVRE 1 411) RHYME 1 468) STUMBLE 1
298) FERRY 1 355) MARATHON 1 412) RIDE 1 469) SULK 1
299) FESS 1 356) MARRY 1 413) RIFFLE 1 470) SUN 1
300) FETCH 1 357) MASH 1 414) ROAR 1 471) SWAGGER 1
301) FIND 1 358) MEASURE 1 415) ROCKET 1 472) SWAN 1
302) FIT 1 359) MELT 1 416) ROTOR-THROB 1 473) SWEAT 1
303) FLAKE 1 360) MISS 1 417) ROUND 1 474) SWEET-TALK 1
304) FLINCH 1 361) MIST 1 418) RUMBLE 1 475) SWING 1
305) FLIP 1 362) MIX 1 419) RUNNER 1 476) SWISH 1
306) FLOAT 1 363) MOTOR 1 420) SAIL 1 477) SWITCH 1
307) FLOOD 1 364) MULCH 1 421) SAND 1 478) SWIVEL 1
308) FLOURISH 1 365) MULL 1 422) SAW 1 479) TAG 1
309) FOOL 1 366) MUMBLE 1 423) SCORCH 1 480) TEASE 1
310) FORCE 1 367) MUSCLE 1 424) SCORE 1 481) TERRIFY 1
311) FOUTAIN 1 368) MUTTER 1 425) SCRATCH 1 482) TERRORIZE 1
312) FUSS 1 369) NAG 1 426) SEEK 1 483) THICKEN 1
313) GAIN 1 370) NAIL 1 427) SELL 1 484) THIN 1
314) GAMBLE 1 371) NICK 1 428) SHADE 1 485) THRASH 1
315) GATHER 1 372) OFF 1 429) SHEPHERD 1 486) THREAD 1
316) GESTURE 1 373) OFFER 1 430) SHOCK 1 487) THUNK 1
317) GIGGLE 1 374) ORDER 1 431) SHOO 1 488) TIDE 1
318) GLIDE 1 375) ORGANIZE 1 432) SHOULDER 1 489) TIP 1
319) GOBBLE 1 376) OVERCROWD 1 433) SHUDDER 1 490) TIP-TOE 1
320) GULP 1 377) PACK 1 434) SIGH 1 491) TIPTOE 1
321) GURGLE 1 378) PARALLEL 1 435) SIGNAL 1 492) TOOTH 1
322) GUSSY 1 379) PECK 1 436) SINK 1 493) TORCH 1
323) HEAVE 1 380) PEEL 1 437) SIZE 1 494) TORTURE 1
324) HEM 1 381) PEG 1 438) SLIDE 1 495) TOTTER 1
325) HET 1 382) PERMIT 1 439) SLING 1 496) TRANSLATE 1
326) HITCHHIKE 1 383) PERSPIRE 1 440) SLINK 1 497) TRAVEL 1
327) HOME 1 384) PETER 1 441) SLIP 1 498) TRIGGER 1
328) HONK 1 385) PINE 1 442) SLUMP 1 499) TROLLEY 1
329) HOSE 1 386) PINGE 1 443) SMOKE 1 500) UGLY 1
330) HOT-FOOT 1 387) PIPE 1 444) SNATCH 1 501) URGE 1
331) HOWL 1 388) PIXELDANCE 1 445) SNIFFLE 1 502) VAROOM 1
332) HUNT 1 389) PLANE 1 446) SOAK 1 503) VEX 1
333) ICE 1 390) PLAY 1 447) SOAR 1 504) VOTE 1
334) JADE 1 391) PLUG 1 448) SOB 1 505) WAKE 1
335) JINX 1 392) POINT 1 449) SOUND 1 506) WARN 1
336) JOG 1 393) PORPOISE 1 450) SPEED 1 507) WATER 1
337) JOT 1 394) POUR 1 451) SPIN 1 508) WAVER 1

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218
Chapitre 6 Les verbes complexes: distribution
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509) WEARY 1 512) WIPE 1 515) WITTER 1 518) YANK 1


510) WEIGH 1 513) WISE 1 516) WORM 1
511) WHISPER 1 514) WISH 1 517) WORRY 1

Tableau 4: Verbes et deuxièmes termes consignifiants

PUT AWAY 5 COME ABOUT 1 GO UPSTAIRS 1


PUT BACK 2 COME ACROSS 7
PUT DOWN 6 COME AFTER 1 TURN OVER 1
PUT IN 5 COME ALONG 1 TURN AWAY 1
PUT INTO 1 COME AROUND 1 TURN DOWN 2
PUT OFF 7 COME BY 5 TURN IN 2
PUT ON 8 COME DOWN ON 1 TURN INTO 2
PUT OUT 11 COME HOME 1 TURN OFF 3
PUT OVER 1 COME OFF 1 TURN ON 3
PUT PAID 1 COME ON 1 TURN OUT 7
PUT PAST 2 COME ON TO 2 TURN OVER 4
PUT THROUGH 3 COME OUT 3 TURN UP 5
PUT TO 1 COME OVER 2
PUT TOGETHER 1 COME ROUND 2
PUT UP 14 COME TO 4 PULL APART 1
PUT UPON 1 COME TOGETHER 1 PULL AWAY 3
COME TOWARDS 1 PULL BACK 1
COME UP 7 PULL DOWN 1
LOOK ABOUT 1 PULL IN 3
LOOK AFTER 1 PULL INTO 2
LOOK DOWN 14 GET ACROSS 1 PULL OFF 1
LOOK FOR 2 GET ALONG 2 PULL ON 1
LOOK FORWARD 3 GET AWAY 2 PULL OPEN 2
LOOK IN ON 1 GET BEHIND 1 PULL OUT 1
LOOK INSIDE 1 GET BY 2 PULL OVER 1
LOOK INTO 1 GET DOWN 2 PULL THROUGH 2
LOOK OFF 2 GET OFF 4 PULL TO 1
LOOK ON 1 GET ON 8 PULL TOGETHER 3
LOOK OUT 3 GET OVER 7 PULL UP 2
LOOK OVER 8 GET THROUGH 2
LOOK ROUND 1 GET UP 8
LOOK THROUGH 1 RUN ACROSS 2
LOOK TO 1 RUN DOWN 4
LOOK UP 18 GO ABOUT 2 RUN OFF 3
GO ACROSS 1 RUN ON 1
GO AFTER 1 RUN OUT 3
TAKE ABACK 2 GO AHEAD 1 RUN OVER 5
TAKE ACROSS 1 GO ALONG 2 RUN THROUGH 3
TAKE AWAY 3 GO BY 1 RUN TO 1
TAKE DOWN 2 GO DOWN 3 RUN UP 2
TAKE FOR 1 GO IN 3
TAKE IN 13 GO INTO 1
TAKE OFF 17 GO OFF 4 MAKE AWAY 2
TAKE OUT 4 GO ON 4 MAKE HAPPY 1
TAKE OVER 8 GO OUT 1 MAKE OUT 7
TAKE UP 6 GO OVER 2 MAKE OVER 2
GO PAST 1 MAKE THROUGH 1
GO THROUGH 3 MAKE UP 11

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219
Chapitre 6 Les verbes complexes: distribution
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LET FALL 3 DRAW ON 1 KNOCK BACK 1


LET GO 2 DRAW TOWARDS 1 KNOCK DOWN 2
LET IN 3 DRAW UP 6 KNOCK OFF 3
LET OFF 1 KNOCK OUT 1
LET ON 6 KNOCK OVER 2
LET OUT 4 SEND DOWN 1 KNOCK UP 1
LET UP 3 SEND FOR 6
SEND IN 1
SEND OFF 2 CALL FORTH 2
BRING ABOUT 2 SEND OVER 2 CALL INTO 1
BRING DOWN 1 SEND UP 1 CALL OFF 3
BRING FORTH 1 CALL ON 1
BRING HOME 1 CALL OVER 1
BRING OFF 3 GIVE AWAY 4 CALL UP 1
BRING ON 1 GIVE BACK 1
BRING OVER 1 GIVE ON 1
BRING ROUND 1 GIVE OUT 1 BREAK IN 1
BRING TO 1 GIVE UP 5 BREAK INTO 1
BRING UP 7 BREAK OFF 4
BREAK OUT 2
DO BY 2 HOLD BACK 2
DO FOR 5 HOLD FORTH 1
DO IN 3 HOLD IN 2 SET ABOUT 1
DO OUT 1 HOLD OUT 3 SET BACK 1
DO OVER 1 HOLD UP 4 SET FORWARD 1
DO UP 2 SET OFF 4
DO WITHOUT 2 SET OUT 1
PICK ON 1
PICK OUT 1
THINK BACK 1 PICK UP 9 WAVE AWAY 4
THINK OVER 7 PICK WAY ACROSS 1 WAVE DOWN 2
THINK THROUGH 3 WAVE THROUGH 1
THINK UP 4 WAVE TO 2
SEE DOWN 2
SEE OFF 3
WALK TO 1 SEE OUT 1 PASS BY 3
WALK ACROSS 1 SEE THROUGH 3 PASS ON 1
WALK BACK 3 SEE TO 3 PASS OVER 1
WALK IN 1 PASS THROUGH 2
WALK OFF 1
WALK OUT 6 FALL BEHIND 1
WALK OVER 1 FALL FOR 1 PUSH AWAY 1
WALK UP 1 FALL IN 1 PUSH BACK 1
FALL OFF 1 PUSH OFF 1
FALL OUT 4 PUSH OPEN 2
TALK OUT OF 3 FALL OVER 1 PUSH ON WAY THROUGH 1
TALK AWAY 2 FALL THROUGH 2 PUSH WAY ROUND TO 2
TALK INTO 4
TALK OFF 1
TALK OVER 2 SHOW ACROSS 1
TALK ROUND 1 SHOW AROUND 2
SHOW IN 1
SHOW INTO 3
DRAW AWAY 1 SHOW OFF 3
DRAW BACK 1 SHOW UP 1
DRAW IN 2
DRAW NEAR 1

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220
Chapitre 6 Les verbes complexes: distribution
_________________________________________________________________________________

Nous n'avons inclus dans le tableau précédent que les deuxièmes


termes associés aux verbes, sans aucune classification grammaticale.
Il n'y est donc tenu aucun compte du caractère transitif, intransitif ou
prépositionnel des adverbiés complexes. Nous avons, par ailleurs,
établi la distinction entre les statuts grammaticaux possibles des
deuxièmes termes (adverbe, quasi-adverbe ou préposition). Le tableau
suivant présente cette répartition pour les vingt premiers deuxièmes
termes:

Morphème Total ADV. PRÉP Divers Références PB_GRAM


.
1. UP 236 220 16
2. OUT 177 175 2 40 OUT OF
3. OFF 159 140 19 3 OFF OF 2635, 2798, 2659
4. OVER 126 106 12 8 Q.A. 1725, 1987, 2237, 2677, 2745, 2747, 2869, 2901
5. DOWN 81 63 18
6. IN 78 75 2 1 Q.A. 2405
7. ON 63 44 19
8. THROUGH 58 25 29 4.Q.A. 1305, 1503, 1722, 2263
9. TO 37 3 34
10. ACROSS 29 3 19 7 Q.A. 1239, 1349, 1427, 1488, 1547, 2821, 2516
11. BY 17 15 0 1 Q.A. 1719
12. ALONG 16 11 5
13. PAST 16 9 7
14. ABOUT 12 7 3 2 Q.A. 2262, 2813

Nous avons éliminé de cette liste:

− INTO et FOR, qui ne peuvent être que prépositions,


− AWAY et BACK, qui ne peuvent être qu'adverbes,
− OPEN, qui peut être adverbe mais jamais préposition,
− WAY, car il ne peut être ni adverbe, ni préposition, et ne figure dans
notre base de données qu'en raison de son affinité particulière avec
des combinaisons complexes du type Lendl double-faulted his way
out of the tournament (VERBE 691), que nous étudierons par
ailleurs.

La dernière colonne du tableau renvoie aux références des


combinaisons particulières que nous avons isolées. "Q.A." est
l'abréviation de "quasi-adverbié". Les textes et sources de ces exemples
peuvent être trouvés dans le tome 2.

_________________________________________________________________________________
221
Chapitre 6 Les verbes complexes: distribution
_________________________________________________________________________________

6.2 Première interprétation

Ce premier classement rend néanmoins évidentes un certain


nombre des caractéristiques de ces verbes complexes:

1) La longueur des premiers termes:

75,50% des verbes sont monosyllabiques (391 sur 518).


Ce pourcentage peut être réparti de la manière suivante:
− Les 31 verbes qui figurent plus de 7 fois dans notre base de
données sont, sans aucune exception, des monosyllabiques.
− La longueur est inversement proportionnelle à la fréquence: 23
des 150 premiers verbes sont polysyllabiques (15,33%) contre
109 des 150 derniers (72,66%). Aucun de ces 150 derniers
verbes, quel que soit leur nombre de syllabes, ne figure plus
d'une fois dans notre base de données.
− 2,12% sont des trisyllabiques: 11 verbes en tout et pour tout,
soit 10% des polysyllabiques. Nous n'avons pas de verbes
comportant plus de trois syllabes (sauf HELICOPTER). Un seul
des 150 premiers verbes est trisyllabique (0,66%).

2) Le statut grammatical des premiers termes:

− 48% des 150 premiers verbes (72) sont des lexies dont le
référent notionnel peut être délimité indifféremment sous la
forme d'un verbe ou celle d'un nom (LOOK, TAKE, WALK, etc.).
Ce pourcentage est de 54,8% (17) pour les 31 verbes qui
figurent plus de 7 fois dans notre base de données.

− Sur les 150 premiers verbes, 6 (4%) sont en réalité des noms
dont le statut grammatical a changé: CHICKEN, ZERO,
BICYCLE, HAMMER, HELICOPTER, INVALID. Sur les 150
derniers on dénombre 13 noms (8,6%) (simples ou composés):
PORPOISE, REAL-TIME, RED-EYE, ROTOR-THROB,
SHOULDER, SIGNAL, STRING, SUN, TIP-TOE, TROLLEY,
WATER, et un adjectif: UGLY.

_________________________________________________________________________________
222
Chapitre 6 Les verbes complexes: distribution
_________________________________________________________________________________

3) L'origine étymologique des premiers termes:

Sur les 150 premiers verbes, seuls 8 (5,33%) n'ont pas de racine
saxonne : TURN (30 occurrences), EXPLAIN, FIGURE, INVITE (3
occurrences), COLLAPSE, CONJURE, DISPOSE, ESCAPE et
FINISH (2 occurrences).

4) La répartition des deuxièmes termes:

Sur les 19 deuxièmes termes qui apparaissent au moins 10 fois


dans notre base de données:

1. 12 sont monosyllabiques (63%): BACK, BY, DOWN, FOR, IN,


OFF, ON, OUT, PAST, THROUGH, TO et UP. 7 sont
bisyllabiques: ABOUT, ACROSS, ALONG, AWAY, INTO, OPEN
et OVER.

2. Sur ces 12 deuxièmes termes, 2 ne peuvent être que


prépositions (FOR et INTO), 1 ne peut être qu'adverbe (AWAY),
et 1 est un adjectif employé comme adverbe (OPEN).

Au total, les verbes complexes anglais sont marqués, dès l'origine


de leur existence, de deux caractéristiques fondamentales: une
relative simplicité, et une dualité essentielle.

Simplicité:

S'ils sont tous composés de deux termes, ces deux termes sont,
dans l'immense majorité des cas, simples: les premiers et
deuxièmes termes sont en général monosyllabiques et se réfèrent
à des concepts "larges" (TAKE, PUT, UP, DOWN, etc.). Les
premiers termes ont, pour la plupart, une origine saxonne. La
seule exception notable parmi les verbes dont nous trouvons plus
de 10 occurrences dans notre base de données est TURN. Les
complexes adverbiés sont des outils de langue "de tous les jours".
Il est remarquable, à ce titre, de noter qu'ils ne jouissent pas
toujours, auprès des anglophones "cultivés", d'une excellente
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223
Chapitre 6 Les verbes complexes: distribution
_________________________________________________________________________________

réputation: il est assez fréquent, dans les écoles anglaises, qu'un


professeur demande à ses élèves de ne pas utiliser d'adverbiés
complexes dans leurs rédactions, mais des synonymes plus
recherchés. La langue "savante" comportant un grand nombre
d'éléments à étymologie latine, ces synonymes sont, dans la
plupart des cas, d'origine latine: SUPPORT pour STICK UP FOR,
DESPISE pour LOOK DOWN ON, etc.

Dualité:

Le premier terme est un verbe, très souvent résultat d'une


délimitation d'un concept plus large, qui peut être matérialisé en
langue sous la forme d'un nom (TURN, LOOK, etc.). Dans le cas
où un tel outil est indisponible, rien n'empêche d'utiliser un nom
dont le statut grammatical a changé (ZERO, FOUNTAIN etc.).

Le deuxième terme est forcément soit un adverbe (verbes


complexes adverbiés), soit une préposition (verbes complexes
prépositionnels)

Dans le cas des adverbiés, l'adverbe peut être:


− une lexie qui ne peut être qu'adverbe (AHEAD, AWAY, etc.),
− une lexie "bivalente" qui peut être soit adverbe, soit préposition
(UP, IN, OUT, etc.)
− une lexie qui n'est, à l'origine, ni adverbe ni préposition, mais
dont le statut grammatical a été modifié pour lui permettre de
jouer le rôle d'un adverbe (adjectif, nom ou verbe).

Si, en théorie, le nombre des verbes complexes possibles se limite


aux combinaisons arithmétiquement calculables de leurs
éléments constitutifs, il n'en va pas de même en discours, en
raison d'une autre manifestation de leur dualité essentielle: les
premiers et deuxièmes termes peuvent, individuellement, être
interprétés littéralement ou métaphoriquement avant la formation
des combinaisons, et les combinaisons, une fois formées, se
prêtent, à leur tour, à de nouvelles interprétations, littérales ou
métaphoriques. Cette dualité, qui imprègne tous les verbes
complexes, rend, en fait, la croissance des combinaisons
_________________________________________________________________________________
224
Chapitre 6 Les verbes complexes: distribution
_________________________________________________________________________________

possibles selon le nombre d'éléments de base, non pas


arithmétique mais exponentielle 1, c'est elle qui est à la source de
toute la richesse du phénomène.

Les chapitres suivants sont consacrés à l'étude des emplois en


discours des verbes complexes adverbiés et quasi-adverbiés les
plus fréquents de notre base de données (chapitres 7 et 8), ainsi
qu'à un recensement de tous les verbes à deuxième terme
antéposé dans OED CD-ROM 1992 (chapitre 9).

1Les listes de premiers et deuxièmes termes que nous avons fournies ne sont, bien
évidemment, ni exhaustives ni closes. S'il paraît difficile d'imaginer la formation de
nouvelles prépositions, on ne peut rejeter l'hypothèse de la formation de nouveaux
verbes ou de nouveaux adverbes.
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Chapitre 7 Les verbes prépositionnels
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p 7. LES VERBES PRÉPOSITIONNELS

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Chapitre 7 Les verbes prépositionnels
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Nous commencerons ce chapitre par une brève reprise d'une


argumentation que nous avons développée au début de notre travail:
nous ne refusons pas les appellations "verbe à particule" ou "phrasal
verb" par principe, mais parce que leur manque de précision interdit
toute classification efficace. Leur défaut essentiel, à nos yeux, est de
ne pas rendre compte des réalités séparées que constituent les verbes
purement prépositionnels, d'une part, et les verbes adverbiés, d'autre
part. En effet, les verbes prépositionnels se distinguent, sur le plan
syntaxique, des adverbiés sur un point primordial: ils sont tous
toujours employés dans des schémas du type VERBE + PRÉPOSITION
+ OBJET, et la préposition n'est jamais accolée au verbe. En somme,
les verbes prépositionnels sont des verbes tout à fait "normaux" qui
ont la particularité de nécessiter des prépositions pour introduire
leurs compléments. Quand ils méritent le titre de verbes complexes,
ce n'est pas, nous allons le montrer, uniquement en raison de leur
nature duelle.

Les verbes prépositionnels ainsi définis n'ont donc pas grand-chose en


commun avec la catégorie des adverbiés que nous avons mise en
évidence. Ils ne peuvent être rangés non plus dans la catégorie que les
francophones nomment "verbes à particule", parce que le manque de
précision de cette appellation interdit toute classification efficace. Le
problème est, d'ailleurs, le même en anglais, ce qui nous a conduit à
refuser également l'expression "phrasal verb", parfois utilisée par les
francophones pour désigner ces verbes complexes. Nous pensons que
l'expression anglaise "phrasal verb" est inadéquate car elle est, elle
aussi, beaucoup trop vague pour permettre une classification précise,
et surtout pour rendre compte de combinaisons verbales qui, sur le
plan grammatical au moins, fonctionnent de manières différentes.
Nous nous référons ici, pour mémoire, aux définitions de l'expression
"phrasal verb" que nous donnent OED et Bolinger:

OED. (1992: CD-ROM):


" [...] Used in Gram. in collocations qualifying the name of a part of speech to
denote phrases which have the function of that part of speech, esp. phrasal verb,
an idiomatic verbal phrase consisting of a verb and adverb or a verb and
preposition.
Ex.
1925 L. P. Smith Words & Idioms v. 172 Even more numerous are the idiomatic
collocations of verbs followed by prepositions, or by prepositions used as adverbs.
Collocations of this kind, 'phrasal verbs' we may call them, like 'keep down', 'set up',
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Chapitre 7 Les verbes prépositionnels
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'put through', and thousands of others. [Note] The term 'phrasal verbs' was
suggested to me by the late Dr. Bradley.
1954 E. Gowers Compl. Plain Words vi. 71 There is today a tendency to form
phrasal verbs to express a meaning no different from that of the verb without the
particle. 'Drown out, sound out, lose out, rest up, miss out on', are other examples of
phrasal verbs which I am told are used in America in senses no different from that
of the unadorned verb."

Bolinger (1971: Foreword):


"Every language provides a means to coin out of its own substance. English has
been thought to be rather impoverished in this regard. Statistics are quoted on vast
importations from French and more or less artificial graftings from Greek and Latin.
For the linguist trained on written texts, who listens with only half an ear, these
chiseled borrowings obscure an outpouring of lexical creativeness that surpasses
anything else in our language. We call it the phrasal verb : to help out, to write up, to
die off, to string along, to gad about. Of such combinations of verb and particle Old
English had only a trace. The adverb appeared instead more commonly before the
verb, whether conjoined or not. The number grew slowly in the Middle English
period, then received a setback, at least in the literary language, from the influx of
Romance derivatives and did not get going strongly again until the fifteenth
century. Numerous virtual doublets show the competition: pairs like blow out and
extinguish, come in and enter, get around and circumvent. ...
Why the success? It must lie in the familiarity and manageability of the elements.
The vast majority of the source verbs are common Germanic monosyllables, and the
particles are a limited number of highly frequent adverbs and prepositions, with an
occasional adjective..." 1.

Aux adverbes et prépositions de OED d'une part, et aux adverbes,


prépositions et adjectifs occasionnels de Bolinger d'autre part, il faut
ajouter, nous l'avons montré, des verbes et des noms.

S'il est vrai que l'expression anglaise "phrasal verb" est un contenant
suffisamment large pour englober tous les emplois différents des
occurrences VERBE + ADVERBE ou VERBE + PRÉPOSITION, il est
également vrai qu'elle n'est strictement d'aucun secours pour
expliquer leur fonctionnement (cette déficience est illustrée, entre
autres, par la définition circulaire du phénomène dans OED: a phrasal
verb [is] an idiomatic verbal phrase...).

A notre avis, ces deux appellations sont inadéquates pour la raison


unique et essentielle qu'elles sont incapables de prendre en compte un
point crucial: en anglais contemporain, au moins, la fonction de la
préposition est, tout simplement, différente de celle de l'adverbe;
même si, pour ce qui concerne les adverbiés en tout cas, l'un est

1 C'est nous qui soulignons.


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Chapitre 7 Les verbes prépositionnels
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souvent issu de l'autre. Un seul et même terme ne saurait qualifier de


manière satisfaisante des fonctions si distinctes. L'expression "phrasal
verb" efface toutes les différences, et l'expression "verbe à particule"
refuse de les identifier.

Il n'en reste pas moins que, malgré les différences, les deux catégories
demeurent liées, car les prépositionnels, à la suite des opérations
d'effacement que nous avons décrites, sont à la source d'un nombre
considérable d'adverbiés, par transformation du statut de leur
préposition. Il reste à savoir pourquoi ces structures se prêtent si
facilement à ce type d'évolution.

Dans son avant-propos, Bolinger dit des "phrasal verbs" qu'ils sont "a
floodgate of metaphor". Nous reprenons volontiers sa métaphore à
notre compte, mais l'appliquerons aux prépositionnels, car ce sont, à
notre avis, eux qui, parce qu'ils sont si ouverts aux emplois
métaphoriques du verbe et/ou de la préposition, sont à la source de
tant d'évolutions vers les adverbiés. Cependant, pour que les
métaphores puissent se former, il faut nécessairement au préalable
que les "vannes" aient été localisées, puis ouvertes. L'expérience
montre que les images le plus souvent utilisées appartiennent à de
grandes familles de sens, dont le nombre n'est pas illimité. Nous avons
opéré un classement des verbes prépositionnels de notre corpus
PB_GRAM afin de tenter de mettre en évidence ces grandes familles de
sens. Nous les présentons ici sous forme de listes, illustrées
d'exemples significatifs extraits de notre base de données. Les listes
que nous proposons ne sont pas exhaustives, et seront complétées au
fil de nos recherches.

7.1 Les solutions minimales

Les grammaires scolaires incitent souvent à enseigner que les


combinaisons complexes construites sur le modèle VERBE +
PRÉPOSITION + COMPLÉMENT correspondent en général à un
schéma dans lequel la préposition indique la direction d'un
mouvement effectué par le référent du sujet agent, alors que le
verbe indique la manière dont le mouvement est effectué.
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Chapitre 7 Les verbes prépositionnels
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Ceci n'est que partiellement exact. D'une part, nous avons


montré que le mouvement indiqué par la combinaison VERBE +
PRÉPOSITION n'est pas toujours un mouvement littéral, et
d'autre part, il existe quantité d'énoncés à verbes prépositionnels
du type:

They ascended into deep clouds and flew in zero visibility


for what could have been an hour or more. (VERBE 2606)

dans lesquels le verbe n'indique pas vraiment la manière dont le


mouvement est effectué. Il vaut mieux considérer que la
préposition indique, non un mouvement, mais un résultat à
atteindre, le principal rôle du verbe étant alors d'indiquer
l'existence d'un mouvement (réel ou métaphorique) tendant vers
ce résultat, avant d'indiquer éventuellement la manière dont il est
effectué. Le premier terme constitue, en fait, un sorte d'enveloppe
de sens destinée à poser l'existence d'un certain type de
mouvement ou, le cas échéant, son inexistence, comme le prouve
l'énoncé suivant:

"I wish everybody would just lay off Dan Quayle," said
Democratic Sen. Patrick Leahy of Vermont. (VERBE 1699)

Nous donnons ci-dessous la liste complète des verbes


prépositionnels de ce type, qui figurent dans notre corpus
PB_GRAM:

VERBE COMPLEXE Réf. PB_GRAM


1. ASCEND + INTO VERBE 2606
2. BEND + OVER VERBE 1718
3. BACK + TOWARDS VERBE 774
4. COME + ACROSS VERBE 2815
5. COME + AFTER VERBE 2657
6. COME + BY VERBE 1837
7. COME + TO VERBE 2872
8. COME + TO VERBE 2706
9. COME + TOWARDS VERBE 1810
10.COME + UP VERBE 1808
11.FALL + OFF VERBE 2730
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Chapitre 7 Les verbes prépositionnels
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12.FOLLOW + IN VERBE 2405


13.FOLLOW + THROUGH VERBE 755
14.GET + OFF VERBE 1842
15.GET + OVER VERBE 1987
16.GET + OVER VERBE 1714
17.GET + OVER VERBE 1698
18.GO + ABOUT VERBE 2262
19.GO + ABOUT VERBE 2894
20.GO + ACROSS VERBE 1617
21.GO + AFTER VERBE 661
22.GO + INTO VERBE 2818
23.GO + ON VERBE 2065
24.GO + OVER VERBE 1651
25.GO + PAST VERBE 2705
26.GO + THROUGH VERBE 1993
27.LAY + OFF VERBE 1699
28.LOWER + INTO VERBE 732
29.MOVE + INTO VERBE 2646
30.MOVE + OUT OF VERBE 664
31.PASS + OVER VERBE 1820
32.PASS + THROUGH VERBE 2707
33.PASS + THROUGH VERBE 1495
34.PUT + INTO VERBE 2666
35.PUT + OFF VERBE 1809
36.PUT + PAST VERBE 1601
37.PUT + PAST VERBE 1442
38.PUT + THROUGH VERBE 2621
39.PUT + TO VERBE 1761
40.PUT + UPON VERBE 2277
41.TAKE + ACROSS VERBE 654
42.TAKE + FOR VERBE 1481
43.TAKE + OFF VERBE 1787
44.TAKE + OFF VERBE 2628
45.TAKE + OFF VERBE 2063
46.TAKE + OFF VERBE 2798
47.TAKE + OFF VERBE 2737
48.TRAVEL + ALONG VERBE 1798
49.TURN + INTO VERBE 1812
50.TURN + INTO VERBE 1409
51.TURN + ON VERBE 2704
52.TURN + ON VERBE 2472

(Nous avons inclus dans cette liste la lexie OUT OF qui, bien qu'il
s'agisse stricto sensu d'un adverbe suivi d'une préposition, a été à

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Chapitre 7 Les verbes prépositionnels
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l'usage assimilée à une "préposition composée", tout comme le


sont INTO et UPON, par exemple).

Les combinaisons de ce type doivent être considérées comme des


solutions minimales, des gabarits de base, si l'on préfère, à partir
desquels peuvent être construits des sens plus élaborés: en effet,
pour pouvoir énoncer la manière dont un événement se déroule, il
faut que son existence soit présupposée.

Ainsi le verbe complexe prépositionnel TEAR + THROUGH de:

I had the enjoyable experience that humid evening of taking a


cold shower, squatting on my heels under the burbling pipe,
as the train tore through the Punjab to Dehli. (VERBE 1751).

peut être réduit à une solution minimale dans la glose:

... as the train WENT through the Punjab to Dehli,

dans laquelle le déficit sémantique ne concerne que la manière


dont le mouvement est effectué, et non pas son existence.
L'unique rôle du verbe GO, dans ce cas, serait de poser
l'existence d'un certain type de mouvement. Du point de vue de
l'apprenant non-anglophone, ces solutions minimales, si elles
sont un peu ternes, permettent néanmoins, avec une grande
économie de verbes et de prépositions, d'exprimer une large
gamme d'idées et de décrire une grande quantité d'"actions", car
elles n'interdisent pas les dérivations métaphoriques. Comparons
par exemple:

1) We go past the shops and come to the barrier again and


are passed through. (VERBE 2706)
à:
2) Down this he was whirled, stunned and insensible, but
without a bone broken in his body; and then at last came to
gentler slopes, and at last rolled out and lay still, buried
amidst a softening heap of the white masses that had

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Chapitre 7 Les verbes prépositionnels
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accompanied and saved him. He came to himself with a dim


fantasy that he was still in bed. (VERBE 2872)

L'énoncé (1) ne comporte qu'une occurrence banale de la


combinaison COME + TO: le verbe indique l'existence d'un
mouvement, et TO sa destination. Nous noterons le verbe COME
ne peut impliquer ici un rapprochement dans l'espace du référent
du sujet-agent par rapport à l'énonciateur; son seul rôle est bien
d'indiquer l'existence du mouvement, la préposition TO, qui
pointe sur le but, en indiquant le résultat.

Il en est de même pour la première occurrence de COME + TO


dans l'énoncé (2). Il s'agit de la description d'une chute en
montagne. Sujet agent et sujet énonciateur sont cette fois
distincts, mais COME n'implique pourtant pas, non plus, un
quelconque rapprochement du sujet-agent par rapport à
l'énonciateur: son rôle est identique à celui du COME de
l'énoncé (1): poser l'existence du mouvement sans aucune
référence à la position dans l'espace de l'énonciateur. Il est
remarquable de noter que la deuxième occurrence de COME + TO
dans (2) fonctionne exactement de la même manière, à la
différence près que le but indiqué par la préposition ne peut être
assimilé au but d'un véritable mouvement, puisqu'il s'agit d'un
emploi évidemment métaphorique. C'est la nature du complément
HIMSELF, qui ne peut avoir pour référent un lieu, qui force
l'interprétation métaphorique, à la fois de COME (il n'y a pas de
mouvement véritable) et de TO (il n'y a donc pas de but à
atteindre dans l'espace). La compréhension d'un tel énoncé ne
peut s'accomplir qu'à la suite d'une opération mentale de
reconstruction de la part du co-énonciateur, un peu comme dans
le cas de l'expression française "revenir à soi".

A partir de ces solutions minimales, un grand nombre de


variations sont permises. Nous les avons classées en différentes
catégories.

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Chapitre 7 Les verbes prépositionnels
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7.2 Les "vrais" verbes de mouvement

Par "vrais verbes de mouvement", nous entendons des


combinaisons verbales utilisées pour décrire un mouvement
effectif, avec déplacement dans l'espace de l'affecté. Il ne s'agit
plus ici de solutions minimales. Dans tous les cas, le verbe est un
verbe qui, non seulement sert à l'énonciateur à poser l'existence
du mouvement, mais à véhiculer, en plus, une information sur la
manière dont le mouvement est réalisé. L'information nouvelle
peut concerner, par exemple, la forme du geste, comme dans:

1. I've had a hell of a day. I just want to crawl into bed.


(VERBE 827)
2. He takes Annie in his arms and dances her into the empty
hall. (VERBE 806)

ou la présence (ou l'absence) de bruit engendré par le


mouvement:

3. From time to time small units went out on scouting parties


and sneaked across the border with German East (Africa)
but they rarely encountered any Germans. (VERBE 1536)

Dans chacun de ces trois énoncés, les premiers termes véhiculent


chacun une information supplémentaire par rapport aux
solutions minimales qu'auraient constitué respectivement GET,
TAKE et GO.

Liste des vrais verbes de mouvement du corpus PB_GRAM:

VERBE COMPLEXE Réf. PB_GRAM


1. CLIMB + UP VERBE 1377
2. CRAWL + DOWN + TO VERBE 765
3. CRAWL + INTO VERBE 827
4. CREEP + ACROSS VERBE 672
5. CREEP + ALONG VERBE 643
6. CREEP + INTO VERBE 1012
7. CREEP + THROUGH VERBE 2097
8. DANCE + INTO VERBE 806
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Chapitre 7 Les verbes prépositionnels
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9. FLY + INTO VERBE 668


10.JOG + THROUGH VERBE 674
11.MARCH + DOWN VERBE 2152
12.RUN + ACROSS VERBE 1003
13.RUN + OUT OF VERBE 1819
14.RUN + OVER VERBE 1317
15.RUN + THROUGH VERBE 1503
16.RUN + TO VERBE 2841
17.RUN + UP + TO VERBE 1453
18.SNEAK + ACROSS VERBE 1536
19.SNEAK + INTO VERBE 2615
20.SQUIRM + OUT OF VERBE 752
21.STAGGER + INTO VERBE 1964
22.STEP + ONTO VERBE 2506
23.STEP + OVER VERBE 1512
24.STICK + INTO VERBE 994
25.STIR + IN VERBE 2601
26.TIP-TOE + OUT VERBE 1658
27.TIPTOE + ACROSS VERBE 751
28.TOTTER + TO VERBE 2519
29.TUMBLE + OUT OF VERBE 769
30.TWIST + INTO VERBE 1208
31.TWIST + ROUND VERBE 1646
32.WALK + ACROSS VERBE 603
33.WALK + OFF VERBE 781
34.WALK + OUT OF VERBE 1625
35.WALK + OUT OF VERBE 679
36.WALK + TO VERBE 1080
37.WALK + UP VERBE 1838

Tout verbe prépositionnel constitué de l'un des premiers termes


ci-dessus (et notre liste n'est pas exhaustive) implique un ajout
de sens par rapport à la solution minimale qui pourrait être
utilisée à sa place. La traduction française de l'énoncé (2), par
exemple, illustre bien le phénomène: He takes Annie in his arms
and dances her into the empty hall donne en français quelque
chose comme "Il prend Annie dans ses bras et l'emmène dans
l'entrée vide en dansant." Si la traduction est peu élégante, c'est
en raison du fait que le verbe français "danser", est incapable,
contrairement au verbe anglais "dance" de signifier, à lui seul,
EMMENER + DANSER. Le traducteur est donc contraint
d'exprimer, avec les moyens dont il dispose, la totalité du sens
véhiculé par le verbe anglais.
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Chapitre 7 Les verbes prépositionnels
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Toute la question est là: dans les énoncés de ce type, le verbe est
le véhicule d'un ajout de sens, et cet ajout de sens est rendu
possible par la présence d'une préposition à sa droite, qui indique
le résultat vers lequel le mouvement doit tendre. C'est la raison
essentielle qui vaut à ces combinaisons de mériter le titre de
"verbes complexes". Ainsi dans:

these cars [...] often yield [...] slaughtered birds - crows,


chickadees, and sparrows foolhardy enough to have flown
into the path of oncoming motorists. (VERBE 668)

et:

The two girls had often gone riding aboard Babe's wide back,
jogged through the wheat fields... down to the river and to
the water, the mare wading against the current... (VERBE 674)

c'est en raison de la présence à leur droite des prépositions INTO


et THROUGH que les verbes FLY et JOG en viennent à signifier,
respectivement, COME + FLY et GO + JOG. On peut dire que la
préposition agit comme catalyseur à la formation d'un nouvel
outil de langue: le verbe complexe. C'est cette caractéristique,
dont ont peut dire que les verbes français sont dépourvus, qui
fait tout l'intérêt du système, car, une fois admis le principe que,
dans les combinaisons de ce type, la préposition implique la
présence à sa gauche d'un verbe de "mouvement minimal", même
implicite, rien n'empêche que le reste du sens soit porté par un
verbe qui n'est pas, en soi, un verbe de mouvement.

7.3 Les "faux" verbes de mouvement

Si l'on considère la paire:

1) An old hen clucked her brood together and, with the tiny
chicks, went into a small box beside the large on.
(VERBE 2818)

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Chapitre 7 Les verbes prépositionnels
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2) He was accused of breaking into a drugstore


(VERBE 681),

(2) peut être dit plus complexe que (1) en ce sens que le verbe
prépositionnel BREAK + INTO est en réalité constitué de la
solution minimale GO + INTO (la même que dans (1)), à laquelle a
été rajouté le sens de BREAK, qui n'est pas du tout un verbe de
mouvement. Cette méthode de construction du sens existe en
français également, mais elle est le plus souvent exceptionnelle,
et relève de la création littéraire pure, plutôt que de la
communication courante. Tamine (1979) cite ces vers
d'Apollinaire:

"Les tramways,... feux verts sur l'échine


Musiquent au long des portées de rails leur folie de
machines",

où la combinaison MUSIQUER + AU LONG DE fonctionne


exactement comme les verbes complexes anglais : MUSIQUER =
ALLER + MUSIQUER (c'est-à-dire "faire de la musique"). Il s'agit,
comme le font justement remarquer Larreya et Méry (1992:
p.157) d'hypallages, nées d'un processus de "substitution
analogique" par rapport à la solution minimale de départ. Ce
processus, qui est l'exception en français, constitue la norme en
anglais, où un énoncé comme:

He stood there and watched her primp down the street,


throwing her hair like a Shetland pony. (VERBE 621),

même s'il relève d'un niveau de langue assez soutenu, ne saurait


être considéré comme marginal; ce qui est à notre avis le cas du
texte d'Apollinaire cité plus haut.

Le processus est si bien ancré dans la langue que si le verbe de


mouvement nécessaire à la construction du message n'existe pas,
l'énonciateur peut parfaitement le créer de toutes pièces avec:

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Chapitre 7 Les verbes prépositionnels
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– des noms:

1. He'd crashed into her before he even saw her face,


cannoned right into the girl who was walking towards
him. (VERBE 705)

2. A pair of iridescent dragonflies helicoptered into the gully.


(VERBE 2466)

– des adjectifs:

3. 'Perhaps, Sir,' said Fanny, wearied at last into speaking


(VERBE 899)

– et même des onomatopées:

Maurice pulled out and varoomed down the wrong side of the
road, scandalized drivers honking protest in his wake.
(VERBE 2691)

Nous fournissons ci-dessous la liste de toutes les occurrences de


verbes de ce type, conversions de noms (récentes ou non) dans
notre corpus PB_GRAM:

VERBE COMPLEXE Réf. PB_GRAM


1. BARGE + IN VERBE 2572
2. BICYCLE + ROUND VERBE 1603
3. BILLOW + INTO VERBE 2610
4. BLUFF + OUT OF VERBE 789
5. BLUNDER + DOWN VERBE 786
6. BOLT + ACROSS VERBE 771
7. BOOK + INTO VERBE 799
8. BREAK + INTO VERBE 681
9. BREATHE + ALONG VERBE 2600
10.CANNON + INTO VERBE 705
11.CANNONADE + INTO VERBE 2124
12.CLATTER + UP VERBE 1984
13.CLOMP + THROUGH VERBE 1902
14.COLLAPSE + TO VERBE 1965
15.CRASH + INTO VERBE 704
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Chapitre 7 Les verbes prépositionnels
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16.CRASH + THROUGH VERBE 2559


17.CUT + ALONG VERBE 2484
18.DART + DOWN VERBE 1832
19.DAWDLE + THROUGH VERBE 775
20.DODGE + INTO VERBE 1039
21.DODGE + INTO VERBE 1297
22.DRAW + NEAR VERBE 1548
23.DRAW + TOWARDS VERBE 2218
24.DRIVE + DOWN VERBE 1823
25.DRIVE + OUT OF VERBE 653
26.DRIVE + THROUGH VERBE 1406
27.DUCK + OUT OF VERBE 823
28.EASE + OUT OF VERBE 738
29.ESCAPE + FROM + INTO VERBE 2698
30.ESCAPE + FROM + INTO VERBE 2697
31.EXPLODE + INTO VERBE 829
32.FADE + TO VERBE 1650
33.FALL + FOR VERBE 1788
34.FLASH + ACROSS VERBE 660
35.FLASH + THROUGH VERBE 652
36.FLOAT + THROUGH VERBE 748
37.HEAD + OUT VERBE 2856
38.HEAD + TOWARDS VERBE 1573
39.HELICOPTER + INTO VERBE 2466
40.HITCHHIKE + FROM + TO VERBE 647
41.HURRY + AFTER VERBE 762
42.HURRY + INTO VERBE 1001
43.HURRY + PAST VERBE 2840
44.HURRY + THROUGH VERBE 1266
45.JERK + INTO VERBE 820
46.LABOR + UP VERBE 2640
47.LAUGH + INTO VERBE 596
48.LAUGH + OUT VERBE 1169
49.LIGHT + UP VERBE 1403
50.LOLLOP + ACROSS VERBE 793
51.MANOEUVRE + PAST VERBE 2345
52.MARATHON + THROUGH VERBE 2626
53.MEET + WITH VERBE 2849
54.PAD + ABOUT VERBE 824
55.PAD + ACROSS + TO VERBE 779
56.PEDAL + INTO VERBE 1712
57.PEDAL + INTO VERBE 1697
58.PICK + ON VERBE 1586
59.PING + OFF VERBE 1158
60.PLOUGH + INTO VERBE 692
61.PLOUGH + THROUGH VERBE 776
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Chapitre 7 Les verbes prépositionnels
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62.POWER + UP + FROM VERBE 1521


63.PRIMP + DOWN VERBE 621
64.PUSSYFOOT + UP VERBE 2487
65.QUIVER + INTO VERBE 938
66.RAIN + DOWN VERBE 2684
67.RATTLE + INTO VERBE 901
68.REAL-TIME + INTO VERBE 2678
69.RHYME + ACROSS VERBE 2827
70.ROAR + OUT OF VERBE 1813
71.ROTOR-THROB + INTO VERBE 2607
72.ROUND + ON VERBE 1388
73.SHADE + INTO VERBE 2456
74.SHEPHERD + UP VERBE 737
75.SHOCK + OUT OF VERBE 688
76.SHOEHORN + INTO VERBE 796
77.SHOUT + DOWN VERBE 2862
78.SINK + INTO VERBE 750
79.SLING + OUT + INTO VERBE 1520
80.SOAK + THROUGH VERBE 764
81.SOAR + ACROSS VERBE 671
82.SQUEEZE + THROUGH VERBE 2263
83.STOMP + THROUGH VERBE 1903
84.STROLL + ALONG VERBE 2839
85.STUFF + INTO VERBE 1438
86.SWEAT + THROUGH VERBE 1722
87.SWEEP + ACROSS VERBE 1664
88.SWISH + PAST VERBE 1833
89.TEAR + THROUGH + TO VERBE 1751
90.THICKEN + OUT OF VERBE 572
91.THUNDER + DOWN VERBE 1050
92.THUNK + INTO VERBE 1160
93.TIDE + OVER VERBE 961
94.TRANSLATE + OUT OF VERBE 922
95.TRIP + DOWN + INTO VERBE 1999
96.TROLLEY + TO VERBE 2453
97.VAROOM + DOWN VERBE 2691
98.VOTE + INTO VERBE 785
99.WASH + OUT OF VERBE 740
100.WASH + OUT OF VERBE 767
101.WEARY + INTO VERBE 899
102.WEAVE + THROUGH VERBE 2527
103.WHEEL + TO VERBE 768
104.WHIP + ACROSS VERBE 804
105.WHIP + INTO VERBE 927
106.WHISPER + ACROSS VERBE 837
107.WRINKLE + IN VERBE 798
_________________________________________________________________________________
240
Chapitre 7 Les verbes prépositionnels
_________________________________________________________________________________

108.WRITE + ACROSS VERBE 2556


109.ZIGZAG + TO VERBE 760

Les mouvements exprimés par ces verbes peuvent, par ailleurs,


être littéraux ou métaphoriques:

Sometimes an idea floated harmlessly through the room. It


was like a small white bird. It meant no ill-will... But I would
strike at it, hammer it out across the keyboard, and it would
die on my hands. (VERBE 748)

I could not even now leave my picture, although the sun was
down and the room fading to monochrome. (VERBE 1650)

Les sens ajoutés par le choix des premiers termes peuvent relever
de diverses grandes familles. Nous ne citons et n'illustrons ici que
les plus significatives de ces familles de sens:

7.3.1 Humeur

You'll have to bear with me, Miss Mayella, I'm getting along
and can't remember as well as I used to. (VERBE 2795)

And so it came to pass that the Virgin Mary sulked through


our rehearsal (VERBE 1726)

VERBE COMPLEXE Réf. PB_GRAM


BEAR + WITH VERBE 2795
BEEF + ABOUT VERBE 1249
BICKER + AT VERBE 1533
CLOWN + THROUGH VERBE 2665
FUSS + OVER VERBE 1543
LAUGH + INTO VERBE 2899
MULL + OVER VERBE 2237
SCOFF + AT VERBE 1492
SMILE + INTO VERBE 1195
SULK + THROUGH VERBE 1726

_________________________________________________________________________________
241
Chapitre 7 Les verbes prépositionnels
_________________________________________________________________________________

7.3.2 Musique, sons, bruits, etc.

Stones pinged off the bodywork of the car. (VERBE 1158)

Dinner talk focused deliberately on other subjects, and Kelly


found himself delivering a lengthy discourse on the bottom
contours of the Cheesapeake Bay, and segueing into what
he knew about good fishing spots. (VERBE 2833)

VERBE COMPLEXE Réf. PB_GRAM


1. CANNON + INTO VERBE 705
2. CANNONADE + INTO VERBE 2124
3. COUGH + INTO VERBE 2696
4. CRY + TO VERBE 1426
5. CRY + TO VERBE 915
6. HOWL + OUT OF VERBE 926
7. PING + OFF VERBE 1158
8. ROAR + OUT OF VERBE 1813
9. ROTOR-THROB + INTO VERBE 2607
10.SCREAM + DOWN VERBE 1117
11.SEGUE + INTO VERBE 2833
12.SEGUE + INTO VERBE 2579
13.SHOUT + DOWN VERBE 2862
14.SHRIEK + UP VERBE 1945
15.SING + INTO VERBE 636
16.SING + TO VERBE 2584
17.SNIFFLE + TO VERBE 2854
18.SWISH + PAST VERBE 1833
19.TICK + INTO VERBE 2518
20.THUNDER + DOWN VERBE 1050
21.THUNK + INTO VERBE 1160
22.VAROOM + DOWN VERBE 2691
23.WHISPER + ACROSS VERBE 837

7.3.3 Ingestion (aliments, boissons, médecines, drogues)

I ordered a pitcher of beer, and then another, and drank


myself into a nether world of hallucinations (VERBE 616)

_________________________________________________________________________________
242
Chapitre 7 Les verbes prépositionnels
_________________________________________________________________________________

Essie was supposed to be eating herself into an early grave.


Also smoking herself to death. (VERBE 554)

VERBE COMPLEXE Réf. PB_GRAM


1. DRINK + INTO VERBE 1437
2. DRINK + INTO VERBE 610
3. DRINK + TO VERBE 2608
4. DRUG + INTO VERBE 1799
5. EAT + INTO VERBE 554
6. EAT + OUT VERBE 921
7. EAT + UNDER VERBE 651
8. SMOKE + TO VERBE 695

7.3.4 Sommeil, Eveil

Presently, because it was warm and he had lulled himself


into peace, he slept. (VERBE 731)

The bloated delegates met in an upstairs room and dozed


through my inoffensive lecture, waking at noon to rush
downstairs to a spectacular lunch. (VERBE 1769)

VERBE COMPLEXE Réf. PB_GRAM


DOZE + THROUGH VERBE 1769
LULL + INTO VERBE 725
LULL + INTO VERBE 731
LULL + INTO VERBE 784
SLEEP + THROUGH VERBE 646

_________________________________________________________________________________
243
Chapitre 7 Les verbes prépositionnels
_________________________________________________________________________________

7.3.5 Gestes

I went in. Ginga was there too. She went to the kitchen to
make me a cup of coffee. Mallabar flourished me into a seat.
(VERBE 1333)

As Morgan drew near Adekunle's house he was waved down


by a uniformed guard and told to park his car some distance
away. (VERBE 1136)

VERBE COMPLEXE Réf. PB_GRAM


1. BECKON + INTO VERBE 1148
2. BECKON + TO VERBE 1271
3. FLICK + THROUGH VERBE 993
4. FLOURISH + INTO VERBE 1333
5. GESTURE + TOWARDS VERBE 811
6. HAMMER + TO VERBE 777
7. PUNCH + INTO VERBE 1541
8. RIFFLE + THROUGH VERBE 1517
9. RUB + INTO VERBE 766
10.SHOW + INTO VERBE 1644
11.SHOW + INTO VERBE 1439
12.SHOW + INTO VERBE 720
13.SHOW + UP VERBE 1018
14.SHRUG + INTO VERBE 1564
15.WAVE + DOWN VERBE 1081
16.WAVE + TO VERBE 1498
17.WHIP + TO VERBE 929

7.3.6 Regard

It was there, gazing down a long aisle of frozen food, out


past the checkout stands... that she found herself entering a
moment of undeniable clairvoyance... (VERBE 2591)

Spade stared through the girl and spoke as if using speech


to arrange his thoughts. (VERBE1238)

_________________________________________________________________________________
244
Chapitre 7 Les verbes prépositionnels
_________________________________________________________________________________

VERBE COMPLEXE Réf. PB_GRAM


1. GAZE + DOWN + PAST VERBE 2591
2. GAZE + INTO VERBE 1579
3. LOOK + ABOUT VERBE 1461
4. LOOK + AFTER VERBE 1381
5. LOOK + DOWN (NOSE) VERBE 1649
6. LOOK + FOR VERBE 1009
7. LOOK + INTO VERBE 1367
8. LOOK + OFF VERBE 1708
9. LOOK + OFF VERBE 1691
10.LOOK + ON VERBE 1670
11.LOOK + OUT VERBE 2836
12.LOOK + OVER VERBE 2807
13.LOOK + OVER VERBE 1883
14.LOOK + THROUGH VERBE 1598
15.LOOK + TO VERBE 2106
16.LOOK + UP VERBE 1420
17.LOOK + UP VERBE 2261
18.STARE + OUT OF VERBE 851
19.STARE + THROUGH VERBE 1238
20.STARE + TO VERBE 2790
21.STARE + UP VERBE 2070

7.3.7 Perception visuelle

"That's swell, as long as he doesn't get too enthusiastic to see


through it if it is phony." (VERBE 1248)

"Are you gonna read yourself to death ?" Buster demanded


indignantly... (VERBE 2823)

VERBE COMPLEXE Réf. PB_GRAM


READ + THROUGH VERBE 2850
READ + TO VERBE 2823
SEE + DOWN VERBE 1560
SEE + THROUGH VERBE 1456
SEE + THROUGH VERBE 1673
SEE + THROUGH VERBE 1248
SEE + TO VERBE 1801
SEE + TO VERBE 1553
_________________________________________________________________________________
245
Chapitre 7 Les verbes prépositionnels
_________________________________________________________________________________

7.3.8 Ecoute, perception auditive

People generally see what they look for, and hear what they
listen for. (VERBE 2793)

VERBE COMPLEXE Réf. PB_GRAM


LISTEN + FOR VERBE 2793
LISTEN + FOR VERBE 2741
LISTEN + FOR VERBE 1661

7.3.9 Parole

"I'll behave, Harrie, if you take me, and I won't tell on you
either... Please, lemme go, Mingo. I ain't never seen a big
dance in my life. I wanta go. (VERBE 2820)

VERBE COMPLEXE Réf. PB_GRAM


TELL + ON VERBE 2820

7.3.10 Croissance/Rétrécissement

And Gray waved from the bus until the little figure in the dark
beret... had dwindled to a black spot in the white dusty
square. (VERBE 730)

His imagination had enlarged a rumour into fact


(VERBE 818)

VERBE COMPLEXE Réf. PB_GRAM


1. BE + OFF 1. VERBE 2629
2. BUILD + OUT OF 2. VERBE 2637
3. DWINDLE + TO 3. VERBE 730
4. EMPTY + INTO 4. VERBE 2843
5. ENLARGE + INTO 5. VERBE 818
6. GAIN + ON 6. VERBE 1792

_________________________________________________________________________________
246
Chapitre 7 Les verbes prépositionnels
_________________________________________________________________________________

7. GROW + INTO 7. VERBE 870


8. GROW + OUT OF 8. VERBE 787

7.3.11 Changement d'état

He sees both the truth and the sadness of the fact that war
calls forth a comradely love that would prevent wars if only
prolonged into peace. (VERBE 937)

The claymore of commonsense cut them back to as normal a


state as they were ever likely to inhabit, welcomed by George
who felt he had muddled into saying daft things.
(VERBE 2499)

VERBE COMPLEXE Réf. PB_GRAM


1. CHANGE + INTO 1. VERBE 682
2. DISAPPEAR + DOWN 2. VERBE 1800
3. DISPOSE + OF 3. VERBE 2853
4. FREEZE + ON 4. VERBE 2719
5. INVALID + OUT OF 5. VERBE 1568
6. LAPSE + INTO 6. VERBE 689
7. MELT + UP 7. VERBE 2460
8. MUDDLE + INTO 8. VERBE 2499
9. OPEN + OFF 9. VERBE 2715
10.OPEN + ONTO 10.VERBE 2611
11.ORGANIZE + INTO 11.VERBE 1468
12.PRIMP + INTO 12.VERBE 2662
13.PROLONG + INTO 13.VERBE 937
14.SETTLE + INTO 14.VERBE 885

7.3.12 Position dans l'espace

Cette catégorie constitue un cas limite, car elle n'exprime pas, à


proprement parler, de mouvement (réel ou figuré) tendant vers un
but. Cependant, les constructions sont bâties selon la même
logique. La seule différence réside dans l'ajout de sens apporté à
la solution minimale. Si l'on considère que tout degré de

_________________________________________________________________________________
247
Chapitre 7 Les verbes prépositionnels
_________________________________________________________________________________

mouvement évolue entre ∅, pour un objet immobile, et +∞, pour


un objet animé d'une vitesse infinie, les verbes complexes qui
suivent expriment tous une forme de degré zéro de mouvement
(littéral ou figuratif):

VERBE COMPLEXE Réf. PB_GRAM


HANG + OFF VERBE 2651
HANG + OVER VERBE 1847
LEAN + TO VERBE 1320
LIE + BETWEEN VERBE 2890
WAIT + ON VERBE 1811
WAIT + THROUGH VERBE 1305

7.4 Procès nécessitant l'intervention d'un participant


extérieur

Les verbes complexes suivants se distinguent des précédents en


ce qu'ils figurent dans des énoncés dans lesquels le procès
nécessite, pour son accomplissement, l'intervention d'un
participant extérieur, distinct du référent du sujet agent. Il s'agit
pour l'énonciateur d'exercer son influence sur le sujet agent en
vue de la réalisation du procès.
Les ajouts de sens au premier terme des combinaisons de ce type
concernent essentiellement les domaines de la permission, la
requête, la discussion, l'intimidation, l'aide, la contrainte et la
ruse.

7.4.1 Permission

Only people medically certified as dependent (on drugs) would


be allowed into the program. (VERBE 1578)

VERBE COMPLEXE Réf. PB_GRAM


1. ALLOW + INTO VERBE 1578

_________________________________________________________________________________
248
Chapitre 7 Les verbes prépositionnels
_________________________________________________________________________________

2. ALLOW + PAST VERBE 562


3. INVITE + INTO VERBE 634
4. PERMIT + BEYOND VERBE 2702
5. USHER + INTO VERBE 1258

7.4.2 Requête

She beckoned him into the room. (VERBE 1148)

VERBE COMPLEXE Réf. PB_GRAM


1. BECKON + INTO VERBE 1148
2. BECKON + TO VERBE 1271
3. CALL + INTO VERBE 1052
4. CALL + ON VERBE 2079
5. SEND + FOR VERBE 2178
6. SEND + FOR VERBE 1257
7. SEND + FOR VERBE 1170
8. SEND + FOR VERBE 877
9. SEND + FOR VERBE 1623
10.URGE + INTO VERBE 944
11.WAVE + TO VERBE 1498

7.4.3 Discussion, persuasion

By telling you anything at all I'm at least believing in you. I


believe you're there, I believe you into being. Because I'm
telling you this story I will your existence. I tell, therefore you
are. (VERBE 2722)

VERBE COMPLEXE Réf. PB_GRAM


1. ARGUE + INTO VERBE 868
2. ARGUE + OUT OF VERBE 667
3. ARGUE + OUT OF VERBE 835
4. BELIEVE + INTO VERBE 2722
5. PERSUADE + INTO VERBE 897
6. PERSUADE + INTO VERBE 880
7. PREACH + INTO VERBE 856

_________________________________________________________________________________
249
Chapitre 7 Les verbes prépositionnels
_________________________________________________________________________________

8. PROVOKE + INTO VERBE 906


9. PROVOKE + OUT OF VERBE 2638
10.REASON + INTO VERBE 850
11.REASON + INTO VERBE 900
12.REASON + OUT OF VERBE 2753
13.SHAME + INTO VERBE 2511
14.SHAME + INTO VERBE 590
15.SHAME + OUT OF VERBE 939
16.SWEET-TALK + OUT OF VERBE 650
17.TALK + INTO VERBE 916
18.TALK + INTO VERBE 2478
19.TALK + INTO VERBE 641
20.TALK + INTO VERBE 1665
21.TALK + OFF VERBE 788
22.TALK + OUT OF VERBE 635
23.TEASE + INTO VERBE 735
24.VEX + INTO VERBE 913
25.WILL + INTO VERBE 609
26.WILL + INTO VERBE 953
27.WILL + OUT OF VERBE 808

7.4.4 Intimidation, contrainte

I know you can't afford to kill me till you have it, how are you
going to scare me into giving it to you ?

VERBE COMPLEXE Réf. PB_GRAM


1. AWE + INTO VERBE 696
2. BLUDGEON + INTO VERBE 700
3. CHASE + OVER VERBE 1013
4. HUNT + TO VERBE 694
5. JADE + OUT OF VERBE 690
6. NAG + INTO VERBE 719
7. PULL + INTO VERBE 1091
8. PULL + INTO VERBE 1341
9. PUNCH + INTO VERBE 1541
10.PURSUE + INTO VERBE 669
11.SCARE + INTO VERBE 1284
12.STARVE + INTO VERBE 911
13.TERRIFY + OUT OF VERBE 1563
14.TERRORIZE + INTO VERBE 2503
15.WORRY + INTO VERBE 607
_________________________________________________________________________________
250
Chapitre 7 Les verbes prépositionnels
_________________________________________________________________________________

7.4.5 Aide, invitation

She helped him assist mother into a room so shabby and so


dirty that I could honestly say that I had never seen anything
like it before. (VERBE 2341)

VERBE COMPLEXE Réf. PB_GRAM


1. ASSIST + INTO VERBE 2341
2. BRING + TO VERBE 2727
3. HELP + UP VERBE 2406
4. HELP + TOWARDS VERBE 718
5. LEAD + INTO VERBE 734
6. LEAD + OUT OF + INTO VERBE 678
7. LEAD+ INTO VERBE 1538
8. SHOW + INTO VERBE 1644
9. SHOW + INTO VERBE 1439
10.SHOW + INTO VERBE 720

7.4.6 Ruse

She hoped the unchartered area would diminish in extent,


wanting him never to vanish from her sight for as long as he
could be enchanted into staying. (VERBE 2514)

VERBE COMPLEXE Réf. PB_GRAM


1. ATTRACT + INTO VERBE 917
2. CHARM + FROM VERBE 1641
3. CHEAT + OUT OF VERBE 1701
4. CONJURE + WITH VERBE 1749
5. CONJURE + WITH VERBE 2685
6. ENCHANT + INTO VERBE 2514
7. FOOL + INTO VERBE 2825
8. JINX + INTO VERBE 802
9. MAGIC + OUT OF VERBE 1458
10.TEMPT + INTO VERBE 712
11.TRICK + INTO VERBE 792

_________________________________________________________________________________
251
Chapitre 7 Les verbes prépositionnels
_________________________________________________________________________________

7.5 Les verbes prépositionnels avec WAY

Tous les énoncés des catégories qui précèdent sont semblables


sur deux points:

a) que les mouvements exprimés soient littéraux ou figuratifs, ils


affectent toujours le référent du sujet agent, que celui-ci soit, ou
non, confondu avec l'énonciateur:

1) Since the days when, as a schoolboy, I used to bicycle


round the neighbouring parishes... I had nursed a love of
architecture. (VERBE 1603)

2) He showed the mayor into the living-room. (VERBE 720)

Dans (1), sujet énonciateur, sujet grammatical et sujet agent ont


le même référent, le mouvement affecte le sujet agent: c'est sa
situation qui a changé après l'accomplissement du procès. Dans
(2), le référent de the mayor "subit" la volonté d'un sujet
énonciateur, mais c'est lui qui change de position dans l'espace à
l'aboutissement du procès, il est, pour nous, sujet agent.

b) Le premier terme, qu'il soit une solution minimale ou non,


indique toujours l'existence d'un mouvement (littéral ou figuratif),
et éventuellement la manière dont il est effectué, pour conduire
au but indiqué par la préposition. Dans (1) la bicyclette est
utilisée comme moyen du transport indiqué par la préposition
round, et dans (2), le geste du sujet énonciateur est également le
moyen par lequel le référent du sujet agent est introduit dans la
pièce.

Il existe toutefois de nombreuses situations d'énonciation dans


lesquelles ces deux conditions ne peuvent être satisfaites, car le
premier terme, même s'il a toutes les apparences d'un verbe de
mouvement, n'indique en fait que la manière dont le mouvement
est effectué. Il est incapable, à lui seul, d'en poser l'existence
préalable.

_________________________________________________________________________________
252
Chapitre 7 Les verbes prépositionnels
_________________________________________________________________________________

Dans de telles situations, l'énonciateur a recours à un adjuvant


dont le rôle est, précisément, de poser l'existence du mouvement
et d'établir un lien entre ce mouvement et son affecté. L'adjuvant
par excellence dans ce cas est donc double: PRONOM AU
GÉNITIF + WAY, que le mouvement soit littéral ou figuratif.

Si nous examinons l'énoncé suivant:

3) She slowly eased her way into the hall and halfway up
the narrow staircase. (VERBE 1922)

La glose:

3') K She slowly eased into the hall and halfway up the
narrow staircase.

est impossible, car le verbe EASE, est incapable, à lui seul, de


poser l'existence d'un mouvement affectant le référent du sujet
agent. On note que cette lacune n'existe pas dans le cas de
l'utilisation d'une solution minimale (dont le rôle est justement de
poser l'existence du mouvement). Le déficit sémantique est alors
limité à la description de la manière dont le mouvement est
effectué:

3'') She slowly went into the hall and halfway up the narrow
staircase

Le même raisonnement peut être appliqué aux énoncés décrivant


des mouvements figuratifs, à la différence près qu'il est parfois
plus difficile dans de tels cas de recourir à des solutions
minimales:

4) Thousands of families in Britain could eat their way out


of debt. (VERBE 2266)

La glose:

4') K Thousands of families in Britain could eat out of debt.


_________________________________________________________________________________
253
Chapitre 7 Les verbes prépositionnels
_________________________________________________________________________________

est impossible, mais pas le recours à une solution minimale:

4'') Thousands of families in Britain could go out of debt.

même si le déficit sémantique par rapport à l'énoncé original est


très important, car une telle solution interdit tout travail "imagé"
de reconstruction du sens par le co-énonciateur.

Les tableaux suivants contiennent toutes les occurrences du


morphème WAY dans les verbes complexes de notre corpus
PB_GRAM:

Emplois littéraux

VERBES COMPLEXES Réf. PB_GRAM


1. CLAW + WAY + BACK TO VERBE 1144
2. COIL + WAY + THROUGH VERBE 2687
3. EASE + WAY + INTO VERBE 1922
4. EASE + WAY + THROUGH VERBE 1139
5. EDGE + WAY + ROUND VERBE 1034
6. EDGE + WAY + THROUGH VERBE 1137
7. FEEL + WAY + AROUND VERBE 1440
8. FIGHT + WAY + THROUGH VERBE 763
9. FIGHT + WAY + THROUGH VERBE 1138
10.GROPE + WAY + OUT 0F VERBE 2910
11.KNIFE + WAY + TO VERBE 642
12.LAUGH + WAY + INT0 VERBE 596
13.PICK + WAY + ACROSS VERBE 1493
14.PUFF + WAY + UPSTAIRS VERBE 2150
15.PUNCH + WAY + THROUGH VERBE 1163
16.PUSH + WAY + ROUND + TO VERBE 1036
17.SHOOT + WAY + TOWARD VERBE 693
18.SHOULDER + WAY + THROUGH VERBE 1750
19.THREAD + WAY + THROUGH VERBE 1032
20.TOOTH PASTE + WAY + ACROSS VERBE 2763
21.WEAVE + WAY + AMONG VERBE 1027
22.WEAVE + WAY + THROUGH VERBE 1525
23.WHISTLE + WAY + INTO VERBE 803

_________________________________________________________________________________
254
Chapitre 7 Les verbes prépositionnels
_________________________________________________________________________________

Emplois figuratifs

VERBES COMPLEXES Réf. PB_GRAM


1. CHEAT + WAY + INTO VERBE 1126
2. DOUBLE-FAULT + WAY VERBE 691
3. DRINK + WAY + THROUGH VERBE 1130
4. EAT + WAY + OUT OF VERBE 2266
5. EAT + WAY + THROUGH VERBE 2789
6. FORCE + WAY + INTO VERBE 733
7. GIGGLE + WAY + INTO VERBE 2731
8. HEAR + WAY + AROUND VERBE 2586
9. KNEAD + WAY + THROUGH VERBE 2267
10.LIVE + WAY + INTO VERBE 935
11.MUMBLE + WAY + THROUGH VERBE 817
12.SHUDDER + WAY + INTO VERBE 1424
13.SQUIRM + WAY + THROUGH VERBE 2786
14.SUN + WAY + BACK TO VERBE 934
15.WORK + WAY + THROUGH VERBE 2708
16.WORK + WAY + TO VERBE 882

7.6 Conclusion

Il est possible d'affirmer que la caractéristique principale des


verbes prépositionnels est leur grande souplesse, conséquence de
leurs trois modes de formation possibles que nous avons résumés
dans le tableau suivant:

Solution minimale
(existence du ∅ préposition
mouvement)
Verbe de mouvement
(solution minimale + type ∅ préposition
de mouvement)
Verbe de mouvement (∅ PRONOM AU préposition
+ type de mouvement) GÉNITIF
+ WAY

_________________________________________________________________________________
255
Chapitre 7 Les verbes prépositionnels
_________________________________________________________________________________

Ce schéma de formation est ouvert à une infinité de variations,


fruits des constructions issues des images mentales que les
énonciateurs construisent par association de tous les éléments
constitutifs possibles en utilisant le matériau de base que
constitue la langue. Il ne s'agit cependant pas là, nous l'avons vu,
de leur seul intérêt. La majorité des prépositions peuvent, par
effacement du complément qu'elles introduisent, devenir des
adverbes et conduire à la transformation de simples structures
prépositionnelles en verbes complexes adverbiés. Les verbes
adverbiés peuvent, à leur tour, se prêter à de multiples
utilisations, littérales ou métaphoriques. Nous leur consacrons le
chapitre suivant.

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Chapitre 8 Les verbes adverbiés et quasi-adverbiés
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p 8. LES VERBES ADVERBIÉS ET QUASI-ADVERBIÉS

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257
Chapitre 8 Les verbes adverbiés et quasi-adverbiés
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Nous avons, dans les chapitres précédents, défini le verbe complexe


adverbié comme une combinaison à deux termes: un verbe et un
adverbe, qui peut être formée ainsi:

1. Verbe "pur" (put, think, etc.),


2. Produit de la délimitation verbale d'une notion plus
1. Verbe "large" (look, take, walk, work, etc.),
3. Produit du changement de statut grammatical d'un
nom (chicken, zero, bicycle, helicopter, etc.).

1. Adverbe "pur" (ahead, away, out, etc.),


2. Produit du changement de statut grammatical d'une
préposition (up, down, in, etc.),
2. Adverbe 3. Produit du changement de statut grammatical d'un
adjectif (happy, proud, silly, waste, etc.),
4. Produit du changement de statut grammatical d'un
nom (home, parallel, wolf),
5. Produit du changement de statut grammatical d'un
verbe (fall, fly, go).

La condition nécessaire pour que l'on puisse parler de verbe complexe


adverbié (VA) est l'accolage du deuxième terme au premier. Les deux
termes accolés forment alors une lexie composée dont le sens global
peut trouver son origine à la fois dans le sens de chacun de ses
éléments constitutifs et/ou dans le nouveau sémantisme fondamental,
produit de l'accolage, en général la délimitation d'un "nouveau"
domaine sémantique (voir les divers sens de TAKE OFF au chapitre 4,
par exemple). L'origine du "nouveau" domaine sémantique peut
toujours être retrouvée dans les éléments de base de la nouvelle lexie,
en vertu du principe énoncé par Larreya (1990 : p.203):

" [...] la description d'une valeur sémantique fondamentale n'est vraisemblable que
si elle permet d'expliquer tous les emplois existant en discours."

Nous avons également montré que le processus d'accolage est


dynamique. Ce dynamisme est inhérent au phénomène. La langue ne
saurait être figée, et le processus d'accolage ne saurait être analysé

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Chapitre 8 Les verbes adverbiés et quasi-adverbiés
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efficacement si l'on passe sous silence les échanges bi-directionnels


fondamentaux entre langue et discours. D'une part, l'énonciateur
utilise, pour construire son message, les outils que constitue la
langue, et d'autre part, certains emplois spécifiques en discours
deviennent, une fois acceptés par la majorité, de nouveaux éléments
de langue.

Langue Discours
Énonciateu
r

Ces échanges constants entre langue et discours (la différence entre


une langue vivante et une langue morte) expliquent la richesse des
verbes complexes adverbiés. Ils en expliquent également les difficultés,
car ils induisent nécessairement des zones de flou: l'intégration par la
langue d'éléments de discours ne peut être que progressive. Ces zones
de flou se situent, à notre sens, à deux points stratégiques de la
genèse de ces verbes:

• A la transformation d'une combinaison VERBE + ADVERBE banale


en verbe complexe adverbié. Nul ne saurait imaginer, en effet, un
changement de statut instantané et simultané pour tous les
énonciateurs: ce qui explique que des formes comme He took his
jacket off (combinaison, à l'origine au moins, banale) et He took off
his jacket (combinaison adverbiée accolée) puissent parfaitement
coexister.

• A la transformation d'une combinaison VERBE+PRÉPOSITION en


combinaison VERBE+ADVERBE, surtout en l'absence d'ellipse du
complément introduit par la préposition. Cette étape est celle des
quasi-adverbiés (QA), qui peuvent parfois être perçus indifféremment
comme des combinaisons prépositionnelles ou adverbiées, sans grand
dommage à la qualité du message transmis: c'est le cas des
combinaisons GLOSS OVER que nous avons exposées au chapitre 3
par exemple; c'est le cas aussi des combinaisons comportant la

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Chapitre 8 Les verbes adverbiés et quasi-adverbiés
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préposition OFF, par exemple, dont le complément n'est pas effacé, et


ce en raison de l'accentuation "obligatoire" du morphème
monosyllabique OFF qui n'a pas de forme faible.

Il va de soi qu'une fois l'accolage réalisé, le programme sémique d'une


combinaison quelconque ne peut que dépendre, de près ou de loin,
des programmes sémiques de ses éléments constitutifs. Nous nous
proposons de le démontrer par l'analyse de certains énoncés de notre
corpus PB_GRAM que nous jugeons les plus pertinents. L'objet de
notre travail n'étant pas l'explication de tous les sens de toutes les
combinaisons que nous avons relevées pour notre recherche (cette
tâche est celle du lexicologue), nous avons, en conséquence, limité
notre étude à l'analyse de l'ajout de sens apporté aux verbes par les 12
deuxièmes termes adverbiaux les plus fréquents de notre base de
données et avons établi une classification en deux catégories:

• Les deuxièmes termes à statut grammatical simple (adverbes), qui


peuvent donner naissance à des verbes complexes adverbiés: UP,
OUT, OFF, DOWN, ON, TO et ALONG. (Toutefois, nous n'incluons
pas dans cette liste toutes les combinaisons que nous avons déjà
analysées en détail dans les chapitres 1 à 5. Notamment les
adverbiés avec OFF).

• Les deuxièmes termes à statut grammatical double (adverbes ou


quasi-adverbes), qui peuvent donner naissance soit à des adverbiés,
soit à des quasi-adverbiés: OVER, IN, BY, THROUGH et ACROSS.

Nous nous référons, à chaque fois que cela est possible, à la


classification des sens établie par Chalker (1984: pp. 235-36,
Meanings of Phrasal Verbs) et SOED (1965), pour analyse et
discussion.

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Chapitre 8 Les verbes adverbiés et quasi-adverbiés
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8.1 Les deuxièmes termes à statut grammatical simple


(adverbes)

8.1.1 UP

Dans notre corpus PB_GRAM, les verbes le plus souvent associés


à UP sont: LOOK: 18, PUT: 16, MAKE: 10, BRING: 7, COME: 7,
GET: 6, PICK: 6, TAKE: 6, STAND: 5, TURN: 5, HOLD: 4, KEEP: 3,
LIVE: 3, DO: 2, LISTEN: 2, PULL: 2, et STICK: 2.

Si nous nous référons au programme sémique de UP tel qu'il est


donné par SOED (1965: p.2318):

UP: adv. To or towards a point or place higher than another and lying directly
(or almost directly) above it...,

il est possible d'imaginer sans grand risque d'erreur l'affinité


particulière que peuvent avoir toutes les combinaisons dont le
deuxième terme est UP avec l'idée d'élévation (littérale ou
métaphorique), puisqu'il s'agit du sens de base de l'adverbe.

Cependant, Chalker (1984: p. 236) isole trois familles de sens de


UP quand il apparaît dans des combinaisons verbales complexes:

UP 1. Higher / superior position


2. Direction towards
3. Intensifying - completion or destruction

S'il est clair que le sens (1) correspond tout à fait à la définition
de SOED, il est parfois difficile, sans analyse détaillée, de
comprendre comment les sens (2) et (3) peuvent être considérés
comme des extrapolations à partir de ce sens de base. A notre
avis, ces interprétations sont le résultat d'une ou plusieurs
opérations mentales du type que nous avons décrit au chapitre 5:
imitation, déduction, inférence et généralisation.

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Chapitre 8 Les verbes adverbiés et quasi-adverbiés
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LOOK UP

L'énoncé:

1) She was sitting with a book on her knee, and happened to


look up and smile as we passed. (LOOK1-G34 p. 37)

est une illustration d'un emploi littéral de la combinaison LOOK


UP. Il s'agit ici simplement d'un emploi du verbe LOOK,
intransitif, modifié par l'adverbe UP. L'adverbe, normalement
incident au verbe, participe au sens de l'énoncé en indiquant la
direction générale du regard.

Il en est de même pour:

2) Miss Wonderly looked up at Spade, quickly, puckering her


forehead between her eyebrows. (VERBE 1166)

et:

3) While the three of them ran down the profession of


journalism, Felix looked up to the head of the table to where
Gabriel and his wife sat. (VERBE 1470)

L'ajout de sens est dû ici aux prépositions AT et TO, qui


indiquent, dans (2) le but atteint, et dans (3) les buts à atteindre.
Dans chacun des cas le sens est littéral. Ces trois énoncés
illustrent les caractéristiques sémantiques des éléments séparés
et autonomes LOOK, UP, AT et TO. Il s'agit des outils que
l'énonciateur peut, par opérations mentales successives, utiliser
pour construire des sens nouveaux.

Dans (4) par exemple,

4) No Gotham would stoop to harm a policeman. The police


have always respected and looked up to us. (VEBRE 2759)

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Chapitre 8 Les verbes adverbiés et quasi-adverbiés
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on comprend que le nouveau sens est figuratif. La position


figurative des policiers "en dessous" des Gotham n'est due qu'au
sentiment de supériorité de ces derniers, exprimé, entre autres
signifiants, par le verbe STOOP. Ce nouveau sens est la
conséquence des emplois figuratifs de STOOP d'abord, et de TO
ensuite. Ce n'est qu'associée à TO, qui implique un but non
atteint (et situé "au-dessus" de l'énonciateur) que la combinaison
LOOK UP peut signifier "respecter" ou "admirer".

Tous les contextes ne sont pas toujours aussi limpides, mais à


chaque fois que la combinaison LOOK UP signifie "admirer", une
situation similaire peut être reconstruite. C'est le verbe complexe
adverbié LOOK UP seul qui signifie "respecter" ou "admirer". Il ne
peut cependant revêtir ce sens qu'une fois associé à la
préposition TO, qui fonctionne alors comme un adjuvant. En
d'autres termes, un regard porté vers le haut ne peut être
admiratif que si sa cible "supérieure" n'est pas atteinte: en
l'absence de la préposition TO, l'adverbié LOOK UP ne signifie
jamais "admirer".

Comme nous l'avons montré, les verbes adverbiés ne peuvent


comporter plus de deux termes, et cette particularité est
confirmée par leurs caractéristiques prosodiques. Dans (4), c'est
LOOK UP seul qui constitue un "groupe de sens" selon la
définition établie par O'Connor et Arnold (1961: p. 3): UP est
accentué, TO ne l'est pas, et si un pause est marquée, elle
apparaît avant TO et non après. Si l'on reprend le système de
notation qu'ils présentent, le schéma intonatif de la fin de
l'énoncé est le suivant:

and looked up to us

l
l l  l
l

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Chapitre 8 Les verbes adverbiés et quasi-adverbiés
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Le système est parfaitement cohérent, et LOOK DOWN,


l'antonyme adverbié de LOOK UP, est construit exactement sur le
même modèle:

5) 'It's a beautiful carpet Lady Abbess,' says Walburga,


looking down at the rich green expanse beneath her feet.
(VERBE 2533)

6) Bock knew he was better than they could ever hope to be.
He looked down on all of them and their pointless little lives,
and whatever he did to them - for them, he still tried to
believe - was for him alone to decide. (VERBE 2676)

Dans (5), LOOK DOWN indique simplement la direction du


regard, qui atteint sa cible (AT). Dans (6), c'est LOOK DOWN seul
qui signifie "mépriser", et ON fonctionne également comme un
adjuvant puisqu'il renforce l'idée d'origine supérieure du regard
inhérente à la combinaison LOOK DOWN. L'origine de cette
interprétation est sans doute à rechercher dans des énoncés
prépositionnels comme:

7) Thank God for that, they always look down their noses
at me, anyhow. (VERBE 1649)

8) Was there a bus ? Of course they'd had plenty of


provocation from us, you can look at it that way, and maybe
that was an excuse for them looking down their noses as if
a bus was something they'd never heard of... (VERBE 1435)

Dans ces cas c'est le "groupe de sens" DOWN THEIR NOSES qui
indique la direction plongeante du regard – et donc la profondeur
du mépris.

Il faut noter cependant que LOOK DOWN associé à ON ne signifie


pas nécessairement "mépriser" (voir corpus PB_GRAM), seuls la
situation d'énonciation et le contexte peuvent imposer ce sens.
Associé à la préposition AT, LOOK DOWN est, par contre,
toujours interprété littéralement.
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Chapitre 8 Les verbes adverbiés et quasi-adverbiés
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Si quelqu'un ou quelque chose, situé en position supérieure par


rapport à un énonciateur quelconque, est digne d'admiration, il
est compréhensible que toute progression visant à atteindre cette
position supérieure soit interprétée comme une amélioration. Il
est donc, à notre sens, sinon normal, du moins tout à fait
naturel, étant donné les possibilités qu'offrent la langue et les
processus que nous avons décrits par ailleurs, que l'adverbié
LOOK UP puisse se prêter à des emplois réversibles pour en venir
à signifier "s'arranger", "s'améliorer", comme dans:

9) 'Only an hour and ten minutes behind schedule,' Morgan


said. 'Things are looking up.' (VERBE 1132)

L'adverbié LOOK UP peut cependant avoir un autre sens, celui de


"vérifier", "aller voir":

10) Paul actually looked up the phone number of the nearest


police station and dialled the first three digits of the number.
(VERBE 1422)

11) 'And it turns out Old Slick's got family up there, don't know
if I should look'em up or not.' (VERBE 2654)

dont l'origine est à rechercher dans un autre mécanisme. Selon


nous, ce sens est né d'un double processus, du même type que le
précédent, quoique sensiblement différent. D'une part, le sens de
LOOK est semblable à celui qui figure dans l'énoncé:

12) Felix saw a woman in the queue looking him up and


down (VERBE 1529)

Il n'y a pas ici d'adverbié, et HIM est complément direct du seul


verbe LOOK, transitif. Regarder quelqu'un de la sorte signifie bien
vérifier comment il est fait.

D'autre part, le UP de look up a phone number doit être


interprété comme celui de:

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Chapitre 8 Les verbes adverbiés et quasi-adverbiés
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13) She had reached across, almost as if to pick up from the


table, the rose perhaps that had fallen from its vase
(VERBE 1400)

Il s'agit ici de la description d'un mouvement de "prise", de


"soulèvement" à partir de la position initiale, comme on prendrait
une carte sur une table, par exemple, de manière à pouvoir lire ce
qui y est inscrit. LOOK UP, comme dans look up a phone
number, est donc un verbe complexe né du résultat d'un accolage
du verbe LOOK transitif, pris dans son sens littéral, et de
l'adverbe UP, à qui est conféré un sens figuré, puisque l'action de
soulèvement reste, dans ce cas, au stade de l'image mentale dans
l'esprit de l'énonciateur.

MAKE UP

L'énoncé:

1) One tiny little shop presided over by a skinny harridan


whose hands never seemed to have been washed, would
make up a pennyworth of almost anything that could be
divided up. (VERBE 2227)

résume le schéma de base à partir duquel sont construits tous


les autres sens de la combinaison: il s'agit de l'image d'un
empilage qui aboutit à une forme finale. On imagine très
aisément ici les éléments (sans doute peu nombreux...) posés les
uns sur les autres sur le plateau d'une balance, jusqu'à former
un tas de la valeur d'un penny. Quand la valeur est atteinte, la
dernière pièce est "en haut" et le tas a fini de monter. Ceci
explique le sens de UP "intensifieur de l'idée d'accomplissement"
décrit par Chalker (voir plus haut). Il s'agit en réalité du sens
littéral du morphème, le même que celui que l'on retrouve dans:

Anyway, you'll be able to go back to it when the children are


grown up. (GROW1-GY1 p. 161)

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Chapitre 8 Les verbes adverbiés et quasi-adverbiés
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Dans les emplois dérivés, construits par imitation (première


opération mentale), l'idée d'élévation s'estompe pour laisser une
place, très souvent exclusive, à celle d'accomplissement:

2) This consisted of drawing on paper ten figures of varying


geometric size, made up of squares. (VERBE 1844)

Ces emplois ouvrent la voie à la dérivation métaphorique bien


connue:

3) 'Another thing,' Spade said, glaring at the boy. 'Keep that


Gunsel away from me while you're making up your mind. I'll
kill him. I don't like him.' (VERBE 1226)

dans laquelle la construction évoquée est, au sens strict du


terme, une construction de l'esprit. Il s'agit pour le référent du
sujet grammatical d'une telle combinaison MAKE UP de mettre en
ordre ses idées, de construire un édifice logique à partir
d'éléments existants. Le complément explicite YOUR MIND
impose cette interprétation.

Dans:

4) 'I mean, leave out the parts you don't want to tell him, but
don't make up anything to take their place.' (VERBE 1222)

le programme sémique de la combinaison MAKE UP est


absolument identique, mais le complément ANYTHING, sans
référent explicite préexistant, ouvre la voie à de nouvelles
interprétations: constructions à partir de rien, constructions
dans le but de travestir la réalité, voire de tromper le co-
énonciateur, etc. Nous postulons que c'est à la suite
d'interprétations de ce type en discours que le sens de MAKE UP
= INVENTER, MAQUILLER s'est figé en langue. Il s'agit bien, dans
tous ces emplois, de constructions par des énonciateurs, de
nouvelles "réalités" à présenter aux co-énonciateurs, comme en
attestent les énoncés (5) et (6):

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5) 'I don't think you come across this kind of love in the books
Sandor reads or the magazines Mum read, so maybe I made
it up and it isn't real.' (VERBE 1350)

6) She then made up her face with the last of her make-up.
(VERBE 2029)

Comme c'est le cas avec la combinaison LOOK UP, certaines


situations d'énonciation imposent l'utilisation des adjuvants TO
ou FOR pour permettre au co-énonciateur de reconstruire le sens
du message, mais, là encore, rien n'est changé au programme
sémique de MAKE UP:

7) ... it makes Sandor feel stronger... to make believe they've


got a relationship like a normal mother would have with a son
who's... a black sheep. There'd be threats in that kind of
relationship, and don't-darken-my-doors-again, and the son
making up to the rich mother - in other words, the kind of
thing Sandor pretends he's really got. (VERBE 1430)

8) 'Have another drink ?' Morgan asked Muller, as if to make


up for his pusillanimous thoughts. (VERBE 1070)

Dans (7), le contexte impose une interprétation des relations


entre mère et fils comme des relations de supérieure à inférieur.
Le fils rejeté par sa mère doit, pour être accepté à nouveau,
présenter de lui-même une nouvelle image, différente de celle qui
a provoqué son rejet. La combinaison MAKE UP conserve son
programme sémique, mais TO, pointant sur la cible à atteindre,
redonne, en quelque sorte, une partie de son autonomie à son
deuxième terme. Il n'y a, cependant, ni destruction de la
combinaison MAKE UP, ni construction d'une nouvelle
combinaison MAKE UP TO. Le "groupe de sens" à deux termes
demeure inchangé. Dans (8), c'est la préposition FOR qui
fonctionne comme adjuvant, et l'interprétation est différente. Il

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Chapitre 8 Les verbes adverbiés et quasi-adverbiés
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s'agit d'un échange "d'égal à égal" 1: dans le but de compenser la


pusillanimité de ses pensées, l'énonciateur Motgan construit, de
lui-même et pour lui-même et son co-énonciateur Muller, une
nouvelle image plus énergique, même si la décision qu'il prend ne
nécessite pas un grand courage...

8.1.2 OUT

Dans notre corpus PB_GRAM, les verbes le plus souvent associés


à OUT sont: PUT: 11, MAKE: 7, TURN: 7, TAKE: 5, FALL: 4,
LET: 4, COME: 3 et LOOK: 3.

Chalker relève 5 catégories de sens à ce deuxième terme:

OUT 1. Going to or remaining on the outside


2. Sudden emergence
3. Extending
4. Clearness, loudness
5. Absence, disappearance

Nous montrerons qu'il s'agit dans tous les cas de dérivations ou


d'interprétations du sens de base donné par SOED (1965:
p. 1393):

OUT: adv. Expressing motion from within a space, or from a point considered
as a centre.

PUT OUT

Les deux énoncés:

1) She put out her hand and leant forward automatically as if


for a kiss. (VERBE 1505)
et
2) I stomped at him to chase him away but Jem put out his
hand and stopped me. (VERBE 2784)

1 FOR ayant ici le sens de "in place of, instead of, in exchange for" (S OED: 1965
p. 730)
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correspondent strictement à la définition de SOED, et


l'interprétation doit en être littérale: dans chacun des cas, le
centre à partir duquel le mouvement s'effectue est le corps du
référent du sujet grammatical.

La combinaison se prête à deux types principaux d'emplois


métaphoriques dérivés:

3) He solved the problem by giving the Princess an injection


that put her out for the next few hours. (VERBE 1339)

4) 'I expect we'll get to know each other better. Later.' She
paused, clearly a little put out by Felix's lack of response.
(VERBE 1471)

Ces deux emplois ont pour point commun l'intervention d'un


agent extérieur au référent du sujet grammatical.

L'idée générale est que l'agent provoque une exclusion du référent


du sujet affecté. Cette exclusion s'effectue à partir d'un centre
non explicitement exprimé, car supposé connu du co-
énonciateur:
- le monde des humains conscients, pour l'énoncé (3),
- l'état "normal", neutre du point de vue émotionnel, des
humains, pour l'énoncé (4).
Dans les deux cas, le programme sémique de la combinaison est
identique, et c'est le contexte qui favorise une interprétation
plutôt qu'une autre. Rien, dans le verbe complexe adverbié PUT
OUT, n'indique si l'exclusion est temporaire ou définitive. Ce n'est
que par comparaison avec d'autres verbes complexes que le sens
exact peut être précisé. Il semble qu'il existe une gradation dans
les programmes sémiques des prépositions qui, à un degré ou un
autre, peuvent indiquer l'exclusion (DOWN, OUT et OFF):

5) He knocked Wilmer down and ran on. (VERBE 1295)

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Chapitre 8 Les verbes adverbiés et quasi-adverbiés
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6) 'No, you didn't, I read all your letters, and I'm telling you
that if you go near that great fat slob again I'll knock your
brains out.' (KNOC1-GY5 p. 125)

7) 'Your first idea that I knocked Thursby off because he'd


killed Miles falls apart if you blame me for killing Miles too.'
(VERBE 1207)

Nous dirons que, dans ce type d'emplois en discours, DOWN


exprime l'exclusion du monde des "humains debout" (sous-
ensemble des "humain vivants"), et l'on déduit que OUT exprime
l'exclusion temporaire du monde des "humains vivants" par
comparaison avec OFF, qui exprime, lui, l'exclusion définitive.
Pour résumer:

Knock down = make fall


Knock out = make unconscious
Knock off = make dead

Ces emplois en discours se sont figés et sont devenus de


nouveaux outils de langue, au point que les termes knockout et
knockdown (avec accolage graphique réalisé ou non) se sont
même lexicalisés sous forme de noms et/ou d'adjectifs, comme en
atteste l'énoncé (8):

8) 'I went visiting, was fed knock-out drops, and I came to


twelve hours later all spread out on a man's floor. (VERBE
1234)

MAKE OUT

Tous les énoncés que nous avons relevés correspondent au sens


que Chalker décrit comme "clearness, loudness". L'origine du
sens est à rechercher dans la somme des sens des deux termes,
sens figuré pour le premier, sens littéral pour le second:

Pour ce qui concerne le premier terme, il s'agit du sens donné au


verbe MAKE dans des expressions comme "What do you make of
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Chapitre 8 Les verbes adverbiés et quasi-adverbiés
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this ?". Dans ce type de question, la construction à laquelle


renvoie le verbe MAKE est purement mentale. L'énonciateur
sollicite de la part du co-énonciateur une interprétation de faits
connus de tous les deux.
Le deuxième terme OUT conserve son sens originel.

1) Through the gaps in the hawthorn she could make out the
gentle rise of the coastal downs... (VERBE 1329)

2) One night he thought he heard an explosion in the distance.


On another he made out a noise which just might have been
taken for gunfire. (VERBE 1479)

A partir de la perception, visuelle dans (1) et auditive dans (2),


d'éléments qui se distinguent (OUT) de leur environnement, le
référent du sujet reconstruit ce qu'il estime être la réalité.

TURN OUT

Deux des sens de OUT proposés par Chalker semblent s'exclure


l'un l'autre: "sudden emergence" et " absence, disappearance". La
contradiction, cependant, n'est qu'apparente. Elle est, selon
nous, la conséquence de l'absence de référence à un contexte
d'énonciation. Sans référence aux conditions dans lesquelles les
énoncés sont produits, on ne peut prétendre faire mieux que
donner des listes d'interprétations possibles des combinaisons
verbales. Il n'en reste pas moins que leur programme sémique
demeure inchangé. Les sens des combinaisons TURN OUT des
énoncés suivants qui, au premier regard, paraissent très éloignés,
sont en réalité les résultats d'opérations mentales distinctes
effectuées à partir d'un schéma de base identique.

1) Will the last person to leave the office please turn out all
the lights ? (Courtney p. 697)

2) Nearly 40 years later, crowds of the 1954 dimension turn


out for processions of a different sort. (VERBE 2912)
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Chapitre 8 Les verbes adverbiés et quasi-adverbiés
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3) All your prudent checks on projected actions turned out to


be a waste of time too. (VERBE 1085)

Dans tous les cas, le verbe TURN indique, littéralement, un


changement de position dans l'espace par révolution autour d'un
axe. Dans les trois cas qui nous occupent, le changement de
position est interprété métaphoriquement comme le moyen d'un
changement d'état. OUT indique le résultat d'un procès qui vise à
exclure l'affecté de sa position antérieure:
- le champ de vision dans (1),
- l'état initial (à l'extérieur du champ de perception) dans (2) et
(3).

Les résultats sont les suivants:

(1) absence de lumière, puisque l'état initial était sa présence,


(2) et (3) présence des éléments qui étaient absents du champ de
perception de l'énonciateur avant la validation du procès.

C'est l'interprétation des changements d'état des affectés qui


permet l'émergence des sens que l'on connaît à cette
combinaison, c'est-à-dire "éteindre", "apparaître, " et "se révéler".

Le tableau suivant résume le mécanisme:

Etat initial Procès Etat final (résultatif)


1 lumière TURN OUT pas de lumière
2 pas de foule TURN OUT foule
3 pas de perte de TURN OUT perte de temps
temps

8.1.3 DOWN

Dans notre corpus PB_GRAM, les verbes le plus souvent associés


à DOWN sont: LOOK: 14, PUT: 6, RUN: 4 et GO: 3

_________________________________________________________________________________
273
Chapitre 8 Les verbes adverbiés et quasi-adverbiés
_________________________________________________________________________________

Chalker ne relève qu'un sens à DOWN:

DOWN lower, inferior position - often with a sense of destruction

Nous ne traitons pas ici de la combinaison LOOK DOWN, qui a


déjà été étudiée par comparaison avec LOOK UP (voir page 262).

PUT DOWN

Tous les sens de la combinaison découlent des programmes


sémiques de ses éléments constitutifs:

1) The girl put down her saucepan and they both came to the
door. (VERBE 2290)

2) 'I'm willing to have everything I say put down, and I'm


willing to sign it. (VERBE 1261)

Il s'agit, dans tous les cas que nous connaissons, pour


l'énonciateur d'indiquer le résultat d'un mouvement vers le bas
afin de déposer, littéralement ou métaphoriquement, quelque
chose. C'est le contexte seul qui force une interprétation plutôt
qu'une autre:

Put down an old dog mettre à mort


Put down one's tools se mettre en grève
Put down something on paper noter, écrire
etc.

RUN DOWN

Tous les sens de la combinaison sont les résultats


d'interprétations, littérales ou métaphoriques du premier et/ou
du deuxième terme.

Dans:

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274
Chapitre 8 Les verbes adverbiés et quasi-adverbiés
_________________________________________________________________________________

1) Then he took another big mouthful of wine, lifting the bag


up to let the jet of wine spurt into the back of his mouth,... his
head leaning against the pine branches as he bent it back to
let the wine run down. (RUND1-FW2)

nous avons un emploi figuratif du verbe RUN. L'expression trouve


logiquement son origine dans les structures prépositionnelles du
type:

2) As he watched them he felt sweat come from his armpits


and run down his flanks. (RUND-FW4)

Dans:

3) 'Aw, hell ! Dundy didn't think you shot Miles, but what else
could he do except running the lead down ? You'd've done
the same thing in his place.' (VERBE 1252)

le sens est obtenu par métaphorisation des sens des deux


éléments constitutifs, il s'agit de suivre la piste jusqu'au bout.
Malgré la séparation physique des deux termes de la lexie,
l'accolage existe, ou du moins, commence à exister. Nous sommes
en présence d'une des zones de flou que nous avons décrites plus
haut.
La glose:

3') 'Aw, hell ! Dundy didn't think you shot Miles, but what else
could he do except running down the lead ? You'd've done
the same thing in his place.'

est tout à fait grammaticale. Courtney (1983: p. 523) propose:

4) At last I ran down the article that I had been looking for.

Les énoncés (3) et (3') doivent être considérés comme deux états
différents d'une même lexie, dont l'origine est à rechercher dans
une forme sans effacements qui pourrait ressembler à:
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275
Chapitre 8 Les verbes adverbiés et quasi-adverbiés
_________________________________________________________________________________

At last I ran the lead down to the article that I had been
looking for.
Le processus est amorcé en (3) et achevé en (3').

Une fois la lexie formée, elle se prête à son tour à diverses


interprétations, qui toutes dépendent du contexte d'énonciation.

Dans:

5) I started to run away from myself... nearly running down


a neatly gaitered bishop. (VERBE 2073),

le verbe adverbié RUN DOWN est employé transitivement, et le


contexte force une interprétation littérale: c'est en courant que le
référent du sujet grammatical a manqué de "mettre à terre" un
évêque. On note, à titre de comparaison, qu'un complément de
lieu explicite derrière l'adverbié forcerait une reconstruction
différente du sens de la combinaison RUN DOWN:

(I have to) run the bishop down to the station.

La même combinaison peut fort bien être interprétée


figurativement. L'idée de course s'estompe alors, et le sens du
deuxième terme est privilégié, puisqu'il s'agit aussi d'une certaine
forme de "mise à terre":

6) While the three of them ran down the profession of


journalism, Felix looked up to the head of the table to where
Gabriel and his new wife sat. (VERBE 1469)

8.1.4 ON

Dans notre corpus PB_GRAM, les verbes le plus souvent associés


à ON sont: GET: 9, PUT: 8, LET: 6, COME: 3 et GO: 3

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276
Chapitre 8 Les verbes adverbiés et quasi-adverbiés
_________________________________________________________________________________

Chalker relève 2 catégories de sens à ce deuxième terme:

ON 1. Progress towards destination, continuity


2. Joining, connection
SOED (1965: p. 1369) donne plusieurs définitions de l'adverbe:

On: adv. (In mod. Eng. Often an elliptic use of the prep.)
1.: In the position of being in contact with, or supported by, the upper surface
of something. 2.: Into the position defined in 1 [...] 6.: Of motion or direction
towards a position.

GET ON

Les emplois qui donnent lieu en discours à des interprétations


littérales des premiers et deuxièmes termes sont tous du type:

1) Flora went on the swings, and wept bitterly when it was


time to come off, as I had known she would, and I wondered
why she was always so blindly eager to get on, when she
knew what tears would be entailed in the ending of it.. (ON1-
GY7 p. 95)

Ils correspondent à la définition (1) de SOED et (2) de Chalker, et


sont formés à la suite de l'effacement d'un complément évident
(ici the swings). Cet effacement est, comme nous l'avons montré,
la cause du changement de statut de la préposition.

Les combinaisons qui donnent lieu à des interprétations


métaphoriques correspondent en général à la définition (6) de
SOED et (1) de Chalker. En raison des programmes sémiques de
leurs éléments constitutifs, l'idée générale qu'elles véhiculent est
celle d'une progression vers un but.

Les deux énoncés:

2) The general manager, Ward, was an American too, but he


and Temple did not get on. (VERBE 1482)

3) ... we asked her... how she was getting on in New York


(VERBE 1007)
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277
Chapitre 8 Les verbes adverbiés et quasi-adverbiés
_________________________________________________________________________________

renvoient globalement à la vie des personnages. Il s'agit d'une


image classique, qui rend compte de la vie comme d'une
progression vers la mort. Dans (2) l'énonciateur ne fait que
constater que les personnages Temple et Ward n'effectuent
aucune progression, le co-énonciateur en déduit qu'ils ne
s'entendent pas, mais le message n'est pas très clair, car il laisse
au co-énonciateur une tâche de reconstruction très importante:
"s'entendre" ≈ "progresser ensemble vers un but commun", et
rien, dans cet énoncé, n'indique que le but est commun. Dans (3),
par contre, il n'y a pas d'ambiguïté, puisqu'une seule personne
est en cause.

Si le message à transmettre doit absolument être plus précis,


l'énonciateur a recours à des adjuvants pour délimiter le sens du
discours qu'il produit. Ces adjuvants peuvent être:
– soit une préposition suivie d'un groupe nominal:

4) Felix had been sharing quarters with him at Bona Durio for
getting on for three months. (VERBE 1565)

5) The best thing is to just go on as usual from where he


jumped off – that's forgiving, really. You just pick up the
pieces and get on with it. (VERBE 999)

Avec ces compléments prépositionnels, l'énonciateur opère une


délimitation supplémentaire du domaine sémantique de la
progression: une mesure de l'écoulement du temps dans (4), et
une précision sur la nature de la tâche en cours dans (5) (WITH
est le signe de la jonction entre les éléments qui doivent
progresser ensemble).

– soit un adverbe de manière:

6) I've noticed on the way in on the bus how nice the skins are
on the black women. I bet I'd get on well with those women if
I could understand what they were on about. (VERBE 2775)

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Chapitre 8 Les verbes adverbiés et quasi-adverbiés
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Chapitre 8 Les verbes adverbiés et quasi-adverbiés
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PUT ON

Cette combinaison est très semblable à la précédente, car elle


donne lieu aux mêmes types d'interprétations, littérales et
métaphoriques. Les énoncés à sens littéral des premiers et
deuxièmes termes sont tous du type:

1) She had put on a small dark felt hat and a dark coat with a
grey fur collar. (VERBE 1188)

L'affecté du procès est le référent du sujet grammatical et le


complément évident est effacé (ici HERSELF). Ils ouvrent
naturellement la voie à des emplois dérivés comme:

2) Prairie could feel in the bright California colors... the lilt of


bodies, the unlined relaxation of faces that didn't have to be
put on for each other. (VERBE 2598)

On comprend que l'idée pour quiconque de "se mettre" un visage


pour le présenter à ses interlocuteurs est une façon de masquer
la réalité. Il n'y a qu'un pas entre cette idée de dissimulation et
celle de tromperie. Ce pas est franchi par une deuxième opération
mentale, pour donner la lexie PUT ON ≈ DECEIVE:

3) What if, wild and unreasonable hope, she'd only been


putting him on all the time, and this was her eccentric, even
weird way of flirting with him ? (VERBE 2619)

Le sens est ici obtenu, à notre avis, par comparaison implicite de


ON avec OFF, l'énonciateur fait croire au co-énonciateur que
"c'est à lui de jouer", sens à rapprocher du ON de:

Hurry up, Peter, you're on ! (i.e. you should be on stage)


(Cowie & Mackin: 1975 p. 17)

"Mettre quelqu'un ou quelque chose quelque part" implique, pour


l'affecté, une position (réelle ou métaphorique) initiale différente.

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280
Chapitre 8 Les verbes adverbiés et quasi-adverbiés
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"All the time", par les itérations qu'il indique, intensifie le


caractère non permanent du résultat ON du procès PUT ON.

LET ON

A notre connaissance, les seuls sens de cette combinaison, ont


trait au domaine de la confidence, sincère ou non.
En utilisant LET ON, l'énonciateur exprime qu'il laisse (LET) une
information progresser (ON) vers des co-énonciateurs éventuels.
Seul le contexte permet l'interprétation exacte.

Dans:

1) 'I'll tell you a thing, Charles, that Ma Marchmain hasn't let


on to anyone. She's a very sick woman. Might peg out any
minute...' (VERBE 1633)

il s'agit de l'absence d'une véritable confidence, qui correspond au


français "ne pas laisser paraître". L'intention de Ma Marchmain
n'est pas de tromper, elle n'a fait qu'arrêter la progression
"normale" d'une information avérée.

L'interprétation de:

2) She assumed I knew and I wasn't going to let on I didn't,


that it was news to me. (VERBE 1383)

en revanche, ne peut qu'être différente, car le début de l'énoncé


"She assumed I knew" présuppose que la connaissance est déjà
acquise. LET ON correspond plutôt ici au français "laisser
entendre", c'est-à-dire laisser progresser une information, la
"laisser filer", qu'elle soit avérée ou non, éventuellement dans
l'intention de tromper.

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Chapitre 8 Les verbes adverbiés et quasi-adverbiés
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8.1.5 TO

Le morphème TO est beaucoup plus souvent utilisé comme


préposition que comme adverbe (34 prépositions, 3 adverbes
dans notre corpus PB_GRAM).
A propos de deux adverbiés avec TO, Chalker (1984: p. 235) note:

"Come to [return to consciousness] and bring to [with object]. These two


verbs are unusual because to is normally a preposition, not an adverb as
here, and therefore combinations with to are normally prepositional verbs..." 2

Nous noterons, pour notre part, que, même s'ils sont peu
nombreux, les emplois adverbiaux de TO ne sont ni marginaux,
ni inhabituels (en particulier dans les combinaisons citées par
Chalker). SOED (1965: p. 2202) donne de TO, adverbe, la
définition suivante:

To adv. Expressing direction: towards a thing or person implied.


Three young owls with their feathers turned wrong end to. 1889

Les verbes complexes adverbiés avec TO comme deuxième terme


sont tous conformes à cette définition, et expriment tous la même
idée: celle d'un mouvement vers une position (réelle ou
métaphorique) par l'entremise d'un agent:

1) Listen, I may have to do that (commit suicide) because if I


pass out or anything like that I am no good at all and if they
bring me to they will ask me a lot of questions and do things
and all and that is no good. (VERBE 2727)

2) We ought to get the details fixed before he comes to.


(VERBE 1289)

3) He opened the inner door and went into his private office,
pulling the door to behind him. (VERBE 1217)

2 C'est nous qui soulignons.


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282
Chapitre 8 Les verbes adverbiés et quasi-adverbiés
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Ainsi, dans les énoncés qui précèdent, les énonciateurs


considèrent que l'état normal d'un être humain est d'être
conscient, et celui d'une porte d'être fermée. Dans (1) et (3),
affectés et agents sont distincts, ils sont confondus dans (2). Ces
combinaisons sont formées de manière classique par effacement
du complément évident qu'aurait introduit TO, s'il était demeuré
préposition:

Adverbié Complément effacé


BRING TO the world of the living
COME TO the world of the living
PULL TO the doorframe

(1) et (2) indiquent l'intervention d'un agent (extérieur ou non) et


le résultat de l'intervention, sans plus de détail. (3) par contre,
peut être assimilé à un verbe de mouvement, et il véhicule une
information supplémentaire: la manière dont le mouvement est
effectué. Cette caractéristique en fait une combinaison ouverte à
tous les premiers termes verbaux qui peuvent indiquer la
manière: les premiers termes CLICK, CREAK, FLICK, PUSH, SIGH
et SQUEAK par exemple, qui, dans notre corpus PB_GRAM sont
associés à OPEN, se prêtent également à des associations avec
TO.

8.1.6 ALONG

Dans notre corpus PB_GRAM, les verbes le plus souvent associés


à ALONG sont GET: 3 et HELP: 2

GET ALONG

Cette combinaison est très proche de la combinaison GET ON


dans ses acceptions métaphoriques (voir page 277):

1) He beamed over his glass. 'We'll get along, Sir, that we


will.' (VERBE 1223)

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Chapitre 8 Les verbes adverbiés et quasi-adverbiés
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2) 'What makes you so hard to get along with, Sweetheart ?'


(VERBE 1268)

Le contexte peut, cependant, parfois imposer une interprétation


supplémentaire: il s'agit de la constatation par l'énonciateur de la
progression de la vie, "I'm getting along" signifie alors "je deviens
vieux":

3) You'll have to bear with me, Miss Mayella, I'm getting


along and can't remember as well as I used to. (VERBE 2796)

HELP ALONG

Sens très proche des combinaisons GET ALONG, GET BY et GET


ON. L'idée générale est ici aussi celle de progression. Le premier
terme implique cependant la présence (ou l'absence) d'un agent
extérieur pour influer sur cette progression:

1) In those days there were no midday meals or drinks of milk


at school to help children along. (VERBE 2051)

2) Moreover, a number of kindly housewives had helped her


along with cups of tea and biscuits. (VERBE 2336).

8.2 Les deuxièmes termes à statut grammatical double


(adverbes ou quasi-adverbes)

8.2.1 OVER

Les verbes de notre corpus PB_GRAM qui sont le plus souvent


associés à OVER sont: TAKE: 8, THINK: 7, LOOK: 6 et TURN: 4.

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284
Chapitre 8 Les verbes adverbiés et quasi-adverbiés
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Les sens du deuxième terme OVER qui apparaissent le plus


souvent dans les verbes complexes adverbiés sont les
suivants (Définitions extraites de SOED, 1965 pp.1400-1401):

1. Above so as to cover the surface or so as to affect the whole surface.


2. From side to side of a surface or space, to the other side of.
3. All through, through the extent of, from beginning to end.

Adverbiés

TAKE OVER

L'interprétation de cette combinaison repose essentiellement sur


la signification du deuxième terme OVER.
L'idée générale est celle du parcours d'une distance (réelle ou
métaphorique) jusqu'à son terme, d'un aboutissement.

Dans

1) I quite thought he had taken this over as his home.


(VERBE 1618)
et
2) He is always complaining that 'the West Indians have
taken over Bathurst Street.' (VERBE 1727)

TAKE OVER exprime l'idée d'investissement par le sujet agent. Il


ne s'agit pas simplement de "prendre", comme dans:

'What was the other ?'


'Three days later when the fascists took the town'. (TOOK1-
FW32 p. 120)

mais de mener la "prise" à son terme. Dans les énoncés (1) et (2),
OVER intensifie le sens exprimé par le verbe TAKE: il s'agit de
"prendre jusqu'au bout", d'"occuper toutes les parties", de la
maison dans (1) et de Bathurst Street dans (2).
Ce schéma de base se prête tout naturellement à une évolution
vers des sens métaphoriques: l'investissement par l'agent n'est
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285
Chapitre 8 Les verbes adverbiés et quasi-adverbiés
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plus physique, et la combinaison en vient à signifier "prendre le


contrôle de", voire "racheter":

3) They said I'd reach a point where it was up to me, they'd


done what they could and now it was for me to take over and
help myself. (VERBE 1321)

4) And Ralph Jr. ... was expected someday to take over


Ralph Wayvone Entreprises... (VERBE 2593)

THINK OVER

La combinaison THINK OVER apparaît le plus souvent dans des


structures résultatives: ce qui importe à l'énonciateur, c'est non
seulement de transmettre des informations sur la nature d'un
procès, mais de considérer son résultat:

1) 'At the car we'll think things over.' (VERBE 2515)

2) Finally they persuaded him to go to Oxford and think it


over for three years. (VERBE 1607)

Les gloses prépositionnelles ne sont pas impossibles, mais elles


se situent dans la zone de flou générée par la transformation des
verbes prépositionnels en verbes adverbiés (voir plus loin et
chapitre 5).
La forme adverbiée impose, d'abord, le sens n°2 de OVER (from
side to side of a surface or space, to the other side of.): dans (1)
les choses sont examinées de tous côtés, le sens de THINK OVER
se rapproche de celui de l'expression française "tourner et
retourner des idées dans sa tête". C'est ce type d'interprétation
qui a abouti au sens (3), qui exprime, à notre avis, le résultat du
procès (all through, through the extent of, from beginning to end).

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Chapitre 8 Les verbes adverbiés et quasi-adverbiés
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LOOK OVER

Comme THINK OVER, la combinaison LOOK OVER apparaît très


souvent dans des structures résultatives:

1) You had trunks there and none at the hotel and when I
looked the apartment over I found a rent-receipt dated five or
six days before the time you told me you rented it.
(VERBE 1311)

2) One stout sulky girl held a buzzing transistor radio to the


side of her head and looked me over. (VERBE 1757)

TURN OVER

L'interprétation de la combinaison TURN OVER peut être littérale:

1) ''It's legalised rape," I said, and he let go my hand and


turned over on his side, taking the sheets and blankets with
him. (TURN1-GY18 p. 63)

Il s'agit tout simplement d'un changement de position dans


l'espace de l'agent-affecté.
Si l'agent n'est pas affecté par le procès, la combinaison a un
sens métaphorique:

2) ... I lay awake before reveille, in the Nissen hut, gazing into
the complete darkness amid the deep breathing and muttering
of the four other occupants, turning over in my mind what I
had to do that day... (VERBE 1580)

Ce sens est obtenu par métaphorisation du sens du "bloc" TURN


OVER.
D'autres emplois métaphoriques sont consécutifs à une
interprétation différente du seul premier terme TURN. La
combinaison est alors utilisée pour exprimer un transfert de

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Chapitre 8 Les verbes adverbiés et quasi-adverbiés
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responsabilité (you turn over something to somebody, who then


takes it over):

3) I was wanted at home, and Father thankfully turned over


Avril and Edward to me again. (VERBE 2213)

4) I'm afraid to touch it, except to turn it over to somebody


else right away. (VERBE 1201)

Quasi-adverbiés

La fonction grammaticale exacte du deuxième terme OVER est,


nous l'avons vu, parfois difficile à établir de manière définitive.
Un énoncé comme:

1) And then what was that fear which he had seen so plainly
in her eyes ? He thought once more over all he had said to
her on the previous night... (VERBE 2869)

est, à ce titre révélateur. Il est strictement impossible d'affirmer


sans risque d'erreur qu'il doit absolument être compris comme:
"[He thought once more over] [all he had said...]" (adverbié),
plutôt que comme:
"[He thought once more] [over all he had said...]" (prépositionnel).
L'énoncé à complément pronominal suivant constitue, à nos yeux
une preuve formelle de cette affirmation:

2) I never told nobody this... I know you don't need me to do it.


To tell it or even think over it. You don't have to listen either,
if you don't want to. (VERBE 2811)

L'expérience montre que même les locuteurs anglophones ont, de


ce type de combinaison, des interprétations différentes (voir
chapitres 3 et 5).
Les énoncés suivants, extraits de notre corpus PB_GRAM, font
partie de la classe des quasi-adverbiés avec OVER:

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288
Chapitre 8 Les verbes adverbiés et quasi-adverbiés
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3) 'That's just dishonesty,' said David, 'that's all that is. You
mean that if you're playing Tennessee Williams in Cheltenham
you gloss over all the punch lines for fear of offending the old
ladies ? (VERBE 2901)
4) It was exactly as if thy had both had at heart to gloss over
any recent little friction. (VERBE 2747)
5) At the end... they mulled over what I had said.
(VERBE 2237)
6) Günther consoled himself with a beer, stretching out on the
bed while his mind rolled over what he had
seen. (VERBE 2677)
7) 'Sure,' Owen said. 'And I suppose his father ran over the
dog.' (VERBE 1725)

8.2.2 IN

Les verbes de notre corpus PB_GRAM qui sont le plus souvent


associés à IN sont: TAKE : 12, PUT: 5, DO: 3, FILL: 3, GO: 3,
HOLD: 3, JOIN: 3, LET: 3, PULL: 3,

Le sens du deuxième terme IN est dans tous les cas le suivant


(SOED, 1965 p. 973):

Expressing motion from a point without to a place within certain limits .

Chalker ne relève également qu'un seul sens, qui correspond tout


à fait à celui donné par SOED: Enter (or cause to enter), or (cause to)
remain inside

Adverbiés

Nous traitons ici des combinaisons TAKE IN, PUT IN et DO IN.

TAKE IN

La combinaison peut être utilisée en raison de son sens de base


(la somme des sens de ses éléments constitutifs):

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289
Chapitre 8 Les verbes adverbiés et quasi-adverbiés
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1) 'Please fill in the forms I have given to you, I will take them
in in a few minutes.' (VERBE 2254)
ou:
2) Mrs Grose considered, following the children again. 'Yes, he
do hate worry. That was the great reason.' / 'Why those
fiends took him in so long ? No doubt, though his indifference
must have been awful. As I'm not a fiend, at any rate, I
shouldn't take him in.' (VERBE 2746)

On comprend aisément qu'une fois la lexie formée, elle se prête à


des interprétations métaphoriques qui toutes sont construites
autour de l'idée de "faire entrer quelque chose quelque part":
perception sensorielle (entendre, voir) ou intellectuelle
(comprendre):

3) Some needed to take in columns of print from morning


newspapers that weren't there, others coffee from any
container that didn't leak, at least not too fast. (VERBE 2656)

4) Harvey bent his mind to take in what they were


discussing. (VERBE 2757)

Les règles qui régissent ces emplois sont très souples, seules les
situations d'énonciation forcent un sens plutôt qu'un autre: dans
l'énoncé (3), la même combinaison TAKE IN est, pour ainsi dire,
mise en facteur commun, et sert à exprimer l'absorption par
l'agent des articles de journaux ou du café, selon les besoins...

L'idée de "faire entrer quelque chose quelque part" peut


également, nous l'avons montré plus haut (chapitre 5), être
assimilée à l'idée de tromperie:

5) He was ashamed of me when he found I didn't cut the kind


of figure he wanted, ashamed of himself for having been
taken in. (VERBE 1659)

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290
Chapitre 8 Les verbes adverbiés et quasi-adverbiés
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Quasi-adverbiés

Les quasi-adverbiés de notre corpus PB_GRAM formés avec le


deuxième terme IN, le sont en association avec les premiers
termes FOLLOW et , surtout, JOIN:

1) Again I was following in the footsteps of the humble


weavers about whom my old gentleman in the park had told
me. (VERBE 2405)
2) ... She had been brought up to join in what others seemed
to enjoy no matter how different her opinion might be.
(VERBE 2495)
3) No wonder that I wanted to get my face on that dark
receiving box myself, to join in that intricate pattern, the
celluloid drama that is played out there every night at the
discretion of the programme arrangers... (VERBE 2814)

8.2.3 BY

Dans notre corpus PB_GRAM, les verbes le plus souvent associés


à BY sont: COME: 4, PASS: 3, GET: 2.

SOED (1965: p. 242) donne de BY la définition suivante:

BY prep.: AT the side or edge of; near, close to, beside.


Adv.: 1. Near, close at hand, in another's presence or vicinity.
2. Aside, out of the way; out of use or consideration.
3. Of motion: past a certain point, or beyond.

Adverbiés

COME BY

Le sens de base de l'adverbié COME BY correspond à la somme


des sens de ses éléments constitutifs:

1) I read until the conductor came by, and when he had


finished punching everyone's tickets, he walked backwards
up the aisle. (VERBE 1837)
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291
Chapitre 8 Les verbes adverbiés et quasi-adverbiés
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Cependant, ce sens n'est pas le seul à apparaître en discours. La


combinaison signifie très souvent "obtenir", "se procurer", comme
dans:

2) The driver turned at George's hyena's laugh, dreading more


mischief from these pink-skinned unpredictable barbarians
who had more money to spend in a week than he came by in
a year. (VERBE 2462)

Les combinaisons COME BY de ce type ne sont en réalité pas des


verbes adverbiés "purs", car BY conserve, en partie au moins (et
même si aucun complément ne figure à sa droite) son statut
prépositionnel (dans l'énoncé (2), THAN renvoie à MONEY: the
money he came by ⇒ he came by that money ⇒ he came by it)
Cette interprétation est métaphorique: pour obtenir, se procurer
un bien quelconque, il faut nécessairement, au préalable, entrer
en contact avec lui.
L'origine de cet adverbié est une structure prépositionnelle qui a
évolué selon le schéma:
V. Prépositionnel à V. Quasi-adverbié à V. adverbié
(voir plus bas).

PASS BY

L'interprétation est, à l'origine, littérale:

1) When the policeman had passed me by, I looked out.


(VERBE 2387)

et l'on peut se demander quel ajout de sens a apporté


l'adverbialisation par rapport à la glose prépositionnelle, tout à
fait possible:

1') When the policeman had passed by me, I looked out.

Nous dirons, ici encore, que (1') est la simple description d'un
mouvement, alors que (1) est une structure résultative. Ce qui
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292
Chapitre 8 Les verbes adverbiés et quasi-adverbiés
_________________________________________________________________________________

importe à l'énonciateur de (1), c'est le résultat du procès: il n'y a


plus de policier à proximité. Les emplois littéraux se prêtent
naturellement à des métaphorisations du type:

2) Students of the age of Dan's and mine, have no great


feeling – for example – for wit; wit simply passes them by.
(VERBE 1738)

3) I don't want life to pass me by anymore. (VERBE 2501)

Les énoncés (1) et (2) peuvent être dits résultatifs dans la mesure
où le résultat du procès exprimé par la combinaison PASS BY est
qu'aucun contact n'est établi entre WIT et STUDENTS pour (1), et
LIFE et I pour (2). Les affectés sont, comme le montre bien
l'expression familière, "laissés sur la touche".

GET BY

Cette combinaison s'apparente aux précédentes. La différence


réside dans le sens du deuxième terme BY (ici sens (3) de SOED),
elle est presque synonyme de GET ALONG (voir page 283).
L'interprétation est presque toujours métaphorique, il s'agit de
l'idée générale de progression (de la vie par exemple) qui ne
dépend pas de l'énonciateur (voir aussi page 277):

1) Sure she knew folks who had no problems at all with the
past. A lot of it they just didn't remember. Many told her, one
way or another, that it was enough for them to get by in real
time without diverting precious energy to what, face it, was
fifteen or twenty years dead and gone. (VERBE 2580)

2) It seemed to her they only got by because their meetings


were so infrequent. (VERBE 1544)

Dans ce cas, les personnages ne progressent pas véritablement


ensemble, chacun supporte la progression de l'autre "à côté" de la
sienne.
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293
Chapitre 8 Les verbes adverbiés et quasi-adverbiés
_________________________________________________________________________________

Quasi-adverbiés

L'énoncé:

1) He must have come by this in the same way he came by


the magazines, not honestly: it reeks of the black market.
(VERBE 2714)

est, du point de vue syntaxique, un énoncé prépositionnel: les


deux BY introduisent respectivement THIS et MAGAZINES. Du
point de vue prosodique, la préposition BY, monosyllabique, est
porteuse d'accent (et en cela elle se comporte comme la
préposition OFF (voir chapitre 3)). Cet énoncé se distingue de:

2) We came by a longer, safer route because of the material.


(COBY1-FW1 p. 284)

car dans l'ensemble (1), BY, qui introduit le complément,


participe également au sens du verbe, et force l'interprétation
COME BY = OBTENIR. C'est pour cette raison que nous classons
l'énoncé (1) parmi les quasi-adverbiés.

Ce type d'interprétation est pourtant soumis à une condition


nécessaire. Un énoncé comme (2) l'exclut absolument. Si (1) et (2)
sont tous deux, d'un point de vue strictement syntaxique, des
énoncés prépositionnels, ils comportent néanmoins une
différence essentielle: celle des rapports entre agents et affectés.
Dans (2), "by a longer road" indique seulement le moyen par
lequel le but recherché par l'énonciateur-affecté a été atteint,
mais n'implique pas que le résultat du procès doive être la
proximité du référent du sujet grammatical avec celui du
complément. Dans (1) par contre, le résultat du procès doit
absolument être la proximité du référent de l'agent avec celui du
complément (condition nécessaire pour qu'il s'en saisisse,
littéralement ou métaphoriquement). En d'autres termes, dans ce
cas BY, quasi-adverbe, n'indique pas le moyen mais le but.

_________________________________________________________________________________
294
Chapitre 8 Les verbes adverbiés et quasi-adverbiés
_________________________________________________________________________________

8.2.4 THROUGH

Les verbes de notre corpus PB_GRAM qui sont le plus souvent


associés à THROUGH sont: RUN: 3, FALL: 2, GET: 2, PULL: 2,
PUT: 2, THINK: 2.

Le sens de base du deuxième terme THROUGH est dans tous les


cas le suivant (SOED, 1965 p. 2182):

From end to end, side to side or surface to surface (of a body or space) by
passing or extending within .

Adverbiés

Nous traitons ici des combinaisons RUN THROUGH, FALL


THROUGH, GET THROUGH et PULL THROUGH.

RUN THROUGH

L'emploi de l'adverbié RUN THROUGH, plutôt que de la structure


prépositionnelle RUN + THROUGH, témoigne en général, de la
part de l'énonciateur, d'une intention résultative. Plutôt que la
simple description d'un mouvement, la combinaison véhicule
l'idée de son accomplissement. En cela, elle est semblable à celles
que nous avons évoquées plus haut (page 286):

She thumped both hands to her heart - as if an arrow, or a


lance had run her through from behind. (VERBE 1729)

On peut arguer que la résultativité est, dans ce cas, exprimée par


le parfait. Nous dirons cependant qu'elle ne l'est qu'en partie, des
gloses au présent ou au prétérit ne sont en effet pas impossibles.
On peut imaginer, par exemple:

An arrow ran her through from behind

énoncé dans lequel l'idée véhiculée par RUN THROUGH est très
voisine de celle exprimée par le verbe français "transpercer".

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295
Chapitre 8 Les verbes adverbiés et quasi-adverbiés
_________________________________________________________________________________

Nous verrons que ces deux termes se prêtent également à la


formation de quasi-adverbiés.

FALL THROUGH et PULL THROUGH

Ces deux combinaisons méritent d'être analysées ensemble en


raison de leur caractère complémentaire: l'une est, en quelque
sorte le contraire de l'autre. Leurs interprétations sont toujours
métaphoriques.

1) Then all his plans fell through. (VERBE 1737)

2) Our wedding had once again been postponed. The purchase


of the house Moira and I had finally agreed upon fell
through at the last moment. I cannot say I was altogether
sorry. (VERBE 1452)

3) Five more Europeans had died of Spanish influenza since


the surrender. Rutke had pulled through after forty-eight
hours in a high fever. (VERBE 1570)

4) ... a letter arrived from one Major Bilderbeck GSO II


(Intelligence) informing them in minute and immaculate
handwriting that Gabriel had been severely bayonnetted in
the abdomen and would have to spend many months under
intense medical care if he was to pull through.
(VERBE 1491)

Le complément introduit par THROUGH dans la structure


prépositionnelle originelle est effacé: on imagine un abîme ou un
piège, représentation métaphorique de l'échec ou de la mort, dans
lequel on tombe ou dont on réchappe. Ces verbes complexes sont
proches des expressions françaises "y passer", "en réchapper" ou
"s'en tirer", qui sont construites autour de la même image et
affectées des mêmes effacements.

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296
Chapitre 8 Les verbes adverbiés et quasi-adverbiés
_________________________________________________________________________________

GET THROUGH

Les interprétations de cette combinaison peuvent être, soit


littérales comme dans:

1) For some reason she became suddenly convinced that all


her letters had got through... (VERBE 1551)

soit métaphoriques comme dans:

2) He had Kojo and Friday intercept the calls... and soon Celia
stopped trying to get through. (VERBE 1097)
ou:
3) I do not know how I managed to get through the days until
my next meeting with Wyndham. (GTHR1-GY3 p. 111)

L'idée véhiculée est toujours celle du parcours d'une distance à


partir d'un point donné pour en atteindre un autre. Nous
observons dans (2) une hypallage du type de celles décrites par
Larreya et Méry (1992: pp. 147-148): ce n'est pas Celia qui
"passe", mais son appel. Dans (3), l'énonciateur a recours à une
métaphore spatiale classique pour exprimer le "passage" du
temps.

Quasi-adverbiés

Si l'on considère l'énoncé:

1) Charis sat for an hour running through her plan in her


mind. (VERBE 1554)

il est difficile, à la lecture, d'affirmer, sans risque d'erreur, qu'il ne


comporte qu'une simple structure prépositionnelle. La syntaxe
est indubitablement celle d'un énoncé prépositionnel, mais le
lecteur est libre de l'interpréter autrement en accolant THROUGH
au verbe (voir chapitre 3).

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297
Chapitre 8 Les verbes adverbiés et quasi-adverbiés
_________________________________________________________________________________

Il en est de même pour les énoncés:

2) ... most of these kids can add but they have serious trouble
thinking through simple problems. (VERBE 1745)

3) He escaped from the Berkshire hospital yesterday,


apparently by squeezing through the narrow window of a
shower room on the third floor after sawing through an inch-
thick steel-bar. (VERBE 2264)

Dans (3), SQUEEZE THROUGH est, à notre avis, une simple


structure prépositionnelle (on peut rétablir le complément
HIMSELF, C.O.D. du seul verbe SQUEEZE), ce qui ne semble être
le cas ni de THINK THROUGH (2), ni de SAW THROUGH (3), qui,
à notre sens, sont des structures résultatives utilisées pour
décrire, non pas un mouvement, mais l'achèvement d'une tâche.
Nous pensons, cependant, que la structure originelle à partir de
laquelle l'adverbié s'est formé était une structure du même type
que:

4) And so it came to pass that the Virgin Mary sulked


through our rehearsal. (VERBE 1726),

construite sur le modèle des structures prépositionnelles


classiques, dans lesquelles la préposition indique un type de
mouvement, et le verbe, la manière dont il est effectué:

5) The air-conditioned car weaved through crowds of happy


bikers to the airport. (VERBE 2527)

L'expérience que nous décrivons au chapitre 3, cependant,


montre que, même pour les anglophones, la distinction n'est pas
toujours claire.

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298
Chapitre 8 Les verbes adverbiés et quasi-adverbiés
_________________________________________________________________________________

8.2.5 ACROSS

Le verbe de notre corpus PB_GRAM qui est le plus souvent


associé à ACROSS est COME (7 fois). D'autres verbes (GET,
REACH, RUN) n'apparaissent qu'une seule fois.

COME ACROSS

Le sens de base du deuxième terme ACROSS est dans tous les


cas le suivant (SOED, 1965 p. 18):

Crossing the length-line transversely.

L'idée générale transmise par les énoncés avec ACROSS est


toujours celle d'une traversée.

Adverbiés

L'interprétation de ce type d'énoncés peut être littérale:

1) 'You must come and see us,' she said, 'but I expect that with
the children you'll be very tied. Perhaps it would be easier for
me to come across one day to see you.' (CACR1-GY4 p. 137)

l'adverbié est alors formé, de manière classique, par effacement


du complément évident : ici "the distance that separates us".

La traversée peut également être métaphorique:

2) Sophy might have been a walking symbol of an actress: she


had every manifestation possible, the long loose hair, the
smart clear clothes, the thick mascara, the painted nails, the
talk, the lovely figure and the lovely face. And the stupidity.
There could be no doubt about it, she came across as stupid
and as shiny as an apple... (CACR1-GY1 p. 78)

_________________________________________________________________________________
299
Chapitre 8 Les verbes adverbiés et quasi-adverbiés
_________________________________________________________________________________

En se donnant les apparences stéréotypiques d'une actrice, le


personnage Sophy émet un message qui doit traverser la distance
qui la sépare de ceux qui la voient. Dans le cas qui nous occupe,
il semble que ce message soit mal décodé (ou mal encodé),
puisqu'elle est perçue, non pas comme une actrice, mais comme
une femme stupide.

Quasi-adverbiés

Ils constituent la catégorie d'emploi la plus fréquente de la


combinaison COME ACROSS. Comme dans le cas des adverbiés,
la traversée peut être littérale ou métaphorique.

Traversée littérale:
1) Before they reached the hill they should come across a
rough path that led to Smithville and Lake Jipe. (VERBE 1488)

Traversée métaphorique:
2) I don't think you come across this kind of love in the books
Sandor reads or the magazines Mum read, so maybe I made it
up and it isn't real. (VERBE 1350)

En français, la combinaison est alors souvent traduite par


"arriver sur" (énoncé 1) ou "rencontrer" (énoncé 2), mais l'idée
générale exprimée en anglais par la combinaison semble être plus
précise, et correspond plutôt à celle qui est exprimée par
l'expression française "croiser la route de...".

D'un point de vue strictement syntaxique, ces énoncés sont en


réalité tous prépositionnels et, dans tous les cas, ACROSS a, en
partie au moins, pour fonction d'introduire le complément. Nous
les avons cependant classés parmi les quasi-adverbiés car ils se
distinguent d'énoncés comme:

3) That evening I went across the Quad to visit Collins


(VERBE 1617)

_________________________________________________________________________________
300
Chapitre 8 Les verbes adverbiés et quasi-adverbiés
_________________________________________________________________________________

4) Once a motorcyclist in a leather coat and an all-leather


helmet with an automatic rifle in a holster by his left leg came
across the bridge and went on up the road. (VERBE 2815)

qui interdisent toute interprétation métaphorique, car, comme la


combinaison COME BY citée plus haut (page 294), elles
n'indiquent qu'un moyen d'atteindre une fin, et non une fin.
Cette distinction est la conséquence de l'accolage de la
préposition ACROSS au verbe COME, au sens duquel elle
participe, et qu'elle enrichit: CROISER LA ROUTE DE
QUELQU'UN = LE RENCONTRER. Il ne s'agit en aucun cas d'une
simple juxtaposition des termes COME et ACROSS. En s'accolant
à COME, ACROSS perd une partie de ses qualités de prépositions
et acquiert les qualités d'un adverbe. Le phénomène que nous
avons appelé accolage correspond, si l'on veut, à une fusion des
deux termes, et le produit de cette fusion, même s'il ne se
distingue par aucun signe graphique révélateur, est néanmoins
pourvu de la qualité sémantique essentielle que décrivent Lapaire
et Rotgé (1991: p. 186):

" [...] tout produit d'une fusion, on le sait, a des propriétés résultantes qui ne
sont pas réductibles à une innocente juxtaposition des qualités d'origine."

Il est important de noter toutefois que, produit d'un raccourci de


la pensée, l'énoncé (4) est inexact. Le message complet qui aurait
dû être transmis par l'énonciateur est en réalité:

4') Once a motorcyclist in a leather coat and an all-leather


helmet with an automatic rifle in a holster by his left leg came
across the river (along the bridge) and went on up the road.

C'est la rivière qui a été "croisée", et non pas le pont.

8.3 Conclusion

En entamant ce chapitre, nous l'avons dit plus haut, nous


n'avions aucune ambition d'exhaustivité. Notre but était
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301
Chapitre 8 Les verbes adverbiés et quasi-adverbiés
_________________________________________________________________________________

d'illustrer, à travers une mosaïque de combinaisons choisies


parmi les plus fréquentes dans le corpus dont nous disposons,
les schémas de pensée qui régissent la formation des verbes
complexes adverbiés, ainsi que certaines des techniques mises en
œuvre pour aboutir à la formation de nouveaux sens. Tous ces
schémas et techniques obéissent au grand principe d'économie
linguistique décrit par Tournier (1988: p.139):

" [...] une des lois constantes qui régissent l'activité humaine en général est
la loi du moindre effort. Appliquée au langage, elle se manifeste par le fait
que l'homme a naturellement tendance à réduire le coût (coût articulatoire et
coût mémoriel), c'est-à-dire à limiter son effort à ce qui est nécessaire et
suffisant à la transmission d'un message."

Les verbes complexes adverbiés sont, à notre sens, un produit


remarquable de la mise en application de la loi du moindre effort
telle que Tournier la décrit: le coût articulatoire (Ibid. p. 238) des
signifiants formés par accolage d'un verbe et d'un adverbe est, en
effet, réduit au strict minimum, mais sans dommage aucun pour
le signifié, qui, tout au contraire, s'en trouve enrichi.

_________________________________________________________________________________
302
Les verbes à deuxième terme antéposé
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p 9. LES VERBES À DEUXIÈME TERME ANTÉPOSÉ

_________________________________________________________________________________
303
Les verbes à deuxième terme antéposé
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9.1 Définition

Les verbes de cette catégorie sont du type INPUT, OVERLOOK,


OUTLAY, etc. Ils ont au moins deux points communs avec toutes
les combinaisons que nous avons étudiées dans les pages
précédentes:

• leur système de formation par accolage (accolage graphique


dans ce cas) du deuxième terme au premier.

• le rôle adverbial du deuxième terme, même si celui-ci n'est pas


à l'origine un adverbe, mais un nom ou un adjectif. Certaines
de ces formations sont très anciennes, comme le verbe
manhandle, par exemple, dont la première occurrence
répertoriée par OED remonte à 1457; mais il en est de
beaucoup plus récentes:

short-circuit, v.
[f. prec. n.]
To connect by a short circuit; to establish a short circuit in (an electric
system).
1867 To short circuit a battery, to connect the poles by a wire.

short-change, v. orig. U.S.


[f. short change]
trans. To rob by giving insufficient change. Also fig., to deprive (a person) of
his due; to cheat, deceive. So
1903 Brad was out in the back Townships short-changing the Farmers .

Ces combinaisons se distinguent néanmoins des adverbiés à


deuxième terme postposé par leur morphologie, leur accolage
s'étant effectué à gauche de la base verbale. Ils constituent de ce
fait une classe à part entière, produit de mécanismes de
formation différents. Nous les évoquons ici en particulier à cause
de l'existence de paires: deuxième terme postposé / deuxième
terme antéposé (OUTLAY / LAY OUT, OVERLOOK / LOOK OVER
etc.).

_________________________________________________________________________________
304
Les verbes à deuxième terme antéposé
_________________________________________________________________________________

Nous avons choisi pour ce troisième type de verbes complexes


l'appellation "à deuxième terme antéposé", car, comme les
adverbiés, ils comportent un premier terme, le verbe, et un
deuxième terme, l'adverbe, qui lui est incident et en modifie le
sens pour former avec lui un verbe complexe.

D'un point de vue diachronique, ce type de formation de verbes


complexes est antérieur au schéma VERBE + ADVERBE. Il est
conforme au principe général de formation de composés en
anglais énoncé par Sweet ((1891) 1968 : p.448):

"The general rule of English [...] composition is to put the adjunct-word


before the head-word, on the same principle of putting the modifier before the
modified word as we follow in the group adjective + noun [...]".

En ce qui concerne les verbes de l'anglais moderne, la plupart des


auteurs affirment que ce système de formation à deuxième terme
antéposé n'est plus productif, et a été remplacé par les verbes
adverbiés à deuxième terme postposé. Bolinger, notamment, écrit
(1971: p.xi):

"Of such combinations of verb and particle (phrasal verbs) Old English had
only a trace. The adverb appeared instead more commonly before the verb,
whether conjoined or not. The number grew slowly in the Middle English
period, then received a setback, at least in the literary language, from the
influx of Romance derivatives and did not get going strongly again until the
fifteenth century."

Dans ce type de combinaisons, comme dans les combinaisons


ADJECTIF + NOM du type blackbird, c'est le premier terme qui
est, en général, porteur d'accentuation. Le schéma que nous
avons présenté au chapitre 5 et reprenons ici illustre le processus
de formation:

PUT
OFF
IN PUT

OUT
PUT

_________________________________________________________________________________
305
Les verbes à deuxième terme antéposé
_________________________________________________________________________________

' '
Les verbes ainsi formés sont OFFPUT, INPUT et OUTPUT, dans '
lesquels les notions représentées par les adverbes OFF, IN et
OUT, vehicules de la valeur ajoutée sémantique, sont mises en
avant. L'accentuation tonique porte donc logiquement sur ces
deuxièmes termes, ici antéposés, tout comme dans les
constructions que nous avons décrites précédemment.

Ce système plus ancien de formation diffère également du


système moderne à adverbe postposé par son caractère plus
"direct": OFFPUT, par exemple, est formé de l'accolage direct de
l'"adverbe prépositionnel" OF(F) (OED CD-ROM 1992) au verbe
PUT, comme il était alors d'usage.

Nous donnons ci-dessous, pour illustration, les définitions des


variantes métaphoriques de OFFPUT et PUT OFF dans OED.

1) OFFPUT, dans le sens de "déconcerter, déstabiliser" est une


formation très ancienne:

off-put v. trans., to put off; to disconcert; to repel;


1387 Trevisa Higden (Rolls) VI. 409 þanne he [Sergius] hym self occupiede
Þe poperiche. And in wreche of his of puttynge he made hem take up
Formosus Þe pope out of his grave, and smyte of his heed, and Þrewe Þe body
into Tyber.

2) PUT OFF, formation plus tardive, est né, lui, de l'accolage


postposé du deuxième terme OFF (produit du changement de
statut de OFF, alors préposition) au verbe PUT:

put off slang or colloq. = put out (48 f (c)). Now usu., to offend, to
disconcert; to cause (a person) to lose interest in or enthusiasm
for something.
1909 Spectator 12 June 927/1 People forget that a horse can be put off' as
easily as a man.
1909 F. L. Barclay Rosary ix. 77, I am so afraid of her putting Dal off. He is so
fastidious.

Rien n'empêche donc l'usage d'imposer en anglais contemporain


un verbe adverbié à deuxième terme postposé en dépit de
l'existence d'un synonyme plus ancien à deuxième terme
antéposé.

_________________________________________________________________________________
306
Les verbes à deuxième terme antéposé
_________________________________________________________________________________

9.2 Distribution

S'il semble acquis que, de nos jours au moins, les nouvelles


combinaisons adverbiées se forment le plus souvent par
lexicalisation d'accolages en discours conformes à la syntaxe
VERBE + ADVERBE, il n'en reste pas moins que la filière
antéposée, même si elle est beaucoup moins utilisée, est toujours
productive. Nous avons effectué une recherche systématique de
ce type de verbes complexes dans OED (CD-ROM 1992) en
utilisant pour base la liste de deuxièmes termes adverbiaux ou
prépositionnels de notre base de données. Le tableau ci-dessous
en résume les résultats:

Décompte total

2° terme N. verbes + ancien + récent 1900 ou après


ABACK 0 0 0 0
ABOUT 1 1861 1861 0
ABOVE 0 0 0 0
ACROSS 0 0 0 0
AFTER 1 1580 1580 0
AGAIN 8 1000 1554 0
AGAINST 0 0 0 0
AHEAD 0 0 0 0
ALONG 0 0 0 0
AMONG 0 0 0 0
APART 0 0 0 0
AROUND 0 0 0 0
ASIDE 0 0 0 0
AT 68 885 1738 0
AWAKE 0 0 0 0
AWAY 0 0 0 0
BACK 17 1175 1946 2
BEHIND 0 0 0 0
BELOW 0 0 0 0
BETWEEN 0 0 0 0
BEYOND 0 0 0 0
BY 10 1300 1886 0
DOWN 12 1300 1980 8
DOWNSTAIRS 0 0 0 0
FOR 180 800 1849 0
FORE 74 825 1892 0

_________________________________________________________________________________
307
Les verbes à deuxième terme antéposé
_________________________________________________________________________________

2° terme N. verbes + ancien + récent 1900 ou après


FORTH 25 825 1565 0
FORWARD 0 0 0 0
FROM 0 0 0 0
IN 741 900 1961 12
INSIDE 0 0 0 0
INTO 0 0 0 0
INWARD 0 0 0 0
NEAR 0 0 0 0
OF 42 888 1330 0
OFF 26 1000 1947 1
ON 26 971 1897 0
ONTO 0 0 0 0
ONWARD(S) 0 0 0 0
OUT 332 825 1975 20
OUTDOORS 0 0 0 0
OUTSIDE 0 0 0 0
OUTWARD(S) 0 0 0 0
OVER 498 725 1964 35
PAST 0 0 0 0
ROUND 2 1591 1872 0
THROUGH 6 1000 1680 0
TO 92 700 1494 0
TOWARD(S) 0 0 0 0
UNDER 186 888 1976 19
UP 96 900 1965 7
UPON 0 0 0 0
UPSTAIRS 0 0 0 0
UPWARD(S) 0 0 0 0
WAY 4 1513 1960 1
WITH 10 743 1591 0
WITHIN 0 0 0 0
WITHOUT 0 0 0 0

Si l'on affine ces résultats en les réduisant au nombre de


deuxièmes termes effectivement utilisés dans des combinaisons
de ce type, on obtient, par ordre décroissant de nombre
d'occurrences:

2° termes antéposés

2° terme N. verbes + ancien + récent 1900 ou après


IN 741 900 1961 12
OVER 498 725 1964 35
OUT 332 825 1975 20
UNDER 186 888 1976 19
FOR 180 800 1849 0
UP 96 900 1965 7
TO 92 700 1494 0

_________________________________________________________________________________
308
Les verbes à deuxième terme antéposé
_________________________________________________________________________________

2° terme N. verbes + ancien + récent 1900 ou après


FORE 74 825 1892 0
AT 68 885 1738 0
OF 42 888 1330 0
OFF 26 1000 1947 1
ON 26 971 1897 0
FORTH 25 825 1565 0
BACK 17 1175 1946 2
DOWN 12 1300 1980 8
BY 10 1300 1886 0
WITH 10 743 1591 0
AGAIN 8 1000 1554 0
THROUGH 6 1000 1680 0
WAY 4 1513 1960 1
ROUND 2 1591 1872 0
ABOUT 1 1861 1861 0
AFTER 1 1580 1580 0

Au premier abord, la filière IN semble la plus productive, mais les


résultats doivent être réduits plus encore, car le concordanceur
de OED ne reconnaît que des chaînes de caractères, et est
incapable de faire la différence entre IN préposition ou adverbe et
IN préfixe (privatif comme dans intransitivize, ou autre comme
dans instantiate). TO et AT posent le même type de problème 1.
OED donne, sans discrimination, des composés préfixés en a,
comme attire:

"attire OF. atire-r, earlier atirier to arrange, put into order, array, equip,
dress, deck, cogn. w. Pr. atieirar, formed on the phrase a tieira, OF. à tire
_into row or order,' f. Pr. tieira (teira, tiera), It. tiera, OF. tire (tiere), row, rank,
order, series, suite, train; of uncertain origin: see tier".

et d'autres préfixés en at, comme atcreep, dans lesquels at signifie


away from:

"Representing earlier OE. oÞ-, oð-, unaccented form of úð- away, from' =
Gothic unÞa- in unÞa-Þliuhan to flee away,"

Nous n'avons pas, dans ce travail, fait l'étude discriminative des


741 instances de IN recensées. Notre recherche étant tournée
vers l'anglais contemporain, nous nous intéressons plus

1 Nous donnons en annexe la liste de tous les verbes commençant par les chaînes
de caractères IN et AT répertoriés dans OED. CD-ROM 1992.
_________________________________________________________________________________
309
Les verbes à deuxième terme antéposé
_________________________________________________________________________________

particulièrement ici aux créations à partir de l'année 1900, que


nous donnons intégralement 2.

Créations à partir de l'année 1900

2° terme 1900 ou après + récent


1. OVER 35 1964
2. OUT 19 1975
3. UNDER 19 1976
4. IN 12 1961
5. DOWN 8 1980
6. UP 7 1965
7. BACK 2 1946
8. OFF 1 1947
9. WAY 1 1960

Sur les neuf deuxièmes termes trouvés:


– 8 adverbes
– 1 nom: way

Une première analyse des résultats impose une remarque


essentielle:

Six des deuxièmes termes trouvés peuvent chacun donner lieu à


deux types d'interprétation, l'une littérale et l'autre
métaphorique:

Interprétation littérale Interprétation métaphorique


1. OVER Idée de parcours (au-dessus) Excès (dépassement)
2. OUT Exclusion (limites) Excès
3. UNDER Position en-dessous Insuffisance
4. DOWN Mouvement vers le bas Diminution
5. UP Mouvement vers le haut Augmentation
6. BACK Mouvement vers l'arrière (retour) Remontée vers le passé

Le deuxième terme IN donne également lieu à deux types


d'interprétation, selon qu'il est préfixe privatif ou adverbe:

IN Inclusion (limites) Préfixe privatif

2Nous avons toutefois conservé tous les fichiers de recherche ("query files") que
nous avons écrits pour chaque deuxième terme, dans OED CD-ROM 1992, ainsi
que leurs résultats ("text files"). Ils pourront être utilisés pour des recherches
ultérieures. Nous les tenons à la disposition de nos collègues chercheurs.
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310
Les verbes à deuxième terme antéposé
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Les verbes que nous avons recensés se répartissent comme suit


(par ordre décroissant de fréquence):

OVER

Sens littéral

1. overdub 1962 To impose additional sounds to a


recording
2. overdye 1946 To dye, something already dyed, with
a second dye
3. over-soul 1916 To rule, or dominate, in respect of the
soul
4. overcall 1908 To make a bid higher than a previous
bid
5. over-cut 1906 To cut at or near roof level in a seam
(mining)
6. over-bump 1905 (bumping races) To catch and bump
ahead of a pair of other boats

Sens métaphorique

1. over-engineer 1964 To engineer to a standard higher than


is technically necessary
2. over-trap 1964 to trap (a region) too much in such a
way as to deplete the fauna
3. overdesign 1964 To design to a standard of reliability or
safety higher than the usual or
minimum standard.
4. over-pedal 1961 To over-use a piano's sustaining pedal
5. over-react 1961 To respond with excessive force or
emotion to a given situation
6. over-record 1961 To record using too large a signal, so
that distortion occurs
7. over-specify 1957 To specify too narrowly; to limit
excessively in scope
8. overprescribe 1953 To prescribe an excessive amount of (a
drug)
9. overkill 1946 To kill or destroy to a greater extent
than is necessary
10.over-publicize 1939 To publicize too much or to excess; to
give undue importance to by
publicizing
11.overpark 1938 To park a motor vehicle for longer
than the permitted period
12.over-extend 1937 To extend (a thing) too far
13.oversteer 1936 to exhibit a tendency in a motor
vehicle to increase the sharpness of
the turn when made to deviate from
the straight
14.oversimplify 1934 To render excessively simple

_________________________________________________________________________________
311
Les verbes à deuxième terme antéposé
_________________________________________________________________________________

15.over-specialize 1926 To specialize too much


16.overtip 1926 To give an excessive gratuity to (one
who has been of service)
17.over-exploit 1922 To exploit excessively
18.over-articulate 1921 To articulate or pronounce too
carefully
19.overbleach 1921 To bleach excessively so that the
material bleached deteriorates
20.overventilate 1917 To breathe deeply or rapidly.
21.overcure 1916 To cure (plastic or rubber) for longer
than the optimal period
22.over-trawl 1913 To trawl (a fishing-ground) too much
or to depletion
23.overvulcanize 1911 To subject (rubber) to
overvulcanization; to make hard or
brittle by vulcanizing
24.overspeed 1906 To drive or operate faster than is
permitted or allowed for
25.over-bull 1905 to raise the price of (stocks, etc.)
excessively.
26.over-generalize 1904 To draw general conclusions from
inadequate data; to argue more widely
than is justified by the available
evidence, by circumstances
27.over-insure 1904 To insure for more than the real value;
to insure excessively
28.overbook 1903 To make more bookings for (a theatre,
hotel, aircraft, etc.) than there are
places or seats available
29.overdeepen 1900 To deepen further, to make even
deeper

29 verbes sur 35 sont construits autour de l'interprétation


métaphorique de OVER, soit 83%.

OUT

Sens littéral

1. outright 1975 to give a free transfer (to a baseballplayer)


2. outwinter 1959 to keep animals out during winter
3. out-migrate 1953 To leave one country or place to make one's
home in another
4. out-position 1928 In various sports and games, to secure an
advantage over (an opponent) in terms of
position
5. outplace 1928 To displace or oust
6. outgas 1921 to drive off sorbed gas from a solid
7. outbreed 1919 1. (Stress even or on first syllable.) trans.
and intr. To breed from parents not closely

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312
Les verbes à deuxième terme antéposé
_________________________________________________________________________________

related.
1919 East & Jones Inbreeding &
Outbreeding xi. 214 Whether plants are
inbred or outbred is a matter which is left
to regulate itself.
1968 Times 23 May 17/4 In the wild it is
usually an advantage for plants to
outbreed---to reproduce by fertilization
with other individuals not themselves.
8. outcross 1918 To cross (an animal or plant) with one not
closely related
9. outmode 1903 To put out of fashion

Sens métaphorique

1. outseg 1967 To support more segregationist policy


2. outfox 1962 To outdo in deception or cunning
3. outperform 1960 To perform better than; to surpass in a
specified activity or function
4. outscore 1958 In various sports and games: to score more
than; to surpass in scoring
5. outpunch 1950 In boxing, to surpass (an opponent) in
punching ability
6. outshove 1938 To outdo or surpass in shoving; to shove
harder than
7. outarm 1930 To exceed in possession or acquisition of
weapons of war
8. outyield 1927 To surpass in terms of yield; to produce
more than
9. outsmart 1926 To get the better of or overcome by superior
craft or ingenuity
10. outbreed 1919 2. (Stress on second syllable.) trans. To be
quicker or more prolific in breeding than.
11. outguess 1913 To outwit (someone) by guessing more
cleverly or shrewdly

11 verbes sur 20 sont construits autour de l'interprétation


métaphorique de OUT, soit 55%.
OUTBREED présente la particularité de figurer dans les deux
catégories, avec déplacement de l'accentuation tonique: sur la
première syllabe pour l'interprétation littérale, et sur la seconde
pour l'interprétation métaphorique.

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313
Les verbes à deuxième terme antéposé
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UNDER

Sens littéral

1. underseal 1958 To coat (the underbody of a vehicle)


with waterproof material
2. underride 1956 To form the basis on which
(something) occurs
3. under-carve 1904 To cut from below or behind

Sens métaphorique

1. underperform 1976 To perform in a manner which falls


below expectation.
2. undertip 1975 To give an inadequate or insufficient
gratuity to (one who has been of
service)
3. underdetermine 1966 To account for (a theory or
phenomenon) with less than the
amount of evidence needed for proof
or certainty
4. undercharacterize 1960 To depict or play with insufficient
characterization or subtlety
5. under-use 1960 To make insufficient use of (a facility,
etc.)
6. under-report 1959 To fail to report (income, events,
information, etc.) fully
7. under-record 1958 To make too few recordings of (a work
or performer)
8. underwhelm 1956 To leave unimpressed, to arouse little
or no interest in
9. under-utilize 1954 To make use of (equipment, resources,
etc.) insufficiently or below the
optimum level
10.under-ruff 1945 (bridge) = to undertrump
11.undercapitalize 1934 To furnish with insufficient capital (to
achieve a desired result)
12.under-read 1934 Of a gauge, dial, etc.: to show a
reading lower than the true one.
Of the reading public: to read (an
author, a book, etc.) with less than
normal frequency or with less than
due appreciation.
13.undercure 1916 To cure (plastic or rubber) for less
than the optimal period.
14.under-insure 1911 To insure at less than the real value
15.underdress 1908 To dress too plainly
16.underclub 1900 To select (for oneself) a club which will
not satisfactorily strike the ball the
required distance

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314
Les verbes à deuxième terme antéposé
_________________________________________________________________________________

16 verbes sur 19 sont construits autour de l'interprétation


métaphorique de UNDER, soit 84%.

DOWN

Sens littéral

down-turn downturn 1909 To turn downwards

Sens métaphorique

1. download 1980 to transfer (esp. software) from the


storage of a larger system to that of a
smaller one
2. down-size 1975 To design or build (a car) of smaller
downsize overall dimensions, esp. without
reducing interior and boot capacity
3. downplay 1968 To minimize or make little of (a
problem, rumour, etc.); to de-
emphasize or play down
4. down-point 1946 To lower the value in points of
(something rationed)
5. downscale 1945 To reduce in size or scale, to scale
down
6. down-grade 1930 To lower in grade, rank, status,
estimation, or the like
7. downface 1909 To contradict, controvert; to browbeat;
to out-smart

7 verbes sur 8 sont construits autour de l'interprétation


métaphorique de DOWN, soit 87,5%.

UP

Sens littéral

1. upchuck 1960 To vomit


2. uprend 1911 To pull or tear up; uproot.

Sens métaphorique

1. uprate 1965 To raise to a higher standard, to upgrade


2. upshift 1956 To change to higher gear

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315
Les verbes à deuxième terme antéposé
_________________________________________________________________________________

3. update 1948 To bring (information, esp. written material


or material recorded in some other form) up
to date
4. upstage 1933 To move upstage of (another actor), forcing
him to face away from the audience; to
divert attention from (a fellow performer) to
oneself, to steal the scene from
5. upgrade 1920 To increase the grade or status of (a job); to
raise (an employee) to a higher grade or
rank

5 verbes sur 7 sont construits autour de l'interprétation


métaphorique de UP, soit 71,5%.

BACK

Sens littéral

back-track 1904 To return; to retrace one's steps

Sens métaphorique

back-date, 1946 To affix or assign a date earlier than the


backdate actual one to (a document, book, event,
etc.)

OFF

off-centre 1947 To place or position off centre

WAY

waymark 1960 To provide or identify (a path) with


waymarks

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316
Les verbes à deuxième terme antéposé
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IN

Préfixe

1. intransitivize 1949 To make intransitive


2. instantiate 1946 To represent by an instance
3. inscript 1923 To inscribe
4. infinitize 1913 To render infinite
5. indemn 1906 To indemnify
6. inactivate 1906 To render inactive
7. involute 1904 To undergo involution
8. institutionize 1903 To render institutional; to
institutionalize

Adverbe

1. in-winter 1961 To protect (animals, particularly sheep)


by keeping them indoors during severe
weather and providing food for them
2. inbe 1921 To be within
3. in-build 1920 build in

3 verbes sur 11 sont construits à l'aide de IN adverbe, soit


27,27%.

Nous avons donné, dans les tableaux qui précèdent, toutes les
occurrences de verbes complexes à deuxième terme antéposé
formés depuis 1900 répertoriés dans OED, en conservant
l'orthographe proposée (avec ou sans trait d'union), soit, en tout,
104 verbes. Au regard des 28719 entrées qui figurent dans
l'édition 1992 du CD-ROM de OED à la rubrique "verbe", ce
chiffre est très faible (0,36%). Il est cependant loin d'être
négligeable si l'on considère que les plus anciens verbes de ce
type répertoriés dans l'ouvrage datent du 9° siècle, et que bon
nombre d'entre eux ne sont plus utilisés dans la langue moderne.
Nous pensons également que ce chiffre, s'il constitue une
référence, ne peut pas être considéré comme complet. Il ne peut
pas, par exemple, prendre en compte tous les apports du monde
des communications modernes, et notamment celui de la micro-
informatique: si le verbe DOWNLOAD (transfer – esp. software –
from the storage of a larger system to that of a smaller one.) est

_________________________________________________________________________________
317
Les verbes à deuxième terme antéposé
_________________________________________________________________________________

accepté, son complément UPLOAD, dont l'emploi est attesté, est


absent de la liste. Ces deux dernières formations, qui datent des
années 1980, nous montrent que la source, si elle n'est pas très
abondante, n'est pas tarie pour autant.

Les premières conclusions auxquelles nous conduit cette analyse


ne sont cependant pas uniquement quantitatives: les nouvelles
formations sont construites majoritairement autour d'une
interprétation métaphorique du deuxième terme, mais ce n'est
pas toujours la règle (OUTBREED, par exemple). D'autre part, des
paires cohabitent en anglais contemporain, qui sont, pour
certaines, le résultat d'une interprétation différente du deuxième
terme.

9.3 Analyse de quelques paires

Nous présentons ci-dessous l'analyse de six paires à notre avis


significatives. Les définitions sont extraites de OED (1992: CD-
ROM) à chaque fois que les combinaisons y sont répertoriées:

1. outfight fight out


2. outlay lay out
3. overshoot shoot over
4. upshoot shoot up
5. upstart start up
6. upturn turn up

OUTFIGHT / FIGHT OUT

outfight
1. trans. To take by assault, subdue, conquer, overcome. (1382)
2. To fight better than; to beat in a fight. (1643)

fight out
n'est pas répertorié dans OED , mais existe:

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318
Les verbes à deuxième terme antéposé
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Tell them at the desk to pay her and let her go and fight out
her problem, whatever it is. (VERBE 987)

FIGHT OUT est synonyme de OUTFIGHT (1).

OUTFIGHT est construit sur le même modèle que le latin


expugnare: repousser l'ennemi à l'extérieur des limites d'un
territoire. En diachronie, le sens métaphorique de OUTFIGHT (2)
est postérieur de plus de deux siècles au sens littéral. En anglais
contemporain, seul le sens (2) est resté dans l'usage courant, le
sens (1) ayant été remplacé par la combinaison plus moderne
FIGHT OUT.

OUTLAY / LAY OUT

outlay
1. trans. To lay out; to spread out, expose, display. Now rare or
poetic.
1820 Byron Morg. Mag. i. xxxiv, Thou thought'st me doubtless for the bier
outlaid.
2. To set forth. Obs.
1862 Channing in Salt Thoreau (1890) 258 No labor was too onerous, no
material too costly, if outlaid on the right enterprise.
1886 Sat. Rev. 19 June 839 Money which might be more profitably outlaid.

lay out
a. trans. To extend at length; to take out and expose to view, to
the air, etc.; to spread out in order; to lay so as to project
outwards.
1849 Thackeray Pendennis i, His letters were laid out there in expectation
of his arrival.
b. To stretch out and prepare (a body) for burial; hence (slang) to
stretch out in death, to lay low, to do for; fig. to put "hors de
combat"; to knock (a person) unconscious; to kill.
1891 Harper's Mag. Oct. 777/2 Hydropathy gave him fits, and eclecticism
almost lays him out.
c. To spend, expend (money). Also absol.
1895 Macaulay Hist. Eng. xx. IV. 471 He laid out all his gains in
purchasing land.
d. To employ or exercise (powers, effort). Obs.
1651 Baxter Saints' Rest iii. vi. 26 (ed. 2) 127 They should lay out all their
strength on the work of God.

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319
Les verbes à deuxième terme antéposé
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Les deux combinaisons coexistent en anglais moderne, mais ici


encore leurs emplois se sont, d'une certaine manière, spécialisés:
le sens littéral de OUTLAY (lay out, spread out) a presque
complètement disparu de la langue moderne, et seul est resté le
sens métaphorique (c.) (outlay = spend), mais principalement
sous forme de nom, en anglais britannique en tout cas:

outlay, n.
The act or fact of laying out or expending; expenditure (of money
upon something).
Orig. a Sc. and dial. word; still considered dialectal by Forby
1825; given in Webster.

Collins COBUILD English Language Dictionary (1987) ne reconnaît


pas le verbe OUTLAY, Webster's New Collegiate Dictionary (1993)
reconnaît le verbe et le nom.

OVERLOOK / LOOK OVER

overlook
1. trans. To look over the top of, so as to see what is beyond.
1863 Hawthorne Our Old Home (1883) I. 215 The wall was just too high to
be overlooked.
fig. To rise above, overtop. [...] To afford or command a view of...
1748 Smollett Rod. Rand. iii. (1804) 10 A hat, whose crown over-looked the
brims about an inch and a half.
2. To look over and beyond and thus not see; to fail to see or
observe; to pass over without notice (intentionally or
unintentionally); to take no notice of, leave out of
consideration, disregard, ignore. (The chief current sense.)
1723-4 Dk. Wharton True Briton No. 65 II. 550 Vex'd that I should have
overlooked myself so far as to have given any Room [etc.].
3. To look (a thing) over or through; to examine, scrutinize,
inspect, survey; to peruse, read through. Now rare or arch.
1674 S. Jeake Arith. (1696) 249, I have transited Decimals and shall now
overlook Logarithmes.

look over
a. To peruse or inspect cursorily; to examine, pass in review.
1780 C. A. Burney in Mad. D'Arblay's Early Diary (1889) II. 288 My father
and him next went to looking over the prints.
b. To ignore, leave out of consideration. Now only, to overlook,
pardon (a fault).
1887 Murray's Mag. II. 425 He forgave her, and looked over her conduct.
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320
Les verbes à deuxième terme antéposé
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Selon OED, la combinaison LOOK OVER peut avoir, en anglais


moderne, tous les sens déjà exprimés par la combinaison
OVERLOOK sauf un, le premier sens littéral: To look over the top
of, so as to see what is beyond. Ceci est, à notre sens, une
illustration de ce que nous avons appelé le caractère dynamique
de la formation des adverbiés, par accolage à partir d'énoncés à
l'origine prépositionnels.

L'énoncé:

1) To the effect of an increase in concentration, he has to lean


very far back and look over the rim of his half-moon
glasses (VERBE 2807)

ne surprendra personne. Il s'agit d'un emploi littéral dans lequel


on n'observe aucun accolage. Le seul rôle de la préposition OVER
est d'introduire le complément. Le sens de l'ensemble est véhiculé
séparément par le verbe et par la préposition, mais le sens du
verbe n'est pas modifié par OVER. De manière tout à fait logique,
OED ne mentionne pas ce type d'emploi, car ce "LOOK OVER" ne
constitue pas une unité de sens, il n'est pas un "verbe de langue".

Toutes les autres interprétations que l'on peut donner à la


combinaison LOOK OVER sont la conséquence de l'accolage de
OVER à LOOK. OVERLOOK est toujours utilisé en anglais
moderne, mais les emplois des deux combinaisons se sont
spécialisés:

LOOK OVER OVERLOOK


1. To rise above, overtop [...] to afford or
command a view of.
2. To examine, pass in review. To examine, scrutinize, inspect,
survey; to peruse, read through.
3. To peruse or inspect cursorily
4. To ignore, leave out of To look over and beyond and thus not
consideration. Now only, to see; to fail to see or observe; to pass
overlook, pardon (a fault). over without notice (intentionally or
unintentionally).
To take no notice of, leave out of
consideration, disregard, ignore.

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321
Les verbes à deuxième terme antéposé
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Sens 1

OVERLOOK est, à notre avis, plus fréquent que LOOK OVER


dans ce cas:

2) My window overlooked a trim dull garden of rosebeds cut


out in segments of a circle. (VERBE 1436)

cependant, la glose:

2') My window looked over a trim dull garden of rosebeds cut


out in segments of a circle.

est tout à fait plausible.

Sens 2

OVERLOOK a pratiquement disparu au profit de LOOK OVER:

2) You had trunks there and none at the hotel and when I
looked the apartment over I found a rent-receipt dated five
or six days before the time you told me you rented it.
(VERBE 1311)

La glose K [...] and when I overlooked the apartment [...] est


impossible sans modification du sens.

Sens 3

OVERLOOK a pratiquement disparu au profit de LOOK OVER:

3) Mrs. Gaskell asked me to come and look over Miss


Brontë's papers. (OED CD-ROM 1992)

Ici encore, la glose à deuxième terme antéposé K Mrs. Gaskell


asked me to come and overlook Miss Brontë's papers est
impossible sans changement radical du sens.
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322
Les verbes à deuxième terme antéposé
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Sens 4

Cet emploi est le plus souvent réservé à OVERLOOK en anglais


moderne:

4) He was my best friend, and with our best friends we


overlook many differences. (VERBE 1686)

mais la glose:

4') He was my best friend, and with our best friends we look
over many differences.

est peut-être possible.

Il reste que les sens (2) et (3), qui sont contradictoires, sont
réservés à la combinaison LOOK OVER, qui pourrait donc être
génératrice d'ambiguïté. Mais, là encore, les emplois semblent
être spécialisés:

LOOK OVER, dans sa forme séparée, est, en général, réservé au


sens (2):

2) You had trunks there and none at the hotel and when I
looked the apartment over I found a rent-receipt dated five
or six days before the time you told me you rented it.
(VERBE 1311)

La position du deuxième terme OVER (qui peut être, dans


l'absolu, adverbe ou préposition) à droite du complément élimine
toute possibilité d'interprétation prépositionnelle, et favorise, au
contraire, une interprétation métaphorique du seul deuxième
terme:

All through, through the extent of, from beginning to end (S OED: 1965
p.1401)

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323
Les verbes à deuxième terme antéposé
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En laissant son autonomie à OVER (qui est éloigné du verbe


LOOK), la construction, même si elle impose l'existence de la
combinaison LOOK OVER comme une unité de sens, en permet
néanmoins une interprétation "plus" résultative.

La composante résultative est toujours présente dans


l'énoncé (3), mais elle n'est plus privilégiée (voir chapitre
précédent):

3) Mrs. Gaskell asked me to come and look over Miss


Brontë's papers. (OED CD-ROM 1992)

UPSHOOT / SHOOT UP

upshoot
1. intr. To spring or grow up.
2. trans. and refl. To send or raise up.

shoot up
ne figure pas dans OED en tant que verbe autonome, mais
comme une variante de SHOOT:

to shoot up (with complement): To become by sudden growth.


Obs.

Le sens shoot up = tuer avec une arme à feu n'est pas répertorié:

The kid had just finished shooting him up when we got there
(VERBE 1315)

UPSHOOT a pratiquement disparu de la langue moderne, sauf


sous la forme nominale issue de son participe passé: upshot =
aboutissement, conséquence.

Le fait que SHOOT UP ne soit pas répertorié en tant que verbe


complexe autonome est surprenant, en raison de ses multiples

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324
Les verbes à deuxième terme antéposé
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emplois. Une entrée est, par contre, réservée au nom qui en est
issu:

shoot-up
1. A furious exchange of shooting, a gun-battle, a shoot-out; also,
an assault by gun-fire.
1922 Blackw. Mag. Oct. 441/2 A favourite form of amusement of the I.R.A.
used to consist in what was commonly called shooting up a district: these
outrages took the form of shooting at every Loyalist who appeared within
range for a whole evening. Before one of these shoot-ups you might search
every house in the district to be shot-up till dusk, and not find any arms;
but soon after dusk men would distribute arms to the gunmen. 3
2. The act of flying low over a target as if to or actually to attack.
R.A.F. slang.

On notera la référence à la forme verbale dans le texte


d'explication.

UPSTART / START UP

upstart
1. intr. To start or spring up: esp., of persons, to spring to one's
feet. Also fig.
b. Of the hair: To rise on end.
c. To spring up by growth; to come into existence.
d. To rise suddenly into view.
2. trans. To cause to start up.

start up.
a. To rise suddenly; to spring to an erect position (in ME. occas.
with dative of refl. pron.); also fig. to arise suddenly from
inaction, bestir oneself.
b. Of the hair: To stand suddenly on end.
c. To rise suddenly to power or importance; to become suddenly
conspicuous.
d. Of things: To come suddenly into being or notice, to spring up.
Also loosely, to begin.

3 C'est nous qui soulignons.


_________________________________________________________________________________
325
Les verbes à deuxième terme antéposé
_________________________________________________________________________________

Le verbe UPSTART a pratiquement disparu de la langue moderne,


pour laisser la place à la combinaison START UP. Seule une
interprétation métaphorique demeure, sous la forme nominale:

One who has newly or suddenly risen in position or importance; a


new-comer in respect of rank or consequence; a parvenu; = start-
up ppl. a. and n.1 1.
1555 Instit. Gentl. C iiij b, These gentlemen are nowe called vpstartes, a
terme lately inuented by such as pondered not ye groundes of honest meanes
of rising or commyng to promocion.

UPTURN / TURN UP

upturn
1. trans. To overthrow, subvert, or cause to fall.
2. To turn, throw, or tear up; to cast or turn over.
3. To turn upside down. Obs.1
4. To direct or cast (the eye, face, etc.) upwards.
5. intr. To turn or move up or upwards.

turn up
A la différence de ceux de SHOOT UP, les emplois de TURN UP
sont illustrés par un grand nombre d'entrées (27) qui, toutes,
sont des interprétations, littérales ou métaphoriques, de la
combinaison. Nous n'en donnons ici que quelques unes:

* trans.
a. To direct or bend upwards (also fig.); in pa. pple. often
denoting the form of a projecting part or border of
something;
b. esp. in phr. to turn up one's nose (as an expression of
contempt): usually
** intr.
t. To bend or point upwards; to have an upward direction: cf. 9
d. Also fig.

Le verbe UPTURN a largement laissé la place en anglais moderne


à la combinaison TURN UP, sauf, ici encore, pour deux emplois:

– le nom UPTURN:

_________________________________________________________________________________
326
Les verbes à deuxième terme antéposé
_________________________________________________________________________________

Certainly I think that the measures which the Chancellor of the


Exchequer and the Government have taken could produce
some upturn, provided that confidence is restored. (OED CD-
ROM 1992)

– le participe passé UPTURNED:

A large portion of the perfectly safe fire-escape which had


featured in so many safety-instruction regulations, so many
times read out to the members at so many suppertimes, now
lay in zigzag fragments among the earthy mounds and
upturned roots of the garden. (UPTU1-GS1)

9.4 Conclusion

Le recensement de tous les verbes à deuxième terme antéposé de


OED et les brèves comparaisons que nous venons d'exposer
permettent de tirer une conclusion double, selon que les
combinaisons sont anciennes ou récentes:

Combinaisons anciennes

Les verbes complexes à deuxième terme antéposé tendent à être


supplantés en anglais moderne par des combinaisons à deuxième
terme postposé, sauf quand l'usage d'une combinaison à
deuxième terme antéposé est rendu nécessaire pour éviter toute
confusion (c'est le cas de overlook / look over, par exemple). Même
si le verbe à deuxième terme antéposé n'est plus utilisé dans la
langue moderne, il existe des noms et des adjectifs dérivés dont
l'usage subsiste.

Combinaisons récentes

Nous avons montré que la source de nouveaux verbes à deuxième


terme antéposé, faute d'être très riche, n'est quand même pas

_________________________________________________________________________________
327
Les verbes à deuxième terme antéposé
_________________________________________________________________________________

épuisée, d'autant plus que toutes les nouvelles formations ne


sont pas répertoriées. Nous avons mentionné plus haut UPLOAD,
réservé au vocabulaire de l'informatique, nous proposons ici
OUT-TACK, entendu dans une conversation:
Philippe Poupon tried to out-tack Florence Arthaud to victory
in the Route du Rhum. (17/11/90)

A notre connaissance, la forme K TACK OUT n'existe pas.

Il semble que le deuxième terme OUT se prête très aisément à ce


type de nouvelles formations. Il existe d'autre part des créations
de noms et d'adjectifs à deuxième terme antéposé, qui sont
construites sur le même modèle que les combinaisons verbales:

And then he plunges. [...] and punctures the water with


scarcely a splash. And is gone. Gone. [...] We watch, wait for
the up-bobbing head. Watch and start to distrust our eyes.4

Le verbe K UP-BOB n'est répertorié dans aucun des dictionnaires


que nous avons pu consulter. Il semble que ce type d'adjectif soit
créé par nécessité à partir des adverbiés à deuxième terme
postposé: l'énoncé his head was bobbing up est tout à fait
possible, mais la conversion du segment BOBBING UP en
adjectif, et son transfert en position d'épithète ne le sont pas. Le
procédé est d'ailleurs très courant en anglais et semble tout à fait
ouvert:

The budget deficit is already about A dollars 16bn, and the


governor of the Reserve Bank (the central bank) has warned
that the incoming government will have to curb spending
drastically. 5

Ce mode de formation "direct" de noms ou d'adjectifs, par


imitation, est d'ailleurs très ancien, comme en témoigne la
première occurrence répertoriée du nom BY-BLOW de:

4 Exemple extrait de Waterland de Graham Swift 1983: Picador p.309.


5 The Independent, 15 mars 1993 p.13.
_________________________________________________________________________________
328
Les verbes à deuxième terme antéposé
_________________________________________________________________________________

As a by-blow of Scottish Presbyterianism, I cannot pretend to


be very familiar with bishops, 6

qui remonte, selon OED, à 1594, l'hypothétique verbe BY-BLOW


n'étant pas répertorié.

6 The Independent, 14 mai 1993 p.21.


_________________________________________________________________________________
329
Conclusion
_________________________________________________________________________________

p CONCLUSION

_________________________________________________________________________________
330
Conclusion
_________________________________________________________________________________

Au terme de cette thèse, nous voudrions faire un bref rappel des


raisons qui nous ont incité à entreprendre cette étude, et résumer les
points essentiels qu'elle nous a permis d'établir.

Comme tous les francophones, nous avons été – et sommes toujours –


très souvent confronté à la question des verbes complexes, si
étrangère à notre langue. Nous avons eu recours très souvent aux
dictionnaires de "phrasal verbs" – et continuons de les utiliser
intensivement – car ils sont des sources quasiment inépuisables de
renseignements sur les diverses acceptions des verbes adverbiés et
prépositionnels. Si nous n'avons pas ménagé nos critiques, c'est pour
la raison unique que tous les dictionnaires font, sans exception, une
confusion entre les constructions prépositionnelles et adverbiées. Or,
dans le cas des verbes complexes au moins, adverbes et prépositions,
nous pensons l'avoir démontré, sont incompatibles en raison de leur
mode de fonctionnement: l'adverbe participe toujours, à des degrés
divers, au sens du verbe, et la préposition jamais.

Le recensement systématique par le lexicologue de tous les sens


possibles que peut revêtir une suite de deux mots dont l'un est un
verbe et l'autre un adverbe ou une préposition le conduit à ranger
dans la même catégorie des combinaisons fondamentalement
différentes comme look at, prépositionnel, et look up, adverbié. Ce
mode de classification répond parfaitement aux besoins de l'utilisateur
"pressé", assuré de trouver rapidement - puisque le principal impératif
de ces dictionnaires est l'ordre alphabétique - le sens des
combinaisons qu'il recherche. Il ne peut toutefois convenir au
linguiste à la recherche des lois qui régissent le fonctionnement des
diverses combinaisons.

A la différence du lexicologue, le linguiste ne peut faire abstraction des


conditions dans lesquelles le sens est produit. Il ne peut donc accepter
une méthode de classement dans laquelle la combinaison look up, par
exemple, peut être définie comme, tantôt "peu" idiomatique (regarder
vers le haut, lever les yeux), tantôt "plus" idiomatique (s'améliorer), et
tantôt plus idiomatique encore (chercher un mot dans un dictionnaire)...
Notre opinion est que la tâche du lexicologue est de dire que la
_________________________________________________________________________________
331
Conclusion
_________________________________________________________________________________

combinaison look up peut effectivement avoir ces trois sens, celle du


linguiste de dire quand et pourquoi. Les deux tâches ne sont
malheureusement pas souvent compatibles. Nos critiques ne visaient
d'ailleurs que les explications données par les auteurs (en général
dans les pages introductives des dictionnaires) du système de
formation des verbes complexes, et non le recensement des différentes
acceptions.

Par ailleurs, notre travail nous a conduit à ne pas utiliser l'expression


générique "verbe à particule", pour deux raisons essentielles:

- Elle efface les différences entre les prépositionnels et les adverbiés.


- Elle ne permet pas de rendre compte du caractère essentiellement
dynamique de la formation de ces combinaisons, par accolage
postposé au verbe d'un deuxième terme, vecteur de valeur ajoutée
sémantique.

La classification que nous proposons:

- Verbes prépositionnels
- Verbes quasi-adverbiés
- Verbes adverbiés

vise à rendre compte du caractère évolutif du système de formation,


en discours, des diverses combinaisons adverbiées à partir des
matériaux de base que sont, d'une part les premiers termes (les
verbes), et d'autre part les deuxièmes termes (les adverbes). Ce mode
de classement nous a permis de montrer que les critères classiques de
distinction des différents adverbiés (séparabilité, inversibilité,
possibilité de passivation) sont inadéquats, car ils rendent inévitable
la multiplication de sous-catégories qui ne sont, à notre sens, jamais
le reflet de deux réalités fondamentales:

1. Les divers utilisateurs de verbes adverbiés n'ont pas nécessairement


la même perception du degré d'adverbialisation d'une combinaison
donnée. L'énoncé Take your clothes off (VERBE 1299), par exemple,
et sa glose Take off your clothes signifient sensiblement la même
chose. Il s'agit de la même combinaison à deux stades différents de
_________________________________________________________________________________
332
Conclusion
_________________________________________________________________________________

l'accolage du deuxième terme OFF au premier terme TAKE, à partir


de l'énoncé source "originel" Take your clothes off your back.

2. Les combinaisons accolées, une fois formées, peuvent se prêter à


des interprétations métaphoriques. Les divers sens obtenus sont le
résultat d'opérations de métaphorisation, qui peuvent être
successives, à partir de l'un des deux termes ou de la combinaison
entière. Plus le degré de métaphorisation est élevé, plus l'accolage
des deux termes de l'adverbié tend vers l'insécabilité: take off =
imiter, par exemple.

Nous avons tenté d'apporter la preuve du bien-fondé de nos


hypothèses de travail au moyen de deux enquêtes dont les résultats,
s'ils ne peuvent être considérés comme définitifs car nous n'avons pu
réunir des cohortes significatives, permettent néanmoins de mettre en
évidence l'existence du phénomène d'accolage. Nous avons également
tenté de montrer que l'accolage antéposé est une réalité en anglais
moderne, même s'il constitue une source moins féconde que l'accolage
postposé. Cette question, cependant, est si vaste qu'elle mérite d'être
l'objet de travaux ultérieurs. Ces deux derniers points indiquent la
direction vers laquelle nous aimerions orienter notre recherche à
l'avenir.

Pour l'heure, nous espérons que notre travail contribuera, en


favorisant une meilleure connaissance du phénomène d'accolage, à
prévenir les praticiens de l'anglais langue seconde contre les pièges
que constituent les situations du type:

International Herald Tribune (14/03/1994)

_________________________________________________________________________________
333
Conclusion
_________________________________________________________________________________

Ces situations sont plus fréquentes en anglais qu'on ne le croit


généralement. Dans l'exemple qui précède, la combinaison RUN OVER
forme bien un adverbié accolé qui signifie aller apporter, et ce malgré
le paradoxe apparent dû au fait que OVER est physiquement plus
éloigné du verbe que dans la "variante" prépositionnelle run over it.
Dans une telle variante, la préposition ne constituerait en aucun cas
le deuxième terme d'un verbe complexe, elle ne servirait qu'à
introduire le complément, et il n'y aurait ni accolage ni ajout de sens.
C'est seulement à partir du schéma résultatif run it over (ou run the
message over) que peut se former l'accolage, d'abord mental, puis
éventuellement graphique et phonique, des deux éléments, à l'origine,
éloignés: le verbe RUN et l'adverbe OVER, pour donner le verbe
complexe RUN OVER. Ce procédé n'est d'ailleurs pas réservé à la
formation des verbes complexes. Il constitue l'une des manifestations
de la mise en application en discours de la "loi du moindre effort"
décrite par Tournier (1988 : p.139), et participe de la tendance
générale de la langue à regrouper, par souci d'économie et d'efficacité,
des éléments séparés pour former avec eux de nouveaux sens. Il a,
notamment, été décrit, dans d'autres domaines, par Larreya
(1993 : p.257) comme "amalgame phono-morpho-syntaxique"
d'éléments d'information, à l'origine, séparés.

_________________________________________________________________________________
334
Index des auteurs cités
_________________________________________________________________________________

p INDEX DES AUTEURS CITÉS

_________________________________________________________________________________
335
Index des auteurs cités
_________________________________________________________________________________

Guillaume, Gustave 170; 200


—A—
Guimier, Claude 111; 112
Adamczewski, Henri 14; 98
—H—
Atkins, Beryl 13; 19; 24; 38
Hatim, Basil 153
—B—
Hofland, Knut & Johansson, Stig 210; 211; 212;
Bolinger, Dwight 14; 59; 65; 103; 107; 153; 154; 213; 214
202; 225; 226; 227; 302
—J—
—C—
Joly, André & O'Kelly, Dairine 14; 200
Chalker, Sylvia 10; 13; 14; 34; 60; 121; 127; 258;
—K—
259; 264; 267; 269; 270; 271; 274; 275; 279;
286 Kerbrat-Orecchioni , Catherine 150; 151; 152
Christophersen, Paul 40
Cotte, Pierre 78; 79; 330
—L—
Courtney, Rosemary 4; 13; 18; 20; 23; 26; 55; 56; Lapaire, J.R. & Rotgé, W. 14; 298
82; 83; 92; 112; 121; 124; 142; 143; 161; 193; Larreya, Paul 13; 64; 113; 235; 256; 294; 330
270; 273
Cowie, A. P. & Mackin R. 13; 29; 30; 32; 75; 117;
—M—
118; 156; 159; 193; 202; 277 Mason, Ian 153
Culioli, Antoine 150 McArthur, Tom 13; 19; 24; 38
Méry, Renaud 235; 294
—D— Michael, Ian 109; 110
Delmas, Claude 14; 98
—O—
—E—
O'Connor, J.D & Arnold, G.F. 119; 261
Emerit, Etienne 132; 139
—P—
—F— Pagnoux, Maurice 68
Foss, Donald & Hakes, David T. 100 Palmer, Frank Robert 14; 26; 177; 178; 179; 180;
181; 193;
—G—
Gauthier, André 141
—Q—
Getliffe, Patrick 14; 109; 157; 159; 171; 173; 186 Quirk, Randolph et al. 8; 10; 13; 21; 45; 68; 97;
Greenbaum, Sydney 216; 339 103; 108; 177
Grevisse, Maurice 109; 339
Grize, Jean-Blaise 149; 152; 153;

_________________________________________________________________________________
336
Index des auteurs cités
_________________________________________________________________________________

—R— —T—
Rivière, Claude 13; 64; 113 Tamine, Joëlle 235
Roggero, Jacques 13; 55; 63 Tournier, Jean 144; 299; 330

—S— Tschumi, R. 153


Sandved, Arthur 40
Shannon ,C.E. & Weaver, W. 149
—W—
Souesme, Jean-Claude 14 Wood, Frederick T. 337

Sweet, Henry 216; 248; 302

_________________________________________________________________________________
337
Bibliographie
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p BIBLIOGRAPHIE

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Index
_________________________________________________________________________________

p INDEX

_________________________________________________________________________________
348
Index
_________________________________________________________________________________

—A—
Dualité 101; 221; 222; 225
Accolage 67; 69; 78; 82; 83; 86; 88; 89; 90; 91; 92;
—I—
93; 94; 97; 98; 103; 106; 107; 108; 119; 122;
127; 128; 130; 132; 136; 137; 140; 143; 144; Idiomatique (sens) 3; 4; 17; 18; 19; 20; 27; 28; 29;
145; 159; 165; 166; 168; 170; 177; 184; 186; 30; 46; 48; 51; 57; 60; 62; 63; 64; 68; 75; 77;
191; 194; 196; 199; 200; 201; 202; 206; 214; 78; 79; 82; 108; 116; 153; 154; 157; 178; 181;
256; 258; 264; 269; 273; 298; 299; 301; 303; 182; 188; 195; 199; 327
304; 318; 328; 329 Idiome 30; 75
Adjuvant 251; 261; 262; 266; 276 Inférence 203; 204; 210
Adverbié (verbe complexe) 112; 141; 144; 148; Insécable (accolage) 40; 48; 144; 159; 165
149; 164; 165; 166; 170; 175; 177; 179; 180; Inséparable (combinaison) 16; 17; 19; 63; 64; 74;
181; 184; 186; 187; 188; 189; 190; 191; 193; 171; 177; 180; 204; 206; 208
194; 195; 198; 200; 204; 206; 208; 214; 219; Inversion (sujet-verbe) 194; 195; 196; 197; 198;
221; 222; 223; 225; 226; 227; 254; 256; 257; 208; 337
258; 261; 262; 263; 268; 274; 279; 282; 283;
285; 288; 289; 291; 292; 293; 294; 295; 296;
—M—
297; 299; 301; 302; 303; 304; 318; 325; 327; Métaphore 39; 99; 111; 151; 152; 157; 169; 222;
328; 329 227; 228; 230; 231; 239; 254; 259; 265; 268;
Affecté 45; 58; 75; 76; 77; 82; 83; 84; 85; 106; 145; 272; 275; 277; 279; 280; 282; 284; 287; 289;
146; 148; 166; 167; 168; 183; 184; 189; 232; 290; 293; 294; 296; 297; 298; 303; 307; 308;
251; 268; 271; 277; 280; 284; 290; 291 309; 310; 311; 312; 313; 315; 316; 317; 320;
Assemblage 3; 58; 173; 175; 192; 210 322; 323; 329
Attraction 84 Métaphorisation 159; 205; 210; 273; 284; 290; 329

—C— —O—
Captage 84 Opération mentale 100; 159; 179; 200; 202; 203;
Compétence (encyclopédique) 150; 152; 164; 169; 205; 209; 210; 231; 259; 260; 265; 270; 277
203; 209
—P—
Compétence (linguistique) 151; 152; 162; 164
Consignifiant (deuxième terme) 111; 209; 214; 217 Particule 2; 3; 5; 8; 9; 10; 11; 14; 15; 16; 19; 25;
26; 27; 28; 29; 31; 32; 33; 34; 35; 40; 41; 45;
—D— 46; 48; 50; 52; 53; 54; 55; 56; 57; 58; 59; 60;
Déduction 2; 161; 203; 204; 210 61; 62; 63; 64; 68; 69; 71; 72; 73; 109; 113;
Distinction (adverbe-préposition) 10; 19; 26; 32; 47; 114; 115; 116; 118; 132; 142; 158; 177; 206;
50; 60; 62; 68; 112; 113; 177; 219; 295; 298; 208; 225; 227; 328
328

_________________________________________________________________________________
349
Index
_________________________________________________________________________________

Particule (verbe à) 2; 3; 5; 52; 56; 57; 58; 59; 60; —R—


61; 62; 68; 109; 113; 116; 142; 177; 206; 225;
Reconstruction (opération de) 141; 155; 156; 162;
227; 328
169; 202; 203; 206; 231; 274; 276
Passif 98; 118; 170; 271
Redondance prépositionnelle 101; 102; 103
Passivation (Possibilité de) 99; 180; 182; 184; 185;
Résultatif (schéma) 58; 64; 81; 84; 162; 170; 210
198; 328
Résultative (structure) 81; 91; 162; 182; 193; 283;
Patrimoine 150; 154; 155; 156; 157; 163; 165; 203;
284; 289; 295
204
Rhème 84; 158
Pause (intonation) 33; 34; 128; 141; 261
Rupture (intonation) 17; 20; 22; 34; 37; 39; 40; 49;
Phrasal (verbs) 2; 3; 4; 5; 11; 13; 15; 16; 18; 19; 20;
79; 158
22; 23; 27; 28; 29; 32; 33; 34; 36; 37; 38; 39;
40; 42; 43; 44; 50; 51; 52; 57; 58; 59; 61; 62; —S—
64; 65; 68; 69; 71; 72; 73; 74; 78; 82; 83; 88;
Sécable (accolage) 144
89; 109; 111; 112; 116; 119; 123; 130; 132; 133;
Séparable (verbe complexe) 15; 16; 19; 50; 63; 74;
134; 137; 138; 142; 153; 161; 177; 194; 208;
118; 171; 177; 179; 180; 204; 206; 208; 328
225; 226; 227; 302; 327; 335; 336
Solution minimale 227; 230; 231; 232; 233; 235;
Prépositionnel (verbe) 19; 29; 32; 33; 34; 35; 36;
245; 250; 251; 252; 253
38; 39; 40; 42; 43; 46; 47; 50; 51; 52; 57; 60;
Sonagramme (analyse) 138; 139
61; 62; 63; 66; 68; 75; 78; 92; 100; 113; 117;
Soudure 20; 159
133; 137; 146; 148; 149; 161; 166; 175; 177;
181; 182; 184; 185; 188; 189; 192; 194; 199; —T—
206; 214; 219; 222; 223; 225; 227; 228; 230;
Thème 84; 158; 183; 184
233; 235; 250; 253; 262; 276; 283; 285; 289;
291; 294; 297; 303; 304; 318; 327; 328 —V—
Prépositionnelle (structure) 35; 43; 45; 50; 55; 61;
Valeur ajoutée 51; 61; 303; 328
64; 78; 101; 107; 116; 128; 131; 132; 133; 135;
Voix (échantillons) 123
138; 139; 140; 141; 171; 182; 184; 187; 189;
190; 195; 254; 257; 273; 283; 289; 292; 293; —W—
294; 295; 320; 327
Way (verbes prépositionnels avec) 250
Programme sémique 258; 259; 265; 266; 268; 270
—Z—
Zone de flou 257; 273; 283

_________________________________________________________________________________
350
Table des matières
_________________________________________________________________________________

p TABLE DES MATIÈRES

_________________________________________________________________________________
351
Table des matières
_________________________________________________________________________________

p INTRODUCTION ________________________________________________ 2
p 1. QUESTIONS DE DÉFINITIONS__________________________________ 8
1.1 Appellations de classe ____________________________________________________ 9

1.2 Diverses constructions verbales composées possibles ___________________________ 9

1.3 Distinction complémentaire_______________________________________________ 11

1.4 Agencements VERBE/PARTICULE/PRÉPOSITION ________________________ 12

p 2. ANALYSE D'OUVRAGES TRAITANT DE LA QUESTION DES


VERBES COMPLEXES ____________________________________________ 13

2.1 Dictionary of English Phrasal Verbs and their Idioms (Collins: 1974) ____________ 16
2.1.1 Verbes séparables __________________________________________________________ 16
2.1.2 Verbes non séparables ______________________________________________________ 17

2.2 Dictionary of Phrasal Verbs (Longman: 1983) _______________________________ 19

2.3 Oxford Dictionary of Current Idiomatic English (OUP: 1975) __________________ 26

2.4 Current English Grammar (Macmillan: 1984) _______________________________ 33

2.5 Collins COBUILD English Grammar (Collins: 1990) _________________________ 39

2.6 A Comprehensive Grammar of the English Language (Longman: 1985) __________ 46

2.7 Grammaire anglaise (Nathan Université: 1979) ______________________________ 53

2.8 Grammaire explicative (Longman: 1991) ____________________________________ 58

2.9 Synthèse ______________________________________________________________ 63


2.9.1 Les points de divergence ____________________________________________________ 63
2.9.2 Les points de convergence ___________________________________________________ 64

p 3. DU CAPTAGE A L'ACCOLAGE _________________________________ 68


3.1 Propositions pour une nouvelle classification ________________________________ 69
3.1.1 Méthode _________________________________________________________________ 70
Liste des morphèmes recherchés ________________________________________________ 71
3.1.2 Adverbe, particule ou préposition ? ____________________________________________ 73
3.1.3 Deux catégories de "phrasal verbs" ? ___________________________________________ 74
3.1.4 Le type VERBE+PREPOSITION _____________________________________________ 75
3.1.5 Comment naissent les "Phrasal Verbs" ? ________________________________________ 80
3.1.6 Adjectif ou adverbe ? _______________________________________________________ 81
_________________________________________________________________________________
352
Table des matières
_________________________________________________________________________________

3.1.7 Le cas des vrais adverbes ____________________________________________________ 87

3.2 D'autres accolages _____________________________________________________ 89

3.3 Adverbes: définition élargie ? ____________________________________________ 110

3.4 Quand la distinction adverbe/préposition n'est pas claire _____________________ 113


3.4.1 Les faits ________________________________________________________________ 114
3.4.2 Proposition d'explication ___________________________________________________ 120
3.4.3 L'échantillon d'anglais _____________________________________________________ 122
3.4.4 Le but de l'expérience ______________________________________________________ 123
3.4.5 L'analyse des enregistrements _______________________________________________ 124
3.4.6 Deuxième série d'enregistrements ____________________________________________ 133
3.4.6 Conclusion ______________________________________________________________ 142

3.5 Notre classification ____________________________________________________ 144

3.6 La question des affectés_________________________________________________ 147

p 4. AFFECTÉS ET COMPLÉMENTS GRAMMATICAUX ______________ 149

4.1 Affectés du verbe seul __________________________________________________ 168

4.2. Affectés de la préposition _______________________________________________ 169

4.3 Affectés de la combinaison entière ________________________________________ 170

4.4 Combinaisons réversibles _______________________________________________ 170

4.5 Bases verbales affectées par un adverbe ___________________________________ 173

4.5 Conclusion ___________________________________________________________ 177

p 5. SÉPARABILITÉ ET POSSIBILITÉ DE PASSIVATION______________ 178


5.1 Le critère de la passivation _____________________________________________ 182
5.1.1 Les prépositionnels________________________________________________________ 183
5.1.2 Les adverbiés ____________________________________________________________ 186
5.1.3 Les quasi-adverbiés _______________________________________________________ 189
5.1.4 Le cas des combinaisons avec OVER__________________________________________ 192

5.2 Le critère de l'inversion "verbe-sujet" ____________________________________ 196

5.3 Conclusion ___________________________________________________________ 200

p 6. LE SYSTÈME DE FORMATION DES VERBES COMPLEXES _______ 209


6.1 Répartition des verbes complexes_________________________________________ 212

6.2 Première interprétation_________________________________________________ 222

_________________________________________________________________________________
353
Table des matières
_________________________________________________________________________________

p 7. LES VERBES PRÉPOSITIONNELS _____________________________ 226


7.1 Les solutions minimales _________________________________________________ 229

7.2 Les "vrais" verbes de mouvement ________________________________________ 234

7.3 Les "faux" verbes de mouvement ________________________________________ 236


7.3.1 Humeur _________________________________________________________________ 241
7.3.2 Musique, sons, bruits, etc. __________________________________________________ 242
7.3.3 Ingestion (aliments, boissons, médecines, drogues)_______________________________ 242
7.3.4 Sommeil, Eveil __________________________________________________________ 243
7.3.5 Gestes __________________________________________________________________ 244
7.3.6 Regard__________________________________________________________________ 244
7.3.7 Perception visuelle ________________________________________________________ 245
7.3.8 Ecoute, perception auditive _________________________________________________ 246
7.3.9 Parole __________________________________________________________________ 246
7.3.10 Croissance/Rétrécissement_________________________________________________ 246
7.3.11 Changement d'état _______________________________________________________ 247
7.3.12 Position dans l'espace _____________________________________________________ 247

7.4 Procès nécessitant l'intervention d'un participant extérieur____________________ 248


7.4.1 Permission ______________________________________________________________ 248
7.4.2 Requête _________________________________________________________________ 249
7.4.3 Discussion, persuasion _____________________________________________________ 249
7.4.4 Intimidation, contrainte ____________________________________________________ 250
7.4.5 Aide, invitation___________________________________________________________ 251
7.4.6 Ruse ___________________________________________________________________ 251

7.5 Les verbes prépositionnels avec WAY_____________________________________ 252

7.6 Conclusion ___________________________________________________________ 255

p 8. LES VERBES ADVERBIÉS ET QUASI-ADVERBIÉS _______________ 257

8.1 Les deuxièmes termes à statut grammatical simple (adverbes) _________________ 261
8.1.1 UP _____________________________________________________________________ 261
LOOK UP _________________________________________________________________ 262
MAKE UP_________________________________________________________________ 266
8.1.2 OUT ___________________________________________________________________ 269
PUT OUT _________________________________________________________________ 269
MAKE OUT _______________________________________________________________ 271
TURN OUT________________________________________________________________ 272
8.1.3 DOWN _________________________________________________________________ 273

_________________________________________________________________________________
354
Table des matières
_________________________________________________________________________________

PUT DOWN _______________________________________________________________ 274


RUN DOWN_______________________________________________________________ 274
8.1.4 ON ____________________________________________________________________ 276
GET ON __________________________________________________________________ 277
PUT ON __________________________________________________________________ 280
LET ON __________________________________________________________________ 281
8.1.5 TO_____________________________________________________________________ 282
8.1.6 ALONG ________________________________________________________________ 283
GET ALONG ______________________________________________________________ 283
HELP ALONG _____________________________________________________________ 284

8.2 Les deuxièmes termes à statut grammatical double (adverbes ou quasi-adverbes) _ 284
8.2.1 OVER _________________________________________________________________ 284
TAKE OVER ______________________________________________________________ 285
THINK OVER _____________________________________________________________ 286
LOOK OVER ______________________________________________________________ 287
TURN OVER ______________________________________________________________ 287
8.2.2 IN_____________________________________________________________________ 289
TAKE IN__________________________________________________________________ 289
8.2.3 BY_____________________________________________________________________ 291
COME BY ________________________________________________________________ 291
PASS BY__________________________________________________________________ 292
GET BY __________________________________________________________________ 293
8.2.4 THROUGH _____________________________________________________________ 295
RUN THROUGH ___________________________________________________________ 295
FALL THROUGH et PULL THROUGH _________________________________________ 296
GET THROUGH____________________________________________________________ 297
8.2.5 ACROSS _______________________________________________________________ 299
COME ACROSS____________________________________________________________ 299

8.3 Conclusion ___________________________________________________________ 301

p 9. LES VERBES À DEUXIÈME TERME ANTÉPOSÉ _________________ 303


9.1 Définition ____________________________________________________________ 304

9.2 Distribution __________________________________________________________ 307


Décompte total________________________________________________________________ 307
2° termes antéposés ____________________________________________________________ 308
Créations à partir de l'année 1900_________________________________________________ 310
OVER ______________________________________________________________________ 311

_________________________________________________________________________________
355
Table des matières
_________________________________________________________________________________

OUT ________________________________________________________________________ 312


UNDER _____________________________________________________________________ 314
DOWN______________________________________________________________________ 315
UP _________________________________________________________________________ 315
BACK ______________________________________________________________________ 316
OFF ________________________________________________________________________ 316
WAY _______________________________________________________________________ 316
IN __________________________________________________________________________ 317

9.3 Analyse de quelques paires ______________________________________________ 318


OUTFIGHT / FIGHT OUT ______________________________________________________ 318
OUTLAY / LAY OUT__________________________________________________________ 319
OVERLOOK / LOOK OVER ____________________________________________________ 320
Sens 1 ____________________________________________________________________ 322
Sens 2 ____________________________________________________________________ 322
Sens 3 ____________________________________________________________________ 322
Sens 4 ____________________________________________________________________ 323
UPSHOOT / SHOOT UP________________________________________________________ 324
UPSTART / START UP ________________________________________________________ 325
UPTURN / TURN UP __________________________________________________________ 326

9.4 Conclusion ___________________________________________________________ 327

p CONCLUSION ________________________________________________ 330

p INDEX DES AUTEURS CITÉS ___________________________________ 331

p BIBLIOGRAPHIE______________________________________________ 338

Grammaires anglaises _____________________________________________________ 339

Dictionnaires ____________________________________________________________ 340

Dictionnaires de verbes complexes ___________________________________________ 340

Ouvrages de référence et articles ____________________________________________ 341

p INDEX _______________________________________________________ 343

p TABLES DES MATIÈRES _______________________________________ 346

_________________________________________________________________________________
356

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