Explorer les Livres électroniques
Catégories
Explorer les Livres audio
Catégories
Explorer les Magazines
Catégories
Explorer les Documents
Catégories
tk/
À la mémoire de Jacques Arlotto,
ami et militant de l’entrepreneuriat
Le LabEx Entreprendre bénéficie d’une aide de l’État gérée par l’Agence Nationale de la
Recherche au titre du programme « Investissements d’Avenir » portant la référence
ANR-10-LABX-11-01.
https://marketingebooks.tk/
Collection GRANDS AUTEURS
dirigée par Gérard CHARREAUX,
Patrick JOFFRE et Gérard KŒNIG
Dirigé par
Karim MESSEGHEM et Olivier TORRÈS
https://marketingebooks.tk/
© 2015. EMS Editions
Tous droits réservés.
www.editions-ems.fr
ISBN : 978-2-84769-674-5
(Versions numériques)
https://marketingebooks.tk/
Introduction
Entrepreneuriat et PME :
de la connaissance
à la reconnaissance
d’une discipline
Karim Messeghem et Olivier Torrès1
1. Nous souhaitons remercier très vivement Olivier Germain pour nous avoir incités à publier un
ouvrage sur les grands auteurs en entrepreneuriat. Nous remercions aussi les contributeurs de chapitre
qui ont accepté de relire le travail de leurs collègues de sorte que tous les chapitres du présent volume
ont fait l’objet d’une relecture critique. De même, les auteurs témoignent leur gratitude à l’égard du
Professeur Joffre. Enfin, nous remercions chaleureusement Marion Sounier pour l’ultime travail de mise
en forme de l’ouvrage ainsi que Marie Gomez-Breysse, Sophie Casanova, Alexis Catanzaro, David
Gjosevski, Florence Guiliani, Thomas Lechat, Amandine Maus, Émilie Plegat, Moerani Raffin pour leur
travail de relecture.
https://marketingebooks.tk/
6 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Introduction 7
2. On lira avec délice le travail considérable de notre collègue Olivier Germain (2012) pour définir les
grands inspirateurs dont la phrase suivante donne un léger aperçu du caractère peut-être vain de notre
réflexion sur les grands auteurs : « L’inspiration requiert d’abandonner “la monarchie de l’auteur” au
profit des idées cachées derrière “la fiction de l’auteur” ».
3. En se bornant toutefois aux auteurs étrangers.
https://marketingebooks.tk/
8 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
même d’Alain Jolibert (2001 : 5) qui déclare s’être entouré d’autres avis
ainsi que de Michel Albouy (2003 : 5) qui a fait « un tour de table et
plusieurs allers-retours entre les collègues sollicités pour rédiger une
contribution ». Ulrike Mayrhofer (2014 : 6) déclare que « le projet a été
réalisé dans le cadre de l’axe « Management International » du Centre de
recherche Magellan (équipe d’accueil) de l’IAE de Lyon et de l’association
Atlas/AFMI ». Didier Chabaud, Jean-Michel Glachant, Claude Parthenay
et Yannick Perez (2008) ne donnent aucune précision sur le choix de leur
liste mais dans leur cas le nombre de quatre coordonnateurs laisse suppo-
ser le caractère collectif du travail réalisé. Les plus méthodiques semblent
Thomas Loilier et Albéric Tellier (2007 : 6), lesquels adoptent plusieurs
sources : « définir ce qu’est un grand auteur est un exercice évidemment
bien délicat. (…) Les auteurs proposés dans cet ouvrage ont été retenus au
terme d’un processus au cours duquel nous avons consulté les bibliogra-
phies des principaux manuels, les travaux présentés dans différents col-
loques et les sommaires des plus grandes revues. Les directeurs de collec-
tion et plusieurs collègues ont également été consultés ». Toute aussi
rigoureuse, Mayrhofer (2014 : 6) indique également que « le processus de
sélection s’est appuyé sur la consultation des ouvrages et des revues de
référence dans le champ du management international ». C’est l’une des
premières fois qu’un coordonateur expose de manière si précise sa
méthode et surtout les critères précis qui ont présidé à ses choix : le pro-
cessus de sélection « a été validé par l’utilisation d’outils bibliométriques
tels que « Publish or perish » de Harzing qui ont permis de déterminer la
production scientifique (nombre de publications) et la visibilité (nombre
de citations) des grands auteurs ». Malgré tout, aucun coordonnateur ne
renseigne le lecteur sur les critères précis qui justifient le qualificatif de
« grand » auteur. Pour autant faut-il renoncer à définir ce que l’on entend
par grand auteur et à établir quelques critères ?
Sandra Charreire et Isabelle Huault (2002 : 5) esquissent un élément
de réponse quand elles écrivent : « les apports de ces chercheurs ont eu une
influence indéniable sur la communauté scientifique. Leurs contributions,
régulièrement mobilisées dans les travaux en sciences de gestion, attestent
ainsi de la richesse des théories et des méthodes qu’ils proposent ». On
perçoit ici quelques notions fortes comme l’influence, la théorisation et la
méthodologie.
Afin de progresser, on peut se référer à l’étymologie du terme
« auteur »qui fournit des bases utiles pour définir non seulement le terme
mais aussi le périmètre de cet ouvrage. Auteur vient du latin auctor
(« agent, auteur, fondateur, instigateur », « conseiller »), dérivé de augere
(« faire croître » dans le sens de « augmenter »). Ainsi, le terme d’auteur
https://marketingebooks.tk/
Introduction 9
https://marketingebooks.tk/
10 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
4. Les auteurs dont le nom est suivi d’une étoile ont fait l’objet d’un chapitre dans cet ouvrage.
https://marketingebooks.tk/
Introduction 11
Mais ces critères présentent quelques limites. Par exemple, Luca Pacioli
(1447 – 1517), considéré comme un grand auteur pour les sciences comp-
tables, n’a pas de grands scores de publications, ni de citations. Néanmoins
« l’illustre florentin Luca Pacioli » a un rôle historique, ce qui lui donne sa
vraie légitimité à figurer en première place dans le volume consacré aux
Grands auteurs en comptabilité 5. De même, Carl Von Clausewitz (1780 –
1831), cité dans les Grands auteurs en stratégie, n’est pas à proprement
parlé un auteur en stratégie d’entreprise mais l’extension de ses réflexions
en stratégie militaire à l’entreprise demeure « une question de recherche
encore peu explorée et, sans doute, riche d’un fort potentiel de développe-
ment » (Le Roy, 2007, p. 414).
C’est ce critère historique qui nous incite à retenir dans notre liste des
grands auteurs Olivier de Serres (1539 – 1619), choix qui surprendra plus
d’un chercheur en entrepreneuriat mais que nous assumons avec Pierre
André Julien par le caractère historique de ce « père de l’agriculture fran-
çaise », qui a accordé à la science et aux techniques agricoles un rôle de
premier plan – « la science ici sans usage ne sert à rien ; et l›usage ne peut
être assuré sans science » et dont le Théâtre d’agriculture et mesnage des
champs en fait un fin théoricien méconnu des organisations de petite taille.
Aux critères quantitatifs doivent donc s’ajouter des critères qualitatifs. Les
choix opérés dans ce volume dédié aux grands auteurs en entrepreneuriat et
en PME sont donc et certainement empreints de subjectivité. Toutefois, on
a essayé de limiter l’arbitraire des choix à l’aide de plusieurs critères.
Au final, on dira qu’un grand auteur est quelqu’un qui se caractérise par
des critères aussi multiples que la grande production de publications scien-
tifiques, par la forte diffusion de ses idées, par sa créativité à forger de
nouveaux concepts ou à fonder de nouvelles théories, par l’originalité de
sa pensée qui lui donne une singularité, par le caractère pionnier de son
travail qui a suscité de nombreux prolongements, par la forte internatio-
nalité de son influence, par la reconnaissance de ses pairs qui lui ont attri-
bué des prix, par la persistance de sa pensée, par sa capacité d’outrepasser
les frontières de sa seule discipline : chacun de ces attributs peut justifier
un statut de grand auteur. Mais souvent les grands auteurs cumulent plu-
sieurs attributs.
5. Toutefois, Colasse (2005 : 5) précise : « Qui nierait que l’illustre moine franciscain Luca Pacioli ne soit
un grand auteur comptable ? Et pourtant… Il était incontestablement plus mathématicien que comptable
et somme toute, il s’est borné à transcrire dans un chapitre de sa célèbre Summa de arithmetica, geometria,
proportioni, et proportionalita (1494), la comptabilité de son temps, qu’il a su observer finement pendant
son séjour dans une famille de marchands vénitiens mais n’a jamais pratiqué. Ajoutons à cela qu’à la dif-
férence d’un Benedetto Cotrugli Raugeo, dont l’ouvrage de 1458 n’a été publié qu’en 1573, il a eu la
chance que son ouvrage soit le premier du genre à être imprimé. Ajoutons encore qu’après 1514, sa trace
comptable se perd jusqu’à ce que, deuxième chance, il soit redécouvert en 1869 par un professeur italien
de comptabilité. On en vient donc à relativiser la notion de “grand auteur” en comptabilité ».
https://marketingebooks.tk/
12 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Introduction 13
https://marketingebooks.tk/
14 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Introduction 15
https://marketingebooks.tk/
16 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
Les années deux mille ont sans doute marqué un tournant majeur. La
contribution de Shane et Venkataraman a permis de préciser les contours
de cette jeune discipline. Ces auteurs ont proposé de définir l’entrepreneu-
riat en termes d’opportunité et sont parvenus ainsi à fédérer un nombre
grandissant de chercheurs autour du paradigme de l’opportunité. La plu-
part des chercheurs se retrouvent aujourd’hui autour de cette définition de
l’entrepreneuriat comme : « l’analyse académique de la façon dont sont
découvertes, créées et exploitées, les opportunités de mettre sur le marché de
nouveaux biens et services, par qui et avec quelles conséquences » (Venkataraman,
1997, p. 120 ; Shane et Venkataraman, 2000, p. 218).
Nous avons proposé de distinguer au sein de ce nouveau paradigme, au
sens de Khun (1962), cinq principaux courants (Messeghem et Chabaud,
2010 ; Messeghem et Sammut, 2011) : l’école économique qui s’intéresse
au rôle de la fonction entrepreneuriale dans l’économie (Schumpeter,1935 ;
Kirzner, 1973), l’école fondée sur les traits, d’inspiration psychologique
(McClelland, 1961), l’école de la décision qui s’est développée au cours
des années quatre-vingt-dix avec la percée des approches cognitives
(Krueger 1993 ; Krueger, 2009), le courant du processus qui est apparu au
milieu des années quatre-vingt en réaction aux limites de l’approche fon-
dée sur les traits (Gartner, 1985, 1988) et l’école de l’organisation entre-
preneuriale ou du corporate entrepreneurship (Miller, 1983 ; Burgelman,
1983a et 1983b ; Stevenson et Jarillo, 1990) qui s’intéresse à l’orientation
entrepreneuriale d’organisations existantes et au management entrepre-
neurial.
https://marketingebooks.tk/
Introduction 17
9. Selon Zahra et George (2002, p. 263) : « International entrepreneurship is the discovery, enactment,
evaluation, and exploitation of opportunities – a across national borders – to create future goods and services ».
https://marketingebooks.tk/
18 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Introduction 19
https://marketingebooks.tk/
20 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Introduction 21
https://marketingebooks.tk/
22 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Introduction 23
https://marketingebooks.tk/
24 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
Références bibliographiques
Albouy, M. (2003), Les grands auteurs en finance, Éditions EMS, 310 p.
Audretsch, D.B. (2007), The entrepreneurial Society, Oxford, Oxford University
Press, 248 p.
Bouquin, H. (2005), Les grands auteurs en contrôle de gestion, Éditions EMS,
599 p.
Bourdieu, P. (1998), Contre-feux, Liber, Raisons d’agir, 125 p.
Burgelman, R.A. (1983a), « A model of the interaction of strategic behavior,
corporate context, and the concept of strategy », Academy of Management
Review, 8(1), 61-70.
Burgelman, R.A. (1983b), « Corporate entrepreneurship and strategic manage-
ment : Insights from a process study », Management science, 29(12), 1349-
1364.
Carland, J.W., Hoy, F. ,Boulton W. R. et Carland, J.A. C. (1984), « Differentiating
Entrepreneurs from Small Business Owners : A Conceptualization », Academy
of Management Review, 9(2).
Chabaud, D. et Messeghem, K. (2010),Le paradigme de l’opportunité », Revue
Française de Gestion, 36(226), 93-112.
Chabaud, D., Glachant, J.M., Parthenay, C. et Perez, Y. (2008), Les grands
auteurs en économie des organisations, Éditions EMS, 414 p.
Charreire, S. et Huault, I. (2002), Les grands auteurs en management, Éditions
EMS, 463 p.
Colasse, B. (2005), Les grands auteurs en comptabilité, Éditions EMS, 312 p.
Gartner, W. B. (1985), « A framework for describing and classifying the phe-
nomenon of new venture creation », Academy of Management Review, 10(4),
696-706.
Gartner, W. B. (1988), « Who is an entrepreneur ? is the wrong question »,
American Journal of Small Business, 12(4), 11-32.
Gartner ,W. B. (2001), « Is There an Elephant in Entrepreneurship ? Blind
Assumptions in Theory Development », Entrepreneurship : Theory & Practice,
27-39.
Germain, O. (2012), Les grands inspirateurs de la théorie des organisations,
Tome 1, Éditions EMS, 420 p.
Jolibert, A. (2001), Les grands auteurs en marketing, Éditions EMS, 224 p.
Kirzner, I. M. (1973), Competition and Entrepreneurship, University of Chicago
Press, Chicago, 256 p.
Krueger, N. (1993), « Impact of prior entrepreneurial exposure on perceptions
of new venture feasibility and desirability », Entrepreneurship Theory and
Practice, 18(1), 5-21.
Krueger, N. (2009), « Entrepreneurial Intentions are Dead : Long Live
Entrepreneurial Intentions », in A.L. Carsrud, M. Brännback (eds.),
Understanding the Entrepreneurial Mind, Springer, 51-72.
Kuhn, T. S. (1962), The Structure of Scientific Revolutions, Chicago : University
of Chicago Press, 240 p.
Landström, H., Harirchic, G. et Åström, F. (2012), « Entrepreneurship :
Exploring the knowledge base », Research Policy, 41, 1154-1181.
https://marketingebooks.tk/
Introduction 25
https://marketingebooks.tk/
26 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Les fondateurs
https://marketingebooks.tk/
https://marketingebooks.tk/
I
Olivier de Serres
Ménageur et entrepreneur1
Pierre-André Julien
1. Je voudrais remercier Michel Marchesnay et Louis-Jacques Filion pour leurs remarques particulière-
ment constructives. Évidemment, je demeure seul responsable des limites de ce chapitre.
https://marketingebooks.tk/
30 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
Notice biographique
Olivier de Serres naît en 1539. Il est le fils de Louise de Leyris et de Jacques de Serres,
lui-même fils d’Antoine, riche commerçant de draps et de tissus sur la Grand’-Rue de
Villeneuve-sur-Berg, mais aussi propriétaire d’un mas et de plusieurs terres à vignes et
à céréales qui lui seront finalement transmis. Dès son jeune âge, il apprend l’antiquité
grecque et latine, mais aussi les sciences et la religion. De même, il entend discuter
récoltes « aux bons temps selon la nature et apprêt ou transformation pour le marché »,
mais aussi commerce, produits et clientèle. À 7 ans, son père meurt et Olivier devient
le chef de famille en tant que mâle selon la coutume. Durant sa quinzaine et sa seizième
année il étudie à l’université, où il suit des cours de médecine et de droit, qui lui sert
par la suite pour développer ses affaires, mais aussi de botanique qui lui donne sa pas-
sion pour les plantes.
À 19 ans, il apprend la vente de la ferme du Pradel. Rapidement, il vend les terres de la
famille et achète cette ferme le 20 juin 1558 au prix de 3 828 livres. Cette grande terre
agricole de 200 hectares (10 kilomètres carrés) sur l’Ardèche est située aux contreforts
des Cévennes, à quelques centaines de kilomètres au nord de Nîmes. Olivier achète en
même temps les moulins de Brialas proches et les terres environnantes.
S’il a ainsi l’intuition d’une très bonne affaire, il doit toutefois tout apprendre du travail
des champs et de la direction des employés. Il engage d’abord un métayer puis, plus tard,
il en loue la plus grande partie à quatre fermiers. Mais, avec l’idée de tout reprendre plus
tard, il va régulièrement sur son domaine, discute avec les fermiers, achète des équipe-
ments pour améliorer la production et prend systématiquement des notes dans un carnet
qui ne le quitte jamais, compilant remarques et comptabilisant coûts et rendements.
C’est l’époque de la guerre de Trente Ans entre catholiques et réformateurs protestants,
guerre qui s’étendra finalement à l’Allemagne pour toucher le Danemark, la Suède et
finalement l’Espagne, jusqu’au traité de Westphalie de 1648. On sait aussi que, comme
toute guerre civile, cela donne des combats atroces et l’horreur un peu partout avec des
troupes régulièrement licenciées et vivant sur la rapine et les exactions contre les habitants.
Ayant repris la ferme en 1558 et malgré les destructions causées par la guerre, Olivier
et sa famille réussissent à rebâtir pour développer graduellement un grand domaine en
inventant systématiquement de nouvelles façons de faire et de nouvelles productions
qui finalement ont été utilisées pour illustrer son ouvrage. On peut y trouver tous les
animaux domestiques, mais aussi la plupart des céréales de l’époque, notamment le blé,
la vigne, la forêt pour le bois, etc. Mais surtout, on peut y trouver tous les éléments de
la création et du développement d’une entreprise.
Olivier meurt le 2 juillet 1619 à l’âge de 80 ans, quelques années après sa femme, lais-
sant le Pradel à son fils Daniel, avec tous les éléments d’une entreprise servant de
modèle pour les fermes de France.
https://marketingebooks.tk/
Olivier de Serres 31
https://marketingebooks.tk/
32 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Olivier de Serres 33
https://marketingebooks.tk/
34 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Olivier de Serres 35
https://marketingebooks.tk/
36 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
Palissy, qui non seulement critique les routines agricoles en vigueur, mais
explique comment augmenter les rendements par une culture plus ration-
nelle. Olivier rappelle que cette mise à jour régulière du savoir par les ouvrages
est essentielle pour avancer dans le développement d’une entreprise :
« Il y en a qui se moquent de tous les livres… et nous renvoient aux paysans
sans lettres, lesquels ils disent être les seuls juges compétents en cette matière,
comme fondée sur l’expérience… C’est bâtir en l’air et se morfondre par vaines
inutilités et imaginations… Par exemple, les livres de Physiques enseignent les
causes et effets de la nature, l’Éthique, le moyen de bien et heureusement vivre,
l’Économique, de bien conduire la famille… (Ce qui permet) la liaison entre
la Science et l’expérience… et que pour faire bon ménage entre nécessité de
joindre ensemble le Savoir, le Vouloir, le Pouvoir… »
Le savoir se développe aussi par les contacts, nous dirions aujourd’hui
les réseaux. Olivier explique qu’il rencontre régulièrement des experts pour
échanger, comme le jardinier Traucat de Nîmes, le botaniste Richier de
Belleval de Montpellier ou le botaniste Baulin en Suisse. Il étudie aussi les
travaux du botaniste Charles de Lescure qui étudia à Strasbourg et à
Montpellier pour finalement diriger le grand jardin botanique de Vienne.
Il visite les jardins botaniques de Montpellier, mais aussi de Pise, de
Padoue, de Gêne et de Florence, et probablement les orangeries et les
grandes serres de l’Électeur Palatin de Heidelberg en Allemagne.
Mais le savoir est complexe et demande réflexion. Par exemple, en agri-
culture, toute terre n’est pas bonne pour tout genre de productions et de
produits. D’autant plus que la qualité de celle-ci évolue avec le temps de
préparation, d’entretien et d’usage. Pour lui, les questions à se poser avant
de créer, d’acheter et d’exploiter une terre portent sur « l’Air (ou le climat),
l’Eau, la Terre, le Voisin, le Chemin et la Capacité d’agir ».
Pour les deux premières questions, cela paraît évident en agriculture.
Mais pour le Voisin et le Chemin, cela ne l’est pas nécessairement. Dans le
cas du Voisin, comme les terres se chevauchent et s’influencent, par
exemple, par la pollinisation ou encore par les insectes qui passent d’une
terre à l’autre, on ne peut faire fi de s’entendre au moins minimalement
avec les voisins. On n’a qu’à se rappeler les poursuites monopolistiques de
Monsanto contre des cultivateurs proches de terres recourant aux OGM
en France dans la dernière décennie, mais aussi l’incidence des lotisse-
ments dans les zones rurbaines, ou des remembrements dans les cam-
pagnes. Enfin, pour l’agir, même si cela semble évident, il faut rappeler
qu’une entreprise est une organisation qui doit continuellement se trans-
former pour survivre, comme l’explique l’origine du mot venant d’orga-
nique ou « propre aux organismes vivants ».
https://marketingebooks.tk/
Olivier de Serres 37
https://marketingebooks.tk/
38 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Olivier de Serres 39
« habile homme, homme de bien, de moyen âge… lui commettant les choses
qu’il ne pourrait exécuter lui-même sans trop de travail et avec lequel confé-
rera tous les jours de nouvelles besognes… »
Comme il l’a fait avec Barnier « pour s’occuper de la grande culture et de
la vente des bêtes aux foires et la soie à Avignon », soit le quotidien et, gra-
duellement, une bonne partie du court terme.
Olivier parle aussi de recourir aux parties prenantes7, notamment la
première partie prenante dans le cas des PME, la famille et, en particulier,
la ou le partenaire qu’il appelle : « le plus important ressort du ménage » et
dont l’appui moral, mais aussi technique8 peut être crucial notamment
dans les premières années de création :
« On dit bien qu’en chaque saison,
la femme fait ou défait la maison (le ménage, la gestion). »
Nous verrons plus loin le rôle des amis et d’autres parties prenantes,
comme certains proches du roi, pour se faire conseiller, pour augmenter
momentanément les ressources afin de répondre à de nouveaux défis, ou
pour obtenir de l’aide afin de pouvoir répondre à des obstacles importants
causés, dans ce cas-ci par la guerre.
La qualification de la main-d’œuvre et les liens avec les parties pre-
nantes permettent d’augmenter la flexibilité de l’entreprise, une des forces
des PME pour compenser le manque de variété et d’employés très spécia-
lisés, comparé à la grande entreprise. Cette flexibilité est particulièrement
efficace quand la production varie beaucoup pour répondre à une clientèle
diversifiée. Cette flexibilité repose sur la proximité et ainsi sur la capacité
de l’entrepreneur à bien connaître « son monde » et à le former non seu-
lement pour répartir les tâches en général, mais même journellement,
notamment pour réussir l’ensemencement, clé de la récolte future :
« les vermines, les oiseaux gâtent bien de la semence, mais non autant qu’il
nous en manque, la plus grande perte venant du semeur… s’il ne sait pas semer
et bien recouvrir les graines par la suite… (De plus, pour tous les travaux, il
faut)… une certaine discipline alors que traditionnellement les hommes
menaient les travaux suivant leurs goûts et avec beaucoup de récréation ».
Rappelons que la grande majorité des employés, à cette époque où
François de Malherbe devient poète de la cour et où Champlain fonde la
ville de Québec, ne sait ni lire ni écrire et n’est à peu près jamais sorti de
son petit coin de pays.
7. Évidemment, sans connaître ce terme à la mode en gestion depuis quelques années.
8. Par exemple, il arrive très souvent qu’au début de l’entreprise, la femme (ou le mari) joue le rôle de
comptable et de secrétaire… Et nous savons tous l’effet souvent crucial d’un divorce, sur la survie d’une
nouvelle petite entreprise.
https://marketingebooks.tk/
40 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Olivier de Serres 41
https://marketingebooks.tk/
42 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
9. Mélanges de fumiers naturels d’origines animales (cheval, vaches, volailles, moutons…), cendres de
bois, tissus devenus inutilisables pour les vêtements, se décomposant tout en conservant l’humidité
nécessaires à certaines plantes, etc.
https://marketingebooks.tk/
Olivier de Serres 43
https://marketingebooks.tk/
44 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Olivier de Serres 45
7. POUVOIR ET MILIEU
Une dernière caractéristique des PME qu’Olivier a pratiquée toute sa
vie est leur implication dans leur milieu, de façon à participer au dévelop-
pement du capital social et en retour en tirer parti, le temps venu.
Un des premiers avantages de cette participation au capital social est de
connaître les conventions ou règles du jeu en affaires, règles qui diffèrent
le plus souvent selon le milieu :
« Le ménage doit savoir ce qu’il y a à faire entre la coutume et l’ordre des
lieux où il vit… »
Par exemple, en allant à la cour du roi à Paris pour régler la dette
importante de son frère, il s’est rapidement aperçu que les règles diffé-
raient de ce qu’il connaissait. Cela lui demanda plusieurs voyages pour
comprendre et surmonter son découragement et ainsi pour en arriver à
une solution. C’est la même chose, par exemple, quand une PME veut
exporter.
Quant à participer au développement du capital social dans le Vivarais,
il a su utiliser sa notoriété, ses contacts et ses influences pour diminuer les
affres de la guerre. Il considère que c’est un des rôles d’un notable d’af-
faires, pour en tirer par la suite les bénéfices :
« Celui-ci s’emploiera à pacifier les différends et querelles d’entre les sujets
et voisins, les gardant d’entrer en procès, et les en sortir s’ils y sont ; à ce que la
paix étant conservée parmi eux, y participe lui-même à l’aise et repos qu’elle
aura produit. »
On sait qu’Olivier fut le principal auteur de la trêve de Largentière de
1581 à 1586, entre les protestants et les catholiques, permettant à chacun
d’exercer son culte tout en sauvant les travaux agricoles afin de nourrir le
peuple, et faisant en sorte de regrouper les soldats pour qu’ils cessent de
vivre sur le dos du peuple, et de raser les châteaux devenus repaires pour
les voleurs de grands chemins.
Il ouvre aussi ses greniers durant les grandes famines du Vivarais
comme en 1580 :
« Aimer les pauvres pour exercer charité envers eux, leur départant de nos
biens selon nos moyens et leurs nécessités, lesquels nous nous enquerrons surtout
en temps de famine et de cherté ».
Cette participation au développement du capital social peut même
mener à devenir un modèle pour les autres entrepreneurs :
https://marketingebooks.tk/
46 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
« Comme oracle de ses voisins, imité d’eux, voyant son labeur prospérer…
pour son profit particulier et d’utilité publique. »
On sait l’importance des modèles dans le dynamisme entrepreneurial
territorial.
Conclusion
Bref, nous avons avec le Théâtre d’agriculture et mesnage des champs, il y
a plus de quatre cents ans, tout un enseignement pour une meilleure ges-
tion du personnel, un meilleur usage des équipements, une utilisation
optimale des autres ressources, un développement systématique du pro-
duit, de l’innovation à tous les niveaux, une comptabilité bien tenue et
efficace et un marché bien contrôlé. Cela donne une combinaison des res-
sources et des compétences permettant la distinction, ce que la théorie
actuelle du même nom ne saurait renier.
Cette combinaison provient et mène à ce Savoir, ce Vouloir et ce
Pouvoir, et finalement à une distinction particulière de l’entreprise et de sa
production, distinction dans son cas reconnue un peu partout en France
malgré la guerre, comme le rappelle un de ses biographes, Fernand
Lequenne, F. (1942, p. 285) :
« La farine du Pradel est alors une des plus fines de France. »
Rappelons, pour terminer, que cette façon de voir le développement
des PME est conforme à ce qu’expliquait Jean-Baptiste Say, soit que toute
entreprise est finalement une production de savoir et de savoir-faire. Le
savoir est la connaissance subtile des véritables besoins du marché, ou plus
précisément de chaque client, quitte à définir ce besoin avec lui grâce à ce
savoir. Le savoir-faire est la capacité d’y répondre le mieux possible et dif-
féremment de la concurrence pour assurer la distinction et ainsi le déve-
loppement de l’organisation. Le produit n’est que le résultat de ce savoir et
savoir-faire et ainsi de la relation entre l’organisation et le marché.
https://marketingebooks.tk/
Olivier de Serres 47
https://marketingebooks.tk/
https://marketingebooks.tk/
II
Richard Cantillon
Du « berceau de
l’économie » au « père de
l’entrepreneuriat »
Michel Marchesnay
https://marketingebooks.tk/
50 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
Notice biographique
Richard Cantillon ajoute à sa réputation d’« économiste », une renommée plus sul-
fureuse, qualifiée, au mieux, d’« entrepreneur », au pire de spéculateur, voire
d’aventurier. Ainsi, ne connait-on pas sa date exacte de naissance, située entre 1680 et
1700. De même, la date, les circonstances, et même le lieu de sa mort restent indéter-
minés. Selon les uns, son cuisinier l’aurait fait périr brûlé vif dans sa maison en 1734 ;
selon d’autres, Cantillon se serait enfui incognito au Surinam ! D’origine irlandaise, il
prend la nationalité française en 1708, part en Espagne comme comptable dans
l’Armée anglaise, retourne à Londres, puis, de retour en France, devient banquier. Il
participe à la création de la Compagnie des Indes et du Mississipi, puis spécule à la
hausse sur le système instauré par Law. Inquiété un moment comme spéculateur à la
baisse, il amasse une grande fortune, qu’il devra défendre le reste de sa vie contre les
plaintes des clients spoliés. Son œuvre majeure sera l’Essai sur la nature du commerce en
général, et l’on ne s’étonnera pas que la date de parution soit contestée, sans doute 1755
pour une publication en France (après Londres), et qu’une partie (le Supplément, sans
doute statistique) n’a jamais été retrouvée. L’ouvrage constitue une tentative de géné-
ralisation et de mise en relations des activités économiques (le « commerce »). Cantillon
offre une synthèse des questions touchant, d’une part, à la circulation des revenus, du
crédit et de la monnaie, et, d’autre part, au rôle de l’entrepreneur dans le fonctionne-
ment du marché. Sa propre expérience lui permet de combiner les concepts et ques-
tions théoriques aux observations et propositions pratiques.
https://marketingebooks.tk/
Richard Cantillon 51
is thus more than any book I know, the first treatise of economics ». Il voit
donc dans l’Essai le « berceau » (cradle) de l’économie politique, estimant
que l’école anglaise s’est, soit fourvoyée, comme Ricardo, soit simplement
inspirée de Cantillon, comme Smith.
Telle est également l’opinion de Karl Marx (cité par Schumpeter, grand
admirateur de Cantillon), dans l’Anti-Dühring, qui souligne qu’« il suffira
de comparer l’ouvrage de Cantillon cité par Adam Smith pour s’étonner
de l’étroitesse de vue des travaux économiques de Hume ». En 1904,
Charles Gide écrira en note, dans le Gide et Rist : « Ce (sic) Richard
Cantillon, dont personne n’avait parlé pendant plus d’un siècle, est revenu
fort à la mode depuis quelques années, comme tous les précurseurs que
l’on redécouvre. (…) Dans les revues économiques, les articles sur son
compte ne manquent pas ».
Plus récemment, Emile James (p.59), parmi bien d’autres auteurs, voit
en lui l’« admirable pionnier », « le troisième précurseur génial des auteurs
classiques », avec Petty et Condillac. Enfin, Georges Tapinos, dans sa pré-
face au Traité d’Économie Politique de Say (p. 17 et s.) estime que la for-
mulation de la loi des débouchés par ce dernier est nettement moins claire
que celle de Cantillon… tout en attribuant la paternité de l’approche de
l’entrepreneur à Say. On notera donc, pour tempérer cette volée d’éloges,
que Richard Cantillon a été trop longtemps considéré, soit, comme le
soutient René Gonnard, (p. 172 et s.), comme un simple « arrangeur » des
thèses mercantilistes, soit, selon Charles Gide, qu’« on lui attribue une
influence, peut-être exagérée (sic), sur les physiocrates ».
De façon générale, avant Schumpeter et Knight, les traités d’économie
ne font pratiquement aucune référence à son approche de l’entrepreneur.
Même la réédition par l’INED (Institut National d’Études Démographiques)
de l’Essai, au début des années cinquante, réédité en 1997, contient des
contributions relatives à bien d’autres domaines, comme la démographie :
Cantillon se voit donc attribuées de multiples paternités, à l’aune sans
doute d’une vie aux multiples facettes.
https://marketingebooks.tk/
52 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
1697 (date fausse, fondée sur des textes apocryphes) ! René Gonnard
(p. 172), en se référant à Stanley Jevons, évoque une origine « peut-être
espagnole » et une date de naissance en 1680 ou 1685 (il ajoute que « les
historiens ne sont pas d’accord »). Si la date de sa mort prématurée semble
un peu plus précise (1733 pour Espinas, 1734 pour Higgs et Stangeland,
d’après Gonnard), c’est que Cantillon serait décédé tragiquement.
Richard Cantillon (affublé d’une particule par Joseph Rambaud, note
p. 85, par confusion avec un homonyme) est né en Irlande, à Ballyheigue,
comté de Kerry. Il était issu d’une vieille famille noble, irlandaise et catho-
lique, des propriétaires terriens dépossédés par les partisans de Cromwell
– d’où le rôle central qu’il entend accorder aux propriétaires fonciers.
D’abord négociant à Londres, il fonde une banque à Paris en 1708 (« vers
1710 » selon Rambaud) et prend la nationalité française. Il participera à la
guerre de Succession d’Espagne, au titre de comptable du Payeur Général,
James Bridge. De retour à Paris en 1714, il établit un « commerce de
banque » avec son oncle Richard. Ses affaires prospèrent, il est reçu chez
les philosophes, Montesquieu et Voltaire notamment. Mais il est contraint
de repartir en Irlande lorsqu’il entre en conflit avec l’Écossais Law, dont il
désapprouve les conceptions monétaires et surtout son « Système », inau-
guré en août 1719. René Gonnard écrit que Law, jaloux du succès de
Cantillon, « essaya de l’effrayer et le déterminer à s’exiler », mais que celui-
ci ne céda pas, favorisant la hausse des cours et réalisant ses avoirs au
moment opportun pour partir à Londres ; en réalité, Gonnard occulte le
fait que l’opération s’est déroulée en deux temps.
Cantillon revient donc l’année suivante et monte une société en com-
mandite avec deux prête-noms : un oncle et un neveu (âgé de quatre
ans…). Il spécule et amasse une fortune considérable. Mais, suite à « l’af-
faire du Mississipi », le Système de Law entre dans une phase de spécula-
tion « catastrophique », et Cantillon se montre suffisamment opportuniste
pour retirer la fortune ainsi amassée. Étant accusé d’avoir contribué à la
chute du Système et à maintes faillites, il devra soutenir de nombreux
procès, qu’il gagnera au demeurant, mais le contraindront à une vie
errante. Il se marie en 1722 avec une Franco-irlandaise (Marie-Anne
O’Mahony), s’installe en Hollande, puis à Londres. René Gonnard rap-
pelle que ce « personnage essentiellement cosmopolite » avait visité toute
l’Europe, l’Arabie, l’Inde, la Chine, le Japon et le Brésil. Une vie aussi
aventureuse ne pouvait que se terminer tragiquement. Il meurt dans l’in-
cendie de sa maison, Schumpeter précisant « presumably murdered » : il
aurait été assassiné par son cuisiner français, qu’il avait congédié. Les
historiens sont partagés, car on aurait retrouvé en Amérique du Sud un
Mr Louvigny, lequel détenait les papiers personnels de Cantillon. Il pour-
https://marketingebooks.tk/
Richard Cantillon 53
rait donc s’agir, soit de Cantillon, soit de son domestique, le corps retrou-
vé lors de l’incendie n’ayant pas été identifié…On penche pour l’hypo-
thèse selon laquelle Cantillon se serait enfui pour éviter les foudres de la
justice, soit pour l’assassinat, soit pour les procès en escroquerie !
https://marketingebooks.tk/
54 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Richard Cantillon 55
https://marketingebooks.tk/
56 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Richard Cantillon 57
https://marketingebooks.tk/
58 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Richard Cantillon 59
le prix de marché est trop élevé, il fait confiance aux autorités (tel l’inten-
dant de la province, comme Turgot en Limousin) pour fixer un prix
proche de la valeur intrinsèque. On sait que Turgot, admirateur de
Cantillon, échouera sur cette question de la libre circulation du blé en
1775.
https://marketingebooks.tk/
60 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Richard Cantillon 61
deuses, ramoneurs, porteurs d’eau (…) les maîtres artisans comme cor-
donniers, tailleurs, menuisiers, perruquiers, etc., (…) les entrepreneurs de
leur propre travail dans les arts et les sciences comme peintres, médecins,
avocats, etc., (…) les gueux même et les voleurs sont des entrepreneurs de
cette classe » (Essai , p. 28 et s.).
Sont ainsi classées toutes espèces de « gens à gages incertains » : gens de
négoce, entrepreneurs de bâtiment, de spectacles, gens de métiers, profes-
sions libérales, et la multitude de « micro-entreprises », des plus aux moins
honorables. En d’autres termes, cette définition n’a rien perdu de sa perti-
nence, on la retrouve par exemple chez Casson.
https://marketingebooks.tk/
62 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Richard Cantillon 63
https://marketingebooks.tk/
64 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Richard Cantillon 65
https://marketingebooks.tk/
66 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
III
Jean-Baptiste Say1
Les premiers fondements
de l’exercice du métier
d’entrepreneur
Louis Jacques Filion
1. L’auteur de ce chapitre tient à remercier Paule Desjardins du service des archives d’HEC Montréal
pour avoir rassemblé et rendu disponibles les œuvres de Jean-Baptiste Say, ainsi que Pierre-André Julien
et Michel Marchesnay pour leurs nombreux commentaires et excellentes suggestions.
https://marketingebooks.tk/
68 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Jean-Baptiste Say 69
https://marketingebooks.tk/
70 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
dernier consacra deux ans à rédiger un ouvrage en six volumes qui comprenait
l’ensemble de la matière des leçons qu’il présentait au Conservatoire : Cours d’économie
politique pratique (1828-1829). Cette dernière œuvre reprend les idées préalablement
exprimées dans le Traité et le Catéchisme, mais en les expliquant et les illustrant davan-
tage. Ce sera sa dernière œuvre mais la plus complète. La place accordée à l’entrepreneur
dans le développement économique ainsi que les façons de faire de l’entrepreneur y
sont plus élaborées et mieux campées. En 1830, le Gouvernement créa une nouvelle
chaire portant nettement sur l’économie politique, cette fois au Collège de France,
laquelle fut aussi confiée à J.-B. Say, lequel occupera ses deux chaires jusqu’à son décès
deux ans plus tard.
Madame Say décéda le 10 janvier 1830 et Jean-Baptiste Say la suivit le 16 novembre
1832, laissant deux fils et deux filles. Son fils Horace, ainsi nommé en souvenir du frère
le plus proche de Jean-Baptiste, publiera une dernière version posthume des principales
œuvres de son père telles qu’annotées par ce dernier. J.-B. Say s’était destiné au jour-
nalisme ; son besoin de réfléchir, d’écrire et d’enseigner ne s’éteindra jamais.
L’essentiel de ce texte est tiré de la notice historique sur la vie et les ouvrages de Jean-
Baptiste Say, par Charles Comte, son gendre. Préambule de : Say, J.-B. (1844), p. 1 à
7. Des informations additionnelles ont été ajoutées, provenant de sources diverses,
dont principalement l’histoire du CNAM par Alain Mercier (1994).
https://marketingebooks.tk/
Jean-Baptiste Say 71
https://marketingebooks.tk/
72 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Jean-Baptiste Say 73
https://marketingebooks.tk/
74 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Jean-Baptiste Say 75
https://marketingebooks.tk/
76 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
moyens de les satisfaire, et qui compare les buts avec ces moyens ; aussi sa prin-
cipale qualité est-elle le jugement3 » (Say, 1844 : 47).
Pour Say, c’est le fait que l’entrepreneur joue les rôles qui lui sont
propres qui font que la création de produits se réalise :
« La création d’un produit est une pensée unique où une multitude de
moyens concourent à une seule fin. Aussi, vient-elle en général dans une seule
tête, celle de l’entrepreneur ; et c’est lui qui rassemble les moyens nécessaires…
travailleurs, capitalistes… » (Say, 1844 : 52).
En vue d’alléger le texte, nous présentons au tableau 1 qui suit les acti-
vités et caractéristiques les plus souvent associées par Say à ce que fait et à
ce qui caractérise l’entrepreneur :
3. Cette dernière remarque est fort intéressante et rejoint la perspective qui a conduit la Harvard Business
School à choisir et mettre l’emphase sur une approche pédagogique complètement nouvelle pour la
formation des entrepreneurs et des managers, soit l’enseignement par la méthode des cas dès les premières
années suite à sa fondation en 1908.
4. Toutes les données de ce tableau sont tirées du texte de Say (1844). Les activités retenues sont men-
tionnées dans ce texte, mais Say ne les a pas toujours associées à des caractéristiques précises, comme nous
l’avons suggéré dans ce tableau, à partir des qualités attribuées par Say aux entrepreneurs dans ses textes.
https://marketingebooks.tk/
Jean-Baptiste Say 77
https://marketingebooks.tk/
78 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
Schumpeter (1954 : 555) insiste sur le fait que Say a été le premier non
seulement à établir une nette distinction entre l’entrepreneur et le capita-
liste, mais aussi entre les profits de l’un et de l’autre. En réalité, Say aura
été le premier à préciser clairement l’origine des profits de l’entrepreneur :
« Si le travail de l’entrepreneur est indispensable… il faut considérer son
bénéfice comme un des frais de l’entreprise, comme une des dépenses
indispensables pour qu’un produit soit créé » (Say, 1844 : 55). « Le profit
de l’entrepreneur… n’est autre chose que le profit de ses travaux », (Say,
1844 : 135).
Say insiste sur l’importance du rôle de l’entrepreneur : « … l’élément
principal du succès dans les entreprises industrielles… est l’habileté et la
conduite de l’entrepreneur » (Say, 1844 : 140). Il mentionne que c’est la
présence de capitaux qui génère la richesse des nations (Say, 1844 : 53),
que les capitaux résultent des bénéfices réalisés suite à l’activité entrepre-
neuriale et que, par conséquent, c’est la présence de l’entrepreneur qui fera
la différence en ce qui a trait à la création de richesse, mais que cette pré-
sence, si essentielle au développement économique, demeure plus rare que
celle de tout autre acteur économique :
« Les connaissances scientifiques circulent plus aisément que les qualités qui
font les bons entrepreneurs. Les qualités de ceux-ci sont plus personnelles … et
se transmettent plus difficilement d’un individu à l’autre… Les notions scien-
tifiques se propagent d’un pays à l’autre, mais il n’en est pas tout à fait de
même des talents de l’entrepreneur » (Say, 1844 : 48).
https://marketingebooks.tk/
Jean-Baptiste Say 79
daptés au contexte brésilien, soit des produits dont les Brésiliens n’avaient
pas besoin (ce qui est la même chose) ; 2. Les Brésiliens n’avaient rien à
offrir en échange ou à exporter pour se procurer l’argent avec lequel ils
pourraient payer les producteurs anglais.
En résumé, le problème n’était pas que l’Angleterre produisait trop
mais que le Brésil ne produisait pas assez. Par conséquent, le problème des
échanges peut être résolu si chacun produit assez pour se procurer les pro-
duits de l’autre. Say transféra ce raisonnement au commerce intérieur et
montra qu’il s’appliquait entre régions et aussi aux consommateurs qui
devaient gagner plus, donc produire ou contribuer à produire davantage,
pour être en mesure de pouvoir consommer davantage.
Chez les économistes, les controverses autour de la « Loi des débou-
chés » communément appelée « Loi de Say » s’est poursuivie longtemps,
d’autant plus que cette « Loi de Say » a influencé les politiques écono-
miques de plusieurs pays jusqu’en 1929. Les controverses sur cette « Loi
de Say » occupent encore une place dans les propos des économistes.
Plusieurs économistes n’ont retenu et ne mentionnent que cette « Loi des
débouchés » comme contribution de Say à la science économique. Or, il
convient de noter que Say ne consacre qu’un des 52 chapitres de son Traité
d’économie politique (1841) à ce sujet, soit 10/600 pages (chapitre XV,
p.138-148). L’attention apportée par certains économistes à cette « Loi des
débouchés » que Say a remaniée à plusieurs reprises apparaît dispropor-
tionnée par rapport à l’intérêt manifesté pour l’ensemble de son œuvre.
Mais l’ensemble de l’œuvre de Say porte sur des pratiques entrepreneu-
riales et managériales qui présentent peu d’intérêt pour les économistes
classiques. En fait, la pensée de Jean-Baptiste Say exprime des idées et une
façon de voir qui est un siècle en avant de son temps. Il peut être davan-
tage considéré comme un précurseur des sciences administratives et du
champ de l’entrepreneuriat – tels que ces domaines se développeront au
siècle suivant – bien davantage qu’un économiste du XIX e siècle au sens
classique du terme, compte tenu de l’emphase placée dans son œuvre sur
la conception et la réalisation d’activités innovantes.
4. PERSPECTIVE CRITIQUE
Le marché cible de Say est cette classe moyenne dont on parle tant de
nos jours, même s’il s’adresse aussi à l’ensemble de la population et que de
nombreux ouvriers assistent à ses cours le soir. La pertinence des perspec-
tives qu’il propose lui vaudra un grand succès populaire, mais il demeu-
rera peu reconnu de l’élite de son époque même s’il fut le premier Français
https://marketingebooks.tk/
80 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Jean-Baptiste Say 81
https://marketingebooks.tk/
82 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
Conclusion
Say présente l’entrepreneur comme l’élément moteur du système éco-
nomique, une personne qui rassemble et coordonne le travail d’un
ensemble de personnes, principalement des savants que nous appelons de
nos jours des spécialistes de la connaissance de certains produits ou
domaines, ainsi que des ouvriers.
Compte tenu de ses propos sur la société et le commerce, en particulier
sur le fonctionnement des marchés, Jean-Baptiste Say peut être considéré
comme un précurseur de la science du marketing actuel. Ses propos sur les
https://marketingebooks.tk/
Jean-Baptiste Say 83
https://marketingebooks.tk/
84 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Jean-Baptiste Say 85
https://marketingebooks.tk/
https://marketingebooks.tk/
IV
Joseph Aloïs Schumpeter
L’entrepreneur force vive
du capitalisme
Sophie Boutillier et Dimitri Uzunidis
https://marketingebooks.tk/
88 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
Notice biographique
Joseph Aloïs Schumpeter est né en 1883 en Moravie et mort en 1950 aux États-Unis.
Il est très certainement l’un des principaux économistes du XXe siècle. Il dispute ce titre
avec Keynes (1883-1946). Mais, il mena une existence plus discrète, et prit peu fait et
cause pour des questions d’actualités économiques, telles que le traité de Versailles en
1919 ou la crise de 1929 et les moyens d’y mettre un terme (sauf pendant la crise de
1924 en Autriche). D’un autre côté, Keynes s’est relativement peu intéressé à des ques-
tions macro-historiques (hormis dans Les perspectives économiques pour nos petits-
enfants, publié en 1930) (Keynes, 2002). Les travaux de Schumpeter s’inscrivent en
revanche dans une réflexion sur le long terme, celle de la croissance économique, du
progrès technique et de la transformation institutionnelle du capitalisme, ou bien
encore d’une Histoire de l’analyse économique, qui est la somme (en trois épais volumes)
d’un travail très documenté et minutieux. Schumpeter, en dépit d’une courte expéri-
ence de banquier et de ministre des Finances, mena la majeure partie de sa vie profes-
sionnelle à l’université en tant que chercheur et professeur, d’abord en Europe (en
Ukraine et en Allemagne), puis aux États-Unis. À partir de 1932, il s’installe aux États-
Unis en tant que professeur d’économie à Harvard.
À quel courant de pensée appartenait Schumpeter ? Était-il libéral ou hétérodoxe ? Ces
questions restent sans réponse, tant il est difficile de le classer. Autant dire que
Schumpeter était schumpétérien, sans cependant minorer les influences dont il a fait
l’objet parmi les économistes (Walras, Marx, Veblen, etc.), mais aussi les sociologues
(Durkheim, Sombart, Weber, etc.) et les historiens (l’École historique allemande). La
pensée de Schumpeter est en fait fondamentalement ancrée dans la théorie évolution-
niste. Schumpeter a largement contribué à l’enrichir, sans toutefois adhérer aux méta-
phores biologiques pour expliquer l’économie, mais parce que toute son œuvre est
orientée sur la question du changement : pourquoi le capitalisme passe-t-il d’un état
d’équilibre à un état de déséquilibre ?
Schumpeter est l’économiste de trois concepts fondamentaux : l’entrepreneur, l’innovation
et le cycle économique ; trois concepts qui sont étroitement liés l’un à l’autre. Doué
d’une grande capacité de synthèse entre l’économie, la sociologie et l’histoire, son apport
majeur à la théorie économique dans son ensemble et à la théorie de l’entrepreneur en
particulier se situe précisément dans cette grande capacité de synthèse.
https://marketingebooks.tk/
Joseph Aloïs Schumpeter 89
https://marketingebooks.tk/
90 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
1. L. von Mises défendait aussi une conception particulière de l’entrepreneur, qui est la force motrice du
processus du marché. Les entrepreneurs sont selon von Mises, « des gens qui cherchent à obtenir un
profit en tirant parti des différences dans les prix (2004, p. 150). L’entrepreneur de von Mises n’est pas
doté du charisme schumpétérien, puisque tout le monde peut être, selon ses dires, entrepreneur.
https://marketingebooks.tk/
Joseph Aloïs Schumpeter 91
https://marketingebooks.tk/
92 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
lisme dans sa globalité. Individualiste, parce qu’elle met l’accent sur le rôle
d’un acteur particulier : l’entrepreneur. Et, c’est très certainement dans
cette dialectique entre le tout (analyse du capitalisme dans sa dimension
historique, qui le rapproche de Marx) et l’individu (analyse du comporte-
ment de l’individu, qui le rapproche de Walras et de Menger) que réside à
la fois la force et la faiblesse de l’œuvre de Schumpeter.
4. Schumpeter reconnaît clairement le rôle de Cantillon dans la théorie de l’entrepreneur, mais cet inté-
rêt pour l’entrepreneur est aussi très certainement le produit de l’influence de son professeur von Wieser
et également des sociologues tels que Weber et Sombart.
https://marketingebooks.tk/
Joseph Aloïs Schumpeter 93
https://marketingebooks.tk/
94 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Joseph Aloïs Schumpeter 95
https://marketingebooks.tk/
96 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Joseph Aloïs Schumpeter 97
https://marketingebooks.tk/
98 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Joseph Aloïs Schumpeter 99
https://marketingebooks.tk/
100 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Joseph Aloïs Schumpeter 101
https://marketingebooks.tk/
102 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
nalité parfaite, ont considéré les firmes comme des organisations complexes
dont il faut expliquer les processus décisionnels, la structure du pouvoir, les
facteurs de différentiation et l’évolution ; une autre partie a cherché à enri-
chir l’approche néoclassique fondée sur la rationalité parfaite en analysant
la firme non plus comme un agent mais comme un ensemble d’agents
reliés par contrats (un nœud de contrats) dont il faut comprendre la coor-
dination. L’entreprise est ici celle qui effrayait Schumpeter, la firme mana-
gériale bureaucratique, qui sonnait le glas du capitalisme des temps
héroïques.
À l’heure actuelle, la théorie évolutionniste est devenue une grille de
lecture appliquée à l’ensemble des sciences sociales, telles que la sociologie,
la géographie ou l’entrepreneuriat (p. ex. Aldrich, 2011), signe certain de
l’intérêt théorique de cette grille d’analyse, qui ne doit pas devenir cepen-
dant une espèce de « prêt-à-penser ».
https://marketingebooks.tk/
Joseph Aloïs Schumpeter 103
https://marketingebooks.tk/
104 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
La dimension économique
de l’entrepreneuriat
https://marketingebooks.tk/
https://marketingebooks.tk/
V
William J. Baumol
Jean-Claude Pacitto
https://marketingebooks.tk/
108 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
Notice biographique
Né le 26 février 1922 à New-York, William Baumol intègre la London School of
Economics en 1947 où il soutient sa thèse de doctorat en 1949. Il enseignera ensuite
à Princeton et à la New York University. Économiste réputé, son nom est à la fois
associé à un modèle célèbre, le modèle Baumol-Tobin de même qu’à une « loi », celle
de la « fatalité des coûts ». Il est aussi à l’origine de la théorie des marchés contestables
qui a renouvelé en profondeur l’analyse de la concurrence pure et parfaite. Si Baumol
commence à beaucoup écrire sur l’entrepreneuriat à partir des années quatre-vingt-dix,
on remarque que dès les années soixante l’économiste américain s’y intéresse déjà et
l’article fondateur de 1968 énonce un programme de travail qui sera, de fait, rig-
oureusement respecté.
Baumol, comme on le verra, n’a pas une vision désincarnée de l’entrepreneur et tous
ses efforts vont viser à le mettre au cœur des processus économiques. Car pour Baumol
sans l’entrepreneur il est impossible d’expliquer la formidable croissance qu’ont connue
les pays développés à partir du XVIII e siècle avec une accélération à partir du milieu du
XIXe siècle. L’innovation, moteur de cette croissance, est liée au développement de
l’entrepreneuriat et d’un certain type d’entrepreneuriat : l’entrepreneuriat productif.
Dès lors, Baumol va s’efforcer de résoudre une énigme au cœur de bien des débats con-
temporains : qu’est-ce qui fait qu’à un moment donné et dans un pays donné « l’offre »
entrepreneuriale de type productif fluctue et favorise ou défavorise la croissance ?
Le recours à l’histoire va permettre à Baumol de montrer combien cette offre dépend
des « règles du jeu » des sociétés en cause et donc, en dernier lieu, de politiques données.
Les fluctuations de l’offre entrepreneuriale ne résultent donc pas de phénomènes mys-
térieux mais de processus parfaitement explicables dont la compréhension conditionne
toute politique publique sérieuse en la matière.
https://marketingebooks.tk/
William J. Baumol 109
https://marketingebooks.tk/
110 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
William J. Baumol 111
phénomènes mystérieux mais relève de causes que l’on peut saisir et expli-
quer. En deuxième lieu, l’offre entrepreneuriale est constante, quels que
soient le pays et l’époque considérés les talents mobilisables ont toujours
existé. En troisième lieu, tous les entrepreneurs ne s’orientent pas vers des
activités innovantes ou productives qui contribuent à la fois à la croissance
et au bien-être général. Car, et en dernier lieu, les entrepreneurs peuvent
aussi bien orienter leurs efforts vers des activités parasites ou « destruc-
tives ». Il s’agit d’une idée forte que Baumol ne cessera de développer par
la suite. Ainsi, que cela concerne des activités liées à la guerre, à la
recherche de la rente ou, encore, à des activités criminelles, il est possible
que l’entrepreneur préfère focaliser ses efforts vers ce type d’activités et
néglige ce qui constitue depuis Schumpeter, le nec plus ultra de l’activité
entrepreneuriale, à savoir l’innovation (et non l’invention on y reviendra).
L’hypothèse centrale de Baumol est que l’établissement de règles du jeu
plus que l’offre entrepreneuriale en soi ou la nature des objectifs des entre-
preneurs, explique les variations de la distribution de cette offre, d’une
période à l’autre, entre les deux types d’activités et affecte ainsi l’économie
toute entière. La critique qu’adresse Baumol à Schumpeter est de ne pas
s’être intéressé aux déterminants du comportement innovant et ce qui fait
qu’à un moment donné, un entrepreneur va choisir tel ou tel type d’acti-
vité. Reprenant son intuition de 1968, Baumol, testant ses différentes
hypothèses, montre que ce sont bien les règles du jeu que les sociétés éta-
blissent à des moments donnés qui en déterminant les rendements relatifs
des différentes activités entrepreneuriales en affectent la distribution. Le
comportement entrepreneurial dépend donc de ces règles du jeu. Ainsi, il
est désormais possible de résoudre les énigmes historiques suivantes : La
Rome antique et la Chine impériale ont été des sociétés inventives mais
jamais innovantes. Pourquoi ces inventions n’ont-elles pas débouché sur
un flux d’innovations susceptibles d’alimenter la croissance à la fois sur le
court terme et sur le long terme ? Pour une raison simple : aucune de ces
deux sociétés n’était régie par des règles du jeu susceptibles d’orienter les
efforts des individus vers des activités innovantes et productives. Dans les
deux cas, les activités commerciales n’étaient pas valorisées, réservées aux
esclaves ou aux affranchis dans le cas romain et soumis à l’arbitraire de la
caste mandarinale dans le cas chinois. Ajoutons que dans le cas chinois
l’absence de propriété privée dissuadait toute bonne volonté de s’orienter
vers de telles activités. La conclusion de Baumol est, dès lors, définitive
« les règles du jeu ont empêché l’acquisition de richesse et de positions au
moyen de l’activité entrepreneuriale » (Baumol, 1990, p.9).
A contrario et en occident à partir du XVIIIe siècle la garantie de la
propriété, la fin progressive des privilèges de la noblesse et de la rente liée
https://marketingebooks.tk/
112 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
William J. Baumol 113
Baumol n’hésite pas à dire que les objectifs de l’entrepreneur restant tou-
jours les mêmes, il est inutile de chercher à les modifier pour agir sur la
croissance. Quel que soit son contexte l’entrepreneur est toujours mû par la
recherche de la richesse, du pouvoir et du prestige. On pourra objecter que
ces objectifs sont quelque peu limitatifs, pour autant Baumol a raison de
souligner l’influence très forte des systèmes de rémunération des activités sur
la distribution de l’offre entrepreneuriale entre ces différents types d’activité.
C’est un point trop souvent négligé dans les études sur l’entrepreneuriat où
la sur-focalisation sur les seuls aspects culturels finit par négliger l’essentiel.
L’innovation orientée vers des activités productives n’est donc jamais défini-
tivement acquise. Pour Baumol, les opportunités toujours plus grandes
offertes aux entrepreneurs qui s’orientent vers des activités liées à la rente
constituent une menace réelle pour la croissance et la prospérité. Car pour
lui et d’un point de vue économique, toutes les activités ne se valent pas.
Les activités liées à la recherche de la rente sont clairement identifiées
comme improductives, voire destructives et dans tous les cas ne favorisant
pas ce qui constitue le moteur de la croissance : l’innovation productive.
L’entrepreneur innovant ne sort donc pas de nulle part et la variation de
l’offre entrepreneuriale productive dans le temps et l’espace ne doit rien à
une quelconque main invisible ou à de mystérieux phénomènes mais beau-
coup plus à des mécanismes institutionnels très concrets qui permettent ou
qui ne permettent pas l’éclosion d’un entrepreneuriat innovant et produc -
tif. Dans The invention of enterprise le chapitre consacré à la France est à cet
égard instructif. On se rend compte que ce sont bien souvent des règles du
jeu défavorables qui ont empêché le décollage de l’activité entrepreneuriale
et pas comme on le dit trop souvent une résistance culturelle qui plongerait
ses racines très loin dans notre histoire. Le poids des propriétaires fonciers,
le prestige de la fonction publique ont davantage joué dans le retard pris
par la France par rapport à l’Angleterre, qu’une éventuelle allergie nationale
à l’esprit d’entreprise.
Dans un autre contexte, la force du Japon moderne est d’avoir sur réo-
rienter et ce dès l’ère Meiji, l’offre entrepreneuriale vers des activités pro-
ductives, notamment industrielles en marginalisant à la fois les activités
liées à la guerre et celles liées à la rente.
Dans cette perspective, la tendance des économies développées à favori-
ser les activités liées d’une manière ou d’une autre à la recherche de la rente
n’est en rien inéluctable. Elle peut être inversée à la seule condition de bien
comprendre les mécanismes qui ont permis leur développement et partant
de là, en mettant en place de nouvelles règles du jeu capables de réorienter
l’offre entrepreneuriale vers des activités directement reliées à la croissance.
C’est le rôle des pouvoirs publics de le faire et ce rôle est capital.
https://marketingebooks.tk/
114 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
2. BAUMOL EN INNOVATION
https://marketingebooks.tk/
William J. Baumol 115
https://marketingebooks.tk/
116 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
William J. Baumol 117
prix comme fondement des stratégies. Afin de parer aux stratégies offensives
des concurrents, les entreprises n’ont pas d’autre arme que celle de l’innova-
tion. Celle-ci est cependant de nature incrémentale car le risque et l’incerti-
tude nuisent aux innovations de rupture. L’effet cumulé de ces innovations
incrémentales est néanmoins générateur de grandes avancées technologiques
– le secteur des puces électroniques le démontre aisément. En second lieu, les
petites entreprises continuent à développer des innovations de rupture. En
recourant à des statistiques issues de la Small Business Administration, Baumol
souligne que, contrairement à la prédiction de Schumpeter, les petites entre-
prises continuent à innover et qu’elles sont à l’origine de la plupart des inno-
vations de rupture. L’originalité de l’analyse de l’économiste est de montrer
qu’il s’est établi une sorte de division du travail pour ce qui concerne l’inno-
vation : les petites entreprises développent des innovations de rupture dans la
droite ligne des entrepreneurs tels que décrits par l’économiste autrichien
alors que les grandes se concentrent sur les innovations incrémentales. Des
passerelles existent entre les deux types d’entreprises. Dans une de ses for-
mules qu’il affectionne particulièrement, Baumol (2010) évoque la « David-
Goliath symbiosis 5 ».
Sans cette complémentarité et cette division du travail, la croissance serait
vite épuisée. L’entrepreneur innovant a donc toute sa place dans l’économie
et les évolutions de la grande entreprise n’ont pas remis en cause le rôle fon-
damental qu’il joue dans la génération des innovations de rupture. On
n’oubliera pas non plus qu’à l’origine des grandes entreprises qui ont joué, ces
dernières années, un rôle majeur dans l’innovation, il y a des entrepreneurs
passionnés et créatifs, Steve Jobs et bien d’autres en témoignent.
https://marketingebooks.tk/
118 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
William J. Baumol 119
https://marketingebooks.tk/
120 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
William J. Baumol 121
Articles
Baumol, W.J. (1968), « Entrepreneurship in economic theory », American
Economic Review, 58(2), 64-71.
Baumol, W.J. (1990), « Entrepreneurship : productive, unproductive, and
destructive », Journal of Political Economy, 98(5), 893-921.
Baumol, W.J. (1993), « Formal Entrepreneurship theory in economics : existence
and bounds », Journal of Business Venturing, 8, 197-210.
Baumol, W.J. (2003), « Innovations and growth : two common misapprehen-
sions », Journal of Policy Modeling, 25, 435-444.
Baumol, W.J. (2004), « Entrepreneurial enterprises, large established firms and
other components of the free-market growth machine », Small Business
Economics, 23, 9-21.
Baumol, W.J. (2004), « On Entrepreneurship, growth and rent-seeking : Henry
George updated », The American Economist, 48(1), 9-16.
Baumol, W.J., Strom, J. (2007), « Entrepreneurship and economic growth »,
Strategic Entrepreneurship Journal, 1, 233-237.
Baumol W.J. (2008), « Small enterprises, large firms, productivity growth and
wages » Journal of Policy Modeling, 30, 575-589.
https://marketingebooks.tk/
122 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
VI
Zoltan J. Acs et
David B. Audretsch
Des « débordements de
connaissances »
à l’entrepreneur,
le renouveau permanent
du capitalisme
Sophie Boutillier et Dimitri Uzunidis
https://marketingebooks.tk/
124 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
Notice biographique
Zoltan J. Acs (né en 1947) et David B. Audretsch (né en 1954) sont deux économistes
américains. Zoltan J. Acs est professeur à l’université George Mason dans le départe-
ment des politiques publiques où il dirige le Centre pour l’Entrepreneuriat et les
Politiques publiques (Center for Entrepreneurship and Public Policy). Il est également
chercheur à l’Institut d’économie Max Planck en Allemagne (comme Audretsch). Il a
publié plus d’une centaine d’articles et une vingtaine d’ouvrages sur l’entrepreneuriat
et les petites entreprises. Il a obtenu de nombreux prix, dont le Global Award for
Entrepreneurship Research, avec David B. Audretsch, pour l’ensemble de leurs travaux.
La célèbre institution suédoise récompense depuis 1996 des chercheurs qui se sont
distingués par leurs recherches en matière d’entrepreneuriat 1. Acs a également exercé
des fonctions de direction à la US Small Business Administration. Audretsch occupe la
chaire du développement économique à l’université de l’Indiana. Il est enfin co-fonda-
teur et coéditeur de la revue Small Business Economics.
Par leurs travaux menés en commun, Acs et Audrestsch ont joué un rôle fondamental
dans l’émergence du paradigme libéral de la petite entreprise et de l’entrepreneuriat
pendant les années quatre-vingt/quatre-vingt-dix, qui s’est substitué à celui de la
grande entreprise et du salariat, sans cependant défendre la thèse d’une économie qui
serait composée exclusivement de petites entreprises. Ils observent des différences nota-
bles selon les secteurs d’activité et selon le type d’innovation concernée (radicale ou
incrémentale). De ce point de vue, leur approche s’apparente en partie à celle de Piore
et Sabel (qu’ils citent) et de Marshall (qu’ils ne mentionnent guère dans leurs articles)
(Boutillier, Uzunidis, 1995). Mais, elle est aussi beaucoup plus complexe dans son
appréhension de la réalité économique.
La publication de leur premier article commun remonte à 1987. Depuis cette date, ils
ont réalisé en commun une grande quantité de travaux tous défendant la même thèse,
celle du rôle dynamique des petites et moyennes entreprises (PME) et de l’entrepreneur
en matière d’innovation. L’un des intérêts majeurs de leur travail est de mettre en évi-
dence l’existence d’un processus cumulatif entre la production de connaissances,
l’entrepreneuriat et la croissance économique. C’est aussi sans doute aussi une faiblesse
de leur analyse. L’entrepreneur est au centre de leur problématique, non en tant que
tel, mais comme « agent de changement » pour reprendre l’expression dont Acs avait
été l’initiateur en 1984. Une autre caractéristique majeure de leur œuvre est de replac-
er l’action entrepreneuriale dans un cadre historique précis, celui des années quatre-
vingt, période marquée par la fin des Trente Glorieuses, par l’émergence d’un nouveau
paradigme scientifique et technique, reposant sur les technologies de l’information et
de la communication (TIC), mais aussi par le libéralisme économique et la remise en
cause du keynésianisme.
1. À titre d’exemples voici quelques grands noms récompensés par l’institution : 2000 H. E. Aldrich,
2003 W. Baumol, 2006 Kirzner, 2009 S. A Shane, etc., voir les chapitres… dans le présent ouvrage.
https://marketingebooks.tk/
Zoltan J. Acs et David B. Audretsch 125
Leur cadre théorique est le produit d’une synthèse hétéroclite réunissant notamment
J. A. Schumpeter, F. Knight, F. Hayek, I. Kirzner, O. Williamson. Leur objectif n’est
pas de chercher à identifier l’entrepreneur en tant que personne, mais comme un agent
(abstrait) correspondant à une fonction économique porteur de changement. Leur
analyse est par conséquent macro et méso-économique (rarement microéconomique).
Cherchant à identifier tous les ingrédients de la dynamique entrepreneuriale, ils
s’intéressent tant à la production d’innovations, à la localisation de la production de
connaissances et aux modalités de leur diffusion, qu’à l’impact en termes de croissance
économique et de création d’emplois de l’entrepreneuriat, sans oublier la question des
mesures de politique publique pour soutenir la création d’entreprises innovantes.
La pensée d’Acs et Autretsch doit être cependant contextualisée sur les plans intellec-
tuel, économique et politique. Le contexte intellectuel est celui de la remise en question
de la théorie de l’économie industrielle qui avait été forgée depuis les années cinquante
et qui visait à justifier le rôle économique des grandes entreprises et de la production
de masse. Le contexte économique est celui de la crise des Trente Glorieuses et de
l’émergence de nouvelles entreprises innovantes. Enfin sur le plan politique, la période
est marquée par la résurgence du libéralisme économique. Remettant fondamentale-
ment en cause les thèses de Schumpeter sur l’hypothétique disparition du capitalisme
et de l’entrepreneur, mais aussi celle de J. K. Galbraith relative à la domination du
capitalisme managérial, Acs et Audretsch plaident en faveur d’un renouvellement per-
manent du capitalisme, battant en brèche l’idée selon laquelle le capitalisme serait
mortel, thèse notamment formulée par Schumpeter (1942). À l’image des défenseurs
historiques de l’initiative individuelle américains, Acs et Audretsch relient décentralisa-
tion de l’activité économique et démocratie. Le pouvoir économique ne pouvait être
sous l’emprise d’un nombre réduit de grandes firmes, qui modèlent les marchés en
fonction de leurs intérêts propres au détriment du bien-être général.
https://marketingebooks.tk/
126 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
2. Voir la thèse du complexe militaro-industriel, concept popularisé par Dwight Eisenhower et déve
loppé par nombre d’économistes dont J. K. Galbraith.
https://marketingebooks.tk/
Zoltan J. Acs et David B. Audretsch 127
https://marketingebooks.tk/
128 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Zoltan J. Acs et David B. Audretsch 129
https://marketingebooks.tk/
130 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Zoltan J. Acs et David B. Audretsch 131
https://marketingebooks.tk/
132 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Zoltan J. Acs et David B. Audretsch 133
https://marketingebooks.tk/
134 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Zoltan J. Acs et David B. Audretsch 135
https://marketingebooks.tk/
136 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Zoltan J. Acs et David B. Audretsch 137
Conclusion
Le cadre théorique d’Acs et Audrestch repose sur six items majeurs :
entrepreneur, petite entreprise, opportunité, innovation, croissance endo-
gène et évolution du capitalisme. De là découlent, une myriade de
concepts dont les deux principes nodaux, sont selon nous, d’une part
l’entrepreneur, clairement identifié en tant qu’agent de changement,
d’autre part les débordements de connaissances, qui offrent une grille de
lecture pour appréhender le processus menant de la production de
connaissances à leur transformation en innovations. L’entrepreneuriat et la
production de connaissances sont ainsi interdépendants, et constituent un
processus cumulatif. Ce point cependant mériterait d’être rediscuté au
regard de la crise économique actuelle.
Depuis le début des années quatre-vingt, Acs et Audrestsch ont mené
un ensemble de travaux en commun dont nous avons cherché à rendre
compte dans leurs grandes lignes. Ceux-ci s’inscrivent dans un cadre théo-
rique caractéristique des années quatre-vingt/quatre-vingt-dix (post fin de
la guerre froide) marqué par le néolibéralisme. Cette période riche en
événements de toutes sortes (politique, économique, technique, scienti-
fique et social) a été porteuse de changements structurels radicaux, le
capitalisme devenant global. C’est en ceci que la « société entrepreneu-
riale » d’Acs et Audretsch est une théorie bien datée (années quatre-vingt/
https://marketingebooks.tk/
138 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Zoltan J. Acs et David B. Audretsch 139
http//www.econ.mpg.de/files/2005/egpsummerinst05/papers/zacs-entrepre-
neurship_and_innovation.pdf
http://www.econstor.eu/bitstream/10419/24892/1/506233502.PDF
Audretsch, B.D., Feldman, M. (1996), « RD Spillovers and the Geography of
Innovation and Production », American Economic Review, (86), 630-640.
https://marketingebooks.tk/
140 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
VII
Mark Casson
À la recherche des
fondements sociaux
de l’entrepreneur
Nadine Levratto
https://marketingebooks.tk/
142 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
12345
Notice biographique
Mark Casson (né en 1945) est professeur d’économie à l’université de Readings en
Angleterre. Après avoir été responsable de département de 1987 à 1994, il occupe
désormais le poste de Directeur du Centre for Institutional Performance. Ses recherch-
es couvrent un vaste champ allant du commerce international1 en passant par l’histoire
économique2, les institutions 3 et l’économie de la culture4 .
C’est toutefois pour sa contribution à la théorie de l’entrepreneuriat que Mark Casson
est le plus connu. Ses publications dans ce domaine sont nombreuses. Outre son
ouvrage majeur The Entrepreneur An Economic Theory traduit en français sous le titre
L’entrepreneur en 1991, il est l’auteur de nombreux ouvrages et articles qui en font un
auteur majeur à la lisière des sciences économiques et du management.
Le point de départ de son analyse est le constat d’une « lacune dans la théorie économ-
ique » (Casson, 1991, p. 9). Il rappelle, en le déplorant, qu’il n’existe « aucune théorie
de l’entrepreneur bien établie. Ce champ d’investigation a été abandonné par les
économistes aux sociologues, aux psychologues et aux spécialistes des sciences
politiques… presque toutes les sciences sociales ont une théorie de l’entrepreneur, à
l’exception des sciences économiques. » (idem). Mobilisant parallèlement « knowledge
management » et la théorie évolutionniste de la firme, il va notamment ouvrir la voie à
un fondement entrepreneurial de la firme (1998) développé dans le cadre d’un
programme de recherche voué à l’élaboration d’une théorie de l’entreprise fondée sur
la connaissance.
Fin connaisseur de l’histoire des idées, Casson cherche à ancrer ses propres développe-
ments dans une longue lignée qu’il fait remonter à Cantillon et surtout à Jean-Baptiste
Say qu’il présente comme « le premier à avoir accordé de l’importance au chef d’entreprise »
(1991, p. 21). Reprenant le clivage entre l’approche fonctionnelle de l’entrepreneur des
théoriciens de l’économie et l’approche descriptive des historiens de l’économie, il
cherche à unifier les deux démarches, offrant ainsi une théorie de l’entrepreneur « en
action ». Le passage de la firme à l’entrepreneur va cependant s’accompagner d’une
personnification de cet agent doté de compétences particulières.
Sa première source d’inspiration réside dans l’école autrichienne5 . Comme chez Israel
Kirzner, l’entrepreneur est, pour lui, capable de percevoir des situations où il est pos-
sible de récolter des profits ; en d’autres termes, de découvrir des opportunités. En plus
de cette forme aigüe de clairvoyance, l’entrepreneur détient une capacité à assumer des
décisions concernant la coordination des ressources, qualité qui le rend unique. Il s’agit
d’un service spécifique rendu par l’entrepreneur au regroupement et à la combinaison
de facteurs de production qui dépasse le simple exercice de l’initiative, de l’autorité ou
de la prise de risque.
1. The internalisation theory of the multinational enterprise: A review of the progress of a research agenda after
30 years (avec Peter Buckley, 2009).
2. The World’s First Railway System… (2009).
3. Markets and Market Institutions : Their Origin and Evolution (editor, 2011).
4. Economics of Business Culture : Game Theory, Transaction Costs and Economic Welfare.
5. La figure de l’entrepreneur comme chef visionnaire traverse la théorie autrichienne depuis le « Fürher »
de Wieser (1927) jusqu’au leader de Schumpeter. « Only a few people have these qualities of leadership and
only a few in such a situation, that is a situation which is not itself already a boom. But if one person, or a
few, has led the charge with success, many obstacles fall away. Others can follow the first, spurred on by a suc-
cess, which now seems achievable » (Schumpeter 2004, p. 228).
https://marketingebooks.tk/
Mark Casson 143
6. Ces concepts sont à la fois plus vastes et plus étroits que les concepts habituels. Plus vastes, car nous
appelons entrepreneurs non seulement les agents économiques « indépendants » de l’économie
d’échange, que l’on a l’habitude d’appeler ainsi, mais encore tous ceux qui de fait remplissent la fonction
constitutive de ce concept, […] Les concepts dont nous parlons sont plus étroits que les concepts
habituels car ils n’englobent pas, comme c’est l’usage, tous les agents économiques indépendants, travail-
lant pour leur propre compte. La propriété d’une exploitation – ou en général une « fortune » quelcon-
que – n’est pas pour nous un signe essentiel ; mais, même abstraction faite de cela, l’indépendance
comprise en ce sens n’implique pas par elle-même la réalisation de la fonction constitutive visée par notre
concept. Non seulement des paysans, des manœuvres, des personnes de profession libérale – que l’on
inclut parfois – mais aussi des « fabricants », des « industriels » ou des « commerçants » – que l’on inclut
toujours – ne sont pas nécessairement des « entrepreneurs ». (Schumpeter, 1926, p. 106-107).
https://marketingebooks.tk/
144 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Mark Casson 145
https://marketingebooks.tk/
146 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
10. Dans son article de 1937, Ronald Coase s’efforce de répondre à la question de l’existence de firmes
alors même que le marché permet d’assurer la réalisation des transactions. Remettant en cause l’hypothèse
néoclassique d’information parfaite, Coase démontre que le recours au système néoclassique des prix a
un coût qui explique la formation de structures collectives comme les entreprises ou les administrations.
Leur fonctionnement intégré contribue en effet à réduire ces coûts de transaction.
11. Casson prend toutefois soin de souligner « It is important not to exaggerate the opposition between the
improvisation of the entrepreneur and the routine decision-making of the ordinary members of the organisation
that he controls » (2005, p. 333).
12. La nécessite d’une détection précoce de l’information et du croisement de sources multiples est au
fondement de la notion d’intelligence économique. Voir par exemple Martre, 1994.
https://marketingebooks.tk/
Mark Casson 147
https://marketingebooks.tk/
148 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Mark Casson 149
https://marketingebooks.tk/
150 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Mark Casson 151
https://marketingebooks.tk/
152 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Mark Casson 153
Conclusion
Les limites mentionnées ne retirent rien à la richesse de la pensée d’un
auteur dont le principal apport réside dans la formulation d’une théorie
de l’entrepreneur dont le champ s’est étendu à la firme multinationale.
https://marketingebooks.tk/
154 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
Outre par leur portée, ses recherches se distinguent par leur caractère
englobant, Casson travaillant à la synthèse de l’approche autrichienne et
de l’analyse des institutions. Sa théorie culturaliste des leaders et des imi-
tateurs qui voit dans les premiers les ferments de l’instauration de nou-
velles normes auxquelles les autres entrepreneurs et managers vont adhérer
lui ont permis de proposer une approche historicisée du phénomène
entrepreneurial. Ses travaux récents rendent compte de cette volonté
d’application de sa grille d’analyse à des périodes ou des situations
concrètes. La construction du système ferroviaire anglais et la contribution
des entreprises privées à ce processus au cours de la période victorienne est
emblématique de cette démarche.
Casson a aussi appelé à l’élaboration d’une théorie de l’entrepreneuriat
s’inscrivant dans le champ des sciences sociales. C’est d’ailleurs l’ambition
qu’il affiche dans son ouvrage, rappelant dans la conclusion qu’une théorie
générale de ce genre constitue le grand dessein des chercheurs. Si l’état
d’avancement des disciplines l’a, dans un premier temps, contraint à déve-
lopper séparément l’approche économique et la dimension sociale, sa
volonté d’intégration, affirmée dès ses premiers travaux, est restée intacte et
le reste de son œuvre a apporté la preuve de son engagement dans cette voie.
https://marketingebooks.tk/
Mark Casson 155
https://marketingebooks.tk/
156 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
VIII
Israël M. Kirzner
L’entrepreneur alerte
Katherine Gundolf
https://marketingebooks.tk/
158 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
Notice biographique
Les apports d’Israël M. Kirzner
Israël Mayer Kirzner (1930-*) est un économiste de nationalité américaine, apparte-
nant à l’Ecole Autrichienne. Il est né à Londres, passe néanmoins une partie de son
enfance en Afrique du Sud, puis retourne ensuite en Grande-Bretagne pour, finale-
ment, se poser aux Etats-Unis. Il obtient son doctorat à l’université de New York sous
la direction de Ludwig von Mises, éminent économiste d’origine autrichienne apparte-
nant également à l’école du même nom. Kirzner rejoindra le corps professoral de cette
même université à New York en 1969 et y demeurera jusqu’à sa retraite en 2002. Il y
travaille encore aujourd’hui en tant que professeur émérite.
Fils de rabbin et élève de Rabbi Isaac Hunter, Kirzner exerce lui-même en tant que rab-
bin dans la communauté juive à Brooklyn, New York, dirigée jusque-là par son père.
https://marketingebooks.tk/
Israël M. Kirzner 159
enseignés par son propre directeur de thèse. Pour faire simple, ce qui est
nommé aujourd’hui « École Autrichienne » en économie (EA), trouve ses
fondements dans les écrits de Carl Menger, économiste autrichien qui a
découvert au même moment que Jevons et Walras la théorie de l’utilité
marginale et qui de ce fait est un des fondateurs de l’approche margina-
liste. Le schéma ci-dessous reprend la relation thésard/directeur de thèse
qui pourrait en partie caractériser l’EA. Il englobe un bon nombre des
auteurs appartenant à cette École.
https://marketingebooks.tk/
160 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Israël M. Kirzner 161
2. LA COMPRÉHENSION KIRZNERIENNE DE
L’ENTREPRENEUR
Kirzner (1973, 1979, 1982) procède à une analogie pour expliquer sa
vision de l’entrepreneur. En effet, il met en parallèle ce qu’il appelle l’élé-
ment entrepreneurial de la prise de décision (individuelle) et l’action
entrepreneuriale au sein du marché. La première explique le comporte-
ment de l’individu, la seconde discute les conséquences de comportements
individuels entrepreneuriaux sur la globalité du marché. Pour ce faire,
Kirzner discute d’abord sa conception de l’action humaine, ceci en accord
avec sa lignée misesienne.
https://marketingebooks.tk/
162 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
2.2. L’arbitrage
Dans une économie de marché, « l’élément entrepreneurial de la prise
de décision individuelle » (Kirzner, 1979) apparaît lorsqu’il y a de l’« arbi-
trage » (Kirzner, 1973). Kirzner (1973) explique l’arbitrage de la façon
suivante : puisque tout comportement sur le marché n’est pas instantané,
puisque tout prend finalement du temps, nous pouvons admettre que
l’entrepreneur réduit les différences de prix dans un monde sans temps. Et
que par conséquent, le temps n’est pas un élément nécessaire au « pur »
entrepreneuriat. Le véritable comportement réalisé par l’entrepreneur est
avant tout l’arbitrage (Gunning, 2009). Comme le souligne Kirzner
(1979), l’entrepreneur prend des décisions, il doit choisir, faire un arbi-
trage entre différentes options. Le pur entrepreneur est « a decision-maker
whose entire role arises out of his alertness to hitherto unnoticed opportuni-
ties ».
En effet, l’entrepreneur, ou ici l’arbitre, observe les prix qui se pra-
tiquent sur le marché. Lorsqu’il pressent une opportunité, il suivra son
intuition (« subconscious hunch ») et cherchera à mettre en place un
échange entre un vendeur qui attribue un prix inférieur à un bien et un
acheteur qui est prêt à payer davantage pour ce même bien (qui y attribue
donc une valeur supérieure). Si son intuition est bonne, son intermédia-
tion lui procurera du profit que Kirzner nommera « profit entrepreneu-
https://marketingebooks.tk/
Israël M. Kirzner 163
https://marketingebooks.tk/
164 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Israël M. Kirzner 165
https://marketingebooks.tk/
166 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
C’est surtout cette critique qui amènera Kirzner (1997) à revoir son
concept d’entrepreneur. Néanmoins, le modèle qu’il présente alors inclut
trois changements importants qui reflètent la somme des critiques
majeures qui lui ont été adressées :
• il donne à l’entrepreneur un rôle plus actif ;
• l’entrepreneur acquiert ;
• des qualités de « leader » au sein de l’entreprise ou du marché ;
• le modèle présenté est pluri-périodique.
Autant dire que les changements introduits remettent largement en
question le modèle initial. Tout d’abord, il introduit la praxéologie chère
à Mises en rendant l’entrepreneur plus actif. Ensuite, il lui attribue les
qualités de leader schumpeterien (1928). Puis, il rend son modèle dyna-
mique. Il s’ensuit que l’entrepreneur peut désormais essayer de construire
le futur qu’il désire en effectuant des actions créatrices. Finalement, ces
changements amènent Kirzner à admettre qu’il existe de l’incertitude dans
le cycle économique à laquelle est soumis l’entrepreneur. Il peut tenter d’y
échapper en faisant preuve d’imagination et en innovant.
https://marketingebooks.tk/
Israël M. Kirzner 167
Kirzner finit par relever quatre points qui lui paraissent essentiels et qui
résument son point de vue sur les deux définitions de l’entrepreneur.
Pour lui :
1. « For understanding the psychological profile typical of the real-world entre-
preneurs as we know him, Schumpeter’s portrayal is valid and accurate.
2. For understanding the “creative destruction” which Schumpeter sees as
the central and distinguishing feature of the capitalist system,
Schumpeter’s portrayal is valid and essential […].
3. For understanding the equilibrative tendency of markets in general, my
own view of the entrepreneur as alert to opportunities (created by, or
able to be created by, independently-initiated changes), is valid and
significant.
4. To see the entrepreneurial role of real-world entrepreneur as essentially
that of being “merely” alert to opportunities created (or able to be crea-
ted) by independently-initiated changes, is not necessarily inconsistent
with a Schumpeterian perspective on the activity of the same entrepre-
neur (which sees him as aggressively and actively initiating change). »
Au final, ce qu’il faudrait comprendre de cette prise de position
publique, c’est que pour Kirzner, en accord avec la tradition talmudique,
les différentes définitions de l’entrepreneur servent avant tout à com-
prendre une réalité économique qui est bien plus large que la théorie.
Et ce qu’il faudrait donc retenir de Kirzner, c’est qu’il nous ouvre une
porte – une de plus, notamment celle de l’alertness et de ses conséquences
– vers la compréhension du phénomène entrepreneurial.
https://marketingebooks.tk/
168 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
La dimension individuelle
et psychologique de
l’entrepreneuriat
https://marketingebooks.tk/
https://marketingebooks.tk/
IX
David Clarence McClelland
La motivation
de l’entrepreneur
Sandrine Emin et Pascal Philippart
https://marketingebooks.tk/
172 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
McClelland peut être rangé dans la catégorie des auteurs qui proposent
une vision univoque du monde économique. Au travers d’une théorie des
besoins, il a construit une explication psychologique du développement
économique. Plus particulièrement, il mit en évidence une forte corréla-
tion entre besoin d’accomplissement et croissance économique. Or, ce
besoin d’accomplissement est élevé chez l’entrepreneur. Ainsi, une société
qui comprend des entrepreneurs, puisque ceux-ci ont un besoin d’accom-
plissement élevé, bénéficie d’un développement économique certain.
Les travaux du psychologue américain ne peuvent être dissociés du
contexte historique dans lequel ils furent menés, celui de la guerre froide
et de l’opposition frontale entre deux visions du monde, la vision libérale
et démocratique contre la vision socialiste et totalitaire. Cette compétition
entre deux systèmes le conduisit à trouver une explication au fait que, dans
l’histoire certaines sociétés deviennent dominantes…
Notice biographique
(20 mai 1917, État de New York – mars 1998, Massachusetts, États-Unis)
David Clearance McClelland a soutenu sa thèse de Psychologie à Yale en 1941 à l’âge
de 24 ans. Après avoir été notamment professeur à l’université de Wesleyan (CT) et
directeur des programmes de la fondation Ford, il rejoignit Harvard (MA) en 1956. Il
y fut professeur de psychologie pendant 30 années dans le département des relations
sociales dont il fut également le doyen, avant d’intégrer en 1987 l’université de Boston
(MA) où il resta jusqu’à sa mort.
Parallèlement à sa carrière universitaire, il fonda en 1963 la firme McBer and Company,
une société de conseils spécialisée dans l’évaluation et la formation des salariés.
Il a publié entre autres de nombreux ouvrages : Personality (1951), The Achievement
Motive (1953), The Achieving Society (1961), The Roots of Consciousness (1964), Power :
The Inner Experience (1975), Human Motivation (1987). Preuve de la reconnaissance
de ses travaux sur la motivation, il figure en 15 e position dans la liste des 100 plus
éminents psychologues du XXe siècle établie par l’American Psychological Association.
https://marketingebooks.tk/
David Clarence McClelland 173
https://marketingebooks.tk/
174 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
2. Murray, également enseignant à Harvard, a proposé une vingtaine de besoins ainsi qu’une méthode
projective de mesure de ceux-ci. McClelland les détaille dans son ouvrage de 1951.
https://marketingebooks.tk/
David Clarence McClelland 175
https://marketingebooks.tk/
176 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
David Clarence McClelland 177
https://marketingebooks.tk/
178 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
4. n Ach est le raccourci utilisé par McClelland pour the need of achievement (ou n achievement) – besoin
d’accomplissement.
https://marketingebooks.tk/
David Clarence McClelland 179
https://marketingebooks.tk/
180 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
David Clarence McClelland 181
preneuriales et de l’entrepreneur ainsi que les sujets sur lesquels portent ses
recherches interrogent la réalité de sa contribution à l’approche par les
traits. Néanmoins, sous certains aspects, ses travaux présentent une cer-
taine modernité pour le champ de l’entrepreneuriat.
https://marketingebooks.tk/
182 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
entrepreneurs ayant réussi aient un score plus élevé (…) parce qu’ils ont
réussi » (1987 : 231).
L’une des critiques faites à l’encontre de l’approche par les traits est bien
sûr sa logique déterministe. La prudence avec laquelle McClelland com-
mente ses résultats ne permet pas d’affirmer qu’il peut servir de caution à
celle-ci. Ses commentaires sont bien empreints de circonspection.
Néanmoins, les travaux de McClelland ont ouvert la voie à tout un pan
de recherche en psychologie visant à étudier les caractéristiques psycholo-
giques des entrepreneurs. Celui-ci a été le courant de recherche dominant
en entrepreneuriat jusqu’à la fameuse controverse opposant Carland et al.
(partisans de l’école par les traits) à Gartner (défenseur de l’école par les
faits) en 1988. Contrairement aux travaux de McClelland, les études ulté-
rieures visent pour la plupart à établir des corrélations entre des traits de
la personnalité/besoins et le fait d’avoir créé une entreprise. D’autres
auteurs se sont dans la même veine intéressés aux effets des caractéristiques
socio-démographiques (telles que l’âge, le sexe, la formation, le lieu de
résidence et le statut marital) et du contexte (expériences passées, modèles
d’imitation et « déplacements ») (voir Brockhaus, 1982, Brockhaus et
Horwitz, 1986, pour une recension). Dans leur revue de littérature de
1984, Carland, Hoy, Boulton et Carland récapitulent les attitudes et
caractéristiques comportementales des entrepreneurs (voir tableau 3). Ils
concluent à la difficulté qu’il y a à dresser le profil type de l’entrepreneur
à partir de l’ensemble de ces traits psychologiques. S’appuyant sur les
propos de Vesper (1980), ils reconnaissent l’existence d’un continuum
autour duquel plusieurs types d’entrepreneurs se dessinent, ouvrant ainsi
la voie aux recherches sur les typologies d’entrepreneurs. Mais le problème
majeur qu’a connu l’école par les traits a reposé sur la diversité des
méthodes employées pour identifier les caractéristiques psychologiques
des entrepreneurs : approche normative reposant sur des impressions per-
sonnelles de l’auteur ou sur des conclusions tirées de la littérature d’une
part, études empiriques reposant sur des échantillons et sur des méthodes
de mesure très différents d’autre part (Carland et al. 1984). Ainsi, les
démarches étant rarement comparables, il est peu étonnant qu’ils aient
abouti à des conclusions parfois contraires. Il est en effet difficile de dire
si les caractéristiques listées ci-dessous sont celle d’entrepreneurs, de petits
propriétaires, de managers et dirigeants-entreprenants ou autres. Brochkaus
(1982) relève encore que les échantillons sont souvent constitués d’entre-
preneurs ayant réussi. Il est alors difficile de déterminer si le besoin d’ac-
complissement est un effet du succès entrepreneurial ou sa cause.
https://marketingebooks.tk/
David Clarence McClelland 183
https://marketingebooks.tk/
184 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
David Clarence McClelland 185
https://marketingebooks.tk/
186 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
David Clarence McClelland 187
https://marketingebooks.tk/
188 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
David Clarence McClelland 189
https://marketingebooks.tk/
190 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
Conclusion
La lecture approfondie des travaux de McClelland apporte une vision
renouvelée de son apport dans le champ entrepreneurial. Alors qu’il est
principalement cité en entrepreneuriat par les tenants de l’école par les
traits, son projet de recherche ne vise pas à établir un lien significatif entre
le besoin d’accomplissement et la création d’une entreprise, mais bien à
démontrer l’effet d’un tel besoin sur le développement économique des
nations. Loin d’avoir porté prioritairement sur des créateurs d’entreprise,
la majorité de ses recherches au niveau microéconomique s’appuient sur
des échantillons de managers, de cadres dirigeant salariés ou de chefs
d’entreprises, qu’il s’agisse d’évaluer les caractéristiques des managers qui
réussissent ou de former des dirigeants plus entreprenants. Si les profes-
sions jugées entrepreneuriales par McClelland sont à la fois ouvertes (le
négoce, le conseil en font partie) et restrictives (les professions libérales en
sont exclues) eu égard aux définitions actuelles, on peut retenir que l’entre-
preneur se définit avant tout pour McClelland par ses caractéristiques.
C’est un individu doté d’un fort besoin d’accomplissement (prise de
risque modérée, esprit d’innovation, prise de responsabilité, recherche de
mesures concrètes du succès de son action) dont la compétence entrepre-
neuriale s’acquiert plus qu’elle n’est innée.
https://marketingebooks.tk/
David Clarence McClelland 191
https://marketingebooks.tk/
192 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
X
Norris F. Krueger, Jr.
La cognition
de l’entrepreneur
Jean-Pierre Boissin et Frank Janssen
https://marketingebooks.tk/
194 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
Notice biographique
Après une formation initiale en sciences et en mathématiques appliquées au California
Institute of Technology et à la Ohio State University, Norris Krueger a réalisé un doc-
torat en entrepreneuriat à cette même université, où il a également été l’assistant
d’Albert Shapero. Il a dirigé deux entreprises et est consultant pour de nombreuses
organisations américaines et internationales. Il est « fellow » du prestigieux Max Planck
Insititute for Economics.
Ses premiers travaux portaient sur les antécédents de la perception de l’opportunité et
soulignaient le rôle de la faisabilité du point de vue de l’individu. Krueger est
aujourd’hui l’auteur le plus cité dans le domaine des intentions entrepreneuriales,
thème qu’il continue à explorer, mais qu’il approfondit à travers la science cognitive. Si
la cognition est un thème très largement étudié en entrepreneuriat, c’est en grande
partie à lui qu’on le doit. Ses recherches récentes portent sur l’apprentissage de la pen-
sée entrepreneuriale au sein des organisations et des communautés, sur la détection
d’opportunités en entrepreneuriat social et en entrepreneuriat de développement dura-
ble et sur la commercialisation des nouvelles technologies. Du point de vue
méthodologique, il est un fervent défenseur des travaux interdisciplinaires basés sur
l’expérimentation. Son intérêt pour la psychologie du développement cognitif l’a aussi
amené à s’intéresser à l’éducation entrepreneuriale, domaine dans lequel il est
aujourd’hui l’un des experts les plus reconnus et invités internationalement.
https://marketingebooks.tk/
Norris F. Krueger, Jr. 195
https://marketingebooks.tk/
196 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Norris F. Krueger, Jr. 197
https://marketingebooks.tk/
198 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Norris F. Krueger, Jr. 199
https://marketingebooks.tk/
200 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Norris F. Krueger, Jr. 201
2. L’APPRENTISSAGE ENTREPRENEURIAL
Outre l’application du modèle d’intention aux étudiants, l’intérêt de
Krueger pour la cognition entrepreneuriale l’a par ailleurs conduit à s’in-
terroger sur la pédagogie qu’il convient d’appliquer pour enseigner l’entre-
preneuriat. Le système éducatif, y compris l’université, constitue un des
premiers fondements du développement d’une culture et de l’action entre-
https://marketingebooks.tk/
202 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Norris F. Krueger, Jr. 203
https://marketingebooks.tk/
204 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Norris F. Krueger, Jr. 205
https://marketingebooks.tk/
206 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Norris F. Krueger, Jr. 207
https://marketingebooks.tk/
208 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
Krueger, N.F., Dickson, P.R. (1994), « How believing in ourselves influences risk
taking : Self-efficacy and opportunity recognition », Decision Sciences. 25(3),
385-400.
Kruger, J., Dunning, D. (1999), « Unskilled and Unaware of It : How Difficulties
in Recognizing One’s Own Incompetence Lead to Inflated Self-Assessments »,
Journal of Personality and Social Psychology, 77(6), 1121-1134.
Krueger, N.F., Reilly, M.D., Carsrud, A.L. (2000), « Entrepreneurial intentions : A
competing models approach », Journal of Business Venturing, 15(5/6), 411-432.
Rogers, E.D., Carsrud, A.L., Krueger, N.F. (1996), « Chiefdoms and family firm
regimes : Variations on the same anthropological themes », Family Business
Review, 9(1) : 15-27.
Shepherd, D.A., Krueger, N.F. (2002), « Entrepreneurial teams and social cogni-
tion : An intentions-based perspective », Entrepreneurship Theory & Practice,
special issue on cognition, 27(2), 167-185.
https://marketingebooks.tk/
Norris F. Krueger, Jr. 209
Krueger, N.F., Day, M.L. (2010), « Looking Forward, Looking Backward : From
Entrepreneurial Cognition to Neuroentrepreneurship », in Acs, Z. (ed.)
International Handbook of Entrepreneurship Research, 2nd edition, Springer.
Krueger, N., Hansen, D., Michl, T., Welsh, D. (2012), « Thinking “Sustainably” :
The Role of Intentions, Cognitions & Emotions in Understanding New
Domains of Entrepreneurship », in Social and Sustainable Entrepreneurship
(Lumpkin, T., Katz, J. eds) Advances in Entrepreneurship, Firm Emergence and
Growth, 13, 279-313.
https://marketingebooks.tk/
210 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
XI
Saras D. Sarasvathy
Sylvie Sammut
https://marketingebooks.tk/
212 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
Notice biographique
Professeur à la Darden School of Business, université de Virginie, Saras D. Sarasvathy
est une spécialiste reconnue de la théorie de l’effectuation et de la dimension cognitive
en entrepreneuriat. Ses travaux se situent à l’intersection de l’entrepreneuriat et de la
stratégie, voire même à leurs confluences (Venkataraman et Sarasvathy, 2001), en
empruntant aux sciences cognitives et à la psychologie sociale. Elle dispense ses ensei-
gnements en Amérique du Nord mais également sur les continents asiatique (en Inde
notamment), européen (Danemark), et africain (Afrique du Sud).
Ses distinctions sont multiples. Bien que cette liste ne soit pas exhaus-
tive, nous retiendrons néanmoins un échantillon très représentatif de
l’excellence de ses travaux :
• 2001, prix William H. Newman de l’Academy of Management ;
• 2007, magazine Fortune Small Business : une parmi les 18 meilleurs
professeurs d’Entrepreneuriat ;
• 2009, prix de l’Academy of Management pour l’ouvrage fondateur
sur la théorie de l’effectuation : Elements of Entrepreneurial Expertise
et best paper de l’Association Américaine de Marketing.
Si son engagement de chercheur est aujourd’hui bien identifié en
sciences humaines, et notamment en entrepreneuriat et en stratégie,
Sarasvathy a d’abord été diplômée en gestion industrielle puis elle obtint
son doctorat en système d’information du sein de la Carnegie Mellon
University. Elle y fit la connaissance d’Herbert Simon, référence s’il en est
en matière de psychologie cognitive et prix Nobel d’économie en 1978.
Les travaux de Sarasvathy doivent beaucoup à cette proximité intellec-
tuelle avec les travaux de celui qui fut son directeur de thèse. Les recherches
sur l’effectuation sont largement inspirées de Simon (Sarasvathy 2003 ;
Sarasvathy et Simon 2000) et trouvent ancrage dans la rationalité limitée
et le raisonnement sous forme d’heuristisques (Simon, 1991). Sarasvathy,
comme Simon, place l’entrepreneuriat dans le champ des sciences de
l’artificiel. La question fondamentale est la suivante : « comment peut-on
être rationnel lorsque l’environnement influe sur les règles du jeu et sur les
résultats (Weick, 1979), quand l’avenir est vraiment imprévisible (Knight,
1921) et que l’entrepreneur n’est même pas certain de ses choix (March,
1982) ? » (Read et al., 2009, p. 2).
Dans la même lignée, les travaux de Van de Ven (1986) puis Adler
(1989) montrent l’importance des sciences cognitives et de la psychologie
sociale dans la recherche d’opportunités liées à l’innovation. Selon ces
auteurs, les contributions transdisciplinaires permettent d’apprécier avec
davantage de finesse d’analyse le développement de nouvelles connais-
https://marketingebooks.tk/
Saras D. Sarasvathy 213
1. LA LOGIQUE EFFECTUALE
Saras D. Sarasvathy soutient la thèse selon laquelle le processus de déci-
sion d’un entrepreneur se déroule dans la plus grande incertitude
(« unknown », « uncertainty » au sens de Knight, 1921) : les entrepreneurs
ont des capacités limitées dans la gestion quotidienne de situations
complexes, non répétitives et souvent improbables voire contradictoires.
Dans ce contexte peu facilitateur, Sarasvathy souligne l’intérêt de cher-
cher des contributions dans la littérature des sciences cognitives et de la
psychologie sociale afin de mieux caractériser le processus de décision en
situation non prévisible. Dans un premier temps, nous verrons ce que
Sarasvathy intègre dans la notion d’effectuation puis nous appréhenderons
dans un second temps la question de l’effectuateur.
https://marketingebooks.tk/
214 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Saras D. Sarasvathy 215
Sources : Sarasvathy S et Dew N (2005) ; Read S., Dew N., Sarasvathy S., Song M.,
Wiltbank R. (2009).
https://marketingebooks.tk/
216 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Saras D. Sarasvathy 217
https://marketingebooks.tk/
218 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Saras D. Sarasvathy 219
https://marketingebooks.tk/
220 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Saras D. Sarasvathy 221
https://marketingebooks.tk/
222 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Saras D. Sarasvathy 223
https://marketingebooks.tk/
224 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Saras D. Sarasvathy 225
https://marketingebooks.tk/
226 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
XII
Candida Brush
L’entrepreneur-e
au féminin
Typhaine Lebègue
https://marketingebooks.tk/
228 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
Notice biographique
Candida Brush (1948-*) débute sa carrière dans l’industrie aérienne puis elle cofonde
plusieurs sociétés dont l’activité principale est le conseil aux entreprises.
Elle obtient son doctorat à l’université de Boston et est titulaire d’un doctorat honor-
ifique en management et économie de l’université de Jönköping en Suède.
Candida Brush a rejoint Babson College en 2005 où elle devient titulaire de la chaire
Franklin W. Olin en entrepreneuriat. Avant de rejoindre Babson College, elle a été
professeure de stratégie et de politique, fondatrice du Conseil de l’entreprenariat
féminin et du leadership, et directrice de la recherche à l’université de Boston.
Les recherches de Candida Brush portent sur l’acquisition des ressources, la stratégie et
le financement de nouvelles entreprises. Elle est l’auteur de plus de 100 articles publiés
dans des revues académiques dont Journal of Business Venturing, Entrepreneurship
Theory and Practice, Strategic Management Journal. Elle a écrit une soixantaine de
chapitres d’ouvrages et développé des collaborations avec l’Organisation de Coopération
et de Développement Economique (OCDE) et l’Organisation Internationale du
Travail (OIT). En 2007, elle a été reconnue comme chercheur du XXIe siècle sur
l’entrepreneuriat par le Global Consortium of Entrepreneurship Centers.
Ses recherches sont souvent présentées dans les médias américains comme le Wall Street
Journal et le Boston Globe. Membre du conseil d’administration du Centre pour la
recherche sur l’entrepreneuriat des femmes, elle siège au conseil de plusieurs start-ups
et accompagne de nombreuses entreprises.
https://marketingebooks.tk/
Candida Brush 229
https://marketingebooks.tk/
230 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Candida Brush 231
Ainsi, le sexe ne doit pas être envisagé comme une variable « donnée »
dans les études. Cette conception fut longtemps dominante dans les
recherches sur l’entrepreneuriat des femmes et Candida Brush a alors pro-
posé d’appréhender les processus de genre à l’œuvre dans l’expérience
entrepreneuriale des femmes.
2. L’ÉVOLUTION DE SA PENSÉE
La pensée d’un auteur et l’approche qu’il adopte de son sujet ne sont
pas figées mais évoluent au fur et à mesure de ses recherches. Ainsi, et pour
comprendre l’approche adoptée par Candida Brush sur l’entrepreneuriat
des femmes, nous retraçons son évolution à travers la présentation de trois
modèles majeurs qu’elle a initiés.
https://marketingebooks.tk/
232 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Candida Brush 233
https://marketingebooks.tk/
234 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
Le modèle présenté par ces deux auteures est intéressant, car il permet
de rendre compte de l’influence des éléments liés au genre aux trois
niveaux : l’entrepreneur(e), le processus entrepreneurial et l’entreprise
créée. Il va de soi qu’une femme pourra développer à la fois les attributs
masculins et féminins.
https://marketingebooks.tk/
Candida Brush 235
3. Nous avons volontairement choisi de présenter le modèle en conservant le texte en anglais afin de
garder la cohérence des « 5 M ». Brush, De Bruin et Welter (2009 : 12) situent la « Maternité » au cen-
tre « non seulement pour montrer l’importance qu’il y a à considérer le rôle et la position d’une femme
dans la famille, mais pour symboliser la position centrale d’une analyse et d’une conscience de cet aspect
pour le cadre tout entier ».
https://marketingebooks.tk/
236 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Candida Brush 237
https://marketingebooks.tk/
238 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Candida Brush 239
https://marketingebooks.tk/
240 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
Schéma 3. Les recherches de Candida Brush au regard des recherches menées sur
l’entrepreneuriat des femmes 4
4. Nous renvoyons les lecteurs désireux d’approfondir les réflexions sur le développement de la recherche
consacrée à l’entrepreneuriat des femmes à la consultation de l’article de Jennings et Brush (2013).
https://marketingebooks.tk/
Candida Brush 241
https://marketingebooks.tk/
242 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
nismes par lesquels le genre est reconstruit (Ahl, 2004). Ainsi, ces études
tendent à se méfier des catégories préétablies qui se réfèrent à la vision du
masculin neutre et à partir desquelles la recherche sur l’entrepreneuriat des
femmes peut tomber dans l’écueil de reproduire les stéréotypes de genre
(Ahl et Nelson, 2010 ; Ahl et Marlow, 2012 ; Foss, 2010 ; Wilson et Tagg,
2010). Elles insistent sur la nécessité de questionner les facteurs histo-
riques, culturels, structurels, législatifs et institutionnels qui permettent de
saisir comment le genre interfère sur l’entrepreneuriat (Ahl, 2006 ; Ahl et
Nelson, 2010 ; Ahl et Marlow, 2012 ; De Bruin, Brush et Welter, 2006 ;
Hughes et Jennings, 2012).
Bien que la majorité des recherches de Brush ne se situe pas dans l’ap-
proche critique, elle fait partie des chercheurs ayant explicitement mobi-
lisé les théories féministes dans leurs travaux. Greene et al. (2003 : 19)
remarquent notamment que son approche intégrée proposée en 1992 « en
plus de fournir un cadre de référence utile […] a ouvert la voie à l’appli-
cation des théories féministes sur le terrain ». En effet, les travaux de Brush
se rapprochent des théories du genre, notamment du féminisme social,
mais également de la pensée du féminisme marxiste6.
Comme le suggère Ahl (2004), la perspective de Brush se distingue de
façon intéressante des autres recherches sur le sujet. Bien que cette
approche postule l’existence de différences entre les hommes et les femmes,
en raison du processus de construction sociale des sexes, ces différences ne
sont pas interprétées sous l’angle du « désavantage ». En effet, Brush ne
poursuit pas l’objectif d’amener les femmes à entreprendre « comme les
hommes », mais elle insiste plutôt sur l’aspect singulier et positif que
représente l’approche féminine pour le champ de l’entrepreneuriat.
De plus, en insistant sur les liens qui s’opèrent entre l’entreprise créée
et la sphère personnelle et familiale de la créatrice, Candida Brush se rallie
aux considérations marxistes et confère ainsi à ses travaux un intérêt sup-
plémentaire pour appréhender les implications pratiques de cette interdé-
pendance entre univers professionnel et familial de la créatrice.
Conclusion et perspectives…
Les recherches sur l’entrepreneuriat se sont historiquement développées
à partir d’échantillons majoritairement composés d’hommes. Lorsque les
6. Le féminisme de tradition marxiste explore les relations entre la sphère de production et l’espace privé.
La relation entre le patriarcat et le capitalisme reste un des thèmes dominants des analyses féministes mar
xistes qui proposent de libérer la société du patriarcat. L’un des apports majeurs du féminisme marxiste aura
été d’analyser le travail des femmes au foyer comme un travail productif, bien que non rémunéré.
https://marketingebooks.tk/
Candida Brush 243
études sur l’entrepreneuriat des femmes sont apparues, elles ont analysé le
sexe comme une variable donnée dans les études. En proposant une nou-
velle perspective ancrée dans la théorie du genre, Candida Brush va contri-
buer de façon prépondérante à l’avancée des recherches sur l’entrepreneu-
riat des femmes. En effet, comme elle l’a montré, l’intégration du concept
de genre permet de dépasser la dichotomie homme-femme pour tendre
vers la considération du masculin et du féminin dans l’entrepreneuriat,
que ce soit au niveau du management, de la réussite, de la stratégie de
développement de l’entreprise ou des prises de décision. Le concept de
genre implique également de prendre en compte les normes culturelles
socialement construites qui influencent le déroulement du processus
entrepreneurial.
Candida Brush soutient que le genre influence les perceptions concer-
nant la relation banque-entreprise : le genre devrait donc être considéré
comme un facteur distinct qui influence les relations banque-entreprise et
donc l’accès aux ressources et les résultats des entreprises (Saparito, Elam
et Brush, 2013).
En outre, au côté d’Anne de Bruin et Friederike Welter (2007), cette
auteure signale que le débat théorique actuel néglige de possibles diffé-
rences sexuées dans le processus de reconnaissance des opportunités. Il
s’avère, selon ces chercheures, que les perceptions de soi des femmes
peuvent contribuer à réduire leurs perceptions des opportunités. Cette
idée renvoie aux barrières psychologiques que les femmes s’imposent et
qui les amènent à penser, « de façon erronée », qu’elles ne détiennent pas
les compétences suffisantes pour créer une entreprise. Dans le prolonge-
ment de l’approche intégrée de Brush (1992), elles soutiennent que les
perceptions de Soi sont très étroitement liées à l’environnement de l’entre-
preneure. Par exemple, une société dont les valeurs définissent principale-
ment les femmes à travers leurs rôles familiaux, portera un regard plus
négatif sur les femmes entrepreneures. Cela peut conduire à un niveau
plus bas de reconnaissance des opportunités pour les femmes et à un taux
plus faible de femmes entrepreneures (De Bruin, Brush et Welter, 2007).
Bien qu’elle soit l’une des thématiques dominantes des recherches tradi-
tionnelles en entrepreneuriat, la reconnaissance des opportunités entrepre-
neuriales a très peu été traitée sous l’angle du genre, ce que déplore Brush
qui recommande alors d’intensifier la recherche sur cette question
(Jennings et Brush, 2013).
Une approche genrée de l’entrepreneuriat des femmes permet donc
d’observer l’impact de la construction sociale des sexes sur l’entrepreneu-
riat des femmes. La majorité des études menées sur ce sujet tend désormais
https://marketingebooks.tk/
244 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Candida Brush 245
Brush, C.G., Carter, N.M., Greene, P.G., Hart, M.N., Gatewood, E. (2002),
« The role of social capital and gender in linking financial suppliers and entre-
preneurial firms : a framework for future research », Venture Capital, 4(4),
305-323.
Brush, C.G. (1992), « Research on women business owners : past trends, a new
perspective and future directions », Entrepreneurship Theory and Practice,
16(4), 5-30.
De Bruin, A., Brush, C.G., Welter, F. (2006), « Introduction to special issue :
toward building cumulative knowledge on women’s entrepreneurship »,
Entrepreneurship Theory and Practice, 30(5), 585-593.
De Bruin, A., Brush, C.G., Welter, F. (2007), « Advancing a framework for
coherent research on women’s entrepreneurship », Entrepreneurship Theory
and Practice, 31(3), 323-339.
Gatewood, A.L., Brush, C.G., Carter, N.M., Greene, P.G., Hart, M.N. (2009),
« Diana : a symbol of women entrepreneurs’ hunt for knowledge, money and
the reward of entrepreneurship », Small Business Economics, 32(2), 129-144.
Greene, P.G., Hart, M.M., Gatewood, E.J., Brush, C.G., Carter, N.M. (2003),
« Women entrepreneurs : Moving front and center : An overview of research
and theory », Coleman White Paper Series, 3, 1-47.
Hisrich, R.D., Brush C.G. (1984), « The woman entrepreneur : management
skills and business problems », Journal of Small Business Management, 22(1),
30-37.
Hughes, K.D., Jennings, J.E., Brush, C.G., Carter, S., Welter, F. (2012),
« Extending women’s entrepreneurship research in new directions »,
Entrepreneurship Theory and Practice, 36(3), 429-442.
Jennings, J.E., Brush, C.G. (2013), « Research on Women Entrepreneurs :
Challenges to (and from) the Broader Entrepreneurship Literature ? », The
Academy of Management Annals, 7(1), 663-715.
Saparito, P., Elam, A., Brush, C. (2013, Forthcoming), « Bank–Firm
Relationships : Do Perceptions Vary by Gender ? », Entrepreneurship Theory
and Practice.
https://marketingebooks.tk/
246 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
Bates, T., Jackson, W.E.III., Johnson, J.H. (2007), « Introduction to the special
issue on advancing research on minority entrepreneurship », Annals of the
American Academy of Political Science and Social Science, 613, 10-17.
Bem, S.L. (1974), « The measurement of psychological androgyny », Journal of
Consulting and Clinical Psychology, 42,(2), 155-162.
Bowen, D.B., Hisrich, R.D. (1986), « The female entrepreneur : a career devel-
opment perspective », Academy of Management Review, 11(2), 393-407.
Calas, M.B., Smircich, L., Bourne, K. (2009), « Extending the boundaries :
Reframing “entrepreneurship as social change” through feminist perspec-
tives », The Academy of Management Review, 34(3), 552-569.
Foss, L. (2010), « Research on entrepreneur networks : The case for a construc-
tionist feminist theory perspective », International Journal of Gender and
Entrepreneurship, 2(1), 83-102.
Goffee, R., Scase, R. (1985), Women in charge : the experience of female entrepre-
neurs. London : George Allen and Unwin, 153 p.
Greer, M.J., Greene, P.G. (2003), « Feminist theory and the study of entrepre-
neurship », dans J.E. Butler (éditeur), New perspectives on women entrepre-
neurs. Information Age Publishing, Charlotte, 1-24.
Hughes, K.D., Jennings, J.E. (2012), Global women’s entrepreneurship research :
Diverse settings, questions and approaches, Edward Elgar, Cheltenham/
Northampton, Royaume-Uni.
Hurley A. E. (1999), « Incorporating feminist theories into sociological theories
of entrepreneurship », Women in Management Review, 14(2), 54-62.
Lebègue, T. (2011), Le processus entrepreneurial des femmes en France, Thèse de
doctorat en Sciences de Gestion, université de Bretagne Occidental, janvier.
Lewis, P. (2006), « The quest for invisibility : female entrepreneurs and the mas-
culine norm of entrepreneurship », Gender, Work and Organization, 13(5),
453-469.
Mirchandani, K. (1999), « Feminist insight on gendered work : new directions
in research on women and entrepreneurship », Gender, Work and Organizations,
6(4), 224-235.
Nilsson, P. (1997), « Business counseling services directed toward female entre-
preneurs, some legitimacy dilemmas », Entrepreneurship and Regional
Development, 9(3), 239-258.
Stevenson, L. (1990), « Some methodological problems associated with research-
ing women entrepreneurs », Journal of Business Ethics, 9(4-5), 439-446.
Wilson, F., Tagg, S. (2010), « Social constructionism and personal constructi
vism : Getting the business owner’s view on the role of sex and gender »,
International Journal of Gender and Entrepreneurship, 2(1), 68-82.
https://marketingebooks.tk/
La dimension processuelle
de l’entrepreneuriat
https://marketingebooks.tk/
https://marketingebooks.tk/
XIII
Arnold Cooper
La contribution
d’A. Cooper
à la recherche en
entrepreneuriat
Frédéric Le Roy et Hans Landström
https://marketingebooks.tk/
250 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
Notice biographique
Arnold Cooper est né le 9 mars 1933 à Chicago. Il obtient un bachelor en chimie de
l’université de Purdue en 1955 et un Master of science en management industriel de la
même université en 1957. Il soutient son doctorat à l’université de Harvard, en 1962,
sous la direction du Professeur Arnold Hosmer. Arnold Cooper a été Professeur de
management à l’université de Purdue de 1963 jusqu’à sa retraite en 2005. Il a été
« Fellow » de l’Academy of Management et membre du comité éditorial du Strategic
Management Journal, de l’Academy of Management Journal et du Journal of Business
Venturing. En 1997, il a reçu le International Award for Entrepreneurship and Small
Business Research.
Arnold Cooper a réalisé un travail pionnier sur bien des sujets comme
les PME technologiques, la création d’entreprise technologique ou les
organisations incubatrices de nouvelles entreprises. Dans chacun de ces
domaines, il a significativement amélioré notre compréhension des phé-
nomènes entrepreneuriaux. Cooper est aujourd’hui l’inspirateur d’une
nouvelle génération des chercheurs dans le domaine de l’entrepreneuriat
qui est d’un intérêt majeur pour des décideurs dans le monde entier. Le
but de ce chapitre est de présenter la recherche d’Arnold C. Cooper dans
le champ de l’entrepreneuriat. La présentation commence par l’exposé de
la carrière d’Arnold C. Cooper et se poursuit par la mise en perspective de
ses contributions de recherche les plus importantes dans le domaine de
l’entrepreneuriat.
https://marketingebooks.tk/
Arnold Cooper 251
https://marketingebooks.tk/
252 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Arnold Cooper 253
3. L’ENTREPRENEURIAT TECHNOLOGIQUE
Dans les années soixante, un grand nombre d’entreprises « fondées sur
la technologie » ont émergé dans différentes régions des Etats-Unis,
comme ce fut le cas autour de Boston, Palo Alto et Los Angeles. Ces entre-
prises semblaient importantes dans la mesure où elles développaient un
grand nombre d’innovations technologiques, créant ainsi des nouveaux
emplois et fournissant des opportunités de carrière pour des personnes qui
préféraient le contexte des petites entreprises. De ce fait, il semblait essen-
tiel d’avoir une meilleure compréhension de la façon dont elles avaient
émergé. Les questions clés étaient les suivantes. Qu’est-ce qui explique la
naissance de ces entreprises. Dans quelle mesure les entreprises déjà situées
dans une aire géographique influencent-elles la naissance de ces nouvelles
entreprises technologiques ?
Dans trois articles séminaux, Arnold Cooper se propose de répondre à
ces questions (Cooper 1970, 1971, 1972). Sa recherche est fondée sur un
projet de recherche dans l’aire de San Francisco, autour de Palo Alto, et se
décompose en trois phases : des entretiens avec 30 entrepreneurs, des
entretiens par téléphone avec 250 nouvelles entreprises technologiques
(ou à partir de données publiées dessus) qui ont été créées dans l’aire de
San Francisco depuis 1960, et des entretiens avec des dirigeants d’organi-
sations établies. Les résultats principaux peuvent être résumés comme suit.
https://marketingebooks.tk/
254 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Arnold Cooper 255
https://marketingebooks.tk/
256 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Arnold Cooper 257
https://marketingebooks.tk/
258 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Arnold Cooper 259
la localisation dans un cluster est d’une importance forte pour les entre-
prises qui développent des stratégies de différenciation, qui ont un pour-
centage élevé de clients dans le cluster et qui sont dans des industries qui
connaissent un changement rapide.
4. LA DIVERSITÉ ENTREPRENEURIALE
Le processus entrepreneurial est complexe et l’entrepreneuriat implique
des sortes de personnes très différentes. Toutefois, la plupart des recherches
sur l’entrepreneuriat dans les années soixante-dix se sont attachées à en
étudier les tendances principales. De nombreuses recherches utilisent des
échantillons restreints d’entrepreneurs. Bien entendu, il y a beaucoup à
apprendre des caractéristiques générales de l’entrepreneuriat, mais la
moyenne tend à cacher les différences fortes entre les entrepreneurs. Une
attention relativement faible avait été portée à la diversité entrepreneu-
riale, et il y avait peu de recherches qui utilisaient des échantillons larges,
incluant un grand nombre d’industries, des périodes différentes, des aires
géographiques différentes, etc. L’étude de Cooper et Dunkelberg est fon-
dée sur un échantillon des membres de la National Federation of
Independant Business (NFIB). Le questionnaire a été envoyé à
6225 membres de cette association en 1979, et 1805 réponses ont été
reçues, ce qui correspond à un taux de retour de 29 %. L’échantillon repré-
sentait virtuellement toutes les industries et toutes les régions des États-
Unis. Toutefois, comparé à la population d’affaires américaine en général,
l’échantillon semblait sous-représenter les très petites entreprises et l’in-
dustrie des services. Néanmoins, la recherche était fondée sur un des
échantillons les plus larges et les plus diversifiés jamais étudié à ce jour.
https://marketingebooks.tk/
260 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Arnold Cooper 261
https://marketingebooks.tk/
262 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
5. LE PROCESSUS ENTREPRENEURIAL ET LA
PERFORMANCE
La connaissance des déterminants de la performance des nouvelles
entreprises est sans conteste d’un grand intérêt pour les entrepreneurs,
pour ceux qui fournissent des conseils aux entrepreneurs aussi bien que
pour ceux qui investissent dans les entreprises nouvelles. Pour quelles rai-
sons certaines entreprises réussissent alors que d’autres échouent ? En
1985, Cooper, Dunkelberg, Denis et plus tard Woo, lancent une étude
longitudinale à grande échelle sur les entrepreneurs et leurs entreprises.
Cette étude était initiée en partenariat avec la National Federation of
Independent Business (NFIB). L’objet de ce programme de recherche était
l’étude du processus de démarrage des nouvelles entreprises et les détermi-
nants de la performance de ces entreprises. Les variables inclues dans le
cadre d’analyse étaient les caractéristiques de l’entrepreneur, le processus
de création, les caractéristiques initiales de l’entreprise, les caractéristiques
environnementales et les performances.
Le programme de recherche a consisté en une étude longitudinale des
nouvelles entreprises sur trois ans. L’échantillon représentait toutes les
https://marketingebooks.tk/
Arnold Cooper 263
https://marketingebooks.tk/
264 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Arnold Cooper 265
https://marketingebooks.tk/
266 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
Ainsi, la taille initiale des nouvelles entreprises semble être associée avec la
performance, même si les caractéristiques des entrepreneurs et le processus de
démarrage de l’entreprise semblent aussi différer. La taille initiale est liée aux
ressources humaines et financières qui doivent être rassemblées et à la capacité
de l’entreprise à survivre et à croître. Dans la recherche de Cooper, Woo et
Dunkelberg (1989), il est montré que les entrepreneurs qui lançent des entre-
prises plus grandes ont un background important permettant d’obtenir des
ressources substantielles (meilleure formation, plus grande expérience de
management, objectifs plus managériaux dans leur nature). Ils ont tendance à
être plus reliés à des investisseurs externes et ils utilisent des consultants pro-
fessionnels dans une plus grande mesure que ceux qui lancent des entreprises
plus petites. Leur entreprise est également plus liée à leur travail précédent.
Les résultats montrent qu’il y a des différences de performance mineures
entre les grandes et les petites entreprises. Les entreprises les plus petites
montrent parfois des taux de discontinuité plus élevés (14 % vs 7 % dans
l’échantillon initial au bout de deux ans d’activité). Les deux groupes de firmes
survivantes, petites et grandes, connaissent un niveau faible de problèmes
sérieux ainsi que peu de changement dans la direction de l’entreprise. Une
exception réside dans le fait que les plus petites entreprises perdent plus sou-
vent leurs partenaires et dans le fait que les grandes entreprises ajoutent plus
facilement des nouveaux produits ou de nouvelles localisations. Finalement,
les deux groupes affichent des taux de croissance moyennement élevés, même
s’ils incluent tous les deux des entreprises qui croissent substantiellement alors
que d’autres réduisent leur taille, ce qui indique la fluidité et le caractère expé-
rimental des nouvelles entreprises. La conclusion semble être qu’il n’existe pas
de taille optimale initiale. De telles décisions doivent être fondées sur les cir-
constances particulières confrontées à chaque entrepreneur individuel.
L’étude indique que les femmes lancent des entreprises plus petites que les
hommes. Cet aspect a surtout été développé dans la recherche de Srinivasan,
Woo et Cooper (1994). Les résultats montrent clairement que les entreprises
lancées par des femmes connaissent moins de succès, à la fois en termes de
survie et de croissance, en comparaison avec les entreprises lancées par les
hommes. En regardant les déterminants de la survie, les entreprises lancées par
des femmes ont moins de chances de succès si elles sont similaires à l’organi-
sation incubatrice que l’entrepreneur quitte. De même, et de façon surpre-
nante, les chances de succès sont plus faibles si l’entrepreneur a l’objectif de
construire une entreprise à succès. Cela peut signifier que celles qui aspirent à
la croissance et qui ne connaissent qu’une faible performance concluent
qu’elles n’ont pas atteint le niveau de performance attendu qui justifierait de
prolonger l’existence de l’entreprise.
https://marketingebooks.tk/
Arnold Cooper 267
https://marketingebooks.tk/
268 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
Conclusion
Comme le montre ce rapide exposé, la contribution de Cooper au
champ de l’entrepreneuriat est considérable, tant du fait des questions
abordées que des méthodes utilisées et que des résultats obtenus. Cooper
a ouvert des voies de recherche et a renouvelé des voies de recherche déjà
ouvertes par d’autres. Il est donc possible de considérer qu’il a été aussi
entrepreneur dans sa recherche que les individus et les organisations qu’il
a observés. Cooper a également fait preuve de son esprit entrepreneurial
dans le champ du management stratégique, puisqu’il peut en être consi-
déré comme un des fondateurs. Mais il s’agirait là d’un autre chapitre qui
reste à écrire.
https://marketingebooks.tk/
Arnold Cooper 269
https://marketingebooks.tk/
270 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
Gimeno-Gascon, J.F., Folta, T.B., Cooper, A.C., Woo, C.Y. (1997), « Survival of
the Fittest ? Entrepreneurial Human Capital and the Persistence of
Underperforming Firms », Administrative Science Quarterly, 42(4), 750-783.
McCarthy, A.M., Schoorman, D.F., Cooper, A.C. (1993), « Reinvestment
Decisions by Entrepreneurs : Rational Decision-making or Escalation of
Commitment ? », Journal of Business Venturing, 8(1), 9-24.
Srinivasan, R., Woo, C.Y., Cooper, A.C. (1994), « Performance determinants for
male and female entrepreneurs », Frontiers of Entrepreneurship Research,
43-56.
Woo, C.Y. Cooper, A.C., Dunkelberg, W.C. (1988), « Entrepreneurial
Typologies : Definitions and Implications », Frontiers of Entrepreneurship
Research, 165-176.
Woo, C.Y., Cooper, A.C., Dunkelberg, W.C. (1991), « The Development and
Interpretation of Entrepreneurial Typologies », Journal of Business Venturing,
6(2), 93-114.
Woo, C.Y., Folta, T.B., Cooper, A.C. (1992), « Entrepreneurial Search :
Alternative Theories of Behavior », Frontiers of Entrepreneurship Research,
31-41.
https://marketingebooks.tk/
XIV
William B. Gartner
Emilie Garcia1, Floriane Hernandez2 et
Thierry Verstraete3
https://marketingebooks.tk/
272 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
Notice biographique
William B. Gartner est diplômé d’un Ph.D in Business Administration obtenu à
l’université de Washington en 1982. Il est aujourd’hui Professeur en entrepreneuriat au
sein du département Management de l’université américaine de Clemson en Caroline
du Sud.
Gartner est une figure emblématique de la recherche dans le domaine de l’entrepreneuriat,
auquel il se consacre depuis une trentaine d’années. Sa prolixité n’est pas sans con-
séquence sur sa visibilité. Mais, surtout, quelques-uns de ses textes ont été particulière-
ment marquants et constituent des lectures incontournables pour les chercheurs de ce
domaine. Nous prenons ici trois exemples. Le premier article questionne le profil de
l’entrepreneur pour finalement discuter l’existence de traits singuliers permettant de
l’identifier. Gartner propose alors une lecture behavioriste du phénomène avec laquelle
le statut d’entrepreneur dépend davantage de ce que l’individu fait de ce qu’il est. Le
deuxième texte très connu concerne une recherche s’inspirant de la méthode DELPHI
pour proposer un périmètre définitionnel à l’entrepreneuriat. Enfin, le troisième texte
vedette de Gartner apporte le concept d’émergence organisationnelle dévoilant au
lecteur que le phénomène entrepreneurial émerge avant qu’une entité n’existe dans le
monde social.
https://marketingebooks.tk/
William B. Gartner 273
les mécanismes opérés par les entrepreneurs pour identifier des opportu-
nités d’affaires, détecter et résoudre des problématiques liées au lancement
d’activité et agir pour lancer de nouvelles entreprises.
La liste des publications de William Gartner est imposante et relative-
ment éclectique par ses thèmes. Toutefois, nous avons identifié trois axes
marquants constituant les premières sections de ce chapitre : la délimita-
tion du domaine de l’entrepreneuriat (section 1), la manifestation singu-
lière du phénomène (section 2) et la figure de l’entrepreneur (section 3).
Nous y ajoutons une section pour illustrer la diversité des sujets travaillés
par Gartner (section 4).
1. CERNER L’ENTREPRENEURIAT
L’objectif de Gartner dans l’article « What are we talking about when
we talk about entrepreneurship », publié dans le Journal of Business
Venturing en 1990, est de proposer un périmètre définitionnel à l’entrepre-
neuriat. Il s’inspire de la méthode DELPHI pour identifier les compo-
santes essentielles de l’entrepreneuriat, en s’appuyant sur les retours d’ex-
perts (enseignants-chercheurs, professionnels de la création d’entreprise).
Ces retours proviennent de trois questionnaires. Le premier, envoyé à
280 personnes, demandait de définir l’entrepreneuriat. Quarante quatre
personnes ont répondu (taux de réponse 16 %). À partir des réponses,
90 attributs ont été identifiés. Le deuxième questionnaire agrégeait les
réponses obtenues. Il a été envoyé aux 44 répondants, en leur demandant
l’importance de chaque attribut dans la définition de l’entrepreneuriat.
Avec un taux de réponse de 93 %, une analyse factorielle a dégagé huit
thèmes principaux : l’entrepreneur, l’innovation, la création d’entreprise,
la création de valeur, le caractère profitable ou non de l’initiative, la crois-
sance, le caractère unique et le propriétaire-dirigeant. L’analyse, les résul-
tats de la notation et le classement des huit thèmes n’ont pas permis de
proposer une définition. Deux groupes se différencient néanmoins.
Le premier regroupe 79 % des répondants et met davantage en avant
les thèmes de l’entrepreneur, de l’innovation, de la création de l’organisa-
tion et de la création de valeur comme caractérisant l’entrepreneuriat. Par
exemple, pour qu’il y ait « entrepreneuriat », il faut qu’il y ait une véritable
implication de l’individu dans le business, une innovation, une croissance,
un caractère unique (c’est-à-dire une façon originale de voir les choses, par
exemple des demandes non satisfaites, ou une organisation singulière).
https://marketingebooks.tk/
274 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
William B. Gartner 275
https://marketingebooks.tk/
276 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
4. Ce qui n’est pas sans rappeler le propos de Vesper (1982), Herbert et Link (1982), Shapero et Sokol
(1982).
https://marketingebooks.tk/
William B. Gartner 277
https://marketingebooks.tk/
278 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
Selon H1, il semble que les individus dont les explications données
pour entrer dans les affaires peuvent être catégorisées comme internes et
stables (ex. : le désir d’être son propre patron) sont plus persistants dans
leur entreprise. L’étude a fait apparaître que les femmes confirment cette
hypothèse alors que pour les hommes ce sont plutôt ceux dont les expli-
cations sont catégorisées comme externes et stables (ex. : l’identification
d’un marché) qui persistent davantage. H2 est infirmé. Les enseignements
pouvant être tirés de ce travail seraient, par exemple, qu’il convient de
sensibiliser les personnes ayant tendance à attribuer leurs motivations à des
causes internes à davantage considérer le marché. À l’inverse, il faudrait
sensibiliser les personnes ayant une attribution externe dans leurs motiva-
tions à l’entrepreneuriat à davantage réfléchir sur leurs compétences.
https://marketingebooks.tk/
William B. Gartner 279
3. LA FIGURE DE L’ENTREPRENEUR
Gartner définit l’entrepreneuriat comme la création de nouvelles orga-
nisations (1988) portée par un individu s’inscrivant dans des processus et
conduisant un ensemble d’activités permettant à l’organisation d’exister. Il
définit l’entrepreneur en tant qu’individu (ou un groupe d’individus)
engageant une action de création ou d’établissement d’une entreprise ou
d’une organisation (1990). Dans l’article « Variations in entrepreneur-
ship », Gartner (2008) expose le chemin par lequel il est arrivé à recon-
naître l’existence d’une grande diversité d’entrepreneurs, de nombreux
types d’entreprises au démarrage, de multiples façons d’entreprendre et
d’innombrables situations dans lesquelles l’activité entrepreneuriale se
manifeste. C’est au cours de sa première année universitaire en Virginie
que Gartner prend conscience que « chaque entrepreneur est intrinsèque-
ment unique ». Vingt ans plus tôt, Gartner (1988) publie dans la revue
American Journal of Small Business un papier portant le titre « Who Is an
Entrepreneur ? Is the Wrong Question ». Cette revue a été rebaptisée
Entrepreneurship Theory and Practice en 1989. Cette dernière a publié à
nouveau l’article, lequel a été primé (cf. figure 2). Cet article vise, en appa-
rence, le texte de Carland et al. (1984) publié dans l’Academy of
Management Review. Mais ce dernier est plutôt un prétexte, ou un
exemple, pour que Gartner livre ses idées sur l’identification de caractéris-
tiques propres à l’entrepreneur en termes de profil.
Figure 2.
https://marketingebooks.tk/
280 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
William B. Gartner 281
https://marketingebooks.tk/
282 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
William B. Gartner 283
https://marketingebooks.tk/
284 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
William B. Gartner 285
rentabilité, les entreprises ayant atteint une certaine taille ayant un meil-
leur taux de survie que les petites entreprises. La seconde considère que les
obstacles rencontrés par ces entreprises à très forte croissance grèvent les
profits. Les auteurs constatent qu’une croissance dite « extraordinaire »
n’est pas liée à la profitabilité, notamment dans certains secteurs (domaines
pharmaceutique et biotechnologique) où les entreprises perdent beaucoup
d’argent durant leurs premières années.
Conclusion
Difficile de clore ce chapitre sans reconnaître, à nouveau, l’importante
contribution de Gartner à la recherche en entrepreneuriat. Il peut même
se permettre quelques fantaisies, en témoigne le texte : « Entrepreneurship
– Hop ». Soi-disant poème, ce texte a quand même été publié dans
Entrepreneurship Theory and Practice (Gartner, 2008). Il vous serait sans
doute risqué de tenter la même publication, mais nous parlons de William
B. Gartner…
https://marketingebooks.tk/
286 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
William B. Gartner 287
https://marketingebooks.tk/
https://marketingebooks.tk/
XV
Scott Shane
Une (re)définition du
champ de l’entrepreneuriat
comme domaine
de recherche
Jean-Michel Degeorge
https://marketingebooks.tk/
290 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
12
Notice biographique
Scott Shane est né aux États-Unis et est diplômé de l’université Brown en 1986 (AB)
et de l’université de Georgetown en 1988 (MS). Il soutient sa thèse à la Wharton
School de l’université de Pennsylvanie en 1992. Il est actuellement Professeur en entre-
preneuriat à Weatherhead School of Management à la Case Western Reserve University.
Scott Shane est l’auteur ou l’éditeur d’une douzaine d’ouvrages1 et de plus d’une soix-
antaine d’articles académiques en management et en innovation dans les plus grandes
revues de ces différentes disciplines (parmi d’autres : Management Science, Organization
Science, Academy of Management Journal, Academy of Management Review, Strategic
Management Journal, Decision Sciences, Journal of Economic Behavior and Organization,
and International Journal of Industrial Organization).
La contribution de Shane est extraordinairement large et il est difficile d’en résumer le
contour. À partir de Davidsson et Wiklund (2009), nous proposons de retenir trois
principaux axes d’influence autour de trois questions : Quels sont les aspects centraux
à prendre en compte dans la recherche en entrepreneuriat ? Comment aborder
l’entrepreneuriat ? Et comment entreprendre des recherches en entrepreneuriat ? Sa
contribution est particulièrement complète, aussi bien en termes de recherches empir-
iques que conceptuelles ou méthodologiques.
Scott Shane fait état d’une curiosité et d’une réelle volonté de produire des connais-
sances nouvelles. Ses recherches actuelles se concentrent sur : (1) la découverte et
l’évaluation d’opportunités, (2) les spin-offs universitaires et le transfert de technologie,
(3) la franchise, (4) l’investissement des business angels et, (5) l’impact des facteurs
génétiques sur l’entrepreneuriat. Scott Shane intervient auprès de nombreuses organi-
sations et enseigne dans des programmes executive dans le monde entier. Il a été récom-
pensé par plusieurs prix (2006, Golden Book Award for Best Business Book of the year,
et The 2009 winner of the Global Award for Entrepreneurship Research.
Au-delà de ses activités académiques, il intervient auprès d’un public plus large, notam-
ment par l’intermédiaire de blogs ou d’apparitions dans les médias (CNN, Fox…). Dans
ce cadre, il alimente le débat sur des questions de sociétés, aussi bien sur des questions
économiques que politiques. Les articles récents traitent plus précisément de l’impact du
crowfunding sur le marché du capital investissement et de l’impact de la création de start-
up sur la création d’emplois aux États-Unis. Il met également en avant la notion de li
berté comme principale motivation des entrepreneurs et enrichit le débat actuel sur
l’impact de la réforme de l’assurance santé aux États-Unis (ObamaCare) en soulignant
l’effet potentiel sur l’emploi et sur le coût du travail, notamment dans les PME.
Il a également une activité de business angel et est membre du réseau Northcoast Angel
Network.
1. The Illusions of Entrepreneurship :The Costly Myths that Entrepreneurs, Investors, and Policy Makers Live
By (qui fut l’un des dix meilleurs ouvrages de l’année dans la section ‘business’ de Amazon.com) ; Technology
Strategy for Managers and Entrepreneurs ; Finding Fertile Ground : Identifying Extraordinary Opportunities
for New Ventures ; From Ice Cream to the Internet : Using Franchising to Drive the Growth and Profits of
Your Company ; Academic Entrepreneurship : University Spinoffs and Wealth Creation ; A General Theory of
Entrepreneurship : The Individual-Opportunity Nexus ; The Foundations of Entrepreneurship ; Handbook of
Technology and Innovation Management ; Economic Development Through Entrepreneurship : Government,
University and Business Linkages ; Entrepreneurship : A Process Perspective (with Robert Baron) ; Managing
your Intellectual property Assets ; Fool’s Gold : The Truth behind Angel Investing in America ; and Born
Entrepreneurs, Born Leaders : How Your Genes Affect Your Work Life).
2. Il écrit régulièrement des colonnes pour business week (www.businessweek.com/small-business).
https://marketingebooks.tk/
Scott Shane 291
Scott Shane publie ses premiers articles au début des années quatre-
vingt-dix sur le thème de l’innovation et plus particulièrement sur l’in-
fluence des facteurs sociaux et culturels (Shane, 1992, 1993). Puis, ancré
au cœur d’une approche processuelle de l’entrepreneuriat, il présente un
cadre conceptuel permettant d’expliquer de manière cohérente le proces-
sus entrepreneurial. Pour cela, il propose tout d’abord une définition de
l’entrepreneuriat ou « Entrepreneurship is an activity that involves the disco-
very, evaluation and exploitation of opportunities to introduce new goods and
services, ways of organizing, markets, processes, and raw materials through
organizing efforts that previously had not existed » (Shane et Venkataraman,
2000 ; Shane, 2003).
Cette note de recherche de 2000, cosignée avec Shankaran
Venkataraman, constitue une contribution majeure à la précision du
champ de recherche en entrepreneuriat. Elle ouvre sur plus d’une décennie
de débat et d’implémentation sur le thème de l’opportunité entrepreneu-
riale au cœur de la définition du champ de l’entrepreneuriat. D’ailleurs,
cet article obtiendra le prix 2010 AMR Decade et fera l’objet, dans le
numéro de 2012 (vol. 37, n o 1), d’un article de ses auteurs sur la contri-
bution de cette note dans les recherches en entrepreneuriat.
Cette approche de l’entrepreneuriat fait l’objet récemment de plusieurs
articles recensant l’appréhension du monde académique sur la notion
d’opportunité (Short et al., 2010), ceci ayant conduit à l’apparition de
nombreuses définitions mais également à des faiblesses d’opérationnalisa-
tion (Hansen et al., 2009, 2011).
Au-delà de cette contribution majeure, Shane a concentré ses recherches
sur le contexte organisationnel, avec notamment des travaux sur la fran-
chise (en l’intégrant dans le champ des recherches en entrepreneuriat ;
Shane, 1996a et b, 1998 ; Shane et al., 2006) et dans une moindre mesure
sur la relation entre l’entrepreneur et le Venture Capital (Shane et Cable,
2002 ; Shane, 2008). Plus récemment, il a ouvert un nouvel axe de
recherche, certes controversé, sur l’influence de l’héritage génétique sur le
comportement entrepreneurial (Nicolaou et Shane, 2008 ; Nicolaou et al.,
2008). Enfin, nous soulignons son intérêt pour les spin-offs universitaires
(Shane, 2005) et pour la lutte contre les mythes sur l’entrepreneuriat
(Shane, 2008).
La section 1 de ce chapitre se concentre sur la définition du champ de
l’entrepreneuriat et sur la notion d’opportunité entrepreneuriale. Nous
abordons ensuite les autres contributions majeures de cet auteur (sec-
tion 2), avant de proposer un regard critique sur ses travaux (section 3).
https://marketingebooks.tk/
292 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
3. Cette approche est d’ailleurs couramment reprise dans les approches classiques en marketing et en
stratégie.
https://marketingebooks.tk/
Scott Shane 293
https://marketingebooks.tk/
294 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
that the entrepreneur believes will yield a profit ». L’accent est mis sur la
relation moyens/fins afin de distinguer ce qu’est une opportunité entrepre-
neuriale par rapport aux autres situations classiques de recherche de profit.
En ce sens, elle ne vise pas uniquement à créer ou identifier une relation
moyens/fins mais également à proposer une utilisation plus efficiente des
ressources par une remise en cause de cette relation (Eckhardt et Shane,
2003 : 336 ; Degeorge et Messeghem, 2011). Shane (2012) revient d’ail-
leurs sur ce point, quelque peu obscur ou incompris dans le texte initial,
ayant fait l’objet de nombreuses critiques et de mauvaises interprétations.
Il précise que se concentrer uniquement sur une relation nouvelle moyens/
fins était réducteur et qu’il est donc également nécessaire d’intégrer l’opti-
misation de cette relation.
Une question centrale se pose quant à l’origine de l’opportunité. Pour
Shane, le marché, abordé par l’opportunité, est envisagé comme un pro-
cessus d’identification. Ce processus met l’accent sur l’information per-
mettant cette découverte. Se pose donc la question de l’acquisition des
informations, réparties non uniformément parmi les acteurs ? Ainsi, cer-
tains sont plus susceptibles que d’autres de reconnaître les opportunités
existantes, et donc les marchés potentiels. Dans ce cadre, dès 2000, Shane
insiste sur la disponibilité de l’information et sur les connaissances (prior
knowledge) (notamment au niveau technologique et au niveau des mar-
chés). Cette asymétrie d’information permet de déterminer qui, parmi
deux individus, identifiera une opportunité. La reconnaissance d’une
opportunité dépend donc de la disponibilité de l’information (accès à
l’information) mais surtout de la capacité cognitive de l’individu (pour
une utilisation efficiente de l’information). Au-delà de l’information
mémorisée, l’interprétation de l’individu de la nouvelle information se
combine avec l’information déjà présente dans la mémoire. Ainsi l’inter-
prétation et l’intégration sont essentielles pour la créativité et pour la
reconnaissance d’une opportunité (Baron et Shane, 2007).
En ce sens, l’opportunité est donc très relative. Elle dépend des capaci-
tés (différentes suivant les individus) mais également des désirs. Ce subjec-
tivisme (Foss et al., 2008), notion très prégnante dans l’école autrichienne,
trouve un large écho avec la notion de vigilance entrepreneuriale (alertness)
introduite par Kirzner (1973, 1997). Cette première approche de l’oppor-
tunité la considère donc comme une occurrence naturelle qui existe avant
qu’elle ne soit découverte par des entrepreneurs alertés ayant des compé-
tences afin de l’exploiter (Kirzner, 1973 ; Drucker, 1985 ; Shane et
Venkataraman, 2000 ; Ardichvili et al., 2003 ; Eckhard et Shane, 2003).
Les opportunités représenteraient une caractéristique saillante dans l’envi-
ronnement économique et il suffirait alors d’avoir une faculté à les recon-
https://marketingebooks.tk/
Scott Shane 295
4. Pour Dew (2009), la sérendipité est une activité de recherche qui conduit à la découverte de quelque
chose que l’entreprise ou l’individu ne cherchait pas.
https://marketingebooks.tk/
296 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
5. En effet, si l’opportunité était subjective, c’est-à-dire inhérente aux perceptions de l’individu, elle ne
pourrait exister tant que le profit ne serait pas réalisé. Et donc si l’entrepreneur réalisait toujours un
bénéfice, l’échec ne pourrait pas exister (Shane, 2012 : 16).
https://marketingebooks.tk/
Scott Shane 297
https://marketingebooks.tk/
298 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
Figure 2. L’impact des attributs individuels sur la décision d’exploitation (Shane, 2003)
https://marketingebooks.tk/
Scott Shane 299
En effet, dès 2008, Shane alerte l’opinion et jette un pavé dans la mare
des acteurs de l’écosystème entrepreneurial. Dans cet ouvrage, il offre sa
vision de la réalité entrepreneuriale. L’auteur démontre que la plupart des
a priori concernant la création d’entreprise sont illusoires et qu’il est essen-
tiel, pour l’individu créateur potentiel, de dépasser ces idées reçues.
Tout d’abord, la majorité des politiques mises en place afin de favoriser
le développement de la création d’entreprise est basée sur des idées reçues.
Il en est de même avec les créateurs qui se retrouvent souvent confrontés
à une réalité bien différente de ce qu’ils avaient prévu ou imaginé dans la
projection de leur création d’entreprise. Les investisseurs ne sont pas épar-
gnés et investissent ainsi dans des activités ne les conduisant pas à retrou-
ver forcément les rendements espérés. À ce titre, Shane (2008) remet
notamment en cause la concentration des efforts d’investissement sur les
start-ups : « But data shown that to be untrue. older firms are more produc-
tive than new firms, so putting money into the typical new company is a worse
use of resources than putting it into the typical older company ».
À partir de 67 mythes argumentés à partir de données chiffrées, Shane
isole deux ensembles d’illusions (Chabaud, 2009) : la création conçue
comme une activité exceptionnelle (loin d’être un homme exceptionnel, le
créateur d’entreprise est plutôt un « américain moyen ») et la création
comme une source d’enrichissement pour le créateur et pour l’économie
(sont visés les politiques publiques trop génériques et sans discernement
ainsi que le soutien sans condition aux start-ups technologiques qui
cachent la forêt des projets ordinaires).
https://marketingebooks.tk/
300 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Scott Shane 301
2.2.2. La franchise
Dès les années quatre-vingt-dix, Shane a publié de nombreux articles
sur le thème de la franchise (Shane, 1996a et 1996b, 1998). Il souligne
notamment l’intérêt théorique et empirique de se concentrer sur cette
forme spécifique de création d’entreprise. Son analyse permet d’aller au-
delà de la forme organisationnelle hybride pour épouser des préoccupa-
tions conjointes liées au marché et à la hiérarchie. À partir des préceptes
de la théorie de l’agence, il montre, au travers d’une enquête longitudinale
https://marketingebooks.tk/
302 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
sur dix ans, que la franchise permet une croissance plus rapide avec un
taux de survie supérieur. Il associe ensuite la franchise avec l’internationa-
lisation et conclut que la franchise permet de mettre en œuvre des capaci-
tés permettant de croître plus rapidement à l’international (Shane, 1996b).
En résumé, Shane a permis d’intégrer la franchise comme thème de
recherche dans le champ de l’entrepreneuriat.
https://marketingebooks.tk/
Scott Shane 303
8. « Les opportunités entrepreneuriales sont des situations qui permettent une combinaison nouvelle de
ressources créatrice de valeur. Les idées entrepreneuriales correspondent à l’interprétation des entrepre-
neurs d’une nouvelle combinaison de ressources permettant la poursuite d’une opportunité » (Shane,
2012 : 15).
https://marketingebooks.tk/
304 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Scott Shane 305
Conclusion
Les recherches en entrepreneuriat ont profondément évolué depuis les
années quatre-vingt. Ce champ est marqué par une proximité avec des dis-
ciplines proches (économie, management …). Les dernières années ont
permis l’apparition de nouvelles théories et concepts propres (Landstrom et
al., 2012). Shane a activement participé à la construction de ce champ. Il a
notamment permis de placer l’opportunité au cœur du processus entrepre-
neurial. Le paradigme de l’opportunité permet de fédérer un grand nombre
de courants qui traverse le champ de l’entrepreneuriat, ceci étant cohérent
avec la position de plusieurs chercheurs quant à la nécessité d’intégrer les
connaissances et en se rapprochant notamment de celles issues du champ de
l’innovation (Landstrom et al., 2012). De nombreux chercheurs et de nom -
breuses publications mettent ainsi l’opportunité au centre des préoccupa-
tions. Même si aucun consensus n’existe sur la nature de l’opportunité, plus
d’une décennie de recherches sur ces thèmes a permis récemment à Shane
(2012) de revenir sur sa proposition initiale (avec Venkataraman) en inté -
grant la recombinaison (au-delà de la nouvelle relation) de la relation
moyens/fins.
Les travaux initiateurs de Shane ont également conduit à rapprocher le
champ de l’entrepreneuriat avec celui du management stratégique. À ce
sujet, l’accent est désormais mis sur le fait que la performance de l’entreprise
à long terme repose plus sur sa capacité à créer, repérer ou exploiter de nou-
velles opportunités, que sur la seule capacité à maintenir un avantage
concurrentiel sur des produits existants (Chabaud et Messeghem, 2010 :
105). De ce fait, il serait pertinent d’accentuer des recherches se concentrant
sur le lien entre la nature de l’opportunité entrepreneuriale et sur ses effets
(Shane, 2012), et notamment sur la performance de l’entreprise.
https://marketingebooks.tk/
306 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Scott Shane 307
Nicolaou, N., Shane, S ., Cherkas, L., Spector, T.D. (2009), « Opportunity rec-
ognition and the tendency to be an entrepreneur : A bivariate genetics per-
spective », Organizational Behavior and Human Decision Processes, 110, 108-
117.
Shane, S., Cable, D.M. (2002), « Netwok ties, reputation and the financing of
new ventures », Management Science, 48(3), 364-381.
Shane, S., Shankar, V., Aravindakshan, A. (2006), « The effects of new franchisor
partnering strategies on franchise system size », Management Science, 52(5),
773-787.
Shane, S., Somaya, D. (2007), « The effects of patent litigation on university
licensing efforts », Journal of Economic Behavior and Organization », 63(4),
739-755.
https://marketingebooks.tk/
308 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Scott Shane 309
Kirzner, IM. (1979), Perception, Opportunity and Profit : Studies in the Theory of
Entrepreneurship, University of Chicago Press : Chicago.
Kirzner, IM., (1997), « Entrepreneurial discovery and the competitive market
process : an Austrian approach », Journal of Economic Literature, 35, 60-85.
Landström, H., Harirchi, G., Åström, F. (2012), « Entrepreneurship : Exploring
the knowledge base Original », Research Policy, 41(7), 1154-1181.
Penrose, E.T. (1959), The thoery of the growth of the firm, Blackwell, Edition
révisée : Oxford University Press, 1995.
Sarasvathy, S.D., & Venkataraman, S., (2002), Three views of entrepreneurial
opportunity, invited book chapter in Entrepreneurship handbook edited by
Acs et al., 1-29.
Sarasvathy, S., Dew, N., Velamuri, R., Venkataraman, S. (2003), « Three Views
of Entrepreneurial Opportunity », in Acs, Z.J. et D.B. Audretsch (eds.),
Handbook of Entrepreneurship Research, An Interdisciplinary Survey and
Introduction, Ed Boston : Kluwer Academic Publishers, 2003, 141-160
Schumpeter, J.A. (1935), Théorie de l’évolution économique, Paris, Dalloz.
Schumpeter, J.A. (1999), Théorie de l’évolution économique, traduction française
de The Theory of Economic Development, édition 1934, 1re édition 1911.
Short, J.C., Ketchen Jr., D.J., Shook, C.L., Ireland, R.D. (2010), « The Concept
of “Opportunity” in Entrepreneurship Research : Past Accomplishments and
Future Challenges », Journal of Management, January, 36, 40-65.
Van der Loos, M., Koellinger, P.D., Groenen, P., Rietveld, C., Rivadeneira, F.,
Van Rooij, F., Uitterlinden, A.G., Hofman , A., Thurik, R. (2011),
« Candidate gene studies and the quest for the entrepreneurial Gene », Small
Business Economics, 37, 269-275.
Venkataraman, S. (1997), « The distinctive domain of entrepreneurship, in
Advances » in Entrepreneurship, Firm Emergence and Growth, Eds. J. Katz and
R. Brockhaus. Greenwitch, CT : JAI Press, 199-138.
Venkataraman, S., Sarasvathy, S.D., Dew, N., Forster, W.R. (2012), « Reflections
on the 2010 AMR decade Award : Wither the promise ? Moving forward
with entrepreneurship as a science of the artificial », Academy of Management
Review, 37(1), 21-33.
https://marketingebooks.tk/
https://marketingebooks.tk/
XVI
Paul Reynolds
Activité entrepreneuriale
et croissance
Virginie Gallego-Roquelaure
https://marketingebooks.tk/
312 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT
Notice biographique
Après avoir été Professeur dans de nombreuses universités comme celles du Minnesota,
du Michigan ou de Washington, Paul Reynolds est depuis 2013 en poste à l’université
de Birmingham au Royaume-Uni. Il a un parcours multidisciplinaire : Bachelor of
Science (1960), MBA (1964), MA en psychologie (1966). Il obtient enfin un Doctorat
en sociologie en 1969 à l’université de Stanford.
Paul Reynolds a écrit de nombreux livres, chapitres d’ouvrage, communications et
articles dans des revues internationales : Journal of Small Business Management, Small
Business Economics, Journal of Business Venturing, Journal of Applied Management and
Entrepreneurship…
Il a coordonné plusieurs programmes internationaux dont le plus important est Global
Entrepreneurship Monitor Research Program de 1998 à 2004 et obtenu six récom-
penses internationales depuis 1980, la plus prestigieuse étant International Award for
Entrepreneurship and Small Business Research en 2004.
https://marketingebooks.tk/
Paul Reynolds 313
1. SA CARRIÈRE
Après un Bachelor of Science (BS) en 1960 et un Master of Business
and Administration (MBA) en 1964, Paul Reynolds obtient un Master of
Arts (MA) de psychologie en 1966 puis un doctorat en sociologie en
1969. Il est depuis début 2013 professeur à l’université de Birmingham au
Royaume-Uni.
Il a obtenu de nombreuses récompenses et notamment un prix inter-
national pour ses recherches en entrepreneuriat et petites et moyennes
entreprises (PME) en 2004 1. Le tableau ci-dessous présente les récom-
penses de Reynolds depuis 1980 (Tableau 1).
1. He was the recipient of the 2004 International Award for Entrepreneurship and Small Business Research
provided by the Swedish Foundation for Small Business Research and the Swedish Business Development
Agency (the « Swedish Prize »). Paul Davidson Reynolds is the 2004 winner of the International Award for
Entrepreneurship and Small Business Research.
https://marketingebooks.tk/
314 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT
https://marketingebooks.tk/
Paul Reynolds 315
https://marketingebooks.tk/
316 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT
https://marketingebooks.tk/
Paul Reynolds 317
https://marketingebooks.tk/
318 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT
https://marketingebooks.tk/
Paul Reynolds 319
https://marketingebooks.tk/
320 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT
Ils ne seraient pas à proprement parler à l’origine des opportunités mais ils
faciliteraient leur identification par les entrepreneurs (Facchini, 2007).
L’intensification de l’activité entrepreneuriale entraîne une plus grande
croissance économique au niveau global (Reynolds, Hay et Camp 1999)
et la création d’emplois, de richesses et de revenus au niveau local
(Henderson, 2002).
Le potentiel entrepreneurial existe dans nos milieux pour créer les
entreprises et les emplois nécessaires. Les études du GEM confirment,
d’année en année, cette vérité de l’existence de cette capacité d’entre-
prendre partout sur la planète.
En définitive, les apports de Reynolds sont de trois types. D’un point
de vue méthodologique, Reynolds a créé une méthode permettant d’iden-
tifier un échantillon représentatif en ce qui concerne les entrepreneurs
naissants et/ou les entreprises en gestation. En outre, cette méthode stan-
dardisée offre une base de comparaison solide entre les différents pays.
D’un point de vue théorique, il est à l’origine de nombreux concepts uti-
lisés en entrepreneuriat tels que l’entrepreneur naissant, le processus de
gestation ou l’entrepreneur de nécessité. Enfin, en ce qui concerne ses
résultats, ils ont amélioré la compréhension du phénomène entrepreneu-
rial.
Pour autant, les travaux de Reynolds font l’objet d’un certain nombre
de critiques.
https://marketingebooks.tk/
Paul Reynolds 321
https://marketingebooks.tk/
322 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT
https://marketingebooks.tk/
Paul Reynolds 323
https://marketingebooks.tk/
324 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT
https://marketingebooks.tk/
De la PME territorialisée
à la PME mondialisée
https://marketingebooks.tk/
https://marketingebooks.tk/
XVII
Pierre-André Julien1
De la spécificité des PME
à la complexité de
l’entrepreneuriat
Christophe Schmitt et Olivier Torrès
1. L’usage veut que l’on ne cite pas les auteurs français et vivants. Henri Bouquin (2005 : 5), le coordon-
nateur des Grands auteurs en contrôle de gestion, n’hésite pas à mettre dans sa liste des auteurs vivants mais
il ajoute « en se bornant toutefois aux étrangers. Non par reconnaissance de la supériorité des publica-
tions anglo-saxonnes, mais par simple souci de garder, pour les Français, le recul qui permettra de faire
la part des choses ». Nous respectons cet usage mais nous souhaitons toutefois signifier que le nom de
Michel Marchesnay aurait pu être associé à celui de Pierre-André Julien, d’une part parce qu’ils ont
souvent cosigné des travaux, comme nous le verrons dans ce chapitre et, d’autre part, parce que Michel
Marchesnay a également joué un rôle significatif dans l’émergence et le développement d’une commu-
nauté de recherche en PME et en entrepreneuriat.
https://marketingebooks.tk/
328 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
Notice biographique
Si la carrière universitaire de Pierre-André Julien ne s’explique par aucun antécédent
familial dans l’enseignement supérieur, c’est en revanche dans le choix de l’économie et
de la gestion et certainement dans son goût prononcé en faveur des PME que l’on doit
retracer ici quelques éléments biographiques qui ont leur importance. En effet, l’origine
familiale de Pierre-André Julien est marquée par la présence de nombreux entrepreneurs
et dirigeants d’entreprises 2. Si ses arrière-grands-parents étaient des entrepreneurs agri-
coles, ses grands-pères, son père, plusieurs oncles et tantes étaient également entrepre-
neurs ou dans les affaires. Cet héritage familial a vraisemblablement joué avec la force
d’un habitus. Assez rapidement, la question de la PME va se dessiner dans un premier
temps comme une toile de fond, puis comme un fonds de commerce.
Né à Trois-Rivières, en 1939, au bord du Saint Laurent, il fait ses études à l’université
Laval où il obtiendra un baccalauréat en sciences commerciales en 1963, étude qu’il
poursuit jusqu’à la thèse de doctorat en économie qu’il soutient à l’université de
Louvain en 1976.
À la suite de son doctorat, il entre à l’université de Trois-Rivières où il exercera toute sa
carrière jusqu’à devenir Professeur émérite et titulaire de la chaire Bell pour des PME
de classe mondiale. Auparavant, il a été titulaire de la chaire Bombardier Produits
Récréatifs, élément structurant du Groupe de Recherche en Économie et Gestion des
PME, devenu aujourd’hui l’Institut de Recherche sur les PME (INRPME).
Son dynamisme scientifique et son leadership naturel vont rapidement l’amener à
coopérer avec de nombreux chercheurs au Québec et à l’étranger (Belgique, Catalogne,
Italie, France, Maroc, Suisse…) et à être associé à des travaux sous l’égide de la
Commission économique européenne, de l’Organisation de coopération et de dével-
oppement économiques (OCDE) et des Nations unies. Sa collaboration internationale,
sans conteste la plus fructueuse, sera sa rencontre avec le Français Michel Marchesnay
avec lequel il va nouer une complicité collaborative de plus de trente ans à laquelle nous
reviendrons dans ce chapitre. Au-delà de cette amitié, naîtra une relation partenariale
solide entre l’Équipe de Recherche sur la Firme et l’Industrie à Montpellier dirigée par
Marchesnay et le GREPME de Julien.
Pierre-André Julien a reçu tout au long de sa carrière plus d’une vingtaine de prix,
depuis son premier prix en 1984 pour la meilleure communication de l’International
Council on Small Business (ICSB) à Toronto, jusqu’au Prix d’excellence du service
méritoire du Bureau canadien de l’éducation internationale décerné en 2011. Il a été
promu Chevalier de l’ordre national du Québec en 2006 et l’Institut National
Polytechnique de Lorraine lui a remis les insignes de Docteur Honoris Causa en 2001.
L’histoire familiale et le parcours professionnel de Pierre-André Julien font de lui un
fondateur de structures simples, d’adhocraties et de structures missionnaires. Ceux qui
connaissent Pierre-André Julien savent également son aversion pour les structures divi-
sionnelles, les bureaucraties professionnelles et mécanistes qui caractérisent trop sou-
vent nos institutions universitaires au point de les rendre trop rigides.
2. Informations recueillies par les auteurs suite à de multiples discussions avec l’auteur.
https://marketingebooks.tk/
Pierre-André Julien 329
3. Les lauréats de ce prix sont Colette Fourcade en 2004, Louis-Jacques Filion en 2006, Bruno Ponson
en 2008, Yvon Gasse en 2010, Camille Carrier en 2012 et Louis Raymond en 2014.
https://marketingebooks.tk/
330 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Pierre-André Julien 331
https://marketingebooks.tk/
332 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
Source : P.-A. Julien et J. Chicha (1982), « Vers une typologie multicritères des PME »,
Cahiers de recherche du GREPME, (82-06) ; Julien, P.-A. (1990b) « Vers une typologie
multicritère des PME », Revue internationale PME, 3(3-4), 411-426.
Cette typologie sera maintes fois citée et même reprise par Torrès (2004),
qui prolongera la thèse de Julien en montrant que chacune des dimensions
peut être interprétée comme une forme de proximité, donnant ainsi un cadre
synthétique et unitaire aux diverses formes de PME. Torrès et Julien (2005)
uniront leurs efforts pour définir le cadre de validité de cette spécificité et
introduire aussi les limites de cette spécificité avec le concept de dénaturation
(processus par lequel une entreprise de petite taille perd les principales carac-
téristiques de l’objet PME).
Ce goût pour les typologies se poursuit avec les travaux qu’il conduit sur la
globalisation des PME. Le thème de la mondialisation est l’une des évolutions
fortes des années quatre-vingt-dix et deux mille. Sous l’impulsion de Florence
Estimé, directrice adjointe du Centre de l’OCDE pour l’entrepreneuriat, les
PME et le développement local (CFE), Julien sera membre de 1993 à 1997
d’un groupe de travail sur les PME et la mondialisation. Il mettra cette colla-
boration à profit pour étendre ses analyses à la mondialisation (Julien, Joyal et
Deshaies, 1994 ; Julien et Morin, 1996 ; Julien, 1994a ; 1997a) et proposer
une typologie des PME face à la globalisation (Julien, 1996).
https://marketingebooks.tk/
Pierre-André Julien 333
Dans cette nouvelle typologie, Julien s’appuie sur les travaux initiés par
Torrès (1997) dans son doctorat sur les stratégies de globalisation des
PME, lequel distingue les PME, d’une part, en fonction de leur espace de
fonctionnement (ensemble des ressources et du système de production)
qui peut s’étendre du local au global et, d’autre part, en fonction de leur
espace de marché dont l’étendue peut également varier du local au global.
En reprenant cette typologie et en l’enrichissant notamment en tenant
compte des réseaux et des alliances, Julien évalue le degré d’engagement
d’une PME dans le processus de mondialisation. Ces résultats montrent
qu’un bon quart des PME ne sont pas concernées par ce processus de
mondialisation (les activités artisanales, par exemple), que 35 % sont des
PME dont l’essentiel de l’activité est confiné à l’échelle locale (les activités
de services et de proximité), et que si 15 % des PME semblent s’engager
dans la voie de l’exportation, souvent de manière graduelle et assez timide,
c’est seulement 5 % d’entre elles qui peuvent être qualifiées de véritables
agents actifs, c’est-à-dire de PME de classe mondiale (Julien, 1994a).
Adapté de Torrès, 1997 ; source : P.-A. Julien (2008a) « Mondialisation et PME : une
question de mesures », Session spéciale sur les statistiques sur les PME et
l’entrepreneuriat, Groupe de travail de l’OCDE sur les PME et l’entrepreneuriat, Paris,
28 octobre.
https://marketingebooks.tk/
334 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Pierre-André Julien 335
https://marketingebooks.tk/
336 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Pierre-André Julien 337
https://marketingebooks.tk/
338 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
https://marketingebooks.tk/
Pierre-André Julien 339
6. Julien, P.-A., L’entrepreneuriat au Québec. Pour une révolution tranquille entrepreneuriale. 1980-2005,
Québec, Les Éditions Entreprendre et Montréal, les Éditions Transcontinental, 2000.
https://marketingebooks.tk/
340 LES GRANDS AUTEURS EN ENTREPRENEURIAT ET PME
7. Entre le marketing, la comptabilité, le contrôle de gestion, les ressources humaines ou encore les
aspects juridiques.
https://marketingebooks.tk/
Pierre-André Julien 341