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à travers
le thème de la polygamie
THÈSE
L’obtention du doctorat
Préparée par
Département de Français
Sous la direction de
Janvier 2011
Dédicace
A la femme africaine
Remerciements
Nous tenons à remercier chaleureusement Madame Viviane Amina Yagi,
professeur à l’Université de Khartoum, qui a accepté de diriger cette
recherche.
Nous remercions tous les amis au Soudan et en France pour leur soutien et
leur encouragement.
Résumé
Dans les romans étudiés, la polygamie est traitée d’une tonalité différente.
D’abord, elle est abordée d’une banalité normale, et puis, suite aux défis de
modernité comme beaucoup d’autres coutumes, elle subit des critiques
violentes. Cependant elle persiste tant qu’il n’existe pas d’autre institution
qui puisse se substituer à elle et tant qu’elle trouve le soutien, notamment des
intellectuels.
ﺒﺴﻡ ﺍﷲ ﺍﻟﺭﺤﻤﻥ ﺍﻟﺭﺤﻴﻡ
ﻤﺴﺘﺨﻠﺹ
ﺍﺴﻡ ﺍﻟﻁﺎﻟﺒﺔ :ﺍﺨﻼﺹ ﺼﺩﻴﻕ ﻤﺤﻤﺩ ﺍﺤﻤﺩ
ﻴﻨﻁﻠﻕ ﻫﺫﺍ ﺍﻟﺒﺤﺙ ﻤﻥ ﺃﻫﻤﻴﺔ ﺍﻷﺩﺏ ﻭﺩﻭﺭﻩ ﺍﻻﺠﺘﻤﺎﻋﻲ ﻜﻤﺭﺁﺓ ﺘﻌﻜﺱ ﻭﺍﻗﻊ ﺍﻟﺤﻴﺎﺓ ﻓﻲ ﻤﺠﺘﻤﻊ ﻤﺎ ﻓـﻲ
ﻓﺘﺭﺓ ﺯﻤﻨﻴﺔ ﻤﻌﻴﻨﺔ ﺇﺫ ﻴﻬﺩﻑ ﻟﻠﻜﺸﻑ ﻋﻥ ﺼﻭﺭﺓ ﺍﻟﻤﺭﺃﺓ ﻓﻲ ﺍﻟﺭﻭﺍﻴﺔ ﺍﻹﻓﺭﻴﻘﻴﺔ ﻤﻥ ﺨـﻼل ﻤﻭﻀـﻭﻉ
ﺘﻌﺩﺩ ﺍﻟﺯﻭﺠﺎﺕ ﻭﻴﺭﺘﻜﺯ ﻋﻠﻰ ﺩﺭﺍﺴﺔ ﻭﺘﺤﻠﻴل ﻫﺫﻩ ﺍﻟﻅﺎﻫﺭﺓ ﻓﻲ ﺃﻋﻤﺎل ﺃﺩﺒﻴـﺔ ﻟﺜﻼﺜـﺔ ﻤـﻥ ﺍﻟﻜﺘـﺎﺏ
)Sembène Ousmane ﺍﻟﺭﻭﺍﺌﻴﻴﻥ ﺍﻟﺒﺎﺭﺯﻴﻥ ﻭﻫﻲ :ﺭﻭﺍﻴﺔ ) Xala ﺨﺎﻟﺔ( ﻟﻠﻜﺎﺘـﺏ ﺍﻟﺴـﻨﻐﺎﻟﻲ
) Perpétue et l’habitude du malheur ﺒﻴﺭﺒﺘﻭ ﻭﻤﻌﺎﻴﺸﺔ ﺍﻵﻻﻡ ( ﻟﻠﻜﺎﺘﺏ ﺴﺎﻤﺒﻴﻥ ﻋﺜﻤﺎﻥ(
ﺍﻟﻜﻤﺭﻭﻨﻲ ) Mango Bétiﻤﻨﻘﻭ ﺒﻴﺘﻲ( ﻭ Une si longue lettreﺨﻁﺎﺏ ﻁﻭﻴـل ﺠـﺩﹰﺍ ﻟﻠﻜﺎﺘﺒـﺔ
ﺍﻟﺴﻨﻐﺎﻟﻴﺔ ) Marima Bâﻤﺭﻴﺎﻤﺎ ﺒﺎ(.ﻫﺫﻩ ﺍﻷﻋﻤﺎل ﻜﺘﺒﺕ ﻓﻲ ﺴﺒﻌﻴﻨﺎﺕ ﺍﻟﻘﺭﻥ ﺍﻟﻤﺎﻀﻲ .ﻜﻤﺎ ﺘﻨﺎﻭﻟﻨـﺎ
ﻷ ﺘﻤﺜل ﺤﻘﺒﹰﺎ ﺘﺎﺭﻴﺨﻴﺔ ﺴﺎﺒﻘﺔ ﻭﻻﺤﻘﺔ ﻟﺘﻠﻙ ﺍﻟﻔﺘﺭﺓ ﺤﺘﻰ ﻨﻁﹼﻠﻊ ﻋﻠﻰ ﻭﺠﻬﺎﺕ ﻨﻅﺭ ﻟﻤﺨﺘﻠﻑ ﺍﻟﻜﺘـﺎﺏ
ﺃﻋﻤﺎ ُ
ﻤﻥ ﺍﻟﺠﻨﺴﻴﻥ ﻤﻤﺎ ﻴﺩﻋﻡ ﻫﺫﺍ ﺍﻟﺒﺤﺙ ﻭﻴﻌﻀﺩ ﻨﺘﺎﺌﺠﻪ.
ﻤﻥ ﺃﻫﻡ ﺍﻟﻨﺘﺎﺌﺞ ﺍﻟﺘﻲ ﺘﻭﺼﻠﺕ ﻟﻬﺎ ﺍﻟﺩﺭﺍﺴﺔ :ﺃﻥ ﺍﻟﻜﺘﺎﺏ ﺍﻟﺭﻭﺍﺌﻴﻴﻥ ﺘﻨﺎﻭﻟﻭﺍ ﻫـﺫﺍ ﺍﻟﻤﻭﻀـﻭﻉ
ﺒﻨﺒﺭﺓ ﺘﺨﺘﻠﻑ ﻤﻥ ﻜﺎﺘﺏ ﻵﺨﺭ ﻓﺒﻴﻨﻤﺎ ﺍﻋﺘﺒﺭﻫﺎ ﺍﻟﺒﻌﺽ ﻤﻅﻬﺭﹰﺍ ﻤﻥ ﻤﻅﺎﻫﺭ ﺍﻟﺤﻴﺎﺓ ﺍﻟﻌﺎﺩﻴﺔ ﺘﻌﺭﺽ ﻟﻬـﺎ
ﺍﻟﺒﻌﺽ ﺍﻵﺨﺭ ﺒﺎﻟﻨﻘﺩ ﺍﻟﻼﺫﻉ ،ﻭﻴﻌﺯﻯ ﺫﻟﻙ ﺍﻟﺘﺤﻭل ﻟﻠﺘﻐﻴﺭﺍﺕ ﺍﻟﺘﻲ ﻁﺭﺃﺕ ﻋﻠﻰ ﺍﻟﻤﺠﺘﻤـﻊ ﺍﻷﻓﺭﻴﻘـﻲ
ﻭﺘﺤﺩﻴﺎﺕ ﺍﻟﺤﻴﺎﺓ ﺍﻟﻌﺼﺭﻴﺔ .ﻟﻜﻥ ﻨﺠﺩ ﺃﻥ ﺍﻟﻅﺎﻫﺭﺓ ﻗﺩ ﺍﺴﺘﻤﺭﺕ ﺭﻏﻡ ﺫﻟﻙ ﻨﺴﺒﺔ ﻟﻌـﺩﻡ ﻭﺠـﻭﺩ ﻨﻅـﺎﻡ
ﻼ ﻋﻥ ﺃﻨﻬﺎ ﺘﺠﺩ ﺍﻟﺩﻋﻡ ﻭﺍﻟﻤﺴﺎﻨﺩﺓ ﺴﻴﻤﺎ ﻤﻥ ﺍﻟﻁﺒﻘﺔ ﺍﻟﻤﺜﻘﻔﺔ.
ﺍﺠﺘﻤﺎﻋﻲ ﺒﺩﻴل ﻓﻀ ﹰ
ﻫﻨﺎﻟﻙ ﻋﺩﺓ ﻋﻭﺍﻤل ﺜﻘﺎﻓﻴﺔ ﻭ ﺍﺠﺘﻤﺎﻋﻴﺔ ﻭﺩﻴﻨﻴﺔ ﻭﺍﻗﺘﺼﺎﺩﻴﺔ ﺘﻌﺯﺯ ﻭﺠﻭﺩ ﻫﺫﻩ ﺍﻟﻅـﺎﻫﺭﺓ ﺍﻟﺘـﻲ
ﺘﻌﺘﺒﺭ ﺇﺭﺜﹰﺎ ﺜﻘﺎﻓﻴﹰﺎ ﻀﺎﺭﺏ ﺍﻟﺠﺫﻭﺭ ﻓﻲ ﺤﻴﺎﺓ ﺍﻷﺴﺭﺓ ﺍﻻﻓﺭﻴﻘﻴﺔ.
ﺍﻟﺼﻭﺭﺓ ﺍﻟﺘﻲ ﺭﺴﻤﻬﺎ ﺍﻟﻜﺘﺎﺏ ﺍﻟﺭﻭﺍﺌﻴﻴﻥ ﻟﻠﻤﺭﺃﺓ ﺘﺘﻤﺜل ﻓﻲ ﺍﻟﻤﺭﺃﺓ ﺍﻟﻘﻭﻴﺔ ﻭﺍﻟﻤـﺭﺃﺓ ﺍﻟﻀـﻌﻴﻔﺔ
ﺍﻟﻀﺤﻴﺔ ﻟﻜﻥ ﺍﻟﻜﺎﺘﺒﺎﺕ ﺍﻟﺭﻭﺍﺌﻴﺎﺕ ﺍﺴﺘﻁﻌﻥ ﺃﻥ ﻴﺄﺘﻴﻥ ﺒﺼﻭﺭﺓ ﺃﺨﺭﻯ ﻟﻠﻤﺭﺃﺓ ﻭﻫﻲ ﺍﻟﻤﺭﺃﺓ ﺍﻟﻤﻘﺎﻭﻤﺔ .ﻤﻥ
ﺨﻼل ﻤﻭﻀﻭﻉ ﺘﻌﺩﺩ ﺍﻟﺯﻭﺠﺎﺕ ﻨﺠﺩ ﺼﻭﺭﺓ ﺍﻟﻤﺭﺃﺓ ﺍﻟﺨﺎﻀﻌﺔ ﺍﻟﻤﺴﺘﺴﻠﻤﺔ ﻭﺍﻟﻤﺭﺃﺓ ﺍﻟﺜﺎﺌﺭﺓ.
Abstract
Name of student : Ikhlas Siddig Mohmed Ahmed
Title of Thesis : L’image de la femme dans le roman d’Afrique
francophone à travers le thème de la polygamie.
(The image of woman in African″francophone″ novel through the
theme of polygamy)
This research aims to highlight the social function of literature as a mirror
that reflects the life of a society at a certain time.
Through the concept of polygamy, we try to discover the image that
novelists draw up to the african woman. We also try to discover the woman's
attitude towards the polygamy and the impact of this on the life of couples
and children.
The field of the present study is the francophone african novel. We relied on
three works of major african novelists: Xala written by Sembène Ousmane,
Perpétue et l’habitude du malheur written by Mongo Béti and Une si longue
lettre written by Mariama Bâ in the 70. The present work is also based on
other novels that address the subject and represent different eras to show the
various points of view on the subject including that of man or woman.
Several cultural, religious, social and economic factors promote the practice
of polygamy in Africa. For Africans, the polygamy is considered as a
cultural heritage, it is a deeply rooted ancestral custom.
In general, the image that novelists give to woman is divided between the
strong woman and the weak one. Women writers have created a new image;
the struggling woman. As far as the reaction against the polygamy is
concerned, we can distinguish two main images: the image of the submissive
wife and the rebelled wife.
Introduction
ils trouvent dans la polygamie un moyen efficace. Donc partant des
croyances traditionnelles et religieuses, la polygamie devient une
valeur ancestrale, un héritage culturel fortement respecté.
Plus que d’autres personnes, la femme est crûment affectée par les
changements dans la société africaine. Prenant conscience de la gravité
de la situation de la femme africaine - qui est en proie à l’ignorance, à
l’alphabétisme et aux mauvaises coutumes - les écrivains se servent de
leurs plumes comme d’une arme pour défendre la cause de la femme.
Notamment la femme est l’agent essentiel de la promotion de la
société, donc sauver la femme c’est sauver la société et par conséquent
toute la nation.
Les efforts faits par les écrivains et les romanciers s’inscrivent dans la
critique sociale. Ils visent à mettre en relief les problèmes dont la
femme souffre pour y trouver des solutions. S’identifiant à leurs
personnages ils transmettent indirectement leurs messages, leurs points
du vue sur les questions abordées. Ils critiquent l’homme polygame, ils
montrent leur sympathie pour la femme considérée comme victime de
cette pratique.
une série de mariages divorces mariages est une autre forme de
polygamie.
réflexion sur la condition de la femme africaine qui. Nous comparons
sa situation avec celle de la femme occidentale. Ainsi les problèmes
de la femme existent partout dans le monde bien qu’ils soient
différents.
Première partie
Présentation de la problématique
Présentation de la problématique
Ainsi la conception de la littérature engagée servait la campagne anti
colonialiste ce qui est remarquable dans l’œuvre des écrivains comme
Mongo Béti, Sembène Ousmane et d’autres. Toutefois la littérature
africaine en général est liée étroitement à la réalité sociale. Il s’agit de
se préoccuper des problèmes de la société et des aspirations de
peuples.
- Comment cette question est-elle traitée par les romanciers et
les romancières africains ?
sur la représentation qu’il donne de la femme selon qu’il est lui-même
homme ou femme.
1
Pays d’Afrique noire francophone : Sénégal, Guinée, Côte-D’Ivoire, Mali, Haute-Volta, Togo,
Bénin, Tchad, République centrafricaine, Cameroun, Gabon, Congo, Zaïre, Rwanda, Burundi.
Chapitre 1 : Evolution historique et thématique du roman
africain.
pas à citer la formule très célèbre de l’écrivain malien Amadou
Hampaté Bâ : « En Afrique, chaque fois qu’un vieillard meurt, c’est
une bibliothèque qui brûle ». Cela explique la nécessité de transposer
les savoirs par écrit en renforçant l’importance du roman et de la
littérature écrite de façon générale.
idéal et l’histoire concrète de la dégradation de la société. Ainsi le
roman s’épanouit.
nouveaux mondes et ils acquièrent de nouvelles expériences ce qui
enrichit leur production littéraire. Ainsi nous partageons l’avis de
Lilyan Kesteloot qui affirme que la littérature africaine s’est produite
au sein de la littérature française car, « Nul part de rien. On est
toujours fils de quelqu’un : les écrivains négro-africain aussi » (Lilyan
Kesteloot, 2001 : 6).
Ainsi nous trouvons que dans les romans africains les lieux sont
décrits avec une minutie, une véracité et une grande précision
géographique. Les noms propres qui s’appliquent à des personnes,
annoncent leur rôle ou ceux qui évoquent des lieux ont souvent une
signification très précise. Ces lieux et ces gens aux noms symboliques
se retrouvent même plusieurs fois tout au long de l’œuvre d’un
romancier et ces reprises authentifient encore plus leurs fonctions.
(Denise Coussy, 2000 : 150-155).
authentique. Cela se fait pour transmettre des salutations d’usage des
conversations codées, ou dans les contes et les chansons.
Sembène Ousmane, ou dans Les soleils des indépendances
d’Ahmadou Kourouma.
Quant aux thèmes abordés dans le roman africain, ils varient selon les
différentes époques ou les différentes périodes. A l’exception des
thèmes concernant le mariage et la vie familiale qui sont permanents.
Enfin dans la période contemporaine, nous citons des thèmes tels que
la révolte dans C’est le soleil qui m’a brulée de Calixe Beyala en 1987,
la guerre, l’enfant-soldat dans Allah n’est pas obligé d'Ahamadou
Kourouma en 2000, etc. Nous signalons que le thème du mariage et de
la polygamie est abordé dans presque tous les romans africains et dans
toutes les périodes ainsi que dans la période contemporaine. Pour
donner un exemple nous montrons des romans comme Exellence, vos
épouses ! de Cheik Aliou Ndao en 1993 ou Riwan et le chemin de
sable de Ken Bugul en 1999.
Nous reprenons donc ce dernier sujet avec plus de détails dans la partie
suivante.
chantant les louanges des mœurs et des valeurs traditionnelles. Tantôt
sur un ton plus ou moins critique en envisageant certaines coutumes,
certaines pratiques jugées comme non convenables aux exigences de la
vie moderne. Donc leurs œuvres sont bâties sur un fondement de
contrastes et de conflits sociaux qui résultent de la coexistence des
cultures et des valeurs traditionnelles ou occidentales. Ces œuvres
mettent en avant principalement de l’ironie exprimée par le langage et
les réflexions du point de vue du narrateur.
critique dans cette période précise ? Plus que cela, pourquoi persiste-t-
elle malgré toute cette critique ?
Nous présentons d’abord les trois œuvres qui constituent notre corpus
principal : Une si longue lettre de Mariama Bâ, Xala de Sembène
Ousmane et Perpétue et l’habitude de malheur de Mongo Béti. Puis
nous présentons d’autres romans qui abordent le même sujet d’une
manière ou d’une autre.
Nous commençons par Une si longue lettre, mais tout d’abord, il nous
paraît important de présenter l’auteur. D’une part, la personnalité de
l’auteur influence l’écriture d’autre part, toute œuvre d’art peut être
expliquée par rapport au milieu social de son auteur. Le moment, le
lieu et l’origine culturelle auxquels appartient un auteur forment
l’ensemble qui conditionne le cadre de référence pour toute analyse
sociologique d’une œuvre d’art. (Jean-Pierre Beaumarchais et al,
1994 : 2322). Autrement dit : « l’Etude du texte littéraire ne saurait
être dissociée de celle de l’environnement socioculturel de son
auteur » (Alpha Barry, 2007 :19).
1.5.2. Mariama Bâ
enseignante mais pour douze ans seulement puis elle demande une
mutation au sein de l’Inspection régionale de l’enseignement à cause
de sa santé fragile. Elle est mère de neuf enfants, elle est divorcée de
son mari Obéye Diop le député suite à son expérience du mariage. Elle
s’engage pour nombre d’associations féminines en propageant des
idées nouvelles sur l’éducation et les droits des femmes. A cette
finalité elle prononce des discours et elle publie des articles dans la
presse locale.1
Publié pour la première fois en 1979, son roman, Une si longue lettre,
connaît un réel succès. En 1980 il est retenu pour la remise du Prix
Noma lors du Salon du Livre de Francfort. Cette œuvre est de
renommée internationale car le livre est traduit en vingt langues
différentes. Objet de plusieurs études et de recherches aujourd’hui, ce
roman demeure incontestablement une des références en matière de
culture négro-africaine.
1
fr.wikipedia.org/wiki/Mariama_Bâ
serré par l’angoisse, du bouleversement brutal de la vie à cause de
cette pratique. Puisque les deux amies la subissent et la considèrent
comme une trahison de la part de leurs conjoints.
proche du lecteur, pour se confier et le convaincre. De plus les deux
femmes Ramatoulaye et Aïssatou, les deux personnages féminins les
plus importants dans le roman, sont de la même génération de l’auteur
qui est née en 1929. Au moment des années des indépendances, elles
sont de jeunes femmes mûres dotées de diplômes et de savoir grâce à
leur instruction, leur intelligence et leur courage. Elles assistent à la
plantation du drapeau de leur pays et à la naissance de la nouvelle
nation.
Ainsi on peut dire que le roman Une si longue lettre est issu de
l’expérience personnelle de l’auteur. Comme son héroïne, Mariama Bâ
est institutrice. Elle subit des problèmes conjugaux, le divorce. Puis
elle participe à la vie littéraire, elle agit non seulement en témoin mais
également en acteur de la vie sociale. Dans son roman, elle met
l’accent sur trois points : les tortures physiques et morales que les
épouses subissent dans le système de la polygamie, les raisons qui
poussent l’homme à devenir polygame et la réaction de la femme
moderne face à ce genre de vie conjugale.
noblesse française et Ousmane Guèye, jeune musulman noir
sénégalais. Cette histoire se conclut tragiquement par la mort de leur
fils Gorgui, empoisonnée par la mère. Cette femme étrangère ne
supporte pas que son mari prenne une deuxième épouse, perd la tête,
elle devient complètement folle et elle tue son fils unique.
L’échec du mariage mixte est évident quant il n’est pas établi sur un
respect réciproque des cultures de l’un et de l’autre. Mireille qui a fait
de grands sacrifices pour sauver son amour en quittant son pays et en
épousant contre le gré de sa famille ne tolère jamais que son mari soit
partagé avec une autre. Comme toutes les femmes occidentales, elle
croit que son époux sera pour elle, toute seule et pour toujours. D’un
autre côté, Ousmane qui choisit de se marier avec une étrangère, ne
fait aucun sacrifice pour sauvegarder leur union. Ainsi, l’amour qu’un
homme peut garder pour une première femme ne l’empêche pas d’en
prendre une deuxième ou une troisième. C’est la logique des
polygames.
1.5.3. Sembène Ousmane
sort La Noire de…, son premier long-métrage qui est le premier de tout
le continent.
1
Wikipedia.org/wiki/Ousmane Sembène
Il anticipe sur une des grandes problématiques de son temps, telle que
la question de l’émancipation sociale de la femme. Il dénonce la
condition de la femme africaine et propose des solutions pour
améliorer son existence. Sembène Ousmane est un des romanciers qui
sont certains que la libération de l’Afrique est liée à celle de la femme
africaine, qu’elles se feront conjointement. Il dépeint la condition
féminine dans tous ses romans et il y pose le problème délicat de la
polygamie. Ce thème qui se répète sans cesse dans son œuvre, le fait
qui montre l’importance qu’il attache à ce sujet.
Dans une interview faite avec lui, il donne franchement son avis à
propos de cette question : « Je suis contre la polygamie… mais les
personnages que j’ai rencontrés l’approuvaient. Je crois que la
polygamie est un faux problème. Le véritable problème est
économique. Il faut instituer le planning familial… que chaque homme
ait trois femmes s’il le veut, mais que le nombre des enfants soit
limité… Mais c’est une idée combattue. Il faut regarder les choses en
face : dans les Etats, de nombreux enfants ne peuvent aller à l’école.
Qu’en fera-t-on plus tard ? (Muriel, I. Ijere, 1988 : 6) ». Dans son idée
contre la polygamie, il est soutenu par quelques autres écrivains tels
que Mongo Béti, Ahmadou Kourouma et Ferdinad Oyono.
le personnage principal du roman, un polygame qui se marie pour la
troisième fois, l’auteur montre tous les problèmes catastrophiques qui
peuvent arriver à un homme, à toute une famille suite à la polygamie.
Al Hadj Abdou Kader qui n’arrive pas à consommer son mariage, qui
perd tout : son prestige son poste, son argent et sa dignité d’homme…
Tout de même il ne gagne rien. Il est donc la vraie victime de son
action. Donc, prenant cet exemple, l’homme doit penser mille fois
avant d’être polygame afin de ne pas avoir un sort pareil.
est né en 1932 à Akométan, un petit village situé à 60 kilomètres de
Yaoundé la capitale de Cameroun.
En 1972, il revient avec éclat à l’écriture. Son livre Main basse sur le
Cameroun, autopsie d’une décolonisation est censuré aussitôt après sa
parution par un arrêté du ministre de l’Intérieur français Raymond
Marcellin, sur la demande de Jacques Foccart, du gouvernement
camerounais, représenté à Paris par l’ambassadeur Ferdinand Oyono.
Il publie en 1974 Perpétue et l’habitude du malheur. Après une longue
procédure judiciaire lui et son éditeur François Maspéro obtiennent
l’annulation de l’arrête d’interdiction de Main basse sur le Cameroun.
premier octobre en 2001 puis à Douala le 6 et y mort le 7 octobre
20011.
Mongo Béti qui réussit très précocement en publiant plus d’un roman à
l’âge de 23 ans, se distingue également par la fécondité et la richesse
de la production littéraire de qualité de ses essais, et de ses articles
journalistiques d’actualité.
Sans doute, on peut affirmer que Mongo Béti est l’un des écrivains les
plus reconnus au Cameroun. Un écrivain anticolonialiste, il milite sa
vie durant pour la libération des peuples africains. Il se sert du roman
comme d’une arme contre le colonialisme et le néo-colonialisme de
l’après les indépendances. Contre les régimes locaux, des indigènes,
des élites qui se caractérisent par la corruption et l’exploitation de
l’homme. Des régimes dont le système politique et économique
condamne la plupart des gens à vivre dans la pauvreté et l’impuissance
totale.
Le roman dans son intégralité peut être considéré comme une réflexion
ou une médiation sur la situation du continent d’après les
Indépendances. La fatalité du destin dont ses propres fils sont les
principaux acteurs. Puisque l’indépendance d’un pays africain, dans un
1
fr.wikipedia.org/wiki/Mongo_Beti
sens, veut dire : « Un gouvernement noir, fondant des usines avec
l’argent des Noirs, pour donner des médicaments à ses frères noirs, ça
devait être cela l’indépendance non ? » (Mongo Béti, 1974 : 77).
Perpétue est morte parce qu’elle ne trouve pas de médicaments pour se
soigner.
prend une autre épouse. Puis il la jette dans les bras d’un commissaire
de police plus puissant pour tirer du bénéfice et gagner une promotion
dans son travail. Et finalement poussé par des soupçons de jalousie il
l’emprisonne dans la maison jusqu’à sa mort.
Donc comme nous venons de le dire ce roman est un miroir qui permet
aux africains de prendre conscience d’eux-mêmes et de réfléchir sur
leur condition, leur société.
D’autre part, les prêtres connaissent la jalousie des femmes, le désir de
chaque femme d’être la seule chez son époux et gagner sa confiance,
alors ils utilisent ces vœux pour propager leur religion (Arlette
Chemain, 1980 : 204). Ils prêchent la suppression de la dot (Le père
Drumont met en accusation la mère qui laisse vendre sa fille pour une
somme exorbitante). Ils menacent de l’enfer les hommes qui pensent à
multiplier le nombre de leurs femmes. D’ailleurs la femme trouve
peut-être dans les mythes chrétiens une compensation ou une
conciliation ou même une amélioration des conditions dures qu’elles
vivent. Dans la doctrine catholique qui vise à limiter le pouvoir de
l’homme sur la femme, l’Eglise peut intervenir et décider du
châtiment. Ainsi, Zachaire dans le roman Le pauvre Christ de Bomba
est déclaré coupable parce qu’il abat sa femme.
Avec un tel ton cruellement ironique, un tel esprit satirique, il nous
semble que Mongo Béti se moque des missions catholiques en Afrique
qu’il n’approuve pas leur rôle. Il se moque également de l’institution
polygamique qui est toujours contre.
1.6.1. Batouala.
En plein temps colonial, les critiques de l’auteur ne portent pas sur la
polygamie qui est considérée comme une pratique totalement banale,
une habitude irréprochable à cette époque là. Mais ses critiques portent
sur les abus de l’administration coloniale en Afrique et les méfaits de
l’impérialisme.
dans son deuxième mariage avec Mariam, la veuve de son cousin une
résolution à tous les problèmes.
à quelqu’un. Mour Ndiaye qui n’avait aucune idée de prendre une
deuxième femme, qui respecte sa femme et qui apprécie sa patience et
sa fidélité, un beau jour dit brutalement à sa femme : « On me ″donne″
une femme demain » (Aminata Sow Fall,1979 : 57).
Le problème se pose quand il veut reprendre son nouveau poste : pour
voyager à l’étranger qu’est-ce qu’il va faire avec ses quatre épouses et
ses quatorze enfants ? Il faut qu’il en choisisse une parmi ces quatre
épouses pour l’accompagner, mais, laquelle ? Enfin le choix tombe sur
la troisième parce ses enfants n’atteignent pas encore l’âge de la
scolarité.
des relations polygamiques, traditionnelles. Elle décrit également et
d’une façon détaillée, les coutumes traditionnelles du mariage.
1
″Ndigueul″ C'est le fait de se soumettre et de s'abandonner à quelqu'un. C'est le dynamisme du
mouridisme. La femme peut être sous le Ndigueul de son mari, l’homme sous le ndigueul d’un
serigne. Cette soumission totale est également la garantie du paradis. (Ken Bugul,1999, interview
Amina, par Renée Mendy-Ongoundou).
L’auteur porte une réflexion sur la jalousie. Sur la possibilité de
cohabiter avec ce sentiment positivement, de ne pas se laisser prendre
par une jalousie destructive.
″Le chant du feu″ est une traduction de titre du roman écrit en arabe,
Orniatte al-Nare de l’écrivaine soudanaise, Buthina Khider Maki,
publié en 1998. Traçant le chemin de la femme africaine de l’Afrique
de l’Ouest à l’Est, nous nous installons cette fois-ci au Soudan, puis en
vue de jeter un regard interrogateur sur l’Ethiopie avec l’écrivaine
soudanaise, Buthina Khider Maki.
Raja, l’héroïne du roman est une femme pleine d’intelligence, de
beauté et de mérite. Elle se déplace avec son époux Assim un médecin
militaire qui a de hauts titres dans l’armée de son pays. Ils vont dans
des villes différentes, au Soudan et à l’étranger selon l’exigence du
travail. Ce couple a une vie agréable, tranquille, mais hélas ! Pour tout
bonheur il y a toujours quelque chose qui manque : Raja ne peut pas
enfanter et cela l’agace. Pourtant son mari ne cesse de la rassurer,
disant que l’amour qui les réunit est l’essentiel.
D’un autre côté, Adel le frère de Raja qui part en Ethiopie pour une
mission de travail, rencontre une jeune fille éthiopienne. Elle le
fréquente dans l’hôtel où il s’installe. Quand il rentre au Soudan, elle
vient le chercher. Il est obligé de se marier avec elle, mais en cachette.
Il ne peut pas déclarer leur mariage qui ne serait pas accepté par sa
famille. La pauvre épouse ne supporte pas d’être emprisonnée et
maltraitée par son mari, elle rentre dans son pays après avoir donné
naissance à une fille. La petite est adoptée par Raja, sa tante qui n’a
pas d’enfants.
chose sacrée surtout quand elle est sur son lit de mort. Donc pour lui,
le deuxième mariage est un devoir. Avec la deuxième, il a des enfants
mais il n’oublie jamais sa première femme. Enfin il réussit à se
réconcilier avec elle et l’emmène pour vivre ensemble.
Cette histoire, bien qu’elle ait une fin heureuse et qui incarne une
réussite d’un amour très fort, présente une partie des souffrances des
femmes, les douleurs physiques et morales quand elles sont victimes
des coutumes ou des préjugés de la société, surtout dans la situation de
stérilité.
lui. Cette dernière donne naissance à des jumelles dont le père est le
fils. Suite à ces incidents, le père découvre la vérité. Il tue sa femme et
laisse emprisonner son fils à sa place disant que c’est lui qui a commis
le crime. Ce père terrible, implacable, est responsable de tout le
malheur qui frappe la famille.
C’est plus qu’une seule leçon de morale qu’on peut tirer de cette
histoire. Elle révèle un des exemples des situations tragiques qui se
produisent au sein de la polygamie, quand l’époux, aveuglé par
l’égoïsme ne pense qu’à lui, laissant sa partenaire dans l’enfer. Enfin il
ne gagne que la malédiction, le châtiment douloureux et l’amertume
pendant tout le restant de sa vie.
Dans les ouvrages étudiés, nous remarquons que presque tous les
personnages masculins qui sont polygames sont d’une couche sociale
appartenant à des intellectuels et à des hauts fonctionnaires. Des
hommes nantis de richesse et exerçant le pouvoir. Ils sont considérés
comme des élites, cependant ils ont la mentalité de leurs parents et
leurs grands parents. Nous pouvons citer parmi eux des médecins, des
députés, des hommes d’affaire et même des ministres et des
diplomates.
Dans l’article ″Sembène Ousmane et l’institution polygamique″
(Muriel Ijere, 2007 : 5), l’auteur parle de deux genres de la polygamie :
1
fr.wikipedia.org/wiki/Polygamie
Mais si le mari dispose de moyens financiers ou bien qu’il est de
condition aisée, il est préférable de leur offrir chacune son propre
domicile. El Hadji Abdou Kader Bèye dans Xala est un polygame très
riche. Chaque épouse possède une villa qui porte son nom. Les quatre
épouses de Goor Gnak, dans Excellence, vos épouses ! de Cheik Aliou
Ndao, habitent chacune d’elles dans une maison ou un appartement
très éloignée l’une de l’autre.
Dans certains cas, comme pour les marabouts, les serignes, la pratique
la plus fréquente est de garder les épouses dans un seul foyer. Le
serigne dans Riwan ou le chemin de sable de Ken Bugul est un
marabout très riche, toutefois il met toutes ses épouses ensemble dans
la même cour, la même maison.
Chapitre 2 : Définition et histoire de la polygamie.
2.1. La polygamie
1
fr.wikipedia.org/wiki/Polygamie
- La polygamie parallèle qui désigne la situation où un individu
s'accouple avec plusieurs partenaires, non pas au cours du même
acte sexuel mais au cours d'une même période reproductive.
- La polygamie séquentielle qui consiste pour un individu à avoir
plusieurs partenaires différents au cours de sa vie, mais pas de
façon simultanée. Cette dernière forme de polygamie est aussi
dite monogamie sérielle.1
On distingue également d’autres définitions de la polygamie dont,
entre autres :
1
fr.wikipedia.org/wiki/Polygamie
2
http://www.bladi.net/forum/17932-polygamie-permise-islam/
3
Roger Bastide : 2006, http://www.innovation-democratique.org/…)
2.1.2. La conception du mariage.
Parlant de la polygamie qui est une de multiples formes de l’institution
du mariage, il nous semble indispensable d’aborder maintenant
quelques aspects liés à l’institution du mariage. Il faut constater que la
conception du mariage est le résultat d’une évolution au cours de
l’histoire et selon les peuples. Traditionnellement, le terme mariage
signifie une « union légitime entre homme et femme » qui consacre un
cadre pour établir une famille, mettre au monde des enfants, et les
élever. C’est un engagement sans limite de durée avec une possibilité
de séparation, de divorce.
Actuellement nous trouvons dans les dictionnaires une tendance à
élargir la définition du terme mariage qui est désormais présenté
comme une « union entre deux personnes, généralement homme et
femme ».1 Cette nouvelle définition plus souple peut comprendre le
mariage entre des personnes de même sexe.
Il existe d’autres unions avec moins de contraintes dans lesquelles les
partenaires n’ont pas le même statut que celui du mariage. On peut
citer en exemple le PACS (pacte civil de solidarité) en France qui est
une forme d'union civile. Il s'agit d'un contrat de droit français. La loi
qui instaure le PACS est votée en 1999. Le PACS est défini comme un
partenariat contractuel entre deux personnes majeures les
« partenaires », quel que soit leur sexe, ayant pour objet d'organiser
leur vie commune2.
Avec le mariage, les époux peuvent obtenir un statut particulier
puisque le mariage émancipe la personne qui devient majeure, il lui
1
fr.wikipedia.org/wiki/Mariage
2
fr.wikipedia.org/.../Pacte_civil_de_solidarité
donne des obligations envers sa future progéniture et la famille de son
conjoint. Le mariage peut servir à des fins politiques : établir des
alliances entre lignées ou tribus, sceller la paix entre deux royaumes,
ou à des fins économiques : transférer les biens, obtenir un capital, une
dot. Le mariage a ainsi deux caractères : juridique et rituel.
L’établissement d’un mariage donne toujours lieu à une cérémonie
publique qui est souvent fêtée par les proches les amis et les
connaissances, l’ensemble de ces cérémonies est appelé noces.
Le mariage peut être civil ou religieux ou les deux. Dans les pays où
les institutions politiques sont séparées des institutions religieuses, le
mariage religieux requiert généralement un mariage civil au préalable.
Dans certains cas, les époux ne peuvent pas contracter un nouveau
mariage tant que le premier est valide ; dans ce cas on parle de système
monogame. Ce type d’union est pratiqué dans les pays européens.
Toutefois en d’autres lieux, le mariage peut être actualisé
simultanément avec plusieurs personnes en même temps ; dans ce cas
le système est alors dit polygame. Cela existe dans certains pays,
notamment africains et arabes de culture musulmane, et d’autres
comme chez les mormons en Amérique.
Selon Roger Bastide (2006), théoriquement, on distingue quatre
formes de mariages1 :
1- La monogamie : un mariage entre un homme et une femme
2- La polygynie : un mariage entre un homme et plusieurs femmes
1
Roger Bastide, 2006, http://www.innovation-democratique.org/…)
3- La polyandrie : un mariage entre une femme et plusieurs hommes
(Pratiquée chez les Scythes de l’Asie centrale, les Abisis de
centre du Nigéria et les Zo’es de la forêt amazonienne).1
4- Le mariage par groupes : un mariage entre plusieurs femmes avec
plusieurs hommes (Il existe chez les Todas en Inde)
1 http:
//fr.wikipedia.org/wiki/Polyandrie
2
fr.wikipedia.org/wiki/Mariage_homosexuel
nous pouvons dire que cette pratique est un phénomène universel,
qu’elle ne se limite pas aux sociétés africaines traditionnelles1.
1
fr.wikipedia.org/wiki/Polygamie
2
Pour plus de précision, nous présentons une liste d’une cinquantaine de pays où la
polygamie est reconnue : Afghanistan, Algérie, Angola, Arabie Saoudite, Bahreïn,
Bangladesh, Bénin, Birmanie, Brunei, Burkina Faso, Cambodge, Cameroun, Centrafrique,
Comores, Congo, Djibouti, Egypte, Emirats arabes unis, Gabon, Gambie, Guinée équatoriale,
Indonésie, Irak, Iran, Jordanie, Kenya, Koweït, Laos, Lesotho, Liban, Libéria, Libye, Mali,
Maroc, Mauritanie, Nigeria, Oman, Ouganda, Pakistan, Qatar, Sénégal, Somalie, Soudan, Sri
Lanka, Swazi land, Syrie, Tanzanie, Tchad, Togo.
à émettre l’hypothèse que les anciennes sociétés sont polygames.1
1
islammedia.free.fr/Pages/islam-polygamie.html
2
fr.wikipedia.org/.../Mariage_plural_(mormonisme)
2.1.6. La polygamie et les religions.
Les peuples noirs croient en un grand Créateur unique dont le nom est
différent d’un peuple à un autre. La divinité est d’une forme
hiérarchique. A la tête se trouve le Créateur, le Tout-puissant. Sous le
Créateur existent les forces inférieures : humaines et non humaines qui
jouent un rôle déterminant dans la vie de l’homme ordinaire. Ce
dernier doit vivre en harmonie avec ces forces (Anne Stamm, 1995).
épouse. Alors, le goût pour une famille nombreuse favorise la
polygamie.
2.1.6.2. Le Judaïsme.
2.1.6.3. Le Christianisme
jusqu’au temps de Charlemagne, Empereur d’occident au huitième
siècle après Jésus Christ.
2.1.6.4. L’Islam.
De même l’Islam donne aux femmes la liberté de ne contracter le
mariage qu’avec leur consentement.
leurs pères à entretenir le reste de la famille. C’est une véritable
solidarité familiale.
D’autre part il est fréquent qu’on se remarie avec une veuve afin
qu’elle ne soit pas laissée seule sans moyens, surtout si elle a des
enfants. C’est un autre visage de la solidarité1.
pour les mêmes raisons économiques.
1
Fatouma Haidera, www.bamanet.net/.../1161--la-polygamie-en-afrique-moderne--incarne-t-elle -
les-mêmes-valeurs-et-objectifs-que-dans-le-passe-.html -
Une étude menée par Philippe Antoine et Jeanne Nanitelamio (1995)
sous le titre : ″Peut-on échapper à la polygamie à Dakar ?″1, affirme
que, contrairement à l’opinion commune, la pratique de la polygamie
est plus rare dans les pays magrébins et en Egypte que dans l’Afrique
noire. C’est même aboli en Tunisie. Donc on peut constater que ce
type d’union en Afrique subsaharienne dépasse largement le cas des
pays sahéliens à dominante musulmane. Cela consolide l’avis de
Kembe Milolo à ce propos.
1
fr.wikipedia.org/.../Condition_féminine_au_Sénégal -
« L’Africain moderne revient à certain point de la sagesse des
coutumes ancestrales telle que la polygamie lorsque elle lui apporte
une satisfaction supplémentaire » (Kembe Milolo, 1985 : 168).
portée sur l’acte de mariage. Ainsi dans le cas où la polygamie est
déclarée, les coépouses se côtoient en bonne harmonie la plupart du
temps. Mais en tout cas la polygamie est autorisée.
1
Dans son article ″Tädoude al zaojate been al rafde wal guiboule″ (La polygamie entre rejet et
acceptation), Fatati, journal féminin, daté le 26 juin 2008.
femme, l’égalité homme/femme et le droit de la femme, cette pratique
est mal perçue surtout par les pays de civilisation occidentale. Car
c’est seulement dans les sociétés occidentales que la polygamie n’est
pas acceptée. De nombreux Etats la considèrent comme un délit.
L’image d’un homme ayant plusieurs femmes est perçue comme un
esclavage de la femme. Donc, beaucoup de femmes militent pour la
combattre : « La polygamie est un phénomène que l’on peut combattre
si on s’en donne l’ambition et les moyens » déclare Sonia Imlol.1
1
Sonia Imloul, lavertat.free.fr/Docs/polygamie.pdf
2
http://www.helmo.be/esas/mapage/euxaussi/famille/polygame.html
phénomène reste marginal. L’augmentation de l’immigration africaine
dans les années 90 a accru la pratique de la polygamie en France.
1
(Le monde, 26,4, 2010)
2
http://www.helmo.be/esas/mapage/euxaussi/famille/polygame.html
travaille à la Radio Municipale de Dakar (Rmd), une coépouse qui
défend la polygamie rapporte : « Je préfère savoir mon mari chez son
autre épouse, plutôt qu’il me trompe ».1
1
http://www.afrik.com/article10121.html
2
( Daily Sun daté du 5 janvier 2010)
3
http://afriquedusud.blog.lemonde.fr/2010/01/05/jacob-zuma-se-marie-pour-la…cinquième fois/
4
http://www.lemonde.fr/europe/article/2010/01/19/russie-prime-a-la-naissance-et-polygamie
5
(Courier International, vendredi 19 mars 2010)
Elle trouve que la polygamie apporte à la femme un espace de liberté.
Dans une interview réalisée sur la chaine Al-Jazira, elle explique son
opinion pour justifier la création d’une association de défense de la
polygamie appelée Tyssir (facilité).
Un tel débat démontre que la polygamie est un sujet d’actualité qui est
mis à jour en permanente et au niveau universel.
2.2. La monogamie.
1
http://www.courrierinternational.com/page/qui-sommes-nous
2
http://fr.wikipedia.org/wiki/Monogamie
A notre avis dans le mariage, la monogamie remonte à l’origine de
l’humanité puisque dès le début de la création de l’Homme, le premier
couple formé par Adam et Eve est monogame. De plus tout mariage
commence de manière monogame. Une monogamie qui continue
parfois pour de longues années avant d’être interrompue par le divorce
ou par un second mariage. Cela veut dire que la monogamie n’est pas
figée.
Une étude faite sur la monogamie en 2006 réalisée par Frank Cézilly,
chercheur, écologiste et professeur à l’Université de Bourgogne, est
publiée dans l’ouvrage intitulé : Le Paradoxe de l’hippocampe, Une
1
ibid.
2
ibid.
histoire Naturelle de la monogamie. Cette étude se propose de mieux
comprendre les arguments économiques et sociaux qui ont mené la
plupart des humains à devenir monogames.
Donc selon Frank Cézilly, celui qui vit une relation monogame parce
que c’est ce qui est le plus pratique à vivre, n’est pas forcement avec la
même personne tout le temps. Les séquences des ruptures ou des
divorces règlent dans la plupart du temps les pas de la monogamie
humaine.
1
www.ledevoir.com/.../l-entrevue-la-monogamie-plus-pratique
2
ibid.
les nourrir, soigner, élever. Donc il ne faut pas oublier le poids du
facteur économique dans l’enjeu.
1
www.ledevoir.com/.../l-entrevue-la-monogamie-plus-pratique
2
Coquery-Vidrovitch, http://clio.revues.org/index373.html
- Monogamie de fait qui est imposée par la pauvreté dans les
milieux où la polygamie est autorisée.
1
Roger Bastide, http://www.innovation-democratique.org/…)
Actuellement la monogamie est considérée comme un signe de
modernité et de civilisation.
régionaux qui travaillent activement pour améliorer les conditions de
vie de la femme africaine.
femme devient une lutte commune et non une confrontation. Elle n'est
jamais dirigée contre l'homme, mais elle se fait avec l'homme". 1
etc., favorisent la monogamie. Ils tendent à faire reculer partout la
polygamie au bénéfice de la monogamie.
L’ancien facteur économique qui est celui de la richesse, fait que le
nombre de femmes est un signe de statut social élevé, pour les
africains, est un argument beaucoup plus fort que toutes les idéologies.
Cependant ce facteur qui hier est en faveur de la polygamie, n’y est
plus aujourd’hui. Car la femme qui est considérée comme source de
richesses en milieu rural, est maintenant une charge en milieu urbain :
avec la difficulté de se loger, nourrir plusieurs épouses en ville.
Dans son roman Riwan (ou le chemin de sable), Ken Bugul présente
une image ridicule d’une femme monogame, une femme africaine qui
pense que la monogamie est l’accès à la vie moderne. Ce mode de vie
qui est complètement différent de celui dont elle est habituée, reste un
rêve qu’elle veut réaliser et vivre : « La femme moderne devait être
dans un ménage monogamique, absolument, avoir deux ou trois
enfants, se promener le week-end avec son mari et ses enfants, manger
avec lui, dormir avec lui dans la même chambre, porter son nom à la
place de son propre nom, celui de ses pères, être affichée partout avec
1
Roger Bastide, http://www.innovation-democratique.org/…
lui et devant tout le monde et ceci pour le meilleur et pour le pire. Et
gare à celle qui oserait regarder son mari qui était à elle toute seule :
Deuxième partie
Chapitre 1 : Rôle et image de la femme dans les romans africains
du vingtième siècle une grande mutation est intervenue dans le
domaine de l’éducation qui est considéré comme une base solide du
développement dans tous les domaines de la vie.
Dans leurs œuvres, les écrivains africains se sont engagés dans la lutte
contre cette tare sociale. L’émancipation de la femme africaine qui est
considérée non seulement comme un devoir envers la femme africaine
mais aussi envers l’Afrique même. Toutes les productions littéraires
abordent ce sujet d’une façon ou d’une autre. Pour les écrivains, la
femme n’est pas simplement une source d’inspiration poétique,
artistique et romanesque, mais à notre avis, elle est une personne très
chère, qui leur donne l’envie d’écrire, dont ils se sentent responsables.
Noire dans laquelle la femme est l’incarnation de la terre, des racines,
et de l’Afrique même.
toujours très droite, et parce qu’elle se tenait si droite, elle paraissait
plus grande qu’elle n’était ; et elle marchait toujours très dignement :
sa démarche était naturellement digne. Il me semblait la voir marcher
dans le chemin, la robe tombant noblement, le pagne bien ajusté, les
cheveux soigneusement nattés et ramenés au niveau de la nuque »
(Camara Laye,1953 : 174).
D’un autre coté on trouve des romanciers qui proposent des images
doloristes de la femme, des images qui montrent des femmes victimes
des traditions, de l’injustice, et de la discrimination sociales. L’histoire
de ″Perpétue″ de Mongo Béti est un portrait type de la victime absolue.
Une adolescente qui souffre des douleurs persistantes pour qui la mort
est une délivrance.
Entre ces deux extrémités, les romanciers dressent de la femme
africaine un troisième portrait, celui de la femme ni forte ni victime : la
femme en lutte. La femme qui a la volonté d’améliorer son sort,
malgré toutes les difficultés et tous les obstacles qui la freinent.
Convaincu du droit de la femme de lutter pour gagner sa liberté, de
faire entendre sa voix, son expression, dans un geste révolté, un
écrivain comme Sembène Ousmane consacre un roman entier pour la
lutte de la femme. Dans son roman Les bouts de bois de Dieu, la
participation des femmes dans la grève du Chemin de Fer Dakar-Niger
est un vrai témoignage.
se révèle : la prise de parole de la femme africaine. Après une longue
période de silence elle commence à s’expliquer, à écrire sur ses
problèmes, afin de mettre la main sur l’origine du mal et des
souffrances, les identifier, les décrire pour y trouver un remède. Ceci,
pour que la femme africaine soit capable de forger un nouvel avenir,
un avenir dans lequel elle revêt une personnalité forte, puissante et
sûre d’elle-même.
Mariama Bâ, aussi le décrit : « Nos mères dont les concessions étaient
séparées par une tapade échangeaient journellement des messages »
(Mariama Bâ, 1979 : 11).
couche sociale très riche, au lendemain des indépendances, une
bourgeoisie africaine qui comprend les hommes d’affaires et des hauts
fonctionnaires, est derrière ce type de foyer.
assument et qui n’est pas rétribué en monnaies sonnantes est essentiel
dans le foyer » (Mariama Bâ, 1979 : 119).
considèrent sous une nouvelle vision, mais ce n’est qu’un
début. Mariama Bâ souligne que Ramatoulaye s’inquiète de voir
comment vit le ménage de sa fille aînée : « Daba, les travaux ménagers
ne l’accablent pas. Son mari cuit le riz aussi bien qu’elle, son mari qui
proclame, quand je lui dis qu’il ″pourrit″ sa femme : « Daba est ma
femme. Elle n’est pas mon esclave ni ma servante » (Mariama Bâ,
1979 : 74).
Dans l’éducation des enfants chaque mère a sa philosophie. A titre
d’exemple la mère de Aram Saar dans le roman Excellence, vos
épouses ! de Cheik Aliou Ndao croit que les conseils ne sont pas utiles
pour un gamin avant l’âge de sept ans, il faut les donner après l’entrée
à l’école : « Un gamin, encore non éveillé à la notion du mal se
sentirait frustré de ne pas suivre ses camarades de jeux. La correction,
les conseils commençaient avec la fréquentation de l’école» (Cheik
Aliou Ndao 1993 : 90).
Quand les enfants de Ramatoulaye lui causent des soucis, surtout les
grands, elle évoque la sagesse de sa grand-mère. Elle y trouve un
dicton approprié à chaque événement. Sa grand-mère répète
toujours : « La mère de la famille n’a pas de temps pour voyager, mais
elle a du temps pour mourir » (Mariama Bâ, 1979 : 140). Cela veut
dire que la mère ne se repose pas, n’a pas de temps pour se distraire
non plus. Au contraire ses nerfs sont toujours soumis à une épreuve
dure. Mais c’est le lot de la mère.
Le fait que les enfants sont nés des mêmes parents ne crée pas
forcément de ressemblance chez eux : « Naître des mêmes parents,
c’est comme passer la nuit dans une même chambre » (Mariama
Bâ,1979 : 140-141). Pour éduquer les enfants, il faut donc appliquer
des méthodes différentes. Il faut agir selon la situation : « Des
caractère différents requièrent des méthodes de redressement
différentes. De la rudesse ici, de la compréhension là. Les taloches qui
réussissent aux tous petits vexent les aînés » (ibid., 1979 : 141).
réincarne. La mère recevait des ancêtres de la vie qu’elle transmettait à
l’enfant. C’est elle aussi qui s’occupe de sa croissance et veille à sa
bonne tenue » (Kembe Milolo, 1985 : 97).
Les Africains rendent un culte aux ancêtres. Ils les considèrent comme
des dieux qui servent d’intermédiaire entre eux et l’Etre Suprême (M.
Kester Echenim, 1975 : 16). C’est cette évidence religieuse qui
conditionne le comportement des Africains. Ils sont dominés par le
souci de ne pas offenser les dieux et les ancêtres. Cet attachement à la
religion explique l’intervention permanente des dieux dans la vie
quotidienne. Ils veillent sur eux et ils les protègent contre les dangers.
Il faut faire des sacrifices pour expier les péchés et pour calmer les
dieux qui sont en colère. Senghor confirme cet attachement à la
religion quand il dit : « En Afrique Noire, il n’y a pas de frontière, pas
même entre la vie et la mort. Le réel n’acquiert son épaisseur, ne
devient vérité qu’en brisant les cadres rigides de la raison logique,
qu’en s’élargissant aux dimensions extensibles du surréel » cité par
(M. Kester Echenim 1975 : 19).
La fille et la mère sont unies dans toutes les circonstances de leur vie.
C’est un signe de continuité et de tradition. La fille remplace sa mère.
Elle devient à son tour mère. C’est donc de sa mère qu’elle reçoit toute
la formation morale et intellectuelle. C’est de sa mère qu’elle acquiert
les qualités ménagères.
Le courage et l’endurance sont les qualités essentielles que l’on attend
d’une jeune fille. Elle commence très tôt l’apprentissage de ses futures
tâches de mère et de paysanne comme par exemple la garde des
enfants, la préparation des repas, le nettoyage et le travail au champ.
C’est-à-dire qu’elle s’initie aux techniques proprement féminines.
Comme la mère, la sœur, la tante qui est sœur du père qu’on appelle
quelques fois la Badiène (au Sénégal), joue un rôle très important dans
la formation de la jeune fille. Dans les romans africains, la tante (la
Badiène) est un des personnages dominants. Elle jouit d’autorité et
d’influence remarquables sur sa nièce.
Dans certains cas beaucoup plus que la mère. Cela nous parait évident
dans l’exemple du grand effort produit par tante Nabou -un des
personnages de Mariama Bâ- dans l’éducation de sa petite nièce, Petite
Nabou son homonyme.
Il s’agit d’une éducation orale pleine de charme qui vise à forger chez
la petite des qualités de douceur, de générosité, de docilité et de
politesse. Elle vise également à l'embellir de savoir-faire et de savoir-
être pour la rendre plus agréable : « Tante Nabou [...] n’avait rien
laissé au hasard dans l’éducation qu’elle avait donnée à sa nièce.
C’était surtout par les contes, pendant les veilles à la belle étoile que
tante Nabou avait exercé son emprise sur l’âme de la petite Nabou. Sa
voix expressive glorifiait la violence justicière du guerrier ; sa voix
expressive plaignait l’inquiétude de l’Aimée toute de soumission. Elle
saluait le courage des téméraires; elle stigmatisait la ruse, la paresse la
calomnie ; elle réclamait sollicitude pour l’orphelin et respect pour la
vieillesse » (Mariama Bâ, 1979 : 90-91).
elle travaille pour gagner toute seule sa vie. C’est-à-dire pour ne pas
être dépendante des autres et pour jouir d’une liberté économique.
Troisièmement, elle travaille pour montrer sa volonté de participer
dans la progression et le développement de son pays.
bureau ou d’autres travaux libres ou manuels. Elle doit donc être
courageuse, patiente et active. Dans Une si longue lettre Ramatoulaye
dit : « La femme qui travaille a des charges doubles, aussi écrasantes
les unes que les autres, qu’elle essaie de concilier. Comment les
concilier ? Là réside tout un savoir-faire qui différencie les foyers »
(Mariama Bâ, 1979 : 45).
sauvages séchées. Nous avions faim, mais nous n’étions plus tristes »
(Sembène Ousmane, 1960 : 51).
1.3.2. Travail salarié
je n’aime pas l’école étrangère. Je la déteste, et mon avis est qu’il faut
y envoyer nos enfants cependant » (Cheik Hamidou Kane, 1961 : 56).
De plus, nous pensons que le choix de ces métiers par nos romanciers
a une double indication : d’une part c’est une réponse à une exigence
immédiate des habitants, d’autre part, c’est une réflexion sur la
situation ou sur la réalité des sociétés africaines au lendemain de
l'indépendance. Toute la société connaît une grande mutation. Un large
mouvement vers la modernité dans lequel l’institutrice est destinée à
prendre l’initiative pour une mission émancipatrice, comme
Ramatoulaye : « Institutrice, elle a une très haute idée de sa fonction :
pour elle, c’est un sacerdoce » (Mariama Bâ, 1979 :34).
Et plus loin, pour montrer à quel point leur mission est grave :
« Chaque métier intellectuel ou manuel mérite considération, qu’il
requiert un pénible effort physique ou de la dextérité des
connaissances entendues ou une patience de fourmi. Le nôtre comme
celui du médecin, n’admet pas l’erreur. On ne badine pas avec la vie,
et la vie c’est à la fois le corps et l’esprit. Déformer une âme est aussi
sacrilège qu’un assassinat. Les enseignants -ceux du cours maternel
autant que ceux des universités- forment une armée noble aux exploits
quotidiens, jamais chantés, jamais décorés. Armée toujours en marche,
toujours vigilante. Armée sans tambour, sans uniforme rutilant. Cette
armée-là, déjouant pièges et embûches, plante par tout le savoir de la
vertu » (Mariama Bâ, 1979 : 50-51).
bébés passaient et repassaient entre ses mains expertes. Elle revenait
de son travail harassée » (Mariama Bâ, 1979 : 91). Pourtant son
harassement ne l’empêche pas de continuer à recevoir les accouchées à
son domicile.
Chapitre 2 La femme traditionnelle et les coutumes du mariage
2.1.1. Le choix du conjoint
l’étude et son ambition formidable. Bintou dans Une si longue lettre de
Mariama Bâ, une écolière qui est en train de passer son baccalauréat,
elle aussi, est obligée de se marier avec un vieux de l’âge de son père.
2.1.2. La dot
La dot est une somme d’argent donnée par l’époux à l’épouse pendant
les jours du mariage. Elle est considérée comme premier cadeau de la
part de son mari. Cette dot est importante à plus d’un titre. Tout
d’abord, elle donne une idée des moyens dont dispose le futur époux
ou sa famille, ensuite, c’est une garantie, ou une caution car en cas de
divorce, dans certaines sociétés, c’est la seule somme d’argent qu’il
faut rembourser.
jeune fille plus il tient à elle. Au contraire, sans dot ou peu de dot, la
jeune fille se croit moins aimée. Cela justifie que jusqu'à nos jours les
prétendants n’arrêtent pas d’exagérer en versant la dot dans certaines
régions d’Afrique.
2.1.3. La virginité
Le fait que la jeune fille soit vierge la nuit de la noce est d’importance
capitale. Car, dans les sociétés traditionnelles, les relations entre les
filles et les garçons avant ou hors du mariage sont interdites. Et plus
précisément les rapports sexuels. Tel comportement est un adultère qui
offense toute la famille et qui coûte le plus souvent la vie de la jeune
fille. La fille qui n’est pas vierge la nuit de la noce apporte la honte à
sa famille.
C'est la Badiène qui fait tous les préparatifs pour cette nuit. Elle
consulte les amies de la jeune fille, les alliées et les devins pour
protéger la mariée contre des mauvais esprits et des mauvais sorts et
du diable. Il y a une croyance selon laquelle la nuit de la noce la jeune
vierge est l’appât préféré des mauvais esprits.
Une autre croyance dit que la force d’une femme est due à son respect
de sa virginité et de sa fidélité conjugale. C’est clair dans le dialogue
entre Dâmen, la mère dans l’Enfant Noir de Camara Laye avec son
cheval : « Si c’est vrai que, depuis que je suis née, jamais je n’ai connu
d’homme avant mon mariage, si c’est vrai encore que, depuis mon
mariage, jamais je n’ai connu d’autre homme que mon mari, cheval,
lève-toi » (Camara Laye, 1953 : 88-89).
2.2. Le mariage et la superstition
sarcastique. Nous prenons à titre d’exemple, le jour du mariage d’El
Hadji Abdou Kader, le polygame, qui se marie pour la troisième fois.
Ce jour-là, la mariée reste un peu de temps chez sa mère avant de
rejoindre la soirée. Un marabout vient pour lui faire ce qu’on appelle le
gri-gri. D’autre part, les amis du marié lui conseille de prendre
un « truc » qu’ils pensent très efficace la nuit de noce : « Tu as pris le
« truc » El Hadji ? Questionna Laye, je t’assure que c’est efficace »
(Sembène Ousmane, 1973 : 42).
Une femme sorcière, qui est présente le jour du mariage, donne des
explications du cas. Selon ses croyances, El Hadji Abdou Kader est
frappé de ce qu’on appelle le Xala. Quelqu’un lui jette un mauvais
sort. Il doit donc voir un spécialiste pour se guérir. Et elle ajoute : « Ce
qu’une main a planté, une autre peut l’ôter » (ibid., 1973 : 45). C’est
une illusion pour dire que c’est une pratique normale.
Le thème de la sorcellerie et celui du maraboutage figurent également
dans le roman de Mariama Bâ, Une si longue lettre. Quand Modou
l’époux de Ramatoulaye prend une autre femme, ses amies lui parlent
avec conviction d’ensorcellement. Elles lui montrent des marabouts
qui sont réputés être excellents en philtres magiques : « Elles
indiquaient, avec véhémence, des marabouts à la science sur qui
avaient fait leurs preuves, ramenant l’époux à son foyer, éloignant la
femme perverse » (Mariama Bâ, 1979 : 93).
Les pratiques de caste s’étendent même dans les sociétés musulmanes,
bien qu’elles aillent contre les préceptes de l’Islam qui prêche l’égalité
et la justice entre tous les peuples. Ces pratiques rendent le plus
souvent impossible le mariage entre deux personnes qui s’aiment et
qui veulent se marier. Le fait qu’ils sont issus de classes sociales
différentes est un grand obstacle pour la réalisation de leur projet. On
raconte toujours des histoires de garçons ou de filles qui sont refusés,
simplement parce qu’ils sont d’une classe sociale jugée inférieure à
celle de l’autre partenaire.
Elle insiste pour se venger de ce mariage qui est une insulte pour elle
et pour toute la famille. Comment, Mowdo le fils des princesses, qui
porte un sang royal, se marie avec une fille de bijoutier ! Par
conséquent, Mowdo cède à la volonté de sa mère qui est autoritaire et
qui a de l’influence sur lui. Il se remarie avec sa cousine, porteuse de
sang royal comme lui. Sa première épouse, Aissatou, choisit la rupture.
Divorcée, elle quitte même le pays avec ses quatre fils.
2.4. L’image de l’épouse traditionnelle
Alors dès son arrivée au domicile conjugal elle justifie son existence
comme femme mariée. Elle ne peut pas se comporter autrement parce
que c’est la règle, les traditions, les valeurs héritées de la mère :
« C’était cela la tradition de ma mère, de la mère de ma mère. La vie
que la femme allait désormais mener par son mari, elle en était
l’artisane, elle devait l’assumer » (Ken Bugul, 1999 : 108).
Chapitre 3 : L’image de la femme évoluée
A notre avis deux facteurs jouent un rôle principal dans cette évolution
de l’image de la femme : l’arrivée de la vie moderne qui a des impacts
sur la société africaine et l’émergence de ce qu’on appelle la littérature
féminine.
2001 : 285). Ce sont les mères qui enseignent à leurs filles la loi de
l’homme seigneur, c’est pourquoi la passivité reste un comportement
courant chez les femmes.
Dans leurs discours les romancières déclarent une révolte contre les
traditions surtout les coutumes du mariage. Elles dénoncent le mariage
forcé qui est considéré comme une tombe pour l’amour, la dot comme
une vente déguisée, qui donne à l’homme le titre de propriétaire et à la
jeune fille l’impression d’être une marchandise et le contrôle de la
virginité comme une humiliation pour la jeune fille.
femme traditionnelle. Au contraire, la révolte de la femme et la femme
victime de la société traditionnelle sont les thèmes les plus fréquents
dans les ouvrages des écrivains tels que Sembene Ousmane, Mongo
Béti Ahmadou Kourouma, etc.
Mongo Béti condense sur son héroïne Perpétue tous les problèmes qui
accablent une jeune fille africaine au seuil de la puberté. Tout d’abord
elle est privée de ses études, de son école. Ensuite elle subit le mariage
forcé à un âge précoce. Ses souffrances commencent quand sa mère
vient la chercher dans la salle de classe. Crescentia son amie intime,
raconte son histoire dramatique : « Je me rappelle encore fort bien
Perpétue se levant, demandant à sa voisine de s’effacer pour la laisser
passer, foulant l’allée à grandes enjambées, franchissant le seuil,
s’abîmant dans le grand jour, happée par cette chose cruelle qu’on
appelle le destin d’une femme. Jamais plus, je n’allais revoir Perpétue
en écolière ; elle ne rentra même pas dans la salle de classe, pour y
ramasser ses affaires que je trouvai intactes, à sa place, le lendemain »
(Mongo Béti, 1973 : 58-59).
Tous ses rêves de devenir infirmière ou médecin et de soigner les
malades sont avortés. Quand elle tente timidement de protester avec
une voix brisée pour convaincre sa mère que le certificat d’études aura
lieu dans deux mois et que sa réussite est certaine, sa mère se met en
colère. Elle la gronde en disant : « Fille sans cœur ? Toi une femme ?
Parler d’examens quand on te propose un mari, et quel mari ! »
(Mongo Béti, 1973 : 103). Mais la fille crie en vain : « Non ! Non ! Je
ne veux pas me marier, je refuse de me marier » (ibid.1973 : 110). Le
jour du mariage, Perpétue est tellement triste que sa mère lui dit : « Ne
dirait-on pas qu’on te conduit à l’abattoir pour t’égorger comme une
bête de boucherie ? (ibid.1973 : 113-114).
Sa vie conjugale ne dure que six ans, pendant lesquels elle vit dans des
conditions atroces. Elle vit un enfer et ses souffrances durent jusqu’à
sa mort.
Le portrait qui présente la femme évoluée, c’est celle qui est attirée par
le modernisme, qui cherche l’indépendance par l’éloignement du
village et de son univers fermé, celle qui vit en ville dans un habitat
moderne, qui fréquente le cinéma, qui fume et qui s’habille à
l’européenne.
Nous pouvons constater que, quelquefois l’intervention de l’occident
dans la vie des sociétés traditionnelles n’apporte pas de changement
profond puisque dans certains cas la femme se contente des cotés
superficiels de la modernité. Un personnage comme Omi N’Doye,
deuxième épouse de El Hadji Abdou Kader vit dans une villa dont les
meubles doivent nécessairement porter la griffe ″meubles de France″.
Elle adopte un style européen par mimétisme, elle fréquente le cinéma
et s’intéresse à ses vedettes. Elle compose son menu à partir des
recettes occidentales. Ce personnage est le prototype même de l’aliéné
culturel. Elle se débat dans une contradiction flagrante, elle prétend la
modernité, toutefois, elle accepte le ménage polygame.
1
neufmoisabrazza.blogspot.com/.../le-complexe-de-la-chauve-souris.html -
Cela à notre avis exprime exactement ce qu’on appelle de nos jours le
problème d’identité
femme jouit d’une certaine pudeur, cette image se répète de plusieurs
fois dans les romans africains.
Troisième partie
Analyse de la polygamie
Chapitre 1 : Les raisons de la polygamie
Jusqu’à nos jours on trouve des contes et des proverbes qui exaltent la
polygamie. Ils sont transmis très fréquemment des anciens aux plus
jeunes. Cette transmission comme toutes traditions orales se fait en
famille, d’une façon méthodique, aux veillées et aux époques
d’initiation (Kembe Milolo, 1985 : 167). A titre d’exemple : « Une
famille avec une seule femme était comme un escabeau à un pied, ou
un homme à une seule jambe ; ça ne tient qu’en appuyant sur un
étranger » (Ahmadou Kourouma, 1970 : 157).
Un homme africain tel que Goor Gnak -le personnage principal dans
Excellence, vos épouses ! de Cheik Aliou Ndao- avec une culture
uniquement tirée de la tradition, ne peut jamais mettre en doute le bien
fondé du choix de plusieurs femmes. Son expérience le prépare à ne
pas rejeter la polygamie : « Quand il se marie pour la première fois,
même lorsqu’il était monogame en ignorant ce qu’il ferait plus tard, on
peut dire que comme tout homme de sa génération il se
sentait ″disponible″» (Aliou Ndao, 1991 : 17).
Dans les romans africains, nous trouvons beaucoup de ce type
d’intellectuels et des hauts fonctionnaires africains qui se comportent
ainsi. A titre d’exemple Moudo et Mawodo dans Une si longue lettre
de Mariama Bâ et El Hadji Abdou Kader dans Xala de Sembène
Ousmane.
En Afrique de l’Ouest dans les villages et dans les zones rurales, les
communautés vivent dans une large mesure de la production agricole.
Dans cette société paysanne la femme joue un rôle majeur dans les
activités de production agricole. Elle travaille la terre, elle donne à son
mari des enfants qui cultivent dès leur plus jeune âge. Avec leurs
mères, ils participent à tous les travaux de la ferme : préparer la terre,
semer, arroser, nettoyer les champs ou la ferme et enfin récolter ou
moissonner. Ils forment une main d’œuvre gratuite et toujours à portée
de main. Leurs activités vont encore plus loin, puisque après la récolte,
les femmes participent à la vente de leur produit. Elles vendent des
légumes, des fruits et d’autres produits.
ne peuvent même lui payer des cours supplémentaires dont elle a
besoin pour poursuivre ses études. Elle pense donc à travailler.
Bien qu’ils soient célibataires et qu’ils aient le même âge que leur fille,
les amis de N’Goné sont considérés comme pas sérieux, pas dignes
seulement parce qu’ils sont pauvres ou sans travail. Pour ces raisons,
ils sont refusés.
Ainsi, issue d’une famille pauvre, N’Goné trouve dans le mariage avec
El Hadji Abdou Kader -qui a déjà deux épouses- une solution pour ses
problèmes économiques : un homme riche qui loge chacune de ses
épouses dans une villa, qui porte son nom. Il a tous les moyens de
confort possible. Il peut donc lui assurer une vie aisée et un avenir très
agréable pour ses enfants. Pour convaincre sa mère, sa tante lui dit :
« El Hadji est un polygame, mais chacune de ses épouses dispose
d’une villa, et dans le plus chic quartier de la ville. Chaque villa vaut
cinquante ou soixante fois cette baraque. Et pour nous, c’est un beau
parti ! Pour N’Goné, c’est son avenir et celui de ses futurs enfants »
(Sembène Ousmane, 1973 : 21).
tardive. Secrètement il lui achète des robes très coûteuses. Elle
explique à son amie Daba en disant : « Je tire leur prix de la poche
d’un vieux » (Mariama Bâ, 1979 : 71) sans révéler le nom. Plus tard ce
vieux lui propose une villa, une voiture, des bijoux, une rente
mensuelle et des frais d’un pèlerinage à la Mecque si elle accepte de se
marier avec lui.
Pour la jeune fille se marier avec un vieux comme lui n’est pas
évident. Bien qu’il l’ait comblée de cadeaux, bien qu’il lui ait promis
une vie dont elle n’avait jamais rêvée cette proposition ne l’intéresse
pas. Mais le problème réside dans sa mère : « Sa mère est une femme
qui veut tellement sortir de sa condition médiocre et qui regrette tant sa
beauté fanée dans la fumée des feux de bois » (ibid., 1979 : 71). Cette
femme n’est pas contente de sa condition médiocre. Elle regrette son
mauvais sort. Elle se plaint à longueur de journée des souffrances et
de la vie triste, qu’elle mène.
Le mariage de sa fille avec un homme riche tel que Modou est une
bonne chance de la sortir de la pauvreté et des douleurs de la privation.
Donc, elle supplie sa fille d’accepter ce mariage pour lui donner,
comme elle le dit : « Une fin heureuse, dans une vraie maison »
(ibid.1979 : 71). De profiter de l’aisance et de la vie agréable que
l’homme leur promet.
1.2. Raisons sociales.
première épouse, une campagnarde, illettrée, ne peut pas les accueillir
comme il faut : « Devant des hôtes venant d’autres Etats africains ou
des parlementaires français en visite à Dakar, Goor Gnak hésiterait à
se faire accompagner par sa première » (Cheik Aliou Ndao, 1993 : 50).
Ainsi, une autre épouse lettrée comme Ndikou institutrice est vraiment
très utile à un homme politique comme lui. Parce que, plus
qu’accueillir les hôtes respectueux ou dans les moments de réflexion,
quand il y a des décisions à prendre, son mari n’hésite pas à s’adresser
à elle. Il peut trouver chez elle le soutien dont il a besoin.
Une autre raison sociale derrière la polygamie réside dans le fait qu’en
Afrique la polygamie est un outil très efficace pour créer des
connaissances et de la solidarité entre des familles de clans différents.
Quand on se marie avec une épouse qui n’appartient pas à sa famille,
une étrangère d’un autre clan, cela aide beaucoup à créer des liens et
des apports sanguins entre des familles de différents clans ou de
différents groupes ethniques. Ils se connaissent, ils se regroupent et
vivent en solidarité clanique.
1
Roger Bastide, http://www.innovation-democratique.org/…
La polygamie est un facteur d’ouverture, sur les autres, elle permet à la
société enfermée de sortir de ses frontières pour contacter des alliances
avec d’autres lignées, d’autres clans, et à la limite d’autres peuples, ce
qui permet d’élargir le champ de rencontre et de cimenter une plus
large la solidarité.
En principe la coutume du lévirat vise à protéger les veuves et leurs
enfants à la fois. L’homme héritier doit assumer toute la responsabilité
des enfants du défunt et les traiter comme ses propres enfants.
Beaucoup d’exemples sont donnés dans les romans qui illustrent cette
pratique : Fama, dans Les soleils des Indépendances, d’Ahmadou
Kourouma, hérite de son cousin en se mariant avec la jeune Mariam, la
veuve de défunt Lacina. Un autre exemple, dans Les bouts de bois de
Dieu de Sembene Ousmane, Ibrahima, hérite de son frère défunt et se
marie avec sa veuve Assitan, qui devenue son épouse selon cette
antique coutume.
1.2.4. Le problème de l’honneur.
1.2.5. La tyrannie de la belle-mère.
le foyer. Pas de respect réciproque entre les deux femmes. Au contraire
elles vivent des hostilités et des querelles permanentes. Le mari qu’on
appelle à prendre position se trouve souvent en faveur de sa mère.
C’est donc naturel que la belle-mère puisse arracher à son fils une
promesse de chasser cette bru très indépendante ou de prendre une
autre épouse.
Pour achever sa besogne, elle voyage dans son village natal. Elle
emmène sa nièce, la petite Nabou son homonyme. Elle l’élève chez
elle et la voit grandir devant ses yeux selon les mœurs anciennes.
Après, elle demande à son fils de l’épouser. Elle lui dit : « Mon frère
Farba t’a donné la petite Nabou comme femme pour me remercier de
la façon digne dont je l’ai élevée. Si tu ne la gardes pas comme épouse,
je ne m’en relèverai jamais » (Mariama Bâ, 1979 : 62). Puis, elle le
menace au cas où il n’accepte pas, disant que : « La honte tue plus vite
que la maladie » (ibid., 1979 : 62).
Le fils n’a pas le courage de tenir tête à tête sa mère comme tous les
autres hommes de sa génération. Il donne poids au passé, qui reste
toujours déterminant, malgré la modernité. Le fils, lui, doit dans toutes
les occasions obéissance et respect à sa mère qui a l’autorité sur toute
la famille. Ainsi il se montre trop faible à défendre sa femme qui est
pour lui très chère et qui l’a tendrement aimée. Sans protestation il se
résigne à la volonté maternelle et accepte d’épouser pour la deuxième
fois sa cousine, la petite Nabou.
1.2.6. La stérilité.
il perd de sa valeur s’il ne donne pas lieu à un grand nombre d’enfants.
Ainsi la femme africaine justifie son existence par ses enfants : « A la
femme sans maternité il manque plus que la moitié de la féminité »
(Ahmadou Kourouma, 1970 : 52).
Voila un petit poème qui montre à quel point la stérilité est mauvaise, à
quel point elle peut être une cause de malheur pour la femme. Les
sentiments de privation d’enfants dont souffre une femme bien qu’elle
soit sujet de l’attention de son mari :
Mon mari m’a donné les robes de l’épouse préférée
Cette femme se sent malheureuse bien qu’elle soit gâtée par son mari
ce qui est toujours rare pour une stérile.
Mais à notre avis, le vrai drame, ce n’est pas seulement être stérile
mais c’est de se sentir responsable ou même pire que cela, la
culpabilité de cette situation de stérilité. Par conséquent être maltraitée
par le mari et par l’entourage.
Donc la stérilité est une des raisons très fortes très justifiées de la
polygamie puisque pour l’homme africain la question de la
descendance est indiscutable. C’est indispensable pour lui d’avoir
beaucoup d’enfants. Cela est dû aux aspects culturels et ethniques.
C’est dû également aux croyances religieuses ; le risque que la lignée
soit coupée faute de descendance. Si on meurt sans laisser d’enfant
c’est un malheur : « Mourir sans laisser personne derrière soit,
personne pour porter ton nom, ta lignée s’arrête avec toi » (Sembène
Ousmane, 1960 : 212). On met l’accent sur la continuation de la lignée
d’où vient le goût pour la famille nombreuse.
1.3. D’autres raisons.
Evidemment la période de abstinence semble parfois longue et
insupportable pour un homme. C’est pourquoi l’homme africain a
recours à la polygamie. Il y trouve une solution à son problème. S’il a
plusieurs femmes, il n’a pas besoin de se sacrifier ou de se comporter
immoralement : avoir des relations illégitimes ou recourir aux
prostituées. Donc il ne peut pas souffrir de cet interdit.
Parfois il arrive que l’épouse soit atteinte d’une maladie incurable qui
ne lui permet pas d’assumer ses devoirs conjugaux. Dans ce cas, au
lieu de la répudier ou d’avoir des maîtresses, la polygamie se pose
encore comme un choix et peut être une solution. Donc celui qui se
trouve dans une telle situation peut prendre une nouvelle épouse en
sauvegardant l’ancienne épouse.
être considéré comme une raison favorable à la polygamie. Nous
pensons que ce phénomène est dû à plusieurs facteurs : le fait que
l’homme est plus exposé au danger que la femme à cause de la guerre,
des travaux durs comme travailler aux mines, aux chantiers, aux
usines, etc. Durant les guerres, plus d’hommes que de femmes sont
tués. Aussi plus d’hommes que de femmes meurent à cause des
maladies ou des accidents. Par conséquent la mortalité chez les
hommes est beaucoup plus forte que chez les femmes. Le nombre de
ces dernières est donc bien supérieur. Les statistiques montrent que les
femmes sont majoritaires dans le monde (Seyed Mojtaba Moussavi,
1993 : 235).
L'espérance de vie des femmes est supérieure à celle des hommes donc
il est remarquable qu’on trouve toujours partout dans le monde, plus
de veuves que de veufs. Cependant il y a à peu près autant de
naissances de garçons que de filles.
hommes pour 1000 femmes).1 La supériorité du nombre de femmes sur
celui des hommes est donc une vérité confirmée par plus d’un
argument, et que personne ne peut nier. Certainement dans telle
situation, le nombre d’hommes disposés au mariage est réduit par
rapport à celui de femmes. Ainsi il faut trouver une solution pour
sauver l’institution du mariage.
1
Catherine Coquery-Vidrovitch, http://clio.revues.org/index373.html. Consulté le 15 juin
2010.
1.3.4. La réponse aux besoins naturels.
Dans son roman Une si longue lettre Mariama Bâ, signale à plusieurs
reprises ce facteur en parlant du sujet de la polygamie : « On ne résiste
pas aux lois impérieuses qui exigent de l’homme nourriture et
vêtement. Ces mêmes lois qui poussent le ″mâle″ ailleurs, je dis bien
″mâle″ pour marquer la bestialité des instincts » (Mariama Bâ, 1979 :
68).
1
(Un religieux et savant musulman sunnite, qatari d’origine égyptienne. Il est président de
l’Union Internationale des Savants Musulmans (Oulémas) ainsi que de Conseil Européen pour
la recherche et de la Fatwa)
2
www.priceminister.com/.../La-Place-De-La-Femme-En-Islam-Livre.html
bestialité » (Mariama Bâ, 1979 : 65). Donc entre la notion de
l’animalité et la spiritualité est dans une vision réaliste des choses on
peut adopter un comportement modéré. C’est-à-dire ne pas se laisser
aller avec les désirs tout comme ne pas les étouffer complètement.
possibilité : le mariage, et il faut aller directement chez ses parents et
demander sa main et se marier conformément à la religion.
Alors l’homme peut réclamer son droit de prendre une autre épouse en
profitant de la licence accordée et en ayant recours à la polygamie :
« Je suis musulman ; j’ai droit à quatre femmes. Je n’ai jamais menti à
aucune sur ce point » dit El Hadj Abdou Kader pour justifier son
action (Sembène Ousmane, 1973 : 53).
Ken Bugul se réfère à ce sujet mais dans une autre optique et avec un
ton moins accusateur : « Les meilleurs maris avaient besoin parfois
d’une autre présence, pour éprouver d’autres sentiments, pour se
comporter différemment, pour baigner dans une autre ambiance si leur
femme n’exploitait pas toutes leurs potentialités » (Ken Bugul, 1999 :
195).
1.3.6. La volonté de refaire sa vie.
Evidemment après un quart de siècle de vie conjugale, des grossesses,
des accouchements, des allaitements, des peines et des maternités
répétées, la jeunesse déserte le corps d’une compagne qui manque de
la minceur, de l’élégance. Ses charmes et sa beauté sont
évanouis : « L’allaitement avait ôté à mes seins leur rondeur et leur
fermeté » ( Mariama Bâ, 1979 : 74).
Chapitre 2 : Les manifestations de la polygamie
2.1. La soumission.
première d’une femme est la docilité » (Mariama Bâ, 1979 : 61). Ainsi
selon les traditions, l’épouse idéale se distingue par sa docilité, son
obéissance et sa soumission. Une attitude qui se conforme aux normes
sociales observées par tout le monde.
Dès le bas âge, toutes les formations que la jeune fille reçoit visent à
enraciner chez elle ces principes. Dans cette formation participent non
seulement la mère ou les parents proches mais également les parents
éloignés : les tantes, les oncles, etc. Ils répètent les mêmes conseils, les
mêmes recommandations le jour du mariage et la nuit des noces.
Quand la mariée rejoint le domicile conjugal, elle écoute ces conseils :
« Obéis à ton mari, ne cherche rien d’autre que son bonheur, car de lui
dépend ton destin et surtout celui de tes enfants. Si tu exécutes ses
volontés, tu seras comblée ici-bas et dans l’au-delà et tu auras des
enfants dignes et méritants » (Aminata Sow Fall, 1979 : 38).
Dans leurs vœux, leurs souhaits d’une vie conjugale heureuse à leur
fille, les parents lui font une recette des devoirs : elle doit être patiente,
douce, aimable, compréhensive. Plus que tout cela elle doit être
soumise : « Tu dois fonctionner suivant le Ndigeul, l’Ordre et te
soumettre entièrement, totalement » (Ken Bugul, 1999 : 94).
constate Lilyan Kesteloot : « Il était le maître et le seigneur. Il se
déshabillait où il voulait, s’installait où il voulait, mangeait où il
voulait, salissait ce qu’il voulait. Les dégâts étaient aussitôt réparés
sans murmure. Dans ce foyer, on prévenait ses moindres désirs »
(Lilyan Kesteloot, 2001 : 129).
A ce propos Catherine Coquery-Vidrovitch indique : « Les femmes
avaient d’elles-mêmes une image négative, celles-ci cumulaient le
refus de leur reconnaissance comme individu, une existence tout
entière consacrée à l’économie domestique et le dressage dès leurs
premières années à l’humanité qui leur faisait accepter comme normale
une idéologie exclusivement fondée sur le travail » cité par (Joseph
Ndinda, 2002 : 31).
discours de silence et de soumission″. Ce discours dévoile l’idée que
la femme soumise appartient corps et âme à son mari. A titre
d’exemple, une femme qui adresse la parole à son fils, lui dit : « Que
veux-tu, fils ? Sur cette terre, chacun a son propriétaire, le mien c’est
ton père » Thierno Monenembo cité par (Joseph Ndinda, 2002 : 24).
Si nous voulons citer les raisons pour lesquelles la femme est soumise,
il nous parait évident de dire que, la formation que la femme reçoit, est
la première raison par excellence. Ainsi nous pouvons dire que ce
choix est motivé par plusieurs facteurs : la formation de la femme, son
âge et le milieu dans lequel elle grandit.
A partir des ouvrages littéraires étudiés qui abordent la situation de la
femme dans la période avant et après les indépendances, presque
toutes les femmes sont soumises. Les romans abondent en exemples de
ces femmes soumises à la polygamie.
Quand elle proteste, son père lui adresse fermement la parole en
approuvant le geste de son gendre parce qu’il est un homme comme
lui. Il lui dit : « Lolli, une femme ne doit pas rouspéter. Sache bien que
ton mari est libre. Il n’est pas une chose qui t’appartient. Tu lui dois
respect, obéissance et soumission. Le seul lot de la femme est la
patience ; mets-toi cela dans la tête si tu veux être une femme digne »
(Sow Fall, 1979 : 55). Ainsi elle digère difficilement son mal et se
soumet à la polygamie pour éviter la colère, la malédiction de ses
parents.
L’âge aussi est un des facteurs qui joue un rôle majeur dans la question
de la soumission à la polygamie. Une femme qui dépasse la
cinquantaine hésite beaucoup à prendre une décision de divorce.
Comme le répètent presque toutes les femmes soumises, c’est difficile
de trouver un homme libre, un homme qui est encore célibataire à cet
âge. De plus avec les enfants, le problème devient plus compliqué.
2.1.3.1. Ramatoulaye.
l’homme. C'est-à-dire à l’autorité de l’homme qui est pour elle le père,
le frère ou le mari, surtout le mari. Toutefois, cela ne veut pas
forcement dire que toutes femmes modernes se révoltent contre la
polygamie. Le cas de Ramatoulaye est un bon exemple.
qu’on fait et qu’on commence le premier, le troisième, le huitième et
qui durent jusqu’au quarantième jour du deuil. Des pratiques telles que
l’accueil d’une foule qui vient pour adresser leurs condoléances, les
énormes repas qu’on donne à tous les gens qui participent aux
cérémonies. Les préparatifs des veuves qui doivent rester quatre mois
et dix jours chez leurs maris selon la loi islamique. Ces préparatifs
incluent certaines pratiques des superstitions populaires. Ainsi
Ramatoulaye raconte : « Nous sommes installées, ma coépouse et moi,
sous une tente occasionnelle faite d’un pagne tendu au-dessus de nos
têtes. Pendant que nos belles-sœurs œuvrent, les femmes présentes,
prévenues de l’opération, se lèvent et jettent sur la toiture mouvante
des piécettes pour conjurer le mauvais sort » (Marima Bâ, 1979 : 16).
Toutes ces pratiques sont dictées par les croyances et les rites religieux
ou païens.
De toutes façons, nous pouvons dire que Ramatoulaye est une femme
croyante qui jouit d’une foi ardente. La dose journalière des rites
religieux : des prières et de la lecture du Coran est révélatrice de sa
croyance.
D’un autre coté, nous trouvons que notre héroïne fréquente l’Ecole des
blancs. Elle y rencontre des filles d’autres pays de l’Afrique
occidentale. Elle est très reconnaissante à la femme blanche, la
directrice de cette Ecole, puisqu’elle joue un rôle remarquable dans sa
vie : « Nous sortir de l’enlisement des traditions, superstitions et
mœurs ; nous faire apprécier de multiple civilisations sans reniement
de la nôtre ; élever notre vision du monde, cultiver notre personnalité,
renforcer nos qualités, mâter nos défauts, faire fructifier en nous les
valeurs de la morale universelle ; voilà la tâche que s’était assignée
l’admirable directrice » ( Marima Bâ, 1979 : 38).
Donc nous constatons que ces deux types de formations laissent des
traits remarquables sur le caractère de notre héroïne qui réunit
l’originalité et la modernité. Elle est une femme intelligente, pratique,
dynamique et prudente. Dans toutes les étapes de sa vie elle montre
une ouverture d’esprit. Elle mène une vie joyeuse et ravissante.
Peut-être si elle savait auparavant que son mari a l’intention de se
marier, sa réaction ne serait pas la même. Mais à notre avis quant elle
apprend la nouvelle, elle réagit d’une manière exemplaire. Devant ce
groupe d’hommes, elle sait bien maîtriser ses sentiments. Elle
accueille chaleureusement les trois hommes. Elle leur sert la main
quand ils prennent congé, les accompagne jusqu’à la porte, les
remercie pour la façon humaine dont ils ont accompli leur mission.
Elle remercie Modou : « Bon père et bon époux » (Marima Bâ,
1979 :75). Evidemment elle s’efforce d’être normale devant eux et de
ne pas montrer son désarroi. Elle ne veut pas leur donner la satisfaction
de la voir en mauvais état.
tourner une page où tout n’était pas luisant, sans doute, mais net »
(Marima Bâ, 1979 : 60-61).
pas toujours belle ou heureuse. Il faut apprendre à supporter les coups
du sort : « Je comptais les femmes connues, abandonnées ou divorcées,
de ma génération » (Mariama Bâ, 1979 : 81).
Ramatoulaye est une femme sensible. Elle raconte, d’une façon très
émouvante, son drame et celui de son amie. Elle est une incarnation de
la femme de l’indépendance. La femme qui, loin de la politique,
assume son rôle dans la vie sociale. Elle lutte contre les coutumes, les
traditions dont la femme africaine souffre depuis longtemps. Il lui
arrive de se débarrasser de quelques-unes. Mais à sa déception, elle se
heurte à une des plus grandes : celle de la polygamie.
Adja Awa Astou est la première épouse d’El Hadji Abdou Kader
Baye, dans le roman de Xala de Sembène Ousmane. Elle est une
femme traditionnelle, femme parfaite comme le disent les amis de son
mari. Pourquoi ? Toute simplement parce qu’elle est une femme
soumise par la nature à son mari. Bien qu’elle soit issue d’une famille
chrétienne, d’un milieu qu’on juge défavorable pour la polygamie, elle
accepte de vivre dans un ménage polygame. Après le deuxième
mariage de son mari, elle obéit à la loi de la polygamie sans dire un
seul mot et c’est le cas après son troisième mariage.
Son père Papa Jean qui est très connu dans la ville par son assiduité
aux messes n’est pas d’accord avec ce mariage. Il sait beaucoup sur ce
musulman, sur ses activités syndicales. Il ne le voit pas comme gendre
associé éventuellement à sa famille. Quant il apprit que sa fille aime ce
monsieur, il devient très inquiet. Mais sa fille qui n’a pas à l’esprit
l’opposition entre les religions insiste pour se marier avec lui.
lui donne le titre d’ « Adja » et celui d’ « El Hadji » à son mari. Un
signe de respect pour les personnes religieuses et croyantes qui font le
pèlerinage.
Comme toutes ses coépouses , Adja Awa habite dans une grande villa
de luxe, avec un salon surchargé de meubles, une automobile avec un
chauffeur-domestique pour amener les enfants dans les différents
établissements scolaires. Tout cela reflète l’aisance et la vie
confortable qu’elle mène chez son mari.
Cette femme est très sincère, très fidèle à son mari, malgré ses
attitudes polygames. Elle a six enfants et sa coépouse Oumi N’Doye
en a cinq. Sa fille aînée s’appelle Rama. Elle est étudiante à
l’université.
Quand son mari décide de prendre une troisième femme, il les informe,
donc les deux coépouses doivent participer au mariage. Malgré la
contestation de Rama, elle fait acte de présence faute d’être jugée
comme jalouse.