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DR
Le P-40 du
Apparues récemment sur Le Fana de l’Aviation avait rapporté cette le président Hosni Moubarak du pouvoir. flt sgt Dennis
Facebook, quelques photos d’un incroyable découverte dans les Actualités Ce n’est qu’il y a un peu plus d’un an que Copping
P-40 fraîchement restauré exposé du n° 511, puis publié un article richement le gouvernement égyptien a informé le RAF tel qu’il est
dans le musée d’El Alamein, en Égypte, ont illustré de quatre pages dans le n° 514. Museum qu’il garderait l’épave et l’exposerait aujourd’hui
jeté la consternation en Grande-Bretagne, Les dernières nouvelles, à l’automne de dans le petit musée militaire – sans réels visible à
et provoqué l’indignation des descendants 2012, avaient localisé l’épave entreposée moyens… – d’El Alamein. Le RAF Museum El Alamein.
du flight sergeant Copping. Non seulement dans un conteneur dans l’enceinte du a vainement offert l’aide de ses spécialistes. Avec une
parce que ce P-40, retrouvé dans un état de musée d’El Alamein. Depuis, plus rien, Les restes de Dennis Copping n’ont jamais “gueule de
conservation exceptionnel en 2012, a été bien que le Royal Air Force Museum ait été officiellement retrouvés. requin”… qu’il
restauré selon des “standards” en dessous tenté de faire rapatrier l’épave en Grande- La presse britannique s’est fait largement ne portait pas
de tout, mais aussi parce qu’il est décrit Bretagne, après avoir agi pour la sortir du l’écho de la restauration “indigne”, quand il s’est
sur la plaque qui l’accompagne comme désert et la sécuriser par l’intermédiaire “catastrophique” du P-40, qui “ressemble écrasé en 1942.
un P-40B alors qu’il s’agit d’un P-40E, et de la société Kenneth Aviation, payée en désormais à une maquette Airfix mal
même plus exactement d’un “Kittyhawk” 1A, nature avec l’épave incomplète du “Spitfire” montée et peinte”.
et surtout parce qu’il n’est fait aucune Mk22 matricule PK664 (dont le prix a été Quant à John Pryor-Bennett, 67 ans, neveu
Cette autre vue
référence à celui qui le pilotait quand le estimé 200 000 livres). Mais à l’époque, la de Dennis Copping et seul descendant
du P-40 montre
chasseur s’est écrasé, le flt sgt Denis situation politique en Égypte était des plus encore vivant, il se dit tout simplement
bien le faible
Copping du Sqn 260 de la Royal Air Force. instables, suite aux printemps arabes et à la atterré mais ajoute que “cet avion et mon
standard de
En mai 2012, Jakub Perka, employé révolution égyptienne de 2011 qui chassa oncle sont liés à tout jamais”. restauration…
polonais d’une compagnie d’exploration DR
IMAGE RELEASE
Le “Freighter” d’Aerospace
Bristol est arrivé par la mer
Le 4 janvier dernier, l’un des derniers exemplaires survivants Le Bristol
de Bristol 170 “Freighter” a été déchargé, dans le port de “Freighter”
Bristol, du cargo qui l’a transporté depuis la Nouvelle-Zélande, puis matricule DR
a été emmené par la route jusqu’à Filton, à quelques kilomètres de NZ5911 est
là, où il sera restauré et exposé dans le nouveau musée Aerospace un des 11 Nouvelle livrée royale pour le DC-3
Bristol. 214 exemplaires de cet avion-cargo et de transport de exemplaires de la Dutch Dakota Association
passagers ont été construits par la société Bristol à partir de 1946, survivants
mais seulement 11 exemplaires ont survécu et jusqu’à présent sur les 214 Début janvier, la Dutch Dakota Association a dévoilé la nouvelle
aucun n’était préservé en Europe. Celui-ci est l’ancien matricule qui furent livrée de son Douglas C-47D “Skytrain” (DC-3) immatriculé
NZ5911 de la Royal New Zealand Air Force ; il avait quitté Ardmore en construits en PH-PBA. Désormais baptisé Prinses Amalia, il a retrouvé sa
octobre dernier, a transité par Singapour, la Jordanie et Athènes avant 1954. livrée originale des années 1950 quand il volait au service de
d’arriver dans le port de Bristol le 28 décembre. la famille royale des Pays-Bas. Prinses Amalia, la princesse
héritière Catharina-Amalia, est l’aînée des trois filles du roi
Willem-Alexander, qui règne sur les Pays-Bas depuis 2013,
Une épave de He 111 réapparaît et de la reine Maxima.
JACQUES GUILLEM
5
ACTUALITES
HUMBERT CHARVES
Le “Mirage”
Le 20 décembre dernier, la BA 115 d’Orange a célébré le silhouettes de quelques avions utilisés par la SPA 84. Et bien sûr, de 2000C codé
centenaire de la création de l’Escadrille SPA 84 avec pour tradition à la 5e Escadre de chasse depuis quelques années, une pin-up 115-YG a été
insigne la tête de renard au regard malicieux. à l’avant gauche sur le fuselage – sans rapport avec le centenaire. spécialement
À cette occasion, la cérémonie militaire était présidée par le général Éric Merci au personnel de la SPA 84 pour son accueil, à la BA 115 et décoré pour les
Charpentier, commandant la brigade aérienne de l’aviation de chasse. particulièrement au capitaine Christophe De Moroges. 100 ans de la
La SPA 84 a été créée le 6 janvier 1917 à Lyon-Bron et a engrangé Humbert Charves SPA 84. Il n’a
au cours de la Première Guerre mondiale 25 victoires homologuées, été présenté
une citation à l’Ordre de l’armée et la Croix de guerre avec palmes qu’en intérieur
de bronze. Recrée le 15 décembre 1939 sur Morane 406, au sein car ce jour-là
du Groupe de chasse III/1, elle sera dissoute le 24 juillet 1940, après la météo était
huit mois de combats durant la campagne de France et aura connu catastrophique.
depuis ses débuts sept types d’avions différents. Elle renaît de nouveau
le 1er juin 1954 au sein de l’Escadron d’entraînement à la chasse 2/17
équipé de “Vampire”. Elle est de nouveau mise en sommeil le 27 juin
1994 avec la dissolution de la 30e Escadre. Puis, par décision
de l’état-major de l’armée de l’Air en date du 29 août 2011, la SPA 84
“Tête de Renard” renaît au sein de l’Escadron de chasse 2/5
Ile-de-France, sur la base aérienne 115.
Pour cette commémoration, le “Mirage” 2000C codé 115-YG/118 a
vu sa dérive décorée des deux côtés, avec à gauche la tête de renard
en grand format sur fond violet, des portraits de pilotes, et les dates Le côté gauche
1917-2017. Sur l’autre côté, même fond et même grand insigne et des de la dérive.
HUMBERT CHARVES
la soufflerie verticale de l’Onera à Lille membres de Replic’Air impliqués, “le design La maquette
la première campagne soufflerie – en mode original est très encourageant tel quel…” au 1/5 du
planeur – du Dewoitine 551 que recrée à L’analyse des données recueillies permettra D.551 de
Toulouse l’association Replic’Air. La seconde d’identifier les polaires de l’avion, d’anticiper Replic’Air dans
campagne devrait avoir lieu quand vous lirez d’éventuels phénomènes à prendre en la soufflerie
ces lignes, avec la même maquette à l’échelle compte lors de l’ouverture du domaine verticale de
1/5 en alu/acier/résine, d’un poids d’environ de vol de l’avion réel, d’analyser le l’Onera, à Lille,
35 kg, mais cette fois motorisée. L’objectif comportement avec le moteur tournant et en décembre
est de caractériser l’avion pour préparer la l’hélice tractant, etc. dernier.
6
En bref
Un “Lynx” vétéran de la guerre
des Malouines pour le Pima
Le Pima Air & Space Museum de Pima, dans l’Arizona, a
récemment reçu le Westland “Lynx” HAS.8 matricule XZ722,
un vétéran de la guerre des Malouines. Ce musée américain
compte déjà plusieurs anciens avions de combat britanniques
dans ses collections. Construit en 1980, le Westland “Lynx”
matricule XZ722 a d’abord servi avec le 815 Naval Air
Squadron de la Fleet Air Arm. Le 5 avril 1982, il était à bord
du HMS Andromeda quand il a pris la mer en direction des
îles malouines pour l’opération Corporate, lancée à la suite
de l’invasion argentine du 2 avril. Puis, en 2005, le XZ722 fut
réaffecté au 702 Naval Air Squadron, et fut un temps un des
hélicoptères employés par The Black Cats, la patrouille du
DR
701 NAS, avant d’être retiré du service.
Un simulateur de vol
de “Spitfire” à Manston
À Manston, en Grande-Bretagne, le Spitfire and Hurricane À défaut de
Memorial Museum termine l’installation d’un simulateur de pouvoir s’offrir
vol de “Spitfire”. La reproduction de poste de pilotage à l’échelle 1 un très coûteux
comporte d’authentiques éléments de “Spitfire” et est associée à vol dans un
plusieurs écrans grand format. Ce simulateur reproduira les effets de vrai “Spitfire”,
couple, notamment associés au décollage, ainsi que les difficultés les fanas DR
pourront
à l’atterrissage dues au train à voie étroite, et même les effets de
bientôt
Conférence sur l’histoire des voilures
voile rouge et voile gris engendrés par les forces d’accélération – les
fameux g. Néanmoins, pour en prendre les commandes, il ne suffira se faire tournantes le 12 février à l’ACF
pas de simplement se présenter devant. Le musée a d’ores et déjà quelques Le 12 février, à l’Aéro-Club de France, l’historien spécialiste
annoncé que pour accéder à une séance (30 minutes au prix de 30 £), sensations dans
des voilures tournantes Philippe Boulay donnera à partir de
il faudra réserver sur Internet ; le service de réservation devrait être en le simulateur
19 h 30 une conférence intitulée “Les deux millénaires de la
ligne dès le 1er avril prochain : www.spitfiremuseum.org.uk/ de “Spitfire”
voilure tournante : du jouet chinois à l’hélicoptère utilisable”.
Il sera aussi possible d’acheter à la boutique (réelle, sur place, pas du musée de
Manston.
En effet, la nature a inventé la voilure tournante avec l’aile
virtuelle) du musée un bon-cadeau, pour offrir une séance. des samares. Mais sa première manifestation “humaine” est
née en Chine avec un jouet, arrivé en Europe au XIIIe siècle.
Aéro-Club de France, 6 rue Galilée 75116 Paris – métro
Un rare planeur Castel C311P Boissière. Participation : 4 euros. Pour confirmer sa présence :
communication@aeroclub.com
restauré à Paray-le-Monial Le CWHM veut faire voler
Après deux ans et demi de travaux, le planeur Castel C311P
son TBM “Avenger” cette année
n° 18/289 immatriculé F-CBYE, restauré par Yves Soudit, devrait
revoler ce printemps à Paray-le-Monial après 53 ans passé au sol.
Le Castel C311P a été construit par les établissements Fouga à Aire-
sur-l’Adour en 1951 à 50 exemplaires. Aucun des très rares survivants Repeint dans sa
n’est en état de vol – sauf celui-ci désormais. dernière livrée,
Le F-CBYE fut en premier lieu affecté à l’association inter-club du le Castel 311P
Centre à Guerret- Montluçon en août 1951. Il fut accidenté suite à un F-CBYE attend
mauvais atterrissage en campagne le 11 juillet 1965 à Treignat, dans le retour du
l’Allier, avec seulement 536 heures de vol au total. Des réparations beau temps
furent entamées, puis abandonnées et le planeur fut racheté par l’UAM pour effectuer
son premier
Cholet en 1972, puis par le collectionneur nantais Daniel Chateau en CWHM
vol après
1982. Yves Soudit l’a récupéré fin 2013. Au Canada, le TBM-3E “Avenger” que restaure le Canadian
YVES SOUDIT
restauration.
Warplane Heritage Museum a reçu l’immatriculation C-GCWG
en préparation d’un prochain premier vol qui doit avoir lieu
dans les mois à venir. L’“Avenger” BuAer n° 53858 a été
construit en 1945 par la filiale Eastern Aircraft Division de
General Motors, et a servi avec l’US Navy jusque dans les
années 1950. Vendu comme surplus, il est devenu bombardier
d’eau et a d’abord servi en Californie, puis dans le Nouveau-
Brunswick au Canada avant d’être mis à la retraite en 1992.
L’“Avenger” a été acheté par le Canadian Warplane Heritage
Museum à la fin de 2009 et, depuis, une équipe de bénévoles a
consacré des milliers d’heures à le restaurer en état de vol.
7
LE COURRIER
Faucon ou gypaète ?
Vieux lecteur du
Fana, la parution à l’École de l’air
dans le n° 577, rubrique américaine, dans
“courrier”, de la photo le Colorado. Un
d’un Spad 13 portant DR jour, un “senior
l’insigne de l’Escadrille cadet” m’a proposé de
153, le “faucon égyptien”, visiter la fauconnerie de On ne
m’a rappelé des souvenirs l’école, dont la mascotte plaisantait
qui pourraient intéresser était un faucon des pas avec le
vos lecteurs férus d’histoire neiges. Lors de cette règlement
aéronautique : visite, il me montra, au Navarre !
COLL. JEAN-CLAUDE ICHAC
J’étais au début des années dans une somptueuse
1960 affecté comme lieutenant Histoire de la fauconnerie
(non-navigant) “officier à travers les âges, à la Voici ce qui est écrit
Renseignement” à l’Escadron page Égypte ancienne, sur le sujet dans la bible Les
DR
1/3 Navarre, stationné en RFA une illustration montrant, escadrilles de l’aéronautique
(République fédérale d’Allemagne), sur un bas-relief égyptien, l’original militaire française, symbolique
et volant sur North American F-100 de mon insigne de la SPA 153, avec et histoire , 1912-
D/F (voir page 48 du n° 463). Après cette légende : 1920, publiée par
quelques mois et quelques vols en “Faucon à l’entraînement à la chasse, le Service historique
place arrière, j’ai eu l’honneur d’avoir rapportant à son maître le leurre, boule de l’armée de l’Air :
l’autorisation de porter les insignes des de cuir évidée contenant un morceau “Le lieutenant Gigodot, DR
8
Breguet thaïlandais Pappy
En triant mes archives, j’ai retrouvé cette mauvaise Boyington
photo d’un Breguet 14A2 thaïlandais (je pense que
c’est ça). Je suis étonné de ne pas voir de marques de Je viens de lire le numéro
nationalité sur un avion armé. Si quelqu’un peut traduire les spécial consacré au “Corsair”
inscriptions sur le fuselage et la dérive, son identification sera dans lequel vous évoquez le célèbre
peut-être possible. Pierre Blaize Pappy Boyington. Aussi je vous
adresse deux photos prises dans les
David Méchin apporte les précisions réserves du National Air & Space
suivantes : “Rare Breguet 14 de l’Extrême-Orient ! Museum au Steven F. Udvar-Hazy
À noter que le Breguet 14 apparaît dans le film Center à Washington D.C. en 1995. Un
thaïlandais First Flight de 2007 qui est consacré “Corsair” F4U3 dédicacé par l’as lors
aux 80 pilotes thaïlandais qui furent formés en d’une visite.
France avant le 11 novembre 1918. Le premier, un Alain Jacob
ALAIN JACOB
précurseur, était un certain Ikarb Dattananda. Il fut
breveté à Dijon-Lonjvic le 15 juillet 1917 (n° 7501).
Tous les autres furent brevetés sur Caudron à Istres, Un “Corsair”
durant les mois de septembre à novembre 1918. Ils dédicacé par
Boyington.
ne furent apparemment pas engagés en opération.
Les avions reproduits sur ordinateur pour First Flight
furent conçus à partir de la réplique du Bomber
Type 1 selon la nomenclature locale, conservée par le
Royal Thai Air Force Museum.”
(réglementaire et à manivelle) qui transporter, les quatre mécanos et sommes là sans défense…
ne doit servir qu’à cela. Ordres bref moi… C’est le lieutenant Lescouezec Et pile dans la ligne de tir…
du style “Patrouille pink décollage. qui va trouver la solution… Avec Le lieutenant Lesouezec aura beau
Patrouille red, yellow, readiness green un “gus’’ allongé sur chaque aile brailler en réclamant que l’on donne
- stand-by… [patrouille rouge, jaune, s’agrippant au bord d’attaque, les l’ordre de décollage celui-ci n’arrivera
alerte verte - en attente].” Les ordres avions vont nous transporter au pas… Voilà comment j’ai été tué, il y a
sont communiqués visuellement aux début de la piste. Dès notre arrivée je plus de 60 ans, par un “Corsair” dont
pilotes à l’aide d’un petit tableau ou rebranche le téléphone et avant que je n’ai jamais oublié la vision de
les différentes couleurs changent de nous ayons eu le temps de faire quoi puissance ni le bruit de son moteur.
place en fonction des ordres reçus, que ce soit, des moteurs hurlant et J’ai tiré… un bras d’honneur au pilote
accompagné de la lettre indiquant sifflant nous arrivent dessus… Presque et, bien après, je me suis vengé…
les directives S pour stand-by, A et au ras du sol, prenant la piste 30 en en regardant les Têtes brulées.
R pour les autres options. Depuis enfilade, quatre “Corsair” nous foncent J’ai retrouvé le “Corsair” en Indochine
Un “Vampire”
le matin ça a bien marché. Et il y a dessus… Sans aucun doute possible un an après, mais cette fois, avec
passe sur la
toujours quatre “Vampire” en attente. l’ensemble, avions et piétons, que la cocarde de l’Aéronavale. Il m’a fait
base aérienne
Cela fait plus d’une heure et les nous représentons est foutu car nous le même effet… Jacques Defolie
Roland Garros.
pilotes transpirent dans leurs cockpits JACQUES DEFOLIE
“Starfighter” Lock
Lockheed F-104 Starfighter,
Il y a 60 ans, les Allemands adoptaient comme avion de combat polyvalent le F-104 “Starfighter”. l’hist
l’histoire controversée
Celui qui naquit comme chasseur pur quelques années plus tôt entrait dans l’histoire comme du ZZipper
un des plus grands programmes industriels de l’aéronautique mondiale. La décision allemande Par René Francillon
fut en effet suivie par bien d’autres pays. Sa silhouette de “missile piloté” devint familière du Japon Ch Lela Presse,
Chez
à la Norvège en passant par la Jordanie. Ce fut au prix de plusieurs scandales de corruptions, avec 35 pages, 55 €
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une réputation de “faiseur de veuve” qui est toujours l’objet de vives polémiques avec batailles IS 978-2-37468-002-6
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de chiffres et comparaison avec ses contemporains comme le “Mirage” III ou le “Phantom” II.
C’est cette grande histoire qui est ici détaillée et expliquée par René Francillon. Aspects industriels,
contexte politique, carrière opérationnelle sont largement détaillés. Voici la bible sur le sujet.
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HISTOIRE
Groupes Guyenne et Tunisie
Les Français
au combat
avec le Bomber
Command
Première partie.
8 novembre 1942 : les Alliés débarquent
en Afrique du Nord. Deux groupes
de bombardement de l’ex-aviation
d’armistice, les GB II/23 et GB I/25,
sont rééquipés par les Britanniques,
reprennent l’entraînement,
puis partent au combat.
Par David Méchin
A
près le débarquement al- et LeO 45. L’un d’eux, le GB I/25,
lié en Afrique du Nord le entre immédiatement en aide aux
8 novembre 1942, l’avia- Alliés en effectuant des missions
tion de l’ex-armée d’ar- de transport de munitions au profit
mistice reprend la lutte des troupes américaines en Tunisie
contre les forces de l’axe. Anglais et lors de la seconde moitié du mois de
Américains se méfient quelque peu janvier 1943. Ses vieux LeO réalisent
de ces aviateurs qui pour certains même des bombardements de nuit
leur ont vaillammentment résisté des positions allemandes
a sur
pendant les quelquesues jours Nefta et TTozeur à la fin du
du débarquement, ment, mois ded février, puis,
et dont le matériel riel le 1er mars 1943,
survivant, qui n’a l’unité
l’un est intégrée
pas évolué depuiss ave
avec les GB I/11,
1940, est d’unee I/2
I/22 et II/23 dans
valeur militairee u
un Groupement
maintenant n
n° 8 ba sé à
douteu se. I l B
Biskra qui réa-
n’est pas conce- DR
lise au total 23
vable d’engager au front missions de bombardement
des escadrilles dee chasse équipées contre les terrains de la Luftwaffe
de Dewoitine 5200 ou Curtiss H-75
H-75. en Tunisie entre lle 19 mars et le
Deux groupes seulement parti- 5 mai 1943, perdant un appareil du
ciperont aux combats : le GC I/5, fait de la DCA (deux tués) et un
symboliquement réarmé par les autre par accident.
Américains sur Curtiss P-40 dès le Quand la campagne de Tunisie
mois de janvier 1943, et le GC II/7 qui expulse définitivement l’Axe
à qui les Britanniques cèdent des du sol africain se termine le
“Spitfi re” Mk V et qui est engagé 13 mai 1943, se pose la question
au début du mois de mai. du réarmement de ces groupes de
Pour le bombardement, l’ex-avia- bombardement français sur du
tion d’armistice dispose de dix matériel moderne, américain ou
groupes équipés de Douglas DB-7 britannique, dont le principe a été
▲
SHD B81597
14
Le “Halifax” III MZ490 du Sqn 346 Guyenne.
Il fut l’un des 32 bombardiers alignés quotidiennement
par les groupes Guyenne et Tunisie à partir
de mai 1944. Ce furent les seules unités
de bombardements lourds françaises du conflit.
En médaillon l’insigne des groupes lourds qui porte
au verso le nom et le grade du membre d’équipage.
15
LES FRANÇAIS AU COMBAT AVEC LE BOMBER COMMAND
“ L’appareil échappe
à tout contrôle, se met
à tomber comme une
feuille morte ”
décidé lors de la conférence inte-
ralliée d’Anfa, près de Casablanca,
du 14 au 24 janvier 1943. Les
Américains conviennent de livrer L’équipage
les B-26 “Marauder” qui permet- du capitaine
tront de rééquiper six groupes, Thiry (pilote,
dont le premier est opérationnel sans calot) du
au mois de janvier 1944, qui com- Sqn 346.
battront en Italie et en Provence À gauche, avec
avec les troupes françaises. Les une pipe, le
Britanniques, de leur côté, offrent navigateur,
de rééquiper deux groupes sur bom- le capitaine
bardiers lourds pour les intégrer au Pierre Gallois.
Bomber Command en Angleterre. L’équipage
Deux groupes vétérans de la cam- effectua son tour
pagne de Tunisie, les GB II/23 et d’opération avec
GB I/25, qui seront ultérieurement 33 missions.
ASSOCIATION DES ANCIENS ET AMIS DES GROUPES LOURDS
rebaptisés du nom des provinces
françaises Guyenne et Tunisie, sont ce long voyage que le commandant en particulier pour la solde que l’ad-
sélectionnés. Comme les équipages Venot constitue les équipages du ministration d’Alger est incapable
des groupes lourds sont composés groupe. Le GB I/25 suit un mois de faire suivre avec régularité.
de sept membres, les deux groupes plus tard, débarquant en Angleterre
sont renforcés d’autres person- le 8 octobre 1943. Les deux groupes Un très long
nels puisés dans d’autres unités sont placés sous la direction d’un of-
(notamment les GB I/23 et I/11, ficier supérieur, le lt-col. Bailly, qui
entraînement
dissous). Avec les équipages de se retrouve dans une position des L’arrivée en Angleterre est vé-
renfort exigés par les Anglais, ce plus délicates. Officier ayant perdu cue difficilement par la plupart des
sont deux groupes de 32 équipages une jambe en Syrie en 1925 contre personnels français du groupe, pour
qui embarquent pour l’Angleterre. des insurgés à bord d’un Breguet 14, plusieurs raisons. Le départ ne s’est
Le GB II/23 du lieutenant-colonel il a poursuivi sa carrière dans les pas fait sur la base du volontariat,
Gaston Venot embarque le premier cabinets ministériels et n’a pas mais sur ordre donné à une unité
d’Alger le 26 août 1943 pour gagner l’aura du combattant pour s’imposer constituée de l’ex-armée d’armis-
Liverpool le 10 septembre suivant, face à ses hommes dont les motifs tice, à l’esprit très maréchaliste, et
après une escale à Gibraltar et plu- d’insatisfaction face aux autorités dont beaucoup ont combattu contre
sieurs détours dans l’Atlantique au britanniques, l’état-major gaulliste les forces britanniques en Syrie
sein d’un convoi pour déjouer les de Londres et l’état-major girau- ou lors d’incidents en Afrique du
attaques des U-Boote. C’est durant diste d’Alger vont être nombreux, Nord. Ainsi, le GB II/23 a bom-
Pierre Gallois,
de l’“Halifax”
au “Mirage” IV
Pierre Gallois fut l’un des membres
des groupes lourds les plus influents
après la guerre. Il effectua 33
missions. Après l’organisation du
plan quinquennal qui structura
l’aéronautique française en
1950, Il joua un rôle capital dans
la conception de la dissuasion
nucléaire française. Il tint de hautes
fonctions pour l’Otan puis intégra
Dassault comme conseiller en 1957.
Il fut l’un des acteurs essentiel
de la réussite du programme
du “Mirage” IV comme vecteur
de la bombe atomique.
Pierre gallois est décédé en 2010.
DR/COLLECTION ANDRÉ HAUTOT
16
bardé Gibraltar, y perdant un rents. Nous étions administrés par commun : après une visite médicale
appareil descendu par la DCA, et Alger. Il n’y avait pas de bagarres à Londres, ils sont ensuite répar-
a combattu les Américains lors de quand nous étions en permissions tis fin octobre dans leurs écoles de
l’opération Torch. Le GB I/25 a éga- à Londres, mais presque. Nous les spécialité. Les pilotes sont envoyés
lement bombardé Gibraltar et a été regardions de travers, et eux aussi. à la 15th Advanced Flying Unit
engagé dans la campagne de Syrie… On était pour eux des ralliés de force. (AFU) de Long Newton dans le
Si l’envie d’en découdre de nouveau Et nous nous moquions d’eux et de Gloucestershire, les observateurs
avec les Allemands fait l’unanimité, leur solde supérieure, de leur prime à la 10 (O) AFU de Dumfries
le faire sous commandement britan- Rothschild qu’ils touchaient et que en Écosse, les radios à la 4 RS
nique n’est pas sans poser problème nous n’avions pas. (Radio School) Pierre Gallois,
à une minorité d’entre eux qui vont (...) Si l’adminis- de Madley, dans ancien du
tout faire pour retourner en Afrique tration ne s’était le Herefordshire, Guyenne,
du Nord après leur passage à la base pas évertuée à les mécaniciens considéré comme
de West Kirby le 9 septembre 1943, proroger ces dif- à St Athan au l’un des pères
où tous sont interrogés par l’Intelli- férences, je crois pays de Galles, de la bombe
gence Service. qu’il n’y aurait tandis que les atomique
Le capitaine Jean Thiry, poly- pas eu tous ces mitrailleurs française.
technicien de 30 ans et militaire problèmes.” sont à la 3 AGS
d’active, témoigne ainsi très mal F r u st r at ion (A ir Gunning
supporter l’accueil des autorités bri- pour les navi- School) sur l’île
tanniques qui lui confisquent son gants français des d’Anglesey à l’est
pistolet d’ordonnance et son appa- deux groupes, de Liver pool,
reil photo “Vespocket” : “Premier beaucoup de gagnant ensuite
réflexe : on râlait ! Ils nous les ont militaires pro- Stranraer en
rendus, mais cela a été long. On a fessionnels ayant Écosse. Les
évité de justesse la patriotic school de nombreuses mitrailleurs du L’insigne du
(1). Ils avaient quand même raison : heures de vol, les
D A
ASSAULT VIATION
GB I/25 vont pour Guyenne avec le
dans nos rangs aurait pu se glisser Anglais imposent un réentraine- leur part à la 8 AGS d’Evanton, au faucon égyptien
facilement des vichystes au point ment complet depuis le début, rendu nord de l’Écosse, tandis que les na- de la BR 66 et le
lapin trimardeur
d’être anti-anglais (et il y en a eu), ou nécessaire parce que ces navigants vigants des contingents de renfort
de la BR 129.
pourquoi pas un espion allemand. d’Afrique du Nord d sont connaîtront parfois d’autres
connaîtro
Le premier
Mais nous l’aurions reconnu. Mais bien peu habitués és écoles de spécialité.
éco
est désormais
de là à nous prendre nos appareils à voler dans “la P uis tous les
porté au sein
photo et nos pistolets… Quant au crasse”, le brouil- équipages,
é sans les du Groupe de
contact avec les FFL, il a été nul, lard, la neige et la mécaniciens,
m sont ravitaillement
complètement nul. On s’est aperçu pluie qui seront leur réunis
ré à la 20 OTU en vol 2/91
que les régimes étaient très diffé- quotidien dans bien n (Operational
(Op Training Bretagne, le
des missions à venir. r. Unit)) de Lossiemouth second dans
L’ensemble du person- au nord de l’Écosse, pour l’Escadron
(1) Pendant la Deuxième Guerre nel quitte West Kirby le apprendre
apprendr à voler ensemble
mondiale, le service de contre- de chasse 1/4
espionnage britannique (MI-5) 24 septembre 19433 pour sur un bo
bombardier déclassé, Cascogne
interrogeait dans cet ancien collège, à Bournemouth où ilss suivent le Vickers
Vicker “Wellington”. sur “Rafale”.
Londres, toutes les personnes entrant au des cours d’anglais,, des exer- DR Précédé de deux semaines
Royaume-Uni et les détenait le temps cices en simulateur de d voll et d
des d’instruction
d’i i au sol, l’entraînement
nécessaire à la vérification qu’elles
ne présentaient aucun risque pour la exercices d’évacuation de l’appareil en vol dure près de 3 mois (80 heures
en dinghy. Ce sera leur dernier cours de vol par équipage dont la moitié de
▲
Les Français
furent formés
dans différentes
écoles en
Grande-
Bretagne,
dont celle de
Lossiemouth,
en Écosse, où
ils volaient sur
“Wellington”.
17
LES FRANÇAIS AU COMBAT AVEC LE BOMBER COMMAND
448 membres
d’équipage
composaient le
personnel volant
des Squadrons
346 et 347.
Les Français
furent formés
dans les écoles
britanniques
comme
navigateur
(en haut à
gauche),
ASSOCIATION DES ANCIENS ET AMIS DES GROUPES LOURDS ASSOCIATION DES ANCIENS ET AMIS DES GROUPES LOURDS bombardier
(en bas à
gauche),
mitrailleur de
queue (en haut
à droite) et
mitrailleur dorsal.
ASSOCIATION DES ANCIENS ET AMIS DES GROUPES LOURDS ASSOCIATION DES ANCIENS ET AMIS DES GROUPES LOURDS
nuit) et n’est pas sans risque dans le (quatre tués, trois survivants). Il lors d’une sortie nocturne au large
rude climat hivernal du nord des îles y aura encore d’autres pertes lors des côtes : “Avec une poussée réduite
britanniques. Un équipage dirigé de sessions futures de la 20 OTU, à cause d’hélices givrées et une traî-
par le lt Vendenabelle, le premier comme en témoigne l’aspirant née accrue, la portance diminue
d’une longue liste, disparaît corps Robert Saubry-Bobet, un jeune jusqu’au décrochage. La chute est
et biens en mer du nord le 21 mars évadé de France, dont l’équipage alors inévitable. Si le “Wellington”
1944 (six disparus). Un autre percute dont il est le navigateur est victime avait disposé de systèmes de dégi-
le sol suite à un givrage le 26 mai d’un accident le 19 décembre 1944 vrage effi caces et de moteurs plus
LECOCQ NANCY/ASSOCIATION DES ANCIENS ET AMIS DES GROUPES LOURDS
18
puissants, il aurait été possible de Les Britanniques
prendre de l’altitude pour passer formèrent les
au-dessus des nuages et retrou- mécaniciens
ver un air plus sec et plus froid. français à la
Malheureusement, avec ses deux maintenance
Bristol “Pegasus”, le “Wellington” des moteurs qui
avait un plafond de 19 000 pieds équipaient les
[5 800 m] qui ne nous permettait pas “Halifax”.
de passer par-dessus la couche nua- Ici un “Hercules”,
geuse. Notre commandant de bord, monté sur
le sous-lieutenant Vergé, n’avait “Halifax” III et VI.
d’autre choix que de descendre au
ras des flots, là où nous avions la
certitude d’échapper aux condi-
tions givrantes. J’avais bien com-
pris la situation (…) M’attendant à
la catastrophe, je mets au pilote son
parachute. À peine avions-nous
pénétré dans les énormes cumulus
que nous survolions que l’appareil ASSOCIATION DES ANCIENS ET AMIS DES GROUPES LOURDS
échappe à tout contrôle, se met à ces quelques minutes qui m’ont Nord, il s’est probablement débattu Les Français
tomber comme une feuille morte, paru être des siècles, je ne cessais plusieurs minutes avant de mourir constituaient
piquant vers le sol dans une vrille de penser : Dieu que c’est bête, Dieu d’épuisement en ce 19 décembre, la grande
dont il nous apparaît que nous n’en que c’est bête, en revivant certains vers 3 heures du matin. (…) Sur le majorité du
sortirions jamais. Devant mes yeux, moments de ma vie si courte ; je moment, je n’avais guère eu le loisir personnel
l’aiguille de l’altimètre commence n’avais que 22 ans. L’avion conti- d’analyser la situation. Si j’avais pu de la base
une folle ronde. L’ordre de l’évacua- nuait sa spirale infernale et sou- ouvrir la trappe, nous aurions tous d’Elvington,
tion est donné. La procédure pré- dain, miraculeusement, peut-être sauté et nous serions tous morts dans le
voit que les membres d’équipage de à 200 ou 300 m au-dessus de la comme Léon, dans l’eau glacée.” Yorkshire, où
l’avant sautent par la trappe avant, mer, le pilote, le s-lt Margaillan, L’entraînement ne se termine étaient basés
tandis que le mitrailleur arrière doit qui était resté à son poste, parvient pas au passage en OTU, puisqu’il y les groupes
évacuer par la porte de sa tourelle. à redresser l’appareil. L’explosion a encore à partir du 8 avril 1944 un Guyenne
Je me précipite à l’avant et je saisis de joie qui nous saisit tous est de stage à la 1663 Heavy Conversion et Tunisie.
Mécanos,
la poignée de la trappe qui, malgré courte durée, car nous venons de Unit (HCU) de Rufforth, un ter-
armuriers,
tous mes efforts, refuse de s’ouvrir. comprendre que notre équipier, rain à l’ouest de la ville d’York, où
spécialistes
Est-elle bloquée, est-ce l’effet de la Léon [Maurice. NdA] Fourcade, les Français découvrent et se fami-
de la météo
force centrifuge qui la maintient en mitrailleur arrière, avait sauté. liarisent avec leur avion d’armes, entourent ici
position fermée, je ne sais. Pendant Dans l’eau glacée de la mer du le Handley Page “Halifax”. Cet
▲
l’équipage.
LES FRANÇAIS AU COMBAT AVEC LE BOMBER COMMAND
20
HORNE
VINCENT D
“Halifax” V LK728 du Squadron 347. Ce fut le premier bombardier des groupes lourds perdu en opération.
Le 6 juillet 1944, au retour d’une mission contre le site de canons géants V3 à Mimoyecques, en France,
l’avion s’écrasa à Thorne. Les sept membres de l’équipage du lieutenant Chapron furent tués.
mon existence. J’avais comme pilote percepteur. Lui avait eu une nurse rier. J’avais un mécanicien épatant,
un sergent-chef qui n’était vraiment anglaise jusqu’à l’âge de 15 ans, il un mécano au sol de l’armée de l’Air
pas une lumière. Il était à peu près parlait anglais comme un Anglais, La croix de française, qui se débrouillait très
niveau certificat d’études, tangent. Il ce qui fait que l’un compensait Lorraine fut bien et d’un dévouement parfait.
n’a jamais pu apprendre l’anglais l’autre. Moi j’étais donc se- imposée sur Et puis j’avais deux mitrailleurs, un
dont il disait : “Cette langue- cond pilote et navigateur. les “Halifax” par mitrailleur milieu et un mitrailleur
là, ce n’est pas une langue (…) J’avais un radio qui les Britanniques, de queue qui lui était un Alsacien
pour les chrétiens !” Il n’a était un pied-noir et contre l’avis qui avait été recueilli par les Anglais
donc pas appris l’anglais, qui se demandait ce des équipages avec un “Lysander” en Alsace, parce
c’était embêtant car en tant qu’il était allé faire en français. qu’il avait tué un sous-officier alle-
qu’équipage, nous ne parlions Angleterre, mais enfi n il mand lors d’une beuverie. Ce n’était
que cette langue. Mais pour com- marchait comme les autres. pas un acte de bravoure : il était fort
NE
OR
DH
penser, j’avais un bombardier qui Il cherchait un peu à tirer au comme un turc et lui avait collé un
T
EN
NC
était lieutenant. C’était un ancien flanc, mais pas trop quand même. coup de bouteille dans la tête. L’autre
VI
fonctionnaire qui avait été je crois Mais ce n’était pas un farouche guer- était mort. Pour s’en sortir il s’était
CROWN/ASSOCIATION DES ANCIENS ET AMIS DES GROUPES LOURDS caché dans la Résistance qui exis-
Le Havre (ici en tait en Alsace, et celle-ci ayant peur
août 1944) devait qu’il les compromette, car s’était un
être bombardé meurtrier, l’avait fait enlever par un
par les Guyenne
“Lysander” et il est arrivé chez nous.
et Tunisie le
Il avait un très fort accent alsacien et
9 septembre.
aimait bien boire la bière ou le vin
La mission
fut annulée.
quand il y en avait au mess !”
Au départ les
groupes lourds Les insignes de l’armée
furent engagés de l’Air interdits
sur des objectifs
en France, Motif d’insatisfaction pour les
notamment Français, la RAF leur refuse le droit
pour préparer le d’appliquer sur leurs appareils leurs
débarquement insignes de tradition de l’armée de
en Normandie. l’Air. Les Britanniques imposeront
en revanche la croix de Lorraine,
une décision qui fera l’unanimité
contre elle de tous les Français
combattant en Angleterre ! Pour les
équipages des deux groupes, majori-
tairement d’opinion giraudiste, l’in-
signe gaulliste ne leur inspire aucune
sympathie. Quant aux gaullistes
de Londres, nombre d’entre eux
trouvent scandaleux que soit appli-
qué leur insigne sur des avions pilo-
tés par ce qu’ils considèrent comme
des ralliés de force à la cause alliée !
▲
21
LES FRANÇAIS AU COMBAT AVEC LE BOMBER COMMAND
SHD
22
Des missions sur la qu’ils effectuent, et craignent les
victimes dans la population civile.
assigner dans la mesure du possible
aux Guyenne et Tunisie des missions
Le cne Alexandre Barbé, pilote et éloignées des centres urbains.
Normandie posent de chef de bord au Sqn 346, témoigne
ainsi avoir effectué sa première mis-
À ces missions sur des objec-
tifs ferroviaires s’ajoutent quelques
sérieux dilemmes aux sion au mois de mai 1944 en tant
que “stagiaire” sur un appareil à
autres contre les troupes allemandes,
afin d’appuyer la progression de
équipages français l’équipage britannique
dans un autre escadron.
l’armée
la
de
britannique
d Montgomer y.
Il découvre au briefing Mais
M une part impor-
que l’objectif est la gare tante
ta de l’effort des
L’insigne du ont la confirmation à leur retour à d’Orléans, située dans “
“Halifax” français
Tunisie composé Elvington où l’ensemble du person- l’agglomération. Il ob- se porte contre les
avec celle de nel apprend la nouvelle du débar- jecte alors que le bom- si de lancement de
sites
l’Escadrille 4B3 quement en Normandie. bardement de la gare de V le long des côtes
V1
(en haut) et celle C’est en soutien des troupes au sol triage, le véritable point fr
françaises, jusqu’au
de la 2e Escadrille que va s’effectuer l’essentiel des mis- névralgique situé hors m d’août 1944. Le
mois
du GB 1/25 en sions des “Halifax” français pendant de la ville, serait bien S
Sqn 347 Guyenne
bas. Ils sont les six semaines suivantes, en atta- plus judicieux : l’Intelli- ef
effectue sa première
désormais portés quant des gares et voies ferrées en gence Officer lui rétorque ue DR miss de guerre contre
mission
par les avions Normandie ou dans la Somme pour sèchement qu’il est là pour exécuter
é t it au sud
un site ddde Dieppe durant la
de l’Escadron de ralentir l’acheminement de renforts les missions et non pour en contes- nuit du 27 au 28 juin 1944. Dès la
transformation allemands, allant jusqu’à bombarder ter l’opportunité. Résultat de la mission suivante, contre le site de
“Rafale” (ETR) la gare de Vaires-sur-Marne, à l’est mission : 103 victimes françaises et Saint-Martin-l’Hortier le 1er juillet
3/4 Aquitaine. de Paris, dans la journée du 18 juillet près de 800 maisons détruites… Le 1944, les Guyenne et Tunisie sont
1944. Ces missions ne sont pas sans Bomber Command va vite prendre la engagés ensemble et le seront de
poser de sérieux dilemmes aux équi- mesure des effets dévastateurs pour manière quasi-systématique pour
pages français qui sont sans illusions le moral de telles missions deman- tout le restant de la guerre. ■
sur la précision des bombardements dées à des équipages français, et va À suivre
Un “Halifax”
survole
un objectif.
Les Guyenne
et Tunisie
furent d’abord
engagés pour la
préparation du
débarquement
en Normandie,
puis contre les
sites de V1 avant
de partir sur
l’Allemagne.
23
HISTOIRE
24
Une réorganisation de
Nouveau cap en 1925 l’US Navy, parent pauvre
de l’armée américaine,
Et l’US Navy lui permet de prendre
une nouvelle dimension
en 1925.
vola de ses Par Alain Pelletier
propres ailes P
aris, mercredi 29 avril
1925, l’Exposition interna-
tionale des arts décoratifs,
industriels et modernes
ouvre ses portes. C’est le
plus grand événement artistique de
l’après-guerre. Pendant que les visi-
teurs s’y précipitent, en Allemagne,
Adolf Hitler reconstitue le NSDAP
(Parti national-socialiste des travail-
leurs allemands) et, dans trois mois,
va publier Mein Kampf. À des mil-
liers de kilomètres de là, de l’autre
côté de l’Atlantique, l’année 1925
marque un tournant pour l’US Navy.
Depuis des mois, le contre-ami-
ral William A. Moffett se heurte au
médiatique général “Billy” Mitchell
afin de sauvegarder l’indépendance
et même l’existence de l’US Navy.
Pour l’heure, celle-ci est réduite à
la portion congrue. Au titre de l’an-
Le contre- née fiscale 1925, elle n’a obtenu que
amiral William 340 millions de dollars pour acqué-
A. Moffett fut rir du matériel et mener à bien ses
le véritable différentes missions.
artisan de la La fin de l’année 1924 promettait
création de d’être chaude pour le contre-amiral
l’US Navy. William A. Moffett. Au mois de mars
Il disparut précédent, un comité avait été créé
tragiquement et chargé de faire toute la lumière sur
dans l’accident
de possibles collusions dans l’univers
d’un dirigeable
de l’industrie aéronautique concer-
en 1933,
nant la fourniture d’avions et d’équi-
moyen dont il
pements aéronautiques. Ce comité
était l’ardent
avait été baptisé comité Lampert,
▲
partisan.
USN
25
L’US NAVY EN 1925
26
domaine de l’aviation commerciale,
mais c’est parce que les gouverne-
ments européens considèrent que
l’industrie fait partie de la défense
nationale”, martela Moffett, qui
poursuivit en affirmant que Mitchell,
avec ses essais de bombardements,
avait grossièrement surestimé les ca-
pacités de l’avion dans les combats.
“L’aviation n’a pas encore atteint le Le Naval Aircraft
point où elle peut opérer au-delà des Factory PN-7
océans”, conclut-il (1). BuAer n° A6616
Après la Saint Sylvestre, le co- appartenant à
mité Lampert reprend donc ses tra- la Flottille de
vaux et interroge les constructeurs reconnaissance
individuellement. Ceux-ci accusent VS-1. Les 12
l’US Navy de sa mauvaise volonté hydravions de
à leur reconnaître le moindre cette flottille
droit d’auteur sur les avions qu’ils étaient codés de
conçoivent. En effet, l’US Navy a pris 1-S-1 à 1-S-12.
SDASM
pour habitude de faire concevoir ses
avions par quelques constructeurs “passer sous le nez” au profit de l’un branches de l’US Navy, le comité
innovants puis de les faire fabriquer de ses concurrents, en l’occurrence Morrow a certes consacré l’essentiel
en série par d’autres, ce qui génère Glenn Martin. de ses discussions à l’importance du
un manque à gagner appréciable. Le samedi 17 janvier 1925, le cuirassé, mais ses préconisations
Le cas de l’avion torpilleur CS était comité Morrow, sous la houlette du portent prioritairement sur l’avia-
encore frais dans les mémoires. chef des opérations navales (CNO), tion. Primo, il préconise que les
Curtiss clamait avoir dépensé des l’am. Edward W. Eberle, remet son porte-avions soient construits dans
sommes considérables pour conce- rapport au secrétaire d’État à la les limites du traité de Washington.
voir et mettre cet appareil au point, Marine, Curtis D. Wilbur. Créé le À ce propos, il convient de rappe-
juste pour voir le contrat de série lui 23 septembre 1924 afin d’étudier ler que ce traité fixe à 135 000 t la
les récentes évolutions de l’aviation masse totale de porte-avions dont
(1) New York Times du 23 décembre et pour préconiser une politique peuvent disposer les États-Unis, et
de développement des différentes que la masse de chaque porte-avions
▲
1924.
NMNA
Le Curtiss JN-6HG
Jenny BuAer
n° A6287 du
second groupe
d’aviation des
Marines en 1925.
NMNA
DR
Un hydravion
Martin PM-1
de la Flottille
de patrouille
VP-12 et l’insigne
qui représente
l’oiseau-tonnerre
sur un mât
totémique avec
le mont Rainier
en arrière-plan.
Le “E” est une
distinction pour
l’excellence de
l’équipage lors
de ses missions.
L’US NAVY EN 1925
NMNA
Le 2 avril 1925,
ne peut excéder 27 000 t. Deuzio, le ce Douglas F-5L et deux PN-7). Ce sont les pre- soient encore améliorés. En outre,
Lexington et le Saratoga doivent être DT-2 piloté par mières au monde à intégrer des opé- il affirme que l’expérience acquise
achevés dans les délais les plus brefs. le lt cdr Mason rations depuis un porte-avions. Bien permet de considérer que les cata-
Tertio, un nouveau porte-avions de fut le premier que l’activité aérienne du Langley pultages d’avions depuis des cuiras-
14 000 t doit aussitôt être mis en avion américain se limite à jouer un rôle d’éclaireur sés et des croiseurs sont devenus des
chantier – le Ranger – et un pro- à être catapulté pour les mouvements de la “Force opérations de pure routine.
gramme de production aéronautique depuis le pont noire” vers l’île Guadalupe, ses Faut-il y voir un rapport de
progressif doit être organisé afin de d’un porte- performances sont suffisamment cause à effet ? Toujours est-il que le
garantir que la flotte soit rapide- avions. convaincantes pour que le com- 13 mars, le contre-amiral William A.
ment dotée d’avions modernes. En mandant en chef, l’am. Robert E. Moffett est reconduit dans son poste
ce qui concerne le personnel, ledit Coontz, demande que l’achève- de Chef du Bureau of Aeronautics
comité préconise l’augmentation ment du Lexington et du Saratoga (BuAer) de l’US Navy. Cela consti-
des postes offerts dans l’aviation à soit accéléré autant que possible. tue à la fois une bonne nouvelle et
l’Académie navale, l’affectation de L’amiral préconise également que une réassurance dans la justesse
tous les diplômés qualifiés de l’aca- des dispositions soient prises afin de ses vues, à une époque où les
démie à l’entraînement de pilote ou de garantir la mise au point d’avions rumeurs vont bon train à propos de
d’observateur après deux ans de dont la longévité, la disponibilité et son éviction et de celle de Mitchell.
service à la mer, et la mise en place le rayon d’action soient plus impor- L a possibilité d’utiliser des
d’une politique précise d’affectation tants, et que les catapultes et les sys- catapultes noyées dans le pont
des officiers à l’aviation. tèmes de récupération des appareils des porte-avions pour lancer des
Le 22 janvier suivant, la VF-2,
première flottille (2) de chasse Le Langley en
formée aux opérations depuis un juin 1927 faisant
porte-avions, débute son entraîne- route à petite
vitesse. Sur son
ment à l’appontage sur le Langley
pont sont alignés
au large de San Diego. Cette pé-
11 chasseurs
riode marque également le début
Boeing FB-5
des opérations du Langley en tant appartenant
que base des flottilles d’aviation de probablement à
la flotte de combat. la Flottille VF-1B.
Du 2 au 11 mars, l’exercice Fleet
Problem V, qui simule une attaque
sur Hawaii, se déroule au large des
côtes de Californie du Sud. Près de
160 avions de l’US Navy prennent
part à ces manœuvres (dont 87
UO-1, MO-1, et VE-7, 12 DT-2, 10
28
Hormis un accident le 5 février
lorsque l’avion du lt Harold J. Brow
décroche alors qu’il s’exerçait aux
approches, ces appontages de nuit
sont des réussites.
Organisée par le 1st Aviation
Group sur la base de Quantico,
une démonstration de bombarde-
ment et de mitraillage se déroule le
15 avril devant le secrétaire d’État à
la Marine, C. D. Wilbur, son assis-
tant, le major général LeJeune, le
contre-amiral Moffett et le sénateur
Hale. Le bombardement est réalisé
depuis 1 500 m d’altitude par trois
bimoteurs Martin, et depuis 1 000 m
par cinq DH-4B. La cible, installée
sur la rivière Potomac, est constituée
d’une série de bouées épousant la
forme d’un navire de 180 m de long
par 75 m de large. Aux dires des par-
ticipants, l’aspect le plus intéressant
de cette démonstration est le gui-
dage par radio de la formation de
cinq DH-4B.
Les 1er et 2 mai, lors d’un vol
NMNA
Cet Aeromarine d’essai au-dessus de Philadelphie,
avions terrestres est démontrée le vire-jumeau, le Lexington, qui sera 39B à l’arrière à bord de l’hydravion NA F
2 avril avec le catapultage, depuis le lancé le 3 octobre et mis en service du Langley PN-9, les lieutenants Clarence
Langley mouillé dans son dock de le 14 décembre 1927. Dans l’entre- donne une H. Schildhauer et James R. Kyle
San Diego, d’un torpilleur Douglas temps, les flottilles de leur groupe assez bonne battent le record de durée pour
DT-2 piloté par le lieutenant com- aérien se constituent et entament idée de hydravion de classe C [tous les ap-
mander Charles P. Mason, avec le leur entraînement (VJ-2S et VT-1S l’étroitesse pareils de cette classe portaient un
lt Braxton Rhodes comme passager. pour le Lexington). du pont nom commençant par la lettre C.
Le lendemain 8 avril, au large de du premier NDLR.], en tenant l’air 28 heures,
Les porte-avions San Diego, le lt John D. Price, aux porte-avions 35 minutes et 27 secondes. Ce
commandes d’un chasseur Curtiss américain record était jusque-là détenu par
seront bientôt là ! TS-1 de la Flottille VF-1, réalise le obtenu en les lieutenants F. W. Wead et
Le mardi 7 avril 1925 est marqué premier appontage de nuit sur le transformant J. D. Price avec 14 heures 53 mi-
par le lancement, à Camden (New Langley. Il est imité par les lieute- le charbonnier nutes. Ce même hydravion à coque
Jersey), de l’un des deux grands nants Delbert L. Conley, Aldolphus de 19 360 t en aluminium, équipé de deux
porte-avions de 36 000 t dont l’US W. Gorton (3) et Rossmore D. Lyon. Jupiter. moteurs Packard 1A-1500 de 500
Navy a décidé de se doter, le Saratoga. ch, sera utilisé ultérieurement par
Il est présenté comme le plus grand, le cdr John Rodgers pour son vol
le plus puissant, le plus rapide. Il sera (3) Le lt A.W. Gorton fut le vainqueur record historique du 31 août vers
de la Curtiss Marine Trophy Race,
mis en service le 16 novembre 1927. le 8 octobre 1922, aux commandes Hawaii au départ de la Californie
Il précédera de sept mois son na- d’un NAF TR-1. (lire plus bas).
L e 17 juin, un détachement
Le porte-avions aérien naval, placé sous les ordres
Lexington lors du lt cdr Richard E. Byrd de l’expé-
de son lancement dition arctique MacMillan, quitte
le 3 octobre 1925. Boston avec trois avions amphi-
Navire bies Loening à bord du Peary. Le
de 38 500 t, 1er août, le Bowdoin (un bâtiment
il pouvait de recherche civil) rejoint le Peary
accueillir jusqu’à au large de Wiscasset, dans l’État
80 avions. Son
du Maine. Après un voyage de
navire-jumeau,
4 830 km, l’expédition atteint Etah,
le Saratoga, fut
au nord du Groenland, avec pour
lancé avant lui,
le 7 avril 1925.
mission l’exploration aérienne d’une
portion de territoire d’une superficie
de près de 77 600 km2.
Le 1er juillet, lorsque la loi votée
par le Congrès le 28 février précé-
dent – qui permet, entre autres, la
création d’unités d’aviation au sein
des Réserves – entre en vigueur, la
Naval Aviation Reserve commence
à organiser 10 flottilles de quatre sec-
▲
29
L’US NAVY EN 1925
USN
Les Martin MT
tions chacune. Les effectifs autorisés furent les plus Malheureusement, à court de carbu- amerrissage forcé, sont reconnus par
pour chacune des trois flottilles de gros appareils rant, ils sont contraints de se poser la Fédération aéronautique interna-
reconnaissance et des trois flottilles utilisés par en pleine mer un peu avant 16 h 00. tionale en tant que nouveau record
de bombardement sont fixés à 40 les Marines. Portés disparus pendant 10 jours, de distance pour hydravion de la
officiers et 130 hommes du rang, et Il s’agissait en dépit de recherches aériennes et classe C, record qui va demeurer iné-
pour chacune des quatre flottilles de à l’origine navales intensives, le cdr Rodgers et galé pendant presque cinq années.
chasse à 18 officiers et 20 hommes. d’avions son équipage gréent une voile fabri- William Moffett croit aussi beau-
torpilleurs quée avec l’entoilage des ailes de coup au dirigeable comme moyen
Des exploits destinés à l’avion et mettent le cap sur l’île de d’intervenir à de longues distances,
l’US Navy Kaui. Après avoir couvert quelque et aussi comme vecteur de promo-
médiatisés qui furent 725 km à la voile, ils sont aperçus le tion pour montrer au public améri-
Au cours du mois de juillet, transformés 10 septembre par le sous-marin R-4, cain les grands exploits de l’aviation
l’US Navy prend des dispositions en avions de à une quinzaine de kilomètres de navale. Ainsi imagine-t-il des vols
pour participer à deux courses aé- transport. leur destination. Les 1 353 km, par- spectaculaires pour le dirigeable Los
riennes très médiatiques : la course courus en vol du 31 août jusqu’à leur Angeles tels qu’un tour du monde ou
pour le Trophée Pulitzer, organisée USN
▲
arrière tombent directement au sol combat et le lt John F. Moloney en est DT-2. Les
deux modèles
tandis que la section avant, avec sept le premier commandant.
d’hydravions (4) Le vainqueur fut le lt James
hommes à son bord, dérive pendant Malheureusement, les efforts H. Doolittle et les deux pilotes de
avaient une
une heure avant de se poser à 20 km importants que l’US Navy a consa- l’US Navy, les lieutenants Ralph
silhouette
de là. 14 personnes sont tuées dont crés à la préparation de ses avions de semblable.
A. Ofstie et George T. Cuddihy.
BOSTON PUBLIC LIBRARY
L’US NAVY EN 1925
L e 14 décembre, le comité
Lampert remet lui aussi son rapport.
Il est favorable à la création d’un
L’un des Martin
Department of National Defense et MO-1 de la
à une représentation adéquate de Flottille VO-6
l’aviation dans les plus hautes ins- activée le
tances militaires. Il se montre parti- 1er janvier 1924
culièrement préoccupé par la situa- à Hampton
tion de l’industrie aéronautique et Roads afin de les
préconise que le gouvernement cesse expérimenter.
de se mettre en concurrence avec l’in- En janvier 1925,
dustrie pour la production d’avions, ils servirent
de moteurs et d’accessoires, que le aux essais de la
besoin de faire des appels d’offres soit catapulte type P à
abandonné au profit d’autres restric- bord du cuirassé
tions favorisant les intérêts du gou- Mississippi, mais,
vernement, que les départements de trop lourds, ils
la Guerre et de la Marine dépensent se révélèrent
chacun 10 millions de dollars par an inadaptés.
NASA
dans des équipements nouveaux, et
qu’un programme quinquennal d’ac- l’aviation de convoi et de patrouille ; L’aviation de la Flotte de com-
quisition soit mis sur pieds. l’aviation du Marine Corps ; les bases bat dispose de quelques bâtiments
et entités diverses. de surface qui sont les navires ravi-
L’organisation L ’av iat ion de la F lot te tailleurs d’hydravions Aroostook,
de combat. En 1925, l’US Navy ne Gannet, Sandpiper, Heron, ainsi
de l’US Navy dispose que d’un seul porte-avions que les navires amiraux Wright et
Si l’on en croit les sources offi- (un charbonnier transformé qui a Jason, sans compter le Langley.
cielles, en juin 1925, soit au début été mis en service le 7 avril 1922), Classé parmi les navires se trouve
de l’année fiscale 1926, l’US Navy le Langley, dont le groupe aérien également le grand dirigeable
dispose de 860 avions dont 491 de se compose de chasseurs Vought Shenandoah dont le navire ravitail-
combat (57 %). Ces chiffres sont VE-9 et Curtiss TS-1, de torpilleurs leur est le Patoka.
notablement différents de ceux de Douglas DT-2 et d’avions de servi- Les flottilles d’aviation de la
l’année précédente où l’on dénom- tude Aeromarine 39B. Les TS-1 sont flotte de combat sont au nombre
brait 700 appareils au total dont 530 les avions les plus modernes dont dis- de sept en plus du groupe aérien
de combat (76 %). Il en va de même pose l’US Navy à l’époque. Lorsqu’ils embarqué sur le Langley, soit deux
pour l’année suivante (année fiscale Un Curtiss SC-1 ne sont pas embarqués, ces appareils flottilles de chasse (VF-1 et VF-2),
1928) où, si le total général n’a pas de la Flottille sont basés à Hampton Roads. la seconde ayant été dotée en cours
beaucoup changé (888 avions au VS-1. Un total Jusqu’à récemment, les avions d’année de nouveaux chasseurs
lieu de 860), la proportion d’avions de 83 de ces de la flottille du Langley ne por- Boeing FB-1, une flottille de torpil-
de combat descend à 67 %. Sur ce avions fut taient pas de marques distinc- lage (VT-2, nouvellement créée), une
construit, dont
même laps de temps, le nombre de tives. Depuis peu, le nom U.S.S. flottille de servitude (VJ-1) qui vient
les premiers
pilotes s’accroît régulièrement : 328 LANGLEY est peint en gros ca- en remplacement d’une flottille de
furent livrés
en 1924, 382 en 1925, 426 en 1926. ractères noirs de chaque côté de reconnaissance de la flotte (VS-2) et
le 1er mars 1924
Un rapport très intéressant (5), leur fuselage. trois flottilles d’observation (VO-1,
à la VS-3.
produit chaque année fiscale depuis NMNA
32
Le NAF
DH-4B (BuAer
n° A6433),
marqué 613
de la base de
Pensacola.
En 1925, sept ans
après la fin de la
Première Guerre
mondiale, le
De Havilland
DH-4 constituait
encore une part
importante du
parc d’avions de
l’US Navy.
NMNA
VO-2 et VO-4). Les 26 hydravions 1925, elle se compose de cinq flot- VO-3, avec ses 18 Vought UO-1,
d’observation à flotteurs de ces der- tilles et de trois navires ravitailleurs demeure inchangée.
nières sont basés sur les cuirassés (6) (Wright, Sandpiper et Patoka). Au Les flottilles VS-1 et VT-1 sont
et les chasseurs des flottilles VF-1 et cours de l’année écoulée, une grande basées sur le ravitailleur Wright, tan-
VF-2, eux, sont basés à San Diego en partie de ces flottilles se sont rééqui- dis que les avions de la VO-3 sont
attendant que des porte-avions ou pées : ainsi la VS-1 a-t-elle troqué répartis sur neuf croiseurs légers et
des cuirassés équipés de catapultes ses vieux hydravions F-5L et H-16 ceux de la VO-6 sur six cuirassés,
soient disponibles. Quant aux flot- pour des PN-7 et des Curtiss SC-1 ; la en attendant la mise en service du
tilles VT-2 et VJ-1, elles sont basées VT-1, pour sa part, a abandonné ses porte-avions Lexington.
sur le ravitailleur Aroostook. Cette Douglas DT-2 et DT-4 pour n’avoir La troisième entité de l’aviation
organisation est remarquable car que des CS-1. La VO-6 a abandonné de la Flotte de combat est de création
on est là en présence de celle type ses lourds monoplans Martin MO-1 toute nouvelle. Il s’agit de l’aviation
des groupes aériens pendant la pour n’avoir que des biplans UO-1. de la Flotte asiatique qui dispose
Deuxième Guerre mondiale. Il ne Quant à la VF-9, qui devait être d’une seule et unique flottille, la
manque plus que… les porte-avions. constituée à la Naval Air Station VT-20, armée de 12 hydravions
La deuxième grande compo- Hampton Roads à partir d’un pré- torpilleurs Curtiss SC-1 épaulés
sante de l’aviation de la Flotte est lèvement sur les sureffectifs de la par deux navires de ravitaillement :
l’aviation de patrouille et de recon- VF-1 et de la VF-2, elle n’a aucun le Jason et le Heron.
naissance (“les yeux de la flotte”, avion en compte et devra attendre L’aviation de convoi et de pa-
comme on la surnomme alors). En deux ans encore avant d’en perce- trouille. Avec ses huit flottilles opé-
voir. Ses hydravions doivent être rationnelles, l’aviation de convoi et de
répartis sur neuf cuirassés qui, pour patrouille constitue une part impor-
(6) Voir les articles sur les Vought
VE-7 et UO dans Le Fana de l’Aviation l’heure, attendent d’être équipés de tante de l’US Navy. Quatre secteurs
catapultes. Enfin, la dotation de la géographiques sont chacun couverts
▲
33
L’US NAVY EN 1925
par une flottille de patrouille dotée différents modèles. C’est pourquoi, l’extrémité avant des pales d’hélice
de grands hydravions à coque Naval il s’avère difficile de dresser des est peinte avec trois bandes rouge,
Aircraft Factory F-5L et d’une flot- inventaires précis à des moments jaune et bleu foncé.
tille de torpillage en cours de dotation donnés. Sur la base navale d’Ana- L’inscription en gros caractères
avec des Douglas DT-2. À chacun de costia, on ne compte pas moins de d’un code spécifique à chaque ap-
ces binômes se trouve rattachée une 20 types d’avions différents et 24 à pareil va débuter et se généraliser
unité de servitude équipée d’hydra- Philadelphie. Par ailleurs, des bases progressivement. Ce code permet
vions légers. Les quatre secteurs n’apparaissent tout simplement pas d’identifier le numéro de la flottille,
géographiques où opèrent ces flot- dans l’inventaire. C’est le cas de la mission de la flottille et le numéro
tilles sont le secteur Atlantique, le Coco Solo et de Dahl Gren. de l’avion dans la flottille. Ainsi, un
secteur Pacifique, la zone du canal hydravion codé 2-T-7 est le septième
de Panama et le Territoire d’Hawaii. Les marquages avion de la deuxième flottille de tor-
L’aviation du Marine Corps. pillage (VT-2). Les avions attachés à
L’aviation du Marine Corps se struc-
modifiés un navire portent le nom de ce navire
ture peu à peu. En 1924, elle était Du point de vue des marquages en grosses lettres sur leurs flancs, et
encore embryonnaire. En 1925, elle des avions, les modifications sont ceux attachés à une base, un code
s’organise par zone, à l’instar de incessantes. Les règles continuent composé de deux lettres (comme,
l’aviation de patrouille. Il y a ainsi d’être appliquées avec beaucoup de par exemple, les lettres HR pour
la côte Est, la côte Ouest, Haïti et liberté lorsque… elles sont appli- Hampton Roads). D’ailleurs, le rap-
Guam. Sa principale faiblesse réside quées, comme en attestent de nom- port annuel déjà mentionné dresse
dans son parc aérien qui est constitué breuses photographies. Début mai, l’inventaire de l’ensemble des codes
majoritairement de matériel ancien le BuAer se sent obligé de rappeler attribués. Enfin, la pratique qui veut
– voire très ancien. Il y a encore de que dans le paragraphe n° 2 de son que le nom du constructeur soit peint
trop nombreux Havilland DH-4 dont Technical Order n° 100, il est stipulé en haut du gouvernail est adoptée.
la conception remonte à la Première que “l’appellation US Navy doit être En cette année 1925, l’US Navy
Guerre mondiale. Depuis 1924, il s’est portée de façon ostensible par tous amorce donc un tournant qui va se
renforcé d’une vingtaine de Vought les avions, tout le temps, depuis révéler décisif. Grâce à l’action de
VE-7SF qui arment les 1re, 2e et 3e flot- l’instant où ils se sont envolés pour William A. Moffett, cette aviation a
tilles de chasse des Marines (VF-1M, la première fois”. échappé à la disparition totale que
VF-2M et VF-3M). Ce renforcement Le Shenandoah Le 20 mai 1925, le BuAer émet lui promettait, non sans une cer-
va se poursuivre en 1926, notamment amarré au mât une norme qui rend caduques toutes taine arrogance, le général “Billy”
avec l’arrivée de chasseurs modernes du Patoka, les précédentes : c’est le Technical Mitchell. Ses rapports premiers avec
Boeing FB-1. Remarquons égale- son navire de Order n° 101. En résumé, à comp- l’industrie aéronautique se sont clari-
ment que les Marines sont les seuls ravitaillement, ter du 29 mai 1925, les avions navals fiés. Et surtout, elle s’est dotée de ses
à mettre en œuvre de gros biplans de vers 1925. Le doivent être peints entièrement deux premiers porte-avions dignes
Patoka était
transport Martin MT qui sont d’an- aluminium, avec l’extrados de l’aile de ce nom. ■
un pétrolier
ciens torpilleurs que l’US Army a re- supérieure en jaune orangé (orange
construit aux
converti et dont elle s’est débarrassés yellow). Les flotteurs et coques Pour un panorama plus général
chantiers de
en les transférant au Marine Corps Newport, qui
des hydravions doivent être peints de l’évolution de l’US Navy, lire
(lire Le Fana de l’Aviation n° 506). fut lancé le
gris Navy (Navy gray). À la même Le Fana de l’Aviation hors-série n° 5
On le voit, les dotations en ma- 26 juillet 1919. époque, par mesure de sécurité, “Dans les coursives de la victoire”.
tériel des flottilles opérationnelles
demeurent relativement faibles. Cela
s’explique par le fait qu’une grande
quantité de machines est saupoudrée
sur les nombreuses bases qui bordent
les côtes (Naval Air Stations d’Ana-
costia, de Lakehurst, de Pensacola,
etc.) Certaines, comme Pensacola,
disposent de plus de 130 avions de
tous types. Enfin, c’est également
à la Naval Air Station Lakehurst
qu’est stationné le second grand diri-
geable de l’US Navy, le Los Angeles.
L’année 1926 va être marquée
par d’autres changements dans
l’organisation de l’US Navy. Ainsi,
le nombre de flottilles de la Flotte
de bataille passera de six à neuf,
et celui des flottilles de reconnais-
sance de six à neuf également, et l’on
verra arriver les nouveaux chasseurs
Curtiss F6C.
B ases et entités diverses.
Derrière les unités de première
ligne existe une myriade de bases na-
vales, dépôts, centres de formation,
centres techniques… qui hébergent
parfois de nombreux appareils de
LOC
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XAVIER MÉAL
Keith Brunquist
aux commandes
de son Boeing
YL-15 “Scout”
dans les
environs de
Minneapolis,
en août
dernier.
37
BOEING YL-15 “SCOUT”
A
près la fin de la Deuxième bizarre petit “Scout” semblait-il trop morqué en vol par un autre aéronef
G u er re m o nd i a l e, peu orthodoxe pour être considéré si nécessaire, à des vitesses pouvant
Boeing eut un besoin comme un concurrent sérieux, scel- atteindre 265 km/h. Il pouvait égale-
urgent d’engranger des lant ainsi son destin dans un contexte ment être utilisé sur skis ou flotteurs.
commandes d’avions. où les réductions de budget dictaient L’emport d’un réservoir supplémen-
Avec la fi n du confl it était venue toutes les décisions ? Heureusement taire externe de 24 gallons (91 l) dou-
celle des très lucratifs contrats de pour le constructeur, de gros besoins blait son endurance de 250 milles
production des biplans d’entraîne- en avions à réaction se profilaient (463 km) à 500 milles (926 km). À
ment Stearman et des bombardiers à l’horizon pour les marchés mili- puissance réduite, il pouvait couvrir
lourds B-17 “Flying Fortress” et taires comme civils, domaine dans jusqu’à 1 100 km. Propulsé par un
B-29 “Superfortress”. Au plus fort lequel l’avionneur de Seattle était Lycoming O-290-AZ de 125 ch et
de la guerre, l’effectif de Boeing sûr de faire des affaires. La nou- une hélice à pas fi xe McCauley, sa
avait compté jusqu’à 26 000 em- velle force aérienne des États-Unis vitesse maximale était de 167 km/h,
ployés ; après la cessation des hos- avait déjà l’avion de bombardement et il était capable de décoller en 80 m
tilités, il avait été ramené
mené à moins et dde reconnais- d’un champ ou d’une route, et de
de 1 400. Ainsi, sance stratégique
sanc grimper sur une forte pente grâce à
quand au début B-47 “Stratojet”, ses volets Fowler.
de l’après-guerre et ppeu de temps
l’United States après allait naître
aprè Très moderne…
A rmy demanda le B Boeing 707,
aux constructeurs premier d’une
pre
trop moderne
d’avions des propo- longue lignée à
long Après la livraison des deux pre-
sitions pour un nou- succès… Boeing
succ miers prototypes XL-15 à Wright
vel avion léger d’ob- s’était
s’ét déjà im- Field en vue d’essais en 1948,
servation, Boeing posé
pos comme un dix autres YL-15 de préproduc-
sauta sur l’occa- constructeur
con de tion furent construits et fournis à
sion : le type 415, à gros
gro avions pen- l’US Army pour une évaluation
la fois disgracieux et dant
dan les années en service. Neuf furent envoyés
hautement révolu-- de guerre et, à Fort Bragg, en Caroline du
tionnaire, devint lee en définitive, la Nord, le dixième étant dépêché au
YL-15 “Scout”. Lee perte
pe du contrat Commandement du matériel aérien
premier vol du pre-- de construction (Air Materiel Command). Les deux
mier des deux pro-- du YL-15 n’est premiers prototypes différaient de
totypes XL-15 eutt plus
pl qu’une ces avions d’essai à plusieurs égards,
lieu le 13 juillet 19477 note
no de bas notamment par leur grande dérive
à Wichita, au Kansas, s, de
d page dans verticale unique. Les YL-15 avaient
et fut, à tous égards, s, l’histoire
l’ de reçu nombre d’améliorations parmi
un succès. Boeing ng l’entreprise.
l’e De lesquelles un moteur différent, une
pensait bien tenir avec ec fait,
fa le YL-15 surface alaire agrandie qui permit
cet avion un produit uit “Scout”
“ fut le d’accroître la charge emportée, et
gagnant. tout
t dernier une dérive verticale double. Si les
Des projets concur-
ur- B
avion
a à hélice YL-15 ne déméritèrent pas face à
W EEK OEING
rents furent soumis par A VIATION
En novembre construit par Boeing
Boeing… leurs concurrents, l’US Army décida
Aeronca, Cessna, North American et 1947, le Et quel avion ! Volets Fowler (1), finalement de ne pas en commander.
Piper, et en fin de compte, le Cessna magazine ailerons déflecteurs et poutre-queue Ce fut une réelle déception pour
type 305 – futur L-19/O-1 “Bird Aviation Week porteuse d’un empennage double Boeing qui avait investi beaucoup de
Dog” – remporta le contrat, et fit la consacra une inversé en font une machine tout à temps, d’argent et de ressources, non
carrière que l’on sait aux États-Unis et de ses pages fait unique. La poutre-queue haute seulement dans la conception – à par-
ailleurs dans le monde. À l’opposé du à vanter la permet à l’observateur installé dans tir d’une page blanche au contraire
Cessna de conception simple, Boeing polyvalence du la gondole, sur un siège pivotant, des concurrents qui avaient modifié
avait pourtant intégré dans son nouveau YL-15. d’avoir une vue complètement dé- des avions déjà existants – mais aussi
YL-15 de nombreuses innovations gagée vers le bas, à 360°, au travers dans l’outillage pour la construction
aéronautiques, ce qui en faisait une de grandes fenêtres panoramiques. des prototypes. Dès le départ, pour
machine tout sauf conventionnelle. Le “Scout” pouvait être “replié” le rendre attrayant, le “Scout” avait
Les avions d’Aeronca et Piper étaient en un ensemble compact facile à été proposé à un prix très bas par
des versions à peine modernisées de remorquer derrière une jeep ou un unité, qui laisse penser que le retour
leurs L-3 et L-4 de la guerre et furent camion léger jusqu’à 65 km/h ou sur investissement ne semblait même
finalement produits de façon limitée chargé dans la benne d’un camion. pas avoir été pris en compte par
sous les désignations respectives L-16 Une équipe de six personnes pouvait Boeing. S’il avait bien été imaginé de
et L-21. North American avait adopté le démonter et le préparer pour être commercialiser un modèle civil, cela
une approche différente, quoique tout transporté en 39 minutes et le réas- ne fut jamais le cas. Les 12 exem-
aussi dénuée de risques, en adaptant sembler prêt à voler en moins d’une plaires d’YL-15 construits furent la
un type déjà en production, son qua- heure. Il pouvait également être re- seule production. Heureusement, les
driplace “Navion” qui fut produit capacités et l’utilité “Scout” furent
avec des cocardes sous la désignation reconnues “ailleurs” et, au lieu d’être
L-17. La seule entreprise qui ne reçut (1) Le volet Fowler combine une ferraillés, les YL-15 furent adoptés
aucune commande au-delà des 12 translation et une rotation : dans un par le Fish and Wildlife Service,
premier temps il recule pour augmenter
prototypes et avions d’évaluation de la surface alaire puis il se cabre vers le l’administration des eaux et forêts
préproduction fut Boeing. Peut-être le bas pour augmenter la courbure. des États-Unis.
38
Utilisé pour patrouiller les vastes
étendues sauvages et fluviales de
l’Alaska, le “Scout” fut un outil des
plus efficaces pour l’agence gouver-
nementale en matière de contrôle
de la faune, de gestion de l’habitat et
d’application de la loi. Utilisés seu-
lement quelques années, ils offrirent
un service de qualité dans des condi-
tions d’exploitation difficiles. Leur
courte durée de service ne fut pas
due à des défauts mais à la décision de
normaliser les équipements. Après
avoir été mis à la retraite, plusieurs
trouvèrent des acquéreurs civils pri-
vés, principalement en Alaska, où ils
servirent comme avions de brousse.
Leur capacité à être mis en œuvre sur
skis ou sur flotteurs et leurs perfor-
mances exceptionnelles de décollage
VIA KEITH BRUNQUIST
et d’atterrissage courts les rendaient Le YL-15 des
particulièrement attrayants pour les Brunquist à qui n’avait alors que 400 heures de voir supplémentaire. “Papa a pris un
pilotes en quête d’un aéronef pou- Lake Hood vol. “Cet engin n’avait que cinq ans, bidon d’huile de 30 gallons [113,5 l] et
vant être utilisé toute l’année dans les en 1989… Boeing avait reçu un peu plus de l’a transformé en réservoir d’essence
divers rôles exigeants qu’impose la Il ne vole 90 000 dollars pour chaque exem- qu’il a installé sur le siège arrière. Il
vie quotidienne dans le Grand Nord. plus depuis plaire, et mon père en a obtenu un était raccordé à une pompe à main ou
Il y a quelques mois, l’un de ces quelques pour 800 dollars !, s’esclaffe Keith une pompe électrique, je ne sais plus
rares petits Boeing a repris les airs à années déjà. Brunquist. Pour une raison quel- trop, avec sa propre valve de contrôle.
Wasilla, en Alaska. Keith Brunquist conque, l’avion avait quitté l’Alaska Comme un clin d’œil à papa, j’ai réins-
l’a restauré sur une période de et était à Pierre, dans le Dakota du tallé cette valve pendant la restauration.
13 ans – une pure œuvre d’amour. Sud. Mon père l’a donc transporté La plus longue étape a duré 3 heures et
L’association étroite de sa famille de Pierre jusqu’à Hood River, dans 20 minutes, ce qui est plus que ce qu’il
avec cet avion remonte à son utilisa- l’Oregon, d’où il était originaire – il aurait pu faire sur les seuls réservoirs
tion par le Fish and Wildlife Service. était de Parkdale et ma mère d’Odell. d’aile. J’ai encore ses plans de vol pour
Le père de Keith Brunquist, Norman, Puis il s’est envolé pour Renton, dans chaque étape et tout, c’est cool de les
y travaillait alors comme mécanicien. l’État de Washington. Papa avait ressortir de temps en temps.” Et c’est
“Ils l’utilisaient pour chasser les travaillé là-bas pour Boeing avant ainsi que le Boeing YL-15 “Scout”
méchants, les braconniers et autres d’être licencié et d’aller travailler matricule 47-0432 devint l’avion de la
malfaisants du même genre, raconte pour le Wildlife Service en Alaska. famille Brunquist.
Keith Brunquist. Je ne sais pas pour- En avril 1954, Il lui a fallu environ deux semaines Bien qu’il ne volât que spora-
quoi, mais mon père n’était pas un le YL-15 et 50 heures de vol pour rentrer à la diquement, le petit Boeing eut un
pilote à leurs yeux, pourtant il l’était immatriculé maison en Alaska.” énorme succès auprès des Brunquist.
bel et bien et, ayant travaillé dessus, il N783 posé dans “Papa l’adorait, et j’adorais vraiment
a réussi à voler avec de temps à autre la réserve de
Minto Flats, à
L’avion de la famille voler dedans quand j’étais gamin.
puis il est tombé amoureux.” Quand Son boulot de mécanicien avion ne
ils ont été mis en vente comme sur- 50 km à l’ouest Brunquist payait pas beaucoup. Je me souviens,
de Fairbanks
plus, Norman Brunquist soumit une Norman Brunquist dut faire chaque année il achetait un bidon
lors d’une
offre qui lui permit de devenir pro- preuve d’ingéniosité pour allonger de 55 gallons (208 l) de carburant et
mission
priétaire en février 1954 du matri- l’autonomie de son “Scout”, car il ne on devait faire avec jusqu’à l’année
d’arrestation de
cule 47-0432, immatriculé N4770C, contrevenants.
lui avait pas été livré avec un réser- suivante. À raison de 7-8 gallons à
l’heure (26,5-30 l/h), cela ne faisait
pas beaucoup d’heures de vol par
an. La rareté des vols due au bud-
get limité impliquait que le choix de
celui ou celle qui faisait un tour devait
être fait de manière raisonnablement
équitable. Avec trois garçons qui vou-
laient tous y aller, maman n’a presque
jamais pu voler dedans avec papa. Il
nous faisait tirer à la courte paille. J’ai
souvent gagné – je ne sais pas com-
ment cela se faisait.” Pour ramener
un peu d’argent supplémentaire à la
maison et faire voler le petit Boeing,
Brunquist père lança une nouvelle
station-service “automatique” au
service des aviateurs locaux. “Il ins-
talla une pompe en libre-service dans
notre cour. Il n’y avait pas de paiement
▲
39
BOEING YL-15 “SCOUT”
XAVIER MÉAL
40
VIA KEITH BRUNQUIST VIA KEITH BRUNQUIST
Ci-dessus, Joe
vers la droite, car il se tient avec la Pribilo devant Le lien affectif très fort de Keith À lire ces histoires, on comprend
main droite, bien qu’il eût deux le YL-15 qu’il Brunquist avec l’avion de son père facilement que lien qui unit Keith
autres manches en stock – celui pilota est non seulement lié aux souvenirs Brunquist à son YL-15 est quasi
resté en place est le “manche de au sein de de vols pendant ces jours difficiles charnel. L’anecdote de l’obtention
papa”, tout comme le siège pilote. la Space fi nancièrement – mais heureux –, du certificat de type pour le Boeing
“Quand j’ai attaqué la restauration, Electronics mais également à celui d’une ter- “Scout” est tout aussi savoureuse :
j’ai vu qu’il y avait six belles et pro- Corp. de rible nuit de blizzard qui aurait pu “Je dispose du certificat de type
fondes rayures sur le dossier du siège. Glendale, faire disparaître le petit “Scout” d’aéronef restreint à notre nom – et
Quand j’ai voulu installer un siège en Californie, corps et biens. “Pendant des années, oui ! Juste après que papa a acheté
“neuf d’époque”, les trous des mon- qui l’utilisa papa l’a garé devant les bureaux du la “bête” en 1954, il a écrit une lettre
tants ne correspondaient pas… Je me comme banc Fish and Wildlife Service, et l’avion à la Civil Aviation Administration,
suis alors rappelé mes vols d’enfance. d’essai volant. faisait toujours face au vent à cause qui disait “Cette chose vole un peu
On avait tous des petits équipements En haut à de ses élevons. À cause de cela, ils comme un “Super Cub”, puis-je
fabriqués pour la guerre de Corée, droite, Keith l’avaient surnommé le “tétraèdre”. avoir le certificat de type ?” J’ai la
comme cette armature en bois avec Brunquist Une fois, je me souviens, quand lettre avec leur réponse qui dit, “Oui,
des bretelles, sur laquelle on pouvait quand il a acheté j’étais tout gamin – nous avions d’accord.” et ils lui ont délivré le cer-
attacher un sac, grâce à six crochets El Burrito au alors une Chevrolet de 1953 qui tifi cat de type numéro 16 pour cet
– trois de chaque côté. Papa trouvait début des nous servait à tout, transformée avec avion… prototype !”
ce truc bien pratique pour porter la années 1970. un plateau qui lui donnait un air de Puis vint le temps où les Brunquist
viande d’orignal, et comme l’espace porte-avions –, le blizzard s’est mis cessèrent de faire voler l’avion fami-
était limité dans le “Scout”, il por- N’ayant pu à souffler. Au milieu de la nuit, papa lial, qui resta avec eux mais exposé
tait souvent ce truc sur le dos quand trouver de et maman nous ont réveillés ; tous aux éléments. Malgré tous les efforts
il volait en automne à la recherche réservoir les cinq nous sommes allés là-bas et de Mère Nature pour le détruire,
supplémentaire
de grands animaux, et les crochets mes parents ont démonté les élevons le “Scout” résista au temps. Keith
d’origine, Keith
avaient fini par laisser de sérieuses au beau milieu de cet ouragan… Je Brunquist tenta pendant de nom-
Brunquist en a
marques. Je me suis alors dit : “Pas ne sais pas comment ils y sont par- breuses années de décider son père
fabriqué
grave, je vais juste le repeindre et le venus dans ces conditions, mais je à le restaurer. Une tentative avortée,
un très
réinstaller tel quel !” m’en souviens.” en 1970, quand Keith Brunquist était
▲
ressemblant.
BOEING YL-15 “SCOUT”
encore adolescent, fit sans doute plus le rendant très difficile à enlever. J’ai le carburateur. Il n’a utilisé que les
de mal que de bien. “J’ai démonté demandé autour de moi si quelqu’un pièces d’origine, car par chance le
quelques-uns des vitrages, pour es- connaissait une solution pour l’enle- moteur était encore en très bon état.
sayer de faire avancer ver en toute sécurité et on m’a
m suggéré Mike m’a même laissé l’aider quatre
les choses, et mon isopropylique à
d’utiliser de l’alcool isoprop samedis d’affilée pour le démontage.
père m’a laissé faire.” 99 %. Ça a marché comme comm sur des J’ai aussi sablé les cylindres et les
Cela ne fit que per- roulettes. Qui l’eût cr cru ? Mais ai peints. J’ai appris plein de trucs
mettre l’intrusion de j’y ai quand mêmmême passé avec lui. John Biornstad, de Fish
saletés en tous genres des heures et e utilisé Creek Airmotive, a fait ma généra-
dans le fuselage de paquets de
des paq trice et mon démarreur, Dominion
l’avion, causant plus serviettes en
serv Propeller à Anchorage a révisé et
tard des problèmes micro- équilibré l’hélice.”
de corrosion. “24 ans fibres… Déterminé à produire une res-
d’accumulation de L e s tauration aussi précise et détaillée
neige et de tout le vitrages que possible, Keith Brunquist s’est
reste là-dedans a fini en sont appliqué à reproduire tous les mar-
par corroder le fond sortis très
so quages d’époque, jusqu’au plus petit,
du fuselage. Il y avait propres. d’instruction de service. Il a dû pour
aussi 5 cm d’épais- J ’é t a i s cela faire reproduire certains décals
seur de moustiques et é m e r - La porte et pochoirs. Il a seulement transigé
mouches mortes au veillé.”
ve “neuve en recouvrant son avion d’une pein-
bas du pare-brise.” U n e d’époque” ture “alu nu” plutôt que de laisser le
Étonnamment, après autre
au cica- avec son papier métal vraiment nu, pour un meilleur
toutes ces années trice
tr du de protection vieillissement de la structure. Avant
passées à l’air libre, K BEITH RUNQUIST
temps
te où sur le Plexiglas. de le peindre, il a pris le soin de re-
les tôles du fond de so
son père tracer tous les marquages de service
l’avion furent les seules à devoir être faisait voler le “Scout” est apparue d’origine, dont les images fantômes
remplacées lorsque Keith Brunquist de façon inattendue au démontage. étaient encore visibles, comme gra-
entreprit de restaurer pour de bon le “Je n’ai jamais entendu papa parler de vées dans les tôles. “On pouvait voir
YL-15 de son père : “En fait, le fond cette histoire et je sais qu’il n’en aurait où chaque chose se trouvait. Même
était gravement corrodé, et cette zone pas été fier, mais à un certain moment, sur l’aile gauche, juste à côté de la
était constituée de tôles d’aluminium il a fait un cheval de bois. Je ne l’avais fenêtre, là où se trouve la trousse de
assez mince, du 20/1000. Il y avait jamais su.” Keith Brunquist s’en est premiers soins, il y avait une petite
également quelques dommages struc- aperçu en découvrant des marques croix rouge sur l’aile. Les contours
turels et des plissements du fait qu’il de raclage et des pièces qui avaient des cocardes étaient aussi toujours
avait été sur flotteurs. J’ai démonté été courbées ou bosselées pendant bien visibles ; le Fish and Wildlife
toutes les tôles en dessous du niveau l’incident. “Il a plié le saumon de Très moderne Service les a enlevées, mais on pou-
du plancher et les ai remplacées par l’aile gauche, et l’une des charnières pour son vait encore les voir, tout comme le
des neuves, un peu plus épaisses, à de l’aileron de l’aile était aussi un peu époque, le code LE 432 peint sur les poutres.
YL-15 était
l’exception des tôles aux formes très déviée. On pouvait voir des marques Papa avait peint l’immatriculation en
doté d’une
complexes de l’arrière – une chance là où il avait essayé de la redresser caractères de 12 pouces en utilisant
aile équipée
qu’elles n’aient pas été corrodées, avec une pince ou quelque chose. J’ai du orange DayGlo au même endroit,
de déflecteurs
parce que je n’avais pas de roue an- également trouvé un stabilisateur ver- et de volets
mais heureusement, il n’a pas effacé
glaise pour les recréer…” Pour le reste tical pas d’origine sur le côté gauche, Fowler. ce qui était en dessous. Cependant,
du fuselage, seules quelques répara- et il y avait une réparation sur le bord
tions mineures furent nécessaires. de fuite du gouvernail gauche et des
“Parce que c’était l’aluminium ano- rayures sur le petit cabochon du gou-
disé et zinc chromaté, les problèmes vernail qui contient le contrepoids.”
de corrosion ont été limités à quelques Des preuves sans appel d’un événe-
endroits.” Il put également réutiliser ment à jamais passé sous silence !
tous les instruments d’origine, après “Je comprends mieux pourquoi il se
les avoir fait réviser. plaignait souvent des horribles freins,
et du “shimy” [tressaillement] de la
Où Keith découvre roulette de queue… !” Après avoir
fait discrètement disparaître les traces
un “exploit” tenu secret de sa mésaventure, le père Brunquist
Le stock de pièces de rechange opta pour la solution la plus simple
se révéla des plus utiles au moment afin que l’incident ne se reproduise
de remplacer les vitrages qu’il avait plus : “Nous vivions sur les rives du
lui-même enlevés… de nombreuses lac Spenard, alors pourquoi pas ? Il
années auparavant. “Je n’ai eu à faire a mis le YL-15 sur flotteurs et ne les a
que le Plexiglas plat pour les toutes plus jamais enlevés ! Plus de problème
petites fenêtres qui sont juste devant de vent de travers, problème résolu !”
les portes arrière, et j’ai dû réaliser Le moteur du Scout a été révisé
une des fenêtres de la porte arrière par “Mad Mike” à Wasilla. “Mike
incurvée ; pour le reste j’ai puisé dans Patterson, “Mad Mike” [Mike le fou.
mon stock de “neuf d’époque”. Mais NDLR]… faut surtout pas l’éner-
au fil des ans, le papier de protection ver ! Il a fait un travail fabuleux sur
s’était pour ainsi dire soudé aux vitres, le moteur, a refait les magnétos et
XAVIER MÉAL
42
cela n’a pas été facile d’enlever ce Keith Brunquist
DayGlo…” Le résultat final est un ajuste le
avion très propre, qui semble sortir montage
de la chaîne d’assemblage de Boeing. du bâti moteur.
Dans son petit atelier de 6 x 7 m
à Wasilla, la restauration a nécessité
13 ans de travail plutôt continu. “Mon
épouse, Kathy, et moi-même sommes
mariés depuis 43 années, et pendant
30 d’entre elles, j’ai passé beaucoup
de temps sur mes avions – 13 ans sur
celui-ci et 17 sur le Luscombe que j’ai
restauré auparavant.” Si les avions
ont plutôt la réputation de briser les
couples, ce n’est pas le cas de celui-ci.
Kathy a aidé Keith tout au long de la
restauration, toujours prête à se salir
les mains. “J’ai acheté mon premier
YL-15 avant de rencontrer Kathy en
1972. Elle a entendu mes histoires
sur le Boeing depuis le premier jour
où nous nous sommes rencontrés.
Pourtant, elle a toujours soutenu mes
efforts, depuis le début. Elle était tou-
jours prête à écouter mes histoires sur
la façon dont les choses progressaient
– mais aussi me nourrir et prendre
soin de notre fils et de la maison.
Au cours des dernières étapes de la
restauration, elle a participé au net-
toyage et au décapage de la plupart
VIA KEITH BRUNQUIST
des pièces principales de la cellule. VIA KEITH BRUNQUIST
Toute
m’a jamais demandé un centime, et il Brésil, volant à partir de minuscules ou 35° – plein volets. Il y a une petite
l’étrangeté du
m’a vraiment beaucoup aidé.” pistes de 100 m aux commandes de plaque dans le poste de pilotage pour YL-15 réside
Quand vint le moment de faire Piper “Cub”, il a survécu à trois leur position de décollage. Je les ai dans sa moitié
voler pour la première fois le YL-15 pannes moteur. Il a également volé abaissés à 25°. Si vous regardez les arrière, avec
restauré, Keith Brunquist n’hésita sur Boeing 747…” Brian Porterfield vidéos qui ont été prises des décol- sa gondole
pas un instant pour choisir le pilote. est un ancien de Republic Airlines lages, la queue saute soudainement vitrée sous
Non seulement ce vol permettrait et de Northwest Airlines, sur 727, au-dessus de l’aile et elle vole bien la base de sa
à Brian Porterfield de réaliser une DC-9, et 747. Les premiers vols se au-dessus du souffle de l’aile, donc poutre-queue
très vieille ambition, mais surtout sa déroulèrent sans incident, et Keith elle n’est pas masquée. S’il a des porteuse d’un
vaste expérience pourrait être des Brunquist se lança à son tour. “C’est super qualités de décollage et atter- empennage
plus utiles en cas d’urgence. Keith un avion intéressant à piloter. Le ma- rissage courts, en revanche il ne vous bidérive
Brunquist, bien que pilote privé nuel dit de laisser les volets à 0°, gar- emmène pas très vite là où vous vou- inversé.
très compétent, qualifié hydravion, der l’avion trois points et de mettre lez aller ! J’ai essayé de voler avec un
était très conscient que son niveau les gaz à fond pour obtenir la vitesse groupe d’autres avions de liaison
d’expérience n’était pas suffisant voulue. Il décolle vers 25-30 mph sur la dernière étape pour me rendre
pour effectuer lui-même ce pre- [40-50 km/h]. Puis, quand vous met- à Oshkosh l’été dernier, et même si
mier vol. “Je n’ai pas l’expérience tez les volets en position décollage, j’avais été le plus rapide à décoller, ils
de Brian. Il a quelque chose comme il saute d’un coup d’une centaine de m’ont tous dépassé”, raconte Keith
30 000 heures, a travaillé pendant pieds en l’air – boum, c’est parti ! On Brunquist en riant. À Oshkosh, lors
des années comme missionnaire au peut abaisser les volets de 20, 25, 30 du grand rassemblement annuel
44
47-0431 que j’ai vendu à Pat Harker a
été très endommagé, et l’histoire que
j’ai entendue de la bouche de mon
père est qu’il a atterri sur une vache !
Ses ailes ont plus tard servi sur un
avion de construction amateur.”
Pat Harker, qui fait voler un B-25
et un Grumman “Albatross” depuis
sa base d’Anoka, un peu au nord de
Minneapolis, dans le Minnesota,
possède quatre épaves de “Scout” et
a confié à la société American Aero
Services, de New Smyrna Beach, en
Floride, leur restauration en état de
vol – trois devraient reprendre les
airs. Après avoir été vendus comme
surplus par le Fish and Wildlife
Service, quelques “Scout” se sont
retrouvés très loin de l’Alaska. L’un,
matricule 47-0425, est devenu connu
sous le nom El Burrito et a été uti-
lisé comme banc d’essai volant par
la Space Electronics Corporation de
Glendale, en Californie, sous l’imma-
triculation N244PA. Et par un de ces
hasards dont seule la vie a le secret,
“quand j’ai vendu mon Luscombe 8F
à un gars nommé Joe Pribilo de la
région de San Diego, je me suis re-
trouvé un jour à lui parler – je ne sais
pas trop pourquoi – du El Burrito
et il m’a dit : “J’ai piloté cet avion !”
Je ne pouvais le croire… mais il m’a
envoyé des photos ! Il a fini avec
mon Luscombe, et j’ai fini avec son
Boeing. El Burrito est un des deux
YL-15 que j’ai vendu à Pat Harker en
1999, et le nom est encore bien visible
sur le capot. Un autre “Scout” survi-
vant, matricule 47-0429, ex-N4210A,
a été restauré et est exposé au musée
de l’Aviation de l’US Army à Fort
Rucker, en Alabama.”
Lui trouver
une bonne maison
Maintenant que Keith Brunquist
XAVIER MÉAL a mené à bien la mission qu’il s’était
AirVenture 2017 de l’Experimental où et quand… Est-ce arrivé quand ils fixée de restaurer le “Scout” de son
Aircraft Association, les efforts de étaient militaires ? Quand ils étaient père, il aimerait lui trouver une bonne
Keith, Kathy, Brian et des quelques en service avec le Fish and Wildlife maison d’accueil. Bien que ce soit un
autres qui ont prêté main-forte ont Service ? Je ne sais pas. Je pense très bon appareil qui suscite beau-
été récompensés par le trophée de que certains ont dû être accidentés coup d’intérêt partout où il passe, ce
Grand Champion-Après Deuxième ou détruits d’une façon ou d’une n’est pas vraiment un avion pratique.
Guerre mondiale. autre, ou été démontés pour servir Il l’a donc mis en vente. Mais aime-
Le Boeing YL-15 ayant été pro- de réserve de pièces. D’après ce que rait ardemment qu’il atterrisse dans
duit en si petit nombre et étant si j’ai pu lire, la plupart des 12 “Scout” une collection qui l’appréciera pour
peu connu, on pourrait penser que se sont retrouvés à Anchorage avec le ce qu’il est et, espère-t-il, continuera
l’exemplaire de Keith Brunquist est Fish and Wildlife Service. Je ne suis à le faire voler. “C’est une machine
l’unique survivant. Ce n’est pas le pas sûr que ce soit vrai, car je pense si rare, je ne veux qu’il finisse à
cas, affirme le collectionneur qui sait que quelques-uns pourraient avoir prendre la poussière dans un mu-
tout de ceux qui existent encore. “J’ai été radiés pendant leur phase de test. sée. C’est un avion important – un
perdu la trace de cinq d’entre eux, et je À ce jour, j’ai pu retracer les destins avion pivot, je pense –, une chose si
n’ai jamais réussi à trouver quelqu’un de sept d’entre eux.” Les histoires étrange conçue à partir d’une feuille
pour effectuer dans les archives de de certains de ces avions sont fasci- vierge. C’est le dernier avion à mo-
la Federal Aviation Administration nantes, et Keith Brunquist connaît teur à pistons conçu et construit par
les recherches adéquates pour savoir beaucoup de détails, appris durant Boeing… tellement impressionnant
s’ils ont été détruits, et si c’est le cas ses recherches. “Le numéro de série et amusant à piloter ! ” ■
45
HISTOIRE
L’aviation en 1918 - Épisode 1
Hanriot HD 1 :
nul n’est prophète
en son pays
Éclipsé par la dynastie des chasseurs Nieuport
et des Spad, le Hanriot HD 1 est un des avions
de chasse français notables de la Première Guerre
mondiale, qui servit avec les ailes décorées
de différents types de cocardes… sauf de celles
de l’aéronautique militaire française. Par David Méchin
L
’histoire de ce chasseur hangar de Châlons où se monte un
commence avec celle de atelier artisanal. Le premier appareil
René Hanriot (1867-1925), de la firme, le monoplan type I, est
un riche négociant de Reims construit dans les mois suivants et
passionné de mécanique, se retrouve exposé au premier Salon
qui participe à plusieurs manifes- aéronautique de Paris.
tations puis courses automobiles de
la Belle Époque, dès l’année 1902. Une centaine d’avions
Comme tous les sportifs fondus de
mécanique, il se passionne égale-
pour des clients privés
ment pour l’aviation naissante et Quand l’Aéro-Club de France
commande pour son usage person- instaure les brevets de pilote, un
nel un monoplan Antoinette en mai des tout premiers diplômes décernés
1908. Il se décide alors à se lancer (n° 95) ira le 10 juin 1910 à Hanriot…
dans la construction aéronautique Marcel, son fils, qui a appris à piloter
et il fonde en février 1909 la Société sur l’appareil construit par son père
anonyme des appareils d’aviation et qui, à tout juste 16 ans, est célébré
Hanriot qui s’installe dans un petit par la presse de l’époque comme le
▲
Les Hanriot
père et fils sur
un monoplan
Hanriot type I,
en 1911.
À gauche Marcel
qui, en 1910,
est le plus jeune
pilote breveté
d’Europe.
À droite René,
qui fonde sa
première société
de construction
aéronautique en
février 1909.
DR PAOLO VARRIALE
46
L’as Flaminio Avet (huit victoires),
commandant en second de la 70a Squadriglia,
sur son Hanriot n° 11411 au printemps 1918.
À noter la présence de petites cocardes sur
l’aile supérieure qui sont en fait du calfeutrage
d’impacts de balles.
47
LE HANRIOT HD 1
Son équipier
sont produits pour des clients pri-
Oreste Codeghini Hanriot HD 1 de l’as Mario Fucini de la
vés venant de toute l’Europe qui
atterrit à côté 78a Squadriglia, qui tient la comptabilité
les exhibent dans divers meetings. de son tableau de chasse sur son
de lui avec
Quelques commandes publiques son Hanriot, appareil décoré de 12 crânes.
sont également enregistrées, venant met en fuite
de Russie et de la toute jeune aéro- un gendarme
nautique militaire qui commande autrichien et
plusieurs dizaines d’exemplaires du redécolle avec
type IV, un monoplan biplace. son ami accroché
Malheureusement, la société à ses épaules
subit de sérieux revers en 1912 et pour revenir à sa
le contrôle en est pris par Alfred base !
Ponnier, un ancien élève de l’école de
pilotage de Bétheny, devenu associé,
et qui continue l’exploitation sous son
propre nom. La famille Hanriot se re-
convertit dès lors à Paris dans la vente
d’automobiles. C’est la déclaration
PAOLO VARRIALE
de guerre qui va permettre à René
Hanriot d’entrer de nouveau dans la la nouvelle société de René Hanriot Écrasé par le poids de l’aéronautique
construction aéronautique puisqu’il Des Hanriot n’a aucun succès sur le marché aéro- militaire qui a déjà réservé toutes les
fonde en 1915 une nouvelle affaire, HD 1 de la nautique pourtant foisonnant en cette capacités productives des principaux
la Société Hanriot et compagnie qui 78a Squadriglia période de guerre. L’ingénieur en constructeurs d’avions, son service
installe son atelier à Levallois-Perret à San Luca en chef de la firme, M. Pierre Dupont, de l’aviation maritime va se rabattre
puis à Billancourt. Marcel Hanriot ne 1918. Certains conçoit au début de 1916 le premier sur la société Hanriot quelque peu
tarde pas d’y rejoindre son père à la appareils appareil de la société, un bimoteur désœuvrée et lui passer commande
fin de l’année 1916 en s’y faisant affec- portent les mû par deux moteurs Renault dont le 2 août 1916 de sept Sopwith
ter comme chef pilote, après avoir été trois couleurs on sait peu de chose si ce n’est qu’il “Baby”, petit hydravion biplan mo-
mobilisé en 1914 comme aviateur au italiennes s’avère être un échec et ne décroche noplace à flotteurs de conception
sous leur aile
camp retranché de Paris, puis en 1915 aucune commande publique. britannique, dont 10 autres exem-
inférieure,
comme moniteur à l’école de pilo- C’est une commande de la ma- plaires seront commandés par un
d’autres
tage d’Avord. Bien que bénéficiant rine nationale qui va commencer avenant en date du 13 septembre. La
sous leur aile
de l’aura de son passé de pionnier, supérieure.
à sortir de l’eau la société Hanriot. bonne nouvelle est vite rejointe par
PAOLO VARRIALE
48
fera entrer dans l’histoire de l’aéro-
nautique. Comme l’a révélé l’histo-
rien Grégori Alegi, l’impulsion est
donnée par l’attaché de la mission
militaire de l’aéronautique italienne,
le capitano Ermanno Beltrano. En
DAVID MÉ
CHIN 1915, il est pilote de reconnaissance
sur Farman sur le front italien et peut
recueillir les témoignages des pilotes
de chasse transalpins qui volent sur
Hanriot HD 1 n° 7540 de la 85a Squadriglia sur le front les premiers Nieuport. Ils pointent
albanais, piloté par le sergente Cesare Migliarina les défauts de l’appareil, notamment
qui a peint sur le fuselage le prénom de sa fiancée, la fragilité de ses ailes et l’insuffi-
une bouteille de chianti et un verre de vin ! sance de son armement fixé sur l’aile
supérieure. Au mois de mars 1916,
Beltrano est présent en France et à
l’automne il rencontre René Hanriot
dont il a décrit la première entrevue
dans sa correspondance :
“De ma propre initiative j’ai
demandé à M. Hanriot s’il était dis-
DAVID MÉ
CHIN
posé à construire, sans obligation,
un chasseur monoplace en suivant
les directives que j’allais suggérer,
afin de créer un appareil supérieur
au Nieuport et adapté à nos be-
Hanriot HD 1 du meilleur chasseur sur cet appareil, soins en chasseur pour notre front.
le tenente Silvio Scaroni (26 victoires) de la M. Hanriot a accepté avec enthou-
76a Squadriglia. L’appareil de Scaroni, de fabrication siasme mes spécifications :
italienne, est décrit comme de teinte jaune pale. – demande principale : un appa-
reil armé d’une mitrailleuse Vickers
alimentée par bande ;
– motorisé par un Gnome et
Rhône de 120 ch ;
une autre : l’aéronautique militaire biplaces, portée le 29 janvier à 185 – deux heures d’autonomie ;
passe le 9 août 1916 une commande exemplaires, puis plusieurs fois – vitesse ascensionnelle et mania-
de 50 biplaces Sopwith 1½ “Strutter” augmentée. Hanriot, en produisant bilité en altitude supérieure à celles
dont la construction sous licence au total près de 800 exemplaires de des Nieuport.”
en France est à ce moment lancée l’appareil, deviendra ainsi un grand L’ingénieur Pierre Dupont se
à grande échelle entre plusieurs constructeur. met aussitôt au travail et va sortir
constructeurs. de sa planche à dessin ce qui sera
Il reste que la société Hanriot L’émissaire sans doute le meilleur chasseur à
vivote en 1916 en restant à un stade moteur rotatif de la Première Guerre
relativement artisanal. Ce n’est qu’au
transalpin mondiale, qui prend le nom de HD 1
mois de janvier 1917 que ses ateliers C’est toutefois dans la période (Hanriot Dupont). Le trait le plus ca-
se développent significativement des vaches maigres, vers la fin de ractéristique du biplan est la disposi-
quand l’État passe commande d’une l’année 1916, que la société Hanriot tion de son aile supérieure, en forme
nouvelle tranche de 80 Sopwith et Cie va concevoir l’appareil qui la de V, permettant ainsi une meilleure
▲
DAVID M
ÉCHIN
49
LE HANRIOT HD 1
51
LE HANRIOT HD 1
LUCIEN MORAREAU
Trois Hanriot
le-feu est décrété le 31 octobre et HD 2 hissés du système d’homologation. Le tus dont trois durant la bataille d’Is-
l’armistice suit le 3 novembre. À ce sur le quai fait est que ces succès ont été obte- trana, toutes à bord de son HD 1. 26
moment, les Hanriot équipent neuf du Centre nus au prix de pertes très légères : lui seront officiellement confirmées
des 14 Squadriglie de chasse du front d’aviation seulement sept Hanriot HD 1 ont par la commission d’homologation
italien (trois volent sur Spad et deux maritime de été perdus au combat, dont quatre réunie après la guerre.
sur Nieuport), représentant 70 % Dunkerque en durant la bataille de la Piave en juin
des quelque 341 chasseurs alors en 1918. 1918 et le dernier durant l’offensive Dans l’aviation
ligne. Faute de documents exhaus- de Vittorio Venetto.
tifs dans les archives italiennes, Si l’élite des chasseurs italiens
belge
on ne peut qu’estimer la participa- volait sur Spad, dont le célèbre Le second utilisateur du Hanriot
tion des Hanriot dans la victoire Francesco Baracca, nombre d’autres HD 1 est l’armée belge, qui défend
aérienne des forces italiennes qui as moins connus mais bien plus nom- le dernier lambeau de territoire
se sont vues officiellement homo- breux ont obtenu l’essentiel de leurs national non envahi par les troupes
loguer 209 succès durant l’année victoires sur le Hanriot HD 1. Le allemandes et délimité par les villes
1918. Sans doute un peu plus de Tenente Silvio Scaroni, futur géné- de Nieuport et d’Ypres. Son avia-
la moitié sont dues à des Hanriot, ral durant la Deuxième Guerre mon- tion militaire est des plus réduites,
sachant que la plupart des victoires diale, se révèle comme le meilleur composée de six escadrilles, dont
italiennes se vérifient par des pertes d’entre eux en revendiquant pas deux de chasse (les n° 1 et 5).
autrichiennes du fait de la rigueur moins de 30 appareils ennemis abat- L’approvisionnement en matériel
LUCIEN MORAREAU
52
Décollage réussi
pour ce Hanriot
HD 2 transformé
en appareil
terrestre, piloté
par le lieutenant
de vaisseau Paul
Teste, et qui
s’envole à partir
d’une plateforme
installée sur
les canons du
cuirassé Paris
fin 1918.
LUCIEN MORAREAU
moderne est des plus probléma- Willy Coppens qui se retrouve avec A u mois de mars, l’aviation
tiques et le gouvernement belge en la nouvelle monture ; il l’essaye et belge monte en puissance et passe
exil en France est condamné à com- aussitôt convaint ses camarades de à 10 escadrilles, incluant un groupe En 1920,
mander ce qu’il peut trouver auprès leur erreur de jugement : l’avion est de chasse de trois escadrilles sur deux HD 2
des rares constructeurs disponibles. solide, maniable et offre une excel- l’aérodrome des Moëres, dirigé de l’aviation
C’est probablement cette raison qui lente visibilité de son poste de pilo- par le capitaine Ferdinand Jacquet. maritime (1
le pousse à effectuer une commande tage. Les pilotes de la 1re Escadrille, L’ex-1 re Escadrille, décorée du et 2), décorés
de 20 HD 1 à la société Hanriot au qui adoptent à cette époque un char- chardon, devient la 9e Escadrille ; de l’insigne
mois de juin 1917, commande portée don pour insigne, vont donc sans l’ex-5 e, décorée d’une comète et de l’Aviation
peu après à 79 exemplaires. difficulté se convertir sur le nou- volant sur Spad, devient la 10 e, tan- d’escadre
Le premier d’entre eux est livré veau chasseur au gré des livraisons, dis que se créer une 11e Escadrille destinée à
le 22 août 1917 à la 1re Escadrille la transformation étant effective dont le symbole est une cocotte servir sur le
de chasse basée sur le terrain au mois d’octobre 1917. Les Belges en papier. Les pilotes de cette futur porte-
des Moëres. Le lieutenant Jean testent l’appareil avec un montage 11e Escadrille vont recevoir des avions Béarn.
Olieslagers, célèbre pilote d’avant- expérimental de deux mitrailleuses, Hanriot HD 1 ainsi que des Au second
guerre, se le voit confier et, méfiant, mais devant la baisse de perfor- Sopwith “Camel” à la motorisation plan quatre
Breguet 14,
préfère garder son Nieuport 23. mance – l’avion perd entre 200 et identique. Les pilotes belges vont
également
D’autres pilotes ont la même réac- 400 m de plafond –, l’expérience généralement délaisser le “Camel”
de l’aviation
tion que lui et c’est le jeune adjudant n’est pas généralisée. au profit du Hanriot.
▲
d’escadre.
LUCIEN MORAREAU
53
LE HANRIOT HD 1
Le HD 2 équipé
de flotteurs
Le chasseur Hanriot va fina-
lement connaître une utilisation
par son pays d’origine, non dans
l’aéronautique militaire, mais dans
l’aviation maritime. Celle-ci entre-
tient depuis le début de la guerre un
Centre d’aviation maritime (CAM)
à Dunkerque, d’où ses hydravions
partent patrouiller les côtes de
la mer du Nord et tenter d’y chas-
54
avec leurs avions terrestres pour y peront à des sorties sur la mer du de guerre. Le dernier d’entre eux est
livrer quelques coups de balai : le Nord en escortant les hydravions de radié du service le 2 août 1922.
4 mai 1918, une patrouille de cinq patrouille américains venus renfor- L’aviation militaire belge, alors
Hanriot HD 2 menée par l’enseigne cer les appareils alliés sur le secteur. qu’elle se débarrasse de ses Sopwith
de vaisseau Guerre, et comprenant “Camel” en 1923, continue à utili-
les appareils de l’ev Colonna et ceux Une longue carrière ser ses Hanriot HD 1 jusqu’en 1933,
des maîtres Le Guennec, Le Creuer les exhibant dans divers meetings
(n° 226, D 30) et Salaün (D 35), se
après la guerre où leurs qualités acrobatiques font
fait attaquer par une patrouille de La solidité et la maniabilité du merveille. Ils connaissent à peu près
six Albatros D.III du Marine Feld Hanriot HD 1 vont lui permettre le même destin en Italie, où leur pro-
Jasta 1 qui descendent les deux der- de prolonger sa carrière bien des duction se poursuit jusqu’en 1923
niers, sans doute assez facilement, années après la fin de la guerre. amenant à un total de 1 000 machines
ces appareils étant alourdis par leurs La marine française conduit dès la production de la société Macchi.
flotteurs et leurs deux mitrailleuses. la fin du conflit des expériences de Ils seront remplacés des unités de
Les Hanriot HD 2, chasseurs à décollage d’un avion terrestre à par- première ligne en 1926 au profit du
flotteurs, n’auront donc remporté tir d’une plateforme montée sur la Fiat CR 1.
aucune victoire en combat aérien, et tourelle d’un cuirassé français. Un Les Hanriot HD 1 vont aussi
auront surtout joué un rôle dissua- Hanriot HD 2 dont les flotteurs sont connaître une longue carrière dans
sif face aux hydravions allemands remplacés par des roues est utilisé l’aviation suisse, grâce à la contribu-
avec lesquels ils se sont accrochés à pour ce test. À l’armistice, les HD 2 tion involontaire du soldato Guido
trois reprises en 1918 lors de leurs survivants sont tous transformés en Roncuzzi, pilote à la 74a Squadriglia.
patrouilles – ils ont également mi- appareils terrestres et affectés au En pleine guerre, le 1er juin 1918, il
traillé à l’occasion des kiosques de centre de Fréjus-St Raphaël où ils se perd dans le brouillard lors d’une
U-Boote. À la menace venue des constitueront le premier noyau de patrouille sur le front des Alpes et, à
airs, il faut ajouter les pertes au sol la future aviation d’escadre alors court de carburant, doit se résoudre
dues aux bombardiers allemands en formation, équipant quelque à se poser dans une vallée. Il atterrit
qui ont causé la destruction de 10 temps l’Escadrille de chasse AC 1. dans le canton suisse des Grisons,
appareils lors des raids sur le port Le 20 octobre 1920, le lieutenant de non loin de la frontière italienne,
de Dunkerque les 19 janvier et vaisseau Teste réussit sur un HD 2 dans le village de Samedan, où il de-
17 septembre 1918. Le 20 octobre le premier appontage sur le pont vient l’hôte forcé du gouvernement
1918, les Hanriot HD 2 mènent une du cuirassé Béarn alors en cours Cette vue helvétique jusqu’à la fin de la guerre.
reconnaissance lointaine le long des de transformation en porte-avions. d’un Hanriot Son avion, le Hanriot HD 1 n° 572,
côtes belges, jusqu’à Ostende, pour Les HD 2 resteront en service à HD 2 de l’US est examiné sous toutes les coutures
constater que l’ennemi plie bagage… St-Raphaël pour l’entraînement des Navy utilisé par les militaires suisses, avec le plus
Plusieurs HD 2 menés par le capi- pilotes jusqu’en 1928. à Dunkerque grand intérêt : il s’agit du premier
taine de frégate de Laborde, chef de L’US Navy quitte l’Europe après en 1918 nous avion moderne qu’ils ont le loisir de
l’aviation maritime du secteur, se- l’armistice en emmenant avec elle 10 permet de tester. Ils ne rendront le Hanriot au
ront ainsi les premiers soldats alliés Hanriot HD 2 qui sont également distinguer gouvernement italien que le 7 dé-
à entrer dans la ville. tous– sauf un – reconvertis en appa- ses cocardes cembre 1919 et sauront se souvenir
Mentionnons enfin que les ma- reils terrestres et affectés à la Naval américaines des qualités acrobatiques de l’appa-
rins français ne sont pas les seuls Aircraft Factory de Philadelphia, où utilisées durant reil quand ils se décident à acheter en
la Première
à utiliser le Hanriot HD 2 : l’US ils sont utilisés dans diverses expé- 1921 un lot de 16 Hanriot HD 1 issus
Guerre
Navy, qui ouvre une base navale à rimentations aéronavales comme le des surplus de l’armée italienne, tous
mondiale,
Dunkerque, se voit céder 26 exem- décollage à partir d’une plateforme construits dans l’usine Macchi. Ils
rouge, bleu et
plaires par les Français. Ils partici- montée sur des tourelles de navires blanc au centre.
sont livrés après une sérieuse révi-
sion et, immatriculés de 651 à 666,
servent à l’entraînement des pilotes
suisses jusqu’en 1930, date à laquelle
ils sont retirés du service et passés
au pilon, à l’exception du n° 653 qui
est actuellement exposé au musée de
l’Aviation suisse de Dübendorf.
Enfin, précisons que plusieurs
HD 1 déclassés, de diverses origines,
sont vendus à des écoles de pilotage
privées ou à des pilotes de meetings
qui en apprécient les qualités acro-
batiques. Le plus célèbre d’entre
eux étant le Hanriot HD 1 (N5934)
acheté par l’as Charles Nungesser,
qui l’utilise décoré de son célèbre
insigne personnel dans le film The
Sky Raider où il tient la vedette en
1925. L’appareil sera également uti-
lisé dans les films Wings de 1927 et
Hell’s Angels en 1930, puis survi-
vra pour être actuellement exposé
au Planes of Fame Air Museum de
Chino en Californie. ■
SDASM
55
HISTOIRE
“J
e dissuade fortement les Alors qu’il fait route le 19 janvier puits situé au milieu du navire. Les
compagnies maritimes et les 1986 pour Kharg, le remorqueur plongeurs allaient devoir travailler à
armateurs de se rendre dans néerlandais de haute mer Smit 50 m de profondeur.
les ports iraniens. L’aviation Maassluis est touché par un missile Tout à coup, le 19 janvier 1986,
irakienne bombardera au “Exocet”. Compte tenu de la faible alors que nous naviguions entre
moment qu’elle choisira le terminal hauteur du pont du remorqueur, le l’îlot Farsi et la côte iranienne, nous
flottant de l’île de Sirri.” Général missile passe au-dessus et explose avons entendu comme le bruit d’une
Hamid Shaban, commandant en chef juste après. Un incendie se déclenche roquette qui traversait le navire. Que
de l’aviation irakienne, avril 1986. et oblige l’équipage à abandonner le se passait-il ? Nous avions souvent
56
Le “Mirage” F1EQ5 4562 faisait partie des
appareils utilisés en support de la formation
des Irakiens à la mission laser en 1986 à Istres.
Il devint ensuite le prototype du standard EQ6
(détecteur radar “Sherloc” sur la dérive).
entendu parler des attaques ira- sauvetage en prenant en charge les L’année 1986 démarre mal pour
kiennes à coup d’“Exocet” dans le blessés. Une heure après, alors que l’Irak. Le 9 février, les forces ira-
golfe, et j’y ai tout de suite pensé. En nous dérivions toujours à proximité niennes lancent une offensive sur le
une fraction de seconde, je me suis du remorqueur dont le pont arrière front Sud et s’emparent en une nuit
jeté dans une ouverture sur le pont continuait de brûler, un hélicoptère de la presqu’île de Fao (offensive
pour me protéger et j’ai entendu un lourd iranien est arrivé sur nous. Le Aurore 8) et notamment du radar
bruit très violent, puis une pression souffle de son rotor était si puissant qui s’y trouve et qui permettait de
énorme autour de moi. C’était l’effet qu’il ne pouvait pas s’approcher et détecter les passages de pétrolier
de souffle du mis- il a dû faire demi- autour de Kharg.
sile qui venait juste tou r. Pe u d e De plus, les pilotes irakiens font
d’exploser quelques temps après, un face début 1986 à de nouveaux pro-
mètres plus loin , hélicoptère plus blèmes sur l’“Exocet”. Après le tir,
après avoir dépassé petit est arrivé et le propulseur s’allume correctement
le remorqueur. Je il a pu hélitreuil- mais le missile se met à monter au
suis resté un moment ler les blessés les lieu de prendre sa trajectoire rasante.
sans bouger, sonné, plus graves. Les Le général Amer, furieux, convoque
légèrement blessé et blessés plus légers Le général les industriels. De lourdes investiga-
complètement sourd, ont continué à Hamid Shaban, tions sont immédiatement lancées.
puis j’ai rampé hors être pris en charge commandant en Elles donnent lieu à une série de
de ma cachette. Des dans les canots chef de l’aviation vols, notamment au-dessus du lac
bouteilles d’air explo- par le médecin irakienne. Thartar. Un appareil sera même
F G
RANÇOIS /D
UÉNET IVERGENCE
saient tout autour de des plongeurs. amené à effectuer des tonneaux
moi et le pont arrière était envahi de Enfi n, deux patrouilleurs iraniens avec une maquette instrumentée
flammes et de fumée. Des hommes ont rallié la zone et nous ont récupé- d’AM39 pour vérifier le comporte-
étaient blessés. Je suis rentré à l’inté- rés pour nous emmener à Bouchehr. ment du missile. Le problème est
rieur pour voir s’il restait quelqu’un De là, nous avons gagné Téhéran finalement identifié : il provient de
dans les logements du pont inférieur. puis Dubaï afin de reprendre un la radiosonde. Le joint de l’antenne
Il y avait partout des dégâts. Le mo- vol pour Rotterdam. À l’escale de n’est pas étanche d’un point de vue
teur avait même été déplacé de son Dubaï, on nous a interdit de des- électromagnétique et entraîne la
logement par l’onde de choc ! cendre de l’avion car nous n’avions fuite de l’émission sur la chaîne de
Nous avons commencé à évacuer plus de passeports, perdus lors de réception, avec pour conséquence
le Smit Maassluis dans les canots de l’évacuation du Smit Maassluis…” une altitude mesurée par le calcula-
▲
57
LES “MIRAGE” TRAQUENT LES PÉTROLIERS
teur du missile qui reste toujours à Le pétrolier maltais Harmony 1 Définitivement hors service, elle est
zéro, d’où l’ordre à cabrer. Tout un fait les frais d’une attaque le menée à Rayong en Thaïlande en
lot de missiles déjà livré est renvoyé 8 mai 1986, au large de Bouchehr. 1987 pour démolition.
en France pour contrôle. Ce pro- L’incendie est très violent et le bâti- Les marins ne savent jamais
blème entraînera un mois d’indis- ment doit être évacué. Deux jours d’où les attaques peuvent venir…
ponibilité de la capacité AM39. après, il est à nouveau at- Le 28 juin 1986, c’est l’aviation de
Les raids reprennent ensuite. taqué. Suite à cette Téhéran qui attaque en représailles
Le 23 février 1986, c’est le seconde attaque, devant Dubaï les pétroliers Koriana
cargo libérien Al-Tariq qui gravement en- et Superior. Le Superior participait
est frappé par un missile dommagé, il auparavant à la navette Kharg-Sirri
tout près de Kharg. finit par cou- au profit des Iraniens. Connaissant
En fait, l’“Exocet” ler au milieu les risques encourus, certains équi-
vient de toucher un d u g o l f e Badge “Exocet”. pages de navires affrétés par l’Iran
bâtiment vide qui avait A rabo - refusent dorénavant de partici-
déjà été incendié par un Persique le per plus longtemps à ces navettes.
AM39 tiré par un “Super 13 mai 1986 L’équipage du Superior est de ceux-
Frelon” dans le chenal lors de son re- ci. On dénombre cinq blessés. Le
de Khor Musa le 16 février morquage, alors même Superior avait été attaqué au-
1984. Il était utilisé depuis qu’il brûle encore. paravant par les Irakiens à plusieurs
comme leurre par les Iraniens pour C .
OLL PARTICULIÈRE Depuis que l’Irak reprises : le 1er janvier 1986, dégâts
protéger Kharg. s’acharne sur les navettes pétro- légers (le missile n’explose pas et
D es attaques ont aussi lieu lières qui font la liaison Kharg-Sirri, sera désamorcé par les Iraniens) ; le
dans la partie septentrionale du les exportations connaissent une 20 mars suivant, le missile n’explose
golfe Arabo-Persique. Le 4 avril, baisse sensible. Au moins sept des pas non plus ; le 6 mai 1986, les dégâts
le pétrolier iranien Shirvan est 12 pétroliers affrétés par les Iraniens sont importants, le bâtiment est en
atteint par une attaque aérienne ont été touchés depuis janvier 1986. feu et la machine est hors d’usage.
menée à la roquette au terminal Le terme d’acharnement n’est pas Touché par un “Exocet” près
de Bahrgan Sar, au nord de Kharg. usurpé. La destinée de la navette de l’îlot Farsi le 11 juillet 1986, le
Le 27 avril, le Minab, un pétrolier Energy Mobility de 224 000 t en est pétrolier maltais Lady Rose est
faisant la navette entre Kharg et le l’illustration : elle est touchée une dévasté par les flammes. La moitié
nouveau terminal flottant de Sirri, première fois à proximité de Kharg avant étant intacte, le bateau est re-
est atteint par un missile “Exocet” à le 6 mai 1986, avec des dégâts légers, morqué à Sirri pour être délesté de
l’arrière. Le feu détruit entièrement puis à nouveau le 7 juin 1986 près de sa cargaison de pétrole qui peut être
les locaux-vie, la salle des pompes, Bouchehr, où elle est atteinte à la sauvée. De juin à août, l’Irak met
la salle de contrôle, les générateurs salle des machines par un missile. hors d’usage la moitié des navires
de secours et la salle des machines. Le 10 juin, alors qu’elle est remor- qui acheminent le pétrole de Kharg
Il est ensuite remorqué à Bandar quée vers Sirri, elle est à nouveau vers Sirri.
Abbas, dans le détroit d’Ormuz. prise pour cible par des avions.
LUC VAN WICHELEN
Impact de
De nouveaux armements
roquettes sur guidés laser
le Shirvan le À partir de mars 1986, de nou-
4 avril 1986.
veaux armements guidés laser
On remarque
(AGL) sont livrés par la France : le
les filets sur les
missile Aérospatiale AS30L et la
locaux-vie censés
apporter une
bombe Matra BGL (bombe guidée
protection aux laser). La formation des pilotes ira-
équipages. kiens aux armements guidés laser
avait débuté en décembre 1985 à
Istres. Les “Mirage” F1 mis à dis-
position en support sont les EQ5
4561 et 4562. Le 4570 est prêté par
le client et configuré avec un pod
de désignation laser (PDL). Cet
appareil a profité de son passage en
France pour être dépanné à Brétigny
LUC VAN WICHELEN de son électronique défaillante. Le
Le Minab en feu “Mirage” F1EQ4 4507, revenu en
suite à l’attaque France pour réparation, est égale-
du 27 avril 1986. ment utilisé comme avion d’accom-
pagnement par les instructeurs
français. Les Irakiens effectuent
quelques vols avec des maquettes
d’AS30L. Deux groupes de pilotes
irakiens viennent se former à Istres
jusqu’en mars 1986. Le chef du
détachement est le major Haithem.
Parmi les pilotes, on retrouve Amer,
Mamoud, Amad, Karim, Amin et
Les “Mirage” F1EQ5
intervenaient aussi bien sur
les théâtres d’opérations
terrestres que maritimes, et ce
indépendamment de leur livrée
(le 4568 est vu ici en France
à l’été 1984).
Mowafak. Jean-Michel Cantin fait sion complexe et délicate, surtout en aux armements guidés laser, et ils ont
également partie des pilotes formés monoplace, quand il faut effectuer très vite appris. Il faut se souvenir
à cette occasion. un break à 4,5 g en basse altitude et qu’à cette époque la France n’avait
“C’étaient des pilotes expéri- surveiller la poursuite sur l’image pas encore mis en œuvre ce type
mentés, et ils étaient plutôt bons, se qui doit rester accrochée jusqu’à d’armement, et nous avons dû mettre
souvient l’un de leurs instructeurs à l’impact. Ces Irakiens ont été les au point nous-mêmes les méthodes
Istres. La mission laser est une mis- tout premiers pilotes à être formés de tir pour les former. Leur objec-
▲
Tig
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Les raids à lo
longues distances
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sur les pétrolier iraniens en 1986
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Navettes
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et les terminaux de Lavan,
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FRANÇOIS HERBET
59
LES “MIRAGE” TRAQUENT LES PÉTROLIERS
60
la fin, ils avaient plus d’expertise que la cible pour se diriger vers elle. Après Et c’est en faisant des copies que j’ai
nous ! Ils nous ont bluffés…” un vol rectiligne d’une vingtaine de pu visionner sur magnétoscope tous
La première utilisation opéra- secondes, le missile explose à l’inté- leurs enregistrements de tirs AS30L,
tionnelle de l’AS30L en Irak a lieu le rieur du cargo. Le succès est total ! et notamment le tout premier réalisé
4 juillet 1986. La cible est un cargo Jean-Marc se souvient : “Le sys- à l’été 1986, sur un navire iranien
iranien de petit tonnage. À 13 km et tème de vidéo embarquée du PDL dans le golfe.
à très basse altitude, 50 m, le pilote était au format “V2000” de Philips. Sur cette vidéo, on pouvait voir
désigne la cible et le PDL s’accroche Ce format était très spécifique et l’approche, la recherche de la cible,
sur l’image ; il passe alors en pour- ne pouvait pas être utilisé dans les sa désignation, l’entrée dans le do-
suite. À 9 km de distance, le pilote magnétoscopes classiques… ce qui maine de tir, puis le tir de l’AS30L sur
tire son missile qui fonce à 450 m/s permettait d’ailleurs que ces cas- un cargo situé à une dizaine de kilo-
vers sa cible en légère autorotation, settes ne soient pas récupérées à des mètres. Le pilote entame tout de suite
grâce à un gyroscope axial. Puis le fins personnelles. Les Irakiens ont après son virage à gauche. Quelques
pilote dégage en maintenant une souhaité transformer leurs enregis- secondes après, on peut apercevoir
altitude constante très basse et en trements de tir d’AS30L “V2000” le missile arriver dans le champ de
L’impact de
recalant la ligne de visée pendant au standard VHS, mais sans savoir la caméra qui reste fixée sur la cible.
l’“Exocet” est
l’illumination. En fin de trajectoire, comment. Comme j’en avais l’expé- Puis c’est l’impact ! L’explosion
visible à droite
l’autodirecteur du missile reçoit suffi- rience et qu’ils avaient confiance en dans la coque
qui s’ensuit est impressionnante ; le
samment d’énergie laser réfléchie par moi, ils m’ont confié tous leurs films. du Lady Rose. bateau prend plusieurs degrés de
gîte. Alors que le navire vient juste
d’encaisser le choc et reste envahi de
fumée, on peut apercevoir sur son
toit des Iraniens ouvrir le feu avec
un canon antiaérien et “canarder” le
“Mirage” qui dégage. Inoubliable !”
61
LES “MIRAGE” TRAQUENT LES PÉTROLIERS
cade, à quatre “Mirage” de passer à bardiers passent à l’action. Deux l’eau. Le pétrolier Mississippi, déjà
l’attaque après un vol aller de plus de “Mirage” larguent leurs bombes sur à couple du Klelia pour charger du
1 000 km. Elle est périlleuse aussi : la les installations pétrolières de l’île brut, réussit à rompre les amarres
zone est sous couverture radar et bien de Sirri tandis que les deux autres qui le retiennent à la citerne flot-
protégée par la défense antiaérienne surprennent en plusieurs passes les tante pour s’éloigner du brasier et
et la chasse iranienne. Comme il pétroliers en train de charger du arrache les tuyaux d’alimentation
n’existe aucune photo aérienne du brut à une dizaine de kilomètres au qui continuent à déverser du pétrole
terminal, les pilotes irakiens vont nord de Sirri. sur le pont du Klelia. Le Venturia, un
utiliser un “Falcon” 50 de leur flotte L ’effet est foudroyant. Des peu à l’écart, et qui fait également
immatriculé au Lichtenstein pour bombes touchent la navette pétro- la navette avec Kharg, est touché.
effectuer une reconnaissance photo lière iranienne de 230 000 t Azarpad Machines et locaux-vie sont en feu.
discrète, sous couverture d’un plan de la NITC (National Iranian
de vol civil vers l’Inde (1). Tanker Co.) sur son flanc droit, Un bilan très lourd
Les EQ5 sont configurés avec un alors qu’elle est en train de s’amar-
bidon de 2 200 l et quatre bombes de rer au pétrolier chypriote Klelia.
pour les pétroliers
250 kg freinées sous les ailes. Trois L’Azarpad vient juste d’arriver de Le bilan, confirmé par les Lloyd’s,
ravitaillements en vol sont prévus à Kharg, pleine à ras bord de brut. est lourd : au moins trois pétroliers
l’aller, et un au retour. Après un vol Une bombe perce la coque juste durement touchés et 16 marins de
à très basse altitude au-dessus de la au-dessus de la ligne de flottaison l’Azarpad tués. Parmi eux, deux
mer et les ravitaillements effectués vers l’avant, causant une explosion officiers britanniques. L’épave de ce
sans problème, les quatre bom- dans les cuves et un violent incendie. pétrolier sera renflouée puis remor-
L e pétrolier Klelia, utilisé quée jusqu’en Thaïlande pour être
(1) L’histoire singulière de cet appareil
comme citerne flottante au terminal, ferraillée en 1989. “Le raid contre
sera à découvrir prochainement dans est touché par les explosions. Des les installations de Sirri doit être
hommes pris de panique se jettent à considéré comme un avertissement
▲
Le Fana de l’Aviation.
62
Le “Mirage” F1EQ5 4561 à
Cazaux en juin 1986 lors d’un
tir de qualification de l’AS30L.
CEV
JEAN-FRANÇOIS LIPKA
63
LES “MIRAGE” TRAQUENT LES PÉTROLIERS
64
les Irakiens ne reviendraient pas du terminal, et incendiant les navires comme totalement à l’abri des at-
tout de suite, les 40 heures passées en stationnement. Tous les appareils taques. Ce raid est le plus spectacu-
au chargement ont été les plus stres- ont regagné leur base”. Le Mokran laire jamais mené par les “Mirage” :
santes de ma vie. Traumatisé par ce sera remorqué jusqu’à Singapour 2 400 km aller-retour. Le terminal de
que je venais de vivre, j’ai demandé pour être réparé. La partie avant du Larak, créé en juillet 1986, dispose
mon débarquement et j’ai profité des pétrolier sera remplacée par celle déjà de cinq super-pétroliers de stoc-
bonnes conditions que proposait la du Minab, un navire du même type, kage. Deux des plus gros pétroliers
compagnie pour partir défi nitive- touché par un “Exocet” le 27 avril du monde doivent bientôt rejoindre
ment. J’ai ainsi débarqué le 29 août 1986. Le nouveau Mokran reprendra cette flotte.
suivant à Fujaïrah, aux Émirats du service mais, malchanceux, sera L ors de cette attaque, les
arabes unis, avec trois autres marins à nouveau atteint par un “Exocet” “Mirage” touchent trois pétroliers :
qui avaient pris la même décision, et prendra feu le 3 février 1988 alors – le Tabriz, un petit pétrolier ira-
puis nous avons regagné Paris en qu’il fait route vers Kharg. nien qui effectue la navette Kharg-
avion à partir de Dubaï ; décision Pendant ce temps, la pression sur Larak ;
que je n’ai jamais regrettée !” Kharg ne diminue pas. Les bombar- – l ’Antartica, utilisé comme
diers irakiens effectuent un nouveau réservoir flottant dans le détroit
Un raid spectaculaire raid le 16 septembre 1986. Les ap- d’Ormuz, atteint par une bombe.
pareils attaquent en trois vagues et Considéré comme perte totale, il est
de 2 400 km aller-retour touchent plusieurs quais et jetées de démantelé en Chine en 1987 ;
Quelques semaines après, le chargement. Dans un communiqué, – le pétrolier Shining Star, éga-
5 septembre 1986, l’aviation ira- l’Irak justifie cette attaque par “la lement utilisé comme réservoir flot-
kienne réalise un nouveau un raid tentative de l’ennemi de réparer les tant par les Iraniens depuis 1986,
à longue distance, sur le terminal installations en vue de les réutiliser subit des dégâts légers.
pétrolier de l’île de Lavan cette pour exporter son brut et soutenir Le jour même, un communiqué
fois-ci. Après un vol de 800 km, les son effort de guerre”. Les Iraniens de Bagdad indique que son aviation a
“Mirage” détruisent quatre réser- confirment l’opération et reven- laissé Larak “en proie aux flammes”.
voirs de stockage et touchent le diquent la destruction de quatre L’annonce de l’attaque surprise fait
pétrolier iranien Mokran en plein appareils irakiens par la défense rapidement remonter les cours du
chargement de brut. Le château du antiaérienne de l’île. Le terminal pétrole sur le marché international.
pétrolier est détruit et les machines est devenu tellement dangereux Jean-Michel Cantin se souvient
sont noyées par l’eau déversée pour que peu de pétroliers se risquent de cet épisode : “Fin 1986, l’état-
y éteindre l’incendie. Ce même encore à venir y charger. Pour ceux major irakien m’avait demandé si
pétrolier avait déjà fait l’objet d’une qui osent, l’Iran propose des prix un raid de “Mirage” F1 sur Ormuz
attaque à Kharg le 15 février 1982. bradés à 50 %. était possible. Leur objectif était d’y
Un communiqué de l’état-major Enfin, le 25 novembre, l’aviation envoyer deux ou trois bombardiers.
irakien annonce : “Les appareils ira- irakienne porte l’estocade finale de J’ai répondu par l’affi rmative. Ils
kiens ont attaqué ce deuxième grand l’année 1986 en réalisant un exploit : m’ont alors demandé de préparer la
terminal pétrolier iranien après celui l’attaque du terminal flottant de mission. Pour cela, il fallait effec-
de l’île de Kharg, détruisant les raffi- Larak, situé dans le détroit d’Ormuz, tuer plusieurs ravitaillements en vol
neries de brut situées sur l’île, le quai entre Oman et l’Iran, et considéré en cascade. J’avais été impressionné
▲
DR/COLLECTION HASSAN AMIR ABDULLAH
LES “MIRAGE” TRAQUENT LES PÉTROLIERS
par les ravitaillements en cascade des le trajet retour. Mon rôle consistait sés – une astuce a été trouvée : les
“Vulcan” et “Victor” aux Malouines uniquement à leur faire les calculs pleins des bombardiers ne seront
depuis l’île d’Ascension en 1982 et je nécessaires pour les ravitaillements faits que partiellement avant le dé-
m’en suis inspiré. J’ai fait sur un coin en cascade et je ne voulais pas en sa- collage et seront complétés lors du
de table les calculs de ce que pouvait voir plus ; en cas de capture par les premier ravitaillement en vol. Quant
délivrer chaque ravitailleur. Il fal- Kurdes, je pouvais parler sous la tor- aux bidons de 1 200 l, ils seront lar-
lait mettre en œuvre une douzaine ture, ma tête ayant été mise à prix… L’épave de gués à Ormuz. Après le bombarde-
de “Mirage” F1 “nounous” pour ce Compte tenu de la distance à par- l’Azarpad ment, les appareils devaient pouvoir
raid qui devrait comporter trois ravi- courir, j’ai proposé une configura- touché le être en mesure de rentrer directement
taillements en vol, les ravitailleurs se tion inédite : un bidon de 2 200 l (en 12 août 1986 à sur Bassora avec ce qui leur restait
ravitaillant entre eux. Une fois vides, fait 2 360 l comme je l’ai démontré à Sirri. On peut dans le bidon de 2 200 l. Les calculs
voir le trou fait
ceux-ci retourneraient en Irak. Au Dassault), deux bidons de 1 200 l et avaient montré que c’était possible.
par une bombe
dernier ravitaillement, les dernières deux bombes de 250 kg aux points Mais dans quelle configuration sont-
qui a perforé
“nounous” devaient veiller à ne déli- externes de voilure. La masse maxi- ils réellement partis le 25 novembre
la coque du
vrer qu’une partie de leur pétrole aux male au décollage étant alors dépas- pétrolier
1986 ? Se sont-ils même posés à
bombardiers afi n de pouvoir faire sée – 17,5 t au lieu des 16,2 autori- (flèche).
Dhahran au retour pour ravitailler ?
66
3 - L’avion commence
à s’éloigner
de la cible.
Le missile entre 5 - Le bitube est toujours en action.
dans le champ La fenêtre de tracking (suivi) automatique
de la caméra… (TIC) s’est accrochée sur un débris
(flèche). 4 - Explosion du missile. projeté dans les airs (en haut).
Nous étions tenus à l’écart des opé- “Exocet” et même repeints en gris l’aviation de Bagdad à conduire des
rations et je ne l’ai pas su.” pour être plus discrets. Les trois raids complexes à grande distance.
La chasse iranienne est à ce mo- attaques spectaculaires sur Sirri, Désormais, le message est clair :
ment-là de la guerre totalement ab- Lavan et Larak sont un sérieux l’aviation irakienne frappe où elle
sente du ciel et dans l’incapacité de coup de semonce pour les Iraniens. veut, quand elle veut… ■
répliquer aux raids irakiens. Téhéran Elles démontrent la capacité de À suivre
ripostera malgré tout le lendemain LUC VAN WICHELEN
COLLECTION PARTICULIÈRE
Le pétrolier
Harmony 1
en feu le
8 mai 1986.
BIOGRAPHIE
Maurice Saint Martin
Forte tête
et fin pilote…
Troisième partie et fin.
Sur fond d’indépendance de l’Algérie, la carrière
de Saint Martin au sein de l’armée de l’Air
se termine dans un certain désenchantement.
Par Frédéric Lert
A
près l’épisode de Blida, française. L’armée de l’Air est pla-
le détachement du cée face à l’interdiction théorique
1/32 ayant été dissous, d’utiliser les avions fournis par les
Maurice Saint Martin États-Unis, RF-84 et RT-33, dans le
regagne la France le conflit algérien. Mais comment em-
14 avril. Trois ou quatre jours de pêcher un pays souverain d’employer
permission pour voir la famille, ses avions dans ce qui est encore un
puis on le retrouve de nouveau dans de ses départements ? En 1959 et
un RB-26 en direction cette fois de 1960, Maurice Saint Martin effec-
Bône. Une première escadrille de tue trois séjours de cinq jours chacun
quatre avions est envoyée dans la à Télergma : il y réalise différentes
ville, tandis que la deuxième esca- missions de reconnaissance à haute
drille avec les quatre autres appareils altitude en RT-33 sur la Libye et la
part pour Oran, dans l’ouest du pays. Tunisie. L’année suivante, en 1961,
Les avions de reconnaissance sont il réalisera deux séjours du même
intégrés au sein des 1/91 Gascogne acabit à Boufarik, volant cette fois
et 2/91 Guyenne, où ils rejoignent sur RF-84F.
des B-26 de bombardement et de Dans le même temps, les RB-26
mitraillage au sol. Le 1/32 est de sont envoyés dans le Grand Sud
facto dissous. Pendant ce temps, les algérien, en direction du point kilo-
Américains sont très actifs depuis la métrique “Bidon 5”. Des missions
base de Wheelus en Libye voisine, de deux ou trois jours, qui amènent
pays où transitent impunément les les navigants à séjourner avec les
armes en provenance de Tunisie ou compagnies pétrolières opérant
d’Égypte, à destination de la rébel- dans la zone. “C’était des missions
lion algérienne. Washington mène très agréables, note Maurice Saint
sa propre politique, pas toujours Martin, j’étais très fana des oasis
favorable au maintien d’une Algérie que l’on pouvait trouver là-bas. Si
▲
Passe de tir en
B-26 dans une
zone interdite en
Algérie. L’avion
était alors équipé
de mitrailleuses
de 12,7 mm en
gondoles sous
les ailes.
68
Le RF-84F était un bel avion, mais
notoirement sous-motorisé, ce qui
entraîna quelques drames…
“Nous nous promenions le long
des côtes en faisant de nombreuses
photos artistiques”, se souvient
Maurice Saint Martin…
69
SOUVENIRS D’UN PILOTE DE RECONNAISSANCE
L
’armée française a évalué mission étant le réglage d’artillerie ;
très tôt les potentialités de la l’avion détrône rapidement le ballon
troisième dimension sur un captif. Pour autant, le vecteur aérien
champ de bataille puisque, demeure un complément utile mais
à l’issue de différentes expé- non structuré, les matériels étant af-
rimentations, le Comité de salut fectés aux unités terrestres sans liens
public fait voter, le 2 avril 1794, une organiques spécifiques. En France,
loi créant une Compagnie d’aéros- cette situation perdure jusqu’en 1952
tiers, sans doute la première unité lorsque l’ensemble des aéronefs de
aérienne militaire au monde. Elle l’armée de Terre est regroupé au sein
connaît son premier engagement de l’aviation légère d’observation de
en juin 1794 à Fleurus où l’armée l’artillerie (Aloa). Puis une nouvelle
Devant l’urgence
de la République est confrontée à étape est franchie en novembre 1954
des besoins
des divisions autrichiennes. Durant avec la création de l’Aviation légère en Algérie, le
neuf heures, de la nacelle du ballon de l’armée de Terre (Alat), une arme “Norbarbe” a
l’Entreprenant, par messages lestés, organiquement distincte de l’artille- été étudié pour
deux officiers détaillent les mouve- rie. Une conséquence logique de la une production
ments des troupes adverses. Si la multiplication des missions collaté- rapide et peu
bataille est gagnée, l’influence réelle rales des troupes terrestres, confiées onéreuse comme
de l’observation aérienne est malgré à des moyens aériens au-dessus du en témoigne
tout contestée. Pourtant, au gré des champ de bataille : repérage des la forme
conflits qui se suivent jusqu’au pre- cibles au bénéfice de l’artillerie, parfaitement
mier tiers du XX e siècle, le moyen certes, mais désormais liaison ; rectangulaire
aérien s’affirme comme un auxiliaire éclairage des forces engagées au de la voilure et
incontournable en appui des opéra- sol, y compris engins mécanisés ; de l’empennage
tions terrestres. Le point d’orgue combat antichar ; ravitaillement ; horizontal,
est évidemment la Première Guerre dépose et récupération de comman- géométrie
mondiale durant laquelle cette coo- dos, photographie à basse altitude ; simplifiant la
pération se développe, la principale évacuation sanitaire… fabrication.
▲
DR/COLL. DE NARBONNE
Flambant neuf, à
sa sortie d’usine,
le Nord 3400
n° 5 est peint
en gris sans
autres marques
distinctives que
les cocardes
réglementaires et
l’insigne de l’Alat
sur la dérive.
DR/COLL. DE NARBONNE DR/COLL. DE NARBONNE
74
Le Nord 3400.01. À noter la voilure
sans dièdre et les surfaces hyper-
sustentatrices déployées sur toute
l’envergure, y compris les ailerons.
75
NORD 3400
DR/COLL. J. GUILLEM
76
Le F-MJBZ
n° 111, un des
six Nord 3400
achetés aux
surplus
de l’Alat par
la gendarmerie
pour la
surveillance de
la circulation
routière.
Utilisé pour
l’entraînement
à l’ES.Alat de
Dax, il fut livré
le 8 mai 1972.
Accidenté le
10 octobre il sera
réformé…
DR/COLL. J. GUILLEM
parti du vitrage abondant de la ca- entre des volets de courbure et les autorise l’accès à des surfaces non
bine. Un strapontin peut être installé ailerons se braquant aussi à l’atter- préparées d’environ 150 m de long.
pour un troisième passager et le dé- rissage. Une combinaison qui donne Appareil simple, de conception
montage des sièges permet l’embar- au 3400 de réelles capacités Adac très classique, le Nord 3400 se montre
quement d’une civière. La mission (avion à décollage et atterrissage pourtant difficile à mettre au point
principale d’observation a imposé la courts). Le fuselage a un revêtement puisque 115 vols sont nécessaires
position haute de la voilure, contre- entièrement métallique comme les avant que le 01 puisse être soumis
ventée par un unique hauban. La empennages dont les parties mobiles à l’examen du Centre d’essais en vol
structure est métallique, avec revê- sont entoilées. À noter que les deux officiel (CEV) en 1958. Cette longue
tement rigide en avant du longeron réservoirs de 110 l chacun sont auto- mise au point conduit à de multiples
et à l’emplanture dans la zone des obturants, sage précaution sur un modifications, synthétisées sur le
réservoirs, la partie postérieure appareil devant voler à basse alti- n° 02 qui passe à son tour au CEV
étant entoilée. L’hypersustentation, tude en milieu hostile. L’atterrisseur en 1959. Les résultats sont mitigés :
très développée, intéresse la tota- à jambe unique, porteur de roues à les experts jugent que la stabilité
lité du bord de fuite qui se partage basse pression et grande section, longitudinale est peu satisfaisante et
▲
Le Nord 3400 n° 4 est le premier à sortir d’usine dans la définition
définitive, équipé notamment de l’hélice Ratier bipale. On note
l’immense antenne fouet et, sous l’emplanture de l’aile, le “balcon”
en relief donnant une visibilité quasi verticale à l’observateur.
DR/COLL. DE NARBONNE
77
NORD 3400
78
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MAQUETTES Par Hangar 47
Bien observé la “Sentinel” ! Deux appareils du 2nd Air Commando Group en Inde. Le Stinson est vert-olive. Le P-51 métal nu rutilant.
P-51D “Mustang” finement gravées avec un rivetage extrêmement réaliste et une bande
de renfort de fuselage en relief, du métal photodécoupé (harnais et
Airfix, 1/48 volets de refroidissement) et des éléments en résine (échappements et
mitrailleuses). Le moulage est précis. Le poste de pilotage est très bien
Airfix revi-
evi- détaillé avec des instruments de bord en décalcomanies. La verrière
site à saa moulée en deux éléments peut rester ouverte. Les commandes et volets
manièree sont moulés séparés. Le moteur est lui aussi fort bien représenté
le célébrissime et détaillé. Le train dispose de logements cloisonnés. L’hélice s’installe
“Mustang” et en fin de montage.
en propose une Les décalcomanies offrent le choix entre quatre machines camouflées
déclinaison inté- vert et brun avec capots, bandes de fuselage et extrémités d’intrados
ressante avec jaunes pour compléter des marques de nationalité très colorées.
un poste de L’une des gouvernes de direction est peinte en rouge.
pilotage, un radia-a-
teur et des logements de train très bien reproduits. Une décalcomanie Notre appréciation : visiblement conçue et réalisée avec
reprend les instruments de bord. Les volets et commandes sont moulés un soin extrême, cette maquette présente de nombreux atouts
séparés. L’hélice et les échappements s’installent en fin de montage. pour reproduire fidèlement un sujet original, élégant et très coloré,
La gravure est bien marquée mais facile à atténuer. Les options incluent une combinaison fort tentante ! Bravo.
des tubes lance-roquettes, deux types de réservoirs supplémentaires,
un pilote assez réaliste, deux sortes de pneus et deux types de verrière.
Les décalcomanies offrent le choix entre deux machines tout alu. L’une P-51D-5NA “Mustang”
porte bandes et éclairs noirs façon Empire du Soleil, l’autre un capot Revell, 1/32
rouge à damiers bleus.
Revell poursuit
Notre appréciation : maquette complète et bien détaillée, avec bonheur le
déclinaison intéressante du “Mustang” P-51B/C. développement
de sa gamme au 1/32
avec la maquette de
IAR-80A la version initiale du
Azur série FRROM, 1/32 P-51D (identifiable
extérieurement à l’absencee
La marque de la petite arête dorsale devant la dérive). Commençons par les
FRROM nouss surfaces très finement gravées, sans rivetage mais avec toutes les vis de
propose fixation des panneaux amovibles. Revell a choisi de détailler parfaitement
sa déclinaison de l’ensemble des zones visibles sans “démonter” l’avion, la bonne option
l’IAR 80, à savoir la pour la grande majorité des maquettistes qui souhaitent respecter les
version A légèrement lignes de l’appareil, tout en garantissant un assemblage relativement
différente du C. Bien simple. Le poste de pilotage est entièrement détaillé avec deux options
illustrée, la boîte pour le siège et une décalcomanie pour améliorer la représentation des
contient des pièces instruments de bord. Le seul défaut de la belle notice en couleurs est de
en plastique très ne donner les références de peinture que dans la gamme Revell. Dans
80
le fuselage le réservoir, la radio et le radiateur sont bien reproduits.
Les logements du train d’atterrissage bénéficient également d’une Coffret Caravelle et Concorde
représentation soignée et fidèle à la réalité. Les échappements La légende Heller, 1/100
ne sont pas percés mais leurs carénages sont prévus en option,
de même que trois versions des petites grilles latérales. Le bord La célèbre marque française réédite une partie de sa gamme
d’attaque moulé à part laisse espérer, enfin, la sortie d’une maquette en jouant sur la fibre “souvenir”. Cette grosse boîte en forme
moderne et juste de P-51B ou C. Les gouvernes et volets séparés de coffret-valise contient deux maquettes au 1/100, un beau
offrent le choix de la configuration. La verrière peut bien sûr rester livret richement illustré retraçant l’histoire de la marque, quatre pinceaux,
ouverte. L’hélice s’installe en fin de montage. La boîte contient deux tubes de colle, des décalcomanies aux standards de qualité
deux types de réservoirs supplémentaires et deux bombes. Les actuels et pas moins de 18 petits pots de peinture acrylique. Heller
décalcomanies incluent tous les marquages techniques nécessaires précise honnêtement que les moules utilisés ont plus de 50 ans et ne
et permettent de choisir entre le Desert Rat, camouflé vert olive correspondent pas aux normes actuelles du marché : les maquettes sont
dessus et gris moyen dessous avec un damier rouge et jaune de très simples, sans aménagement intérieur, les panneaux de revêtement
museau et des bandes blanches de voilure et profondeur, et LOU IV, sont figurés en relief (ce qui est beaucoup plus simple à “rectifier”, avec
intrados alu, nez jaune, extrados vert foncé (probablement du dark le bon outil, qu’une gravure trop profonde !), mais tous les hublots sont
green britannique) et bandes d’invasion (recouvertes de vert olive à reproduits en plastique transparent. De dimensions imposantes, chaque
l’extrados après le débarquement), deux machines très colorées. avion dispose d’un socle transparent permettant une présentation “en
vol”. La belle planche de décalcomanies reprend pour le Concorde les
Notre appréciation : aucun doute, cette maquette trouvera livrées prévues à l’époque pour les deux premiers prototypes, et pour la
parfaitement sa place sur le marché à côté du modèle Tamiya Caravelle celles des F-BHRA et HI (second prototype).
proche de la perfection mais beaucoup plus cher ; les autres
marques peuvent maintenant être rangées au rayon des bons
(pour Hasegawa) ou moins bons souvenirs. Ce modèle Revell
présente sans aucun doute le meilleur rapport qualité/prix
et les versions futures sont attendues avec impatience.
LeO 451
Heller Musée, 1/72
Bonnee
nou-
velle, Notre appréciation : un coffret souvenir
N
la mythique à n’en pas do
douter, destiné donc en priorité aux
marque fran- collectionneurs, mais dont les sujets choisis ne manquent pas
çaise Heller d’originalité et peuvent impressionner par leur taille.
renaît de
ses cendres
après une Bloch 152 et Morane 406
période de Heller Musée, 1/72
grandes difficultés. Ses dirigeants ont choisi dans un premier temps
de se concentrer sur la réédition de sujets originaux constituant des En gardant
exclusivités maison. Parmi les véhicules, navires et autres blindés les illus-
nous attendions particulièrement les avions de la célèbre gamme trations de
Heller Musée. En voici le premier représentant bimoteur, le LeO 451. boîte d’époque, Hellerr
L’illustration d’époque a été reprise sur une boîte à l’ouverture réédite dans la caté-
pratique. La maquette est bien connue depuis plus de 60 ans, réputée gorie monomoteurs
juste de formes et proportions mais forcément moins détaillée que le Bloch. La marque
les productions modernes, l’aménagement intérieur comportant française a bien
quand même planchers, cloisons et quelques petits éléments conscience, et le
finement moulés. Le train d’atterrissage complexe est bien reproduit. précise sur la boîte,
e,
Au chapitre des qualités appréciables de ce LeO on trouve une très que ces modèles
fine représentation en relief des panneaux de revêtement et des paraissent “d’un
bords de fuite monoblocs minces et réalistes pour toutes les autre âge” au vu
gouvernes et les volets. Pour améliorer détails et aménagement des standards
intérieur, rappelons la belle monographie publiée chez Stratus actuels, mais
FRROM. La notice rappellera de bons souvenirs aux anciens ; au s’adresse parti-
dos sont imprimés de très beaux plans quatre vues couleurs. Les culièrement aux
nouvelles décalcomanies, de grande qualité, incluent les instruments collectionneurs
de bord et offrent le choix entre trois machines (deux options sont tout en ajoutant des dédécalcomanies
l i modernes
d dde qualité.
li é LLe
ajoutées à celle de la boîte originale avec ses bandes de voilure poste de pilotage, le moteur et les logements de train sont absents par
tricolores). Les camouflages trois tons sont classiques, l’un des exemple, mais les formes et proportions sont souvent mieux respectées
avions porte les ancres de la Marine et les marques “de Vichy”. que sur certains modèles plus récents. Les décalcomanies et jolis plans
couleurs ajoutent à la décoration fournie il y a 50 ans, deux options sur
Notre appréciation : maquette aux caractéristiques la base du camouflage trois tons classiques, l’une portant les marques
anciennes mais dotée de qualités intéressantes, complétée très colorées “de Vichy”.
de nouvelles décalcomanies, mais surtout la seule existant
pour ce magnifique bimoteur qui mérite bien quelques efforts. Notre appréciation : un parfum de nostalgie qui ne manquera
Très bonne initiative. pas d’attirer l’attention des collectionneurs.
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