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Tableau 1 – Classement des avaries de surface dans un contact très chargé (EHD ou sec )
Effets normaux + tangentiels + thermiques
glissement spécifique
U1 – U2 / ( U1 + U2 ) 0 5 % >5%
déformations plastiques
fatigues superficielles
nature des avaries de surface usure, fatigue-scoring
usure et fatigue par petits débattements
grippage
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Figure 6 – Grippage
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2. Modélisation mécanique
du fonctionnement
du contact
2.1 Position du problème
Figure 8 – Concept des trois corps
L’analyse du fonctionnement d’un contact élastohydrodynamique
dans lequel les surfaces des massifs sont rugueuses est un problème lubrifiant. Depuis 1966, de nombreux auteurs ont contribué à
pertinent sur le plan scientifique et très utile d’un point de vue l’analyse des effets des rugosités sur les pressions dans un contact
industriel. Sa modélisation est à la frontière de plusieurs domaines sec, puis lubrifié, tant sur le plan théorique qu’expérimental [43].
de la mécanique : l’élasticité, la mécanique rationnelle, la mécanique
Cet article a pour objectif de définir des outils simples pour
des fluides, la rhéologie du lubrifiant et la thermique notamment.
permettre d’évaluer les paramètres qui gouvernent le fonctionne-
Elle fait également appel à d’autres disciplines, telles que la physique
ment et les avaries de surface dans ces contacts. La démarche repose
des matériaux et la chimie des lubrifiants et des surfaces. Il s’agit
sur des concepts mécaniques, en considérant les aspects physiques
donc d’une démarche pluridisciplinaire.
et chimiques comme des paramètres constants qui induisent notam-
Dans les mécanismes, ces contacts constituent des liaisons dont ment des conditions aux limites connues. Ces approches sont basées
les caractéristiques dynamiques, raideurs et amortissements, inter- sur les notions classiques relatives à l’échelle globale ou volumique
agissent sur leurs comportements et inversement. du contact pour lesquelles les effets de peau ou de surface
Schématiquement, un contact peut être analysé comme étant constituent des perturbations à l’échelle locale.
composé de trois domaines :
— d’une part, les premiers corps ➀ et ➁, qui sont les massifs
associés par la liaison considérée, par exemple les deux dentures 2.2 Approches globale et locale
d’engrenage (figure 8) ;
— d’autre part, le troisième corps ➂, qui est le milieu séparateur La modélisation mécanique du fonctionnement d’un contact
des premiers corps et qui permet l’accommodation de leur vitesse hertzien lubrifié nécessite l’évaluation :
relative, par exemple le film lubrifiant entre les surfaces de denture.
— de la séparation ou épaisseur du film visqueux lubrifiant ;
Dans le cas des contacts très chargés étudiés ici, la non-conformité — du champ de contraintes induit par les charges transmises par
des surfaces en contact provoque des pressions très élevées, au-delà le contact et les déformations imposées par la séparation ;
de 109 Pa. La déformation des massifs doit alors être prise en compte. — du champ de températures résultant de la dissipation dans le
L’association de l’élasticité des massifs et de l’hydrodynamique du film séparateur.
film visqueux séparateur a conduit à qualifier ce régime d’élasto-
hydrodynamique (EHD). La méthode employée distingue les approches classiques à
l’échelle globale du contact et les perturbations induites à l’échelle
Les démarches de la mécanique des contacts sont récentes. En locale par la microgéométrie des surfaces.
ce qui concerne l’élastohydrodynamique, elles reposent sur l’analyse
simultanée de trois concepts :
— l’hydrodynamique des fluides visqueux en film mince ; 2.2.1 Séparation élastohydrodynamique
— le comportement du lubrifiant sous haute pression ;
— la déformation des massifs. 2.2.1.1 Analyse globale
Tout d’abord, quelques précurseurs ont abordé ce domaine, mais Dans un contact hertzien ou élastohydrodynamique, les pressions
sans rassembler les trois concepts, par exemple Martin (1916). sont suffisantes pour augmenter la viscosité du lubrifiant et pour
Ce n’est qu’avec les travaux de Grubin et Vinogradova, en 1949, déformer les surfaces. Au cours des vingt dernières années, de
que la première démarche véritablement élastohydrodynamique a nombreuses études expérimentales et théoriques ont montré que :
débouché sur le calcul approché de l’épaisseur du film. Puis, ce sont — un film d’huile d’épaisseur comprise entre 0,01 et 1 µm peut
les travaux théoriques et numériques de Dowson et Higginson (1959) se former pour des gammes de charge et de vitesse très étendues ;
qui ont donné à l’élastohydrodynamique l’importance qui est la — des théories analytiques ou numériques permettent de calculer
sienne actuellement. En parallèle, les épaisseurs des films ont été ces films ;
mesurées : citons Crook (1958). — la concordance entre les résultats expérimentaux et théoriques
L’ensemble de ces approches prennent en considération des est excellente.
massifs homogènes parfaitement élastiques dont les surfaces sont Formellement, le contact est décrit à partir de [15] :
lisses. La réalité est plus complexe. En effet, les surfaces des massifs — la géométrie et la cinématique des surfaces en contact ;
sont rugueuses et les massifs peuvent ne pas être homogènes, mais, — la charge normale transmise ;
par exemple, être munis de revêtement de propriétés mécaniques — le comportement du lubrifiant, thermo et piézoviscosité ;
différentes de celles des massifs, voire réagir aux sollicitations — les caractéristiques élastiques des massifs ;
imposées par le contact par un comportement non élastique. Cette — l’équation de l’écoulement, ou équation de Reynolds, pour le
réalité est mieux cernée en considérant deux échelles d’analyse : film ;
celle du contact global, qui concerne la sous-couche ou volume du — l’équation de l’élasticité pour la déformation des surfaces ;
massif, et une analyse plus locale qui concerne la peau ou la surface — l’équation de l’énergie dans les différents milieux pour le
des massifs. Il n’y a pas dualité entre ces deux échelles mais champ de températures.
complémentarité.
La présence des aspérités des surfaces des massifs modifie les 2.2.1.1.1 Valeurs de la séparation
démarches élastohydrodynamiques précédentes en ce qui concerne
la déformation élastique des massifs et l’hydrodynamique du film Les hypothèses sont les suivantes : écoulement isotherme,
surfaces lisses, lubrifiant newtonien, piézovisqueux, incompressible,
surabondant, massifs élastiques.
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■ Pour un contact cylindrique infiniment long (figure 9), la valeur Le pic de pression à la sortie de la zone haute pression (figure 9)
adimensionnée de l’épaisseur du film ou séparation H 0 au centre du correspond à la présence d’un bourrelet. Son effet sur la portance
contact est donnée par : est faible, mais celui sur le champ de contraintes dans les massifs
peut être important.
0,74 0,74 – 0,11
H 0 = 1,131 U G W Cheng [16] L’hypothèse de l’incompressibilité du lubrifiant est justifiée,
* * *
puisque sa masse volumique augmente seulement d’environ 25 %
et celle adimensionnée de l’épaisseur minimale Hm par : lorsque la pression varie de la pression atmosphérique à 1 GPa.
Cette variation est quasiment sans effet sur l’épaisseur du film
H m = 0,985 U 0,7 G 0,6 W – 0,13 Dowson-Higginson [17] [18] dans cette analyse globale.
* * *
■ Pour un contact elliptique, ces deux valeurs sont respectivement : Les variations de l’épaisseur minimale en fonction de la tempé-
rature du lubrifiant T, de la charge linéique W /L et de la vitesse de
0,67 0,53 – 0,067
H 0 = 1,691 U G W [ 1 – 0,61 exp ( – 0,73K ) ] roulement U1 + U2 sont indiquées sur la figure 10.
* * *
Hamrock-Dowson [19]
0,67 0,49 – 0,073
H m = 2,266 U G W [ 1 – exp ( – 0,68K ) ]
* * *
Hamrock-Dowson [19]
Les variables adimensionnées U∗, G∗, W∗ et K ont les valeurs
indiquées dans le tableau des notations.
Les expressions précédentes ont été vérifiées expérimentalement
de nombreuses fois [20] [21] [22]. L’erreur commise est inférieure
à 10 %.
Exemple : pour illustrer ces résultats, considérons deux cylindres
lisses de rayon Rx 1 = Rx 2 = 20 mm, de largeur 10 mm, tournant l’un
sur l’autre selon des axes parallèles à 2 387 tr/min, transmettant une
charge normale de 5 000 N, lubrifiés par un fluide de viscosité dyna-
mique 0,037 Pa · s, ayant un coefficient de piézoviscosité de
1,5 × 10– 8 Pa– 1. Les disques sont en acier, E1 = E2 = 2,1 × 1011 Pa,
et ν1 = ν2 = 0,3. Alors :
E ′ = 2,307 7 × 10 11 Pa
U 1 = U 2 = 5 m/s
Figure 9 – Contact élastohydrodynamique linéaire (cylindre-cylindre)
R x = 0,01 m
G * = 3,461 × 10 3
U * = 1,603 × 10
– 10
W * = 2,166 × 10
–4
h 0 = 0,67 µm
h = 0,54 µm
m
Dans ce cas :
— l’épaisseur minimale hm est égale au 4/5 de l’épaisseur au
centre h0 ;
— la pression hertzienne maximale est de 1,35 GPa et la largeur
du contact 2a de 0,47 mm.
Il s’agit effectivement d’un film mince, puisque le rapport entre la
longueur de l’écoulement 2a et son épaisseur h0 est de 6,76 × 102.
2.2.1.1.2 Discussion
L’effet du module de Young de chacun des massifs est faible. Il Figure 10 – Variation de l’épaisseur hm dans un contact cylindrique
en est de même de celui de la charge normale. Ceci est le signe de infiniment long en fonction de la température T dans le convergent,
la grande rigidité du film EHD. de la charge linéique W /L et de la somme des vitesses
Par contre, le coefficient de piézoviscosité, la viscosité dans le des surfaces U1 + U2
convergent et la somme des vitesses de chaque surface ont des effets
importants sur l’épaisseur du film. Ceci est la marque de la pré-
pondérance de l’effet hydrodynamique de l’entraînement sur cette
épaisseur.
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--------a -
Contrairement aux hypothèses précédentes, l’écoulement n’est Rx 2 0,58
pas parfaitement isotherme. L’échauffement du fluide dans la zone m 0 = 1 + 3,06 ⋅ H0
de génération de pression provoque une diminution de son
épaisseur. Plusieurs auteurs ont étudié cet aspect [23] [24] [25] [26] Toutefois, il n’est pas généralement possible de relier l’abscisse
[27]. Retenons les résultats récents de Gupta, Cheng et al. [27]. Un d’entrée xe à des caractéristiques du contact, notamment au débit
facteur de correction thermique Φ T est défini de la manière suivante : de lubrifiant fourni au contact.
H (T ) = Φ T H 0 La valeur du coefficient ΦA a été vérifiée expérimentalement à
20 % près [21] [22] lorsqu’il a été possible de mesurer x e.
Ce facteur est l’expression de calculs lourds dont les résultats
numériques sont ajustés. Il est exprimé comme suit : Dans les conditions de l’exemple du paragraphe 2.2.1.1.1, suppo-
sons que x e = 5a, d’où :
0,42
1 – 13,2 ( p 0 / E ′ ) L T m=5
Φ T = --------------------------------------------------------------------------------
0,64
-
1 + 0,213 ( 1 + 2,23S 0,83 )L T m0 = 1,886
∂ µ ( U1 + U2 )
2
ΦA = 1,54
avec
∂T
L T = – --------- -------------------------------
4k f
paramètre thermique
ce qui montre que xe = 5a est une condition largement suffisante
U1 – U2 pour considérer l’alimentation comme surabondante.
U1 + U2
S = 2 ----------------------- paramètre cinématique Pour que cela ne soit plus le cas, il faudrait que m = m 0 , c’est-à-dire
que x e = 1,8a, ce qui est une condition rarement atteinte dans un
∂µ β fonctionnement habituel.
et – ---------- = ---------- µ
∂T T2
lorsque la thermoviscosité d’un lubrifiant est déterminée par : 2.2.1.2 Analyse locale.
Effet de la microgéométrie des surfaces
1 1 Il s’agit des conséquences de ce qui est appelé rugosité des
µ (T ) = µ ( T0 ) exp β ------ – --------
T T0 surfaces (article Tolérances et écarts dimensionnels, géométriques
et d’états de surface [B 7 010] dans ce traité). À l’échelle de l’épais-
expression dans laquelle : seur du film lubrifiant h0 ou h m, les surfaces réelles ne sont pas lisses,
µ (Pa · s) est la viscosité dynamique du lubrifiant ; puisque leurs aspérités ont des hauteurs qui sont du même ordre
T et T0(K) sont les températures absolues de fonctionnement de grandeur que ces épaisseurs. Leur présence a des effets sur :
et de référence ; — la génération de pression et le débit dans le convergent, donc
β (K) est le coefficient de thermoviscosité du lubrifiant. sur la séparation elle-même ;
— la raideur, les pressions et le frottement dans le contact.
Pour compléter l’exemple du paragraphe 2.2.1.1.1, supposons que :
— la température T du lubrifiant dans le convergent soit de Seul le premier de ces effets sera abordé ici. Il est encore très
60 oC ; étudié [4] [34] [35] [36] [37] [38]. Retenons l’approche de Patir et
— la conductivité thermique du lubrifiant soit de 0,1 W/(m · oC) ; Cheng [39] pour sa simplicité. Elle se traduit par un facteur de
— le coefficient de thermoviscosité du lubrifiant soit de 5,4 × 103 K. correction Φ R . Il dépend de l’écart-type des distributions des
hauteurs des rugosités Rq 1 et Rq 2 de chaque surface, de leur
Alors LT = 0,45. orientation par rapport aux vitesses de roulement U1 et U2 et de leur
Si U1 = U2, S = 0, donc : ΦT = 0,75. appartenance à une surface lente ou rapide.
Toutes choses égales par ailleurs, supposons qu’il existe un glis- Pour fixer les idées, et pour trois configurations élémentaires des
sement spécifique U 1 – U 2 / ( U 1 + U 2 ) = 0,20 tout en conservant rugosités, le facteur Φ R est donné dans le tableau 2. (0)
U1 + U2 constant. Alors : Φ T = 0,75.
Il s’agit d’une modification relativement faible. Notons qu’un glis-
sement spécifique de 0,20 est courant dans les engrenages, mais Tableau 2 – Facteur de correction R
que son effet est peu sensible (10 %). en fonction des rugosités
Cette correction a été confirmée par des travaux
expérimentaux [27] [28] [29]. Rq / h 0
Sens des rugosités par rapport
aux vitesses de roulement U 1 et U 2
2.2.1.1.4 Effet de l’alimentation en lubrifiant 0 0,5 1
Si la quantité de lubrifiant dans le convergent du contact est transversale 1 1 1
insuffisante, l’épaisseur du film est réduite [30] [31] [32] [33] [34].
longitudinale 1 0,85 0,42
L’approche de Dowson [33], dans le domaine de pression qui nous
concerne, se traduit par un facteur de correction ΦA défini à partir isotrope 1 1,07 1,29
de la demi-largeur du contact a, de l’épaisseur du film H0 en condition
de lubrification surabondante et de l’abscisse d’entrée du film xe,
tel que : Dans ce tableau, les rugosités des deux surfaces sont égales
0,29 Rq1 = Rq2 = Rq et Rq /h0 est supposé petit.
ΦA = ------------------
m –1
m–1
0
- Ces résultats ne sont que des indicateurs, car il n’existe pas encore
de démarche indiscutable et les vérifications expérimentales sont
quasi inexistantes.
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Notons cependant que lorsque les rugosités sont des sillons trans-
versaux, c’est-à-dire perpendiculaires aux vitesses des surfaces,
leurs effets sont modestes, alors que, lorsqu’ils sont longitudinaux,
leurs effets réduisent l’épaisseur.
La connaissance de l’aire de contact, de la distribution des Tableau 3 – Paramètres définissant le contact linéaire
pressions et des contraintes tangentielles en surface est nécessaire,
mais insuffisante pour évaluer le comportement des massifs. Il faut Paramètre Expression
connaître, en plus, le champ des contraintes dans le massif,
conséquence des sollicitations en surface et du comportement du
----------
- + -----------
–1
Rayon de courbure 1 1
massif. De plus, il faut prendre en compte l’effet de la microgéométrie réduit Rx =
R x1 R x2
des surfaces des massifs, car l’analyse des contraintes doit tenir
compte des conséquences de l’échelle géométrique considérée.
------------------ ------------------
πLE
4WR x 1/2 8WR x 1/2
Demi-largeur
Nous rappellerons les résultats classiques concernant les surfaces du contact selon Ox a = = ′
-
LE eq
lisses, puis nous examinerons les éléments qui les modifient, et plus
particulièrement la rugosité des surfaces.
------------------
2πLR
1/2 ′ 1/2
1 WE eq WE 2W
Pression maximale p 0 = ------ ----------------- = - = ------------
2.2.2.1 Analyse classique : cas des surfaces lisses π LR x x πaL
---------
- + -----------
–1
Rayon de courbure 1 1
réduit Rx =
2.2.2.1.1 Contact cylindre-cylindre (figure 11) R x1 R x2
La demi-largeur du contact a et la pression hertzienne maximale
---------------------
- ------------------
2E ′
3πR x W 1/3 3R x W 1/3
p 0 sont données dans le tableau 3. Rayon du cercle
de contact a = =
4E eq
2.2.2.1.2 Contact entre deux sphères 2 1/3 1/3
Le rayon du cercle de contact a et la pression hertzienne maximale 3 16πWE eq 3 4 WE ′ 2
Pression maximale p 0 = ----------2- ----------------------------
2
- = -------- ---------------------
2
-
p0 sont donnés dans le tableau 4. 2π 9R x 2π 9R x
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π W R eq 1/3
1/3
* E
Demi-axe de l’ellipse 2W R eq
de contact selon Ox a = a ----------------------- = a -----------------------
- De ces résultats, il faut retenir que les contraintes de cisail-
eq * E′
lement et leurs maximums, ainsi que leurs profondeurs dans le
massif, dépendent respectivement de la pression maximale p0 et
πW R eq 1/3
-----------------------
1/3
---------------------
Demi-axe de l’ellipse 2W R eq de la largeur de l’aire de contact 2a.
de contact selon Oz c = c - = c ′
-
* E eq * E Valeurs maximales Position
des contraintes
2 1/3 τ max
1/3
0,3p0 0,78a
Rapprochement
élastique du solide δ = δ*
W
----------
E eq
π2
-----------
R eq
= δ
4W 2
--------------------
* E ′ 2 R eq τ xy 0,25p0 0,5a
W E′2
3 variation de la valeur maximale de la contrainte de cisaillement maxi-
= ---------------------- ------------------
2πa c 2
- mal τmax et de sa profondeur avec le rapport a/c pour une pression
* * 4R eq hertzienne maximale p0 constante, les demi-axes de l’ellipse de
contact a et c étant comme définis ci-avant [44].
1/2
Distribution
de pression 2 π ac
x 2
a z 2
p ( x, z ) = ------- ------------ 1 – ----- – ----
3 W
c
Le cas représenté sur cette figure 13 est la zone centrale d’un
chargement normal. La valeur de la contrainte de cisaillement
maximal varie peu, environ 8 % par rapport au cas cylindrique. Par
contre, sa profondeur diminue sensiblement, passant de 0,78a pour
le cas du contact cylindrique à environ 0,48a pour le cas sphérique.
Tableau 6 – Paramètres adimensionnés a∗ , c∗ et *
en fonction de cos
La forme globale du contact modifie donc peu les contraintes
de cisaillement maximal, mais seulement la profondeur de la
cos a∗ c∗ * zone la plus sollicitée.
0,00 1,000 1,000 0,750
0,10 0,936 1,070 0,748 2.2.2.2 Effets des perturbations locales
0,20 0,878 1,150 0,743 Plusieurs facteurs dus au fonctionnement réel perturbent l’analyse
précédente. Il s’agit de la présence des rugosités des surfaces, de
0,30 0,822 1,242 0,734 celle du pic de sortie de la pression élastohydrodynamique, du
0,40 0,769 1,351 0,721 frottement éventuel sur les surfaces, des variations des propriétés
élastiques des massifs et des contraintes résiduelles. Examinons
0,50 0,717 1,486 0,703 principalement l’effet des rugosités des surfaces.
0,60 0,664 1,661 0,678
0,70 0,608 1,905 0,644 2.2.2.2.1 Effet des rugosités des surfaces
Lorsque la séparation pondérée h 0 est du même ordre de
0,75 0,578 2,072 0,622
grandeur que la hauteur moyenne des aspérités, voire plus petite,
0,80 0,544 2,292 0,594 des contacts locaux se produisent sur les sommets des aspérités.
La déformation des aspérités qui en résulte est imposée par les carac-
0,85 0,507 2,600 0,559
téristiques du film séparateur, car sa raideur est importante [45]. Sur
0,90 0,461 3,093 0,510 les aspérités déformées apparaissent alors des surpressions par
rapport à la pression hertzienne globale, qui provoquent des
0,92 0,438 3,396 0,484
maximums secondaires de contraintes de cisaillement dans le massif
0,94 0,412 3,824 0,452 à une profondeur, non plus de l’ordre de 0,78a, c’est-à-dire à l’échelle
globale du contact, mais de l’ordre de 0,78 fois la demi-largeur du
0,96 0,378 4,508 0,410
pic de cette surpression, c’est-à-dire à l’échelle de l’aspérité.
0,98 0,328 5,937 0,345 La présence d’aspérités impose une résolution numérique du
0,99 0,287 7,774 0,288 problème élastique. À partir de la méthode de Kalker [46], deux
familles de démarches ont été entreprises :
— soit les rugosités sont considérées comme étant de forme
La figure 12b représente les variations de σ 1 , σ 2, σ 3 et τmax au sinusoïdale d’amplitude A et de longueur d’onde λ ;
centre du contact (x = 0), en fonction de la profondeur dans le massif — soit elles sont considérées comme ayant une microgéométrie
y /a. La contrainte τmax est nulle en surface et passe par un maximum donnée y (x, z ) et traitées comme telles.
de 0,30p0 à la profondeur 0,78a.
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2.2.3 Températures
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2.3.1 Paramètres de l’état mécanique pignon ➀ et d’une roue ➁. Les caractéristiques de taillage et de
fonctionnement, ainsi que celles des matériaux, sont données dans
Parmi ceux-ci, rappelons : le tableau 7. Parmi celles-ci, notons que :
— les géométries des massifs : — le lubrifiant a une viscosité µ0 = 0,037 Pa · s à T0 = 60 oC et un
coefficient de piézoviscosité α = 1,5 × 10–8 Pa–1. Il est représentatif
• rayons de courbures principaux des surfaces Rx1 , Rx2 , Rz1 , Rz 2 , d’une huile de transmission ISO VG 100 ;
• longueur du contact linéaire L ; — les matériaux sont identiques pour le pignon et la roue, il s’agit
— la microgéométrie des surfaces des massifs : d’acier ;
• soit en terme de rugosité, c’est-à-dire de distribution de leurs — le coefficient de frottement est supposé connu ;
hauteurs, par exemple écarts-types de ces distributions Rq1 et Rq2 , — les caractéristiques de cet engrenage sont courantes, mais non
pour chaque surface, spécifiques. (0)
• soit en terme de microgéométrie proprement dite, par exemple
hauteur A et longueur d’onde λ de la rugosité caractéristique ;
— la cinématique des surfaces :
Tableau 7 – Caractéristiques de l’engrenage
• vitesses d’entraînement U1 et U2 , pris comme exemple (§ 2.4)
• vitesse de glissement U1 – U2 ;
— la charge normale transmise W ; Caractéristiques Roue 1 Roue 2
— les caractéristiques mécaniques du lubrifiant, notamment sa
viscosité absolue à la température d’entrée dans le convergent µ 0 Nombre de dents ......................................... 33 38
et sa piézoviscosité α. Parfois, d’autres caractéristiques rhéologiques
Coefficient de déport ................................... 0,100 0,000
sont utiles, par exemple son module de cisaillement et sa contrainte
limite ; Module de taillage ...............................(mm) 3,50
— les caractéristiques des massifs :
Angle de pression de taillage .................. (o) 20,00
• caractéristiques élastiques E1 , E2 , ν1 , ν2 et leurs variations à
l’intérieur des massifs, Angle de pression de fonctionnement .... (o) 20,43
• caractéristiques physiques k1 , k2 , ρ 1 , ρ 2 , C1 , C 2 et coefficients Entre-axes.............................................(mm) 124,60
de dilatation α1 et α 2.
Jeu latéral .............................................(mm) 0,00
Rayon de tête .......................................(mm) 61,600 70,000
2.3.2 Paramètres fonctionnels du contact Rayon de base......................................(mm) 54,267 62,490
Rayon primitif nominal........................(mm) 57,750 66,500
Ils sont issus des concepts mécaniques présentés ci-avant. Ils
concernent : Rayon primitif de fonctionnement .....(mm) 57,911 66,585
— l’échelle globale, à l’image de l’aire de contact ; Pas de base...........................................(mm) 10,33
— l’échelle locale, à l’image des aspérités des surfaces.
Rapport de conduite .................................... 1,66
Pour les premiers, rappelons :
Vitesse d’entrée.................................(tr/min) 2 660
— la géométrie du film élastohydrodynamique séparant les
surfaces des massifs, caractérisée par l’épaisseur au centre h0 ou Vitesse de sortie................................(tr/min) 2 310
l’épaisseur minimale hm et leurs modifications dues à l’alimentation, Puissance transmise ................................(W) 72 000
les effets thermiques et les rugosités des surfaces ;
— la pression hertzienne maximale p 0 et les valeurs remarquables Largeur de l’engrenage .......................(mm) 17,15
des contraintes dans les massifs (τxy )max et τmax ; Coefficient de Poisson ................................. 0,30 0,30
— la géométrie de l’aire de contact, a et c pour des contacts Module d’Young ..................................(GPa) 210 210
elliptiques et a et L pour des contacts linéaires ;
— la température maximale Tmax dans le contact ou son augmen- Viscosité.............................................. (Pa · s) 0,037
tation Tf . Coefficient de piézoviscosité...............(Pa–1) 1,5 × 10–8
En ce qui concerne les seconds, plus difficiles à discerner Coefficient de frottement ............................ 0,05
aujourd’hui, notons :
— les microgéométries des surfaces, exprimées par Rq1 et Rq 2 , Conductivité thermique ...........[W / (m · oC)] 46 46
comparées à l’épaisseur minimale hm du film élasto-hydrodyna- Capacité thermique massique [J / (kg · oC)] 460 460
mique à l’aide du paramètre : Masse volumique............................ (kg / m3) 7 890 7 890
Rqc /hm appelé rapport de rugosité
1/2 Les points remarquables du fonctionnement d’un engrenage de
où Rq c = Rq 21 + R q 22
ce type sont situés sur la droite d’action T1T2 (figure 16a ). Ils sont
Notons, enfin, que ces valeurs sont évaluées pour un compor- au nombre de cinq :
tement nominal en régime permanent, mais que des perturbations — le premier point de contact A ;
dynamiques du mécanisme peuvent les modifier très sensiblement. — le point de contact I correspondant au primitif ;
L’évaluation de ces perturbations est difficile et ne sera pas abordée — le dernier point de contact B ;
dans cet article. — les points C et D, transition entre un et deux couples de dents
en prise.
La figure 16b représente, le long de la droite d’action T1T2 , les
2.4 Exemple d’un contact variations des paramètres de l’état mécanique :
entre deux dents d’engrenage — la somme des vitesses de roulement U1 + U2 ;
— le rayon de courbure réduit Rx ;
À titre d’illustration, considérons un engrenage à axes parallèles, — la valeur absolue de la vitesse de glissement U 1 – U 2 ;
à dentures droites en développante de cercle. Il est constitué d’un — la charge linéique W/L.
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La figure 16c représente, sur la même abscisse T1T2 , les variations — la vitesse de glissement U1 – U2 s’annule au primitif ;
des paramètres de fonctionnement du contact : — la charge normale linéique W/L varie brutalement en C et D,
— l’épaisseur minimale du film lubrifiant h m ; ce qui est une conséquence de l’indéformabilité des engrenages.
— la demi-largeur de l’aire de contact a ; En ce qui concerne les paramètres de fonctionnement du
— la pression hertzienne maximale p 0 ; contact, on observe que :
— l’augmentation de température Tf . — l’épaisseur minimale hm varie peu, ce qui est dû à sa quasi
Le tableau 8 donne les valeurs de ces paramètres pour les cinq insensibilité à la charge normale ;
points remarquables de l’engrènement, le long de la droite d’action — la demi-largeur de la zone de contact a et la pression hertzienne
T1T2 . De plus, le glissement spécifique U 1 – U 2 / ( U 1 + U 2 ) est indi- maximale p0 sont plus sensibles à la charge normale, mais globa-
lement demeurent assez faibles ;
qué dans les paramètres de fonctionnement de ces contacts.
— l’augmentation de température est au plus de 38 oC et est quasi
En ce qui concerne les paramètres de l’état mécanique, on symétrique par rapport au point primitif I.
remarque que :
La position de ces grandeurs par rapport à une limite d’avarie est
— le rayon de courbure Rx et la vitesse totale de roulement U1 + U2 étudiée au paragraphe 3.
varient peu, moins de 20 % ;
(0)
Rx U1 + U2 U1 – U2 W/L hm a p0 Tf U1 – U2
Points
(figure 16a) ---------------------------
(mm) (m/s) (m/s) (103 N/m) (µm) (mm) (GPa) (oC) ( U1 + U2 )
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3. Relations Pour le premier, une limite est difficile à exprimer. Toutefois, pour
un contact de type élastohydrodynamique, un fonctionnement est
paramètres-avaries considéré comme normal pour un coefficient de frottement inférieur
ou égal à 0,06. Au-delà, le risque d’usure augmente.
de surface Pour le deuxième, le risque d’usure est faible, si le rapport de rugo-
sité est inférieur à 1.
Les relations entre les paramètres fonctionnels précédents et les Pour le troisième, par contre, il n’existe pas de limite claire. Ses
avaries de surface ne sont pas encore parfaitement décrites, car les conséquences thermiques ne sont sensibles que pour des valeurs
mécanismes de dégradation ne sont pas clairement identifiés, du glissement spécifique supérieures à 20 % [13].
notamment à l’échelle de l’édifice cristallin. Par ailleurs, les relations
entre les phénomènes à cette échelle, à celle des aspérités et enfin
à celle de l’application des efforts sont mal connues. On peut
cependant dégager certaines tendances. Pour cela, en considérant 3.3 Grippage
les paramètres aux deux échelles définies au paragraphe 2.2, nous
examinerons les paramètres d’influence et leurs limites sur chaque
type d’avarie de surface. De la même façon que pour les usures, il n’existe pas de critère
fiable pour le grippage. On peut cependant considérer que le risque
devient important lorsque les paramètres du paragraphe précédent
dépassent respectivement 0,10, 1 et 20 % [66] [67].
3.1 Fatigues superficielles De plus, il a été montré que pour des surfaces rugueuses le risque
de grippage augmente très sensiblement lorsque le rapport entre
■ Considérons tout d’abord le problème de la déformation plastique la surface réelle de contact et la surface apparente de contact tend
qui précède fréquemment les fatigues superficielles. vers 1 [51].
Tabor [60] montre qu’il existe une relation linéaire entre la dureté Enfin, depuis les travaux de Blok, il est admis que la température
HV d’un solide et sa limite élastique en compression (p 0)e du type : joue un rôle important. Sa valeur maximale dans le contact doit être
HV/(p0)e = Cte inférieure à la fois à celle que peut supporter un lubrifiant et à celle
de revenu de la surface du massif, soit respectivement 150 oC pour
Pour une dureté Vickers HV ou Knoop donnée, la constante est les lubrifiants minéraux et environ 250 oC pour les matériaux durcis
égale à 3 avec une bonne approximation. en surface.
■ Les paramètres qui influent sur la formation des écailles [61] [62]
[63] [64] pour un nombre de cycles donné sont :
— la pression hertzienne maximale p 0 ; 3.4 Exemple d’un contact
— le rapport de rugosité Rqc /h m . entre deux dents d’engrenage
La profondeur à laquelle ces écailles se produisent est :
— 0,78a pour un contact linéaire ;
— 0,48a pour un contact sphérique. Reprenons l’exemple du paragraphe 2.4. Ces résultats peuvent
où a est la demi-largeur de l’aire de contact. être analysés et utilisés de deux manières complémentaires :
— soit pour identifier la nature de la dégradation éventuelle pour
■ La formation des microécailles est surtout sensible au rapport de un point de contact donné ;
rugosité Rqc /hm [61] à [67]. — soit pour préciser le risque de dégradation de nature donnée.
Les effets locaux sont liés au microécaillage, et les effets globaux
à l’écaillage en sous-couches, qui développent chacun deux réseaux
de fissures. Toutefois, ces deux réseaux inter-réagissent, ce qui 3.4.1 Nature de la dégradation éventuelle
explique l’effet du rapport de rugosité sur l’écaillage.
Les limites admissibles pour ces deux paramètres sont floues, Reprenons chacun des cinq points remarquables repérés sur le
mais les tendances résultant d’approches expérimentales sont pignon.
claires. — Pied de dent A et sommet de dent B : très léger risque de grip-
Lorsque p0 atteint HV/6 le risque d’écaillage existe. Lorsque page ou de griffure, car la température maximale est de
Rq c /hm atteint 1, les sollicitations sur les aspérités deviennent impor- 60 + 37 = 97 oC et le glissement spécifique U 1 – U 2 / (U 1 + U 2 ) de
tantes et le risque de microécaillage devient réel. 39 %. Ce risque est atténué par la valeur assez élevée de l’épaisseur
minimale du film lubrifiant.
■ Points C et D de changement du nombre de couples de dents en
3.2 Usures prise : la pression hertzienne maximale est de 0,97 GPa et l’épaisseur
du film de 0,65 µm. Ainsi, pour que le risque de fatigue superficielle
Les critères sont imprécis, mais il est clair que les usures d’origine existe, il faudrait que l’écart-type des rugosités de chaque surface Rq1
mécanique sont fonction : et Rq2 soit égal ou supérieur à 0,46 µm car le rapport de rugosité
— du coefficient de frottement f ; Rqc /hm serait alors de l’ordre de 1.
— du rapport de rugosité Rqc /hm ;
— du glissement spécifique U 1 – U 2 / ( U 1 + U 2 ) .
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■ Point I, confondu avec le primitif : même commentaire que précé- L’analyse du fonctionnement de contact qui a été proposée ici
demment. repose sur des concepts mécaniques : géométrie, champs de
Le commentaire relatif aux points C, I et D concerne, en fait, toute contraintes et de température. Elle concerne les domaines habituels
la zone centrale de l’engrènement CD où un seul couple de dents d’un problème tribologique : les premiers corps, c’est-à-dire les
est en prise. Cette zone est peu étendue et, globalement, présente massifs, et le troisième corps, c’est-à-dire le film visqueux lubrifiant.
un risque de microécaillage dans les conditions discutées ci-avant. Cette démarche est particularisée par la prise en compte d’échelles
géométriques couvrant plusieurs ordres de grandeur.
L’une est classique : celle du contact global. Elle a fait l’objet de
3.4.2 Risques de dégradations nombreux travaux théoriques et expérimentaux relatifs :
— à la géométrie du film lubrifiant ;
■ Grippage : le risque est très faible aux extrémités des dentures. En — à la pression en surface et aux contraintes dans les massifs ;
effet, d’une part, la température maximale du lubrifiant Tmax est — à l’augmentation de température.
inférieure à 100 oC et, d’autre part, le glissement spécifique et la
charge linéique sont faibles. Cette température est largement L’autre échelle est plus fine, c’est celle des contacts locaux au
inférieure aux limites habituelles des lubrifiants minéraux, qui sont niveau des aspérités des surfaces des massifs. Elle est moins bien
de l’ordre de 150 oC. connue et elle est, depuis deux décennies, au cœur des travaux sur
ce sujet.
De plus, la pression hertzienne maximale est faible et l’épaisseur
du film lubrifiant importante. Par contre, l’analyse du problème thermique à cette échelle reste
à entreprendre.
■ Fatigues superficielles : c’est également un risque assez faible. Des paramètres traduisant l’état mécanique, c’est-à-dire l’environ-
En effet, dans la zone fortement chargée CD, on note que : nement mécanique du contact, et des paramètres fonctionnels du
— la pression hertzienne maximale est de l’ordre de 1 GPa. Si la contact découlent de ces analyses. La sévérité du fonctionnement
dureté du matériau utilisé est de l’ordre de 600 HV, à la suite d’une peut alors être décrite par des grandeurs mécaniques objectives :
cémentation-trempe par exemple, le risque d’écaillage est prati- pressions, contraintes, températures aux deux échelles signifi-
quement nul car HV 6 p 0 ; catives.
— l’épaisseur du film lubrifiant, de l’ordre de 0,65 µm, permet faci- Des relations ont été établies entre ces paramètres fonctionnels
lement de respecter le critère Rq c /hm < 1 et d’éviter le risque de et les différents types d’avaries de surface observés dans les contacts
microécaillage. hertziens lubrifiés. Les résultats principaux sont les suivants : pour
A contrario, ce risque d’écaillage deviendrait important si, par des conditions physiques et chimiques données et constantes, deux
exemple, les deux surfaces de denture, finies de la même manière paramètres gouvernent les fatigues superficielles : la pression
par rectification, étaient telles que : hertzienne maximale et le rapport de rugosité.
Rq1 = Rq2 > 0,46 µm — La pression est prépondérante sur la formation des écailles qui
constituent la réponse des massifs aux sollicitations à l’échelle
ce qui est tout à fait possible en fabrication mécanique. globale.
— Le rapport de rugosité est essentiel pour la formation des
microécailles, elles-mêmes réponses des peaux des massifs aux
En résumé : les conditions de fonctionnement de cet engre-
sollicitations à l’échelle locale. Ces deux niveaux ne sont pas
nage sont convenablement choisies car les risques d’avaries de
indépendants : les phénomènes au niveau de la peau peuvent agir
surface sont faibles, voire nuls.
sur ceux de la sous-couche et aggraver ainsi les conséquences des
pressions hertziennes.
Enfin, à titre d’exemple, le cas du contact entre les surfaces des
dentures d’un engrenage à axes parallèles et dentures en
4. Conclusion développante de cercle a été analysé et les risques de dégradations
discutés. Cette méthode peut, bien entendu, être extrapolée à
d’autres mécanismes comportant des contacts élastohydro-
Cet article a traité des avaries de surface dans les contacts hertziens dynamiques, notamment des engrenages ayant d’autres formes de
lubrifiés et plus particulièrement des fatigues superficielles. denture, des roulements à billes ou à rouleaux et des mécanismes à
Les différentes avaries de surface ont été classées en fonction des cames.
sollicitations qui les produisent.
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Fatigue des surfaces R
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par Louis FLAMAND N
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