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Cours d’algèbre 1

Filière MIP-MIPC
premier semestre

........................................
Chapitre : Logique et raisonnement
(Logique (partie 1))

Karim KREIT

FST-UCA
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ISBN xxx–xx–xxxx–xx–x
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Table des matières

1 Logique et raisonnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.1 Logique ................................................................................................... 4
1.1.1 Assertions et proposition .................................................................. 4
1.1.2 Connecteurs logiques ....................................................................... 5
1.1.3 Quantificateurs ................................................................................ 9
1.2 Modes de raisonnement ......................................................................... 11
1.2.1 Raisonnement direct (déduction) ..................................................... 11
1.2.2 Cas par cas (disjonction) ................................................................ 12
1.2.3 Contraposée .................................................................................. 12
1.2.4 Absurde ........................................................................................ 13
1.2.5 Contre-exemple ............................................................................. 13
1.2.6 Récurrence .................................................................................... 13

3
1. Logique et raisonnement

1.1 Logique ................................................................... 4


1.2 Modes de raisonnement ........................................... 11

1.1 Logique

Ce chapitre collecte un langage et outils de logique pour les mathématiques

1.1.1 Assertions et proposition


Definition 1.1 (Proposition).

On appelle proposition (ou assertion) tout énoncé P pour lequel on peut attribuer,
sans ambiguïté, la valeur "vrai" ou la valeur "faux", pas les deux en même temps.

Exemple 1.1

• P: " Le carré d’un nombre réel est positive. " est une proposition "Vraie".

• Q: " 27 est un nombre premier " est une proposition "Fausse".

• Notons P (n) la proposition " n ∈ N et n est un multiple de 5. "

• P (0) et P (5) sont vraies. P (1) et P (12) sont fausses.


On dit que la proposition P (n) dépend de n.

Selon le cas, un énoncé mathématique pourra porter des noms différents.


• Axiome : c’est un Proposition considérée comme évidente, admise sans démonstration.
• Théorème : c’est un résultat important, dont on démontre ou on admet qu’il est vrai, et
qui doit être connu par cœur.
• Lemme : c’est un résultat démontré, qui constitue une étape dans la démonstration
d’un théorème.
• Corolaire : c’est une conséquence facile d’un théorème ou d’une proposition.

Definition 1.2 (Forme propositionnelle).

Étant donné un ensemble E. Toute proposition P dépendant d’une ou plusieurs


variables x de E on l’appelle forme propositionnelle à x. Elle est vraie ou fausse
selon la valeur de x.

4
Chapitre 1. Logique et raisonnement

Exemple 1.2 Soit la forme propositionnelle R, P (x) : " x2 > 1 " .

• La proposition P (3) = 9 > 1 est vraie.

• La proposition P (0.5) = 0.25 > 1 est fausse.

Notation: Une table de vérité décrit la vérité d’une assertions A, selon qu’elles sont vraies
(V ) ou fausses (F). Pour simplification on note parfois

• Vrai (Vraie) par: V ou 1.

• Faux (Fausse) par: F ou 0.

1.1.2 Connecteurs logiques


Négation " non "
La négation d’une proposition P , qu’on note " non P " ou kP ou parfois P est une nouvelle
proposition tel que:

• P est vraie si P est fausse.

• P est fausse si P est vraie.

Sa table de vérité illustré ci-dessous

P V F
kP F V

Figure 1.1 – Table de vérité de " kP "

Exemple 1.3 Dans R, " k(x 6 y) " est " (x > y) ".

Si P et Q sont deux propositions, nous allons définir de nouvelles propositions construites


à partir de P et de Q.

Conjonction logique " et "


La proposition " P et Q " qu’on note " P ∧ Q " est vraie si les deux propositions P , Q sont
vraies. La proposition " P et Q " est fausse sinon.
On résume ceci en une table de vérité :

P Q P ∧Q
V V V
V F F
F F F
F F F

Table 1.1 – Table de vérité de " P et Q "

Algèbre 1 5 K. Kreit
1.1. Logique

Exemple 1.4 Soient les deux proposition suivantes P : " Le nombre n est premier "
et Q: " Le nombre n est paire " alors la proposition " P et Q " est vraie si ce nombre est
"paire et premier" (n = 2) et est fausse sinon.

Disjonction logique " ou "


La proposition " P ou Q " qu’on note " P ∨ Q " est vraie si l’une (au moins) des deux
propositions P , Q est vraie. La proposition " P ou Q " est fausse si les deux propositions P et
Q sont fausses.
On reprend ceci dans la table de vérité :

P Q P ∨Q
V V V
V F V
F V V
F F F

Table 1.2 – Table de vérité de " P ou Q "

Exemple 1.5

• Soient P : " Cette carte est un as " et Q: " Cette carte est un cœur " alors l’assertion "
P ou Q " est vraie si la carte est un as ou bien un cœur.

• La proposition P : " 9>8 et 8 − 9 = 1 " est vraie

Implication logique " =⇒ "

Definition 1.3.

Soient P et Q deux propositions.


La proposition " (kP ) ou Q " se note par

" P =⇒ Q ".

Se lit " P implique Q ".


Elle se lit souvent aussi " si P est vraie alors Q est vraie " ou " si P alors Q ".

Sa table de vérité est donc la suivante:


P Q P =⇒ Q
V V V
V F F
F V V
F F V

Table 1.3 – Table de vérité de " P =⇒ Q "

Algèbre 1 6 K. Kreit
Chapitre 1. Logique et raisonnement

Remarque 1.1.

La proposition "P =⇒ Q" est fausse seulement dans le cas ou P est vraie et Q est
fausse.

Exemple 1.6 • " x = 1 =⇒ x2 = 1 " est vraie.


π
• " sin(θ) = 0 =⇒ θ = " est fausse.
2

• " 1 + 6 = 5 =⇒ 2 = 2 " est vraie ! Eh oui, si P est fausse alors la proposition "
P =⇒ Q " est toujours vraie.

Definition 1.4 (Réciproque-contraposée).

Soient P et Q deux propositions:

• La réciproque de ”P =⇒ Q” est la proposition ”Q =⇒ P ”.

• La contraposée de ”P =⇒ Q” est la proposition ”kQ =⇒ kP ”.

Équivalence (bi-implication) " ⇐⇒ "

Definition 1.5.

Équivalence Soient P et Q deux propositions.


L’équivalence entre ces deux propositions est définie par la conjonction de la
double implication:

" (P =⇒ Q) et (Q =⇒ P ) ".

et se note par

" P ⇐⇒ Q "

On dira " P est équivalent à Q " ou " P équivaut à Q " ou " P si et seulement si Q ".
Cette proposition est vraie lorsque les deux propositions P et Q ont la même valeur
de vérité.

Algèbre 1 7 K. Kreit
1.1. Logique

P Q P =⇒ Q Q =⇒ P Q ⇐⇒ P
V V V V V
V F F V F
F V V F F
F F V V V

Table 1.4 – Table de vérité de " P ⇐⇒ Q "

Exemple 1.7

• Pour x, x0 ∈ R, l’équivalence " x · x0 = 0 ⇐⇒ (x = 0 ou x0 = 0) " est vraie.

• Voici une équivalence toujours fausse (quelle que soit l’assertion P ) : " P ⇐⇒ kP
".

Definition 1.6.

Une tautologie, est une assertion vraie quelles que soient les valeurs de vérité des
éléments qui la composent.

Proposition 1.1.

Soient P , Q, R trois assertions. Les propositions suivantes sont des tautologies:

a) P ⇐⇒ k(k(P ))

b) (P ∧ Q) ⇐⇒ (Q ∧ P ) b’) (P ∨ Q) ⇐⇒ (Q ∨ P )
c)  ∧ Q) ⇐⇒
k(P  (kP ) ∨ (kQ)  ∨ Q) ⇐⇒
c’) k(P  (kP ) ∧ (kQ)
d) P ∧ (Q ∨ R) ⇐⇒ (P ∧ Q) ∨ (P ∧ R) d’) P ∨ (Q ∧ R) ⇐⇒ (P ∨ Q) ∧ (P ∨ R)

e) " P =⇒ Q " ⇐⇒ " k(Q) =⇒ k(P ) "




 P ⇐⇒ Q
f)  et =⇒ P ⇐⇒ R


 Q ⇐⇒ R

Démonstration. Il suffit de comparer les deux tables de vérité pour chaque cas.

Algèbre 1 8 K. Kreit
Chapitre 1. Logique et raisonnement

1.1.3 Quantificateurs

Le quantificateur universel ∀ : " Pour tout "

Definition 1.7.

L’assertion
∀x ∈ E : P (x)
est une proposition vraie lorsque les assertions P (x) sont vraies pour tous les élé-
ments x de l’ensemble E.
On lit:

• " Pour tout x appartenant à E, P (x) est vraie ".

• " Quel que soit x de E, P (x) est vérifiée ".

• " Tous les x de E vérifient P (x) ".

Exemple 1.8 • " ∀x ∈ R (x2 > 1) " est une proposition fausse.

• " ∀n ∈ N n(n + 1) est divisible par 2 " est vraie.

Le quantificateur existentiel ∃ : " il existe "

Definition 1.8.

La proposition
∃x ∈ E : P (x)
est une proposition vraie lorsque l’on peut trouver au moins un x de E pour lequel
P (x) est vraie.
On lit: " il existe au moins x appartenant à E tel que P (x) (soit vraie) ".

Exemple 1.9 • " ∃x ∈ R (x(x − 1) = 6) " est vraie ( x = 3).

• " ∃n ∈ N n2 −n > 3n " est vraie (il y a plein de choix, par exemple n = 5 convient,
un seul suffit pour dire que la proposition est vraie).

• " ∃x ∈ R (x2 = −1) " est fausse (aucun réel au carré ne donnera un nombre
négatif).

Algèbre 1 9 K. Kreit
1.1. Logique

Le quantificateur d’existence unique " ∃! "

Definition 1.9.

L’assertion
∃!x ∈ E : P (x)
est une proposition vraie lorsqu’il existe un seul élément x de E qui vérifié P (x)
(unicité de x). On lit: " il existe un unique x appartenant à E tel que P (x) (soit vraie).
"


Exemple 1.10 • " ∃!n ∈ N ( n = 6) " est vraie ( n = 36).

Remarque 1.2.

Pour montrer la proposition " ∃!x : P (x) ", on procède comme suit:

• Existence: on montre d’abord l’assertion " ∃x : P (x) ".

• Unicité: on suppose que P (x) et P (y) sont vraies puis on montre que x = y.


Exercice 1.1 Montrez que " ∃!n ∈ N : n 6 10 6 n + 1 "

Assertions dépendantes de plusieurs objets


Exemples et notations 1 1) Soient x et y deux entiers naturels. et P (x, y) l’assertion " x
multiple de y ". La vérité de P (x, y) dépend des valeurs de x et de y.
P (8, 2) et P (35, 5) sont vraies. P (7, 3) est fausse.
2) L’assertion Q(x, y, z): " x 6 y + z " dépend des nombres x, y et z.
3) L’assertion M(x, y): " x2 + y 2 = 1 " dépend des nombres x et y.
4) L’assertion de la forme " ∀x, ∃y : P (x, y) " signifiée: Pour chaque x, il existe un y qui
dépend de x tel que P (x, y) soit vraie.
• Vérifier que l’assertion " ∀x ∈ R, ∃y ∈ R : x2 − y 2 = x2 y 2 . " est vraie.
• L’assertion " ∀x ∈ R, ∃n ∈ N : x 6 n. " est vraie et signifie que R est archimédien.
Remarque 1.3.

L’ordre des quantificateurs est très important. Par exemple les deux phrases lo-
giques
-" ∀x ∈ R ∃y ∈ R (x + y > 0). " est vraie (par exemple on peut prendre y = |x| + 1).
-" ∃y ∈ R ∀x ∈ R (x + y > 0). " est fausse. cela ne peut pas être le même y qui
convient pour tous les x !

Algèbre 1 10 K. Kreit
Chapitre 1. Logique et raisonnement

La négation des quantificateurs

P P
" ∀x ∈ E : P (x) " " ∃x ∈ E : kP (x) "
" ∀x ∈ E, ∀y ∈ G : P (x, y) " " ∃x ∈ E, ∃y ∈ G kP (x, y) "
" ∀x ∈ E, ∃y ∈ G : P (x, y) " " ∃x ∈ E, ∀y ∈ G kP (x, y) "
" ∃x ∈ E, ∀y ∈ G : P (x, y) " " ∀x ∈ E, ∃y ∈ G kP (x, y) "
" ∃x ∈ E, ∃y ∈ G : P (x, y) " " ∀x ∈ E, ∀y ∈ G kP (x, y) "

Figure 1.2 – Table de négation des quantificateurs.

Exemples 1.1 • La négation de " ∃z ∈ C (z2 + z + 1 = 0) " est " ∀z ∈ C (z2 + z + 1 , 0)


".

• La négation de " ∀x ∈ R (x + 1 ∈ Z) " est " ∃x ∈ R (x + 1 < Z) ".

• La négation de " ∀x ∈ R ∃y > 0 (x + y > 10) " est " ∃x ∈ R, ∀y > 0, (x + y 6 10) ".

Remarques

• Pour la négation d’une phrase logique, il n’est pas nécessaire de savoir si la phrase est
fausse ou vraie. Le procédé est algorithmique : on change le " ∀ " en " ∃ " et inversement,
puis on prend la négation de l’assertion P .

• Pour la négation d’une proposition, il faut être précis : la négation de l’inégalité stricte
" < " est l’inégalité large " > ", et inversement.

• Il est défendu d’écrire 6 ∃, 6=⇒ . Ces symboles n’existent pas !

Exercice 1.2 1) Démontrer les assertions de la proposition 1.1.


 
2) Écrire la négation de " P et (Q ou R) ".

3) Écrire à l’aide des quantificateurs la phrase suivante : " Pour tout nombre réel, son
carré est positif ". Puis écrire la négation.

4) Mêmes questions avec les phrases : " Pour chaque réel, je peux trouver un entier
relatif tel que leur produit soit strictement plus grand que 1 ". Puis " Pour tout entier
n, il existe un unique réel x tel que exp(x) égale n ".

1.2 Modes de raisonnement


Voici des méthodes classiques de raisonnements.

1.2.1 Raisonnement direct (déduction)


On veut montrer que l’assertion " P =⇒ Q " est vraie. On suppose que P est vraie et on
montre qu’alors Q est vraie. C’est la méthode à laquelle vous êtes le plus habitué.

Algèbre 1 11 K. Kreit
1.2. Modes de raisonnement

Exemple 1.11 Montrer que si a, b ∈ Q alors a + b ∈ Q.

Démonstration. Prenons a ∈ Q, b ∈ Q. Rappelons que les rationnels Q sont l’ensemble


p
des réels s’écrivant q avec p ∈ Z et q ∈ N∗ .
p p0
Alors a = q pour un certain p ∈ Z et un certain q ∈ N∗ . De même b = q0 avec p0 ∈ Z et
q0 ∈ N∗ . Maintenant
p p0 pq0 + qp0
a+b = + 0 = .
q q qq0
Or le numérateur pq0 + qp0 est bien un élément de Z ; le dénominateur qq0 est un
p00
élément de N∗ . Donc a + b s’écrit bien de la forme a + b = q00 avec p00 ∈ Z, q00 ∈ N∗ . Ainsi
a + b ∈ Q.

1.2.2 Cas par cas (disjonction)


Si l’on souhaite vérifier une assertion P (x) pour tous les x dans un ensemble E, on montre
l’assertion pour les x dans une partie A de E, puis pour les x n’appartenant pas à A. C’est la
méthode de disjonction ou du cas par cas.

Exemple 1.12 Montrer que pour tout x ∈ R, |x − 1| 6 x2 − x + 1.

Démonstration. Soit x ∈ R. Nous distinguons deux cas.


Premier cas : x > 1. Alors |x − 1| = x − 1. Calculons alors x2 − x + 1 − |x − 1|.

x2 − x + 1 − |x − 1| = x2 − x + 1 − (x − 1)
= x2 − 2x + 2
= (x − 1)2 + 1 > 0.

Ainsi x2 − x + 1 − |x − 1| > 0 et donc x2 − x + 1 > |x − 1|.


Deuxième cas : x < 1. Alors |x − 1| = −(x − 1). Nous obtenons x2 − x + 1 − |x − 1| = x2 − x +
1 + (x − 1) = x2 > 0. Et donc x2 − x + 1 > |x − 1|.
Conclusion. Dans tous les cas |x − 1| 6 x2 − x + 1.

1.2.3 Contraposée
Le raisonnement par contraposition est basé sur l’équivalence suivante (voir la proposi-
tion 1.1) :

L’assertion " P =⇒ Q " est équivalente à " k(Q) =⇒ k(P ) ".

Donc si l’on souhaite montrer l’assertion " P =⇒ Q ", on montre en fait que si k(Q) est
vraie alors k(P ) est vraie.

Exemple 1.13 Soit n ∈ N. Montrer que si n2 est pair alors n est pair.

Démonstration. Nous supposons que n n’est pas pair. Nous voulons montrer qu’alors

Algèbre 1 12 K. Kreit
Chapitre 1. Logique et raisonnement

n2 n’est pas pair. Comme n n’est pas pair, il est impair et donc il existe k ∈ N tel que
n = 2k + 1. Alors n2 = (2k + 1)2 = 4k 2 + 4k + 1 = 2` + 1 avec ` = 2k 2 + 2k ∈ N. Et donc n2
est impair.
Conclusion : nous avons montré que si n est impair alors n2 est impair. Par contrapo-
sition ceci est équivalent à : si n2 est pair alors n est pair.

1.2.4 Absurde
Le raisonnement par l’absurde pour montrer " P " repose sur le principe suivant : on
suppose à la fois que P est fausse et on cherche une contradiction.

Exemple 1.14 Soient a, b > 0. Montrer que

a b
= =⇒ a = b
1+b 1+a
a b
Démonstration. Nous raisonnons par l’absurde en supposant que 1+b = 1+a et a , b.
a b 2 2 2 2
Comme 1+b = 1+a alors a(1 + a) = b(1 + b) donc a + a = b + b d’où a − b = b − a. Cela
conduit à (a−b)(a+b) = −(a−b). Comme a , b alors a−b , 0 et donc en divisant par a−b
on obtient a + b = −1. La somme des deux nombres positifs a et b ne peut être négative.
Nous obtenons une contradiction.
a b
Conclusion : si 1+b = 1+a alors a = b.

Dans la pratique, on peut choisir indifféremment entre un raisonnement par contraposi-


tion ou par l’absurde. Attention cependant de bien préciser quel type de raisonnement vous
choisissez et surtout de ne pas changer en cours de rédaction !

1.2.5 Contre-exemple
Si l’on veut montrer qu’une assertion du type " ∀x ∈ E P (x) " est vraie alors pour chaque
x de E il faut montrer que P (x) est vraie. Par contre pour montrer que cette assertion est
fausse alors il suffit de trouver x ∈ E tel que P (x) soit fausse. (Rappelez-vous la négation de
" ∀x ∈ E P (x) " est " ∃x ∈ E kP (x) ".) Trouver un tel x c’est trouver un contre-exemple à
l’assertion " ∀x ∈ E P (x) ".

Exemple 1.15 Montrer que l’assertion suivante est fausse " Tout entier positif est somme
de trois carrés ".
(Les carrés sont les 02 , 12 , 22 , 32 ,... Par exemple 6 = 22 + 12 + 12 .)

Démonstration. Un contre-exemple est 7 : les carrés inférieurs à 7 sont 0, 1, 4 mais avec


trois de ces nombres on ne peut faire 7.

1.2.6 Récurrence
Le principe de récurrence permet de montrer qu’une assertion P (n), dépendant de n, est
vraie pour tout n ∈ N. La démonstration par récurrence se déroule en trois étapes : lors de
l’initialisation on prouve P (0). Pour l’étape d’hérédité, on suppose n > 0 donné avec P (n)

Algèbre 1 13 K. Kreit
1.2. Modes de raisonnement

vraie, et on démontre alors que l’assertion P (n + 1) au rang suivant est vraie. Enfin dans la
conclusion, on rappelle que par le principe de récurrence P (n) est vraie pour tout n ∈ N.

Exemple 1.16 Montrer que pour tout n ∈ N, 2n > n.

Démonstration. Pour n > 0, notons P (n) l’assertion suivante :

2n > n.

Nous allons démontrer par récurrence que P (n) est vraie pour tout n > 0.
Initialisation. Pour n = 0 nous avons 20 = 1 > 0. Donc P (0) est vraie.
Hérédité. Fixons n > 0. Supposons que P (n) soit vraie. Nous allons montrer que P (n+1)
est vraie.

2n+1 = 2n + 2n > n + 2n car par P (n) nous savons 2n > n,


> n+1 car 2n > 1.

Donc P (n + 1) est vraie.


Conclusion. Par le principe de récurrence P (n) est vraie pour tout n > 0, c’est-à-dire
2n > n pour tout n > 0.

Remarques :

• La rédaction d’une récurrence est assez rigide. Respectez scrupuleusement la rédaction


proposée : donnez un nom à l’assertion que vous souhaitez montrer (ici P (n)), respectez
les trois étapes (même si souvent l’étape d’initialisation est très facile). En particulier
méditez et conservez la première ligne de l’hérédité " Fixons n > 0. Supposons que P (n)
soit vraie. Nous allons montrer que P (n + 1) est vraie."

• Si on doit démontrer qu’une propriété est vraie pour tout n > n0 , alors on commence
l’initialisation au rang n0 .

• Le principe de récurrence est basé sur la construction de l’ensemble N. En effet un des


axiomes pour définir N est le suivant : " Soit A une partie de N qui contient 0 et telle que
si n ∈ A alors n + 1 ∈ A. Alors A = N ".

Exercice 1.3 1) (Raisonnement


√ direct) Soient a, b ∈ R+ . Montrer que si a 6 b alors
a+b
a6 2 6 b et a 6 ab 6 b.

2) (Cas par cas) Montrer que pour tout n ∈ N, n(n + 1) est divisible par 2 (distinguer
les n pairs des n impairs).

3) (Contraposée ou absurde)
√ Soient a, b ∈ Z. Montrer que si b , 0 alors a + b 2 < Q.
(On utilisera que 2 < Q.)

4) (Absurde) Soit n ∈ N∗ . Montrer que n2 + 1 n’est pas un entier.

5) (Contre-exemple) Est-ce que pour tout x ∈ R on a x < 2 =⇒ x2 < 4 ?


n(n+1)
6) (Récurrence) Montrer que pour tout n > 1, 1 + 2 + · · · + n = 2 .

Algèbre 1 14 K. Kreit
Chapitre 1. Logique et raisonnement

7) (Récurrence) Fixons un réel x > 0. Montrer que pour tout entier n > 1, (1 + x)n >
1 + nx.

Algèbre 1 15 K. Kreit
1.2. Modes de raisonnement

Algèbre 1 16 K. Kreit

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