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Crédit
ECONOMICA
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PRÉFACE
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VI Les produits dérivés de crédit
AXA Investment Managers est devenu l’un des investisseurs les plus
actifs en Europe sur ce marché et les volumes traités devraient continuer
à croître à un rythme élevé dans les prochaines années. En quoi les dérivés
de crédit sont-ils devenus des outils indispensables pour le gérant obliga-
taire ?
Les dérivés de crédit permettent tout d’abord au gérant d’élargir son
univers d’investissement et de diversifier son portefeuille, en ayant accès
à:
– des emprunteurs qui n’ont jamais émis d’obligations, par exemple
Adidas, crédit accessible uniquement à travers des prêts bancaires ;
– des émetteurs d’obligations convertibles, sans avoir à se préoccuper
de la couverture du risque action (exemples : Nokia, Pernod-Ricard,
KPN) ;
– des émetteurs dont les obligations sont très peu liquides, voire indis-
ponibles sur le marché à des conditions acceptables (exemples : obliga-
tions Nestlé détenues par des investisseurs privés en Suisse).
De surcroît, ils permettent d’ajuster les caractéristiques des obligations
que le gérant souhaite détenir à ses propres besoins et ses propres
paramètres :
– raccourcir les maturités (les obligations sont en général émises pour
des échéances supérieures à cinq ans, de même que les prêts bancaires
subordonnés) ;
– éliminer le risque de change (obligations émises en dollars ou en
yen) ;
– éliminer le risque de covenant (certaines obligations comportent des
clauses de modification de coupon en fonction du rating ou de certains
ratios liés à la situation financière de l’émetteur. Ce risque est impossible
à couvrir).
Ils permettent également d’améliorer la liquidité et d’augmenter la
taille des positions prises : le marché des CDS traite à des écarts bid-offer
deux à trois fois moins larges que les obligations, pour des tailles qui peu-
vent être jusqu’à cinq fois plus importantes.
Par ailleurs, ils facilitent la prise de positions à découvert : les dérivés de
crédit permettent en effet de prendre des positions courtes sur un émet-
teur, à coût maîtrisé et pour des tailles significatives. Pour « shorter » une
obligation, il faut emprunter le titre et renouveler le « repo » de mois en
mois avec un risque de « repricing » d’un mois sur l’autre. Ces contraintes
n’existent pas sur le marché des CDS.
Enfin, ils permettent d’arbitrer la valeur relative entre les dérivés et les
sous-jacents obligataires, afin de générer de nouvelles sources de sur-per-
formance pour le portefeuille géré : création de bases négatives en combi-
nant achat d’obligation et de protection, création de positions de risque de
qualité AAA, parfois avec carry positif, etc.
Parmi les évolutions les plus intéressantes de la gestion obligataire cor-
porate de ces dernières années, il faut évidemment mentionner les CDOs
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Préface VII
Jean-Louis LAURENS
Président-Directeur Général
Axa Investment Managers Paris
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AVANT-PROPOS
Jean-Pierre MUSTIER
Directeur Général Adjoint de la Société Générale
Banque de Financement et d’Investissement
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INTRODUCTION
Les trois dernières décennies en finance ont été marquées par la crois-
sance explosive des marchés de produits dérivés. Ceux-ci sont des instru-
ments financiers dont la valeur dépend du comportement d’un actif sous-
jacent, ce dernier pouvant être le cours d’une action de société, un taux
d’intérêt, un cours de change entre devises, un indice économique ou
financier ou encore la valeur d’un autre contrat dérivé (future, option ou
swap).
Les produits dérivés sont des outils de gestion des risques associés aux
actifs financiers, risques qui se traduisent par des variations importantes
de la valeur de ces actifs. Leur bénéfice premier est de permettre la désa-
grégation et la gestion des différents risques incorporés dans un même ins-
trument financier. Imaginons par exemple un investisseur américain pre-
nant une position longue (à l’achat) dans un titre obligataire libellé en
euros d’un émetteur français comme France Telecom. Cet investisseur
prend au minimum trois types de risques :
– un risque de taux d’intérêt suivant la manière dont est structuré le
titre obligataire (coupon fixe ou variable indexé sur un taux de marché de
référence tel que l’Euribor) ;
– un risque de change car la performance de l’investisseur se calcule en
dollars américains et le véhicule d’investissement génère des flux en euros
au fil du temps ;
– le risque de crédit associé à l’émetteur de l’obligation, France Tele-
com qui, en cas de difficultés majeures, ou de crise de liquidité, pourrait
être amené à se déclarer en défaut de paiement.
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2 Les produits dérivés de crédit
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Introduction 3
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Chapitre 1
LE RISQUE DE CRÉDIT
ET L’ÉMERGENCE DES PRODUITS
DÉRIVÉS DE CRÉDIT
1. « [The fact is that] bankers are in the business of managing risk. [Pure and
simple, that is the business of banking] », cité par Freeman (1993).
2. En matière financière, le risque peut se définir de manière générique comme
la volatilité de résultats. Il se traduit en termes statistiques par l’écart-type de ces
résultats autour de leur moyenne.
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6 Les produits dérivés de crédit
1. Le risque de crédit
En septembre 2003, l’enquête annuelle du Centre for the Study of Finan-
cial Innovation (CSFI), « Banana Skins 2003, a CSFI Survey of the Risks
Facing Banks », titrait sans ambages : « les produits dérivés de crédit sont le
risque principal auquel sont confrontées les banques » 2. Produits comple-
xes et risques de crédit étaient cités comme les principaux risques encourus
par la communauté bancaire en 2003, d’après les 231 professionnels du sys-
tème financier interrogés par le think-tank 3 . C’est la première fois que les
instruments financiers complexes étaient cités en tête du classement annuel
depuis sa création (1995). Il convient également de constater que le risque
de crédit au sens large (sous ses différentes formes) apparaît de manière
permanente parmi les risques les plus fréquemment cités entre 1996 et 2002,
dans cette même enquête, comme le rappelle le tableau 1.1.
Bien entendu, ce résultat doit se lire à la lumière de la dégradation
générale de l’environnement économique sur la période 2000-2002. Le
cabinet Oliver Wyman & Company a ainsi estimé que le montant des
créances irrécouvrables avait atteint 130 milliards de dollars dans le
monde en 2002, contre 110 milliards en 2001 et 60 milliards en 2000. Ce
chiffre pour 2002 dépasse le record « historique » de 1992, lorsque le mon-
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Le risque de crédit et l’émergence des produits dérivés de crédit 7
tant des pertes de crédit avait été estimé à 113 milliards pour l’ensemble
du système bancaire dans le monde 1.
Par ailleurs, les nombreuses faillites et scandales liés à des politiques de
prêts hasardeuses rappellent que le risque de crédit est le plus important
des risques encourus par les établissements bancaires. Pour se limiter aux
deux dernières décennies, rappelons par exemple la « crise de la dette »
des pays en voie de développement au début des années 1980. Nous pou-
vons également mentionner la débâcle des caisses d’épargne aux États-
Unis (savings and loans), entre 1984 et 1991 2, trop engagées sur le marché
des « obligations pourries » (junk bonds) servant notamment à financer
des opérations hostiles de reprise d’entreprise à fort effet de levier ; ou
encore, les crises bancaires au Royaume-Uni, en Norvège, en Suède et en
France notamment, dans la période 1990-1995.
Les banques font face à d’autres types de risques : risques de marché,
bien sûr, (volatilité des prix des actifs financiers, liée notamment aux mou-
vements des taux d’intérêt et devises, aux cours des actions et des matières
premières), de liquidité (demande et offre du marché pour tel ou tel instru-
ment), de funding (capacité à assurer ses besoins de financements), opéra-
tionnels (systèmes de contrôle inadéquats), juridiques (validité des contrats
de produits dérivés notamment), etc. Mais, de par leur rôle au sein du sys-
tème économique (sélection des emprunteurs, centralisation de l’informa-
tion, suivi et monitoring du risque) et la structure de leur bilan (les stratégies
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8 Les produits dérivés de crédit
Nature du débiteur
1. Risque de défaut
(ou de défaillance)
➢Default risk
Types
de risque
de crédit 2.
Risque de dégradation
de la qualité de crédit
➢Creditworthiness risk
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Le risque de crédit et l’émergence des produits dérivés de crédit 9
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10 Les produits dérivés de crédit
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Le risque de crédit et l’émergence des produits dérivés de crédit 11
100 2
80 1.5
60 Montant des
actifs 1
40
20 0.5
0 0
1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002
250 100
90
200 80
70
150 Nombre de société 60
en faillite* 50
Montant des
100 40
actifs
30
50 20
10
0 0
1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002
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12 Les produits dérivés de crédit
Source : BankruptcyData.com
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Le risque de crédit et l’émergence des produits dérivés de crédit 13
14 AAA
12 AA+
AA
10
AA-
8 A+
A
6
A-
4
BBB+
2 BBB
0
Fin 1995 Fin 2000 Juin 2002
Note : les établissements notés AAA sont ceux de meilleure qualité (voir infra, section 2.2.).
Source : Standard & Poor’s.
10 %
États-Unis
9%
Zone euro
8%
7%
6%
5%
4%
1996 1997 1998 1999 2000 2001
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14 Les produits dérivés de crédit
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Le risque de crédit et l’émergence des produits dérivés de crédit 15
Rentabilités liées
au risque de crédit
Pertes 0 Gains
Source : Gupton, Finger et Bathia (1997).
une faible chance de perdre une grande partie de la mise initiale, en cas de
matérialisation du risque de crédit.
Ce constat a de fortes implications pour les techniques de modélisation
du risque de crédit ainsi que pour les modèles de tarification des produits
dérivés de crédit 1 .
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16 Les produits dérivés de crédit
Dettes seniors
(emprunteurs privés) Risque – Dérivés de crédit
de crédit (marchés de gré-à-gré)
Dettes subordonnées
Émetteurs
(emprunteurs privés)
privés
(institutions
financières Dettes convertibles
et entreprises) et hybrides
– Futures et options
Risque (marchés organisés)
Actions actions – Dérivés actions
(marchés de gré-à-gré)
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Le risque de crédit et l’émergence des produits dérivés de crédit 19
du montant notionnel total des contrats sur lesquels elle était engagée,
contre 0,32 % fin 2002 et 0,33 % fin 2001.
Le risque de crédit est le principal risque auquel sont exposés les éta-
blissements bancaires, aussi bien dans leurs activités traditionnelles de
prêts que dans leur rôle d’intermédiaires sur les marchés de capitaux.
Voyons maintenant quelles sont les différentes approches permettant
d’appréhender ce risque, puis quels outils traditionnels en permettent la
gestion.
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20 Les produits dérivés de crédit
2.1.1. Le contexte
Les activités bancaires n’ont jamais été exemptes de réglementations.
Ceci est dû au rôle particulier joué par les institutions financières dans
l’économie. Deux raisons principales sont à l’origine du contrôle des acti-
vités bancaires :
– le risque systémique, c’est-à-dire le risque que la faillite d’une banque
entraîne celle d’autres institutions par un effet de contagion dû aux liens
étroits qu’elles entretiennent, notamment à travers le système de paie-
ments, et ainsi menace la stabilité du système financier tout entier ;
– l’assurance des dépôts bancaires par les autorités publiques, qui
amène également celles-ci à superviser étroitement les activités bancaires.
Les dépôts sont par nature volatils et des phénomènes de retraits massifs
(« run on the bank »), si les clients doutent de la sûreté d’une banque, sont
susceptibles de mettre en danger le système financier.
Les réglementations internationales de 1988 répondent à une logique
d’adéquation des capitaux propres des banques aux risques qu’elles pren-
nent, et en particulier au risque de crédit. À l’origine de cette concertation,
sous l’égide de la Banque des Règlements Internationaux, se trouve la
volonté des autorités de supervision de chaque pays de s’entendre afin
d’éviter que des réglementations nationales divergentes puissent intro-
duire des distorsions concurrentielles entre banques de différents pays.
Les premières propositions d’adéquation des fonds propres aux risques
encourus ont été avancées par la Banque d’Angleterre et les principaux
régulateurs américains 1, en accord avec les travaux préliminaires du
Comité de Bâle.
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Le risque de crédit et l’émergence des produits dérivés de crédit 21
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22 Les produits dérivés de crédit
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24 Les produits dérivés de crédit
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Le risque de crédit et l’émergence des produits dérivés de crédit 25
($ en milliards)
2,0
1,77
1,8 1,62
1,6 1,48
1,4 1,28 1,25
1,2 1,02
1,0 0,80
0,8 0,60
0,6
0,4 0,34 0,38 0,40
0,24
0,2
0,0
2000 2001 2002 2003 2000 2001 2002 2003 2000 2001 2002 2003
Note : le chiffre d’affaires de Standard & Poor’s inclut des revenus liés à des activités hors du
marché du crédit (marchés d’actions, notations de fonds, etc.). Moody’s estime que les reve-
nus de son concurrent issus des marchés de crédit représentent entre 1,1 et 1,2 milliard de
dollars. Les deux agences seraient ainsi au coude à coude pour la pôle position.
Sources : Agences, La Tribune.
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26 Les produits dérivés de crédit
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Le risque de crédit et l’émergence des produits dérivés de crédit 27
BBB+ Baa1
BBB Baa2 Capacité de paiement correcte
BBB– Baa3
Speculative Grade BB+ Ba1 Remplira probablement ses
BB Ba2 obligations. Incertitudes crois-
Caractère BB– Ba3 santes
« spéculatif »
B+ B1
B B2 Obligations à haut risque
B– B3
CCC+
CCC Caa Vulnérabilité actuelle au défaut
CCC–
C Ca
En faillite ou en défaut
D D
50 %
45 %
40 %
35 %
30 %
25 %
20 %
CCC
15 % B
BB
10 % BBB
A
5% AA
AAA
0%
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
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28 Les produits dérivés de crédit
Tableau 1.3. – Taux de défaut moyen cumulé sur obligations et prêts corporate
par catégories de notation sur la période 1983-2001 (%)
Années 1 2 3 4 5 6
Aaa 0,00 0,00 0,00 0,07 0,22 0,31
Aa1 0,00 0,00 0,00 0,23 0,23 0,38
Aa2 0,00 0,00 0,06 0,19 0,42 0,51
Aa3 0,05 0,09 0,16 0,24 0,34 0,46
A1 0,00 0,02 0,27 0,43 0,54 0,67
A2 0,04 0,10 0,28 0,57 0,77 0,98
A3 0,00 0,11 0,21 0,29 0,42 0,64
Baa1 0,12 0,40 0,69 1,10 1,52 1,81
Baa2 0,09 0,39 0,76 1,46 2,18 2,98
Baa3 0,37 0,88 1,51 2,47 3,26 4,40
Ba1 0,62 2,03 3,68 5,83 7,67 9,51
Ba2 0,62 2,43 4,75 7,33 9,55 11,27
Ba3 2,43 6,81 11,95 16,64 21,04 25,46
B1 3,47 9,81 15,99 21,64 27,26 32,49
B2 7,18 15,65 22,96 28,87 33,57 36,80
B3 12,45 21,81 29,63 35,80 41,13 45,05
Caa - C 21,61 34,23 44,04 52,18 57,44 62,52
Investment-grade 0,06 0,20 0,40 0,69 0,96 1,25
Speculative-grade 3,99 9,07 13,96 18,33 22,23 25,64
Toutes entreprises 1,34 3,02 4,62 6,04 7,24 8,27
Source : Moody’s Investors Service.
Par ailleurs, les agences de notation sont des sources d’information pré-
cieuses pour les praticiens du marché du crédit pour ce qui concerne les
taux de recouvrement post-défaut 1.
Le taux de recouvrement dépend directement du degré de séniorité de
la dette sous-jacente, comme le montre le graphique 1.9.
En règle générale, le taux de recouvrement est plus élevé pour les prêts
bancaires que pour les titres obligataires, les premiers bénéficiant souvent
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Le risque de crédit et l’émergence des produits dérivés de crédit 29
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30 Les produits dérivés de crédit
1. À l’origine des produits proposés par cette société se trouvent les travaux du
professeur Edward I. Altman sur la prédiction de la faillite des entreprises à partir
d’un indice de santé financière, le Z-score, datant de 1968.
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Le risque de crédit et l’émergence des produits dérivés de crédit 31
1. Voir chapitre 6.
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Le risque de crédit et l’émergence des produits dérivés de crédit 33
prix des titres sur le marché. Voir également à ce sujet Larrain, Reisen et
von Maltzan (1997) ;
– la nature des spreads de crédit, qui subit elle-même des distorsions par
des facteurs exogènes et ne constitue pas une mesure « pure » du risque de
crédit, comme nous le discutons ci-après.
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34 Les produits dérivés de crédit
2.3.2. Mesure du spread de crédit sur les marchés financiers : les asset swaps
Avant l’avènement des produits dérivés de crédit sur les marchés finan-
ciers, les spreads de crédit pouvaient se mesurer soit contre le taux sans ris-
que (c’est-à-dire le taux actuariel afférent à une émission de dette souve-
raine), soit contre les taux de swap ou taux Euribor (c’est-à-dire les taux
auxquels les principales banques se financent). Ces deux mesures reflètent
la segmentation du marché du crédit.
La première constitue la référence classique pour les émissions obligatai-
res à taux fixe et les investisseurs institutionnels mais elle comprend, au-delà
du spread de crédit, une prime de risque rémunérant le risque de taux 1.
En revanche, le spread contre swap (prime de risque par rapport au
marché interbancaire) constitue la mesure de référence pour les établis-
sements bancaires, principaux intervenants sur les marchés de crédit, et
s’est historiquement imposé comme « la » mesure du risque de crédit.
Dans ce contexte, le marché du crédit s’est attaché à isoler le risque de cré-
dit du risque de taux au travers d’un instrument spécifique : l’asset swap.
Un asset swap peut se définir comme la combinaison d’un swap de taux
d’intérêt classique 2 et d’un titre obligataire acheté dans le marché secon-
daire puis remis au pair 3. La différence avec un simple swap de taux tient
donc au fait qu’un asset swap est structuré et offert aux investisseurs sous
la forme d’un package.
Les asset swaps les plus courants se conçoivent comme le repackaging
d’un titre obligataire à taux fixe associé à un swap de taux d’intérêt en un
titre synthétique à taux flottant, dont la valeur ne dépend que du niveau de
la marge de crédit et se trouve ainsi isolée des mouvements de taux d’intérêt.
Il est également possible, de manière similaire, de transformer un titre
à taux d’intérêt flottant en un titre synthétique à taux fixe assorti d’un
swap de taux d’intérêt.
Le schéma 1.4 présente les principes de montage d’un asset swap.
La croissance formidable du marché des asset swaps à partir de 1994-
1995 visait à répondre à la pénurie de crédits à taux flottants sur les mar-
chés de capitaux. Étant donné le niveau des taux d’intérêt, historiquement
bas, les emprunteurs contractent des dettes à taux fixe. Ces obligations
1. La différence entre le taux de swap et le taux sans risque est appelée Ted
spread.
2. Contrats d’échange de flux, calculés par la multiplication d’un montant
notionnel par un taux fixe, d’une part, et par un taux flottant, d’autre part. Les
swaps de taux d’intérêt se sont initialement développés comme des instruments de
gestion du passif. Avec la croissance du marché, les intervenants se sont rendus
compte que la méthodologie des swaps peut être appliquée avec succès pour alté-
rer les profils de flux financiers des instruments de dette détenus à l’actif du bilan.
C’est cette utilisation des swaps à laquelle on se réfère par le vocable asset swap,
ou swap d’actif.
3. Un swap de devise peut également être incorporé dans la structure, le cas
échéant.
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Le risque de crédit et l’émergence des produits dérivés de crédit 35
t Maturité
Achat 105 + coupon couru
t
Taux fixe Maturité
= Asset swap :
Taux variable + marge 100
t Maturité
100
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Le risque de crédit et l’émergence des produits dérivés de crédit 41
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42 Les produits dérivés de crédit
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Le risque de crédit et l’émergence des produits dérivés de crédit 43
À partir du début des années 1990, ont été mis en place des accords de
compensation (netting) et de (collateral) entre les principaux intervenants.
Ces arrangements de compensation bilatéraux permettent aux interve-
nants négociant régulièrement sur ces marchés de sommer algébrique-
ment leurs positions de marché longues et leurs positions courtes (expri-
mées en mark-to-market) avec une même contrepartie, résultant en une
valeur « en risque » nette plus faible. Cette pratique est rendue possible
par l’utilisation d’une documentation juridique standard à tous les acteurs
de marché, le Master Agreement, mise au point par l’ISDA. Ce Master
Agreement couvre une envergure plus ou moins large de produits, en fonc-
tion des négociations bilatérales menées entre deux contreparties.
Une fois la valeur en risque déterminée entre deux contreparties, la par-
tie débitrice peut être appelée à nantir des liquidités ou des titres (généra-
lement des bons du Trésor sans risque) auprès de la partie créditrice
(mécanisme comparable à celui des appels de marge sur les marchés orga-
nisés). La réévaluation des positions a lieu quotidiennement pour les ins-
truments standards et les principaux intervenants du marché.
Ces mécanismes de compensation et de nantissement contribuent à une
réduction drastique des risques de contrepartie sur les marchés dérivés
OTC. L’exemple suivant présente les chiffres d’exposition au risque de
contrepartie de la banque JP Morgan Chase, principal intervenant mon-
dial sur les marchés dérivés, au titre de ces activités, au 31 décembre 2003.
Sur cet exemple, on voit que les accords de compensation et de nantis-
sement contribuent à une réduction de 92 % du risque de contrepartie (à
partir du montant d’exposition brut). Celui-ci ne correspond réellement
qu’à 0,14 % des montants notionnels traités par la banque.
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44 Les produits dérivés de crédit
34 000
635
600
500
83% du collateral
400 détenu par JP Morgan Chase
551 est composé de liquidités
et de bons du Trésor américain
300 ou assimilés (agences
gouvernementales).
200
100 84
48
1. Les banques commerciales ayant eu recours à ces structures sont celles qui ont
souffert de fortes baisses de leur notation, comme le Crédit Lyonnais.
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Le risque de crédit et l’émergence des produits dérivés de crédit 45
tinguent des autres DPCs car elles parviennent à éliminer les risques de
marché inhérents à leurs activités en s’engageant dans des transactions
« miroir » avec leur parent ou une société affiliée. L’étude de Remolona,
Bassett et Geoum (1996) rappelle que ces filiales spécialisées, bien que de
plus en plus nombreuses, ne traitent qu’un montant encore marginal des
transactions sur produits dérivés OTC. Parmi les principaux intervenants
sur les marchés de gré à gré, nombreux sont ceux qui n’ont pas eu recours
aux DPCs : JP Morgan Chase, Citibank, Bank of America et les grandes
banques européennes (Deutsche Bank, BNP Paribas, UBS, CSFB, etc.).
Les méthodes de gestion du risque de crédit évoquées précédemment
sont relativement classiques pour toutes les banques, prêteurs et autres
investisseurs sur le marché du crédit.
Elles n’ont pas su empêcher les sinistres liés à des portefeuilles de prêts sous-
performants se traduisant par des provisions élevées. L’imposition de limites
d’engagement fixes ne permet pas de cerner la relation qui existe entre le ris-
que et la rentabilité attendue. En outre, il est très probable que la tarification
des crédits ne rémunère pas correctement le risque pris par les banques du fait
des pressions concurrentielles qui s’exercent sur les marchés de crédit. Cette
tendance se manifeste particulièrement en période de sur-offre de liquidités.
Au-delà de ces facteurs, l’insuffisance la plus flagrante des méthodes
traditionnelles de gestion du risque de crédit reste l’impossibilité de désa-
gréger ce dernier de l’actif sous-jacent, et de permettre ainsi son transfert
vers une partie tierce.
1. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si l’un des précurseurs des produits dérivés
de crédit a été la banque américaine Bankers Trust. Celle-ci a été pionnier sur le
marché des produits dérivés simples dans les années 1980, puis structurés, tout en
ayant parallèlement développé le système interne de gestion des risques le plus
sophistiqué au monde (RAROC, Risk-Adjusted Return On Capital). En parallèle,
Bankers Trust restait impliquée dans son activité historique de banque commer-
ciale. L’expertise gagnée au cours des années 1980 dans l’évaluation des risques de
crédit par sa participation active sur le marché des obligations à haut rendement a
également contribué à sa réflexion sur les produits dérivés de crédit.
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Le risque de crédit et l’émergence des produits dérivés de crédit 47
Ces titres ont été popularisés à la fin des années 1980, alors que les
investisseurs obligataires demandaient des protections contre certains
événements (offres publiques d’achat hostiles, Leveraged Buy-Outs) qui
pouvaient significativement dégrader la qualité de crédit d’un émetteur.
Les années 1980 ont également vu le développement d’autres produits
de dette intégrant des protections similaires 1.
– Les obligations à taux variable liées à la notation (floating-rate, rating-
sensitive notes) : chaque trimestre le taux de coupon pour les trois mois sui-
vants est réajusté en fonction du niveau de taux de référence (Libor habi-
tuellement). À cette occasion, la marge de crédit payée par l’emprunteur
est augmentée suivant une échelle pré-déterminée si la notation de ce der-
nier a diminué.
– Les notes à marge de crédit ajustée (spread-adjusted notes) : la marge
de crédit au-dessus d’un taux de rendement de référence est re-déterminée
à chaque paiement d’intérêts au moyen d’une enchère « à la hollandaise »
(Dutch auction) 2.
– Les titres de dette à marge de crédit protégée (spread-protected debt
securities) : les investisseurs ont l’option de revendre les titres à l’émetteur
deux ans après l’émission à un prix égal à la valeur actuelle des flux restant
à recevoir, actualisés au taux sans risque plus une marge fixée à l’avance.
Enfin, des options sur risque de défaut ont été proposées par l’Ameri-
can Municipal Bond Association Corp. (AMBAC) sur le marché des émis-
sions obligataires municipales américaines (muni bonds) depuis 1971, sous
la forme d’assurance obligataire (bond insurance) 3.
Ainsi si le principe et les objectifs des produits dérivés de crédit existent
déjà sur les marchés de dette sous la forme des instruments décrits ci-des-
sus, ces derniers n’offrent pas pour autant les avantages liés à l’utilisation
des dérivés de crédit, et notamment la possibilité de dissocier la compo-
sante « risque de crédit » de l’actif, et de la traiter indépendamment.
3.3.1.3. Naissance des produits dérivés de crédit
Les premiers dérivés de crédit ont été conçus par les banques d’affaires
de Wall Street pour leur compte propre : celles-ci se trouvaient en effet
face à des risques de contrepartie de plus en plus importants sur leurs por-
tefeuilles de swaps, du fait de la croissance explosive du marché des pro-
duits dérivés OTC. Dans le but de réduire leurs risques, ces intermédiaires
financiers ont été amenés à « repackager » et à céder ces risques de crédit.
Les premières transactions de produits dérivés de crédit ont été arran-
gées fin 1991 : Bankers Trust a alors émis des notes structurées référencées
sur le risque de défaut d’un panier composé de plusieurs signatures de
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48 Les produits dérivés de crédit
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50 Les produits dérivés de crédit
Actions Crédits
Caractéristiques Homogènes Hétérogènes
Maturité Perpétuelle S’échelonne entre 30 jours et perpétuité
Classes Entre une et trois géné- Nombreuses, dépendant de la séniorité,
ralement de la notation et des covenants
Investisseurs Individus et institution- Avant tout institutionnels : banques,
nels de tous types fonds et compagnies d’assurance
Émetteurs Entreprises Entreprises (institutions financières
notamment), collectivités locales, gouver-
nements, organisations internationales
Marchés Transparents et organisés Peu de négociation sur marchés organi-
sés, l’essentiel s’effectue sur les marchés
de gré à gré
1. Dans une certaine mesure, les mouvements de taux d’intérêt sont à même de
provoquer la détérioration de la qualité d’un crédit sous-jacent à un produit dérivé
de crédit, par exemple en diminuant la rentabilité du débiteur. Nous pouvons donc
soutenir que l’immunisation n’est jamais parfaite.
2. « Instead of selling the asset, sell the risk associated with the asset » (Nisbet,
1995).
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Le risque de crédit et l’émergence des produits dérivés de crédit 51
che Bank : « les produits dérivés de crédit sont une nouvelle application
des propriétés de transfert des risques des produits dérivés » 1 .
Les produits dérivés de crédit permettent le transfert du risque sans
abandon de la propriété de l’actif ; pour les banques, ils permettent de dis-
socier le risque de crédit du risque de financement.
*
* *
Les produits dérivés de crédit sont nés d’un souci des banques de dispo-
ser d’un instrument de marché simple, leur permettant de gérer dynami-
quement leurs risques de crédit. Ces nouveaux produits ont des caractéris-
tiques générales communes, comme nous l’avons montré.
L’établissement d’une typologie de ces instruments, la présentation de
leurs mécanismes et de leurs principales applications font l’objet du
deuxième chapitre.
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Chapitre 2
1. Nous verrons par la suite qu’en réalité ces contrats permettent également de
prendre position sur la qualité d’un crédit (y compris prendre une position
« courte », c’est-à-dire spéculer sur un crédit à la baisse) sans pour autant couvrir
une exposition. Par ailleurs, l’indemnité reçue par l’acheteur de protection ne
reflète pas nécessairement exactement la perte que celui-ci a pu subir suite à la sur-
venance d’un événement de crédit.
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Typologie des produits dérivés de crédit et principales applications 55
Entité de référence
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Typologie des produits dérivés de crédit et principales applications 57
dans le contrat correspond très précisément à celui pour lequel les contre-
parties souhaitent échanger le risque de crédit. Il peut arriver qu’un évé-
nement concerne une des filiales du groupe sans affecter la maison mère
ou réciproquement.
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58 Les produits dérivés de crédit
NON
NON
NON
1. Ainsi la société Nokia n’a pas émis de dette obligataire, cependant le CDS
indexé sur le risque de crédit Nokia traite quotidiennement sur le marché dérivé.
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Typologie des produits dérivés de crédit et principales applications 59
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Typologie des produits dérivés de crédit et principales applications 61
• Le cas Railtrack
Cet épisode a été l’un des cas d’école de l’année 2001. Il a été rendu célè-
bre par le désaccord entre les banques Nomura et Credit Suisse First Bos-
ton (CSFB). Dans le cadre de ses activités classiques de trading sur obliga-
tions convertibles, Nomura avait acheté des CDS sur la société Railtrack à
CSFB. Lorsque Railtrack fut placée sous administration en octobre 2001,
CSFB, à l’inverse des autres banques d’investissement, estima que le con-
trat de CDS excluait les obligations convertibles de l’univers des obliga-
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62 Les produits dérivés de crédit
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Typologie des produits dérivés de crédit et principales applications 63
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64 Les produits dérivés de crédit
les banques dans une situation avantageuse par rapport aux autres acteurs
du marché. En effet, il aurait été en théorie possible pour une banque
d’acheter de la protection sur une société en difficulté à laquelle elle aurait
consenti un prêt bilatéral, puis de lui proposer de restructurer ce prêt a des
conditions plus avantageuses pour la banque, cette dernière gagnant ainsi
sur les deux tableaux en bénéficiant d’un prêt renégocié à des conditions
plus avantageuses et de la possibilité de déclencher la protection achetée.
Pour éviter ce risque, la définition actuelle de Restructuring prévoit que
le contrat ne peut être déclenché que si le prêt restructuré est avancé par
trois établissements non affiliés et qu’au minimum deux tiers des crédi-
teurs consentent à la restructuration. Cette règle exclut de facto les prêts
bilatéraux : il s’agit de la notion de Multiple Holder Obligation.
• Le cas Conseco
En août 2000, la société Conseco, basée aux États-Unis et spécialisée
dans le financement à la consommation, est passée sous le contrôle du
magnat de la finance Gary Wendt. Cette opération provoqua la restructu-
ration d’une partie de la dette de la société (environ trois milliards de dol-
lars). Les contrats de CDS référencés sur la société ont alors été déclen-
chés.
Ce véritable cas d’école souligne l’existence d’une option contingente
d’obligation la moins chère à livrer (cheapest-to-deliver) mais également la
position enviable dont disposent les établissements bancaires parties pre-
nantes à la renégociation de la dette.
La majorité de la dette bancaire de la société Conseco a été restructurée
à la faveur de cette opération mais également protégée par un coupon plus
élevé, une nouvelle garantie et de meilleurs « garde-fous » pour les créan-
ciers. En aucun cas, cette dette ne pouvait être valorisée aussi peu chère
que certains actifs obligataires de maturité résiduelle de plus de 20 ans et
qui traitaient à un prix largement décoté, du fait de leur faible taux de cou-
pon. Bien entendu, ces actifs ont été livrés en priorité dans le cadre du
règlement des CDS, mettant ainsi en valeur la position favorable des
créanciers lorsque ceux-ci contrôlent le processus de négociation et ont
une influence sur un événement de crédit.
Suite à ces différents événements, les 2003 Credit Derivatives Defini-
tions ont été publiées et sont actuellement utilisées par le marché pour les
transactions de dérivés de crédit.
1. Voir annexe 4.
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66 Les produits dérivés de crédit
• Exemple
Supposons qu’une banque XYZ notée A se finance en moyenne à Euri-
bor + 25 points de base pour une durée de cinq ans et que cette banque sou-
haite investir dans le risque de crédit de la société S. Elle peut soit acheter
un titre obligataire à cinq ans, offrant un rendement d’Euribor + 60 points
de base, soit vendre un CDS de prime annuelle 50 points de base.
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Typologie des produits dérivés de crédit et principales applications 69
Base/Ratings
Base positive
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Typologie des produits dérivés de crédit et principales applications 71
60
Niveau de base
40
20
0
0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 500 550 600
Spread de crédit
En cas de défaut :
valeur de l'actif de référence
Exposition
après défaut ou livraison
au risque
de crédit
éventuelle
Entité de référence
XYZ
Le plus souvent, les notes liées au risque de défaut sont émises soit par
des banques, par l’intermédiaire de leur programme d’émission de notes à
moyen terme (euro-medium term notes ou EMTNs), soit par des véhicules
d’émission spécialisés, des bankruptcy-remote special-purpose vehicles
(SPVs) situés dans des juridictions off-shore.
– Dans le premier cas, il est important de noter que les investisseurs
prennent un double risque de crédit, celui de l’entité de référence à la CLN
et celui de la banque émettrice. En cas de faillite de cette dernière en effet,
les investisseurs se retrouvent au rang de créancier ordinaire, suivant les
clauses du programme d’émission, et peuvent subir une perte même si
l’entité de référence à la note n’a pas fait défaut. Dans ce cas, la rémuné-
ration de la CLN doit théoriquement prendre en compte ce double risque
en offrant un coupon égal à la somme du spread de CDS du sous-jacent et
du coût de financement de la banque émettrice (en l’absence de corréla-
tion entre les deux).
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74 Les produits dérivés de crédit
• Exemple
Supposons qu’un CMDS cote 80 % à 90 % (la cotation se fait générale-
ment sur la base de la valeur du facteur de conversion) avec une maturité
constante de référence égale à cinq ans et une fréquence de réinitialisation
trimestrielle. À la même date, le CDS 5 ans sous-jacent cote 100 points de
base annuels.
Si l’acheteur souscrit une protection sous forme de CMDS à 90 %, le pre-
mier taux sera fixé à 90 points de base (90 % × 100 points de base). Tous les
trimestres, le taux du CMDS sera réinitialisé, comme dans le tableau 2.2.
1. Aussi appelé participation rate ; le marché des CMDS étant encore récent, il
n’y a pas encore de consensus sur la terminologie employée.
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76 Les produits dérivés de crédit
1. Cette opération est alors appelée CMSS pour Contant Maturity Spread Swap.
Voir stratégies 2 et 4 ci-dessous.
2. Voir de Teran (2004). Goldman Sachs bénéficie sur ce marché en particulier
de son expérience sur le marché américain des MBS.
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Typologie des produits dérivés de crédit et principales applications 77
1. « I expect this business to pick up but, despite the appeal of the product, I
would urge investors to be careful. They need to understand the slope and volatility
risks embedded in any CMS trade. » Cité par de Teran (2004).
2. Collateralised debt obligations, voir chapitre 4 pour une discussion détaillée
de ces produits.
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78 Les produits dérivés de crédit
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Typologie des produits dérivés de crédit et principales applications 79
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80 Les produits dérivés de crédit
attrayant pour des instruments hybrides, avant tout au service des arran-
geurs de produits structurés.
2.1.1.1. Mécanisme
Les contrats à terme sur marge de crédit sont mathématiquement plus
simples que les swaps ou les options mais, paradoxalement, ne furent pas
les premiers à apparaître. Comme avec les produits dérivés sur taux d’inté-
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Typologie des produits dérivés de crédit et principales applications 81
rêt, swaps et options ont été initialement conçus, les contrats à terme
voyant le jour à compter de 1995.
Le mécanisme de ces produits est similaire à celui des contrats à terme
sur taux d’intérêt (forward rate agreements, FRAs). L’acheteur d’un con-
trat à terme sur écart de crédit s’engage à acquérir un titre obligataire à
une certaine marge au-dessus d’un taux de référence (la plupart du temps,
l’Euribor). Le vendeur du contrat à terme s’engage à vendre le crédit sous-
jacent au contrat à la marge d’exercice. À terme, un paiement a lieu entre
les contreparties en fonction de la différence entre l’écart convenu au
départ et celui constaté à maturité. Ainsi, à l’échéance du contrat à terme,
l’acheteur s’engage à payer au vendeur le montant suivant :
(Marge d’exercice du contrat à terme – marge réelle à maturité)
× duration × montant notionnel
Comme pour les contrats à terme sur taux d’intérêt, les gains (pertes)
réalisé(e)s sur le marché à terme compensent les pertes (gains) enregis-
tré(e)s sur le marché cash. En cas de défaut de l’émetteur du titre de réfé-
rence au cours du contrat, la transaction est dénouée. C’est l’acheteur du
contrat à terme qui supporte le risque de défaut.
De la même façon, il est possible de répliquer des forwards à l’aide de
CDS. Dans ce cas, les parties au contrat ne prennent plus position plus sur
l’évolution de la marge de crédit d’un titre en particulier mais sur celle
d’un émetteur de référence. Il est possible de structurer ces produits en
entrant dans deux CDS de maturité différentes, ou plus simplement en
mettant en place un CDS à départ « à terme ». Par exemple, un investis-
seur souhaitant acheter de la protection sur un émetteur pendant trois ans
départ dans un an rentrera dans un CDS forward trois ans dans un an.
Les produits dérivés sur marge de crédit peuvent également être struc-
turés sous forme d’options.
La plupart du temps, les options sur marge de crédit sont structurées sur
des swaps d’actifs (asset swaps), c’est-à-dire la combinaison en un seul pac-
kage d’un titre obligataire à taux fixe et d’un swap de taux d’intérêt, per-
mettant la création d’une obligation à taux variable (floating-rate note)
synthétique, dont la valeur ne dépend que de la qualité de crédit de l’émet-
teur.
2.1.2.1. Mécanisme
Sur le graphique 2.3 ci-dessous, le spread d’exercice, K, est égal à 100
points de base. Si la marge sur l’actif de référence est égale à maturité à
SM = 200 points de base, alors, l’option de vente sur marge de crédit est
dans la monnaie et peut être exercée.
Valeur de l’actif
de référence, actualisée
au taux en abscisse
VK
VM
2.1.3. Variantes
De nombreux types d’options plus sophistiquées (« options exoti-
ques ») que celles présentées ci-dessus ont été développés par les banques
d’investissement, pour répondre de façon optimale à la demande des
investisseurs. Bien que le domaine des options exotiques sur marge de cré-
dit soit encore en friche, nous décrivons ci-dessous quelques structures
déjà employées dans le marché.
• Options payeuses
Ce sont des options qui deviennent exerçables quand le spread du CDS
sous-jacent s’écarte. Acheter une telle option traduit une vue négative sur
le crédit : l’investisseur paie la prime de l’option et parie sur une dégrada-
tion du crédit. À maturité de l’option, si les spreads ont élargi, il peut alors
acheter la protection au niveau défini dans l’option (le strike) à un niveau
inférieur au niveau de marché (l’option est dite « dans la monnaie »). Au
contraire, vendre une telle option exprime une opinion positive sur le cré-
dit puisque, dans ce cas, on vend à une contrepartie le droit d’acheter de
la protection à un niveau prédéfini. Le graphique 2.4 présente les pay-offs
des options payeuses.
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84 Les produits dérivés de crédit
20
10
0
0 25 50 75 100
– 10
– 20
Prime du CDS à maturité (points de base)
10
0
0 25 50 75 100
– 10
– 20
– 30
Prime du CDS à maturité (points de base)
• Options receveuses
Les options receveuses deviennent exerçables quand le spread du CDS
se resserre. Ces options donnent en effet le droit de vendre de la protection
à un niveau de prime prédéterminé. L’acheteur de l’option l’exercera donc
si le niveau du spread s’est resserré en deçà du strike. Le graphique 2.5 pré-
sente les profils de rentabilité des options receveuses.
En général les options sur CDS sont européennes, c’est-à-dire qu’elles
ne sont exerçables qu’une fois, à maturité. Les produits les plus fréquem-
ment traités sont des options à court terme, de maturité trois à six mois, et
sont indexés sur le CDS 5 ans (le sous-jacent le plus liquide).
Parmi les principales utilisations des swaptions sur le risque de défaut
on peut citer par exemple :
– des stratégies d’augmentation du rendement : un investisseur souhai-
tant prendre une position sur un risque de crédit à un niveau de spread plus
élevé que le niveau actuel peut vendre une option payeuse. Il reçoit ainsi
la prime de l’option tout en prenant le risque d’être éventuellement exercé
au niveau de spread qu’il aura choisi ;
– la prise de position avec effet de levier sur le risque de crédit : un inves-
tisseur anticipant la détérioration d’un risque de crédit dans un horizon pro-
che peut décider d’acheter une option acheteuse. Ainsi, en échange d’une
prime, l’investisseur sera à même de monétiser son profit en exerçant son
option, en cas d’évolution favorable du risque de crédit sous-jacent ;
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Typologie des produits dérivés de crédit et principales applications 85
40
30
20
10
0
0 25 50 75 100
– 10
– 20
0
0 25 50 75 100
– 10
– 20
– 30
– 40
– 50
– 60
– la prise de position sur la volatilité des spreads : comme tous les pro-
duits optionnels, les swaptions sur le risque de défaut sont avant tout des
produits de volatilité. Par exemple, un investisseur peut prendre une posi-
tion longue sur un straddle en achetant une swaption payeuse et une swap-
tion receveuse de même strike. L’investisseur bénéficiera alors d’une
hausse de la volatilité mais devra acquitter les primes des deux options.
40
20
0
0 25 50 75 100
– 20
– 40
Prime du CDS à maturité (points de base)
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86 Les produits dérivés de crédit
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Typologie des produits dérivés de crédit et principales applications 87
2.2.1.1. Mécanisme
Ce type de swap transfère l’intégralité des résultats économiques d’un
actif financier (ensemble des flux de trésorerie associés au crédit de
référence : coupons ou paiements d’intérêts, commissions comprises, et
variations de valeur de l’actif) pendant une durée déterminée. Le paie-
ment correspondant à la variation de valeur (appréciation ou déprécia-
tion) de l’actif s’effectue soit à maturité du swap, soit à intervalles réguliers
(lors de la tombée des coupons, par exemple).
Ainsi, le vendeur de la protection (qui reçoit le rendement total)
acquiert tous les attributs économiques de l’actif sans en avoir pour autant
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88 Les produits dérivés de crédit
Actif de référence
Schéma 2.6. – Profil de flux d’un contrat d’échange sur le rendement total
Paiements reçus par l’acheteur de la protection contre le risque de crédit
P0
PT
0 1 2 3 … T
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Typologie des produits dérivés de crédit et principales applications 91
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92 Les produits dérivés de crédit
AIG Financial
Products Special Purpose Vehicle
Deuxième garantie
Collateral : mortgages & leases
Coupon
$594 millions annuel
Titre obligataire lié au T + 65 bp
défaut de Wal-Mart
Absence de défaut :
100%
Investisseurs
Défaut :
100% – taux de recouvrement
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Typologie des produits dérivés de crédit et principales applications 93
1. Le risque pris par les investisseurs en passant par cette structure était essen-
tiellement un risque de liquidité (le marché secondaire pour les notes structurées
est peu développé, quoi qu’il est probable que JP Morgan, en tant qu’arrangeur,
puisse envisager de jouer le rôle de teneur de marché sur ces titres ou tout au moins
fournir des cotations indicatives afin de permettre aux investisseurs le marquage
au marché de leur position). Le risque de contrepartie est pratiquement éliminé de
la structure grâce à la double garantie mise en place : il faudrait en effet un double
défaut de JP Morgan, d’une part en première garantie, et de AIG Financial Pro-
ducts, d’autre part en deuxième garantie, pour que les investisseurs soient exposés
à ce risque.
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94 Les produits dérivés de crédit
titres émis par le secteur de la grande distribution, dont les sociétés sont
structurellement riches en trésorerie. En outre, la majorité des émissions
sont réalisées à 5 ou 10 ans. Pour un investisseur cherchant à constituer un
portefeuille de risque diversifié le marché obligataire reste donc relative-
ment limité. Le problème de la devise se pose lui aussi pour un investisseur
cherchant à s’investir en euros sur une société américaine n’ayant émis de
la dette qu’en dollars.
L’un des grands avantages des produits dérivés de crédit est de pouvoir
construire de la dette synthétique sur tout émetteur sous-jacent, avec les
caractéristiques requises par les investisseurs (en termes de maturité,
devise, type de coupon), et ainsi répondre à leurs exigences de diversifica-
tion.
• Exemples
Nokia, société finlandaise de télécommunications, n’a jamais émis de
dette obligataire. Cependant ce risque traite sur le marché du CDS (le
5 ans valant 28 points de base par an au 1er mars 2004) et peut être offert
à un investisseur.
De même, un investisseur souhaitant prendre un risque à 10 ans sur
Auchan en dollars ne pourra utiliser le marché obligataire, Auchan n’ayant
jamais émis en dollar et le titre le plus long étant de maturité 2008. Sur le
marché des dérivés de crédit, il est en revanche possible de trouver un CDS
de maturité 10 ans libellé en dollar traitant à 0,40 % (au 1 er mars 2004).
Certains investisseurs institutionnels sont limités dans leurs choix
d’investissements par les réglementations nationales : ils ne peuvent pla-
cer leurs fonds que dans des actifs de qualité définie 1, ne sont habilités à
les détenir que sur une courte période, ou sont obligés d’investir un certain
pourcentage de leurs portefeuilles en actifs émis sur leur marché national.
Ces réglementations vont à l’encontre de la théorie financière de la fron-
tière efficiente. Les produits dérivés de crédit réduisent ces contraintes en
offrant aux investisseurs des expositions synthétiques sur des titres qui ne
leur sont pas possible d’acquérir.
• Exemples
Un gestionnaire de fonds n’a pas le droit de détenir de la dette à haut
rendement selon sa lettre de mission. Il peut contracter un swap sur le ren-
dement total qui répliquera synthétiquement la possession de l’actif en
question contre un coupon fixe périodique, sur une période prédéterminée.
Un investisseur souhaite prendre du risque de crédit à court terme sur
un emprunteur qui n’a émis de dette obligataire qu’à 10 ans. Une solution
serait pour lui d’acheter une option de vente sur cette dette à un an, lui
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96 Les produits dérivés de crédit
800
700
France Telecom
Prime du CDS 5 ans (points de base)
600
500
400
300
200
Deutsche Telekom
(prime du CDS 5 ans)
100
0
01/10/2001 01/01/2002 01/04/2002 01/07/2002 01/10/2002 01/01/2003 01/04/2003 01/07/2003
• Exemples
Supposons un investisseur qui a acquis un titre à un spread de 10 points
de base au-dessus de l’Euribor. Il s’attend à une appréciation du crédit
sous-jacent et souhaite sortir de cette position lorsque celui-ci atteint un
niveau d’Euribor flat. Le gestionnaire peut matérialiser cette anticipation
dès aujourd’hui en vendant à une contrepartie une option d’achat sur le
crédit sous-jacent avec une marge d’exercice nulle au-dessus de l’Euribor.
Il empoche ainsi la prime de l’option et augmente son rendement.
Une stratégie inverse peut être adoptée lorsque l’investisseur souhaite
entrer dans un titre mais que celui-ci est trop cher : il se négocie actuelle-
ment à Euribor + 15 points de base, tandis que l’investisseur serait prêt à
investir à un niveau d’Euribor + 20. Une solution pour ce dernier pourrait
être de vendre une option de vente sur ce titre sous-jacent à une marge
d’exercice d’Euribor + 20 points de base et ainsi améliorer sa performance
grâce à la prime du put.
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98 Les produits dérivés de crédit
D’autres stratégies ont été structurées par les banques d’affaires, par
exemple des « packages » de callable asset swaps. Ceux-ci s’analysent comme
la vente par la banque d’un asset swap à un investisseur, et l’achat par celle-
ci à ce dernier d’une option d’achat européenne sur le package au pair.
L’investisseur augmente significativement le rendement de sa position en
empochant la prime du call, en contrepartie, il renonce à profiter d’un res-
serrement de la marge du crédit sous-jacent en deçà de la marge d’exercice.
Une stratégie offrant un rendement encore plus élevé pour l’investis-
seur correspond à la vente par celui-ci d’une option de vente européenne
à la banque qui lui a vendu un asset swap. Cette option donne le droit à la
banque de livrer à l’investisseur le même asset swap sous-jacent, dans un
an par exemple, pour le même montant nominal. Pour celle-ci, cette opé-
ration revient à acquérir auprès du gérant de fonds une ligne de crédit syn-
thétique sur l’émetteur sous-jacent à l’asset swap et, pour cette raison, elle
est prête à payer une prime relativement importante.
• Exemple
Supposons qu’un investisseur souhaite prendre une position sur le crédit
XYZ actuellement en difficulté. À titre d’exemple nous supposons que le
CDS à cinq ans vaut 350 points de base et le un an vaut 500 points de base,
traduisant ainsi le risque de défaut à court terme. L’investisseur peut décider
de vendre la protection 1 an pour financer un achat de protection à 5 ans.
S’il pense que le risque de défaut doit se réaliser à moyen ou long terme,
la protection vendue à un an lui permettra de financer partiellement son
achat de protection à terme. Au contraire, s’il anticipe que le défaut aura
lieu très rapidement et que la qualité de crédit du sous-jacent devrait
s’améliorer, il prendra la position inverse.
efficace, aux banques, qui sont les institutions les plus exposées à ce risque.
Pour celles-ci, acheter un swap sur le risque de défaut d’un emprunteur ne
revient pas forcément à anticiper une défaillance proche de ce dernier et
donc se protéger contre ce risque. C’est un moyen de gérer dynamique-
ment leurs engagements et lignes de crédit, à un niveau « macro » (expo-
sitions sectorielles et géographiques) comme à un niveau « micro » (ris-
ques encourus sur des emprunteurs individuels).
• Exemple
Une banque souhaite développer ses activités avec un prospect italien
mais a dépassé son autorisation sur le risque souverain Italie. La banque
achète alors un swap sur le risque de défaut d’un montant notionnel X sur
l’Italie et peut continuer son effort commercial sur ce pays dans la limite
de montant correspondant au notionnel du contrat. Cette opération est
valable sous condition, premièrement, que le vendeur de l’option (l’ache-
teur du risque pays Italie) ne soit pas une institution italienne ou un éta-
blissement qui pourrait présenter un risque de défaut fortement corrélé
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Typologie des produits dérivés de crédit et principales applications 101
• Exemple
Une banque a un courant d’affaires récurrent avec un client, ABC, mais
ses lignes de crédit à 7 ans sont pleinement utilisées. Il lui reste par contre
de la capacité à 5 ans. La solution est de conclure un swap de défaut pour
2 ans dans 5 ans. Ce swap à terme a un coût et la rentabilité de l’opération
sera diminuée, mais cette solution évite à la banque de décliner la transac-
tion proposée par son client.
Des exemples similaires peuvent être développés pour illustrer la gestion
des lignes individuelles de crédit en montant. Les banques peuvent ainsi se
séparer de risques de crédit associés à des titres peu liquides, prendre de
l’exposition à des crédits plus profitables sur le même emprunteur, proposer
des produits dérivés ou autres opérations générant des marges plus élevées,
souscrire à des tranches plus importantes en cas de syndication, avancer des
crédits-relais (bridge loans) en cas de financement d’acquisition.
Une autre application des produits dérivés de crédit permet aux ban-
ques de faire face à la sous-rémunération du risque marginal pris sur un
client important.
• Exemple
Un client veut lever des fonds par l’intermédiaire d’un prêt bancaire. Il
vient trouver ses prêteurs de référence et s’attend à une tarification très
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102 Les produits dérivés de crédit
90
80
70
60
50
40
0,1 0,5 1,0 2,0 5,0 10,0
Exposition (% du portefeuille)
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Typologie des produits dérivés de crédit et principales applications 103
• Exemple
Une banque de bonne qualité avance un prêt de 10 millions de dollars
sur un an à une contrepartie corporate notée A, au taux d’Euribor plus 25
points de base. Elle se finance à Euribor moins 10 points de base. Sa marge
nette sur le prêt ressort à 35 points de base, soit 35 000 dollars par an. La
pondération en vigueur pour une contrepartie corporate est de 100 %. Elle
doit donc réserver 8 % de son engagement en capital pour couvrir le ris-
que de défaut. La banque génère une rentabilité sur capital réglementaire
sur cette transaction de :
$35 000/$800 000 = 4,375 %
Une banque (OCDE) de moins bonne qualité avance un prêt identique
au même emprunteur. Elle se finance à Euribor plus 10 points de base,
générant ainsi une marge de 15 points de base sur la transaction. Le retour
sur capital réglementaire correspondant s’élève à :
$15 000/$800 000 = 1,875 %
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104 Les produits dérivés de crédit
L’utilisation d’un CDS entre les deux banques peut leur permettre
d’augmenter substantiellement ces ratios.
Schéma 2.8. – Rentabilité des fonds propres pour des banques utilisant
un CDS
Coupon :
Libor – 10 points
de base
Banque Banque
0, en l'absence de défaut
de bonne de moins bonne
qualité qualité
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Typologie des produits dérivés de crédit et principales applications 109
tionnent pas sur le principe indemnitaire propre aux assurances. Par con-
séquent, il est nécessaire de calibrer intelligemment le montant de la pro-
tection à acheter.
– Un autre risque inhérent à l’utilisation de ces instruments est celui de
« notification ». Des sources d’information publiques doivent en effet
relater la survenance de l’événement de crédit pour pouvoir exercer le
contrat de dérivé. Ce n’est pas toujours le cas pour une simple défaillance
sur créance commerciale.
– Enfin, les nombreux instruments alternatifs remplissant traditionnel-
lement le rôle des dérivés de crédit (assurance crédit, affacturage, garan-
ties bancaires et lettres de crédit, assurances-export, etc.) offrent généra-
lement des niveaux de prime plus attrayants pour les entreprises 1.
Pour toutes ces raisons, les produits dérivés de crédit demeurent relati-
vement peu adaptés aux besoins des entreprises pour la couverture de
leurs risques de crédit. Les rares entreprises s’étant aventurées dans cette
voie (Siemens Financial Services, pour le compte du Groupe Siemens) ont
d’ailleurs été amenées à s’écarter des standards ISDA, afin de mettre en
place des couvertures sur mesure, répondant à leurs besoins 2 .
Un second domaine d’application plus prometteur pour les entreprises
est l’utilisation des dérivés de crédit dans le cadre de leurs stratégies de
financement.
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110 Les produits dérivés de crédit
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Typologie des produits dérivés de crédit et principales applications 111
1. Source : Bloomberg.
2. « Investments in self-referenced CLNs raise legitimate concerns, and it could
be argued the risks outweigh any short-term benefits ». Voir Merritt, Linnell et
Grossman (2004).
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112 Les produits dérivés de crédit
*
* *
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Chapitre 3
PRODUITS DÉRIVÉS
ET STRUCTURÉS DE CRÉDIT
DE DEUXIÈME GÉNÉRATION
1. Bien que faisant partie intégrante des produits structurés de corrélation, les
collateralised debt obligations (CDOs) et autres produits de titrisation synthétique
ont été traités dans un chapitre spécifique (4), du fait de leur importance, de la
variété de leurs utilisations et du cadre d’analyse spécifique s’y rapportant.
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114 Les produits dérivés de crédit
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Produits dérivés et structurés de crédit de deuxième génération 115
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116 Les produits dérivés de crédit
Comme pour les CDS standards, le niveau de cette prime dépend logi-
quement de la probabilité (PFtD) du premier crédit à faire défaut et donc
des paramètres suivants :
– le nombre d’entités de référence sous-jacentes au panier (plus il y a de
crédits de référence et plus PFtD augmente) ;
– l’échéance du produit (P FtD augmente avec la maturité) ;
– la qualité moyenne des crédits des entités de référence au produit et
leurs probabilités de défaut individuelles (PFtD est inversement propor-
tionnelle à la qualité de crédit des entités de référence, et donc augmente
avec les spreads) ;
– le taux de recouvrement moyen attendu sur les entités de référence au
panier en cas de survenance d’un événement de crédit. À spread fixé, P FtD
augmente lorsque le taux de recouvrement augmente.
Au-delà de ces considérations préliminaires, deux paramètres essen-
tiels entrent également en compte dans l’évaluation de ces produits :
– la corrélation de défaut entre les crédits sous-jacents au produit (PFtD
augmente lorsque la corrélation diminue) ;
– l’homogénéité des risques de crédit de référence et donc des spreads
sous-jacents (l’effet de levier sur la prime du first-to-default est optimisé
lorsque la distribution des spreads sous-jacents est homogène).
Nous revenons ci-dessous sur ces deux paramètres en détail.
Défaut
Défaut Défaut B Défaut
A B Défaut A&B
A
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120 Les produits dérivés de crédit
Ainsi, plus les crédits composant le panier auront des spreads homogè-
nes, plus l’effet de levier sur la prime du first-to-default sera élevé (calculé
en pourcentage du spread le plus élevé au sein du panier sous-jacent).
On peut aussi pousser ce raisonnement à l’extrême en imaginant un panier
sous-jacent composé de quatre actifs, dont les spreads de crédit sont respecti-
vement 1 000 points de base, 1, 1 et 1. Dans ce cas, on comprend aisément que
leur forte hétérogénéité n’a pas de levier sur le spread final servi par le panier.
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Produits dérivés et structurés de crédit de deuxième génération 121
Ce dernier sera de 1 000 points de base (soit 100 % du spread le plus élevé).
En effet, la « valeur ajoutée » de l’addition marginale des autres crédits au
sein du panier est quasi nulle, dans la mesure où la probabilité de first-to-
default des crédits ainsi ajoutés (avec un spread individuel de 1 point de base)
est non significative en comparaison de celle de l’actif de spread 1 000. Ce der-
nier concentre l’intégralité de la probabilité de first-to-default.
Même en faisant l’hypothèse d’une corrélation nulle entre les sous-
jacents du panier, la prime de ce produit correspondrait à la somme des
spreads, 1 003 points de base, soit 100,3 % de la marge la plus large du
panier.
Une trop forte hétérogénéité des spreads rend donc le produit first-to-
default peu attractif pour le preneur de risque.
En conclusion, au-delà des facteurs traditionnels ayant un impact sur les
primes des CDS standards, deux paramètres sont essentiels pour l’évalua-
tion des produits first-to-default : en premier lieu, la corrélation de défaut
et, en second lieu, l’homogénéité des spreads de crédit sous-jacent. Ce sont
ces deux facteurs qui permettent de créer ces produits de crédit à fort
« effet de levier » particulièrement prisés par les investisseurs à la recher-
che de rendement. C’est dans cette mesure que les produits first-to-default
sont qualifiés de produits de corrélation.
Nous présentons ci-dessous un exemple concret d’opération de swap
first-to-default et concluons cette section en présentant des extensions de
ces structures.
Ratings
Aaa
Aa1
Aa2
Merrill Lynch
Aa3
(Aa3/A+)
A1
Vodafone Suez
A2 (A1/A+) (A2/A-)
Dow Chemical Reuters
A3 (A3/A-) (A3/A-)
Secteurs
Industrie Services Services
Media Telecom
chimique financiers collectifs
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122 Les produits dérivés de crédit
Taux de corrélation 30 % 40 % 50 % 60 % 70 %
un profil relativement risqué. Pour ces différentes raisons, les swaps first-
to-default sont un produit dérivé de crédit relativement populaire, notam-
ment auprès des investisseurs bancaires, puisqu’il leur permet d’augmen-
ter le rendement de leurs investissements sans transiger sur la qualité
intrinsèque des signatures sous-jacentes.
Pour l’arrangeur, les motivations sont relativement claires : il s’agit de
gérer plus activement son portefeuille d’encours sur les différentes signa-
tures du panier, de pouvoir libérer des lignes de crédit auprès de ces
grands clients afin de pouvoir développer d’autres types de transactions
plus rentables (produits dérivés par exemple) tout en recevant une assu-
rance contre un événement qui atteindrait les signatures du portefeuille.
Par ailleurs, le montage de ces produits permet aux arrangeurs de géné-
rer des marges d’ingénierie au travers de la gestion de risque de ces pro-
duits, comme pour tout instrument structuré. Les swaps first-to-default
sont en effet gérés « en delta », comme tout produit dérivé, les arrangeurs
répliquant dynamiquement leurs positions par un portefeuille de CDS
« vanilles » (mono-sous-jacents).
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124 Les produits dérivés de crédit
1. Voir chapitre 4.
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Produits dérivés et structurés de crédit de deuxième génération 125
3,0 %
Environ 300 points de base
(somme des spreads)
Spreads en % du spread sous-jacent le plus large
2,5 %
2,0 %
Environ 90 points de base
(maximum des spreads)
1,5 %
1,0 %
0,5 %
0,0 %
0% 20 % 40 % 60 % 80 % 100 %
Taux de corrélation
3e à faire défaut
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Produits dérivés et structurés de crédit de deuxième génération 127
100%
80% 90%
principal
principal principal
non risqué
non risqué non risqué
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Produits dérivés et structurés de crédit de deuxième génération 129
indexé à la volatilité des taux sous-jacents non ajustée pour le risque (fai-
ble a priori) de survenance d’un défaut.
Dans les deux cas, l’économie globale de la structure s’avérerait relati-
vement peu attrayante pour l’investisseur final dans le produit structuré
(on émet l’hypothèse que la banque intermédiaire, en bon arrangeur, ne
retient aucun risque non couvert).
L’intérêt de produits hybrides réside donc dans la possibilité de propo-
ser à des investisseurs des véhicules d’investissement innovants, construits
sur mesure, et offrant des rendements en ligne avec leurs attentes. Pour ce
faire, les banques d’investissement intermédiaires sont amenées à modéli-
ser le « coût » de cette contingence au risque de défaut.
Nous concluons cette section par l’étude d’un exemple concret.
5%
Rating République
B1/B–
de Turquie + 2,5 %
1 2 3 4 5 Années
Risque souverain
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132 Les produits dérivés de crédit
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Produits dérivés et structurés de crédit de deuxième génération 133
Nombre de
Maturité(s) Sous-indices
composants
DJ TRAC-X Europe 100 100 5 et 10 ans Corporate, TMT, Industrial,
Consumer, Financial Senior,
Financial Sub
DJ TRAC-X Europe HY 25 5 ans
DJ TRAC-X NA 100 5 et 10 ans High Beta, TMT, Financial
DJ TRAC-X NA HY 100 5 ans BB, B, High Beta
DJ TRAC-X EM 19 5 ans
DJ TRAC-X Japan 50 5 ans
DJ TRAC-X Asia 25 5 ans
DJ TRAC-X Australia 25 5 ans
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134 Les produits dérivés de crédit
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Tableau 3.3. – Composition de l’indice TRAC-X 100 Serie 2
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Tableau 3.3. – Composition de l’indice TRAC-X 100 Serie 2 (suite)
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Produits dérivés et structurés de crédit de deuxième génération 137
À la conclusion du contrat :
Prend une
exposition En l’absence de défaut :
sur l’indice
TRAC-X 100
Série 2 5 ans 50 bps par an x notionnel de la transaction
à 55 points
de base. Banque :
Taille : 100 M
En cas de défaut sur un Achète
Rappel : l’indice des sous-jacents de l’indice : la protection
a été émis sur l’indice
à 50 points Règlement similaire à celui
de base et d’un CDS standard sur l’entité en défaut :
contient
100 entités L’investisseur verse 1 M
de référence (1% du nominal de la transaction)
représentant à la banque et reçoit des titres en défaut
chacune
1 % de l’indice
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138 Les produits dérivés de crédit
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Produits dérivés et structurés de crédit de deuxième génération 139
3.3.2. Inconvénients
Comme tout produit indiciel, l’inconvénient majeur réside dans la
dépendance aux gérants du produit et au risque de front-running. Ceux-ci
ont en effet un avantage comparatif par rapport aux autres utilisateurs du
marché, dans la mesure où ils déterminent la composition de l’indice et son
évolution à intervalles réguliers. Dans l’hypothèse où ces indices vien-
draient à dominer le marché du crédit, l’inclusion ou l’exclusion d’un cré-
dit du portefeuille sous-jacent pourrait avoir un effet non neutre à la
hausse ou à la baisse sur le spread de crédit, notamment du fait des ajuste-
ments de couverture des principaux teneurs de marché. Il s’agit donc pour
les intervenants de disposer d’un certain degré de confiance quant aux
règles et au processus en vigueur dans ce domaine. L’importance des
sociétés Dow Jones et iBOXX est donc prépondérante. Elles sont les gar-
diens des indices et doivent veiller à rester neutres vis-à-vis des principales
banques teneurs de marché sur les indices.
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140 Les produits dérivés de crédit
*
* *
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Produits dérivés et structurés de crédit de deuxième génération 141
été en mesure de créer et de proposer à leurs clients des produits plus com-
plexes, de deuxième génération, et potentiellement plus rémunérateurs.
Ceux-ci font appel à de nouvelles notions et techniques d’évaluation et de
couverture :
– corrélation de défaut pour les produits de crédit sur panier tels que le
swap first-to-default ;
– évaluation de la « contingence » propre au risque de défaut pour la
création d’instruments hybrides mixant risques de crédit et autres marchés
sous-jacents ;
– approche macro ou sectorielle du marché du crédit avec le lancement
d’indices référencés au marché sous-jacent des CDS, auto-alimentant la
liquidité du marché des produits dérivés de crédit.
Au-delà de ces familles d’instruments, qui sont avant tout destinées aux
intervenants traditionnels du marché du crédit (institutionnels, salles de
marché des banques, hedge funds, etc.) il convient d’accorder une place
spécifique à une dernière catégorie de produits structurés, de par son
importance croissante sur les marchés financiers, qui se situe à la con-
fluence des techniques de titrisation et des produits dérivés de crédit : les
collateralised debt obligations (CDOs).
Ces instruments font l’objet du chapitre suivant.
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Chapitre 4
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144 Les produits dérivés de crédit
Titrisations
Loi des grands « classiques » (ABS*)
nombres
Créances hypothécaires
+ résidentielles (RMBS) Cartes
de crédit
Créances hypothécaires Diversification/Corrélation
commerciales (CMBS) Prêts
autos
Défaut/Recouvrement
Crédits à la
consommation CDO Valorisation unitaire
PME
CDO
Titrisation d’actifs :
immobilier, avions, etc.
– Évaluation
du risque
– +
de crédit
* Asset-Backed Securities individuel
** Whole-Business Securitisation
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Les collateralised debt obligations (CDOs) 145
Mécanisme
de gestion du produit
Market-value
CDO synthétiques
activement gérés
Objectif
de la transaction
Cash-flows
Cash
Synthétique
Arbitrage Réglementaire
Mécanisme
de transfert
des risques
années 1970, lorsque des agences fédérales américaines 1 ont titrisé des
portefeuilles de créances hypothécaires résidentielles garanties par le gou-
vernement américain. Dans les années 1980, d’autres types d’actifs ont fait
l’objet de telles opérations : créances sur cartes de crédit, prêts à la con-
sommation (automobiles, etc.), créances hypothécaires commerciales,
prêts aux étudiants, postes client des entreprises, etc.
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Les collateralised debt obligations (CDOs) 147
gestion de leur bilan et de leurs liquidités et, d’autre part, de réduire, dans
certains cas, leurs coûts de financement. Le risque de crédit lié à aux créan-
ces titrisées est transféré aux investisseurs. La conséquence directe de ce
transfert du risque pour les banques est une réduction en termes de fonds
propres réglementaires requis en regard de ces actifs cédés.
Une titrisation peut contribuer à l’abaissement du coût de financement des
actifs : en effet, un tel programme est généralement structuré de manière à
obtenir une notation AAA ou AA au minimum auprès des agences, ce qui
réduit automatiquement le coût de financement du sponsor, qui peut être
moins bien noté (dans la mesure où il s’endette pour financer les actifs titri-
sés). L’économie totale réalisée par le sponsor sur un tel programme dépend
également des coûts de montage et de rehaussement de crédit.
Cette technique a été également appliquée, à quelques variations près, sur
des risques de crédit corporate : ce sont les opérations de CBOs/CLOs.
1. Dans cette sous-section, nous revenons à la notation CDO, qui recouvre les
notions de CBO et de CLO, les mécanismes de montage étant similaires pour ces
deux structures.
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Les collateralised debt obligations (CDOs) 149
Actif Passif
Dette senior
Valeur faciale :
Exposition AAA
66,5%
(dernières pertes
Obligations Portefeuille Euribor +
en principal)
ou ABS diversifié d’actifs 45 points
de base
Marchés géré par un
obligataires Investment
Dette mezzanine
Manager
Valeur faciale: Exposition
Transfert 20,0% intermédiaire
Valeur faciale
du risque Euribor + (notation AA à BB)
initiale
et de la propriété 90 points de base
des actifs :
des actifs
100% Exposition
Capital
aux premières pertes
Valeur faciale :
(en principal
13,5%
et en intérêts)
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Les collateralised debt obligations (CDOs) 151
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152 Les produits dérivés de crédit
Ces flux de dividendes deviennent cependant plus risqués, car ils peuvent
être divertis si les tests ne sont plus vérifiés.
Une conséquence indirecte, mais non moins importante, est l’impact
d’un tel mécanisme sur le comportement du gestionnaire. Le gestionnaire
étant généralement l’actionnaire majoritaire du CDO, il pourrait être
enclin à « sécuriser » les premiers flux de dividendes par rapport au rem-
boursement final du capital. Dans une structure avec un effet de levier très
important, la valeur actualisée des premiers dividendes est en effet bien
plus importante que la valeur actualisée du remboursement du principal à
maturité.
Le rehaussement de crédit des porteurs de dette senior d’un CDO pro-
vient donc d’une part de l’apport en capital des investisseurs equity, ainsi
que du mécanisme de diversion des flux du portefeuille. Cette seconde par-
tie est plus délicate à quantifier pour les agences de notation, car elle fait
intervenir un nouveau paramètre, la répartition des défauts dans le temps.
En effet, si les agences de notation disposent de données fiables pour justi-
fier leurs hypothèses de probabilité de défaut et de taux de recouvrement
sur une période assez longue (5-10 ans), ces données ne permettent pas de
déterminer le scénario de distribution temporelle le plus probable. Ainsi,
en imaginant que les défauts interviennent en début de période, le méca-
nisme de diversion sera alors activé très rapidement et le montant re-dirigé
vers les investisseurs seniors sera d’autant plus important.
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Les collateralised debt obligations (CDOs) 153
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156 Les produits dérivés de crédit
1. Voir chapitre 7.
2. Repeat Offering Securitisation Entity.
3. Sont exclues de cette liste les premières opérations faisant appel aux dérivés
de crédit : celle de Swiss Bank Corp. (Glacier Finance), à base de CLN, pour
1,7 milliard de dollars et celle de JP Morgan (BISTRO I), de 9,7 milliards en mon-
tant notionnel, sur lesquelles nous revenons ultérieurement.
4. Pour ces institutions, l’intérêt d’une opération de titrisation était double dans
la mesure où elle leur permettait de bénéficier d’une source de financement com-
plémentaire à un coût particulièrement attrayant, par comparaison à leurs condi-
tions d’émission sur les marchés de capitaux à la même époque.
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Les collateralised debt obligations (CDOs) 157
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158 Les produits dérivés de crédit
1. Aussi bien SBC que CSFB ont, en réalité, profité d’une opportunité offerte
par les instances de supervision suisses à l’époque, qui leur ont accordé cette com-
pensation.
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Les collateralised debt obligations (CDOs) 159
1. L’une des particularités de cette opération est que JP Morgan a rendu publi-
que la liste des débiteurs sous-jacents inclus dans le portefeuille sous-jacent au
swap de défaut. Cela n’a pas été le cas dans les autres transactions de CLOs.
2. Il est bon de noter que, la structure n’étant dénouée qu’à maturité, les inves-
tisseurs ne sont pas en risque sur le paiement des coupons.
3. La couverture offerte par le swap de défaut est partiellement reconnue par
la Federal Reserve dans la mesure où celle-ci aurait permis à MGT de ne retenir
que la charge en capital la plus élevée entre sa position longue (l’exposition de cré-
dit appartenant au portefeuille couvert par l’opération) et sa position courte (liée
au swap de défaut à cinq ans).
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160 Les produits dérivés de crédit
Absence
Événement
d’événement
de crédit $32 millions
de crédit
Prime Compte de réserve
Paiement à maturité 0 échelonnée (financé par l’excès
de marge de la prime)
Swap de défaut
Liquidités
Bons du Trésor
Investisseurs
1. Ce qui fait dire aux critiques des montages de CLOs « classiques » que ceux-
ci ne sont que des opérations d’arbitrage réglementaire, dans la mesure où la ban-
que cédante réussit à réduire le montant de capital immobilisé par les engagements
qu’elle transfère, mais conserve l’essentiel du risque de crédit « économique », en
souscrivant à la tranche la plus subordonnée du CLO. Théoriquement, en poussant
le raisonnement à l’extrême, les banques devraient être amenées à titriser tous les
actifs qu’elles détiennent sur leur bilan et dont le risque marginal correspond à un
montant de capital économique à mettre en réserve inférieur à 8 %, afin de maxi-
miser cet arbitrage réglementaire.
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Les collateralised debt obligations (CDOs) 161
1. Nous revenons sur les implications des dérivés de crédit pour la gestion des
portefeuilles bancaires au chapitre 7.
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162 Les produits dérivés de crédit
– Les intérêts des CLN émises sont financés à partir des coupons reçus
des titres en collatéral ainsi que de la prime du CDS reçue de la banque
sponsor.
– Cette dernière conserve la tranche la plus subordonnée émise par le
SPV (tranche equity ou first loss), qui représente en général entre 1 % et
3 % du montant total du portefeuille sous-jacent.
– La banque sponsor contracte un second CDS, senior à celui conclu
avec le SPV, qui permet de couvrir le montant résiduel de pertes (i.e. de
85 % à 91 % du portefeuille). Ce second CDS est communément désigné
par le vocable de « swap super senior ».
– Le portefeuille de référence sur lequel porte les deux CDS est consti-
tué d’entités de référence dont chacune se voit attribuer un montant de
protection.
– Le portefeuille de référence est généralement dynamique (c’est-à-
dire géré activement par la banque sponsor) et doit vérifier des contraintes
de diversification, de qualité de crédit et d’éligibilité définies par les agen-
ces de notation. Le portefeuille de référence n’est en général pas divulgué
aux investisseurs, seules des informations statistiques non nominatives
sont alors communiquées.
Les avantages inhérents à ce type d’opérations sont leur simplicité et
leur confidentialité, ainsi que la dissociation du transfert de risque et du
financement (ce qui permet aux banques bien notées de ne pas avoir à sup-
porter un coût de financement supérieur via l’opération de titrisation).
D’autre part, comme nous l’avons vu, le transfert synthétique permet
d’élargir l’univers des actifs éligibles à toutes les expositions de crédit.
Ainsi, les facilités de crédit non tirées (engagements hors bilan) ne peu-
vent pas être incluses dans les transactions de type CLO cash-flows ; or ces
engagements représentent une grande part des risques de crédits présents
dans les bilans bancaires et des fonds propres immobilisés.
Par contre, l’univers de placement pour ces produits est plus limité,
comme nous l’avons souligné, et la réduction de charge en capital (80 %)
moindre que pour un CLO avec cession réelle des engagements de cré-
dit 1 . En outre, un risque de contrepartie doit être enregistré par l’institu-
tion cédante.
Cependant les avantages économiques et la flexibilité accrue de ces
montages expliquent en grande partie l’explosion du marché des transac-
tions synthétiques au cours des années 1999-2000, qui ont désormais com-
plètement remplacé les transactions de CLOs cash-flows.
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Les collateralised debt obligations (CDOs) 163
Montant
Transaction Date Banque sponsor
(millions)
Bistro Trust I 1997 Décembre 1997 $9 700 JP Morgan
Bistro Trust II 1998 Avril 1998 $4 800 JP Morgan
C*Star 1991-1 Juin 1999 O4 000 Citibank
Blue Stripe 1999-1 Juillet 1999 $5 000 Deutsche Bank
Scala Novembre 1999 O4 000 BCI
C*Star 1991-2 Novembre 1999 $4 000 Citibank
Sundial Mai 2000 O2 537 Rabobank
Cygnus Finance Juin 2000 O4 300 KBC
Olan II Juin 2000 O4 000 BNP Paribas
Blue Stripe 2000-1 Juin 2000 $3 000 Deutsche Bank
BAC Synthetic CLO 2000-1 Septembre 2000 $10 000 Bank of America
F en milliards %
Total des encours pondérés (RWA) a 164,0 100,0
Fonds propres Tier II 7,5 4,6
Fonds propres Tier I 10,7 6,5
Total fonds propres 18,2 11,1
a. Risk-weighted assets.
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166 Les produits dérivés de crédit
Bilan
bancaire Contrepartie
Prime du CDS
senior (90%)
pondérée 20%
AAA : 90% CDS super
Portefeuille senior
Tranching
de crédits
de du SPV
référence portefeuille Actif Passif
AAA : 3% Prime AAA/Aaa : Notes
Actifs Notes 3%
A : 3% 10 % émises
CDS pondérés (9 %)
BBB : 3% 0% A/A2 : 3% à des
subordonné
NR : 1% (1 %) investisseurs
BB/Ba2: 3%
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Les collateralised debt obligations (CDOs) 167
278
Capital 9% Garantie Capital : 0
163 du SPV collatéral RWA : 0
Tier-I pondération : 0 %
30 1% 30 Capital : 30 millions
Tranche RWA : 270 millions
« equity »
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168 Les produits dérivés de crédit
Dans quelle mesure une telle opération est-elle bénéfique pour la ban-
que sponsor ? Afin d’en évaluer l’intérêt, il s’agit de prendre en compte la
deuxième dimension de la transaction, qui est le coût de celle-ci pour la
banque.
Les hypothèses retenues en termes de coût sont résumées dans le
tableau 4.2.
Coût
Structure/tranche %
(en points de base)
Tranche super senior 90 10
Tranches subordonnées 9
AAA/Aaa 3 40 a
A2/A 3 110 a
BB/Ba2 3 350 a
Tranche equity non notée 1 b
1. Les titres utilisés en collatéral du SPV sont des titres d’État traitant à des
niveaux de spread inférieur à l’Euribor. Pour la banque sponsor, il y a donc un coût
supplémentaire (le « negative carry ») à prendre en compte puisque les CLN émi-
ses par le SPV versent des coupons indexés sur l’Euribor.
2. Un autre critère d’analyse comparable consiste à calculer le ROE « négatif »
de l’opération en divisant le coût de celle-ci par le montant de fonds propres libé-
rés. Tant que ce ratio est inférieur au ROE cible de la banque, l’opération présente
un intérêt pour celle-ci.
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Les collateralised debt obligations (CDOs) 169
rie, dans cette configuration, le coût total maximum pouvant être envisagé
par la banque est de 106 points de base.
Cette analyse de l’intérêt de l’opération pour la banque repose sur une
hypothèse majeure, qui est le taux de réinvestissement des fonds propres
libérés (15 %). En effet, si ceux-ci sont en réalité recyclés par l’établisse-
ment pour accorder des prêts peu rémunérateurs et forts consommateurs
de fonds propres, alors l’économie globale de l’opération ne présente pas
d’intérêt. Il est nécessaire, pour que la banque améliore ses ratios, que les
fonds propres ainsi libérés soient investis dans des activités offrant un
niveau de ROE supérieur à l’activité de prêt bancaire classique ayant fait
l’objet de l’opération de CDO synthétique.
Enfin, il nous faut conclure cet exemple sur la notion « d’arbitrage
réglementaire ». On parle d’arbitrage réglementaire pour ce type d’opéra-
tions dans la mesure où il s’agit d’un montage qui permet à la banque spon-
sor de réduire son montant de fonds propres (de 198 millions dans l’exem-
ple ci-dessus) sans pour autant diminuer le niveau de risque économique
(réel) qu’elle encourt sur le portefeuille sous-jacent, dans la mesure où la
banque sponsor conserve les risques de première perte (à hauteur de
30 millions) sur le portefeuille. C’est notamment le développement de ces
opérations qui a conduit les instances de supervision du système bancaire
à réviser les règles issues des accords de Bâle I. Au chapitre 7, nous pré-
sentons ces nouvelles réglementations et reprenons cet exemple pour
l’analyser dans le cadre des dispositions réglementaires issues de l’accord
de Bâle II.
Au-delà de ces opérations de CDOs synthétiques de gestion de bilan,
les banques d’investissement ont trouvé, dans l’application de ces techni-
ques à des fins d’arbitrage, un relais de croissance formidable qui a animé
le marché des produits structurés de crédit depuis 2001-2002. La présenta-
tion de ces opérations fait l’objet de la dernière section de ce chapitre.
Portefeuille
de référence Exposition Senior
Notionnel : 90%
Credit default CDS Prime : 6-10 points
Marchés
swap Statique, géré par de base
du crédit
une banque ou
par un Investment
– Obligataire CDS
Manager
– ABS Transfert ou Mezzanine
– Obligations du risque CLN Notionnel: 7%
Notionnel de
convertibles (et non Prime : 150 points
référence : 100%
– Prêts bancaires de la propriété) de base
– Risques de des actifs Capital
contrepartie contre Notionnel : 3%
– Etc. versement CDS
de primes Banque ou
intermédiaire CLN
1. Il a ainsi été estimé en 2002 que la signature la plus présente dans les porte-
feuilles de référence des CDOs d’arbitrage était l’émetteur américain Philip Mor-
ris. Cet « appétit » pour le risque Philip Morris s’explique par la recherche d’un
arbitrage entre la perception des agences de notation (qui notait cet émetteur
BBB) et le niveau du spread de crédit offert sur les CDS Philip Morris : il s’agissait
simplement, du fait des risques juridiques potentiels pesant sur le fabricant de ciga-
rettes, de la signature investment grade traitant au niveau de spread le plus élevé
dans le marché des CDS !
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174 Les produits dérivés de crédit
Montant
Classe (millions Rating Pourcentage Subordination Spread a
d’euros)
A 4 029,60 Super senior 92,00 % 8,00 % 10
B 148,92 AAA 3,40 % 4,60 % 40
C 35,04 AA 0,80 % 3,80 % 70
D 43,80 BBB+ 1,00% 2,80% 210
E 30,66 BBB– 0,70 % 2,10 % 375
F 30,66 BB 0,70 % 1,40 % 775
G 61,32 First loss 1,40 % –
Sources : Creditflux, S&P, Bloomberg.
a. En points de base
• Exemples
La SCOR a été un acteur majeur du marché des dérivés de crédit et
CDOs synthétiques jusqu’en septembre 2001. La stratégie de la compa-
gnie de réassurance était de constituer un portefeuille d’expositions sur
des signatures investment grade en complément de ses activités tradition-
nelles de crédit caution. L’exposition du Groupe à des risques liés aux
dérivés de crédit a porté sur un portefeuille global composé de près de 700
signatures (669), ce qui représentait alors la quas- intégralité des risques
disponibles sur le marché du CDS.
À la suite de l’augmentation des taux de défaillance et de l’élargisse-
ment des spreads de crédit après septembre 2001, les pertes d’exploitation
de la SCOR liées à ses activités de dérivés de crédit ont atteint 65 millions
d’euros en 2002 et 72 millions d’euros en 2003 1 . En 2003, le montant des
provisions s’établissait à 110 millions d’euros.
La SCOR a conclu, le 1er décembre 2003, un accord avec Goldman
Sachs au terme duquel le Groupe se désengage complètement de son
exposition aux dérivés de crédit. La charge comptable nette de cette opé-
ration, ainsi que celle d’une opération de commutation intervenue au
début du quatrième trimestre 2003, s’élève, compte tenu des provisions
antérieurement constituées, à 45 millions d’euros.
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176 Les produits dérivés de crédit
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Les collateralised debt obligations (CDOs) 177
Montant
Classe Rating Pourcentage Subordination
(million d’euros)
1 235 Super senior 82,06 % 17,94 %
A 78 AAA 5,18 % 12,76 %
B 78 AA 5,18 % 7,57 %
C 27 A- 1,82 % 5,75 %
D 27 BBB 1,82 % 3,99 %
E 60 « First loss » 3,99 % –
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178 Les produits dérivés de crédit
Portefeuille Structure
Émetteur
de capitalistique
référence
6,0
Senior
5,0 Mezzanine
Equity
4,0
Delta
3,0
2,0
1,0
0,0
0 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000
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184 Les produits dérivés de crédit
1. Pour les entités proches du défaut, les CDS ne traitent plus en prime annuelle
mais en prime « upfront », à la manière d’une police d’assurance classique. Cette
prime upfront est cotée en % du notionnel du contrat, ce qui permet d’approcher
ainsi la valeur implicite du taux de recouvrement attendu par le marché. Sur l’obli-
gataire, un phénomène similaire peut être observé : les titres décotés ne traitent
plus en spread mais en % du pair.
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186 Les produits dérivés de crédit
1. Les recovery swaps sont une nouvelle variante des CDS. Ceux-ci traitent, non
pas en prime, mais en niveau implicite du taux de recouvrement (par exemple
35 %/38 %). Ces contrats ne prévoient pas d’échanges de flux, sauf en cas de
défaut, auquel cas, l’acheteur de protection livre un portefeuille de titres décotés,
comme dans un CDS, tandis qu’il reçoit un paiement du pourcentage implicite
(38 % dans le cas présent) multiplié par le montant notionnel de la transaction. La
combinaison d’un CDS standard avec un recovery swap permet de répliquer un
CDS de type fixed pay-out.
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Les collateralised debt obligations (CDOs) 187
À nouveau, la relation est inverse pour une tranche junior, le carry étant
négatif (la banque paye plus de prime sur le produit qu’elle ne reçoit de
prime sur les deltas), mais le P&L en cas de défaut est positif.
Dans ce domaine également, il est possible pour les banques de neutra-
liser ce risque en « complétant » la structure de capital ou par l’intermé-
diaire de swaps first-to-default. Il est également envisageable de couvrir ce
risque en achetant des protections à maturité courte sur les entités pour
lesquelles la position globale de P&L en cas de défaut est négative.
Les banques doivent également gérer des risques résiduels liés aux taux
d’intérêt ou aux taux de change, les portefeuilles étant généralement com-
posés de CDS libellés en différentes devises et les produits pouvant être
structurés sous forme d’obligation à taux fixe.
Ces risques sont généralement désignés comme des risques cross-mar-
ket et leur influence est relativement peu significative.
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188 Les produits dérivés de crédit
Convexité
nine. Ainsi, le rendement exigé par les investisseurs equity peut correspon-
dre à une corrélation implicite de 15 % tandis que la prime demandée par
les vendeurs de protection super senior implique un taux de corrélation
implicite de 40 %.
Deux nouveaux concepts ont alors été développés par quelques ban-
ques, qui se sont d’ailleurs répandus chez la majorité des dealers
aujourd’hui.
– D’une part, la corrélation est désormais déterminée à partir d’un
smile (ou skew), fonction de la subordination de la tranche considérée.
Cette méthode est finalement similaire à celle employée sur les marchés
optionnels, notamment sur la volatilité actions et permet en quelque sorte
de mieux coller aux prix observés sur les marchés.
– D’autre part, une approche différente du pricing des tranches mezza-
nines s’est développée, elle aussi inspirée du marché de la volatilité
actions. Une tranche mezzanine peut en effet être considérée comme un
« call spread » 1 sur les pertes du portefeuille (les points d’attachement de
la tranche mezzanine étant équivalents aux deux prix d’exercice de ce
type de combinaison optionnelle). Ainsi le pricing d’une tranche mezza-
nine (x % à y %) peut se déduire de la valeur du portefeuille (c’est-à-dire
les pertes de 0 % à 100 %) à laquelle on soustrait la valeur de la tranche
equity (0 % à x %), ainsi que celle de la tranche super senior (y % à
100 %). Des taux de corrélation différents peuvent ainsi être affectés aux
points d’attachement x et y. Cette approche par couplet de corrélation a
de nombreux avantages, car elle permet de pouvoir parfaitement refléter
les corrélations implicites observées sur les transactions equity ou super
senior, ainsi que d’introduire un bid-offer (sur le smile de corrélation)
dont la valeur est non nulle même pour les tranches mezzanine neutres en
corrélation.
Comme nous l’avons vu, la gestion des produits de corrélation comme
les tranches de CDO synthétiques induit le traitement d’un nombre
important de risques résiduels. L’objectif du trader de corrélation est de
minimiser son gamma ainsi que le risque de corrélation, ainsi que de diver-
sifier ses risques résiduels.
Le schéma 4.9 résume la problématique de gestion de ces risques.
Si la plupart des risques résiduels peuvent être gérés grâce à la mise en
place de bid-offer (corrélation, taux de recouvrement) et à l’exécution de
transactions permettant de neutraliser ces risques (par exemple acheter
une protection junior après avoir acheté une protection senior), le déve-
loppement de cette activité est aujourd’hui freiné par l’accumulation des
risques de corrélation.
En effet, les investisseurs ont fortement privilégié les tranches seniors,
ce qui a conduit les banques à accumuler des positions longues en corréla-
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190 Les produits dérivés de crédit
Senior
– Delta hedging
– Risque de gamma
– Gamma positif – Coûts de transaction + gamma
– Acheteur de corrélation
– Risque de corrélation
– Risques de gap et de base
Position – « Mismatchs » de portefeuilles
de l’acheteur – Risques « cross-market »
de protection
Point
d’inflexion
– Gamma négatif
Equity – Vendeur de corrélation
tion, qui ne peuvent être neutralisées par leur force de placement (bien
plus limitée) de tranches juniors.
Il est intéressant de constater l’analogie avec les activités de dérivés
d’actions, notamment en ce qui concerne les produits de corrélation
actions (de type best of, worst of, etc.). Cette activité présente la même
problématique de gestion du risque de corrélation et les flux commerciaux
font que les banques sont également très largement exposées sur un sens
de la corrélation – qui est d’ailleurs la position inverse (short correlation)
de celle des activités de trading exotique de crédit. Les natures de ces cor-
rélations (actions versus crédit) étant toutefois très différentes, il est peu
probable que ces expositions opposées puissent se neutraliser.
Les banques bénéficient toutefois, depuis une période récente, de nou-
velles solutions de gestion de leur livre de corrélation, grâce au dévelop-
pement du marché indiciel (TRAC-X et iBOXX 1 ). Des tranches sont
désormais traitées sur les principaux indices dans le marché inter-ban-
caire. Les principaux apports du marché indiciel sont la standardisation
des contrats, une meilleure liquidité et transparence, et surtout une justi-
fication des paramètres de corrélation utilisés pour le pricing de tranches
non indicielles. Le tableau 4.9 présente une série de prix de tranches
observés sur l’indice iBOXX NA à cinq ans, au 31 mars 2004.
Ces développements récents ont favorisé l’émergence de nouveaux
acteurs sur le marché, comme les hedge funds et autres investisseurs
sophistiqués. Ceux-ci ont fourni un débouché appréciable pour les ban-
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Les collateralised debt obligations (CDOs) 191
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Les collateralised debt obligations (CDOs) 193
Dans cette perspective, les actifs ayant suscité le plus intérêt auprès des
investisseurs ont été les émissions de titrisation (ABS pour Asset-Backed
Securities). Cependant, le seul segment de ce marché offrant une liquidité
suffisante correspond aux parts les plus seniors (notées AAA), pour les-
quelles le rendement servi est relativement faible (de l’ordre de 5 à 25
points de base en moyenne au-dessus du taux de référence). Par consé-
quent, le marché du CDS ne s’étant pas encore développé sur cette classe
d’actif, la seule solution s’offrant aux banques intermédiaires souhaitant
de proposer des produits single tranche sur ABS est l’achat de l’actif lui-
même pour le montant de delta nécessaire. Cette stratégie suppose de
pouvoir financer l’acquisition des actifs, ce qui restreint le nombre d’arran-
geurs potentiels à ceux disposant des capacités d’assurer le sourcing des
actifs à des conditions économiques adéquates.
Il est d’ailleurs intéressant de noter que l’exploration de cette classe
d’actif a finalement débouché sur le développement d’un nouveau produit
pur crédit. La première transaction delta hedged comprenant des ABS a
été structurée par BNP Paribas en novembre 2001 (CDO Master Invest-
ment 2), le portefeuille de référence combinant des CDS investment grade
et des ABS notés AAA. Elle a été suivie de la transaction CDO Master
Investment 3 en février 2002, puis de Aurum Investments en mai 2002 qui,
cette fois, remplaçait les expositions de type CDS investment grade par des
expositions de type CDO également notées AAA. Le portefeuille de réfé-
rence ne comprenait donc plus que des actifs de type « financement
structuré » (ABS et CDO). La partie du portefeuille sous-jacent composée
de CDOs comprenait uniquement des CDOs de type single tranche, ce qui
permettait implicitement de couvrir la transaction en delta (en effet des
expositions de type CDO cash-flows n’auraient pas offert une liquidité
suffisante à l’arrangeur pour mettre en œuvre ce principe de couverture).
L’utilisation de CDOs single tranche permet à l’arrangeur de détermi-
ner un delta sur le CDO final, vendu au client (appelé « master »), qui peut
être multiplié par le delta des tranches de CDOs sous-jacentes (appelées
tranches « inner ») afin de déterminer le delta final à appliquer pour cha-
cune des entités de référence des tranches inner. Ce type de structure s’est
fortement développé au cours de l’année 2003, certaines banques propo-
sant même des transactions ne comprenant que des single tranches (donc
implicitement uniquement une exposition au crédit), appelés CDO squa-
red (CDO2 ou CDO de CDO synthétique).
Le schéma 4.10 présente un exemple représentatif d’une transaction de
type CDO2 comprenant des ABS et des CDOs. Le portefeuille master est
composé de 50 titres d’ABS (70 % du portefeuille) et de 4 tranches de
CDO inner (représentant 30 % du portefeuille master et comprenant cha-
cune 100 entités de référence) pour un montant total de un milliard
d’euros. Les pertes pouvant affecter le CDO master proviennent soit des
ABS soit des crédits sous-jacents à un CDO inner, lorsque la subordina-
tion du CDO inner en question (6 % dans notre exemple) est totalement
réduite par une succession d’événements de crédit.
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194 Les produits dérivés de crédit
Master
Portfolio
EUR
1000m
Inner CDO#4
EUR
3750m ABS bucket :
100 CDS 50 ABS
Inner CDO#2 & 3 70 %
3750m
700 m
Inner CDO#1 37,5m per
EUR entity
100 CDS 3750m
3,750m
EUR
37,5m 300 m
2% 75m 75 m
per entity EUR 7,5 %
225 m 75 m EUR
6% 7,5 % Master CDO 150m
EUR 75 m 6 % Tranche EUR
0m 7,5 %
EUR 90m
300m 75 m 9 %
2% 75m 7,5 %
EUR
EUR CDO bucket : 0m
225m
6% 4 inner CDOs
EUR 30 %
0m
1. Cette approche a d’ailleurs favorisé le succès des single tranche seniors, dans
la mesure où leur rendement était supérieur à celui offert sur des instruments plus
traditionnels.
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196 Les produits dérivés de crédit
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198 Les produits dérivés de crédit
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Les collateralised debt obligations (CDOs) 199
*
* *
Les CDOs constituent l’un des segments du marché des dérivés de cré-
dit connaissant la plus forte croissance. Ce développement a été constam-
ment alimenté par l’évolution des structures, comme nous l’avons montré,
et ne semble avoir pour horizon que les limites de l’imagination fertile des
ingénieurs financiers.
Si les premiers montages appliquaient les techniques traditionnelles de
titrisation à des portefeuilles d’obligations à haut rendement ou de prêts
bancaires, ce marché a pris un virage à 180 degrés avec l’utilisation des
dérivés de crédit, que ce soit dans le domaine de la gestion de bilan, ou
bien de l’arbitrage des marchés de crédit. Ce dernier compartiment con-
centre actuellement l’essentiel des transactions et se rapproche, par bien
des aspects, de plus en plus des marchés optionnels.
En dernier lieu, il convient de constater que les technologies de structu-
ration propres aux CDOs ne se limitent désormais plus aux marchés de
crédit. Déjà, les montages de type cash-flows avaient permis de traiter des
sous-jacents différents tels que des hedge funds ou des participations dans
des entreprises non cotées (private equity).
Les derniers développements dans ce domaine font par exemple état de
la tentative de banques intermédiaires pour structurer de nouveaux pro-
duits, les collateralised equity obligations (CEOs), qui appliquent les tech-
nologies de CDOs synthétiques d’arbitrage que nous avons présentées,
non plus sur un portefeuille de CDS, mais sur un panier d’options de vente
(puts) sur actions (en s’inspirant notamment des produits EDS 1). En cela,
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200 Les produits dérivés de crédit
ces instruments contribuent à établir des liens de plus en plus étroits entre
les différents compartiments des marchés financiers, ces « ponts » étant
l’une des implications majeures du développement du marché des dérivés
et structurés de crédit comme nous le verrons dans le dernier chapitre de
cet ouvrage.
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Chapitre 5
premier cas, swaps de taux, dans le second), essor des produits structurés
et « exotiques », élargissement du périmètre d’utilisateurs des banques
aux autres intervenants de marché (institutionnels, puis entreprises), etc.
En comparaison, l’encours total en montant notionnel sur les produits
dérivés de crédit serait passé de 180 milliards de dollars en 1997 à
1 950 milliards de dollars fin 2002. Il était évalué, à la fin de l’année 2003, à
3 580 milliards par l’International Swaps and Derivatives Association 1, et
pourrait atteindre 4 800 milliards fin 2004, d’après la BBA 2 (soit un taux de
croissance moyen annuel attendu sur la période 1997-2004 de +60 %).
Sur la base de ces estimations, il est possible de déduire que le marché des
produits dérivés de crédit représentait à la fin 2003 1,8 % du montant total
des produits dérivés de gré à gré traités dans le monde. Le graphique 5.1
présente la structure du marché mondial des produits dérivés OTC.
Dérivés de crédit
1,8 %
Dérivés d’actions
1,9 %
Autres 11,1 % Dérivés
72,0 %
sur taux d’intérêt
Dérivés sur
matières premières 12,4 %
0,7 %
Dérivés
sur change
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Le marché des produits dérivés et structurés de crédit 203
1. Panorama du marché
Apparu dans les années 1991-1992, le marché des produits dérivés de
crédit est relativement récent, par comparaison aux autres marchés déri-
vés (taux, change, actions, matières premières) dont la naissance peut être
datée aux décennies 1970 et 1980 (voire avant). Son développement a été
relativement lent, Wall Street concentrant la majeure partie des transac-
tions jusqu’en 1994-1995.
Aujourd’hui, la plupart des intervenants des marchés de capitaux
s’accorde pour dire que celui-ci a atteint sa taille critique. Dans un passé
récent, il a pu notamment résister brillamment à la crise asiatique de la fin
1997 ainsi qu’au credit crunch de 1998. Par la suite, l’avènement de la mon-
naie unique en Europe a été un facteur de croissance essentiel pour ces ins-
truments ainsi que pour le marché du crédit au sens large. La période 1999-
2000 a vu l’avènement d’un marché du dérivé de crédit plus structuré du fait
de la standardisation des documentations juridiques et d’une liquidité
accrue sur les spreads des corporates aussi bien en Europe qu’aux États-
Unis. Enfin, plus récemment les chocs du second semestre de l’année 2001
(vague importante de défauts) n’ont pas freiné de façon significative la
croissance du marché, bien au contraire. La fiabilité des contrats a pu être
testée « en grandeur nature » lors des grandes faillites fin 2001 et tout au
long des années 2002-2003 (Enron, Worldcom, Parmalat, etc.).
Comme nous l’avons vu, certaines situations spécifiques ces deux derniè-
res années ont contribué à un certain nombre d’évolutions des contrats au
niveau juridique mais ont globalement prouvé la robustesse de ces instru-
ments. Comme le souligne le rapport 2002 de la BBA : « Au cours de cette
année marquée par des faillites… les produits dérivés de crédit ont prouvé
leur efficacité à absorber les chocs majeurs du système financier global » 2.
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204 Les produits dérivés de crédit
L’un des chocs principaux pour le marché des dérivés de crédit ces der-
nières années a sans aucun doute été la faillite d’Enron en 2001. Ce dépôt
de bilan, le plus important jamais enregistré pour une entreprise, a consti-
tué une preuve indéniable de la maturité du marché 1 . Par ailleurs, cas par-
ticulier, la société Enron était un intervenant majeur sur ces produits. En
tant que contrepartie sur le marché des CDS et dans de nombreuses opé-
rations de titrisations synthétiques, la défaillance d’Enron a donc engen-
dré, pour ses contreparties, des coûts de remplacement sur les contrats de
dérivés au sens large. Ce processus s’est soldé globalement de manière
satisfaisante.
Nous revenons par la suite sur les principales étapes de développement
de ce marché, ainsi que sa structure actuelle.
Un produit défensif
C’est parce que les intervenants sur le marché devaient faire face à la
croissance exponentielle des échanges de produits dérivés de gré à gré que
les dérivés de crédit ont été créés et développés au début des années 1990.
Comme nous l’avons vu, les banques d’affaires intermédiaires dans ce
marché ne pouvaient se contenter des méthodes traditionnelles de gestion
du risque de crédit. Elles se trouvaient, de plus, restreintes par une taille
de bilan modeste et l’obligation de marquer leur portefeuille tous les jours
au marché. Il leur fallait donc trouver de nouveaux moyens pour gérer des
expositions de crédit peu liquides.
Ces banques ont donc structuré des swaps sur le risque de crédit pour
se protéger contre les défaillances potentielles de leurs clients et ont pu
trouver des contreparties par l’incitation d’un rendement supérieur.
Un marché bilatéral
Dans les années 1994-1995, le marché des dérivés de crédit est devenu
un marché bilatéral où les banques qui structuraient ces produits se sont
mises à l’écoute des investisseurs potentiels dans ces instruments et ont
arrangé des produits de façon à adhérer le mieux possible à leurs exigences
en termes de profil risque/rentabilité.
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Le marché des produits dérivés et structurés de crédit 205
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206 Les produits dérivés de crédit
paniers structurés, alors qu’aucun titre obligataire n’a encore été émis par
la société finlandaise. La liquidité sur cet instrument provient d’un besoin
de couvrir d’éventuelles expositions existantes au travers de prêts bancai-
res ou encore de prendre une position ex-ante sur le niveau futur de la
marge de crédit d’une hypothétique émission obligataire.
Les derniers développements sur le marché des dérivés de crédit font
penser que celui-ci sera bientôt comparable en tout point aux autres mar-
chés de produits dérivés OTC. À cet égard, les trois enjeux majeurs pour
ce marché sont les suivants :
• la question de l’extension de la base d’utilisateurs à de nouveaux seg-
ments de marché et d’utilisateurs potentiels (entreprises, investisseurs
particuliers). Un très faible nombre d’entreprises par exemple ont recours
à ces instruments à ce jour, comme nous l’avons vu 1 . Cette évolution
paraît indispensable si les dérivés de crédit veulent connaître le succès des
instruments dérivés de taux, comme le prédisent les observateurs de mar-
ché les plus optimistes ;
• le parachèvement du processus d’industrialisation du régime transac-
tionnel, ce qui passe notamment par :
– la création de bases de données indépendantes des principaux teneurs
de marché recensant les entités juridiques de référence, offrant des servi-
ces de valorisation, etc. à l’image de ce que propose la société Mark-it
Partners ;
– l’avènement du trading électronique, via des plates-formes dédiées,
assurant notamment une automatisation des liens entre front-office et
back-office (le STP ou straight-through processing) et une amélioration de
la productivité des opérateurs ;
• l’interpénétration croissante de ce marché avec les autres marchés
financiers. Le développement des produits hybrides, l’essor des stratégies
de gestion fondées sur l’arbitrage d’obligations convertibles ou des struc-
tures capitalistiques participent à ce phénomène. Cette évolution doit se
poursuivre afin d’ancrer le marché des dérivés de crédit au cœur des mar-
chés de capitaux et de faire de ces instruments des outils indispensables
dans la panoplie des intervenants.
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Le marché des produits dérivés et structurés de crédit 207
5 000 4 799
4 000 3 580
3 000
1 952
2 000
1 189
893
1 000 586
350
180
20
0
1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004*
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208 Les produits dérivés de crédit
Ces chiffres sur la taille actuelle du marché semblent être en phase avec
l’enquête menée par Fitch début 2003. Celle-ci a permis d’identifier 1 700 mil-
liards de dollars d’encours notionnel dans le monde.
Parmi les facteurs qui pourraient freiner la croissance de ce marché, on
peut citer :
– l’apparition de scandales/pertes financières d’envergure liés à l’utili-
sation de ces produits et la réaction éventuellement néfaste des autorités
de réglementation (le marché italien des produits dérivés et structurés de
crédit a par exemple traversé en 2003-2004 un contre-coup important suite
aux affaires Cirio, Parmalat, etc. et à une réglementation contraignante
pour les compagnies d’assurance en matière d’utilisation des CDOs en
support de leurs produits retail) ;
– les obstacles d’ordre réglementaire, qui ne sont pas entièrement levés
à l’heure actuelle. Comme le souligne le rapport d’enquête de la BBA
2001-2002 : « l’incertitude réglementaire, telle que la question de Bâle II,
constitue l’une des contraintes majeures à la croissance du marché des
dérivés de crédit » 1 ;
– la nécessaire mise en place des infrastructures et des systèmes de con-
trôle adéquats devant supporter les fonctions de trading et de gestion des
risques ;
– la capacité des intervenants à embaucher et à former des professionnels
disposant d’un profil adapté pour ce marché. Ceux-ci doivent idéalement
disposer d’une solide expérience dans le domaine des produits dérivés,
d’une connaissance des marchés du crédit et de l’analyse fondamentale
d’une société, ainsi que d’une bonne compréhension des risques juridiques
associés aux contrats.
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Le marché des produits dérivés et structurés de crédit 209
Autres
17%
53%
New York Londres
30%
Produits
sur paniers
Options
sur spread
6%
5%
Asset swaps
7%
Total return
swaps 7%
45 % CDS
22 %
CDOs/CLOs
8%
CLN
Tableau 5.1. – Structure du marché des produits dérivés de crédit par maturité
L’étude menée par Fitch conforte ces résultats puisque les opérations
entre un et cinq ans représentent respectivement :
– 53 % des opérations des banques européennes et asiatiques ;
– 48 % des transactions des banques nord-américaines ;
– 58 % des opérations pour les assureurs et réassureurs ; et ;
– 43 % pour les établissements de garantie financière (financial guaran-
tors) 1 .
Depuis le début de l’année 2003, le marché s’oriente vers la standardi-
sation des échéances avec des dates de fin de contrat trimestrielles (arrêtés
aux 20 mars, 20 juin, 20 septembre et 20 décembre). Cette évolution a
pour but essentiellement de minimiser les risques de décalages de maturité
dans les livres de flux des teneurs de marché.
Enfin, il convient de noter la faible proportion des transactions au-delà
de 10 ans : celles-ci ne représentaient que 5 % du montant total des tran-
sactions dans le dernier sondage de la BBA. Pour les financial guarantors,
cette proportion est plus importante d’après Fitch : 18 %. Ce résultat
reflète le rôle d’investisseur à long terme spécialisé dans le crédit que
jouent ces institutions dans le marché. De surcroît, la création d’une
courbe de crédit liquide jusqu’à 10 ans a été favorisée par la demande des
investisseurs obligataires pour des titres à duration longue couplée à une
volonté accrue des émetteurs d’étendre la maturité de leur dette, afin de
sécuriser des taux d’intérêt attractifs dans un contexte de taux longs histo-
riquement bas.
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Le marché des produits dérivés et structurés de crédit 213
Tableau 5.3. – Structure du marché des produits dérivés de crédit par type
d’émetteurs de référence
BBA BBA
consensus 2001 estimation 2004
Crédits souverains non émergents 6% 7%
Crédits souverains émergents 9% 10 %
Crédits corporate 60 % 59 %
Institutions Financières 22 % 22 %
Autres 3% 2%
Source : BBA (2001-2002) Credit Derivatives Survey.
Tableau 5.4. – Principales entités de référence sur le marché global des dérivés
de crédit
1. France Telecom 14. AOL Time Warner
2. Daimler Chrysler 15. Bank of America
3. Ford Motor Company/FMCC 16. BNP Paribas
4. General Motors/GMAC 17. Grèce
5. General Electric/GECC 18. Italie
6. Citigroup 19. JP Morgan Chase
7. Deutsche Telekom 20. Verizon
8. Japon 21. Vodafone Group
9. Philip Morris 22. Walt Disney
10. ABN Amro 23. Freddie Mac
11. Deutsche Bank 24. Merrill Lynch
12. Household Finance 25. Portugal
13. Amgen
Source : FitchRatings (2003).
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Le marché des produits dérivés et structurés de crédit 215
8. Pacific Gas & Electric 16. Comdisco 24. Southern California Edison
500
400
300 469
200
209
120 120
70 90
100
47
58 70 73 68 78 61 60
6 37
0
Sources : Bank of America, Creditflux, Moody’s, Standard & Poor’s, IFR Markets.
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216 Les produits dérivés de crédit
Prêts
aux PME
(10,4 %)
Hedge funds,
private equity,
dette mezzanine
(1,7 %)
CBOs
(0,7 %) CDS
(10,2 %) Financements
Crédits structurés
investment (32,1 %)
grade
(1,3 %)
Sources : Morgan Stanley, Risk Magazine (janvier 2004).
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Le marché des produits dérivés et structurés de crédit 217
2. Principaux intervenants
Nous avons présenté dans les précédents chapitres les utilisations
potentielles des dérivés de crédit pour les principaux groupes d’interve-
nants sur les marchés financiers : intermédiaires financiers et investisseurs
institutionnels, banques et entreprises 1. Voyons maintenant quelles sont
les parts de marché relatives de ces différentes catégories d’intervenants et
la spécificité de leur positionnement sur le marché des produits dérivés et
structurés de crédit.
Les chiffres fournis par la BBA nous offrent une première vision
d’ensemble du marché (segmenté entre acheteurs et vendeurs de protec-
tion). Ceux-ci sont complétés ci-après par l’enquête de Fitch, qui nous per-
met d’analyser plus en détail le rôle des différentes catégories d’acteurs.
1. Chapitre 2, section 3.
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218 Les produits dérivés de crédit
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Le marché des produits dérivés et structurés de crédit 219
Graphique 5.7. – Activités des banques sur le marché des dérivés de crédit
En milliards
de dollars
1 800
1 600 1553
1 400
1 200
1 000
(1324)
800
600
20
18
16
14
12
10
8
6
4
2
0
>10 Mds 5-10 Mds 1-5Mds <1 Md >1 Md 1-5 Mds 5-10 Mds
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220 Les produits dérivés de crédit
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Le marché des produits dérivés et structurés de crédit 221
Graphique 5.9. – Position nette des assureurs sur le marché des dérivés
de crédit (vente de protections)
En milliards de dollars
180
166
160
137
140
120
100
80
60 56
40
22
20
0
Dérivés de crédit Dérivés de crédit
et Cash CDOs et Cash CDOs
CDOs synthétiques CDOs synthétiques
19 %
20 %
19 % 23 %
3 000 - 5 000 500 - 1 000
19 %
1 000 - 3 000
(dollars en millions)
Source : Mercer Oliver Wyman, Patel (2004).
Ces chiffres sont tirés d’une enquête de Mercer Oliver Wyman portant
sur 80 hedge funds aux États-Unis et en Europe.
Parmi la catégorie des fonds spéculatifs, plusieurs groupes peuvent être
distingués en fonction de leur stratégie d’investissement et de leur utilisa-
tion des dérivés de crédit :
• les fonds « actions » traitant le risque de crédit :
– fonds d’arbitrage de convertibles, dont l’objectif est d’arbitrer la vola-
tilité actions extraite des obligations convertibles et la volatilité historique.
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224 Les produits dérivés de crédit
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Le marché des produits dérivés et structurés de crédit 225
volatilité accrue des marchés actions n’a fait que multiplier les possibilités
d’arbitrage.
Enfin, les nouveaux fonds dédiés aux marchés de crédit ont connu une
croissance formidable depuis début 2003. Comme le précise Eric Odberg,
responsable des ventes de dérivés de crédit chez Goldman Sachs New
York : « les opérations de couverture des banques ont été limitées cette
année. Ce sont réellement les hedge funds qui tirent la croissance du
marché » 1. Ces acteurs sont des intervenants majeurs sur certains pro-
duits, tels que :
– les produits indiciels (81 % des hedge funds américains contre 61 %
en Europe y auraient recours) ;
– les options sur spread et sur CDS, dont les volumes moyens mensuels
auraient doublé entre 2003 et le début de l’année 2004 ;
– l’investissement dans les tranches equity de CDOs.
1. « Hedging activity by banks has been limited this year. It’s hedge funds that are
largely driving growth », cité par Patel (2004).
2. Décret 2002-1439 modifiant le décret 89-624 relatif aux OPCVM.
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226 Les produits dérivés de crédit
2.4. Entreprises
Comme nous l’avons vu au chapitre 2, les entreprises, à l’instar des ban-
ques pourraient devenir des utilisateurs massifs de produits dérivés de cré-
dit, comme elles les ont déjà pour les instruments de taux et de change.
Ainsi, durant la crise de l’énergie en Californie, la société Enron, désor-
mais passée à la postérité, avait été un utilisateur majeur de CDS pour se
prémunir contre les risques de contrepartie afférents à ses opérations de
physique et de dérivés d’énergie. Le Groupe Siemens, via sa filiale Siemens
Financial Services (SFS), est également un acteur connu sur les produits de
crédit « vanille ». SFS dispose en effet d’un mandat pour la gestion du por-
tefeuille de risques de crédit contracté par le Groupe au travers de créances
commerciales ou d’avances sur équipements. SFS est ainsi l’un des pion-
niers dans la mise en œuvre d’une stratégie calquée sur celle des établisse-
ments bancaires, faisant appel à des notions telles que le RAROC.
Au global, cependant, les entreprises restent actuellement des interve-
nants marginaux sur le marché des dérivés de crédit, même si leur partici-
pation devrait s’accroître, en particulier pour les émetteurs réguliers sur
les marchés de capitaux. C’est en effet en priorité dans le marché des déri-
vés de crédit qu’est négocié le spread de crédit, variable clé pour les stra-
tégies de financement des entreprises. Les trésoriers et directeurs finan-
ciers sont donc contraints d’être a minima des observateurs attentifs de ce
marché, voire amenés à jouer un rôle actif afin d’optimiser leurs condi-
tions de financement, comme nous l’avons vu précédemment.
De surcroît, ce marché offre de nouvelles opportunités aux entreprises
(via la mise en œuvre de stratégies de couverture de risque ou d’investis-
sement), même si celles-ci n’apparaissent pas immédiates et nécessitent
des réflexions spécifiques au préalable.
Il est certain que l’extension du marché des dérivés de crédit à la clien-
tèle finale des entreprises représente un enjeu majeur pour la croissance
et la pérennisation de celui-ci. Les entreprises constituent actuellement
« la nouvelle frontière » pour les banques d’investissement qui cherchent
systématiquement de nouveaux débouchés et de nouvelles applications
pour leurs produits.
Au-delà de la clientèle finale des entreprises, on peut également s’inter-
roger sur le rôle éventuel du marché des investisseurs particuliers (retail)
pour les dérivés de crédit, et en particulier le segment des produits struc-
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Le marché des produits dérivés et structurés de crédit 227
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228 Les produits dérivés de crédit
Parmi les acteurs de second rang, on peut citer les banques japonaises
qui se sont lancées sur le marché un peu plus tard, notamment par
l’embauche d’équipes de concurrents depuis la place de Londres. Seules
Nomura International et Mizuho ont su maintenir une part de marché
acceptable.
Chaque année, le magazine Risk publie un classement des principales
maisons actives sur le marché des produits dérivés de crédit (Global Deri-
vatives Awards). Ce classement est établi à partir de votes exprimés par les
clients des grandes institutions financières. Les résultats, par types de pro-
duits, sont résumés dans le tableau 5.9.
La banque JP Morgan Chase est régulièrement reconnue comme leader
sur le marché des dérivés de crédit « vanille ». Un petit groupe d’institu-
tions se partagent également les honneurs (Deutsche Bank, Goldman
Sachs, CSFB, Morgan Stanley). Ces mêmes acteurs sont également lea-
ders sur les autres produits « vanille » et les instruments de deuxième
génération.
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230 Les produits dérivés de crédit
CDOs synthétiques
CDOs sur portefeuilles statiques
(Whole capital structures)
2003 % des votes 2003 % des votes
1. JP Morgan Chase 19 1. JP Morgan Chase 25
2. Morgan Stanley 12 2. Goldman Sachs 21
3. Goldman Sachs 11 3. Deutsche Bank 13
CDOs single tranche
CDOs single tranche (junior/senior)
(equity/mezzanine)
2003 % des votes 2003 % des votes
1. Deutsche Bank 18 1. JP Morgan Chase 20
2. Goldman Sachs 17 2. Goldman Sachs 17
3. JP Morgan Chase 12 3. Morgan Stanley 15
Source : Risk (2003).
Tableau 5.13. – League table sur le marché des CDOs synthétiques en 2003
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234 Les produits dérivés de crédit
sante, les équipes de ventes fixed income aux banquiers seniors en charge
des la relation commerciale avec les institutions financières. Réussir à
combiner ces entrées représente un avantage afin d’obtenir des mandats
d’origination de CDOs de bilan ou bien d’opérations de restructuration de
portefeuilles, qui sont généralement extrêmement profitables pour les
intermédiaires. Certaines banques américaines, leaders dans ce domaine,
créent même des « plates-formes transversales » aux lignes de produits
(corporate banking, conseil, dérivés actions, fixed income, etc.) afin de ser-
vir aux mieux certains segments de clientèle spécifiques tels que les compa-
gnies d’assurance, qui partagent des problématiques communes (optimisa-
tion des fonds propres et du rating, gestion actifs-passifs, diversification du
portefeuille d’investissements, etc.).
*
* *
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Chapitre 6
1. Les créances bancaires, les dettes souveraines et les différents types d’obliga-
tions risquées (senior, subordonnée) n’ont pas le même comportement en cas de
défaut, notamment au niveau du taux de recouvrement.
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238 Les produits dérivés de crédit
1. L’évaluation des produits sur marge de crédit repose sur des principes diffé-
rents : valoriser un contrat à terme sur marge de crédit revient à déterminer la
structure à terme de cette dernière. Les options sur spread de crédit, quant à elles,
peuvent être notamment évaluées en modélisant le comportement du sous-jacent,
le spread, et sa volatilité.
2. Voir chapitre 2, section 1.2.
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L’évaluation des produits dérivés de crédit 239
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240 Les produits dérivés de crédit
Leur apport à la théorie des options est aujourd’hui connu de tous les
intervenants sur les marchés financiers. Ce qui est moins connu peut-être,
c’est que le travail initial de Black et Scholes portait non seulement sur les
produits dérivés sur actions, mais également sur l’évaluation de la dette
risquée d’une entreprise. L’article fondateur de Black et Scholes, publié
en 1973, s’intitule « The Pricing of Options and Corporate Liabilities » et
présentait déjà le point de vue selon lequel la dette d’une entreprise peut
être analysée et évaluée comme une option sur la valeur de celle-ci. Ce
point de vue, développé ensuite par Merton (1975) et d’autres, représente
le défaut comme un événement endogène défini à partir de la structure du
capital d’une firme, d’où le nom de « modèles structurels » parfois donné
à cette littérature.
La description de ces modèles fait l’objet de cette première section.
dVt
= µ dt + σ dWt
Vt
Black et Scholes montrent alors que ce flux peut être synthétisé par une
stratégie qui consiste à détenir à chaque instant t une quantité ϕt d’actif
sous-jacent donnée par :
1 T
ϕt = ∆( t, Vt ) = N( d1( Vt , K)) avec R( t, T ) =
T −t ∫0
r( t) dt
u
exp( − z2 / 2)
N (u ) = ∫ dz
−∞ 2π
log(Vt / K ) + (R(t , T ) + σ2 / 2)(T − t )
et d1(Vt , K ) =
σ T−t
et une position en numéraire ψt qui est fixée par la condition que le porte-
feuille s’autofinance.
T
[
C (T , K ) = exp − ∫0 r (t ) dt E max(X T − K , 0)
]
avec dXt
= r (t ) dt + σ dW t et X 0 = V0
Xt
Dans le cas d’une option d’achat (call), la valeur de C(T, K) peut être
calculée explicitement :
T
C (T , K ) = V0N (d 1(V0 ,K )) + K exp− ∫0 r (t )dt N (d2 (V0 ,K ))
log(V / K ) + (R (t ,T ) + σ 2 / 2 )(T − t )
d1( V, K) =
σ T− t
log( V / K ) + ( R( t, T ) − σ2 / 2)(T − t )
d2 ( V, K ) =
σ T −t
Cette méthode ne se limite pas aux seules options d’achat : elle est géné-
rale et s’applique aux options de vente, options à barrières, etc. Elle est
rendue possible par le fait que le modèle de Black-Scholes est un exemple
de modèle de marché complet : toute option peut être répliquée par une
stratégie de couverture faisant intervenir son sous-jacent. La valeur de
l’option est alors déterminée de façon unique, par absence d’opportunité
d’arbitrage, comme étant égale au coût de cette stratégie de réplication.
Insistons sur le fait que la possibilité de répliquer le flux terminal de
l’option suppose que le sous-jacent soit échangeable sur le marché : dans
les applications classiques du modèle de Black-Scholes, il s’agit, par exem-
ple, d’une action ou d’un contrat à terme. On verra que cette hypothèse ne
va pas de soi dans les modèles structurels de risque de crédit.
dVt
= µ dt + σ dWt
Vt
Les créanciers de la firme ne peuvent la forcer à déposer le bilan avant
T : le défaut ne survient qu’en cas de non-remboursement du nominal du
zéro-coupon à l’échéance. À la date T, si la valeur de la firme est supé-
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244 Les produits dérivés de crédit
D( t, T ) = Vt N ( − d1( Vt , L)) + L B( t, T ) N( d2 ( Vt , L) )
T
S0 = V0 N ( d1(V0 , L)) + K exp −∫0 r(t ) dt N ( d2 ( V0 , L ))
où L B( t, T )
l (t ) =
Vt
50
800
40
600
30
400
20
10 200
0 0
août-01 octobre-01 décembre-01 février-02 avril-02 juin-02
Source : Deutsche Bank Global Markets Research.
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248 Les produits dérivés de crédit
V actifs − V dette
DD =
V actifs × σ actifs
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L’évaluation des produits dérivés de crédit 249
Valeur
de marché
des actifs
Distance au défaut
Obligations
Probabilité
de défaut
les évolutions des cours boursiers des sociétés sont-elles le juste reflet du
risque de crédit de celles-ci ou bien dépendent-elles d’autres facteurs ?
Notons que, pour des raisons de calcul, on a supposé que L est lognor-
male, ce qui peut générer des taux de recouvrement supérieurs à 1 !
L’idée est d’exprimer ensuite ces paramètres en fonction de grandeurs
observables dans le marché : on se sert de la valeur présente de l’action S 0,
d’une valeur de référence pour l’action S*, et d’une estimation σs de la
volatilité de l’action pour exprimer différemment la formule ci-dessus :
Chemin en l’absence
de défaut
V0 2V 0σ T
Loi log-normale
Barrière LD 2λI.D
Point de défaut
Temps T
Dans cette méthode, comme on peut le voir sur le graphique 6.3, la bar-
rière de défaut est inconnue, son niveau étant révélé au moment du défaut.
2. Modèles à intensité
Comme nous l’avons souligné plus haut, les modèles basés sur la
« valeur de la firme » présentent plusieurs limites fondamentales :
– ils réduisent le risque de crédit au risque de marché, lui-même lié à la
volatilité des actifs de la firme. Ceci implique en particulier un lien étroit
entre le risque des actions et le risque obligataire d’un même émetteur ;
– le facteur de risque principal, la « valeur de la firme », n’est pas une
grandeur observable sur les marchés, ce qui complique l’estimation et l’uti-
lisation de ces modèles ;
– il est difficile d’y intégrer des facteurs de risques supplémentaires tels
que le risque de taux d’intérêt, tout en gardant un niveau de complexité
raisonnable ;
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254 Les produits dérivés de crédit
n t
∏ (1− λ (tk )∆ t ) → P(τ > t) = exp − ∫ λ ( s)ds
k=1 0
En conditionnant par l’information en t, on obtient que la probabilité de
survie en T, sachant que le défaut n’a pas eu lieu jusqu’en t, est donnée
par :
T
P (τ > T τ > t ) = exp − ∫ λ(s )ds
t
donc la fonction λ(t) peut être choisie pour reproduire n’importe quelle
structure par terme des spreads de crédit, ce qui est l’un des principaux
avantages de ces modèles par rapport aux modèles structurels où la forme
de la courbe des spreads est imposée.
En particulier, il est possible dans ces modèles de générer des spreads
réalistes sur des maturités courtes, ce qui n’est pas le cas dans les modèles
de Merton et Black & Cox.
au marché du crédit (la volatilité des actifs, la valeur des actions, le nomi-
nal de la dette), la logique des modèles à intensité est celle d’une évalua-
tion relative.
Les spreads de crédit pour les différentes maturités constituent un
ingrédient du modèle et non un résultat de celui-ci : une fois déterminée la
courbe des spreads de crédit s(t, T) d’un émetteur de référence, il est pos-
sible d’en déduire l’intensité de défaut par la procédure décrite ci-dessus.
Les instruments de référence utilisés pour calibrer le modèle peuvent être
des obligations risquées ou, de façon plus courante, les CDS. Insistons sur
le fait que cette intensité de défaut, implicite dans les prix de marché, n’est
en rien une estimation des probabilités (historiques) de défaut, telle
qu’elle ressort par exemple des études des agences de notation décrites au
chapitre 1.
Dans le jargon de la théorie d’arbitrage, l’intensité de défaut modélisée
dans le cadre de ces modèles permet de calculer la probabilité risque-neu-
tre de défaut à divers horizons.
Une fois l’intensité de défaut calibrée pour reproduire la valeur obser-
vée de certains instruments de référence (obligations risquées, CDS), il est
possible de calculer la valeur d’un flux terminal H, comme l’espérance ris-
que neutre actualisée de H :
T
t
[
Vt ( H ) = exp − ∫ r( s)ds E H Ft ]
En notant H0 le paiement en cas de défaut et H1 le paiement en cas de
survie, on obtient :
T T
Vt (H ) = exp − ∫ r( s)ds 1 − exp − ∫ λ( s)ds
t t
T
[ ] [
E H 0 Ft + exp − ∫ (r (s )+ λ (s )) ds E H 1 Ft
t
]
Cette méthode d’évaluation garantit l’absence d’opportunité d’arbitrage
entre les instruments évalués et les prix de marché utilisés pour calibrer le
modèle : CDS, obligations risquées, etc. Cependant, le rapport entre cette
évaluation et le coût d’une éventuelle couverture de H par les instruments
de référence (typiquement, les CDS) n’est pas facile à analyser.
Contrairement aux modèles structurels, les modèles à intensité n’ont en
effet pas de message clair sur la couverture des produits dérivés de crédit.
sous les résultats d’une étude empirique menée sur le marché américain
par Longstaff et Schwartz (1995).
Celle-ci s’intéresse au comportement des spreads de crédit des obliga-
tions corporate. Ces derniers sont principalement déterminés par deux fac-
teurs, le premier lié à la valeur des actifs de la firme, le second aux mouve-
ments des taux d’intérêt.
Afin d’expliquer les variations des spreads, les auteurs régressent celles-
ci sur deux facteurs :
– les variations de taux d’intérêt (représentées par les fluctuations du
rendement des titres d’État américains – Treasuries – à 30 ans, notées ∆Y) ;
– la rentabilité sur les actifs sous-jacents (représentée par la rentabilité
des indices Standard & Poor’s du marché des actions pour les trois sec-
teurs industriels concernés par l’étude – utilities, industrials et railroads –
notée I).
L’équation de régression est la suivante (avec ∆S, variation des spreads
de crédit) :
∆S = a + b∆Y + cI + ε t
Tableau 6.2. – Résultats des régressions statistiques sur les marges de crédit
Nombre
a b c R2
d’observations
Aaa Utilities 0,00583 – 0,04413 – 0,54885 0,015 179
Aa Utilities 0,00548 – 0,07725 – 0,77623 0,025 189
A Utilities 0,00766 – 0,21993 – 1,25687 0,146 189
Baa Utilities 0,00928 – 0,18386 – 1,62075 0,107 189
dλ( t) = − a1 ( b1 − λ( t)) dt + c1 λ( t) dW 1t
dr( t) = − a2 ( b2 − r( t)) dt + c 2 r( t) dW 2t
avec une éventuelle corrélation entre les mouvements browniens W1 et W 2
(voir Schönbucher, 2002).
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260 Les produits dérivés de crédit
dλ ( t) = − a( b − λ ( t)) dt + c λ ( t) dWt
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262 Les produits dérivés de crédit
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L’évaluation des produits dérivés de crédit 263
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264 Les produits dérivés de crédit
3.2. CreditMetrics
Le 2 avril 1997, la banque américaine JP Morgan, pionnier sur le mar-
ché des dérivés de crédit, a dévoilé CreditMetrics, le premier modèle de
portefeuille destiné à la gestion du risque de crédit. En 1994, la banque
avait déjà rendu publique sa méthodologie de gestion des risques de mar-
ché, RiskMetrics 1 , en espérant ériger cette dernière comme le modèle de
référence pour les années à venir et assurer ainsi sa prééminence sur le
segment en forte croissance pour les banques d’affaires du conseil en ges-
tion des risques (risk management advisory).
La sortie de CreditMetrics s’inspire de ce précédent. L’objectif princi-
pal avoué de JP Morgan est de favoriser la compréhension et l’utilisation de
méthodes de gestion adéquates du risque de crédit, jusqu’à présent moins
bien connu et maîtrisé que les autres risques de marché. C’est une des rai-
sons qui ont conduit la banque américaine à s’associer avec d’autres institu-
tions afin de promouvoir le produit, alors que cette dernière avait lancé
1. RiskMetrics a depuis été cédée par la banque JP Morgan et est devenue une
société indépendante de conseil en gestion des risques. C’est elle qui administre le
produit CreditMetrics.
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L’évaluation des produits dérivés de crédit 265
Séries
Portefeuille Notations Marges de notations
Séniorité
de l'utilisateur de crédit de crédit Séries de cours
d’actions
(contribution
au risque Faible contribution
total du au risque du portefeuille,
portefeuille) exposition importante
Faible
Faible Importante
Taille absolue de l’exposition (par débiteur)
Source : Masters (1997).
Le débiteur
retient sa note
de BB
Défaut
75 30
États-Unis
15 10
Royaume-Uni
10 60
Allemagne
Finance
35 10
Technologie
40 40
15 25
Automobile
25 50
Risque Risque
spécifique de spécifique de
la sociéte la société
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L’évaluation des produits dérivés de crédit 271
Cette façon de créer une dépendance entre des variables en les transformant
d’abord en variables normales puis en les couplant par une matrice de corréla-
tion est l’exemple le plus simple d’utilisation de « copules » pour coupler des
variables aléatoires. En l’occurrence, il s’agit du « copule gaussien ». D’autres
exemples d’utilisation de copules sont décrites par Schönbucher (2002).
L’approche de CreditMetrics présente plusieurs limites. Comme nous
l’avons déjà souligné, le modèle utilise les statistiques des agences de nota-
tion pour en déduire les matrices de transitions, dont nous avons souligné
la partialité en termes de couverture géographique et d’instruments finan-
ciers de référence. De surcroît, ces données accusent souvent un certain
retard par rapport à l’évolution des spreads de marché. Par ailleurs, rien
ne prouve que les corrélations et taux de migration utilisés par CreditMe-
trics se reproduisent à l’identique au cours des années suivantes. Enfin,
CreditMetrics suppose que tous les émetteurs dans une même catégorie de
notation possèdent le même comportement vis-à-vis du défaut, ce qui
constitue une hypothèse simplificatrice.
Au regard de ces critiques, le modèle CreditRisk+ a apporté quelques
innovations.
3.3. CreditRisk+
En octobre 1997, Credit Suisse Financial Products (CSFP), la filiale de la
banque Credit Suisse sur les marchés dérivés, a, à son tour, publié sa méthodo-
logie de gestion des risques de crédit, CreditRisk+. Celle-ci est fondée sur
l’appréciation de taux de défaut par classes de notation et de la volatilité agré-
gée de ceux-ci. Ce modèle a été développé au sein de CSFP depuis 1996, et mis
en œuvre dans l’ensemble du groupe Credit Suisse en décembre 1996. Parmi les
sponsors qui se sont joints à l’initiative de la banque suisse, on retrouve les agen-
ces de notation Moody’s, Standard & Poor’s, Fitch-IBCA, le Japanese Bond
Research Institute (JBRI), les cabinets d’audit et de conseil Arthur Andersen,
Price Waterhouse et KPMG, ainsi que le professeur de finance John Hull.
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272 Les produits dérivés de crédit
1. Pour les auteurs de CreditRisk+, les corrélations sont instables dans le temps,
et dépendent de la période historique de calcul choisie. De plus, pour les débiteurs
dont ni la dette, ni les actions ne sont cotées, il n’existe aucun moyen de déterminer
mathématiquement ces corrélations.
2. Chaque débiteur est classé par le modèle dans une catégorie de risque don-
née qui se trouve sujette à un facteur systémique unique, responsable de l’incerti-
tude liée au niveau absolu du taux de défaut des actifs appartenant à cette classe
de risques.
3. Cette question est traitée plus en détail au chapitre suivant, section 1.2.
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L’évaluation des produits dérivés de crédit 273
Probabilité
Perte anticipée
0,25 %
0,20 %
0,15 %
Niveau de perte
0,10 %
au 99e centile
0,05 % Perte
Capital économique (millions
de dollars)
0%
0 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1 000
Quantifié au moyen
Tarification
Capital de la banque de scénarii extrêmes
des crédits
et/ou provisions et contrôlé par l’imposition
et provisions
de limites de concentration
Source : Credit Suisse Financial Products (1997).
*
* *
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Chapitre 7
LES IMPLICATIONS
DU DÉVELOPPEMENT
DES DÉRIVÉS DE CRÉDIT
1. « …the growth of credit derivatives could change the very nature of banking
itself. If credit risk can be divorced easily from loans, the link between a bank and
its borrowers will change : the possibility of default will no longer tie the two so clo-
sely together. Inevitably, that will be another nail in the coffin of old-fashioned
relationship banking », The Economist (1996).
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Les implications du développement des dérivés de crédit 279
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Les implications du développement des dérivés de crédit 281
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Les implications du développement des dérivés de crédit 283
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284 Les produits dérivés de crédit
Europe États-Unis
50 % 50 %
40 % 40 %
30 % 30 %
20 % 20 %
10 % 10 %
0% 0%
Dette Actions Fusions- Dette Actions Fusions-
acquisitions acquisitions
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Les implications du développement des dérivés de crédit 285
Capital réglementaire
120
Capital économique
100
80
60
40
20
0
Crédit Crédit à Finance- Dépôts Fixed Actions
« vanille » valeur ment et services income et corporate
ajoutée d’actifs de paiements finance
RAROC 10 % 15 % 25 % 55 % 25 % 40 %
Rentabilité
des fonds
5% 15 % 10 % NS 30 % >100 %
propres
réglementaires
Source : Oliver, Wyman & Company, Morgan Stanley (2002).
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Les implications du développement des dérivés de crédit 287
des fonds propres diffèrent entre les régimes, l’introduction des normes
IAS 1 à l’horizon 2005 devrait permettre une certaine convergence dans ce
domaine ;
– les fonds propres normatifs (ou réglementaires ou prudentiels) cor-
respondent au montant de capital minimum déterminé par les autorités de
supervision des activités bancaires pour autoriser un établissement à exer-
cer ses activités ;
– enfin, les fonds propres économiques peuvent se définir comme le
montant cible de fonds propres que doit détenir un établissement bancaire
en soutien de ses opérations, en fonction d’un niveau de solvabilité requis.
Ceux-ci sont calculés par l’agrégation de l’ensemble des risques encourus
par une banque.
Afin de déterminer les fonds propres économiques, les banques utili-
sent des modèles qui reposent sur l’estimation de la fonction de densité
des pertes de crédit (probability density function ou PDF).
Cette fonction permet d’estimer la probabilité que les pertes subies au
niveau du portefeuille de risques excède un seuil X (seuil de solvabilité,
exprimé sous forme de fractile). De manière synthétique, on peut dire
qu’un portefeuille est d’autant plus risqué que la « queue » de distribution
est « longue et épaisse » (ou, autrement dit, que les actifs du portefeuille
sont fortement corrélés) et, dans un tel cas, le montant de fonds propres
économique devant être immobilisé par l’institution financière sera
d’autant plus élevé. Ces approches ne sont pas sans rappeler les méthodo-
logies présentées au chapitre précédent.
Les principaux paramètres permettant de déterminer une distribution
de pertes de crédit sont la définition de la perte de crédit en elle-même, le
choix d’un horizon temporel et la modélisation de la corrélation entre les
actifs analysés 2.
• Le concept de perte
En ce qui concerne le concept de perte, deux types d’approches sont
utilisés :
– les modèles binaires de défaut/non-défaut ;
– les modèles s’appuyant sur l’évolution (discrète ou continue) de la
qualité de chaque crédit : un gain (ou une perte) peut être engendré(e) par
l’évolution de la qualité de crédit, même si le défaut n’intervient pas
durant la période d’étude.
Dans le cadre binaire, seul le défaut implique une perte. Cette approche
se justifie par le fait que les banques ne sont pas tenues de réévaluer en
mark-to-market les actifs présents au bilan de leur activité commerciale.
Les variables sont donc uniquement la probabilité de défaut et le taux de
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288 Les produits dérivés de crédit
• L’horizon temporel
Contrairement à l’analyse en VaR des risques de marché où l’horizon
temporel est de quelques jours, la durée cadre utilisée communément pour
le risque de crédit est l’année. Cette pratique repose sur l’hypothèse que
la durée nécessaire pour qu’une banque se sépare de ses créances douteu-
ses ou modifie la composition de son bilan est au minimum d’un an. Dans
le cadre des risques de marché, la durée nécessaire pour solder ou liquider
des positions n’est, en théorie, que de quelques jours. Cet horizon d’ana-
lyse s’explique également par la faible fréquence des événements utilisés
dans la modélisation d’un portefeuille de crédit, en particulier les change-
ments de notation et défaut.
Le choix d’une durée d’un an n’a pas de fondement strictement établi.
Il peut éventuellement se justifier, pour l’approche par transitions ou
multi-états, à condition que les actifs soient effectivement négociables ou
puissent faire l’objet d’une couverture à un coût raisonnable à cet horizon.
Par contre, ce choix est plus arbitraire pour un modèle binaire fondé sur
les défaillances. D’une part, une telle approche doit tenir compte de la
durée totale d’exposition au risque pendant laquelle un défaut est suscep-
tible de survenir, et cette durée peut sensiblement différer d’un actif à
l’autre. D’autre part, et c’est l’objection majeure qu’on peut émettre, les
risques de crédit se cumulent en fonction du temps et sont, de surcroît, cor-
rélés dans le temps.
• Le seuil de solvabilité
Dans un dernier temps, il est nécessaire de définir le seuil de solvabilité,
qui permet de déduire le capital économique à partir de la distribution des
pertes.
À la différence de la modélisation, qui nécessite des composantes tech-
niques incontournables, le choix de l’intervalle de confiance a un caractère
plus stratégique que technique pour la banque. En effet, pour que le
modèle devienne un outil d’allocation du capital, le gestionnaire doit
déterminer le degré souhaitable d’aversion au risque, à savoir l’intervalle
de confiance toléré dans la distribution ou, encore, le quantile de ce risque
maximum tolérable au-delà duquel les revenus courants et le capital ne
couvrent pas le risque maximum.
Cette problématique est liée à l’objectif de solidité financière de la ban-
que par rapport au risque de faillite. Elle peut généralement être rappro-
chée d’une classe de risque déterminée par les agences de notation (par
exemple 99,97 % pour une notation AA chez Standard & Poor’s).
Le graphique suivant présente un type de PDF (distribution probabili-
sée de pertes). Nous y avons indiqué les variables importantes mention-
nées dans cette partie (perte moyenne, fractile et capital économique).
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Les implications du développement des dérivés de crédit 289
4,5 %
Intervalle
Pertes moyennes :
4,0 % de confiance :
2,50 %
12,00 %
3,5 %
3,0 %
2,5 %
Probabilité
2,0 %
1,5 %
1,0 %
Marges Capital
0,5 % ou provisions économique
ex-ante
0,0 %
0,0 % 2,0 % 4,0 % 6,0 % 8,0 % 10,0 % 12,0 % 14,0 %
Pertes
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290 Les produits dérivés de crédit
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292 Les produits dérivés de crédit
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Les implications du développement des dérivés de crédit 293
• Émergence du marché
Le marché secondaire des crédits bancaires est apparu aux États-Unis
en 1991 avec quatre teneurs de marché disposant de 1,5 milliard de dollars
de fonds propres pour gérer cette activité. Au cours des années 1980, des
transactions avaient lieu sur créances bancaires, mais elles ne faisaient pas
l’objet d’un marché actif avec teneurs. Elles étaient essentiellement le fait
de banques voulant se débarrasser de prêts déjà provisionnés et qui, à
leurs yeux, avaient peu de chance de revenir près du pair. Les contrepar-
ties d’alors étaient des fonds spéculatifs, surnommés « fonds vautours »
(vulture funds), qui achetaient ces créances à 20 ou 25 cents sur le dollar et
pariaient sur une amélioration de la qualité du crédit sur un horizon de
moyen terme afin d’obtenir un rendement équivalent à ce qu’ils auraient
pu espérer sur une position en actions.
Les années 1990 se caractérisent par le fait que tous les types de créan-
ces sont échangés, et non plus seulement des actifs décotés (distressed).
Le graphique 7.4 montre l’évolution du marché en volumes de créances
échangés aux États-Unis, en respectant la distinction entre créances déco-
tées (qui, par définition, se négocient en dessous de 80 % du pair) et celles
au pair (par) ou près du pair (near-par), qui se traitent entre 80 % et 100 %
de leur valeur faciale.
100
41,7
Au pair
24,0 47,6
Décotée
80
8,9
11,8
60
9,0
40 78,0 75,8
6,1 70,2
65,8 64,9
8,2
51,6
20
7,8 33,5
8,8 25,6
4,4 6,2 13,0
3,6 4,9 6,3
0
1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002
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294 Les produits dérivés de crédit