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La vérité
sur la croissance
des marques
Byron Sharp
https://marketingebooks.tk/
«La science a révolutionné toutes les disciplines sur lesquelles
elle s’est penchée. Et maintenant, c’est au tour du marketing!
Tout marketeur qui se respecte se doit de mettre de côté
les idées reçues et de lire ce livre… sous peine de se faire
allègrement distancer.»
Tels sont les mots que Joseph Tripodi, Chief Marketing and
Commercial Officer de e Coca-Cola Company, utilise pour
qualier le best-seller de Byron Sharp.
Et pour cause ! Les lois identiées par ce professeur du Ehren-
berg-Bass Institute de l’University of South Australia s’appuient
sur des décennies de recherche rigoureuse, et s’imposent comme
les nouvelles règles de la croissance.
Vous trouverez au l de ces pages un condensé de ce que tout bon
marketeur doit savoir – et maîtriser ! – pour mener les marques
au succès.
www.globe-groupe.com
https://marketingebooks.tk/
La vérité sur la croissance des marques
https://marketingebooks.tk/
https://marketingebooks.tk/
La vérité
sur la croissance
des marques
Byron Sharp
Ouvrage traduit de l’anglais (Australie)
par Marie-France Pavillet
https://marketingebooks.tk/
Groupe Eyrolles
61, bd Saint-Germain
75240 Paris Cedex 05
www.editions-eyrolles.com
Titre original :
How brands grow: what marketers don’t know
Copyright © Byron Sharp 2010
https://marketingebooks.tk/
Sommaire
Dédicace vi
Liste des lois du marketing vii
Liste des contributeurs ix
Préface xi
Remerciements xvi
Bibliographie 225
v
https://marketingebooks.tk/
Dédicace
Ce livre est dédié aux professeurs Andrew Ehrenberg
et Gerald Goodhardt, qui ont travaillé en étroite collaboration
pour établir une grande partie des premières lois scientiques
du marketing.
«Même dans un domaine censé être dominé par les impulsions d’achat
– le marketing – il existe des régularités frappantes… Pourtant, les gens
s’attendent rarement à ce que la science sociale (est-ce bien une science?)
contienne des régularités semblables à des lois, ils n’en cherchent donc
même pas.» (Andrew Ehrenberg, 1993)
vi
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Liste des lois du marketing
Les lois (c’est-à-dire les généralisations empiriques) présentées dans ce
livre sont les suivantes.
• La loi de la double peine– Les marques ayant une faible part de mar-
ché ont beaucoup moins d’acheteurs que les autres et ces derniers sont
légèrement moins dèles (dans leurs achats et leurs attitudes). Voir
Chapitre2.
• La double peine et la rétention – Toutes les marques perdent des clients;
cette perte est proportionnelle à leur part de marché. Les marques plus
importantes en perdent davantage (même s’ils représentent une pro-
portion plus faible de leur clientèle totale). Voir Chapitre3.
• La loi de Pareto (60/20) – Un peu plus de la moitié des ventes d’une
marque correspondent aux achats de 20% de ses clients, les meilleurs.
Le reste provient des autres, 80 % du total. (En marketing, le ratio
Pareto n’est pas 80/20). Voir Chapitre4.
• La loi de la modération des acheteurs – Si, au cours de la période
de référence, vous avez de gros acheteurs, de petits acheteurs et des
non-acheteurs, au cours des périodes suivantes les premiers achètent
moins souvent et les seconds plus souvent, tandis que les non-acheteurs
deviennent acheteurs. Ce phénomène de régression vers la moyenne se
produit même quand il n’y a pas de changement réel dans le comporte-
ment de l’acheteur. Voir Chapitre4.
• La loi du monopole naturel – Les marques qui détiennent une plus
grande part de marché attirent une plus grande proportion de petits
acheteurs de la catégorie. Voir Chapitre7.
• Les utilisateurs varient rarement – Les marques rivales vendent à des
clientèles très similaires. Voir Chapitre5.
vii
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viii LISTE DES LOIS DU MARKETING
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Liste des contributeurs
Byron Sharp
Le professeur Byron Sharp est directeur de l’ehrenberg-Bass Institute
for Marketing Science de l’université d’Australie-Méridionale, dont la
recherche est utilisée et soutenue nancièrement par certaines des plus
grandes entreprises du monde, dont Coca-Cola, Kraft, Kellogg’s, British
Airways, Procter&Gamble, Nielsen,TNS,Turner Broadcasting, Network
Ten, Simplot et Mars.
Byron Sharp est l’auteur de plus de cent articles académiques et siège au
conseil éditorial de cinq publications. Il a récemment co-organisé une
conférence sur les lois de la publicité à la Wharton Business School et,
avec le professeur Jerry Wind, il a édité en 2009 un numéro spécial du
Journal of Advertising Research consacré lui aussi aux lois de la publicité.
Vous trouverez davantage d’informations sur le site www.byronsharp.com.
John Dawes
John Dawes est professeur associé à l’ehrenberg-Bass Institute for Mar-
keting Science de l’université d’Australie-Méridionale. Avant de devenir
chercheur universitaire, John avait acquis une solide expérience com-
merciale et marketing. Il a publié des articles dans le Journal of Services
Research, le Wall Street Journal, l’International Journal of Market Research et
le Journal of Brand Management.
John est rédacteur en chef du Journal of Empirical Generalisations in Mar-
keting Science (EMPGENS): www.empgens.com.
ix
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x LISTE DES CONTRIBUTEURS
Jenni Romaniuk
Jenni Romaniuk est professeur de recherche associée à l’ehrenberg-Bass
Institute.
Elle conduit des recherches sur la saillance des marques, le suivi de l’image
de marque, la façon d’utiliser la publicité pour construire les marques, le
positionnement des marques et l’attrition des clients. Elle s’intéresse au
lien entre la perception et le comportement du client.
Jenni a publié dans des revues spécialisées comme le Journal of Marketing
Management, Marketing eory, l’european Journal of Marketing, l’Interna-
tional Journal of Market Research, le Journal of Advertising Research et le
Journal of Financial Services Marketing. Depuis huit ans, elle est consul-
tante en stratégie de développement de marques. Elle conseille des entre-
prises de secteurs aussi divers que la distribution, les produits alimentaires,
le tourisme, les services nanciers, l’assurance, les télécommunications, les
universités, l’événementiel et l’administration.
John Scriven
John Scriven est directeur de l’ehrenberg Centre de la London South
Bank University. L’ehrenberg Centre anime, en partenariat avec l’ehren-
berg-Bass Institute, le Corporate Sponsor Program. Ce programme spécial
de recherche marketing est soutenu nancièrement par de grandes entre-
prises mondiales comme Coca-Cola, Kraft, Kellogg’s, British Airways,
Procter & Gamble, Nielsen, TNS, Turner Broadcasting, Network Ten,
Simplot et Mars.
John se spécialise dans l’étude des indicateurs de performance des marques
et des eets des initiatives de marketing, en particulier le prix et la publi-
cité. Il a plus de vingt ans d’expérience en marketing, études de marché et
planication; il a travaillé à la direction marketing de trois grandes entre-
prises: United Biscuit, RJR/Nabisco et Pepsico.
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Préface
Le marketing est une profession créative. L’architecture aussi, à cette dié-
rence que les architectes conçoivent des chefs d’œuvre comme le Taj Mahal
ou l’opéra de Sydney dans le cadre de lois physiques. Leurs bâtiments ne
doivent pas s’eondrer sous leur propre poids ou s’envoler au moindre coup
de vent; les architectes ne peuvent ni décider d’ignorer les lois de la gra-
vité, ni espérer que leurs constructions échappent aux lois de la physique.
Les marketeurs, y compris les professeurs de marketing chevronnés, aiment
à dire que le marketing ne peut être soumis à aucune loi. À les en croire,
les consommateurs sont beaucoup trop individualistes et imprévisibles1.
La recherche a montré que cette armation est absolument fausse. Mais
elle empêche les professeurs de marketing de faire leur boulot, c’est-à-dire
de chercher des schémas récurrents, semblables à des lois, dans les com-
portements d’achat et les eets du marketing. Cela permet également aux
marketeurs de continuer à utiliser des plans marketing de type «n’importe
quoi ». Vous imaginez ce qui se passerait si les architectes concevaient
des plans du même type («Construisons en barbe à papa!», «Ajoutons
68étages!»)?
Les marketeurs discutent indéniment de choses qui n’ont rien à voir avec
la créativité de leur discipline et qu’ils devraient connaître avec certitude.
Il est temps que cela cesse. Le livre que vous avez entre les mains révèle les
schémas récurrents prévisibles régissant la façon dont les clients achètent
et la croissance des ventes – des choses que tous les spécialistes du marke-
ting devraient savoir, au lieu d’en discuter.
xi
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xii PRÉFACE
Si vous croyez que la plupart de ces armations sont exactes, vous avez
beaucoup d’idées fausses. Ce livre vous en apportera la preuve. S’il vous
fait changer d’avis, cela pourrait également révolutionner votre marketing.
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PRÉFACE xiii
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xiv PRÉFACE
logos, ton, typographie, etc.); puis, forts de cette connaissance, les utiliser
et les protéger. Ils doivent également savoir comment les consommateurs
achètent leur marque, à quel moment ils y pensent, la remarquent, et com-
ment elle s’intègre dans leur vie. Doit en découler la façon dont ils gèrent
les médias et la distribution.
La publicité consiste largement à rafraîchir, et parfois construire, des struc-
tures mémorielles. Les marketeurs doivent les étudier et s’assurer que leur
publicité les réactive en utilisant constamment les attributs distinctifs de
la marque.
Bref, il y a beaucoup à apprendre et à découvrir sur ce marketing de masse
éclairé.
Les tableaux3, 4 et 5 que vous trouverez ci-après résument les attitudes
nouvelles et anciennes face à divers aspects du marketing.
Implication Heuristique
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PRÉFACE xv
Tableau 5 – La publicité
Positionnement Saillance
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Remerciements
Les lois présentées dans ce livre n’auraient peut-être pas été découvertes
sans les années de recherche nancées par des entreprises du monde entier.
Je remercie les sociétés suivantes du soutien qu’elles ont continué à nous
apporter de nombreuses années durant.
• ABC • Colgate-Palmolive
• ANZ National Financial Group • Commonwealth Bank of
• AOL (UK) Australia
• Australian Central Credit Union • ConAgra Foods
• Australian Research Council • Dairy Farmers
• Bank of New Zealand • SA Department for Environ-
• BankSA ment and Heritage
• BASES • DDB Worldwide Communica-
tions Group
• Bayer Consumer Care
• Diageo
• Boots Healthcare
• Distell
• Boral
• Dulux
• BP
• dunnhumby
• Bristol-Myers Squibb
• Elders
• British Airways
• ESPN
• BT
• FirstRand
• Cadbury
• Fonterra Brands
• Caxton Publishers & Printers
• Foster’s Wine Estates
• CBS
• General Mills
• Channel 4
• General Motors
• Clemenger BBDO
• Goodman Fielder
• Coca-Cola
• Hamilton Laboratories
xvi
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REMERCIEMENTS xvii
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1
Le marketing
fondé sur les faits
empiriques
Byron Sharp
37
30
20
19
10
0
Crest Colgate
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2 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
Clients
ayant acheté
une fois
le produit
16 %
Clients passant
d’une marque
à l’autre
46 %
Clients
fidèles
38 %
Clients
ayant acheté
une fois le
produit
11 %
Clients
fidèles
21 %
Clients passant
d’une marque
à l’autre 68 %
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CHAPITRE 1 LE MARKETING FONDÉ SUR LES FAITS EMPIRIQUES 3
Comment répondriez-vous ?
Vous demanderiez, bien entendu, une autre étude de marché. C’est la pré-
rogative du directeur Insights.
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4 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
Pas d’accord
32 %
Pas d’accord D’accord
D’accord 57 % 43 %
68 %
80 80
60 60
20 20
0 0
Zappeurs Crest Zappeurs Colgate
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CHAPITRE 1 LE MARKETING FONDÉ SUR LES FAITS EMPIRIQUES 5
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6 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
suivants (si vous n’avez pas la patience d’aller jusque-là, consultez en début
d’ouvrage la liste des lois pertinentes par rapport au cas Colgate).
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CHAPITRE 1 LE MARKETING FONDÉ SUR LES FAITS EMPIRIQUES 7
2 Des résultats quasiment identiques avaient été annoncés il y a quinze ans par du Plessis
(1994). Un chire voisin de 16% n’est pas rare non plus pour l’indicateur«advertising
recall » mesurant la mémorisation d’un spot à partir du nom de la marque, donné
comme indice à la personne interrogée.
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8 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
que par le passé. Mais l’étude du marketing est si jeune qu’il serait arro-
gant de croire que nous savons tout, ou même que nous avons les bonnes
bases. L’analogie avec la pratique de la médecine est pertinente. Des siècles
durant, cette noble profession a attiré certains des éléments les meilleurs et
les plus brillants de la société; en règle générale, les médecins bénéciaient
d’une formation intellectuelle très supérieure à celle des autres profession-
nels. Il n’en demeure pas moins que pendant deux mille cinq cents ans,
ces experts ont universellement enseigné et pratiqué avec enthousiasme
les saignées («traitement» généralement inutile et souvent fatal). Ce n’est
que très récemment, il y a environ quatre-vingts ans, que les praticiens
ont commencé à faire exactement l’inverse et les transfusions sanguines
sauvent aujourd’hui quotidiennement de nombreuses vies. Les directeurs
marketing opèrent un peu à la manière des médecins du MoyenÂge – ils
travaillent à partir d’impressions et d’explications fondées sur des mythes.
Il serait arrogant de croire que les « meilleures pratiques » actuelles du
marketing ne contiennent pas de nombreuses erreurs et des postulats erro-
nés. J’en ai longtemps enseigné à mes étudiants; je sais à quel point il est
facile de répéter des sottises simplement parce que c’est ce que l’on nous a
appris à penser et que cela semble logique. Ce livre remet en cause un cer-
tain nombre d’idées reçues en y opposant des preuves empiriques. J’espère
que vous trouverez ce déboulonnage aussi utile que libérateur.
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CHAPITRE 1 LE MARKETING FONDÉ SUR LES FAITS EMPIRIQUES 9
3 Le texte disait que lorsqu’on testait des publicités, les villes où l’on pratiquait ces expé-
riences devaient être isolées, de façon à ce que des promotions organisées dans une ville
n’inuencent pas les ventes réalisées dans une autre.
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10 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
Vrai, faux
Hypothèses stratégiques ou je ne sais pas ?
Nos équipes marketing ont une tâche vitale : différencier notre marque.
Les promotions sur les prix dopent la pénétration, mais pas la délité.
Le positionnement de notre image de marque détermine la nature de nos
concurrents.
Le marketing de masse est mort, ou, au minimum, il n’est plus compétitif.
Si nos clients achètent notre marque, c’est pour une raison bien précise.
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CHAPITRE 1 LE MARKETING FONDÉ SUR LES FAITS EMPIRIQUES 11
4 L’aspirine est non seulement l’une des premières drogues d’une ecacité vraiment
éprouvée, c’est aussi la première à avoir bénécié d’un marketing de masse. Tous les
médecins du Royaume-Uni reçurent l’information par courrier, ce qui accéléra immen-
sément son adoption, au grand soulagement des premiers patients.
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12 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
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CHAPITRE 1 LE MARKETING FONDÉ SUR LES FAITS EMPIRIQUES 13
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14 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
6 Une erreur fréquente, commise même par des universitaires chevronnés, consiste à pen-
ser que les tests statistiques nous disent quelque chose sur la possibilité, ou non, de
généraliser. Ce n’est pas le cas, ce n’est d’ailleurs pas leur but. Ils évoquent simplement la
possibilité que le résultat obtenu soit réellement dû à la variation aléatoire de l’échantil-
lon, autrement dit, au fait que nous avons examiné un petit échantillon de la population,
mais pas tout le monde. Les tests de signication statistique ne nous disent pas quelle
population notre résultat pourrait représenter, ils ne précisent pas non plus dans quelles
conditions il pourrait varier.
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CHAPITRE 1 LE MARKETING FONDÉ SUR LES FAITS EMPIRIQUES 15
7 Nous avons tenté de faire en sorte que tous les tableaux de ce livre soient conformes au
principe cher à Andrew Ehrenberg de la réduction des données.
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2
Les nouvelles règles
de la croissance
Byron Sharp
Le désir de croissance
Avez-vous jamais rencontré un marketeur qui ne s’intéressait pas à la
croissance de ses ventes ou, au moins, à éviter leur déclin? La croissance
est profondément ancrée dans notre culture. Les directions marketing ont
vocation à organiser et délivrer la croissance. Toute initiative marketing
doit être justiée en termes de potentiel de croissance. La principale raison
de cette obsession pour la croissance, c’est le poids des coûts xes de la
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18 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
1 Cette recherche a largement été conduite par Andrew Ehrenberg et Gerald Good-
hardt et certains collègues associés, à partir des années 1960. Elle a également été
vériée par des analystes commerciaux travaillant dans de grandes rmes du marketing
comme Kraft, P&G et Unilever et de grandes institutions de recherche comme TNS
et Nielsen. Cette loi a également été récemment redécouverte dans une analyse de
10000marques américaines, conduite par des chercheurs n’ayant aucune connaissance
antérieure de cette loi (Hall&Stamp, 2004), ainsi que dans une analyse des marques
en croissance par Research International (présentée par Jim Findlay lors de la «Week
of workshops» organisée en 2003 par l’Advertising Research Foundation (ARF).
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CHAPITRE 2 LES NOUVELLES RÈGLES DE LA CROISSANCE 19
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20 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
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CHAPITRE 2 LES NOUVELLES RÈGLES DE LA CROISSANCE 21
Ariel 14 26 3,9
Bold 10 19 3,8
Daz 9 17 3,7
Surf 8 17 3,4
Moyenne 3,7
Note : Les acheteurs de chacune de ces marques achètent ses produits à une fréquence similaire.
Source : TNS.
Moyenne 1,9
Note : La délité des clients des petites marques britanniques n’est que légèrement plus faible.
Source : TNS.
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22 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
Dove 4 8 1,5
Finesse 1 2 1,4
Moyenne 1,7
Note : La délité n’est que légèrement plus faible pour les marques américaines les plus petites.
Source : Nielsen.
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CHAPITRE 2 LES NOUVELLES RÈGLES DE LA CROISSANCE 23
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24 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
Indice à améliorer
Médailles d’or 21 2
Médailles d’argent 20 6
Médailles de bronze 18 3
Non médaillés 41 89
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CHAPITRE 2 LES NOUVELLES RÈGLES DE LA CROISSANCE 25
5 Un cynique dirait que le terme a été inventé pour remplacer le mot «petit» parce que la
plupart des directeurs de marque gèrent des petites marques. Si vous dites à quelqu’un
que vous rencontrez à une réception «Je suis le directeur de marque de x» et que l’on
vous répond «x ? Je n’en ai jamais entendu parler!», que préféreriez-vous répondre:
«C’est parce que c’est une petite marque, il n’y a pas beaucoup de gens qui l’achètent et
même ceux qui l’achètent ne le font pas très souvent!» ou bien: «C’est parce que c’est
une marque de niche, elle a une clientèle très exigeante (et perspicace)»?
6 éoriquement, une marque de niche peut être de n’importe quelle taille: une faible
part de marché semble plus probable, mais une part de marché importante est théori-
quement possible. En réalité, les marques de niche sont rares, et il y en a eectivement
de toutes les tailles, simplement elles sont, pour la plupart, très petites.
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26 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
AAMI 9 1,5
APIA 6 1,4
Moyenne 12 1,5
Moyenne 19 2,1
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CHAPITRE 2 LES NOUVELLES RÈGLES DE LA CROISSANCE 27
leur réussite sur un seul produit (par exemple les cartes de crédit). Ils ont
donc légèrement plus de clients que ce à quoi l’on pourrait s’attendre – mais
ces derniers ne détiennent qu’un seul produit de chez eux. Leur décience
en matière de ventes croisées est, en réalité, due à leur réussite exception-
nelle (sur un secteur du marché). Autrement dit, on ne voit aucune trace
d’excellence en termes de ventes croisées dans le secteur bancaire.
Dans un marché comme dans l’autre, il y a très peu de diérences entre
les marques. Les clients des compagnies d’assurances leur achètent, en
moyenne, un service et demi par an; ceux des banques en achètent deux.
Rien de tout ceci n’indique que la vente croisée soit impossible, mais bel
et bien qu’elle est loin d’être aussi facile que les manuels le prétendent.
Ce n’est pas non plus nécessairement la voie royale pour faire exploser les
ventes. L’absence de diérences entre les marques révélée par les tableaux
2.6 et 2.7 permet de penser qu’il est dicile et coûteux de changer specta-
culairement les performances en matière de ventes croisées (certains éta-
blissements ont tenté de le faire, mais on ne le dirait pas au vu de leurs
résultats).
S’il est plus dicile qu’on ne pourrait le croire de vendre d’autres pro-
duits de votre marque à vos clients existants, c’est que ces derniers n’en ont
pas forcément besoin. Par exemple, vous ne vendrez jamais une assurance
automobile à l’heureux bénéciaire d’une voiture de société. En outre, les
marques du secteur des services ont souvent déjà une clientèle hautement
délisée ; par exemple, la plupart de vos clients qui avaient, à l’origine,
besoin d’un crédit immobilier, vous ont déjà sollicité à ce sujet (et vous avez
accepté, ou non, de leur accorder ce crédit). Il est dicile de hisser cette
délisation déjà élevée à un niveau supérieur.
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28 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
BIBLIOGRAPHIE
McDowell W.S. et Dick S.J., « Revealing a double jeopardy effect in radio station au-
dience behavior », Journal of Media Economics, 2005, vol. 18, n° 4, p. 271-284.
Sharp B. et Riebe E., « Does triple jeopardy exist for retail chains? », Journal of Empiri-
cal Generalisations in Marketing Science , 2005, vol. 9.
Wright M., Sharp A. et Sharp B., « Are Australasian brands different? », Journal of Brand
and Product Management, 1998, vol. 7, n° 6, p. 465-480.
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3
Plus de clients,
d’accord,
maiscomment?
Byron Sharp
S elon la loi de la double peine, quand les marques gagnent des parts de
marché, le nombre de leurs acheteurs augmente. Cela peut être le résultat
d’une amélioration du taux de recrutement, mais aussi d’une réduction des
pertes de clients. Il s’agit d’un phénomène incontournable du marketing:
chaque année, vous perdrez des acheteurs. Donc si une marque parvient à
améliorer son taux de rétention, elle devrait augmenter sa base de clientèle.
En théorie, il est donc possible d’améliorer la rétention ou l’acquisition,
voire les deux à la fois. Améliorer la satisfaction clients devrait permettre
de faire progresser ces deux indicateurs, et particulièrement le premier. Une
grande partie de la littérature marketing actuelle repose sur ce postulat.
Mais une question stratégique se pose: faut-il faire porter l’essentiel des
eorts sur la rétention ou sur l’acquisition? À en croire l’idéologie marke-
ting moderne, la première est moins coûteuse que la seconde. Est-ce vrai-
ment le cas? Quels retours sur investissements peut-on raisonnablement
espérer? À quel point faut-il donner la priorité à la rétention plutôt qu’à
l’acquisition?
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30 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
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CHAPITRE 3 PLUS DE CLIENTS, D’ACCORD, MAIS COMMENT ? 31
Enn, ils partent du postulat qu’il est parfaitement possible de diviser par
deux le nombre de défections dans le monde réel. Mais alors, pourquoi
s’arrêter en si bon chemin? De fait, l’article était intitulé « Zéro défec-
tions…». Peut-on modier radicalement le taux d’attrition clients? Est-il
possible de le ramener à zéro, ou même de le diviser par deux? Les faits
empiriques montrent que c’est prendre ses rêves pour la réalité.
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32 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
Figure 3.1 – Le turnover concerne une plus grande proportion de la base de clien-
tèle d’une petite marque
Grande marque
Petite marque
Dans le monde réel, il y a toujours plus de deux marques, les choses sont
donc plus compliquées. Mais le schéma récurrent fondamental – la loi de
la double peine – s’applique encore puisque les marques qui possèdent une
plus grande part de marché ont des taux d’attrition légèrement plus faibles
(c’est-à-dire des taux de délité plus élevés).
La loi de la double peine porte un coup sérieux à l’idée de Reichheld et
Sasser (1990) selon laquelle il serait à la fois facile et peu coûteux de divi-
ser par deux la défection des clients. Elle montre en eet qu’il n’est pas
possible de diminuer radicalement les taux de perte clients sans modier
massivement sa part de marché.
Regardons le tableau 3.1, qui compare les taux d’attrition des marques
automobiles américaines. Les données proviennent d’une enquête au cours
de laquelle on a interrogé 10000personnes ayant acheté une voiture neuve
aux États-Unis entre 1989 et 1991. L’enquête demandait aux participants
d’indiquer la marque qu’ils venaient d’acheter et celle de la voiture qu’ils
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CHAPITRE 3 PLUS DE CLIENTS, D’ACCORD, MAIS COMMENT ? 33
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34 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
Source : données mises à disposition gracieusement par Renault France et décrites in Colombo,
Ehrenberg & Sabavala, 2000 .
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CHAPITRE 3 PLUS DE CLIENTS, D’ACCORD, MAIS COMMENT ? 35
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36 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
période de plus de dix ans2. Elle a calculé, pour chaque marque, le nombre
de clients gagnés et de clients perdus qu’elle aurait dû avoir compte tenu
de la norme du marché et de la taille de la marque (autrement dit, si la base
de clientèle d’une marque est stable, ses taux d’acquisition et d’attrition
devraient être égaux et sa base de clients devrait reéter sa taille). Elle
s’attendait à ce que les marques en croissance aient un taux d’acquisition
plus élevé et un taux d’attrition inférieur aux attentes, autrement dit à ce
que ces deux facteurs contribuent conjointement à l’accroissement de la
base de clientèle. À sa grande surprise, elle a constaté que la croissance pro-
venait quasi intégralement d’un taux d’acquisition particulièrement élevé.
Les marques en déclin avaient un prol similaire, mais inversé: leur taux
d’attrition était conforme aux moyennes de marché, comparable à celui
de marques stables détenant une part de marché similaire, mais leur taux
d’acquisition était faible.
Erica Riebe (2003) a répliqué cette recherche en France (dans les catégo-
ries shampoings et tablettes de chocolat). Elle a travaillé sur douze mois de
données émanant de panels de chacune de ces deux catégories et comparé
la marque préférée de chaque membre du panel au cours des six premiers
mois et des six derniers mois de la période de référence. Cela lui a permis
de calculer, pour chaque marque, le nombre de clients dèles gagnés ou
perdus. La catégorie shampoing se révéla trop stable, les bases de clientèle
des marques concernées ne changeant pas. Mais dans la catégorie choco-
lat, où il y avait du mouvement, on retrouvait la même tendance que dans
les produits pharmaceutiques – l’extension de la base de clientèle résultait
essentiellement d’une excellente performance en termes d’acquisition de
nouveaux clients.
Cette recherche a ensuite été étendue et prolongée par d’autres analyses de
quatre ans et demi de données du secteur bancaire fournies par Nielsen. Là
encore, de bons résultats en termes d’acquisition clients garantissaient la
croissance, un taux de recrutement en berne conduisait à de la décroissance.
2 Les données émanant du panel pharmaceutique ont été gracieusement fournies par
ISIS Research (qui fait désormais partie de Synovate) et couvrent dix ans de pres-
criptions d’antidépresseurs par des médecins britanniques. C’est un ensemble de don-
nées extraordinaires en raison de la grande durée de la période et du grand nombre
d’«achats» – l’idéal pour étudier la croissance et le déclin des ventes.
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CHAPITRE 3 PLUS DE CLIENTS, D’ACCORD, MAIS COMMENT ? 37
La marque détenant la plus faible part de marché, Adelaide Bank, est une
petite banque régionale dont les guichets sont à peu près tous situés dans
la ville d’Adélaïde. CBA, de très loin la plus grande de toutes les banques
étudiées, a des succursales dans toutes les grandes villes et centres régio-
naux du pays. Si un client déménage d’Adélaïde à Sydney (chaque année,
20% environ des Australiens déménagent) et s’il était client d’Adelaide
Bank, il se trouve désormais extrêmement loin du guichet le plus proche. Il
décidera donc vraisemblablement de passer à une autre banque ayant des
succursales plus proches de son nouveau domicile. En revanche, s’il avait
été client de la CBA à Adélaïde, il n’aurait pratiquement pas à changer ses
habitudes.
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38 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
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CHAPITRE 3 PLUS DE CLIENTS, D’ACCORD, MAIS COMMENT ? 39
conserver votre part de marché. Mais quel genre de clients allez-vous vous
eorcer d’acquérir? Tous les consommateurs ne sont pas égaux – dès lors,
qui viser, tant parmi vos clients existants que parmi vos prospects?
Le chapitre suivant révèle une loi concernant les achats à répétition, gros ou
petits. Ces régularités dans le comportement du consommateur confortent
les douloureuses vérités du marketing que nous avons vues dans les cha-
pitres précédents.
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4
Quels sont
les clients qui
comptent le plus?
Byron Sharp
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42 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
Philip Kotler et ses confrères (1998), entre autres, ont décrété que le mar-
keting de masse était démodé. Le marketing « moderne » privilégie le
positionnement et les cibles, il mise sur les gros acheteurs les plus dèles
et se concentre sur la rétention client (et non l’acquisition) et le retour
sur investissement. Curieusement, cela fait des décennies que les manuels
prêchent ce «nouveau» message. La stratégie média en vogue utilise divers
nouveaux médias à faible audience dans l’espoir de susciter un nouvel
«engagement» du client. Les chaînes de télévision et la presse capables de
toucher tous les publics – encore très utilisées, avec succès, par les marke-
teurs – ne sont plus de rigueur 1. La mode est aujourd’hui aux programmes
de délisation, aux sites web dédiés aux dèles des dèles (ex.: «Bud.tv»,
de la bière Budweiser), à cibler les «inuenceurs», à la gestion de la rela-
tion client (CRM) et aux «nouveaux médias».
Les acheteurs sont pourtant plus sollicités que jamais, de nombreuses
marques se disputant leur attention et leurs habitudes. Il semble plus di-
cile que jamais de tisser de véritables relations avec un nombre conséquent
d’entre eux. La logique voudrait donc que les marketeurs, au lieu d’aban-
donner le marketing de masse, s’eorcent de progresser en la matière.
Les études menées sur les comportements d’achat et la performance des
marques ont conrmé cette hypothèse. La conclusion est claire: le mar-
keting de masse est essentiel, tant pour le maintien de la marque que pour
sa croissance.
Les scientiques étudient depuis des décennies les fréquences d’achat et
leur distribution statistique. Cet indicateur montre combien de personnes
achètent la marque une seule fois par an, deux fois par an, trois fois par
an, et ainsi de suite. Les tendances observées, rarement enseignées dans
les business schools, sont pourtant suivies au quotidien en entreprise. Elles
servent par exemple à l’élaboration des modèles de prévision des ventes les
plus ecaces, utilisés par les leaders en la matière comme BASES; elles
sont également intégrées dans certains modèles de média planning.
Nous connaissons aujourd’hui très bien les fréquences d’achat des consom-
mateurs, et les écarts qu’on peut attendre. Nous savons que les acheteurs
dièrent les uns des autres en termes de fréquence d’achats et d’attitude
face aux diérentes marques. Nous connaissons les eectifs de chacun de
ces groupes d’acheteurs et leur poids respectif en termes de chire d’aaires.
Ces données servent de benchmarks, elles permettent des prédictions très
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CHAPITRE 4 QUELS SONT LES CLIENTS QUI COMPTENT LE PLUS ? 43
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44 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
se révèlent ainsi être des acheteurs tout à fait normaux de la marque. Les
très petits acheteurs dominent, même pour Coca-Cola – marque géante
s’il en est.
%
30
15
0
0 1 2 3 . . . . . 9 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
Source : TNS.
À quoi ressemblent les fréquences d’achat des plus petites marques? Elles
sont étonnamment similaires. Regardons Pepsi, marque considérablement
plus petite que Coca-Cola sur ce marché (voir Figure4.2).
L’acheteur moyen de Pepsi n’achète que neuf fois par an, nettement moins
que l’acheteur moyen de Coca-Cola (douze fois par an). Le nombre de
ceux qui n’achètent pas de Pepsi une seule fois par an est plus important
que pour Coca-Cola – plus de 50%, contre 30%. Pourquoi? Parce que
Pepsi est une plus petite marque. Mais, pour Pepsi aussi, un gros client,
c’est quelqu’un qui achète sa boisson plus de trois fois par an.
Le marché britannique du cola est-il particulier? À quoi ressemble le mar-
ché américain ? La gure 4.3 révèle la fréquence d’achat (cette fois au
niveau des ménages) de Coke aux États-Unis en 2007. Les courbes UK et
US sont étonnamment similaires. Ce modèle est en eet généralisé dans
le monde entier, sur la durée, pour toutes les catégories de produits, et l’on
obtient les mêmes résultats avec les données fournies par tous les instituts
d’études de marché.
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CHAPITRE 4 QUELS SONT LES CLIENTS QUI COMPTENT LE PLUS ? 45
Figure 4.2 – Pourcentage des acheteurs britanniques ayant acheté du Pepsi x fois
en 2005
60
45
30
15
0
0 1 2 3 . . . . . 9 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
Nombre d’achats par an
Source : TNS.
10
8
%
6
0
0 1 2 3 . . . . . 9 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
Nombre d’achats par an
Source : Nielsen.
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46 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
Les marques ont donc beaucoup de petits acheteurs qui n’achètent que très
occasionnellement leurs produits car d’une part ils achètent peu la caté-
gorie et d’autre part ils achètent plusieurs marques au sein de celle-ci. Par
exemple, une catégorie de produits de grande consommation à forte rota-
tion est achetée moins de dix fois par an en moyenne2 . Les marques de ces
catégories ne sont achetées que trois ou quatre fois par an en moyenne par
leurs consommateurs. Les clients les plus caractéristiques de telles marques
les achètent à peine plus d’une fois par an.
Les marketeurs oublient souvent que leurs consommateurs achètent si
rarement leur marque. Ils sont souvent surpris de la faiblesse de leur fré-
quence moyenne d’achats (et en concluent à tort que cela signie qu’il y a
une telle marge qu’ils peuvent facilement améliorer cet indicateur). Rares
sont ceux qui se rendent compte que cette moyenne reste très supérieure
à la fréquence d’achat réelle de leur acheteur-type et que le calcul de la
moyenne n’inclut pas les consommateurs qui n’ont pas acheté la marque
du tout pendant la période. La grande masse des acheteurs-types n’achète
que très rarement une marque donnée.
On observe le même phénomène sur les marchés de services, où une
grande proportion des clients d’une marque réalise la plupart de ses achats
auprès d’une autre. Par exemple, dans le secteur bancaire, près de la moitié
des clients d’une banque en citent une autre comme étant leur principale
institution nancière.
À un bout du spectre, vous avez quelques acheteurs qui achètent souvent
une catégorie – et même très souvent pour quelques-uns d’entre eux. Ils
sont importants car, malgré leur petit nombre, ils génèrent de gros volumes
de ventes. Par exemple, les quelque 4% de clients de Coca-Cola qui en
achètent une fois par semaine ou plus (plus de 52fois par an), génèrent
près du quart du volume annuel de ventes.
Heureusement, il est relativement facile pour le marketing d’adresser ces
gros acheteurs, car la catégorie et la marque sont beaucoup plus impor-
tantes à leurs yeux qu’à ceux de l’acheteur-type. Ces gros acheteurs ont de
nombreuses occasions de voir les changements de packaging ou de publi-
cité sur le point de vente (ils excellent sans doute aussi à repérer les promo-
tions régulières). Ils sont également beaucoup plus réceptifs à la publicité
2 Les fréquences d’achat par catégorie révèlent aussi une distribution irrégulière. Si
l’acheteur moyen achète peut-être dix fois par an, l’acheteur typique de la catégorie n’en
achète que quelques fois par an.
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CHAPITRE 4 QUELS SONT LES CLIENTS QUI COMPTENT LE PLUS ? 47
3 Les sodas contenant de la caféine ont des taux d’achat à répétition légèrement plus
élevés (autrement dit, ils sont plus délisés).
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48 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
s’achètent un Coca-Cola que quelques fois par an, un petit groupe moins
nombreux en achète beaucoup plus régulièrement (une fois par semaine,
par jour, ou plus). Cela débouche sur un ratio Pareto typique.
Par contraste, dans certaines catégories, les acheteurs sont plus homogènes.
Par exemple, la plupart des gens font le plein une fois par semaine. Il existe
un petit groupe de personnes qui ne possèdent pas de voiture et achètent
occasionnellement du carburant quand elles en louent une – mais une
inme minorité d’entre elles est prise en compte par les études de marché.
D’autres consommateurs roulent beaucoup et font le plein deux ou trois
fois par semaine. Mais la grande majorité des automobilistes achètent du
carburant une fois par semaine (et même les gros acheteurs n’en achètent
pas beaucoup plus que cela), de sorte que les fréquences d’achat ne sont pas
polarisées et que le ratio Pareto n’est pas extrême.
L’indice de Pareto dépend de la durée de la période sur laquelle porte
l’étude (Schmittlein, Cooper & Morrison, 1993). Sur une très courte
période, toutes les personnes qui ont acheté la marque l’ont achetée à une
fréquence très semblable. Par exemple, si c’est une semaine, presque toutes
ne l’ont fait qu’une seule fois, quelques-unes peut-être deux fois, auquel
cas les 20% de ces plus gros clients ont réalisé environ 20% du chire
d’aaires (disons entre 25 % et 20%). Si la période est plus longue, les
plus gros acheteurs révèlent leur vraie nature en montrant une plus grande
fréquence d’achat. De plus, l’analyse prendra en compte un plus grand
nombre de très petits acheteurs qui, eux, n’auront acheté la marque qu’une
seule fois. La polarisation entre les gros et les petits acheteurs s’accentue et
débouche sur un ratio Pareto plus extrême.
Notre recherche (Sharp & Romaniuk, 2007), portant sur plusieurs dizaines
de marques relevant de diverses catégories de produits, montre que sur une
période de trois mois, une marque de «produits de grande consomma-
tion» a typiquement un ratio Pareto de 35% seulement. Sur une période
d’un an, il monte à plus de 50%4, mais atteint rarement le proverbial 80%.
Le tableau4.1 révèle que les marques d’une même catégorie ont des ratios
Pareto similaires. Cela ne varie pas beaucoup d’une catégorie à l’autre. Le
tableau4.2 contient les données du BrandScan de Nielsen pour 2007, qui
4 Ce constat a conduit à la loi des 20/30/50 du professeur Gerald Goodhardt. Les plus
gros acheteurs, 20% du total, génèrent 50% du chire d’aaires; les plus petits, 50%
du total, en génèrent 20%, de sorte que les 30% de moyens acheteurs en génèrent
30 %. Autrement dit, les 20/30/50 % d’acheteurs vous font réaliser respectivement
50/30/20% de votre chire d’aaires.
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CHAPITRE 4 QUELS SONT LES CLIENTS QUI COMPTENT LE PLUS ? 49
Lynx 14 41 53
Toutes les autres marques 14 40 51
Impulse 8 45 55
Dove 6 36 48
Tesco 4 43 53
Vaseline 3 39 51
Asda 3 42 54
Adidas 3 35 45
Séries Gillette 3 39 50
Autres marques 3 39 49
Physio Sport 2 37 50
Sanex 2 35 45
Nivea 2 36 46
Wilkinsons 1 41 54
Arrid 1 37 45
Natrel Plus 1 35 47
Mum 1 35 46
Moyenne 39 50
Notes : Les marques d’une même catégorie ont un ratio Pareto similaire (Sharp & Romaniuk 2007).
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50 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
Yaourt – réfrigéré 60
Après-shampoings 47
Déodorants (spray) 48
Déodorants (parfumés) 48
Beurre et margarine 53
Détergents domestiques 49
Shampoing 42
Déodorants (stick) 46
Soupes en boîte 53
Déodorants (bille) 44
Moyenne 51
Source : Sharp & Romaniuk 2007 ; source données : the Nielsen Company.
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Tableau 4.3 – Ratios Pareto en Australie et en Afrique du Sud
Céréales 46 60 Céréales 44 48
Shampoing 55 46 Détergents 35 48
Déodorants 48 51
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Moyenne 48 55 Moyenne 49 49
Source : Sharp & Romaniuk 2007 ; source des données : the Nielsen Company.
CHAPITRE 4 QUELS SONT LES CLIENTS QUI COMPTENT LE PLUS ?
51
52 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
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CHAPITRE 4 QUELS SONT LES CLIENTS QUI COMPTENT LE PLUS ? 53
Tableau 4.4 – Volume des achats réalisés par les différents groupes d’acheteurs
en année 1 et en année 2
Non-acheteurs 44 0 0 14
Petits acheteurs 22 1 14 16
Moyens acheteurs 25 2-4 43 36
Gros acheteurs 9 5+ 43 34
Total 100 100 100
5 Voir en début d’ouvrage la liste des lois et découvertes présentées dans ce livre.
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54 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
de même dans les données annuelles, et même pour une marque géante,
comme le montre le tableau4.4.
Nous avons donc trois faits saillants concernant le principe de Pareto en
marketing.
1 Comme une loi, il s’applique à toutes les marques et catégories.
2 Les ratios réels ne sont pas aussi sévères que le célèbre 80/20.
3 La période durant laquelle l’analyse a été réalisée aecte les ratios Pareto
et les stratégies consistant à cibler les clients en fonction de leur valeur.
Pour dire les choses simplement, lors de la prochaine période, les 20%
qui sont aujourd’hui vos plus gros clients ne pèseront plus aussi lourd,
les petits pèseront au contraire plus lourd, et certains non-acheteurs
achèteront vos produits. Telle est la loi de la modération de l’acheteur.
En outre, il existe un autre schéma récurrent qui, à en croire le professeur
Andrew Ehrenberg (2004) «aurait dû mettre n au doux rêve du marke-
ting consistant à ne recruter que de gros acheteurs». Voyons ce que devient
la distribution des fréquences d’achat d’une marque quand celle-ci accroît
sa part de marché.
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CHAPITRE 4 QUELS SONT LES CLIENTS QUI COMPTENT LE PLUS ? 55
6 Cela ne veut pas dire que chaque acheteur pris isolément change la fréquence de ses
achats, même si beaucoup le font en général. Cela veut dire que chaque groupe d’ache-
teurs montre certains changements. Il en découle que l’idée de cibler un groupe précis (et
de n’aecter que ce groupe) va à l’encontre de ce qui se passe en fait dans le monde réel.
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56 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
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CHAPITRE 4 QUELS SONT LES CLIENTS QUI COMPTENT LE PLUS ? 57
existants qui passent par là. Pour eux, c’est un grand progrès. Ils achètent
donc un peu plus souvent. Cela contribue à tirer vers le haut la fréquence
d’achat moyenne (et d’autres indicateurs mesurant la délité des clients).
Cette hausse substantielle en termes de pénétration et ces petits progrès
en termes de délité sont conformes à la loi de la double peine que nous
avons vue pour les indicateurs de performance de la marque au chapitre2.
Conclusion
Vous savez maintenant comment les marques grandissent et comment un
marketing réussi aecte les taux d’achat. Ce que cela implique s’inscrit en
faux par rapport à la pensée marketing dominante du jour. C’est pourtant
clair et simple.
1 L’acquisition de nouveaux clients est vitale à toute marque qui souhaite
accroître et même simplement conserver sa part de marché.
2 Il est également vital d’atteindre tous les acheteurs, en particulier ceux
qui achètent très peu et très rarement vos produits ou services.
Telle est la recette d’un marketing de masse intelligent. Il n’y a là rien
de surprenant car c’est le marketing de masse (et non pas le CRM, le
marketing relationnel ou les programmes de délité) qui a construit la
majorité des capitaines d’industrie d’aujourd’hui. Mais il ne s’agit pas d’un
marketing de masse simpliste. Toucher tous les acheteurs potentiels d’une
marque, au bon moment et sans faire exploser les coûts, n’a vraiment rien
d’évident. Il y a beaucoup à apprendre. La révolution numérique permet
d’atteindre les consommateurs grâce à d’autres techniques, à des moments
diérents, an d’être plus pertinent et de mieux s’inscrire dans leur vie
hétérogène. Il y a là des opportunités extraordinaires pour un marketing
de masse éclairé.
Notre prochain chapitre porte sur l’art et la manière de mieux connaître
les acheteurs que nous devons atteindre. Qui sont-ils ? Comment les
identier?
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5
Nos clients
nesontpas
commeles autres
Byron Sharp
La bonne nouvelle c’est que vos clients sont exactement comme ceux de
vos concurrents et que les leurs sont comme les vôtres. Cela veut dire que
vous pouvez les leur chiper. Il faut donc cibler l’ensemble du marché.
1 1959 a été une bonne année pour la science du marketing. La distribution binomiale
négative (NBD, pour negative binomial distribution) des fréquences d’achat a été décou-
verte cette année-là.
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60 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
(voir Evans, 1959). L’idée peut sembler saugrenue aujourd’hui. Mais dans
les années1950, la théorie voulait que les Américains prennent leur auto
très au sérieux: l’achat d’une voiture était profondément symbolique et le
marketing avait investi dans la construction d’images de marque distinc-
tives. Cela se retrouverait, pensait-on, dans les prols de personnalité des
clients des diverses marques. Les dirigeants des compagnies automobiles
et les universitaires en étaient convaincus.
Les résultats furent eectivement intéressants: les personnalités et les pro-
ls socio-démographiques des propriétaires de Ford et de Chevrolet étaient
quasiment identiques. Cette absence de diérence a créé une onde de choc
dans le monde du marketing. Au départ, les résultats ont été contestés. Mais
ensuite, ils ont été conrmés par plusieurs nouvelles études menées sur des
échantillons de clients, avec des techniques et sur des catégories de produits
diérentes. Après quoi tout le monde a décidé d’ignorer ce que l’on venait
de découvrir. Comme l’a dit un jour Winston Churchill, « les hommes
tombent parfois sur la vérité,maislaplupartserelèvent, marchent dessus
ou la contournent, puis continuent comme si de rien n’était» (Klotz, 1996).
Près de cinquante ans plus tard, une série d’études beaucoup plus com-
plètes a été entreprise pour analyser les prols des clients de marques
concurrentes. Ces études ont ainsi «prolé» les acheteurs de centaines de
marques, relevant de dizaines de catégories (des cigarettes aux jeux élec-
troniques en passant par les crédits immobiliers), sur la durée (Hammond,
Ehrenberg & Goodhardt, 1996; Kennedy & Ehrenberg, 2000; Kennedy
& Ehrenberg, 2001a; Kennedy & Ehrenberg, 2001b; Kennedy, McDo-
nald & Sharp, 2000). Et, point tout aussi important, ces études utilisaient
des centaines de variables capables de décrire les acheteurs: la démogra-
phie, la psychographie, les attitudes, les valeurs et les habitudes d’usages
en termes de médias. Elles ont débouché sur une découverte essentielle, à
savoir que les marques concurrentes vendent à des personnes qui se res-
semblent en tout point. Au sein de la clientèle de chaque marque, il y a
beaucoup de variation (c’est-à-dire des types de personnes diérents), mais
chaque marque a la même variation.
Le tableau5.1 présente les données relatives aux propriétaires d’automo-
biles dans les années1990 – on y retrouve clairement les mêmes caractéris-
tiques. Les marques automobiles britanniques ont des clientèles très simi-
laires – cela va jusqu’aux journaux que lisent ces clients. Les propriétaires
de Rover, marque de prestige, lisent tout de même un tabloïde, e Sun,
beaucoup plus qu’ils ne lisent e Telegraph, plus intellectuel. C’est vrai
aussi des propriétaires de toutes les autres marques automobiles, et cela
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CHAPITRE 5 NOS CLIENTS NE SONT PAS COMME LES AUTRES 61
reète le fait que e Sun est beaucoup plus populaire que e Telegraph.
La plus grande diérence parmi les acheteurs des diverses marques auto-
mobiles, c’est la taille du ménage. Les plus nombreux achètent en eet des
voitures physiquement plus grandes (avec davantage de sièges et un plus
grand core) comme, dans notre tableau, la Sierra et la Cavalier.
Source : TGI.
Tableau 5.2 – Les propriétaires de diverses marques automobiles ont des valeurs
similaires (Royaume-Uni, années 1990)
Source : TGI.
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62 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
Coors 58 42 23 22 21 36
Canadian 71 29 30 19 26 35
Bud 67 33 32 19 30 27
Ooland 69 31 34 17 24 38
Blue 69 31 30 20 28 28
Sleeman 71 29 24 20 18 40
Corona 52 48 34 13 24 35
Modelo 51 49 33 12 25 35
Miller 69 31 38 17 27 39
Moyenne 64 36 31 18 25 35
Source : Données fournies par Dee McGrath, Molson breweries Canada ; région et année non divulguées.
2 Les données ont été fournies par Dee Mc Graph, Molson Breweries, Canada; région
et année non divulguées.
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CHAPITRE 5 NOS CLIENTS NE SONT PAS COMME LES AUTRES 63
Cartes de crédit Hommes Femmes 15- 20- 25- 35- 45- 55- 65+
19 24 34 44 54 64
Barclaycard Visa 51 49 1 4 17 23 22 18 14
TSB Trust card 51 49 1 3 18 20 21 19 19
Access Natwest 54 47 1 2 16 24 23 21 14
Access Midlands 52 48 1 3 18 24 21 20 13
Barclays MasterCard 60 40 1 3 15 21 23 20 17
Access Lloyds 54 46 2 3 18 22 22 20 13
Bank of Scotland Visa 56 44 1 2 17 21 26 19 14
Midland Visa 53 48 1 2 15 24 24 19 15
TSB MasterCard 56 45 1 6 18 20 21 18 16
Coop bank Visa 56 44 2 2 17 17 23 20 20
Moyenne 54 46 1 3 17 22 22 19 16
Source : TGI.
Cigarettes 4 4 6 6
Aliments chats 3 1 4 4
Bonbons à la menthe 3 1 3 3
Brosses à dents 3 1 3 3
Assurance médicale privée 4 2 3 3
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64 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
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CHAPITRE 5 NOS CLIENTS NE SONT PAS COMME LES AUTRES 65
Le ciblage extrême
Si le monde réel est ainsi, c’est peut-être parce que les marketeurs n’ont pas
ciblé de publics spéciques. S’ils faisaient davantage d’eorts en ce sens,
la réalité rejoindrait peut-être la théorie des manuels. Pourtant les deux
études de cas suivantes prouvent que même quand les marketeurs tentent
très clairement de cibler des publics particuliers, ils nissent par obtenir
des bases de clientèle normales (dans la mesure où ils ont une part de mar-
ché signicative). Par dénition, plus ils gagnent de parts de marché, plus
leur base de clientèle s’approche de la normale 3.
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66 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
Bien sûr, cet insolent humour anglais visait à ce que la marque – et les
spots télévisés – attirent l’attention 5. Plusieurs décennies avant que Nestlé
n’adopte ce slogan, les publicités de Yorkie révélaient déjà que ces carrés de
chocolat surdimensionnés étaient destinés aux hommes, et même aux gros
bras6 . La plupart du temps, on y voyait des chaueurs de poids lourds se
délectant de barres de Yorkie. Entre-temps, il y eut une longue période de
publicités peu mémorables, puis la marque lança sa campagne «It’s not for
girls!» – peut-être comme un retour aux racines historiques de la marque.
Un commentateur nota alors: « À voir les publicités, on a le sentiment
qu’elles ciblent non pas les ‘hommes anglais’, mais des maçons machos,
barbus, trapus et anglais. Ce marché est forcément limité…» (Redfern,
2002). Il faut croire que le marché n’a pas compris l’humour ou que les
marketeurs ont manqué leur cible, car voici à quoi ressemble aujourd’hui le
consommateur de Yorkie(Tableau5.6).
Femmes 44 74 27 43 54 100 60
Source : TNS.
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CHAPITRE 5 NOS CLIENTS NE SONT PAS COMME LES AUTRES 67
Titulaires de la carte 37 63 15 32 52 1
Non-titulaires 42 58 12 34 53 1
Source : enquête téléphonique à partir d’une liste de clients fournie par l’émetteur de la carte de crédit ;
voir Sharp, Tolo & Giannopoulos, 2001.
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68 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
J’essaie de Je suis
Les enfants Je suis Je ne me tenir au toujours
Marque carte doivent content de supporte pas courant des à l’affût
de crédit s’exprimer mon niveau le désordre dernières des offres
librement de vie technologies spéciales
Barclaycard Visa 0 –1 0 0 –1
TSB Trust card 0 –2 2 –4 2
Access Natwest 1 0 1 0 –2
Access Midlands –1 0 1 0 –3
Access Lloyds 1 1 1 1 1
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CHAPITRE 5 NOS CLIENTS NE SONT PAS COMME LES AUTRES 69
Une étude mondiale sur les touristes, conduite par l’ehrenberg-Bass Ins-
titute, ore un autre charmant exemple de ce phénomène. Les enquêteurs
demandaient aux touristes de décrire la façon dont ils avaient choisi la
destination de leurs dernières vacances. Les réponses ouvertes, qualitatives,
étaient collectées pour chaque destination; contre toute attente, les cher-
cheurs ont remarqué une grande similarité des réponses correspondant à
chacune d’entre elles. Par exemple:
• c’est un endroit nouveau et passionnant;
• les habitants et la culture de ce pays sont intéressants;
• c’est bien pour le shopping;
• c’est parfait pour se détendre.
À l’évidence, les gens ne parlaient pas de la neige s’ils allaient au bord de
la mer, ni de surf s’ils allaient à la montagne. Mis à part ces diérences, les
motivations et les bénéces attendus étaient incroyablement similaires. Là
encore, on voit que la base de clientèle d’une marque est similaire à celle
d’une autre.
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70 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
globale d’environ deux tiers du marché – et c’est le cas dans toutes les
tranches d’âge. Les boissons light ont à peu près le tiers du marché, à la fois
dans l›ensemble et pour chaque tranche d’âge. Aucune des deux variantes
n’attire particulièrement un segment spécique (et ce malgré des années de
publicité ciblant les femmes pour tenter de les convertir au light)9 .
Ensemble du marché 63 35
Hommes 66 33
Femmes 60 37
Ménages de 3 personnes et + 64 34
< 34 ans 74 24
55-74 ans 59 38
Cadres supérieurs 59 38
Sans emploi 66 32
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CHAPITRE 5 NOS CLIENTS NE SONT PAS COMME LES AUTRES 71
Part de marché
des divers groupes Petites bouteilles Grandes bouteilles
démographiques (%) (%)
Ensemble du marché 19 43
Hommes 25 38
Femmes 14 47
Ménages de 3 personnes et + 20 41
< 34 ans 37 23
55-74 ans 12 52
Cadres supérieurs 17 46
Sans emploi 17 47
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72 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
Leurs indicateurs de délité sont à peine plus élevés, comme le laisse pré-
voir la loi de la double peine.
Part de marché
des divers groupes Cola Limonade
démographiques (%) (%)
Ensemble du marché 40 13
Hommes 44 11
Femmes 37 14
Ménages de 3 personnes et + 41 11
< 34 ans 45 5
55-74 ans 34 21
Cadres supérieurs 35 13
Sans emploi 41 12
Ce que cela veut dire, c’est que les adoucissants hypoallergéniques sont
surtout achetés par les personnes qui choisissent normalement de l’adou-
cissant normal mais ont parfois des allergies (ou, au moins, y pensent).
Certaines personnes, peu nombreuses, sourent d’allergie et n’achètent
que de l’adoucissant hypoallergénique, mais ces quelques « dèles » ne
représentent qu’une petite partie de la base de clientèle de cette variante
du produit normal.
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CHAPITRE 5 NOS CLIENTS NE SONT PAS COMME LES AUTRES 73
Light 20 32 3,0 33
Anti-tache 3 9 1,7 19
Moyenne 2,9 39
Source : IRI ; Singh, Goodhardt & Ehrenberg, 2001 ; Singh, Ehrenberg & Goodhardt, 2008.
Conséquences
La grande découverte, c’est que les acheteurs des diverses marques d’une
catégorie donnée sont très similaires – sauf en termes d’eectifs. On peut
dire, par exemple, qu’il n’y a pas un type de personne qui achète de la glace
à la vanille et un autre, tout à fait diérent, qui achète de la glace à la fraise
– il y a juste des gens qui achètent de la glace et qui prennent parfois de la
vanille, et plus rarement de la fraise.
Quand les études de marché montrent qu’une marque vend à des clients
dont le prol est diérent de celui des clients des marques concurrentes, les
marketeurs disent souvent: «Nous vendons beaucoup aux jeunes femmes,
c’est donc elles que nous ciblons dans les médias.» Mais ce raisonnement
est faux. Ils devraient dire : « Pourquoi ? Y a-t-il quelque chose qui ne
va pas dans notre marketing? Y a-t-il des groupes démographiques que
nous ne réussissons pas à toucher (et par conséquent surinvestissons-nous
sur un groupe socio-démographique particulier) ? » Il est faux de par-
tir de l’hypothèse qu’une marque attire un type particulier d’acheteurs ;
pour la grande majorité des marques, ce n’est pas le cas et aucune d’entre
elles ne devrait se xer un tel objectif. Certes une marque peut avoir une
base d’acheteurs dont le prol est inhabituel parce que son marketing du
moment aboutit à ce résultat, pour des raisons historiques ou à la suite
d’erreurs. Mais ça ne veut pas dire que ses ventes augmenteront si elle cible
uniquement ce public.
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74 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
10 Gucci a cependant beaucoup plus de clients, réalise un chire d’aaires beaucoup plus
important et a beaucoup plus de magasins (voir Chapitre12).
11 Des enquêteurs récemment recrutés par l’ehrenberg-Bass Institute et les directeurs
marketing de nos sponsors nous disent régulièrement que cette découverte est très
étonnante. Le dossier de conférence rédigé par Kennedy & Ehrenberg a obtenu deux
récompenses pour les implications de la découverte.
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CHAPITRE 5 NOS CLIENTS NE SONT PAS COMME LES AUTRES 75
La concurrence
La très bonne nouvelle, c’est que rien de structurel ne s’oppose à la crois-
sance de votre marque: les clients de vos concurrents pourraient être les
vôtres. Le seul problème, c’est que vous avez des concurrents qui essaient
de faire la même chose que vous. Les marques ont donc bel et bien besoin
d’être défendues par des directions marketing compétentes.
Mais alors, qu’est-ce que ces lois du marketing signient pour la concur-
rence ? Une marque rivalise-t-elle avec toutes les autres marques de sa
catégorie? Comment une marque identie-t-elle ses concurrents les plus
proches? Tel est le sujet du chapitre suivant.
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6
Qui sont
vosvéritables
concurrents?
Byron Sharp
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78 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
À en croire Kotler et ses confrères (1998), les marques sont censées cibler
des segments de marché, ce qui limiterait sévèrement le nombre d’autres
marques avec lesquelles elles seraient en concurrence.
Cette théorie, apparemment simple et logique, n’est pas sans poser un
certain nombre de problèmes. On trouverait dicilement, dans le monde
réel, un exemple de marketing de masse correspondant à cette dénition
extrême: rares sont les compagnies, si tant est qu’il en existe, ne proposant
qu’un seul produit à un seul prix. La diérence concrète entre le marketing
du ciblage et le marketing de diversication, certes moins sophistiqué, n’est
pas très claire non plus. Certes, Coca-Cola propose maintenant de nom-
breuses marques de boissons non alcoolisées, mais est-ce pour satisfaire les
besoins distincts de groupes d’acheteurs spéciques, la demande d’indivi-
dus épris de variété, ou un peu des deux? Bizarrement, selon Kotler, orir
des conditionnements de diverses tailles répond à la recherche de variété,
alors qu’orir des goûts diérents permet de donner satisfaction à des per-
sonnes diérentes!
Il ne sut pas de nommer un segment pour qu’il existe. On pourrait, de
la même manière, créer des noms de segment correspondant à la stratégie
de variétés de produits de Kotler (par exemple des segments privilégiant
la grande qualité, le conditionnement économique XXL, etc.). Mais pour
que cela ait un sens, il faudrait apporter des preuves empiriques que cha-
cune des marques de Coca-Cola vend véritablement ses produits à des
personnes diérentes. Kotler n’étaye pas ses armations en fournissant ce
type de données.
Le tableau6.1 révèle comment diverses marques de boissons non alcoolisées
partagent leur clientèle avec Coca-Cola: nous voyons quelle proportion
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CHAPITRE 6 QUI SONT VOS VÉRITABLES CONCURRENTS ? 79
Diet Coca 65
Fanta 70
Lilt 67
Pepsi 72
Moyenne 69
Source : TNS.
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80 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
3 Que l’on appelle aussi parfois tableau de changement de marque, mais le terme est
maladroit, car il implique une défection d’une marque au prot d’une autre, ce qui est
une exagération. Ce n’est pas parce que je viens d’acheter du Fanta alors que j’achète
d’habitude du Coca-Cola que je vais changer mes habitudes d’achat de Coca-Cola:
simplement, de temps à autre, j’achète du Fanta. Le tableau de duplication des achats
montre que les consommateurs ont des répertoires de marques, autrement dit, ils sont
dèles, mais polygames.
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CHAPITRE 6 QUI SONT VOS VÉRITABLES CONCURRENTS ? 81
A 100 %
B 100 %
C 100 %
D 100 %
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82 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
(Walls) Carte
— 15 8 8 9 5 4
D’or
Walls Dessert 34 — 7 8 9 4 3
Häagen Dazs 37 17 26 — 8 7 8
Nestlé 39 17 12 7 — 8 9
Walls 37 14 12 11 15 — 11
Mars 41 12 18 17 22 13 —
Moyenne 38 15 14 13 13 7 7
Source : TNS.
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CHAPITRE 6 QUI SONT VOS VÉRITABLES CONCURRENTS ? 83
beaucoup plus de clients avec les grandes marques qu’avec celles qui ont
une petite part de marché.
La loi de la duplication des achats volerait en éclats si plusieurs marques
réussissaient à cibler des bases de clientèle exclusives ou des types de clients
réellement diérents de ceux des autres marques4. Néanmoins, comme
nous l’avons vu au chapitre5, les marques concurrentes vendent à des bases
de clientèle très semblables.
Dans le tableau6.3, les marques sont rangées par ordre de part de mar-
ché, tant verticalement qu’horizontalement – on voit donc facilement que
la duplication des clients décline avec le rang. Chaque marque partage
davantage avec Carte d’or parce que c’est la plus grosse marque – son
taux de pénétration est à peu près le triple de celui des autres marques du
tableau.
Connaître la loi de duplication des achats permet de repérer des démarca-
tions au sein du marché– on peut ainsi isoler des groupes de marques dont
les acheteurs se recouvrent plus que prévu. Cette loi permet également de
repérer les marques dont les bases de clientèle ne se chevauchent quasi-
ment pas.
Les données concernant les achats de glace couvrent des marques plus ou
moins premium, des marques vendues uniquement dans de grands bacs,
d’autres seulement sous forme de barres ou de cônes. Ceci aecte leur dis-
tribution, certains magasins ne vendant que des bacs, d’autres uniquement
des esquimaux et des cônes. Connaissant ces diérences fonctionnelles
notables, on pourrait s’attendre à un marché cloisonné. La vraie surprise,
c’est à quel point il l’est peu ; en d’autres termes, il n’est pas loin d’un
unique marché de masse. Voilà une découverte intéressante.
La seule démarcation évidente délimite le bloc Ben & Jerry’s-Häagen
Dazs qui se partagent deux fois plus de clients entre eux qu’ils n’en par-
tagent avec les autres marques; il est cependant intéressant d’observer que
les clients de Ben&Jerry’s ont tout de même plus de chances d’acheter des
glaces Carte d’or que Häagen Dazs. La loi de la duplication se trouve ainsi
un peu inéchie, mais pas enfreinte.
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84 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
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CHAPITRE 6 QUI SONT VOS VÉRITABLES CONCURRENTS ? 85
des céréales conçues pour être consommées froides 5! Cet exemple montre
que les dénitions de catégories orientées produit coupent les directeurs
de marque des véritables comportements d’achat sur le terrain. Même les
dénitions de catégories fondées sur les situations (par exemple, le produit
est destiné à être mangé comme en-cas, partagé, ou oert comme cadeau)
débouchent sur des dénitions trop étroites. La réalité, c’est que peu de
marques sont achetées exclusivement pour des situations spéciques de
consommation et celles qui le sont varient d’un consommateur à l’autre et
au l du temps.
Les dénitions étroites de catégories endorment les directeurs de marque
en leur procurant une dangereuse sensation de sécurité, ce qui risque de
se traduire par des objectifs de croissance exagérément frileux. Ces mana-
gers préfèrent les dénitions de catégories qui font apparaître leur marque
comme ayant une confortable part de marché – personne n’a envie de se
retrouver au dix-septième rang! Les dénitions étroites de catégories sont
donc communément adoptées. Autre inconvénient, elles font paraître le
potentiel de croissance, en particulier le potentiel de pénétration, plus
limité qu’il ne l’est en réalité.
Non seulement la loi de la duplication des achats peut guider la dénition
de catégorie et montrer qui fait concurrence à qui, mais elle peut aussi être
utilisée pour prédire à qui les nouvelles marques se préparent à prendre des
parts de marché (de sorte qu’elles permettent d’estimer la cannibalisation
entre marques d’un même groupe). C’est essentiel pour préparer le lance-
ment d’un nouveau produit.
Cette loi s’applique aussi à la perte et à l’acquisition de clients. Une marque
gagne la plupart de ses nouveaux clients en les prenant aux concurrents qui
détiennent les plus grosses parts de marché et les clients qu’elle perd sont
récupérés par ces derniers. Cette loi peut donc servir de benchmarkpour la
perte et l’acquisition de clients au bénéce ou au détriment de chacun de
ses concurrents. Par exemple, si une marque perd plus de clients au bénéce
d’un concurrent qu’il n’était prévisible eu égard à leurs tailles respectives,
cela révèle un chevauchement inhabituel de leurs stratégies marketing. (La
marque concurrente vient peut-être d’ouvrir un magasin à côté du vôtre?)
5 Les consommateurs se comportent souvent comme s’ils n’avaient pas lu les plans mar-
keting des marques qu’ils achètent.
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86 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
Insight stratégique
L’analyse de la duplication des achats révèle qui fait vraiment concurrence
à qui, mais elle va autrement plus loin. Cette loi si naturelle (qui décrit
plutôt bien les partages de clientèles dans la plupart des catégories) nous
montre comment les marques se font concurrence en général. Nous vivons
et travaillons dans un monde de marchés de masse. Ben&Jerry’s et Häa-
gen Dazs, qui sont proches concurrents, le sont aussi d’autres marques de
glaces, surtout les grosses comme Carte d’or. Cela se passe ainsi dans le
monde entier et dans diverses catégories de biens et services. Par exemple,
les clients que BMW gagne en France proviennent davantage de grandes
marques non-premium comme Renault, Citroën et Peugeot que de
marques de luxe, plus petites, comme Mercedes et Audi (Ehrenberg, 1999).
Il existe bel et bien des subdivisions au sein des marchés ; celles qui
concernent la qualité et les prix sont particulièrement communes. Mais il
faut les considérer comme des sous-marchés et non comme des marchés
vraiment distincts.
Positionnement et subdivisions
Cette aaire de chevauchement des clientèles cadre mal avec l’image four-
nie par les cartes perceptuelles (et autres analyses d’images de marque).
Ces diagrammes montrent généralement certaines marques en concur-
rence directe les unes avec les autres tout en rivalisant très indirectement
avec d’autres marques; la gure6.1 donne une idée de l’allure habituelle
de ces cartes perceptuelles (les marques sont encerclées).
Cette carte perceptuelle des laits aromatisés (café glacé) en Australie per-
met de penser que le marché est très compartimenté. La marque Max
est destinée aux hommes qui travaillent de leurs mains; Farmers’ Union
(FU) est une marque courante, sans image de marque particulière; Dairy
Vale (DV) est une marque pour enfants ou, peut-être, orant des produits
sucrés et premium, tandis que Feel Good (FG) et Take Care (TC) sont des
marques nouvelles, diététiques, destinées à la clientèle féminine. Cepen-
dant, les analyses de duplication des achats ont montré que les cloison-
nements résultent généralement de nettes diérences (ou de similarités)
fonctionnelles entre telle ou telle marque, de facteurs comme où et quand
elles sont physiquement disponibles, et non pas de leurs images de marque.
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CHAPITRE 6 QUI SONT VOS VÉRITABLES CONCURRENTS ? 87
Hommes
Max
Allégé
Diététique
Travailleurs manuels Nouveau
Impopulaire FG
Solution anti-gueule
de bois Nourrissant TC
Très caféiné Marque mineure
Femmes
Gens beaux
FU
Frais Gens moches
Populaire
Sucré
Farmers’ Union 21 8 6 5
Dairy Vale 43 5 5 5
Take Care 52 16 0 20
Max 45 20 0 0
Feel Good 53 27 33 0
Moyenne 48 21 12 3 8
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88 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
Ce qui saute surtout aux yeux, c’est que la loi de duplication des achats est
passée par là. Les marques sont rangées par ordre décroissant en fonction
de leur part de marché et l’on voit tout de suite qu’elles partagent toutes
à peu près la moitié de leurs clients, au cours de cette période, avec Far-
mers’Union, marque détenant la plus grande part de marché. Les ache-
teurs des plus petites marques, Max et Feel Good, se chevauchent très peu.
On observe un cloisonnement de marché évident, qui rapproche Take Care
de Feel Good. Ces deux marques partagent beaucoup plus leurs clients que
la loi de duplication des achats ne permet de le prévoir (voir les chires en
gras du tableau6.4). Leurs produits ont en commun de ne contenir aucun
sucre et aucune matière grasse – comme leur nom le proclame d’avance.
Ces diérences fonctionnelles sont manifestes, tant dans la duplication des
achats que dans la carte perceptuelle.
Cette dernière montre, à juste titre, que Take Care et Feel Good sont
proches concurrentes, mais elle exagère leur degré d’isolement par rap-
port à la concurrence des autres marques.Toutes deux partagent davantage
d’acheteurs avec le gros concurrent Farmers’ Union qu’elles n’en partagent
entre elles – nombre d’entre eux achètent les deux marques. D’une manière
générale, les cartes perceptuelles font apparaître davantage de segmenta-
tion qu’il n’en existe en réalité (Sharp, 1997b). Ceci est dû, en partie, aux
méthodes statistiques sous-jacentes, conçues pour faire ressortir les dié-
rences; ces méthodes sont également sensibles aux cas particuliers conte-
nus dans les données.
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CHAPITRE 6 QUI SONT VOS VÉRITABLES CONCURRENTS ? 89
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90 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
6 Nous avons vu au chapitre5 que même les variantes d’une marque donnée (les SKU)
vendent largement aux mêmes bases de clientèle.
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CHAPITRE 6 QUI SONT VOS VÉRITABLES CONCURRENTS ? 91
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7
Un client
passionnément
attaché
àvotremarque
Byron Sharp
1 Toutes ces marques ont bénécié de la croissance de la catégorie «sports wear»; cette
croissance découle largement du fait que les vêtements et chaussures de sport se portent
maintenant dans la rue, au quotidien.
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94 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
Deux d’entre elles, dont on a beaucoup parlé (sans toujours les comprendre)
sont typiques. Chacune tentait de montrer que le branding peut inéchir
les préférences. Dans la première (McClure et al., 2004), 67volontaires
avaient accepté de subir un scanner du cerveau pendant qu’on leur fai-
sait goûter de petites quantités de cola dispensées au moyen d’un tube
de plastique. Les sujets se livraient ensuite à des dégustations plus tra-
ditionnelles (on leur demandait de boire quelques gorgées de la boisson,
présentée dans de petits gobelets) mais toujours en conditions de tests.
Parallèlement, 16personnes se soumirent à des tests à l’aveugle et la moitié
environ choisirent Pepsi, l’autre Coca-Cola. Leur choix était faiblement
corrélé avec la préférence qu’ils avaient annoncée avant le test: le même
nombre, environ, de ceux qui avaient dit préférer le Coca-Cola choisirent
Pepsi à l’issue du test à l’aveugle et vice versa. On donna à d’autres sujets
deux échantillons du même cola. L’un était identié comme du Coca-Cola
ou du Pepsi, la marque de l’autre échantillon n’était pas révélée – on avait
dit aux sujets que le second cola non identié pouvait être soit du Coca-
Cola, soit du Pepsi (alors qu’en réalité, c’était toujours le même cola que le
premier échantillon)2.
Quand la boisson était étiquetée Coca-Cola, la majorité des sujets décla-
raient le trouver meilleur que l’autre. Il n’en allait pas de même pour les
échantillons marqués Pepsi, peut-être parce que les groupes comptaient
davantage de buveurs de Coca-Cola (les chercheurs n’avaient pas interrogé
les participants sur leurs préférences avant de commencer les tests).
Ensuite, tous les sujets subirent un IRM au cours duquel on leur faisait
boire du cola dispensé par des tubes de plastique. On ne leur demandait
pas d’exprimer une préférence. Mais quand on leur disait qu’ils buvaient du
Coca-Cola, on enregistrait davantage d’activité au niveau de l’hippocampe
et d’autres zones du cerveau considérées comme liées aux connaissances
culturelles et aux souvenirs. Ces réactions étaient moins fréquentes avec
le Pepsi.
Quelles conclusions tirer de tout cela? Premièrement, dans des situations
de tests, les gens font plus conance à leurs yeux qu’à leurs papilles. Par
ailleurs, ils réagissent un peu comme s’ils passaient un examen – comme
2 On dit souvent que cette expérience repose sur le challenge Pepsi. Cependant, ce
fameux challenge Pepsi consiste en deux verres non identiés, l’un contenant du Pepsi,
l’autre du Coca-Cola, ce qui dière donc de l’expérience où les deux verres contiennent
la même boisson. Dans cette situation, les répondants avaient manifestement du mal
à détecter une diérence, de sorte que l’étiquette pouvait sans doute facilement les
inuencer.
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CHAPITRE 7 UN CLIENT PASSIONNÉMENT ATTACHÉ À VOTRE MARQUE 95
si l’on ne jugeait pas que les colas, mais aussi leur performance. Du coup,
le fait de les informer sur ce que le gobelet contenait (leur cola préféré
ou celui qu’ils aimaient le moins), avait largement plus d’importance que
ce que leur disaient leurs papilles, et ce phénomène était encore plus fort
quand l’autre gobelet contenait le même cola (et qu’il n’y avait donc aucune
diérence entre les deux). Ce phénomène a été observé au l de décennies
de tests de goûts. Deuxièmement, l’imagerie du cerveau reète probable-
ment une chose que les psychologues savent depuis des dizaines d’an-
nées: on a tendance à aimer ce que l’on connaît bien. Quand on utilise ou
consomme un produit, on le connaît bien et l’on connaît aussi sa marque,
du coup on aime aussi la marque.
C’est ce que montre également une seconde étude plus récente dont on
a aussi beaucoup parlé. Dans cette recherche (Robinson et al., 2007), on
avait fait goûter à 63enfants de trois à cinq ans deux aliments identiques.
L’un était enveloppé dans une boîte vierge d’inscriptions, l’autre dans le
célèbre emballage de la marque McDonald’s. Les aliments étaient des
hamburgers, des nuggets de poulet et des frites McDonald’s, ainsi que du
lait et deux carottes miniatures. Chaque fois que l’on présentait un nouvel
aliment à l’enfant, par exemple les frites McDonald’s, on lui demandait:
«Peux-tu me dire lequel de ces aliments est de chez McDonald’s?» S’il
ne répondait pas ou donnait une réponse inexacte, l’enquêteur montrait du
doigt le produit étiqueté McDonald’s en disant: «C’est celui-là, tu vois,
le McDonald’s!», ce qui arrivait environ une fois sur trois. Chaque enfant
devait ensuite goûter chacun des deux aliments, puis on lui demandait:
«Dis-moi s’ils ont le même goût, sinon montre-moi celui que tu trouves le
meilleur.» Les enfants ont désigné 182fois le produit portant une marque,
122fois l’autre, ou déclaré qu’ils avaient tous les deux le même goût (ou
qu’ils ne savaient pas).
Plus les enfants étaient des habitués de McDonald’s (information rap-
portée par leurs parents), plus ils étaient enclins à choisir l’aliment mar-
qué McDonald’s3 . Ceux qui vivaient dans des foyers équipés de télévi-
seurs étaient également plus nombreux à choisir l’aliment dont l’emballage
était «brandé». Mais les autres variables – avoir une télévision dans leur
chambre, des jouets McDonald’s à la maison, le temps passé à regarder la
télévision – n’avaient pas d’inuence identiable.
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96 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
Nous avons passé des années à tester les préférences et les items de qualité
– nous avons ainsi appris que lorsqu’on n’introduit qu’un seul item dans
une étude, les personnes interrogées y réagissent fortement, probablement
parce qu’elles sentent qu’elles sont censées y réagir. C’est donc précisé-
ment parce que vous ne donnez qu’un seul indice qu’il devient articiel-
lement saillant. Il est surprenant que l’on fasse encore ce genre d’études.
On obtiendrait sans doute les mêmes piètres résultats préférentiels en se
contentant d’envelopper un article dans du papier kraft et l’autre dans un
joli papier de couleur.
Il ne faut donc pas trop croire aux conclusions de ces études très souvent
téléguidées, qui aboutissent invariablement à des résultats conformes aux
attentes des chercheurs. Notons en revanche qu’elles ne débouchent jamais
sur des résultats fracassants. La principale découverte, ici encore, semble
être qu’un usage antérieur de la marque prédispose légèrement les gens en
sa faveur. C’est l’un des facteurs psychologiques qui renforcent la délité
aux marques.
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CHAPITRE 7 UN CLIENT PASSIONNÉMENT ATTACHÉ À VOTRE MARQUE 97
Cette étude, qui a fait date, est parvenue à la conclusion que la délité aux
marques reposait sur des distinctions apparemment triviales.
L’étude de Tucker était néanmoins limitée et assez articielle. On pour-
rait dire que les acheteurs sont habitués à des diérences plus signica-
tives entre les marques du monde réel et que ces femmes avaient donc agi
comme si c’était également le cas dans le cadre de cette étude. Par ailleurs,
le goût change d’un jour sur l’autre et le pain sans doute aussi – de sorte
que si un jour, un pain paraissait moins bon à une participante, elle évitait
peut-être de prendre la même marque le lendemain. Quoi qu’il en soit,
l’étude montrait que les consommateurs ont tendance à adopter un com-
portement dèle, comme en témoigne le fait que la délité aux marques est
une caractéristique observée sur tous les marchés.
Nous avons vu au chapitre3 que le taux de réachat est assez élevé pour les
voitures, puisqu’il se situe autour de 50% (avec quelques variations d’un
pays à l’autre); près d’une fois sur deux, les personnes qui achètent une
voiture neuve choisissent la même marque que leur voiture précédente. Ce
taux élevé semble incroyable si l’on considère que dans les économies de
marché modernes, on a généralement le choix entre soixante marques de
voitures diérentes. En outre, il s’écoule habituellement un certain nombre
d’années entre l’achat précédent et le nouveau, les modèles changent, ainsi
que les besoins et les circonstances de la vie de l’acquéreur. Les chances
que ce dernier choisisse à nouveau la même marque de voiture paraissent
donc ténues. Si l’on achetait au hasard, il y aurait moins d’une chance sur
cinquante qu’une personne achète deux fois de suite la même marque.
Mais ce n’est pas le cas; il existe clairement des préférences et une délité
comportementales.
On observe cette délité dans toutes les catégories, y compris les services
et les achats des entreprises. Les acheteurs se cantonnent à leur répertoire
personnel de marques, ils achètent donc beaucoup moins de marques qu’ils
ne le pourraient. Il est rare que dix achats se traduisent par dix marques
diérentes de produits ou services achetés. Les clients ne cessent de revenir
à leurs marques favorites4 , dont le nombre est parfois très limité. Le taux
de réachat de 50% pour les voitures est dû au fait que les gens n’hésitent
en moyenne qu’entre deux marques, dont en général celle qu’ils avaient
4 J’utilise le terme «favorite» avec prudence, car il implique que les acheteurs ont des
préférences attitudinales fortes, ce qui n’est absolument pas le cas. J’utilise ce terme
pour renvoyer au fait que nous avons tous des marques que nous aimons bien (et que
nos achats répétés tendent donc à pencher vers ces marques).
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98 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
15
10
0
0 20 40 60 80 100 ... 200
Nombre de chaînes auxquelles le foyer a accès
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CHAPITRE 7 UN CLIENT PASSIONNÉMENT ATTACHÉ À VOTRE MARQUE 99
Fidélité partagée
Si la délité est universelle, elle n’est pas exclusive – les gens n’achètent pas
une seule et unique marque, et plus un individu fait d’achats, plus il achète
de marques diérentes. La délité polygame, ou partagée, est tout à fait la
norme. Aucune marque ne doit donc compter sur ses clients pour lui être
dèles à 100%.
Le tableau7.1 montre la proportion des acheteurs d’une marque qui s’y
sont montrés exclusivement dèles (au cours d’une année donnée). La
moyenne, pour cette sélection de marques, s’établit à 13% de leur clientèle.
La loi de la double peine s’applique aussi à cet indicateur de délité: les
marques les plus petites ont une plus faible proportion d’acheteurs dèles
à 100%. Toutes les marques gurant sur ce tableau se classent parmi les
premières de leur catégorie respective – l’indice de délité est encore plus
bas pour les très petites marques.
Notons que les catégories achetées moins souvent ont davantage de clients
dèles à 100%. Les analgésiques ne sont achetés que cinq fois par an en
moyenne et, comme cette moyenne est faussée (voir Chapitre4), plus de la
moitié de l’ensemble des ménages n’ont réalisé qu’un seul achat dans cette
catégorie. Les personnes n’ayant réalisé qu’un seul achat, par dénition,
apparaissent parmi les clients dèles à 100% – si vous n’achetez qu’une
seule fois, vous ne pouvez acheter qu’une seule marque. Le temps passant,
ces personnes achètent à nouveau le produit concerné et la proportion de
clients dèles à 100% s’eondre. Ce phénomène est évident dans des caté-
gories comme les céréales pour le petit déjeuner et les yaourts, qui sont
achetés plus fréquemment et comptent donc beaucoup moins d’acheteurs
100% dèles.
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100 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
Source :TNS .
5 N’oublions pas que si une marque a une part de marché de 100%, tous ses clients sont
délisés à 100%. Cet indice de délité (le pourcentage d’acheteurs dèles à 100% au
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CHAPITRE 7 UN CLIENT PASSIONNÉMENT ATTACHÉ À VOTRE MARQUE 101
des chips de pomme de terre, ses produits sont en vente partout – il est
donc très facile de n’acheter que des Walkers, surtout si l’on n’achète pas
très souvent des chips.
sein de la base de clientèle) augmente avec la part de marché, comme tous les autres
indicateurs de délité.
6 Voir www.snacks.co.uk
7 Ceci est un exemple extrême, en raison de l’extraordinaire part de marché de Heinz,
qui se traduit par d’énormes diérences entre cette marque et les autres. Normalement,
la loi du monopole naturel est peu sévère, particulièrement si l’analyste ne regarde que
la dizaine des plus grosses marques de la catégorie. Il y a d’autres catégories, comme les
programmes de télévision, où l’on trouve des diérences incroyables en termes de parts
de marché, de sorte que la loi de monopole naturel s’applique de façon très marquée.
Certaines émissions ne sont regardées pratiquement par personne, par comparaison
avec les émissions populaires, et ces minuscules programmes ont une audience compo-
sée essentiellement de grands consommateurs de télévision (c’est-à-dire des personnes
qui regardent pratiquement tout).
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102 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
Tableau 7.2 – Les petites marques sont achetées par les gros acheteurs
de la catégorie
Heinz 53 50 2,9 4
Daddies sauce 4 5 2 6
Source : TNS.
Si les marques qui possèdent les plus grandes parts de marché ont davan-
tage d’acheteurs dèles à 100% que les autres, c’est en partie parce que
beaucoup de leurs acheteurs n’ont fait que très peu d’achats pendant la
période de l’analyse.
Si la période d’analyse est plus longue, la proportion de clients dèles
à 100% décline toujours. Donnez aux gens le temps de faire davantage
d’achats, vous verrez qu’ils achèteront plusieurs marques.
La délité existe, certes, mais elle est tempérée par l’opportunité. Les gens
qui achètent moins de produits ou services d’une catégorie donnée ont
moins de chances d’être indèles. De la même manière, ceux qui font leurs
courses dans des magasins qui référencent peu de marques paraissent éga-
lement plus dèles (ex.: les habitants des petites villes).
8 Il y a des histoires moins terre à terre de délité passionnée, mais elles découlent rare-
ment de l’observation de nombreux clients réalisant des achats répétés. Ces mythes
tirent en fait leur origine d’études où l’on se contentait d’interroger de petits échantil-
lons de clients peu représentatifs.
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CHAPITRE 7 UN CLIENT PASSIONNÉMENT ATTACHÉ À VOTRE MARQUE 103
TÉMOIGNAGES D’AMOUR ?
À en croire Fournier et Yao (1997), les histoires suivantes (que j’ai paraphra-
sées) montrent que des liens puissants peuvent unir les consommateurs à leurs
marques préférées.
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104 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
9 Les auteurs de textes de marketing ont très longtemps débattu la question de savoir ce
qu’est la véritable délité. C’est un exemple parfait de ce que le plus célèbre philosophe
des sciences, sir Karl Pepper, a appelé l’essentialisme, c’est-à-dire chercher à dénir l’es-
sence d’un concept théorique abstrait (Esslemont & Wright, 1994). On peut débattre
à l’inni de certaines questions (Qu’est-ce que l’amour? Qu’est-ce que le marketing?),
mais comme ces questions portent sur les dénitions que nous décidons d’utiliser, il
n’existe aucune manière logique de les résoudre un jour. Armer qu’une approche per-
met de trouver le véritable sens de la délité aux marques alors qu’une autre, par impli-
cation, ne le fait pas, c’est à la fois de la mauvaise philosophie et de la mauvaise science.
Contrairement aux croyances populaires, le but de la science n’est pas de dire ce que
sont les choses mais d’en dire des choses: comment elles se comportent, quels liens elles
ont avec d’autres choses.
Les physiciens vous parleront longuement des propriétés et du comportement de
choses comme la gravité et la masse, alors qu’on ne sait pas exactement ce que c’est. Ce
livre, lui, s’intéresse à ce que l’on peut dire d’un comportement dèle dans le monde
réel, qu’il s’agisse de délité verbale (attitudes exprimées) ou de comportements obser-
vés (achats).
Ne vous laissez jamais entraîner à prendre au sérieux les questions de terminologie. Ce
qu’il faut prendre au sérieux, ce sont les questions de faits et les assertions concernant
ces faits; les théories et les hypothèses; les problèmes qu’elles résolvent et ceux qu’e lles
soulèvent (Popper, 1976).
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CHAPITRE 7 UN CLIENT PASSIONNÉMENT ATTACHÉ À VOTRE MARQUE 105
sont des marques qui créent un lien intime, émotionnel, dont on ne peut
plus se passer. Plus jamais.» (Roberts, 2004) 10
Voici un point de vue plus terre à terre: si les acheteurs ne sont pas pro-
fondément attachés à une marque, il est facile de les attirer vers une autre.
Mais même cette phrase, censée exprimer le bon sens, repose en fait sur
une hypothèse empirique non vériée. Il est tout aussi plausible de dire que
le manque d’amour pour une marque est la pierre angulaire d’une délité
durable.
Le lien à la marque
Les consommateurs sont très occupés. Des centaines de marques se dis-
putent leur attention. Grâce à l’économie concurrentielle moderne et aux
réglementations de l’État, la plupart de ces options sont sans danger. Le
choix de la marque est cependant trivial par comparaison avec la décision
d’acheter, ou non, dans cette catégorie de produits ou services. Et, à part les
voitures, le logement et une minorité d’autres catégories, même la décision
d’acheter un produit de la catégorie est mineure: «Je grignote quelque
chose ou j’attends l’heure du déjeuner?»
Les marques sont un mal nécessaire: elles ajoutent une couche de com-
plexité à la décision d’achat et elles permettent les routines: «Tiens, voilà
ma marque!» ou bien «Ah oui! J’ai entendu parler de celle-ci!» ; ce
genre d’habitudes facilitent l’acte d’achat – le rendent parfois même auto-
matique. Des voitures à la soupe en boîte de conserve, la routine se traduit
par une délité à la marque dépourvue de toute passion 11. Nous sommes
en général si peu conscients de nos habitudes que nous nous apercevons
à peine que nous mangeons la même chose, faisons nos courses dans le
même magasin que la semaine précédente ou la veille, etc. En outre, nous
10 Kevin Roberts, de chez Saatchi and Saatchi, dit que l’idée des «Lovemarks» lui est
venue un soir, alors qu’il venait de boire deux bouteilles de vin rouge. Il dit avoir entre-
pris ses recherches pour «prouver» cette idée!
11 Cela ne veut pas dire pour autant que les émotions ne jouent pas un rôle important
dans la prise de décision et la façon dont nous réagissons à la publicité. Le rôle vital de
l’émotion dans la prise de décision et le traitement de l’information est désormais bien
établi. Mais de là à en déduire que les consommateurs sont, ou devraient être, passion-
nément attachés aux marques, il y a un goure – et un manque total de réalisme. La
plupart des émotions ne sont pas particulièrement extrêmes – les neuroscientiques
disent même que la plupart des réactions émotionnelles sont si ténues que nous ne les
ressentons même pas. L’amour est paré de mille splendeurs, mais il ne joue pas un grand
rôle dans l’achat d’un produit de telle marque plutôt que de telle autre.
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106 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
l’avons vu, la délité est rarement exclusive, cela n’a rien à voir avec la
délité à une équipe de sport ou l’attachement à la patrie. En général, les
gens achètent de façon routinière un certain nombre de marques, de sorte
qu’une délité 100% exclusive est beaucoup plus rare que ne le croient les
marketeurs.
Les livres de marketing présentent parfois ces habitudes d’achat comme des
exemples regrettables du monde réel, désordonné, empêchant les clients de
réaliser leur intention véritable. Mais cette interprétation ne colle pas avec
les faits, on le constate quand on mesure les attitudes, les perceptions et les
intentions. Les pensées et les projets des consommateurs témoignent aussi
de ce détachement prosaïque par rapport à une délité imaginaire.
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CHAPITRE 7 UN CLIENT PASSIONNÉMENT ATTACHÉ À VOTRE MARQUE 107
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108 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
Participants ayant
Réaction initiale Répétition réagi positivement
Marques de la réaction
afrmative (%) afrmative (%) lors de chacune des
deux enquêtes (%)
ANZ 11 53 .53 x 11 = 6 %
St George 11 35 .35 x 11 = 4 %
NAB 11 44 .44 x 11 = 5 %
Colonial 6 33 .33 x 6 = 2 %
Note : Les taux de répétition sont toujours faibles ; en général, moins de 50 % de ceux qui se sont déclarés
d’accord avec l’afrmation de l’enquêteur lors de la première étude répondant afrmativement aussi lors de
la seconde.
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CHAPITRE 7 UN CLIENT PASSIONNÉMENT ATTACHÉ À VOTRE MARQUE 109
Banques Progressistes 22 47
Offrent un service
Assurances rapide 17 42
Vins/spiritueux Unique 10 36
Note : Les taux de répétition sont généralement faibles. Moins de 50 % des personnes s’étant déclarées
d’accord avec une afrmation lors d’une enquête apportent la même réponse la fois suivante.
Cela ne veut pas dire que nos attitudes et l’idée que nous avons de la marque
soient le fruit du hasard, mais que les souvenirs que nous en avons indivi-
duellement, comme nos achats de cette même marque, sont soumis à la loi
des probabilités. Nous avons tous une propension régulière et constante à
penser quelque chose et pour la plupart de nos opinions, cette propension
n’est pas de 100%. Que nous nous souvenions ou non d’une conviction
que nous avons exprimée auparavant dépend énormément de la situation,
13 Ann Sharp (2002) a montré que le taux de répétition est un peu plus élevé que prévu si
les personnes interrogées sont des étudiants (ce qui est probablement dû à l’articialité
de l’expérience). Dolnicar et Rossiter (2008), désagréablement surpris par la découverte
de ces faibles taux de répétition, ont tenté de montrer que le phénomène était un arte-
fact méthodologique. Ils ont essayé d’appliquer diverses variations méthodologiques
aux études réalisées en milieu universitaire mais n’ont abouti qu’à une augmentation
minuscule de la stabilité des réponses.
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110 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
cela n’a rien d’étonnant14 , et est très conditionné par les phrases qu’utilise
l’enquêteur pour tenter de nous faire répéter cette opinion. En outre, cela
peut changer en fonction d’autres choses qui peuvent nous passer par la
tête au moment où l’on nous pose la question.
Notre comportement d’achat de marque est le suivant: je choisis peut-être
Avis 60% des fois où je loue une voiture, mais cela ne veut pas dire que, à
l’occasion, je ne choisirai pas Hertz (bien au contraire, cela montre que je
choisirai certainement parfois Hertz) et même deux ou trois fois de suite.
Ce comportement peut sembler aléatoire, mais il ne l’est pas; chaque fois
que je prends Hertz ou Avis, j’ai des raisons de le faire. Mais ces raisons
sont tellement variables qu’en observant mes choix de loin, on pourrait pen-
ser que j’ai tiré à pile ou face (et la pièce était pipée, favorable à Avis à 60%).
Nos attitudes (c’est-à-dire nos évaluations positives ou négatives) ne font
peut-être que reéter nos achats. Notre comportement a un eet puissant
sur ces attitudes. Mais la nature changeante de nos intentions (ou du sou-
venir que nous en avons) est aussi l’une des nombreuses causes du caractère
probabiliste de nos habitudes d’achat. Les attitudes jouent vraisemblable-
ment un rôle, même s’il est modeste, dans le trucage de la pièce que nous
tirons à pile ou face.
La grande découverte, c’est que l’essentiel de ce que nous pensons des
marques n’est pas absolu. Il est naturel de cocher la case disant que la
marque nous donne «entièrement satisfaction» puis, une heure plus tard,
de cocher la case «me donne à peu près satisfaction». À la vérité, le plus
clair de ce que nous pensons des marques est si trivial, si peu rééchi, que
nous sommes susceptibles de changer d’avis en une seconde15. En fait, je ne
devrais pas écrire «changer d’avis» – il serait plus exact de dire que nous
n’avons pas encore décidé ce que nous pensons de telle ou telle marque.
Ou plutôt que nous avons décidé d’en penser ceci ou cela/de l’aimer/de
l’acheter quelquefois.
Il en résulte que l’attachement attitudinal à des marques (ou au fait de les
acheter) est beaucoup plus faible que la mythologie du marketing veut
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CHAPITRE 7 UN CLIENT PASSIONNÉMENT ATTACHÉ À VOTRE MARQUE 111
bien le dire. Mais il peut exister; par exemple, l’ordinateur Apple dont je
me sers pour écrire ce livre m’est, personnellement, assez cher. À partir de
là, on peut se demander s’il est vraiment possible, pour une marque, de
construire une délité exceptionnelle, qu’elle soit fondée sur des émotions
ou sur des symboles. Quelle importance revêtent pour la marque ces clients
si enthousiastes? Certaines marques ont-elles réussi plus brillamment que
d’autres à se créer une base d’utilisateurs passionnés?
16 À en croire Morgan Spurlock, le metteur en scène du lm Super Size Me, Don Gorske
range toutes les boîtes de Big Mac qu’il mange dans son grenier. Wikipedia note égale-
ment qu’il a demandé sa femme en mariage sur le parking de son McDonald’s préféré.
Voir http://en.wikipedia.org/wiki/Don_Gorske.
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112 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
Qantas et Swiss Air ont toutes été nominées, ainsi que beaucoup d’autres
compagnies aériennes. Parmi les constructeurs automobiles, General
Motors, Ford, Honda, Mazda, Mitsubishi, Mercedes, Nissan, Toyota et
Saturn l’ont aussi tous été17 . Cela montre que n’importe quelle marque peut
avoir quelques fans, quelques Don Gorske; mais cela ne montre pas que
certaines marques sont «spéciales» ou que leurs fans aient une importance
stratégique ou nancière pour les marketeurs. Cela donne l’occasion de
raconter une bonne histoire, c’est tout. Les agences de publicité, qui en
général n’y connaissent pas grand-chose en matière de comportement du
consommateur, adorent ces histoires.
17 Si vous vous faisiez voler la Ford que vous veniez de choisir et de payer mais qu’un gen-
til millionnaire, ayant vent de votre histoire, vous envoyait un nouveau modèle similaire
de chez Chrysler – cela vous dérangerait-il? Quelques personnes (ingrates) auraient
peut-être regretté qu’on ne leur ait pas envoyé une Ford (il y a toutes sortes de gens, en
ce monde) mais je soupçonne qu’il n’y en aurait pas beaucoup.
18 http://edition.cnn.com/2008/TECH/biztech/08/29/apple.loyal.ap/index.html.
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CHAPITRE 7 UN CLIENT PASSIONNÉMENT ATTACHÉ À VOTRE MARQUE 113
Kelloggs (exemple légèrement absurde choisi par Parker & Stuart, 1997),
mais cela en dit plus long sur les catégories de produits respectives que sur
le comportement d’achat de la marque19.
Quels sont les faits, concernant la délité à Apple et à Harley-Davidson?
Premièrement, comme pour les autres marques, leurs clients sont dèles –
et polygames – à un certain nombre de marques. Le SCR (share of category
requirements, indicateur un peu équivalent à la part de marché) de Har-
ley-Davidson se situe aux alentours de 33%. Autrement dit, les gens qui
achètent une Harley-Davidson achètent deux fois plus souvent une moto
d’une autre marque qu’une Harley. C’est un chire très normal pour une
marque. De la même manière, le taux de réachat des produits Apple est
très inférieur à 100% et n’est pas très diérent de celui de ses concurrents.
Le tableau7.5 en apporte quelques exemples.
Tableau 7.5 – Les propriétaires d’un Apple sont à peine plus dèles
que la moyenne
19 De fait, les motards roulant en Harley-Davidson ont plus de chances d’avoir des
tatouages de toutes sortes que l’acheteur moyen de céréales pour le petit-déjeuner
(eet de sélection statistique). En outre, les premiers achats de motos et les premiers
tatouages semblent coïncider, alors que les consommateurs mangent leurs premiers
Cornakes à un âge où leur maman ne leur permettrait pas de se faire tatouer s’ils en
exprimaient le désir.
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114 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
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CHAPITRE 7 UN CLIENT PASSIONNÉMENT ATTACHÉ À VOTRE MARQUE 115
Conclusion
Nous essayons d’éviter les contradictions entre nos attitudes (évaluations
positives ou négatives) et notre comportement. Comme les marques ne
sont pas très importantes à nos yeux, nos achats tendent à renforcer des
attitudes apathiques au départ – nous aimons ce que nous achetons. Nos
attitudes reètent la nature partagée de notre délité aux marques. Elles
renforcent aussi faiblement notre comportement du moment, de sorte que
nous sommes satisfaits de notre répertoire personnel de marques. Au sein
de la clientèle de chaque marque, un petit nombre d’individus s’impliquent
avec beaucoup plus de zèle. Telle ou telle marque est peut-être un élément
essentiel de leur image de soi – telle un étendard, elle proclame haut et fort,
à eux-mêmes et aux autres, la femme ou l’homme qu’ils sont. Mais l’impact
de ces fanatiques sur le marketing de la marque se révèle très limité. La
plupart des clients d’une marque n’y pensent guère et s’en chent plus ou
moins royalement – mais le brand manager ne peut pas se permettre de les
négliger car ils représentent l’essentiel du volume des ventes: la marque a
donc besoin d’eux si elle veut augmenter son chire d’aaires.
Tout ce que nous venons d’apprendre ici sur le consommateur contribue
à expliquer les découvertes et les recommandations des chapitres2, 3 et 4
concernant les comportements d’achat et la croissance de la marque.
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8
Diérenciation et
distinction de l’ore
Byron Sharp et Jenni Romaniuk
Au lieu de se battre pour créer une diérenciation dont le sens serait plei-
nement perçu par les consommateurs, les marketeurs devraient faire en
sorte que leur marque se distingue, sans chercher midi à quatorze heures.
Le branding, bien conduit, aboutit à des résultats durables. Ce n’est pas le
cas de la diérenciation.
TA MARQUE TU DIFFÉRENCIERAS
Les manuels attachent une immense importance à la différenciation, pièce maî-
tresse selon eux de toute stratégie marketing.
• « La différenciation joue un rôle essentiel dans le marketing (…). Tout le
reste découle de cela et uniquement de cela. » (Theodore Levitt)
• « Toute publicité doit faire une proposition. (…) Pas de la poudre aux yeux
[elle doit dire] “achetez ce produit, vous en obtiendrez ce bénéce spéci-
que (…) qu’aucun produit concurrent ne peut vous offrir”. » (Rosser Reeves)
• « La différenciation est la pierre angulaire d’un marketing réussi. » (Philip
Kotler)
• « La différenciation doit apporter un plus aux clients. (…) Si une marque ne
parvient pas à se différencier à leurs yeux, ils n’ont aucune raison de choisir
tel ou tel produit plutôt que tel ou tel autre. Sans différenciation, on ne peut
ni créer ni conserver une clientèle dèle. » (David Aaker)
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118 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
1 Les réponses à ces questions sont: 1) en règle générale, non, là n’est pas le principal eet
de la publicité; 2) non.
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CHAPITRE 8 DIFFÉRENCIATION ET DISTINCTION DE L’OFFRE 119
2 Ces indices perceptuels sont développés sans que l’on prenne beaucoup de temps, aupa-
ravant, pour se demander comment ils pourront être interprétés les uns par rapport aux
autres; par exemple, qu’est-ce que cela veut dire si une marque obtient un bon score sur
«Est un bon partenaire en business», mais un mauvais sur «Comprend nos besoins»?
On consacre donc beaucoup d’eorts à chercher a posteriori ce qui pourrait expliquer un
inme changement de l’image de marque.
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120 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
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Tableau 8.1 – Association marque-attributs
Attributs (%)
Entreprise Conance Efcacité Relation client Pertinence Solution Innovante Essentielle Moyenne
FedEx 95 94 84 79 69 60 39 74
A 96 95 85 81 72 63 37 76
Nokia 96 83 75 67 65 89 22 71
B 97 87 82 76 75 47 32 71
C 94 78 72 70 75 54 46 70
Oracle 93 83 73 53 60 85 19 67
D 94 90 85 58 81 66 23 71
Moyenne 94 87 79 69 71 66 31 71
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CHAPITRE 8 DIFFÉRENCIATION ET DISTINCTION DE L’OFFRE
121
122 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
Toutes les marques sont donc perçues de la même manière par ceux qui les
connaissent. Même les petites marques obtiennent un taux d’approbation
similaire de leur petit nombre d’acheteurs.
Dès l’instant où l’on connaît ces tendances, il est facile de repérer les rares
exceptions, par exemple le fait que Nokia et Oracle soient considérées
comme plus «innovantes». Rien d’inattendu ni de passionnant à cela.
Cela ne veut pas dire que certaines marques ne sont pas perçues comme
diérentes de leurs concurrentes, mais les diérences signicatives de per-
ception reètent en général des aspects fonctionnels très évidents ; par
exemple, les marques américaines sont perçues comme américaines, les
françaises comme françaises, les marques très chères comme très chères.
Les études perceptuelles sont utiles tout de même – simplement, elles sont
beaucoup moins déterministes et mystérieuses qu’on ne le dit en général.
Leur utilité réside dans l’utilisation qu’en font les marketeurs pour s’assu-
rer que leur publicité incarne vraiment la marque (autrement dit, si vous
voulez que votre publicité vous ressemble, vous avez besoin de savoir l’idée
que le marché se fait déjà de vous).
La personnalité de la marque
Il est très dicile de trouver des attributs d’image exotiques (c’est-à-dire
sans rapport avec des caractéristiques fonctionnelles évidentes) suscep-
tibles de diérencier nettement des marques concurrentes. Une tentative
récente consiste à donner une personnalité à une marque. Les chercheurs
ont commencé, il y a bien longtemps, par faire porter leurs investigations
sur l’impact de la personnalité de l’acheteur sur le choix de la marque.
On a vite montré qu’il était nul. La célèbre étude de Franklin B. Evans
sur les acheteurs de Ford par opposition aux acheteurs de Chevrolet a été
l’une des premières à contester cette notion: elle n’a en eet trouvé aucune
diérence dans les traits de personnalité des clients de ces deux marques
(Evans, 1959).
Les chercheurs ont cependant persisté. Leur but était désormais d’iden-
tier la personnalité humaine incarnée par la marque. L’intérêt pour cette
question s’est accru avec la publication de l’échelle de la « personnalité
de la marque» de Jennifer Aaker (1997), qui mesure les caractéristiques
humaines que les consommateurs associent aux marques, comme le charme
ou la simplicité.
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CHAPITRE 8 DIFFÉRENCIATION ET DISTINCTION DE L’OFFRE 123
4 Nous avons poussé un soupir de soulagement en constatant que très peu de personnes,
en Grande-Bretagne (environ 3%), considèrent leur marque de condiment comme
«charmante».
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124 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
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CHAPITRE 8 DIFFÉRENCIATION ET DISTINCTION DE L’OFFRE 125
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126 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
qu’un résultat de la diérenciation. Cela veut dire que toutes les marques
devraient en bénécier. Mais s’il existe une diérenciation substantielle
au niveau de la marque, alors pourquoi la délité ne diérerait-elle pas
d’une marque à l’autre? Pourquoi les marques de niche, qui ont une base
de clientèle petite mais extrêmement dèle, sont-elles si peu nombreuses?
La seconde chose à prendre en compte, c’est que si la diérenciation au
niveau de la marque est forte, alors cette marque doit plaire davantage
à un genre bien particulier de personnes, qui apprécient le style d’ore
diérenciée de la marque. Pourtant, comme nous l’avons vu au chapitre5,
les prols des utilisateurs de diverses marques ne dièrent pas beaucoup
– les marques concurrentes d’une catégorie donnée vendent en eet leurs
produits ou services à des bases de clientèle très similaires (Kennedy &
Ehrenberg, 2000; Kennedy & Ehrenberg, 2001a). Certes, les utilisateurs
des marques dont les prix (et la qualité) sont extrêmement diérents n’ont
pas le même prol; les marques chères vendent généralement leurs pro-
duits et services à des clients disposant de moyens nanciers plus impor-
tants. Mais au sein de chaque groupe, les bases d’utilisateurs des marques
sont similaires: les clients de Versace ressemblent à ceux de Gucci, ceux de
Nike à ceux d’Adidas.
La théorie de la diérenciation suggère que le marché est très cloisonné
(et que les marques partageraient plus ou moins de clients sans corrélation
avec leurs parts de marché respectives). Les marques très diérenciées les
unes des autres devraient partager très peu de clients; celles qui sont posi-
tionnées de façon similaire devraient en partager beaucoup. Or la loi de la
duplication des achats, selon laquelle les marques se partagent les clients
en fonction de leurs parts de marché respectives, s’applique si largement
que le cloisonnement est forcément peu marqué (voir Chapitre6).
Si le degré de diérenciation des marques varie, les élasticités-prix
devraient varier également, puisque les clients des marques les plus dif-
férenciées devraient être moins sensibles au prix. Or elles semblent varier
davantage avec le contexte du changement de prix (voir Chapitre10). On
peut donc penser, là encore, que les marques d’une même catégorie ont des
niveaux de diérenciation similaires.
Enn, il nous faut considérer le modèle mathématique puissant, fondé sur
des données empiriques, dit NBD-Dirichlet (Goodhardt, Ehrenberg &
Chateld, 1984). Ce modèle part de l’hypothèse que les marques concur-
rentes constituent des choix indiérenciés, plus ou moins populaires. Le
monde réel est conforme à ce modèle, qui est d’ailleurs capable de prédire
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CHAPITRE 8 DIFFÉRENCIATION ET DISTINCTION DE L’OFFRE 127
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128 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
La différenciation perçue
Comment, dès lors, les gens choisissent-ils entre les ores des diverses
marques ? Ont-ils besoin de percevoir que celle qu’ils achètent est dif-
férente des autres? Leur faut-il une autre raison d’acheter la marque (à
part le fait qu’elle ore les bénéces de la catégorie, par exemple cette
glace a bien le goût de glace, cette carte de crédit fonctionne bien comme
une carte de crédit)? Des études systématiques portant sur diverses caté-
gories de produits et services, dans des pays diérents, réalisées avec des
méthodes et des questions diérentes révèlent deux tendances solides:
1 les acheteurs d’une marque donnée perçoivent à peine sa diérencia-
tion – ce qui ne les empêche pas de renouveler dèlement leurs achats;
2 le niveau de diérenciation perçue d’une marque est très similaire à
celui de ses concurrentes.
Le tableau8.2 montre la proportion d’acheteurs réguliers d’une marque
souscrivant à l’armation que cette marque est diérente ou unique.
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CHAPITRE 8 DIFFÉRENCIATION ET DISTINCTION DE L’OFFRE 129
Dans tous les marchés que nous avons examinés, que ce soit avec nos don-
nées ou avec d’autres, on observe des tendances similaires: en moyenne,
10% des utilisateurs de chaque marque pensent qu’elle est diérente des
autres. Ces réponses pourraient reéter l’indiérence des personnes répon-
dant à nos questionnaires de recherche, mais trois indicateurs montrent
que ce n’est pas le cas. Premièrement, au sein de chaque marché, il y avait
des marques exceptionnelles, dont les diérences fonctionnelles étaient
évidentes. Par exemple, les supermarchés Aldi, qui ne référencent pas les
marques nationales, obtenaient 67 % de « Diérente » ; alors que dans
la catégorie restauration rapide, la marque Subway, qui ne vend que des
sandwichs, obtenait 50% pour la qualication «Unique» comparée avec
McDonald’s, Domino’s et KFC. Les répondants étaient donc capables d’in-
diquer un élément perçu comme diérencié. Mais la plupart des marques
étaient rarement perçues comme telles. Deuxièmement, les diérences au
niveau des catégories se retrouvaient dans les réponses. Troisièmement,
les résultats reétaient les diérences auxquelles on peut s’attendre entre
les divers marchés. Par exemple, les sodas sont plus diérenciés que l’eau
minérale. Les boissons spiritueuses et les produits dermatologiques – caté-
gories que nous avions choisies délibérément car elles sont très sensibles
à l’image et soutenues par d’énormes budgets publicitaires – ont obtenu
les niveaux les plus élevés de diérenciation perçue (même si ces derniers
restaient faibles).
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130 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
8 Ceci coïncide avec la recherche qui montre que les enquêtes perceptuelles employant
des échelles de notes, des classements ou des cases à cocher aboutissent toutes à des
constats similaires (Barnard & Ehrenberg, 1990; Driesener & Romaniuk, 2006).
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CHAPITRE 8 DIFFÉRENCIATION ET DISTINCTION DE L’OFFRE 131
9 Quand cette étude a été réalisée, les ordinateurs Apple fonctionnaient avec MacOS9
et n’étaient pas encore en mesure de passer facilement à Windows. D’autres marques
d’ordinateurs utilisaient généralement Windows 95. Apple proposait au marché des
iMacs colorés alors que ceux de la concurrence étaient beiges ou, très rarement, noirs.
10 La délité légendaire d’Apple apparaît aussi comme une exagération, voir Chapitre7.
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132 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
De nombreux auteurs conseillent aux marketeurs de tout faire pour que les
clients perçoivent la diérenciation de leur marque. Mais même ceux qui
gèrent des marques extraordinairement orissantes n’y ont apparemment
pas réussi. Cela nous conduit à la conclusion que la diérenciation perçue
ne joue pas un grand rôle dans la réussite des marques. Ce n’est certaine-
ment pas une question de «se diérencier ou mourir»; si c’était le cas, la
plupart des marques que nous achetons auraient disparu.
La littérature consacrée au comportement du consommateur s’attache,
depuis des décennies, à expliquer que le consommateur choisit une marque
plutôt qu’un autre principalement selon la perception qu’il a des caracté-
ristiques de cette marque. Ce n’est pas là-dessus que ces auteurs devraient
insister. Si les acheteurs d’une marque ne pensent pas souvent qu’elle est
diérente des autres ou unique, ce n’est sans doute pas la principale raison
de leur choix. C’est ailleurs qu’il faut en chercher l’explication.
Associant la marque
Utilisateur de Différente (%) Unique (%)
à l’un ou à l’autre (%)
HP 4 8 11
Toshiba 11 5 13
Compaq 10 10 18
IBM 16 13 18
Apple 15 25 23
Dell 5 5 5
Moyenne (générale) 9 10 14
Note : Seulement le quart des utilisateurs d’Apple pensent que la marque est différente ou unique.
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CHAPITRE 8 DIFFÉRENCIATION ET DISTINCTION DE L’OFFRE 133
11 Il est intéressant de constater qu’entre la pizza, les burgers et le poulet, ce dernier est
généralement le plus populaire. Pourtant, McDonald’s est la plus grande rme du sec-
teur – son chire d’aaires est plus du double de ceux, additionnés, de Pizza Hut et
KFC. Dans la plupart des marchés, McDonald’s jouit d’un avantage très considérable
sur ses deux rivaux en termes de disponibilité mentale et physique (voir Chapitre12).
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134 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
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CHAPITRE 8 DIFFÉRENCIATION ET DISTINCTION DE L’OFFRE 135
Un élément distinctif, c’est tout ce qui montre aux gens de quelle marque
est le produit qu’ils ont sous les yeux. Ces éléments peuvent être utilisés
sur le packaging et dans les publicités, sur les présentoirs en point de vente
et dans les événements sponsorisés – ainsi que dans toute activité marke-
ting où l’on souhaite que le consommateur puisse identier la marque. On
cherche ainsi à construire, rafraîchir ou renforcer les structures mémorielles
du consommateur ou à simplier l’achat en l’aidant à localiser la marque.
Plus les liens entre ces éléments distinctifs et le nom de la marque sont
puissants et récents, plus il est facile pour le consommateur d’identier
cette marque.
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136 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
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CHAPITRE 8 DIFFÉRENCIATION ET DISTINCTION DE L’OFFRE 137
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138 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
Conclusion
Les lois scientiques, la théorie et les observations empiriques directes
remettent en cause l’importance accordée à la diérenciation signicative
perçue. La diérenciation existe, certes, mais à un faible degré, qui varie
peu d’une marque à l’autre; en outre, elle revêt beaucoup moins d’impor-
tance qu’on ne le dit sans cesse. Les marques d’une même catégorie ne
varient pas signicativement en termes de degré de diérenciation, perçue
ou non. Si Pizza Hut, McDonald’s et KFC vendent des produits diérents
(pizza, burgers et poulet frit, respectivement), la réalité, c’est que ce sont
trois marques concurrentes de restauration rapide.
Ce constat a débouché sur l’émergence d’une autre priorité stratégique
pour le marketing: il est en eet vital de construire des qualités distinctives
susceptibles d’accroître la visibilité de la marque dans son environnement
concurrentiel (autrement dit, le branding est appelé à jouer un rôle crucial).
Les attributs distinctifs aident les consommateurs à remarquer, reconnaître,
mémoriser et (ce n’est pas sans importance) acheter la marque. Mettre l’ac-
cent sur le caractère distinctif, cela veut dire consacrer moins d’énergie à
tenter de trouver des ores uniques, mais beaucoup plus à s’eorcer de
trouver des caractéristiques uniques permettant une identication immé-
diate. Ce ne sont certes pas les attributs distinctifs qui poussent les clients
à acheter votre marque; en revanche, ils leur permettent de savoir où sont
vos produits et quelle marque ils viennent d’acheter. Ils ouvrent la voie à
la délité.
Les trois chapitres suivants présentent des observations empiriques sur la
façon dont fonctionnent les interventions marketing, comme la publicité
et les promotions de prix. Je reviendrai ensuite sur la question de savoir
comment les marques se font concurrence et ce que les marketeurs doivent
mettre en place pour acquérir une plus grande part de marché à long terme.
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9
Comment
la publicité
fonctionne-t-elle
réellement?
Byron Sharp
I l était une fois deux petites lles, Georgiana et June, qui habitaient un petit vil-
lage français. Leurs parents avaient un beau verger, avec beaucoup de citron-
niers. Elles décidèrent donc, un beau jour, de faire de la limonade. Au l du
temps, elles perfectionnèrent leur recette. Chaque été, pendant les vacances,
elles vendaient leur limonade à leurs amis et voisins.
Les petites lles grandirent, se marièrent et s’installèrent dans la grande ville.
Hélas, elles habitaient loin l’une de l’autre et ne se voyaient pas souvent. Mais
elles continuèrent toutes les deux à faire et à vendre de la limonade.
Georgiana avait épousé le propriétaire d’un journal (June, un avocat) et, une
année, elle décida de faire de la publicité pour sa limonade dans le journal de
son mari. On pouvait y lire : « La limonade de Georgiana : le vrai goût du citron. »
Elle se mit à en vendre de plus en plus – elle dut nalement s’approvisionner
en citrons supplémentaires. Les années suivantes, ses ventes continuèrent à
progresser lentement avec, de temps en temps, une hausse plus forte quand un
nouveau magasin référençait ses limonades.
Pendant ce temps, les ventes de limonade de June continuèrent aussi à pro-
gresser un moment puis elles restèrent longtemps stables, avant de se mettre
…/…
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140 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
1 Cela fait des décennies que les marketeurs les plus astucieux observent cette absence
apparente de réactivité des ventes suite à la publicité. Elle est également bien documen-
tée par la recherche académique sur les changements du poids de la publicité (ex.: Hu
et al., 2009; Lodish et al., 1995) et les élasticités liées à la publicité (ex.: Tellis, 2009).
En déduire que la publicité n’a pas d’eet sur les ventes est une erreur commune décou-
lant de cette recherche.
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CHAPITRE 9 COMMENT LA PUBLICITÉ FONCTIONNE-T-ELLE RÉELLEMENT ? 141
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142 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
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CHAPITRE 9 COMMENT LA PUBLICITÉ FONCTIONNE-T-ELLE RÉELLEMENT ? 143
mais porte sur une longue période. Il faut en général frapper un grand
coup pour provoquer une hausse visible des ventes hebdomadaires 2.
C’est particulièrement vrai pour les grosses marques, dont les dépenses
publicitaires sont faibles relativement aux sommes investies dans d’autres
budgets marketing, comme le bouche-à-oreille, la présence dans les rayons
(l’espace occupé sur les linéaires, c’est aussi de la publicité) et la considéra-
tion pour la marque (obtenue grâce aux publicités antérieures). Les coups
d’accélérateur ou de frein dans les dépenses publicitaires auront plus d’eet
sur les ventes d’une petite marque, car elle ne dispose pas d’un large socle
d’acheteurs, ni d’atouts marché préexistants.
Les modèles statistiques concluent à une corrélation faible entre l’évolution
des dépenses publicitaires et celle des ventes. Mais si l’on gratte un peu et
que l’on sépare les consommateurs ayant été exposés à la publicité de ceux
qui ne l’ont pas vue, on découvre des eets sur les ventes qui étaient mas-
qués jusque-là. La valeur des données au niveau individuel est illustrée en
gure9.1. Ces données montrent en eet que malgré le déclin du chire
d’aaires (dû à la pression concurrentielle), la publicité pour la marque avait
vraiment généré des achats parmi les consommateurs qui l’avaient vue.
$250 $258
$257
$212
$192
de 4 semaines
Pression concurrentielle
2 De la même manière, le chire d’aaires ne s’eondre pas d’un coup quand la publicité
s’arrête, c’est à moitié pour cette raison que les marketeurs ont du mal à défendre leur
budget en période de compression des coûts.
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144 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
Lorsque des contrôles rigoureux d’autres sources d’inuence sur les ventes
sont en place (ex.: Danaher, Bonfrer & Dhar, 2008), les eets de la publi-
cité apparaissent plus marqués, comme on peut s’y attendre; cependant,
quand les données sont agrégées et non individualisées, il est extraordinai-
rement dicile de déceler ces eets sur les ventes.
Voici un concept dicile à saisir car il semble contre-intuitif – la publi-
cité génère des ventes, même quand le chire d’aaires ne change pas. Et
même quand il change, son évolution ne reète pas le véritable eet de la
publicité sur les ventes. L’évolution des chires de la semaine ou du mois
ne révèle pas l’impact de la publicité sur les ventes – c’est comme la pointe
de l’iceberg, mais nous ne savons pas quelle proportion de l’iceberg entier
cette pointe représente.
Ce n’est pas toujours le cas; l’eet sur les ventes de certaines publicités est
immédiat. Un exemple: celles qui informent le public d’un événement lié
à une date, par exemple: «Les soldes se terminent jeudi prochain3 .»
Mais la plupart des publicités aectent des personnes qui n’achèteront pas
la marque avant des semaines, de sorte que leur eet sur les ventes se pro-
longe loin dans le futur. Leur répercussion sur les ventes de la semaine
est donc si mince qu’un coup d’accélérateur ou de frein ne se traduit par
aucun changement visible sur la trajectoire des ventes. Broadbent (1989)
propose une analogie éloquente: «Les ventes d’une marque sont comme
3 Certaines publicités ont des eets « de récurrence» très marqués – elles relèvent de
catégories où les acheteurs montrent très peu d’intérêt jusqu’à ce qu’ils se mettent à
chercher activement tel ou tel produit ou service, par exemple les crédits immobiliers,
l’assurance, les meubles, les ordinateurs et les voitures. Dans ces catégories, quand les
consommateurs ne sont pas prêts à acheter, ils ne prêtent pas attention à la plupart des
publicités mais, peu avant leur achat, ils y deviennent incroyablement plus réceptifs.
C’est la raison pour laquelle la publicité, dans ces catégories, a un eet beaucoup plus
immédiat. Une autre manière, tout aussi bonne, de décrire ceci est de dire que la publi-
cité a dans ce cas moins d’eet à long terme (elle n’en a guère sur les clients potentiels
qui ne sont pas encore prêts à réaliser leur achat). Mais même dans ces catégories,
quelques publicités touchent tout de même des personnes qui ne sont pas encore prêtes
à acheter. Ce serait donc une erreur de juger de leur ecacité en se fondant uniquement
sur l’augmentation du chire d’aaires de la semaine – elle se prolonge loin dans l’ave-
nir, quand le futur acheteur qui l’a vue sera enn prêt à acheter dans la catégorie. Une
telle publicité peut être particulièrement ecace, sans pour autant aecter le chire
d’aaires de la semaine. C’est le genre de publicité susamment divertissante pour
attirer l’attention de personnes qui ne sont pas encore «dans le marché»; citons par
exemple celle d’Apple «I’m a Mac, I’m a PC» et celles de HSBC évoquant des «pers-
pectives diérentes».
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CHAPITRE 9 COMMENT LA PUBLICITÉ FONCTIONNE-T-ELLE RÉELLEMENT ? 145
4 À l’évidence, d’autres personnes auront été touchées par la publicité des concurrents et
d’autres inuences, de sorte que cette puissante publicité peut encore ne pas se voir au
sein des changements toutes causes confondues de chire d’aaires.
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146 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
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CHAPITRE 9 COMMENT LA PUBLICITÉ FONCTIONNE-T-ELLE RÉELLEMENT ? 147
5 L’eet est facile à voir parce que le changement de la propension à l’achat du consom-
mateur est assez important ; la marque dépense une somme assez conséquente par
client, alors que par le biais de la publicité, la dépense par client est très faible et se
traduit pas une incitation plus douce.
6 En vérité, certains souvenirs créés par la publicité durent indéniment. Leur saillance
peut faiblir, mais ils sont toujours là, il est toujours possible de les rafraîchir. Vous n’ou-
blierez jamais entièrement que les arches dorées, c’est McDonald’s, que Google est un
moteur de recherche, etc.
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148 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
les eets des promotions et ceux de la publicité dans une seule tentative de
modélisation pour quantier leurs eets relatifs respectifs.
La bonne nouvelle, c’est que l’on peut observer l’impact de la publicité sur
les ventes même quand un marché et les ventes de l’annonceur sont stables.
Pour ce faire, il faut disposer de « données de source unique» enregis-
trant au niveau individuel, en continu, au l du temps, ce que chaque indi-
vidu achète et à quelles publicités il est exposé. Pour expliquer l’avantage
de ce type de données, voyons comment un professionnel du marketing
direct évaluerait l’impact d’une campagne destinée à un certain nombre
de foyers sélectionnés à Chicago. Utiliserait-il des données nationales ?
Non. Il examinerait les habitudes d’achat des foyers auxquels il envoie son
courrier. Personne ne s’attend à ce que les ventes changent dans les foyers
qui n’ont pas reçu la lettre. Par ailleurs, pour estimer correctement l’impact
réel sur les ventes, il comparerait les ventes réalisées dans les foyers ayant
reçu le courrier à un benchmark, comme leur historique d’achat antérieur
ou les achats de foyers similaires à qui, délibérément, il a décidé de ne pas
l’adresser. Les données de source unique permettent d’employer la même
approche logique pour évaluer l’impact des publicités télévisées, presse ou
autre (Kennedy, McDonald & Sharp, 2008; McDonald & Sharp, 2005).
Quarante ans d’analyse de données de source unique nous ont permis
d’accumuler des preuves empiriques solides démontrant que les publici-
tés stimulent les achats de ceux qui y sont exposés (et que certaines sont
incroyablement plus performantes que d’autres). Ces résultats ont été
conrmés par des données concernant un vaste éventail de marques, de
catégories, de pays ( Jones, 1995a & b; McDonald, 1969; Roberts, 1994,
1996 et 1998). C’est une bonne nouvelle pour les annonceurs. C’est aussi
une bonne nouvelle pour ceux qui souhaitent mesurer les eets de leur
publicité sur les ventes de façon à comprendre quelles exécutions créatives
et quelles stratégies média fonctionnent le mieux.
J.Jones (1997) a étudié des publicités ayant ecacement stimulé les ventes
par le biais de l’analyse de données de source unique. Il notait:
Les styles publicitaires européens (…) qui font la part belle au sous-en-
tendu, à la délicatesse, à l’inattendu, à l’indirect, aux eets visuels originaux
et à un humour décalé (…) sont souvent étonnamment ecaces. (…) Les
publicités dont l’eet démontré était le plus grand(…) n’étaient manifeste-
ment pas «vendeuses» au sens conventionnel. (…) Elles étaient plaisantes,
plus visuelles que verbales.
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CHAPITRE 9 COMMENT LA PUBLICITÉ FONCTIONNE-T-ELLE RÉELLEMENT ? 149
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150 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
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CHAPITRE 9 COMMENT LA PUBLICITÉ FONCTIONNE-T-ELLE RÉELLEMENT ? 151
livres largement pour ressentir des émotions. Ils apprécient que la publicité
le leur permette aussi et, quand c’est le cas, ils lui accordent davantage
d’attention.
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152 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
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CHAPITRE 9 COMMENT LA PUBLICITÉ FONCTIONNE-T-ELLE RÉELLEMENT ? 153
7 Certains auteurs, particulièrement aux États-Unis, pensent que la persuasion est syno-
nyme d’ecacité commerciale. Cela jette le trouble et conduit à l’armation tautolo-
gique que seule la publicité persuasive peut générer des ventes.
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154 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
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CHAPITRE 9 COMMENT LA PUBLICITÉ FONCTIONNE-T-ELLE RÉELLEMENT ? 155
Le nerf de la guerre
En dépensant de l’argent en publicité, l’entreprise signale qu’elle a une
bonne situation nancière et/ou de bons produits, ce qui est particulière-
ment important dans le cas des services. La publicité visant à conforter la
réputation de l’entreprise en est un bon exemple. Ce mécanisme explique
la pratique de dépenser des sommes importantes pour s’assurer l’appari-
tion de célébrités dans les spots télévisés ou pour sponsoriser de grands
événements comme les jeux Olympiques. Certains consommateurs en
déduisent, peut-être inconsciemment, que l’annonceur ne serait pas assez
fou pour dépenser de telles fortunes s’il n’avait pas une conance totale
en ses produits et en sa propre longévité. Par ailleurs, les consommateurs
savent par expérience que les produits bénéciant d’une publicité intense
sont généralement de bonne qualité.
Les économistes ont soutenu cette idée en expliquant que les sommes
dépensées en publicité semblent souvent plus importantes que le message
lui-même pour déterminer le résultat commercial (Nelson, 1974; Telser,
1964). Cela ne veut pas dire que la publicité n’ait pas de fonction écono-
mique ou que ceux qui la voient soient irrationnels, mais plutôt qu’au-delà
du message explicite, ils réagissent à des signaux.
L’économiste John Kay (1993) arme que la plupart des gens ne croient
absolument pas à la véracité des publicités et rejettent automatiquement
toute prétention à la qualité impossible à évaluer objectivement. Dans ces
conditions, il précise (non sans quelque exagération) que la seule chose
que la publicité puisse communiquer, c’est la qualité et la quantité de la
publicité elle-même.
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156 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
L’effet d’exposition
Les gens préfèrent les objets et les marques qu’ils ont vus plus souvent,
c’est un phénomène psychologique bien établi, un eet d’«exposition». La
recherche récente a montré que cet eet peut s’appliquer sans même que les
consommateurs soient conscients de quoi que ce soit. La recherche a éga-
lement révélé que des expositions récentes à des indices associés peuvent
augmenter la probabilité d’achat. Par exemple, les étudiants qui rentrent
au campus après Halloween ont une opinion plus favorable des marques
de couleur orange et, si l’on montre beaucoup de photos de chiens à des
consommateurs, cela accroît la probabilité qu’ils achètent des chaussures
de sport de la marque Puma (car ils associent les chiens et les chats) (Ber-
ger & Fitzsimons, 2008). Cet eet extraordinaire n’est pas bien documenté
en dehors de conditions expérimentales, il est donc dicile d’en évaluer
l’incidence dans le monde réel. On ne sait pas très bien non plus com-
ment des indices concurrents interagissent, s’annulent même peut-être. Il
est possible que cet eet d’exposition soit simplement un eet de saillance.
Cela prouve, une fois encore, que la publicité peut aecter les ventes sans
le moindre argumentaire commercial.
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CHAPITRE 9 COMMENT LA PUBLICITÉ FONCTIONNE-T-ELLE RÉELLEMENT ? 157
• Utilisez des liens clairs avec la marque – les attributs distinctifs d’une
marque signent indirectement ses publicités; il est crucial de mention-
ner (verbalement ou visuellement) le nom de la marque; il est impor-
tant de montrer le produit en cours d’utilisation.
• Établissez et réactivez les structures mémorielles grâce auxquelles votre
marque viendra plus facilement à l’esprit et sera plus facile à repérer.
• Si une information a un réel potentiel de persuasion, donnez-la, à
condition que cela n’empêche pas de respecter les impératifs énumérés
ci-dessus.
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10
Ce que font
vraiment
lespromotions
deprix
John Dawes et John Scriven
Introduction
Un livre consacré aux lois du marketing et aux comportements d’achat ne
serait pas complet s’il n’abordait pas la question des prix. Ce chapitre révèle
la façon dont les consommateurs réagissent aux changements de prix, il
montre en particulier comment les réductions temporaires aectent les
achats, les ventes et le résultat.
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160 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
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CHAPITRE 10 CE QUE FONT VRAIMENT LES PROMOTIONS DE PRIX 161
Inférieur à la moyenne – 35 64 57 36
Bon marché –– 31 69 51 30
Cher ++ 27 66 55 – 39
Moyenne 25 71 60 60 35
Note : • Les colonnes et les lignes sont classées par ordre de popularité de la tranche de prix.
• Les acheteurs de chaque tranche de prix achètent aussi plus cher ou moins cher, ces achats
reétant la part de marché de chacune de ces tranches.
Source : TNS
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162 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
Cela veut dire que si vous gérez une marque «bon marché», vos acheteurs
ne se cantonnent pas exclusivement à cette tranche de prix ; beaucoup
de vos ventes proviennent de personnes qui achètent habituellement des
produits milieu de gamme ou haut de gamme et qui, de temps à autre,
achètent un produit bon marché. Il en va de même des marques premium
– beaucoup de leurs ventes proviennent en fait de personnes qui achètent
généralement des produits bon marché et qui, à l’occasion, s’orent un
article plus coûteux. Dans tous les marchés, il y a donc des consommateurs
qui achètent habituellement des marques de qualité et de prix divers. Dif-
cile, dans ces conditions, de cibler exclusivement le segment «acheteurs
de produits bon marché».
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CHAPITRE 10 CE QUE FONT VRAIMENT LES PROMOTIONS DE PRIX 163
qui imposent d’autres sacrices de prix – elles peuvent devenir une habi-
tude car si on les abandonne, on peut ne plus être en mesure de tenir ses
objectifs de ventes.
Ces promotions sont donc extrêmement addictives pour les marketeurs.
De plus, les circuits de distribution sont eux aussi en demande de pro-
motions pour ancrer leur propre image de bon rapport qualité/prix. Elles
permettent aussi au magasin de maintenir la pression concurrentielle par
rapport à ses concurrents. Les promotions consenties par les industriels
peuvent donc être l’un des leviers pour entretenir de bonnes relations avec
leurs distributeurs. Les promotions en magasin font hélas le jeu de ces der-
niers, car la part de marché de la marque dépend alors de décisions prises
par l’enseigne. Les promotions peuvent aussi «acheter du temps» pour la
marque – stimuler ses ventes à court terme ou lui éviter d’être déréférencée.
Il faut faire quelque chose quand il en est encore temps. Mais il semble que
c’est au détriment de l’innovation que l’on met l’accent sur les promotions
(Pauwels et al., 2004). Enn, si les promotions connaissent un tel succès,
c’est peut-être parce qu’il est dicile de trouver des idées plus créatives
pour la stratégie de la marque.
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164 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
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CHAPITRE 10 CE QUE FONT VRAIMENT LES PROMOTIONS DE PRIX 165
réticent à payer le prix normal après avoir bénécié d’une réduction; c’est
une manifestation de « l’eet prix de référence ». Un certain nombre
d’études en ont conrmé l’existence (ex.: Hardie, Johnson & Fader, 1993;
Lattin & Bucklin, 1989) pour les produits alimentaires. Cependant, un
autre courant de recherche montre que beaucoup de consommateurs ont
du mal à se souvenir du prix qu’ils ont payé tel ou tel produit (Vanhuele
& Drèze, 2002). Comment peut-il y avoir un eet prix de référence si les
consommateurs se souviennent mal du prix payé et si acheter des marques
à prix spécial est pour eux un acte de routine? Attaquons-nous à ce para-
doxe en regardant la recherche sur le prix de référence, puis sur la mémori-
sation des prix, pour concilier ensuite les résultats des deux.
Le prix de référence
La recherche académique sur les prix met l’accent sur la notion d’un prix
de référence pour le consommateur – en particulier le prix de référence
interne, qui est un souvenir ou une anticipation (note: le concept d’un prix
de référence externe renvoie à l’information sur le prix des alternatives). Ce
prix attendu est, pense-t-on, généré par les prix constatés par le passé, soit
à l’occasion d’achats, soit par le truchement de communications comme les
publicités. L’idée, c’est que «les prix passés sont pris en compte» et que si
les consommateurs tombent sur un prix supérieur à cette référence, cela ne
les encourage pas à acheter. L’analyse des données de panels de consom-
mateurs a montré qu’avoir acheté à prix réduit par le passé décourage les
gens d’acheter au prix normal à l’avenir.
La connaissance du prix
Il nous faut concilier la notion d’eet de prix de référence, la très impar-
faite connaissance des prix du consommateur et le caractère routinier des
achats décrit ci-dessus. De nombreuses études ont montré que les consom-
mateurs se souviennent mal des prix. Aux États-Unis, au cours d’une étude
à grande échelle (Dickson & Sawyer, 1990), les clients étaient interceptés
peu après avoir sélectionné un produit; environ la moitié d’entre eux seu-
lement en connaissaient le prix à 5% près. En France, la proportion était
à peu près du tiers (Vanhuele & Drèze, 2002). Apparemment, soit le prix
laissait une trace très fugace dans la mémoire de la personne, soit celle-ci
ne lui avait accordé que peu d’attention dès le départ. Au cours de l’étude
de Dickson et Sawyer, beaucoup d’acheteurs avaient déclaré n’avoir vérié
ni le prix de l’article ni celui des produits concurrents.
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166 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
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CHAPITRE 10 CE QUE FONT VRAIMENT LES PROMOTIONS DE PRIX 167
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168 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
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CHAPITRE 10 CE QUE FONT VRAIMENT LES PROMOTIONS DE PRIX 169
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170 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
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CHAPITRE 10 CE QUE FONT VRAIMENT LES PROMOTIONS DE PRIX 171
1 La marge de contribution est le prix de vente moins les coûts variables. C’est le
«résidu» censé couvrir les coûts xes.
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172 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
Marque ayant une marge Marque ayant une marge Marque ayant une marge
de contribution de 30 % de contribution de 40 % de contribution de 50 %
au prix normal au prix normal au prix normal
Baisse Augmentation des ventes Augmentation des ventes Augmentation des ventes
de prix nécessaire pour retrouver nécessaire pour retrouver nécessaire pour retrouver
consentie la contribution antérieure la contribution antérieure la contribution antérieure
(%) (%) (%) (%)
1 3 2 2
5 20 10 11
10 50 33 25
20 200 100 66
Figure 10.1 – Les ventes d’une marque leader de céréales pour le petit déjeuner
15.00
11.25
7.50
3.75
Notons que les barres les plus sombres représentent le volume de référence,
ou niveau normal des ventes qui auraient été réalisées de toute manière s’il
n’y avait pas eu de promotion, donc au prix normal, sans réduction.
Comme la marge de contribution est réduite de façon exponentielle par
des baisses de prix plus importantes, les managers qui organisent des pro-
motions doivent veiller à ce qu’elles soient aussi faibles que possible (en
proposant, par exemple, une réduction de 10% et non de 20%). Même
si cela ne provoque pas une augmentation aussi importante en volume, au
moins ce volume apporte-t-il une contribution plus importante au résultat.
Un autre facteur peut peser sur la rentabilité à court terme des promo-
tions: les ventes unitaires risquent de diminuer immédiatement après. La
promotion a en eet pu inciter certains consommateurs à accélérer leurs
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CHAPITRE 10 CE QUE FONT VRAIMENT LES PROMOTIONS DE PRIX 173
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174 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
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CHAPITRE 10 CE QUE FONT VRAIMENT LES PROMOTIONS DE PRIX 175
Conclusion
Une promotion débouche, dans la plupart des cas, sur une augmentation
des ventes. L’importance de cette dernière et la rentabilité de l’opération
dépendent de facteurs comme la taille de la marque et son positionnement
prix par rapport à la concurrence, avant et après la baisse de prix. Les faits
observés actuellement montrent que les pics de ventes réalisées pendant
les promotions ne débouchent pas sur une augmentation du chire d’af-
faires à long terme: les acheteurs reviennent à leurs habitudes et les ventes
à leur niveau antérieur. Cela veut dire qu’il est facile d’évaluer l’eet de
la promotion sur les ventes et sur les marges – l’analyste n’a besoin de
prendre en compte que les pics de vente et les creux qui leur succèdent
immédiatement.
Dans de nombreux cas, les managers ne sont pas simplement à l’aût des
pics de vente – d’autres motifs les incitent à organiser des promotions. Une
raison souvent citée: le fabricant cherche à faire plaisir au distributeur. À
long terme, ce n’est peut-être pas la seule raison pour justier les promo-
tions, mais si le maintien de bonnes relations avec le distributeur est l’ob-
jectif d’une promotion de prix, alors il faut l’évaluer. On procède rarement
à une telle évaluation.
Pour conclure, casser les prix coûte cher: cela érode les marges de la marque
au bénéce du distributeur et du consommateur. Si nous avons un conseil
à donner aux propriétaires de marques, c’est de rééchir longuement et
profondément aux résultats à long terme des baisses de prix et de tenter
d’inverser la tendance qui consiste à transférer les budgets de construction
de marques au prot des baisses de prix.
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11
Pourquoi
lesprogrammes
de délité
nefonctionnent pas
Byron Sharp
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178 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
1 Des auteurs comme Reichheld et Sasser (1990) avaient promis que de modestes pro-
grès en termes de délité se traduiraient par une énorme progression des résultats.
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CHAPITRE 11 POURQUOI LES PROGRAMMES DE FIDÉLITÉ NE FONCTIONNENT PAS 179
2 Il est indispensable de disposer de données portant sur une longue période an d’éva-
luer correctement le niveau de délité des clients individuels, car leurs achats uc-
tuent. La loi de la modération de l’acheteur (voir Chapitre4) indique que de nombreux
membres des programmes de délité seront classés comme moins dèles qu’ils ne le
sont en réalité; au l du temps, ils paraîtront plus dèles et cet eet de «régression vers
la moyenne» sera attribué, à tort, au programme de délité. Une analyse du programme
de délité d’un tout petit magasin a souert de ce phénomène (Liu, 2007).
3 FlyBuys, comme son nom l’indique, récompense les acheteurs en leur donnant des
points qui peuvent servir à acheter des billets d’avion.
4 L’autre sorte de part de marché possible mais inhabituelle est une délité particulière-
ment faible combinée à une pénétration très élevée. Cela arrive à l’occasion, pour des
marques que de nombreuses personnes achètent en certaines occasions bien précises
(par exemple les œufs en chocolat à Pâques).
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180
Tableau 11.1 – Le programme de délité FlyBuys
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Moyenne 48 50 8,4 8,0 51 47 31 28
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182 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
clients qui s’inscrivent et sont actifs. Logiquement, cet eet dépend non
seulement de la force du programme, mais aussi du prol des personnes
qu’il recrute. Le tableau11.2 montre les quatre types de consommateurs
qu’un tel programme peut recruter et potentiellement inuencer (c’est-à-
dire inuencer leur délité à la marque).
Niveau de délité
Faible Élevé
Participation peu probable Participation vraisemblable, mais
(mais comme c’est le groupe non désirable
le plus important, certains
Peu fréquents participeront) ; ces clients
Achats dans
la catégorie ne sont pas particulièrement
désirables
Participation très peu probable, Participation vraisemblable, mais
Fréquents
mais très désirable non désirable
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CHAPITRE 11 POURQUOI LES PROGRAMMES DE FIDÉLITÉ NE FONCTIONNENT PAS 183
7 Les données du tableau 11.3 proviennent de notre étude originale des programmes de
délité en Australie, plus une étude de réplication en Nouvelle-Zélande. Cette analyse
n’avait pas encore été publiée.
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184 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
Grands magasins 10 9
Cartes de crédit 10 9
Télécommunications 26 26
Pétrole 12 13
Cartes de crédit 9 9
Moyenne 15 15
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CHAPITRE 11 POURQUOI LES PROGRAMMES DE FIDÉLITÉ NE FONCTIONNENT PAS 185
C’est une aventure très coûteuse et dicile, et elle a plus de valeur pour
certains marketeurs que pour d’autres8 . S’ils veulent rentabiliser leur inves-
tissement, la plupart des programmes de délité doivent collecter et utili-
ser ces données.
Conclusion
Ce chapitre a montré que les programmes de délité n’ont que fort peu
d’eet. Il révèle aussi que la connaissance des lois scientiques du marke-
ting est autrement plus utile. Si tous les directeurs de marque les connais-
saient, ils n’auraient pas englouti des milliards de dollars dans des investis-
sements marketing aussi peu performants que les programmes de délité.
8 Le travail de Dunnhumby pour Tesco et Korger, entre autres, est remarquable pour la
façon dont il crée une base de données utile à partir du programme de délité.
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12
La disponibilité
physique etmentale
Byron Sharp
Le premier rôle du marketing est de faire en sorte qu’une marque soit facile
à acheter; cela suppose de mettre en place une disponibilité physique des
produits et une disponibilité mentale des acheteurs.Tout le reste est secon-
daire. Les marques se livrent une bataille sans merci autour de ces deux
aspects (autrement dit, en termes de «saillance» de la marque). Même
l’innovation produit fonctionne essentiellement, quand elle fonctionne,
en améliorant cette saillance et en étendant la distribution des produits.
Pour ancrer la disponibilité mentale des acheteurs, il faut un caractère dis-
tinctif armé et un branding clair. La disponibilité des produits passe par
l’étendue et l’ampleur de la distribution dans l’espace et dans le temps.
En conjuguant disponibilité mentale et physique, vous rendez la marque
plus facile à acheter, par un plus grand nombre de personnes, dans un plus
grand nombre de situations.
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188
Tableau 12.1 – Le nouveau modèle de comportement du consommateur
Ancienne L’attitude dicte le Les dèles à une Les zappeurs Les acheteurs Implication Audience rationnelle,
conception comportement marque profondément impliquée
engagés
Nouvelle Le comportement Les dèles à des Les zappeurs dèles Les indifférents Heuristique Audience
conception dicte largement marques émotionnelle, distraite
l’attitude
Ancienne Croissance via ciblage Indicateurs de marque Promotions de prix Marketing ciblé Concurrence par le Différenciation
conception des clients dèles imprévisibles, confus pour acquérir de positionnement
nouveaux clients
Nouvelle Croissance via Indicateurs de marque Les promotions de prix Marketing de masse Concurrence avec Caractère distinctif
conception pénétration prévisibles, porteurs touchent des clients éclairé toutes les marques de
de sens existants dèles la catégorie
Ancienne Positionnement Faire comprendre le Offres uniques (USP) Persuader Expliquer Matraquage de courte
conception message durée
HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
Nouvelle Saillance Se faire remarquer, Associations Réactiver et construire Massier Présence continue
conception réaction émotionnelle pertinentes des structures
mémorielles
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CHAPITRE 12 LA DISPONIBILITÉ PHYSIQUE ET MENTALE 189
1 Philip Kotler gurait parmi les nombreux consultants à vanter les avantages de ces
investissements. Il aimait à dire que la pratique du marketing s’était jusque-là trop
concentrée sur l’acquisition de nouveaux clients mais n’avait pas consenti susamment
d’eorts pour améliorer la rétention des clients existants (Kotler, 1992).
2 Certains patients des médecins médiévaux, qui les saignaient à tour de bras, ont survécu
et recouvré la santé malgré cette pratique.
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190 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
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CHAPITRE 12 LA DISPONIBILITÉ PHYSIQUE ET MENTALE 191
Voilà à quoi les gens pensent vraiment! Ajoutons que six sujets sur dix
étaient les mêmes que l’année précédente. Au cours de la dernière décen-
nie, Britney Spears a été un thème de recherche incroyablement populaire
– le plus populaire sept années sur huit. Google ne publie plus les listes
des recherches les plus fréquentes, mais on peut parier que Britney y est
en tête. (Une partie du génie de Google est le travail accompli en amont
pour identier toutes les fautes d’orthographe potentielles, de sorte que ses
utilisateurs trouvaient ce qu’ils cherchaient même s’ils écorchaient indis-
tinctement noms communs et noms propres3.) Dans ces conditions, il n’est
pas étonnant que les marques fassent appel à des célébrités pour proter de
leur capacité à attirer l’attention.
Un monde encombré
Nos vies sont de plus en plus envahies par les médias commerciaux, et
donc par la publicité. On évoque souvent le déclin massif du nombre de
téléspectateurs, mais cela ne repose sur aucune information sérieuse. En
général, les gens ne remplacent pas la télévision par leurs recherches sur
le web – ils ont simplement ajouté Internet à tous les autres médias qu’ils
consomment. Et ils en consomment plus que jamais. En 2005, le Centre
for Media Design de Ball State University a entrepris une vaste étude
d’observation des consommateurs américains et découvert que la consom-
mation de médias, commerciaux et non commerciaux, écoutés, vus et lus,
occupe environ 30% de leur journée; la télévision restant, de loin, le média
dominant en termes de pénétration et d’heures d’exposition (ce qui corres-
pond à la loi de la double peine).
Un téléspectateur typique – qui ne passe qu’une heure et demie par jour
devant son téléviseur4 – est exposé à plus de 60 spots publicitaires. Si
ce téléspectateur moyen lit aussi un magazine ou un journal, il verra de
quelques dizaines à quelques centaines de publicités en plus. La radio et
Internet regorgent aussi de publicités, auxquelles il faut ajouter celles qui
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192 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
font partie du paysage quotidien, dans la rue 5. Il est donc réaliste de penser
qu’une personne est exposée à quelques centaines de messages publicitaires
par jour. C’est beaucoup moins que le niveau colporté par la mythologie
populaire, mais encore beaucoup si l’on considère que les gens ne vivent pas
pour consommer de la publicité. Il faudrait trois heures par jour pour les
regarder toutes attentivement!
Chaque publicité doit donc se battre pour un instant d’attention. Com-
bien pensez-vous en avoir vues ou entendues ce matin? La plupart d’entre
elles ne bénécient pas de la moindre attention active, pas assez en tout
cas pour que la personne mémorise la marque. Souvenez-vous de l’étude
mentionnée au chapitre 1 sur les publicités télévisées : 16 % seulement
des téléspectateurs remarquaient un spot et nommaient correctement la
marque de l’annonceur.
5 La première étude Nielsen GPS a estimé que l’Américain moyen était potentielle-
ment exposé chaque jour à 40publicités à l’extérieur de son domicile (Mediaweek, 7
décembre 2005). Là encore, cette moyenne est faussée, le consommateur typique étant
exposé à moins de 40publicités par jour.
6 Herbert Simon, prix Nobel d’économie, avait forgé le néologisme « satisce», mot-va-
lise qui regroupait «satisfy»(satisfaire) et «suce» (sure).
7 En cybernétique, le terme technique «satisce » désigne un programme de prise de déci-
sion factorisant explicitement le coût de la prise de décision. Après la partie d’échecs de
1997, où «Deep Blue», l’ordinateur IBM, avait battu Garry Kasparov, ce dernier avait
remarqué que l’ordinateur avait joué comme un être humain, en adoptant le «satisce ».
Kasparov avait dit qu’une stratégie gagnante pour battre un ordinateur était de prédire
le mouvement le plus rationnel, mais quand les ordinateurs se mirent à adopter des
positions «satiscing», ces prédictions échouèrent.
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CHAPITRE 12 LA DISPONIBILITÉ PHYSIQUE ET MENTALE 193
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194 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
dans la même pièce 8, les conseils de nos parents, etc. Les acheteurs ne s’en-
combrent pas la tête de la multitude de marques qu’ils n’envisagent même
pas de mettre dans leur caddie car celles qu’ils y mettent leur donnent satis-
faction. En revanche, cela revêt une immense importance pour les marke-
teurs – dont les marques doivent impérativement être remarquées et prises
en considération. Ce double facteur est souvent ce qui déclenche l’achat,
ou non, de la marque. Sachant le nombre restreint d’articles qui rentre dans
le set de considération de l’acheteur, une marque a une sérieuse chance
d’être achetée si elle en fait partie. Ses ventes sont donc, avant tout, capées
par le nombre de sets de considération qu’elle ne réussit pas à pénétrer.
De la même manière, face à l’énorme volume de communications mar-
keting, les gens adoptent des mécanismes de ltrage incroyablement e-
caces, ce qui leur évite de traiter la plupart des publicités. C’est la raison
pour laquelle nous pouvons voir un clip à de nombreuses reprises tout en
étant incapable de dire le nom de la marque sans nous tromper.
8 Nous avons pourtant une aptitude étonnante à entendre notre nom même s’il est pro-
noncé à l’autre bout d’une pièce bruyante. Manifestement, le fait de ne pas entendre
ce qui ne nous intéresse pas implique un traitement inconscient des stimuli. Le savoir
ouvre des pistes pour contourner le mécanisme de ltrage.
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CHAPITRE 12 LA DISPONIBILITÉ PHYSIQUE ET MENTALE 195
9 Plusieurs de mes amis ont noté que lorsqu’ils viennent à Adélaïde, ils achètent et
boivent souvent du café glacé, ce qu’ils font rarement, voire jamais, dans leur propre
pays, alors qu’ils le pourraient. Le fait d’être à Adélaïde leur rappelle qu’ils aiment le
café glacé, ce qu’ils oublient dès qu’ils rentrent chez eux. Ce n’est pas parce que le café
glacé est bien meilleur à Adélaïde, ni parce que le soleil y brille abondamment, mais
parce que c’est une boisson très populaire, omniprésente. Les marques commerciales
font beaucoup de publicité, elles sont dans tous les magasins (les ventes dépassent celles
de Coca-Cola) et tous les cafés proposent leur propre recette. De la même manière, je
me surprends à manger des burgers chaque fois que je suis aux États-Unis.
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196 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
10 Vous croyiez qu’il y avait déjà assez de concurrents au sein d’une seule catégorie!
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CHAPITRE 12 LA DISPONIBILITÉ PHYSIQUE ET MENTALE 197
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198 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
La disponibilité mentale
La disponibilité mentale ou «saillance» de la marque est sa propension à
être remarquée ou à venir à l’esprit des clients dans des situations d’achat 11.
Le terme « saillance » est parfois utilisé comme synonyme des mesures
de notoriété (exemple: la première institution nancière citée quand on
demande à un sujet de nommer celles qu’il connaît). Ce terme a cependant
un sens plus large. Il y a un vrai problème avec toutes les mesures de noto-
riété de la marque, qui partent du principe qu’il sut de mesurer le lien
avec la catégorie de produit.
La disponibilité mentale repose sur la structure en réseau de la mémoire
des acheteurs. Par exemple, les associations mémorielles d’une banque
peuvent comporter:
• une succursale près de mon bureau;
• les prêts immobiliers;
• les opérations sur Internet;
• j’ai des amis qui y sont clients;
• une succursale dans la rue principale;
• je connais quelqu’un qui y travaille;
• je peux sortir du cash;
• visa;
• ma première carte de crédit (et le vélo que je me suis acheté);
• la couleur, le logo, l’uniforme du personnel, etc.
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CHAPITRE 12 LA DISPONIBILITÉ PHYSIQUE ET MENTALE 199
Au-delà de la notoriété
Les concepts traditionnels de reconnaissance et de notoriété sont inuen-
cés par la façon dont on les mesure12, invariablement à partir d’un seul
élément (c’est-à-dire, pour la notoriété, presque toujours la catégorie de
produits: «Quelles marques de perceuses connaissez-vous? » ou, pour
la reconnaissance, le nom de la marque : « Vous connaissez la marque
12 À leur tour, ces mesures dépendent de l’aspect pratique des études de marché. Si la
notoriété de la marque est synonyme de la reconnaissance du nom de la marque, c’est
parce que les enquêtes téléphoniques ont dominé les études de marché du e siècle. Il
était dicile de montrer au téléphone la marque ou ses attributs distinctifs.
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200 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
Black & Decker ? »). Des variations sur ce thème, comme la notoriété
spontanée de premier rang ou la rapidité de réponse, ne dévient pas de
cette pratique de n’utiliser qu’un seul indice. Ces mesures donnent une
image rudimentaire des structures mémorielles de la personne interro-
gée, ce qui n’a rien d’étonnant, et sont incapables de prédire précisément à
quelle fréquence elle se souviendra de la marque ou la reconnaîtra quand
elle sera en situation d’achat. C’est un peu comme si l’on voulait estimer la
fréquence à laquelle une pièce de monnaie tomberait sur «face» si on ne
la tirait qu’une seule fois à pile ou face.
La saillance de la marque dépend de la place qu’elle occupe dans la tête des
gens, je veux dire la quantité et la qualité des liens que leur mémoire entre-
tient avec la marque, dans les deux sens. La quantité désigne le nombre
d’associations que fait l’acheteur avec le nom de la marque. La qualité a
deux aspects: la force de l’association et la pertinence de l’attribut. Pre-
mièrement, certains liens mémoriels sont plus puissants que d’autres, dans
la mesure où ils ont plus de chances d’être activés. Par exemple, le nom
«Elvis Presley» évoque automatiquement, pour certaines personnes, des
sandwichs à la banane et au beurre de cacahuètes et vice versa 13. C’est donc
une association puissante pour elles – très lointaine pour d’autres. Deuxiè-
mement, certains liens mémoriels sont plus pertinents en situation d’achat
que d’autres. Il y a peu de chances que les gens tombent sur le stimu-
lus « Elvis Presley » au moment où ils pourraient acheter du beurre de
cacahuètes. Mais cette association n’est pas entièrement vide de sens, car
entendre une chanson d’elvis accroît les chances qu’ils pensent au beurre
de cacahuètes, renforçant ainsi les liens à des signaux susceptibles de surgir
en situation d’achat.
Quand une marque obtient de bons scores lors des mesures traditionnelles
de notoriété mais que ses ventes sont décevantes, on en conclut d’ordinaire
que les acheteurs n’aiment pas cette marque. Là n’est pas le problème: ils
la connaissent (et la trouvent sans doute acceptable), mais ils y pensent ou
la remarquent rarement quand ils sont en situation d’achat.
Les acheteurs font appel à diérents repères quand ils rééchissent aux
marques qu’ils pourraient acheter. Par exemple, quand ils cherchent
quelque chose pour le petit déjeuner, cela peut être un aliment contenant
peu de lipides, diététique et rapide. Ils peuvent aussi utiliser des repères
plus abstraits, comme la couleur, la taille ou le style du packaging – pour
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CHAPITRE 12 LA DISPONIBILITÉ PHYSIQUE ET MENTALE 201
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202 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
La disponibilité physique
La disponibilité physique consiste à rendre la marque aussi facile à repérer
et à acheter que possible, par autant de consommateurs que possible, dans
des situations d’achat aussi diverses que possible. Cela implique la péné-
tration commerciale, mais aussi la présence en magasin, la plage horaire sur
laquelle le produit est accessible et la facilité d’achat. Il est essentiel que le
produit soit facile à repérer et à acheter, car les acheteurs n’ont pas une pré-
férence forte, même pour les marques auxquelles ils sont dèles; cela ne les
dérange en rien de choisir une autre marque de leur set de considération
(ce qu’ils font régulièrement).
Je suis abasourdi d’entendre si souvent les marketeurs de produits et ser-
vices de grande consommation dire qu’ils ont pratiquement une disponi-
bilité de 100%. Ils soulignent la présence de leur marque dans toutes les
grandes chaînes de distribution, leur propre réseau national de magasins
ou leur site, sur lequel les clients peuvent passer commande 24heures sur
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CHAPITRE 12 LA DISPONIBILITÉ PHYSIQUE ET MENTALE 203
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204 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
que les promotions touchent peu d’acheteurs, et surtout très peu de nou-
veaux acheteurs 14.
14 John Scriven indique également au chapitre10 que les promotions n’ont pas d’eets
à long terme car elles ne construisent ni ne rafraîchissent de structures mémorielles.
C’est surprenant (acheter et consommer devrait aider les structures mémorielles), mais
la diérence entre publicité et promotions semble de plus en plus évidente. Tout ceci
est discuté et expliqué dans le chapitre9, qui porte sur la publicité.
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CHAPITRE 12 LA DISPONIBILITÉ PHYSIQUE ET MENTALE 205
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206 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
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CHAPITRE 12 LA DISPONIBILITÉ PHYSIQUE ET MENTALE 207
Renforcera ou construira
Ne renforcera ni ne
très probablement construira la disponibilité Effet inconnu,
la disponibilité mentale mentale et physique risque important
et physique
Élargir la distribution Coupons et promotions de prix Publicité contenant de nouvelles
informations
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208 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
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CHAPITRE 12 LA DISPONIBILITÉ PHYSIQUE ET MENTALE 209
18 Voir http://ries.typepad.com/ries_blog/2007/03/convergence_n.html.
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210 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
Les «gourous» du marketing jugent semble-t-il très mal ce qui est (ou non)
pratique et important pour les consommateurs. À mon avis, il convient de
s’appuyer sur les études de marché empiriques pour comprendre ce qui
peut rendre la marque facile à acheter.
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CHAPITRE 12 LA DISPONIBILITÉ PHYSIQUE ET MENTALE 211
Figure 12.1 – Modèle permettant d’expliquer que le public aime une publicité
Renforce la marque
Familiarité
Information pertinente
Empathie
Bonne Mauvaise
appréciation appréciation
de la de la
publicité publicité
Confusion
Aliénation
Divertissement
Nous savons également que le fait d’utiliser une marque augmente consi-
dérablement la propension des gens à aimer et remarquer ses publicités.
Ceci correspond au concept psychologique de la dissonance cognitive; cela
correspond aussi au concept de la saillance, selon lequel notre cerveau traite
mieux ce qui est lié à des structures mémorielles établies (voir Règle n°4,
ci-après); cela correspond enn à une vaste recherche montrant que nous
avons une mémoire à la fois implicite et explicite. Les souvenirs explicites
sont ceux que nous pouvons faire remonter au niveau conscient, comme se
souvenir qu’hier, nous sommes allés à la plage. Les souvenirs implicites ne
reviennent pas aussi facilement, mais la preuve de leur existence se dévoile
implicitement. Par exemple, les personnes qui ont entendu une déclara-
tion, même s’ils ne s’en souviennent pas, ont plus de chances de la croire
vraie que celles qui l’entendent pour la première fois. Un autre exemple de
ce phénomène est que les personnes interrogées se souviennent mieux des
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212 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
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CHAPITRE 12 LA DISPONIBILITÉ PHYSIQUE ET MENTALE 213
19 Le succès de l’iPod est également, si ce n’est plus, le fruit d’un marketing remarquable que
d’une intégration parfaite du hardware et du software. C’est incontestablement un très
bon produit concurrentiel, dont le prix était judicieusement xé, mais les commentateurs
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214 HOW BRANDS GROW LA VÉRITÉ SUR LA CROISSANCE DES MARQUES
oublient qu’au moment du lancement, c’était un lecteur de MP3 haut de gamme, très
cher, qui ne fonctionnait qu’avec un ordinateur Macintosh et ne pouvait se connecter
qu’aux modèles les plus récents. Tout était réuni pour que les ventes restent modestes,
mais Apple a progressivement assoupli sa politique (par exemple avec iTunes pour Win-
dows) pour se mettre à la hauteur de la réussite de son marketing de masse sophistiqué.
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CHAPITRE 12 LA DISPONIBILITÉ PHYSIQUE ET MENTALE 215
quoi la publicité ne peut pas fonctionner. L’eet est puissant, puisque les
consommateurs qui connaissent mieux la marque ont beaucoup plus de
chances de remarquer ses publicités.
Le branding est la création d’attributs distinctifs de la marque. Les associa-
tions mentales fonctionnent comme des porte-manteaux: elles permettent
aux autres souvenirs et associations avec la marque de s’accrocher dessus
ou de se former. Les écouteurs blancs de l’iPod sont un attribut distinctif:
même tout seuls dans une publicité, ils disent « iPod ». Le Géant Vert,
les lettres des M&M, l’étoile à trois pointes de Mercedes Benz, la virgule
de Nike, le «Parce que vous le valez bien» de L’oréal et le logo de Puma
jouent tous le même rôle.
Certaines marques ont développé un portefeuille d’attributs visuels, oraux
et verbaux. Certains sont plus exibles que d’autres, plus faciles à utiliser
dans diérents médias.
Ces actifs permettent à la communication de la marque de fonctionner.
Le cerveau ne s’arrête guère sur l’imagerie distinctive de la marque, il ne
lui attache pas de signication ; les consommateurs prennent rarement
le temps de rééchir au logo, au nom de la marque, etc., certainement
pas comme le font les agences. Prenons quelques exemples. Personne ne
se demande jamais pourquoi McDonald’s, chaîne américaine de hambur-
gers, porte un nom écossais. En Australie, une marque alimentaire s’ap-
pelle Sanitarium (nom très proche de sanatorium), ce qui ne l’empêche pas
de réussir. En France, Procter&Gamble ne traduit pas Head&Shoul-
ders mais utilise le nom de marque anglais. Les chips Walker dominent
la catégorie en Grande-Bretagne et les sablés Walker sont probablement
la marque la plus célèbre de sablés écossais, mais personne ne se demande
jamais si c’est la même entreprise. Peu de gens se demandent ce que Kodak
veut dire, ce que représentent les lettres BMW ou ce qu’un nom comme
Fannie Mae peut bien faire dans les services nanciers.
Les traits et sons distinctifs d’une marque sont traités très rapidement par
les personnes qui voient ses publicités ; ils servent d’abord à faciliter la
reconnaissance et le décodage et à aider le cerveau à accéder à l’infor-
mation et à la classer. C’est la raison pour laquelle les attributs distinctifs
d’une marque fonctionnent. C’est cela, le branding.
Troisièmement, les attributs distinctifs sont importants parce que ces sou-
venirs descriptifs permettent à la marque d’être plus facilement remarquée.
Nous la voyons parce que nous reconnaissons son iconographie. Sachant
que même dans un magasin, quand nous cherchons les produits que nous
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voulons acheter, nous ne remarquons pas la plupart des articles qui nous
entourent, les attributs distinctifs de la marque nous permettent de la
repérer.
Les arches dorées (jaunes sur fond rouge), les graines de sésame sur le pain,
McDonald’s
le clown Ronald McDonald
Coca-Cola La forme de la bouteille, la couleur rouge, la vague blanche
Disney Le château, les oreilles de Mickey, les clochettes, la lampe animée de Pixar
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20 Une autre justication fallacieuse est le mythe selon lequel en pratiquant deux prix
diérents, la marque peut s’adresser à deux segments de prix diérents.
21 Pensez aux structures mémorielles que ceci crée (par exemple: «je n’achète pas cette
marque»).
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Le mot de la n
Une chose émerge des lois présentées dans cet ouvrage : c’est que tout
varie ensemble. Quand les marques grandissent (autrement dit, quand elles
gagnent des parts de marché), leurs indicateurs changent dans la direction
opposée à ceux des marques qui perdent du terrain. Les marques déte-
nant les plus grosses parts de marché ont des indicateurs (attitudinaux et
comportementaux) de pénétration et de délité plus élevés. Ce constat
ne coïncide pas avec la plupart des anciennes théories sur le fonctionne-
ment du marché. Mais il dépeint le fonctionnement du monde réel. Les
indicateurs marketing, y compris la part de marché, reètent tous la même
chose: la popularité. C’est de la variation de la popularité des marques que
tout découle. Ajoutons que deux marques rivales jouissant d’une popula-
rité équivalente ont des indicateurs très similaires.
Ces schémas sont tellement solides qu’un seul et unique modèle mathé-
matique contient en germe plusieurs des lois présentées dans ce livre. Ce
modèle, c’est le modèle NBD-Dirichlet du choix des marques et de la
fréquence d’achat (on parle en général simplement du «Dirichlet» – voir
Ehrenberg, Uncles & Chateld, 1984; Goodhardt, Ehrenberg & Chat-
eld, 1984). Il postule que le comportement d’achat des consommateurs
est hétérogène et soumis à la loi des probabilités ; autrement dit, nous
avons tous une propension à acheter (même si certains d’entre nous le font
plus souvent que les autres) et une certaine propension à acheter certaines
marques (nous avons chacun nos préférences ou notre propre set de consi-
dération). En vingt-cinq ans, le modèle Dirichlet n’a pas pris une ride.
C’est l’une des plus grandes réalisations de la science du marketing; pour
plus d’informations, voir www.MarketingScience.info.
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respectives. (Autrement dit, elle partage plus de clients avec les marques
leaders qu’avec les petites marques.) Si 30 % des acheteurs d’une marque
ont aussi acheté la marque x durant une période donnée, 30 % des clients
de toutes les autres marques rivales ont également acheté cette marque x.
Voir Chapitre 6.
• NBD-Dirichlet – Modèle mathématique de la variation de la propension
à l’achat (en termes de fréquence des achats dans la catégorie et de la
marque). Ce modèle décrit et explique plusieurs des lois ci-dessus. Dirichlet
est l’une des rares théories vraiment scientiques du marketing.
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