La TQM est une théorie économique fondée sur une relation de causalité entre la quantité de
monnaie en circulation et le niveau général des prix. Elle trouve l’un de ses plus anciens
fondements dans l’œuvre de Jean Bodin (1529-1596). Ce Mercantiliste français (du 16 è
siècle), à qui l'on a attribué la paternité de la théorie quantitative de la monnaie, expliqua la
hausse du niveau général des prix en Europe par le gonflement de la masse monétaire causé
par l’afflux d’or en provenance du nouveau monde (l’Amérique). Cette thèse a été reprise par
les classiques, notamment D. Ricardo et J.S. Mill dans leur approche économique
communément désignée dans la littérature économique par «l’approche dichotomique ».
Si la TQM, telle qu’elle est énoncée par son fondateur J. Bodin et reprise par les classiques
demeure un simple constat, les travaux des adeptes néoclassiques vont aboutir à une
formulation mathématique de cette théorie.
Formule mathématique
Selon les Néoclassiques, la fonction de demande de monnaie (M d) est une fonction croissante
du niveau d’activité de l’économie, mesuré par le niveau général des prix(P) et le volume de
transaction (T). Cette fonction (Md) est par contre décroissante de la vitesse de circulation de
la monnaie (V) qui traduit le nombre de fois qu’une unité monétaire change de mains au cours
des transactions effectuées par les agents économiques. La demande de monnaie est alors
formulée par ces auteurs comme suit : Md= P.T/V
Or, l’équilibre sur le marché monétaire est assuré lorsque l’offre de monnaie (M o) est égale à
la demande de monnaie (Md). Donc Mo =Md = P.T/V
Equation de Fisher
L’offre de monnaie est, selon les libéraux classiques et néoclassiques, la quantité de monnaie
désignée par la masse monétaire (M) que les autorités monétaires mettent en circulation dans
l’économie. Cette quantité est exogène, elle ne dépend que du simple gré de ces autorités.
Cette équation a été mise en évidence par Irving Fisher (1867-1947) dans son ouvrage intitulé
« le pouvoir d’achat de la monnaie publié en 1911.
Explication littéraire
la TQM signifie que toute augmentation de la quantité de monnaie (M) mise en circulation
dans l’économie entraine une augmentation proportionnelle du niveau général des prix (P) car
la vitesse de circulation de la monnaie (V) est considérée comme étant constante à court terme
et le volume de transaction (T) est à son maximum en raison du plein emploi des facteurs de
production.
Ses implications
La variation de la masse monétaire se répercute entièrement sur le niveau des prix, donc le
taux de croissance du niveau des prix est égal à celui de la masse monétaire. L’inflation est
ainsi un phénomène purement et strictement monétaire. Ce constat reste cependant tributaire à
deux hypothèses présentées par les néoclassiques : d’une part, la masse monétaire est une
variable exogène et la constance à court terme de la vitesse de circulation de la monnaie et du
volume des transactions.
Pour comprendre son principe, supposons que tous les prix augmentent et que la quantité de
monnaie M ne varie pas. Alors les agents observent une perte de pouvoir d'achat de leur
encaisse réelle. Ils rétablissent alors la valeur de leur encaisse réelle (M/P) en réduisant leur
consommation et tous les prix diminueront. L’encaisse réelle revient à son niveau antérieur et
les agents ont substitué la monnaie aux biens. Dans le cas inverse, les agents substituent des
biens à la monnaie. Une variation de prix sans création de masse monétaire n'est donc pas
possible.
Critiques de la TQM
Cette théorie est l’une des premières explications de l’inflation et c’est pour cela qu’elle a
acquis une portée non négligeable. Cependant, d’autres théories d’inflation ont vue le jour.
Samuelson par exemple distingue deux types d’inflations : l’inflation par la demande et
l’inflation par les couts (lorsque le salaire augmente plus que la productivité par exemple).
Cependant, la principale critique de cette théorie parvient de chez Keynes. L’auteur avance
que les agents économiques demandent la monnaie non pas seulement pour effectuer les
transactions comme stipulent les classiques et les néoclassiques mais également pour d’autres
motifs, notamment pour des motifs de précaution et de spéculation. Ce troisième motif
concerne la façon dont les agents répartissent leurs richesses entre les actifs monétaires et
financiers. Leur demande d’actifs financiers dépend principalement des rendements anticipés :
La part de ces actifs dans les portefeuilles augmente si les rendements attendus sont élevés et
diminue dans le cas contraire. Les agents sont donc attentifs aux rendements anticipés des
titres et effectuent un arbitrage permanent entre les placements monétaires et financiers.
Keynes qualifie ce processus d’arbitrage de comportement spéculatif, et le distingue comme
un motif de demande de monnaie à part entière. Il s’appuie sur la relation inverse entre le
rendement des actifs financiers et le taux d’intérêt considéré comme le loyer de la monnaie
qui oriente les anticipations des agents et détermine par conséquent la composante spéculative
de la demande de monnaie.
Enfin, le niveau du taux d’intérêt est déterminé sur le marché monétaire par la confrontation
entre l’offre et la demande de monnaie. Il s’agit donc d’une variable monétaire qui affecte le
secteur réel. D’où la possibilité pour Keynes de relancer l’économie réelle en agissant sur le
taux d’intérêt (variable monétaire) à travers une action sur l’offre de monnaie. On rappelle
que l’offre de monnaie est considérée par Keynes comme une variable exogène.