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2020-2021
Laetitia Simonet
FONDAMENTAUX
DU DROIT
Cours et applications corrigées
1 5e éd.
2020-2021
Laetitia Simonet
FONDAMENTAUX
DU DROIT
Laetitia Simonet est professeure agrégée d’économie-gestion et enseigne l’UE 1 en classes
préparatoires au DCG. Elle est correctrice aux examens DCG et DSCG.
4
UE 1 - FONDAMENTAUX DU DROIT
5
UE 1 - FONDAMENTAUX DU DROIT
6
UE 1 - FONDAMENTAUX DU DROIT
7
UE 1 - FONDAMENTAUX DU DROIT
2.5 - La propriété
Sens et portée de l’étude : Le droit de propriété est le plus complet des droits réels. Il donne la possibilité de tirer de la chose
toutes les utilités dont elle est susceptible.
Le droit de propriété satisfait aux intérêts individuels.
Toutefois, une partie de la doctrine considère que la propriété remplit aussi une fonction sociale qui fonde toutes les entorses
au droit de propriété.
Ces deux fonctions, à la fois compatibles et potentiellement contradictoires, imprègnent le droit positif de la propriété.
8
UE 1 - FONDAMENTAUX DU DROIT
9
UE 1 - FONDAMENTAUX DU DROIT
L’épreuve 1 Fondamentaux du droit est une épreuve écrite portant sur l’étude d’une ou de plusieurs situations pratiques et/ou
le commentaire d’un ou plusieurs documents et/ou une ou plusieurs questions.
Durée : 3 heures – Coefficient : 1
10
Sommaire
PARTIE
1 Introduction générale au droit
Chapitre 1 : Introduction 21
I. Les finalités du droit 21
II. La définition du droit 22
III. Les caractères de la règle de droit 22
A. Le caractère général et abstrait 22
B. Le caractère obligatoire 22
C. Le caractère contraignant 23
IV. Les branches du droit 24
A. La division droit privé et droit public 24
B. La division droit national et droit international 25
11
IV. Les modes de preuve 45
A. La preuve des actes et des faits juridiques 45
B. Les modes de preuve 46
12
F. La convention de procédure participative 88
II. Les règlements juridictionnels : l’arbitrage 88
A. Les domaines de l’arbitrage 88
B. La convention d’arbitrage 89
C. L’instance arbitrale 89
PARTIE
Les personnes et les biens
2
Chapitre 6 : Les personnes 97
I. La notion de personne juridique 97
A. L’utilité de la notion de personne juridique 97
B. La diversité des personnes juridiques 98
C. L’acquisition et la fin de la personnalité juridique 98
II. Les personnes physiques : éléments d’identification et capacité 99
A. Les éléments d’identification 99
B. La capacité juridique des personnes physiques 99
C. Les particularités liées aux mineurs 100
D. Les particularités liées aux majeurs protégés 102
III. Les personnes morales : éléments d’identification et capacité 104
A. Les différentes catégories de personnes morales 104
B. Les éléments d’identification de la personne morale 105
C. La capacité juridique des personnes morales 105
13
B. Le statut de commerçant 114
C. Les obligations du commerçant 115
V. Le statut d’entrepreneur individuel à responsabilité limitée 116
A. Les biens affectés 116
B. La publicité de l’affectation 116
C. Les obligations de l’entrepreneur individuel à responsabilité limitée 116
D. Les effets de la déclaration d’affectation des biens 117
VI. L’incidence du régime matrimonial et du Pacs pour le commerçant 117
A. Les régimes matrimoniaux à conseiller au commerçant 117
B. Les régimes matrimoniaux à déconseiller au commerçant 118
VII. Le statut du conjoint du commerçant 119
A. Le statut du conjoint collaborateur 119
B. Le statut du conjoint salarié 119
C. Le statut du conjoint associé 119
14
B. Les droits patrimoniaux 134
C. Les dettes 135
III. Les aménagements du législateur : vers un patrimoine d’affectation 135
A. Les aménagements liés aux personnes 136
B. Les aménagements liés à la création d’entreprise 136
15
F. Le renouvellement du bail et l’indemnité d’éviction 162
G. Le droit de préférence en cas de vente du local loué 162
III. La propriété intellectuelle 165
A. La propriété industrielle 165
B. La propriété littéraire et artistique 169
PARTIE
L’entreprise et les contrats
3
Chapitre 12 : Théorie générale du contrat 175
I. Le contrat : définition et classification 175
A. La définition du contrat et la notion d’obligation 175
B. La classification du contrat 178
II. Les principes fondateurs du droit des contrats 179
A. La liberté contractuelle 179
B. Le consensualisme 180
III. La formation du contrat 180
A. La phase précontractuelle 180
B. La conclusion du contrat 182
C. Les conditions de validité des contrats 183
D. La sanction du non-respect des conditions de validité des contrats 184
IV. Les clauses contractuelles particulières 185
V. L’exécution du contrat 186
A. La force obligatoire des contrats 187
B. L’effet relatif des contrats 189
C. Les modalités d’exécution du contrat 190
VI. Les sanctions de l’inexécution du contrat 192
A. La mise en demeure préalable 192
B. La théorie du risque 193
C. Les sanctions destinées à faire exécuter le contrat 193
D. Les sanctions destinées à anéantir le contrat 194
E. La sanction destinée à réparer les conséquences préjudiciables
d’une inexécution contractuelle 195
16
Chapitre 13 : Les contrats de l’entreprise 205
I. Les contrats relatifs au fonds de commerce 205
A. Le contrat de location-gérance d’un fonds de commerce 205
B. Le contrat de vente d’un fonds de commerce 208
II. Le contrat de vente 214
A. Les conditions de formation du contrat de vente 214
B. Les effets du contrat de vente 216
III. Le contrat d’entreprise 222
A. La définition du contrat d’entreprise 222
B. Les conditions de formation du contrat d’entreprise 222
C. Les effets du contrat d’entreprise 223
IV. Les contrats de consommation 226
A. La notion de consommateur et de non-professionnel 227
B. Le contrat de consommation 227
C. Le contrat de crédit à la consommation 230
V. Le contrat de dépôt bancaire 234
A. Le droit au compte 234
B. La création du compte de dépôt bancaire 235
C. Le fonctionnement du compte de dépôt bancaire 236
D. La fermeture du compte bancaire 238
VI. Les contrats de crédit aux entreprises 238
A. Le contrat de prêt d’argent 238
B. Le crédit avec mobilisation de créances 239
C. Le crédit-bail 242
VII. Les sûretés 246
A. Les sûretés personnelles 246
B. Les sûretés réelles 248
PARTIE
L’entreprise et ses responsabilités
4
Chapitre 14 : L’entreprise et la responsabilité civile 257
I. La distinction entre responsabilité civile et responsabilité pénale 257
II. La distinction entre responsabilité civile contractuelle et extracontractuelle 258
A. La responsabilité civile contractuelle 258
B. La responsabilité civile extracontractuelle 258
17
III. Les possibilités de cumul des différents régimes de responsabilité 259
IV. Les conditions de mise en œuvre de la responsabilité civile extracontractuelle
et les causes d’exonération 260
A. Les conditions de mise en œuvre de la responsabilité civile extracontractuelle 260
B. Les causes d’exonération de la responsabilité civile extracontractuelle 262
V. Le régime spécifique de la responsabilité du fait des produits défectueux 263
A. La notion de produit défectueux et de producteur 263
B. La mise en œuvre de la responsabilité du producteur 263
C. L’exonération de la responsabilité du producteur 264
VI. Les spécificités de la réparation du préjudice environnemental 265
A. Le cadre juridique 265
B. La notion de préjudice écologique 265
C. L’action en réparation 266
18
PARTIE 1
INTRODUCTION
GÉNÉRALE
AU DROIT
Chapitre
INTRODUCTION 1
La règle de droit est une construction sociale qui évolue en fonction des besoins de la société : à travers
elle s’expriment certaines valeurs fondamentales. La règle de droit a pour objet de rendre possible la vie en
société. Pour ce faire, elle est aussi un instrument de contrainte.
La prise en compte des finalités du droit permet de comprendre le sens de la règle, de l’interpréter et
éventuellement d’en prévoir l’évolution.
Le droit distingue, classe et ordonne des situations données. En France, il repose sur une summa divisio
qui distingue droit public et droit privé. Le droit se différencie d’autres règles sociales telles que la morale
et l’éthique.
Ce chapitre vous permettra de développer les compétences attendues suivantes :
– Distinguer la règle de droit des autres règles de la vie sociale ;
– Identifier les branches du droit applicables à une situation donnée.
21
Partie 1 - Introduction générale au droit
La société, qui est en perpétuelle évolution, implique une adaptation constante du droit, ce qui conduit
à une multiplicité des règles. Le législateur tente d’œuvrer aujourd’hui pour une simplification du droit.
II La définition du droit
La diversité des finalités du droit explique que cette notion recouvre deux concepts distincts :
– le droit objectif, qui est l’ensemble des règles de conduite dans les rapports sociaux (ex. : les règles
issues du Code de la route) ;
– les droits subjectifs, qui sont les prérogatives dont peuvent se prévaloir les individus (sujets de droit)
dans leurs relations avec les personnes ou les choses (ex. : le droit de propriété).
B Le caractère obligatoire
La règle de droit s’impose aux individus. Toutefois, ce principe est à nuancer puisqu’il existe deux catégories
de règles juridiques, les règles impératives et les règles supplétives :
– les règles impératives sont les règles auxquelles les individus ne pourront jamais déroger. Ainsi,
l’article 6 du Code civil précise qu’« on ne peut déroger, par des conventions particulières, aux lois
qui intéressent l’ordre public et les bonnes mœurs » ;
– les règles supplétives sont les règles qui peuvent être écartées par la volonté d’un ou plusieurs
individus (ex. : deux commerçants peuvent, par voie d’accord, décider de ne pas saisir la justice en
cas de différends à naître entre eux et de recourir à un arbitre).
22
Chapitre 1 - Introduction
C Le caractère contraignant
À chaque règle de droit est attachée une sanction ou une contrainte qui viendra s’appliquer, par le biais
de l’autorité publique, en cas de non-respect de celle-ci. La sanction a d’abord pour objectif principal
d’être dissuasive. Lorsque la règle est transgressée, la sanction peut être soit civile, soit pénale, soit les
deux à la fois.
La sanction civile a pour objet :
– de contraindre une personne à s’exécuter (ex. : le versement d’une pension alimentaire) ;
– de mettre fin à un acte pris en violation de la loi (ex. : l’achat d’une maison par un mineur non
émancipé) ;
– d’obliger une personne à réparer le préjudice qu’elle a causé (ex. : l’indemnisation d’une victime
d’accident de la circulation).
La sanction pénale, elle, a pour objet la punition de celui qui a un comportement nuisible pour la société.
Ainsi, le vol est puni de trois ans d’emprisonnement et de 45 000euros d’amende.
APPLICATION CORRIGÉE
Correction
Sanction civile : pension alimentaire, annulation d’un acte litigieux, dommages-intérêts, astreinte
Sanction pénale : amende, travaux d’intérêt général, emprisonnement
23
Partie 1 - Introduction générale au droit
Il existe beaucoup d’autres branches de droit privé, comme le droit de la concurrence, le droit de la consom-
mation, le droit bancaire, etc.
24
Chapitre 1 - Introduction
25
Partie 1 - Introduction générale au droit
Droit objectif
Définitions
Droits subjectifs
Générale
Caractères
Obligatoire
Droit de la règle
de droit • Règles impératives
• Règles supplétives
26
Chapitre 1 - Introduction
APPLICATION CORRIGÉE
1. QCM : cocher les bonnes réponses.
1. Les enjeux de la mise en place d’une règle juridique sont :
q a. Éviter tout système anarchique
q b. Organiser la société
q c. Encourager la justice privée
q d. Protéger les individus
q e. Sanctionner en toutes circonstances
2. La règle de droit est :
q a. Absolue
q b. Au cas par cas
q c. Obligatoire
q d. Applicable à tous
q e. Contraignante
3. À quoi sert la sanction civile ?
q a. À punir un comportement nuisible à l’égard de la société
q b. À indemniser une victime
q c. À obliger une personne à s’exécuter
4. Les règles supplétives sont des règles que…
q a. l’on doit respecter
q b. l’on applique lorsque les parties n’ont rien prévu
q c. l’on peut écarter en posant ses propres règles
2. Classer ces différentes branches du droit.
Droit privé Droit public
a. Droit des personnes
b. Droit constitutionnel
c. Droit au respect de la vie privée
d. Droit administratif
e. Droit de la famille
f. Droit des contrats
g. Droit du travail
h. Droit de la consommation
i. Droit de l’urbanisme
j. Droit social
k. Droit des sociétés
l. Droit de la propriété industrielle
27
Partie 1 - Introduction générale au droit
Correction
1. QCM
1 : a, b, d ; 2 : a, c, d, e ; 3 : b, c ; 4 : b, c
28
Chapitre
LES SOURCES DU DROIT 2
Les sources du droit sont nombreuses. Cette multiplication s’explique par le fait qu’une société développée
produit des normes internes à différents niveaux, et s’intègre dans un espace mondialisé qui la soumet à de
nouvelles règles définies par des acteurs internationaux. Dès lors, une hiérarchie s’établit entre l’ensemble de
ces normes et des voies de recours s’ouvrent aux titulaires de droits en cas de violation de cette hiérarchie.
À noter que certains textes de droit international non contraignants (soft law) peuvent influer le compor-
tement de sujets de droit, notamment les entreprises.
Ce chapitre vous permettra de développer les compétences attendues suivantes :
– Identifier et distinguer les différentes sources du droit ;
– Repérer un conflit de normes et expliciter sa résolution dans une situation donnée ;
– Différencier les principales catégories de loi ;
– Schématiser les étapes du processus de l’élaboration d’une loi ordinaire ;
– Identifier les contrôles de constitutionnalité d’une loi.
L’étude des sources du droit revient à se demander comment et où les règles juridiques prennent naissance.
S’agissant du cadre géographique, elles peuvent être créées au niveau national, international ou de l’Union
européenne, ce qui permet de différencier les sources internes et les sources externes à un État. En droit
interne français, il existe des sources dites formelles (écrites) ou non formelles.
29
Partie 1 - Introduction générale au droit
La négociation et la ratification des traités appartiennent au chef de l’État. Pour les accords
Article 52 internationaux, le chef de l’État est simplement informé de toute négociation tendant à leur conclusion.
Cette négociation relève du gouvernement.
Certains traités doivent être soumis à une autorisation législative (du Parlement) avant leur ratification
Article 53
ou conclusion (ex. : les traités de commerce).
Pour que les traités ou accords internationaux soient applicables en France, ils doivent être conformes
Article 54
à la Constitution française.
Les traités ou accords internationaux qui sont régulièrement ratifiés ou approuvés ont, dès leur publication
Article 55
au Journal officiel (JO), une autorité supérieure à celle des lois.
Source : https://europa.eu/european-union/about-eu/institutions-bodies_fr
30
Chapitre 2 - Les sources du droit
B Le droit primaire
Le droit primaire se compose des différents traités européens dont principalement :
– le traité de Rome (1957) qui institue la Communauté économique européenne (CEE) aussi appelée
« marché commun » ;
– l’Acte unique européen (1986) qui réforme les institutions européennes, supprime les entraves à la
libre circulation des marchandises au sein de l’UE et donne naissance au « marché unique » ;
– le traité de Maastricht (1992) qui participe à la création de l’Union monétaire européenne et fixe les
bases d’une union politique (citoyenneté européenne, politique étrangère et de sécurité commune,
coopération dans le domaine de la justice et des affaires intérieures) ;
– le traité d’Amsterdam (1997) qui réforme les institutions européennes en vue de l’adhésion de
nouveaux États membres. Le traité met en place un processus de codécision (Parlement / Commission) ;
– le traité de Nice (2001) qui réforme les institutions européennes afin que l’UE continue à fonctionner
efficacement après l’élargissement à 25 États membres ;
– le traité de Lisbonne (2007) qui réforme les institutions européennes, clarifie les domaines de compé-
tences attribuées à l’Union européenne, aux États membres et détermine les compétences partagées ;
– le Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance de l’Union économique et moné-
taire (2 mars 2012) qui instaure une discipline budgétaire au sein de la zone euro.
C Le droit dérivé
L’Union européenne adopte différents types d’actes législatifs destinés à atteindre les objectifs fixés dans
les traités. Ces actes forment le droit dérivé et n’ont pas tous la même force obligatoire :
Ce sont des actes législatifs qui doivent être mis en œuvre dans leur intégralité, dans toute
Règlements l’Union européenne et qui ont un effet immédiat (ex. : le règlement de 2006 sur les bagages
à main lors de transport aérien).
Elles fixent des objectifs à tous les pays de l’UE, mais laissent à chacun des États membres
Directives le choix des moyens et de la forme pour les atteindre (ex. : la directive du 25 octobre 2011
sur le droit des consommateurs (contrats à distance)).
Elles sont obligatoires et ne concernent que les destinataires (État membre, entreprise ou
Décisions particulier) auxquelles elles s’adressent. Elles sont directement applicables (ex. : les décisions
négatives de la commission en matière de concentration sur le secteur audiovisuel).
Recommandations Ce sont des conseils qui n’ont aucune force obligatoire pour leurs destinataires.
Ils permettent aux institutions européennes d’exprimer leur point de vue. L’avis ne s’impose pas
Avis
aux destinataires concernés.
31
Partie 1 - Introduction générale au droit
1 Le principe de primauté
Le droit européen a une valeur supérieure au droit national des États membres, que la disposition nationale
soit antérieure ou postérieure au texte communautaire (CJUE, 15. juill. 1964, Costa c/ Enel ; 9 mars
1978, Simmenthal).
2 L’effet direct
L’effet direct permet aux particuliers d’invoquer directement certaines normes européennes devant une
juridiction nationale ou européenne (CJUE, 5 févr. 1963, Van Gend en Loos).
1 Le bloc de constitutionnalité
Le bloc de constitutionnalité comprend :
– la Constitution française actuelle du 4 octobre 1958 qui est au sommet de la hiérarchie des textes du
droit français. Elle constitue le pacte social entre gouvernants et gouvernés. Elle organise la répartition
des pouvoirs entre l’exécutif (chef de l’État et gouvernement) et le législatif (le Parlement lui-même
composé de l’Assemblée nationale et du Sénat) ;
– la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 ;
– le préambule de la Constitution du 27 octobre 1946 fondant la IV eRépublique ;
– la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 ;
– la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme de 1950 ;
– la Charte de l’environnement de 2004 ;
– les « principes fondamentaux » reconnus par les lois de la République.
32
Chapitre 2 - Les sources du droit
La Constitution est complétée par des lois organiques qui précisent les modalités d’organisation et de
fonctionnement des pouvoirs publics (ex. : la loi organique sur l’organisation du Conseil des ministres).
Elle peut être modifiée par une loi constitutionnelle. Cette loi est votée par référendum ou par le parle-
ment réuni en congrès (ex. : la modification en février 2007 du statut pénal du chef de l’État).
2 La loi
La loi est un texte écrit qui est voté par le Parlement. Elle peut être à l’initiative du gouvernement (projet
de loi) ou des parlementaires (proposition de loi). Les textes de loi sont réunis sous forme de codes (ex. :
le Code civil ou le Code de commerce).
Source : https://www.legifrance.gouv.fr/initRechCodeArticle.do
a Le domaine de la loi
Selon l’article 34 de la Constitution, le Parlement a seul compétence dans certains domaines pour fixer
les principes fondamentaux et leurs règles d’application (ex. : en matière de capacité des personnes). Cet
article précise également que, pour certaines matières, le Parlement ne fixe que les principes fondamentaux
et le gouvernement prend les mesures d’application (ex. : dans le domaine du droit de la propriété).
33
Partie 1 - Introduction générale au droit
b L’élaboration de la loi
Le projet ou la proposition de loi est examiné successivement par les deux assemblées du Parlement afin
que le texte soit adopté en termes identiques. En cas de désaccord, le Premier ministre peut réunir une
commission paritaire qui va proposer un texte commun sur les points de désaccords.
34
Chapitre 2 - Les sources du droit
Si cette commission échoue, le texte est transmis à l’Assemblée nationale qui statue définitivement.
Lorsque la loi est votée, le président de la République doit la promulguer. La promulgation est l’acte par
lequel le président de la République constate officiellement l’existence de la loi et la rend exécutoire. Une
fois promulguée, la loi doit être publiée au Journal officiel (JO). Elle devient obligatoire pour tous.
La loi s’applique à toute personne sur le territoire français (principe de territorialité) et à tout Français
même hors de France (principe de personnalité). La loi n’a d’effet que pour l’avenir (principe de non-
rétroactivité) sauf exceptions, par exemple pour les lois pénales « plus douces ». La loi nouvelle a, en
principe, un effet immédiat.
3 Les ordonnances
Selon l’article 38 de la Constitution, le gouvernement est autorisé à « légiférer par ordonnances ».
Cette faculté de prendre des mesures qui sont du domaine de la loi doit être autorisée par le Parlement et
concerner l’exécution d’un programme détaillé par le gouvernement. Ces ordonnances n’ont force de loi
qu’après avoir été ratifiées par le Parlement. Tant que cette adoption n’a pas lieu, elles n’ont qu’une valeur
réglementaire (ex. : l’ordonnance du 9 mai 2018 relative au brevet européen à effet unitaire).
4 Les règlements
Selon l’article 37 de la Constitution : « les matières autres que celles qui sont du domaine de la loi ont un
caractère réglementaire ». Les règlements sont constitués de l’ensemble des décisions du pouvoir exécutif
(Président et ministres) et des autorités administratives. Ils portent le nom de l’autorité qui les édicte. La
hiérarchie entre les différents textes est dictée par la position institutionnelle de celui qui en est l’auteur.
Par ordre, il s’agit :
– des décrets du président de la République ou du Premier ministre : les décrets délibérés en
Conseil des ministres, les décrets en Conseil d’État, les décrets simples. Ces décrets peuvent être
destinés à l’application d’une loi ou être pris à titre exclusif dans les matières autres que celles réser-
vées à la loi (ex. : décret du 1er février 2011 sur l’information concernant le crédit à la consommation) ;
– des arrêtés ministériels ou interministériels, préfectoraux, municipaux (ex. : arrêté ministériel
du 26 août 2011 relatif aux éoliennes terrestres) ;
– des actes unilatéraux émanant des autorités administratives indépendantes comme la CNIL
(Commission nationale de l’information et des libertés), l’AMF (Autorité des marchés financiers) ou
le CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel).
35
Partie 1 - Introduction générale au droit
6 Le contrôle de conventionnalité
En droit français, on appelle contrôle de conventionnalité un contrôle relatif à la conformité d’une norme
au regard des conventions internationales. Le Conseil constitutionnel n’est pas compétent pour exercer
ce type de contrôle.
Le pouvoir en revient au juge judiciaire ou au juge administratif lors d’un litige au cours duquel une des
parties soulève un problème de conformité de la norme nationale par rapport à un texte international.
Le juge, lorsqu’il constate une non-conformité, peut écarter l’application de la norme nationale au cas
d’espèce.
REMARQUE
Le rapport annuel de 2014 de la Cour de cassation (Livre 3) met en évidence son rôle en tant que gardienne
de la conformité de la loi aux règles supra législatives. Il est disponible sur le lien suivant :
https://www.courdecassation.fr/publications_26/rapport_annuel_36/rapport_2014_7040/livre_3_etude_
temps_7047/droit_prise_7197/caractere_evolutif_7198/cour_cassation_31950.html
36
Chapitre 2 - Les sources du droit
1 La jurisprudence
Au sens large, la jurisprudence désigne l’ensemble des décisions rendues par les juridictions (tribunaux
et cours) à propos d’affaires similaires. Ces juridictions peuvent relever de l’ordre judiciaire, administratif
ou européen. La jurisprudence n’a pas, contrairement à la loi, un caractère général et obligatoire.
2 La doctrine
La doctrine est l’ensemble des opinions émises par des juristes spécialisés.
3 La coutume
La coutume peut être considérée comme une règle non édictée par les pouvoirs publics mais issue
d’un usage prolongé, répété dont l’application apparaît comme obligatoire avec la croyance en l’existence
d’une sanction en cas d’inobservation de cet usage. Une coutume est, par exemple, le fait pour une femme
mariée de prendre le nom de son mari.
37
Partie 1 - Introduction générale au droit
Traités
Sources
internationales
Engagements internationaux
Droit primaire
• Traités
38
Chapitre 2 - Les sources du droit
APPLICATION CORRIGÉE
Correction
39
Partie 1 - Introduction générale au droit
Point Méthodologique
En DCG, la résolution de cas pratique (situation juridique) se rédige toujours en deux temps : le candidat
présente l’ensemble des règles juridiques qui lui permettent de résoudre le cas puis propose la solution. Si
des éléments de faits manquent à la résolution du cas, il ne faut pas hésiter à présenter des hypothèses.
Il n’est pas exigé à l’examen de résumer les faits et de poser une question juridique.
Il faut par ailleurs veiller à être très complet sur l’énonciation des règles juridiques.
40
Chapitre
LA PREUVE DES DROITS 3
Être titulaire de droits suppose d’en établir l’existence devant un juge. En amont du procès, la preuve a un
rôle de prévention (la partie qui sait que le juge lui donnera tort, s’abstiendra de recourir aux tribunaux) et
lors du procès, elle permettra de trancher le litige en dégageant une vérité judiciaire.
Le droit français consacre le système de la preuve par tout moyen sauf si la loi en dispose autrement : ainsi,
dans certains cas, la preuve préconstituée est exigée. Par ailleurs, le progrès technique impose au législateur
et au juge d’apprécier la fiabilité de nouveaux procédés de preuve.
Ce chapitre vous permettra de développer les compétences attendues suivantes :
– Établir sur qui pèse la charge de la preuve ;
– Identifier les moyens de preuve ;
– Apprécier la recevabilité et la force probante des moyens de preuve.
I La notion de preuve
Les individus sont titulaires de droits subjectifs. En conséquence, ils doivent pouvoir faire valoir l’existence
de leurs droits en toutes circonstances. Cette faculté est offerte grâce au système de la preuve qui a deux
acceptions :
– elle est la démonstration de la réalité d’un fait ou de l’existence d’un acte qui produisent des
effets juridiques (conséquences de droit) ;
– elle est un procédé technique permettant de démontrer la réalité d’un fait ou l’existence d’un acte
juridique.
Pour maîtriser le droit de la preuve il faut savoir répondre à trois questions :
– qui doit prouver ? (il s’agit de la charge de la preuve) ;
– que doit-on prouver ? (il s’agit de l’objet de la preuve) ;
– comment doit-on prouver ? (ce sont les modes de preuve).
41
Partie 1 - Introduction générale au droit
II La charge de la preuve
A Le principe
Selon l’article 1353 du Code civil : « Celui qui réclame l’exécution d’une obligation doit la prouver.
Réciproquement, celui qui se prétend libéré doit justifier le paiement ou le fait qui a produit l’extinction
de son obligation. »
La charge de la preuve appartient au demandeur en justice (celui qui saisit le tribunal). Par exemple,
Mme X prétend que Mme Y lui doit une certaine somme d’argent. Elle devra prouver en justice l’existence
de sa créance.
Toutefois, le défendeur, lorsqu’il se considère libéré, est également chargé de le prouver. Dans l’exemple
précédent, Mme Y prétend avoir payé Mme X, elle devra prouver ce paiement.
Selon l’article 9 du Code de procédure civile : « Il incombe à chaque partie de prouver conformément à la
loi les faits nécessaires au succès de sa prétention. » La prétention est la demande faite en justice par une
partie (ex. : la revendication d’un droit) sur laquelle le juge doit se prononcer.
La partie qui doit apporter la preuve en supporte les risques : en cas d’éléments insuffisants le doute profi-
tera à son adversaire.
42
Chapitre 3 - La preuve des droits
APPLICATION CORRIGÉE
Correction
Situation 1 : présomption simple
Situation 2 : présomption mixte
Situation 3 : présomption irréfragable
43
Partie 1 - Introduction générale au droit
Un acte juridique se définit comme la volonté d’une personne qui se manifeste en vue de produire des
effets de droit (ex. : la conclusion d’un contrat de travail).
Un fait juridique se définit comme un événement qui produit des effets juridiques non recherchés. Il peut
être :
– volontaire (ex. : un automobiliste qui renverse un piéton) ;
– involontaire ou naturel (ex. : une personne qui décède d’une crise cardiaque).
Les actes juridiques sont divers et peuvent être classés de la manière suivante :
Acte unilatéral : acte qui émane d’une personne (ex. : un don)
Selon le nombre
Acte bilatéral : acte qui émane de deux personnes (ex. : un contrat de bail)
d’auteurs
Acte multilatéral : acte qui émane de plusieurs personnes (ex. : une convention collective)
Acte d’administration : acte qui a pour objet la gestion courante des biens (ex. : vente d’un meuble
à usage courant)
Selon les effets Acte conservatoire : acte qui a pour objet d’empêcher la perte d’un droit ou d’un bien
sur le patrimoine dans le patrimoine d’une personne ou qui maintient le patrimoine en état (ex. : publication
d’une hypothèque)
Acte de disposition : acte modifiant la composition du patrimoine (ex. : vente d’un immeuble)
APPLICATION CORRIGÉE
44
Chapitre 3 - La preuve des droits
Correction
45
Partie 1 - Introduction générale au droit
a Le principe
La preuve n’est pas libre. L’acte doit se prouver par un écrit (preuve littérale) lorsqu’il concerne une chose
qui a une valeur supérieure à 1 500€.
Pour être parfait, l’écrit doit comporter la signature de ses auteurs. Dans certains cas, certaines mentions
doivent apparaître (ex. : dans le cadre d’un engagement à payer une certaine somme, celle-ci doit être
écrite en lettres et en chiffres).
b Les exceptions
Dans certaines situations, la preuve peut être apportée par d’autres moyens que par écrit :
– lorsque l’acte juridique porte sur un montant inférieur ou égal à 1 500€ ;
– en cas de commencement de preuve par écrit (écrit imparfait, c’est-à-dire ne respectant pas les
conditions de fond ou de forme imposées par la loi et détenu par l’adversaire), par exemple une
reconnaissance d’enfant naturel faite sous signature privée et non en forme authentique ;
– lorsqu’il existe une impossibilité matérielle (ex. : un sinistre) ou morale (ex. : un lien de parenté) de se
procurer un écrit, s’il est d’usage de ne pas établir un écrit, ou lorsque l’écrit a été perdu par force
majeure ;
– entre commerçants ;
– lorsque les auteurs de l’acte ont décidé que la preuve serait apportée par un autre procédé que celui
de l’écrit (sauf si ce mode de preuve est imposé par la loi).
L’article 1361 du Code civil admet également que l’écrit peut être suppléé par l’aveu ou le serment décisoire.
Cette possibilité est admise lorsque les mentions manuscrites ne sont pas requises pour la validité de l’acte.
46
Chapitre 3 - La preuve des droits
Elle est présumée fiable (présomption simple) lorsqu’elle résulte d’une reproduction à l’identique de la
forme et du contenu de l’acte et dont l’intégrité est garantie dans le temps par un procédé conforme (fixé
par décret).
a L’acte authentique
L’acte authentique est un écrit rédigé selon des formes prescrites par la loi et authentifié par un officier
public ayant compétence et qualité pour instrumenter (notaire, greffier, huissier ou officier d’État civil)
(ex. : un contrat de mariage). Cet acte doit comporter la date, la signature et le cachet de l’officier public.
Il peut être remis en cause par une action en inscription de faux. Le juge peut alors suspendre l’exécution
de l’acte. La force probante est absolue pour les éléments constatés par l’officier public et relative
lorsque l’officier public se contente d’effectuer une transcription. L’acte qui n’est pas authentique du fait
de l’incompétence ou de l’incapacité de l’officier vaut comme écrit sous signature privée (s’il a été signé
par les parties). Ce principe s’applique également en cas de défaut de forme.
d L’aveu judiciaire
L’aveu judiciaire est une déclaration par laquelle la partie adverse reconnaît un fait qui peut produire contre
elle des conséquences juridiques. Il peut être judiciaire ou extrajudiciaire.
e Le serment décisoire
Le serment décisoire repose sur le fait qu’une partie demande à l’autre d’affirmer, en prêtant serment, la
véracité de ses affirmations (ex. : demander à son adversaire de jurer qu’il ne lui doit rien).
47
Partie 1 - Introduction générale au droit
d Le témoignage
Le témoignage est un acte par lequel une personne atteste d’un fait dont elle a eu personnellement
connaissance.
48
Chapitre 3 - La preuve des droits
Fait juridique
• Preuve libre
Modes
Parfaites
de preuve
• Aveu judiciaire
• Serment décisoire
• Écrit authentique
• Écrit sous signature privée Imparfaites
• Écrit électronique • Présomption judiciaire
• Serment supplétoire
• Commencement
de preuve par écrit
• Témoignage
49
Partie 1 - Introduction générale au droit
APPLICATION CORRIGÉE
50
Chapitre 3 - La preuve des droits
Correction
2. Commentaire de document
La Cour de cassation devait répondre à la question suivante : l’utilisation en justice par le destinataire de messages écrits téléphonique-
ment est-elle un procédé déloyal de preuve et donc irrecevable en justice ? La Cour suprême répond par la négative en considérant que
les SMS sont des messages écrits et enregistrés par l’appareil récepteur et que cet enregistrement est connu par leur auteur. Les SMS
ont donc force probante en justice car leur enregistrement n’est pas effectué à l’insu de celui qui les a envoyés.
51
Chapitre
L’ORGANISATION JUDICIAIRE 4
Pour faire reconnaître ses droits ou faire cesser un trouble, le citoyen s’adresse aux juridictions. Celles-ci, très
nombreuses, répondent à une organisation et un fonctionnement précis qui vont définir leur compétence.
En leur sein, il existe différents professionnels qui concourent à la résolution des litiges. Enfin, les procédures
doivent garantir le respect de principes directeurs du procès issus du droit national et du droit européen.
Ce chapitre vous permettra de développer les compétences attendues suivantes :
– Distinguer les différentes juridictions nationales et européennes et déterminer leurs compétences ;
– Déterminer la juridiction compétente dans un litige donné ;
– Vérifier les conditions de recevabilité de l’action en justice ;
– Déterminer les voies de recours possibles dans une situation donnée ;
– Vérifier le respect des principes directeurs du procès énoncés dans le Code de procédure civile et dans la
Convention européenne des droits de l’homme ;
– Identifier les rôles respectifs des magistrats du siège et du Ministère public.
53
Partie 1 - Introduction générale au droit
Il existe un principe de séparation des pouvoirs selon lequel l’administration ne peut s’immiscer dans les
litiges qui relèvent des juges de droit privé et, inversement, les juges judiciaires ne peuvent sanctionner les
actes de l’administration. En cas de conflit de compétences entre les deux ordres, le tribunal des conflits
désigne l’ordre compétent.
Les juridictions françaises doivent tenir compte du droit de l’Union européenne qui peut être invoqué par
les justiciables. Les États membres ainsi que les citoyens européens peuvent également, dans certaines
situations, saisir les juridictions de l’Union européenne.
Note de l’auteure : Il est attendu du candidat au DCG de pouvoir analyser une décision de justice et ce, quelle
que soit sa date de rendu. Pour cela, il apparaît indispensable de connaître non seulement les dispositions
liées à cette réforme de 2019 mais aussi celles applicables antérieurement.
54
Chapitre 4 - L’organisation judiciaire
Les juridictions du 1er degré sont composées des tribunaux civils et des tribunaux d’exception qui se
définissent comme des tribunaux auxquels la loi a expressément attribué un domaine de compétence. Il
s’agit du tribunal de commerce, du conseil de Prud’hommes (CPH) et du tribunal paritaire des baux ruraux
(ce dernier ne sera pas traité dans ce manuel). Ces juridictions rendent des décisions appelées « jugements ».
Si l’affaire était d’un montant inférieur ou égal à 4 000€ : Si l’affaire était d’un montant supérieur à 4 000€ :
le TGI statuait en premier et dernier ressort : un recours contre le TGI statuait en premier ressort : un recours
la décision devant la cour d’appel n’était pas possible. Seul un contre la décision rendue était possible devant la
recours devant la Cour de cassation (pourvoi) était autorisé. Cour d’appel.
Par ailleurs, le TGI avait également des compétences partagées avec le tribunal d’instance. En effet, pour
les affaires civiles personnelles ou mobilières lorsque le montant de la demande en justice était supérieur
à 10 000 €, le TGI était compétent (ex. : un droit de créance) ; lorsque l’affaire était inférieure ou égale à
10 000 €, le tribunal d’instance était compétent.
Le TGI statuait en premier ressort à charge d’appel.
Le tribunal d’instance traitait des petits litiges civils de la vie quotidienne.
Le tribunal d’instance avait des compétences exclusives – il était seul compétent pour connaître certains
litiges – et des compétences partagées – avec le tribunal de grande insistance (cf. supra).
55
Partie 1 - Introduction générale au droit
Si l’affaire était d’un montant inférieur ou égal à 4 000€ : Si l’affaire était d’un montant supérieur à4 000€ :
le TI statuait en premier et dernier ressort : un recours contre le TI statuait en premier ressort : un recours contre
la décision devant la cour d’appel n’était pas possible. Seul un la décision rendue était possible devant la Cour
recours devant la Cour de cassation (pourvoi) était autorisé. d’appel.
Le tribunal d’instance avait des compétences partagées avec le TGI (cf. supra).
a Généralités liées à la compétence territoriale des tribunaux judiciaires et des tribunaux de proximité
Au 1er janvier 2020, la fusion des tribunaux s’est opérée de la manière suivante :
– Les tribunaux d’instance et de grande instance situés dans la même ville ont été regroupés en une
seule juridiction : le tribunal judiciaire ;
– les tribunaux d’instance situés dans une commune différente des tribunaux de grande instance sont
devenus des chambres de proximité du tribunal judiciaire et sont appelées : tribunaux de proximité.
Il y a au moins un tribunal judiciaire dans le ressort de chaque cour d’appel. (Il existe 36 cours d’appel en
France). Plusieurs configurations sont possibles selon les départements :
– Un seul tribunal judiciaire dans tout le département (par ex. LaMayenne) ;
– un tribunal judiciaire et un tribunal de proximité (par ex. LeLot) ;
– un tribunal judiciaire et plusieurs tribunaux de proximité (par ex. LaSomme) ;
– des tribunaux judiciaires sans tribunaux de proximité (par ex. L’Oise) ;
– des tribunaux judiciaires et plusieurs tribunaux de proximité (par ex. LeVar).
(Décret n° 2019-914 du 30/08/2019)
56
Chapitre 4 - L’organisation judiciaire
Pour le justiciable, la juridiction territorialement compétente est en principe celle du domicile du défendeur.
Par exceptions, la juridiction territorialement compétente peut être le lieu de situation de l’immeuble, le
dernier domicile du défunt, le lieu du fait dommageable, le lieu de livraison ou d’exécution de la prestation.
57
Partie 1 - Introduction générale au droit
– en droit du travail : sur les litiges liés aux élections des comités sociaux et économiques
(CSE) élus dans les entreprises, liés à la désignation des délégués syndicaux ou relatifs
En dernier ressort aux négociations collectives dans l’entreprise ;
– les litiges qui concernent les représentants des salariés aux conseils d’administration ou
de surveillance dans les sociétés anonymes.
Le décret n° 2019-914 du 30 août 2019 modifiant le Code de l’organisation judiciaire, fixe les compétences
des tribunaux de proximité (chambres de proximité), leur siège (lieu) et leur ressort (étendue géographique
de leurs compétences).
Il existe 125 tribunaux de proximité.
58
Chapitre 4 - L’organisation judiciaire
Pour trouver la liste exhaustive des compétences : Code de l’organisation judiciaire Partie Réglementaire
Annexes Tableau IV-II
Le juge de l’exécution est compétent notamment en ce qui concerne les difficultés relatives
aux titres exécutoires, les contestations liées à une exécution forcée. Il autorise les mesures
conservatoires, il traite des saisies immobilières, saisie des rémunérations. Le juge de l’exécution peut
renvoyer à la formation collégiale (lorsque l’affaire est complexe) du tribunal judiciaire qui statue
comme juge de l’exécution.
59
Partie 1 - Introduction générale au droit
Le juge aux affaires familiales peut renvoyer à la formation collégiale du tribunal judiciaire qui
statue comme juge aux affaires familiales. Ce renvoi est de droit à la demande des parties pour le
divorce et la séparation de corps.
– un ou plusieurs juges exercent les fonctions de JCP au TJ ;
– il peut renvoyer l’affaire à la formation collégiale du tribunal judiciaire, qui statue comme
juge des contentieux de la protection ;
– lorsqu’il est affecté dans un tribunal de proximité, il peut se voir attribuer les affaires civiles
jusqu’à 10 000€.
Compétences matérielles
Actions relatives :
– aux majeurs protégés : sauvegarde de justice, curatelle, tutelle ;
Le juge – à l’exercice du mandat de protection future ;
des contentieux – à la constatation de la présomption d’absence ;
de la protection – à l’habilitation familiale
(JCP)
Il statue toujours en 1er ressort à charge d’appel – sur l’expulsion des personnes qui
occupent aux fins d’habitation des
immeubles bâtis sans droit ni titre
– au surendettement des particuliers et de
la procédure de rétablissement personnel.
Il statue en 1 er et dernier ressort lorsque la – Litiges liés aux baux civils
demande est < ou égale à 5 000euros et à – Litiges liés aux crédits à la consommation
charge d’appel au-delà de ce montant (ou
lorsque la demande est indéterminée)
60
Chapitre 4 - L’organisation judiciaire
a Le tribunal de commerce
• La composition du tribunal de commerce
Les juges des tribunaux de commerce sont appelés juges consulaires et ne sont pas des juges profes-
sionnels. Ce sont des commerçants élus par leurs pairs pour une durée de deux ou quatre ans. Chaque
tribunal est composé d’un président, d’un vice-président et peut être doté de plusieurs chambres.
La formation de jugement doit comporter au moins trois juges élus (dont éventuellement le président).
• Les compétences matérielles du tribunal de commerce
Le tribunal de commerce a des compétences d’attribution (liées à la matière) et une compétence territoriale :
– compétences d’attribution : le tribunal juge les litiges, entre commerçants, entre commerçants et
particuliers (uniquement si le particulier décide de saisir ce tribunal en tant que demandeur), relatifs
aux sociétés commerciales, aux actes de commerce et en matière de droit des entreprises en diffi-
culté. Il juge en premier et dernier ressort jusqu’à 4 000€. Au-delà de ce montant, l’appel est possible
devant la cour d’appel ;
– compétence territoriale : la juridiction territorialement compétente est celle du domicile (ou siège
social) du défendeur. Il existe des exceptions, par exemple en matière contractuelle : le lieu du tribunal
compétent dépend du lieu de livraison ou exécution de la prestation.
b Le conseil de Prud’hommes
Il juge les litiges individuels nés à l’occasion d’un contrat de travail de droit privé.
• La composition du conseil de Prud’hommes
Le conseil de Prud’hommes est composé de juges non professionnels (conseillers). Ils sont nommés par
arrêté ministériel à partir de listes de candidats proposées par les organisations syndicales représentatives de
salariés et les organisations patronales. Le nombre de candidats présentés par ces organisations dépend de
leur représentativité. Le mandat des conseillers prud’homaux est de 4 ans. Cette juridiction est composée
de 5 sections autonomes (sections de l’encadrement, de l’industrie, de commerce, de l’agriculture et des
activités diverses) et d’une formation de référé pour les affaires sans contestation sérieuse ou qui révèlent
un trouble manifestement illicite qu’il convient de faire cesser d’urgence.
Chaque section comporte deux bureaux : un bureau de conciliation et d’orientation (BCO) et un
bureau de jugement. Avant toute saisine du conseil de Prud’hommes, il est possible :
– de recourir à une médiation conventionnelle ;
– de conclure une convention de procédure participative.
61
Partie 1 - Introduction générale au droit
Lorsque le conseil de Prud’hommes est saisi, les parties sont dans un premier temps entendues par le BCO.
En cas d’échec de la conciliation, ce dernier peut orienter l’affaire devant 3 formations du bureau de
jugement :
– le bureau de jugement en formation ordinaire qui est composé de deux conseillers prud’hommes
salariés et deux conseillers prud’hommes employeurs ;
– le bureau de jugement en formation restreinte composé d’un conseiller prud’homme salarié et d’un
conseiller prud’homme employeur ;
– le bureau de jugement de départage, formé de deux conseillers prud’hommes salariés, de deux
conseillers prud’hommes employeurs et d’un magistrat professionnel désigné par le TGI.
• La compétence matérielle du conseil de Prud’hommes
Le conseil juge des litiges individuels qui surviennent entre salariés (ou apprentis) et employeurs, à l’occa-
sion du contrat de travail (ou du contrat d’apprentissage). Le conseil de prud’hommes juge en premier
et dernier ressort jusqu’à 4 000€. Au-delà de ce montant, l’appel est possible devant la cour d’appel.
• La compétence territoriale du conseil de Prud’hommes
Le conseil de Prud’hommes territorialement compétent est en principe celui dans le ressort duquel est placée
l’entreprise où est accompli le travail.
a Le tribunal de police
Le tribunal de police juge les contraventions. Il est une formation particulière du tribunal judiciaire et siège
à juge unique en audience publique. Le Ministère public est représenté par le procureur de la République
ou l’un de ses substituts. Le tribunal de police compétent territorialement est celui du lieu où l’infraction a
été commise ou du lieu de résidence du prévenu.
b Le tribunal correctionnel
Le tribunal correctionnel est une formation particulière du tribunal judiciaire et juge les délits commis
par des personnes physiques majeures ou des personnes morales. La formation du tribunal correctionnel
comprend en principe : un président et deux juges, le procureur de la République ou l’un de ses adjoints
(substitut) et le greffier. Toutefois la formation peut être à juge unique (ex. : pour les vols simples).
Le tribunal correctionnel compétent territorialement est celui du lieu où l’infraction a été commise ou du
lieu de résidence ou d’interpellation du prévenu.
62
Chapitre 4 - L’organisation judiciaire
c La cour d’assises
La cour d’assises juge les crimes qui sont les infractions les plus graves. La formation de la cour d’assises
est collégiale : 3 juges professionnels et 6 jurés. Elle se réunit en sessions et ses audiences sont publiques.
Il y a une cour d’assises par département. Les arrêts rendus par la cour d’assises peuvent faire l’objet d’un
recours (appel) devant la cour d’assises statuant en appel composée alors de 9 jurés.
Les mineurs qui ont commis une infraction grave qualifiée de crime ou de délit répondent, selon leur âge, de
leurs actes devant les tribunaux pour enfants, les tribunaux correctionnels ou la cour d’assises des mineurs.
La loi de programmation 2018-2022 et de réforme pour la justice et la loi organique relative au renforce-
ment de l’organisation des juridictions a engagé une expérimentation, sur 7 départements, qui consiste en
la mise en place de cours criminelles composées de cinq magistrats et sans jury populaire, pour juger les
crimes punis de 15 à 20 ans.
7 La Cour de cassation
La Cour de cassation est la plus haute juridiction de l’ordre judiciaire. Elle est unique et siège à Paris. Elle
est composée de 6 chambres (3 chambres civiles, 1 chambre commerciale, 1 chambre sociale et 1 chambre
criminelle). Chacune des chambres comprend : un président de chambre, des conseillers, des conseillers
référendaires, un ou plusieurs avocats généraux, un greffier de chambre.
Elle ne constitue pas un troisième degré de juridiction car elle ne juge que le droit et ne réexamine pas
les faits. Elle a pour rôle de juger la conformité des décisions aux règles de droit.
63
Partie 1 - Introduction générale au droit
64
Chapitre 4 - L’organisation judiciaire
– au niveau contentieux :
° il est juge en premier et dernier ressort pour certains litiges importants (ex. : les recours pour excès
de pouvoir tendant à l’annulation d’un décret),
° il est juge d’appel pour les recours contre les jugements des tribunaux administratifs qui ne relèvent
pas des cours administratives d’appel (ex. : le contentieux des élections municipales),
° il est juge de cassation pour les recours contre les jugements des tribunaux administratifs statuant
en premier et dernier ressort et à l’égard des arrêts des cours administratives d’appel.
A La Cour de justice
65
Partie 1 - Introduction générale au droit
Les avocats généraux assistent la Cour en présentant un avis juridique sur les affaires dont ils sont saisis.
La Cour est dotée d’un Greffier qui est le Secrétaire général de l’institution.
D’une manière générale, la procédure devant la Cour de justice comporte une phase écrite et orale. Les
audiences sont en principe publiques. Les délibérations sont secrètes. La décision appelée « arrêt » est
rendue en audience publique.
1 La composition du tribunal
Il est composé de juges (2 juges par État membre à partir de 2019) qui sont nommés d’un commun accord
par les gouvernements des États membres. Leur mandat est de 6 ans, renouvelable. Ces juges nomment
parmi eux un président pour un mandat de 3 ans. Ils sont assistés d’un greffier. Les différentes formations
du Tribunal sont identiques à celles de la Cour de justice (assemblée plénière, formation en grande chambre
ou en nombre réduit de juges).
66
Chapitre 4 - L’organisation judiciaire
IV L’action en justice :
conditions de recevabilité et extinction
67
Partie 1 - Introduction générale au droit
B L’action en justice
L’action en justice est le droit, pour l’auteur d’une prétention (le demandeur), d’être entendu sur le fond
de celle-ci afin que le juge la dise bien ou mal fondée. Pour l’adversaire (le défendeur), l’action est le droit
de discuter le bien-fondé de cette prétention.
Action mobilière Action qui porte sur un bien meuble (ex. : l’action en recouvrement d’une créance).
Action immobilière Action qui porte sur un bien immeuble (ex. : l’action en revendication d’un terrain).
68
Chapitre 4 - L’organisation judiciaire
69
Partie 1 - Introduction générale au droit
A La décision de justice
Le jugement est rendu par les juridictions du premier degré et doit contenir les motifs (arguments justifiant
la décision des juges) et le dispositif (la décision proprement dite). Il est notifié aux parties (signification),
ce qui permet de fixer la date d’exécution du jugement et de faire courir les délais de recours. Le jugement
a l’autorité de la chose jugée puis force exécutoire (si les recours suspensifs sont expirés ou ont été épuisés).
a L’opposition
L’opposition permet au plaideur défaillant (qui n’a pas comparu ou qui n’a pas été représenté par une
personne habilitée) de faire rétracter le jugement rendu par défaut et de demander au tribunal de juger à
nouveau l’affaire. Le jugement ne doit pas être susceptible d’appel et le délai d’opposition est d’un mois
à compter de la signification. Elle a un effet suspensif : cela signifie que le jugement ne peut être exécuté
immédiatement.
b L’appel
L’appel tend à faire réformer ou annuler un jugement rendu en premier ressort par une juridiction du
premier degré. Le délai pour interjeter appel est d’un mois.
L’appel a, en principe, un effet suspensif (l’exécution de la décision rendue par la juridiction de 1er degré
est suspendue). Il a aussi un effet dévolutif : l’affaire est rejugée sur les faits et sur le droit.
70
Chapitre 4 - L’organisation judiciaire
a La tierce opposition
Il s’agit d’une voie de recours qui permet à un tiers (personne autre que les parties au procès) d’attaquer
une décision qui lui est préjudiciable. Le délai pour agir est de 30 ans à compter de la décision sauf si la loi
prévoit un délai plus court ou si le jugement a été notifié au tiers opposant, dans ce cas, le recours est de
deux mois à compter de la signification.
La tierce opposition n’a pas d’effet suspensif mais a un effet dévolutif.
b Le pourvoi en cassation
Le pourvoi en cassation est exercé auprès de la Cour de cassation contre les arrêts des cours d’appel ou les
jugements rendus en premier et dernier ressort par les tribunaux du 1er degré. Le délai est de deux mois.
Lorsque la Cour suprême rend un arrêt de cassation, l’affaire est renvoyée devant une juridiction de même
nature et de même degré que celle qui a rendu la décision cassée. Le pourvoi n’est ni suspensif, ni dévolutif.
c Le recours en révision
Le recours en révision permet aux parties d’une décision de justice de demander au tribunal qui l’a rendu
de statuer à nouveau en fait et en droit. Ce recours est possible lorsque :
– la décision a été rendue au profit d’une partie grâce à une fraude de sa part ;
– des pièces décisives, retenues par une partie, ont été retrouvées après la décision ;
– la décision a été rendue à partir de pièces, témoignages ou attestations fausses.
La partie a deux mois à compter de la connaissance des éléments justifiant le recours en révision pour agir
en justice.
71
Partie 1 - Introduction générale au droit
b L’accès à la justice
Toute personne a le droit :
– d’accéder à la justice ;
– de faire entendre sa cause ;
– de faire examiner son affaire par un juge indépendant et impartial ;
– d’être jugée selon les mêmes règles de droit et de procédure, applicables à tous ;
72
Chapitre 4 - L’organisation judiciaire
– de s’exprimer dans sa langue et, si nécessaire d’être assistée d’un traducteur ou d’un interprète en
langage de signes ;
– de se faire assister ou/et représenter par le défenseur de son choix.
73
Partie 1 - Introduction générale au droit
les personnes ou éviter des troubles à l’ordre public. Dans tous les cas, les décisions du juge sont rendues
en audience publique.
1 Les magistrats
Les magistrats, professionnels de la justice, sont regroupés en un corps unique et sont chargés de faire
appliquer la loi dans les litiges qui leur sont soumis. Ils dépendent du ministère de la Justice, sont rémunérés
par l’État et se divisent en deux catégories : les magistrats du siège et ceux du Parquet.
74
Chapitre 4 - L’organisation judiciaire
(procureur Général (cour d’appel), procureur de la République (tribunal judiciaire), substitut du procureur,
avocat général, etc.)
a Les greffiers
Les greffiers (exceptés ceux des tribunaux de commerce) sont des fonctionnaires qui dépendent du minis-
tère de la Justice. Ils sont divisés en deux corps : greffiers en chef et secrétaires greffiers. Les greffiers sont
responsables du bon déroulement de la procédure judiciaire et de l’authenticité des actes établis par les
magistrats au cours du procès. Leur présence est obligatoire à l’audience.
Ils enregistrent les affaires, renseignent les parties, contrôlent l’écoulement des délais, mettent en forme
les décisions de justice. Le greffe (secrétariat-greffe) est chargé de la tenue de certains registres (ex. : le
registre d’audience).
b Les avocats
Ils exercent une profession libérale et ont une mission :
– d’assistance : conseil et plaidoirie ;
– de représentation des parties (clients) devant les juridictions : postulation (accomplissement des
actes de procédure) et conclusions (rédaction et présentation des prétentions et moyens à la partie
adverse).
Ils font partie d’une organisation professionnelle appelée Ordre des Avocats au Barreau (regroupement
d’avocats) de la ville où se trouve le siège du tribunal judiciaire dont dépend leur cabinet. Chaque barreau
75
Partie 1 - Introduction générale au droit
est administré par un Conseil de l’ordre lequel est présidé par un bâtonnier. Le Conseil de l’ordre a un
pouvoir de sanction à l’égard des avocats.
La constitution d’avocat est plus ou moins obligatoire selon les juridictions :
Principe : les parties sont tenues de constituer avocat devant le tribunal judiciaire.
Exceptions : les parties sont dispensées de constituer avocat dans les cas prévus par la loi ou
le règlement et dans les cas suivants :
– dans les matières relevant de la compétence du juge des contentieux de la
protection ;
– litiges relevant de la désignation des représentants du personnel ;
Tribunal judiciaire – litiges relevant de l’élection des membres du CSE (comité économique et social) ;
– dans les matières de la compétence des tribunaux de proximité.
Lorsque la représentation par avocat n’est pas obligatoire, les parties se défendent elles-
mêmes ou se font assister ou représenter par : leur conjoint, leur concubin ou la personne
avec laquelle elles ont conclu un PACS, leurs parents ou alliés en ligne directe ou en ligne
collatérale jusqu’au troisième degré inclus ou par un avocat.
Les parties peuvent se faire représenter par un avocat, leur conjoint, concubin, ou leur
Conseil de
partenaire pacsé, par un salarié ou par un employeur appartenant à la même branche
prud’hommes
d’activité et par un défenseur syndical.
Les parties se défendent elles-mêmes. Elles ont la faculté de se faire assister ou représenter
Tribunal de commerce par toute personne de leur choix. Le représentant, s’il n’est pas un avocat, doit justifier
d’un pouvoir spécial.
Le prévenu peut, lorsque la contravention n’est sanctionnée que par une peine principale
Tribunal de police (amende), se défendre lui-même ou se faire représenter par une personne de son choix
dotée d’un pouvoir spécial. Dans les autres cas, l’avocat est obligatoire.
Tribunal correctionnel Le prévenu peut se défendre lui-même ou se faire représenter par un avocat.
Avocat obligatoire
Cour d’assises
76
Chapitre 4 - L’organisation judiciaire
APPLICATION CORRIGÉE
Héléna vient d’emménager dans un appartement qu’elle loue à Mme LAMOTTE. Elle constate rapidement qu’une seule et unique boîte
aux lettres est mise à disposition des quatre locataires de l’immeuble. Elle s’adresse alors à sa bailleresse afin que cette dernière procède
à l’installation d’une boîte aux lettres individuelles.
Après plusieurs demandes infructueuses, Héléna décide de ne plus payer ses charges locatives. La bailleresse l’assigne alors en justice.
Héléna sera malheureusement absente le jour de l’audience car elle part en formation plusieurs semaines à Bruxelles. Elle décide alors
de solliciter son frère afin que celui-ci la représente au tribunal.
Cette représentation paraît-elle valable ?
Correction
Les modes de représentation varient selon les juridictions. Le juge des contentieux de la protection est compétent pour ce qui concerne
les baux civils. La loi indique que la constitution d’avocat n’est pas obligatoire devant le juge des contentieux de la protection. Les
parties peuvent se faire représenter par un avocat, par leur conjoint, concubin, ou partenaire d’un PACS, par un parent ou par un allié
(membre de la famille du conjoint) en ligne directe ou collatéral (jusqu’au 3e degré).
En l’espèce, Héléna peut tout à fait se faire représenter par son frère.
77
Partie 1 - Introduction générale au droit
3 Le rapporteur public
Au sein des différentes juridictions, intervient le rapporteur public. Ce dernier est chargé de proposer publi-
quement (le jour de l’audience), en toute indépendance (par rapport à l’exécutif), une solution au litige
en donnant lecture à la formation de jugement des conclusions sur les circonstances de fait et les règles
applicables. La formation de jugement n’est pas obligée de suivre ses conclusions.
78
Chapitre 4 - L’organisation judiciaire
APPLICATION CORRIGÉE
Pour chacune des situations suivantes, préciser la juridiction compétente en première instance et la voie de
recours possible en cas de contestation de la décision.
1. M. Fenwique, magasinier, souhaite contester son licenciement pour faute grave et demander une indemnité de 12 000€.
2. Mme Grison a acheté un terrain (150 000€) que le vendeur lui a présenté comme constructible alors que dans la réalité il ne l’est
pas. Elle voudrait faire annuler la vente.
3. L’entreprise Clerc n’a pas payé certaines de ses factures pour un montant de 3 500€, à son fournisseur, l’entreprise Dubois. Celle-ci
souhaite l’assigner en justice.
4. M. Estafa a commis une escroquerie.
5. M. Deleroy s’est vu refuser son permis de construire par la mairie et souhaite agir en justice.
6. Mme Richard, locataire d’un studio à usage d’habitation, n’a pas payé ses loyers pour les mois de septembre et d’octobre (1 200€)
car elle considère que son bailleur a méconnu ses obligations. Le bailleur veut la poursuivre devant les tribunaux.
7. Mme Sonnie ne supporte plus les hurlements incessants de jour comme de nuit du chien de sa voisine. Après plusieurs demandes
restées infructueuses afin que ces nuisances sonores cessent, elle voudrait faire condamner sa voisine par un tribunal.
8. M. Alby a vendu à un de ses collègues de travail une télévision quasiment neuve (1 000€). Ce dernier lui a versé 500€ et refuse de
lui régler le complément.
Correction
Situation Juridiction compétente Voie de recours
1 Conseil de Prud’hommes va statuer en premier ressort (montant du litige > 4 000€) Cour d’appel
2 Tribunal judiciaire (compétence exclusive) Cour d’appel
Tribunal de commerce va statuer en premier et dernier ressort (montant du litige Cour de cassation
3
< 4 000€)
4 Tribunal correctionnel (délit) Cour d’appel
5 Tribunal administratif Cour administrative d’appel
Juge des contentieux de la protection qui va statuer en premier et dernier ressort Cour de cassation
6
(montant du litige <5 000€)
7 Tribunal de police car (contravention) Cour d’appel sous condition
Tribunal judiciaire ou tribunal de proximité (en fonction du domicile du défendeur). Cour de cassation
8
Il va statuer en 1er et dernier ressort (montant du litige <5 000€)
79
Chapitre
LES MODES ALTERNATIFS
DE RÈGLEMENT DES DIFFÉRENDS
5
(MARD)
L’inflation du contentieux et l’exigence de rendre une décision de justice dans un délai raisonnable ont
conduit le législateur à imposer aux parties, avant toute procédure, de montrer qu’elles ont tenté de trouver
une voie de conciliation. Dans ce cadre, il existe différents modes alternatifs de résolution des différends
(MARD) possibles et adaptés à des situations juridiques données. L’ensemble de ces MARD ont pour objectif
de désengorger les tribunaux et d’offrir des voies rapides et souvent moins coûteuses qu’une procédure
judiciaire longue et parfois aléatoire pour les parties.
Ce chapitre vous permettra de développer les compétences attendues suivantes :
– Justifier l’exigence du recours aux MARD avant toute procédure contentieuse ;
– Distinguer les effets de chacun des MARD ;
– Montrer la spécificité de l’arbitrage comme mode de résolution des conflits.
A L’évolution législative
La loi de programmation 2018-2022 et de réforme pour la justice et la loi organique relative au renforce-
ment de l’organisation des juridictions promulguées le 23 mars 2019 accentuent l’importance des solutions
amiables. L’objectif est de diminuer le nombre de résolutions contentieuses des litiges et d’alléger
81
Partie 1 - Introduction générale au droit
ainsi la charge de travail des juridictions qui ne permet pas aujourd’hui d’assurer une bonne adminis-
tration de la justice.
Le gouvernement considère par ailleurs qu’un accord construit par les parties vaut mieux qu’une solution
imposée. L’exécution de l’accord sera mieux acceptée et facilitée.
Elles permettent au juge d’enjoindre les parties à un litige (et à toutes les étapes de la procédure) à rencon-
trer un médiateur afin de les inciter à poursuivre une procédure de médiation (les termes médiateurs ou
médiation doivent être entendus au sens général). Lorsque le recours à la médiation est demandé par le
juge en cours d’instance, il a un effet suspensif.
82
Chapitre 5 - Les modes alternatifs de règlement des différends (MARD)
– si l’absence de recours à l’un des modes de résolution amiable est justifiée par un motif légitime :
urgence manifeste, circonstances de l’espèce rendant impossible une telle tentative ou nécessitant
qu’une décision soit rendue non contradictoirement ou l’indisponibilité du conciliateur de justice qui
entraîne un délai manifestement excessif pour traiter du litige ;
– si le juge ou l’autorité administrative doit, en application d’une disposition particulière, procéder à
une tentative préalable de conciliation.
C La conciliation
La conciliation est un mode de règlement à l’amiable de certains litiges civils qui s’exerce :
– lors d’un procès : les parties s’entendent pour mettre fin à leur différend. Cet accord est constaté
par le juge et ne peut faire l’objet d’aucun recours ;
– en dehors de tout procès (conciliation conventionnelle) : les parties font appel à un tiers, le conci-
liateur de justice (art. 1536 à 1541 du Code de procédure civile).
1 Le recours à un conciliateur
Le recours à un conciliateur s’effectue de deux manières :
– les parties décident d’elles-mêmes de recourir à un conciliateur et font les démarches nécessaires
pour qu’il intervienne ;
– le juge désigne, avec l’accord des parties, un conciliateur.
3 Le statut du conciliateur
Le conciliateur est un auxiliaire de justice nommé pour un an (reconductible deux ans). Il doit avoir au
moins 3 ans d’expérience dans le domaine juridique. Il prête serment devant le premier président de la cour
d’appel. Il est tenu au secret et a une obligation de réserve. Son intervention est gratuite.
83
Partie 1 - Introduction générale au droit
4 Le rôle du conciliateur
La procédure de conciliation ne peut excéder trois mois (renouvelable une fois).
Le conciliateur va entendre les arguments de chacune des parties, lesquelles peuvent se faire assister ou
représenter. Sa mission est de les rapprocher afin que celles-ci trouvent un accord. Il ne peut pas trancher
le litige ni imposer une décision. Son rôle est de proposer une suggestion de conciliation.
5 Le résultat de la conciliation
Lorsqu’un accord est trouvé et que le recours à la conciliation a été décidé par le juge, ce dernier doit être
informé par écrit du résultat.
Lorsque la conciliation a été engagée par les parties et qu’un accord est trouvé : le conciliateur peut établir
un constat d’accord qui sera signé par les parties. La rédaction de ce constat devient obligatoire lorsque la
conciliation entraîne la renonciation à un droit. Un exemplaire du constat est déposé au greffe du tribunal
judiciaire. L’une des parties peut soumettre le constat d’accord à l’homologation du juge pour lui donner
force exécutoire à moins que l’autre partie s’y oppose.
La conciliation peut échouer lorsque les parties n’ont pu s’entendre sur une solution amiable ou lorsque
l’une des parties n’est pas présente.
Quel que soit le cadre de la conciliation, les parties peuvent, en cas d’échec de la conciliation, porter
ensuite leur différend en justice. Tout ce qui s’est déroulé au cours des négociations entre les parties est
confidentiel et ne pourra être produit devant le juge.
En cas de succès de la conciliation, un constat d’accord est signé. Seul le juge peut lui donner une force
exécutoire.
D La médiation
La médiation peut être judiciaire ou conventionnelle.
Pour les litiges administratifs, le défenseur des droits peut intervenir pour aider à la solution amiable d’un
litige.
La médiation peut également intervenir dans le domaine pénal.
1 La médiation judiciaire
Elle est prévue aux articles 131-1 à 131-13 du Code de procédure civile.
a La désignation du médiateur
Le juge qui est saisi d’un litige peut désigner un médiateur afin d’entendre les parties et de confronter leurs
points de vue, d’aider au dialogue pour leur permettre de trouver une solution au conflit qui les oppose.
84
Chapitre 5 - Les modes alternatifs de règlement des différends (MARD)
La décision fixe le montant de la provision à valoir sur la rémunération du médiateur à un niveau aussi
proche que possible de la rémunération prévisible et désigne la ou les parties qui consigneront la provision
dans le délai imparti ; si plusieurs parties sont désignées, la décision indique dans quelle proportion chacune
des parties devra consigner.
La décision, à défaut de consignation, est caduque et l’instance se poursuit.
Le juge n’est pas pour autant dessaisi de l’affaire. Il peut prendre à tout moment des mesures qui lui
paraissent nécessaires. Il peut également mettre fin, à tout moment, à la médiation sur demande d’une
partie ou à l’initiative du médiateur. Il peut aussi y mettre fin d’office lorsque le bon déroulement de la
médiation semble compromis.
b La mission du médiateur
La médiation peut porter sur tout ou partie du litige.
La mission du médiateur, sous contrôle du juge, est d’une durée de trois mois renouvelable une fois (pour
une même durée), à la demande du médiateur.
Le médiateur est rémunéré par les parties et le montant de cette rémunération est fixé par le juge à la fin
de la mission.
Il ne dispose pas de pouvoirs d’instruction. Néanmoins, il peut, avec l’accord des parties et pour les besoins
de la médiation, entendre les tiers (avec leur accord).
Il tient le juge informé des difficultés qu’il rencontre dans l’accomplissement de sa mission.
c Le médiateur
La médiation peut être confiée à une personne physique ou à une personne morale.
Lorsque le médiateur est une personne morale, son représentant légal soumet à l’agrément du juge le nom
de la ou des personnes physiques qui assureront, au sein de celle-ci et en son nom, la médiation.
La personne physique qui assure l’exécution de la mesure de médiation doit satisfaire à certaines condi-
tions(art. 131-5 du Code de procédure civile) :
– ne pas avoir fait l’objet d’une condamnation, d’une incapacité ou d’une déchéance mentionnées sur
le bulletin n° 2 du casier judiciaire ;
– n’avoir pas été l’auteur de faits contraires à l’honneur, à la probité et aux bonnes mœurs ayant donné
lieu à une sanction disciplinaire ou administrative de destitution, radiation, révocation, de retrait
d’agrément ou d’autorisation ;
– posséder, par l’exercice présent ou passé d’une activité, la qualification requise eu égard à la nature
du litige ;
– justifier, selon le cas, d’une formation ou d’une expérience adaptée à la pratique de la médiation ;
– présenter les garanties d’indépendance nécessaires à l’exercice de la médiation.
85
Partie 1 - Introduction générale au droit
2 La médiation conventionnelle
Elle est prévue aux articles 1532 à 1535 du Code de procédure civile.
Les parties tentent de parvenir à un accord, en dehors de toute procédure judiciaire en faisant appel à
un tiers qu’elles choisissent. Il doit accomplir, comme pour la conciliation, sa mission avec impartialité,
compétence et diligence.
La médiation conventionnelle est soumise au principe de confidentialité.
Le médiateur peut être une personne physique ou morale (désignation, avec l’accord des parties, d’une
personne physique chargée d’accomplir la mission de médiation).
Le médiateur doit répondre aux conditions suivantes (article 1533 du Code de procédure civile) :
– ne pas avoir fait l’objet d’une condamnation, d’une incapacité ou d’une déchéance mentionnées sur
le bulletin n° 3 du casier judiciaire ;
– posséder, par l’exercice présent ou passé d’une activité, la qualification requise eu égard à la nature
du différend ou justifier, selon le cas, d’une formation ou d’une expérience adaptée à la pratique de
la médiation.
L’accord éventuel entre les parties peut être soumis pour homologation au juge.
Lorsque l’accord a été rendu exécutoire par une juridiction ou une autorité d’un autre État membre de
l’Union européenne, il est exécutoire en France.
86
Chapitre 5 - Les modes alternatifs de règlement des différends (MARD)
Sur le terrain de la médiation avec les administrations, il se charge de régler les différends qui n’ont pu
aboutir à un arrangement. Ces conflits ont pour origine le mauvais fonctionnement d’un service, une
décision inéquitable ou un refus d’exécution d’une décision de justice. Il faut avoir épuisé tous les recours
habituels et s’être heurté à un refus de l’administration en cause avant de saisir le Défenseur des droits.
4 La médiation pénale
a L’organisation de la médiation pénale
Le juge peut décider, sur proposition du Ministère public, l’intervention d’un médiateur. Il est mis en place
par le Parquet avec l’accord des parties. La médiation pénale est une mesure alternative aux poursuites
pénales : l’auteur de l’infraction répare le dommage causé et cette réparation est acceptée par la victime
(ex. : amende, excuses, réparation matérielle du dommage, etc.). Si la médiation se réalise, l’affaire est
classée. À défaut, la procédure reprendra son cours.
E La transaction
La transaction figure à l’article 2044 du Code civil. Elle est un contrat par lequel les parties terminent
une contestation déjà née ou préviennent une contestation à naître en se faisant des concessions
réciproques. Elle doit respecter toutes les conditions générales de validité concernant sa formation. La
transaction est rédigée par écrit et signée par les parties. Aucun recours n’est possible.
Ce mode de règlement des conflits intervient notamment dans les domaines social, assurantiel, adminis-
tratif et fiscal. Il est en effet reconnu aux personnes publiques (État, collectivités territoriales, établissements
publics) le droit de transiger afin de gérer plus rapidement des litiges lorsque l’administration est assurée
que sa responsabilité peut être engagée.
87
Partie 1 - Introduction générale au droit
88
Chapitre 5 - Les modes alternatifs de règlement des différends (MARD)
B La convention d’arbitrage
L’accord des parties est nécessaire pour que l’arbitrage soit possible. Cet accord peut se concrétiser de deux
façons : par un compromis ou par une clause compromissoire.
1 Le compromis
Le compromis intervient après la naissance d’un litige. Il est un acte écrit (sous peine de nullité) par
lequel les parties décident de soumettre ce litige à l’arbitrage plutôt que de déclencher une procédure
devant les tribunaux.
Il doit, dans son contenu :
– déterminer l’objet du litige ;
– énumérer les questions posées à l’arbitre ;
– désigner le ou les arbitres ou prévoir les modalités de leur désignation.
D’application plus large, il peut concerner les contrats de consommation. Le consommateur pourra ou non
accepter l’offre de compromettre par la voie de l’arbitrage.
2 La clause compromissoire
La clause compromissoire est une convention par laquelle les parties à un contrat s’engagent à soumettre
à l’arbitrage les litiges qui pourraient naître à l’occasion de ce contrat.
Elle doit être obligatoirement écrite, acceptée par les parties et doit désigner le ou les arbitres ou prévoir
les modalités de leur désignation.
Cette clause est valable dans les contrats conclus à raison d’une activité professionnelle (commerciale,
artisanale, libérale), sauf dispositions législatives particulières. En effet, l’article2061 du code civil indique
que « Lorsque l’une des parties n’a pas contracté dans le cadre de son activité professionnelle, la clause ne
peut lui être opposée ». Une clause peut donc être valable entre un commerçant et un non-commerçant si
ce dernier agit dans le cadre d’une activité professionnelle. L’activité salariée est exclue par la loi du domaine
de la clause compromissoire.
C L’instance arbitrale
1 La désignation de l’arbitre
Le litige va être porté devant un tribunal arbitral composé d’un ou plusieurs arbitres (en nombre impair).
Deux modes de désignation d’arbitres sont possibles :
– désignation par les parties elles-mêmes (arbitrage ad hoc) ;
– désignation, à la demande des parties, par un centre d’arbitrage (arbitrage institutionnel).
89
Partie 1 - Introduction générale au droit
L’arbitre n’est pas contraint par les impératifs dictés par la procédure civile mais doit respecter les principes
directeurs du procès. Ayant le rôle d’un juge, il peut instruire et ordonner des expertises.
Les parties peuvent comparaître seules, se faire représenter ou assister par un avocat ou une personne de
leur choix.
2 La sentence arbitrale
La sentence arbitrale (décision du ou des arbitres) doit contenir :
– le nom du ou des arbitres, l’identification des parties, le nom des avocats ou des personnes ayant
assisté ou représenté les parties ;
– la date de la sentence, le lieu où elle est rendue ;
– les prétentions des parties, leurs moyens (arguments) ;
– la décision motivée du ou des arbitres. L’arbitre doit trancher le litige conformément aux règles de
droit, sauf si les parties lui ont demandé de statuer comme amiable compositeur. Dans ce cas, l’ar-
bitre est autorisé à fonder sa décision sur l’équité (traitement juste, égalitaire et raisonnable) même
si cela va à l’encontre d’une règle de droit.
La sentence arbitrale est prise à la majorité des voix. Elle a autorité de la chose jugée mais n’a pas la
force exécutoire. En principe, les parties s’engagent à respecter la sentence arbitrale. Toutefois, si l’une
des parties refuse de l’exécuter, l’autre partie peut obtenir en justice une ordonnance d’exequatur (ordre
d’exécution qui donne à la décision force exécutoire).
La sentence arbitrale peut faire l’objet d’un recours devant la cour d’appel sauf si les parties y ont renoncé
dans la convention d’arbitrage.
90
Chapitre 5 - Les modes alternatifs de règlement des différends (MARD)
Conventionnels
Règlements • Transaction
amiables • Convention de
procédure participative
Judiciaires ou conventionnels
• Conciliation
• Médiation
MARD
Arbitrage
91
Partie 1 - Introduction générale au droit
APPLICATION CORRIGÉE
1. Préciser pour chacune des situations suivantes le MARD qui vous semble le plus approprié :
a. Tapage nocturne dans une résidence pavillonnaire
b. M. et Mme Clermont ont un petit-fils. Depuis la séparation de ses parents, leur ex-belle-fille les empêche de voir leur petit-fils.
c. Philippe a été licencié pour faute grave. Il conteste le licenciement considérant que plusieurs personnes étaient co-auteurs des faits
reprochés.
d. Mme Joly et Mme Bel sont voisines. Mme Joly souhaite que Mme Bel fasse élaguer les arbres qui surplombent son terrain. Mme Bel refuse.
e. M. Joyeux a une entreprise de fabrication d’objets de puériculture. Il est en conflit avec un de ses fournisseurs qui ne respectent pas les
délais et la charte de qualité élaborée au début de leur collaboration. Le fournisseur reproche à M. Joyeux de le payer trop tardivement.
f. M. Pécunier est en désaccord avec l’administration fiscale concernant le calcul de son impôt.
2. Analyser une sitution juridique.
M. Fortunet a récemment acquis un immeuble constitué de 6 appartements dans le centre-ville de Bordeaux. Compte tenu de la vétusté
de ces appartements, il fait appel à plusieurs corps de métiers pour assurer leur rénovation. L’entreprise Blanc est chargée de refaire les
cuisines et salles de bains qui seront toutes rénovées selon un modèle standard. Plusieurs mois s’écoulent et M. Fortunet se rend sur
son chantier comme chaque semaine et constate que trois salles de bains ne correspondent pas du tout à ce qui était prévu et décide
de ne pas payer la facture correspondante. L’entreprise BLANC qui considère que les différences sont à peine perceptibles voudrait
résoudre ce conflit autrement que devant les tribunaux. Il propose à M. Fortunet de recourir à l’arbitrage.
M. Fortunet est-il tenu d’accepter ?
3. Analyser une situation juridique (d’après un sujet d’examen).
Hélène Dumont exerce à titre individuel l’activité d’expert-comptable à Libourne. Elle a signé avec Vincent Badet, gérant de la société
CASAQ qui exploite un centre équestre, une lettre de mission le 8 janvier 2017 portant sur la tenue de comptes et le conseil juridique
et fiscal. La lettre de mission contient la disposition suivante : « Les litiges qui pourraient éventuellement survenir entre Hélène Dumont
et la société cliente CASAQ, seront portés pour conciliation, devant le président du Conseil de l’ordre régional des experts-comptables
d’Aquitaine. » Vincent Badet conteste le montant des honoraires qu’Hélène Dumont lui a facturé. Il souhaite agir immédiatement en
justice pour faire valoir ses droits.
Vincent Badet peut-il assigner immédiatement Hélène Dumont en justice ?
Correction
92
Chapitre 5 - Les modes alternatifs de règlement des différends (MARD)
Application au cas :
Le litige né entre M. Fortunet et l’entreprise Blanc peut être soumis à l’arbitrage puisqu’il est lié à leur activité professionnelle. Seul
le compromis peut être utilisé pour permettre cet arbitrage puisque le différend vient de naître et qu’il n’y a pas d’information sur
l’existence ou non d’une clause compromissoire. L’accord de M. Fortunet est absolument obligatoire pour permettre la mise en place
de ce type de règlement des conflits.
93
PARTIE 2
LES PERSONNES
ET LES BIENS
Chapitre
LES PERSONNES 6
La personnalité juridique est l’aptitude à être sujet de droit. Celle-ci est conférée de plein droit aux personnes
physiques et, sous certaines conditions, aux personnes morales. Ces dernières sont devenues des acteurs
importants et incontournables de l’activité économique. Pour autant, l’étendue de leur capacité reste
circonscrite à leur objet.
Pour les personnes physiques, le législateur a élaboré un système d’incapacité pour protéger les mineurs et
certains majeurs victimes d’une altération de leurs facultés mentales ou corporelles.
Ce chapitre vous permettra de développer les compétences attendues suivantes :
– Justifier l’existence d’une personne juridique ;
– Identifier et caractériser les attributs de la personnalité juridique ;
– Analyser la capacité d’une personne à accomplir un acte juridique ;
– Identifier un régime de protection adapté à la situation d’un majeur dans une situation donnée.
97
Partie 2 - Les personnes et les biens
98
Chapitre 6 - Les personnes
1 Le nom
Le nom est l’appellation qui sert à désigner une personne. Il est composé du nom de famille (nom
patronymique) qui permet de rattacher l’individu à sa famille et du prénom qui permet d’individualiser la
personne au sein de sa famille. Le nom s’acquiert par la filiation (nom du père, de la mère ou des deux) et
peut être modifié en cas de mariage. Une personne peut changer de nom ou de prénom lorsqu’elle justifie
d’un « intérêt légitime ».
2 Le domicile
Le domicile est le lieu où l’individu a son principal établissement. En principe, une même personne n’a
qu’un seul domicile qui est le lieu où elle s’acquitte de ses obligations et exerce ses droits.
3 La nationalité
La nationalité est le lien juridique entre un individu et un État. La nationalité française s’acquiert :
– par la naissance : un enfant a la nationalité française lorsque l’un de ses parents est français. Pour les
enfants nés de parents étrangers : ils acquièrent la nationalité française à leur 18ans si, à cette date,
ils résident en France et ont vécu en France une période d’au moins 5ans, depuis l’âge de 11ans ;
– par le mariage sous certaines conditions ;
– par la naturalisation.
99
Partie 2 - Les personnes et les biens
2 La notion de capacité
La capacité en droit signifie l’aptitude à être titulaire de droits et d’obligations et à les exercer. Pour
avoir la pleine capacité, il faut détenir :
– la capacité de jouissance qui est la possibilité d’acquérir et de posséder des droits (ex. : le droit d’être
propriétaire d’une maison) ;
– et la capacité d’exercice qui est la possibilité d’exercer ses droits (ex. : la possibilité de louer sa maison).
En principe, toute personne juridique est dotée de la pleine capacité. Cependant, dans certaines situations,
des individus peuvent ne pas détenir la pleine capacité et être frappés d’incapacité.
3 Les incapacités
Les raisons qui entraînent cette diminution de capacité sont l’âge, l’état physique ou mental de la
personne.
Il existe deux catégories de personnes frappées d’incapacité : les mineurs émancipés ou non et les majeurs
protégés.
100
Chapitre 6 - Les personnes
l’administrateur légal, constitution d’une sûreté au nom du mineur pour garantir la dette d’un tiers, réali-
sation d’actes portant sur des valeurs mobilières ou des instruments financiers, etc.
Les administrateurs légaux doivent gérer les biens du mineur avec prudence, diligence et de manière
avisée. À défaut, ils engagent leur responsabilité (avec solidarité lorsque les parents exercent ensemble
l’autorité parentale).
b La tutelle
Une tutelle est mise en place lorsque l’autorité parentale ne peut plus s’exercer. Le juge des tutelles constitue
un conseil de famille (de 4 membres au moins choisis dans l’intérêt du mineur) qui nomme un tuteur
(qui prend soin du mineur, gère son patrimoine et veille à ses intérêts) et un subrogé tuteur (qui contrôle
la gestion du tuteur et intervient lorsque les intérêts du mineur sont en opposition avec ceux du tuteur). Le
tuteur doit obtenir l’accord du subrogé tuteur ainsi que du conseil de famille pour les actes de disposition
(ex. : la vente d’un bien immobilier).
APPLICATION CORRIGÉE
Correction
Cette affirmation est fausse. Un divorce n’entraîne pas la suppression de l’autorité parentale. Les deux parents continueront à partager
en commun l’administration des biens de leur enfant.
101
Partie 2 - Les personnes et les biens
2 Le mineur émancipé
Le mineur émancipé est une personne ayant 16 ans révolus et qui n’est plus sous l’autorité parentale. Le
mineur émancipé est doté de la pleine capacité pour tous les actes de la vie civile. Certains actes lui sont
néanmoins interdits : ceux pour lesquels la loi exige d’avoir 18 ans (ex. : obtenir le permis de conduire ou
exercer le droit de vote).
Un mineur peut être émancipé soit de plein droit par son mariage, soit par décision du juge des tutelles
des mineurs (JAF) à la demande du ou des parents ou de l’un des membres du conseil de famille.
Un mineur émancipé peut dorénavant être commerçant :
– sur autorisation du juge des tutelles au moment de la demande d’émancipation ;
– sur autorisation du président du tribunal judiciaire postérieurement à l’émancipation.
1 La sauvegarde de justice
Le majeur conserve l’exercice de ses droits sauf s’il a donné mandat d’administrer ses biens ou si un manda-
taire a été désigné en justice. Les actes qu’il passe sont, par principe, valables.
2 La curatelle
La curatelle concerne les majeurs qui peuvent agir d’eux-mêmes mais ont besoin d’être assistés, conseillés
ou contrôlés dans certains actes de la vie civile. La demande doit être assortie d’un certificat médical et
de l’énoncé des faits qui expliquent la nécessité de mettre en œuvre la mesure de protection. Le juge des
contentieux de la protection examine la demande et nomme un curateur parmi les proches de la personne,
et si cela s’avère impossible, il désigne un professionnel : mandataire judiciaire à la protection des majeurs.
Le juge peut nommer un subrogé curateur chargé de surveiller les actes effectués par le curateur.
Il existe 3 trois régimes de curatelle :
– la curatelle simple : le majeur peut gérer et administrer ses biens, percevoir ses revenus et en disposer
librement. Il est assisté d’un curateur nommé par le juge pour les actes les plus graves ; il agit seul
pour les autres actes, lesquels peuvent, sous certaines conditions, être annulés ;
– la curatelle aménagée : le juge va énumérer dans sa décision les actes que le majeur sous curatelle
peut ou ne peut pas accomplir ;
102
Chapitre 6 - Les personnes
– la curatelle renforcée ou aggravée : le curateur percevra seul les revenus et assurera lui-même le
règlement des dépenses à l’égard des tiers. Le majeur est assisté du curateur pour tous les actes de
la vie civile. Le curateur doit rendre compte annuellement de sa gestion.
La durée de la curatelle est fixée par le juge. Elle est de 5 ans (renouvelable). La mesure peut prendre fin
à tout moment.
3 La tutelle
La tutelle concerne les majeurs ayant besoin d’être représentés de manière continue dans les actes de la
vie civile du fait de l’altération de leurs facultés mentales ou parce qu’ils sont physiquement incapables
d’exprimer leur volonté.
L’ouverture d’une mesure de tutelle peut être demandée au juge des contentieux de la protection (juge des
tutelles des majeurs) notamment par la personne à protéger, son conjoint (pacsé ou concubin), un membre
de sa famille, une personne proche ou le procureur de la République.
La demande doit être assortie d’un certificat médical et de l’énoncé des faits qui expliquent la nécessité
de mettre en œuvre la mesure de protection. Le juge examine la demande et nomme un tuteur parmi les
proches de la personne, et si cela s’avère impossible, il désigne un professionnel (mandataire judiciaire à la
protection des majeurs) et si nécessaire un conseil de famille. Le juge peut nommer un subrogé tuteur
chargé de surveiller les actes effectués par le tuteur.
Le majeur sous tutelle prend seul les décisions relatives à sa personne (choix de son lieu de résidence, etc.).
Pour se marier ou signer un PACS, il doit informer au préalable son tuteur. La mise sous tutelle ne prive pas
la personne de l’autorité parentale. La loi du 23 mars 2019 de programmation 2018-2022 et de réforme
pour la justice restitue le droit de vote aux majeurs sous tutelle (les procurations sont strictement encadrées).
Le tuteur peut effectuer seul les actes d’administration. Pour le reste, l’autorisation du juge est nécessaire.
La durée de la tutelle est de 5 ans ou 10 ans (renouvelables). La mesure de tutelle peut être allégée et
prendre fin à tout moment.
ATTENTION !
Les majeurs sous tutelle et curatelle ne peuvent exercer le commerce.
4 L’habilitation familiale
L’habilitation familiale permet aux proches d’un majeur « incapable » (dégradation des facultés mentales ou
corporelles constatée médicalement) de manifester sa volonté de le représenter dans tous les actes de sa
vie ou certains seulement. La loi du 23 mars 2019 de programmation 2018-2022 et de réforme pour la justice
permet dorénavant au majeur incapable de demander lui-même cette mesure. Elle prévoit également que la
personne habilitée puisse simplement assister le majeur incapable (ex. : co-signature d’un acte important).
103
Partie 2 - Les personnes et les biens
L’habilitation familiale n’est pas une mesure de protection judiciaire. Le juge n’intervient pas pendant la
période de protection. La personne désignée par le juge pour recevoir l’habilitation familiale peut être :
l’ascendant, le descendant, le frère ou la sœur, l’époux, le pacsé, le concubin. Il appartient à la personne
souhaitant l’habilitation de saisir le juge de sa demande. La mission est exercée à titre gratuit.
La mesure prend fin par le décès de la personne, son placement dans un autre régime de protection,
par jugement de mainlevée prononcé par le juge à la demande de l’un des proches de la personne
protégée ou du procureur de la République. Deux motifs peuvent être invoqués :
– les conditions pour être sous habilitation ne sont plus réunies ou l’habilitation familiale porte atteinte
aux intérêts de la personne protégée ;
– en cas d’accomplissement des actes pour lesquels l’habilitation avait été délivrée.
Depuis la loi du 23 mars 2019, le juge peut ordonner une mise sous tutelle ou curatelle si l’habilitation
familiale n’est pas suffisante pour assurer la protection de la personne incapable.
104
Chapitre 6 - Les personnes
105
Partie 2 - Les personnes et les biens
Éléments
d'identification
Personnes • Nom
physiques • Domicile
• Nationalité
Personnes capables
Capacité
Mineurs
• Non émancipés
• Émancipés
Majeurs protégés
• Habilitation familiale
Les personnes • Sauvegarde de justice
• Curatelle
• Tutelle
Éléments Personnes
d'identification morales
• Dénomination
sociale
• Siège social
• Nationalité Capacité
• Principe de spécialité
106
Chapitre 6 - Les personnes
APPLICATION CORRIGÉE
1. Identifier les personnes physiques et les personnes morales ; pour ces dernières, repérer celles qui sont à
but lucratif.
Personne morale
Situations Personne physique
But lucratif But non lucratif
a. Marc 17 ans
b. Fondation l’Abbé-Pierre
c. Syndicat CGT
d. Mme Marianne, fonctionnaire
e. La SARL ELECTRO
f. M. Martin, Chef d’entreprise
g. La Mairie de Lornay
h. La société civile immobilière LOCAPI
i. L’association Les Restos du Cœur
j. M. LANSARD, expert-comptable
k. La Société anonyme MAES
l. Yvon, majeur sous curatelle
m. L’Hôpital de Thonon-les-Bains
2. Quel est le régime applicable à chacune des situations suivantes (hors habilitation familiale) ?
a. Marine, 35 ans, consomme de l’alcool de manière excessive quotidiennement, au point de ne plus assumer ses obligations profes-
sionnelles et familiales.
b. Agnès, jeune femme de 32 ans, joue périodiquement au casino, ce qui l’expose à de sérieuses difficultés financières.
c. Louis, âgé de 22 ans, est plongé dans un coma profond suite à un accident de moto.
d. Un adolescent de 12 ans élevé par son père, sa mère étant décédée depuis deux ans.
e. Une dame de 85 ans atteinte de la maladie d’Alzheimer.
f. Un homme de 25 ans en dépression suite à une rupture amoureuse.
g. Une petite fille de 7 ans brutalisée par ses parents qui viennent de se voir retirer l’autorité parentale.
h. Max, 2 ans, abandonné par ses parents.
i. Un jeune homme de 17 ans, qui a hérité du patrimoine de son oncle et qui a la maturité pour pouvoir le gérer seul.
j. Un garçon de 6 ans dont le père et la mère exercent l’autorité parentale
3. Analyser une situation juridique.
Gilles vient de perdre sa femme. Ne supportant pas sa disparition, il sombre dans une profonde dépression. Il se laisse totalement aller
à tel point qu’il passe son temps à errer dans les rues de jour comme de nuit. Il rencontre alors deux personnes qui, profitant de son
état, s’installent chez lui et lui font faire des dépenses outrancières. Son neveu vient lui rendre visite pour les fêtes de Noël. Il constate
avec stupéfaction la situation et vous demande de quelle manière il peut protéger juridiquement son oncle.
Quel régime de protection pouvez-vous lui conseiller ?
107
Partie 2 - Les personnes et les biens
Correction
108
Chapitre
LES COMMERÇANTS, 7
PERSONNES PHYSIQUES
Les premiers acteurs de la vie des affaires sont les commerçants en tant que personnes physiques. Ils dirigent
des entreprises individuelles qu’ils exploitent en nom propre ce qui impacte leur patrimoine personnel. Ces
personnes physiques acquièrent la qualité de commerçant dès lors qu’elles accomplissent des actes de
commerce à titre de profession habituelle. Dans le cadre de ses affaires, le commerçant a des obligations
et a besoin de règles adaptées à son activité.
Ce chapitre vous permettra de développer les compétences attendues suivantes :
– Identifier le commerçant ;
– Vérifier qu’une personne remplit les conditions pour exercer le commerce, dans une situation donnée ;
– Distinguer les différents actes de commerce et présenter leur régime juridique ;
– Analyser le statut et la situation patrimoniale du commerçant ;
– Sélectionner un statut pour le conjoint en fonction d’une situation donnée et en mesurer les conséquences
juridiques.
109
Partie 2 - Les personnes et les biens
110
Chapitre 7 - Les commerçants, personnes physiques
5 Les étrangers
Les ressortissants de l’espace économique européen et de la Suisse peuvent exercer le commerce librement
en France.
Selon la loi française, une personne de nationalité étrangère (non ressortissant de l’espace économique
européen) doit être titulaire d’une carte de séjour temporaire autorisant l’exercice d’une activité profes-
sionnelle pour pouvoir exercer le commerce en France.
II La définition du commerçant
Selon le Code de commerce (art. L.121-1) : « Sont commerçants ceux qui exercent des actes de commerce
et en font leur profession habituelle. » La jurisprudence a ajouté un élément à cette définition : un
commerçant est celui qui exerce une profession de manière indépendante.
Pour être considéré comme commerçant, il faut exercer une activité de manière répétée, pour son propre
compte et en tirer ses principaux revenus de subsistance.
Le commerçant peut être une personne physique ou une personne morale. Lorsqu’il est une personne
physique, il exploite son activité sous le statut d’entreprise individuelle. Le commerçant est le chef de
son entreprise et son patrimoine personnel se confond, en principe, avec son patrimoine professionnel. Le
commerçant, personne morale, est ce que l’on appelle une entreprise sociétaire plus communément
appelée « société ». Contrairement à l’entreprise individuelle, elle est une véritable structure juridique dotée
de la personnalité juridique et indépendante des personnes qui l’ont constituée et qui la dirigent.
111
Partie 2 - Les personnes et les biens
APPLICATION CORRIGÉE
Correction
Commerçants : 1, 5
Non commerçants : 2, 3, 4
112
Chapitre 7 - Les commerçants, personnes physiques
113
Partie 2 - Les personnes et les biens
Les clauses attributives de compétence territoriale (les parties fixent par avance le tribunal de commerce
territorialement compétent en cas de litige) et les clauses compromissoires sont valables entre commerçants.
B Le statut de commerçant
114
Chapitre 7 - Les commerçants, personnes physiques
115
Partie 2 - Les personnes et les biens
B La publicité de l’affectation
L’affectation fait l’objet d’une déclaration :
– auprès du CFE (centre de formalités des entreprises) qui transmettra la déclaration au registre compé-
tent (RCS) ;
– ou d’une déclaration en ligne (informations sur l’entrepreneur, l’activité concernée et les biens
affectés).
116
Chapitre 7 - Les commerçants, personnes physiques
relatives aux commerçants) ou des obligations comptables simplifiées. Enfin, il a l’obligation de déposer
les comptes annuels au registre compétent.
1 La séparation de biens
Dans le régime conventionnel de séparation des biens, chaque bien acquis par un époux, à titre onéreux
ou gratuit, avant comme pendant l’union, lui appartient exclusivement. Il peut donc librement l’utiliser.
L’autre époux n’aura pas à supporter les éventuels problèmes financiers liés à l’exploitation commerciale.
117
Partie 2 - Les personnes et les biens
1 La communauté légale
Le régime de la communauté légale s’applique automatiquement aux personnes qui se marient sans
conclure préalablement de contrat de mariage devant notaire. Il fait coexister deux catégories de biens :
– les biens propres : biens détenus par chacun des époux avant le mariage ou ceux reçus par dons
ou legs après le mariage ;
– les biens communs : biens acquis à titre onéreux pendant le mariage par les époux et qui appar-
tiennent donc aux deux.
Si une personne décide d’avoir une activité commerciale en employant des biens communs, alors le produit
de cette activité appartiendra aux deux époux. De même certaines opérations nécessiteront l’accord du
conjoint non commerçant. Par exemple, en cas d’apport à une société d’un local acquis par les époux.
118
Chapitre 7 - Les commerçants, personnes physiques
119
Partie 2 - Les personnes et les biens
Définition
Et en fait sa profession habituelle
• Activité de manière répétée
• En tire ses principaux revenus
de subsistance
Le Statut • Incapacité
commerçant • Interdictions et
déchéance
• Incompatibilités
Modalités • Personnes de
Personne physique d'exercice nationalité étrangère
• Entrepreneur
L'activité envisagée
individuel
doit être possible
• Auto-entrepreneur
• Entrepreneur à Personne morale • Activités interdites
responsabilité limitée
• Sociétés de capitaux • Activités nécessitant
• Sociétés de personnes une autorisation
120
Chapitre 7 - Les commerçants, personnes physiques
APPLICATION CORRIGÉE
121
Partie 2 - Les personnes et les biens
Correction
1. Classification en actes
Actes de commerce : b (par nature), d (par accessoire), e (par nature), f (par la forme), g (par leur objet), i (par la forme)
Actes civils : c et h
Acte mixte : a
122
Chapitre
LES AUTRES PROFESSIONNELS 8
DE LA VIE DES AFFAIRES
La vie des affaires n’est pas exclusivement le fait du commerce, d’autres entrepreneurs individuels déve-
loppent des activités économiques. Certains d’entre eux sont des partenaires privilégiés du commerçant. Il
convient de distinguer chacun de ces acteurs économiques.
Ce chapitre vous permettra de développer les compétences attendues suivantes :
– Identifier et analyser les principes juridiques applicables aux catégories professionnelles suivantes : artisan,
agriculteur, professionnel libéral.
123
Partie 2 - Les personnes et les biens
la qualification artisanale et au répertoire des métiers. Celui-ci énumère 250 activités réparties en 4 caté-
gories de métiers :
– alimentation (boulangerie-pâtisserie, transformation de viande, fabrication de produits laitiers, etc.) ;
– bâtiment (maçonnerie, couverture, plomberie, chauffage, menuiserie, électricité, etc.) ;
– fabrication (textile, de meubles, instruments de musique, travail du verre, etc.) ;
– service (réparation automobile, blanchisserie, coiffure, travaux photographiques, ambulances, etc.).
B La notion d’artisan
La qualité d’artisan est réservée aux personnes physiques et aux dirigeants de sociétés relevant du secteur
des métiers défini précédemment et qui :
– justifient d’un diplôme, d’un titre ou d’une expérience professionnelle dans leur métier ;
– exercent effectivement le métier ;
– justifient d’une immatriculation au répertoire des métiers ;
– n’emploient pas plus de 10 salariés (sous certaines conditions, le dépassement du seuil des 10 salariés
n’empêche pas de rester immatriculé au répertoire des métiers).
Il existe trois statuts possibles : Artisan, Maître-Artisan et Artisan d’Art.
124
Chapitre 8 - Les autres professionnels de la vie des affaires
Le cumul de la qualité d’artisan avec celle de commerçant est possible. Par exemple, le métier de fleuriste
consiste à présenter, à vendre des fleurs et à faire de la composition florale. Si le fleuriste, dans son magasin,
vend des vases, des éléments de décoration ou d’autres produits qu’il ne transforme pas, il est également
commerçant. Il faut que cette activité de commerçant reste accessoire (le chiffre d’affaires tiré de l’activité
commerciale doit être inférieur à celui issu de l’activité artisanale).
C Le statut d’artisan
2 Le statut social
Comme pour les commerçants, la protection sociale des artisans est gérée par la Sécurité sociale des indé-
pendants (SSI). Les risques couverts sont la maladie, la maternité, l’invalidité, la retraite et le décès.
125
Partie 2 - Les personnes et les biens
B La notion d’agriculteur
Un agriculteur est une personne physique ou morale qui exerce une activité agricole. L’agriculteur a le
choix entre différents modes d’exploitation et notamment :
– le faire-valoir direct : l’agriculteur est propriétaire de son exploitation et la conduit lui-même ;
– le fermage : l’agriculteur et le propriétaire de l’exploitation sont liés par un contrat de location (bail
à ferme). L’agriculteur (ou fermier) verse un loyer annuel au propriétaire, assume seul les risques et
les charges de l’exploitation. Le bail rural se renouvelle par tacite reconduction au bout de neuf ans
sauf si le propriétaire met fin au bail (envoi du congé 18mois avant terme) pour un motif légitime
(exploitation par le propriétaire, par son conjoint, ses descendants ou pour motifs graves : non-paie-
ment du loyer) ;
– le métayage : il repose sur un contrat de location (bail à métayage) par lequel le bien rural est donné
à bail à un preneur (le loueur) qui s’engage à le cultiver sous la condition d’en partager les produits
avec le bailleur (celui qui loue). Ce bail est résiliable tous les trois ans à la volonté du preneur qui doit
donner son préavis dans les délais conformes aux usages locaux avant l’expiration de chaque période
triennale. Le propriétaire et le locataire assument ensemble les charges et les risques liés à l’exploitation.
À SAVOIR !
Les litiges concernant les baux ruraux sont de la compétence du tribunal paritaire des baux ruraux. Il est
présidé soit par un juge du tribunal judiciaire soit par un juge du tribunal de proximité selon le lieu d’implan-
tation du tribunal. Le juge est assisté de quatre juges non professionnels (deux représentants des propriétaires
et deux représentants des exploitants) désignés (depuis 2018) sur proposition des organisations profession-
nelles les plus représentatives. Pour les autres litiges, les tribunaux civils restent compétents.
C Le statut d’agriculteur
L’agriculteur, personne physique ou morale, doit procéder à son immatriculation au Registre de l’agri-
culture qui se trouve à la chambre d’agriculture du lieu de son exploitation. Si l’agriculteur développe
également une activité commerciale, il devra procéder à son immatriculation au RCS.
L’agriculteur, concernant son statut social, relève de la MSA (mutualité sociale agricole).
126
Chapitre 8 - Les autres professionnels de la vie des affaires
127
Partie 2 - Les personnes et les biens
– justifier d’un diplôme, titre, – exercer une activité – exercer une activité ayant
expérience professionnelle agricole (la maîtrise et pour objet d’assurer des
dans le métier l’exploitation d’un cycle prestations intellectuelles,
– exercer effectivement le végétal ou animal) ou techniques ou de soins
métier une activité dans le – avoir les qualifications
– être immatriculé au prolongement de l’acte de professionnelles
répertoire des métiers production ou qui a pour appropriées
– employer maximum support l’exploitation – respecter des principes
10salariés – être immatriculé au éthiques ou relevant
registre de l’agriculture d’une déontologie
professionnelle
128
Chapitre 8 - Les autres professionnels de la vie des affaires
APPLICATION CORRIGÉE
129
Partie 2 - Les personnes et les biens
Correction
2. Commentaire de document
a. Demandeur : Société Technigaz entretien – Défendeur : M. X…
Aide à la compréhension des décisions de justice : « Attendu que la société Technigaz entretien fait grief à l’arrêt » : cela signifie que la
société Technigaz reproche à l’arrêt (de la cour d’appel) d’avoir statué comme elle l’a fait et se pourvoit en cassation pour que la Cour
suprême se positionne différemment.
b. Faits : M. X… était salarié de la société Technigaz entretien. Il a donné sa démission et s’est installé à son propre compte en qualité
de plombier chauffagiste. La société Technigaz considère qu’il a commis des agissements de concurrence déloyale. L’ayant considéré
comme commerçant, elle l’a poursuivi devant le Tribunal de commerce.
c. Solutions : La cour d’appel de Versailles dans sa décision du 14 septembre 2006 a considéré que M. X… travaillait seul, sans apport
de main-d’œuvre et qu’il exerçait une activité de « production, transformation et prestations de services ». Elle a constaté que cette
activité lui procurait l’essentiel de ses revenus et que l’achat de marchandises pour revente ne représentait qu’une faible part de son
résultat d’exploitation. Elle conclut en conséquence qu’il avait le statut d’artisan et non de commerçant (relavant ainsi de la compétence
du TGI, tribunal judiciaire depuis le 01/01/2020). La Cour de cassation, dans son arrêt du 11 mars 2008 confirme le raisonnement de
la cour d’appel (elle rejette le pourvoi, c’est-à-dire la demande de la Société Technigaz) en complétant sur le fait qu’il n’y avait pas de
spéculation ni sur la marchandise revendue ni sur la main-d’œuvre.
d. Suite de la procédure : l’arrêt de la Cour de cassation est un arrêt de rejet. En conséquence, il n’y a plus de recours possibles au
niveau judiciaire.
130
Chapitre
LA THÉORIE DU PATRIMOINE 9
Dans la tradition juridique française, la naissance de la personnalité juridique s’accompagne de celle du
patrimoine. Pour un commerçant personne physique, cette vision d’unicité du patrimoine n’est pas sans
poser des problèmes pour le développement de l’entreprenariat. Le législateur, à partir du milieu des
années 1980, va évoluer progressivement vers la création juridique d’un patrimoine d’affectation protecteur
de l’entrepreneur tout en garantissant les droits des créanciers.
Ce chapitre vous permettra de développer les compétences attendues suivantes :
– Discuter les intérêts et limites des théories du patrimoine ;
– Distinguer entreprise individuelle et EIRL ;
– Évaluer les risques patrimoniaux de l’entrepreneur dans une situation donnée.
131
Partie 2 - Les personnes et les biens
Le patrimoine est pour eux un attribut de la personnalité car il est la conséquence de son existence.
En vertu de cette théorie, trois affirmations se dégagent :
– le patrimoine est une universalité de droit. Il forme un tout indissociable au sein duquel l’ensemble
des droits (actif) répond de l’ensemble des obligations (passif). Il est une masse autonome ;
– toute personne (physique ou morale) a un patrimoine et un seul. Ce patrimoine est intransmissible
dans sa totalité tant que la personne à laquelle il est attaché est vivante. Même lorsqu’il est vide de
tout contenu, il existe malgré tout. Le passif peut être plus important que l’actif. Le patrimoine est
également indivisible ;
– le patrimoine n’est composé que d’éléments évaluables en argent. Cela permet de faire la
distinction entre droits patrimoniaux (droits pécuniaires faisant partie du patrimoine) et droits extra-
patrimoniaux (droits non pécuniaires qui sont par exemple les droits de la personnalité ou le droit à
la liberté).
132
Chapitre 9 - La théorie du patrimoine
II La composition du patrimoine
Le patrimoine est composé d’un ensemble de biens et d’obligations. En droit, un bien peut être soit une
chose matérielle, soit un droit ayant une valeur pécuniaire.
A Les biens
Il existe deux classifications possibles : les biens corporels et incorporels d’une part, et les biens meubles
et immeubles (classification qui relève du Code civil) d’autre part.
Choses fongibles Ce sont des biens interchangeables. Les choses fongibles peuvent être remplacées
(choses de genre) par n’importe quelle chose du même genre (ex. : une voiture).
Choses non fongibles Ce sont des biens qui, du fait de leur caractère unique, ne sont pas interchangeables
(corps certains) ou substituables (ex. : une voiture d’occasion, un tableau de maître).
133
Partie 2 - Les personnes et les biens
134
Chapitre 9 - La théorie du patrimoine
C Les dettes
Juridiquement, les dettes s’appellent « obligations » et sont contenues dans le patrimoine d’une personne.
Il existe deux classifications possibles des obligations : obligation de donner/faire/ne pas faire d’une part,
et obligation de moyen/obligation de résultat d’autre part.
Ci-dessous un tableau donnant les définitions des différentes obligations :
Types d’obligations Définitions
Une personne est tenue de transférer la propriété d’une chose ou de créer un droit
Obligation de donner
réel sur cette chose.
Obligation de faire Une personne est tenue d’accomplir un fait positif (ex. : exécuter un ouvrage).
Une personne promet de s’abstenir de faire quelque chose (ex. : l’engagement pour
Obligation de ne pas faire
un vendeur de fonds de commerce de ne pas concurrencer l’acheteur du fonds).
Une personne est tenue d’un résultat précis (ex. : un cuisiniste qui s’engage à livrer
Obligation de résultat
et monter les meubles d’une cuisine).
Une personne s’engage à mettre tous les moyens en œuvre pour tendre vers un
Obligation de moyens
résultat (ex. : le médecin fera tout ce qui est nécessaire pour que son patient guérisse).
135
Partie 2 - Les personnes et les biens
2 La succession
En vertu de la théorie classique, le patrimoine du défunt est transmis à son héritier.
Le risque pour l’héritier est de supporter un passif qui peut être bien plus important que l’actif. Le législateur
a permis à l’héritier de n’accepter la succession à concurrence de l’actif net (anciennement appelé « sous
bénéfice d’inventaire »), ce qui permet de séparer le patrimoine du défunt de celui de l’héritier.
136
Chapitre 9 - La théorie du patrimoine
137
Partie 2 - Les personnes et les biens
Obligation de donner
Droits
Propriété littéraire
intellectuels
et artistique Clientèle
Propriété industrielle
138
Chapitre 9 - La théorie du patrimoine
APPLICATION CORRIGÉE
(*) Titres reçus en contrepartie d’un apport de capital (ex. : lors de la constitution de SARL)
Correction
Droits réels : 1, 3, 7
Droits personnels : 5, 6, 8
Droits intellectuels : 2, 4
139
Partie 2 - Les personnes et les biens
Incorporel
Corporel
ou incorporel
Corporel
Bien • Consomptible ou
non consomptible
• Chose de genre
ou corps certain
Meuble
Immeuble ou immeuble
• Par nature
• Par destination
• Par l'objet auquel
il s'attache Meuble
• Par nature
• Par détermination
de la loi
140
Chapitre 9 - La théorie du patrimoine
APPLICATION CORRIGÉE
Correction
1. Corporel / Immeuble (par destination)
2. Corporel / Immeuble (par nature)
3. Incorporel / Meuble (par détermination de la loi)
4. Corporel / Immeuble (par destination)
5. Corporel / Meuble (par nature)
6. Incorporel / Meuble (par détermination de la loi)
7. Corporel / Immeuble (par l’objet auquel il se rattache)
8. Incorporel / Meuble (par détermination de la loi)
141
Chapitre
LA PROPRIÉTÉ 10
Le droit de propriété est le plus complet des droits réels. Il donne la possibilité de tirer de la chose toutes
les utilités dont elle est susceptible.
Le droit de propriété satisfait aux intérêts individuels.
Toutefois, une partie de la doctrine considère que la propriété remplit aussi une fonction sociale qui fonde
toutes les entorses au droit de propriété.
Ces deux fonctions, à la fois compatibles et potentiellement contradictoires, imprègnent le droit positif de
la propriété.
Ce chapitre vous permettra de développer les compétences attendues suivantes :
– Identifier les différents modes d’acquisition dérivée de la propriété ;
– Analyser les prérogatives du propriétaire ;
– Analyser les droits et obligations de l’usufruitier et du nu-propriétaire ;
– Analyser les limites du droit de propriété.
143
Partie 2 - Les personnes et les biens
1 Le principe
Le propriétaire a en principe une totale liberté d’usage, de jouissance et de disposition du bien. Ce droit
est opposable à tous.
En vertu de l’article 552 du Code civil, le droit de propriété s’étend à la propriété du dessus et du dessous :
le propriétaire peut faire au-dessus toutes les plantations et constructions qu’il juge utile (sauf exceptions)
et peut faire au-dessous toutes les constructions et fouilles qu’il jugera nécessaire. Il a le droit, en principe,
de « tirer de ces fouilles » tous les produits qu’elles peuvent fournir.
Il existe plusieurs restrictions au caractère absolu du droit de propriété :
– limites légales : différentes restrictions sont prévues pour assurer l’ordre public (ensemble des règles
qui régissent la vie en société) que ce soit pour servir l’intérêt général (expropriation, droit de préemp-
tion, environnement, etc.) ou l’intérêt des individus (règles d’urbanisme, etc.) ;
– limites jurisprudentielles: les juges rendent responsable un propriétaire lorsqu’il commet un abus
dans l’exercice de son droit de propriété ou cause un trouble anormal de voisinage ;
– limites conventionnelles : il est possible par convention, c’est-à-dire par un accord de volonté conclu
entre des personnes, de limiter le droit de disposer de la chose (ex. : une clause d’inaliénabilité) ou de
limiter l’usage d’un bien (ex. : une servitude conventionnelle).
144
Chapitre 10 - La propriété
145
Partie 2 - Les personnes et les biens
146
Chapitre 10 - La propriété
1 L’occupation
L’occupation est le fait de prendre possession d’un bien meuble qui n’appartient à personne soit parce qu’il
n’a jamais fait l’objet d’une appropriation (ex. : un animal sauvage), soit parce qu’une personne a cessé de
se l’approprier (ex. : trésor, épave ou objet abandonné).
2 La possession acquisitive
La possession est la détention ou la jouissance d’une chose ou d’un droit. Elle ne signifie pas que le
possesseur est également propriétaire. Dans certaines circonstances, la possession permet l’acquisition de
la propriété. Pour cela, elle doit comporter deux éléments et présenter certaines qualités :
Matériel (corpus) Le possesseur doit effectuer des actes matériels sur la chose.
Éléments Intentionnel Le possesseur se considère, de bonne foi, comme le véritable propriétaire et agit
(animus) comme tel.
Continue Usage régulier de la chose.
Paisible La chose n’est pas possédée par la violence (physique ou morale).
Qualités
Non-équivoque La possession ne doit pas faire penser à l’exercice d’autres droits (ex. : location, dépôt).
Publique Connue des tiers.
Les règles de possession sont différentes selon que le bien est immeuble ou meuble.
147
Partie 2 - Les personnes et les biens
3 L’accession
Le propriétaire d’une chose principale est également propriétaire de tout ce qui s’unit ou s’incorpore à la
chose (accessoires) (ex. : le propriétaire d’un arbre devient propriétaire des fruits qu’il produit).
4 La succession
Le décès d’une personne a pour effet la transmission de la propriété de ses biens. Lorsque le défunt n’a
pas fait de testament (succession ab intestat), la succession est régie par la loi.
A La définition de l’usufruit
Une personne (l’usufruitier) détient sur le bien, meuble ou immeuble, l’usus et le fructus et une autre (le
nu-propriétaire) détient l’abusus.
La pleine propriété peut être reconstituée car le droit d’usufruit est temporaire : il disparaît avec la personne
qui en est titulaire même en cas de cession de ce droit.
L’usufruit peut avoir une origine légale (la loi accorde au conjoint survivant un usufruit sur tout ou partie
des biens du conjoint décédé) ou conventionnelle.
1 Les droits
L’usufruitier a différents droits :
– il peut utiliser le bien. Lorsqu’il s’agit d’un immeuble, une maison par exemple, il s’agit du droit de
l’habiter ;
148
Chapitre 10 - La propriété
– il a le droit de percevoir les fruits du bien. Le terme fruit doit être entendu largement : ce sont les
fruits naturels (ex. : récoltes) ou les fruits civils (ex. : les intérêts d’une somme d’argent, les loyers) ;
– il peut se servir de la chose à charge de la rendre en fin d’usufruit en même quantité et qualité
en respectant l’usage auquel la chose est destinée ;
– il a le droit de donner à bail son droit d’usufruit, de le vendre ou le céder à titre gratuit. Enfin,
il peut louer le bien, objet de l’usufruit.
2 Les obligations
L’usufruitier doit rendre la chose en l’état. Il ne peut pas réclamer d’indemnité en cas d’amélioration du
bien. Il doit effectuer les réparations d’entretien et payer les charges liées à la possession.
149
Partie 2 - Les personnes et les biens
150
Chapitre 10 - La propriété
Acquisition
Propriété User (usus)
démembrée
Percevoir les
fruits (fructus)
Attributs
Détention Disposer
(abusus)
Pleine
propriété La propriété
Exclusif
Caractères Perpétuel
Limites • Imprescriptible
• Transmissible
• Inviolable
Absolu
• Principe
Abus de droit Troubles • Restrictions
de voisinage
151
Partie 2 - Les personnes et les biens
APPLICATION CORRIGÉE
152
Chapitre 10 - La propriété
Mme X… et en a déduit que celle-ci ne pouvait, sous peine de commettre un abus de droit, s’opposer à l’installation d’un échafaudage
en éventail ou sur pieds dans la propriété voisine pour une durée de trois semaines, a légalement justifié sa décision ;
PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi ;
Condamne Mme X… aux dépens ; »
Correction
1. Analyse de situation juridique
Règles juridiques :
En cas de servitude naturelle d’écoulement des eaux, le propriétaire du fonds inférieur doit laisser s’écouler les eaux et celui du fonds
supérieur doit éviter d’aggraver la servitude du fonds inférieur. En conséquence, le propriétaire du fonds inférieur ne peut être contraint,
afin de remédier à une aggravation de la servitude naturelle d’écoulement des eaux causées par le propriétaire du fonds supérieur,
d’accepter la réalisation d’un ouvrage sur son propre fonds. Le fait d’apporter une solution qui serait supportée par le propriétaire du
fonds inférieur est une atteinte au droit de propriété (Cass.3e civ., 29 sept. 2010, n° 09-69608).
Application au cas :
En l’espèce, si M. Dome (propriétaire du fonds inférieur) prouve que l’inondation est bien la conséquence des travaux effectués par
M. Long (propriétaire du fonds supérieur), il n’est pas tenu d’accepter la solution du drainage et peut donc demander réparation de
son préjudice.
2. Analyse de situation juridique
Règles juridiques :
Le propriétaire a trois prérogatives (pouvoirs) sur la chose : le droit de l’utiliser ou pas (usus), le droit d’en percevoir les fruits (fructus) et le
droit d’en disposer (abusus). Le droit de propriété peut être démembré, ce qui permet à une personne propriétaire de conserver certaines
prérogatives. Il s’agit notamment de l’usufruit. Il permet à une personne (usufruitier) de rester titulaire des deux premières prérogatives
(usus et fructus). La dernière prérogative (abusus) sera détenue par une autre personne, le nu-propriétaire. Un individu peut faire une
donation d’un bien dont il est pleinement propriétaire et se réserver l’usufruit. La propriété est reconstituée au décès du nu-propriétaire.
Application au cas :
Les époux CLÉMENT peuvent faire la donation de leur maison secondaire à leur fils et se réserver l’usufruit. Ils pourront ainsi continuer
à séjourner dans cette résidence.
3. Commentaire de document (décision de justice)
a. Les faits
Les époux Y… souhaitent faire exécuter des travaux de réfection de la toiture de leur pavillon. Ils ont dans un premier temps demandé
au Maire l’autorisation d’installer une nacelle ce qui leur a été refusé. Puis ils ont pensé réaliser les travaux par voie aérienne ce qui était
impossible en termes de coût. Ils ont alors demandé à leur voisine l’autorisation d’installer un échafaudage sur son terrain ce que cette
dernière a refusé. Ils ont alors saisi la justice.
b. Les parties
Madame X… est le demandeur, les époux Y…, les défendeurs.
c. Les limites au droit de propriété
La limite évoquée au droit de propriété dans cette affaire est l’abus de droit. Il s’agit notamment d’un acte qui est légal en soi (le droit
de refuser à une personne d’installer sur son terrain un échafaudage) mais anormal. Il ne satisfait aucun intérêt légitime et sérieux.
153
Chapitre
LES APPLICATIONS 11
PARTICULIÈRES DE LA PROPRIÉTÉ
Depuis l’adoption du Code civil, le droit de propriété a souvent fait l’objet d’atteintes. Mais, en même temps,
sa plasticité explique le succès de cette notion hors de son strict champ technique.
Le fonds de commerce est un bien unitaire, différent des éléments qui le composent. C’est aussi un bien
incorporel de nature mobilière.
La propriété commerciale permet à un preneur à bail commercial d’obtenir, à l’expiration du contrat, le
renouvellement du bail commercial ou, à défaut, une indemnité d’éviction.
La propriété intellectuelle protège l’inventeur (droit de la propriété industrielle) comme l’auteur (droit
d’auteur).
Ce chapitre vous permettra de développer les compétences attendues suivantes :
– Identifier les éléments constitutifs du fonds de commerce ;
– Analyser le bail commercial, la protection du locataire-preneur et les obligations du propriétaire ;
– Distinguer propriété industrielle et propriété littéraire et artistique ;
– Vérifier les conditions de protection par le brevet, la marque ou le droit d’auteur ;
– Justifier les actions possibles en cas d’atteinte à un droit de propriété intellectuelle.
I Le fonds de commerce :
notion, composition, nature juridique
155
Partie 2 - Les personnes et les biens
a Le matériel et l’outillage
Le matériel et l’outillage sont des biens qui sont d’une certaine stabilité et servent à l’exploitation du fonds.
Ils comprennent également le mobilier. Ils ne sont des éléments du fonds que si le commerçant est locataire
de l’immeuble dans lequel il exerce son activité.
b Les marchandises
Les marchandises sont les objets destinés à la vente après avoir été transformées ou non.
a La clientèle
La clientèle se définit comme l’ensemble des personnes qui s’approvisionnent habituellement auprès d’un
commerçant déterminé. Elle doit être certaine, actuelle, personnelle au commerçant et licite (activité
autorisée par la loi). En cas de conflit entre commerçants du fait d’un détournement ou d’un risque de
détournement de la clientèle, la loi prévoit la possibilité d’agir en justice sur le fondement de l’action en
concurrence déloyale.
b L’achalandage
L’achalandage est constitué de la clientèle de passage, qui est potentielle.
3 Le nom commercial
Le nom commercial est l’appellation sous laquelle le commerçant exerce son activité. Il permet d’iden-
tifier le fonds de commerce et de rallier la clientèle. Il peut être constitué du nom de famille de l’exploitant,
d’un nom de fantaisie, du nom de plusieurs personnes. Il est protégé par l’action en concurrence déloyale.
156
Chapitre 11 - Les applications particulières de la propriété
a L’enseigne
L’enseigne est un signe extérieur (emblème, dessin ou objet) qui permet d’individualiser le fonds.
Elle est libre tant qu’elle n’opère pas de confusion avec celle d’un concurrent. Elle est protégée par l’action
en concurrence déloyale.
b Le droit au bail
Le droit au bail existe lorsque le commerçant est locataire de l’immeuble dans lequel il exerce son activité.
157
Partie 2 - Les personnes et les biens
2 Le préjudice
Le préjudice doit être direct et certain. Il peut être matériel et/ou moral. Il s’agit dans la plupart des
situations d’une perte d’une partie de la clientèle (baisse du chiffre d’affaires) ou de la perte d’une chance
d’augmenter sa clientèle potentielle.
APPLICATION CORRIGÉE
M. BOJU vend depuis deux ans des véhicules d’occasion toute marque dans la région d’Aix-les-Bains. Il a un petit atelier qui jouxte son
local de vente (qui renferme le matériel nécessaire pour la vente : bureau, chaises, ordinateur, imprimante, photocopieuse et armoires)
dans lequel il peut changer les pneus (il dispose du matériel de montage) et assurer le petit entretien des véhicules pour la vente (aspi-
rateur, et matériel de nettoyage). Il a un véhicule utilitaire pour se déplacer chez les vendeurs potentiels. Il exerce son activité sous son
nom de famille « OCCASES BOJU ». Il loue le bâtiment où se situent son local de vente et son petit atelier à M. ARITE, ancien mécanicien.
Les véhicules sont parqués sur un terrain qui lui appartient.
Quels sont les éléments qui composent le fonds de commerce de M. BOJU ?
Correction
Règles juridiques :
Le fonds de commerce est un ensemble d’éléments mobiliers corporels et incorporels. Le terme corporel signifie qu’il y a matérialité et
possibilité d’appropriation alors que le terme incorporel concerne les choses qui n’ont pas d’existence matérielle.
Les éléments corporels qui peuvent composer le fonds de commerce sont : le matériel et l’outillage (machines, outils, véhicules de
livraison, équipements, utilisés pour exploiter le fonds de commerce), et les marchandises (objets destinés à la vente avant ou après
transformation).
Les éléments incorporels qui peuvent composer le fonds de commerce sont : la clientèle (constituée des relations avec les personnes qui
demandent à l’exploitant des biens ou des services) et l’achalandage (aptitude du fond à attirer le public de fait de son emplacement),
le nom commercial (appellation sous laquelle le commerçant exerce son activité), l’enseigne (signe qui permet d’individualiser le fonds),
les droits de propriété industrielle, le droit au bail et les licences et autorisations.
Application au cas :
Le fonds de commerce de M. BOJU est composé d’éléments corporels : véhicules, matériel de bureau, matériel de nettoyage, voiture
utilitaire et d’éléments incorporels : son nom commercial « OCCASES BOJU », sa clientèle et son droit au bail.
158
Chapitre 11 - Les applications particulières de la propriété
Matériel et outillage
Éléments
corporels
Marchandises
Fonds de
commerce
Éléments
incorporels
Clientèle et Propriété
achalandage intellectuelle
159
Partie 2 - Les personnes et les biens
160
Chapitre 11 - Les applications particulières de la propriété
C La durée du bail
Selon une disposition impérative du Code de commerce, la durée du bail ne peut être inférieure à 9ans.
Il s’agit d’une obligation qui s’impose uniquement au bailleur puisque le preneur peut résilier le bail tous
les 3 ans, après notification au bailleur au moins 6mois à l’avance.
À la fin du bail initial, il ne cesse pas de plein droit. La partie qui ne souhaite pas poursuivre le contrat devra
donner congé à l’autre partie, à défaut le bail se poursuit par tacite reconduction.
Le preneur ayant demandé à bénéficier de ses droits à la retraite peut dénoncer à tout moment le bail en
respectant le délai des 6mois concernant la notification du congé.
Le congé peut être donné par acte extrajudiciaire ou par lettre recommandée avec accusé réception.
La durée des baux dérogatoires (lorsque les parties souhaitent ne pas appliquer le statut des baux commer-
ciaux) est, depuis la loi Pinel de 2014, d’une durée maximum de 3 ans. Au-delà de ce bail de 3 ans, si le
preneur souhaite rester dans les lieux et que le bailleur accepte : le bail commercial sera de 9 ans.
D Le loyer
Le montant du loyer doit correspondre à la valeur locative qui est déterminée par les caractéristiques
du local considéré, la destination des lieux, les obligations respectives des parties, les facteurs locaux de
commercialité et les prix couramment pratiqués dans le voisinage. Il est fixé lors de la conclusion du bail.
Il est révisé ou augmenté selon le régime légal (révisions triennales) ou selon la volonté des parties (clause
d’échelle mobile). En cas de révision du loyer, deux indices de référence sont possibles (selon l’activité) :
l’indice des loyers commerciaux (ILC) ou l’indice trimestriel des loyers des activités tertiaires (ILAT).
E La déspécialisation
Le locataire doit user de la chose louée selon la destination qui lui a été donnée dans le bail, ce qui pose
certaines contraintes en cas de changement d’activité. Le moyen de contourner ce problème est de préciser
dans le bail que l’exploitation de la chose louée est valable pour tout commerce.
1 La déspécialisation partielle
La déspécialisation plénière est le fait, pour le preneur, de développer une nouvelle activité qui est
connexe ou complémentaire à celle prévue dans le bail. Le bailleur en est informé et n’a pas à donner
son autorisation. Il peut toutefois contester le caractère connexe ou complémentaire dans les deux mois.
161
Partie 2 - Les personnes et les biens
162
Chapitre 11 - Les applications particulières de la propriété
Fin du bail
• Congé
Du bailleur
• Absence de congé
• Effectuer un inventaire
des charges
• Effectuer un récapitulatif
des travaux
Durée et fin
• Assurer une jouissance
du bail paisible du bail
Durée du bail • Assurer les grosses
réparations
• Bail dérogatoire = 3 ans
• Bail classique = 9 ans
Le bail Obligations
commercial des parties
Du preneur
• Conserver la chose louée
• Assurer les réparations
d'entretien
• User de la chose en
Déspécialisation
• Payer les loyers et
charges
• Restituer la chose
en fin de bail
Partielles : Totale :
information du bailleur information du bailleur
et pas de refus possible et refus possible
163
Partie 2 - Les personnes et les biens
APPLICATION CORRIGÉE
Correction
164
Chapitre 11 - Les applications particulières de la propriété
A La propriété industrielle
La propriété industrielle a pour objet de protéger et de valoriser des inventions, innovations et créations
dans les domaines techniques (brevets, etc.), ornementaux (dessins et modèles) et des signes distinctifs
(marque, nom commercial, nom de domaine, appellations d’origine, etc.).
1 Le brevet
Le brevet vise à protéger une invention qui peut se définir comme une solution à un problème technique.
L’intervention de l’homme est nécessaire. On distingue les inventions portant sur des produits (brevet de
produit) et les inventions portant sur des procédés (brevet de procédé). Le brevet est le droit conféré à
un inventeur d’empêcher toute autre personne d’exploiter son invention à des fins commerciales pendant
un certain temps. L’inventeur peut alors tirer profit de son invention sans compromettre les innovations
futures puisqu’elle tombera un jour dans le domaine public. Pour qu’une invention soit brevetable, elle
doit répondre à certaines conditions.
165
Partie 2 - Les personnes et les biens
Depuis la loi PACTE (pour la croissance et la transformation des entreprises) promulguée le 22 mai 2019,
l’INPI peut également examiner la réalité de l’activité inventive et rejeter la demande en cas de défaut
d’activité inventive.
La protection s’opère à partir de la date de dépôt sachant que le droit de propriété industrielle appartient
à l’inventeur qui a le premier déposé sa demande.
En cas d’une pluralité d’inventeurs, les droits sur l’invention sont en copropriété. Lorsque l’invention est le
fait d’un salarié : elle appartient à l’employeur si le salarié a une mission inventive. Si l’invention provient de
l’utilisation des moyens techniques de l’entreprise et qu’elle est en lien avec son activité, l’employeur est en
droit de devenir titulaire du brevet moyennant une compensation financière pour le salarié.
166
Chapitre 11 - Les applications particulières de la propriété
ATTENTION !
L’entrée en vigueur des dispositions de l’ordonnance de 2018 est encore en attente.
167
Partie 2 - Les personnes et les biens
3 Les marques
Une marque est un titre de propriété industrielle permettant de protéger un signe susceptible de représen-
tation graphique servant à distinguer les produits ou services d’une personne physique ou morale.
Une marque peut être :
– une dénomination : un ou plusieurs mots, un nom patronymique, géographique, de fantaisie, un
animal, des lettres, des chiffres, un slogan ;
– un signe figuratif : un logo, la forme d’un produit, une couleur ;
– un signe sonore.
Peuvent être protégés par le droit des marques les noms de domaine.
168
Chapitre 11 - Les applications particulières de la propriété
1 Le droit d’auteur
Le droit d’auteur désigne l’ensemble des droits dont jouissent les créateurs sur leurs œuvres litté-
raires et artistiques. Ces œuvres comprennent, entre autres, les œuvres littéraires (romans, poèmes, pièces
de théâtre, journaux et logiciels), les bases de données, les films, les compositions musicales et œuvres
chorégraphiques, les œuvres artistiques (peintures, dessins, photographies et sculptures, architecture, et
les créations publicitaires, cartes géographiques et dessins techniques), les œuvres scientifiques.
169
Partie 2 - Les personnes et les biens
Le plus souvent l’auteur cède contractuellement les droits d’exploitation de son œuvre (contrats d’édition,
contrats de représentation). Au décès de l’auteur, les droits d’exploitation sont attribués aux ayants droit
pendant l’année civile en cours et les 70 ans qui suivent.
170
Chapitre 11 - Les applications particulières de la propriété
Conditions
de protection
Propriété Marques
industrielle De fond : De forme :
• Signe distinctif • Dépôt
• Signe disponible à l'INPI
Dessins • Signe non • Publication
et modèles déceptif au BOPI
• Signe licite
Conditions Effets
de protection de la protection
171
Partie 2 - Les personnes et les biens
APPLICATION CORRIGÉE
Correction
Règles juridiques :
Pour pouvoir bénéficier du statut protecteur des brevets, il faut remplir plusieurs conditions. Des conditions de fond : l’invention doit
être nouvelle (hors de « l’état actuel de la technique »), résulter d’une activité inventive, susceptible d’une application industrielle, être
conforme à l’ordre public et aux bonnes mœurs ; des conditions de forme : dépôt d’une demande auprès de l’INPI qui examine la
demande et publication au BOPI.
Application au cas :
En l’espèce, la matière permettant l’auto-réparation des pneus de vélo est une invention brevetable, nouvelle (personne n’a encore
trouvé une telle matière), résultant d’une activité inventive (ce sont bien ses travaux de recherche qui lui ont permis de trouver une
nouvelle solution). Il s’agit d’une invention susceptible d’une application industrielle et qui n’est pas contraire à l’ordre public, ni aux
bonnes mœurs. Il restera à M. Delarue de respecter les conditions de forme.
172
PARTIE 3
L’ENTREPRISE
ET LES CONTRATS
Chapitre
THÉORIE GÉNÉRALE 12
DU CONTRAT
Le contrat est à la base de la vie des affaires ; il concrétise les obligations que les parties veulent nouer entre
elles. La réalisation d’un contrat fait souvent l’objet d’étapes préliminaires qui forment déjà des obligations
pour les parties. Le législateur offre une grande plasticité au contrat ce qui permet de créer tout type
d’obligation dans la limite du respect de l’ordre public.
Un contrat valablement formé doit, par principe, du fait du respect de la parole donnée, être correctement
exécuté. En cas de non-exécution ou de mauvaise exécution du contrat, le créancier lésé dispose d’un
ensemble de moyens d’action possibles prévus par la loi.
Ce chapitre vous permettra de développer les compétences attendues suivantes :
– Identifier l’existence d’un avant-contrat à travers le pacte de préférence et la promesse unilatérale ;
– Vérifier la conclusion du contrat et le classifier, dans une situation donnée ;
– Expliquer l’intérêt que présente une clause contractuelle donnée pour les parties ;
– Analyser la validité d’un contrat dans son ensemble et d’une clause particulière ;
– Proposer des sanctions adaptées en cas d’inexécution d’un contrat.
1 La définition du contrat
Le contrat est le véhicule, le support juridique indispensable à la vie des affaires.
Selon l’article 1101 du Code civil : « Le contrat est un accord de volontés entre deux ou plusieurs personnes
destiné à créer, modifier, transmettre ou éteindre des obligations. » Le contrat est donc une source
d’obligations.
175
Partie 3 - L’entreprise et les contrats
2 La notion d’obligation
Une obligation se définit comme le lien juridique en vertu duquel un débiteur est engagé envers
son créancier.
Il existe trois types de classifications principales des obligations regroupées dans le tableau suivant :
Acte juridique Manifestation de volonté d’une personne en vue de produire des effets
de droit (conséquences de droit) (ex. d’actes juridiques : une donation,
Selon un contrat de vente, une convention collective).
leur source Fait juridique Événement qui produit des effets de droit non recherchés. Cet événement
peut être volontaire (ex. : un automobiliste alcoolisé renverse un piéton)
ou involontaire (ex. : une personne décède d’une crise cardiaque).
Obligation de faire Le débiteur s’engage à accomplir quelque chose (ex. : livraison).
Obligation Le débiteur doit s’abstenir d’accomplir quelque chose (non-concurrence).
de ne pas faire
Selon Obligation de donner Transfert de la propriété d’un bien à titre gratuit (don) ou onéreux (vente).
leur objet Obligation Le débiteur de l’obligation doit atteindre un résultat (ex. : obligation de livrer
derésultat une chose).
Obligation Le débiteur de l’obligation doit mettre tous les moyens en œuvre pour
demoyens atteindre le résultat attendu (ex. : obligation de conseil d’un avocat).
Obligation naturelle Son exécution ne peut qu’être volontaire. Elle ne peut pas faire l’objet
Selon d’une exécution forcée (ex. : l’obligation alimentaire).
leur nature
Obligation civile Son exécution peut être forcée.
176
Chapitre 12 - Théorie générale du contrat
APPLICATION CORRIGÉE
Correction
177
Partie 3 - L’entreprise et les contrats
B La classification du contrat
Un contrat peut être classé en fonction de son mode de formation, de ses effets, de sa durée, de la qualité
des parties contractantes ou de sa réglementation.
Classifications Définitions Exemples
Selon le mode de formation
Consensuel Le simple échange des consentements suffit à rendre le contrat valable Contrat de vente
(absence de formalisme).
Solennel La formation du contrat est conditionnée par le respect de certaines Contrat de mariage
formalités particulières.
Réel La formation du contrat est conditionnée par la remise d’une chose. Contrat de dépôt
Gage
Selon les effets
Synallagmatique Synallagmatique : les parties s’obligent réciproquement l’une envers Contrat de vente
ou unilatéral l’autre. Contrat de bail
Unilatéral : le contrat ne crée des obligations qu’à la charge d’une des Donation
parties.
À titre onéreux Onéreux : chacune des parties est assujettie à donner ou à faire Contrat de vente
ou à titre gratuit quelque chose. Contrat de travail
Gratuit : une partie s’engage sans contrepartie. Donation
À titre commutatif Commutatif : les parties connaissent dès la conclusion du contrat Contrat de vente
ou à titre aléatoire le contenu de leurs obligations réciproques.
Aléatoire : l’existence ou la valeur d’une obligation dépend Contrat d’assurance
d’un évènement futur incertain.
Selon la durée
À exécution L’exécution des obligations se fait en une seule fois. Contrat de vente
instantanée
À exécution successive L’exécution des obligations s’échelonne dans le temps. Contrat de travail
Contrat de bail
Selon la qualité des parties contractantes
De gré à gré Les parties discutent, négocient les conditions du contrat. Contrat de vente
D’adhésion Une des parties impose à l’autre les conditions du contrat. Contrat de transport
Selon leur réglementation
Nommé Le contrat fait l’objet d’une législation particulière. Contrat de bail
Innommé Le contrat n’est régi par aucune disposition légale particulière. Contrat
d’affacturage
178
Chapitre 12 - Théorie générale du contrat
APPLICATION CORRIGÉE
M. et Mme Desjardins ont fait appel à M. Buisson, paysagiste, afin qu’il effectue un aménagement de leur propriété qui se situe en
Provence. Après négociation, les parties s’accordent sur le prix de l’intervention et le contrat est signé, les travaux dureront 8mois.
Classifier ce contrat d’entreprise.
Correction
Consensuel, synallagmatique, à titre onéreux, commutatif, à exécution successive, de gré à gré, nommé.
A La liberté contractuelle
179
Partie 3 - L’entreprise et les contrats
B Le consensualisme
Le contrat obéit au principe du consensualisme : il n’est soumis à aucune forme particulière pour sa validité.
Le seul échange des consentements suffit à engager les parties.
Pourtant, de nombreuses exceptions sont prévues afin notamment de protéger la partie la plus faible (ex. :
la remise d’une offre écrite en matière de contrat de crédit immobilier entre un banquier et son client).
A La phase précontractuelle
180
Chapitre 12 - Théorie générale du contrat
La loi précise cependant que cette réparation ne peut avoir pour objet de compenser la perte des avantages
attendus du contrat non conclu (perte d’une chance de réaliser des gains futurs).
b Le pacte de préférence
Le pacte de préférence est défini à l’article 1123 du Code civil : une personne (le promettant) qui souhaite
conclure un contrat déterminé, s’engage envers une autre (le bénéficiaire) à lui proposer en priorité la
conclusion de ce contrat. Le bénéficiaire est libre d’accepter de conclure ou de ne pas conclure. À la diffé-
rence de la promesse unilatérale, le promettant ne s’est pas encore décidé à contracter. Par exemple, un
bailleur conclut avec son locataire un contrat de bail dans lequel une clause prévoit de proposer la vente
du bien loué en priorité au locataire si le bailleur décide de le vendre.
Le promettant qui ne respecte pas le pacte de préférence peut être condamné au versement de dommages-
intérêts sur le fondement de la responsabilité contractuelle. Le contrat passé en méconnaissance des droits
du bénéficiaire peut faire l’objet d’une annulation si le tiers avait connaissance de l’existence du pacte de
préférence et du fait que le bénéficiaire souhaitait s’en prévaloir.
181
Partie 3 - L’entreprise et les contrats
B La conclusion du contrat
Le contrat naît de la rencontre entre une offre et une acceptation par lesquelles les parties manifestent
leur volonté de s’engager.
1 L’offre (pollicitation)
L’offre, ou pollicitation, est la manifestation de volonté de celui qui propose la conclusion du contrat
et peut s’adresser à une personne déterminée ou au public. Les formes de cette offre peuvent être différentes
(écrite, orale). Elle doit contenir les éléments essentiels du contrat envisagé et exprimer la volonté de son
auteur d’être lié en cas d’acceptation. À défaut, il y a seulement invitation à négocier.
D’une manière générale, l’offre peut être librement rétractée tant qu’elle n’est pas parvenue à son
destinataire.
Elle doit être ferme et précise. Il faut distinguer suivant que l’offre est :
– assortie d’un délai d’acceptation. Elle ne peut être rétractée, en principe, avant l’expiration de ce
délai ;
– sans délai d’acceptation. Elle doit être maintenue pendant un délai raisonnable si elle s’adresse
à une ou plusieurs personnes déterminées. Dans les autres cas, elle est révocable à tout moment.
Sur le fondement de la responsabilité extracontractuelle, la révocation de l’offre permet à la personne qui
avait donné son acceptation de percevoir des dommages-intérêts (indemnisation par une somme d’argent)
en cas de préjudice.
2 L’acceptation
L’acceptation est la manifestation de volonté par laquelle le destinataire de l’offre accepte la
proposition qui lui est faite. Elle détermine le moment de formation du contrat et peut se faire sous
diverses formes. En principe, le silence ne vaut pas acceptation. Le lieu de formation du contrat est celui
où l’acceptation est parvenue (sauf disposition conventionnelle contraire).
Tant que l’acceptation de l’offre n’est pas parvenue à l’offrant, elle peut être librement rétractée.
Il faut que la rétractation parvienne à l’offrant avant l’acceptation.
182
Chapitre 12 - Théorie générale du contrat
de l’offre doit accuser réception (sans délai injustifié) par voie électronique de la commande qui lui a
été ainsi adressée. La commande, la confirmation de l’acceptation de l’offre et l’accusé de réception
sont considérés comme reçus lorsque les parties auxquelles ils sont adressés peuvent y avoir accès.
1 Le consentement
Selon l’article 1130 du Code civil : « L’erreur, le dol et la violence vicient le consentement lorsqu’ils sont
de telle nature que, sans eux, l’une des parties n’aurait pas contracté ou aurait contracté à des conditions
substantiellement différentes. » Le caractère déterminant peut concerner les personnes ou les circonstances
dans lesquelles le consentement a été donné.
b La violence
La violence peut être physique, morale ou économique (abus d’un état de dépendance). Elle doit avoir
provoqué une crainte pour soi-même, son conjoint, ses descendants ou ascendants ou pour ses biens. La
personne doit avoir perçu la menace d’un mal considérable et actuel. La violence doit être illégitime, ce
qui n’est pas le cas, par exemple, d’une saisie d’un bien suite à une condamnation.
c Le dol
Le dol est constitué lorsque certains agissements, dont l’exigence est cumulative, émanent d’un des
contractants :
183
Partie 3 - L’entreprise et les contrats
2 La capacité
Selon l’article 1145 du Code civil : « Toute personne physique peut contracter sauf en cas d’incapacité prévue
par la loi. » La capacité est l’aptitude à être titulaire de droits (capacité de jouissance) et à les exercer
(capacité d’exercice). Les mineurs et les majeurs protégés sont privés de la capacité d’exercer leurs droits.
L’article 1129 du Code civil précise qu’il faut être sain d’esprit pour consentir valablement à un contrat.
1 La nullité relative
La nullité relative intervient en cas de vices du consentement ou d’incapacité.
Cette nullité est dite relative car elle a pour objectif la protection d’intérêts privés. La nullité peut être
couverte par la confirmation de l’acte (renonciation à la nullité).
Seule la personne (ou son représentant) que la loi protège peut demander la nullité.
La prescription de l’action en nullité est de 5 ans, elle court à compter de la découverte du vice, exception
faite pour la violence : elle court à compter du jour où elle a cessé.
184
Chapitre 12 - Théorie générale du contrat
2 La nullité absolue
La nullité absolue intervient en cas d’absence de consentement ou de défaut de contenu licite ou certain.
Cette nullité est dite absolue car elle a pour objectif la protection de l’intérêt général et peut être invo-
quée par toute personne (cocontractant ou tiers) justifiant d’un intérêt légitime et par le Ministère public.
La nullité peut être couverte par la confirmation de l’acte. La prescription de l’action en nullité est de 5 ans.
185
Partie 3 - L’entreprise et les contrats
Clause Clause qui prévoit par avance entre les parties que le contrat prendra fin si les obligations
résolutoire ne sont pas exécutées.
Clause Clause par laquelle les parties à un contrat s’engagent à soumettre leurs différends éventuels
compromissoire à l’arbitrage.
Clause acceptée par l’acheteur d’un bien qui prévoit que la propriété du bien acheté n’est
transférée qu’après le paiement intégral du prix. Cette clause doit figurer dans un écrit établi
Clause
au plus tard au moment de la livraison. La clause de réserve de propriété peut porter sur tout type
de réserve
de biens, meubles et immeubles, corporels ou incorporels. En cas de non-paiement, le bien ne peut
de propriété
plus être revendiqué lorsqu’il a été transformé par le client ou incorporé à un autre bien et que sa
récupération ne peut pas s’effectuer sans dommage.
APPLICATION CORRIGÉE
En lien avec le tableau précédent, identifier dans chacune des situations données la clause correspondante.
Clause n° 1 : « En cas de manquement de la société RISC à ses obligations et après une mise en demeure par lettre recommandée avec
accusé réception restée sans effet et passé un délai de 8jours, une indemnité égale à 14 % des sommes dues, outre les intérêts légaux
et frais judiciaires éventuels, sera exigible. »
Clause n° 2 : « Le montant des dommages-intérêts ne pourra excéder le montant facturé pour le service concerné au titre des six derniers
mois précédant la survenance de l’événement à l’origine du préjudice, soit la somme de 15 000€HT. »
Clause n° 3 : « Il est convenu que tous différends découlant du présent contrat conclu entre la Société SUI et la Société GENERIS seront
tranchés par la voie de l’arbitrage. »
Clause n° 4 : « Il est convenu que la Société UNI reste propriétaire des marchandises vendues tant que la société VERSALIS ne lui a pas
entièrement réglé le prix prévu au présent contrat. »
Clause n° 5 : « le présent contrat sera immédiatement résilié et de plein droit en cas de non-paiement des loyers et après mise en
demeure par le bailleur. »
Correction
1 : clause pénale ; 2 : clause limitative de responsabilité ; 3 : clause compromissoire ; 4 : clause de réserve de propriété ; 5 : clause résolutoire
V L’exécution du contrat
Le contrat naît de la volonté des parties qui se sont engagées à exécuter les obligations qui en découlent. Mais
dans la réalité, il peut arriver qu’une des parties n’exécute pas les obligations prévues au contrat ou ne les
exécute pas complètement. La loi permet, dans ce cas, à l’autre partie de saisir le juge pour qu’il condamne
le débiteur de l’obligation à s’exécuter (par équivalent ou non) ou à verser une somme en dédommagement
du préjudice subi.
Différents principes régissent l’exécution du contrat : le principe de la force obligatoire et l’effet relatif
des contrats à l’égard des tiers.
186
Chapitre 12 - Théorie générale du contrat
187
Partie 3 - L’entreprise et les contrats
4 La renégociation du contrat
L’article 1195 du Code civil permet en cas de changement de circonstances qui n’avaient pas été prévues
au moment de la conclusion du contrat et qui rend son exécution « excessivement onéreuse » pour l’une
partie des parties, de permettre à cette dernière de demander sa renégociation. Pour cela, elle ne doit
avoir commis aucune faute dans l’exécution du contrat (ex. : non-respect des délais) et ne pas avoir accepté
d’avance le risque d’un changement de circonstances.
Le contrat doit continuer à être exécuté pendant la renégociation. Si la renégociation n’est pas acceptée
ou qu’elle échoue les parties peuvent :
– convenir de la résolution du contrat ;
– demander d’un commun accord au juge de procéder à son adaptation.
À défaut d’accord dans un délai raisonnable, le juge peut, à la demande d’une partie, réviser le contrat
ou y mettre fin.
188
Chapitre 12 - Théorie générale du contrat
b Les mandataires
Un contrat de mandat est une convention par laquelle une partie (le mandant) donne pouvoir à
une autre (le mandataire) d’agir en son nom et pour son compte. Lorsque le mandataire conclut des
contrats, seul le mandant est engagé. Mais si le représentant agit sans révéler sa qualité ou en dehors des
limites de son mandat, le contrat peut lui être opposé.
2 Les situations où les tiers souffrent ou bénéficient des effets d’un contrat
b Le créancier chirographaire
Le créancier chirographaire a la particularité de ne bénéficier d’aucune garantie particulière pour s’as-
surer du paiement de ce qui lui est dû. Sa situation est précaire eu égard aux contrats que peut conclure
son débiteur et qui viendraient réduire davantage ses chances de se faire payer. La loi lui reconnaît alors
deux actions possibles :
189
Partie 3 - L’entreprise et les contrats
– l’action oblique : le créancier (ayant une créance certaine, liquide et exigible) peut exercer, au nom
de son débiteur, les droits que ce dernier néglige de mettre en œuvre lorsque cela appauvrit son
patrimoine (ex. : le débiteur loue un bien et ne fait pas le nécessaire pour se faire payer les loyers) ;
– l’action paulienne : le créancier demande que lui soit rendu inopposable un contrat conclu par le
débiteur. Il faut que le débiteur ait eu connaissance du préjudice causé à son créancier du fait de
la conclusion de cet acte (ex. : une donation faite par le débiteur qui sait pertinemment qu’il porte
préjudice au créancier chirographaire en faisant cette donation).
c La promesse de porte-fort
La promesse de porte-fort est un contrat par lequel une personne, le porte-fort, s’engage envers une
autre à obtenir d’un tiers qu’il contracte. Si le porte-fort n’obtient pas ce consentement, il sera tenu
au paiement de dommages-intérêts à l’égard du cocontractant. Par exemple, lorsqu’un époux, marié sous
le régime de la communauté, cède un immeuble commun et se porte-fort d’obtenir la ratification de la
vente par son épouse.
1 La durée du contrat
Un contrat ne peut engager les parties de manière perpétuelle. Chaque contractant peut donc y mettre
fin à tout moment, sous réserve de respecter le délai de préavis prévu au contrat ou, à défaut, un délai
raisonnable.
Lorsque le contrat est à durée déterminée, chaque partie doit l’exécuter jusqu’à son terme. Nul ne peut
exiger son renouvellement.
Le contrat peut être prorogé si les parties le souhaitent. Elles doivent exprimer cette volonté avant l’expi-
ration du contrat.
190
Chapitre 12 - Théorie générale du contrat
Le contrat à durée déterminée peut être renouvelé soit par l’accord des parties, soit par l’effet de la loi.
Lorsqu’un contrat à durée déterminée arrive à son terme et que les parties continuent d’en exécuter les
obligations, il y a tacite reconduction.
2 Le paiement
191
Partie 3 - L’entreprise et les contrats
Les parties par un contrat prévoient l’extinction totale d’une obligation et son remplacement par
La novation une nouvelle obligation (dette nouvelle, créancier ou débiteur nouveaux). La novation crée une
nouvelle créance dépourvue des garanties qui entouraient la créance précédente sauf exception.
Lorsque deux personnes se trouvent débitrices l’une envers l’autre, une compensation peut se faire
entre elles ce qui éteint leurs dettes. La compensation peut être :
– légale : les deux dettes ont pour objet une même somme d’argent ou une certaine quantité
La compensation de choses fongibles (interchangeables) de même espèce et sont liquides (déterminées en leur
montant), certaines (non contestées) et exigibles ;
– conventionnelle : elle est décidée par deux personnes débitrices l’une de l’autre ;
– judiciaire : elle est prononcée par le juge au cours d’une instance.
Lorsque les qualités de créancier et de débiteur se réunissent dans la même personne, il y a
La confusion confusion, ce qui éteint les deux créances, par exemple lorsque le locataire devient propriétaire
du logement qu’il loue alors que le bail est en cours d’exécution.
La dation Le débiteur donne en paiement autre chose que ce qui est dû et le créancier accepte.
Elle se définit en partie comme la perte d’un droit par l’écoulement d’un délai défini par la loi.
Le paiement de l’obligation s’éteint et le débiteur est libéré (ex. : prescription triennale pour les
actions en paiement des salaires). Ces prescriptions peuvent être suspendues (ex. : procédure de
La prescription médiation) ou interrompues (ex. : saisie-vente). Les parties peuvent, sauf exceptions, réduire ou
augmenter la durée de la prescription sans que cela soit inférieur à un an ni dépasser 10 ans. Mais
en tout état de cause, il existe un délai butoir de 20 ans au-delà duquel aucune action ne sera
possible même si une suspension ou interruption de prescription a eu lieu.
192
Chapitre 12 - Théorie générale du contrat
B La théorie du risque
La théorie du risque s’applique en cas d’inexécution d’un contrat synallagmatique du fait d’un événement
extérieur à la volonté des parties. La question est de savoir qui supporte les risques :
– principe res perit debitori : la perte est pour le débiteur, il supporte les risques liés à l’inexécution de
l’obligation. Le créancier est, quant à lui, libéré de son obligation, sauf accord contraire des parties ;
– principe res perit domino : la perte est pour le propriétaire dans le cadre des contrats translatifs de
propriété. Si le bien est détruit, même en cas de force majeure, le propriétaire supporte cette perte,
sauf accord contraire des parties (ex. : par l’effet d’une clause de réserve de propriété).
1 L’exception d’inexécution
L’exception d’inexécution ne peut être utilisée que dans les contrats synallagmatiques et ne peut porter
que sur les obligations principales, l’inexécution doit être suffisamment grave. Le défaut d’exécution de
l’une des parties entraîne la possibilité pour l’autre de suspendre elle-même l’exécution de ses obligations.
Le contrat n’est pas rompu mais simplement suspendu le temps de l’obstacle à l’exécution (ex. : si un
salarié se met en grève, n’effectuant plus sa prestation de travail, l’employeur n’est plus tenu de lui verser
sa rémunération). L’article 1220 du Code civil prévoit l’exception d’inexécution par anticipation : « une
partie peut suspendre l’exécution de son obligation dès lors qu’il est manifeste que son cocontractant ne
s’exécutera pas à l’échéance et que les conséquences de cette inexécution sont suffisamment graves pour
elle. Cette suspension doit être notifiée dans les meilleurs délais. »
193
Partie 3 - L’entreprise et les contrats
demander au juge d’exiger du débiteur qu’il avance les sommes nécessaires à l’exécution ou à la destruc-
tion (C.civ., art. 1222).
3 La réduction du prix
En cas d’inexécution du contrat, le créancier, après mise en demeure, peut demander une réduction du
prix plutôt que de demander l’anéantissement du contrat (C.civ., art. 1223). La réduction du prix doit être
proportionnelle aux imperfections d’exécution. La demande de réduction de prix doit être faite dans
les meilleurs délais.
194
Chapitre 12 - Théorie générale du contrat
– si les prestations ne trouvent leur utilité que par une exécution complète, alors les parties devront
restituer toutes les prestations échangées ;
– si les prestations trouvent leur utilité au fur et à mesure de l’exécution du contrat, alors les parties
ne restitueront que la dernière prestation n’ayant pas reçu de contrepartie (dans ce cas, la résolution
est qualifiée de résiliation).
195
Partie 3 - L’entreprise et les contrats
Information précontractuelle
196
Chapitre 12 - Théorie générale du contrat
APPLICATION CORRIGÉE
Correction
197
Partie 3 - L’entreprise et les contrats
Application au cas :
L’entreprise Bric-et-broc a décidé de rompre les pourparlers qui n’ont duré que deux mois et n’ont pas permis de trouver un quelconque
accord (prix, quantité, délai, etc.). La rupture abusive en l’espèce n’est pas caractérisée. L’entreprise Lampa ne dispose en conséquence
d’aucun recours contre la société Bric-et-broc.
2. Commentaire de document
Les avant-contrats sont des contrats préparatoires qui précèdent la conclusion du contrat définitif. On distingue classiquement : la
promesse unilatérale, la promesse synallagmatique et le pacte de préférence.
Dans la promesse unilatérale, une personne, le promettant, s’engage envers une autre, le bénéficiaire, à conclure un certain contrat.
Cette promesse court pendant un délai déterminé. Le bénéficiaire peut décider de contracter (il lève l’option) ou de ne pas contracter.
Dans le pacte de préférence, une personne, le promettant, qui souhaite dans le futur conclure un contrat déterminé, s’engage envers
une autre, le bénéficiaire, à lui proposer en priorité la conclusion de ce contrat. Le bénéficiaire est libre d’accepter de conclure ou de
ne pas conclure. À la différence de la promesse unilatérale, le promettant ne s’est pas encore décidé à contracter.
L’acte qui nous est présenté est un avant-contrat : une partie promet à l’autre qui accepte cette promesse : « Le propriétaire consent au
Bénéficiaire », sachant que le bénéficiaire de la promesse ne s’engage pas par avance à contracter « Le bénéficiaire accepte la faculté
qui lui est offerte mais ne s’engage pas ». Il s’agit plus particulièrement d’un pacte de préférence « le droit d’acquérir prioritairement le
bien ci-dessous désigné, si le Propriétaire se décide à le vendre ». La décision de vendre n’est encore pas prise ce qui correspond bien
à la définition du pacte de préférence.
198
Chapitre 12 - Théorie générale du contrat
Délai d'acceptation
Contenu licite
Conditions et certain
générales
de validité
Capacité
Conclusion de contracter
Consentement
du contrat réel, libre et • Majeurs protégés
Nullité Non respect
non vicié • Mineurs
relative des conditions
de validité • Erreur
• Violence
Nullité • Dol
absolue Confirmation
du contrat
Effets de la nullité
199
Partie 3 - L’entreprise et les contrats
APPLICATION CORRIGÉE
1. Commenter un document.
« Le présent contrat de vente est établi entre
M. LITSO, commerçant
Immatriculé au RCS n° 225336854
Ci-après dénommé “le vendeur”
M. PATENT
Ci-après dénommé “l’acheteur”
Les parties aux présentes ont convenu et arrêté ce qui suit :
1. Objet du contrat :
Le vendeur vend à l’acheteur, qui l’accepte, une piscine de bois urbaine (5.40 × 3.60 × 1.32). Descriptif du produit (…)
2. Conditions
Le vendeur est tenu à la garantie légale des vices cachés. Par ailleurs, le vendeur s’engage à une garantie de 5 ans sur le bien vendu
(matériel et main-d’œuvre).
3. Le prix
Le prix du bien sera fixé au jour de la livraison.
4. Livraison
Le bien sera livré au domicile de l’acheteur : 8 rue de la Zénitude, 69000 (Lyon) sans frais supplémentaires.
Fait le (.) à (.)
Signature des parties (.) »
Ce contrat vous semble-t-il valable ?
2. Analyser une situation juridique.
Marc est viticulteur dans le Médoc. Il souhaite changer une partie de ses fûts. Un commercial de l’entreprise DUTOC est venu lui rendre
visite la semaine dernière pour faire la promotion de fûts « nouvelle génération ». Il lui a garanti, lors de sa visite, que ces fûts étaient en
chêne véritable provenant de la région de Tours. L’entreprise DUTOC est le distributeur d’un fabricant qui se situe dans le centre de la
France. Marc recontacte le commercial de l’entreprise DUTOC et conclut un contrat d’achat de 30 unités (18 000€). Lors de la livraison,
il s’aperçoit très rapidement que les fûts ne sont pas en chêne ce qui pour lui est primordial dans le processus de vieillissement du vin.
a. Le contrat conclu est-il valablement formé ?
b. Quelle serait éventuellement la juridiction compétente pour traiter de ce litige ?
200
Chapitre 12 - Théorie générale du contrat
Correction
1. Commentaire de texte
Le contrat naît de la rencontre entre une offre et une acceptation par lesquelles les parties manifestent leur volonté de s’engager. Le
contrat présenté sur ce point est valable. Néanmoins, s’agissant d’un contrat de vente (cf. Chapitre 13) les parties doivent s’entendre
sur la chose et sur le prix. Le prix doit être déterminé ou déterminable ce qui n’est pas le cas dans ce contrat. En conséquence ce contrat
n’est pas valable du fait de l’indétermination du prix.
201
Partie 3 - L’entreprise et les contrats
Obligations seulement
Responsabilité entre les parties
contractuelle
Effets relatifs
des contrats Exceptions
Exécution • Ayants cause
Faute Lien du contrat • Action oblique
contractuelle de causalité et paulienne
• Stipulation
pour autrui
Dommage
Durée du contrat
Modalités
d'exécution
Paiement
Sanctions
d'inexécution
Réduction
de prix
Exception
d'inexécution Résolution
contractuelle
Exécution
forcée
202
Chapitre 12 - Théorie générale du contrat
APPLICATION CORRIGÉE
M. Cohen est propriétaire d’un hôtel-restaurant dans le Jura. Il a besoin de moderniser la cuisine de son restaurant. Pour cela, il fait
appel à une entreprise spécialisée TOPCOOK avec laquelle il s’entend sur un montant de travaux (20 000€). Le contrat conclu entre
les parties prévoit une échéance des travaux le 31 octobre 2018. Le restaurant est donc fermé tout le temps de l’intervention de cette
entreprise. Or, les travaux ont pris beaucoup de retard du fait d’une inondation dans les locaux de l’entreprise TOPCOOK et la fin
est finalement programmée au 30 novembre 2018. M. Cohen a dû contacter deux couples de clients qui avaient réservé l’hôtel et le
restaurant pour leur futur mariage. Il a dû restituer les acomptes (sommes importantes) ce qui a mis sa trésorerie en grande difficulté.
Il souhaite, en conséquence, poursuivre l’entrepreneur en justice.
1. Quelles solutions juridiques s’offrent à M. Cohen ?
2. Quel moyen de défense pourra invoquer l’entreprise TOPCOOK en justice ?
Correction
1. Solutions juridiques
Règles juridiques :
Le contrat est un accord de volontés entre deux ou plusieurs personnes destiné à créer, modifier, transmettre ou éteindre des obliga-
tions. Le contrat d’entreprise, anciennement appelé contrat de louage d’ouvrage, est un contrat par lequel un entrepreneur s’engage,
moyennant une rémunération, à exécuter un travail pour son client (maître de l’ouvrage).
En cas de mauvaise exécution d’un contrat ou d’inexécution différentes sanctions sont possibles : exception d’inexécution (le cocontrac-
tant suspend l’exécution de ses obligations tant que l’autre ne s’est pas lui-même exécuté), exécution forcée (elle concerne des contrats
synallagmatiques portant sur des obligations en nature), réduction du prix et la résolution contractuelle (anéantissement du contrat
qui n’aura d’effet que pour l’avenir). Parallèlement, en cas de préjudice, le contractant pourra demander réparation par l’octroi de
dommages-intérêts. Pour cela, trois conditions doivent être réunies : faute contractuelle, dommage et lien de causalité entre la faute
et le dommage.
Application au cas :
M. Cohen a conclu un contrat d’entreprise pour la réfection de la cuisine de son restaurant. Un retard dans les travaux lui a causé
un préjudice. Il peut, concernant le retard, demander l’intervention d’un autre entrepreneur et faire payer cette intervention par son
cocontractant sur le fondement de l’exécution forcée. Il pourra opter également pour la résolution contractuelle. Pour le préjudice subi,
il pourra poursuivre en justice l’entreprise TOPCOOK sur le fondement de la responsabilité contractuelle.
2. Moyen de défense
Règles juridiques :
Le débiteur de l’obligation peut se libérer de sa responsabilité en prouvant que l’inexécution n’est pas de sa faute mais est due à une
cause étrangère. Il existe trois causes d’exonération : la force majeure (événement imprévisible et irrésistible rendant impossible l’exé-
cution), la faute de la victime ou le fait d’un tiers. Dans le cadre de la force majeure, l’empêchement est temporaire, l’exécution de
l’obligation est suspendue sauf si le retard qui en résulterait ne justifie la résolution du contrat. Si l’empêchement est définitif, le contrat
est résolu de plein droit et les parties sont libérées de leurs obligations.
Application au cas :
La société TOPCOOK n’a pas pu effectuer correctement les travaux commandés du fait d’une inondation. Elle peut invoquer la force
majeure pour se dégager de sa responsabilité.
203
Chapitre
LES CONTRATS DE L’ENTREPRISE 13
Dans la vie des affaires, l’entreprise passe de nombreux contrats. Cette mise en situation contractuelle
permet le passage de la théorie générale aux « contrats spéciaux ». La matière est dominée par une double
antinomie : d’une part, l’opposition entre les règles générales et spéciales, d’autre part l’opposition entre
contrats nommés et contrats innommés. Par ailleurs, le droit des contrats spéciaux protège les consomma-
teurs ou non professionnels.
Ce chapitre vous permettra de développer les compétences attendues suivantes :
– Qualifier le contrat en présence dans une situation donnée ;
– Analyser les caractéristiques essentielles des principaux contrats de l’entreprise ;
– Caractériser la protection des parties pour chacun des contrats ;
– Justifier le choix d’une sûreté et ses principaux effets dans une situation donnée.
205
Partie 3 - L’entreprise et les contrats
206
Chapitre 13 - Les contrats de l’entreprise
Le locataire gérant tout comme le propriétaire du fonds sont tenus à des obligations :
Obligations du locataire gérant Obligations du propriétaire du fonds
Payer une redevance mensuelle ou trimestrielle (somme fixe, Délivrer le fonds (mettre à disposition)
pourcentage sur les bénéfices, pourcentage du chiffre d’affaires ou les composé des biens nécessaires à son
deux). exploitation.
Exploiter le fonds conformément à sa destination et assurer un niveau Assurer une jouissance paisible du fonds
d’activité et de rendement équivalent à l’exploitation antérieure (si le (absence de concurrence).
locataire-gérant n’exploite pas le fonds pendant deux ans, le contrat est
entaché de nullité).
207
Partie 3 - L’entreprise et les contrats
La loi du 19 juillet 2019 de simplification, de clarification et d’actualisation du droit des sociétés a abrogé
toutes les autres mentions obligatoires.
208
Chapitre 13 - Les contrats de l’entreprise
ATTENTION !
Le bailleur qui refuse la cession peut racheter lui-même le fonds de commerce.
209
Partie 3 - L’entreprise et les contrats
210
Chapitre 13 - Les contrats de l’entreprise
APPLICATION CORRIGÉE
Correction
211
Partie 3 - L’entreprise et les contrats
212
Chapitre 13 - Les contrats de l’entreprise
De fond :
• Consentement/capacité/contenu
Conditions
de formation
De forme :
Contrat de location • Publicité dans les 15 jours de la signature au JAL
gérance • Immatriculation du locataire gérant au RCS si nécessaire
Contrat de vente
Conditions de validité
213
Partie 3 - L’entreprise et les contrats
II Le contrat de vente
Selon l’article 1582 du Code civil, la vente se définit comme la « convention par laquelle l’un s’oblige à livrer
une chose, et l’autre à la payer. Elle peut être faite par acte authentique ou sous seing privé. »
Un contrat de vente, pour être valable, doit respecter des conditions de formation.
214
Chapitre 13 - Les contrats de l’entreprise
2 La chose
La chose, objet de la vente, peut être un bien corporel ou incorporel, meuble ou immeuble. Elle doit :
– être dans le commerce et être la propriété de la personne qui la vend ;
– être déterminée ou déterminable ;
– exister ou être définie (pour les choses futures) au moment de la formation du contrat.
3 Le prix
Le prix, matérialisé par une somme d’argent, est en principe librement déterminé par les parties. Il est versé
en contrepartie de la chose.
Il est un élément essentiel de formation du contrat de vente. Il doit remplir plusieurs conditions :
– être déterminé et désigné par les parties au contrat (C.civ., art. 1591). Le prix, à défaut d’être
déterminé doit être au moins déterminable. Lorsque le prix n’est ni déterminé ni déterminable en
vertu de critères définis par les parties : le contrat est entaché de nullité absolue ;
– être réel : Il ne doit être ni fictif ni simulé (les parties conviennent de ne pas payer le prix) ;
– être sérieux : il ne doit pas être dérisoire.
En cas de lésion (qui est un déséquilibre entre les obligations réciproques des parties), le contrat peut être
annulé ou le prix réduit. Pour un immeuble, le montant de la lésion doit être de plus des 7/12e de la valeur
de l’immeuble. Le délai de l’action en rescision pour lésion est de 2 ans à partir de la vente.
215
Partie 3 - L’entreprise et les contrats
5 Le droit à rétractation
En vertu de l’article L.221-18 du Code de la consommation, l’acheteur a la possibilité de se rétracter pendant
un délai de 14jours à compter de sa commande ou de son engagement en cas :
– de démarchage à domicile, à résidence ou sur le lieu de travail (vente hors établissement) ;
– de vente à distance (par téléphone, par Internet).
L’acheteur ne peut se voir contraint de verser des pénalités lorsqu’il use de son droit de rétractation dans
les délais.
Certains contrats, énumérés à l’article L.221-28 du Code de la consommation, ne bénéficient pas de ce
droit à rétractation (ex. : les contrats de fourniture de biens personnalisés par l’acheteur ou les contrats de
prestations de services d’hébergement non résidentiel).
216
Chapitre 13 - Les contrats de l’entreprise
217
Partie 3 - L’entreprise et les contrats
218
Chapitre 13 - Les contrats de l’entreprise
APPLICATION CORRIGÉE
Florence BERNARD a exercé pendant de nombreuses années la fonction de comptable, avant d’accomplir son rêve : exploiter seule une
boutique de prêt-à-porter. Dans le cadre de son activité, Florence a fait l’acquisition, le 10 janvier 2018, d’un équipement informatique
(ordinateur portable et imprimante) auprès d’un magasin spécialisé de Belfort. Le prix était particulièrement intéressant et le contrat de
vente comportait une clause de garantie, par laquelle le vendeur s’engageait à réparer gratuitement le matériel en cas de panne ou de
mauvais fonctionnement. Dès le 10 février 2018, Florence constate que l’écran de l’ordinateur s’éteint sans cesse. Elle est alors contrainte
de rapporter, à plusieurs reprises, le matériel au service après-vente du magasin. Malheureusement, les interventions des techniciens
s’avèrent inefficaces et la panne se reproduit régulièrement. La dernière panne date du 10 mai 2019. Le responsable du service après-
vente indique alors à Florence que, désormais, la réparation lui sera facturée puisque la garantie contractuelle est arrivée à son terme.
Au cours d’une discussion avec un ami, technicien informatique, Florence apprend que le dysfonctionnement du matériel qu’elle a
acheté est fréquent et qu’il s’agit d’un défaut de fabrication.
1. Florence pourrait-elle exercer une action en garantie des vices cachés ?
2. Dans le cadre de cette action, quelles demandes Florence peut-elle formuler ?
Correction
219
Partie 3 - L’entreprise et les contrats
Application au cas :
L’action en garantie des vices cachés pourra être engagée par Florence si :
– le dysfonctionnement de l’écran constitue bien un défaut qui ne permet plus une utilisation normale du bien ;
– le vice semble être antérieur à la vente, Florence n’est pas un acheteur professionnel expérimenté dans le domaine informatique
(impossibilité de déceler le vice au moment de l’achat).
Le délai pour agir n’est pas dépassé. Toutes les conditions pour agir sont réunies.
220
Chapitre 13 - Les contrats de l’entreprise
Le prix La chose
• Déterminé et désigné • Bien corporel
par les parties ou incorporel
• Réel • Bien meuble
Consentement réel
• Sérieux ou immeuble
et non vicié
• Dans le commerce
• Déterminée Conditions Capacité
ou déterminable générales de contracter
• Exister ou de validité
Accord sur être définie Contenu licite
la chose et le prix et certain
Conditions
de formation
du contrat Vente hors
Le contrat de établissement
vente Droit
de rétractation
Vente à distance
Les effets
Transfert Garanties
de la propriété Obligations des parties supportées
et des risques par le vendeur
• De conformité
Vendeur Acheteur • D'éviction
• Des vices cachés
• Obligation de délivrance
Paiement Retirement
• Obligation d'information
du prix de la chose
et de conseil
• Obligation de sécurité
221
Partie 3 - L’entreprise et les contrats
222
Chapitre 13 - Les contrats de l’entreprise
223
Partie 3 - L’entreprise et les contrats
d L’obligation de sécurité
Elle est une obligation de résultat et porte sur les prestations exécutées par l’entrepreneur qui ne doivent
causer aucun danger ni sur les personnes ni sur les biens. Comme pour le contrat de vente, il est possible
de mettre en œuvre la responsabilité du fait des produits défectueux.
a L’obligation de réception
Le client doit reconnaître la bonne exécution de la prestation. La réception permet au maître d’ouvrage
de constater l’achèvement de l’ouvrage, sa conformité à ce qui a été commandé. La réception sans réserve
empêche de faire jouer la garantie de conformité. Le client ne peut plus invoquer de vices apparents et le
prix devient exigible. Les risques et la garde de la chose sont transférés au client. Le client peut aller sur le
fondement de la responsabilité décennale s’il s’agit d’une construction.
La réception peut se faire en une ou plusieurs fois. Elle peut avoir lieu avant la livraison (le maître de l’ou-
vrage doit donner son accord avant toute prise de possession) ou après.
c L’obligation de retirement
Le client doit retirer la chose confiée à l’entrepreneur lorsque celui-ci a exécuté sa prestation.
Lorsque ce retirement n’a pas lieu au bout d’un an, l’entrepreneur peut demander en justice la vente de la
chose aux enchères publiques pour se faire payer sur le prix.
224
Chapitre 13 - Les contrats de l’entreprise
Conditions
Validité
• Consentement réel et non vicié
• Capacité de contracter
• Contenu licite et certain
Formation
du contrat
Contrat
d'entreprise
Obligations
des parties
Entrepreneur Acheteur
225
Partie 3 - L’entreprise et les contrats
APPLICATION CORRIGÉE
Arrêt de la Cour de cassation, 3e chambre civile, 31 janvier 2007
« Attendu, selon l’arrêt attaqué (Montpellier, 14 juin 2005), qu’à la suite de l’édification de logements en bord de mer, des désordres
sont apparus affectant notamment les façades et les garde-corps, et donnant lieu à des travaux de réparation à l’occasion desquels le
syndicat des copropriétaires a souscrit une police “dommages ouvrage” auprès de la Société mutuelle d’assurance du bâtiment et des
travaux publics (SMABTP) ; que sont intervenues à cette opération pour les garde-corps, la société Schuco qui en a fourni les sabots
la société Fondalu qui les a fabriqués (…) et la société EMGEPE qui les a peints ; qu’à la suite de nouveaux désordres, le syndicat des
copropriétaires a demandé réparation du préjudice subi par la copropriété ;
Sur le moyen unique du : Vu l’article 1382 du Code civil ;
Attendu que pour rejeter les demandes en garantie de la société Schuco International et de la société Fondalu à l’encontre de la société
EMGEPE, l’arrêt retient, par motifs adoptés, que cette dernière n’a aucune obligation de conseil à leur égard ;
Qu’en statuant ainsi, alors que le devoir de conseil peut s’étendre aux entrepreneurs entre eux, dès lors que le travail de l’un dépend
du travail de l’autre, la cour d’appel n’a pas donné de base légale à sa décision, de ce chef ;
Et attendu qu’il n’y a pas lieu de statuer sur le moyen unique du pourvoi principal n° 05-19.334 ni sur les pourvois incidents qui ne
seraient pas de nature à permettre l’admission des pourvois ;
PAR CES MOTIFS : CASSE ET ANNULE »
Quelle position prend la Cour de cassation sur l’étendue de l’obligation de conseil lorsque plusieurs
entrepreneurs interviennent sur un même ouvrage ?
Correction
En l’espèce, trois entreprises intervenaient sur des garde-corps de logements construits en bord de mer : l’une a fourni les sabots, l’autre
les a fabriqués et la dernière les a peints. Quel que soit leur degré d’intervention à l’ouvrage, elles étaient toutes trois débitrices d’une
obligation de conseil entre elles puisqu’elles étaient, dans leur travail, dépendantes les unes des autres.
226
Chapitre 13 - Les contrats de l’entreprise
B Le contrat de consommation
Le contrat de consommation se définit comme un contrat de vente ou de prestations de services conclu
entre un professionnel et un consommateur.
227
Partie 3 - L’entreprise et les contrats
service est de 30jours maximum. Le consommateur peut, passer le délai des 30jours, demander la
résolution du contrat en respectant la procédure visée à l’article L.216-2 du Code de la consommation ;
– les informations liées à son identité, à ses coordonnées postales, téléphoniques et électro-
niques et à ses activités
Le consommateur doit également être informé des modalités de paiement (acompte, arrhes, délai), des
conditions de résolution de la vente, des dispositions liées aux vices cachés (réparation, remboursement).
Le vendeur doit attirer l’attention de l’utilisateur d’un produit sur les risques encourus ou les précautions à
prendre pour éviter un accident ou une nuisance. La sanction au manquement à cette obligation d’infor-
mation sur le produit est la réparation sous forme de dommages-intérêts.
• L’obligation de conseil
Le professionnel est tenu à une obligation de conseil permettant au consommateur de profiter de son
expérience et de ses compétences. Elle est principalement exigée lorsque les intérêts vitaux du consom-
mateur sont en jeu.
• L’obligation de conformité
Au moment de sa délivrance, le bien ou le service doit être conforme au contrat et respecter les normes
en vigueur. À défaut, le vendeur doit répondre des défauts de conformité dont la preuve incombe au
consommateur. En cas de litige, le juge apprécie la commune intention des parties et le doute profite
au consommateur. Cette obligation s’étend aux défauts qui apparaissent dans les deux ans de l’achat.
L’acheteur peut obtenir la réparation, le remplacement ou la restitution du prix. En cas de non-conformité
du bien par rapport à sa destination : la garantie des vices cachés trouve à s’appliquer.
• L’obligation de sécurité
Le vendeur a une obligation de sécurité des produits et doit informer le consommateur des risques inhérents
au produit. Il engage sa responsabilité extracontractuelle du fait des services et produits défectueux (cf. la
responsabilité extracontractuelle).
228
Chapitre 13 - Les contrats de l’entreprise
– de déclarer faussement qu’un produit ne sera disponible que pendant une période très limitée ;
– de la publicité destinée à induire en erreur. La publicité comparative est cependant autorisée si le
message délivré est véridique et objectif et que les caractéristiques comparées sont essentielles,
significatives, pertinentes et vérifiables.
• Les pratiques commerciales agressives
Elles sont visées aux articles L.121-6 et L.121-7 du Code de la consommation. Il s’agit à titre d’exemples :
– d’altérer de manière significative la liberté de choix d’un consommateur ;
– de donner au consommateur l’impression qu’il ne pourra quitter les lieux avant qu’un contrat n’ait
été conclu ;
– de se livrer à des sollicitations répétées et non souhaitées par téléphone.
b L’abus de faiblesse
Le Code de la consommation, à l’article L.121-8, interdit le fait d’abuser de la faiblesse ou de l’ignorance
d’une personne (âge avancé, maladie, problème de compréhension de la langue française, etc.) pour lui
faire souscrire, notamment, par le moyen de visites à domicile, de démarchage téléphonique ou dans le
cadre d’une situation d’urgence des engagements au comptant ou à crédit.
Ces personnes sont passibles d’un emprisonnement de trois ans et de 375 000€.
c La vente et prestation de services sans commande préalable
Le Code de la consommation, à l’article L.121-13, interdit pour un professionnel d’exiger le paiement
immédiat ou différé d’un bien ou d’un service sans que ces derniers n’aient fait l’objet d’une commande
préalable par le consommateur. De même, le professionnel ne peut exiger leur renvoi ou leur conservation.
d La vente à boule de neige
La vente à boule de neige est une pratique interdite qui consiste à proposer des biens à des personnes en
leur faisant espérer que ces biens leur seront remis soit à titre gratuit ou soit à une somme inférieure à leur
valeur réelle à la condition qu’elles trouvent elles-mêmes d’autres acheteurs. Ces derniers devront à leur tour
trouver d’autres acheteurs s’ils souhaitent bénéficier des mêmes avantages que ceux qui les ont sollicités.
e Le refus de vente
Le refus de vente est en principe un délit. Toutefois, par exceptions, le vendeur peut refuser de vendre pour
motif légitime. Il peut s’agir notamment de la réglementation (ex. : refus de vente d’alcool à un mineur),
de l’indisponibilité du produit en stock ou d’une demande anormale, par exemple une quantité excessive.
229
Partie 3 - L’entreprise et les contrats
a Le droit de rétractation
La loi admet que le consommateur puisse se rétracter en cas de vente à domicile et de vente à distance
ou assimilée (par téléphone ou Internet). Le délai de rétractation est de 14jours. Il court à compter de
l’engagement du consommateur. La rétractation n’a pas à être justifiée.
230
Chapitre 13 - Les contrats de l’entreprise
– renouvelable (revolving): le montant disponible est renouvelé au fur et à mesure des remboursements.
La loi Hamon du 17 mars 2014 impose l’obligation aux établissements de crédit de proposer un crédit
amortissable comme alternative au crédit renouvelable pour certains achats.
a L’offre de prêt
• Le contenu de l’offre de prêt
L’offre de crédit à la consommation doit contenir certaines informations :
– l’identité et l’adresse du prêteur et de l’emprunteur, la nature, l’objet et la durée de l’opération
proposée ;
– le montant du crédit, son coût réel, le montant et le nombre des échéances ;
– l’existence d’un droit de rétractation ;
– les moyens de rembourser le crédit par anticipation et les conditions de résiliation.
• La remise de l’offre de prêt et le droit de rétractation
Lorsque le consommateur est intéressé, le prêteur doit faire une offre préalable de prêt qui doit être
écrite et contenir certaines mentions (identité des parties, le montant du prêt, l’objet et les modalités du
contrat et le taux effectif global). L’offre doit être remise en double exemplaire au client avant toute
opération de crédit.
La remise de l’offre oblige le prêteur à maintenir les conditions qu’elle indique pendant une durée minimale
de 15jours calendaires à compter de son émission. L’offre doit faire mention du droit de rétractation
(formulaire détachable joint au contrat de crédit) et des conditions de sa mise en œuvre. L’emprunteur
peut se rétracter sans motif dans un délai de 14jours calendaires à compter du jour de l’acceptation de
l’offre de contrat de crédit.
Le montant proposé ne doit pas dépasser 75 000€ et la durée de remboursement doit être supérieure à
3mois.
• Les obligations du prêteur avant tout engagement
Le prêteur doit informer l’emprunteur des risques générés par la signature d’un contrat de crédit à la consom-
mation. Il doit vérifier la situation financière de l’emprunteur. Il doit fournir à l’emprunteur les informations
lui permettant de savoir si le crédit est adapté à ses besoins et à sa situation financière.
b L’acceptation du contrat
Le contrat accepté par l’emprunteur ne devient parfait qu’à une double condition :
– l’emprunteur n’a pas usé de sa faculté de rétractation ;
– le prêteur a fait connaître à l’emprunteur sa décision d’accorder le crédit, dans un délai de 7jours francs.
231
Partie 3 - L’entreprise et les contrats
232
Chapitre 13 - Les contrats de l’entreprise
Le prêteur peut exiger de l’emprunteur défaillant le remboursement du capital restant dû, les intérêts
échus mais non payés, les intérêts de retard sur ces sommes et une indemnité plafonnée à 8 % du capital
restant dû.
APPLICATION CORRIGÉE
233
Partie 3 - L’entreprise et les contrats
Correction
1. QCM
1 : a ; 2 : c ; 3 : a (condition non remplie : capacité de contracter) ; 4 : a ; 5 : a (demande anormale) ; 6 : b (renvoi des ouvrages) ; 7 : b ; 8 : c
A Le droit au compte
Toute personne physique ou morale domiciliée en France a droit à l’ouverture d’un compte de dépôt
dans l’établissement de crédit de son choix. Si cet établissement refuse, la personne concernée peut
s’adresser à la Banque de France pour qu’elle lui désigne un établissement de crédit qui devra lui ouvrir un
234
Chapitre 13 - Les contrats de l’entreprise
compte et assurer les services bancaires de base gratuits bénéficiant à tout titulaire de compte de dépôt
bancaire (services énumérés par le Décret n° 2006-384 du 27 mars 2006 relatif aux services bancaires de
base mentionnés à l’article D.312-5 du Code monétaire et financier).
235
Partie 3 - L’entreprise et les contrats
236
Chapitre 13 - Les contrats de l’entreprise
(*) La provision se définit comme la somme suffisante et disponible sur le compte bancaire du client au moment où il donne
son ordre de paiement.
3 La procédure d’opposition
Il s’agit pour le client de donner l’instruction à l’établissement bancaire d’annuler un ordre de paie-
ment. Elle peut concerner un paiement par chèque, carte bancaire, virement ou prélèvement automatique.
L’opposition est possible en cas de perte, de vol ou d’utilisation frauduleuse (ex. : modification du montant)
de ces moyens de paiement. L’opposition doit intervenir dans les plus brefs délais. La banque vérifiera si le
client a été ou non négligent.
Lorsque le titulaire du compte fait opposition et utilise malgré tout son mode de paiement, il peut être
poursuivi pénalement pour escroquerie à l’égard du bénéficiaire du mode de paiement et pour abus de
confiance à l’égard de sa banque.
237
Partie 3 - L’entreprise et les contrats
238
Chapitre 13 - Les contrats de l’entreprise
– le taux effectif global (TEG). Il s’agit du taux conventionnel auquel sont rajoutées toutes les charges
liées au prêt (frais, commissions ou rémunérations de toute nature).
Le prêt ne doit pas être usuraire, c’est-à-dire consenti à un taux effectif global qui excède, au moment
où il est consenti, de plus du tiers le taux effectif moyen pratiqué au cours du trimestre précédent par les
établissements de crédit pour des opérations de même nature comportant des risques identiques.
Lorsqu’un prêt est usuraire, les perceptions excessives doivent être reversées au capital de la créance. Si
celle-ci a été totalement remboursée, le prêteur doit restituer les sommes indûment perçues, avec intérêts.
L’usure est un délit pénal (punissable d’un emprisonnement de 2 ans et d’une amende de 45 000€) et
peut ouvrir droit à une sanction civile (dommages-intérêts) du fait du préjudice subi. Toutefois, l’usure
n’est pas un délit pénal pour les prêts consentis à des personnes morales exerçant une activité commer-
ciale, industrielle ou financière et pour les personnes physiques agissant pour leurs besoins professionnels.
1 L’escompte
a La définition
L’escompte est une opération par laquelle le client d’une banque remet à cette dernière un effet de
commerce afin qu’elle lui en paie immédiatement le montant.
Les deux principaux effets de commerce sont la lettre de change et le billet à ordre, qui se définissent
comme suit :
– la lettre de change (traite) : titre par lequel une personne (le tireur) donne l’ordre à l’un de ses
débiteurs (le tiré) de payer une certaine somme à une certaine date à une tierce personne (le béné-
ficiaire ou le porteur du titre) ;
239
Partie 3 - L’entreprise et les contrats
– le billet à ordre : titre par lequel une personne (le souscripteur) s’engage à payer à une date déter-
minée une somme d’argent à une autre personne (le bénéficiaire).
b Le contrat d’escompte
L’escompte repose sur un contrat et peut concerner un ou plusieurs effets de commerce. Le plus souvent,
la banque et le professionnel concluent un contrat-cadre qui permet d’escompter les effets de commerce
remis par le client jusqu’à un certain plafond (fixé en fonction du chiffre d’affaires de l’entreprise et de
la durée du crédit). Le crédit se reconstitue au fur et à mesure du paiement des créances transférées. Le
banquier perçoit des intérêts (liés à la rémunération du crédit fourni) et des commissions appelées agios.
a La définition
L’affacturage est un contrat par lequel un établissement de crédit (l’affactureur ou le factor) se charge
moyennant rémunération (commission de factoring) d’opérer le recouvrement des créances qui lui ont été
transférées par un adhérent. Le factor fait l’avance des fonds à l’adhérent et supporte le risque d’être impayé.
b Le contrat d’affacturage
Le contrat d’affacturage a pour objet la gestion des créances que l’adhérent cède au factor, leur garantie
de bonne fin et leur financement.
En principe, la cession est faite en exclusivité ou en globalité, c’est-à-dire que l’adhérent s’engage à
transférer toutes les factures et ne peut sélectionner les créances ou en céder une partie à un autre pres-
tataire, sauf en cas d’accord contraire des parties. Le factor, quant à lui, se réserve le droit d’opérer un tri
entre les créances et ne garder que celles dont il est assuré du recouvrement. L’adhérent doit remettre au
factor les factures qui justifient ses créances et une quittance subrogative permettant au factor de se
substituer à lui pour exiger le paiement de la créance. Le factor devient propriétaire de la créance et des
éventuelles sûretés qui la garantissent.
240
Chapitre 13 - Les contrats de l’entreprise
Lorsque le factor a approuvé la créance qui est certaine et exigible, il doit en régler immédiatement le
montant même en cas de non-paiement du débiteur (garantie de bonne fin). Lorsque la créance n’est pas
approuvée, le factor ne paiera que si le débiteur règle sa dette.
3 Le bordereau Dailly
a La définition
Le bordereau Dailly permet à une entreprise individuelle ou une personne morale de nantir (mettre en
gage des biens meubles incorporels) ou de céder ses créances professionnelles à un établissement de
crédit qui lui en verse immédiatement le montant. Ce bordereau est une forme simplifiée de cession de
créances. Les créances sont transférées avec les sûretés qui les garantissent.
241
Partie 3 - L’entreprise et les contrats
– bordereau avec acte d’acceptation de la cession par le cédé : celui-ci se doit de payer le cession-
naire. Le cédé ne peut opposer au cessionnaire des exceptions liées au contrat initial.
Dans tous les cas, le cédant est garant solidaire du paiement des créances cédées : si le cédé ne paie pas,
le cédant est tenu de payer à sa place.
C Le crédit-bail
1 La définition du crédit-bail
L’opération de crédit-bail permet à une entreprise de se procurer des biens sans investir de fonds.
Une entreprise de crédit-bail achète, sur la demande d’un client, un bien d’équipement ou un immeuble
à usage professionnel pour le lui donner en location pendant une durée déterminée. Le client paie en
contrepartie un loyer ou une redevance.
Au terme convenu, le locataire bénéficie d’une option : il peut soit restituer le bien à l’entreprise de crédit-
bail, soit l’acquérir à un prix prenant en compte les versements effectués au titre des loyers.
À côté du crédit-bail classique, il existe deux situations particulières :
– la cession-bail (lease-back) : le propriétaire d’un bien d’équipement ou d’un immeuble industriel
ou commercial le vend à une entreprise de crédit-bail qui lui en confère aussitôt la jouissance par un
contrat de crédit-bail ;
– le crédit-bail adossé (crédit-bail fournisseur): un fournisseur vend un bien à un établissement de
crédit qui le lui reloue immédiatement en crédit-bail. Le fournisseur sous-loue ensuite le bien à l’utilisateur.
a Le contrat de crédit-bail
Le contrat de crédit-bail est conclu entre le crédit-preneur et le crédit-bailleur. L’établissement de crédit
met à la disposition de l’utilisateur le bien et celui-ci doit en prendre livraison. Le crédit-preneur verse un
loyer pendant une période irrévocable prévue contractuellement au cours de laquelle il ne peut pas mettre
fin à la location. Le crédit-preneur doit assurer le bien et en faire bon usage. Il ne peut sous-louer le bien
(sauf crédit-bail adossé), à défaut il peut être poursuivi pour abus de confiance. Le preneur doit mentionner
l’opération de crédit-bail dans l’annexe de son bilan.
Le crédit-preneur qui ne lève pas l’option à la fin du contrat doit restituer le bien.
Le crédit-bailleur a une obligation de délivrance du bien, il doit en assurer la jouissance paisible.
242
Chapitre 13 - Les contrats de l’entreprise
En cas de non-paiement des loyers par le crédit-preneur, l’établissement de crédit peut demander la rési-
liation du contrat. Celle-ci peut également intervenir en cas de résolution du contrat de vente, de force
majeure ou de dissolution de la personne morale.
Le crédit-bailleur doit s’assurer des capacités de remboursement du crédit-preneur, à défaut il engage sa
responsabilité.
b Le contrat de vente
Il intervient entre le crédit bailleur et le vendeur du bien. Lorsque le crédit-bail est mobilier, l’opéra-
tion doit être inscrite par l’établissement financier sur un registre spécial auprès du greffe du tribunal de
commerce du lieu du siège social de l’utilisateur, pour une durée de 5 ans. Lorsque le crédit-bail est immo-
bilier, la publication au bureau des hypothèques est obligatoire lorsque la durée du contrat est supérieure
à 12 ans. Le vendeur est tenu à toutes les obligations induites par le contrat de vente.
APPLICATION CORRIGÉE
1. Quels sont les avantages et les inconvénients comparés du Bordereau Dailly et de l’affacturage ?
2. Analyser une situation juridique (d’après un sujet d’examen).
Alain SIRET, Éric CLAIRC et Arnaud MANGIN sont trois anciens camarades de promotion, diplômés d’une école d’expertise informatique.
Les trois camarades ont créé la SARL INFOTEC dont le siège social est à Aix-en-Provence. Le gérant est Alain SIRET. Pour répondre aux
besoins croissants de la clientèle, un des associés, Éric CLAIRC, s’est spécialisé au sein de la société dans la maintenance et l’assistance
informatique professionnelle. Cette activité nécessite des déplacements incessants chez les clients. Alain SIRET réfléchit donc à la possi-
bilité d’acquérir un véhicule utilitaire par la société. Cependant, les moyens financiers de la société ne permettent pas actuellement une
telle dépense. Les associés envisagent le recours au crédit-bail auprès du CREDIT AIXOIS qui propose ce type de financement. Le choix
d’INFOTEC se porte sur un véhicule commercialisé par la société MARCHAND, concessionnaire de la marque Renault.
En quoi consiste le crédit-bail ? Quels seront les liens contractuels entre ces différentes parties ?
243
Partie 3 - L’entreprise et les contrats
Correction
1. Avantages et inconvénients du Bordereau Dailly et de l’affacturage
Bordereau Dailly Affacturage
Avantages
– laisse à l’entreprise créancière une indépendance de – gestion intégrale des factures remises recouvrement
gestion – garantie de paiement à 100 %
– bonne image de l’entreprise vis-à-vis des clients – le financement est déplafonné et n’a pour limite que la solva-
– recours ponctuel bilité de l’adhérent (ou s’il est plafonné, il peut être négocié
– pas besoin de justifier le bien-fondé de la créance à tout moment)
– possibilité de regrouper sur un même document – contrat à durée indéterminée (préavis de 3mois)
plusieurs créances pour une cession ou un nantissement
Inconvénients
– pas de garantie de paiement à 100 % – image négative de la société vis-à-vis des clients (déperson-
– n’est pas un moyen de recouvrement (même noti- nalisation de la relation avec le client/les dossiers des clients
fiée) : le bénéficiaire du crédit doit continuer à suivre le répondant aux critères du portefeuille de créances repris par
recouvrement de ses créances le factor sont traités de la même manière)
– pas de garanties en assurance-crédit : si le client ne paie – gestion du recouvrement ou des retards plus brutale (nuit aux
pas, l’entreprise est débitée par le banquier qui lui rétro- relations clients)
cède la créance (solidarité avec le client) – contrôle du factor sur les factures avec demande de justificatifs
– la ligne de financement est plafonnée et révisée chaque – le recours à un affactureur n’est pas confidentiel : mention sur
année les factures (peut laisser croire que l’entreprise a des difficultés
– que pour des clients situés en France de trésorerie ou de fonctionnement)
– ne prend pas en charge les factures risquées
– coût élevé
244
Chapitre 13 - Les contrats de l’entreprise
Contrat de
prêt d'argent
Escompte
Contrats Crédit avec
de crédit mobilisation Affacturage
aux entreprises de créances
Bordereau Dailly
Crédit bail
Contrat Contrat
de crédit bail de vente
245
Partie 3 - L’entreprise et les contrats
1 Le cautionnement
a La définition du cautionnement
Le cautionnement est un contrat unilatéral (et accessoire à un contrat principal) par lequel une personne
(la caution) s’engage à exécuter l’obligation d’un débiteur (la personne cautionnée) lorsque celui-ci est
défaillant.
246
Chapitre 13 - Les contrats de l’entreprise
La caution peut opposer au créancier toutes les exceptions que le débiteur aurait pu faire valoir concernant
la dette. Lorsque la caution effectue le paiement, elle dispose d’un recours contre ce dernier pour se faire
rembourser la somme versée (recours personnel ou subrogatoire).
Il y a extinction du cautionnement lorsque l’obligation principale s’éteintou lorsque la caution a payé le
créancier.
Lorsque plusieurs cautions sont engagées pour le paiement d’une dette, elles sont dites cofidéjusseurs.
2 La garantie autonome
La garantie autonome se définit comme un contrat par lequel, une personne (le garant) prend l’engage-
ment de payer une somme d’argent à un tiers, le bénéficiaire (le créancier) soit à première demande, soit
suivant les modalités convenues avec le débiteur (le donneur d’ordre).
Le garant ne peut opposer aucune exception (moyen permettant de faire obstacle au paiement : « inop-
posabilité des exceptions ») pour ne pas payer la somme convenue. Elle diffère donc sur ce point du
cautionnement.
La garantie est dite autonome car elle est totalement indépendante de l’engagement de départ.
Le garant peut ne pas payer s’il y a « abus ou fraude manifeste » du bénéficiaire ou d’une collusion entre
le bénéficiaire et le donneur d’ordre.
3 La lettre d’intention
Il s’agit de l’engagement de faire ou de ne pas faire ayant pour objet le soutien apporté à un débiteur dans
l’exécution de son obligation envers le créancier. Contrairement aux deux autres sûretés personnelles, le
garant n’est pas tenu d’honorer les engagements du débiteur défaillant ni de verser une somme d’argent
247
Partie 3 - L’entreprise et les contrats
déterminée. Il peut être amené, selon l’étendue de l’engagement contenu dans la lettre, d’indemniser le
créancier impayé du préjudice subi du fait du non-paiement par le débiteur principal.
248
Chapitre 13 - Les contrats de l’entreprise
b Le nantissement
Le nantissement est une sûreté qui porte sur des meubles incorporels (fonds de commerce, brevet, créance,
parts sociales). Il peut être conventionnel ou judiciaire. Le créancier dispose d’un droit de suite et d’un
droit de préférence (voir le gage).
D’une manière générale, le nantissement obéit aux règles du gage (avec ou sans dépossession) dans la
mesure du possible.
Le nantissement de créance doit être constaté par écrit et doit désigner les créances garanties et les
créances nanties qui peuvent être présentes ou futures. Dans ce cas, l’acte doit permettre leur individualisa-
tion ou contenir l’indication du débiteur, le lieu de paiement, le montant des créances ou leur évaluation et,
s’il y a lieu, leur échéance. Lorsque la créance nantie est future, le créancier acquiert un droit sur la créance
dès la naissance de celle-ci. Le nantissement est opposable aux tiers à la date du contrat. Les sommes dues
au titre de la créance nantie doivent être payées entre les mains du créancier nanti. Si la somme versée est
supérieure à ce qui est dû, le créancier nanti doit rembourser le surplus.
249
Partie 3 - L’entreprise et les contrats
a L’hypothèque
L’hypothèque est une sûreté sans dépossession. Il en existe 3 sortes :
L’hypothèque est consentie par un contrat entre le débiteur (constituant) et le créancier pour
garantir une créance (montant principal et intérêts). L’hypothèque doit faire l’objet d’un acte
notarié et être inscrite au bureau des hypothèques du lieu où se trouve l’immeuble. Un bien
immobilier peut faire l’objet de plusieurs hypothèques. Le rang de chaque hypothèque dépend
de la date de son inscription.
Le créancier hypothécaire a un droit de suite et un droit de préférence.
Hypothèque Lorsque le débiteur a remboursé sa dette, l’hypothèque fait l’objet d’une mainlevée.
conventionnelle
Il y a réalisation de l’hypothèque en cas de défaut de paiement. Le créancier hypothécaire
a le choix entre :
– la vente forcée de l’immeuble ;
– l’attribution de l’immeuble en pleine propriété par attribution judiciaire ou pacte commissoire.
Lorsque le débiteur a honoré totalement ses engagements, il peut demander que l’hypothèque
soit officiellement annulée par acte notarié (procédure de la main levée).
L’hypothèque est accordée de plein droit par la loi dans certains cas (ex. : l’hypothèque légale
Hypothèque légale
d’un époux sur les créances nées entre eux).
Hypothèque Lorsqu’un débiteur est condamné en justice, le créancier peut demander au juge l’autorisation
judiciaire d’inscrire une hypothèque pour garantir l’exécution de la décision de justice.
b L’antichrèse
L’antichrèse se définit comme l’affectation d’un immeuble en garantie d’une obligation. Elle emporte
dépossession de celui qui la constitue. Le débiteur doit être le propriétaire de l’immeuble et doit pouvoir
en disposer.
Elle est constituée par un contrat établi par un notaire qui doit faire l’objet d’une publicité foncière au
bureau des hypothèques dans les 3mois de sa signature.
Le créancier antichrèsiste a les mêmes obligations qu’un créancier gagiste dans le cadre du gage avec
dépossession. Il peut louer l’immeuble dont le débiteur s’est dépossédé à titre de garantie mais ne peut en
percevoir les loyers (sauf convention contraire). Il a un droit de suite et de rétention.
L’antichrèse s’éteint par :
– le paiement total de la dette garantie ;
– la volonté du créancier d’y mettre fin ;
– le manquement du créancier à son obligation d’entretien (déchéance de l’antichrèse).
En cas de non-paiement de la dette à l’échéance, le créancier antichrèsiste a le choix entre :
250
Chapitre 13 - Les contrats de l’entreprise
APPLICATION CORRIGÉE
Correction
251
Partie 3 - L’entreprise et les contrats
de nantissement est constaté par un acte authentique ou par un acte sous-seing privé. Il est enregistré dans les 15jours de sa rédaction,
sous peine de nullité, au greffe du tribunal de commerce dans le ressort duquel le fonds est exploité.
Application au cas :
La garantie demandée par la banque à M. Bilel est un nantissement de fonds de commerce. Pour être constituée, il faudra respecter
les conditions sus énoncées.
252
Chapitre 13 - Les contrats de l’entreprise
• Cautionnement
Sûretés
• Lettre d'intention
personnelles
• Garantie autonome
Sûretés
• Gage
Sûretés Sûretés réelles
réelles mobilières • Nantissement
Sûretés réelles
immobilières
253
PARTIE 4
L’ENTREPRISE
ET SES
RESPONSABILITÉS
Chapitre
L’ENTREPRISE 14
ET LA RESPONSABILITÉ CIVILE
En développant ses activités, l’entreprise peut commettre un fait ou exposer autrui à un risque causant un
dommage. Dès lors, sa responsabilité civile est engagée. Celle-ci doit être distinguée de la possibilité de
voir aussi sa responsabilité pénale engagée mais avec des mécanismes différents.
Ce chapitre vous permettra de développer les compétences attendues suivantes :
– Différencier les notions de responsabilité civile et pénale ;
– Différencier responsabilité civile extracontractuelle et responsabilité civile contractuelle ;
– Apprécier le respect des conditions de mise en œuvre de la responsabilité civile et les causes possibles
d’exonération dans une situation juridique donnée ;
– Identifier les caractéristiques du préjudice réparable dans une situation juridique donnée.
257
Partie 4 - L’entreprise et ses responsabilités
258
Chapitre 14 - L’entreprise et la responsabilité civile
APPLICATION CORRIGÉE
Correction
Cas n° 1 : Responsabilité des animaux dont on a la garde
Cas n° 2 : Responsabilité du fait d’autrui (apprenti/maître d’apprentissage)
Cas n° 3 : Responsabilité du fait d’autrui (enfant/parent)
Cas n° 4 : Responsabilité du fait des choses dont on a la garde
Cas n° 5 : Responsabilité du fait personnel (+ responsabilité pénale)
Cas n° 6 : Responsabilité pénale
Cas n° 7 : Responsabilité contractuelle
259
Partie 4 - L’entreprise et ses responsabilités
Par exemple, un salarié se blesse mortellement sur un chantier. La famille de la victime poursuivra l’em-
ployeur sur le fondement de la responsabilité pénale pour homicide involontaire et demandera réparation
du préjudice moral subi sur le fondement de la responsabilité civile.
En ce qui concerne le régime de responsabilité civile contractuelle et extracontractuelle : les deux
régimes ne se cumulent pas. La Cour de cassation a réaffirmé cette règle de non-cumul de responsabilités.
Pour elle, le choix du fondement de l’action en responsabilité est « indisponible » : il ne dépend pas de la
volonté des parties mais s’impose à elles. La responsabilité contractuelle sera retenue en premier.
Pour un même fait, la mise en œuvre de régimes de responsabilités extracontractuelles différents est tout
à fait envisageable. Par exemple, un enfant blesse avec un ballon un autre enfant. Deux fondements sont
possibles : la responsabilité du fait des choses dont on a la garde et la responsabilité des parents envers
leurs enfants. Néanmoins, le choix doit être opportun compte tenu de la situation des coauteurs afin que
la réparation soit effective.
1 Un fait générateur
Le fait générateur peut être différent selon le type de responsabilité extracontractuelle, comme indiqué
dans le tableau ci-dessous :
260
Chapitre 14 - L’entreprise et la responsabilité civile
Il peut s’agir d’un agissement, d’une abstention ou d’une omission. Ce fait personnel doit être
Du fait constitutif d’une faute peu importe qu’elle soit intentionnelle ou non. La faute peut être une simple
personnel négligence ou imprudence.
Il appartient aux juges du fond d’apprécier si le fait est constitutif ou non d’une faute.
Les artisans sont responsables des agissements des apprentis pendant le temps où ils
Artisans/ sont sous leur surveillance. Il s’agit d’une présomption simple. L’artisan peut apporter
Apprentis la preuve qu’il n’a pas pu empêcher le fait qui donne lieu à responsabilité ou que le
dommage est dû à une cause étrangère.
L’employeur (commettant) doit répondre des fautes commises par son salarié (préposé)
du fait de l’existence entre eux d’un lien de subordination. Ce lien est caractérisé par
Du fait
l’obligation pour le salarié de respecter les ordres et les directives de son employeur. Le
d’autrui
salarié est soumis au contrôle de son employeur, lequel peut le sanctionner en cas de
Commettants mauvaise exécution de ses tâches.
/ Préposés
Le salarié doit avoir commis une faute dans l’exercice de ses fonctions. La présomption
de responsabilité est simple car l’employeur peut apporter la preuve que le salarié a
agi en dehors des fonctions auxquelles il était employé, sans autorisation, et à des fins
étrangères à ses attributions ou que le dommage est dû à une cause étrangère.
La chose est un bien meuble ou immeuble. Est considéré comme le gardien d’une chose, celui qui détient
Du fait
le pouvoir d’usage, de contrôle et de direction de la chose au moment du dommage. La chose
des
doit avoir eu un rôle actif dans la réalisation du dommage. La présomption de responsabilité est simple, ce
choses
qui permet au gardien d’apporter la preuve contraire.
2 Un dommage
Le dommage est une atteinte portée à une personne ou à ses biens.
261
Partie 4 - L’entreprise et ses responsabilités
3 Un lien de causalité
Le dommage doit être la conséquence directe du fait générateur. Il appartient au demandeur de prouver
le lien de causalité. Il peut arriver que plusieurs causes aient concouru à la réalisation d’un dommage.
La question est donc de savoir si toutes les causes doivent être retenues ou certaines d’entre elles. Deux
théories de la causalité ont été élaborées par la doctrine pour pouvoir répondre à cette problématique :
– la théorie de l’équivalence des conditions : toutes les causes doivent être retenues puisqu’elles
ont toutes participé à la réalisation du dommage, peu importe l’intensité de leur rôle ;
– la théorie de la causalité adéquate : seule la cause prédominante doit être retenue.
Aucune de ces théories ne l’emportent devant les tribunaux qui s’appuient sur celle la plus appropriée à la
situation présentée devant eux.
1 La force majeure
La force majeure est un événement imprévisible, irrésistible et extérieur à la personne (ex. : une
tempête, une inondation, un attentat).
L’exonération est totale en cas de force majeure.
2 Le fait de la victime
La victime a contribué à la réalisation du dommage (ex. : le fait pour un enfant blessé à l’occasion
d’un jeu de paintball de s’être exposé délibérément au risque très aggravé de blessures, en retirant son
casque protecteur).
L’exonération peut être totale ou partielle.
262
Chapitre 14 - L’entreprise et la responsabilité civile
2 La notion de producteur
Selon l’article 1245-5 du Code civil, le producteur doit être entendu comme :
– le fabricant d’un produit fini ;
– le producteur de matière première ;
– le fabricant d’une partie composante d’un produit ;
– toute autre personne qui se présente comme producteur en apposant sur le produit son nom, sa
marque ou tout autre signe distinctif ;
– toute autre personne qui importe un produit dans l’Union européenne en vue d’une vente, d’une
location ou de toute autre forme de distribution.
263
Partie 4 - L’entreprise et ses responsabilités
être engagée même si le producteur a respecté les règles de l’art ou les normes existantes ou qu’il a fait
l’objet d’une autorisation administrative.
Selon l’article 1245-6 du Code civil : « Si le producteur ne peut être identifié, le vendeur, le loueur, (…) ou
tout autre fournisseur professionnel, est responsable du défaut de sécurité du produit, dans les mêmes
conditions que le producteur, à moins qu’il ne désigne son propre fournisseur ou le producteur, dans un
délai de trois mois à compter de la date à laquelle la demande de la victime lui a été notifiée. »
264
Chapitre 14 - L’entreprise et la responsabilité civile
A Le cadre juridique
En 2003, une commission est mise en place pour mener une réflexion sur les relations entre l’homme et
son environnement avec pour objectif d’ériger des droits et des devoirs en matière d’environnement en
vue de sa protection.
Cette commission a conduit à l’élaboration, en 2004, de la Charte de l’environnement qui a été intégrée
au bloc de constitutionnalité en 2005 lui donnant ainsi valeur constitutionnelle.
Dans son article 4, la Charte de l’environnement précise que : « Toute personne doit contribuer à la répa-
ration des dommages qu’elle cause à l’environnement, dans les conditions définies par la loi. »
La loi pour la reconquête de la biodiversité de la nature et des paysages (RBNP) du 8 août 2016 établit le
cadre juridique de la réparation du préjudice écologique.
Selon l’article 1246 du Code civil : « Toute personne responsable d’un préjudice écologique est tenue de
le réparer. »
265
Partie 4 - L’entreprise et ses responsabilités
C L’action en réparation
L’action en réparation du préjudice écologique n’est pas ouverte aux particuliers mais aux personnes
ayant qualité et intérêt à agir : l’État, l’Agence française pour la biodiversité, les collectivités territoriales
et leurs groupements, les établissements publics et les associations agréées ou créées depuis au moins
cinq ans à la date d’introduction de l’instance qui ont pour objet la protection de la nature et la défense
de l’environnement.
Selon l’article 1249 du Code civil « La réparation du préjudice écologique s’effectue par priorité en nature »
(ex. : remise en l’état du site concerné par le préjudice écologique).
Si la réparation en nature n’est pas possible ou insuffisante, le juge peut condamner la personne responsable
au versement de dommages-intérêts.
266
Chapitre 14 - L’entreprise et la responsabilité civile
Contractuelle
La responsabilité
civile
Extracontractuelle
267
Partie 4 - L’entreprise et ses responsabilités
APPLICATION CORRIGÉE
Patrick et Isabelle, un jeune couple, viennent de s’installer dans leur première acquisition : un appartement de 70m2 en plein centre
de Nantes. Ils ont confié quelques travaux de plomberie à l’entreprise Percefort. Un des salariés, Romain, a malencontreusement percé
un tuyau dans le sol causant une panne générale de chauffage dans toute la montée de l’immeuble. La copropriété se retourne contre
l’entreprise Percefort pour qu’elle prenne à sa charge la réparation des dégâts causés. Le dirigeant considère que la responsabilité est
imputable au salarié qui n’a pas exécuté correctement les consignes données par son chef de chantier.
L’entreprise Percefort est-elle responsable ?
Correction
Règles juridiques :
Selon le Code civil, l’employeur doit répondre des fautes commises par son salarié dans l’exercice de ses fonctions. La présomption de
responsabilité est simple et l’employeur peut apporter la preuve que le salarié a agi en dehors des fonctions auxquelles il était employé,
sans autorisation, et à des fins étrangères à ses attributions ou que le dommage est dû à une cause étrangère (force majeure, fait de
la victime ou fait d’un tiers).
Application au cas
Aucune de ces causes d’exonération ne peut être avancée en l’espèce. Le salarié a commis une faute dans l’exercice de ses fonctions.
Le fait qu’il n’ait pas agi selon les consignes données importe peu. Ce manquement aux consignes relève du pouvoir disciplinaire de
l’employeur. L’employeur est tenu de réparer le préjudice causé.
268
Chapitre
L’ENTREPRISE 15
ET LA RESPONSABILITÉ PÉNALE
Le droit pénal est l’ensemble des règles de droit ayant pour but de sanctionner des infractions (actions ou
omissions interdites et punissables). Il se compose du :
– droit pénal général qui définit la notion d’infraction, ses éléments constitutifs, sa classification (crimes,
délits ou contraventions), les personnes responsables à poursuivre (auteur, complice, etc.), la notion de
peine, sa nature ;
– droit pénal spécial qui est l’ensemble des infractions dont le contenu est précisé ainsi que la peine ; par
exemple : « Le vol est la soustraction frauduleuse de la chose d’autrui » (C.pén., art. 311-1) et « Le vol est
puni de trois ans d’emprisonnement et de 45 000euros d’amende » (C.pén., art. 311-3).
Une personne morale est responsable pénalement au même titre qu’une personne physique pour les
infractions commises pour leur compte par leurs organes ou représentants.
1 L’élément légal
L’article 111-3 du Code pénal pose le principe de la légalité des infractions. Pour qu’une infraction soit
punissable il faut qu’elle soit prévue par un texte.
269
Partie 4 - L’entreprise et ses responsabilités
2 L’élément matériel
Chaque infraction se caractérise par des faits précis qui doivent être commis pour que la personne soit
poursuivie. L’infraction est dite consommée (par commission ou abstention) lorsque l’acte interdit a été
commis. L’infraction est dite tentée lorsque la personne a commencé à exécuter des faits interdits mais a
été interrompue de manière involontaire et n’a donc pas pu atteindre le résultat recherché. La tenta-
tive d’infraction est punissable systématiquement pour les crimes, parfois pour les délits, jamais pour les
contraventions.
3 L’élément moral
La personne qui commet l’infraction doit avoir conscience que ce qu’elle fait est interdit (faute inten-
tionnelle). La mauvaise foi de la personne est parfois exigée (ex. : en cas de délit de vote frauduleux). Pour
certaines infractions, l’imprudence, la négligence ou un manquement à une obligation de prudence ou de
sécurité suffit à incriminer l’auteur des faits (faute non intentionnelle).
Certaines causes d’irresponsabilité pénale peuvent être invoquées. Par exemple, les troubles psychiques ou
neuropsychiques, la légitime défense, l’état de nécessité ou une minorité de moins de 13 ans.
B La classification de l’infraction
270
Chapitre 15 - L’entreprise et la responsabilité pénale
A L’auteur
L’auteur est celui qui a commis l’infraction ou a tenté de la commettre. Il peut y avoir plusieurs auteurs
(coauteurs). Concernant les groupements d’affaires, ce peut être le dirigeant (de droit ou de fait) ou la
personne morale. La plupart des textes du Code de commerce visent directement les dirigeants (ex. : abus
de biens sociaux). Une exonération de responsabilité des dirigeants est parfois possible en cas de délégation
de pouvoirs. L’engagement de la responsabilité pénale de la personne morale en tant qu’auteur n’est possible
que si l’infraction a été commise pour son compte et qu’elle a servi ses intérêts (ex. : une escroquerie).
B La complicité
Selon l’article 121-7 du Code pénal : « Est complice d’un crime ou d’un délit la personne qui sciemment,
par aide ou assistance, en a facilité la préparation ou la consommation. Est également complice la personne
qui par don, promesse, menace, ordre, abus d’autorité ou de pouvoir aura provoqué à une infraction ou
donné des instructions pour la commettre. »
Pour que la complicité soit retenue il faut :
– un fait principal pénalement punissable ;
– un acte matériel de complicité : aide ou assistance, provocation (incitation, le fait d’inspirer une
personne à commettre une infraction), ordre, abus de pouvoir (nécessité de l’existence d’un lien de
subordination), instructions (renseignements ou indications utiles à la réalisation de l’infraction) ;
– une participation intentionnelle, c’est-à-dire connaissance du caractère interdit des actes que
l’auteur souhaite commettre.
Le complice est passible des mêmes peines que l’auteur de l’infraction.
III La peine
A La définition de la peine
La peine est la sanction que le juge pénal va prononcer pour réprimer la personne, auteur ou
complice, d’une infraction. Comme pour l’infraction, il n’existe pas de peine sans texte.
271
Partie 4 - L’entreprise et ses responsabilités
B La nature de la peine
272
Chapitre 15 - L’entreprise et la responsabilité pénale
a La semi-liberté
La semi-liberté est un régime d’exécution des peines privatives de liberté, permettant au condamné
d’exercer à l’extérieur de l’établissement pénitentiaire une activité professionnelle, de suivre un enseigne-
ment, une formation professionnelle, un stage, de suivre un traitement médical.
b Le fractionnement de la peine
En matière correctionnelle, la juridiction peut, pour motif grave d’ordre médical, familial, professionnel ou
social, décider que l’emprisonnement prononcé pour une durée d’un an au plus sera, pendant une période
n’excédant pas trois ans, exécuté par fractions, aucune d’entre elles ne pouvant être inférieure à deux jours.
c Le jour-amende
En matière correctionnelle ou contraventionnelle, la juridiction peut, pour motif grave d’ordre médical,
familial, professionnel ou social, décider que la peine d’amende sera, pendant une période n’excédant pas
trois ans, exécutée par fractions. Il en est de même pour les personnes physiques condamnées à la peine
de jours-amende ou à la peine de suspension du permis de conduire ; le fractionnement de la peine de
suspension de permis de conduire n’est toutefois pas possible en cas de délits ou de contraventions pour
lesquels la loi ou le règlement prévoit que cette peine ne peut pas être limitée à la conduite en dehors de
l’activité professionnelle.
d La dispense de peine
La dispense de peine est une possibilité dont dispose un tribunal correctionnel de ne pas infliger de peine
à un prévenu tout en le déclarant coupable des faits qui lui sont reprochés. Cette mesure est prévue aux
articles 132-58 et 132-59 du Code pénal. La dispense de peine n’est possible que lorsque le prévenu a pris
conscience de la gravité de son acte et s’en est excusé. La dispense de peine implique par ailleurs que le
dommage ait été réparé et que le trouble ait cessé.
273
Partie 4 - L’entreprise et ses responsabilités
a La grâce présidentielle
La grâce présidentielle s’apparente en droit français à une suppression ou à une réduction de la sanction
pénale. La condamnation reste inscrite au casier judiciaire.
b L’amnistie
L’amnistie est un acte du législateur qui efface rétroactivement le caractère punissable des faits auxquels
il s’applique. Selon le cas, elle empêche ou éteint l’action publique, annule la condamnation déjà prononcée
ou met un terme à l’exécution de la peine. Les peines amnistiées ne figurent plus au casier judiciaire.
IV La procédure pénale
274
Chapitre 15 - L’entreprise et la responsabilité pénale
B Le Ministère public
Le Ministère public est constitué de l’ensemble des magistrats du Parquet qui sont chargés de requérir
l’application de la loi et de veiller aux intérêts généraux de la Société.
275
Partie 4 - L’entreprise et ses responsabilités
2 L’instruction préparatoire
En cas de poursuite, l’affaire fera l’objet d’une enquête préalable et dans certains cas sera soumise à une
instruction (pour certains délits et obligatoirement pour les crimes).
a L’enquête préalable
En matière pénale le principe qui s’applique est celui de la liberté de la preuve. À partir de là, le juge se
prononcera d’après son intime conviction. Toutefois, cette preuve ne peut être obtenue par n’importe quel
moyen. Il est notamment interdit d’utiliser des moyens déloyaux afin de l’obtenir.
b La garde à vue
La garde à vue est une mesure de privation de liberté (d’une durée en principe de 24 h) prise par un
officier de police judiciaire pour maintenir à la disposition des enquêteurs le suspect d’un crime ou
d’un délit. Cette mesure doit constituer l’unique moyen de parvenir à certains objectifs comme empêcher
que la personne ne modifie les preuves, ne fuie ou ne consulte ses complices.
Une personne peut être mise en garde à vue seulement s’il existe une ou plusieurs raisons plausibles de
soupçonner qu’elle a commis ou tenté de commettre une infraction punie par une peine de prison (et non
par une simple amende).
La personne gardée à vue doit être immédiatement informée par l’officier de police judiciaire, dans une
langue qu’elle comprend, d’un certain nombre d’éléments sous peine d’un vice de procédure : la durée de
la garde à vue, l’infraction soupçonnée, la possibilité d’être examiné par un médecin, le droit de se taire
pendant l’audition, etc.
Le gardé à vue peut décider d’être assisté par un avocat. Il devra dans ce cas être présent dès la première
audition.
À l’expiration du délai, la personne gardée à vue est remise en liberté ou déférée, c’est-à-dire présentée à
un magistrat qui décidera des suites à donner aux poursuites.
c L’instruction
L’instruction est une procédure qui permet d’établir l’existence d’une infraction et de déterminer si les
charges relevées à l’encontre des personnes poursuivies sont suffisantes pour que l’affaire soit envoyée
devant une juridiction de jugement. Elle est menée par un juge d’instruction. Le juge d’instruction dispose
de certains pouvoirs :
– pouvoirs d’enquête : audition de personnes, demande de comparution de témoins, délivrance de
mandats (de perquisition, d’amener, de recherche), désignation d’experts, etc. Il peut déléguer certains
de ses pouvoirs aux officiers de police judiciaire par commission rogatoire ;
– pouvoirs judiciaires : mise en examen d’une personne, saisine du juge des libertés et de la détention
pour placer une personne en détention provisoire (mandat de dépôt).
276
Chapitre 15 - L’entreprise et la responsabilité pénale
Une fois son instruction terminée : il prononce soit une ordonnance de non-lieu, soit une ordonnance
de renvoi devant une juridiction de jugement.
d La chambre d’instruction
Elle est une section de la cour d’appel. Son rôle, entre autres, est de contrôler l’instruction. Elle est compé-
tente notamment pour les appels contre les décisions des juges d’instruction.
Contractuelle
Responsabilité
civile
Extracontractuelle
• Du fait
La responsabilité des produits
de l'entreprise défectueux
• Du fait d'une Du fait personnel • Du fait
atteinte d'autrui
non négligeable • Du fait
des choses
Responsabilité
pénale
277
Partie 4 - L’entreprise et ses responsabilités
APPLICATION CORRIGÉE
Correction
1. Analyse de situation juridique
Règles juridiques :
La responsabilité pénale d’une personne morale peut être engagée. Plusieurs conditions doivent être réunies pour qu’elle soit mise en
œuvre :
– elle doit être une personne morale de droit privé ou de droit public, à l’exception de l’État ;
– l’infraction doit avoir été commise pour son compte : avoir servi ses intérêts ou lui avoir procuré un profit ;
– l’infraction doit avoir été commise par ses « organes ou ses représentants ».
278
SUJET
D’ENTRAÎNEMENT
À L’EXAMEN
Sujet d’entraînement à l’examen
280
Sujet d’entraînement à l’examen
M. Léandre est un cybermarchand. Il commercialise des accessoires de mode. Sur son site internet, il fait appa-
raître, conformément à la loi, les conditions générales de vente dont un extrait vous est fourni en annexe.
Travail à faire : à partir de vos connaissances et des documents soumis en annexe vous indiquerez si le contenu
de l’extrait des conditions générales de vente est valable.
281
Sujet d’entraînement à l’examen
3. M. Vortex, n’en pouvant plus de toutes ces tracasseries souhaite vendre cette résidence secondaire.
Lepeut-il ?
La fille des époux Vortex, Louise, souhaite louer un appartement sur Lille. Le bailleur lui demande des garanties et notam-
ment que ses parents se portent caution solidaire. Les époux voudraient savoir à quoi ce type de caution les expose.
4. Renseignez-les.
Louise vient de terminer ses études en tant qu’infirmière. Elle ne souhaite pas travailler dans une structure particulière
mais exercer sa profession de manière indépendante.
Proposition de corrigé
282
Sujet d’entraînement à l’examen
1. Tribunal compétent
Règles juridiques : l’organisation judiciaire est composée de l’ordre judiciaire et de l’ordre administratif. Au sein de l’ordre judiciaire il
existe deux catégories de juridictions : les juridictions pénales et civiles. Au sein des juridictions civiles du 1er degré, on trouve notam-
ment le tribunal judiciaire, tribunal de proximité TC, CP. Chaque juridiction a des compétences qui lui sont propres. Pour les actions en
réparation, lorsqu’elles concernent un préjudice matériel, le tribunal compétent est fonction du montant de la demande : si le montant
excède 10 000€, le tribunal judiciaire est compétent. Si le montant est inférieur ou égal à 10 000€, la compétence est partagée entre
le tribunal de proximité et le tribunal judiciaire. Le lieu du litige déterminera lequel des deux est compétent.
Application au cas: le litige se déroule à Toulouse. Le demandeur (Époux Vortex) doit saisir le tribunal du lieu du domicile du défendeur
(le voisin). Le montant des réparations est de 6 200€. Le litige relève d’une compétence partagée entre le TJ et le TP. Au regard du Code
de l’organisation judiciaire (Tableau IV des annexes), le tribunal compétent est le tribunal judiciaire de Toulouse. Le tribunal compétent
de Toulouse (lieu du domicile des voisins).
283
Sujet d’entraînement à l’examen
4. Le cautionnement solidaire
Règles juridiques : la caution est un contrat par lequel une personne (la caution) s’engage à payer à la place d’un débiteur (la personne
cautionnée) si celui-ci ne s’acquitte pas de ses obligations vis-à-vis de son créancier (bénéficiaire du cautionnement).
La constitution du cautionnement doit être expresse et constatée par écrit. Le cautionnement peut être donné pour une somme déter-
minée ou indéterminée, pour une durée limitée ou non.
L’engagement de la caution ne peut être supérieur à la dette pour laquelle le cautionnement a été donné. Le créancier a une obliga-
tion d’information à l’égard de la caution. Le créancier doit avertir une fois par an la caution de l’évolution du montant de la créance.
Cautionnement simple : le créancier a le droit de demander à la caution de payer que si le débiteur ne paie pas. La caution a un bénéfice
de discussion.
Cautionnement solidaire : le créancier a le choix de demander le paiement au débiteur ou à la caution.
Application au cas: ce type de cautionnement est plus risqué pour ceux qui se portent caution car ils peuvent être directement sollicités
sans que le débiteur n’ait été appelé en paiement.
284
Sujet d’entraînement à l’examen
285
Composition : Soft Office
______ Coupe
1
Niveau L
150 h de cours
FONDAMENTAUX
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