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Le débat sur la liberté de la presse a marqué l'actualité cette semaine. Il s'est décliné de plusieurs façons.
Par exemple celle-ci: les journalistes doivent-ils s'accréditer à partir de maintenant pour couvrir une manifestation ?
C'est ce qu'a dit mercredi Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur, avant de revenir en arrière, et de faire une
déclaration beaucoup plus modérée selon laquelle "les journalistes peuvent, sans en avoir l’obligation, prendre contact
avec les préfectures avant les manifestations". Même si le ministre a essayé
de calmer le débat, les inquiétudes sont là et on peut les lire dans la presse.
"Nous n’accréditerons pas nos journalistes pour couvrir les manifestations", c'est le titre d'un article publié hier, donc
après la marche arrière du ministère de l’intérieur. Cet article a été signé par les directions d'une trentaine de
rédactions. La diversité des opinions politiques montre à quel point le sujet est fédérateur, puisque cela va de
Mediapart au Point en passant par La Croix, le Canard Enchaîné, et la rédaction de Radio France.
"Les journalistes", peut-on lire, "n’ont pas à se rapprocher de la préfecture de police pour couvrir une manifestation.
Il n’y a pas d’accréditation à avoir pour exercer librement notre métier sur la voie publique".
L'affaire se déroule de la même façon pour le fameux article 24 de la loi de sécurité globale qui vient d'être adopté par
les députés. Le gouvernement se rend compte qu'il a allumé un incendie, essaye de l'éteindre mais ne semble pas y
parvenir pour le moment.
Cet article, on le rappelle, punit la publication malveillante d' images des forces de l'ordre. La presse s'inquiète. Est-ce
une façon de contrôler la couverture médiatique des interventions policières ? Le ministre de l'intérieur a finalement
adopté un amendement qui garantit la liberté de la presse dans cet article. Mais malgré tout, les inquiétudes restent
vives.
"Aucune réécriture ne peut plus excuser l’indéfendable article 24, dont la suppression pure et simple est maintenant
nécessaire". C'est ce qu'écrivait hier encore dans un article le directeur du Monde, Jérôme Fenoglio.
De son côté Christophe Deloire, président de Reporters sans Frontières, s'exprime sur le sujet sur le site de L'Obs. Son
entretien a été publié hier. À le lire, on comprend que, pour lui, c'est une sorte de boîte de Pandore qui est ouverte.
Voici ses mots : "le risque, c'est que cette loi entraîne sur le terrain des comportements contraires à la liberté de la
presse. Si on observe les pratiques policières en ce moment, on comprend que ce risque n’est pas négligeable : des
policiers empêchent déjà des journalistes de filmer [...] Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin dit également des
choses extrêmement inquiétantes", dit-il, "qui témoignent d’une idée très réductrice de la liberté de la presse".
Quant à cet amendement finalement introduit pour garantir le droit d'informer, il ne rassure pas Christophe
Deloire. "Les belles phrases", dit-il, "ne suffisent pas à régler le problème. Il faut réfléchir au texte lui-même et à
l’interprétation, y compris abusive, qui peut en être faite".
On y apprend que pour le ministre de la justice, trop de personnes coupables d'incitation à la haine en ligne profitent
de la loi de 1881 sur la liberté d'expression de la presse alors qu' "elles ne le méritent pas" parce qu'elles "ne sont pas
journalistes".
Cela inquiète Alexis Lévrier, historien de la presse à l’université de Reims, interrogé par l'Opinion.
Pour lui, attention à ne pas donner "le sentiment que l’Etat accrédite les journalistes". "Ce n’est pas à l'Etat, dit-il, de
définir qui est journaliste et qui ne l’est pas. La loi de
1881 arrache la presse au contrôle de l’État sans dire qui doit en bénéficier. C’est lié au fait que la presse est une
profession floue, qui ne se définit pas par la seule carte de presse mais par des interactions avec la société".
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Que signifie "les personnes qui ne sont pas journalistes ne méritent pas la liberté d’expression de la presse" ?