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UNIVERSITÉ D’AIX-MARSEILLE

Centre de Télé-enseignement Universitaire


Master 1 Mathématiques

Cours d’Analyse fonctionnelle et


analyse de Fourier
2ème partie
Analyse de Fourier

Mihaı̈ BOSTAN
mihai.bostan@univ-amu.fr

année universitaire 2018-2019


2 Mihaı̈ Bostan
Chapitre 1

Séries de Fourier

1.1 Introduction et définitions


De façon générale l’étude d’une fonction T -périodique f se ramène à
l’étude de la fonction 2π-périodique g, avec g(x) = f (T x/(2π)). Dans la
suite nous nous limiterons à l’étude des fonctions 2π-périodiques. Les fonc-
tions 2π-périodiques les plus connues sont cos(nx), sin(nx) avec n ∈ Z et les
combinaisons linéaires finies (voire infinies) de ces fonctions. Un problème
fondamental est de savoir si toute fonction h 2π-périodique peut être recons-
tituée à l’aide des fonctions élémentaires cos(nx), sin(nx). Par exemple si h
est une somme finie h(x) = cn einx , l’identité
P

Z 2π
1
einx e−ikx dx = δnk (1.1)
2π 0

avec δnk = 1 si n = k et δnk = 0 sinon (symbole de Kronecker), montre que


les cn se reconstituent à partir de h selon la formule
Z 2π
1
cn = h(x)e−inx dx.
2π 0

Précisons quelques notations et définitions.

3
4 2018/2019

– C désigne l’espace des fonctions continues de R dans C, 2π-périodiques.


– Pour tout n ∈ Z on désigne par en la fonction t → eint . Notons que
en ∈ C, n ∈ Z.
– Si 1 ≤ p ≤ ∞, Lp désigne l’espace vectoriel des (classes de) fonctions
f : R → C, 2π-périodiques et Lebesgue-mesurables telles que kf kp < ∞
avec 1/p
 Z 2π
1 p
kf kp = |f (t)| dt si 1 ≤ p < ∞
2π 0

et

kf k∞ = ess supt∈R |f (t)| = borne supérieure essentielle de |f |.

Par l’inégalité de Hölder nous avons

1 ≤ p < q ≤ ∞ =⇒ Lq ⊂ Lp et k · kp ≤ k · kq .

En effet, si q = ∞, on a
 Z 2π 1/p  Z 2π 1/p
1 p 1 p
kf kp = |f (t)| dt ≤ kf k∞ dt = kf k∞ .
2π 0 2π 0
1 1
Si 1 ≤ p < q < ∞, en introduisant r tel que q/p
+ r
= 1, on a, d’après
l’inégalité de Hölder
Z 2π  Z 2π p/q  Z 2π 1/r
1 p 1 q 1 r
|f (t)| dt ≤ |f (t)| dt 1 dt
2π 0 2π 0 2π 0
ou encore
 Z 2π 1/p  Z 2π 1/q
1 p 1 q
kf kp = |f (t)| dt ≤ |f (t)| dt .
2π 0 2π 0
Notons que L2 est un espace de Hilbert pour le produit scalaire
Z 2π
2 2 1
(f, g) ∈ L × L → hf, gi = f (t)g(t) dt.
2π 0
Un calcul facile montre que (en )n∈Z est un système orthonormal de L2
(nous verrons plus loin que (en )n∈Z est une base orthonormale de L2 ).
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– P désigne le sous-espace vectoriel de C engendré par les en . Un élément


P
P de P est une somme finie cn en (où cn ∈ C) et s’appelle un po-
lynôme trigonométrique.
– Si f ∈ L1 et n ∈ Z on définit le n-ième coefficient de Fourier (exponen-
tiel) de f par la formule
Z 2π
1
cn (f ) = f (t)e−int dt.
2π 0

On remarque que si f ∈ L2 alors cn (f ) = hf, en i. Si f ∈ L1 on pose


γ(f ) = (cn (f ))n∈Z .
– On appelle coefficients de Fourier trigonométriques les nombres com-
plexes
Z 2π Z 2π
1 1
an (f ) = f (t) cos(nt) dt, bn (f ) = f (t) sin(nt) dt.
π 0 π 0

On notera que le passage d’une définition à l’autre se fait grâce aux


relations :

an = cn + c−n et bn = i(cn − c−n ), n ∈ N

ou encore

an − ibn an + ibn
cn = et c−n = , n ∈ N.
2 2

– Pour tout N ∈ N, SN (f, t) désigne la somme partielle d’indice N ,


SN (f, t) = N int
P
−N cn (f )e .

– Si f, g ∈ L1 on appelle produit de convolution de f et g la fonction


notée f ∗ g, donnée par
Z 2π
1
(f ∗ g)(x) = f (x − t)g(t) dt, x ∈ R.
2π 0

Cette formule a un sens pour presque tout x.


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1.2 Règles de calcul


Lemme 1.2.1 Si f : R → C est T -périodique localement intégrable, on a
Z T /2 Z T /2
f (−t) dt = f (t) dt
−T /2 −T /2

et Z T Z a+T Z T
f (t) dt = f (t) dt = f (a + u) du.
0 a 0

Preuve. La première égalité suit par le changement de variable t → −t.


Pour la seconde on écrit
Z a+T Z 0 Z T Z T +a
f (t) dt = f (t) dt + f (t) dt + f (t) dt
a a 0 T
Z 0 Z T Z a
= f (t) dt + f (t) dt + f (u + T ) du
a 0 0
Z 0 Z T Z a
= f (t) dt + f (t) dt + f (u) du
a 0 0
Z T
= f (t) dt.
0

Par le changement de variable t = a + u on obtient facilement la troisième


égalité Z a+T Z T
f (t) dt = f (a + u) du.
a 0

Proposition 1.2.1 Soit f, h ∈ L1 , a ∈ R, k, n ∈ Z, g ∈ L∞ . Alors


i) cn (f˜) = c−n (f ), où f˜(t) = f (−t)
ii) cn (f ) = c−n (f )
iii) cn (τa f ) = eina cn (f ) où τa f (t) = f (t + a)
iv) cn (ek f ) = cn−k f
v) f ∗ en = cn (f )en
vi) kf ∗ gk∞ ≤ kf k1 kgk∞
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vii) Si de plus f est dans C et C 1 par morceaux, cn (f 0 ) = incn (f ).


viii) Si N
P
−N αn en converge uniformément vers f alors f ∈ C et αn = cn (f ),

n ∈ Z.
ix) kf ∗ hk1 ≤ kf k1 khk1 .

Preuve. Voir l’Exercice 1.

Lemme 1.2.2 (Riemann-Lebesgue) Soit a, b ∈ R avec a < b et soit f ∈


L1 (a, b), λ ∈ R. Alors
Z b Z b Z b
iλt
lim f (t)e dt = lim f (t) cos(λt) dt = lim f (t) sin(λt) dt = 0.
|λ|→∞ a |λ|→∞ a |λ|→∞ a

Preuve. Voir l’Exercice 2.

On désigne par c0 l’ensemble des suites u = (un )n∈Z de nombres complexes


telles que limn→+∞ un = 0. C’est une algèbre de Banach pour le produit
usuel et la norme kuk∞ = supn∈Z |un |. Le lemme de Riemann-Lebesgue nous
permet d’établir un homomorphisme d’algèbre de L1 dans c0 .

Proposition 1.2.2 L’application f → γ(f ) = (cn (f ))n∈Z est un homomor-


phisme d’algèbre de norme 1 de L1 dans c0 . De plus γ(f ∗ g) = γ(f )γ(g).

Preuve. Voir l’Exercice 3.

On a vu qu’à toute fonction continue 2π-périodique on peut associer une


série de Fourier. On peut montrer que les coefficients de Fourier déterminent
de manière unique la fonction. Montrons le résultats classique suivant

Théorème 1.2.1 La seule fonction continue 2π périodique dont tous les co-
efficients de Fourier sont nuls est la fonction identiquement nulle.

Preuve. Il suffit de montrer le résultat pour les fonctions continues 2π-


périodiques à valeurs réelles. En vérité les applications
1 1
<f = (f + f ), =f = (f − f )
2 2i
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sont à valeurs réelles et nous avons


1 1
cn (<f ) = (cn (f ) + c−n (f )) = 0, cn (=f ) = (cn (f ) − c−n (f )) = 0.
2 2i
Si la conclusion de notre théorème est établie pour les fonctions à valeurs
réelles, alors <(f ) = =(f ) = 0 d’où f = 0.
Supposons par réduction à l’absurde qu’il existe f ∈ C à valeurs réelles, non
identiquement nulle, telle que cn (f ) = 0, n ∈ Z. En particulier, pour tout
P
polynôme trigonométrique T = γn en nous avons
Z 2π X Z 2π X
f (t)T (t) dt = γn f (t)en (t) dt = 2π γn c−n (f ) = 0. (1.2)
0 0

Soit t0 tel que f (t0 ) 6= 0. Sans perte de généralité on peut supposer que
t0 = π (sinon prendre l’application 2π-périodique g(s) = f (t0 +π +s) dont les
coefficients de Fourier sont nuls car cn (g) = ein(t0 +π) cn (f )). Soit par exemple
f (π) > 0. Il existe c > 0, d ∈ (0, π) tels que

t ∈ (π − d, π + d) =⇒ f (t) > c > 0.

On considère le polynôme trigonométrique


1 1
T1 (t) = 1 − cos t − cos d = 1 − cos d − eit − e−it
2 2
et on observe que T1 vérifie les propriétés suivantes

T1 (π ± d) = 1, |T1 (t)| < 1, t ∈ [0, π − d) ∪ (π + d, 2π]

T1 (t) > 1, t ∈ (π − d, π + d), T1 (t) > g > 1, t ∈ (π − δ, π + δ), δ ∈ (0, d).

On prend maintenant le polynôme trigonométrique Tn = T1n et observons


que
Z 2π Z π−d Z π−δ Z π+δ Z π+d Z 2π
f (t)Tn (t) dt = ... + ... + ... + ... + ...
0 0 π−d π−δ π+δ π+d
n
≥ −M (π − d) + 0 + 2δcg + 0 − M (π − d)

> 2δcg n − 2πM


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où M = kf k∞ . En prenant n assez grand on en déduit que


Z 2π
f (t)Tn (t) dt > 0
0

ce qui contredit (1.2). Par conséquent la seule fonction f ∈ C dont les coef-
ficients de Fourier sont tous nuls est la fonction identiquement nulle.

Corollaire 1.2.1 Si deux fonctions continues 2π-périodiques ont les mêmes


coefficients de Fourier, alors elles coı̈ncident.

Preuve. Soit f, g ∈ C telles que cn (f ) = cn (g), n ∈ Z. Alors l’application


h = f − g ∈ C a tous les coefficients de Fourier nuls, cn (f − g) = cn (f ) −
cn (g) = 0, n ∈ Z et d’après le Théorème 1.2.1 il résulte que f − g = 0.

Une conséquence du résultat précédent est

Proposition 1.2.3 Soit f ∈ C telle que sa série de Fourier converge uni-


formément. Alors la somme de la série coı̈ncide avec la fonction f .

Preuve. On note S(t) = limN →∞ SN (f, t), t ∈ R. Evidemment S ∈ C.


Comme dans la preuve de viii) de la Proposition 1.2.1 on montre que cn (S) =
P
cn (f ), n ∈ Z et alors S = f . En particulier si n |cn (f )| < +∞ alors la série
de Fourier converge uniformément vers la fonction f .

Théorème 1.2.2 Soit f ∈ C et de classe C 1 par morceaux. Alors la série


de Fourier converge normalement sur R vers f .

Preuve. Voir l’Exercice 4.

Remarque 1.2.1 Tout reste valable pour des fonctions T -périodiques, à la


seule condition de remplacer les formules des coefficients de Fourier par
1 T
Z
cn (f ) = f (t)e−i 2πnt/T dt, n ∈ Z.
T 0
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Remarque 1.2.2 On a vu d’après (1.1) que {en |n ∈ Z} est une partie or-
thonormale de C et par conséquent libre. Le problème qui se pose maintenant
est le suivant : est-ce que toute fonction de C peut s’obtenir comme combi-
naison linéaire infinie des en ? Les trois questions suivantes sont centrales
dans la théorie des séries de Fourier :

1. (SN (f ))N converge-t-elle quand N → +∞ ?

2. Si oui, en quel sens a lieu la convergence ?

3. Quel rapport la limite éventuelle a-t-elle avec f ?

1.3 Inégalité de Bessel. L’identité de Parseval


Soit f ∈ C. On souhaite calculer kf − SN (f )k22 . En utilisant la formule

kg − hk22 = kgk22 + khk22 − 2<hg, hi

nous obtenons
N
X N
X N
X
kf − cn (f )en k22 = kf k22 + k cn (f )en k22 − 2<hf, cn (f )en i
−N −N −N
N
X
= kf k22 − |cn (f )|2
−N

car la famille (en )n∈Z étant orthonormée nous avons


N
X N
X
k cn (f )en k22 = |cn (f )|2
−N −N

et
N
X N
X
hf, cn (f )en i = |cn (f )|2 .
−N −N

Alors pour tout N ∈ N nous avons l’inégalité


N
X N
X
2
|cn (f )| − kf k22 = −kf − cn (f )en k22 ≤ 0. (1.3)
−N −N
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|cn (f )|2 converge et sa somme satisfait l’inégalité,


P
En particulier la série n

dite de Bessel
X
|cn (f )|2 ≤ kf k22 .
n

Remarque 1.3.1 Par l’inégalité de Bessel on en déduit que les suites (cn (f ))n∈N
et (c−n (f ))n∈N sont convergentes vers 0 (à comparer avec le Lemme 1.2.2).

En effet on a même égalité dans l’inégalité précédente.

Théorème 1.3.1 (Identité de Parseval)


Soit f ∈ C et notons par (cn (f ))n∈Z , (an (f ), bn (f ))n∈N les coefficients de
Fourier exponentiels et trigonométriques respectivement. Alors nous avons
les identités
i)
X
|cn (f )|2 = kf k22
n∈Z

ii)
|a0 (f )|2 1 X
+ {|an (f )|2 + |bn (f )|2 } = kf k22 .
4 2 n∈N?

iii) De plus nous avons la convergence de la série de Fourier vers f en norme


L2

lim kf − SN (f )k = 0.
N →+∞

Preuve. Voir l’Exercice 6.

Le Théorème 1.3.1 donne un résultat de convergence en moyenne (norme


L2 ). On peut s’intéresser également à la convergence simple (ponctuelle).
Pour analyser cette question nous devons introduir quelques outils, parmi
lesquels le noyau de Dirichlet.
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1.4 Le noyau de Dirichlet


Définition 1.4.1 On appelle noyau de Dirichlet d’ordre N ∈ N le polynôme
trigonométrique DN = N
P
−N en .

Proposition 1.4.1 Le noyau de Dirichlet vérifie


1

i) Dn est pair et 2π −π
DN (t) dt = 1.
ii) DN (x) = sin[(N + 1/2)x]/ sin(x/2) si x ∈ R \ 2πZ et DN (x) = 2N + 1 si
x ∈ 2πZ.
2 sin(N x)
iii) |x| ≤ π =⇒ DN (x) = x
+ rN (x), où sup|x|≤π,N ∈N |rN (x)| < +∞.
4
iv) kDN k1 = π2
ln N + O(1) quand N → +∞.
v) SN (f ) = f ∗ DN pour tout f ∈ L1 et N ∈ N.

Preuve. Voir l’Exercice 7.

1.5 Le théorème de convergence de Dirichlet


Théorème 1.5.1 (Dirichlet) Soit f : R → C une application 2π-périodique,
mesurable, localement intégrable. Soit x0 ∈ R. On suppose que les limites

f + := lim f (x0 + t), f − := lim f (x0 − t) (1.4)


t&0 t&0

existent et qu’il existe δ > 0 tel que


δ δ
|f (x0 + t) − f + | |f (x0 − t) − f − |
Z Z
dt < +∞, dt < +∞. (1.5)
0 t 0 t

Alors on a
1
lim SN (f, x0 ) = (f + + f − ).
N →+∞ 2

Preuve. Voir l’Exercice 8.


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Remarque 1.5.1 Les cas les plus fréquents d’application du théorème de


Dirichlet sont ceux où f possède une dérivée à droite et une dérivée à gauche
en x0
f (x0 + t) − f + f (x0 − t) − f −
∃ lim et ∃ lim . (1.6)
t&0 t t&0 t

Il est clair que (1.6) implique (1.5).

1.6 Exercices

Exercice 1. Prouver les assertions de la Proposition 1.2.1.

Exercice 2. Prouver le Lemme de Riemann-Lebesgue 1.2.2.

Exercice 3. Prouver la Proposition 1.2.2.

Exercice 4. Prouver le Théorème 1.2.2.

Exercice 5. Soit f une fonction 2π-périodique, de carré localement intégrable.


i) Pour tout N ∈ N montrer que f − SN (f ) ⊥ PN , où PN est le sous-espace
vectoriel de C engendré par e−N , ..., e0 , ..., eN .
ii) Montrer que kf − N
P 2 2
PN 2
−N αn en k2 = kf − SN (f )k2 + −N |αn − cn (f )| .

iii) Déterminer inf{kf − P k2 , P ∈ PN }.

Exercice 6. Démontrer le Théorème de Parseval 1.3.1.

Exercice 7. Démontrer les propriétés du noyau de Dirichlet de la Proposition


1.4.1

Exercice 8. Démontrer le Théorème de Dirichlet 1.5.1.


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Exercice 9. Soit f une fonction de L1 , 2π-périodique. Montrer que


i) Si f est paire
Z π N
1 X
cn (f ) = f (t) cos(nt) dt, SN (f, t) = c0 (f ) + 2 cn (f ) cos(nt).
π 0 1

ii) Si f est impaire

π N
−i
Z X
cn (f ) = f (t) sin(nt) dt, SN (f, t) = 2i cn (f ) sin(nt).
π 0 1

Exercice 10. (Fonction signal) Soit ε ∈ (0, π) et σε l’application de L∞ , 2π-


périodique telle que

σε (t) = 1 si |t| ≤ ε et σε (t) = 0, si ε < |t| ≤ π

i) Calculez les coefficients de Fourier exponentiels.


ii) Calculez SN (σε , t).
iii) En déduire la formule
+∞
X sin(na) π−a
= , 0 < a < 2π.
1
n 2

Exercice 11. (Fonction triangle) Soit ε ∈ (0, π) et ∆ε ∈ C l’application


définie par

|t|
∆ε (t) = 1 − , |t| ≤ ε, ∆ε (t) = 0, ε < |t| ≤ π.
ε

i) Calculer les coefficients de Fourier exponentiels de ∆ε .


ii) Justifier la formule
+∞
X 1 − cos(nε)
ε
∆ε (t) = +2 2 πε
cos(nt), t ∈ R.
2π 1
n
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iii) Retrouver les identités


+∞ +∞
X 1 π2 X 1 π2
= , = .
0
(2p + 1)2 8 1
n2 6

Exercice 12. (Exponentielle apériodique) Soit a ∈ C\Z et la fonction f ∈ C


définie par
f (t) = eiat , −π ≤ t < π.

i) Calculer les coefficients de Fourier de f .


ii) Calculer les sommes partielles SN (f, π).
iii) Retrouver la formule
+∞
1 X 1
π cot(πa) = + 2a 2 2
, a ∈ C \ Z.
a 1
a − n

Exercice 13. Soit a 6= 0 un nombre réel donné. On définit f : R → R,


2π-périodique par
∀x ∈ [0, 2π[, f (x) = eax .

i) Déterminer la série de Fourier associée à f et étudier son mode de conver-


gence (convergence simple, uniforme, normale). Quelle est la somme de cette
série ?
ii) Calculer la somme
X a
n≥1
a2 + n2
et en déduire que
X 1 π2
= .
n≥1
n2 6

Exercice 14. i)Démontrer les formules suivantes :


π2 X cos nx
∀x ∈ [−π, π], x2 = +4 (−1)n
3 n≥1
n2
X sin nx
∀x ∈ ] − π, π[, x = 2 (−1)n+1 .
n≥1
n
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ii) Développer en série de Fourier la fonction 2π-périodique f définie sur


[−π, π[ par f (x) = x3 . En déduire n≥1 n16 .
P

Exercice 15. On souhaite montrer l’inégalité de type Poincaré


Z 1 Z 1
∃C>0 : 2
(f (x)) dx ≤ C (f 0 (x))2 dx, ∀ f ∈ C 1 ([0, 1], R), f (0) = f (1) = 0.
0 0

i) Pour chaque fonction f ∈ C 1 ([0, 1], R) vérifiant f (0) = f (1) = 0 on


considère f˜ la fonction 2-périodique, impaire sur [−1, 1] telle que f˜ = f
sur [0, 1]. Vérifier que f˜ est de classe C 1 sur R.
ii) Soit g la fonction définie par g(t) = f˜(t/π), t ∈ R. Que dire de la fonction
g?
iii) Déterminer les coefficients et la série de Fourier de l’application g.
iv) Même question pour l’application g 0 .
v) Trouver une constante C̃ (indépendante de g) telle que
Z 2π Z 2π
2
(g(t)) dt ≤ C̃ (g 0 (t))2 dt.
0 0

vi) Conclure.
vii) Indiquer les fonctions f telles qu’on ait égalité dans l’inégalité de Poincaré
ainsi obtenue.

Exercice 16. i) En utilisant les développement en séries de Fourier de f , f 0 ,


montrer que pour toute application 2π-périodique de C 1 (R, R) de moyenne
R 2π
nulle i.e., 0 f (t) dt = 0 nous avons l’inégalité (dite de Wirtinger)
Z 2π Z 2π
2
(f (t)) dt ≤ (f 0 (t))2 dt.
0 0

ii) Indiquer les fonctions telles qu’on ait égalité dans l’inégalité de Wirtinger.
R 2π
iii) L’inégalité reste-t-elle vraie si on supprime l’hypothèse 0 f (t) dt = 0 ?
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Exercice 17. Soit f 2π-périodique définie par



 t si t ∈] − π, π[
f (t) =
 0 si t = π.

Déterminer f ∗ f et montrer que


X cos nt 3t2 − 6π|t| + 2π 2
∀t ∈] − π, π[, = .
n≥1
n2 12

P
Exercice 18. i) Soit n≥1 bn sin(nt) une série trigonométrique, où bn ≥
0, n ≥ 1. On suppose que cette série est une série de Fourier. Montrer que
bn
P
n≥1 n < +∞.

ii) Montrer que la série trigonométrique (partout convergente) n≥2 sin(nt)


P
ln n

n’est pas une série de Fourier.

1.7 Exercices corrigés


Exercice 1. En utilisant le Lemme 1.2.1 on en déduit
i) Z π Z π
1 1
cn (f˜) = f (−t)e −int
dt = f (t)eint dt = c−n (f ).
2π −π 2π −π

ii)
Z 2π Z 2π
1 −int 1
cn (f ) = f (t)e dt = f (t)eint dt = c−n (f ).
2π 0 2π 0

iii)
Z 2π Z a+2π
1 −int 1
cn (τa f ) = f (t + a)e dt = f (u)e−in(u−a) du = eina cn (f ).
2π 0 2π a

iv)
Z 2π Z 2π
1 ikt −int 1
cn (ek f ) = f (t)e e dt = f (t)e−i(n−k)t dt = cn−k (f ).
2π 0 2π 0
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v)
Z 2π Z 2π
1 1
(f ∗ en )(x) = f (t)e in(x−t)
dt = f (t)einx e−int dt = einx cn (f ).
2π 0 2π 0

vi)
Z 2π Z 2π
1 1
|(f ∗g)(x)| ≤ |g(x−t)| |f (t)| dt ≤ kgk∞ |f (t)| dt = kgk∞ kf k1 .
2π 0 2π 0

vii) D’après l’hypothèse on peut écrire [0, 2π[= ∪l−1


j=0 [aj , aj+1 [, où 0 = a0 <

... < al = 2π et où f est de classe C 1 sur [aj , aj+1 ]. Une intégration par partie
donne
Z aj+1 Z aj+1
0 −int
f (t)e dt = [f (t)e−int ]aajj+1 + in f (t)e−int dt.
aj aj

Sommant ces égalités de j = 0 à j = l − 1 et divisant par 2π, nous obtenons


par la périodicité de f
1
cn (f 0 ) = [f (t)e−int ]2π
0 + incn (f ) = incn (f ).

PN
viii) Evidemment −N αn en ∈ C, N ∈ N. Par la convergence uniforme on
en déduit que f ∈ C et gràce à l’égalité (1.1) on obtient
Z 2π X N N
1 −int
X
cn (f ) = lim αk ek (t)e dt = lim αk δkn = αn .
N →+∞ 2π 0 N →+∞
−N −N

ix)
Z 2π Z 2π
1 1
kf ∗ hk1 = f (x − t)h(t) dt dx
2π 0 2π 0
Z 2π  Z 2π 
1 1
≤ |h(t)| |f (x − t)| dx dt
2π 0 2π 0
Z 2π
1
= |h(t)|kf k1 dt
2π 0
= kf k1 khk1 .

Exercice 2 (Lemme de Riemann-Lebesgue)


Il est bien connu que l’ensemble des fonctions de classe C 1 sur [a, b] est dense
Mihaı̈ Bostan 19

dans L1 (a, b). Par conséquent, pour tout ε > 0 il existe fε de classe C 1 sur
[a, b] telle que
Z b
ε
|f (t) − fε (t)| dt <
a 2
et on peut écrire
Z b Z b Z b
iλt
iλt
iλt

f (t)e dt ≤ (f (t) − fε (t))e dt + f ε (t)e dt

a a a
Z b
ε
≤ + fε (t)eiλt dt . (1.7)
2 a

Une intégration par parties donne


b b
eiλt b iλt
Z Z
e
fε (t)e iλt
dt = fε (t) | − fε0 (t) dt
a iλ a a iλ

ce qui implique
Z b
≤ 2 kfε k∞ + b − a kfε0 k∞ ≤ ε
iλt

f ε (t)e dt |λ| (1.8)

a |λ| 2

pour |λ| ≥ Λε := 2ε (2kfε k∞ + (b − a)kfε0 k∞ ). En combinant (1.7), (1.8) il


résulte Z b
iλt

f (t)e dt ≤ ε, |λ| ≥ Λε

a

ou encore
Z b
lim f (t)eiλt dt = 0.
|λ|→∞ a

Exercice 3. Soit f ∈ L1 . D’après le Lemme 1.2.2 cn (f ) → 0 quand |n| →


+∞ et donc γ(f ) ∈ c0 . Il est clair que l’application γ est linéaire. D’autre
part
2π Z 2π
Z
1 1
f (t)e−int

|cn (f )| = dt ≤
|f (t)| dt = kf k1
2π 0 2π 0
et alors kγ(f )k∞ = supn∈Z |cn (f )| ≤ kf k1 d’où kγk ≤ 1. De plus ke0 k1 = 1 et
kγ(e0 )k∞ ≥ |c0 (e0 )| = 1, donc kγk = 1. Montrons maintenant que γ(f ∗ g) =
20 2018/2019

γ(f )γ(g). On note h = f ∗ g, ϕ(x, t) = f (x − t)g(t)e−inx . La fonction ϕ est


intégrable pour la mesure produit dxdt sur [0, 2π] × [0, 2π] car
Z
1
|ϕ(x, t)| dxdt = kf k1 kgk1 < +∞.
4π 2 0≤x,t≤2π

Par le théorème de Fubini on obtient


Z 2π
1
cn (h) = h(x)e−inx dx
2π 0
Z
1
= f (x − t)g(t)e−int e−in(x−t) dxdt
4π 2 0≤x,t≤2π
Z 2π Z 2π 
1 −int −in(x−t)
= g(t)e f (x − t)e dx dt
4π 2 0 0
Z 2π Z 2π 
1 −int −inx
= g(t)e f (x)e dx dt
4π 2 0 0
Z 2π
1
= g(t)e−int (2πcn (f )) dt
4π 2 0
= cn (g)cn (f ).

Exercice 4. Pour tout n ∈ Z? nous avons cn (f ) = 1


c (f 0 ).
in n
Par l’inégalité
de Bessel on en déduit que
X
|cn (f 0 )|2 ≤ kf 0 k22
n∈Z?

d’où
X
n2 |cn (f )|2 < +∞.
n∈Z
P
Par conséquent la série n∈Z |cn (f )| est convergente car
!1/2 !1/2
X X X 1
|cn (f )| ≤ n2 |cn (f )|2 < +∞.
n∈Z? n∈Z? n∈Z?
n2

Finalement la série de Fourier converge normalement


X X
sup |cn (f )e−int | = |cn (f )| < +∞
t
n∈Z n∈Z
Mihaı̈ Bostan 21

et donc uniformément vers la fonction f , d’après la Proposition 1.2.3.

Exercice 5. i) Un calcul simple montre que pour tout n ∈ {−N, ..., N } nous
avons
hf, en i = hSN , en i = cn (f )

d’où hf − SN , en i = 0, ou encore f − SN ⊥ PN .
ii) En écrivant f − N
P PN
−N αn en = f − SN (f ) + −N (cn (f ) − αn )en et en

utilisant l’orthonormalité de la base (en )n on en déduit que


N
X N
X
kf − αn en k22 = kf − SN (f )k22 + |cn (f ) − αn |2 .
−N −N

PN
iii) En particulier nous avons kf − −N αn en k2 ≥ kf − SN (f )k2 d’où

inf{kf − P k2 : P ∈ PN } = kf − SN (f )k2

l’infimum étant atteint pour αn = cn (f ), n ∈ {−N, ...N }.

Exercice 6. (Identité de Parseval)


i) Pour tout x ∈ R on note
Z 2π
1
F (x) = f (x + t)f (t) dt.
2π 0

Evidemment F ∈ C et ses coefficients de Fourier sont donnés par


Z 2π
1
cn (F ) = F (x)e−inx dx
2π 0
Z 2π Z 2π
1 1
= f (x + t)f (t) dt e−inx dx
2π 0 2π 0
Z 2π Z 2π
1
= f (t)e −int f (x + t)e−in(x+t) dxdt
4π 2 0 0
Z 2π
1
= f (t)e−int 2πcn (f ) dt =
4π 2 0
= |cn (f )|2 .
22 2018/2019
P
D’après l’inégalité de Bessel n∈Z |cn (F )| converge et alors la série de Fourier
associée à F converge uniformément vers F
N
X
F (x) = lim |cn (f )|2 en (x), uniformément par rapport à x ∈ R.
N →+∞
n=−N

En particulier pour x = 0 on trouve


Z 2π +∞
1 2
X
F (0) = |f (t)| dt = |cn (f )|2 .
2π 0 n=−∞

ii) En utilisant les formules


an − ibn an + ibn
cn = , c−n = , n∈N
2 2
on en déduit que
+∞ +∞
X |a0 (f )|2 1 X
kf k22 2 2 2
= |c0 (f )| + {|cn (f )| +|c−n (f )| } = + {|an (f )|2 +|bn (f )|2 }.
n=1
4 2 n=1
iii) D’après (1.3) nous avons
N
X X
kf − SN (f )k22 = kf k22 − |cn (f )|2 = |cn (f )|2 → 0, N → +∞
n=−N |n|>N

d’où la dernière conclusion du théorème.

Exercice 7. (Noyau de Dirichlet)


i) Nous avons
N
X N
X N
X
D̃N = ẽn = e−n = e n = DN
−N −N −N
et Z π
1
DN (t) dt = c0 (DN ) = 1.
2π −π
ii) Pour x ∈ R \ 2πZ nous avons
2N (2N +1)ix
−i N x
X
i jx −i N x e −1
DN (x) = e e = e
j=0
eix − 1
e(2N +1)ix/2 (e(2N +1)ix/2 − e−(2N +1)ix/2 )
= e−i N x
eix/2 (eix/2 − e−ix/2 )
sin[(N + 1/2)x]
= .
sin(x/2)
Mihaı̈ Bostan 23

Evidemment, si x ∈ 2πZ, alors DN (x) = DN (0) = 2N + 1 = limx→0 sin[(N +


1/2)x]/ sin(x/2).
iii) Si 0 < |x| ≤ π alors

sin(N x) cos(x/2) + sin(x/2) cos(N x)


DN (x) =
sin(x/2)
= sin(N x) cot(x/2) + cos(N x)
 
2
= sin(N x) + ρ(x) + cos(N x)
x
2 sin(N x)
= + (sin(N x) ρ(x) + cos(N x))
x

avec sup0<|x|≤π |ρ(x)| < +∞. D’où le résultat par continuité en 0, avec
rN (x) = ρ(x) sin(N x) + cos(N x).
R 2π Rx
iv) Posons α = 0 | sin t| dt/(2π) = 2/π et ϕ(x) = 0 | sin t| dt − αx. Nous
avons Z 2π
ϕ(x + 2π) − ϕ(x) = | sin t| dt − 2πα = 0,
0

donc ϕ ∈ C et même ϕ ∈ C 1 , car ϕ 0 (x) = | sin x| − α. D’après iii)


Z π Z π
2 sin(N x) 2 sin(N x)
kDN k1 = dx + O(1) = dx + O(1)
2π −π x π 0 x
Z Nπ Z Nπ
2 | sin y| 2 | sin y|
= dy + O(1) = dy + O(1)
π 0 y π 1 y
2 Nπ α 2 N π ϕ 0 (y)
Z Z
= dy + dy + O(1)
π 1 y π 1 y
 Z Nπ 
4 2 ϕ(N π) ϕ(1) ϕ(y)
= ln(N π) + − + dy + O(1)
π2 π Nπ 1 1 y2
4
= ln(N ) + O(1)
π2
R∞
car ϕ étant bornée, l’intégrale 1 |ϕ(y)|
y2
dy est convergente.
v) D’après la Proposition 1.2.1 v) on a
N
X N
X N
X
SN (f ) = cn (f )en = f ∗ en = f ∗ en = f ∗ DN .
−N −N −N
24 2018/2019

Exercice 8. (Théorème de Dirichlet)


Par translation on peut supposer x0 = 0. En utilisant la Proposition 1.4.1 on
a
Z π
1 + − 1 1
SN (f, 0) − (f + f ) = f (−t)DN (t) dt − (f + + f − )
2 2π −π 2
Z π Z π
1 1
= {f (t) + f (−t) − f + − f − }DN (t) dt = h(t) sin ((N + 1/2)t) dt
4π 0 2π 0

où on a posé

f (t) − f + + f (−t) − f −
h(t) = , 0 < t < π.
2 sin(t/2)

Par l’hypothèse (1.5) il résulte que h ∈ L1 (0, π). D’après le lemme de Riemann-
Lebesgue on a donc
Z π
lim h(t) sin ((N + 1/2)t) dt = 0
N →+∞ 0

ce qui prouve notre conclusion.

Exercice 9. i) Nous avons


Z π Z π Z π
1 −int 1 i
cn (f ) = f (t)e dt = f (t) cos(nt) dt− f (t) sin(nt) dt.
2π −π 2π −π 2π −π

Les fonctions t → f (t) cos(nt) et t → f (t) sin(nt) étant paire respectivement


impaire, nous avons
Z π
1 π
Z Z π
1 1
f (t) cos(nt) dt = f (t) cos(nt) dt, f (t) sin(nt) dt = 0
2π −π π 0 2π −π

et alors Z π
1
cn (f ) = f (t) cos(nt) dt.
π 0

En particulier la suite n → cn (f ) est paire, d’où


N
X N
X
SN (f, t) = c0 (f ) + cn (f )en (t) = c0 (f ) + 2 cn (f ) cos(nt).
−N 1
Mihaı̈ Bostan 25

ii) De la même façon, si f est impaire, en utilisant le fait que les applications
t → f (t) cos(nt) et t → f (t) sin(nt) sont impaire respectivement paire, nous
obtenons
π N
−i
Z X
cn (f ) = f (t) sin(nt) dt, SN (f, t) = 2i cn (f ) sin(nt).
π 0 1

Exercice 10. i) La fonction σε est paire et alors


1 ε
Z
sin(nε)
cn (σε ) = cos(nt) dt = , si n 6= 0.
π 0 nπ
Si n = 0 nous obtenons c0 (σε ) = ε/π.
ii) La somme partielle est
N
ε X sin(nε)
SN (σε , t) = + 2 cos(nt).
π 1

iii) On applique le théorème de Dirichlet à σε au point x0 = ε. Nous obtenons


limN →+∞ SN (σε , ε) = 1/2, autrement dit
+∞ +∞
ε X sin(nε) cos(nε) ε X sin(2nε) 1
+2 = + = .
π 1
nπ π 1
nπ 2

Posant 2ε = a on obtient
+∞
X sin(na) π−a
= , 0 < a < 2π.
1
n 2

Exercice 11. i) La fonction ∆ε est paire. Après une intégration par parties
on trouve pour n 6= 0
Z ε 
1 t 1 − cos(nε)
cn (∆ε ) = 1− cos(nt) dt =
π 0 ε n2 πε
tandis que c0 (∆ε ) = ε/(2π). Notons que +∞
P
−∞ |cn (∆ε )| < +∞ et nous avons

la convergence uniforme
N
!
ε X 1 − cos(nε)
∆ε (t) = lim SN (∆ε , t) = lim +2 2 πε
cos(nt) , t ∈ R.
N →+∞ N →+∞ 2π 1
n
26 2018/2019

iii) Faisant ε = π et t = 0 on obtient


1 X
1= + cn (∆π )
2 n6=0
ou encore
+∞
X 1 − cos(nπ) +∞
1 1 X 1
1= +2 2π2
= + 4 2π2
.
2 1
n 2 0
(2p + 1)

On retrouve les identités classiques


+∞ +∞ +∞
X 1 π2 X 1 4X 1 π2
= , = = .
0
(2p + 1)2 8 1
n2 3 0 (2p + 1)2 6

Exercice 12. i) Par calcul direct on trouve l’expression suivante pour les
coefficients de Fourier trigonométriques
Z π
1 sin(πa)
cn (f ) = ei(a−n)t dt = (−1)n .
2π −π π(a − n)
Considérons x0 = π. Notons que

lim f (π + t) = lim f (−π + t) = e−iaπ


t&0 t&0

et
lim f (π − t) = lim eia(−t+π) = eiaπ .
t&0 t&0

D’autre part
N N
sin(πa) X n sin(πa) inπ
X sin(πa) −inπ
SN (f, π) = + (−1) e + (−1)n e
πa 1
π(a − n) 1
π(a + n)
N  
sin(πa) sin(πa) X 1 1
= + +
πa π 1
a−n a+n
N
sin(πa) 2a sin(πa) X 1
= + .
πa π 1
a − n2
2

Le théorème de Dirichlet nous donne


1 1
lim SN (f, π) = (f + + f − ) = (e−iaπ + eiaπ ) = cos(aπ).
N →+∞ 2 2
Mihaı̈ Bostan 27

Nous avons obtenu


N
sin(πa) 2a sin(πa) X 1
cos(πa) = +
πa π 1
a2 − n 2

ou encore
+∞
1 X 1
π cot(πa) = + 2a , a ∈ C \ Z.
a 1
a − n2
2

Exercice 13. i) Un calcul simple montre que

e2πa − 1
cn (f ) = , n ∈ Z.
2π(a − in)

La série de Fourier ne converge pas uniformément (ni normalement) car f


n’est pas continue. Elle converge simplement, par le Théorème de Dirichlet
1.5.1 vers la fonction 2π-périodique f˜ donnée par

1 + e2πa
f˜(x) = f (x), x ∈ (0, 2π), f˜(0) = .
2

Nous avons
X e2πa − 1
einx = f˜(x).
n∈Z
2π(a − in)
ii) En particulier pour x = 0 on trouve
X e2πa − 1 1 + e2πa
=
n∈Z
2π(a − in) 2

d’où
X a e2πa + 1
= π .
n∈Z
a2 + n 2 e2πa − 1
L’égalité précédente implique

1 X 1 π e2πa + 1
+ 2 =
a2 n≥1
a2 + n2 a e2πa − 1

ou encore
X 1 π e2πa + 1 1
2 2 2
= 2πa
− 2.
n≥1
a +n ae −1 a
28 2018/2019

On souhaite passer à la limite pour a → 0. Avec la notation 2πa = y on a


X 1  y 
2 1e +1 2
2 = lim 2π −
n≥1
n2 y→0 y ey − 1 y 2
2π 2 y y(ey + 1) − 2(ey − 1)
= lim
y→0 ey − 1 y3
1 + yey − ey
= 2π 2 lim
y→0 3y 2
2π 2
=
6
d’où la conclusion.

Exercice 14. i) On considère la fonction 2π- périodique donnée par g(x) =


x2 , x ∈ [−π, π). Un calcul simple, en utilisant des intégrations par parties
successives, montre que
2(−1)n π2
cn (g) = , n 6
= 0, et c 0 (g) = .
n2 3
Par le Théorème de Dirichlet nous avons pour tout x ∈ [−π, π] (car g est
continue)
X π 2 X 2(−1)n inx
g(x) = cn (g)einx = + 2
(e + e−inx )
n∈Z
3 n≥1
n
2 X (−1)n
π
= +4 cos(nx).
3 n≥1
n2

En appliquant l’identité de Parseval on obtient


π4 X π4 X 4
= kgk22 = |cn (g)|2 = +2
5 n∈Z
9 n≥1
n4
ou encore
X 1 π4
4
= . (1.9)
n≥1
n 90
De la même manière, les coefficients de Fourier de l’application 2π-périodique
donnée par
h(x) = x, x ∈ [−π, π)
Mihaı̈ Bostan 29

sont
i(−1)n
c0 (h) = 0, cn (h) = , n 6= 0
n
d’où
X X i(−1)n
h(x) = cn (h)einx = (einx − e−inx )
n6=0 n≥1
n
X (−1)n+1
= 2 sin(nx), x ∈ (−π, π).
n≥1
n

L’identité de Parseval conduit à

π2 X X 1
= khk22 = |cn (h)|2 = 2
3 n∈Z n≥1
n2

d’òu
X 1 π2
2
= . (1.10)
n≥1
n 6

ii) Les coefficients de Fourier de l’application f sont

iπ 2 (−1)n 3i π2
 
6
c0 (f ) = 0, cn (f ) = − cn (g) = i(−1)n − 3 .
n n n n

Par l’identité de Parseval on obtient

π6 2
X
2
X  π 4 36 12π 2 
= kf k2 = |cn (f )| = 2 + − 4 .
7 n∈Z n≥1
n2 n6 n

En combinant avec (1.9), (1.10) on en déduit que


X 1 π6
6
= .
n≥1
n 945

Exercice 15. i) Il faut vérifier la dérivabilité de f˜ en 0 et 1. Nous avons


d’une part

f˜(x) − f˜(0) −f (−x) f (y)


f˜g0 (0) = lim = lim = lim = f˜d0 (0).
x%0 x x%0 x y&0 y
30 2018/2019

D’autre part, par 2-périodicité

f˜(x) − f˜(1) f˜(x − 2) f (y)


f˜d0 (1) = lim = lim = lim = f˜g0 (1).
x&1 x−1 x&1 x − 1 y%1 y − 1

ii) Bien évidemment la fonction g est impaire, 2π-périodique, de classe C 1


sur R.
iii) Nous avons
Z π Z π
−int
2πcn (g) = g(t)e dt = −2i g(t) sin(nt) dt
−π 0
Z 1
= −i2π f (x) sin(nπx) dx
0

d’où
Z 1
cn (g) = −i f (x) sin(nπx) dx, n ∈ Z.
0

La série de Fourier associée à l’application g s’écrit

X X X
cn (g)eint = cn (g)(eint − e−int ) = 2i cn (g) sin(nt).
n∈Z n≥1 n≥1

iv) Les coefficients de Fourier de g 0 sont donnés par


Z 2π Z 2π
0 0 −int
2πcn (g ) = g (t)e dt = in g(t)e−int dt
0 0

d’où cn (g 0 ) = incn (g), n ∈ Z. La série de Fourier s’écrit

X X X
cn (g 0 )eint = cn (g 0 )(eint + e−int ) = 2 cn (g 0 ) cos(nt)
n∈Z n≥1 n≥1
X
= 2i ncn (g) cos(nt).
n≥1

v) Par l’identité de Parseval nous obtenons


Z 2π
1 X X
(g(t))2 dt = |cn (g)|2 = 2 |cn (g)|2
2π 0 n∈Z n≥1
Mihaı̈ Bostan 31

et
Z 2π
1 X X
(g 0 (t))2 dt = |cn (g 0 )|2 = 2 |cn (g 0 )|2
2π 0 n∈Z n≥1
X
= 2 n2 |cn (g))|2 .
n≥1

Clairement nous avons


Z 2π Z 2π
1 1
2
(g(t)) dt ≤ (g 0 (t))2 dt
2π 0 2π 0

avec égalité si et seulement si cn (g) = 0 pour tout |n| > 1, et par conséquent
on peut prendre C̃ = 1.
vi) Mais
Z 2π Z π Z 1
2 2
(g(t)) dt = 2 (g(t)) dt = 2π (f (x))2 dx
0 0 0

et
Z 2π Z π Z 1
0 0 2
(f (t)) dt = 2 2
(f (t)) dt =2
(f 0 (x))2 dx.
0 0 π 0

Finalement on en déduit que


Z 1 Z 1
1
2
(f (x)) dx ≤ 2 (f 0 (x))2 dx
0 π 0

c’est-à-dire on peut prendre C = π −2 .


vii) Les fonctions f recherchées sont celles telles que cn (g) = 0, |n| > 1. Un
calcul simple montre que les coefficients de Fourier de g − 1n=−1 cn (g)eint
P

sont tous nuls et alors


1
X
g(t) = cn (g)eint = c1 (g)(eit − e−it ) = 2ic1 (g) sin(t)
n=−1

où c1 (g) ∈ C. On en déduit que

f (x) = g(πx) = 2ic1 (g) sin(πx) = λ sin(πx), x ∈ [0, 1]


32 2018/2019

où λ est une constante réelle, car f est supposée à valeurs réelles.

Exercice 16.i) L’application f étant de moyenne nulle, c0 (f ) = 0. En tenant


compte du fait que cn (f 0 ) = incn (f ), n ∈ Z nous avons par l’identité de
Parseval
Z 2π Z 2π
1 X X 1
2
(f (t)) dt = 2
|cn (f )| ≤ 2 2
n |cn (f )| = (f 0 (t))2 dt
2π 0 n6=0 n6=0
2π 0

avec égalité si et seulement si cn (f ) = 0, |n| > 1.


ii) Les fonctions f pour lesquelles on a égalité sont

f (t) = c−1 (f )e−it + c1 (f )eit , t ∈ R.

Comme f est à valeurs réelles nous obtenons

f (t) = a cos t + b sin t, a, b ∈ R

iii) L’inégalité ne reste pas vraie si on supprime l’hypothèse de moyenne nulle.


En vérité f = 1 ne vérifie pas l’inégalité de Wirtinger.

Exercice 17. Par définition la convolution f ∗ f est donnée par (f ∗ f )(t) =


1

2π −π
f (t − s)f (s) ds. Si t ∈ [−π, 0) nous avons
Z t+π Z π
2π(f ∗ f )(t) = sf (t − s) ds + sf (t − s) ds
−π t+π
Z t+π Z π
= s(t − s) ds + s(t − s + 2π) ds
−π t+π
Z π Z π
= s(t − s) ds + 2π s ds
−π t+π
2
= − π 3 − πt2 + 2π 2 |t|.
3
Mihaı̈ Bostan 33

Si t ∈ [0, π) alors
Z t−π Z π
2π(f ∗ f )(t) = sf (t − s) ds +
sf (t − s) ds
−π t−π
Z t−π Z π
= s(t − s − 2π) ds + s(t − s) ds
−π t−π
Z π Z t−π
= s(t − s) ds − 2π s ds
−π −π
2
= − π 3 − πt2 + 2π 2 |t|.
3
Finalement on obtient la formule
π 2 t2
(f ∗ f )(t) = − − + π|t|, t ∈ [−π, π).
3 2
Mais d’après la Proposition 1.2.2 on sait que cn (f ∗ f ) = (cn (f ))2 , n ∈ Z.
Comme les coefficients de Fourier de f sont donnés par
i(−1)n
c0 (f ) = 0, cn (f ) = , n 6= 0
n
il résulte que
1
c0 (f ∗ f ) = 0, cn (f ∗ f ) = − , n 6= 0.
n2
Par le théorème de Dirichlet on peut écrire pour tout t ∈ (−π, π)
X X cos(nt)
(f ∗ f )(t) = cn (f ∗ f )eint = −2
n∈Z n≥1
n2

et on en déduit que
X cos(nt) 3t2 − 6π|t| + 2π 2
= , t ∈ (−π, π).
n≥1
n2 12

Exercice 18. i) Supposons qu’il existe f ∈ C telle que c0 (f ) = 0, cn (f ) =


− ib2n , c−n (f ) = ib2n , n ≥ 1. Comme c0 (f ) = 0, il résulte que la primitive
Rt
F (t) = 0 f (s) ds est une fonction continue, 2π-périodique. Puisque F 0 = f
on en déduit que
cn (f ) = cn (F 0 ) = incn (F )
34 2018/2019

bn
d’òu cn (F ) = c−n (F ) = − 2n , n ≥ 1. D’après le théorème de Dirichlet on a
pour tout t ∈ R
X X X bn
F (t) = cn (F )eint = c0 (F )+ cn (F )(eint +e−int ) = c0 (F )−2 cos(nt).
n∈Z n≥1 n≥1
2n

En particulier
X bn
0 = F (0) = c0 (F ) −
n≥1
n

et alors n≥1 bnn < +∞.


P

ii) Si n≥2 sin(nt) 1


P P
ln n
était une série de Fourier, alors n≥2 n ln n
< +∞ ce qui
est faux, car
Z n+1 Z +∞ Z +∞
X 1 X dx dx dy
≥ = = = +∞.
n≥2
n ln n n≥2 n x ln x 2 x ln x ln 2 y

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