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I.

La ville moderne et Le Corbusier

Le Corbusier (1887-1965) inspecte une maquette d’un immeuble à redents

A partir du milieu du 19ème, plusieurs essais


et tentative ont été lancé par des
ingénieurs et hygiénisme pour but de
contrôler la ville, son développement et
son évolution (Haussmann).

Par la suite, nous sommes toujours dans


une période d’industrialisation où l’on
retrouve le problème de la
promiscuité (situation qui oblige des
personnes à vivre côte à côte et à se mêler
malgré elles) entre les logements ouvriers
et les implantations industrielles. Une
promiscuité aussi mobile (voiture,
charrette, piéton, etc.).

Pour Le Corbusier, l’opération de Haussmann et la ville Haussmannienne (rénovation de paris lors du


19ème) devient un problème et non plus une solution. Le Corbusier appelle le boulevard
Haussmannien, une rue corridor où il observe le phénomène de congestion et promiscuité mobile.
Le but, pour le Corbusier et la période du mouvement moderne après la WWI, va être de finir avec
les rues corridors et développer des villes ouvertes.

Couverture de la publication Projet et Utopie de Manfredo Tafuri (post-moderniste), 1973

Manfredo Tafuri, penseur italien et néo-


marxiste, est le fondateur de l’université de
l’université de l’architecture de venise en 1968.

Dans cet ouvrage, il développe la thèse que la


crise de l’architecture des années 60’ et 70’ est
dû à l’inefficacité du mouvement moderne de
s’attaquer aux réels problèmes sociétaux. De ce
constat, il explique que ce sont des problèmes qui ne peuvent être
résolu uniquement avec des moyens architecturaux. Dans cet ouvrage, il
fait une distinction entre deux volets de l’avant-garde vis-à-vis de la
question de la ville (Großstadt). Le premier est la pensée utopique et
radicale de Le Corbusier puis le deuxième est la pensée pragmatique,
orientée vers la réalisation de Ernst May (Das neue Frankfurt).

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A. Le Corbusier : Première période

A.I – 1922, Une ville contemporaine, une ville pour 3 millions d’habitants

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Au sein d’une exposition d’art en 1922 au Salon d’Automne à Paris, il propose une ville
contemporaine. Une proposition d’une ville utopique pour 3 millions d’habitants. On peut voir
deux axes routiers principales qui mène à un aéroport au centre de Paris. Un aéroport qui est
entouré de 24 grattes ciels. Ces derniers, de grandes hauteur mais d’une faible empreinte aux sol,
combinent des commerces, bureaux et appartements. On retrouve deux autres typologies plus à
l’exterieur avec d’une part des immeubles à redents puis d’autres part des immeubles cellulaires.
Contrairement aux immeubles cellulaires, les immeubles à redents se détache de l’utilisation de la
route comme axe de circulation.

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Sur ces photos, on peut voir des immeubles cellulaires – des immeubles-villas – qui englobent les
qualités d’habitations que l’on peut trouver dans une villa avec les avantages que l’on peut trouver
dans des logements collectifs. Ils sont composés de cellules individuelles, des terrasses extérieurs, et
autres. La double hauteur que l’on peut voir sur l’axonométrie montre l’intention du Corbusier dans
ce projet à réduire un maximum l’emprise au sol pour chercher la hauteur des structures. Au final,
10% d’occupation au sol et 90 % de libre pour le vert, l’air libre, etc. Le Corbusier s’est intéressé à la
typologie de New York où il affirme que les gratte-ciels de Manhattan ne seraient pas assez haut,
dans le but de libérer l’espace résiduelle de la ville. Un plan plutôt académique qui n’est globalement
pas bien reçu principalement pour son côté fermé, càd à ne pas laisser la place à l’évolution de la
ville. La deuxième grande critique est le manque d’isotopie dans le plan, un plan considéré comme
trop hiérarchisé.

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A.II – 1925, Le plan Voisin pour Paris

C’est au Pavillon de l’Esprit Nouveau à l’Exposition des Arts Décoratifs de Paris en 1925 que Le
Corbusier présente à la fois le Plan Voisin ainsi que l’Esprit Nouveau. Voisin, constructeur automobile
de l’époque, financera le pavillon et bénéficiera du titre du plan du Corbusier. Similairement aux
projets précédents, on retrouve les immeubles-villas. Dans ce pavillon, il montre des meubles, tables,
peintures puis la présentation du Plan Voisin.

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Il réutilise le double axe central avec cette fois-ci 18 grattes ciels. Un plan monumental dans
lesquelles il va intégrer des immeubles à redents qui vont remplacer le tissu considéré comme trop
dense. Il coupe la vielle ville et la remplace avec de nouvelle construction. La seule chose que Le
Corbusier garde sont les grands axes et grands monuments historiques.

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B. Le Corbusier : Deuxième période

AA

BB

CC

DD

EE

FF

GG

HH

AA Villes satellites, par exemple : siège du gouvernement ou centre des études sociales
BB La cité d’affaires
CC La gare et Faérogure
DD Les hôtels et les ambassades
EE L'habitation
FF Les manufactures
GG Les entrepôts généraux
HH L'industrie lourde

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Le Corbusier présente La Ville Radieuse au Palais des Beaux-Arts
de Bruxelles lors du 3ième CIAM en 1930. Ce congrès
international de l’architecture moderne parle du lotissement
rationnel. Ce schéma est beaucoup plus radical que les
précédents car il divise la ville en différentes zones. On peut
voir sur la page précédente que la ville, sous forme linéaire,
peut se développer à l’infini. Une idée de ville linéaire que Le
Corbusier à volé à des urbanistes russes, notamment Leonidov
qui avait imaginé de remplacer la ville industrielle (Großstadt)
par une ville beaucoup plus égalitaire.

En plus d’être beaucoup plus égalitaire, elle serait beaucoup mieux organisée qui pouvait s’étendre à
l’infini. Le but essentiel de ces villes était d’être isotrope (pas de réel centre et périphérie où tout le
monde est à peu près à égale distances des divers services). On peut voir dans les habitations (EE)
qu’il n’y a plus d’immeubles cellulaires, remplacés par des plans à redents. Le but de ce plan est à
nouveau de libérer Paris de cette sur-densification tout en respectant le même nombre d’habitants
par hectares dans des espaces qui occupe moins de prise au sol. Un plan isotrope qui incorpore les
critiques des plans précédents

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. II – 1933, Plan pour la Rive Gauche d’Anvers - avec Paul Otlet Huib Hoste et Fo Loauet.

Le Corbusier va utiliser le plan de la Ville Radieuse et le projeter sur le plan pour la Rive Gauche
d’Anvers. On retrouve une division de divers espaces sans prendre en compte l’industrie qui se
développe le long de la rive. Il propose une cité des affaires, du logement et divers services. Il prévoit
un axe en direction de la cathédrale pour permettre aux bateaux de voir la ville d’Anvers depuis
l’eau.

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Un deuxième axe de tunnel est installé mais
comme ce dernier ne respecte pas
l’orthogonalité, il va créer des gratte-ciels non pas
en croix mais en Y qui reprenne ce désaxement
en compte. On retrouve également multiples
immeubles à rendent. Afin de libérer la prise au
sol et de favoriser la circulation, il va installer le
système de pilotis notamment sur les immeubles
à rendant. Finalement, le plan est également
isotrope. Au niveau du tissu urbain, il n’y a aucun
rapport entre la ville moyenâgeuse et le nouveau
plan du Corbusier. Néanmoins, il y a tout de
même une certaine adaptation au contexte à
travers les axes et d’autres éléments paysagers.

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C. Le Corbusier : Troisième période

C.I – 1931 à 1934, Plan Obus pour Algiers

En 1930, Alger était une ville constituée d’une superposition de trois systèmes urbains avec une ville
ottomane, une urbanisation française (similaire à Haussmann) puis une urbanisation spontanée
post-haussmannienne qui reflète une expansion urbaine. Corbusier prend ainsi pour tache de
répondre à la problématique de cette expansion urbaine. Il va laisser la ville ottomane intacte et va
faire trois interventions. Tout d’abord, il prévoit une cité des affaires aux cap d’Alger qui est reliée,
grâce à une grande parcelle, à une zone dans les hauteurs avec une séries de barres constitué
d’habitations et autres. Il prévoit finalement la jonction entre ces derniers et la ville ottonienne.

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Une des sources du Corbusier
pour ce projet était un projet
de ville linéaire en Californie
nommé « Roadtown » réalisé
par Chambless. Une
proposition pour la production
de vins où, dans un même
bâtiment, combinait la
circulation, la production et les
habitations des travailleurs.

La deuxième inspiration du Corbusier


dans ce projet est l’Usine Fiat
à Turin réalisé par Giacomo
Matté-Trucco en 1921. On
peut trouver sur la toiture de
cette usine, un circuit où était
essayée les voitures Fiat.

Manfredo Tafuri – page I

Penseur néo-marxiste italien, historien de l’architecture, qui dans


son ouvrage « Projet et Utopie » avait distinguer deux volets à
l’avant-garde, celle qui était plus utopique, radicale et l’autre
plus dirigé vers la réalisation, plus pragmatique. Pour Manfredo
Tafuri, le Plan Obus du Corbusier (utopique et radicale) était le
premier à avoir formuler une hypothèse qu’il considérait comme
quelque chose de presque valable.

« Le plan Obus est l'hypothèse la plus élevée de la culture


bourgeoise dans le champs de l'architecture et de l'urbanisme. »

Manfredo Tafuri de l’importance au projet du Corbusier pour différentes raisons

1. Niveaux d’échelle : D’après Tafuri, jusqu’à ce moment-là, la ville était considérée comme
quelque chose qui fonctionnait avec des niveaux d’échelles – la maison, l’ilot, le quartier, le
district et la ville. Pour Tafuri, le plan Obus rompt avec cette tradition en proposant un
bâtiment qui est à la fois maison et quartier, district, etc.

2. Plan Obus vs Ville traditionnelle dans sa structure : D’après Tafuri, jusqu’à ce moment-là, la
ville était considérée comme une extension d’un bourg où il fallait d’abord acquérir des
terrains puis urbaniser ces terrains. Une manière d’appréhender la ville comme une
urbanisation des terrains vierges. Une approche traditionnelle dont le plan Obus rompt
complètement. Ici, on créer une nouvelle structure et ville que l’on superpose à la ville
existante.

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3. Champs topolique pure : Lorsque l’on parle du cubisme, du futurisme, de l’élémentarisme, il
y a, dans ces courants de la peinture, l’invention d’une nouvelle spatialité, contraire à la
perspective centrale, où l’on retrouve l’interpénétration des éléments via l’introduction de
plusieurs perspectives. Cela mène peu à peu à une spatialité beaucoup moins hiérarchique et
ayant beaucoup plus de rapport entre les différents points du champ pictural. Lorsque l’on
parle du champs topolique pure, c’est l’idée d’une topologie où les rapports hiérarchiques
tendent à disparaitre et où une isotropie est recherchée.

4. Styllistique – jeux de lignes : Si au début des années 20’, Le Corbusier peint de manière
élémentariste, vers la fin des années 20’ et début des années 30’, on voit apparaitre des jeux
de lignes et courbes dans les peintures de Corbusier dont Charles Jencks décrit comme
l’apparition d’une rupture stylistique. L’explication serait que Le Corbusier cherchait une
nouvelle propriété de l’objet qui ne doit pas uniquement être fonctionnel mais qui doit
également plaire – la séduction, le jeu entre rationalité, etc.

Le Corbusier, Nature morte au Violon, 1920. Le Corbusier, Deux femmes nues, 1928.

Illustration de la publication Charles JENCKS, Le Corbusier and the Continul Revolution in Architecture, New York,
200.

5. Echelle de l’intervention – MEG : Le Plan Obus est une préfiguration des mégastructures
avec l’idée d’une mégastructure où l’on va par la suite insérer des éléments qui puissent
varier. Ces mégastructures ont surtout été développer dans les années 60’ et 70’, entre
autres au Japon. Le Plan Obus est en quelque sorte un précurseur de ces plans utopiques des
années 60’. Finalement pour Tafuri, le plan Obus est un hippothèse radicale qui est un point
final pour Le Corbusier. Ne pouvant aller plus loin dans une recherche isotopique, il devrait,
dès lors, devenir plus pragmatique.

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D. Le Corbusier : 4ème période

D.I – 1934, Plan de Nemours

On voit apparaitre pour la première fois, dans les plans de Le Corbusier, les unités d’habitations. S’il
n’est pas possible de construire une ville de toute pièce, Le Corbusier se rend compte qu’il est mieux
de couper la ville nouvelle et moderne en plusieurs morceaux, en plusieurs unités d’habitations,
productions et loisirs. Une infrastructure qui permet de réaliser bâtiment par bâtiment et zone par
zone. En conséquent nous sommes moins liées à une vision totale de la chose et on peut procéder de
manière pragmatique.

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D.II – 1945, Projet de reconstruction de La Rochelle

Conclusions : Le Corbusier et l’urbanisme moderne

1. Le boulevard Haussmannien est totalement abandonné, la rue devient que fonctionnelle.

2. Décomposition du tissu urbain

3. Métaphore de la ville mécanique > enchainement de connections mécaniques. C’est le passage


de la métaphore du tissu urbain comme organique à la considération de la ville comme
mécanique – horlogerie.

4. La ville zonée – décomposition en zone d’habitation, zones des loisires, zones industrielles, etc.

5. Rapport à la ville existante

- Tabula rasa : on rase la ville et on reconstruit

- Développement suburbain : développement sur des terrains qui sont restés vierge (plan
Nemours ou La Rochelle)

- Super-imposition d’un nouveau système (plan Obus)

6. Décontextualisation comme idéal à poursuivre. Le Corbusier va tenter de décontextualiser et


d’enlever les paramètres contextuels pour arriver à mettre en place une ville dont les qualités
sont maitrisables et maitrisées. Des qualités similaires à chaque endroit, pour toutes et pour
tous. Cette isotropie devient une obsession de l’avant-garde, à la recherche d’une ville plus
égalitaire qui amène à une décontextualisation comme idéal à poursuivre.

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Le Corbusier ne va jamais réaliser des villes, ni des bouts de villes mais une série d’unité
d’habitations. A Marseille de 1947 à 1952, à Nantes-Rez é en 1955, à Berlin-Westend en 1957, à Briey
en 1963 puis à Firminy en 1965.

Le Corbusier mettait en place toute une autre série de métaphore, dont la cité jardin verticale.

Il y a aussi la métaphore des portes bouteilles où les appartements sont dans cette superstructure.

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Des appartements à double hauteurs, toujours avec ce jeu de compression et dilatation.

A droite, le Cloitre des Chartreux à Ema dont Le Corbusier s’en réfère pour le rapport entre
collectivité et cellules individuelles. A gauche puis en dessous, une structure à Moscow dont le
Corbusier s’en inspire pour mettre en place ces habitations en L. Il y a également la programmation
de ce lieu qui inspire Le Corbusier.

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Une autre métaphore, celle du paquebot. Si une société est capable de construire un paquebot où
toute une communauté puisse y vivre plusieurs semaines et plusieurs mois alors l’architecture peut
aussi suivre cette logique de construction.

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II. Das Neue Frankfurt de Ernst May

I. Introduction

Si Taffuri était relativement


positif par rapport à le
Corbusier, ce n’est pas le cas
avec Ernst May pour la raison
que Das Neue Frankfurt fait
partie des projets ne
s’attaquant pas réellement
aux questions de la Großstadt.
Cette ville historique qui a été
bouleversée par la révolution
industrielle, posant tout une
question au niveau de la ville –
une ville centralisée contenant
des industries de plus en plus présentes où les conditions des ouvriers est
devient de plus en plus déplorable. Taffuri explique qu’il évite de
répondre à ces questions-là et se place en dehors de la ville. Ernst May va
développer des quartiers sur des terrains vierges à la périphérie de la ville.
Le pragmatisme dirigé par Ernst May est considéré par Taffuri comme un
escapadisme. Ernst May est aujourd’hui toujours considéré comme une
des premières manifestations où l’avant-garde a réussi de créer en très
peu de temps, énormément d’habitations – notamment dans la revue
bruxelloise 7 arts. Cette revue va titrer Frankfort comme ville moderne
avec la réalisation entre 1925 et 1930 de 12 milles habitations qui suivait
les principes de la conception moderne de l’architecture – réalisation
d’un rêve de l’avant-garde. On se trouve dans une période d’instabilité
politique assez importante entre 1918 et 1919 avec une répression
importante de l’extrême gauche, etc. – contexte politique. Malgré ce contexte instable nous sommes
dans une période où la scène artistique se trouve en pleine essor. En 1925, la ville de Francfort, les
socialistes prennent le pouvoir et décident de s’attaquer à la problématique de la pénurie d’habitations
et vont attirer un architecte (Ernst May) devant s’occuper de cette questions – Stadbaurat.

II. Ernst May (1886-1970)

- Stage chez Raymond Unwin


- 1930 départ pour l’ URSS
- 1933 Kenya
- 1953 retour en Allemagne
- Expérience à Francfort 1925-1930, travail d’équipe avec Mart Stam,
Grete Schutte-Lihotzky, Martin Elsaesser, Eugen Kauffman, etc.
III. Projet de l’équipe de Ernst May

Modernisme programmatique

1/ L’acquisition des sols

2/ Urbanisme de détail

3/ Architecture des bâtiments

4/ l’industrie pour la production des habitations

5/ Système de financement

6/ Gestion de la réalisation

7/ Information du public

La cuisine de Francfort

Conçue par Grete Schutte-Lihotzky, est le début de la cuisine moderne.


Cette cuisine est fondée sur le principe de la conception en série et la
minimisation de circulation.
La revue « Das Neue Frankfurt » traite une
multitude de chose - cinéma expérimentale,
mobilier ancien, l’architecture d’avant-garde, la
préfabrication d’éléments sur chantier, la
photographie expérimentale, etc.

IV. Deux points focaux de la politique de Ernst May

1. La Maison Minimum – Die Wohnung für das


Existenzminimum

Le but est de définir le minimum que l’on peut


atteindre en dessinant une maison. Un minimum
digne pour qu’une maison soit encore agréable à
vivre, un minimum acceptable avec un budget donné.
On retrouve l’élaboration de plan type, des plans
simple, millimétrer où chaque espace est bien
réfléchi, petit et efficace. Le 2ème congrès CIAM sera
organiser à Francfort et va traiter la question de cette habitations minimum avec 200 plans types.
2. La rénovation urbaine, l’urbanisme – Trabantenstadt

Ernst May a eu un passage important chez Raymond Unwin et


va subir l’influence de cet urbaniste anglais. Il va mettre un
système et un schéma de l’expansion de la ville–
Trabantenstadt. C’est en gros le schéma des villes satellites
avec au centre historique et moyennage, des boulevards
d’extension de la ville 19ème, de l’industrie lourde autour du
fleuve avec des habitations en plein milieu. May va créer des
colonies organisées et programmées autour, et relativement
loin, de la ville qui constituent de zones, tampons, vierges qui
resterait vierge où la nature est conservée.

V. Analyse de quelques réalisations

1. Bruchfeld Siedlung (1926-1927)

C’est le quartier le plus connu et le plus véhiculer dans les histoires de l’architecture moderne. Un des
premiers plans de May en 1926, il va compléter la ville en créant des ilots urbains, plus ou moins
ouvert, qui vont suivre la morphologie de la ville traditionnelle. On peut y voir des zones intérieur
composé de jardin collectifs et autres. Les maisons sont orientées de manière à individualiser les
appartements ainsi que pour s’orienter de manière idéale à la manière entrante.
2. L'aménagement de la vallée de la Nidda - Siedlung Römerstadt (1926-1929)

L’aménagement probablement le plus clair dans l’implantation est celle de la Römerstadt. Situé dans
la vallée de la Nidda, l’implantation rompt avec la ville tout en générant un grand parc. Un peu plus en
hauteur, un quartier-jardin sera créer avec des axes qui le remette en lien avec la ville historique. Par
rapport au plan précédent, on peut voir que l’îlot, comme élément structurant de la ville, va être
abandonné. Les constructions sont relativement basses, de manière générale sur deux étages. Malgré
la fabrication en série, c’est une architecture fortement variée. Le plan de la ville de Römerstadt à été
réalisé par Ernst May en collaboration avec d’autres architectes. Il y a au total 1200 habitations.
3. Heimatsiedlung – Riedhof West (1927)

Nous sommes toujours dans l’évolution d’une désintégration de la morphologie urbaine


traditionnelle. On retrouve la volonté de suivre les courbes de niveaux mais cette fois-ci avec des
barres. Des constructions en bande, dissociées par l’implantation de rues et des jardins commun, qui
s’insère dans une sorte de méga-îlot. Les structures sont un peu plus hautes qu’au projet précédent
avec généralement 4 étages. Il a cette quête d’isotropie que chaque appartement profite des mêmes
conditions que les autres, il n’y a pas de hiérarchie. Ce quartier a été fortement endommagé lors de la
seconde guerre mondiale mais a été reconstruit par la suite.
4. Siedlung Hellerhof (1929-1932)

Vers 1929, il y a une tendance à appliquer le principe de constructions en bande. Le projet a été conçue
pour une coopérative appelée « Hellerhof » où l’on retrouve également des séries d’habitations. Ce
projet, pensé de manière assez radicale, a été réalisé par Mart Stam. Le plan est beaucoup plus
hiérarchisé et articulé.
5. Siedlung Westhausen (1929-1931)

Le quartier, dernière réalisation de Ernst May avant de partir en Russie, est extrêmement grand avec
1532 habitations. L’architecture est réalisée par Eugen Kauffman et d’autres architectes. C’est
l’application la plus orthodoxe du Siedlung Bauer à Francfort. Presque tous les appartements vont être
placés dans la même orientation. C’est un système hiérarchisé avec des rues piétonnes qui mènent
aux habitations. On regarde à nouveau des jardins collectifs mais également certains privés. Un
quartier certes monotone mais où la qualité de vie n’est pas négligeable.
VI. Conclusion

On pourrait comparer Francfort à l’avant-garde. Une certaine ressemblance est visible ente le dessin
de Theo van Doesburg et Cornelis van Eesteren avec la représentation de Hans Leistikow – faisant
partie du « Das Neue Frankfurt ».

Malgré la ressemble au niveau de l’apparence, couleur et autres, d’autres éléments les diffèrent.
Notamment lorsque l’on regarde l’illustration de Theo van Doesburg et Cornelis van Eesteren, on peut
y voir la recherche à une décomposition de l’objet et d’interpénétration des éléments ayant pour
finalité de franchir les limites entre intérieur et extérieur.

Une illustration comparable au livre de Bauen in Frankreich, prônant, également par l’interpénétration,
la mise en place d’une nouvelle spatialité.

Si on compare à nouveau les couleurs de de Theo van Doesburg & Cornelis van Eesteren et Hans
Leistikow, on peut voir que chez Leistikow utilise les couleurs pour mettre en valeur l’architecture
tandis que chez Theo van Doesburg & Cornelis van Eesteren, les couleurs sont utilisés toujours pour la
déconstruction de cette architecture. ». On peut ainsi comprendre les multiples divergences.

Une autre divergence intéressante serait de comparer l’architecture de Ernst May à celle du Corbusier.
On ne remarque qu’aucun des cinq points du Corbusier sont appliqués chez May et que les principes
et préoccupations de leurs architectures ne sont pas les mêmes.

Finalement en 1930, une série d’architectes de « Das Neue Frankfurt » vont partir en Russie étant
invités, par les autorités, pour la construction de villes nouvelles.

Theo van Doesburg et Cornelis van Eesteren, Contra-Construction, 1923.

Couverture du livre Bauen in Frankreich. Bauen in Eisen. Bauen in Eisenbeton


de Sigfried Giedion. – Concept de ‘Durchdringung’

Hans Leistikow, Etude de couleur pour la Siedlung Praunheim, 1929.


III. L’urbanisme moderne des CIAM

I. Introduction

Le premier Congrès International d’Architecture Moderne à lieu


en juin 1928. Le but étant de traité de manière nouvelle et actuelle
la question de la ville. Ce congrès a lieu dans le château de Mme
Hélène de Mandrot à La Sarraz, VD, Suisse.

Dans l’histoire de l’architecture moderne, on identifie deux


précédents qui donnent lieu à ce congrès, le premier – 1 – est le
concours pour le Palais de la Société des Nations à Genève en
1927. Le Corbusier – deuxième photo – sera disqualifié du
concours pour des raisons formelle mais après avoir instauré des
pétitions allant à l’encontre de sa disqualification, le Corbusier sera
à nouveau accepté. Cependant le concours est gagné par Julien
Flegenheimer, Henri-Paul Nénot, Camille Lefèvre, Joseph Vago et
Carlo Broggi en 1929 – troisième photo.

Le deuxième précédents – 2 – sera le « Weissenhofsiedlung à


Stuttgart en 1927. » - quatrième photo. Le projet est un quartier
modèle où on va à la fois organisée une exposition sur les nouveaux
principes et moyens de construction de manière standardisée et
industrialisée. Parallèlement, ils vont montrer un quartier composé
uniquement d’architecture moderne. Le plan d’urbanisme se
retrouve dans la publication Bau und Wohnung et affiche de
l’exposition ‘Die Wohnung’ – deux photos en dessous.

On voit premièrement le plan de Mies van der Rohe du


projet puis en deuxième l’indication des différents
architectes qui ont participé, notamment Le Corbusier.
La première photo est la réalisation de
Le Corbusier. La deuxième (droite) est la
réalisation de Ludwig Hilberseimer,
architecte allemand. La troisième est la
barre centrale de Mies Van der Rohe. En
bas gauche, le projet « Haus 5 bus 9 »
réalisé par J.J.P. Oud, une série de
maisons ouvrière. La suivante est une
réalisation de Mart Stam. Finalement la
dernière, « Haus 10 » est réalisé par
Victor Bourgeois. Le projet est une
maison individuelle, de type plus
bourgeois.

Avant les CIAM, des tentatives


échouées de lancer un groupement
international ont été faites,
notamment par les architectes
modernistes belges en 1925 à
l’occasion de l’Exposition des Arts
Décoratifs à Paris. Cette exposition
sera fortement critiquée par les
acteurs principaux de l’avant-gardisme
pour plusieurs raisons, notamment
pour le fait que les acteurs du Bauhaus
étant allemand ne y sont pas conviés.
C’est alors que découle la tentative de
créer une « Association Moderniste
Internationale » dans le but de
regrouper architectes, artistes et
autres.

Cela va échouer en partie car le


Corbusier, qui à ce moment à une
influence énorme, n’y voit pas
d’intérêt. C’est uniquement lorsque Le
Corbusier aura besoin de soutien
internationale lors du concours du
Palais de la société des Nations qu’il
verra un intérêt à un regroupement
internationale moderne.
II. Les Dix Congrès International d’Architecture Moderne - CIAM

CIAM 1 – La Sarraz, 1928

Le premier CIAM se déroule à La Sarraz en


1928.Après trois à quatre jours de réunion
entre eux, ils vont écrire une déclaration
possédant 4 points majeurs :

1. L’économie générale

2. L’urbanisme

3. L’architecture et l’opinion publique

4. L’architecture et ses rapports avec l’Etat

Giorgio Ciucci – historien et apprenti de Taffuri – va publier


”The invention of the Modern Movement”, in Oppositions,
24, 1982. Dans cet ouvrage, il énonce – concernant le CIAM
et le mouvement moderne – quarts points majeurs :

1. Rapport entre Weissenhofsiedlung et CIAM1 ?

2. Cellule – quartier – ville ? CIAM 2, 3 et 4 ?

3. Discussion idéologique

4. Opposition entre les ‘extrémistes’ et les ‘apolitiques’

5. Opposition dans le nom même de l’organisation. En


allemand internationale Kongresse für Neues Bauen

Projet de Hannes Meyer et Hans Wittwer pour le Palais de


la Société des Nations à Genève, 1927. Malgré le fait que le
projet ne sera pas gagnant, il sera considéré comme
idéologiquement opposé à celui de Le Corbusier. Le projet a
pour but d’être purement fonctionnelle sans prendre en
compte aucune intention esthétique. Au même moment le
Corbusier créer ses 5 points de l’architecture moderne qui
s’oppose aux cinq points de l’académie.
Lors du premier CIAM, Le Corbusier avait créer de grands
panneaux où il expliquait comment allaient fonctionner
les différents congrès, comment ils allaient se dérouler et
comment ils allaient se référer à l’Etat.

Le Corbusier n’aura aucun problème d’aller voir des états


totalitaires notamment en Italie ou en Russie pour aller
vendre ces idéologies. Au même titre que Mies van der
Rohe et Walter Gropius avec l’état nazi.

Ce n’est pas le cas pour d’autres architectes notamment


Hannes Meyer ou Ernst May – idéologistes marxiste – qui
pense que ce changement ne doit pas se faire en
informant l’Etat mais au sein de la société.

La photo suivante montre qu’à la Sarraz ce n’est pas


uniquement des discussions sur l’architecture mais
également des fêtes et célébrations.

CIAM 2 – Francfort, 1929 – Habitation minimum

Le deuxième congrès
« CIAM » à Francfort se
déroule, sur invitation de
Ernst May, à Francfort en
1929, le lendemain du crash
boursier de Wall Street.

Le Corbusier, non satisfait du premier congrès, ne


participera pas à celui mais enverra son neveu
Pierre Jeanneret à lire son intervention. La
deuxième intervention se réalise par Victor
Bourgeois sur la question de l’organisation
rationnel de la maison minimum. Finalement, Il y
aura une discussion sur la hauteur des bâtiments,
construire en hauteur ou pas.

Malgré le fait que le congrès se déroule sur trois


jours, aucune résolution sera prise à la fin de ce
congrès. Le succès de ce congrès est considéré
comme être la publication « Die Wohnung » qui
reprend des plans d’habitations minimum
proposés par les différents acteurs de ce congrès.
CIAM 3 – Bruxelles, 1930 – Lotissement rationnel

Le congrès a du mal à se mettre


ensemble du fait que multiples acteurs
allemands notamment Ernst May sont
partie en Union Soviétique. Les mêmes
attentes concernant les planches,
orientations et autres était attendues
concernant les divers propositions. De
nouveaux architectes joignent le
congrès, notamment Walter Gropius ou
Mies van der Rohe.

Le fait que des architectes à position politique ne soit pas là, comme Ernst May – marxistes, la question
politique s’estompe du fait que des acteurs comme Mies Van der Rohe ou Le Corbusier sont apolitique.

A la fin de ce congrès, il n’y aura à nouveau aucune résolution finale. Une exposition sera ouverte à de
multiples éléments – qui vont générer des discussions – comme les vitres en bande, la fameuse cuisine
cubex, etc. Finalement, il y aura à nouveau une publication où l’on retrouvera le déroulement et les
éléments de ce congrès.
CIAM 4 – Patris II, de Marseille à Athènes – La ville fonctionnelle

Plutôt que se réunir dans une ville, ce congrès se déroulera sur une
croisière. Le but de ce congrès n’a pas été d’aboutir directement vers une
déclaration ou un manifeste mais plutôt d’étudier le fonctionnement des
villes existantes et de trouver des solutions aux divers problèmes. Ce
congrès n’avait pas réellement de proposition nouvelle mais on avait
demandé d’aborder la question de la ville de manière analytique. Pas
moins de 40 villes seront étudié à travers le monde. Malgré le titre, le
congrès n’a pas traité la ville fonctionnelle mais plutôt des villes existantes.
C’est un des congrès où le Corbusier prend de plus en plus d’ampleur.
Cette méthode de travail mis au point par Cornelis van Eesteren – directeur des services techniques
du plan d’extension d’Amsterdam. Dans l’histoire de l’urbanisme, c’est la première fois qu’un plan
d’extension d’une ville était basée sur une analyse très pousser des problèmes d’Amsterdam. Van
Eesteren avait mis en place un code unique pour la cartographie qui sera imposé pour identifier les
zones d’habitations, trafics, orientation, etc.

Finalement, les constatations de ce congrès seront publiées sous différents ouvrages.

La Charte d’Athènes sera fractionnée sous les quatre fonctions de la ville – Habiter, travailler, circuler,
se récréer. Il y a également un chapitre sur la ville historique – la ville existante. Finalement dans cette
charte il y a une confusion entre ces quatre catégories où ces catégories d’analyse deviennent des
catégories de projet. Ce qui est également problématique c’est que des éléments principaux de la ville
notamment le marchés et commerces ne figure pas dans ces quatre catégories de la Charte d’Athènes.
CIAM 5 – Paris, 1937 - Les loisirs

La vision simpliste de la ville réalisée – formulé dans la


Charte d’Athènes – sera fortement critiquer lors de
l’après-guerre à l’intérieur du mouvement moderne lui-
même. Cette critique à finalement renforcé la célébrité
de cette chartre. La critique majeure est que l’on pose
beaucoup de problématique mais qu’au final peu de ces
problèmes seront résolus.

Le cinquième congrès se déroule à Paris, Le Corbusier


prend de plus en plus d’ampleur et de pouvoir. Ce
congrès traite l’une des fonctions de la ville, les loisirs.
Un sixième congrès devait avoir lieu à Liège mais la
guerre éclate. Pendant la guerre, une toute nouvelle
condition se met en place pour l’architecture et pour la
ville, c’est une période où une grosse partie de l’Europe
est détruite.

Pendant la guerre, une nouvelle recherche de matériaux


a eu lieu avec le plastique, l’énergie nucléaire et les
télécommunications qui ont été énormément
développés. Il y a aussi après la guerre énormément
d’argent qui est disponible du au plan Marshall des
américains qui va rendre possible une reconstruction
rapide en Europe. De plus, un grand problème se pose dû
à toutes ces déconstructions, c’est la pénurie de
logement un peu partout en Europe qui est renforcé par
le boom démographique dû à la seconde guerre
mondiale. On a l’impression que seule l’architecture avec
les nouvelles technologies mise en place –
standardisation, industrialisation de la construction – est
en mesure d’intervenir est très grande échelle, de la ville
au quartier à la maison.

Finalement la tabula rasa de la guerre est une situation


excellente pour faire une « nouvelle ville », une situation
presque rêvée par l’avant gardisme. Cependant la
reconstruction doit se faire rapidement et se déroulera
pas avec une partie de l’avant-garde, notamment avec
Mies van der Rohe ou Walter Gropius qui sont parties au
Etats-Unis. A ce moment, l’architecture moderne est
acceptée par le grand public.
A Brussel, on observe la facilité de détruire et de
reconstruire un bout de ville moderne. On observe
également que peu à peu, les idées des CIAM tombent
dans les mains des promoteurs immobilier avec le projet
de construction d’un World Trade Center qui devrait
remplacer tout le quartier Nord de la ville. Un quartier qui
a cette époque là était un quartier populaire en mauvais
états. La formule CIAM de la séparation des fonctions
s’avère être un outil formidable pour se faire de l’argent
dans le domaine immobilier. A ce moment, on parle d’une
généralisation et d’une réduction du moderne.

La réduction du moderne c’est ce projet, venant d’une utopie, de repenser la ville qui devient réalité
en tombant dans les mains de la promotion immobilière. C’est ainsi un autre type de moderne qui se
développe, un moderne qui s’oriente uniquement vers le marché de la promotion immobilière qui est
très spéculatif. C’est le moment où le moderne perd sa signification et sa capacité à communiquer ce
moment utopique vers le public.

Entre 1955 et 1965, il y a une montée spectaculaire la richesse en Europe. La ville est vidée où on
remplace des bouts de ville entier par des opérations tel que le quartier Nord. C’est le moment où la
voiture devient rois et tout se centralise autour d’elle. Tout cela se passe sans protestation.

CIAM 6 – Bridgewater, 1947 – Réunion congrès

Après la guerre, la langue change où ce n’est plus le français et l’allemand mais l’anglais qui devient la
langue principale. Une réorganisation du CIAM aura lieu où seront accepter des organisations. Lors de
ce sixième congrès, les américains deviennent en avant-plan où les unités de voisinage seront l’un des
sujets principaux.

CIAM 7 – Bergamo, 1949 – la grille ascoral

Le septième congrès à eu lieu en Italie et est un congrès à plusieurs thèmes. Ce qui est retenu par
l’histoire c’est que le groupe ascoral, groupe français dirigé par Le Corbusier (association des
constructeurs pour une recherche architecturale), va proposer de remplacer les codes graphiques
proposés lors du quatrième CIAM par une grille analytique. Cela va permettre de comparer des villes
selon la même grille de lecture.
CIAM 8 – Hoddesdon, 1951 – The heart of the city

Ce congrès, à nouveau en Angleterre, va traiter la


question du cœur de la ville, déjà sujet de discussion
au paravent. On se réfère à nouveau à un centre, mis
de côté pour des raisons d’isotropie lors des anciens
CIAM.

CIAM 9 – Aix-en-Provence, 1953 – Charte de l’habitat

La Charte de l’habitat se devait de remplacer la Charte d’Athènes où la notion de l’habitat ne traite


pas seulement l’habitation mais également les connections avec son environnement direct.

CIAM 10 – Dubrovnik, 1956 – End of CIAM

C’est la jeune bande, qui va se réunir à ce moment dans Team X, qui va déclarer la mort des CIAM.
IV. TEAM X

I. Première autocritique du moderne

Les CIAM pendant l’après-guerre continuent. A l’intérieur de ces congrès, les architectes vont se
réunir et il y aura une première réaction face au moderne qui perd de sa signification, ils vont faire
comme une autocritique, une autocorrection de leurs travaux. Des nouveaux thèmes sont aussi
amenés au sein du CIAM.

Les critiques s’intensifient à partir de 1953 avec


l’émergence d’un groupe au sein du CIAM, la team 10 qui a
fait l’objet, il y a 15 ans d’une publication de Max Risselada
et Dirk van den Heuvel, TEAM10, 1953-81, « in search of a
Utopia of the présent ».

Cet ouvrage est une tentative de présenter la signification


de « team x ». On peut l’aborder de différentes manières et
c’est assez vague, est-ce que c’est un groupe ? est-ce que
c’est comparable au CIAM ? qui sont ses membres ? etc.
toutes ses questions sont assez difficiles car les réponses fluctuent dans le temps.

On ne pouvait pas devenir membres comme ça on était dedans ou pas, c’était un cercle d’amis,
d’architectes qui se rencontraient pour discuter. Ils organisaient en qq sorte des « summerschools »
ou ils s’échangeant des idées, se questionnaient et publiaient des documents, mais ce n’était pas très
officiel, pas de vote, pas de carte de membre, pas vraiment d’organisation claire.

II. Qu’est-ce que le TEAM X ?

L’origine du chiffre 10 ? En tout cas le 10 ne correspond pas au nombre de membres, il y en a eu


beaucoup plus.

En 1953, 9ème congrès à Aix en


Provence, sur la charte de l’habitat,
c’est la première fois ou une jeune
génération va prendre la parole et
critiquer les travaux des anciens

Ils vont beaucoup critiquer la charte


d’Athènes et suite à ça, « prendre le
pouvoir » et être mandater de
préparer le prochain congrès qui est
le 10ème, ce qui explique le choix du
chiffre 10 (cette 10eme Edition du
CIAM tourne autour de la charte de
l’habitat).

En 1981, il y a la mort de Bakema (et pas la dernière rencontre de team 10). Bakema, architecte
hollandais, moderniste d’une génération plus ancienne et était la figure paternelle pour les jeunes
architectes et les tenait ensemble notamment en apaisant les conflits.
Car contrairement à ce qu’on pouvait croire au sein de team 10, les idées était très souvent
différentes et conflictuelles, on est loin de l’image véhiculée d’un groupe homogène et unis. La mort
de Bakema, qui avait ce rôle paternel, de catalyseur au sein du groupe, marques en quelque sorte la
fin du groupe. La dernière réunion de Team X est en 1977.

Définition de team 10 par


rapport au CIAM.

On peut également le définit


team 10 par rapport au
CIAM comme allant un peu
à son encontre, et qui va
progressivement remplacer
le CIAM.

Vers 1960 il y a une opposition entre ce


que les CIAM était et ce que team 10
fait.

Les CIAM qui sont les « congrès


international d’architecture modern »
ont une structure assez traditionnelle
avec la AG, assemblée générale et un
conseil d’administration qui prépare les
futurs congrès, (comité international
pour la résolution des problèmes
architecturaux contemporains, la
CIRPAC).

Les groupes nationaux, chaque nation avait un groupe national, qui était représenté par un délégué
national qui avait un vote dans les congrès même. En 1947, il y a une réorganisation car pour les
grands pays il était difficile de se mettre d’accord et d’avoir qu’un seul délégué national.

Bottom up = Tout le monde


participe aux débats, tout le
monde sur le même pied d’estale.

Top down = Petite hiérarchie et


plus difficile de donner son avis.
- Liste des membres en fonction du temps
et à quels endroits.

- Les jeunes architectes choisis originellement pour préparer le prochaine CIAM, début de la team 10
(1953). On voit que les jeunes architectes étaient beaucoup plus nombreux au CIAM 9 mais
seulement une fraction a été sélectionné pour préparer la 10eme Edition.

- Alison Smithson enlève


deux architectes et en
rajoute d’autre, cette liste
de team 10 primer va rester
constante pendant 3 ans.
- Dans le team 10 primer de 1968, Alison Smithson enlève encore 2 architectes et
en rajoute 3 nouveaux.

- Si l’on compare toutes les différentes éditions des « primers » de team 10, l’on
peut en conclure qu’il y a des membres constants qui restent à travers les
années.

- Ces membres constants sont ci-contre – core membres – et sont aux nombres
de 11.

CIAM6, Bridgewater, 1947

Quelles était leurs critiques au sein du CIAM 6 (premier congrès après la guerre), le thème était le
rapport entre architecture, peinture et sculpture

Par exemple Van Eyck veut


reconnecter l’architecture
avec ses racines dans l’avant-
garde, il était fascine de van
Doesburg et Mondrian et
disait que les leçons de ces
avant-gardes n’avaient pas
encore été pleinement digéré
par l’architecture et qu’il
faudrait vraiment retourner à
ses sources pour en détruire
les résultats.

Il faut travail sur le rapport entre les choses, intérieur- extérieur le seuil le « in between » etc. C’est
une première critique qui se met en place.

« Community planning » et la « neighbourhoodidea », une idée du quartier qui devait être dessinée,
spécialisée. Les unités de voisinages qui vont apparaitre un peu partout dans l’urbanisme d’après-
guerre.
C’est Clarence Perry et Lewis Mumfort qui vont mettre ça sur l’agenda et c’est une critique face aux
« siedelungen » des CIAM, des constructions en bandes et des quartiers monofonctionnels.

La langue change aussi, les 5 premier congrès était essentiellement en français et en allemand, après
la seconde guerre mondiale, l’anglais va devenir la langue principale employé durant les congrès.

CIAM 7, Bergamo, Italie 1949

Futurs membres de team 10


propose un projet, un quartier sur
un polder – un polder est un terrain
qu’on a gagné sur la mer et qui sont
donc des terrains complètement
vierges.

« Pendrechtproject 1 »

La Première phase =
Nagele. Basé sur l’unité
de voisinage, idée de
communauté
Il y a l’apparition d’une grille d’analyse
de projet va également se faire au
CIAM 7, c’est la grille Ascoral qui va
suivre la charte d’Athènes ou l’on va
analyser selon différentes échelles les
différents aspects.

Exemple, le projet de le Corbusier pour


la rochelle

CIAM 8, Hoddesdon, 1951

Le cœur de la ville, the heart of the city

Giedion va montrer les pleines de jeux basé


sur les travaux de van Eyck et les propose
comme un exemple de cœur de la ville.
Bakman lui va considérer que le cœur c’est
à partir du moment où il y a une relation
entre l’homme et la chose.

Bakerma propose une deuxième version du


projet Pendricht (projet 2). Nagele 2eme
phase, peu à peu on quitte l’isotropie
absolue des modernistes de l’époque
Aldo van Eyck a aussi
participer à l’urbanisation des
polders pour un village qui
sera réalisé en 1953 ou il va
aussi réaliser 3 écoles.

Van Eyck va appliquer sa


méthode configuratrice à une
grande échelle, il chercher à
faire ressembler le plan
général, au plan du quartier et
au plan de la ville.

L’on cherche toujours à créer


du lien entre tous les
éléments. La réalisation finale
diffère légèrement du plan
d’origine.

Plusieurs projets du même


types ont été réalisé en
hollande – Noordoostpolder -
Nagele, est l’un des villages
construit qui vont être
montre lors d’un des CIAM en
tant qu’exemple.
CIAM « intermédiaire » (entre 8 et 9) Sigtuna, intermicongress, 1952

On discute, on s’échange sur


la définition et le sens de
l’habitat

CIAM 9, Aix-en-Provence, 1953

C’est la rencontre et
formation de la team 10.
Les projets des polders
sont montrés et une série
d’autres projets innovants,
« housingcasablanca », les
concepts d’identité, de la
hiérarchie de l’association
humaine, etc.
Autre projet sur les polders de Bakema.

Bakema et son projet des polders dans la grille Ascoral

Les Smithson eux reprennent la grilles Ascoral en modifiant les critères d’analyse du CIAM 4, pour
mettre en place une autre lecture et en réduisant chaque critère moins superficiel et rigide a une
série de 3 photos.

Morceaux de la grille d’analyse des Smithson

Les Smithson

Alison et Peter Smithson, couple


d’architectes londonien

Dans leur projet, « Golden Lane Project »,


les Smithson arrivent particulièrement
bien à transmettre leurs idées grâce à
leurs collage et schémas.
Le concept de « Cluster » leur ait propre et se manifeste pas un long bâtiment articulé, le bâtiment
comporte une propre topographie, avec à certains endroits des partie plus haute, formant presque
des tours et d’autres parties plus basses qui viennent épouser le sol. Le bâtiment se manifeste
comme une ville sur la ville

Les Smithson s’oppose au Corbusier et à son principe de géométrie mesurée et mettent un point
d’honneur sur le mouvement. Mais si l’on comparer les anciens Project de le Corbusier au Golden
Lane Project, l’on voit qu’ils ne sont pas si différents.
Les projets des Smithson évoluent et l’idée le cluster
aussi, il va s’épaissir et se complexifié, comme par
exemple dans leur plan pour le « Hauptstadt Berlin
Project » en 1958, à berlin en Allemagne, qui ne sera
jamais construit.

Ils vont aussi repêcher


dans l’histoire ce schéma
de Patrick Geddes,
architecte Ecossais, qui
réalise une coupe dans la
vallée, il voit la ville
comme un être vivant, où
l’on va retrouver
l’intervention humaine à
différentes échelles, des
habitations toutes petites
et disparates vers le haut
des vallées et des
habitations de plus en plus
dense et grandes vers le
fond de celle-ci.

CIAM Alger

Ils réalisent une grille sur base


des bidonvilles et l’on essaye
de trouver les richesse et
avantages de ce genre de
structure, le fruit d’une auto
construction qui peuvent peut-
être apporter d’autre
principes, ou même des
solutions à des problèmes
auxquelles l’on n’aurait jamais
pensé.
Michel Ecochard, architecte du
GAMA - Groupe d’architecte
moderne marocain, propose
son modèle d’habitation avec
les maisons à patio basées sur
l’habitation traditionnelle
d’Afrique subsaharienne

Série de maison, composée


d’un rez de chaussée, de 9x9m
avec un patio, rdc sur lequel
l’on pouvait ajouter des étages
et évoluer avec le temps
Ces habitations avaient
pour but d’évoluer avec
leurs occupants et ce fut
le cas, certains habitants
ont même décidé
d’emmurer leur patio
avec le temps pour créer
une pièce
supplémentaire

CIAM 10,

Marque la fin du système d’origine des CIAM, on dissout la structure et les membre du comité team
10 vont décider de continuer à se voir mais de manière beaucoup plus informelle pour discuter.

Aldo van Eyck va y présenter son projet pour l’orphelinat pour Amsterdam, qui veut être une
« ville » et est un peu un manifeste, une application du « Nagele village ».

L ’unité de van Eyck, le plan se présente comme une cellule que l’on peut assembler et se répète, et
va créer une structure qui aura la même dynamique que la cellule seule mais aune échelles
différentes – même principe que dans le Nagele village project.
Aldo van Eyck parle d’une
ville ancienne oudestadt ou
les 4 fonctions des villes
étaient connecté et articulé
et avec le chaos du 19ème,
l’arrivée des usines et des
habitations populaire a côté
de celles-ci, les couleurs
d’origine de la ville sont
perdues et elles ont perdus
leur pertinence.

Van Eyck veut retourner une


nouvelle ville qui revient à la
ville médiévale où tout est
connecté et naturelle, le tout
de manière évidente.

Cette idée va être suivie par plusieurs architectes,


l’un d’eux est Herman Hertzberger (élève d’Aldo
van Eyck), qui va fait des recherches dans ce sens et
va faire des modelages avec des boites d’allumette

- Projet d’habitation sur base de développement


cellulaire, forum 1960

- En 1967, Moshe Safdie se base sur ce concept


d’assemblage de boites, pour une construction d’un
bâtiment à Montréal, Canada
Piet Blom, architecte hollandais et également élève de van Eyck, fait des expériences pour appliquer
ce principe à l’échelle du quartier et de la ville, il va tenter de trouver des rapports entre les choses à
différentes échelles.

Piet Blom, va travailler sur des


échelles de plus en plus
importantes jusqu’à aborder la
ville à grande échelle, sous la
supervision de van Eyck.
La méthode configuratrice se
pose sur la ville même, tout
est connecté, avec un centre
plus élevé, qui vers la
périphérie devient plus basse
pour épouser le sol.

Selon van Eyck toutes les


échelles se retrouve réunis.
Son projet de ville se compose
comme la coupe de la vallée
de geddes.
Comparaison avec le projet de Pendricht 2 de Bakema, à droite, et le projet de Blom de la méthode
configuratrice, à gauche, où l’on voit bien la recherche d’un centre chez les deux, mais que chez
Blom (van Eyck) tout est lié de manière beaucoup plus évidente et explicite.

Projet de Hertzberger, où il applique ce structuralisme hollandais, ici c’est des bureaux il traite la
construction comme s’il concevait une ville, en mettant en place les mêmes principes.
Koolhaas, et sa thèse contre van Eyck attaquant la
fragmentation de son architecture.

Le groupe Candilis – Josic –


Woods, vont émerger du CIAM et
l’un de leur projet principal va être
l’extension de la ville de Toulouse
par leur projet « Toulouse le
Mirail »

Film I

- Georges Candilis interview sur son projet du « Mirail de Toulouse ».

- Architecture = structure urbaine.

- Dit que la ville ancienne est écrasée par l’architecture nouvelle et qu’il y a un manque d’unité.

- Veut créer quelque chose qui n’est ni grand-ensemble, ni ville nouvelle car les deux termes sont
devenus très péjoratifs - Grand ensemble= on pense tout de suite à une ségrégation et ville nouvelle=
on pense tout de suite à la science-fiction.

- Toulouse grandis plus forte que les autres villes, de nos jours quand on conçoit un plan de ville on
pense d’abord à la voiture, aux routes, au trafic au lieu de penser à l’homme. La voiture a envahi
notre vie.

- Il faut surtout redonner la place à l’homme.


Film II

- Georges Candilis revient sur son


projet des années plus tard pour
voir comment il a vieilli.

- Le Mirail a très mal vieilli, délabré


et en partie non habitée, car
beaucoup trop grande par rapport à
la demande. Pas vraiment un succès

- Les bons côtés, le prix très bas et


une grande surface habitable par
unité d’appartement

- Mirail de Toulouse, détails du plan

- Le « Stem » est une continuité, un


piétonnier auquel tous les éléments
de l’urbanisme sont branchés ou sont
aussi situé les commerces et autres
équipements.

- Mirail de Toulouse

- Circulation et trafic

- Les voitures circulent en bas


comme à Louvain la neuve au sous-
sol.
- Le web, un système
similaire au stem mais
changeable et qui intègre
l’eau, l’électricité, et
l’évacuation. Le web se
compose d’une structure
de poteaux poutres de
7x7m et qui peut être
approprié et transformée
dans le temps.

- La revue le carré bleu, que


Candilis Woods et
Shadrach animent en ces
années là

- Projet pour Frankfort, le


centre-ville, projet de
Candilis, Josic et Woods. Un
web avec différentes
fonctions intégré dans un
seul bâtiment avec des
patios, des espaces
appropriables et des
espaces inéchangeables.
- Sur le même principe ils ont construit cette université, « the berlin free
university », en 1963. Même principe mais à l’échelle d’un bâtiment
d’enseignement, l’on s’aperçoit que sa flexibilité d’adaptation tant
vantée n’a jamais vraiment été utilisé. Une fois les bases fixées elles
restent souvent comme elles le sont.

- Le Corbusier, Venice Hospital


project en 1964. Le projet se veut
aussi être comme une petite ville, et
qui ressemble un peu au
développement en nappes comme
l’orphelinat de van Eyck. Là aussi on
retrouve un stem et une sorte de
cluster semblable à celui des
Smithson.
- Quelques projets des Smithson réalisés, comme ces tours à Londres qui sont un peu des fragments
de leur plan de « Berlin Hauptstadt » qui lui n’a jamais été réalisé.

- La seule fois où ils vont


réaliser des « Streets in
the air », des rues en l’air
sera dans le projet
« Robin Hood Gardens
housingestate », Londres
en 1966-1972.
- Architecture brutaliste qui a été
détruite récemment.

- Giancarlo De Carlo, architecte italien.

Pour lui la participation des personne concernées est


très importante, impliquer les habitants dans les plans
urbain. Il est très sensible à la ville historique, et travaille
beaucoup avec le principe de restauration et l’extension
de la ville d’Urbino (petite ville sur les collines). Une ville
qu’il va analyser avant de proposer une série de
restructuration du centre ainsi qu’un master plan pour
l’extension de ville car il s’agit d’une ville universitaire.
Le Collegio del Colle à Urbino par exemple, est comme une adaptation moderne de la ville
ancienne, un bâtiment avec des chemins qui se rencontres. Une architecture brutaliste en béton.

Pour conclure, en réponse à la question


première, qui est le Team X ?
V. Typo-morphologie

Aldo Rossi (1931-1997)

Aldo Rossi et couverture de l’édition anglaise de sa publication « L’architettura della città ».

Aldo Rossi était un architecte italien, mais


également auteur, artiste, professeur et
théoricien.

Dans son ouvrage, L’architettura della città


(1966), la ville a été son thème central. On peut
synthétiser son livre à travers 5 thèmes
principaux :

1. Ville = Architecture
2. La Ville et son rapport à la société
3. La Ville et le temps
4. La Ville et ses dimensions individuelles et collectives
5. La Ville en tant qu’espace de médiation

1. Ville = Architecture

Selon Rossi, la Ville est une œuvre d’art construite et réalisée dans le temps. Contrairement au principe
du tabula rasa moderniste, qui voit les villes historiques en tant que formes mal organisées, il faut
préserver la ville, son histoire.

La Ville est une forme construite, un ensemble de faits urbains (= fatti urbani), c'est-à-dire de petites
portions de la ville caractérisées par leur forme et leur structure propres.

2. La Ville et son rapport à la société

La forme donne lieu à la société, il y a donc une étroite relation entre la ville et la société. Ce n’est ni
la fonction, ou l’usage, que l’on fait de la ville, ni les usagers qui créé la ville mais sa forme. La forme
est plus durable par rapport aux sociétés, ces dernières changent sans arrêt et peuvent s’adapter à la
forme. Il n’y a pas de relation directe entre la fonction et la forme, par contre une bonne forme peut r
toute une série d’usages qui changent dans le temps.

L'un des aspects les plus originaux du traité de Rossi est le retour à l'idée du locus après qu'elle ait été
largement oubliée environ quatre siècles auparavant. Il revient à des notions obscures et perdues
d'une relation entre le lieu et le bâtiment qui n'est pas matériellement fondée. Rossi a réinventé le
concept de locus, c’est-à-dire la relation, singulière et universelle, entre une certaine situation locale
et les constructions qui s'y trouvent.
3. La Ville et le temps

La ville est une œuvre d’art construite dans le temps, on peut y trouver des éléments stables et
permanents mais aussi des petits changements dans son récit.

Il y a une sorte de mémoire dans la forme, qui induit à une sélection/oubli : il faut oublier certains
éléments pour pouvoir avancer.

Dans la ville il y a deux types de monument :

− Monuments propulsant : ce sont des monuments qui peuvent accueillir différents programmes
dans le temps et qui structurent la ville ;

− Monument pathologique, qui reste figé et ne s’adapte pas aux différentes fonctions ou usages
dans le temps.

4. La Ville et ses dimensions individuelles et collectives

La ville a deux dimensions : une collective et une individuelle, cette dernière est incluse dans la
première. Le rapport entre les deux dimensions est analogue au rapport entre individu et société.

Pour analyser une ville, Rossi utilise deux notions clefs :

− Le type : résumé des règles selon lesquelles l’architecture de la ville est produite. Cette notion
permet d’analyser des objets afin de les associer à des groupes. Le type, à la fois concret et abstrait,
permet de conceptualiser les changements/permanences de la ville.

− L’analogie : les types se manifestent en variantes, l’analogie est le rapport entre ces différentes
variantes.

5. La Ville en tant qu’espace de médiation

La Ville est un espace de médiation entre des pôles opposés : individuel et collectif, permanent et
changement, public et privé, passé et présent, passé et future, chaos et ordre, fragment et ensemble,
utopie et réalité physique.

Collage de monuments propulsant, Capriccio, Giovanni Antonio Canaletto, 1753-59


Aldo Rossi, 1976
Aldo Rossi et Carlo Aymonino, Quartier Gallaratese, Milan, 1969-73

Aymonino et Rossi ont travaillé ensemble sur ce projet manifeste à Milan, ils y mettent en place leur
vision de la ville. On observe une tentative d’incorporer une urbanité existante milanaise. Ils révisent
des typologies lombardes : logements organisés en traverse régulière, terrasses renfoncées, pilastres
énormes, fenêtre carrée, etc.
Aldo Rossi, Cimitero San Cataldo, Modena, 1971

Le deuxième projet de Rossi se


situe à Modena. Il s’agit d’une
extension d’un cimetière existant,
conçue comme une petite ville
des morts.

Il répète une série d’éléments, par


un jeu d’analogies. Le plan est
extrêmement symbolique.
Aldo Rossi, Teatro del Mondo, Venise, 1979-80
A. Héritage de Aldo Rossi : la typo-morphologie

Toute une série d’architectes vont tenter de rendre scientifique le savoir de Aldo Rossi pour en faire
un appareil utilisable à la conception du projet. C’est ce qu’on appellera la typo-morphologie. Ça se
développe durant les années 60-70, au même moment que la publication de Rossi. Durant ces années
de crise, les architectes ont beaucoup de temps pour fouiller dans les archives.

Parmi les architectes qui ont suivi Rossi : les italiens Saverio Muratori, Giorgio Grassi et Carlo
Aymonino ; en France : Philippe Panerai, Jean Castex et Bernard Huet.

Dans Eléments d’analyse urbaine (1980), Panerai (avec l’aide de J.C


Depaule et M. Demorgon) fait une classification des types selon les
manières de construire/produire des types. Il va en distinguer 4 :

1. Type consacré
2. Type génératif
3. Prototype ou modèle
4. Type contextuel

NB. Type ≠ typologie

1. Type consacré

Le type consacré est plus courant dans l’histoire de l’architecture de la ville. Il est utilisé dans
l’anthropologie pour décrire, à postériori, et classifier des objets architecturaux. Les types consacrés
sont construits avec une force inhérente, une tradition.

L’utilisation du type, selon Panerai, n’est plus liée aux caractéristiques du tissu urbain pris en
considération. Il y a alors, à la fin du XXème siècle, une explosion de types qui est ressentie comme
problématique car il n’y a plus de lien avec le tissu urbain.

Ex. La maison de maitre (XIX) :

− Parcelle de 6 mètres
− Circulation verticale latérale
− 3 pièces en enfilade au RDC
− 2 pièces à l’étage, etc.

Ex. Maison bel étage (années ’50) :

− Garage
− 2 appartements
− Living vitré à l’étage
2. Type génératif

Ce n’est pas un type observé à postériori mais c’est un type imaginé et dessiné par un architecte mis
à disposition pour en faire des projets. Ce n’est pas un résumé d’un savoir traditionnel mais une
méthode explicite offerte à la discipline.

J.N.L Durand étudie et décrit les types sur des


grandes planches, ce qui permet d’instaurer
une architecture étatique partout en France.

Les bâtiments sont complètement


décontextualisés, analysés et classifiés selon
leur grandeur et leur règle de composition.

3. Prototype ou modèle

Au moment de l’industrialisation, on voit le développement du prototype afin d’industrialiser


l’habitat-même pour en faire un modèle qui permet la reproduction comme type de production de la
ville. C’est un processus qui doit être contrôlable et extrêmement maitrisé surtout du point de vue
fonctionnel, une fois mis en place il est impossible de le changer.

NB. Différence entre génératif et prototype : le prototype est de tout de suite reproductible tandis que
le génératif est une série de règle qu’il faut encore interpréter ou adapter.

La Maison CECA, Willy Vandermeeren, années ’50.


4. Type contextuel

Le but du type contextuel est de contextualiser les types consacrés. Saverio Muratori, dans son étude
de la ville de Venise, identifie des types à plusieurs échelles. Selon Panerai, il trois éléments
fondamentaux :

− Une nouvelle approche de la ville, en types et variantes ;

− La correction de la définition du type : le type contextuel n’est pas indépendant de son contexte,
Muratori met donc en évidence l’importance du tissu urbain et sa double réalité, synchrone et
diachronie, superstructure (apparition) vs infrastructure (morphologie) ;

− La différentiation des échelles de recherche (parcelle, ilot, quartier) : à chaque niveau il y une
réalité sociologique qui correspond à une échelle.

Dans l’approche française il y a une différenciation entre typologie (bâti) et morphologie (espaces
ouverts). Sur chaque échelle on peut faire des études typologiques et morphologiques. La morphologie
étudie le rapport plus abstrait entre privé et public, entre la structuration verticale et horizontale de
l’espace.
En Belgique, l’approche contextuelle s’est présentée sur le plan
idéologique grâce à l’ARAU (Atelier de Recherche et d’Action
Urbaines) : une alliance entre architectes (René Schoonbrodt, Jacques
Vander Bist, Philippe De Keyser, Maurice Culot), étudiants et habitants.

Ils ont défendu le droit d’habiter en ville et ils l’ont lié à des modèles
d’urbanisme plus ancrés dans la tradition.

Les objectifs de l’ARAU :

− Aller contre la tertiarisation de la ville au détriment de l’habitation ;


− Mettre un terme au dépeuplement / exode urbain ;
− Revaloriser la ville ancienne (échange, rencontre, culture) ;
− Défendre le droit d’autodétermination des citadins ;
− Reconstruire la ville du XIXème siècle.

Ils ont eu un grand succès dans protection du patrimoine, on leur doit aussi l’installation des
commissions de concertation et les contrats de quartier.

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