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Rappels sur les fonctions analytiques

Un des objets principaux de ce cours est l’étude des fonctions f : C → C qui satisfont la
condition de “dérivabilité au sens complexe” : pour tout z0 ∈ C, la quantité
f (z) − f (z0 )
f 0 (z0 ) = lim (1)
z→z0 z − z0
existe. Nous allons voir qu’en réalité, il y a non pas une, mais trois définitions équivalentes de ces
objets, qui sont d’aspects très différents :
1. Une condition d’analyticité, c’est-à-dire les fonctions qui sont sommes de leur développe-
ment en série entière,
2. Une condition de dérivabilité (1), qui nous appelerons ici holomorphie,
3. Une égalité que nous verrons dans le chapitre suivant, qui lie f (z) à la valeur moyenne de f
autour de z.
Les rappels qui suivent concernent la définition 1, avec les séries entières : c’est celle qui permet
le plus rapidement d’appréhender les premiers exemples, et de constater leurs propriétés.
Notre cours commencera, ensuite, par la définition 2. La définition 3 sera l’objet d’un chapitre
ultérieur.

4 Fonctions analytiques
4.1 Rayons de convergence de séries entières
P∞ P∞
Proposition 4.1 (Somme et produit). Soient F = n=0 an T n et G = n=0 bn T
n
deux séries
entières. Alors

ρ(F + G) > min{ρ(F ), ρ(G)}, ρ(F G) > min{ρ(F ), ρ(G)}.

De plus, si ρ(F ) 6= ρ(G), alors ρ(F + G) = min{ρ(F ), ρ(G)}.


Démonstration. Si r < min(ρ(F ), ρ(G)), alors

X ∞
X
n
|an + bn | r 6 (|an | + |bn |)rn < ∞,
n=0 n=0


X Xn X X
ak bn−k rn 6 |an | |bm | rn+m < ∞.



n6N k=0 n6N m6N

Pour l’inverse et la composée, il n’y a pas de règle simple en général. Cependant, la positivité
se transmet.
Proposition 4.2. [Inverse et composée] Soient F = ∞
P n
P∞ n
n=0 an T et G = n=0 bn T deux séries
entières, avec ρ(F ), ρ(G) > 0.
— Si v(F ) = 0, autrement dit a0 6= 0, alors

ρ(1/F ) > 0.

— Si v(G) > 1, autrement dit b0 = 0, alors

ρ(F ◦ G) > 0.
1
Démonstration. On utilise le lemme pratique suivant.
Lemme. On a ρ(F ) > 0 si et seulement s’il existe A, B > 1, tel que pour tout n ∈ N, |an | 6 AB n .
Démonstration
P∞ du Lemme. Sens direct : soit B = 2/ρ(F ). Puisque 1/B < ρ(F ), l’on a A :=
−n
n=0 |a n | B < ∞. Mais pour tout n ∈ N, on a aussi |an | B −n 6 A, puisque A est à termes
n
positifs. Donc |an | 6 ABP comme voulu.
Sens indirect : on a ∞ −n
6A ∞ −n
P
n=0 |an | (2B) n=0 2 = 2A < ∞, donc ρ(F ) > 1/(2B).
On démontre le premier point de la Proposition 4.2. Le Lemme fournit, pour tout n ∈ N, les
inégalités |an | 6 A1 B1n et |bn | 6 A2 B2n . Rappelons que par hypothèse b0 = 0. On a

X ∞
X
k
F ◦ G(T ) = ak G(T ) = cn T n ,
k∈N n=0

où c0 = a0 , et pour tout n > 1,



X X
cn = ak bm1 · · · bmk .
k=1 (m1 ,...,mk )∈Nk>0
m1 +···+mk =n

Notez que la somme est en fait restreinte à k > n, puisque mj > 1. Alors par l’inégalité triangulaire,
et les inégalités provenant du Lemme,
n
X X
|cn | 6 A1 B1k (A2 B2m1 ) · · · (A2 B2mk )
k=1 (m1 ,...,mk )∈Nk>0
m1 +···+mk =n
n
X X
= A1 B2n (A2 B1 )k 1
k=1 (m1 ,...,mk )∈Nk>0
m1 +···+mk =n
n
X X
6 A1 B2n (A2 B1 )k 2n−(m1 +···+mk ) .
k=1 (m1 ,...,mk )∈Nk>0

L’astuce qu’on a utilisé ici est quelquefois connue comme “méthode de Rankin”. On continue,
n
X
|cn | = A1 (2B2 )n (A2 B1 )k
k=1
n
X
6 A1 (2B2 )n 1
k=1
6 nA1 (2A2 B1 B2 )n
6 A1 (4A2 B1 B2 )n .

Par le Lemme, cela montre que ρ(F ◦ G) > 0 et finit la preuve du second point.
Le premier point est un cas particulier du second : on isolant le terme constant de F , on
écrit F (T ) = a0 (1 − G(T )) pour une certaine série G ∈ C[[T ]] avec v(G) > 1. Posant H(T ) =
(1 − T )−1 , il est facile de vérifier que la série a−1
0 (H ◦ G)(T ) est un inverse de F .

Pour la dérivation, c’est plus simple.

Proposition 4.3 (Dérivée). Soit F = ∞ n


P
n=0 an T une série entière. Alors pour tout k ∈ N, on
a ρ(F (k) ) = ρ(F ).
2
Démonstration. Soit r < ρ(F ) et r0 ∈ ]r, ρ(F )[. On sait que |an | (r0 )n < ∞, et que la suite de
P
terme général n(r/r0 )n est bornée (elle tend vers 0). Donc

X ∞
X
n
|nan | r = n(r/r0 )n |an | (r0 )n < ∞.
n=0 n=0

Réciproquement, supposons que r > ρ(F ). Alors pour une infinité d’indices n, on a an rn > 1, et
donc aussi (n + 1)an rn > 1.

P∞Lorsqu’une série entière F a un rayon de convergence strictement positif, sa somme F (z) =


a
n=0 n z n
définit une fonction sur z ∈ D(0, ρ(F )− ).
La proposition suivante, importante, nous dit que lorsqu’une série entière a un rayon de conver-
gence positif, alors on peut développer F (z) en série entière en n’importe quel autre point dans le
disque de convergence.

Proposition 4.4 (Décalage du point de base). Soit F = ∞ n


P
n=0 an T une série entière, et sup-
posons ρ(F ) > 0. Alors pour |z0 | < ρ(F ), la série entière F (z0 + T ) existe et a un rayon de
convergence positif : lorsque |z0 | + |z| < ρ(F ), on a
∞ X∞  
X k+n 
F (z0 + z) = ak+n z0n z k
k=0 n=0
k

X F (k) (z0 )
= zk .
k=0
k!

Démonstration. Développer et appliquer Fubini. Les opérations sont permises par les hypothèses
sur z et z0 , qui impliquent que la double série est absolument convergente.

Remarque 4.5. Notez bien que ce n’était pas évident a priori que l’on puisse définir F (z0 + T )
si z0 6= 0.

4.2 Définition d’une fonction analytique


Définition 4.6 (Fonction analytique). Soit Ω ⊆ C un ouvert, et f : Ω → C une fonction.
— Lorsque D(z0 , r− ) ⊆ Ω, on P dit que f est développable en série entière sur D(z0 , r− ), s’il
existe une série entière F = ∞ n −
n=0 an T telle que ρ(F ) > r, et pour tout z ∈ D(z0 , r ), l’on
ait f (z) = F (z − z0 ).
— On dit que f est développable en série entière autour de z0 ∈ Ω, s’il existe r > 0 tel que f
soit développable en série entière sur D(z0 , r− ).
— On dit que f est analytique, sur Ω, si f est développable en série entière autour de tout
point de Ω.
— On dit que f est entière si f est définie et analytique sur C tout entier.

Prenez un instant pour bien lire les quantificateurs.

Exemple 4.7.
— Une fonction polynomiale est entière sur C.
— La fonction exp : z 7→ ez est entière sur C.
— Les fonctions sin, cos, sinh, cosh sont entières sur C.
— La fonction z 7→ 1/(1 + z) est analytique sur D(0, 1− ), et en fait sur C r {−1}.
— La fonction z 7→ 1/z est analytique sur C r {0}.
— La fonction z 7→ log(1 + z) est analytique sur D(0, 1− ).

Propriétés 4.8.
3
— Si f et g sont analytiques sur Ω, alors f + g et f g le sont aussi
— Si f est analytique et ne s’annule pas sur Ω, alors 1/f est aussi analytique sur Ω.
— Si f : Ω1 → Ω2 et g : Ω2 → C sont analytiques, alors g ◦ f l’est aussi.
— Si f : Ω1 → Ω2 est analytique et bijective, alors sa réciproque f −1 : Ω2 → Ω1 l’est aussi.

Démonstration. Pour la première, c’est évident. Pour les trois premières, c’est évident. La qua-
trième sera montrée un peu plus tard (construction de l’inverse par point fixe).

4.3 Holomorphie
Voyons le lien avec la propriété (1), qui parle de l’existence d’une dérivée.

Définition 4.9. Une fonction f : Ω → C est dite holomorphe, ou dérivable au sens complexe
sur Ω, si pour tout z0 ∈ Ω, la limite
f (z) − f (z0 )
f 0 (z0 ) = lim
z→z0 z − z0
existe et définit une fonction continue de z0 .

Proposition 4.10. Si f : Ω → C est analytique, alors elle est holomorphe sur Ω. La fonction f 0 :
Ω → C est elle-même analytique.

Démonstration. Convergence dominée.

Corollaire 4.11. Une fonction analytique est infiniment dérivable au sens complexe, et ses déri-
vées {f (k) , k ∈ N} sont toutes analytiques.

Nous verrons qu’en réalité, être holomorphe est équivalent à être analytique, ce qui aura la
conséquence étrange suivante : il suffit qu’une fonction soit holomorphe, pour qu’elle soit C ∞ (au
sens complexe aussi).
Voyons immédiatement un exemple de fonction simple, mais non analytique.

Exemple 4.12 (Contre-exemple). La fonction f : C → C définie par f (z) = z̄ n’est pas analy-
tique.

5 Équations de Cauchy–Riemann
En identifiant C ' R2 par les parties réelle et imaginaire, on peut voir une fonction f : Ω → C
comme une fonction de deux variables : pour tout (x, y) ∈ R2 tel que x + iy ∈ Ω, posons

f˜(x, y) := f (x + iy),

P (x, y) := Re(f˜(x, y)), Q(x, y) := Im(f˜(x, y)).

Lemme 5.1. Soit f : Ω → R telle que la fonction f˜ associée soient de classe C 1 (au sens usuel).
Alors pour tout z0 ∈ Ω, la différentielle de f˜ en z0 est définie sur C par

∂ f˜ ∂ f˜
df˜z0 (h) = (z0 )h + (z0 )h̄,
∂z ∂ z̄
où
∂ 1 ∂ ∂  ∂ 1 ∂ ∂ 
:= −i , := +i .
∂z 2 ∂x ∂y ∂ z̄ 2 ∂x ∂y
∂ f˜ ∂ f˜
Démonstration. On sait que la différentielle envoie (h1 , h2 ) sur ∂x 1
h + ∂y 2
h.
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Théorème 5.2. Si f est analytique, alors P et Q sont classe C 1 sur {(x, y) ∈ R2 : x + iy ∈ Ω},
et on a les relations de Cauchy–Riemann :
∂P ∂Q ∂P ∂Q
= , =− .
∂x ∂y ∂y ∂x

Réciproquement, supposons que P, Q : {(x, y) ∈ R2 : x + iy ∈ Ω} → R soient deux fonctions


de classe C 1 , qui vérifient les relations de Cauchy–Riemann. Alors la fonction f : Ω → C définie
par
f (x + iy) := P (x, y) + iQ(x, y)
est holomorphe sur Ω.

Ce théorème s’explique, géométriquement, de la façon suivante :

Une fonction holomorphe conserve localement les angles.

C’est d’ailleurs ce qui explique le terme “holomorphe”.

6 Zéros isolés
Les fonctions analytiques sont beaucoup plus “rigides” que ne le sont les fonctions C ∞ sur R.
Par exemple, il n’est pas très difficile de construire une fonction C ∞ sur R, non identiquement
nulle, mais qui s’annule sur [0, 1]. Ceci est impossible pour une fonction analytique : soit elle
s’annule complètement, soit seulement sporadiquement :

Théorème 6.1 (Théorème des zéros isolés). Soit Ω un ouvert connexe de C, z0 ∈ Ω, et f : Ω →


C une fonction analytique. Si f n’est pas identiquement nulle sur Ω, et si f (z0 ) = 0, alors il
existe r > 0 tel que z0 soit le seul zéro de f sur D(z0 , r).

Démonstration. Soit z0 ∈ Ω. Disons que z0 est un zéro isolé de f , si f (z0 ) = 0 et si l’implica-


tion f (z) = 0 =⇒ z = z0 est vraie pour tout z au voisinage de z0 . Soit

V := {z0 ∈ Ω, f (z0 ) = 0, z0 n’est pas isolé}.

Notre but est de montrer que, si f n’est pas identiquement nulle, alors V = ∅. Pour cela, décrivons
plus précisément l’ensemble V . Pour tout z0 ∈ Ω, comme f est analytique, pour tout z au voisinage
f (n) (z0 )
de z0 , l’on a f (z) = ∞ n
P
n=0 an (z − z0 ) , avec an = n!
. On va montrer que z0 ∈ V si et seulement
(n)
si pour tout n ∈ N, f (z0 ) = 0.
Tout d’abord supposons que pour tout n ∈ N, f (n) (z0 ) = 0. Alors an = 0 pour tout n,
et f (z) = 0 sur un voisinage de z0 , et alors z0 est un zéro non isolé de f . À l’inverse, supposons
qu’il existe n ∈ N tel que an 6= 0. On peut supposer que n est le plus petit de tous ces entiers.
Comme f (z0 ) = 0, on a n > 1. Par convergence dominée, l’on a f (z) = (an + o(1))(z − z0 )n
lorsque z → z0 . En particulier, pour tout z au voisinage de z0 , l’on a |f (z)| > 21 |an | |z − z0 |n , et
donc z0 est un zéro isolé de f .
On a donc montré que \
V = {z0 ∈ Ω, f (n) (z0 ) = 0}.
n∈N

Notez que pour chaque n ∈ N, la fonction f (n) est continue, donc les points où elle s’annule
est un ensemble fermé. Par intersection, l’on en déduit que V est fermé. Maintenant, on a vu que
si z0 ∈ V , alors f (z) = 0 au voisinage de z0 , et donc V est aussi ouvert. Puisque V est ouvert-fermé
et que Ω est connexe, on déduit que V = Ω (auquel cas f est identiquement nulle), ou bien V = ∅
(auquel cas tous les zéros sont isolés).
5
Le corollaire suivant est aussi immédiat que surprenant.

Corollaire 6.2. Soient Ω1 ⊂ Ω2 deux ouverts non vides, avec Ω2 connexe, et f, g : Ω2 → C deux
fonctions analytiques. Si f = g sur Ω1 , alors f = g sur Ω2 .

Démonstration. Appliquer le lemme précédent à f − g.


Ainsi, si deux fonctions f, g sont analytiques sur C, et qu’elles sont égales sur un ouvert
quelconque non vide, par exemple D(0, 10−5 ), alors elles coincident partout.

Définition 6.3 (Prolongement analytique). Soit f : Ω → C une fonction analytique, et Ω0 ⊇ Ω


un ouvert connexe. S’il existe g : Ω0 → C analytique telle que f = g sur Ω, alors g est unique, et
est appelée le prolongement analytique de f à Ω0 .

Étant donné deux ouverts Ω1 ⊃ Ω2 non vides, et une fonction holomorphe f : Ω2 → C, on n’a
pas de théorème général nous assurant l’existenc d’un prolongement analytique de f sur Ω1 .

7 Principe du maximum
Le résultat que nous allons voir maintenant est un proche cousin du théorème de d’Alembert-
Gauss, qui stipule qu’un polynôme de C[X] non constant a au moins une racine. La démonstration
usuelle utilise le fait qu’autour de n’importe quel point donné, le polynôme en question “peut aller
dans toutes les directions”, y compris celles qui augmentent sa valeur absolue.

Théorème 7.1 (Principe du maximum). Soit Ω un ouvert connexe, et f : Ω → C une fonction


analytique. Si z0 ∈ Ω, et si |f | admet un maximum local en z0 , alors f est constante sur Ω.

Démonstration. Quitte à considérer la fonction z 7→ f (z0 + z), on peut supposer que z0 = 0.


X∞
Puisque f est analytique, on a f (z) = an z n au voisinage de 0. Par hypothèse, on a |f (z)| 6 |a0 |
n=0
pour z dans un voisinage de 0. Supposons f non constante. D’après le Théorème 6.1 appliqué à
P∞z 7→ fn(z) − f (0), l’entier k = min{n ∈ N, n > 0, an 6= 0} bien définik (autrement dit,
la fonction
la série n=0 an z ne se réduit pas à a0 ). On a alors f (z) = a0 + (ak + o(1))z lorsque z tend
vers 0. Posons φ, ψ ∈ ]0, 2π] tels que a0 = |a0 | eiφ et ak = |ak | eiψ . En choisissant z = εei(φ−ψ)/k ,
on obtient f (z) = eiφ (|a0 | + (|ak | + o(1))ε) lorsque ε → 0, et donc pour tout ε > 0 suffisamment
petit, l’on a |f (z)| > |a0 | + 2ε |ak |. C’est une contradiction.
Il est important de noter que, comme Ω est ouvert, le point z0 est à l’intérieur de Ω.
On en déduit immédiatemente la version suivante, légèrement différente.

Corollaire 7.2. Soit Ω un ouvert connexe, et f : Ω → C une fonction analytique. Si z0 ∈ Ω, et


si Re f admet un maximum local en z0 , alors f est constante sur Ω.

Démonstration. Appliquer le Théorème 7 avec f remplacé par ef .


Ces résultats sont le plus souvent utilisés sous la forme suivante.

Corollaire 7.3. Soit K un compact de C, et f une fonction analytique sur un ouvert contenant K.
Alors le maximum de |f | sur K est atteint au bord de K.

Démonstration. Dans le cas contraire, on prend Ω comme étant l’intérieur de K. Le théorème


précédent nous assure que f est constante sur Ω. Elle est continue, donc elle est constante sur K,
et donc y admet un maximum aussi.

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8 Logarithme complexe
Jusqu’ici, on a défini le logarithme complexe sur D(1, 1− ), où sa série entière converge :

X (−1)n−1
log(z) = (z − 1)n .
n=1
n

Cela n’est pas satisfaisant, puisque nous connaissons bien une fonction logarithme définie sur R∗+ .
Il y a un réel problème à étendre le logarithme en une fonction sur des sous-ensemble de C, à
cause de la relation e2πi = 1. Nous verrons dans le cours une solution satisfaisante à ce problème.
Pour le moment, on se contente de ceci :

Propriétés 8.1 (Branches du logarithme). Pour tout α ∈ R, il existe une unique fonction

logα : C r Reiα −→ {z ∈ C, Im(z) ∈ (α, α + 2π)}

telle que exp(logα (z)) = z pour tout z ∈ C r Reiα .

Démonstration. Utiliser la Propriété 4.8 sur l’holomorphie de la bijection inverse (que l’on avait
admise).
Pour tout α ∈ R et k ∈ Z, les fonctions logα et logα+2πk sont définies et analytiques sur le
même ensemble, mais ne sont pas égales : on a logα+2πk = logα +2πki.

Définition 8.2 (Branche principale du logarithme). La branche principale du logarithme est, par
définition, la fonction

log = log−π : C r R− → {z ∈ C, Im(z) ∈ (−π, π)}.

C’est l’unique fonction analytique sur C r R− qui soit égale au logarithme (usuel) sur R∗+ . Si z =
reiθ avec r ∈ R∗+ et θ ∈ (−π, π), alors

log z = log r + iθ.

Mais il faut alors faire très attention : la relation


??
log(z1 z2 ) = log(z1 ) log(z2 )

n’est pas valide pour tous z1 , z2 ∈ C r R− , car il faut que la somme des arguments de z1 et z2 soit
dans (−π, π). Par contre, elle est vraie si Re(z1 ), Re(z√2 ) > 0.
De même il faut faire attention à la définition de z. Le meilleur moyen de ne pas se tromper
est de tout ramener au logarithme : ainsi, en peut définir une fonction “puissance α”, où α ∈ C,
en posant
z α := exp(α log z), (z ∈ C r R− ).
Mais il faut faire alors très attention car on n’a pas nécessairement z1α z2α = (z1 z2 )α .

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