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Traitements par voie chimique

Introduction
par Jacques DERUELLE
Docteur-Ingénieur en Technologie des Matériaux
Ingénieur d’Étude au Laboratoire d’Électrochimie Industrielle
du Conservatoire National des Arts et Métiers

1. Classification et normalisation ............................................................ M 1 551 - 2


2. Chimie des traitements chimiques ..................................................... — 3
2.1 Rappels d’électrochimie.............................................................................. — 3
2.2 Classification chimique des différents traitements................................... — 3
2.3 Procédés apparentés ................................................................................... — 4
3. Applications industrielles...................................................................... — 4
3.1 Protection temporaire et anticorrosion...................................................... — 4
3.2 Base d’adhérence ........................................................................................ — 5
3.3 Lubrification et diminution des bruits de fonctionnement ...................... — 5
3.4 Conduction électrique superficielle............................................................ — 5
3.5 Décoration : coloration et réflexion de la lumière .................................... — 5
3.6 Propriétés principales. Propriétés secondaires......................................... — 5
4. Mise en œuvre industrielle.................................................................... — 5
4.1 Adaptation mutuelle du procédé et des pièces......................................... — 5
4.2 Hygiène, sécurité, environnement ............................................................. — 6
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. M 1 551

’industrie utilise une grande variété de traitements de surface des métaux.


L Ces traitements modifient ou confèrent une propriété superficielle. En
première approximation, on peut distinguer les traitements chimiques des trai-
tements mécaniques, thermiques, physiques ou électrochimiques.
Les traitements chimiques s’appliquent sur presque tous les métaux usuels
pour en améliorer l’aspect décoratif, la résistance à la corrosion, la tenue aux
frottements ou l’aptitude à l’accrochage des peintures (tableau A).
Le traitement s’effectue, le plus souvent, en plusieurs opérations élémentaires :
— conditionnement de la surface (décapage, dégraissage...) ;
— traitement chimique proprement dit ;
— finition (colmatage, séchage...) ;
entrecoupées d’autant de rinçages qu’il est nécessaire.
Ainsi le terme traitement chimique sous-entend celui de gamme de traitement.
Ce court texte d’introduction aux traitements chimiques des métaux présente
1 - 1992

les principaux procédés et leurs applications.


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Tableau A – Principaux traitements chimiques et leurs applications


Traitement (1) Métal Applications
Passivations :
Nitrique ....................................................... Aciers inoxydables  Sans finition, protection temporaire
Chromique .................................................. Métaux cuivreux, argent  conservation d’un état de surface
Phosphochromique .................................... Fer 
Oxydations alcalines :
Noir alcalin - Bronzage............................... Fer, fonte Huilé, décoration et anticorrosion
Cuivre Sans finition, base de collage
EW, MBW, Pylumin, Alrok, Decoral .......... Aluminium Coloré, colmaté ou peint
Protectatin ................................................... Étain Décoration
Dow no 6...................................................... Magnésium Décoration
Chromatations :
Mordançage ................................................ Z i n c e t c a d m i u m , c u i v r e e t
alliages, aluminium, magnésium
et alliages
 Sans finition, verni ou peint, anticorrosion

Conversion, activation ............................... Titane Base de dépôt électrochimique ou lubrifié pour antigrippage
Phosphatations :


Au fer (amorphe, alcaline) .........................  Sans finition en base d’adhérence et isolement électrique
Fer, zinc, aluminium
Au zinc, Zn/Mn, Zn/Ca, Zn/Ni ....................  Huilé, verni, peint en anticorrosion
 Lubrifié pour frottement et déformation à froid
Au manganèse............................................ Fer Lubrifié pour frottement
Au calcium .................................................. Fer Isolement électrique
Au chrome................................................... Aluminium Décoration, base de peinture
Oxalatation ..................................................... Acier inoxydable Lubrifié pour frottement et déformation à froid
Dépôts par déplacement :
Cuivrage ...................................................... Cu(II)/Fe Sans finition en tréfilage, base de traçage en chaudronnerie
Nickel DIP .................................................... Ni(II)/Fe Sans finition, base d’émaillage
Duclanisation .............................................. Sn(II)/Cu Décoration
Dépôts autocatalytiques :
Kanigen, Nibodur ....................................... Ni(II)/Fe Anticorrosion
Cu(II)/plastique Création de conductivité
Au(II)/Au/Ag/ Pd/Pt ou Cu
Pd(II)/ [idem Au(II) ou autre]  Décoration

(1) Les procédés sont pour la plupart brevetés et propriétés de fournisseurs. Les noms de procédés sont des marques déposées.

1. Classification Ainsi une chromatation (XII) sur un dépôt électrolytique (I)


de 15 µm de zinc sur acier sera désignée par :
et normalisation Cr ( XII ) + Zn 15 ( I ) Fe
; ; ; ; ; ;
Le savoir-faire ayant souvent précédé la compréhension des b a b c a d
phénomènes mis en jeu, il y a parfois ambiguïté sur les termes
couramment employés. avec a procédé : classe en chiffre romain ou désignation en clair
du procédé,
D’après la façon de procéder et le résultat apparent de la gamme
de traitement, le praticien distinguera les patinages (coloration à but b symbolisation de la couche superficielle par son élément
décoratif), les passivations (inhibitions par simple immersion sans le plus représentatif (par exemple, pour la classe XII :
dépôt apparent), les dépôts de métaux, les conversions (formation P pour phosphatation, Cr pour chromatation, O pour
d’un dépôt perceptible non métallique) (tableau A). oxydation),
La norme AFNOR (NF A 91-010) préconise une codification des c épaisseur en µm ou masse surfacique en g/m2 (en général
traitements dans le but d’indiquer leur nature sur les dessins dépôts de métaux en µm et couche conversion en g/m2),
techniques. d symbole chimique du métal de base ou désignation
Les traitements chimiques sont concernés par deux classes de normalisée de l’alliage.
cette norme : Nota : le contexte permet d’éviter la confusion entre Cr (VI), dépôt de chrome sous vide
2–
selon cette norme, et Cr (VI), chrome à la valence 6 sous toutes ses formes Cr 2 O 7 par
— dépôts chimiques (de métaux) .................................. classe II ; exemple.
— traitements chimiques (conversions) ........................ classe XII.
Pour chaque procédé, il existe des normes de qualité indépen-
dantes de cette norme de désignation (articles spécialisés dans le
présent traité).

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2. Chimie des traitements Exemple : cuivrage du fer immergé dans du sulfate de cuivre :

Cu /Cu++ 0,34 V/ENH


chimiques
Fe/Fe++ – 0,44 V/ENH
Il s’agit ici de faire ressortir les traits communs et les principales d’où Fe + Cu++ → Fe++ + Cu.
différences entre traitements chimiques ; pour chacun d’eux, il
conviendra de se reporter à l’article concerné de ce traité.
Ces procédés constituent un groupe de traitements dont les
chimies sont apparentées : une oxydoréduction suivie d’une préci- 2.2 Classification chimique
pitation sur le métal. Ce changement de nature chimique se nomme des différents traitements
conversion de la surface (au sens strict, ce terme ne désigne que
la formation d’une couche d’un sel minéral).
À partir du schéma OX1 + RED2 → OX2 + RED1, les principaux
traitements chimiques sont classables selon les circonstances
chimiques de leur élaboration (tableau 1).
2.1 Rappels d’électrochimie
Les passivations sont des conversions dont la réaction s’est blo-
quée lorsque le potentiel électrochimique du métal a atteint une
Si on met en présence les corps RED2 et OX1 qui n’ont aucun
valeur limite au-dessus de laquelle la vitesse d’attaque devient pra-
domaine de potentiel où ils peuvent coexister (figure 1), il va se
tiquement nulle. La surface du métal conserve son aspect métallique.
produire la réaction chimique OX1 + RED2 → RED1 + OX2, qui est la
somme d’une oxydation RED2 – ne → OX2 et d’une réduction Les passivations électrochimiques vraies doivent être distin-
OX1 + ne → RED1 où ne sont les électrons. guées de l’inhibition par adsorption. (0)

Figure 1 – Domaines d’existence d’espèces chimiques oxydantes ou réductrices

Tableau 1 – Vue d’ensemble des traitements chimiques. Classement d’après les réactions chimiques
RED2 + OX1 → OX2 + RED1 Nature de la couche Procédé
La réaction est assez
rapide pour atteindre
 le potentiel de passiva-

 tion .................................. Le métal à traiter (RED2) est
 très légèrement oxydé en
 surface........................................ Passivations
H , l ’ o x y g è n e 
+


OX1 est  ou un autre 
oxydant 

Au pH de la solution,
le cation OX2 est insolu-

  ble.................................... La couche est un sel du métal à
  traiter (oxyde, sulfure, chro-  Oxydations alcalines
  mate) .......................................... 
   Patinages (sulfures)
RED2 est le  
métal à traiter   La réduction de OX1 sur La précipitation d’un oxyde,
  l e m é t a l a l c a l i n i s e l a  phosphate, chromate, oxa-
  phosphatation
 surface et provoque.......  late, molybdate ou autre ........ Conversions 
   chromatation
  La coagulation d’une résine... Autophorèse

 OX1 est un cation métallique ......................................... Le métal (RED1) du cation en
solution constitue la couche..... Métallisation par déplacement

RED2 est un
ion en solution OX1 est un cation métallique ......................................... Le métal (RED1) du cation en
solution constitue la couche..... Dépôt chimique autocatalytique

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Le fer, les aciers inoxydables, les alliages de cuivre et l’argent Le réducteur participe à plusieurs réactions, ainsi l’emploi d’hypo-
sont passivables. phosphite conduira à la formation d’un dépôt d’alliage nickel-
Les oxydations se pratiquent le plus souvent à chaud en milieu phosphore.
alcalin en présence d’un oxydant.
Les métaux ferreux (noir alcalin ), le cuivre, l’étain, l’aluminium,
le magnésium sont oxydables. 2.3 Procédés apparentés
La plupart des patines (dépôts colorés décoratifs) utilisent l’inso-
lubilité des sulfures, du sulfure de cuivre en particulier. ■ La phosphatation peut se pratiquer en milieu solvant ou à des pH
moyennement acides ; dans ces conditions, le bain de traitement
Trois procédés de coloration sont également à joindre à cette possède en plus des capacités de dégraissage (dégraissant-
catégorie : le noircissement du fer dans la vapeur d’eau surchauffée phosphatant).
(Bower-Barff ), la formation de couleurs d’interférence au four sec
(Temper colour ) et le noircissement du cuivre par les sulfures en ■ On augmente considérablement les domaines d’application des
pâte (Niellage ). traitements chimiques en ajoutant aux bains une partie inerte qui
Dans le cas des conversions en milieu acide, l’espèce qui se dépose s’incorporera au dépôt chimique :
est soluble au pH du bain. L’alcalinisation qui provoque la précipi- chromatation : additifs : colorants, filmogènes ;
tation, localisée sur le métal, est due aux réactions de réduction qui nickelage, cuivrage chimiques : additifs : poudres abrasives,
consomment des ions H+ ou produisent des ions OH –. poudres lubrifiantes, etc.
Exemples : phosphatations, chromatations, autophorèse ■ Certaines peintures contiennent des composés dont la réaction
(= coagulation d’une résine) (article Phosphatation [M 1 575] dans ce avec le métal est identifiable à une conversion (acide phosphorique,
traité). cétones).
Le métal à traiter n’est pas forcément un constituant de la couche de Si le bain est trop acide pour que la réaction de réduction puisse
conversion. alcaliniser suffisamment la surface, la précipitation ne se produit
Le fer, le zinc, l’aluminium sont phosphatables, le cuivre, le zinc, pas ; seul le métal se dissout ; brillantage, satinage, démétallisation,
l’aluminium sont chromatables. appartiennent à cette catégorie ; ils font l’objet d’articles spécifiques
dans ce traité, mais on remarquera qu’ils utilisent les mêmes réactifs
La métallisation par déplacement se produit spontanément quand que les traitements chimiques.
on immerge un métal dans une solution d’un cation métallique dont
Les traitements de surface portent souvent un nom qui ne reflète
le potentiel d’oxydoréduction est plus haut que celui du métal
pas leur identité chimique ; en fait, la plupart des solutions mises
immergé (article Nickelage chimique [M 1 565] dans ce traité). Le
en contact avec un métal laissent leur empreinte, et un décapage,
cation en solution se réduit et couvre la surface d’une couche
parfois, n’est utile qu’en créant une espèce superficielle insoup-
métallique (§ 2.1).
çonnée, c’est alors un vrai traitement chimique.
Les praticiens nomment souvent cémentations ces procédés :
Il ne faut pas confondre les cémentations par déplacement avec
attention aux confusions !
les cémentations des métallurgistes (traitements thermiques). En
Une réaction de déplacement est souvent cachée dans un traite- ce qui concerne les traitements chimiques à chaud (vapeur, gaz,
ment chimique, elle en est alors l’étape initiale ; celui-ci se poursuit sels fondus, etc.), la finalité fournit la frontière : seuls les traite-
ensuite sur une autre réaction. ments à buts décoratifs appartiennent aux traitements chimiques.
Exemples Il n’est pas toujours facile de connaître exactement la nature
— Une formulation de patinage de l’acier contenant du chlorure d’un dépôt ; par exemple, dans le domaine des patines, la nature
mercurique dépose, par déplacement, du mercure métallique ; la réduc- métallique de certains dépôts n’est pas évidente.
tion de l’hydrogène étant plus difficile sur le mercure que sur l’acier, une
autre réaction de réduction plus favorable, sans formation de gaz, se
produit, ce qui améliore l’adhérence.
— Une formulation de patinage du zinc contenant un sel de cuivre 3. Applications industrielles
produit, par déplacement, du cuivre métallique qui est ensuite oxydé
par les autres composés en solution ; le zinc, dont la plupart des sels Les applications industrielles des traitements chimiques sont
sont blancs, a été remplacé par du cuivre plus facilement colorable. nombreuses et, pour certaines, d’une grande importance écono-
— Une phosphatation au zinc contenant un sel de nickel produit, par mique. Elles interviennent soit en facilitant une fabrication, soit
déplacement, du nickel métallique ; ce dépôt initial agit sur la cinétique comme traitement de finition d’un objet manufacturé.
de germination des cristaux de phosphate produits ensuite.
Dans une métallisation chimique autocatalytique, la solution
contient un réducteur et un ion métallique, réductible en métal 3.1 Protection temporaire et anticorrosion
(articles Nickelage [M 1 610] et Dépôts chimiques autocatalytiques
de nickel pur [M 1 566] dans ce traité). L’anticorrosion est une des applications principales des traite-
ments chimiques (recueil de normes AFNOR-Cefracor : Corrosion et
Exemple : nickelage chimique sur acier :
protection des métaux).
++ – – Les passivations offrent une protection limitée destinée à
Ni + H 2 PO 2 + H 2 O + 2e → Ni + H 2 PO 3 + H 2
conserver un état de surface après un brillantage par exemple.
La surface métallique n’intervient plus dans la réaction, elle n’est Pour augmenter leurs performances, l’oxydation alcaline du fer
plus que le lieu privilégié où s’effectue de préférence la réduction. doit recevoir une finition huilée et l’oxydation de l’aluminium
La métallisation de matières non conductrices (ABS, etc.) est une (blanche ) doit être colmatée ou passivée au chromate (article Trai-
extension directe de ces procédés. tements anodiques de l’aluminium et de ses alliages [M 1 630] dans
La réaction ne s’arrête plus dès que le métal d’origine est masqué, ce traité).
les dépôts sont donc plus épais que lors d’une métallisation par Les chromatations sont utilisables brutes, vernies ou peintes.
déplacement.

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La phosphatation brute ou huilée est utilisable en protection 3.5 Décoration : coloration


temporaire, mais c’est surtout le traitement avant peinturage qui
assure une meilleure résistance à la corrosion. et réflexion de la lumière
Pour s’opposer aux corrosions dues à des couplages galvaniques, À des fins décoratives on peut colorer les métaux de teintes
il est possible d’isoler le fer par des phosphatations particulières diverses : brun, bleu, vert imitant la patine naturelle du cuivre par
(article Phosphatation [M 1 575] dans ce traité). exemple. Si le métal de base ne se prête pas à l’opération, on effectue
Les dépôts chimiques autocatalytiques présentent une bonne un cuivrage préalable.
résistance à la corrosion et peuvent être utilisés dans des environ- Du point de vue technique, deux teintes sont importantes, blanc
nements chimiques relativement agressifs. et noir mats antireflet que l’on peut obtenir par oxydation alcaline.
Les patines n’ont pas une résistance suffisante en milieu industriel,
un vernissage incolore est nécessaire.
Quelle que soit l’application visée, on doit prendre en compte la 3.6 Propriétés principales.
durabilité de l’objet et considérer la résistance à la corrosion.
Propriétés secondaires
Aux propriétés positives motivant le choix éventuel d’un traite-
3.2 Base d’adhérence ment s’opposent les propriétés négatives pouvant justifier son rejet.
— Toxicité, inaptitude au contact alimentaire : les traitements
Un traitement chimique est parfois nécessaire pour obtenir l’adhé-
chimiques utilisent beaucoup le Cr VI, bon oxydant mais toxique ;
rence de divers dépôts sur un métal ; citons :
son usage est prohibé sur l’aluminium (et l’argent) alimentaire.
— la phosphatation avant peinture, notamment phosphatation au
zinc avant peinture par électrophorèse ; — Température maximale supportable : les couches de conver-
— la phosphatation avant enrobage de caoutchouc, plastique, sion perdent leur eau de cristallisation vers 200 oC, néanmoins
etc., l’oxydation alcaline du cuivre avant collage ; certaines phosphatations peu hydratées peuvent supporter l’appli-
— le cuivrage chimique sur fer avant enrobage de caoutchouc cation de PTFE ou de polyimide à une température de l’ordre
dans l’industrie des pneumatiques ; de 350 oC.
— le nickelage chimique de l’acier avant émaillage (article Les chromatations jeunes à nu perdent facilement leurs qualités
Émaillage des métaux [M 1 514] dans ce traité) ; vers 60 oC.
— la conversion du titane avant dépôt électrolytique. — Soudabilité : en général les traitements chimiques n’initient pas
l’aptitude au soudage d’un métal ; pour leur utilisation, on se pré-
occupe seulement de la conservation de celle-ci après traitement.
Remarque : physiquement on ne peut pas dire qu’une phos- Parallèlement à la conductivité, on peut dire qu’en couche mince les
phatation améliore l’adhérence d’une peinture par rapport à conversions conservent la soudabilité, en couche épaisse il faudra
l’adhérence possible sur métal nu propre ; par contre, ce qu’amé- poncer (et perdre la protection).
liore la phosphatation, c’est la durabilité de la liaison peinture-
métal ; il s’agit donc plutôt d’une meilleure résistance à la Le nickelage chimique autocatalytique, lui, constitue une prépa-
corrosion. ration au soudage.
— Respect des cotes : les traitements chimiques combinent perte
de métal et apport d’un dépôt. Sur des métaux très réactifs comme
le magnésium le bilan est facilement très négatif (et aléatoire) si l’on
3.3 Lubrification et diminution n’y prend garde.
des bruits de fonctionnement — Fragilisation par l’hydrogène : le dégagement d’hydrogène est
relativement limité durant les conversions.
En déformation à froid, le traitement chimique forme ou participe
à la formation d’une couche à faible coefficient de frottement :
— savon de zinc formé aux dépens d’une phosphatation au zinc ;
— oxalatation des aciers inoxydables et réfractaires avant 4. Mise en œuvre industrielle
savonnage ;
— cuivrage chimique en tréfilerie.
En lubrification de mécanismes (engrenages), la capillarité d’une
4.1 Adaptation mutuelle du procédé
couche de phosphatation épaisse au manganèse empêche la rupture et des pièces
du film d’huile.
La lubrification à sec par une métallisation chimique en présence Le procédé sera choisi en fonction du but du traitement et du métal
de particules lubrifiantes en suspension (PTFE, graphite) est en à traiter. L’analyse détaillée des critères de choix sort des limites de
développement. ce texte dans la mesure où elle doit inclure tous les traitements de
surface.
Ces techniques de métallisation chimique en présence de parti-
cules amplifient considérablement les applications potentielles de Les traitements chimiques s’appliquent par immersion ou par
ces traitements, notamment dans le domaine des surfaces abrasives. pulvérisation, en défilement continu ou en pas à pas, selon la nature
de la production, la durée des traitements et l’agressivité des
solutions.
La complexité de la gamme de traitement dépendra de l’état des
3.4 Conduction électrique superficielle pièces à l’entrée et du niveau de performance demandé.
Les couches de conversion minces conservent une certaine Les traitements chimiques sont assez souples pour s’appliquer à
conductivité électrique mais sont peu protégées contre la corrosion. n’importe quel type de pièces, on prendra garde cependant :
Les couches épaisses peuvent être très isolantes (phosphates de Ca — à la formation de poches d’air isolant le métal des solutions
ou de Al). de traitement (panneaux horizontaux, trous borgnes) ;

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— aux rétentions de solution entraînant des pertes de produit, des La phosphatation au manganèse et la phosphatation au lance-
difficultés de rinçage, des pollutions de bains, des hétérogénéités vapeur se pratiquent autour de 100 oC.
de traitement si l’égouttage ne peut stopper la réaction Dans les cuves de traitement, les solutions sont relativement
uniformément ; diluées mais les réserves de régénération sont plus concentrées et
— aux autoséchages si la pièce chaude comporte des épaisseurs caustiques. On utilise presque tous les acides minéraux courants
de métal capables de transférer à la surface s’égouttant la chaleur (phosphorique, nitrique, chromique et fluorhydrique), et la soude.
suffisant à son séchage, ce qui peut inhiber aux endroits séchés la
poursuite normale du traitement dans les bains suivants. Il faut éviter les méthodes d’emploi des solvants présentant des
risques d’inhalation par l’opérateur (essuyage). Les enceintes closes
ou semi-closes de dégraissage et de dégraissage-phosphatant
solvantés sont sans risque.
4.2 Hygiène, sécurité, environnement Cr(VI) et nitrite sont les produits toxiques les plus répandus dans
les traitements chimiques.
Les traitements chimiques utilisent des produits chimiques dont
la manipulation demande un minimum de précaution. D’une Par exemple, la projection du Cr (VI) est interdite au lance-vapeur.
manière générale, les solutions employées sont moyennement Les normes de rejet prévoient différentes contraintes de pH et de
chaudes (ambiante ou 60 à 80 oC), relativement diluées (20 g/ L) donc concentration en sels de métaux lourds ; le traiteur de surface se
peu agressives et peu toxiques avec des exceptions notables. référera directement aux textes officiels de réglementation (arrêté
Les patines sont souvent réalisées dans des bains chauds (ébul- ministériel du 26 septembre 85 relatif aux ateliers de traitements
lition), caustiques (bases ou acides forts et concentrés, oxydants ou de surface).
réducteurs puissants), toxiques (arsenic, tellure, mercure) avec la Sur la base du droit à 8 L d’eau/m2 traité et par fonction de rinçage,
participation manuelle de l’opérateur. avec, en moyenne, 5 L de solution entraînés pour 100 m2 traités, le
Les oxydations alcalines se pratiquent en solutions concentrées respect des normes reste accessible, un rinçage à cuve unique per-
à 140 oC ou en autoclave à la vapeur surchauffée. mettant déjà un rapport de dilution de 50 à 100.

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du Conservatoire National des Arts et Métiers
S
Bibliographie A
Ouvrages généraux
LORIN (G.). – La phosphatation des métaux. Eyrolles
(1973).
V
DUPRAT (J.J.). – Les couches protectrices de chroma-
tation sur le zinc. Galvano-Organo-Traitements de O
surface, no 595 (1989).
FISHLOCK (D.). – Metal colouring. Robert Draper
(1962).
I
Traitements de surface. Aluminium, titane, magné-
sium. Congrès AITE, Galvano-Organo-Traite-
ments de surface (1983).
R
Manuel des traitements de surface à l’usage des
bureaux d’études. CETIM (1987).

P
Organisme
Centre Français de la Corrosion (Cefracor).
L
U
S
1 - 1992
Doc. M 1 551

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