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© Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation PE 1 200 − 1
MICROCALORIMÉTRIE __________________________________________________________________________________________________________________
NOTATIONS
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__________________________________________________________________________________________________________________ MICROCALORIMÉTRIE
nelle et l’énergie ainsi perdue ou reçue par la cellule dans l’intervalle — conductance thermique KL ↔ conductance électrique 1/R
de temps dt sera : — capacité thermique CL ↔ capacité électrique CL
d Q e = K L (T L – T S ) d t Une enceinte à température constante TS sera en outre l’équi-
valent d’un générateur de tension GS d’impédance interne négli-
avec KL coefficient de dissipation thermique de la cellule. geable tandis qu’un phénomène thermique source d’un flux P
L’énergie totale mise en jeu dans la cellule dans cet intervalle de sera l’équivalent d’un générateur de courant Gp d’impédance
temps sera ainsi déterminée par : interne 1/Kp = Rp.
Finalement, l’équation du flux total libéré par un phénomène ther-
dQ = d Qa + d Qe
mique dans une cellule calorimétrique sera donc l’analogue de :
et le flux thermique P = dQ/dt provoqué par le phénomène étudié
d VL 1
s’écrira donc à chaque instant : I p = C L ---------- + ---------- ( V L – V S ) (3)
d t R LS
d TL
P = C L ---------- + K L ( T L – T S ) (2) Cette équation est celle du courant issu d’un générateur Gp ali-
dt
mentant l’ensemble représenté sur la figure 1, qui comprend en
Cette équation fondamentale pour la calorimétrie permet outre un générateur de tension VS, une résistance RLS = 1/KL et un
d’établir : condensateur de capacité CL.
— une analogie électrique (§ 1.1.2) utilisée pour une meilleure
compréhension du fonctionnement des calorimètres et pour leur
simulation électrique ;
— une classification des calorimètres (§ 1.2) en fonction de 1.2 Différentes méthodes calorimétriques
l’importance relative des termes dQa et dQe.
1.2.1 Calorimétrie adiabatique
1.1.2 Analogie électrique
Lorsque l’énergie échangée entre la cellule et l’enceinte peut être
L’expression du flux thermique Pe qui s’établit entre la cellule à la négligée devant celle accumulée dans la cellule (Qa >> Qe ), le calo-
température TL et l’enceinte à la température TS est analogue à celle rimètre est du type adiabatique.
du courant électrique qui s’établit à travers une résistance R dont les L’équation (1) conduit alors par intégration à :
extrémités seraient portées aux potentiels VL et VS :
1
Pe = KL (TL – TS ) = I = ---- (VL– VS)
R
Q(t) ≈ Qa ( t ) = E C ( t ) dT ( t )
L L (4)
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QL ≈ Q a = C L ∆ T (5)
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#
t∞
Q = P e dt
t0
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1.2.5.2 Calorimétrie différentielle à cellules couplées Dans les techniques calorimétriques précédemment décrites
(§ 1.2.1 à 1.2.5), le flux thermique P consécutif à l’énergie mise en
En analyse thermique, les dispositifs précédents ne peuvent jeu dans la cellule de mesure provoque une variation de la tem-
donner satisfaction que si les échanges thermiques entre les cellu- pérature TL de cette cellule. Par les différents procédés envisagés,
les et le milieu environnant sont identiques pour les deux cellules : TL peut alors être reliée plus ou moins directement à P pour éva-
KL 1 = KL 2 . luer l’énergie libérée et reconstituer la thermogenèse.
Ces méthodes impliquent donc :
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l’enregistreur. D’après l’équation (11) qui suppose les deux cellules Il s’ensuit que, dans le cas des phénomènes lents étudiés ici,
identiques : pour avoir la courbe de thermogenèse, il suffit d’ajouter à chaque
d∆
KL C L d∆ ordonnée ∆ de l’enregistrement une quantité τ ------- proportion-
P 1 = ------∆ + ------ ------- (14) dt
g g dt nelle à la pente de la courbe en ce point. Cette correction suffit
avec g sensibilité électrothermique (V · K–1). largement dans la plupart des applications où l’attente d’équilibre
thermodynamique implique des évolutions lentes de ∆. Elle peut
Dans le cas de phénomènes suffisamment lents, cette relation même parfois se révéler superflue et l’enregistrement représente
permet de déterminer l’énergie totale mise en jeu et la puissance alors directement la puissance dégagée. Dans le cas de phénomè-
thermique instantanée P1. nes rapides, cette correction devient par contre insuffisante et doit
a) Énergie mise en jeu : entre les instants t et t’, l’énergie mise en être remplacée par les techniques de déconvolution de l’enregis-
jeu est : trement (§ 1.4.3).
Des microcalorimètres de ce type sont commercialisés par SETA-
# P dt = -----g- # ∆ dt + -----g- # d∆
t′ KL t′ CL t′
Q 1 tt ' = RAM suivant plusieurs versions. Le modèle standard atteint un seuil
1
t t t de mesure de 0,2 µW avec des cellules de 100 cm3 qui présentent
une constante de temps de 400 s. Dans une version plus petite, la
Le premier terme de l’équation représente l’aire A comprise entre
faible inertie du bloc facilite l’analyse thermique mais le seuil de
la courbe enregistrée et l’axe des temps entre les instants t et t’. Le
mesure monte à 15 µW pour des cellules de 380 mm3 et une cons-
second terme représente la différence ∆’ – ∆ des déviations de
tante de temps de 10 s.
l’enregistreur entre ces mêmes instants :
KL C 1.3.1.2 Microcalorimètre à cellules couplées
Q 1 tt ' = ------ A + -----L- ( ∆' – ∆ )
g g ■ Principe et réalisation
À l’issue d’un phénomène qui n’implique pas de variation de Il est apparu dans l’étude théorique (§ 1.2.5.2) que, les deux cellu-
capacité calorifique, CL a conservé sa valeur du début à la fin de la les d’un calorimètre différentiel ne pouvant présenter rigoureuse-
mesure, et la déviation finale ∆tf est identique à la déviation initiale ment le même coefficient d’échange KL avec l’enceinte
∆ti. L’énergie totale mise en jeu s’exprime alors par : calorimétrique, leurs températures différeraient au cours d’une évo-
lution de celle de leur environnement TS. Ainsi, en analyse thermi-
KL que, un signal calorimétrique parasite apparaîtra en l’absence
Q 1 = ------ A 1 même de toute thermogenèse. Cet effet peut être réduit par une
g
recherche de la symétrie du dispositif mais aussi par un couplage
L’aire algébrique totale A1 déterminée par l’enregistrement de la thermique entre les deux cellules, qui tend à égaliser rapidement
déviation ∆ entre le début et la fin du phénomène conformément à leurs températures.
la figure 8 représente donc, au coefficient KL /g près, la chaleur Les premiers dispositifs comportaient un fluxmètre constitué par
totale mise en jeu. une pile thermoélectrique unique, placée entre les deux cellules
conformément à la figure 9 [1].
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d TL 1 dT
puisqu’en régime de variations lentes -------------
dt
≈ ------------
dt
L2
-
et en fin de transformation, d’après (13) : La plupart des appareils commercialisés sont du type différentiel
à flux thermique et cellules couplées, et présentent ainsi de nom-
P1 – k δ CL breux points communs ; à titre d’exemple, le microcalorimètre Mett-
∆' = g ----------------------------------- ler TA 2 000 est schématisé sur la figure 11.
KL 1 + 2 KL 1 L 2
La faible inertie thermique des systèmes de mesure réalisés et la
Après la thermogenèse, il subsiste une déviation permanente de minimisation des gradients thermiques dans les cellules et leur sup-
la ligne de référence : port garantissent un bon pouvoir séparateur, même aux vitesses de
chauffe élevées.
k δ CL
∆ 0 = g ----------------------------------- Toutefois, la sensibilité de ces appareils est fonction de la nature
KL 1 + 2 KL 1 L 2 et de la température du gaz qui assure les échanges thermiques, et
les faibles dimensions des cellules ne permettent pas d’y loger des
D’un enregistrement tel que celui de la figure 10, on peut donc
accessoires importants : si une mesure correcte de la température
déduire de la déviation ∆0 la variation de capacité thermique du
peut néanmoins être effectuée au moyen de l’un des thermocouples
matériau et, avec une bonne approximation, de l’aire hachurée,
placés sous l’échantillon, par contre l’étalonnage électrique s’avère
l’énergie de transformation.
très délicat et les montages nécessaires à beaucoup de mesures
Les calorimètres réalisés sur ce principe ont un bon comporte- calorimétriques isothermes impossibles à placer.
ment en analyse thermique : avec des cellules de 1 200 mm3, ils ont
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1.3.2.2 Microcalorimètre différentiel à balayage Une double boucle de contrôle assure l’asservissement de tempé-
à compensation rature de ces cellules en temps partagé :
En calorimétrie différentielle à flux thermique, une thermogenèse — pendant une première partie du cycle, la boucle principale
se produisant dans la cellule laboratoire en modifie la température : règle le courant dans les éléments chauffants de façon à assujettir la
— le fluxmètre ne mesure plus à chaque instant le flux réellement moyenne des températures des deux cellules à la valeur
émis puisqu’une partie de celui-ci est absorbée par la capacité ther- programmée ;
mique de la cellule ; — durant la seconde partie du cycle, une boucle dite de puissance
— la température de la thermogenèse n’est plus rigoureusement différentielle oriente un courant de chauffage vers l’un ou l’autre des
contrôlée. éléments chauffants de façon à annuler la différence de température
entre les deux cellules.
Dans la méthode calorimétrique différentielle à compensation, un
apport supplémentaire d’énergie est effectué dans l’une ou l’autre L’équation qui régit l’évolution de la température TLi de chaque
des cellules de façon à maintenir leurs températures rigoureuse- cellule est alors :
ment égales. La mesure de la puissance ainsi injectée permet alors d T Li
de connaître à chaque instant celle mise en jeu par la thermogenèse. Pi = KLi (TLi – TSi ) + CLi ------------ + K’Li (TLi – T0) (15)
dt
Cette technique a été développée commercialement par la société
Perkin Elmer. Elle a réalisé un dispositif comportant des cellules à avec KLi coefficient d’échange thermique entre la cellule
chauffage totalement indépendant, représenté sur la figure 12. Cha- et le support de température TSi ,
cune des deux cellules repose en effet sur un support renfermant K’Li coefficient d’échange thermique entre la cellule
une résistance chauffante en platine, isolée par une fine couche et l’environnement de température T0 ,
d’alumine bonne conductrice thermique et un capteur thermorésis-
tant également en platine qui détermine la température du support.
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Q1 = – Qd + E (C L1 – C L 2 ) dT L 2
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Le procédé utilisé est une méthode de substitution : l’effet du phé- lule, ni réagir avec le milieu gazeux, ni former de gouttelettes en
nomène thermique étudié est comparé à celui d’un phénomène de mauvais contact thermique avec leur support. Une liste de quelques
référence. Deux techniques sont ainsi couramment employées : substances de caractéristiques thermiques bien connues et pouvant
— étalonnage électrique (§ 1.4.1.1) ; satisfaire aux conditions précédentes figure dans le tableau 2 avec
— emploi de substances de référence (§ 1.4.1.2). leur enthalpie et leur température de fusion.
et on en déduit la sensibilité du calorimètre : D’autres procédés tels que l’emploi de substances radioactives
ont également été envisagés, mais il est évident que la mesure
g ∆ finale ne pourra présenter qu’une précision inférieure à celle de la
s = ------ = -----
KL Pj transformation de la substance étalon, quelle que soit cette transfor-
mation. Cela justifie l’importance des campagnes d’étalonnages
Plusieurs remarques concernant la rigueur de cet étalonnage comparatifs entreprises à travers différents laboratoires pour définir
électrique doivent être effectuées. Elles se rattachent toutes au fait des étalons primaires universels.
que la précision de la mesure calorimétrique ne sera égale à celle de
la mesure de Pj que si toute cette puissance dissipée par effet Joule
a subi la même répartition au sein de la cellule que le flux thermique 1.4.2 Mesure de la température de l’échantillon
à mesurer. Cela implique que : de mesure
— le flux des fuites thermiques de la cellule soit négligeable
devant le flux à mesurer ; La plupart des dispositifs calorimétriques ne permettent pas la
— les fuites par les fils d’alimentation de la résistance R soient mesure de la température au sein même de l’échantillon étudié.
également très faibles ;
Si l’échantillon et son conditionnement, de capacité thermique
— la cinétique du processus étalon et celle du processus étudié
totale CE , sont reliés au point de mesure de la température par un
soient voisines.
élément de conductance thermique KE , la différence entre la tempé-
La répartition du flux étant en effet différente suivant cette cinéti- rature réelle de l’échantillon TE et celle mesurée TM sera donnée
que, la sensibilité peut diminuer lors de thermogenèses rapides. Il y par :
a lieu d’utiliser dans ce cas un étalonnage en surface de l’appareil.
Pour cela, la puissance électrique est dissipée par effet Joule pen- –1
T E – TM = K E P e
dant un temps t du même ordre que celui du phénomène étudié et
l’on détermine la sensibilité en surface s’ a partir de l’aire A de avec Pe puissance échangée entre les deux zones considérées qui
l’enregistrement : vaut :
A Ar d TE
s ' = ---- = ---------- P e = – C E ---------- + P
Q Vvt dt
1.4.1.2 Étalonnage à l’aide de substances de référence P étant la puissance thermique mise en jeu dans l’échantillon.
Finalement :
Plusieurs types d’appareillage ne permettent pas la réalisation
simultanée des différentes conditions d’un étalonnage électrique d TE
T E = T M + K E P – C E ----------
–1
précis. Un processus étalon peut alors être constitué par la thermo-
genèse d’une combustion, d’un mélange ou d’une fusion suivant le dt
type d’appareil à étalonner.
d TE
Pour les calorimètres à flux thermique, c’est généralement la T E = T M + a ---------- + bP (16)
dt
fusion de corps purs qui est utilisée. Toute substance ne peut cepen-
dant pas convenir puisqu’elle ne doit ni former d’alliage avec la cel-
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La température mesurée devra donc être corrigée d’un terme pro- — filtrage analogique du signal S (t ) à l’aide de n filtres actifs du
portionnel à la vitesse d’évolution de la température et d’un terme type de celui représenté sur la figure 14 (en général n = 1 ou 2) ;
proportionnel à la puissance mise en jeu dans la cellule. Des étalon- — filtrage numérique du signal S (t ) à l’aide d’un calculateur effec-
nages successifs à vitesse variable, puis à puissance dégagée varia- tuant les opérations représentées par le système.
ble permettent de déterminer les coefficients a et b pour un
montage donné.
Cette correction, généralement nécessaire pour évaluer une tem-
pérature de thermogenèse à mieux que 0,1 K près, devient particu-
lièrement utile dans le cas de calorimètre du type de ceux utilisés en
calorimétrie différentielle à balayage (ACD) pour lesquels la mesure
de température est effectuée soit sous la cellule, soit au contact
même de l’élément chauffant.
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2. Applications
de la microcalorimétrie
2.1.1.1 Rappels
Définition : on appelle transition du premier ordre une disconti-
nuité de la dérivée première de la fonction enthalpie libre en fonc-
∂ G . Une transformation du deuxième ordre
tion de la température -------
-
∂T
2
∂ G
est caractérisée par une discontinuité de la dérivée seconde ----------
2
.
∂T
Il est possible de définir, sinon d’observer, une transition du
n
∂ G
nième ordre ----------
n
- . L’exposé restera limité aux deux premiers types
∂T
d’effet thermique.
∂G
Transition du premier ordre : la dérivée de G s’écrit -------- = – S et
∂T
∂G '
après transition --------- = – S ' .
Figure 15 – Illustration des possibilités du filtrage électrique inverse ∂T
en calorimétrie à conduction (d’après [2]) Le changement de la dérivée est au signe près la variation
d’entropie lors de la réaction ∆S = S ’ – S. Comme, à la température
P P
de la transition Tt , il y a équilibre entre les deux phases G Tt = G ' Tt ,
La restitution de P (t ) peut ainsi être effectuée d’une manière très
l’enthalpie de transition sera ∆H = Tt ∆S.
précise mais, comme dans le cas de la méthode d’optimalisation, le
calcul doit être conduit sur l’ensemble de la durée 7 du phénomène Ce type de transformation s’effectue à température constante,
et ne peut donc être réalisé qu’en fin de thermogenèse, c’est-à-dire citons la fusion, la vaporisation, la sublimation et certaines transi-
off line. La période d’échantillonnage peut être choisie suffisam- tions allotropiques.
ment petite pour permettre d’étendre l’étude à des thermogenèses Transition du deuxième ordre : une démonstration analogue
très rapidement variables, la seule limite étant alors liée à la capa- montre que cette transition, qui s’effectue à température constante,
cité ou au temps de calcul de l’ordinateur. est due à une discontinuité de la capacité thermique Cp du produit.
Dans la réalité, il y a superposition d’une transition du premier ordre
avec une transition du deuxième ordre et il se peut même qu’une
Les différentes méthodes examinées impliquent toutes une
fusion se fasse avec ∆H = 0 et ∆S = 0 et ne donne lieu qu’à un effet
parfaite connaissance de l’opérateur M. Elles nécessitent donc
du deuxième ordre. Une classification des principaux types de tran-
une identification du calorimètre et du dispositif expérimental
sition a été proposée [3].
qui conduise aux valeurs soit de M (jω), soit des τi. Le procédé
généralement utilisé est l’étude de la réponse à une impulsion
de chaleur. Les transferts thermiques lors de cette thermoge- 2.1.1.2 Transition dans les phases condensées
nèse localisée pourront cependant être différents de ce qu’ils Un exemple caractéristique de transition du premier ordre est
sont au cours du phénomène expérimental étudié. Avec le bruit présenté par le cas d’une paraffine soumise à une ACD (figure 16).
de fond et la dérive du signal S (t ), cela constitue les principales
limites de la précision des méthodes de restitution de la thermo- Le nonadécane C19H40 présente une transition cristalline à 22,8 oC
genèse. et la fusion à 30,8 °C. Le calcul de la surface des pics permet de
déterminer les quantités de chaleur (§ 1.3.2) de chaque transforma-
tion, soit :
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mesure de l’effet thermique si les dimensions géométriques du sup- [méthode BJH (Barret, Joyner et Halenda)] par l’intermédiaire des
port sont connues avec exactitude. orifices d’accès et dans des conditions éloignées de l’utilisation ou
b) Taux de cristallinité : le polyéthylène ne présente pas de transi- de l’élaboration du corps poreux. L’étude calorimétrique du change-
tion vitreuse mais une fusion à 130 oC. On admet que le polyéthy- ment de phase (fusion ou cristallisation) du condensat dans les
lène totalement cristallisé aurait une enthalpie massique de fusion pores en présence d’un excès de condensat permet la détermination
∆Hf = 293 J · g–1. La détermination de l’enthalpie de fusion Q d’un in situ du volume poreux en fonction du rayon des pores.
échantillon ramenée à l’unité de masse donne le taux de Les équations sont fondées sur la relation de Laplace qui donne la
cristallinité : différence de pression ∆P entre les phases liquide et solide d’un
corps divisé :
Q
τ = ----------
∆ Hf ∆P = C ,s γ ,s
C6 H6 – 131,6 0,54 – 65,8 0,92 8,87 1,76 127 27,3 2,94 127,3
H2 O – 64,67 0,57 – 32,33 0,68 55,6 7,43 332 155 11,39 332
On a représenté sur la figure 20 la courbe ACD relevée lors du L’exploitation du signal s’effectue de la façon suivante [9] [10] : on
refroidissement d’un échantillon d’oxyde de chrome saturé et en divise l’intervalle de température de fusion du condensat en domai-
présence d’un excès d’eau. nes dT correspondant à des rayons de pores compris entre Rp et
Rp + dRp calculés d’après l’équation (20). La surface (donc l’énergie
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Les limitations de cette méthode sont les suivantes : C’est la première incertitude qui fixe à 2 nm la limite inférieure
— incertitude sur l’épaisseur t de la couche liée ; des rayons de pores mesurable et la deuxième qui conduit à une
— connaissance de la température réelle de l’échantillon ; limite supérieure de l’ordre de 1 000 nm.
— mouillage du matériau poreux par le condensat ; Cette méthode recouvre ainsi les domaines de mesure de la tech-
— présence d’impuretés dans le liquide. nique BJH dont la précision diminue fortement pour Rp > 20 nm et
de la porosimétrie mercure qui, en raison des risques de déforma-
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tion mécanique des échantillons, peut conduire à une précision illu- des coefficients du polynôme. Cela revient à dire que, dans la rela-
soire pour les pores de taille inférieure à 10 nm. tion (22), on tient compte des termes liés à la non-idéalité de la solu-
tion [12] ou du solide et des changements de capacité thermique ∆C.
L’application de la méthode aux substances organiques a été discu-
2.1.6 Détermination d’une pureté tée [14].
Un composé minéral GeI4 pris pour exemple fond à environ
La détermination de la pureté d’un échantillon est un point impor- 147 °C. L’appareil ACD qui a été étalonné préalablement est pro-
tant du contrôle de la qualité d’une fabrication. Les méthodes d’ana- grammé à 0,1 °C · min–1. La figure 22 représente le signal direct et
lyse usuelles nécessitent la connaissance de la nature des impuretés le signal intégré en fonction de la température programme, et sur la
en vue de leur dosage par les techniques appropriées. figure 23 sont tracées les courbes 1/F et 1/F * en fonction de T cor-
La méthode calorimétrique permet de s’affranchir de cette diffi- rigé. Le calcul par itération conduit, avec une valeur de ∆H de
culté pour des corps qui fondent sans se décomposer. 11 600 J · mol–1, à un taux d’impuretés de 0,17 %. La température
du point triple correspond à une dilution infinie des impuretés (1/
Les hypothèses suivantes sont faites : F * = 0) et est égale à 147,0 °C alors que la température de fusion de
— les impuretés sont uniquement mais entièrement solubles l’échantillon est 146,8 °C (1/F * = 1).
dans la phase liquide, en d’autres termes, il n’y a pas formation de
solution solide ;
— la quantité d’impuretés est suffisamment faible pour que la
solution d’impuretés dans le produit fondu puisse être considérée
comme une solution idéale.
Dans ces conditions, la fusion n’aura pas lieu à température cons-
tante, et, d’après la loi de Raoult, il vient :
∆ Hf
x∗ = ----------∆
2
T (22)
RT 0
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l’ampoule de volume v et la solution de concentration C2 dans la cel- teurs retardant l’inflammation. Le calorimètre étant à température
lule v2. constante avec le gaz de balayage voulu, on place l’échantillon et le
Il existe des appareils plus précis et mieux adaptés pour effectuer temps d’inhibition sera la durée entre le temps initial et le début de
ce travail (Picker, LKB 10700 ). Il s’agit de calorimètres de dilution : la réaction, en général exothermique.
des débits connus de solutions de titres connus sont mélangés dans
un dispositif calorimétrique du type à flux thermique qui délivre un
signal proportionnel à la puissance thermique, donc à la variation 2.2.3 Enthalpie de vaporisation et de sublimation
d’enthalpie liée au mélange de A dans B puisque les débits sont
constants. Le principe général consiste à se placer à température constante
et à déterminer l’effet thermique dû au changement de phase. Celui-
2.2.1.3 Dosages enthalpiques ci est provoqué par un changement de la pression. La nacelle doit
satisfaire aux conditions suivantes :
Les deux types de calorimètres précédents (§ 2.2.1.1 et § 2.2.1.2) — équilibre thermique des gaz issus de la nacelle ;
peuvent être utilisés. Il s’agit d’injecter à débit constant la solution à — pas d’entraînement de particules ;
titrer dans un réactif et, par mesure de la température de la cellule, — absence de point froid.
de remonter aux énergies thermiques mises en jeu puis, ainsi, au
dosage du mélange [17]. Deux corrections doivent être apportées pour prendre en compte
la détente du gaz qui surmonte le produit et la fraction déjà gazeuse
En mettant de côté l’aspect quantitatif, l’exploitation du seul dans la cellule avant l’expérience.
signal thermique de la cellule mérite attention puisque des dosages
difficiles peuvent être effectués [18], en particulier lorsqu’il n’existe D’autres montages ont été proposés, utilisant un calorimètre iso-
pas de moyens simples (pH ou indicateurs colorés) permettant de therme [21] ou une cellule d’effusion gazeuse [22] avec un calorimè-
détecter la fin de la réaction (cas des réactions biologiques). tre de type Calvet.
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MICROCALORIMÉTRIE __________________________________________________________________________________________________________________
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PE 1 200 − 22 © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation
P
O
U
Microcalorimétrie R
E
par Maurice BRUN N
Ingénieur de l’Institut National des Sciences Appliquées (INSA) de Lyon
Professeur à l’École Centrale de Lyon
Pierre CLAUDY
et
Ingénieur de l’Institut National des Sciences Appliquées (INSA) de Lyon
Directeur de Recherche au Centre National de la Recherche Scientifique
S
A
Constructeurs - Fournisseurs V
Du Pont de Nemours France (Sté).
Heraeus France (S.A.).
Perkin Elmer S.A.
PROLABO.
O
LKB Instruments.
Mettler Instrumente AG (fournisseur SOFRANIE).
SETARAM (Sté d’Études d’Automatisation, de Régulation et d’Appareils de
Mesures). I
Thermanalyse S.a.r.l.
Netzsch Frères S.a.r.l.
Parr Instrument Co (fournisseur OSI). Tronac Inc (fournisseur Ankersmit France). R
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