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DOSSIER
GEORGES SOULES - RAYMOND ABELLIO
4 Entretiens avec Abellio
Marie-Thérèse de BROSSES
8 I - Georges Soulès
JP. CALLOT (31)
13 II - Raymond Abellio
J P. CALLOT
En couverture : 14 Abellio ou la géométrie du spirituel
Le général DUFOUR Daniel VERNEY (58)
(se reporter à l'article
de Pierre STROH, page 37). 19 Un X peut en cacher un autre
Charles HIRSCH
22 Abellio et l'ésotérisme
26 Abellio et l'astrologie
La Jaune et la Rouge Daniel VERNEY (58)
N° 433 - MARS 1988
27 Abellio et les femmes
Revue mensuelle de la Société amicale
des anciens élèves de l'École polytechnique 28 , Le romancier
5, rue Descartes, 75005 Paris
Tél. . 46.33.74.25 . 31 Abellio et l'X
Directeur de la publication Henri Martre (4 7) 34 Abellio - Fin
Rédacteur en chef . Jean-Pierre Callot (3 1)
Secrétaire de rédaction · Michèle Lacroix 36 Courrier, Variétés
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Georges Soulès-Raymond Abellio
1907-1943-1986
X 1927
L__
1 - GEORGES SOULES
Soulès bénéficia d'un de ces Maison natale de Georges Soulès (au centre)
congés en mars 41. Selon l'usage,
il promit aux camarades oubliés propagande, et profiter du re- ment. C'est ainsi que Soulès
d'œuvrer pour la libération de groupement qui se faisait dans devint un membre important du
quelques-uns. Ce qu'il ne leur dit certains mouvements (R.N.P. et M.S.R. sans y être inscrit. Il en-
pas, ce fut l'étendue de ses ambi- M.S.R.) d'hommes d'extrême tra dans ce mouvement pour
tions : il voulait obtenir le retour gauche et d'extrême droite, trots- deux raisons : d'une part ses 400
de 400 officiers ! kistes et cagoulards, hommes camarades à libérer ; Deloncle
d'action qui pourraient constituer promit de faire de son mieux, ce
Soulès reprit son métier d'ingé- le fer de lance d'un renouveau qui se révéla être peu : il obtint
nieur des Ponts et chaussées. socialiste. deux libérations ; mais surtout,
Mais cela ne lui suffisait pas. Soulès souhaitait entrer dans le
L'homme d'action, le militant in- Il alla voir Marcel Déat qui avait
mouvement de Deloncle parce
fatigable qu'il était à cette épo- fondé le R .N.P. (Rassemblement
que celui-ci n'avait pas d'idées ;
que ne pouvait rester immobile national populaire), l'ancien diri-
ainsi il espérait promouvoir ses
dans une France " qui se couvrait geant des Jeunesses Socialistes. propres théories socialistes avec
Mais il s'en écarta vite lorsqu'il
d'images pieuses" et qui offrait le soutien du M.S.R. Deloncle
le retrouva pontifiant au milieu
le visage " d'un pays incapable n'avait pas d'idées parce que,
par lui seul de rentrer dans l'his- de ses chemises bleues. Il rencon-
homme de puissance et d'ambi-
tra alors Eugène Schueller;
toire, même à reculons"· Or, tion, il estimait que les idées ne
c'était un chimiste éminent, qui peuvent que gêner l'action. Il me-
dans les souterrains de cette
avait fondé l'Oréal pour y exploi- nait une politique florentine,
France endormie se produisait un
ter ses découvertes, et avait fait jouant la Wermacht contre Hi-
grand bouillonnement d'idées, de
doctrines et d'intrigues. Il y avait de cette entreprise un empire ; ce tler, et prenant des contacts avec
fils de boulanger était devenu Anglais et Américains ; elle ne
la Résistance naissante, où l'on
l'un des industriels les plus riches
rencontrait deux catégories lui réussit pas, puisqu'en janvier
d'Europe ; homme au grand 1944, il fut tué par les S.S.
d'hommes : des militaires avec
cœur, d'une honnêteté totale, il
lesquels Soulès se sentait peu
essayait de faire passer des idées Soulès put, comme il l'avait
d'affinités, et des communistes
économiques nouvelles, quelques- prévu, exploiter le vivier du
auxquels il était de plus en plus
unes «géniales », par l'intermé- M.S.R. pour développer sa pro-
opposé depuis sa rupture de
diaire du M .S.R. (Mouvement pagande socialiste et contrecarrer
1935 ; d'autre part, s'il détestait
social révolutionnaire), filiale du les tentatives d'infiltration politi-
le nazisme pour sa barbarie, il
R.N.P., qui allait bientôt devenir que. Les premiers mois, Deloncle
détestait de même, et pour les
indépendante, et que dirigeait un lui laissa une entière liberté ; puis
mêmes raisons, le régime soviéti-
homme à la forte personnalité, · il se montra plus curieux ; dans
que , et se méfiait des anglo-
ancien cagoulard, Eugène Delon- le même temps, le M.S.R. se
saxons qu' il croyait animés de
cle (X 1910). Schueller mit en tourna vers la collaboration et fut
desseins impérialistes. Soulès
n'entra pas dans la Résistance ; il contact Soulès et Deloncle, et le soupçonné d'avoir perpétré des
décida de lutter pour son idéal, le second offrit aussitôt au premier attentats. Soulès, avec quelques
socialisme, et selon les élans de de jouer un rôle important dans amis, dont Jean de Castellane,
son cœur, pour sauver des hom- son mouvement. Soulès fit remar- entreprit alors la conquête, de
mes - et en particulier 400 cama- quer que c'était impossible parce l'intérieur, du M.S .R. Ce
qu'il refusait, par principe, de complot aboutit à la prise d'as-
rades prisonniers.
prêter au chef du mouvement le saut des locaux du M.S.R., dans
Pour le socialisme il voyait deux serment de fidélité prévu par les la nuit du 14 mai 1942 par un
axes à son action : lutter contre statuts. Deloncle haussa les épau- commando de dissidents dont fai-
le communisme qui faisait dans les et répondit que le lien poly- sait partie Soulès. Deloncle fut
la classe ouvrière une intense technicien suppléerait au ser- évincé du mouvement. 9
Soulès et la justice
A la libération, Soulès crut pou-
voir poursuivre son militantisme
~
( 1) Un maître à penser, de Combas .
ffi
I
'--'
~
(2) «Je savais que Soulès apparte-
0
nait au MS.R. Je désirais qu'il y de-
meurât en raison des renseigne-
ments import ants qu ' il nous
fournissait>>. Général de Bénouville à
10 Georges Soulès en 1930 la révision du procès de Soulès.
II - RAYMOND ABELLIO
-~
Daniel VERNEY (58) u printemps de 1959, derne en même temps que les sa-
ol~·r
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..... ,...,.~
P.t.<t.
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17
tout d'abord l'environnement confirment ce que les traditions férents : on peut sans doute en
culturel occidental nous a en- savent et transmettent depuis des donner une description globale
traîné à penser en termes d'en- millénaires. Abellio était bien sûr probabiliste lorsqu'on connaît
chaînement linéaire de causes et au fait de ces distinctions : certaines conditions relatives aux
d'effets mécaniques (même amé- comme il l'a maintes fois souli- deux niveaux, mais il doit y avoir
liorés de bouclages « cybernéti- gné, la dimension verticale de la d'autres moyens (de type «non-
ques») et ne nous a générale- structure absolue est fondamen- procéduraux ») de représenter ces
ment pas donné d'outils mentaux talement celle qui permet au Je transformations, qui permet-
pour appréhender un monde où il de communiquer, ou mieux de traient d'en connaître les condi-
y a des sujets, c'est-à-dire du « èommunier » avec le Nous in- tions d'occurrence. On imaginera
psychique ; d'autre part l'auteur, tersubjectif, la « conscience uni- l'importance de l'enjeu, et la va-
soucieux de compenser ces condi- verselle». Le terme «psychique» leur théorique et pratique de la
tionnements, insiste de façon ré- me paraît donner à la structure « structure absolue » en tant que
pétitive sur la nécessité de placer absolue une perspective plus opé- guide de pensée et même comme
ses analyses dans la perspective rationnelle. schéma heuristique si l'on réalise
d'une vision unitaire qui juste- L'axe vertical « psychique » de la que ces transformations sont au
ment dépasse toute analyse, mais structure absolue symbolise deux cœur de phénomènes comme la
ne rend pas pour autant l'analyse sortes de courants qui « infor- perception, la reconnaissance, la
caduque - distinction qui peut ment » le plan existentiel horizon- création des formes, l'intuition,
parfois échapper au lecteur fati- tal ou en émergent : l'un, porté l'émergence de l'information,
gué. par le demi-axe supérieur, carac- etc., que les calculateurs tentent
Comme on l'a noté plus haut, le térise la signification, le sens, ou encore maladroitement d' « ému-
schéma des quatre polarit~s, même !'esprit de la situation par- ler».
même complété par ses qualités t icu l iè re représentée par le J'ai eu l'occasion d'aborder ces
actives et passives et ses flèches, schéma de la structure absolue ; questions avec Abellio au cours
ne constitue qu'une partie de la l'autre, porté par le demi-axe in- des dernières années : il insistait
structure absolue : il représente férieur, représente la composante sur le caractère universel du psy-
la façon dont on doit dé-compo- utilitaire (ou descriptive) caracté- chique - quelque soient les noms
ser la réalité existentielle de la si- ristique de la situation. Il va de par lesquels on l'évoque - donc
tuation pour obtenir une structu- soi que ces composantes pourront sur la primauté de la dimension
ration dynamique correcte de elles-mêmes servir de « valences » verticale en accord avec le postu-
celle-ci. Il ne rend pas compte reliant des schémas de structure lat de l'interdépendance univer-
par lui-même des aspects relatifs à des situations différen- selle . Ayant lui-même atteint,
conscientiels, psychiques, spiri- tes ; d'autre part, ces composan- non sans luttes ni angoisses, un
tuels qui, dans l'approche d'Abel- tes devront elles aussi être flé- état de sérénité qui est au-delà
lio (comme dans toute approche chées (fig . 3) . Aussi Abellio des circonstances, il reconnaissait
traditionnelle authentique) sont peut-il finalement résumer la volontiers ce que le qualificatif
considérés comme l'essence de la «structure absolue» par une « absolue » accolé à « structure »
réalité, sa source et son aboutis- sphère à six pôles, au centre de pouvait avoir eu de provocateur
sement. Le deuxième trait de gé- laquelle se tient la réalité de la ou même d'effrayant à une épo-
nie d'Abellio (en accord aussi situation, insécable et unitaire, que où la référence au relatif
avec toutes les symboliques tradi- pulsante et vivante. était le visa d'entrée au pays du
tionnelles) a été de faire appel à Cette géométrie tri-dimension- sérieux épistémologique. Cela ex-
la dimension perpendiculaire pour nelle du schéma de la structure plique en partie la cécité sélective
représenter cette dimension psy- absolue recèle une signification à du monde intellectuel à son
chique. la fois fondamentale et pratique : égard, autant que la difficulté où
Les termes « psychique » ou « in- sur le plan fondamental, elle sup- se sont trouvés ceux qui jusqu'à
formation au sens large» (2) se- pose une vision du monde (qui présent ont essayé de donner des
ront utilisés ici plutôt que les n'est pas celle de la science clas- « applications» à la structure ab-
mots « conscience » ou « esprit » sique mais qui est probablement solue. Mais les temps changent
et leurs dérivés. Le terme compatible avec la mécanique et nous sommes maintenant
« conscience » est à mon sens trop quantique) selon laquelle tout mieux ouverts à accepter que
chargé de connotations propres à champ doit être structuré selon l'absolu guide les explorations du
l'ego individuel et à sa deux « sous-espace », ou « as- relatif : ainsi pourrons-nous béné-
« conscience de veille normale », pects» complémentaires, l'un ficier de l'œuvre de Raymond
alors que toute la dynamique de concernant les événements et les Abellio.
la perception, de la création, de formes, l'autre concernant !'«in- 1. George Spencer Brown, Laws of
l'intuition, etc., est nourrie par formation » au sens large évoqué Form ..
les puissances de l'infra-conscient ci-dessus, c'est-à-dire le psychi- 2 . La notion d'in formation suggérée
et du supra-conscient qui débor- que ; sur le plan pratique, elle ici est évidemment plus large que ce
dent l'étroit domaine du suggère que les transformations qui est défini sous le même mot
« conscient » lié au moi. Sur ce de passage d'un sous-espace ou dans la « théorie de l'information »
point, et dans leurs perspectives aspect à l'autre ne sont générale- (cette dernière est seulement la
souvent trop partielles, les diver- ment pas déterministes car elles théorie statistique de la transmission
18 ses théories psychanalytiques relient des « niveaux d'être » dif- d' un certain type d'information)
Charles HIRSCH *
Q UE Raymond Abellio, au
sens éminent du terme,
ait incontestablement été
un philosophe, c'est ce qui ne
bien entendu qu'une réaction in-
dividuelle, mais néanmoins signi-
ficative d'une certaine conception
« moderne » de la philosophie,
saurait faire aucun doute pour dont la mission dans le domaine
qui a sérieusement étudié son de la connaissance semble avoir
œuvre. Ce n'est pas néanmoins, été totalement oubliée. N'est-il
loin de là, l'avis général, en vertu pas en effet généralement admis
bien souvent d'ailleurs de réac- à notre époque que les sciences
tions superficielles, voire épider- qui, lors de leurs premières ar-
miques, parfois même de pure mes, s'y trouvaient totalement in-
convention : " On ne fait pas de tégrées s'en sont progressivement
la philosophie avec des schémas », affranchies à mesure qu'elles de-
décrétait en 1965 un critique venaient davantage maîtresses
connu à propos de La Structure d'elles-mêmes et de leurs métho-
absolue, l'essai fondamental de des ? Dès lors la philosophie ne
phénoménologie qui venait de pa- pouvait qu'être confisquée par
raître aux Editions Gallimard. des littéraires qui, très vite dé-
passés par les sciences et cédant
aux joies du jargon, se mirent à
C'est qu' Abellio ne s'était pas
la démembrer systématiquement
privé d'illustrer abondamment
l'ouvrage de diagrammes qui, en une poussière de doctrines où
l'on pouvait se permettre de dire
somme toute, n'étaient pas là
tout et n'importe quoi, dont quel-
plus incongrus qu'en théorie des
ques unes se mirent, certes, à oc-
ensembles les « patates•» d'Euler-
Venn ou que les diagrammes cuper le devant de la scène mais
ne durent en fait cette « auto-
commutatifs en analyse ou en al-
rité» qu'à l'engouement d'un pu-
gèbre. Il ne viendrait évidemment
blic séduit d'avance et, pour tout
à l'idée de personne de reprocher
dire, à la mode,
leurs schémas aux mathémati-
ciens, même quand leurs travaux Mais il se trouve que c'est au
frisent la philosophie ou même y moment même où la philosophie
pénètrent franchement comme ce se voyait ainsi apparemment dé-
fut le cas pour Leibniz qui, Abel- gagée de ses responsabilités vis-à-
lio ne manqua pas de le rappeler, vis des sciences que celles-ci
médita sur sa « caractéristique commencèrent, avec la révolution
universelle » en s'inspirant de ces du début du siècle, à connaître la
purs schémas que sont les crise la plus grave de leurs fonde-
soixante-quatre hexagrammes du ments. Or, qui dit fondements dit
Yi-King chinois. Le réflexe de re- philosophie, et il est certain que
jet du critique en question n'était les philosophes littéraires, passes- 19
ORTAEJ,V~IS
H1·· t:! " "' '
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·1'1 111,-J01.1•lA•
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~~ ~
***
Le mot ésotérisme vient d'un mot grec qui sigmfie :
22 je fais entrer, c'est-à-dire j'ouvre une porte, je fais
LA JAUNE ET LA ROUGE, MARS 1988
passer de /'extérieur à /'intérieur, je révèle les vérités
cachées. Ce passage implique donc une révélation
«Ma porte d'entrée à /'ésotérisme â faite à quelques-uns et, selon le mot traditionnel,
été /'ésotérisme chrétien . » une initiation, ou encore un éveil, une seconde nais-
Si Abellio a longuement tra vaillé à la sance, au sens où l'on dit que le Bouddha est né
désoccultation de textes orientaux,
deux fois. Toutes les traditions particulières /'affir-
la base de ses constructions est de-
meurée occidentale et chrétienne. ment. Isaïe {IV, 5) déclare : " Tout ce qui est glo-
<< Le christianisme seul, en tant que rieux sera recouvert d'un voile », mais le Livre des
nouveauté absolue dans /'histoire, Proverbes (XXV, 2) ajoute aussitôt : « Cacher les
propose une éthique transcendantale choses c'est la gloire de Dieu ; les sonder, c'est la
véritable, et en quelque sorte le gloire des Rois "· Les rois ce sont ici les hommes de
terme ultime de /'éthique tel qu 'il connaissance. Saint Luc de même (XII, 2) : " Il n'y a
s'accorde à /'homme de connais- rien de caché qui ne doive être découvert, rien de
sance des temps de la fin . » secret qui ne doive être connu. " Quant à Jésus,
s'adressant aux scribes et aux pharisiens, il leur re-
prochait d'avoir « égaré les clefs de la connais-
sance "· En ce sens, les diverses Ecritures se disent
elles-mêmes susceptibles de plusieurs lectures éta-
gées allant d'un sens littéral accessible à tous à un
sens hiéroglyphique réservé à quelques-uns. Mais les
vrais gnostiques savent pp.r/er aussi de /'universalité
Le Yi-King de /'élection : la connaissance est latente dans cha-
que fils de l'homme. " Le sens littéral de /'Écriture,
Le Yi-King, le livre des mutations,
c'est /'enveloppe, et malheur à celui qui prend cette
est apparu en Chine depuis plus de
2 000 ans, et n'a pas cessé d' in- enveloppe pour /'Écriture même... Dans les temps
fluencer la pensée chinoise, à tra- futurs , chacun pourra voir l'âme de /'Écriture. Mal-
vers de multiples interprétations. heur aux coupables qui prétendent que /'Écriture
Il est 1· un des rares livres que Mao n'est qu'une simple narration " (Zohar, II, 52a).
Tsé-Toung avai t interdit de détruire.
Importé en Europe par les Jésuites. En quoi /'ésotérisme se distingue-t-il de /'érudition
le Yi-King intéressa tout de suite d'une part, de /'occultisme de l'autre? L'érudition
Leibniz qui y découvrit la première est une activité seulement intellectuelle, elle confond
expression du langage binaire . connaissance et simple savoir. De son côté /'occul-
(--=o. - = 1) tisme confond faim de connaissance et faim de puis-
Le Yi-King se présente sous la forme sance. Ces distinctions sont essentielles.
d' un tableau de 64 hexagrammes.
accompagné. à travers les siècles. *
d'innombrables commentaires. **
La question qui se pose est de sa- Les deux problèmes fondamentaux sont d'une part
voir si le Yi-King est seulement un celui de la " structure absolue " et du symbolisme
livre d' ésotéristes, magiciens et as- de la croix considéré comme intégrant tout symbo-
trologues, ou un algorithme ration - lisme, d'autre part celui de la transfiguration. Un
nel , volontairement ou non masqué ,
premier essai d'application de ces clefs sera effectué
et encore à déchiffrer . Dans la figure
de la page 25 les 64 hexagrammes sur la Kabbale hébraïque et le Yi-King des anciens
du Yi-King sont « en ordre de pa- Chinois dont il est remarquable qu'ils soient centrés
rade » Le tableau fondamental est tous deux sur des idéogrammes : l'arbre des Séphi-
reproduit ci-dessous . roth et les hexagrammes de Fo-Hi. Mais nous nous
appuierons aussi sur le Tao, les Upanishads, le
• 11
..
u n 11 n 11 u
.. 1 ' • ' 1 •
bouddhisme Zen et la tradition chrétienne dans son
a' a..., 1.1 n 11 11 u u sens spirituel vrai.
J'étudierai les problèmes que pose cette tentative de
HAunuonu désoccultation vis-à-vis de la science d'aujourd'hui.
n lil D Ill U H H 11 Je chercherai par exemple à savoir si l'ésotérisme
peut apporter quelque secours à cette science et réci-
llllHUllDlll:I proquement, bien qu 'ils restent irréductibles l'un à
Il D 1111 Il lt Il H H l'autre. Leurs épistémologies respectives ne peuvent-
elles pas s'inscrire dans un cadre commun, tout au
H lil U R R Il U FI moins si /'Occident sait dépasser Galilée et Descartes
A 1:1 n u a H u n dans l'ordre des phénomènes physiques, Freud et
.,. ........... f4~<fiil0rillit..,..·•........ U11
Jung dans l'ordre des phénomènes psychiques, Marx 23
***
Cette thèse peut se résumer en quelques proposi-
tions :
1. - l'ésotérisme traditionnel est à la fois une doc-
trine et une praxis. Il implique pour /'ensemble de
l'être, corps, âme et esprit tout ensemble, un mode
fondamentalement " différent " d'existence et doit
donc être soigneusement distingué d'une part de
l'érudition, activité du seul intellect, d'autre part de
/'occultisme, pratique dépourvue des parapets intel-
lectuels et spirituels de la doctrine.
2. - La tradition primordiale a été donnée aux
hommes d'un seul coup, tout entière, mais voilée. Ou
plutôt les hommes qui l'on reçue ne disposaient pas
encore des moyens intellectuels nécessaires pour la
traduire en notions claires.
3. - Cette tradition est une métaphysique et non
une morale.
« Ce besoin de rigueur qui m 'a pris 4. - C'est à nous, hommes d'aujourd'hui qu'il in-
au sortir de mon expérience d'ésoté- combe d'expliciter la tradition en passant d'une sim-
riste et des facilités qu'elle se don- ple " participation " à une vraie " connaissance "· Ce
nait me ramène à la philosophie et passage de la mystique à la gnose n'est d'ailleurs
aux sciences.
pas linéaire mais dialectique. En ce sens, s'il impli-
Abellio
que une première distinction essentielle entre l'âme
et l'esprit (le premier Adam, selon saint Paul, était
âme vivante et le dernier sera esprit vivifiant), il en
appelle aussitôt une seconde entre la raison naturelle
et la raison transcendantale, ou, si l'on veut, entre
/'intellect et /'intelligence, le " mental " et le " su-
pramental ", /'intelligence de la tête et l'intelligence
du cœur, pour réunifier les anciens pouvoirs de l'âme
et les nouveaux pouvoirs de l'esprit.
5. - Le problème clef de /'ésotérisme en même
temps que sa fin est la transfiguration du monde
dans l'homme. C'est aussi le problème de la " se-
conde mort "·
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Le Yi -King
Le cod e des 64 f igures du Yi-K ing. Les hexagrammes son t ici ran gés da ns un « ordre de parade », un ordre simplement
didactique, comme des mots dans un lexique . Tout différen t est l'ordre secret du Yi -K ing, tel que le traité le montre depuis
2 500 ans. et sur les raisons duquel on n'a pas encore de réponse.
25
LA JAUNE ET LA ROUGE, MARS 1988
Je crois tout à fait à l'astrologie
et assez peu aux astrologues.
Abellio et l'astrologie
Daniel VERNEY * (58)
BELLIO aimait à citer la Comme en témoignent plusieurs cré à l'astrologie (pp. 211-252) et
ES femmes, ont joué un fit de même pour le monde, elle « absolument» éveillées ; elles
L écrivain, romancier de
surcroît, il est naturel de
parler en premier lieu de son
style, car c'est par son style qu'il
plonge sous l'action ; et, invisible-
ment, il s'y poursuit : c'est le
non-écrit d' Abellio. Ou plutôt, le
non-écrit « en clair ». Car, ainsi
nous aborde et nous séduit ; son que les textes sacrés au déchiffre-
imagination, ses idées, ne font ment (ou aux tentatives de dé-
que nous retenir. chiffrement) desquels l'auteur
consacra la plus grande partie de
Et chez Abellio, certes, le style
sa vie, les romans abelliens
est parure éclatante : par sa puis-
comportent · plusieurs lectures.
sance d'évocation, par sa densité
C'est parce que cela n'avait pas
et par une combinaison singulière
été compris qu' Abellio fut décou-
de rigueur, de véhémence et de
ragé par l'accueil de Visages im-
lyrisme.
mobiles, pourtant vaste et louan-
J'allais écrire que le style nous geur, mais qui montre que les
était donné « par dessus le mar- critiques s'étaient arrêtés à l'en-
ché». J'aurais eu tort car, de veloppe du livre et n'avaient pas
l'œuvre d' Abellio, on ne saurait compris son ultime témoi-
retrancher aucune part sans rui- gnage (1).
ner tout l'ouvrage.
C'est, je crois, dans les lectures
Mais la fascination vient, autant sous-jacentes de ses romans - et
que du style, de l'imagination ro- surtout du dernier - qu'apparaît
manesque. On pourrait craindre le génie d'Abellio. Ce sont elles
que les récits d'un écrivain philo- qui font que, dans l'immense do-
sophe ne soient pesants, voire en- maine de la littérature, il ne s'ap-
nuyeux. Or les romans d'Abellio parente à aucun autre auteur -
assaillent le lecteur. Visages im- sinon aux prophètes d'Israël,
mobiles s'impose aussi impérieu- mais la littérature peut-elle les
sement que Les trois mousquetai- revendiquer ?
res; il faut ouvrir le soir ce livre
d'aventures et d'amour afin de le Voici, exposé de manière simple-
refermer, au matin, sur la der- ment chronologique, la suite des
nière page. œuvres théâtrales ou romanes-
ques d' Abellio.
Cet attrait de l'intrigue, volon-
tiers policière, ou du moins sou- Pierre Cardinal est un drame en
terraine, masque souvent, au lec- trois actes qui fut présenté en
teur hâtif, le troisième aspect du lecture-spectacle au théâtre du
roman abellien : l'aspect philoso- Vieux-Colombier en 1945. C'était
phique. Certes les personnages la première fois qu'apparaissait le
s'expriment en ce domaine, au nom Abellio, et aucun critique ne
28 cours de longues discussions savait à quel auteur il apparte-
LA JAUNE ET LA ROUGE, MARS 1988
nait ; ils firent plusieurs fausses pour la radio en 1959, et publié volets et qui constitue l'œuvre ro-
suppositions. en 1983 sous le titre Monségur. manesque d'Abellio. (2) L'auteur
Ce n'est pas par hasard que Sou- Heureux les pacifiques est un explique ainsi cet ouvrage :
lès avait choisi un pseudonyme · premier roman, largement poly- « Heureux les Pacifiques eut pour
proche du nom de sa mère, Ma- technicien par son cadre et ses objet de désencombrer ma mé-
rie Abely. Celle-ci avait - ou personnages. Publié en 1946, il moire et de m'obliger à réduire à
croyait avoir - d'anciennes origi- obtint le prix Sainte-Beuve l'an- leur essence les évènements de ma
nes cathares, et la pièce était un née suivante ; il est le premier vie passée " (Sol Invictus,
drame cathare. Elle fut adaptée d'une suite qui comporte quatre p. 432).
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Abell io en 1973 29
LE GÉNÉRAL
GUILLAUME-HENRI DUFOUR (1807)
1787-1875
LA CONFÉDÉRATION ÉCLAIRANT L'EUROPE
san qualifié, ayant communiqué sée en 1804 par Napoléon et de Sous la direction éclairée du Ma-
à son fils le goût des horlogers recevoir en 1805 son drapeau jor, puis Colonel Baudrand, Du-
pour la précision. Tout le groupe . portant la devise « Pour la Patrie, four s'initia à de bien diverses
libéral avait quitté la cité pour les Sciences et la Gloire». L'en- activités :
former des colonies en divers seignement des deux écoles - travaux de fortification , à l'en-
lieux ; ceux de Londres publiè- combinait l'étude des sciences treprise et en régie ;
rent dans l'été 1789 une « Récla- avec celle de leurs applications, - levés et dessins topographiques,
mation ... contre la nouvelle aris- l'outil à la main. En choisissant réguliers et expédiés, y compris le
tocratie de Genève» qui cette carrière, le bottier Dufour plan général de la place et des
contribua avec d'autres libelles à devenait le jeune camarade de forts de Corfou, un des premiers
détendre les dispositions légales Lazare Carnot ; « de petite ex- en courbes de niveau ;
les plus coercitives introduites de- traction » comme Bénédict, il - reconnaissance à pied, à che-
puis 1782. Imaginons cette démo- avait eu à l'échelle de la France, val, en canot ;
cratie que les «citoyens » en mi- la même attitude que lui et il - pendant quinze mois, comman-
norité devaient quitter pour faire avait cherché à garder raison ; à dement d'une compagnie formée
entendre leur voix. un moment où le salut de la Pa- d'Albanais, Allemands, Grecs,
trie était la suprème loi, il s'était Italiens et même Français ;
*** fait déléguer comme représentant - baptême du feu dans une bar-
La famille Dufour revint en 1789 en mission aux frontières pour y que où un baril de poudre ex-
à Genève où Bénédict fut actif prendre ses décisions avec les gé- plosa sous le feu anglais.
dans un club «patriote » consi- néraux et parfois contre eux, lais-
déré comme « mal famé » par sant aux bureaux l'examen des A 28 ans , quelle expérience!
certains patriciens, mais qui ré- rapports et des états numériques. Cette formation austère et cet
véla des positions modérées et entraînement physique dans le
constructives dans les moments Les ingénieurs militaires savaient " limes " napoléonien lui inculqua
de déchaînement insurrectionnel ; recourir aux petits moyens, moins un profond et fidèle attachement
sans être une figure de proue du dispendieux en hommes et en ar- à Napoléon et, plus tard, à la fa-
Club du Consistoire, le père de gent, mais nécessitant courage et mille de celui-ci, à la reine Hor-
Guillaume-Henri fut juge au pre- sang-froid; quarante-cinq ans tense qui habita en Thurgovie, au
mier Tribunal révolutionnaire de après la bataille de Fontenoy, prince Louis-Napoléon qui fut
l'été 1794 dans lequel il a proba- Carnot préférait encore les piques son élève à !' École de Thoune.
blement contribué à atténuer la aux fusils ; un autre officier du Son séjour à Corfou donna à Du-
rigueur des jugements. Génie, peu apprécié de ses chefs, four des enseignements qu'il ap-
mais enthousiaste, Rouget de précia durant sa vie en Suisse,
Sa mère était disciple fervente de Lisle avait fait mieux : il avait pays alors pauvre aux éléments
Rousseau qui avait été mal vu lui bandé les énergies sans aucun disparates. N'ayant pas lu Clau-
aussi en son temps et elle l'éleva crédit ! Le jeune Genevois entrait sewitz, il y avait appris à agir
dans la confiance en l'homme et ainsi dans un Corps aux talents par foi, logique et économie des
le respect du Contrat social. Éco- divers, tous les officiers y prati- forces et non par dynamisme.
lier batailleur, notre Antique quant l'économie des forces et le
avait gandi dans une famille de
fortes personnalités.
dévouement à la Patrie.
***
Les fortifications étaient l'activité Rentré à Genève après Waterloo,
* visible de cette Arme : au Dépôt il y donna des leçons, aimant
Occupée par la* France
* en 1798, de la Guerre, créé par Carnot, faire traiter par ses élèves des
Genève fut annexée et devint elle centralisait les renseigne- exercices au tableau pour leur
chef-lieu du département du Lé- ments sur les places fortes et les apprendre à s'exprimer correcte-
man ; Dufour était donc citoyen positions de l'Europe entière car ment ; il cherchait sa voie tout en
français quand il entra à !'X en son rôle était de peser longtemps restant dans les cadres français
1807 ; son camarade de promo- à l'avance les menaces extérieu- jusqu'en 1817 ; c'est alors qu'il
tion Pichard (Lausannois, plus res, de s'y opposer, de les détour- devint ingénieur cantonal de Ge-
tard ingénieur cantonal vaudois ner et d'appuyer les gouverneurs nève pour trente ans. Après une
et constructeur du Grand-Pont ainsi que les généraux en campa- _période d'incertitude et de doute,
de sa ville) admira son sang-froid gne. Dufour allait s'appliquer à doter
car «tout en pérorant, il a pris la Suisse de moyens défensifs
assez adroitement une mouche au *** propres à faire respecter sa neu-
tralité instituée par les traités de
vol pendant l'examen. » Le 28 septembre 1810, avec qua-
tre camarades lieutenants en se- 1815 «dans l'intérêt de l'Eu-
*** cond, Dufour était nommé à Cor- rope"·
Parmi les fondateurs de !'École fou où Napoléon voulait créer un
polytechnique, avec Monge qui base rivale de Malte ; l'île fut ***
avait été professeur à celle du progressivement bloquée par les Les Suisses avaient payé le prix
Génie de Mézières, on comptait Anglais et les Turcs, complète- de leur trop grand respect des li-
plusieurs officiers qui en étaient ment en 1813/1814; ils appri- bertés locales par l'occupation
issus, dont Prieur de la Côte rent ainsi à ne compter que sur étrangère et le passage de toutes
38 d'Or. L'X venait d'être militari- eux-mêmes dans ce pays démuni. les armées d'Europe sur leur sol.
nue dans l'enseignement fut son lui-ci la répétait souvent à ses in- lettre à Pictet du 12 novembre
cours de tactique à !'École mili- . génieurs au temps où Jean Mon- 1840 rédigée durant une crise in-
taire fédérale de Thoune : à par- net présidait la CECA, aurore de ternationale (une escadre anglo-
tir de 1819, il y reçut chaque an- l'Europe actuelle. Cette vertu a ut ri chienne avait bombardé
née une trentaine d'élèves- d'honnêteté réunit en elle toutes Beyrouth deux mois aupara-
officiers pendant six semaines, celles que prônait Dufour, y vant) ; l'état-major fédéral orga-
près d'un millier en tout. Il avait compris l'ultime sur laquelle in- nisait sur le papier son armée en
l'art de leur communiquer le sistait l'orateur bernois : s'inspirant de la précédente alerte
goût, voire la passion du perfec- ~< Impénétrable dans le secret », de 1831 ; le quartier-maître géné-
tionnement personnel, ainsi que ral relate comment il a rédigé de
le fondement d'une pensée mili- *** sa main tous les tableaux, «celui
taire réaliste correspondant aux des marches à six pieds de long»,
possibilités stratégiques de la tenant compte des encombre-
Dufour faisait confiance à l'ini-
Suisse. Il leur apprenait aussi ments et des croisements des
tiative des officiers subalternes,
que la camaraderie est sacrée. corps aux mêmes étapes et de
comptant sur leur loyauté et leur
Ces élèves de Dufour occupèrent quelques autres conditions pour
ardeur. Mais il condamnait la
pour la plupart des postes-clés une armée de 65 000 hommes.
naïveté ; la foi du chef se fonde
dans l'armée et la magistrature ; Quelle belle application des le-
sur la certitude scientifique que
ils transmirent à leurs troupes et
la victoire est possible. Les Suis- çons de ~ervice en campagne re-
à l'opinion publique leur enthou- çues à !'Ecole du Génie de Metz
ses disent que les réformes mili-
siasme pour la jeune institution
taires réussies sont plus rares que et professées à celle de Thoune !
militaire en formation et pour la
les batailles gagnées ; l'armée fé-
défense du pays.
dérale de Dufour est plus cohé- ***
rente que la juxtaposition de Je l'ai nommé plus haut le géné-
En Septembre dernier, au Sym- contingents cantonaux entraînés ral, grade qui n'existe en Suisse
posium de Genève, un historien qu'en période de tension. Il le fut
séparément ; sous sa modestie, le
de Berne lisait à l'auditoire une Général fut un très grand maître en quatre circonstances, la plus
fiche du cours de tactique de Du- célèbre étant celle de la campa-
qui a su mettre en œuvre une
four énumérant les qualités de gne contre le Sonderbund en No-
masse importante dans la mesure
l'officier helvétique ; à chaque li- vembre 184 7. La crise couvait
où il s'est occupé de la formation
gne revenait dans mon esprit le depuis six ans ; sept cantons ca-
individuelle d'un petit nombre.
souvenir de mon directeur-géné- tholiques avaient élu une Diète
ral Max Dupont et de sa défini- Il donnait l'exemple ; la précision séparée et mettait sur pied leurs
tion de l'honnêteté reprise en de son action de chef est due au forces cantonales en face des
exergue du présent article ; ce- soin de la préparation : lisons sa troupes fédérales ; la Confédéra-
IJllll
Cantons membres
. . du Sonderbund
~ Adversaires
~ du Sonderbund
50km
~ Cantons neutres
~
_ . Attaques de Dufour
Carte de la guerre du Sonderbund tirée de la Suisse de la formation des Alpes à la quête du futur. Editions Ex Libris. Lausanne.
40 1975 .
tion allait vers sa Guerre de Sé- sieurs plans successifs d'attaque rice en vue de renforcer ce goulot
cession. Promu général fédéral le que Dufour avait éludés ; il sut de l'entonnoir du Valais. La
21 octobre 1847, Dufour traversa · sauver la face des Valaisans pour Diète, toujours parcimonieuse,
une crise de désarroi ; il passa éviter les hostilités. Le Sonder- n'accorda les premiers crédits
des nuits blanches et refusa à la bund avait levé environ 80 000 que lors de la crise de 18 3 1. La
Diète de prêter serment, ne vou- hommes, la Confédération près suite des évènements fit appa raî-
lant pas combattre ses conci- de 1OO 000 ; il y eut une centaine tre deux notions :
toyens . Rasséréné par la de morts et environ 400 blessés. - la position, conçue pour ver-
confiance qui lui fut manifestée La Suisse lui sut grand gré et lui rouiller le défilé, soit face au
et par la liberté d 'action consen- fait gloire encore aujourd'hui Nord, soit face au Sud, conser-
tie au cours de longs débats, il d'avoir évité une bataille rangée vait sa valeur en cas d'affronte-
accepta cette charge le 25 octo- et toute ingérence étrangère, per- ment Est-Ouest comme dans la
bre. Le rappel des réserves avait mettant à la Confédération de guerre du Sonderbund,
été lancé le 20 octobre. il adressa remplacer le pacte de 1815 par - à mesure que les retranche-
a ux troupes le 5 novembre un or- la Constitution de 1848. ments se développaient , le
dre du jour dont voici quelques commandement sut mettre l'ac-
Les personnalités du Sonderbund
phrases : cent sur la nécessité de leur dé-
estimèrent satisfaisant ce dénoue-
« . . . Le pays réclame aussi votre fense extérieure active, propre à
ment, en forme d 'opération mus-
intervention et le secours de vos clée de police ; c'est ainsi que le retarder le moment de leur atta-
bras pour le tirer d'un état d'in- que de vive force.
chef d'état-major de l'armée du
certitude et d'angoisse qui ne sau- Sonderbund, le colonel Ellger ap-
Jusqu'en 1864, à l'âge de 77 ans,
rait se prolonger sans causer une précia l' attitude de Dufour au
Dufour se préoccupa de la place
ruine générale... Soldats ! il faut
moment de sa prise de comman- de Saint-Maurice pour l'amélio-
sortir de cette lutte, non seule- dement : « Si Dufour a été à ce rer et la moderniser. Ajoutons
ment victorieux, mais sans repro- point ébranlé à l'annonce de sa qu'elle fut un des piliers du ré-
ches ; il faut que /'on puisse dire nomination, ce n 'était pas la duit national du général Guisan
de vous : ils ont vaillament preuve d'une faiblesse, mais bien
combattu quand il l'a fallu, mais en 1940/1944.
celle d'un cœur généreux et pa-
ils se sont montrés partout hu- triotique. Il faut soi-même penser
2) La carte est un besoin du
mains et généreux ... Il y a souvent avec grandeur ! »
pouvoir politique : comme le petit
plus de mérite à supporter les paysan qui range précieusement
privations qu'à déployer du cou- Après le Sonderbund, Dufour fut son plan cadastral, la Confédéra-
rage sur le champ de bataille... appelé encore trois fois à prendre tion naissante voulait découvrir
rendre à la Patrie un service si- la tête de l'armée fédérale en d'un seul coup d'œil ce qu' elle
gnalé en la remettant en position 1849 quand les Hessois entrèrent possédait et qu'elle devait conser-
de faire respecter au besoin son en Suisse, en 1857 sous la me- ver ; la Diète fédérale prit en
indépendance et sa neutralité. » nace prussienne, en 1859 pendant 1815 un décret qui, après diver-
les hostilités des F ranco-Sardes ses tentatives, reçut son applica -
Sa lettre à Pictet du 26 novem- tion à partir de 1833 lorsque le
contre l'Autriche. Ces mobilisa-
bre rend compte comment F ri- quartier-maître (chef d'état-ma -
tions scellèrent la réconciliation
bourg se rendit devant 30 000 jor) Dufour fut chargé de l'ou-
des troupes suisses de tous les re-
hommes et 60 bouches à feu ma- vrage ; son action s'apparenta à
crutements ; par leur détermina-
nœu vra nt promptement malgré celle du Service français établis-
tion, les crises s'achevèrent sans
les embûches ; retourné contre sant la carte d'état-major qui a
actions militaires. Dufour démon-
Lucerne, il obtint chemin faisant enchanté des générations d'offi-
tra pratiquement une méthode
la capitulation de Zug et, après ciers et de touristes jusqu'à l'ap-
que les Alémaniques ont nommé
plusieurs combats, canonnades, parition des cartes en couleurs.
« gehegter Krieg » la « guerre li-
lancement de ponts de bateaux, il Levée et tracée avec un soin mi-
mitée ». Elle consiste à déployer
concentra 50 000 hommes et 70 fermement sa force tout en cher- nutieux, la carte Dufour a des
bouches à feu sur Lucerne, siège originalités comme l'emploi de la
chant tous les moyens pour éviter
du Sonderbund, où ils entrèrent lumière oblique pour le rendu en
de s'en servir.
le 24 par trois routes, à midi,
***
· vue d'une représentation plus
heure prévue. Le lendemain, le agréable du relief en montagne.
problème était de « désencombrer Remontons dans la vie de Dufour
cette malheureuse ville ». pour mentionner deux de ses ac- Grâce à la gestion prudente de
tivités suivies · : la fortification de cette entreprise, l'estimation ini-
La carte montre comment le Va-
Saint-Maurice et la carte natio- tiale de 1 130 000 francs fut res-
lais restait en lice, les deux partis
nale qui a reçu son nom : pectée ; en 1863, les 25 feuilles
s'invectivant et se lançant des
au 1/1 OO 000 étaient terminées
pierres par dessus le Rhône à 1) La première était conforme
pour 1 000 000 francs.
Saint-Maurice; le colonel de au Pacte de 1815 : lutter contre
Kalbermatten, général cantonal l'ingérence et l'occupation étran- Précisons qu'il faut distinguer
révolté, se tenait sur la défensive, gère et interdire tout franchisse- cette topographie régulière, base
mais le colonel Rilliet, chef de la ment du territoire suisse. Lieute- des études publiques et privées,
1re Division fédérale, avait établi nant-colonel fédéral , il reconnut de c~lle enseignée aux officiers
depuis le début de novembre plu- dès 1821 le défilé de Saint-Mau- de !'Ecole de Thoune pour les re-
41
LA JAUNE ET LA ROUGE, MARS 1988
--------------Libres propos--------------
Dufour au centre .
connaissances militaires et qui conçue en fonction de sa connais- étaient et sont encore les Sociétés
s'apparente aux levés expédiés sance des milieux militaires et de nationales affiliées qui, par leurs
pi:atiqués encore en 1935 à ses relations en Europe, en parti- comités locaux, forment des vo-
!'Ecole du Génie français quand culier avec Napoléon III. Le tout lontaires strictement neutres;
nous y étions élèves. nouveau «Comité des Cinq » le ceux-ci se mettent le moment
prit pour président le 17 février venu à la disposition des états-
*** 1863 et devint le Comité Interna- majors militaires pour dispenser
Dufour consacra ses dernières tional de la Croix-Rouge. Ce- les secours aux blessés.
années à la fondation de la lui-ci convoqua une conférence
Croix-Rouge; son jeune ami internationale qui réunit quinze Quant à la Croix-Rouge suisse,
Henri Dunant, cherchant l'appui pays et qui adopta le célèbre em- elle fut fondée à Berne le 17 juil-
de Napoléon III pour ses affaires blème. La première Convention let 1866 ... quatorze jours après la
personnelles en Algérie, avait as- de Genève fut signée le 22 août bataille de Sadowa, dans l'atmo-
sisté par hasard à la bataille de 1864 par douze pays. Dès le dé- sphère de crainte que le conflit
Solférino le 24 juin 1859 ; boule- but, Dufour avait donné sa di- ' prusso-autrichien ne déborde sur
versé par le peu d'aide qu'il avait mension à l'œuvre et en avait le territoire helvétique. En Suisse
pu apporter aux survivants d'un posé les principes après avoir ca- comme ailleurs, les grandes déci-
carnage qui avait fait 40 000 nalisé vers l'action l'émotion de sions sont prises par les hommes
morts, il publia en 1862 « Souve- Dunant. Devenu président hono- d'envergure lorsque les esprits
nir de Solferino » ; intellectuel raire le 13 mars 1864, il continua sont préparés et que les urgences
ému, il pensait sa mission accom- à s'intéresser de très près à l'ex- offrent l'occasion.
plie par la publication de ce li-
vre ; Gustave Moynier était prési-
tension de la Croix-Rouge en ***
participant jusqu'à sa mort à tou- Personnalité de son canton, paci-
dent de la Société Genevoise tes les réunions. Les soins de Du- ficateur de la Confédération,
d'utilité publique qui agissait four furent ceux de l' horloger at- G.H. Dufour n'avait rien du pon-
dans les limites du canton de Ge- tentif qui parfait pendant huit tife inaccessible ; il était d'un
nève ; c'est Dufour qui les mit ans le mécanisme qu'il a conçu abord aisé ; jardinier lui-même, il
42 d'accord pour une large action et construit ; les rouages en savait parler à son jardinier et à
LA JAUNE ET LA ROUGE, MARS 1988
~~~~~~~~~~~~~~Libres propos~~~~~~~~~~~~~-
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ses voisins ; quand il allait siéger dernière ville, il a été " particu- reux. Celui-ci se montrait plus
dans une assemblée fédérale de lièrement heureux de voir monter Européen que nos timides bâtis~
Berne, il prenait tout bonnement côte à côte les couleurs française seurs qui recommencent à cha-
la voiture publique et se casait et suisse. C'était un signe tangible que session à « concilier les points
au besoin sous la capote avec les de notre reconnaissance à ceux de vue».
voyageurs en surnombre et les qui nous ont beaucoup donné. »
bagages ; il le relate dans ses af. Les trois X présents étaient le
fectueuses lettres à son ami Pic- Général Nicolas (promo 1926), ***
tet ; de tels déplacements dans le « bigor » Bouchet (promo
les intempéries entretenaient ses 1924) et moi; nous fûmes l'objet Plus que la taille des problèmes,
douleurs chroniques et ses maux d'égards et de marques de consi- la nature de ces deux sociétés est
de dents. Dans les villes moyen- qération qui s'adressaient à notre différente :
nes d' alors où chacun connaissait Ecole et à l' Arme française du - La Suisse d'alors était huma-
tout le monde, les nouvelles et les Génie ; je fus nommé membre niste, cumulant l'héritage chré-
idées circulaient aussi dans les d'honneur de cette Association , tien (aimer Dieu et le prochain)
académies et les sociétés scientifi- qui se consacre à perpétuer le dé- avec les traditions de la culture
ques et littéraires dont il était vouement à la défense nationale grecque et du pouvoir romain ,
membre. et à la prévention des hostilités. avec, surtout, les usages et coutu-
mes des Cantons et leurs antago-
Tel est l'homme qui fut commé- Durant cette journée, (étais-je le
nismes.
moré en septembre 1987 : Berne seul à y penser ?), je rapprochais - L'Europe actuelle se réfugie
a mis l' accent sur la Croix- dans mon esprit l'Europe actuelle
frileusement dans le quantitatif;
Rouge, Genève a appuyé sur la en gestation de la Suisse du
trop d'individus y pratiquent la
diversité des activités du citoyen Pacte de 1815 dont la stabilité
morale du « Moi d'abord! »;
du Canton et de la Suisse. Le était encore problématique puis-
l'Europe a honte des deux guer-
président de l' Association Saint- qu'elle n'échappa à la guerre ci-
res mondiales, mais ne craint pas
Maurice a écrit depuis qu ' au vile en 184 7 que grâce à la
d'étaler ses oppositions internes.
cours de la manifestation reli- combinaison en Dufour du soldat
gieuse, civile et militaire en cette et de l'homme politique géné- A cette réserve près, l'histoire 43
LA JAUNE ET LA ROUGE, MARS 1988
~~~~~~~~~~~~~~Libres propos~~~~~~~~~~~~~-
suisse offrira des aperçus à ceux que certains jugeaient dérisoires. dispose de trois voies pour se rui-
qui méditent et orientent nos Telle était la fermeté de l'œuvre ner : les femmes, le jeu et les in-
Etats, non certes pour en copier ·conçue par le Génie selon ses génieurs ; la première est la plus
les institutions, ce qui serait peu principes séculaires de pré- agréable ; la troisième, la plus
réaliste et pourrait devenir risi- voyance, œuvre à laquelle la sûre». De ce principe de Baren-
ble, mais pour pénétrer dans la France, longtemps ingrate, ton, tirons deux corollaires :
vie d'hommes d'Etat qui connais- commence à rendre un hommage - Ce Corps devrait être peu
saient concrètement les hommes officiel. nombreux pour être cohérent
et surent les faire vivre ensemble. malgré la diversité des origines
Ils respectaient les diversités lo- Sans vouloir considérer ici les des engeigneurs et aussi pour
cales et concentraient leur atten- mérites des Armes et organismes jouer un rôle de sélection des ar-
tion sur les soucis communs, en existants, j'en viens à la question mes et des matériaux tout en li-
particulier ceux de la diplomatie prospective énoncée trente lignes mitant ses demandes de crédits.
et de la défense. plus haut. Abandonnons l'appel- - Les hommes politiques euro-
lation de «sapeur», sans doute péens, voyant loin, parlant peu,
En découvrant l'histoire suisse à venue de l'argot de l'X ; elle n'a parlant bien, devraient serrer les
travers Guillaume-Henri DU- pas de résonance européenne, di- cordons de la bourse afin que les
FOUR, nous ouvrons une fenêtre sons provisoirement « engei- engeigneurs sachent qu'ils doi-
de l'humanisme par !aquelle le gneur » comme au Moyen-Age. vent compter davantage sur leurs
citoyen et l'homme d'Etat actuel Pourquoi l'Europe ne constitue- propres talents que sur le budget.
peuvent jeter un œil neuf sur la rait-elle pas l!n Corps d'engei-
formation de l'Europe. gneurs ? Son Ecole d'application Ce sont ici suggestions, moins
enseignerait : éloignées de l'esprit de Guil-
- un minimum de stratégie laume-Henri Dufour qu'une lec-
*** (science de la manœuvre des ar- ture rapide de ces lignes ne le
Voici une seconde conclusion : mées à partir et au profit de donnerait à penser.
Dans sa longue vie, Guillaume- leurs bases) pour situer la rivalité
Henri DUFOUR a bâti de nom-
Bibliographie
des moyens d'attaque et de dé-
breuses application~ de sa forma- fense, Edouard Chapuisat, Le général
tion à l'X et à !'Ecole de Metz - emploi des armes au combat Dufour et son temps, Payot (Lau-
du Génie. Par analogie avec cette dans le but de mettre de l'ordre sanne, Paris, 1942) .
extension helvétique, quel pour- dans la prolifération actuelle des J.J. Langendorf, Dufour (Coll.
rait être dans l'Europe actuelle le armes, Les grands Suisses), Edit. Coe-
prolongement de ce qu'était - Physique nucléaire, astronauti- ckelsberg, Lucerne, Lausanne,
l' Arme du Génie au temps de que, pour ceux qui ne connai- 1987.
Napoléon ? Je suis un des rares à traient pas déjà ces sciences Le général Dufour et Saint-Mau-
pouvoir énoncer cette question, - Résistance des matériaux axée rice, Cahiers d'archéologie ro-
ayant quitté le service actif après sur la sélection des matériaux ré- mande, Saint-Maurice, 1987.
avoir été assiégé et bombardé en cents Guillaume-Henri Dufour dans son
juin 1940 dans un des forts du temps, Symposium de Genève,
« limes » hexagonal de la France. L'École d'application serait avan- 10-12/9 /87. Actes à paraître au
Nous y avions constitué des mô- tageusement implantée près des printemps 1988.
les de résistance sans attendre frontières, de celles de l'Europe, Aimez-moi comme je vous aime
l'ordre dont la T.S.F. nous appor- à la brise insidieuse des steppes (190 lettres de G.H. Dufour à
tait les échos sans grand espoir ; et au vent inflexible des déserts. A.A. Pictet) éditées et présentées
l'ennemi a vainement essayé sur par J.J. Langendorf chez Karo-
nos cuirassements et nos dalles Si ce Corps d'engeigneurs doit linger, Vienne, 1987.
de béton ses armes les plus puis- voir le jour, souvenons-nous de ce Lettres récentes d'André Bouchet,
santes de l'époque ; nous l'avons propos de Barenton, confiseur, Promo X 1924, à P. Stroh.
tenu à l'écart encore huit jours enfant romancé d'un humaniste Le général Dufour, brochure du
après l'armistice, ayant conservé du Génie Maritime, Deteuf ; je le Département militaire cantonal
intacts des moyens de combat cite de mémoire : « Un patron de Genève.
44
LA JAUNE ET LA ROUGE, MARS 1988
~~~~~~~~~~~~~~~In nienioriani~~~~~~~~~~~~~~~
.....____
~~~~~~~~~~~~~~~In nienioriani~~~~~~~~~~~~~~~
par le Cté des Houillères, et du nique du Comptoir des phospha- gues années, que l'hommage de
laboratoire de Viller-St-Paul de tes d'Afrique du Nord. M. Lamrani, directeur général de
la Société Nationale de recher- Bientôt, la nécessité s'impose de l'OCP:
ches pour le traitement des disposer, en la matière, d'une en- " Homme de science, profondé-
combustibles. Il s'agissait de tité de recherche-développement ment attaché au développement
transférer les activités de ces autonome. En 1961, le Centre continu de l'Industrie des Phos-
deux organismes et de les déve- d'études et de recherches des phates et à la nécessaire contribu-
lopper, dans un cadre moderne phosphates minéraux est lancé. Il tion de cette industrie à la solu-
implanté à Verneuil. Ce qui fut en devient directeur général tech- tion des problèmes alimentaires
fait en octobre 1950. Parallèle- nique et le structure selon les for- mondiaux, René Saint-Guilhem a
ment, des stations semi-indus- mules qu'il avait si heureusement consacré à la recherche le meil-
trielles étaient mises en route mises en œuvre au CERCHAR. leur de lui-même. Pendant près
dans les bassins (lavage, agglo- En régime de croisière, le CER- de quarante années, il a animé
mération, cokéfaction) sous la tu- PHOS emploie finalement 120 des équipes de chercheurs qui
telle du CERCHAR. personnes et contrôle le fonction- comptent à leur actif de nom-
nement de plusieurs unités pilo- breux brevets, dont certains ont
Le rôle de Saint-Guilhem, dans donné lieu à des réalisations in-
cette vaste modernisation, est dé- tes. Les activités en sont multi-
ples : dustrielles d'envergure, et parti-
terminant : responsable de cipé de façon active à d'importan-
l'orientation des programmes et - reconnaissance et études de gi-
sements; tes manifestations scientifiques et
du choix des méthodes, il en est techniques impliquant de multi-
le véritable animateur scientifi- - recherches scientifiques et
techniques sur l'enrichissement ples publications. La notoriété
que. Il participe, en fait, à l'en- qu'il a acquise en a fait un émi-
semble des recherches poursuivlès des phosphates (épuration à sec,
flottation, séparation électrosta ti- nent expert, constamment sollicité
tant dans le domaine de la sécu- par les organismes professionnels
rité minière (explosifs, aérage, que, séchage, calcination) ;
- activité de conseil pour les ex- et les institutions internationales.
électrification) que de !'épura- Ses qualités humaines exception-
tion, de la transformation et de ploitations (contrôle minéralogi-
que des minerais, bureau d'étu- nelles, alliées à sa haute compé-
la valorisation du charbon. Il ins- tence, lui ont valu l'estime et la
taure le travail en équipes, en sé- des de flow-sheet) ;
- étude et mise au point de nou- considération de /'ensemble de la
lectionne les membres, et en suit grande famille des phosphatiers. »
l'activité. Il y introduit, - et c'est veaux procédés de valorisation
peut-être l'un de ses apports es- (production de l'acide phosphori-
sentiels-, la rigueur scientifique. que pur par solvant, de bicalci-
ques par l'anydride sulfurique, de
***
Il y développe l'usage des métho- Du point de vue mathématique,
des statistiques - à l'époque mal carreaux de plâtre à partir du Saint-Guilhem était incontesta-
connues - et apporte une contri- gypse ... ). blement l'un des - (rares) - hom-
bution personnelle déterminante Son champ d'action ne se limite mes «doués» de sa génération.
à la résolution de deux problè- pas au Maghreb et à l'Afrique Nombreux sont ceux qui regret-
mes-clés : l'interprétation des es- Noire mais s'étend, à la de- tent son évasion d'une carrière où
sais dont le résultat se traduit mande, au Moyen Orient, à il aurait très certainement
par une alternative ; l'interpréta- l'Amérique du Sud et même aux brillé ... Il y a, cependant, parallè-
tion des mesures de contrôle d'un U.S.A. lement à ses activités industriel-
appareil d'épuration. Ce qui les, amplement sacrifié : dès
Là encore, la rigueur scientifique 1942, il fait partie du Corps en-
aboutit, entre autre, à la mise sur de Saint-Guilhem, son réalisme
pied d'une méthode permettant seignant de !'X. Il y est titularisé
et son sens de l'organisation font comme examinateur des élèves et
de calculer a priori les possibili- merveille. Sa reconnaissance (où
tés de lavage. Appliquée dès maître de conférence d'analyse
il utilise, l'un des premiers, les
1950 à l'ensemble des lavoirs mathématique, poste qu'il occupe
méthodes de la géo-statistique et
français, celle-ci se traduit par jusqu'en 1976.
les techniques de kriegeage) et sa
une amélioration sensible de leurs mise en exploitation du gisement Ses travaux personnels en maths
performances. Elle est consacrée du Bénin, resteront, pour ne citer pures sont Join d'être négligea-
par la 1re conférence internatio- qu'un exemple, un modèle bles. A St-Etienne, il étudie les
nale sur la préparation des char- d'école. transformations circulaires réelles
bons. du plan, puis les transformations
Lorsqu'en 1977. il abandonne ses
sphériques réelles, mais c'est sur-
***
fonctions, le CERPHOS étant
tout de 48 à 83 qu'il témoigne de
transféré au Maroc, il en reste
La réputation de René Saint sa profonde originalité en abor-
administrateur et préside son
Guilhem comme spécialiste des dant un domaine qui est à l'inter-
comité technique. Il est, par ail-
problèmes de préparation méca- face des mathématiques et de la
leurs, nommé secrétaire général
nique déborde dès lors le cadre physique : celui de l'analyse di-
de l'Institut mondial des Pho-
de l'hexagone : il est sollicité par mensionnelle : il constate que la
sphates.
les phosphatiers. Verneuil lancé, plupart des techniques usuelles
en juin 51, il accepte leurs propo- Rien ne saurait mieux résumer en la matière, qui conduisent en
46 sitions et prend la Direction tech- son action au cours de ces Ion- particulier au célèbre théorème
LA JAUNE ET LA ROUGE, MARS 1988
~~~~~~~~~~~~~~~In tnetnoriatn~~~~~~~~~~~~~~~
de Vaschy, sont incomplètes ou Quelques lignes encore sur. parcourues pendant plus d'un
inexactes. Les idées sur lesquelles l'homme, tel je l'ai connu ... demi-siècle et toujours avec un
elles reposent ne sont pas tou- . égal émerveillement... Un souve-
jours compatibles avec les don- René était, je l'ai dit, d'une dis- nir détendu - on me le pardon-
nées physiques ; le choix et le crétion extrême, peut-être non nera ... - pour en finir. Nous ve-
nombre des grandeurs fondamen- dépourvue de quelque timidité. nions de traverser les trois
tales sont mal analysés, les hypo- L'expansion n'était pas son fort pointes de !'Ossau. Une longue
thèses mathématiques imprécises. et il répugnait à tout ce qui est journée d'escalade, amorcée aux
Utilisant des théorèmes de la étalage. Sa fidélité à ses amitiés, flammes de pierre du Petit Pic,
théorie des groupes, il donne à en revanche, était sans faille. Sa nous avait amenés à la Pointe
l'analyse dimensionnelle des ba- culture littéraire, considérable, d'Aragon, sur laquelle nous nous
ses précises, et montre, par de surprenait d'autant plus ses audi- trouvions perchés à une heure
nombreux exemples, à quelles er- teurs qu'elle ne se manifestait quelque peu tardive. Brassées par
reurs et omissions conduit une que par échappées et comme au le vent d'Espagne, les brumes
discussion trop superficielle. second degré ... II était resté très vespérales mettaient en valeur
attaché au folklore de son pays l'envol des parois, la chevauchée
La retraite ne lui fait pas délais- natal : c'était un spécialiste de des arêtes. Pensant peut-être (?)
ser son «violon d'Ingres » : en Gaston Phoebus ; il se trouvait à à la définition caricaturale qu'un
1984, il donne un cours d'initia- l'aise dans les subtilités du condi- humoriste de notre génération
tion aux mathématiques moder- tionnel en béarnais ; il connais- avait donnée du polytechnicien, il
nes à l'Université du 3° âge de sait, à peu près par cœur, l'œuvre sortit de sa contemplation pour
Pau, ville où il réside désormais poétique de P.J. Toulet. Quant à me dire, avec le demi sourire iro-
une partie de l' année : ce cours, l'histoire du pyrénéisme, elle nique dont il était coutumier :
presqu'entièrement rédigé, sera, n'avait pas de secrets pour lui, et " Voici une évidence qui ne se
nous l'espérons, prochainement il l'a enrichie de plusieurs contri-
publié.
mettra jamais en équation ! "·
butions ...
Pourquoi faut-il voir partir ses
*** Ses chères Pyrénées !... II les a bons amis?
47
LA JAUNE ET LA ROUGE , MARS 1988
la vie de l' éJ
Dans la note qu'il avait composée pour d'1ncubat1on de /'imag1na1re .. Dans les jourd' hu1. a comm encé la lente gesta-
mon Histoire de !'Ecole polytechmque, ; ard1ns de la rétho nque po lyte chni- ti on d'u n nouve l argot de l'X.
notre savan t et regretté camarade Geor- cienne, le microclimat de Palaiseau fera
ges CO MBET écrivait à propos de l'Ar- éclore de nouvelles fleurs (et mûrir de En attendant leur réponse, je voudrais
got de l'X « Parmi les quelques nouveaux fruits) du langage 11. leur apprendre le sens de quelques ter-
400 termes (de cet argot). combien me s de l'a rgot pr1m1tif. afin qu'ils
surmonteront /'épreuve de la transplan- C'est pou r répondre au vœu de nom- comprennent ceux de leurs anciens qui
tation à Palaiseau ? Bien sûr . mais /'X breu x X, dont beaucoup ne sont pas se risquent encore, parfois, à les em-
en a vu d'autres. Tant que !'Ecole sub- fort anciens. que ie demande à nos très pl oyer . Car. bien que disparu à une date
sis tera, elle sera ce qu'elle fut depuis sa 1eunes ca marad es. et en particulier aux réc ente - il éta it encore courammen t
fondation, à travers /'Histoire et les Ke ssiers de nous dire si la prédic ti on de employé à l' Eco le en 19 65 - ce lan-
changements de régime une chambre Georges Combet éta it fondée, et si, au- gage est tombé auiourd 'hui dans un ou-
48
50
LA JAUNE ET LA ROUGE, MARS 1988
Avec: AIR FRANCE • B.N.P. • BULL • COMPAGNIE BANCAIRE • E.D.F. • G.D.F. • Mc KINSEY • PECHINEY • RHONE-POULENC • S.N.C.F.
L'invité de mars :
JACQUES ATTALI
sur le thème
Comment fonctionne la concertation internationale
,
Prochain invité, le 7 avril 1988 : Edouard Balladur
Maison des Polytechniciens - 12, rue de Poitiers - 75007 PARIS
Renseigrzements : Les Petits Déjeuners Polytechniciens : 47.20.62.81
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51
a vie de l'association
Participez nombreux
à la TOMBOLA du prochain BAL.
Il aura lieu à l'OPÉRA.
55
LA JAUNE ET LA ROUGE , MARS 1988
CARNET POLYTECHNICIEN
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intéresser les polytechniciens. Les Camarades à la RECHERCHE d'une situation, même si cela n'a pas
un caractère d'urgence, ont toujours intérêt à se faire connaître en écrivant ou en téléphonant au
Bureau des Carrières pour prendre rendez-vous. S'ils le souhaitent, ils peuvent recevoir directement,
et sans tenir compte des délais de publication, la LISTE des offres récentes disponibles au Bureau des
Carrières, éditée deux fois par mois, moyennant le règlement d'un abonnement qui leur donnera, par
ailleurs, la possibilité de prendre connaissance, par MINITEL, jour après jour, des dernières offres de
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Sauf cas spécial, le Bureau ne transmet pas les demandes des camarades intéressés par ces offres :
ceux-ci s'adresseront au Bureau des Carrières, par écrit ou par téléphone, pour recevoir les informa-
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LA JAUNEET LA ROUGE, MARS 1988
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