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Introduction
L’impôt est par définition un prélèvement obligatoire, sans contrepartie directe, acquitté par le citoyen pour
financer l’État. Il est d’autant plus facilement accepté et acquitté qu’il est compris et validé, ce consensus à l’impôt
existe si et seulement si les individus présentent une motivation interne, donc personnelle et hors
répression, à payer leurs impôts. Effectivement, pour certains, la peur peut être un facteur de mobilisation
et mener au paiement ; mais là, point de consentement. Au contraire, celui-ci ne peut découler que d’un
fort degré de sens civique, de considérations morales propres, ou encore d’altruisme, d’un sens du devoir
collectif. La perte de sens du devoir en matière fiscale s’exprime à l’opposé par un évitement croissant de
l’impôt.
Dans ce cadre, le consentement à l’impôt, présenter comme le point de départ du parlementarisme moderne.
En théorie, la constitution marocaine de 2011 selon l’article 71  «  le régime fiscal et l’assiette, le taux et les
modalités de recouvrement des impôts » sont des domaines de la loi. Ce principe de légalité de l’impôt signifie
que le consentement à l’impôt se manifeste par l’intermédiaire de nos représentants au parlement. Cette
disposition se trouve renforcée par l’article 39  de la constitution, qui insiste sur les principes de légalité  de l’impôt
et d’égalité devant l’impôt. Le civisme est avant tout un état d’esprit qui doit pousser le citoyen à respecter les
lois et les engagements solennels, avant d’être seulement une affaire de code à connaître et à respecter. Il reste
le meilleur moyen pour que le contribuable accepte l’impôt et adhère à l’instauration de sa légitimité.

L’acceptation de l’impôt est donc, en premier, tributaire de la culture, du pays et de l’époque à laquelle elle est
élaborée. Ensuite, les contraintes économiques mais aussi le comportement des agents expliquent son évolution
et celle de son acceptation. Ainsi de la politique fiscal adopter par chaque pays entant qu’une utilisation du
système socio-fiscal à des fins de politique économique. Alors la problématique qui se pose est : dans quelle
mesure la politique fiscal marocaine est capable de renforcer le consentement à l’impôt, et d’adhérer les citoyens
au civisme fiscal comme un devoir collectif ? De cette question principale découle 3 sous-questions

 Quel sont les raisons Les raisons du non-consentement à l’impôt et d’incivisme


fiscal ?
 Quelles sont ses conséquences ?
 Quelles sont les mesures entreprises en vue de renforcer le consentement à l’impôt, de
développer un civisme fiscal efficace ?

I. Les raisons du non-consentement à l’impôt et d’incivisme fiscal.


Les raisons du non-consentement à l’impôt et d’incivisme fiscal sont multiples, elles sont généralement liées
aux plusieurs différents aspects :

o La relation administration fiscale-contribuable

Le fait qu’un individu est égoïste de nature, et conçoit mal l’idée de partager son patrimoine à obliger
l’Etat d’aller chercher sur les mécanismes de la lutte contre le sentiment d’aversion chez les contribuables
envers tous ce qui se rapporte à l’impôt. Pour répondre à cette exigence, l’administration fiscale marocaine a
entrepris, depuis les années 80, un ensemble des réformes afin de moderniser le système fiscal. Notamment
la réforme du contrat d’objectifs de moyens mis en place par la direction générale des impôts avec la
direction du budget en 27 octobre 1999. Dans ce cadre la Direction générale des impôts a adopté une
nouvelle vision qui considère le contribuable comme un vrai partenaire de l’administration fiscal dans le but
d’influencer positivement cette relation et de rétablir la confiance.

Mais malgré tous ces reformes la relation existe entre l’administration fiscale et le contribuable est très
modeste, et que la majorité des problèmes naissaient d’un malentendu et du mal compréhension au nivaux
d’interprétation des dispositions de la réglementation fiscale, à cause de la complexité et de l’illisibilité des
textes fiscaux.par conséquence, l’administration fiscale croit que la publication de ces textes suffit pour que
les réactions des citoyens soient pertinentes et justifiées mais ce n’est le cas dans un pays comme le Maroc
que le taux d’analphabétisme est très élève.

Donc cette complexité de la structure fiscale participe à la distorsion de la qualité des services qu’il
fournit aux contribuables, et elle génère de la confusion et retire du consensus à l’impôt. Or, un bon impôt
est un impôt clairement lisible qui fait consensus. Par exemple : Le chef d’entreprise est perdu dans le
maquis de la fiscalité. Il sait qu’il paie de l’Impôt sur les sociétés (IS) et de la TVA, mais il ne sait pas comment
fonctionne la TVA, ni comment il va régler son IS, ni quelles sont les règles à respecter, Il se décharge sur un
expert. Donc le chef d’entreprise est trop déconnecté de la matière fiscale.

o L’évitement fiscal comme un déclencheur d’incivisme fiscal. (la justice fiscale)

Le secteur informel est constitue un enjeu majeur pour le Maroc, sachant que ces unités de production
n’ayant pas de comptabilité compète et déclarée, ce qui facilite l’évitement fiscal. Par conséquence, l’Etat
subit la diminution des recettes fiscales. Ainsi, le Maroc dispose d’un système fiscal qui regroupe un
ensemble des exonérations et d’outils permettant d’éviter légalement de s’y soumettre à l’impôt, et le
bénéficiaire se sont les niches fiscales. Cette multiplicité d’instruments génère de la confusion et augment le
sentiment d’injustice et retire le consensus à l’impôt chez les autres contribuables tel que les PME et TPE qui
paient plus d’impôt que les firmes multinationales.

Donc le consentement à l’impôt ne se réalise pas si par un impôt juste et équitable, et le législateur doit
assurer une répartition plus juste de la charge fiscale en respectant la capacité contributive et en favorisant
une égalité de sacrifices financiers.

o La légitimité de l’impôt et le consentement à l’impôt

La déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 stipule dans l’article 14 que « Tous les
citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution
publique, de la consentir librement, d'en suivre l'emploi, et d'en déterminer la quotité, l'assiette, le
recouvrement et la durée». Le vote accroît l’acceptation de l’impôt et renforce sa légitimité, cette
démocratie directe favorise donc la morale fiscale. A cet égard que l’administration fiscale doit démontrer
que c’est pour le bien commun, que l’impôt doit être collecté, et pour qu’il soit capable de bénéficier des
différentes services offerts par l’Etat il faut payer son impôt comme un acte citoyen. Donc l’impôt est
considéré comme un symbole de la solidarité sociale, un instrument de la réalisation du bien-être et de
l’intérêt général et comme un moyen d’intégration de la communauté, puis de la nation et de l’Etat.
Selon un sondage réalisé par le cabinet d’IPSOS sur la perception des Marocains de leur système fiscal : seul
9% des Marocains connaissent très bien le système fiscal. Et que les femmes disposent des connaissances
moins que les hommes. Ce manque de transparence et d’intégrité dans la gestion des impôts et la prise de la
décision affecte négativement le sens du devoir fiscal.

o Le consentement fiscal en échange des services publics.

Les contribuables auront tendance à consentir d’avantage à l’impôt s’ils estiment que le gouvernement
leur fournit des services publics de qualité en échange du paient de leurs impôt. Par exemple la satisfaction
vis-à-vis des services d’éducation, de santé, des infrastructures, de la sécurité et de la justice. Mais le Maroc
n’est pas encore atteint un stade de répartition équitable de la richesse. Par exemple les écarts qui se
trouvent au niveau des régions (ex : la région de rabat-salé-Kenitra & la région de souss massa draa)

Selon une récente analyse publier le 6 mai par Tafra, le centre d’analyse étudie les logiques et les raisons
qui poussent les citoyens marocains a l’échelle des différentes régions, à s’acquitter de leurs impôts : La
région de Guelmim-Essemara révèle les plus faibles niveaux d’attitudes de consentement fiscal (6,25%) celle
de l’Oriental avec un taux  (62.5%) Ainsi,  près de 80% dans la région de Tanger-Tétouan à comprendre le
non-consentement fiscal, et 87,5% dans la région Laâyoune-Boujdour-Sakia EL Hamra. D’après cette analyse,
elle a conclue que 71% des personnes déclarent qu’ils consentiraient à payer plus d’impôts s’ils percevaient
une amélioration de la qualité des services publics.et 87% estiment que leurs impôts ne sont pas utilisés à

bon escient par l’Etat. Alors que 66,2% déclarent avoir le sentiment d’accomplir un acte citoyen lorsqu’ils
payent leurs impôts et un taux de 66,2% lorsque l’Etat capable de lutter contre la fraude fiscale.

II. Les conséquences du non consentement à l’impôt et du l’incivisme fiscal.


Sur le plan social : les fraudeurs auront comme impression qu’ils sont assistés puisque les honnêtes
contribuables vont payer à leur place, ce qui efface toute notion de justice social et quel   pourrait être
l'origine des conflits sociaux.

Sur le plan économique : L’évitement fiscal renforce le sentiment d’injustice et d’iniquité du système fiscal,
donc cet évitement fiscal quel que soit d’une manière légale (ex : les exonérations) ou bien illégale (ex :
le secteur informel) provoque un manque à gagner pour l’Etat et le report de la charge fiscal. En effet, la
fonction principale de l’impôt est de finances les dépenses publiques, si il ya une diminution des recettes
fiscales, pour régler la situation l’Etat peut soit diminuer des services publiques soit de reporter la charge
fiscale par des mécanisme, par exemple de graver son déficit budgétaire (la dette), ou bien de recourir a
d’autre impôt comme l’IR qui est facile a collecter ou par la TVA puisqu’il est considéré comme un impôt
aveugle, payer par le riche et le pauvre, et que le simple citoyen ne sentir pas l’importance de son poids, afin
de compenser les pertes réaliser au niveau d’impôt sur les sociétés.
Donc l’évitement fiscal provoque la distorsion de la concurrence loyale entre les acteurs économiques.

III. Préconisations.
Les travaux de l’OCDE sur le moral fiscal. Confirment que le consentement à l’impôt dépend du niveau de
confiance des contribuables envers les institutions, de la perception de la corruption et de la satisfaction à
l’égard des services publiques.
Plusieurs dispositions a été énoncé dans le but d’encourager le contribuable à payer son l’impôt
spontanément et de renforcer le civisme fiscal :
o Sensibiliser les contribuables par l’information sur l’utilité d’impôt, on ne peut pas y avoir de bon
impôt, de consentement, si nous ne comprenons pas à quoi il sert. Notamment se sont les rôles les
plus primordiaux : le premier c’est de financer les dépenses publiques ; le deuxième, d’une certaine
façon, cherche à réguler la société en éliminant un certain nombre d’inégalités sociales ; et le troisième
consiste à inciter à investir. Il serait souhaitable par exemple, de profiter des occasions pour expliquer
les lois qui traitent de la matière fiscale et de faire une large diffusion dans les médias.
o consolider l’éducation des contribuables afin de faciliter l’impôt.
o Affecter les recettes générées par certains impôts à des dépenses spécifiques destiner a crée des
conditions d’une bonne vie pour les contribuables. A savoir, la santé, l’éducation et les
infrastructures…etc.
o De lutter contre la corruption et la fraude fiscal par le renforcement du contrôle fiscal. Notamment par
le déploiement des nouvelles technologies dans les administrations fiscales. Et aussi par la mise en
place des sanctions fiscales.
o L’intégration des citoyens dans la gestion et la prise de la décision d’impôt.
o Rationalisation des niches fiscales Pour gagner la confiance et l’adhésion des citoyens…etc.

Conclusion
La construction d’un Etat démocratique moderne est le processus dans lequel notre pays est engagé
depuis de nombreuses années, par l’instauration d’une politique fiscale juste et équitable. Mais malgré
les reformes en matière de la fiscalité que le Maroc a était adopter pour la réalisation de ce but, il existe
encore plusieurs problèmes qui influence négativement le consentement à l’impôt ainsi que le civisme
fiscal. De ce fait, La fiscalité est une matière évolutive et très vivante ce qui nécessite d’anticiper sur les
modes de fonctionnement de la société.

Bibliographique

 M. Antoine Dulin : « LES MÉCANISMES D'ÉVITEMENT FISCAL, LEURS IMPACTS SUR LE


CONSENTEMENT À L'IMPÔT ET LA COHÉSION SOCIALE », DÉCEMBRE 2016,
https://www.lecese.fr/sites/default/files/pdf/Avis/2016/2016_14_evitement_fiscal.pdf

 Michel Bouvier : « Sens et légitimité de l’impôt », 2014,


https://www.cairn.info/revue-pouvoirs-2014-4-page-27.htm

 Khanfor Abdelkader, Youssef el wazani : «  La communication fiscale au Maroc : les


obstacles à la socialisation du contribuable », 2016, https://revues.imist.ma/index.php?
journal=REMAREM&page=article&op=view&path%5B%5D=6408

 RGUIG Mohammed, GUEMMI Faouzi : « Civisme fiscal au Maroc : à la recherche du


compromis », 2015, https://revues.imist.ma/index.php?
journal=jbe&page=article&op=view&path%5B%5D=4414

 André BARILARI : « Le consentement à l’impôt, fragile mais indispensable aporie », 30


avril 2007, https://www.cairn.info/revue-regards-croises-sur-l-economie-2007-1-
page-27.htm
 André BARILARI : « Le consentement à l’impôt », 2018, http://www.ac-sciences-lettres-
montpellier.fr/academie_edition/fichiers_conf/BARILARI-2018.pdf
 Cécile Bazart : « Le consentement à l’impôt, l’acceptation de la fiscalité et ses effets
pervers », April 2015,
https://www.researchgate.net/publication/303941664_Le_consentement_a_l'impot
_l'acceptation_de_la_fiscalite_et_ses_effets_pervers
 Tafra : « pourquoi payer des impôts ? une analyse quantitative du consentement à
l’impôt », 6 mai 2019, http://tafra.ma/pourquoi-payer-des-impots-une-analyse-
quantitative-du-consentement-a-limpot-au-maroc/

 Zaya Mimoun : « LE CONSENTEMENT À L’IMPÔT : UNE EXPRESSION SANS SUBSTANCE »,


28 mars 2019, https://www.ecoactu.ma/le-consentement-a-limpot-une-expression-
sans-substance/

 « Le consentement fiscal au Maroc, une question de légitimité politique avant tout », LE 15
MAI 2019, https://telquel.ma/2019/05/15/le-consentement-fiscal-au-maroc-une-
question-de-legitimite-politique-avant-tout_1638284/?
utm_source=tq&utm_medium=normal_post

 CÉCILE BAZART : « Fiscalité : une affaire de psychologie et de morale », Problèmes


économiques : Comprendre la fiscalité - Hors-série n°9, 2016.
 

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