Vous êtes sur la page 1sur 10

PERSPECTIVES

Sûreté radiologique:
les nouvelles normes internationales
La nouvelle version des Normes fondamentales internationales
de protection contre les rayonnements ionisants et
de sûreté des sources de rayonnements
est le fruit d'une collaboration sans précédent

par Abel J.
Gonzalez
D,
L ^ è s la fin des années 80, on disposait d'un
volume considérable de données nouvelles qui
pas sans attendre et révisé à leur tour leurs propres
normes.
justifiaient une révision des normes régissant la L'objet du présent article est de souligner
protection contre les expositions aux rayonnements l'importance de ces initiatives pour l'harmonisation
ionisants et la sûreté des sources radioactives. de la sûreté radiologique sur le plan international:
En tout premier lieu, la réévaluation des résultats il expose en particulier l'essentiel des nouvelles
des études radioépidémiologiques sur les survivants Normes fondamentales internationales de sûreté
de Hiroshima et de Nagasaki donnait à penser que (NFR). Six organisations ont collaboré à leur élabo-
l'exposition à de faibles niveaux de rayonnement ration — l'Organisation des Nations Unies pour
impliquait plus de risques qu'on ne l'avait pensé. l'alimentation et l'agriculture (FAO), l'Agence
Par ailleurs, d'autres événements — notamment internationale de l'énergie atomique (AIEA).
l'accident nucléaire de Three Mile Island en 1979 et l'Organisation internationale du Travail (OIT),
celui de Tchernobyl en 1986 suivi d'une contami- l'Agence pour l'énergie nucléaire de l'Organisation
nation transfrontalière d'une intensité inconnue de coopération et de développement économiques
jusqu'alors — ont fortement influencé la perception (AEN/OCDE), l'Organisation panaméricaine de la
par le public des dangers potentiels d'une radio- santé (OPS) et l'Organisation mondiale de la santé
exposition. Les accidents causés par des sources (OMS).
radioactives utilisées en médecine et dans l'industrie
ont aussi retenu l'attention du grand public. Ciudad
Juarez (Mexique), Mohamadia (Maroc), Goiânia
(Brésil), San Salvador (El Salvador) et Saragosse Objectifs et cadre de l'harmonisation
(Espagne) ont défrayé la chronique lorsque l'on sut
qu'il y avait des victimes. En outre, on a constaté de Afin d'élaborer les NFR, les six organisations ont
nouveau, pendant cette décennie, que le rayon- créé, en 1991. dans le cadre du Comité interorga-
nement naturel pouvait nuire à la santé: de fortes nisations de la sûreté radiologique, un secrétariat
concentrations inattendues de radon dans l'air ont été commun en confiant à l'AIEA la coordination des
relevées dans certaines habitations: on a découvert activités. Cette initiative a couronné des décennies
aussi que l'exposition à ce rayonnement naturel de d'efforts ininterrompus sous le signe d'une collabo-
certains travailleurs non exposés professionnelle- ration internationale sans précédent à laquelle ont
ment atteignait des niveaux beaucoup plus élevés que contribué des centaines d'experts venant des Etats
les limites des expositions professionnelles spécifiées Membres des organisations participantes. Ces
par les Normes. nouvelles normes internationales remplacent toutes
Vu ces données nouvelles, la Commission inter- celles qui étaient précédemment en vigueur dans le
nationale de protection radiologique (CIPR) a révisé domaine de la sûreté radiologique, notamment celles
ses recommandations en 1990. Les organisations qui avaient été élaborées sous les auspices de l'AIEA
intéressées du système des Nations Unies ainsi que (voir l'encadré ci-après).
d'autres organismes multinationaux ont emboîté le Les NFR s'intéressent aux effets des rayon-
nements. Dès les premières études faites sur les
M. Gonzalez est directeur adjoint de la Division de la sûreté rayons X et les minéraux radioactifs, on avait
nucléaire de l'AIEA. constaté que l'exposition à de fortes doses d'irradia-

2 AIEA BULLETIN, 2/1994


PERSPECTIVES

Uniformisation
internationale
Plusieurs organismes ont contribué à Comité scientifique des Nations Unies de la sûreté
l'harmonisation des normes internationales pour l'étude des effets des rayonnements radiologique
de sûreté radiologique à partir de l'informa- ionisants (UNSCEAR). Ce comité a fourni
tion obtenue grâce aux importants travaux l'information scientifique sur laquelle les
de recherche et aux réalisations d'établisse- NFR sont fondées. Créé par l'Assemblée
ments scientifiques et techniques nationaux générale des Nations Unies de 1955, il se
et internationaux. Pour sa part, et en vertu compose aujourd'hui des représentants de
de son Statut, l'AlEA a pour attribution 21 pays et a pour tâche d'acquérir, d'évaluer
«d'établir ou d'adopter, en consultation et, le et de diffuser l'information sur les effets
cas échéant, en collaboration avec les orga- pathogènes des rayonnements et sur les
nes compétents des Nations Unies et avec niveaux de radioexposition à diverses sour-
les institutions spécialisées intéressées, des ces radioactives.
normes de sécurité destinées à protéger la Commission internationale de protec-
santé ...». C'est à cette fin que le Conseil des tion radiologique (CIPR). Les normes de
gouverneurs de l'AlEA approuva en mars sûreté radiologique sont fondées sur les
1960 les mesures de santé et de sûreté de recommandations de cette commission,
l'Agence. Il approuva ensuite en juin 1962 la organisme scientifique non gouvernemental
première version des Normes fondamen- fondé en 1928. Ses recommandations les
tales de radioprotection de l'AlEA et, en plus récentes ont été publiées en 1990
septembre 1965, une version révisée. Une (Publication 60, Annales de la CIPR, vol. 21,
troisième version revue et corrigée a été n os 1-3) et sont le fondement des NFR.
publiée dans l'édition de 1982 du numéro 9 Commission internationale des unités
de la Collection Sécurité de l'AlEA; cette et des mesures radiologiques (CIUMR).
édition était commune à l'AlEA, à l'OIT, à Les quantités et les unités utilisées pour les
l'AEN/OCDE et à l'OMS*. NFR sont essentiellement celles que recom-
Comité interorganisations de la sûreté mande la CIUMR, organisation jumelle de la
radiologique (CIOSR). Il y a quelques CIPR (voir l'encadré ci-après).
années déjà l'AlEA préconisa la création de Groupe consultatif international pour
ce comité pour faciliter la consultation et la la sûreté nucléaire (INSAG). Ce groupe de
collaboration dans le domaine de la sûreté consultants en sûreté nucléaire sert de
radiologique avec les organes compétents centre d'échange de documentation et
des Nations Unies et avec les institutions donne des avis à l'AlEA sur les problèmes
spécialisées. Ce comité a notamment pour de sûreté d'importance internationale. En
mission d'encourager la coordination des 1988, il a publié par l'intermédiaire de l'AlEA
politiques en vue d'assurer la cohérence des des «Principes fondamentaux de sûreté
principes et des normes de sûreté radio- pour les centrales nucléaires» (Collection
logique. Ses membres sont la FAO, l'OIT, Sécurité n° 75-INSAG-3). Nombre de ces
l'AEN/OCDE, l'OPS, l'UNSCEAR, l'OMS, la principes s'appliquent à la sûreté d'autres
Commission des Communautés européen- sources et installations radioactives et ont
nes (CCE) et l'AlEA. D'autres organismes — été retenus dans les NFR.
la CIPR, la Commission internationale des
unités et des mesures radiologiques
(CIUMR), la Commission électrotechnique
internationale (CEI), l'Association internatio-
nale de radioprotection (AIR) et l'Organisa- * Ces anciennes normes internationales sont décrites
tion internationale de normalisation (ISO) — par l'auteur dans un précédent article paru dans le
ont un statut d'observateur. Bulletin de l'AlEA, volume 25, n° 3 (septembre 1983).

tion risquait d'endommager les tissus du corps à cause de leur caractère statistiquement aléatoire
humain. Ces effets peuvent être diagnostiqués clini- (voir l'encadré ci-après).
quement chez l'individu exposé; ce sont ce que l'on Activités humaines et radioexposition: pratiques
appelle les effets déterministes parce que, pour une et interventions. Nombre d'activités humaines
certaine dose de rayonnement, ils se manifestent bénéfiques impliquent l'exposition d'individus à
nécessairement. des sources radioactives tant naturelles qu'artifi-
L'étude à long terme de populations exposées à cielles. Les pratiques sont des activités planifiées
des rayonnements, en particulier des survivants des depuis l'origine qui augmentent le niveau d'exposi-
bombardements atomiques d'Hiroshima et de tion des individus par rapport au fond naturel de
Nagasaki, a prouvé qu'une radioexposition peut rayonnement.
aussi provoquer l'induction différée de tumeurs Par ailleurs, il existe des cas d'exposition de
malignes et éventuellement d'effets héréditaires. Ces l'individu dus à des situations de fait. Les activités
effets ne peuvent être rapportés à aucun cas qui visent à réduire ces expositions sont appelées des
individuel d'exposition mais peuvent être déduits des interventions.
études épidémiologiques de groupes importants de Vu les effets pathogènes des rayonnements, les
population. Ce sont les effets dits stochastiques, pratiques et les interventions doivent être soumises à

AIEA BULLETIN, 2/1994


PERSPECTIVES

Effets pathogènes des rayonnements


Une radioexposition peut avoir des effets nocifs sur la Un effet déterministe est d'autant plus grave que la dose
santé. Aux fortes doses ponctuelles, diverses réactions telles augmente au-dessus du seuil, lequel est variable en fonction
que nausées, érythème ou, dans les cas graves, syndromes du genre d'effet. Les seuils les plus bas sont de quelques
aigus se manifestent cliniquement chez le sujet peu de sieverts pour les expositions aiguës et de quelques centaines
temps après l'exposition. Les fortes doses chroniques de millisieverts par an pour les expositions chroniques.
peuvent aussi avoir des effets délétères cliniquement détec- La probabilité d'un effet déterministe est donc nulle aux très
tables. On dit qu'ils sont déterministes, car ils se manifes- faibles doses, mais elle devient certaine au niveau du seuil.
tent à coup sûr lorsque la dose dépasse un certain seuil. Quant aux effets stochastiques, ils peuvent apparaître
L'exposition à de faibles doses peut aussi, en principe, lorsque la cellule irradiée est modifiée mais non détruite.
avoir de graves conséquences sur la santé, telles les affec- Les cellules modifiées peuvent, dans un délai assez long,
tions malignes, lesquelles sont statistiquement détectables évoluer en cancer. Les mécanismes de défense et de répara-
dans une population mais ne peuvent être associées avec tion de l'organisme font que cette éventualité est très
certitude à aucun sujet en particulier. Des effets héréditaires improbable au niveau des faibles doses; néanmoins, rien ne
de la radioexposition ont été statistiquement détectés chez prouve qu'il y ait un seuil au-dessous duquel le cancer est
des mammifères et l'on suppose qu'ils peuvent également exclu. La probabilité de son apparition augmente évidem-
apparaître chez l'être humain. Ces effets statistiquement ment avec la dose, mais la gravité du cancer radio-induit est
détectés sont dits stochastiques du fait de leur caractère indépendante de celle-ci. Lorsqu'une cellule germinale dont
aléatoire. Ils apparaissent après une période de latence, le rôle consiste à transmettre l'information génétique est
apparemment quelle que soit la dose, sans qu'il existe un endommagée par une radioexposition, on conçoit que divers
seuil. En outre, il est possible que des effets apparaissent effets héréditaires puissent se manifester dans la descen-
chez des enfants exposés à des rayonnements in utero à dance du sujet exposé. La probabilité d'effets stochastiques
certains moments de la grossesse, les plus probables étant est supposée proportionnelle à la dose reçue, et sans seuil.
la leucémie et l'arriération mentale caractérisée. La probabilité de graves effets stochastiques radio-induits
Les effets déterministes résultent de la destruction de pendant la durée de vie est généralement évaluée à quelque
cellules par l'irradiation; si cette destruction est assez 5% par sievert de dose de rayonnement pour l'ensemble de
importante, la fonction du tissu atteint peut être compromise. la population.

Quantités et unités en radioprotection


Bien que la plupart des spécifications des NFR soient La dose efficace est la somme de toutes les doses
qualitatives par nature, les normes fixent néanmoins équivalentes pondérées par la radiosensibilité des organes
certaines limites quantitatives ainsi que des niveaux recom- et tissus exposés de l'organisme. L'unité de dose équiva-
mandés. Les quantités et les unités utilisées dans ces lente et de dose efficace est la même que l'unité de dose
normes sont fondées sur les recommandations de la CIPR et absorbée, à savoir le joule par kilogramme, mais on lui donne
de la C1UMR. le nom de sievert (Sv).
Les quantités physiques fondamentales des NFR sont Lorsqu'un radionucléide s'incorpore à l'organisme, la
l'activité, soit le taux d'émission radioactive d'un radio- dose est fonction de la durée du séjour de ce radionucléide
nuclide, et la dose absorbée, c'est-à-dire l'énergie du dans l'organisme.
rayonnement incident qui est absorbée par unité de masse La dose engagée est la dose totale reçue pendant
de la substance cible-. tout le temps de séjour d'un radionucléide dans l'orga-
L'unité d'activité (nombre d'émissions par seconde) est nisme et se calcule par l'intégrale dans le temps du débit
le becquerel (Bq). L'unité de dose absorbée est le joule par de la dose. Toute limitation s'applique à la dose engagée du
kilogramme, appelé gray (Gy). fait de l'incorporation. L'unité de dose engagée est le
La dose absorbée est la quantité physique fondamentale sievert.
en dosimétrie, spécifiée par les NFR, mais elle n'est pas L'impact global de la radioexposition due à une pratique
entièrement satisfaisante aux fins de la radioprotection, car ou à une source données est fonction du nombre d'individus
l'intensité de l'effet dans les tissus humains varie selon les exposés et de la dose qu'ils ont reçue.
types de rayonnement ionisant. Il faut donc multiplier la dose La dose collective, définie comme la somme des
absorbée dans les tissus par un facteur de pondération qui produits de la dose moyenne dans les divers groupes de
tient compte de l'efficacité du type de rayonnement consi- sujets exposés par le nombre d'individus de chaque groupe,
déré pour induire des effets sur la santé. sert par conséquent à définir l'impact radiologique d'une
La dose équivalente est la quantité qui résulte de la pratique ou d'une source. L'unité de dose collective est le
pondération de la dose absorbée par l'efficacité du rayonne- sievert-homme.
ment. A noter que la probabilité d'effets nocifs dus à une A des fins opérationnelles, les NFR prévoient un équiva-
dose équivalente donnée varie selon les organes et les tissus lent de dose ambiant et un équivalent de dose indivi-
atteints. C'est pourquoi la dose équivalente à chaque organe duelle. Ces quantités sont définies par la CIUMR pour
et tissu doit être multipliée à son tour par un facteur de faciliter les mesures et la surveillance radiologiques tout en
pondération qui tient compte de la radiosensibilité de se conformant aux quantités fondamentales retenues pour la
l'organe ou du tissu. radioprotection.

4 AIEA BULLETIN, 2/1994


PERSPECTIVES

certaines normes de sûreté radiologique afin de pro-


téger les individus exposés (voir l'encadré page 5).
Pratiques et interventions
Les activités humaines prévues qui ajoutent à la radioexposition
des individus déjà normalement reçue du fond naturel de rayonne-
Objectifs des normes
ment, ou qui augmentent la probabilité d'une exposition, sont
appelées pratiques. Les activités humaines qui visent, elles, à
Ces normes ont expressément pour objet de réduire la radioexposition existante, ou la probabilité d'une
prévenir l'apparition d'effets déterministes des radioexposition, sont appelées interventions.
rayonnements et de restreindre la probabilité d'effets Les NFR s'appliquent à la fois à la mise en œuvre et à la conti-
stochastiques. nuation de pratiques qui impliquent ou pourraient impliquer une
En ce qui concerne les pratiques considérées radioexposition, ainsi qu'aux situations réelles dans lesquelles
comme justifiées (voir l'encadré page 6), les exi- l'exposition ou sa probabilité peuvent être réduites ou exclues par
gences réglementaires qui leur sont appliquées une intervention. Pour ce qui est des pratiques, des dispositions de
portent sur les individus et la source. C'est ainsi que: radioprotection et de sûreté peuvent être prises avant la mise en
œuvre et les radioexpositions associées ainsi que leur probabilité
• le risque encouru par tout individu exposé est
peuvent être limitées dès le départ. Quant à l'intervention, en
limité quel que soit le lieu ou le moment de son expo- revanche, les circonstances qui provoquent une exposition ou
sition, par le maintien des doses individuelles en impliquent sa probabilité existent déjà, de sorte que leur réduction
dessous de limites de doses déterminées; ne peut se faire que par une action correctrice ou protectrice.
• la sûreté de la source est assurée notamment par Le tableau ci-après montre comment l'UNSCEAR résume
a) la contrainte des doses que la source peut délivrer l'impact radiologique relatif de quelques pratiques et des acci-
avec certitude et la restriction de la probabilité dents graves qui appellent une intervention. Les niveaux de
d'irradiation due à des expositions éventuelles; b) le radioexposition sont exprimés en équivalent d'exposition aux
maintien de doses délivrées, des probabilités d'expo- sources naturelles.
sition et du nombre d'individus exposés au niveau
le plus bas qu'il est raisonnablement possible Niveaux de radioexposition
d'atteindre dans les circonstances considérées;
Equivalent en durée
c) l'application à la source de diverses mesures Sources d'exposition Base du calcul d'exposition aux
administratives, techniques et opérationnelles des- rayonnements naturels
tinées à garantir sa sûreté.
Quant aux interventions justifiées, l'objectif est Essais Tous essais à ce jour 2,3 ans
atteint de la manière suivante: d'armes nucléaires
• maintenir, dans toutes les circonstances prévi- Appareils et matières Une année de la pratique 90 jours
sibles, les doses individuelles à un niveau inférieur utilisés en médecine au rythme habituel
au seuil fixé pour les effets déterministes; Accidents graves Tous accidents à ce jour 20 jours
• maintenir toutes les doses que l'intervention est Energie Production totale 10 jours
censée éviter au niveau le plus bas qu'il est d'origine nucléaire à ce jour
raisonnablement possible d'atteindre dans les (conditions normales Une année de la pratique 1 jour
circonstances considérées, sur la base des résultats d'exploitation) au rythme habituel
de l'optimisation. Activités Une année d'activités 8 heures
professionnelles professionnelles
au rythme habituel

Portée des NFR

Exclusions. Toute radioexposition qui, de par sa


nature, ne peut relever des NFR est exclue du champ rayonnements non ionisants et ne peuvent davantage
d'application de celles-ci. Citons à titre d'exemple servir à réglementer les aspects non radiologiques de
l'exposition au potassium radioactif naturel, lequel la santé et de la sûreté).
est un constituant normal du corps humain, l'exposi- Hormis ces exclusions, les NFR sont applicables
tion aux rayons cosmiques au niveau du sol et, d'une à toute pratique et aux sources de rayonnements
façon générale, toute exposition d'origine naturelle qu'elle peut impliquer, à condition qu'elle ne soit pas
contre laquelle on ne peut rien. exemptée de l'application de ces normes, et à toute
En outre, les NFR s'appliquent uniquement: intervention et aux expositions associées.
• aux êtres humains (on estime que les normes de Pratiques. Les NFR s'appliquent aux pratiques
protection suffisantes pour l'être humain garantissent suivantes:
qu'aucune autre espèce n'est menacée en tant que • utilisation de rayonnements ou de substances
population, même s'il se peut que des individus de radioactives en médecine, dans l'industrie, en
cette espèce risquent une lésion); agriculture, pour l'enseignement et la formation, et
• aux rayonnements ionisants, c'est-à-dire gamma, pour la recherche;
X, alpha, bêta et autres particules pouvant provoquer • production d'énergie d'origine nucléaire, toutes
l'ionisation; (les NFR ne s'appliquent pas aux opérations incluses dans le cycle du combustible

AIEA BULLETIN, 2/1994


PERSPECTIVES

Justification des pratiques et des interventions

Cette opération fait intervenir de nombreux les mesures de protection sont pratiquement
facteurs liés notamment aux aspects sociaux et toujours justifiées lorsqu'il est à prévoir que les
politiques du problème, tandis que les considéra- doses dans une situation d'intervention approche-
tions radiologiques jouent habituellement un rôle ront les valeurs indiquées sur le tableau ci-après.
secondaire. Les NFH donnent quelques indica- Toutefois, les niveaux d'intervention devraient
tions pratiques sur la manière de justifier prati- être optimisés et pourraient aboutir à des doses
ques et interventions, que l'on peut résumer bien inférieures (voir le tableau page 9).
comme suit.
Pratiques injustifiées. Les Normes mention-
nent les pratiques injustifiées parmi lesquelles on Niveaux de dose individuelle
relève celles qui feraient augmenter la teneur en auxquels l'intervention est probable
substances radioactives des aliments, boissons, en toutes circonstances
cosmétiques ou autres produits ou articles prévus
pour être ingérés, inhalés, absorbés par la peau Expositions aiguës
ou appliqués sur la peau d'un être humain, ainsi
que les pratiques impliquant un usage irresponsa- Organe ou tissu Prévision de dose absorbée
ble des rayonnements dans des produits ou arti- par l'organe ou le tissu
cles tels que jouets, bijoux fantaisie et autres en moins de deux jours
objets de parure. Par ailleurs, certaines exposi- (Gy)
tions médicales sont également jugées non
Organisme entier
justifiées: examen radiologique à des fins profes-
sionnelles, juridiques, ou de contrat d'assurance Poumon
vie; examen radiologique pour la détection Peau
d'objets volés; exposition de groupes d'individus Thyroïde
pour dépistage en masse; exposition d'êtres Cristallin
humains à des fins de recherche médicale (sauf
Gonades
conformément aux dispositions de la Déclaration
de Helsinki, aux instructions élaborées par le
Conseil des organisations internationales des
sciences médicales (COISM) et l'OMS, et sous Expositions chroniques
réserve de l'avis d'un comité d'éthique et de la Organe ou tissu Débit de dose équivalente
réglementation nationale ou locale applicable). (Sv/an)
Interventions. L'intervention est justifiée si Gonades 0,2
elle promet de faire plus de bien que de mal, Cristallin 0,1
compte tenu de la santé et de considérations
Moelle osseuse 0,4
sociales et économiques. Les NFR spécifient que

nucléaire impliquant ou pouvant impliquer une les NFR s'y appliquent globalement ainsi qu'à
exposition à des rayonnements ou à des substances chaque source distincte de rayonnements qu'elle
radioactives. contient.)
Sources. Dans le cadre d'une pratique, les NFR Exemption et affranchissement. Une pratique et
s'appliquent à toute source de rayonnement utilisée les sources qu'elle utilise peuvent être exemptées de
aux fins de cette pratique, qu'elle soit naturelle ou l'application des NFR si elle répondent à des critères
artificielle, dont: d'exemption spécifiés. Ces critères assurent que les
• substances radioactives et dispositifs contenant risques pour l'individu que comporte la source
des substances radioactives ou émettant des rayonne- exemptée sont négligeables et que l'impact radio-
ments, tels que produits de consommation, sources logique sur la collectivité n'appelle aucun contrôle
scellées, sources non scellées et générateurs de réglementaire. Une source exemptée doit toutefois
rayonnements; être intrinsèquement sûre.
• installations contenant des substances radio- Les critères d'exemption comportent aussi des
actives ou dispositifs émettant des rayonnements, niveaux d'exemption, c'est-à-dire des niveaux de
tels que les irradiateurs, les mines et installations de radioactivité ou de concentration d'activité dans des
traitement de minerais radioactifs, les installations matières au-dessous desquels l'exemption est prati-
traitant des substances radioactives, les installations quement automatique.
nucléaires, et les installations de gestion des déchets Les matières et les objets appartenant à des
radioactifs. (Lorsqu'une installation risque de rejeter pratiques et à des sources auxquelles s'appliquent
des substances radioactives ou d'émettre des déjà les NFR peuvent être soustraits aux obligations
rayonnements dans l'environnement, elle est qui en découlent sous réserve de respecter des
considérée comme une source dans son ensemble et niveaux d'affranchissement (encore appelés niveaux

AIEA BULLETIN, 2/1994


PERSPECTIVES

de «libération» ou de «déréglementation») qui n'excè-


dent pas les niveaux d'exemption spécifiés.
Interventions. Les situations d'intervention aux- Limitation des doses individuelles
quelles les NFR s'appliquent sont toutes situations de
fait qui provoquent une exposition du public et qu'il Les limites de dose spécifiées dans les NFR sont prévues pour
peut être justifié de réduire par des mesures protéger l'individu contre des risques inacceptables résultant d'une
correctrices. radioexposition.
Ce sont en particulier: Limites de dose d'exposition professionnelle
• les situations d'urgence, telles que celles qui
résultent de la contamination de l'environnement à la • dose efficace de 20 mSv par an en moyenne sur cinq années
suite d'un accident; consécutives.
• les situations chroniques telles que l'exposition • dose efficace de 50 mSv en une année quelconque.
aux sources naturelles de rayonnements (le radon par • dose équivalente au cristallin de 150 mSv par an.
exemple dans les habitations) et aux résidus radio- • dose équivalente aux extrémités (mains et pieds) et à la peau
actifs d'événements et d'activités passés (contami- de 500 mSv par an.
nation chronique de l'environnement due à des acti- (Dans certains cas, les membres des équipes d'intervention
vités passées). peuvent être exposés jusqu'à 100 mSv en une année.)
Expositions. Les NFR s'appliquent à toutes Limites de dose pour les membres du public
expositions résultant de:
• toutes pratiques ou sources, y compris les • dose efficace de 1 mSv par an.
expositions normales (certaines) ou les expositions • dans certaines circonstances, dose efficace pouvant atteindre
potentielles (incertaines), et les expositions profes- 5 mSv en un an, à condition que la dose moyenne sur cinq années
sionnelles (des travailleurs); les expositions à des consécutives n'excède pas 1 mSv par an; et que la dose dans les
fins médicales (essentiellement celles des patients) circonstances spéciales soit expressément autorisée par la
ou les expositions du public (toutes autres réglementation.
expositions); • dose équivalente au cristallin de 15 mSv en une année.
• toute situation d'urgence impliquant une exposi- • dose équivalente à la peau de 50 mSv en une année.
tion accidentelle, dont des expositions appelant une Application des limites de dose
prompte intervention, ou autre exposition temporaire
résultant de circonstances dans lesquelles un plan Les limites de dose valent pour la somme des doses considé-
d'intervention ou des mesures d'urgence ont été rées résultant d'expositions externes pendant les périodes spéci-
déclenchés; et une exposition chronique, y compris fiées et des doses engagées par incorporation pendant les mêmes
l'exposition aux sources naturelles de rayonnements, périodes (les doses engagées sont normalement calculées sur
aux résidus radioactifs d'événements passés et à la 50 ans pour les adultes et 70 ans pour les enfants). Cette condition
contamination radioactive causée par des pratiques et est remplie lorsque la dose équivalente individuelle de rayonne-
des sources qui, pour une raison quelconque, ment pénétrant pendant l'année considérée, ajoutée à la somme
n'étaient pas soumises au contrôle réglementaire. des doses engagées par incorporation de radionucléides pendant
Sources naturelles. Selon les NFR, l'exposition la même année, demeure inférieure à la limite fixée.
aux sources naturelles est normalement considérée
comme une situation chronique appelant l'interven-
tion. Sont exceptées les activités faisant appel à des
sources naturelles responsables d'une augmentation
de l'exposition du public due par exemple à l'évacua- broyée, traitée, préparée, fabriquée, construite,
tion de substances radioactives dans l'environ- assemblée, acquise, importée, exportée, vendue,
nement, ainsi que certaines expositions profession- prêtée, louée, reçue, déposée, placée, mise en
nelles au radon qui tomberont sous le coup des service, possédée, utilisée, exploitée, entretenue,
dispositions concernant les pratiques lorsque l'action réparée, transférée, déclassée, transportée, entre-
correctrice ne peut pas ramener ces expositions posée ou éliminée, si ce n'est conformément aux
au-dessous des niveaux d'intervention fixés par les dispositions prévues dans les NFR, à moins que la
NFR. pratique ou la source en question ne soit exemptée de
l'application de ces normes;
• chaque fois que cela se justifie, les expositions de
Obligations fait seront réduites par une intervention, comportant
des mesures correctrices ou protectrices conformes
Les NFR stipulent des obligations générales en ce aux dispositions des Normes.
qui concerne tant les pratiques que les interventions. Les NFR précisent en outre que toute source
Sauf si l'exposition ne relève pas des Normes, les contenant des substances radioactives doit être trans-
obligations sont les suivantes: portée conformément aux dispositions du Règlement
• aucune pratique ne peut être adoptée, mise en de transport des matières radioactives de l'AIEA
œuvre, suspendue ou annulée et aucune source (Collection Sécurité n° 6, AIEA, Vienne (1990)) et
qu'elle utilise ne peut être, selon le cas, extraite, de toute convention internationale applicable.

AIEA BULLETIN, 2/1994


PERSPECTIVES

rigueur des textes statutaires des organisations par-


rainantes. Elles n'engagent aucunement les Etats à
Doses indicatives pour l'examen radiologique adapter leur législation en conséquence et ne visent
d'un sujet adulte normal pas davantage à se substituer aux dispositions des
législations, réglementations ou normes nationales
Radiographie en vigueur. Leur intention est plutôt de donner des
indications pratiques aux autorités et services
Examen Pénétration Dose absorbée par
publics, aux employeurs et aux travailleurs, aux
du faisceau radiographie (mGy)
services spécialisés de radioprotection, aux commis-
AP 10 sions de sûreté et de santé publique, en proposant des
Rachis lombaire LAT 30 principes fondamentaux et en précisant les différents
LSJ 40 aspects dont un programme de radioprotection
Abdomen, urographie intraveineuse AP 10 devrait tenir compte pour être efficace.
et cholécystographie Elles ne sont pas non plus destinées à être appli-
Bassin AP 10 quées telles quelles dans tous les pays et toutes les
Articulation coxo-fémorale AP 10 régions. Il s'agirait plutôt de les interpréter compte
tenu des circonstances locales, des moyens tech-
Thorax PA 0,4
niques disponibles et de la taille des installations —
LAT 1,5
autant de facteurs qui détermineront les possibilités
Rachis cervico-dorsal AP 7 d'application. Comme ces normes s'appliquent à une
Dents LAT 20 large gamme de pratiques et de sources, nombre de
Periapical 7 spécifications sont rédigées en termes généraux de
AP 5 sorte qu'elles devront éventuellement être modulées
Crâne PA 5 selon le type de pratique, de source ou d'intervention
LAT 3 et selon la nature des opérations et les risques
PA = Postéro-antérieure; LAT = Latérale; LSJ = Articulation lombo-sacrée;
d'exposition.
AP = Antéro-postérieure. Spécifications pour les pratiques. Les NFR
contiennent des dispositions concernant l'administra-
tion, la radioprotection, la gestion, les problèmes
Tomodensitométrie techniques, et la vérification.
Examen Dose absorbée moyenne Administration — Notification de l'intention de
tomodensitométrique (mGy) mettre en œuvre une pratique; inscription ou
Tête 50 homologation des sources; responsabilité des inscri-
Rachis lombaire 35 vants; exemption et levée du contrôle (affranchis-
Abdomen 25 sement) des sources.
Radioprotection — Justification des pratiques;
limites de dose individuelle; optimisation de la pro-
Mammographie tection et de la sûreté; contraintes de dose pour les
Dose moyenne au parenchyme par projection cranio-caudale
sources; valeurs indicatives de l'exposition à des fins
médicales (voir les encadrés et les tableaux, p. 5, 6
1 mGy (sans grille) et 7).
3 mGy (avec grille)
Gestion — Culture de sûreté; assurance de la qua-
lité; facteurs humains; experts spécialisés (voir
l'encadré, p. 9).
Radioscopie
Technique — Sécurité; défense en profondeur;
Mode opératoire Débit de dose absorbée bonne conception et réalisation techniques (voir
sous la surface de pénétration l'encadré, p. 9).
(mGy/minute) Vérification — Evaluation de la sûreté; confor-
Normal 25 mité aux normes; archives.
Niveau élevé 100 Spécifications pour les interventions. Les NFR
ne contiennent sur ce point que des dispositions rela-
tives à l'administration et à la radioprotection.
Administration — Responsabilités des
organismes qui interviennent, et des inscrivants et
Prescriptions des titulaires de licences; notification des situations
qui exigent des mesures de protection.
Pour assurer le respect de ces obligations, les Radioprotection — Justification de l'intervention
NFR énoncent des prescriptions fondamentales de et optimisation des niveaux d'intervention (voir
protection et de sûreté. l'encadré et les tableaux, p. 6 et 10).
Ces prescriptions valent pour toutes les activités Aux NFR sont annexées des prescriptions
donnant lieu à des radioexpositions avec toute la détaillées pour toutes les formes d'exposition:

8 AIEA B U L L E T I N , 2/1994
PERSPECTIVES

Prescriptions techniques des NFR


Les NFR contiennent des prescriptions accidents qui pourraient provoquer des expo-
techniques dans les domaines suivants: sitions; • d'atténuer les conséquences d'un
Sécurité des sources. Les sources tel accident; • de garantir à nouveau la
doivent être conservées en lieu sûr afin sûreté de la source après l'accident.
qu'elles ne puissent être volées ni endom- Bonne pratique technique. Selon le cas,
magées et pour empêcher toute personne le site ou l'emplacement, la conception, la
non autorisée d'entreprendre l'une quelcon- construction, le montage, la mise en service,
que des actions spécifiées dans les obliga- l'exploitation, la maintenance et le déclasse-
tions prévues par les NFR, et à cette ment d'une source dans le cadre d'une prati-
fin: • le contrôle d'une source ne peut être que doivent avoir un solide fondement
levé que si sont remplies toutes les condi- technique, lequel doit: • tenir compte des
tions pertinentes spécifiées dans les docu- codes et normes agréés et de toute autre
ments d'inscription ou d'homologation et documentation pertinente; • être appuyé
que si l'information concernant la perte, le par une gestion et une organisation fiables,
vol ou la disparition de la source est immé- afin que la protection et la sûreté soient assu-
diatement notifiée à l'organisme de régle- rées pendant toute la durée utile de la
mentation et, le cas échéant, à l'organisation source; • comporter des marges de sécurité
parrainante concernée; • une source ne suffisantes au niveau de la conception et de
peut être transférée que si le destinataire la construction de la source et aux fins des
possède une autorisation valable; • un opérations auxquelles elle sert, afin d'assu-
inventaire périodique des sources doit être rer sa fiabilité en période d'exploitation
fait à intervalles appropriés pour vérifier que normale, sans oublier la qualité, la redon-
la source est bien gardée là où elle doit être. dance et la facilité d'accès, spécialement en
Défense en profondeur. Un système de vue de prévenir les accidents, d'atténuer
sécurités successives doit être prévu, ainsi leurs effets et de limiter les risques d'exposi-
que des mesures de sûreté adaptées au tion dans l'avenir; • tenir compte de l'évolu-
risque radiologique que présente la source tion des critères techniques, ainsi que des
afin que la défaillance d'une sécurité soit résultats des travaux de recherche en
compensée ou corrigée par la sécurité matière de protection ou de sûreté, et des
suivante et cela afin: • de prévenir les leçons de l'expérience.

Prescriptions des NFR en matière de gestion


Les NFR contiennent un certain nombre de disposi- Facteurs humains. Des dispositions doivent être prises
tions relatives à la gestion visant la sûreté radiologique, pour réduire le plus possible la part de l'erreur humaine dans
à savoir: les accidents et autres événements qui pourraient donner
lieu à des expositions, en s'assurant que: • tout le person-
Culture de sûreté. Une culture de sûreté doit être insti- nel dont dépendent la protection et la sûreté est bien formé
tuée et entretenue afin de maintenir l'esprit en éveil et dési- et suffisamment qualifié pour comprendre sa mission et
reux d'apprendre en ce qui concerne la protection et la s'acquitter de ses tâches avec bon sens, selon les procédu-
sûreté et de décourager l'optimisme passif, en faisant en res spécifiées; • de sains principes d'ergonomie sont appli-
sorte que: • les directives et procédures mises en œuvre qués le cas échéant à la conception des matériels et à leur
donnent la priorité absolue à la protection et à la sûreté du exploitation afin de faciliter celle-ci dans l'intérêt de la sûreté,
public et des travailleurs; • les problèmes de protection et de minimiser le risque que des fausses manœuvres provo-
de sûreté soient promptement détectés et résolus selon leur quent des accidents, et de réduire les possibilités d'inter-
importance; • les responsabilités de chacun, y compris des prétation erronée des indicateurs de conditions normales et
cadres de direction, en matière de protection et de sûreté anormales; • il existe un matériel, des systèmes de sûreté,
soient bien précisées et que chaque individu soit convena- des instructions et autres dispositions nécessaires pour
blement formé et qualifié; • la voie hiérarchique soit bien éviter autant que possible qu'une erreur humaine ne cause
précisée en ce qui concerne les décisions relatives à la par inadvertance l'exposition de personnes; • des moyens
protection et à la sûreté; • l'organisation et la communica- sont prévus pour détecter les erreurs humaines, pour les
tion soient de nature à assurer la circulation de l'information corriger ou les compenser; • des mesures d'intervention
relative à la protection et à la sûreté dans et entre les diffé- sont mises en place en cas de défaillance des systèmes de
rents services. sûreté ou autres dispositifs de protection.
Assurance de la qualité (AQ). Des programmes d'assu- Spécialistes. Il faut recenser les experts disponibles pour
rance de la qualité devront être mis en oeuvre afin, selon le donner des conseils en ce qui concerne l'application des
cas, de: • garantir que les prescriptions spéciales relatives NFR. Les inscrivants et titulaires de licences doivent informer
à la protection et à la sûreté sont respectées; • créer des l'organisme de réglementation des dispositions prises pour
mécanismes et des procédures de contrôle de la qualité pour s'assurer les services d'experts nécessaires à l'application
vérifier et évaluer l'efficacité de l'ensemble des mesures de des Normes, avec indication des attributions précises des
protection et de sûreté. experts désignés.

j
AIEA BULLETIN, 2/1994 9
PERSPECTIVES

Niveaux indicatifs
d'intervention Mesures de protection d'urgence
en cas
d'exposition Action Dose évitable
accidentelle Confinement dans les habitations 10 mSv pendant deux jours au maximum
Prophylaxie de l'iode 100 mGy (engagement de dose absorbée à la thyroïde)
Evacuation 50 mSv pendant une semaine au maximum

Retrait et remplacement de denrées alimentaires


(Source: Commission du Codex Alimentarius — niveaux indicatifs pour les radionuclides
présents dans des denrées alimentaires du commerce international
à la suite d'une contamination accidentelle)
Denrées de Lait, aliments pour nourrissons,
Radionucléides consommation générale eau potable
(kBq/kg) (kBq/kg)
Césium 134, Césium 137, 1 1
Ruthénium 103, Ruthénium 106,
Strontium 89
Iode 131 0,1
Strontium 90 0,1
Américium 241, plutonium 238,
Plutonium 239 0,01 0,001

Mesures à long terme


Action Dose évitable
Début relogement temporaire 30 mSv en un mois
Fin relogement temporaire 10 mSv en un mois
Relogement permanent éventuel 1 Sv sur toute la vie

Exposition professionnelle: Responsabilité des Expositions potentielles — sûreté des sources:


employeurs, des inscrivants et titulaires de licences; responsabilités; évaluation de la sûreté, prescriptions
conditions d'emploi (régime spécial de compensa- de conception; prescriptions d'exploitation; assu-
tion, travailleuses enceintes, emploi de remplace- rance de la qualité.
ment, conditions applicables aux jeunes); prescrip- Exposition accidentelle: responsabilités; plans
tions pour la classification des zones; règles locales d'urgence; intervention en cas d'exposition acciden-
et surveillance; équipements individuels de protec- telle; évaluation et surveillance après les accidents;
tion; coopération entre les employeurs, les inscri- fin de l'intervention après un accident; protection des
vants et les titulaires de licences; contrôle radio- membres des équipes d'intervention.
logique individuel et évaluation des expositions; Exposition chronique: responsabilités; mesures
contrôle radiologique des lieux de travail; surveil- correctrices; niveau d'intervention en cas d'expo-
lance sanitaire; dossiers; limitation des doses dans sition chronique.
les circonstances particulières.
Exposition médicale: responsabilités; justification
des expositions; optimisation de la protection; L'action internationale
niveaux indicatifs; contraintes de dose; activité
maximale chez les patients traités sortis de l'hôpital; Les NFR contiennent nombre de prescriptions
enquête sur les expositions accidentelles; dossiers. interdépendantes visant à garantir la radioprotection
Exposition du public: responsabilités; contrôle et la sûreté (voir la figure). Bien que la plupart de ces
des visiteurs; sources d'irradiation externe; contami- prescriptions soient qualitatives, il en existe aussi de
nation radioactive dans les espaces clos; déchets caractère quantitatif sous forme de restrictions ou
radioactifs; rejets de substances radioactives dans d'indications concernant la dose que peuvent
l'environnement; contrôle de la radioactivité et de recevoir les individus. Les doses s'étalent largement
l'environnement; produits de consommation. sur quatre ordres de grandeur, depuis les doses

10 AIEA BULLETIN, 2/1994


PERSPECTIVES

Schéma de l'application des NFR aux pratiques


Spécifications quantitatives implicites
et directives pour les pratiques Notification
de
la pratique
1000 Dose annuelle
E~ (mSv)

•j Intervention toujours justifiée [ Oui, elle ne relève pas


du contrôle Les NFR
_ Limite pour les membres
100 " de l'équipe d'intervention ne s'appliquent pas
_ Limite pour les travailleurs
" (pratique normale, par an)
Limite pour les travailleurs
" (pratique normale, moyenne)
Interventions optimisées |
10
| Mesures correctrices optimisées (radon) Oui, les doses
i Protection optimisée et contraintes sont négligeables et la
! (professionnelles) Les spécifications
source est intrisèquement sûre
- Moyenne mondiale de l'exposition des NFR
au rayonnement naturel ne s'appliquent pas
- Limite de dose au public (par individu)

- Contraintes (public, sources individuelles)

0,1 Non, elle implique


un usage futile des
**— Protection optimisée (public)
rayonnements (par exemple)

0,01 •— - - Niveau d'exemption

Les NFR comportent de nombreuses prescriptions


interdépendantes qui, prises globalement, garantissent Non, les doses individuelles
une protection et une sûreté suffisantes. Il est donc au public ou aux travailleurs
impossible de les paraphraser sans les priver de leur La limite de dépasseront les limites
'dose individuelle^ Pratique
contenu essentiel. La figure tente néanmoins de donner
est-elle refusée
une représentation graphique simplifiée de la manière
dont les NFR s'appliquent aux pratiques.
^respectée?/
Dans ce schéma, on considère que les formalités
administratives d'inscription ou d'homologation
sont accomplies. Oui
Non, les doses ne sont pas
jugées si insignifiantes qu'elles ne méritent pas aussi faibles que possible
d'être retenues aux fins de la réglementation mais ou excèdent les contraintes
plutôt d'être exemptées des prescriptions, jusqu'aux
doses si fortes que l'intervention devient pratique-
ment obligatoire (voir la figure). Les NFR marquent
l'apogée de l'action menée pendant plusieurs décen- Non, elle n'est pas conforme
nies pour harmoniser la radioprotection et les normes aux spécifications
de sûreté sur le plan international. Cet effort interna- de gestion ou techniques
a
tional sans précédent a été couronné par l'adoption
des NFR par un comité technique lors d'une réunion
qui s'est tenue au Siège de l'AIEA, à Vienne, en
décembre 1993, à laquelle ont assisté 127 experts de Oui, elle est
52 pays et 11 organisations. en dessous
du niveau
Dans un temps proche, le Conseil des gouver- d'affranchis-
neurs de l'AIEA devrait normalement approuver les sement
nouvelles normes que l'AIEA publiera ultérieu- Inscription
rement à titre provisoire (en anglais seulement). ou
Lorsque ces normes auront été officiellement agréées licence
par d'autres organisations, elles feront l'objet d'une
édition définitive qui sera publiée dans la Collection
Sécurité de l'AIEA en anglais, arabe, chinois,
espagnol, français et russe.

AIEA BULLETIN, 2/1994 11

Vous aimerez peut-être aussi