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Population

Histoire et chronologie des réunions et congrès internationaux sur la


population
M. Henri Bunle, Claude Lévy

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Bunle Henri, Lévy Claude. Histoire et chronologie des réunions et congrès internationaux sur la population. In: Population, 9ᵉ
année, n°1, 1954. Histoire et chronologie des réunions et congrès internationaux sur la population. pp. 9-36;

https://www.persee.fr/doc/pop_0032-4663_1954_hos_9_1_3167

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HISTOIRE ET CHRONOLOGIE

DES RÉUNIONS ET CONGRÈS

INTERNATIONAUX

SUR LA POPULATION

par M. Henri BUNLE et Mlle Claude LEVY

Le Congrès actuel est le sixième Congrès international


organisé en liaison avec l'Union internationale pour
l'étude scientifique des problèmes de la population,
depuis sa fondation en 1928. Cette série de réunions a
été inaugurée à Genève en 1927. Les hécatombes
humaines des guerres mondiales de 1914-1918 et de 1939-1944,
les questions qu'elles ont soulevées, l'éveil et l'essor des
pays sous-déveioppés, la mortalité excessive des peuples
qui les habitent, expliquent pour une grande part,
l'intérêt considérable que les gouvernants et les démographes
des différents pays attachent à ces Congrès, ainsi que
l'importance croissante de ces derniers, depuis celui
de Londres en 1931.
Toutefois, ce n'est pas seulement de l'entre-deux
guerres que datent les réunions internationales relatives
à la population, comme pourraient le laisser croire aux
non initiés le retentissement des congrès actuels, ainsi
que l'ignorance et le demi-oubli de ceux qui les ont
précédés.
C'est pourquoi nous nous sommes efforcés de
reconstituer l'historique des relations internationales sur les
questions de population.

g
Avant les congrès Un congrès international a pour
scientifiques. but des échanges d'idées et
fois l'adoption en commun de
certains principes, par divers peuples ou nations sur
la terre. Les liaisons spirituelles et culturelles ayant
longtemps été dominées par la question religieuse, c'est
seulement à l'intérieur de communautés de religion
qu'on pouvait traiter de population ou de problèmes
s'y rattachant.
C'est ainsi que, dans le monde chrétien, divers
conciles ont eu à s'occuper de questions telles que le
mariage ou l'esclavage.

En 325, le concile de Nicée réaffirme la légitimité et


la validité des secondes noces (1); en 451, le IVe concile
œcuménique de Chalcédoine prévoit l'interdiction de
certains mariages mixtes; le X' concile œcuménique de
Latran en 1139 est l'instigateur de la prohibition des
mariages entre consanguins. Enfin, le concile de Trente
rédigea, dans sa 24e session en 1563, une véritable petite
somme du mariage catholique.
Le terme « Congrès » s'est appliqué à peu près
exclusivement, au début, aux congrès diplomatiques pour
mettre fin à une guerre entre plusieurs puissances :
Congrès de Munster-Rastatt, Congrès de Vienne 1815,
etc. Mais il était bien peu question des populations; le
débat ne portait guère que sur le maître qui leur serait
donné.

Voici ce que disait Jean-Jacques Rousseau à leur


sujet :

« II se forme de temps en temps parmi nous des


espèces de Diètes générales, sous le nom de Congrès où l'on
se rend solennellement de tous les Etats de l'Europe
pour s'en retourner de même; où toutes les affaires
publiques se traitent en particulier; où l'on délibère
en commun si la table sera ronde ou carrée... et sur
mille questions de pareille importance inutilement
agitées depuis trois siècles. »

(1) Hefile. Leclerc, Histoire des conciles, pp. 577-587.

— 10 —
En fait, les congrès scientifiques ne pouvaient se
développer qu'en fonction de la commodité des
transports. Avant les chemins de fer, il y eut certes d'intenses
relations internationales, mais pas sous la forme de
congrès rassemblant des représentants de diverses
nations.

Progrès des études Les études de population ont,


de population. dans les temps modernes, pris
une forme scientifique au xvne et
surtout au xviii" siècle. On peut citer les noms glorieux
de W. Petty en Angleterre, Wargentin en Suède, Siiss-
milch en Allemagne, Herrenschwand en Suisse, Kerse-
boom en Hollande, Botero en Italie, etc. En France, la
démographie connaît, sous d'autres noms, une
exceptionnelle vitalité au xvin* siècle, avec Vauban, Mirabeau,
Expilly, Moheau, Duvillard, etc. (1). Ces auteurs de
divers pays travaillaient en liaison souvent étroite,
notamment Français et Anglais, mais on ne pouvait
envisager de véritable congrès dans l'état rudimentaire
des transports et même de l'organisation scientifique
nationale.

L'ère des congrès. C'est le développement des chemins


de fer (comme, plus tard, celui de
l'aviation) qui a permis l'organisation de congrès,
nécessairement placés, au début, au centre des
communications.
Vers 1845, s'effondrent les prédictions sinistres émises
contre le nouveau mode de transport par des hommes
éminents (Proudhon, Thiers, F. Arago). En 1847, eut
Heu à Bruxelles, un congrès d'économistes visant
surtout à la liberté du commerce international, qui devait
notamment « améliorer le sort des travailleurs, en
demandant moins de peine en échange de plus de
jouissance ».

(1) On consultera avec fruit, à ce sujet, le remarquable French


Predecessors of Malthus, de J.-J Spengi.br, qui vient d'Mre traduit
en français sous le titre « Economie et population. Doctrines
françaises avant 1800 De Budí a Condorcet », et qui a été présenté par
Mme A Fagb dans Population n° 1, 1954 (Editions de l'I.N.E.D.,
23, avenue Franklin-D. -Roosevelt, Paris).
A cette époque, il était aussi long d'aller de Paris à
Bruxelles qu'aujourd'hui de Paris à Moscou.
En fait, le premier grand Congrès international, où
l'on ait traité des questions de population et en
particulier de certains problèmes internationaux qu'elles
soulèvent, remonte à 1853 et s'est tenu, lui aussi, à
Bruxelles. Le Congrès actuel paraît une excellente
occasion de célébrer ce centenaire.

Quételet fonde les Congrès C'est à Londres, en 1851,


internationaux de statistique pendant l'Exposition Uni-
et de population. verselle, que le grand
telet, statisticien, sociologue
et démographe belge, fut frappé du manque de liaisons
entre les démographes; en accord avec ses amis W. Farr
et Babbage, il établit un projet de congrès
internationaux de statistiques, où seraient discutées toutes les
questions relevant de la statistique et notamment les
questions de population.
En hommage à leur créateur, le premier de ces
congrès se tint à Bruxelles en 1853. Il fut suivi d'autres
congrès, tous les deux ou trois ans :
Paris, 1855 Florence, 1867
Vienne, 1857 La Haye, 1869
Londres, 1860 Saint-Pétersbourg, 1872
Berlin, 1863 Budapest, 1877
Ce dernier avait été précédé d'une réunion d'une
Commission permanente à Stockholm, chargée
d'examiner les 17 mémoires qui devaient être présentés au
Congrès international de Budapest.
Ces congrès attiraient de nombreux participants
nationaux (du pays où ils se tenaient) et étrangers. Le
nombre total des participants y a varié de 250
(Bruxelles) à 750 (Florence), celui des étrangers a oscillé
entre 80 (Vienne) et 190 (Paris).
La population étant une des meilleures applications
de la statistique, une ou deux sections étaient, dans
chacun de ces congrès, réservées à la population
proprement dite, à son état sanitaire et à l'anthropologie;
d'autres étudiaient des questions sociales, telles que

12
les statistiques judiciaires, celles de l'enseignement, les
salaires, les budgets de familles, etc.. Le nombre des.
communications ou des rapports discutés était, en
général, compris entre 10 et 20. Certaines
communications concernaient spécialement le pays où se tenait le
congrès, d'autres étaient plus générales. Cest sur celles-
ci que se concentraient les discussions, terminées par
des vœux transmis à tous les Etats représentés. Elles
concernaient les meilleures méthodes à adopter pour
le recensement et le mouvement de la population; ou
bien elles cherchaient à rapprocher les données des
différents pays; ou encore à établir les calculs menant
aux mesures les plus exactes des phénomènes
démographiques étudiés.
De façon générale, les démographes présents ont
toujours poursuivi deux buts essentiels :
— recueillir sur le même plan, dans tous les pays, le
maximum de données statistiques, sans perdre de vue
les limitations imposées par l'état des mœurs et le
degré d'instruction des peuples, ainsi que la résistance
des habitants;
— dresser dans chaque domaine une statistique
internationale.
Ils ont donc préparé des plans relatifs à l'uniformité
des cadres statistiques pour les recensements, le
mouvement naturel de la population, les migrations, la
justice, l'instruction publique, etc.. En même temps, ils
décidaient de créer une Commission permanente,
chargée de préparer le plan d'un annuaire statistique
international, et appelée, à cet effet, à se tenir en liaison
avec une Commission nationale dans chaque pays. Les
collaborateurs auraient à communiquer le plan de leurs
travaux aux bureaux de statistique des autres pays; et,
pour permettre d'apprécier la valeur relative des
documents, les auteurs auraient à préciser les sources
utilisées (1).
Tous ces congrès étaient officiels, qualité qui pouvait
entraîner des difficultés insurmontables, certains Etats

(1) Congrès de Saint-Pétersbourg (voir к ce sujet E. Ьвтлшпт,


Journal de Statistique de Paris, 1873, p. 33).

_ 13 _.
estimant les vœux transmis trop formels et susceptibles
d'aliéner une partie de leur liberté. Ce péril n'avait pas
échappé à certains participants qui, à Florence, en
1867, suggérèrent de convoquer un Congrès libre, en
dehors de tout patronage officiel. La question fut alors
résolue par la négative; il en fut de même à Saint-
Pétersbourg. Mais la Commission permanente, créée à
ce dernier congrès, provoqua, par sa demande de
pouvoirs plus étendus, la résistance de certains
gouvernements. Le Congrès de Budapest fut, de ce fait, le
dernier. La Commission permanente se réunit, pour la
dernière fois, également en 1878, à Paris, à l'occasion
de l'Exposition Universelle. Ce fut le chant du cygne
de cette organisation, quoique la nécessité de réunions
internationales fût maintenant démontrée et reconnue
de tous les statisticiens et démographes.

Congressistes de 1954, nous ne saurions trop louer


l'œuvre de ces pionniers qui nous ont ouvert la voie
avec foi et prescience de l'avenir, car ces réunions ont
eu des résultats étendus et profonds. Ils ont déterminé
la ligne de conduite ultérieure de ceux qui s'intéressent
à la population, permis aussi de se mieux connaître,
de mettre en commun leur savoir pour l'établissement
de méthodes scientifiques et de plans qui, peu à peu,
se sont imposés aux divers pays. Allant de l'avant, ils
ont imposé aux gouvernements la nécessité de l'étude
des questions relatives à la population. S'ils n'ont pas
entièrement réussi dans la création d'un Annuaire
International de Statistique, ils en ont jeté les bases et
sont à l'origine de la « Statistique Internationale de la
Population ». Le premier volume de celle-ci fut en effet
publié par Quételet et Heuschling en 1865, à la suite
d'un vœu émis par le quatrième congrès. Sous des
formes diverses, cette publication, améliorée et
développée, s'est poursuivie jusqu'à nos jours, comme nous
le verrons plus loin.

Mais, au moment même où s'achevait la brillante série


inaugurée par Quételet, s'ouvrait celle des congrès de
démographie.

— 14 —
Les congrès interna,- Le premier Congrès de démogra-
tionaux d'hygiène et phie, organisé par les soins de
de démographie. Bertillon et Chervin, se réunit à
Paris en 1878. Il était entièrement
indépendant. Dans son discours d'ouverture, Levasseur
explique qu'il a choisi le terme démographie parmi les
différents noms que Ton donnait à cette époque à cette
science (statistique, démologie, physique sociale,
théorie de la population) « parce que ce mot, depuis les
travaux de Guillard, avait été employé par divers
auteurs». On considérait alors cette science encore
toute récente comme une branche de la statistique
« n'embrassant cependant parmi ses divers objets qu'un
seul, celui de la population ». On retrouve ici la
confusion qui dure encore de nos jours.
Ce congrès permit aux démographes présents de
décider de la meilleure façon de poursuivre leurs réunions
internationales et leurs études, tout en conservant leur
indépendance. A cette fin, ils décidèrent de s'adjoindre
aux congrès internationaux d'hygiène (qui se
réunissaient environ tous les deux ans et groupaient un
nombre élevé de participants que l'on espérait intéresser à
la démographie), pour profiter de leur rayonnement et
intéresser les pays visités aux questions de population.
De 1876 à 1912 se succédèrent 14 congrès
internationaux d'hygiène et de démographie :
Bruxelles 1876 Londres 1891
Paris 1878 Budapest 1894
Turin 1880 Madrid 1898
Genève 1882 Paris 1900
Amsterdam 1884 Bruxelles 1903
Vienne 1887 Berlin 1907
Paris 1889 Washington 1912
Dans chacun d'eux, existait une section spéciale pour
la démographie, qui réunissait en moyenne 200
participants, dont 80 étrangers au pays où se tenait le congrès
et où étaient discutées de 15 à 30 questions diverses,
relatives à la population. Ainsi : recensements,
mouvement naturel, migrations, fécondité, statistique des
familles, tables de mortalité et durée de la vie,
mortalité infantile, morbidité et mortalité professionnelles,

— 16 —
accouchements multiples, recrutement, habitation,
hygiène scolaire, assurance accidents, donnèrent lieu au
Congrès de Berlin à plus de 15 communications
présentées par près de 50 rapporteurs. Puis d'autres suivirent,
notamment en 1927, 1933 et 1937 (Paris).
Chacun de ces congrès réunissait au total plus de
2.000 participants. Dès la réunion de Genève en 1882.
P. Cheysson regrettait de voir la section de
démographie noyée au sein de la section d'hygiène. Il y avait
cependant lieu, selon lui, de continuer l'union, l'attitude
de certains gouvernements ne permettant pas de
compter sur leur adhésion pour la réunion d'un congres
spécial (1). Ce maintien provisoire dura encore
plusieurs années. Signalons qu'à Vienne, en 1887, la
section de démographie fit une incursion vers la
statistique sociale par un rapport de Von Mayr sur les
assurances ouvrières. A ce propos, Liégeard écrivit que
« l'association de l'hygiène et de la démographie était
désavantageuse à cette dernière, qui devrait s'ahriter
plutôt sous l'aile des sciences sociales » (2).

Les Congrès de l'Institut Entre temps, les démogra-


international de statistique. phes et les statisticiens de
la Société Royale de
statistique de Londres et de la Société de statistique de Paris
avaient déploré l'interruption, en 1878, des congrès
internationaux de statistique, et s'affligeaient de leur
submersion dans les congrès d'hygiène et de
démographie où ils jouaient trop, à leur avis, le rôle de
parents pauvres. Les deux sociétés s'entendirent pour
rénover, sous une autre forme, les congrès
internationaux de statistique. A la demande de la Société Royale
de statistique, le Foreign Office adressa une circulaire
aux gouvernements étrangers en 1884 où, en rappelant
les services rendus par les anciens congrès, il leur
demandait, à l'occasion du jubilé de cette société,
d'envoyer à Londres en 1885, des représentants chargés
de fonder une association internationale de statistique.
A la suite de la réunion de Londres, fut fondée en 1885,

Journal de la Société de Statistique de Paris, 1882, p. 222.


I) Journal de la Société de Statistique de Paris, 1888, p. 311.

— 16 —
l'Institut International de statistique. Selon ses statuts
primitifs, une session devait avoir lieu tous les deux
ans (art. 11). Le lien international, tressé par les
congrès internationaux de statistique, était heureusement
renoué, sous une forme non officielle (1). Sauf les
interruptions consécutives aux deux guerres mondiales, les
sessions ont été effectivement tenues tous les deux ans :

Rome 1887 Rome 1925


Paris 1889 Le Caire 1927
Vienne 1891 Varsovie 1929
Chicago 1893 Tokyo 1930
Berne 1895 Madrid 1931
Saint-Pétersbourg . 1897 Mexico 1933
Christiana 1899 Londres 1934
Budapest 1901 Athènes 193G
Berlin 1903 Prague 1938
Londres 1905 Washington 1947
Copenhague 1907 Berne 1949
Paris 1909 Nouvelle Delhi et
La Haye 1911 Calcutta 1951
Vienne 1913 Rome 1953
Bruxelles 1923 Rio de Janeiro 1955

A chacune de ces sessions, une section spécialisée a


discuté les communications et rapports relatifs à la
statistique démographique; les questions d'ordre
économique et social concernant la population étant étudiées
dans les autres sections. Le nombre des
communications démographiques n'a que, très rarement, été
inférieur à 15 et a parfois atteint 25. Le nombre total des
participants à ces congrès a oscillé entre 100 et 250,
dont 40 à 80 membres appartenant à l'Institut
International de statistique.
Le Bulletin de V Institut International de statistique a
publié trois tables des matières des rapports,
communications et observations présentés aux différentes
sessions de l'Institut jusqu'en 1945 : table chronologique;
table par noms d'auteurs; table alphabétique des
matières. Leur lecture montre l'étendue du domaine explo-

(1) Voir F.X. von ifeimANN-SpALLABT (Bulletin de l'Institut


International de Statistique, t. I).

— 17 —
ré, quant à la population. Ces tables constituent une
précieuse documentation.
Grâce aux multiples échanges de vues, auxquels ces
congrès ont donne heu entre savants spécialisés, la
connaissance des populations a réalisé d'énormes
progrès depuis un siècle. Un exposé détaillé en figure dans
le volume : 50 années de l'Institut International de
statistique, publié en 1934. Ces progrès se sont étendus à
tous les domaines de la démographie pure. La technique
des dénombrements a été améliorée, leur champ étendu
à des questions économiques et sociales. Les statistiques
du mouvement naturel de la population sont devenues
plus détaillées, plus sûres, quoique la comparabilité
internationale des mort-nés et des causes de décès ne
soit pas encore parfaitement réalisée. Des tables de
mortalité par âge et durée des mariages ont été
construites. Les recherches sur la natalité et la fécondité
féminine ont pris une grande extension, la statistique
des familles développée. Technique et exactitude des
tables de mortalité ont fortement progressé. Des
prévisions démographiques ont été établies; de nouveaux
taux de reproduction ont été introduits, et l'étude
mathématique de l'accroissement d'une population a été
abordée. Le problème des migrations a été considéré
et précisé sous ses différents aspects. Tout en
provoquant des progrès dans la théorie statistique, la
démographie a, en retour, profité des améliorations
apportées aux méthodes (1).
Enfin, c'est grâce à eux qu'a été poursuivie la
Statistique internationale de la population, dont le premier
volume avait été rédigé, nous l'avons vu, par Quételet
et Heuschling. Bodie Га complétée pour les années 1865
à 1883 et continuée avec Levasseur, jusqu'en 1895, la
publiant dans différents bulletins de Ylnstitut
International de statistique : une interruption provisoire
résulta des charges excessives du rassemblement et de
l'édition des données. Un autre membre de l'Institut,
L. March, fit reprendre le travail par la Statistique
générale de la France. La « Statistique internationale

(1) Voir à ce sujet M. Huber, Cours de démographie et de


statistique sanitaire, vol. I.

— 18 —
du mouvement de la Population, des origines de l'état
civil jusqu'en 1905», préparée sous sa direction par
M. Huber, fut présentée à Copenhague en 1911; et un
second volume relatif aux données recueillies jusqu'en
1910 fut également édité par ses soins en 1914.
L'Oflice permanent de l'Institut International de
statistique (créé à La Haye en 1911) a pousuivi cette
œuvre, en accord avec la Société des Nations, jusqu'au
début de la seconde guerre mondiale, dans ses «
Annuaires» Statistiques » et « Aperçus de la Démographie
des divers pays du monde». Mais ces données
disparates et incomplètes ne prolongeaient pas les séries
antérieures.
Depuis 1936, la suite de ces données figure dans les
annuaires démographiques de l'O.N.U. Rappelons ici
que VIJJ.EJ). vient de faire paraître une Statistique
Internationale du Mouvement de la Population, qui
rassemble en un seul volume, les statistiques annuelles
détaillées pour les années 1906 à 1936, ainsi que des
tableaux de taux et de proportions calculés sur des
moyennes quinquennales, comblant ainsi d'un seul
coup une importante lacune de la documentation.

Congrès mondiaux Cependant, si précieux que soient


de la population. ses enseignements, la statistique ne
peut suffire à résoudre tous les
problèmes de population. En particulier, la question de
la limitation des naissances ne peut se ramener à une
série d'observations chiffrées.
Ce sont précisément des propagandistes du « birth
control » qui ont inspiré la réunion du î" Congrès
International de la Population, qui s'est tenu du 29 août
au 3 septembre 1927, à Genève, sous la présidence de
R. Pearl. 27 pays y étaient représentés; son compte
rendu figure dans un volume édité par Margaret San-
ger (1). Il apparut aussitôt aux participants que l'objet
de ce congrès était trop limité et que l'étude de la
population devait être abordée sous les aspects les plus
divers. Le résultat de beaucoup le plus important fut
la création, en 1928, de YUnion Internationale pour

(1) E. Arhold & Co., Londres, 1927.

to
Г étude scientifique de* problèmes de la population,
ainsi que celle de Comités nationaux qui lui étaient
affiliés.
Six autres congrès ou conférences internationales de
la population, organisés directement par cette Union,
ou sous son égide et avec sa collaboration, lui ont
succédé. D'abord, à Londres, en 1931. Du compte rendu
des travaux de cette deuxième Assemblée Générale de
l'Union(l), où 23 communications et six rapports furent
discutés, extrayons deux remarques, qui précisent les
buts de l'Union et des congrès :
« Avec Malthus, le problème liait seulement la
sécurité de la population aux ressources alimentaires. De
nos jours, la question de l'optimum de population est
liée à bien d'autres facteurs. Les effets de la sur- ou
sous-population peuvent être révélés par d'autres
critères dans les différentes couches sociales d'une même
territoire. »
« L'Union désire poursuivre l'étude de la population
de tous les points de vue utiles, y compris celui de la
biologie. Elle a besoin de l'aide de la Sociologie. Elle
doit solliciter les concours de l'Anthropologie, de la
Statistique, de l'Economie politique, de l'Agriculture, et
la collaboration des géographes et des historiens. >
Indiquons simplement ici que les conférences et
congrès ultérieurs (une majorité de participants à la
réunion actuelle de Rome ayant assisté à certains ou
à la totalité d'entre eux), eurent lieu à Berlin (1935),
Paris (1937), Washington (1947), Genève (1949), Rome
(1953), avec un succès croissant et un nombre élevé
de congressistes, de communications et de rapports. A
Berlin, E. Fischer, dans son discours présidentiel,
disait :
« La manière la plus ancienne et la plus simple
d'étudier la population dans sa grandeur et sa
composition était le simple recensement des maisons, des
ménages et des individus... Ces recherches se sont
transformées, depuis que le point de vue biologique

Secrétaire
(1) Introduction
Général du
honoraire
Président
(S. Allen
Close. etEditée
Urwin,par
Londres,
M. Pilt-Rivers,
1933).

— 20 —
domine la science démographique... La science
démographique est de la biologie; elle est la science de la
vie des sociétés humaines, la recherche de l'évolution
de la vie des peuples et des processus qui sont à leur
base... Elle est reliée par des liens très étroits avec les
sciences de l'hérédité humaine et de l'hygiène de la
race... Le plus grand et le plus important devoir de
chaque peuple est d'entretenir les lignées héréditaires
saines > (1).

Tout en faisant la part des conditions dans lesquelles


ce discours a été prononcé et de ses buts politiques
plus au moins dissimulés, il convient d'en retenir les
vérités qu'il renferme. Malheureusement, les écarts
scientifiques des nazis causèrent des dommages à la
science démographique elle-même.

Le Congrès de 1937, présidé par M. Adolphe Landry,


réunissait 300 congressistes, en présence du Président
de la République Française. Le discours de M. Landry
montra les progrès réalisés grâce à l'élaboration de
notions qui permettent de prendre des réalités
démographiques une connaissance plus exacte. J. Zay, alors
ministre de l'Education, souligna que non seulement la
question de la paix ou de la guerre, mais encore celles
de la production et de la distribution des denrées
indispensables à la vie, étaient liées aux problèmes
démographiques. Par un déplorable coup du destin, ce même
Jean Zay devait tomber plus tard, victime des
persécutions raciales.
A Washington (1947) ne se tint pas un congrès
général de population, mais une assemblée générale de
l'Union Internationale, pour l'étude scientifique de la
population, assemblée tenue en même temps que la
session de l'Institut International de statistique et celle
de divers congrès (Econométrie, etc.). Les statuts de
l'Union Internationale ont été modifiés. Cette vaste
réunion montra comment les travaux de l'Institut Inter-
national de statistique, de YUnion Internationale et
ceux de la Société des Nations dans le domaine démo-

Bevdlkerungsfragtti (J.F. Lehman», Munich, 1936).

_ 21 —
graphique avaient prouvé la nécessité de dresser des
statistiques de la population et de les utiliser (1).
Il faut bien distinguer les Congrès mondiaux de
Population comme celui de 1937 à Paris et de 1954 à
Rome, des sessions tenues dans l'intervalle par l'Union
Internationale. Celles-ci sont loin d'avoir l'envergure
des congrès.
De ce fait, le Congrès mondial de la Population, qui
se tient à Rome en septembre 1954, est le premier
véritable congrès mondial sur les questions de population,
depuis celui de 1937. Son ampleur dépasse du reste
celle de toutes les manifestations antérieures.

Autres Congrès de On peut citer, en premier lieu, le


démographie. V* Congrès ďhygiene, de
tage, d'économie sociale et de
démographie qui se réunit à Bruxelles en 1876. La
démographie y tint une grande place : le principal
sujet traité fut celui des causes provoquant la mort des
tout jeunes enfants dans les différents pays. La lecture
de ces textes, qui contiennent des statistiques très
valables, offre encore à l'heure actuelle un intérêt
certain. Les problèmes traités portaient par ailleurs sur le
travail des enfants, l'immigration, les aspects
démographiques de l'alcoolisme, en même temps que sur
l'établissement du meilleur système d'égouts dans les villes
et l'enseignement plus rationnel de la gymnastique. On
retrouve là encore l'influence de Quételet et sa manière
d'étudier simultanément les divers aspects du milieu où
l'homme évolue (2).
Après la guerre, la dernière semaine d'octobre 1946
réunit, à New-York, deux congrès de démographie,
auxquels la présence de divers participants étrangers
donna un caractère international :
— le Congrès annuel de Population Association of

(1) A la mřmp époque, du reste, le Secrétariat des Nations Unies


avait créé' deux «services ' une section des statistiques
démographiques à la Direction des Statistiques: une Direction de la
population au Département des Affaires Sociales La Commission de la
Population fonctionne aux Nations Unies, auprès du Conseil
économique et social File a tenu sept sessions à New -York et à Genève
depuis 1946
(2) D' Suttbb, L'Eugénique. Cahier n» 11, I.N.E.D.

— 22 —
America, les 25 et 26 octobre, où divers congressistes
firent un court exposé sur les problèmes
démographiques de leur pays respectif;
— le Congrès annuel du Milbank Memorial Fund,
comprenant une partie médicale, et une partie
démographique consacrée aux problèmes des migrations
(quinze congressistes étrangers aux Etats-Unis
participèrent à cette réunion).
En novembre 1947, l'U.N.E.S.C.O., avec l'aide de la
Dotation Carnegie pour la paix internationale, organisa
à Paris une rencontre internationale afin d'étudier
« l'influence des phénomènes démographiques sur les
relations internationales».

Conférences et congrès La diversité et l'importance


internationaux liés dlrec- des questions traitées, la créa-
tement aux prédédents. tion de la Société des Nations
et de l'Organisation des Nations
Unies, ont entraîné la réunion de conférences et
congrès internationaux relatifs à la population, directement
liés aux Congrès internationaux de statistique et à ceux
de YInstitut International de statistique.
Nous allons rappeler les principaux d'entre eux, en
laissant de côté les congrès se rapportant, entre autres,
à la médecine, à l'éducation et à la psychologie.

Causes de décès. Il faut citer, en premier lieu, les


Conférences internationales pour la
révision de la nomenclature des causes de décès. A
Chicago, en 1893, les docteurs Bertillon et Guillaume
firent adopter par l'Institut International de statistique
le projet d'une triple nomenclature des maladies,
causes de décès et d'incapacité de travail. En 1898,
Y American Public Health Association émit le vœu que
cette nomenclature fût révisée tous les dix ans. La
première réunion eut lieu à Paris en 1900; elle fut
suivie de cinq autres à Paris également, la Commission
Internationale officielle chargée de cette révision ayant
tenu ses séances successivement en 1909, 1920, 1929,
1938 et 1948. La nomenclature internationale a été

— 23 —
adoptée par un nombre de plus en plus éievé de pays.
C'est lors de la 6* révision décennale à Paris, en 1948,
que fut suggérée la création de commissions nationales
de statistiques démographiques et sanitaires. La Í1*
conférence internationale des commissions nationales
de statistiques démographiques et sanitaires, convoquée
sous les auspices de l'O.M.S., a réuni à Londres, en
octobre 1953, 70 délégués de 30 pays ou organismes
internationaux.

Migrations. Les conférences internationales des


migrations sont de caractère très divers. Vlns-
titut International de statistique a régulièrement étudié,
à ses différentes sessions, la question des migrations,
et plus particulièrement, à Vienne (1801), Budapest
(1901), Berlin (1903), Varsovie (1929), Madrid (1931),
Mexico (1953).
De son côté, la Conférence Internationale du Travail
de Washington, en 1919, préconisa une Conférence
Internationale des Migrations. D'autre part, la
Commission organisée à Paris par la Société des Nations en
1920, aboutit à la création de Commissions mixtes,
composées de membres de la Société des Nations et de
VInstitut International de statistique. Conformément à
ces décisions, une Première conférence internationale
des migrations fut réunie, par les soins du B.I.T., à
Genève en 1921. D'autres lui succédèrent : Rome (1924),
la Havane (1928). En octobre 1932, se réunit à Genève,
une conférence internationale des statisticiens des
migrations, à laquelle 26 Etats ont participé.
D'autres réunions ont eu lieu depuis la seconde
guerre.

Manifestations régionales. Parmi celles-ci, on peut citer


les Congrès de l'Institut
Interaméricain de statistique, notamment :
— en septembre 1947 à Washington (premier congrès),
— en janvier 1950 à Bogota.
Une réunion est prévue en 1955 à Rio de Janeiro, к
la même époque que le congrès de VInstitut
International de statistique.

— 24 —
Alfred LOTKA (1880-1949)
Austro-franco-américain.
A 'Horn né ia aémoqraphie
i

mathématique.

Adolphe LANDRY
..a population de la Franc
lui doil beaucoup.
CONGRES DE STAT,
var,t lei Cl
Mr-

TIQUE DE LA HAYE, 191 I


nduites intérieure;.
OUVERTURE DES JOURNEES D'ETUDES
EUROPEENNES SUR LA POPULATION
f (PARIS, MAI 1953)

Dr COUINAUD,
Alfred SAUVY,
Secoure
Léon JOUHAUX
d E^a- h a Probation
(7)
Pr. Rohe-t DFBRr.

Une salle de travail des Journées d'Etudes Européennes


,

Y sur la Population (Paris, mai 1953)


En octobre 1943, se tint à Mexico, sur l'initiative du
gouvernement mexicain, le premier Congrès
interaméricain de démographie; 21 républiques et le Canada
envoyèrent des représentants. 11 s'agissait surtout de
coordonner les points de vue des pays américains sur
les migrations. Mais d'autres sujets furent abordés :
problèmes raciaux, économiques, sanitaires.
Organisée par un Comité d'initiative, composé de
personnalités italiennes et aidé de l'Université
Internationale, eut lieu à Saint-Vincent, dans le Val d'Aoste,
en octobre 1952, une session d'études internationales
sur la < Fédération européenne et le problème de
l'équilibre démographique international».
Les 21, 22 et 23 mai 1953, à Paris, Y Institut national
d'études démographiques mit en présence, au cours des
с Journées d'études européennes sur la population >
plus de 50 personnalités scientifiques étrangères.
A l'issue de ce congrès fut créé le Centre Européen
d'études sur la population.
D'autre part, les assemblées de l'Association
européenne pour l'étude du problème des réfugiés ont eu
lieu aux dates suivantes :
— octobre 1952, à Munich;
— février 1953, à Munich;
— octobre 1953, à Strasbourg;
— septembre 1954, à Constantinople.
On peut également mentionner les conférences
annuelles du R.E.M.P. (Groupe de recherches pour les
migrations européennes institué le 11 février 1952, à
la Haye), et dont les réunions et conférences se sont
tenues :
— à Bennekom, en juillet 1952 (Hollande);
— à la Haye, en juillet 1953.
La prochaine réunion est annoncée pour octobre
1954, à la Haye,
et
— les sessions bi-annuelles du Comité
intergouvernemental provisoire des mouvements migratoires
d'Europe (CJJÍJE.).
Ce comité, créé es 1951 à Bruxelles, convoqua м

— 25 —
session inaugurale dans cette même ville, au mois de
décembre 1951. Une seconde suivit en février 1952, à
Genève. La 3e qui devait se tenir à Genève en septembre,
s'est tenue sur l'invitation du gouvernement des Etats-

51
6'
Unis
ont
session
à eu
Washington,
lieu
s'est a réunie
Genève
du à10au
Venise
aucours
13 juin
endeavril
1952. 1954.
l'annéeLa1953.
4eEnfin,
et La
la

celle de décembre 1954 est prévue à Genève.

L'Eglise et la population. L'Eglise catholique n'a cessé


de s'intéresser à ces questions.
On peut citer, un peu épars, divers congrès. Par
exemple : le 9e Congrès de l'Œuvre catholique internationale
«Ika», qui eut pour principal sujet, en 1929 à Buda
pest, celui « des problèmes de la population ».
Régulièrement ont lieu, depuis 1925, les congrès de lMsso-
ciation du mariage chrétien, mais seul celui de 1937
fut international. On y traitait du mariage moderne
(néo-malthusianisme, méthode Ogino, etc.). Au Congrès
international catholique de l'Association Pax Romana,
à Venise, en mai 1953, fut débattue la question de la
population mondiale et de ses ressources. En septembre
1954, doit avoir lieu, à la Haye, la commission
internationale catholique pour les migrations.

Les Congrès néo-malthusiens. L'année 1900 vit s'ouvrir à


Paris, sous l'initiative de
Paul Robin, propagandiste de la prévention des
naissances en France, la première Conférence
Internationale de « birth control > .
D'autres lui succédèrent, notamment à :
— Liège, en 1905;
— La Haye, en 1910;
— Dresde, en 1911;
— Londres, en 1922.
Puis, bien des années plus tard, les mêmes idées
préludèrent à la formation des congrès internationaux de
la « Planification des familles > (Planned Parenthood
Committee).

— 26 —
Ces Comités pour la planification des familles furent
créés à la suite du mouvement que lança, aux Etats-
Unis, Margaret Sanders. En effet, c'est aux environs de
1912 que cette Américaine décida de tout mettre en
œuvre pour apprendre aux femmes à limiter leur
famille et à espacer les naissances de leurs enfants.
Elle fonda, en 1916, la première clinique de « birth
control >, rapidement fermée d'ailleurs par le soin des
autorités. Néanmoins, quelques années plus tard, en
1921, se constituait la Ligue américaine pour la
prévention des naissances, qui devait se transformer en
Comité pour la planification des familles. Cette
organisation s'étendait à de nombreux pays et donna lieu
aux congrès suivants :
Le premier fut tenu à Stockholm, en 1946, sous les
auspices de VAssociation nationale suédoise pour
l'éducation sexuelle. Le second, en 1948 à Cheltenham
(Angleterre), patronné par The Family planning
Association, proposait à ses membres le sujet suivant :
« Population et ressources mondiales en relation avec
la famille». 225 personnes de 21 nations différentes
prirent part à ses séances. D'autres suivirent,
notamment à :
— Londres, en 1951;
— Bombay, en 1952;
— Stockholm, en 1953.

Les Congrès mondiaux Réunis en juin 1946, les con-


de la Famille. gressistes familiaux conclurent
à la nécessité de poursuivre
une politique d'aide aux familles nombreuses.
En juin 1947, fut créée à Paris VUnion internationale
des organismes familiaux.
Depuis sa création, l'Union internationale des
organismes familiaux poursuit, aux termes de ses statuts,
un triple but : liaison entre les organismes des
différents pays; documentation et diffusion assurée en
particulier par la revue « Familles dans le Monde >, et
par le « Bulletin de PU.I.O.F. »; représentation des
familles sur le plan international.

__ 27 —
Pour coordonner ces activités, elle organise chaque
année les Congrès de VUnion internationale pour les
organismes familiaux, à savoir :
— à Genève, en 1948;
— à Rome, en septembre 1949, où 300 congressistes
représentant 26 nations discutèrent sur le thème :
< L'économie familiale dans l'insécurité du monde
moderne > ;
— à Helsinki, en septembre 1950, où 17 pays étaient
représentés, entre autres l'Irak et l'Uruguay. Cette
session comprenait, en dehors de la réunion
statutaire du Conseil Général de l'Union, d'une part une
conférence des représentants des organismes
gouvernementaux s'intéressant aux problèmes de la famille
et de la population, d'autre part une conférence de
représentants d'organismes privés;
— à Bruxelles, en juillet 1951;
— à Oxford, en septembre 1952, avec pour thème
général : < La stabilité de la famille >;
— à Lisbonne, en septembre 1953, où 447 congressistes
se préoccupèrent plus particulièrement des services
d'assistantes sociales, des travailleurs familiaux, de
l'aide aux mères...;
— à Stuttgart (Allemagne), en septembre 1954, les
thèmes étant : Les familles rurales dans la société
moderne. L'action sociale des familles, et pour les
familles, dans les milieux ouvriers.

Sociologie. Science de la société, la sociologie a eu


depuis toujours d'intimes rapports avec
la démographie, science de la population. Il apparaît
en effet difficile de séparer, dans le passé, ces deux
activités et bien souvent les anciens démographes nous
apparaissent comme des sociologues et réciproquement.
Dans la période moderne (1), Halbwachs, qui
connaissait parfaitement l'œuvre de Quételet et avait gardé
l'essentiel de son système, avait posé les principes
directeurs d'une véritable sociologie démographique.

(1) Jean S utter, L'Eugénique, I.N.B.D., Cahier n° 11, p. 46.

— 28 —
Voici les différentes conférences internationales :
a) Les Congrès de l'Institut international de sociologie.
Paris 1894 Genève 1930
Paris 1895 Genève 1933
Paris 1897 Bruxelles 1935
Paris 1900 ParU 1937
Paris 1903 Bucarest (n'a pas eu
Londres 1906 lieu) 1939
Berne 1909 Rome 1950
Rome 1912 Constantinople 1952
Paris 1927 Beaune 1954
b) Les Congrès mondiaux de sociologie, fondés
récemment, qui se sont notamment réunis :
— a Zurich, en septembre 1950;
— à Liège, du 24 août au 1er septembre 1953.
Le prochain, prévu pour 1956 dans une ville qui reste
à désigner, sera plus spécialement consacré aux pays
sous-développés. Ces deux séries de congrès doivent
être fusionnées en une seule.

Géographie. On trouve, dans chacun de ces congrès,


une section consacrée soit à la
géographie humaine, soit, mais plus rarement, à
l'anthropologie ou à l'ethnographie. En voici la liste :
Anvers 1871 Rome 1913
Paris 1875 Le Caire 1925
Venise 1881 Cambridge 1928
Paris 1889 Paris 1931
Berne 1891 Varsovie 1934
Londres 1895 Amsterdam 1938
Berlin 1899 Lisbonne 1949
Washington 1904 Washington 1952
Genève 1908 Rio de Janeiro 1956

Sciences historiques. Parmi ces congrès, deux d'entre


eux ont notamment réservé une
partie de leurs communications à l'étude de la
démographie historique :
— celui de Varsovie, en 1933;
— celui de Paris, en août-septembre 1950.

— 29 —
Dans le cadre de la Section française du Comité
international des Sciences historiques, la
Sous-Commission française de Démographie historique établit des
liaisons entre historiens et techniciens de la
démographie et se préoccupe de la préparation des congrès,
dont le prochain doit se tenir à Rome en 1955.
Le siège de la Sous-Commission française de
Démographie historique se trouve à l'Institut national
d'études démographiques, 23, avenue Franklin-D.-Roosevelt,
Paris (VIIIe).

Anthropologie et ethnographie. Le soutien que


l'anthropologie accorda à la
démographie fut longtemps brillant. Leurs prétentions et
leurs ambitions se montrèrent souvent communes — et
la désaffection des anthropologues pour la démographie
ne date que du début du xxe siècle, en même temps
qu'évoluaient les sciences statistiques. Néanmoins, on
trouve généralement, dans ces congrès, une section
consacrée soit à la démographie, soit à l'eugénique.
La Société italienne des sciences naturelles qui, lors
de sa 2" réunion extraordinaire à la Spezzia, en
septembre 1865, s'était constituée en une section spéciale
de préhistoire adopta, sur l'initiative de С de Mortillet,
la fondation d'un Congrès paléoethnologique
international; c'est ainsi que naquirent les Congrès
internationaux d'anthropologie et d'archéologie préhistorique,
qui devaient, à partir de 1866, se réunir à peu près
tous les deux ans et notamment à :
Neuchâtel (Suisse) . 1866 Paris 1900
Paris 1867 Monaco 1906
Copenhague 1869 Genève 1912
Bologne 1871 Paris 1921
Bruxelles 1872 Prague 1924
Stockholm 1874 Amsterdam 1927
Budapest 1876 Au Portugal 1930
Lisbonne 1880 Paris 1931
Paris 1889 Bruxelles 1935
Moscou 1892
II faut citer en outre les Congrès internationaux des

— 30 —
sciences anthropologiques, dont le premier eut lieu lors
de l'Exposition des sciences anthropologiques de 1878
à Paris. A cette occasion, Chervin évoqua, dans un
discours, la place que la démographie avait acquise parmi
les sciences anthropologiques au cours des dernières
années, grâce aux travaux du Dr Bertillon, et aussi à
l'initiative de la Société d'anthropologie de Paris qui
lui réserva une place dans son enseignement.
Les communications de ces congrès témoignent de
ces préoccupations.
D'autres conférences internationales furent
organisées notamment à :
Vienne 1889 Cologne 1907
Chicago 1893 Bâle 1933

D'autre part, sur l'initiative de l'Association pour


l'enseignement des sciences anthropologiques, fut créée
en 1920 sous le titre d'Institut international
d'anthropologie, une organisation ayant pour but de grouper, de
coordonner et de centraliser les efforts de toutes les
personnes préoccupées des problèmes de
l'anthropologie. Elle siégeait à l'Ecole d'anthropologie de Paris.
Sa première assemblée se tint à Liège en 1921.
D'autres congrès suivirent à peu près tous les trois ans, et
notamment à :
Prague 1924 Paris 1931
Amsterdam 1927 Oxford 1938
Au Portugal 1930
A partir de 1930, les congrès d'anthropologie
préhistorique et ceux de l'Institut international eurent lieu en
même temps et dans les mêmes villes.
Les Congrès internationaux des sciences
ethnographiques peuvent être également cités, notamment ceux
de 1878, 1889 et 1900 qui se réunirent successivement
à Paris.
Sur l'initiative du Royal Anthropological Institute,
une conférence préliminaire, tenue lors du Congrès de
Bâle de 1933, adopta le projet d'un Congrès unique
réunissant les sciences anthropologiques et
ethnographiques.

— ai —
Le premier Congrès des sciences anthropologiques et
ethnographiques s'ouvrit donc à Londres au début
d'août 1934 en présence de 1.200 personnes et de
S.A.H. le prince George. Cette réunion particulièrement
importante groupait pour la première fois, dans un
cadre vraiment international, toutes les disciplines
ressortissant à l'anthropologie et à l'ethnographie. Une
section de démographie était consacrée aux problèmes
de la population.
Ce congrès fut suivi (notamment) de ceux de :
Copenhague 1938 Vienne 1952
Bruxelles 1948 Philadelphie 1956
Enfin, le premier Congrès universel des races fut
tenu à Londres en juillet 1911, pour discuter, à la
lumière de la science et de la conscience moderne,
les relations générales entre les peuples de l'Occident
et de l'Orient, en vue d'encourager parmi eux une
bonne entente...

Eugénique. Ce n'est qu'en 1883 dans ses « Inquiries


into Human Faculty » que F. Galton
abandonnant le mot « viriculture » employa, pour la
première fois, le terme « eugénique ». Sous l'impulsion
de ce savant, de nombreux pays fondèrent des sociétés,
des revues, et l'évolution des esprits était telle qu'un
Premier Congrès international d'eugénique put avoir
lieu à Londres en 1912; outre des communications
d'eugénique proprement dite, il contenait des rapports
sur < la contribution de la démographie à l'eugénique >
et sur le néo-malthusianisme.
Le deuxième Congrès se tint à New- York en 1921,
puis un troisième, dans cette même ville, en 1932.
A côté de ces importantes réunions, les organisations
d'eugénique groupées en une fédération internationale
instaurent fréquemment des « journées >, sortes de
petits congrès, notamment :
celles de Farnham (Angleterre) 1930,
et de Zurich, 1934.
Une conférence pan-américaine d'eugénique se mit à
tenir des assises régulières, notamment à :

— 32 —
La Havane 1927
Buenos- Aires 1934
Bogota 1938
Le premier Congrès latin d'eugénique se tint à Paris
en /937.

Génétique Ces congrès ne portèrent pas toujours ce


titre. En effet, le î" Congrès de génétique
eut lieu à Londres en juillet 1899 (avant la redécouverte
des lois de Mendel) sous le nom de « Conférence
internationale sur l'hybridation et le croisement des
espèces». Le compte rendu en fut publié dans le Journal
de la Société Royale d'Horticulture.
Le deuxième, sous le nom de Conférence
internationale sur le croisement des plantes et l'hybridation, se
tint à New-York en octobre 1902. Cest seulement dans
le compte rendu de la troisième « Conférence
internationale sur le croisement des plantes et
l'hybridation » que le mot génétique fut employé. Le rapport du
Journal de la Société Royale d'Horticulture portait
comme en-tête : 3* Conférence internationale de
génétique, ayant eu lieu à Londres en 1906 (30 juillets) août).
Les autres se tinrent successivement :
à Paris, du 18 au 23 septembre 1911
Berlin septembre 1927
New- York août-septembre 1932
Edimbourg septembre 1939
Stockholm juillet 1948
Bellagio août 1953
La prochaine est prévue à Montréal, probablement
pour 1958.
Un Congrès de génétique devait avoir lieu à Moscou
en 1936. Les Soviétiques n'ayant pas voulu y faire
figurer les questions de génétique humaine, ce congrès fut
supprimé et remplacé par celui d'Edimbourg en 1939.

Gérontologie. C'est Liège, du 10 au 12 juillet 1950,


qui servit de lieu de rencontre à la
première Conférence internationale de gérontologie.

— 33 —
Puis ce fut à Saint-Louis (Missouri) que fut organisée,
par les soins de l'Association internationale de
gérontologie et de deux sociétés américaines, la Gerontolo-
jical Society et Г American Geriatics Society, la
deuxième Conférence internationale (9-14 septembre 1951).
150 experts de 50 pays étudièrent les multiples
problèmes posés par le vieillissement et en particulier les
conséquences économiques et sociales du vieillissement
de la population.
Le troisième Congrès s'est tenu à Londres du 19 au
24 juillet 1954.
On peut citer un Congrès assez proche de ces
derniers, bien que surtout médical : le Congrès
international de la longévité, à Vittel (France) les 19 et 20 juin
1948.

Conférences sanitaires Le choléra en fut l'instigateur,


internationales. En effet, c'est à Tissue de
démie de 1841-1850, que fut
créée en 1851, à Paris, la 1" Conférence sanitaire
internationale. Le choléra, parti de Lahore, atteignit, par
mer, le Golfe Persique et la Mecque. Par terre, il se
propagea à l'Afghanistan, la Perse, la Prusse, la France
où il fit, en 1848, 110.000 victimes.
Le mal, dont on ignorait à l'époque presque tout,
réapparaît en Silésie, en 1851. Effrayé par ce danger
imminent, le gouvernement français prit alors la
décision de réunir cette conférence, dans le but de
coordonner les mesures de protection à prendre par les
divers Etats.
Une deuxième suivit en 1859 à Paris,
— puis en 1866 à Constantinople, motivée par
l'épidémie de choléra de 1865,
— et en 1874 à Vienne.
Les Etats-Unis, désireux de prendre des mesures
contre la fièvre jaune (bien qu'on n'en connût point
son mode de propagation) réunirent à Washington en
1881 la 5e Conférence internationale.
Puis d'autres leur succédèrent, notamment :

— 34 —
— en 1885, à Rome, après l'épidémie de choléra
d'Egypte de 1883;
— en 1892, à Venise, où les congressistes aboutirent à
la première convention internationale portant sur
la surveillance sanitaire du Canal de Suez;
— en 1893, à Dresde;
— en 1894, à Paris; c'est à cette occasion que fut
établie la réglementation du pèlerinage de la Mecque;
— en 1897, à Venise;
— en 1903, à Paris; (création de ГО.1.Н.Р.);
— en 1912, à Paris;
— en 1926, à Paris;
— en 1933, à La Haye;
— en 1951, à Paris.
D'autre part, diverses conférences internationales
ont eu lieu sous l'égide de l'Organisation Mondiale de
la Santé (O.M.S.).

Conférences internatio- Elles sont parmi les plus ancien-


nales d'hygiène. nes. En effet, la première réunion
internationale d'bygiène eut lieu,
un peu sous l'influence de Quételet, à Bruxelles en 1852.
La deuxième (déjà citée), dans la même ville, en 1876,
s'intitulait Congrès international d'hygiène, de
sauvetage et d'économie sociale. Puis, à peu près
régulièrement, des congrès analogues se tinrent dans toute
l'Europe, notamment à :
Paris 1878 Bruxelles 1903
Genève 1882 Atlantic City 1926
La Haye 1884 New-York 1939
Vienne 1887 Paris 1948
Madrid 1897 Paris 1950
Paris 1900 Paris 1954

Vue d'ensemble. Si incomplet qu'il soit, cet exposé


montre la variété des manifestations
internationales intéressant la population. Cette diversité
ne facilite pas la tâche des chercheurs qui entendent se

— 35 —
documenter sur un sujet déterminé. Tout au moiùs,
cette tâche aura-t-elle été facilitée par le rappel
historique ci-dessus.
Si longue et disparate que soit l'énumération des
réunions ainsi citées, elle ne saurait renfermer toutes les
manifestations internationales qui se sont occupées de
population. On trouvera en annexe une liste
complémentaire de réunions portant moins directement que
les précédentes sur la population.
Il n'a pas été possible de constituer l'état des réunions
internationales organisées par l'U.R.S.S. ou les
démocraties populaires sur les mêmes sujets. Cette carence,
dont nous nous excusons, nous conduit à souhaiter que
ces réunions scientifiques groupent à l'avenir les
savants de tous pays, quelle que soit leur idéologie ou
le régime social de leur pays.

— 36 —

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