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du sport
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MANAGEMENT SUP
Management
du sport
5e é d i t i o n
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Réalisation de la couverture : WIP Design
© Dunod, 2018
11 rue Paul Bert, 92240 Malakoff
www.dunod.com
ISBN 978-2-10-078248-2
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Sommaire
Préface 1
Introduction 7
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Management du sport
Conclusion 269
Bibliographie 271
Index 279
Liste des sigles utilisés 281
VI
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Préface
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Préface
le marché. J’entends : le business model du sport pro ne survivra que s’il parvient à
se penser lui-même davantage comme une activité économique comme les autres,
mais à condition d’intégrer deux nécessités impératives : l’innovation et la « dé-
passionnalisation » (si je m’autorise ce néologisme).
L’innovation doit se faire dans deux domaines d’action : les produits et les infras-
tructures. Je connais bien la problématique liée aux unes et aux autres puisque le FC
Metz s’est, d’une part, engagé dans une profonde refonte de ses produits au sens
commercial du terme, et qu’il est, d’autre part, quotidiennement confronté aux vicis-
situdes, aux manques, aux imperfections et à l’inadaptation de ses infrastructures.
Reconsidérer la gamme de ses produits, c’est modier le logiciel de pensée qui a
transformé le sport en une activité économique. C’est s’apercevoir que si la glo-
rieuse incertitude du sport a donné naissance au football business, elle est devenue
aujourd’hui un franc obstacle à sa pérennisation si rien ne bouge dans la façon qu’a
le sport d’aborder son avenir. Prenez les clubs professionnels de football français.
En 2017, ils tirent leurs revenus de quatre sources principales : les droits audiovi-
suels, les produits nets issus des transferts de joueurs, les recettes de sponsoring, les
recettes de billetterie et de jour de match. Le montant des deux premiers types de
revenus, qui sont aussi les plus importants en valeur et en pourcentage, sont méca-
niquement liés au niveau de championnat dans lequel le club évolue. Les deux
derniers continueront de l’être si ce changement de façon de penser n’a pas lieu.
Pourquoi cela est-il nécessaire ? Parce que la glorieuse incertitude du sport étant
irrémédiable dans les ligues ouvertes que sont les championnats français, les contre-
performances sportives ne peuvent être rationnellement évitées de manière certaine
sur le long terme. Par voie de conséquence, les clubs qui continuent eux-mêmes à
diffuser à leurs clients (quels qu’ils soient : supporters passionnés, grand public,
chefs d’entreprises), le message que l’attrait du produit vendu (des places de
matches, des billets d’hospitalité, des opérations d’activation dans le stade, etc.) est
valorisé selon le championnat dans lequel le club évolue et/ou selon l’adversaire
rencontré, ces clubs sont voués à connaître irrémédiablement, à un moment ou à un
autre, un accident économique causé par des difcultés sportives. Ceci est vrai que
le club soit dominant ou qu’il le soit moins puisqu’un accident sportif, par nature
non programmé, pour un club de haut de tableau (une défaite prématurée en Coupe
d’Europe) ou pour un club de bas de tableau (une relégation en division de cham-
pionnat inférieure) aura la même conséquence : une mise en danger économique
pour un club qui aura construit son budget sur la foi de performances sportives rai-
sonnablement envisageables et de recettes économiques induites qui nalement
n’arriveront pas.
Les clubs d’envergure internationale, pourtant, l’ont bien compris et certainement
plus tôt que les autres : ils ont développé depuis plusieurs années des visions
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Préface
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Préface
vendre des abonnements en juin, quitte à saturer l’emploi du temps estival des
équipes commerciales et à se soumettre aux conclusions sportives de l’exercice en
cours : vendons des abonnements toute l’année !
Ne perdons pas non plus à l’esprit que, s’ils ont presque tous un rayonnement
national voire international, la plupart des clubs sportifs professionnels restent avant
tout des PME locales. En France, cela ne concerne pas bien sûr les quatre clubs qui
trustent aujourd’hui plus de 52% du chiffre d’affaires de l’ensemble des clubs pro-
fessionnels français, à savoir le Paris Saint-Germain, l’AS Monaco, l’Olympique
Lyonnais et l’Olympique de Marseille (Ernst&Young Advisory, 11/2017). Mais les
autres clubs doivent essentiellement œuvrer dans un environnement local plus ou
moins favorable en termes d’activité économique, et plus ou moins concurrentiel en
termes d’offres de divertissements culturels ou sportifs. Avec des clients dont la
plupart restent encore des passionnés du club, des passionnés de sport. Voilà tout
l’enjeu des années à venir pour les clubs pros : parvenir à raisonner le produit tout
en conservant dans le sillage de leur demande naturelle les passionnés et les suppor-
ters qui constituent un élément d’identité très fort de chaque club, donc un élément
inaltérable.
Ces challenges stratégiques que le sport professionnel doit et devra affronter, ne
seront réussis qu’en développant ou en renforçant une méthode de management
moderne. Attirer des talents n’est pas et n’a jamais été la chose la plus difcile
lorsque vous êtes un club pro. Les retenir, par contre, est autrement plus malaisé.
Manager un club sportif professionnel, c’est ainsi faire vivre ensemble des popula-
tions franchement différentes : des sportifs de haut niveau dont la jeunesse, forcé-
ment à part, les a façonnés ; des entraîneurs qui subissent une pression médiatique
et professionnelle immense ; ou encore des personnels administratifs et médicaux
souvent issus du cru local et qui incarnent l’engagement sur la durée, qui sont sou-
vent les gardiens des valeurs du club. Ces personnes, différentes par leur nature, par
leur fonction et par l’échelle de leurs rémunérations, peuvent aussi courir après des
objectifs différents au sein du même club : la performance sportive, la recherche
d’activations de partenariats avec des sportifs, l’atteinte des chiffres annuels,
l’image sociale et sociétale du club, etc.
L’art du « management » est alors bien plus celui du chef d’orchestre qui fait
tourner le « manège » que celui du patron à l’ancienne qui veut contrôler, manier
(de l’italien maneggiare), imposer. Dans cet environnement exposé qu’est le sport
professionnel, le coaching, la motivation, la présence doivent guider l’action du
manager. La diversité des caractères et des prols, si possible différents de ceux du
manager, doit constituer une richesse pour l’institution sportive. Les équipes,
quelles que soient leurs nalités (sportive, commerciale, administrative), doivent
être en interaction constante et ne pas ériger des silos immuables et infranchissables.
Enn, et vous me permettrez de conclure ainsi, la féminisation des forces vives ne
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Préface
doit plus être perçue comme une incongruité, une scorie, une exception. La présence
de la gent féminine dans les organigrammes des institutions sportives ne doit pas
être favorisée, elle ne doit pas être stigmatisée. Elle ne doit tout simplement plus être
commentée. On ne commente plus la normalité.
Hélène Schrub, directrice générale du FC Metz1
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
1. Âgée de 34 ans, Hélène Schrub, diplômée en Sciences Politiques et en Économie du sport, est la seule femme
aux commandes d’un club de football français professionnel. Elle a également un vécu de footballeuse en club et
de supportrice de son club d’enfance : le FCMetz
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Introduction
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Introduction
Par ailleurs, nous avons affaire à un secteur d’activité dont les contours sont par-
ticulièrement ous, ce qui en rend l’estimation d’autant plus hasardeuse. Tout
dépend, en effet, de l’approche qu’on en a. Une approche de type sociologique,
visant à analyser les usages et la réalité sociale du phénomène sportif, aboutit inévi-
tablement à une estimation très uctuante (Duret, 2012). Selon le sociologue
Pociello (1999, p.27), le sport étant un « terme polysémique […] connu de tous et
sujet de conversations ordinaires, les meilleurs experts ne parviennent pas à le dé-
nir précisément en dénotation ». Une promenade en forêt ou une sortie à vélo
peuvent être ou ne pas être qualiées de sportives, car c’est davantage le sens que le
pratiquant donne à son acte et les représentations qui l’accompagnent que la réalité
corporelle de la pratique, qui permettent de le dénir. Telle personne, agacée par
l’omniprésence médiatique du sport, préférera une dénition plus culturelle de ses
activités de loisirs. Telle autre passionnée de sport nourrira l’illusion de faire du
sport à toute occasion. Une simple promenade se transforme en marche sportive dès
lors que le promeneur prend soin de l’associer à un équipement technique et que son
discours social vient souligner la dénition sportive qu’il donne à son activité (le
discours qui annonce la promenade puis celui qui la relate). Ce n’est donc pas
l’activité en elle-même –objectivement sportive ou non1 – qui est qualiante mais
l’imaginaire de l’acteur, son mode de vie et de consommation tels qu’il les formule.
Mais peut-on aller jusqu’à dire que l’activité est sportive dès lors que l’acteur le
déclare et consomme des articles de sport pour la mettre en scène socialement ?2 La
question est régulièrement posée aux instances ofcielles olympiques. Les adeptes
des « sports cérébraux » notamment revendiquent un label sportif et leur participa-
tion aux Jeux Olympiques ; les pratiquants de jeux vidéo également. La question se
pose aussi en termes de cultures nationales : aux États-Unis, la chasse est considérée
comme un sport populaire, rarement en Europe ; en Grande-Bretagne, les échettes
sont un sport traditionnel ; en France, elles sont un simple divertissement.
La difculté est réelle. La solution passe par une approche marketing visant
davantage à repérer un marché qu’à analyser une réalité sociale. En effet, savoir que
les deux tiers des vêtements sportifs sont utilisés pour un usage non sportif ne pose
pas véritablement problème aux fabricants. Ils intègrent le détournement (ou l’ex-
tension) d’usage dans leur estimation du marché et de ses segments. Si l’achat d’un
vêtement de sport technique est l’achat d’un symbole de sportivité par des
1. Nous pouvons dénir le sport comme étant une activité corporelle non utilitaire. Se rendre à son travail à vélo
n’est pas faire du sport car cela présente une utilité de déplacement. Par contre, grimper un col pour le plaisir, c’est
faire du sport car l’utilité se trouve dans l’activité elle-même. Cependant, cette dénition présente l’inconvénient
majeur d’exclure le sport dit « professionnel », c’est-à-dire celui dont la nalité est économique. Un coureur cycliste
professionnel pédale pour gagner de l’argent, ni pour se faire plaisir, ni pour être en forme.
2. Cf. la dénition historique des sociologues Irlinger, Louveau et Métoudi datant de 1987 : « le sport, c’est ce
que font les gens quand ils pensent qu’ils font du sport » (in P. Mignon, G. Truchot, Les pratiques sportives en
France, Insep, 2002).
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Introduction
non-pratiquants, nous pouvons penser que l’engagement plus ou moins réel dans
une pratique sportive correspond à la même motivation sociale. Adhérer à un club
de tennis pour y faire des rencontres et pouvoir alimenter des conversations de
bureau, ce n’est certes pas « faire du sport » mais c’est, d’une certaine façon,
consommer des services sportifs. C’est accéder à des symboles de positionnement
social. Nous avons affaire également à un détournement d’usage (Ohl, 2001 ; Ohl et
Tribou, 2004).
Face à cette demande de pratiquants difcile à cerner, dont certains s’adressent à
des prestataires (demande effective) et que d’autres préfèrent auto-organiser
(demande potentielle), les offreurs sont multiples. Dans un premier chapitre, nous
abordons cette diversité des prestataires au sein d’un marché des services sportifs
segmenté. Le deuxième chapitre vise à analyser la spécicité de l’offre des clubs
sportifs, puis à proposer quelques éléments de leurs stratégies marketing, notam-
ment en matière d’innovation sportive. Le chapitre suivant porte sur leurs politiques
de communication souvent axées sur l’événementiel et leurs politiques de sponso-
ring qui dépassent l’objectif immédiat de nancement. Le quatrième chapitre aborde
la question de la gestion particulière de ressources humaines composées de salariés
et de bénévoles, de personnels tertiaires et de sportifs professionnels. Les chapitres
suivants traitent des nances des clubs et de la gestion des coûts sous contrainte
d’une réglementation spécique au secteur sportif, et visent à analyser les conditions
d’une efcience des clubs sur un marché du sport devenu très concurrentiel.
Le l directeur de cette nouvelle édition, mise à jour en fonction des derniers
textes réglementaires et de l’actualité sportive, est de montrer la spécicité du mana-
gement du sport (Tribou, 1994, 2011, 2013). En effet, nous posons l’hypothèse que
gérer un club sportif ne consiste pas simplement à appliquer les outils classiques de
la gestion au produit sportif. Le sport a une histoire : celle du sport amateur codié
par le mouvement olympique et devenu phénomène de société de loisirs dans une
économie globalisée. Il a ses acteurs : clubs associatifs et professionnels, mouve-
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Chapitre
Le marché
des services
1 sportifs
OBJECTIFS
Appréhender la diversité économique et juridique des clubs amateurs
etprofessionnels.
Identifier les consommateurs de sport et leurs motivations.
Repérer la segmentation du marché et le positionnement des clubs.
SOMMAIRE
Section 1 Le système d’offre : diversité desentreprises dusport
Section 2 La demande de sport en France etsasegmentation
Section 3 Le positionnement desclubs sportifs
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Le marché des services sportifs ■ Chapitre 1
Section
1 LE SYSTÈME D’OFFRE : DIVERSITÉ DESENTREPRISES
DUSPORT
1 La diversité économique
positif n’est pas un but en soi, c’est un moyen d’autonancer son développement et donc
d’atteindre mieux encore ses objectifs associatifs. La politique de prix s’inscrit dans cette
nalité éthique : on peut proposer une prestation à perte si on vise à favoriser l’accès à
une pratique jugée socialement souhaitable ; inversement, on peut augmenter le prix
d’une autre prestation jugée secondaire, an de nancer un investissement ou d’éponger
le décit de la première (pour parvenir à équilibrer recettes et dépenses). Mais le secteur
associatif n’échappe pas au marché, parce qu’il doit réagir à la concurrence des presta-
taires publics et marchands sur un marché générique particulièrement large des services
à caractère sportif. Le secteur associatif se dénit ainsi à partir d’un système d’objectifs
éthiques et d’une gestion sous contrainte, ce que résume la gure1.1.
1. Voir également le numéro spécial de la revue Empan (107, 2017-3) : Le management associatif, un manage-
ment innovant ?
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Chapitre 1 ■ Le marché des services sportifs
Coûts
Sponsor
de gestion
Éthique Financement Être rentable
utilitariste
des intérêts
particuliers
État CLUBS
Éthique Subventions SPORTIFS
de l’intérêt Éthique
général associative
Collectivités
locales et
territoriales Subventions
Autofinancement
Éthique
Choix politiques
de l’intérêt
général
financements
Recherche
Actions marketing
Concurrents
PRIX
des clubs sportifs
Marchands et
non marchands
marketing
Actions Effets
marketing
Demande
Adhérants
Spectateurs
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Le marché des services sportifs ■ Chapitre 1
pratiquants et qui, dans une moindre mesure, recherchent aussi des capitaux
auprès des partenaires des clubs.
Par ailleurs, un club associatif peut se trouver en situation de concurrence ou de
monopole relatif, ce qui a un effet direct sur sa gestion.
Un monopole peut se dénir autour de l’idée de liberté économique : liberté de
produit et liberté de prix. Ainsi, nous pouvons avancer que les clubs afliés à la
Fédération française de natation ont le monopole des prestations pour préparer aux
championnats ofciels et les organiser. L’absence de concurrence directe rend le
marché captif (consommation obligée du produit offert, sinon rien ; et au prix xé
par l’offre) ; mais au risque cependant de décourager la demande. En effet, si le
nageur compétiteur n’est pas satisfait, il peut fort bien changer de discipline (passer
au triathlon). Une telle position monopolistique a souvent pour effet de conduire à
une politique marketing limitée à quelques actions pour informer sur l’offre, en
dehors de tout objectif de positionnement dans un espace de concurrence. On se
contente d’informer sur les horaires d’ouverture et l’éventail des prestations, sans
vraiment chercher à déliser ou à dynamiser la demande. C’est le travers du mono-
pole que de se donner comme priorité la pérennisation des conditions d’offres (d’où
une réticence à l’innovation et une tendance à la bureaucratisation)1.
Le non-marchand concurrencé est davantage contraint à adopter une démarche mar-
keting. La concurrence peut être intrasectorielle (une autre association proposant un
produit répondant au même besoin ; par exemple, un club de badminton face à un club
de squash) ou venir du secteur marchand (par exemple, les salles de tness commer-
ciales venant concurrencer les associations de gymnastique volontaire). Elle peut
porter sur un produit identique (faire un stage de voile avec la Fédération française de
voile ou faire de la voile au Club Med) ou sur un produit plus largement substituable
(d’une certaine façon, le produit VTT tend à concurrencer le produit voile en répon-
dant à un même besoin d’occuper son temps libre dans un environnement naturel).
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1. P.-E. Tixier (éd.), Du monopole au marché : les stratégies de modernisation des entreprises publiques,
LaDécouverte, 2002.
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Chapitre 1 ■ Le marché des services sportifs
l’adhérent est aussi, par ailleurs, un consommateur habitué à une qualité de produit,
ce marketing associatif dont on n’ose pas dire le nom tend à se généraliser.
1. Les clubs de football se distinguent : les droits médias atteignent 54% de leurs revenus, les recettes marketing
20%, la billetterie 14% et les recettes de licensing 12% (CSA, 2017).
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Le marché des services sportifs ■ Chapitre 1
Avantages Handicaps
Image de désintéressement procurée Contre-image d’amateurisme (au sens d’un défaut de
par le label associatif professionnalisme)
Gains de compétitivité du fait : Gestion difficile des ressources humaines composées de
–de coûts allégés (bénévolat) ; bénévoles et de salariés, et conséquences sur la qualité
–de subventions publiques ; des prestations
–de l’absence de bénéfices à distribuer. Financement extérieur limité
1. À ce sujet, voir les dossiers de la revue Gestion et Management Public (« L’outil de gestion au service du new
public management », 4-1, 2015-3) et de la Revue Française d’Administration Publique (« Éthique et performance
en management public », 140, 2011-4).
2. C’est le cas des piscines municipales dont le prix politique d’entrée est entre deux et trois fois inférieur au
prix de revient.
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Chapitre 1 ■ Le marché des services sportifs
2 La diversité juridique
2.1 Le cadre législatif : la réglementation du sport en France
Derrière le terme générique de « club sportif » se cache une pluralité de structures
juridiques et de modes de fonctionnement des organisations sportives (Lapouble et
Miège, 2003 ; Lapouble, 2006 ; Deprez et Derwa, 2017). À côté des clubs associatifs
à but non lucratif qui sont à l’origine du mouvement sportif, se sont développés des
clubs à structures privées en concurrence avec d’autres prestataires pour la recherche
de prots dans le secteur du sport et des loisirs en général. Certains clubs ont pour
mission d’organiser la compétition, d’autres visent à démocratiser une pratique,
d’autres encore sont des entreprises de spectacles. Face à cette diversité écono-
mique, le législateur français a compris que la structure associative ne correspondait
plus aux exigences actuelles de gestion, notamment pour trouver de nouveaux par-
tenaires nanciers. Il a visé à normaliser et à réglementer la gestion des clubs an
de les prémunir contre toute dérive nancière et leur éviter le redressement judi-
ciaire. Dès lors, dans les années1980 a été déni un nouveau cadre légal, repris en
2006 dans le Code du sport1. Cette loi, dite « loi Avice », transforme les associations
sportives qui rémunèrent les sportifs et perçoivent d’importantes recettes en Sociétés
anonymes à objet sportif (SAOS) ou en Sociétés anonymes d’économie mixte spor-
tive (SAEMS), entrant dans le cadre général de la loi du 24 juillet 1966 sur les
Sociétés anonymes.
1. J.-C. Lapouble, « La nouvelle loi sur le sport professionnel est validée par le Conseil constitutionnel : la
compétitivité du sport professionnel relève bien de l’intérêt général », dans Cahiers de droit du sport, p.57, 2005.
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Le marché des services sportifs ■ Chapitre 1
Pour cela, l’association doit atteindre certains seuils de recettes xés par décret du
Conseil d’État. La loi du 7 décembre 1987, dite « loi Bergelin », atténue la « loi
Avice », en instituant une option entre la formule de la société et celle de l’associa-
tion à statut particulier assortie de règles de rigueur. Par la suite, la loi du 13juillet
1992, dite « loi Bredin », complète les dispositions relatives aux conditions d’appli-
cation et de contrôle. Complétant les dispositifs antérieurs consacrés au sport pro-
fessionnel, la loi du 28 décembre 1999 permet aux associations qui doivent
constituer une société en raison du dépassement de l’un des deux seuils xés par
décret du Conseil d’État (pour les recettes des manifestations payantes et pour les
rémunérations versées), de choisir entre trois statuts juridiques : la Société anonyme
à objet sportif (SAOS), l’Entreprise unipersonnelle sportive à responsabilité limitée
(EUSRL) et la Société anonyme sportive professionnelle (SASP). Cette modica-
tion entraîne, par ailleurs, la suppression des associations à statut renforcé et ne
permet plus la constitution de nouvelles Sociétés anonymes d’économie mixte spor-
tive (SAEMS). Enn, la modication de la loi du 16juillet 1984 contenue dans la
loi du 1er juillet 2000, dite « loi Buffet », accroît le rôle du Comité national olym-
pique et sportif qui devient l’interlocuteur privilégié de l’État, reconnaît l’implica-
tion des collectivités territoriales et conforte le ministère de la Jeunesse et des Sports
dans le contrôle de l’enseignement des activités physiques et sportives. Les modi-
cations apportées par la loi du 1 eraoût 2003 portent sur la possibilité, pour les clubs
professionnels, de devenir propriétaires des marques et signes distinctifs. Elles
prévoient également le transfert collectif de la propriété des droits télévisuels. La loi
du 15décembre 2004 a créé notamment un droit collectif à l’image qui permet aux
clubs d’alléger leurs contributions en matière de charges sociales. Ce même texte
leur ouvre la possibilité de s’aflier auprès des fédérations sportives. En outre, cette
loi a ouvert la possibilité pour un actionnaire de détenir des actions de plusieurs
clubs dans une même discipline. Par contre, un actionnaire ne peut contrôler qu’un
seul club. À la suite des observations formulées par la Commission européenne, la
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Chapitre 1 ■ Le marché des services sportifs
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Le marché des services sportifs ■ Chapitre 1
☞
Association Société anonyme Société anonyme
Structure
Association àstatut àobjet sportif économie mixte
juridique
renforcé (SAOS) sportive(SAEMS)
Rémunération Interdite. Interdite. Interdite. Interdite.
des dirigeants
Distribution de Interdite. Interdite. Interdite. Interdite.
bénéfices
Absence de Absence de Absence de liquidation Absence de liquidation
liquidation liquidation judiciaire du club : judiciaire du club :
judiciaire du judiciaire du –responsabilité civile –responsabilité civile
club : club : spécifique applicable spécifique applicable
–responsabilité –responsabilité aux dirigeants de SA ; aux dirigeants de SA ;
civile de droit civile spécifique –responsabilité pénale –responsabilité pénale
commun si faute applicable aux de droit commun de droit commun
de gestion ; dirigeants de SA ; (amende, (amende,
–responsabilité –responsabilité emprisonnement) s’il emprisonnement) s’il
pénale de droit pénale de droit est établi une infraction est établi une infraction
commun commun pénale ; pénale ;
(amende, (amende, –responsabilité pénale –responsabilité pénale
emprisonnement) emprisonnement) particulière au titre de particulière au titre de
s’il est établi une s’il est établi une la direction ou la direction ou
infraction pénale ; infraction administration des SA administration des SA
–responsabilité pénale ; (présentation de bilan (présentation de bilan
disciplinaire, –responsabilité inexact, par exemple) ; inexact, par exemple) ;
sanctions infligées pénale –responsabilité –responsabilité
par la Fédération. particulière au disciplinaire, sanctions disciplinaire, sanctions
titre de la infligées par la infligées par la
En cas de direction ou Fédération. Fédération.
liquidation administration
Responsabilités
judiciaire : des SA En cas de liquidation En cas de liquidation
des dirigeants
–faillite (présentation de judiciaire : judiciaire :
personnelle des bilan inexact, par – faillite personnelle –faillite personnelle
dirigeants ; exemple) ; des dirigeants ; des dirigeants ;
–condamnation –responsabilité –condamnation des –condamnation des
des dirigeants au disciplinaire, dirigeants au dirigeants au
comblement du sanctions comblement du passif comblement du passif
passif du club ; infligées par la du club ; du club ;
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Chapitre 1 ■ Le marché des services sportifs
☞
Association Société anonyme Société anonyme
Structure
Association àstatut àobjet sportif économie mixte
juridique
renforcé (SAOS) sportive(SAEMS)
La loi de 1901 – Établir chaque – Établir chaque année – Établir chaque année
n’édicte aucune année un bilan et un bilan et un compte un bilan et un compte
prescription en un compte de de résultat, fournir une de résultat, fournir une
matière résultat, fournir situation de l’actif situation de l’actif
Obligations comptable, une situation de réalisable et réalisable et
légales en toutefois de l’actif réalisable disponible… disponible…
matière comp- nombreux textes et disponible… –Désigner un ou –Désigner un ou
table peuvent imposer –Désigner un ou plusieurs commissaires plusieurs commissaires
des obligations plusieurs aux comptes. aux comptes.
comptables (loi du commissaires aux
1 ermars 1984, loi comptes.
du 6février 1992).
Condamnation Condamnation Condamnation des Condamnation des
des collectivités des collectivités collectivités locales au collectivités locales au
locales au titre de locales au titre de titre de dirigeant de fait titre de dirigeant de
Responsabilités dirigeant de fait au dirigeant de fait au comblement du droit au comblement du
des collectivités comblement du au comblement passif si le club est en passif si le club est en
locales passif si le club est du passif si le liquidation judiciaire. liquidation judiciaire.
en liquidation club est en Les collectivités versent
judiciaire. liquidation des subventions et se
judiciaire. portent caution.
Entreprise
Société anonyme Société à
unipersonnelle Société anonyme
Structure sportive et responsabilité
sportive à classique
juridique professionnelle limitée
responsabilité (SA)
(SASP) (SARL)
limitée (EUSRL)
– Pas d’intuitus – Non – Intuitus personae. – Pas d’intuitus
personae. commerçant. –Non commerçant. personae.
–Non –Association –Responsable dans –Non commerçant.
commerçant. sportive unique la limite de leurs –Responsable dans la
–Responsable associée. apports. limite de leurs apports.
dans la limite de –Responsable –Nombre –Nombre d’associés :
leurs apports. dans la limite de d’associés : minimum7.
–Nombre son apport. minimum2,
Caractéristiques
d’associés : maximum50.
minimum 7.
L’association
support n’a plus
l’obligation de
détenir le tiers du
capital social, une
seule action suffit.
☞
20
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Le marché des services sportifs ■ Chapitre 1
☞
Entreprise
Société anonyme Société à
unipersonnelle Société anonyme
Structure sportive et responsabilité
sportive à classique
juridique professionnelle limitée
responsabilité (SA)
(SASP) (SARL)
limitée (EUSRL)
Montant Montant Montant minimum : Montant minimum :
minimum : minimum : 1euro. 1euro. –37000euros (sans
–37000euros appel public à
(appel public à l’épargne) ;
Capital social
l’épargne possible –225000euros (avec
moyennant appel public à
certaines l’épargne).
conditions).
Valeur nominale Valeur nominale Valeur nominale des Valeur nominale des
des actions fixée des parts sociales parts sociales fixée actions fixée
Titres
librement. fixée librement par librement par les librement.
les associés. associés.
Rémunération Permise. Permise. Permise. Permise.
des dirigeants
Permise. Interdite, affectée à Permise. Permise.
Distribution de
la constitution de
bénéfices
réserves.
–Soit un conseil Gérant. Gérants. – Soit un conseil
d’administration et d’administration et un
un président président (formule
(formule moniste : moniste : modèle
Organes de
modèle français). français).
direction et
–Soit un conseil –Soit un conseil de
d’administration
de surveillance et surveillance et un
un directoire directoire (formule
(formule dualiste : dualiste : modèle
modèle allemand). allemand).
Absence de Absence de Absence de Absence de
liquidation liquidation liquidation judiciaire liquidation judiciaire
judiciaire du judiciaire du club : du club : du club :
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
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Chapitre 1 ■ Le marché des services sportifs
☞
Entreprise
Société anonyme Société à
unipersonnelle Société anonyme
Structure sportive et responsabilité
sportive à classique
juridique professionnelle limitée
responsabilité (SA)
(SASP) (SARL)
limitée (EUSRL)
– responsabilité – responsabilité En cas de liquidation En cas de liquidation
pénale particulière pénale particulière judiciaire : judiciaire :
au titre de la au titre de la –faillite personnelle –faillite personnelle
direction ou direction ou des dirigeants des dirigeants
administration administration (interdiction de gérer (interdiction de gérer
(présentation de (présentation de ou de contrôler toute ou de contrôler toute
bilan inexact par bilan inexact par autre société) ; autre société) ;
exemple). exemple). –condamnation des –condamnation des
dirigeants au dirigeants au
En cas de En cas de comblement du comblement du passif.
liquidation liquidation passif.
Responsabilités judiciaire : judiciaire :
des dirigeants –faillite –faillite
personnelle des personnelle des
dirigeants dirigeants
(interdiction de (interdiction de
gérer ou de gérer ou de
contrôler toute contrôler toute
autre société) ; autre société) ;
–condamnation –condamnation
des dirigeants au des dirigeants au
comblement du comblement du
passif. passif.
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Le marché des services sportifs ■ Chapitre 1
☞
Entreprise
Société anonyme Société à
unipersonnelle Société anonyme
Structure sportive et responsabilité
sportive à classique
juridique professionnelle limitée
responsabilité (SA)
(SASP) (SARL)
limitée (EUSRL)
Condamnation Condamnation des Aucune. Aucune.
des collectivités collectivités
locales au titre de locales au titre de
dirigeant de fait au dirigeant de fait au
comblement du comblement du
Responsabilités passif si le club est passif si le club est
des collectivités en liquidation en liquidation
judiciaire. judiciaire.
Les collectivités Les collectivités
versent des versent des
subventions et se subventions et se
portent caution. portent caution.
Permet d’attirer de Formule de Club qui exploite Club qui exploite une
Remarques nouveaux transition vers la une activité de activité de service
investisseurs. SASP. service sportif. sportif.
Section
2 LA DEMANDE DE SPORT EN FRANCE
ETSASEGMENTATION
Ohl et Taks (2008) donnent une dénition du sport qui renvoie à deux éthiques : une
éthique du sport de compétition orienté vers le résultat1 et une éthique du sport de
loisir tourné vers le plaisir (associé à des préoccupations de santé, de détente et de
représentations sociales). Il en découle deux types de besoins économiques. Le
besoin de sport d’affrontement, de se livrer à une forme de violence paciée (Elias
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
et Dunning, 1986) au prix d’efforts physiques, est un besoin que pourvoit principa-
lement l’offre institutionnelle du mouvement sportif fédéral. L’autre besoin, celui de
se faire plaisir en pratiquant des loisirs sportifs, échappe en grande partie à l’offre
fédérale car, d’une part, d’autres prestataires y répondent et, d’autre part, les prati-
quants peuvent les autoproduire.
Il est difcile de connaître avec précision le nombre de sportifs en France (Aubel
et al., 2008), mais toutes les enquêtes convergent pour mettre en évidence une nette
augmentation durant la deuxième moitié du e siècle (voir focus ci-après).
1. J.-M. Brohm (Les meutes sportives. Critique de la domination, L’Harmattan, 1993 ; Théorie critique du sport.
Essai sur une diversion politique, Quel Sport ? éditions, coll. « Horizon critique », 2017) dénonce la dimension
idéologique du sport, « reet de la société capitaliste industrielle ».
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Chapitre 1 ■ Le marché des services sportifs
c Focus
La mesure statistique de la pratique sportive en France
La mesure statistique du sport est com- une définition plus large dans laquelle
plexe car il faut suivre les résultats d’une davantage de Français se retrouvent.
même société d’études ayant conservé les 2. D’autre part, les tranches d’âge retenues
mêmes protocoles d’études pour pouvoir font aussi varier les taux. L’enquête de
repérer des évolutions. Si nous retenons l’Insep de 1985 portait sur une popula-
les enquêtes nationales de l’Insee, nous tion âgée de 12 à 74ans, celle de 2010
relevons que le pourcentage de prati- sur les 15-75ans. Or, la prise en compte
quants, en France, est passé de 39% en de la catégorie des 12-15ans renforce
1967 à 47 % en 2003, soit 8 points de le pourcentage de pratiquants (du fait du
progression en 36ans. Selon l’Insep, il est sport scolaire obligatoire). L’Insee prend
passé de 74% en 1985 à 89% en 2010 en compte des populations sans plafond
(+15points en 25ans). Des données de d’âge, ce qui a pour effet de diminuer
sources différentes ne sont donc pas com- les pourcentages de pratique (les plus de
parables. Deux raisons à cela : 75ans pratiquant très rarement).
1. D’une part, on enregistre les effets de 3. La statistique libre d’accès la plus
la polysémie du sport. L’Insee retient récente est celle que la société TNS-
une définition plutôt restrictive (une Sofrès a publiée en 2016 à la suite
pratique régulière) qui exclut les acti- d’une enquête nationale auprès des
vités physiques occasionnelles, notam- 16-80ans (3845questionnaires admi-
ment lors des vacances. L’Insep adopte nistrés en ligne du 11/09 au 1/102015).
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Le marché des services sportifs ■ Chapitre 1
Le sport intéresse les Français. Une étude réalisée en 2012 par TNS indique que
63 % des individus âgés de 18 ans et plus y portent de l’intérêt ; notamment les
hommes (73% contre 54% des femmes) et les 25-35ans (74% contre 52% des
65ans et plus). Une étude plus récente (Kantar Sport, 2014) vient compléter la pré-
cédente en montrant que les 12-19ans s’y intéressent davantage encore (89% inté-
ressés, 20 % très intéressés) ; plus de la moitié regardant régulièrement des
retransmissions télévisées, un sur trois sur internet.
Les sports fortement médiatisés sont cités en premier par les plus de 18 ans : le
football (45 %), le tennis (35 %), le rugby (27 %), le cyclisme (20 %) ; puis la
Formule1, la natation, l’athlétisme, le patinage artistique (de 16 à 14%), le ski, le
basket-ball, le handball (de 12 à 9%). La même année, la société Ipsos a établi un
classement des disciplines olympiques qui intéressent les 4-70ans : on retrouve les
mêmes, mais dans un ordre différent (marqué par l’avis des moins de 18 ans : le
tennis et le cyclisme reculent, le rugby et la Formule 1 disparaissent). L’étude
indique également quels sont les événements et les compétiteurs les plus marquants
et donc en mesure de provoquer un engouement pour telle ou telle discipline (le
champion de tennis Rafael Nadal fait l’unanimité, le basketteur Tony Parker inté-
resse surtout les moins de 35ans ; tableau1.5).
Les résultats d’enquêtes publiés nous donnent des indications sur les volumes de
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
pratique par activités (tableau 1.6). En 2016, selon TNS-Sofrès, quatre pratiques
peuvent être qualiées de pratiques de masse : le running au quotidien réunit un
Français âgé de 16 à 80 ans sur deux2 , le cyclisme, la natation et le tness, un sur
quatre (la natation se pratiquant davantage pendant les vacances, le tness hors-
vacances). À l’opposé, d’autres pratiques apparaissent plus condentielles bien
qu’étant en phase avec la culture des jeunes générations : les sports urbains ne
1. Baromètre de la Commission européenne, mars2014 : n= 26788personnes âgées de 15ans et plus, résidant
dans les 27pays membres.
2. L’enquête réunit la course à pied et la marche sous le même item « running » ; ce qui peut fausser l’interpré-
tation sportive du pourcentage. Ainsi une partie non mesurée des pratiquants de la randonnée pédestre peut s’être
portée sur le running, une autre sur les pratiques outdoor et notamment de montagne.
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Chapitre 1 ■ Le marché des services sportifs
concernent que 2% des 16-80ans, les sports de glace 1%, les sports de glisse 11%
et plutôt pendant les vacances. Il faut cependant relativiser ces données déclaratives.
Dire que la moitié des Français pratique régulièrement la course à pied peut
paraître exagéré en regard d’une dénition rigoureuse du running. Il s’agit de décla-
rations –ce que les personnes interrogées décident de dire à l’enquêteur selon les
représentations qu’elles ont du sport et selon l’image qu’elles souhaitent afcher.
Paradoxalement, un sportif avéré et doté d’une bonne culture sportive peut déclarer
à tort ne pas pratiquer le running parce qu’il adhère à d’autres sports de façon plus
régulière et organisée, et parce qu’il juge sa pratique de la course à pied très margi-
nale. Inversement, une personne très peu sportive va la citer comme pratique régu-
lière faute d’autres pratiques à déclarer, pour sauver la face en quelque sorte. Les
mêmes réserves sont à formuler pour la natation, car la pratique peut certes consister
à se rendre à la piscine toute l’année pour s’entraîner dans des lignes d’eau, mais
elle peut aussi se limiter à la baignade durant les vacances d’été. La pratique du vélo
est, elle aussi, très variable en engagement sportif.
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Le marché des services sportifs ■ Chapitre 1
Un focus sur la pratique de la course à pied montre l’existence de ce que l’on peut
appeler un phénomène de société. Car dans le sport comme dans la plupart des pra-
tiques culturelles, intervient un effet de mode générationnel qui se trouve amplié
dès lors qu’il s’agit de déclaratif. Déclarer « faire du jogging » dans les années1980
n’a pas le même sens qu’en 2016 où mieux vaut parler de « running » (évoquant
plus de technicité) ou de « trail » pour mettre en avant un goût pour la nature. Il en
va de même du tennis, dont le déclin est régulier, le symbole de standing social
s’étant, semble-t-il, déplacé vers le golf ou la voile (Duret, 2012).
c Focus
L’engouement pour la pratique du running
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
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Chapitre 1 ■ Le marché des services sportifs
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Citons l’historique Marathon du Médoc partagent leur expérience sur les réseaux
(10196 participants en 2014) ou encore sociaux (22% appartiennent à une com-
les MudDay, SoMad, ColorRun et autres munauté de runners).
Flash Run. Les réguliers – environ 5 millions – se
Autres tendances : des courses 100 % répartissent en trois catégories : les adhé-
féminines (comme MademoiselleRun) qui rents à des clubs d’athlétisme traditionnels
mobilisent à travers les réseaux sociaux (ceux de la FFA) mais aussi à de nouvelles
(notamment par le biais de blogs comme formules de clubs comme les Free Runners
Healthyjuliette.com ou Toutesenbasket. (270licenciés, pas de local, une page Face-
com) ; ou encore des courses d’entreprises book), des communautés digitales (22% le
comme la TechRun visant les start-ups. déclarent – citons Happy Running Crew,
Comment courent-ils ? 71 % déclarent Runchic) et notamment des communautés
courir seuls (30% avec des amis, 21% en de marques (Adidas Runners, Nike+ Run
couple), 48% munis de leur smartphone Club, proposant des sorties en groupes, des
(66 % écoutent de la musique). 41 % ventes privées, du coaching).
Autre exemple remarquable –celui des sports virtuels– qui annonce peut-être une
nouvelle façon de faire du sport, celle des jeunes générations (Loret, 2014).
c Focus
Le développement des sports virtuels ou e-sports
Le marché européen du e-sport estimé à l’impulsion de son concurrent Electronic
600millions de dollars en 2016, augmente Arts, le ciblage s’est élargi aux enfants et
au rythme de 30% par an (CSA, 2017) ; le aux femmes (1gamer sur 3) et à des caté-
marché français étant classé en 3 eposition gories plus âgées (le nombre de plus de
derrière les marchés suédois et russe. 50ans a doublé).
Qui sont les gamers ? En 2017, le e-sport En 2016, une étude HavasSE en dresse un
intéresse 7,5millions de Français (Webe- profil actualisé : 12,5% des 18ans et plus
dia, 2017) et les millennials représentent dont 67% d’hommes, 52% ont moins de
62 % des gamers (Médiamétrie, 2017), 35ans, 51% sont diplômés post bac.
soit des individus âgés de 13 à 34ans et Ils sont environ 30 millions (selon le
appartenant à la génération dite des smart- Syndicat national du jeu vidéo) dont
phones natives. Dans les années 1990 500 000 joueurs réguliers (notamment
(selon Gfk, 2010), ils étaient plus jeunes les digital natives pratiquant à travers
(12-25 ans) et essentiellement masculins des plateformes) et 1,4 million de spec-
car le principal producteur (Nintendo) tateurs (dont 84 % de 10-35 ans, 70 %
avait axé ses jeux autour du thème de la d’hommes) suivant des émissions dédiées
violence. Au début des années2000, sous sur Canal e-sport Club ou beIN e-sport.
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Le marché des services sportifs ■ Chapitre 1
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Toujours en 2016, au niveau mondial, on vidéo (afjv.com), 36% des 11ans et plus
compte environ un milliard de joueurs s’y intéressent (7,5millions) et notamment
(lepoint.fr) et 256millions de spectateurs les 15-35 ans (46 %). Ceux se déclarant
au moins une fois par mois (22 % âgés « fans » (35%) y passent plus de 3heures
de 21 à 35ans – 15% de femmes). Aux par jour. Ils consultent régulièrement des
États-Unis, le e-sport rassemble désormais émissions enregistrées, des replays et du
plus de spectateurs que le hockey-sur- livestream à travers Youtube, jeuxvideo.
glace (selon Superdata, 2016). Le record com et Facebook ; les fans passant plutôt
d’audience a été atteint lors de la finale par Twitch, Youtube et Millenium.org. Le
2013 des League of Legends Champion- grand public pratique en mode loisir à tra-
ship Series avec 32millions de spectateurs vers les jeux FIFA (50%), ceux de League
sur internet. of Legends (38%) et Call of Duty (33%).
Comment se comportent-ils ? En 2017, Les fans y ajoutent Counter Strike et Ove-
selon l’agence française pour les jeux rwatch.
Les jeux vidéo de sport sur le marché français selon les pratiques
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Chapitre 1 ■ Le marché des services sportifs
☞
Les médias diffusent des images à la suite à investir. Ainsi, Coca-Cola Zéro est parte-
du pionnier La chaîne l’Équipe (Coupe naire officiel de l’éditeur Riot Games, Red
du monde ESWC en 2015 et E-football Bull des Battle grounds sur Starcraft II et
Leage chaque semaine) : M6 (chaîne No du champion coréen Lee Life Seung Hyun
Pain No Game), Canal Plus (Canal Esport (de l’équipe StarTale), en concurrence avec
Club), BeIN Sports (diffuseur officiel de l’E- Monster (partenaire de l’équipe américaine
Ligue1 Orange avec Webedia), TF1 (Glo- des Evil Geniuses) et Samsung, qui sponso-
ry4Gamers). Ce qui conduit les annonceurs rise une équipe coréenne.
Pour les Français âgés de 16ans et plus sondés en 2016, le sport est d’abord un
moyen de rester en bonne santé (une constante depuis 10ans), de plus en plus un
moyen de soigner son apparence (de 2012 à 2016, on passe de 8 à 26% en première
citation), de moins en moins pour la compétition (2%). Relevons que la motivation
de se retrouver dans la nature n’est citée que par 3% des répondants en première
citation (tableau 1.7) 1. Les Européens rejoignent globalement les Français pour
exprimer ce qui les motivent ; ils évoquent le manque de temps pour justier pour-
quoi ils ne pratiquent pas, secondairement le manque de motivation ou des pro-
blèmes de santé (tableau1.8).
1. Le baromètre IPSOS Sport-Santé de 2015 indique des motivations comparables mais il met plus en avant le
besoin de « déstresser » exprimé par 42% des sondés.
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Le marché des services sportifs ■ Chapitre 1
Le pratiquant modal est plutôt un homme jeune et diplômé, exerçant une activité
professionnelle lui assurant un revenu confortable. Voyons plus en détail ces élé-
ments de caractérisation.
En 2016, selon TNS-Sofrès (op. cit.), la pratique sportive des femmes a presque
rejoint celle des hommes (48 % contre 52 %) et l’écart générationnel tend à se
réduire également. Elle va en augmentant de la catégorie des 16-24ans (19% des
sportifs) à celle des 35-49ans (28%) pour ensuite diminuer avec l’âge (23% ont
50-64ans, 10% 65-80ans). Faire du sport reste une activité de loisir de catégorie
sociale élevée (40% sont des CSP+ contre 29% CSP-) et familiale (61% de per-
sonnes vivant en famille contre 29% seules). À la question d’une intention de pra-
tiquer dans les six prochains mois, 64% de ceux qui répondent positivement sont
des femmes, 27% sont âgés de 50 à 64ans (14% de 65 à 80ans) et 38% sont CSP-.
L’évolution de la pratique sportive dans le sens de sa féminisation, de son vieillis-
sement et de sa démocratisation devrait donc se poursuivre ; et l’offre sportive s’y
adapter. La plupart des sociétés d’études s’accordent sur cette évolution à quelques
points de pourcentage près en lien avec les protocoles d’études (tableau1.9).
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Chapitre 1 ■ Le marché des services sportifs
1. En marketing, les consommateurs sont répartis en trois classes d’âge : juniors (24ans et moins), majors (25-
49 ans) et seniors (50 ans et plus) (J. Brée, « Le marketing générationnel », dans Décisions marketing n o 18,
p.11-14, 1999).
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Le marché des services sportifs ■ Chapitre 1
réunir pour qu’une pratique se diffuse en direction de catégories plus âgées : le pro-
duit doit s’adapter et cela renvoie à la politique d’innovation (innover pour rendre
l’instrument plus facile, pour le différencier de ce qui est proposé à des catégories
plus jeunes ; Tribou et Desbordes, 2006) ; l’offre sportive doit communiquer sur des
axes en mesure de réduire les blocages et les inhibitions (Ohl et Tribou, 2004).
Tableau1.10–La pratique sportive des Français selon la catégorie d’âge
et la situation familiale
Pratique régulière
Sports emblématiques (analyse
Au cours des 12derniers mois (au moins une
factorielle par correspondance)
fois par semaine)
Enfants de moins de 12ans 82% Roller, équitation, gymnastique
Lycéens 75% Sports collectifs : football, basket-
ball, volley-ball, rugby, handball
Étudiants chez leurs parents 52% Musculation, fitness, running
Célibataires actifs sans enfant 46%
Canoë, kayak, aviron, bowling,
Couples sans enfant 42%
tennis de table, tennis, ski alpin
Jeunes parents 41%
Parents avec enfant à domicile 42% Natation, vélo, golf, pêche
Parents sans enfant à domicile 45% Boules/pétanque, randonnée,
aucun sport
Retraités 46%
Ensemble des 4-70ans 50%
1. Opinion Way/UCPA, UNEF, Fage, Les jeunes et les loisirs sportifs, 2016.
2. Voir notamment : J.-P. Treguer, Le Senior marketing. Vendre et communiquer aux générations de plus de
50ans, Dunod, 2007 ; V. Caradec, Sociologie de la vieillesse et du vieillissement, Armand Colin, 2012.
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Chapitre 1 ■ Le marché des services sportifs
Pratiques les plus transgenres Pratiques les plus masculines Pratiques les plus féminines
Pratique Hommes Femmes Pratique Hommes Femmes Pratique Hommes Femmes
Randonnée 21 23 Vélo 46 38 Natation 36 41
pédestre/
trekking
Bowling 17 17 Football 25 4 Fitness 4 19
Badminton 11 11 Footing/ 24 18 Danse 9 15
running/
jogging
☞
1. Déjà souligné par C.Pociello (Sport et société. Approche socioculturelle des pratiques, Vigot, 1981).
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Le marché des services sportifs ■ Chapitre 1
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Pratiques les plus transgenres Pratiques les plus masculines Pratiques les plus féminines
Canoë/ 5 4 Boules/ 21 14 Gymnastique 5 14
kayak/ pétanque
aviron
Escalade/ 3 2 Musculation 15 8 Roller/patin à 6 8
alpinisme roulettes
Source : d’après Ipsos-FPS, 2012.
femmes, en tant qu’experts des technologies. En effet, ce sont les hommes âgés
entre 25 et 44ans, de niveau de diplôme post-bac et ayant des revenus supérieurs à
la moyenne, qui sont le plus attirés par l’innovation technologique. À l’opposé, les
femmes aux revenus peu élevés y sont très peu sensibles (Ohl et Tribou, 2004).
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Chapitre 1 ■ Le marché des services sportifs
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Le marché des services sportifs ■ Chapitre 1
(Ohl, 2004, 2006). De plus, certaines catégories se côtoient dans le même environ-
nement de travail (employés et cadres), d’autres pas. De ce cloisonnement social
résultent des attitudes différentes. Il est remarquable de constater que le facteur
social continue d’être discriminant alors que les autres facteurs (âge, genre) tendent
à s’atténuer.
Par ailleurs, au sein de chaque catégorie, les niveaux hiérarchiques et de quali-
cation pondèrent l’inuence : des employés jusqu’aux cadres supérieurs, des
manœuvres jusqu’aux agents de maîtrise, l’écart peut aller jusqu’à 10points pour
certaines pratiques comme la randonnée. Le niveau de revenu est un élément d’ex-
plication (cf. infra) mais la culture de groupe également. De ce point de vue, le
diplôme est souvent révélateur d’un univers culturel (lectures, émissions de télévi-
sions), d’une ouverture et d’un rapport au monde en général. Le sport et ses diffé-
rentes modalités de pratiques en font partie.
L’analyse des dépenses montre que contrairement aux croyances (le club sportif
comme lieu ouvert et démocratique), la cotisation à une association est la dépense
en service qui est la plus inégalement répartie selon les professions (les cadres et
professions libérales dépensant sept fois plus que les ouvriers). Les services sportifs
publics (principalement piscines et patinoires) sont moins ségrégatifs (le rapport est
de un à trois). Il est, par contre, étonnant de constater que les dépenses en spectacles
sportifs sont très proches (exception faite des retraités).
Les pratiques sportives des différentes catégories sociales varient aussi selon les
temps sociaux. Les périodes de vacances semblent plus propices à un élargissement
social des pratiques, les écarts de dépenses pour des services sportifs y étant moins
importants que durant le reste de l’année (le rapport entre ouvriers et cadres est
divisé par deux).
■■L’influence du revenu
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La pratique d’un sport est aussi fonction du revenu. Elle l’est surtout pour des acti-
vités très instrumentées et/ou coûteuses en déplacement et en hébergement, comme
la pratique du ski ou de la voile ; beaucoup moins pour des activités de proximité et/
ou nécessitant peu d’équipement (course à pied, sports collectifs). En général, l’élas-
ticité de la demande par rapport au revenu est positive1 : la quantité consommée
augmente lorsque le revenu augmente. Elle varie de façon plus que proportionnelle
lorsqu’on a affaire à des produits à fort pouvoir attractif et symbolique comme les
produits sportifs (classés produits supérieurs par l’Insee), et inversement pour des
produits pour lesquels le seuil de saturation est vite atteint. En effet, s’agissant de
dépenses liées aux loisirs, leur sensibilité aux variations de revenus est supérieure à
1. Le calcul de l’élasticité s’effectue en rapportant l’augmentation relative des dépenses (D2 – D1) /D1, à celle
des revenus (R2 –R1) / R1 ; ce qui correspond à la pente de la fonction D =f(R).
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Chapitre 1 ■ Le marché des services sportifs
la moyenne des autres dépenses. Par conséquent, leurs uctuations sont plus immé-
diates et de plus grande ampleur. Si le pouvoir d’achat connaît une baisse relative,
ce sont les dépenses de sport et de loisirs qui sont réduites en priorité, et inversement
lorsque les revenus augmentent.
Mais le revenu est surtout un facteur de la pratique par le biais des consommations
d’équipements sportifs et/ou d’accompagnement de la pratique (déplacements,
hébergements). En effet, les consommations pour la pratique du golf, du ski ou de
l’équitation sont particulièrement coûteuses, alors que celles qui sont nécessaires à
des pratiques comme la course à pied ou la natation le sont nettement moins. Par
exemple, la moitié des achats d’équipement de golf est le fait de ménages aisés,
contre moins de 10% des achats de chaussures. Par voie de conséquence, les pra-
tiques associées à ces articles sont indirectement fonction du revenu et opèrent une
sélection sociale (même si, en elles-mêmes, elles ne sont pas plus coûteuses que
d’autres –par exemple, un club d’équitation subventionné par une collectivité locale
est d’un accès démocratique).
Il faut cependant relativiser l’inuence du revenu sur les consommations spor-
tives. Un produit coûteux peut être dédaigné par des consommateurs aisés s’il ne
correspond pas à la culture du groupe et à son échelle de valeurs (par exemple,
l’accès à un club de tness au luxe tapageur et de « mauvais goût ») 1. Un produit
bon marché peut être plébiscité par ces mêmes consommateurs par effet de sno-
bisme (assister à un match de football dans un petit club local). À l’autre bout de
l’échelle sociale, certains produits très coûteux sont fortement consommés (du fait
d’une grande sensibilité aux marques et aux symboles de standing social) et d’autres
produits accessibles sont délaissés (car rappelant de façon vexatoire la réalité de sa
condition économique). C’est moins le coût du bien qui marque le comportement
d’achat (ce qu’il coûte relativement au revenu disponible) que son usage social (ce
qu’il signie en termes de positionnement social). Cela permet de comprendre le
comportement d’adolescents de catégories populaires, grands consommateurs de
produits sportifs de luxe ostentatoires. L’achat d’une chaussure de sport haut de
gamme et de haute technicité qui peut sembler extravagant compte tenu de leurs
revenus, est en fait un achat rationnel si l’on considère que l’objectif principal n’est
pas la pratique, mais d’afcher les signes d’une culture fantasmatique largement
étalée dans les médias, qui n’est pas la leur mais qui les fascine (le mode de vie
romancé des stars du basket nord-américain, du golf ou du football). Il en va de
même de l’adhésion à un club sportif : le club huppé et élitiste (du moins au niveau
de l’image publicitaire qu’il se donne) peut faire rêver ; le club populaire renvoie
tristement à sa condition sociale (Taks et al., 1999 ; Lefèvre et Ohl, 2007).
1. Le goût n’est pas universel. Il y a le « bon goût » bourgeois dominant et le « mauvais goût » populaire ; plus
nement, le bon goût bourgeois intellectuel cultivé et le mauvais goût du riche bourgeois qui ne partage pas la même
culture (P.Bourdieu, La Distinction, critique sociale du jugement, Minuit, Paris, 1979).
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Le marché des services sportifs ■ Chapitre 1
Nous distinguons trois segments des pratiques sportives : un segment des pratiques
en clubs auxquels on adhère, un segment du sport éducatif plus ou moins contraint
et en grande partie scolaire et un segment des pratiques auto-organisées et/ou com-
munautaires (en dehors des institutions, et constituant un potentiel d’adhésion). À
chaque segment correspondent un mode de pratique et de consommation sportive,
et un système de valeurs. En amont, le segment du sport spectacle peut constituer un
sas d’accès à la pratique pour des non-pratiquants amateurs de sport et le loisir
conduire à la compétition (gure1.2).
Segment Segment
compétition sport éducatif
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Chapitre 1 ■ Le marché des services sportifs
partie des scolaires) et environ 14000sportifs de haut niveau (âge médian 22ans,
37 % de femmes)1. Les autres licenciés pratiquent en loisirs ou ne pratiquent pas
(cadres ou anciens pratiquants restés dèles et autres sympathisants). Les données
manquent de précision. En effet, une même personne peut posséder plusieurs
licences, c’est-à-dire pratiquer plusieurs activités dans des clubs afliés à des fédé-
rations différentes. Le taux de licences multiples varie, selon les sources et les
années, entre 1,25 et 1,5licence pour une même personne.
Par ailleurs, le turnover est important parmi les jeunes licenciés compétiteurs (un
sur trois en moyenne). Plusieurs raisons à cela : les choix parentaux ne corres-
pondent pas toujours à ceux des enfants abandonnistes qui, en outre, peuvent chan-
ger d’avis à la suite d’un événement sportif marquant, d’un nouveau champion
célébré par les médias ou d’un nouvel entourage inuent. Les résultats des équipes
françaises de sports collectifs ont provoqué maintes vocations qui n’ont duré que le
temps du souvenir de l’exploit. La référence aux stars de la NBA (National
Basketball Association), des équipes de France de football ou de handball, ou encore
du tennis mondial induit une succession de repères de consommation et d’adhésion
à des clubs qui se succèdent et s’annulent dans des temps souvent très brefs (à
l’échelle temporelle de l’enfance et de l’adolescence), en concurrence avec les stars
du cinéma et de la musique.
S’ajoute à cela une comptabilisation très approximative effectuée par les fédéra-
tions qui ont tout intérêt à surestimer les adhésions et à sous-estimer les abandons,
de façon à offrir une base de calcul statistique de la subvention ministérielle qui leur
soit avantageuse. Ces négligences administratives sont décelables lorsque l’on com-
pare les évolutions d’effectifs à celles des achats d’équipements pour la pratique
(Ohl et Tribou, 2004).
1. Données 2016. Précisons que les 14000compétiteurs se répartissent en 6225sportifs ayant le statut haut-
niveau auxquels s’ajoutent 7313 sportifs Espoir et 309partenaires d’entraînement.
2. Notamment : l’Union nationale du sport scolaire (UNSS, 1,045million) et la Fédération de l’enseignement
catholique (1,027million).
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Le marché des services sportifs ■ Chapitre 1
qu’il existe des fédérations qui constituent des viviers de compétiteurs, comme
celle des ASPTT (152798licenciés) ou la fédération Handisport (27608).
■■Les tendances
L’évolution est globalement positive. Ainsi, les effectifs licenciés ont doublé de
1997 (9,1millions) à 2015 (18,3millions – dont ATP). Néanmoins, nous relevons
des variations très contrastées selon les disciplines.
Les sports de nature ont progressé plus vite que la moyenne : char à voile, canoë-
kayak, équitation, plongée, randonnée, golf, montagne/escalade, voile, cyclotou-
risme. Quelques sports traditionnels ont connu une embellie : le badminton
notamment mais aussi le rugby, le handball, la natation, l’athlétisme (notamment la
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Chapitre 1 ■ Le marché des services sportifs
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Le marché des services sportifs ■ Chapitre 1
celles de ski nautique et de voile. Ces artices sont un élément d’explication des
performances réalisées dans le passé par ces fédérations et de la chute de leurs
effectifs ofciels qui a suivi 1.
1. La décision prise par le ministère, en 1999, de distinguer les licences des autres titres de participation (d’une
durée inférieure à un an) a permis une comptabilisation plus able.
2. Relevons un début de féminisation des instances dirigeantes du football avec la nomination de Nathalie Boy
de la Tour à la présidence de la LFP (11/2016) à la suite de Pauline Gamerre, directrice générale du RedStar (seule
femme à ce poste en Ligue1 et/ou Ligue2 de 2009 à 2017) et de Helena Costa, première femme entraîneur d’un
club de football masculin : Clermont-Ferrand 63 (en 2015 – mais très vite contrainte à démissionner). En
Bundesliga, Bibiana Steinhaus est la première femme autorisée à arbitrer un match de Ligue1 en septembre 2017.
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Chapitre 1 ■ Le marché des services sportifs
c Focus
Qui sont les compétiteurs en course à pied ?
Une étude réalisée par la FIFAS en 2016 varie selon le type de course. Ainsi les
(auprès de 2 099 compétiteurs âgés de femmes sont mieux représentées dans les
15ans et plus, ayant porté un dossard au courses ludiques à moindre enjeu sportif
moins une fois dans l’année) indique que et plus faiblement dans les trails réputés
la pratique reste très masculine (36% de plus compétitifs ; et le décrochage lié à
femmes en moyenne) et dominée par les l’âge les concerne davantage.
adultes âgés de 26 à 45 ans. Mais cela
Compétiteurs (trices) 19-25ans 26-45ans 46-60ans
Hommes Femmes Hommes Femmes Hommes Femmes
Courses sur routes 10% 9% 68% 64% 23% 20%
Trails 12% 6% 68% 59% 32% 18%
Courses ludiques 29% 16% 59% 66% 14% 10%
Par ailleurs, plus de la moitié achète au hommes, de 414€ pour les femmes. Les
moins deux paires de chaussures par an hommes semblent donc accorder plus
(63 % des hommes, 43 % des femmes), d’importance à l’équipement que les
soit un panier moyen de 528 € pour les femmes.
1. J.-F.Amadieu (La société du paraître. Les beaux, les jeunes et les autres, Odile Jacob, 2016) analyse la place
du sport dans les stratégies actuelles de positionnement social.
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Le marché des services sportifs ■ Chapitre 1
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Chapitre 1 ■ Le marché des services sportifs
Déclarent Nombre
Sports collectifs Dont : au moins une fois par mois
pratiquer de licenciés
Football 7,6 5,24 2,1
Basket-ball 4 2,4 0,64
Handball 1,9 0,97 0,54
Volley-ball 1,7 0,85 0,13
Rugby 1,5 0,81 0,45
Sources : Ipsos, 2012 et données fédérales 2016-2017.
■■Qui pratique ?
En 2016, la pratique sportive de loisirs concerne autant les hommes que les femmes,
les juniors que les majors ou les seniors (même si les seniors dominent la randonnée,
les juniors les sports collectifs), mais demeure discriminante socialement (10points
d’écart entre CSP+ et CSP-).
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Le marché des services sportifs ■ Chapitre 1
96% des Français (vs 97% des Espagnols, 98,3% des foyers français
Télévision 94% des Chinois, 92% des Brésiliens) sont équipés d’un
regardent du sport à la télévision. téléviseur (dont 14% d’un
22% des Français (en forte hausse) dont 38% téléviseur connectable)
Télévision des plus de 55ans, 36% des 25-44ans vs
connectée 43% des Chinois, 8% des Allemands, 9%
des Anglais
37% des Français suivent des retransmissions 99,6% des foyers sont
Radio
sportives à la radio (en recul) équipés
48% des Français consultent des articles de /
presse (à la fois web et print, dont 38% sur
Presse écrite support numérique) vs Espagnols : 69% web et
66% print, Indiens : 84 et 85%, Allemands :
55 et 53%
48% des Français suivent des événements sur 84% des foyers équipés
leurs écrans d’ordinateurs vs 82% des d’un ordinateur en 2016
Internet Chinois, 84% des Indiens – 46millions de visiteurs
uniques par mois (2ans
et plus)
Supports mobiles : 23% des Français vs 33% 90,4% des foyers équipés
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des Anglais, 37% des Italiens, 39% des d’un téléphone mobile
Espagnols, 67% des Chinois – 36millions de visiteurs
En forte augmentation pour 2 raisons : 1. uniques par mois
Liberté et mobilité (pouvoir suivre un (11ans et plus)
Tablette/
événement où que l’on soit) ; 2. Second écran 45% équipés d’une
smartphone
pour compléter la retransmission télévisée tablette en 2016
(statistiques, ralentis, choix de caméras). – 20millions de visiteurs
Illustration : offre Roland-Garros de France uniques par mois (2 ans
Télévision Sport, possibilité de choisir entre et plus)
7courts.
Sources : d’après GfK-Médiamétrie, 2015 et CSA, 2013, 2017.
1. L’audience utile d’un sponsor est constituée par la part de l’audience de l’événement sponsorisé correspondant
à sa cible de communication.
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Chapitre 1 ■ Le marché des services sportifs
En 2013, 15% des Français se sont déplacés au moins une fois dans l’année pour
assister à un spectacle de football, 5% pour du rugby ou du cyclisme, 3% pour du
tennis ou du basket-ball. Mais les consommations sont principalement médiatiques.
À la fréquentation relativement stable des médias traditionnels s’ajoute celle de
nouveaux médias sur des supports mobiles comme les smartphones ou les tablettes
permettant de suivre le spectacle à tous moments et en tous lieux (tableau 1.14) ;
voire de suivre un même spectacle sur plusieurs supports en simultané (téléviseur et
smartphone le plus souvent –4 fans sur 10 en 2016). Par ailleurs, la consommation
en streaming (différé) tend à se développer, ajoutant à la liberté du spectateur. Par
exemple, en 2016, Yahoo! diffuse des matchs de NFL (16millions de spectateurs
par match) et de NHL, Youtube des résumés de matchs de Ligue1, Facebook des
matchs de pré-saisons de grands clubs de football européens, Twitter des matchs de
football américain (ceux de NFL2016-17) (Sport Stratégies n°485, 10/2016).
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20millions d’internautes visiteurs d’un site sportif par mois en 2015 (pendant 1h30 en moyenne) :
57% à partir d’un ordinateur, 41% d’un téléphone mobile, 20% d’une tablette
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Nombre de visiteurs uniques par mois Nombre de visiteurs uniques par mois
à partir d’un ordinateur (2ans et plus) à partir d’un mobile –sites et applications (11ans etplus)
L’Équipe 6,27 L’Équipe 4,65
Eurosport 3,50 Eurosport 2,61
Le Bon Coin Sports 3,07 Matchendirect.fr 1,83
Orange Sports 2,40 Foot Mercato 1,00
Daily Motion Sports 1,74 BFM TV Sports 0,87
FFF.fr 1,30 Runtastic 0,71
Yahoo Sports 1,22 Daily Motion Sports 0,69
Le Figaro Sports 0,84 FFF.fr 0,66
365 0,81 Sports.fr 0,59
BFM TV Sports 0,76 Oxylane 0,49
Source : Médiamétrie/Netrating, 2015.
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Chapitre 1 ■ Le marché des services sportifs
1. Selon Sportlabgroup, 61% des 15-24ans ont déclaré suivre du football en 2012, 50% des sports extrêmes,
47% du handball, 44% du rugby, entre 40 et 42% du tennis, de la F1, des sports de combat (34 à 36% : rallyes,
natation, cyclisme, basket ; 26 à 28% : athlétisme, sports de glisse).
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Le marché des services sportifs ■ Chapitre 1
sportive partagée permettant d’entrer en contact avec d’autres), une logique de plai-
sir (26% –la recherche d’une ambiance, d’une expérience émotionnelle), d’identi-
cation (26% – s’identier à son équipe qui gagne, pleurer dans la défaite), de erté
(26% – arborer les produits dérivés de son club), d’immersion (23% – le moment
sportif vécu comme une parenthèse pour échapper au quotidien), d’expertise (23%
– cultiver une culture sportive de positionnement social), de participation (22% –le
fan connaisseur étant lui aussi pratiquant), une logique de revendication (12% – le
club est un prétexte pour le fan ultra pour afrmer une identité communautaire qui
peut lui faire défaut par ailleurs).
1. Les fédérations « agréées par le ministre chargé des Sports participent à l’exécution d’une mission de service
public » (loi du 16juillet 1984, article16).
2. Selon StatInfo n°16, juillet 2016 : les 165 248 clubs se répartissent en 69640 clubs unisports olympiques
(taille moyenne 115 membres, en baisse tendancielle), 42 157 clubs unisports non olympiques (48 membres),
53596clubs multisports (95membres).
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Chapitre 1 ■ Le marché des services sportifs
1. G. Verschave, La socialisation par les sports collectifs, thèse, université du littoral Côte d’Opale, 2012.
2. P. Chantelat, M. Fodimbi, J. Camy, Sports dans la cité. Anthropologie de la jeunesse sportive, L’Harmattan,
1996.
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Le marché des services sportifs ■ Chapitre 1
Justice) et des collectivités (services des Sports), ainsi que les clubs associatifs af-
liés qui ont pour mission de participer à l’éducation par le sport (en échange d’une
subvention), auxquels s’ajoutent d’autres associations non afliées présentant éga-
lement un objet d’intérêt général (confessionnelles, humanitaires, etc.).
La spécicité d’une offre éducative est que les prestations offertes (formation,
animation sportive, équipements à libre disposition), échappent au marché et ne
sont donc pas régulées par un système de prix. Les services sont soit gratuits (bud-
gétisés), soit partiellement pris en charge par la collectivité (leur prix étant infé-
rieur au prix de revient). Le sport scolaire est généralement gratuit pour les
pratiquants, celui proposé par les collectivités locales est largement subventionné
1. Notamment J.-M. Brohm, La Tyrannie sportive. Théorie critique d’un opium du peuple, Beauchesne, 2006.
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Chapitre 1 ■ Le marché des services sportifs
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Le marché des services sportifs ■ Chapitre 1
collaboration avec le mouvement fédéral qui assure une légitimité sportive1. Ces
événements réalisés en dehors du système fédéral semblent correspondre davantage
aux tendances sportives actuelles (notamment les raids en tous genres ou encore les
contests de pratiques alternatives) et constituent une menace pour le mouvement
sportif fédéral. Il y a donc bien concurrence.
Les prestations offertes, outre la participation aux épreuves, sont des services de mise
à disposition d’équipements sportifs, de formations et d’entraînements à la compétition,
ainsi que des services périphériques d’accompagnement : services médicaux et para-
médicaux (kinésithérapie, préparation mentale), services juridiques (contrats de spon-
soring, litiges avec les autorités sportives), services nanciers (gestion de revenus, de
patrimoines), services de gestion de carrière (transferts de clubs, reconversions).
Le rapport entre le compétiteur et son club tend à se modier. D’un rapport de
dépendance complète qui était celui observé jusque dans les années1980 2, on est
passé progressivement à un rapport plus équilibré dans un premier temps (les ath-
lètes jouant sur la concurrence entre les clubs, voire entre les fédérations nationales),
puis complètement inversé pour la minorité des grands champions sponsorisés et
médiatisés (l’athlète considérant désormais son entraîneur de club comme un simple
prestataire). En effet, dès lors que le champion gagne plus d’argent que son
employeur et son entraîneur, il acquiert une liberté économique qui peut l’amener à
choisir ses partenaires : tel préparateur physique indépendant, tel conseiller tech-
nique, tel médecin, telle société de marketing sportif pour gérer ses revenus et établir
ses contrats (Tribou, 2016).
De cette situation nouvelle (liée au développement de l’économie du sport) découle
une restructuration de l’offre. Les clubs et les fédérations ont perdu leur monopole et se
trouvent en concurrence avec des sociétés commerciales qui, non seulement proposent
leurs services aux compétiteurs, mais ont aussi l’ambition d’organiser elles-mêmes les
épreuves, à l’instar du championnat NBA aux États-Unis. Il existe actuellement des
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1. ASO organise également le Marathon de Paris, l’Open de France de golf, le Tour de France à la voile, le rallye
Dakar, etc. Citons également Larivière Organisation en charge du Bol d’or moto et du Supercross de Paris, ACO et
les 24heures du Mans, etc. (Hautbois, 2014).
2. La domination du sportif par l’Institution s’observe encore dans des disciplines peu rentables économique-
ment (lutte, judo, gymnastique, etc.) selon P.Duret et P.Trabal, Le Sport et ses affaires. Une sociologie de la justice
de l’épreuve sportive, Métailié, p.30-35, 2001.
3. HSInternational–a Sport Management Company, ajoute aux services de formation et de préparation sportive
une offre globale de promotion de l’athlète, de gestion de son image, de média training, de négociation des contrats,
de soutien juridique, de gestion des revenus et du patrimoine en vue de sa retraite, etc.
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Chapitre 1 ■ Le marché des services sportifs
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Le marché des services sportifs ■ Chapitre 1
réclament une pédagogie d’apprentissage dont on suppose qu’elle est mieux maîtri-
sée dans les clubs fédéraux (les méthodes fédérales étant, en outre, consacrées par
les résultats en compétition).
1. Bien que son statut soit associatif, l’Union des Centres de Plein Air participe à l’offre commerciale.
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Chapitre 1 ■ Le marché des services sportifs
☞
Fédérations ATP Fédérations ATP
Aviron 30484 47% Ball-trap 17624 43%
Parachutisme 27895 65% Motocyclisme 11975 22%
Voile 25260 9% Course d’orientation 11004 65%
Triathlon 24783 56% Spéléologie 8738 53%
Vol libre 21073 50% Char à voile 7737 78%
Source : MJS, septembre2004 (non actualisé depuis).
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Le marché des services sportifs ■ Chapitre 1
Achat billets
Montants transferts
Redistribution
Médias Ligues CLUBS Salaires Joueurs
Droits médias
Marques
1. La justice sportive est toute relative car les grands clubs européens fortement endettés peuvent nancer une
masse salariale leur permettant d’acquérir les meilleurs joueurs et ainsi renforcer leur domination. Le système de
fair play nancier de l’UEFA faisant planer la menace d’une interdiction de recrutement sur la tête des clubs suren-
dettés peut être une solution s’il est appliqué.
2. La draft NBA réunit chaque année les clubs et les joueurs universitaires (19ans minimum), plus une sélection
de joueurs étrangers : le recrutement s’effectue sous la forme d’une loterie. L’objectif est de rétablir chaque année
une égalité de chances sportives.
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Chapitre 1 ■ Le marché des services sportifs
L’ESSENTIEL
Le marché des services sportifs est spécique. Concernant l’offre, la grande diver-
sité des entreprises du sport a une incidence directe sur les méthodes de gestion.
En effet, la gestion marketing d’un club associatif, même si elle n’a pas la même
nalité éthique, conduit à utiliser des outils similaires à ceux des entreprises
commerciales avec qui les clubs sont en concurrence. Le marché générique du
sport et des loisirs, construit autour du besoin d’occuper un temps libre grandis-
sant, impose une réactivité de l’offre et un repositionnement permanent. Par
ailleurs, la gestion des coûts, bien que spécique du fait des conditions propres au
secteur associatif (subventions et bénévolat notamment), tend également à se
rapprocher de celle des entreprises commerciales. Un club doit désormais être
efcient pour être compétitif.
La demande de sport, en France, est segmentée en demande de pratiques et en
demande de spectacle, s’agissant de deux marchés sur lesquels les clubs sportifs ne
disposent pas des mêmes armes que leurs concurrents commerciaux. Sur le marché
des pratiques, ils sont en position dominante pour ce qui est des sports éducatifs et
de compétition. Par contre, ils sont dominés sur le segment des loisirs dont les
perspectives de prot attirent les entreprises commerciales. Le marché du spectacle
sportif, bien qu’alimenté par les clubs qui organisent en grande partie les compéti-
tions, est également dominé par les entreprises commerciales. Les sommes enga-
gées et le rapport de force avec les médias imposent, en effet, une stature
économique que n’ont pas les clubs associatifs.
1. L’arrêt de la Cour de justice européenne de 1995, dit « arrêt Bosman », établit la liberté de circulation des
sportifs professionnels au sein de l’Union. À l’époque, seuls les footballeurs étaient concernés. L’arrêt dit « Malaja »
(2000) l’étend au basket-ball et à tous les autres sports.
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Chapitre L’offre d’un club
sportif : politique
de produit
2 etstratégie
marketing
OBJECTIFS
Caractériser la spécificité d’un service sportif et de sa gestion sur le marché
dusport.
Concevoir et mettre en œuvre une politique d’innovation sportive.
Savoir construire un plan marketing dans le cadre d’une stratégie de club.
SOMMAIRE
Section 1 Le portefeuille de services d’un club sportif
Section 2 La politique d’innovation d’un club sportif
Section 3 Stratégie et plan marketing d’un club sportif
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Chapitre 2 ■ L’offre d’un club sportif : politique de produit etstratégie marketing
U n service n’est pas un produit tout à fait comme un autre : intangible, péris-
sable, indivisible, de qualité variable, il réclame une gestion spécique
(Andreasen et Kotler, 2008 ; Lovelock et al., 2014). À la suite de Levitt (1981), nous
pouvons soutenir l’idée que la production de services s’apparente de plus en plus à la
production industrielle, même si la fonction productive est rarement capitalistique.
C’est pourquoi nous retenons comme facteur clé de réussite de l’entreprise de services,
la capacité à rationaliser ses prestations en termes d’efcience (Tribou, 1994, 2013).
1. À ce sujet, voir J.-P. Sinsou, Yield and revenue management, ITA, 1999.
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L’offre d’un club sportif : politique de produit etstratégie marketing ■ Chapitre 2
1. Bernard Jeu écrit, à ce sujet, que « le sport est perçu comme une belle histoire […], un véritable champ de
force émotionnel, un appel constant à l’imaginaire ». Pour lui, « il existe une fonction poétique du sport » (1992,
p.20-21).
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Chapitre 2 ■ L’offre d’un club sportif : politique de produit etstratégie marketing
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L’offre d’un club sportif : politique de produit etstratégie marketing ■ Chapitre 2
Une politique de produits (services) passe par la dénition d’un produit (service)
central et de produits (services) périphériques. Par exemple, le produit central d’un
1. Une autre situation peut altérer la perception de qualité : celle d’une consommation collective et participative.
Par exemple, une course en montagne associant des alpinistes chevronnés et des débutants, et qui doit rebrousser
chemin à la suite de la défaillance d’un membre de la cordée. La prestation du guide se trouve ainsi mise en cause.
Cette question du maillon faible est récurrente chez des prestataires comme l’UCPA ou Terres d’aventure : la com-
position d’un groupe sur la base de déclarations de niveau posant un problème d’homogénéité et donc de satisfaction
collective (l’intrus qui a bluffé est tout aussi déçu que ses partenaires frustrés). La solution passe par des tests de
niveau.
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Chapitre 2 ■ L’offre d’un club sportif : politique de produit etstratégie marketing
Exemple 2.1
Une étude réalisée en 2014 par la Ligue de football professionnel auprès des spectateurs
des clubs de Ligue1 (n =70000) indique que 9spectateurs sur 10 se rendent au stade en
voiture et que 64% d’entre eux réclament prioritairement plus de places de parking ; qu’ils
sont 3 sur 4 à acheter une boisson et 2 sur 3 un produit de restauration ; que la majorité
réclame des packs regroupant billet de match et plateau repas, etc. Un club de football peut
ainsi concevoir une offre clairvoyante des motivations globales et, au-delà du seul spec-
tacle de match, donner plus de relief aux services périphériques (restauration ou accès au
stade).
Ainsi, une politique de services passe par la gestion d’un assortiment et des
gammes qui le composent, dans la perspective de répondre au mieux à une demande
dont les motivations d’achat et la segmentation évoluent continuellement.
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L’offre d’un club sportif : politique de produit etstratégie marketing ■ Chapitre 2
pratiquants (la demande est-elle sufsante pour la nouvelle pratique ?). Dans un
second temps, chaque prestation peut être creusée s’il existe des modalités de pra-
tique ou des catégories de pratiquants sufsamment différenciées pour justier un
tel développement de l’offre : distinguer des cours de dériveur pour adultes et une
initiation pour les enfants semble un minimum de profondeur de gamme. Mais cela
implique aussi des moyens différenciés au niveau des embarcations (dériveur 470
pour les adultes, Optimist pour les moins de 15 ans). Ainsi, ce qui détermine les
choix en matière de gestion de gamme renvoie, d’une part à la stratégie marketing
(quelles catégories de publics vise-t-on ?) et, d’autre part, aux moyens d’y faire face
(les moyens en capital technique et en ressources humaines sont-ils sufsants ou
a-t-on les capacités nancières d’investir et de recruter ?).
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Chapitre 2 ■ L’offre d’un club sportif : politique de produit etstratégie marketing
Évolution possible : supprimer « Fédération française de badminton » dès lors que le sigle
bénéciera d’une notoriété sufsante.
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L’offre d’un club sportif : politique de produit etstratégie marketing ■ Chapitre 2
coûteux qu’un circuit court, a fortiori qu’un système de vente directe. L’autre objec-
tif est un objectif d’image : un produit présent dans les rayons d’une grande surface
alimentaire ne renvoie pas la même image au consommateur qu’un produit présent
dans une boutique, qu’il s’agisse d’articles ou de services. La grande distribution
propose, en effet, des séjours touristiques incluant des prestations sportives. Or, un
voyage distribué par l’hypermarché Carrefour n’a pas la même valeur symbolique
qu’un voyage pour la même destination distribué par une agence de voyages, quelles
que soient les conditions objectives des prestations (Ohl et Tribou, 2004).
Citons l’exemple du réseau de distribution du Club Med, qui dispose d’agences de
vente régionales dans des villes se trouvant au centre de zones de chalandise repé-
rées en France et dans le monde. Bien que l’essentiel des achats s’effectue par inter-
net ou par téléphone, on a jugé efcace de décentraliser les bureaux de vente par
souci de proximité et an de répondre aux souhaits de la clientèle de pouvoir dialo-
guer avec un interlocuteur proche de chez elle et que l’on pourra, si besoin, rencon-
trer en face-à-face, plutôt qu’avec un lointain vendeur d’une plate-forme délocalisée.
Le choix est tout autant marketing (prendre en compte les attentes de la clientèle et
sa psychologie) que logistique (organiser au mieux le système des réservations).
portant cravate et n’ayant aucune culture sportive sera moins performant qu’un ven-
deur présentant les traits caractéristiques du sportif idéal typique.
Le rôle joué par le personnel situé à l’interface est tout aussi fondamental dans le
secteur associatif. Il a été constaté que les adhérents peuvent décider de changer de
club à la suite d’un conit ou simplement parce que l’entraîneur auquel ils étaient
attachés est parti. Cela signie que la personnalité du prestataire avec lequel on est
en contact direct prime parfois sur la nature même de la prestation, puisqu’on
n’hésite pas à changer d’activité si le prestataire a perdu en séduction. Ce phéno-
mène d’attachement affectif est connu dans le secteur de la remise en forme : le
renouvellement d’une adhésion est très lié à la personnalité des monitrices (moni-
teurs) et des responsables. On reste dèle ou on se résigne à la rupture, comme dans
une relation sentimentale (Tribou, 1994).
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Chapitre 2 ■ L’offre d’un club sportif : politique de produit etstratégie marketing
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L’offre d’un club sportif : politique de produit etstratégie marketing ■ Chapitre 2
management) 1. Autre innovation, celle apportée par la société Travel Stadium, qui
commercialise des coffrets cadeaux de billets de matchs sans date xe (des coffrets
Olympique de Marseille ou ASSaint-Étienne pour le football ; Stade français pour
le rugby ; l’Open13 de tennis, etc.). La cible est également composée de publics qui
ne fréquentent pas spontanément les stades.
Décider d’un prix de vente répond à la fois à des impératifs économiques de renta-
bilité et à des objectifs marketing d’image et de positionnement (Lovelock et al.,
2014). En effet, au-delà d’un prix plancher s’appuyant sur le prix de revient de la
prestation, le prix de vente permet d’afcher une image symbolique de la qualité du
service et de la catégorie visée de ses consommateurs. Un prix coûtant –c’est-à-dire
le plus bas possible compte tenu de la nécessité de couvrir les coûts– traduit une
volonté politique délibérée de viser une clientèle à revenu modeste, au risque de
dévaloriser le produit (politique de pénétration du marché). À l’opposé, un prix
élevé permet de cibler une clientèle disposant d’un pouvoir d’achat supérieur ou
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Chapitre 2 ■ L’offre d’un club sportif : politique de produit etstratégie marketing
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L’offre d’un club sportif : politique de produit etstratégie marketing ■ Chapitre 2
seront encouragés par le tarif préférentiel qui leur est fait (∆Njeunes >0).
Une politique de prix variables peut cependant poser problème. En effet, l’utilisa-
teur du service peut très mal ressentir ces écarts et aller jusqu’à développer un sen-
timent d’injustice (pourquoi payer plus cher pour un service identique à quelques
jours d’intervalle ou plus cher que tel autre adhérent ?). Intégrer l’éthique associative
au calcul conduit à faire référence à la notion de « juste prix ». Il s’agit du prix cal-
culé en fonction de ce que la prestation coûte « vraiment » et qui renvoie à des
valeurs associatives et d’intérêt général, mais aussi sportives de loyauté et de frater-
nité. L’adhérent sait qu’il a affaire à un interlocuteur qui ne triche pas et dont le prix
de la prestation est « justié ». Si, par exemple, un club sportif bénécie d’une
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Chapitre 2 ■ L’offre d’un club sportif : politique de produit etstratégie marketing
100 % 0%
Écart maximum
% cumulé % cumulé
d’acheteurs d’acheteurs
jugeant le prix jugeant le prix
excessif insuffisant
0% 100 %
Prix de vente
Exemple 2.4
Prenons l’exemple d’une association de gymnastique volontaire souhaitant relancer ses
activités en ajoutant à sa gamme des cours de zumba et s’interrogeant sur ses tarifs. Une
séance de zumba vaut sans doute plus qu’une séance de mise en forme classique, non pas
parce qu’elle coûte davantage mais parce que l’adhérent se représente la pratique inno-
vante comme étant plus valorisante socialement ; de ce fait, il est prêt à payer davantage.
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L’offre d’un club sportif : politique de produit etstratégie marketing ■ Chapitre 2
Par ailleurs, l’adhérent a connaissance des tarifs de clubs de tness commerciaux qui
proposent également la pratique et qui constituent une référence en termes de qualité. Dans
ces conditions, l’association sera contrainte de xer un prix psychologique qui tienne
compte, d’une part, des représentations des pratiquants et, d’autre part, de la concurrence
commerciale.
Le prix est donc un moyen de positionner le produit, c’est-à-dire de le situer par
rapport aux besoins des pratiquants, mais aussi de positionner l’offreur par rapport
à ses concurrents. L’association veut-elle rivaliser avec les salles de grand standing ?
Alors il lui faudra pratiquer des prix élevés à la hauteur de ses ambitions. Si, plus
sagement, elle souhaite attirer des adhérents moins fortunés et sensibles à la convi-
vialité associative, alors elle proposera des tarifs plus accessibles (mais au risque de
dévaloriser ses prestations). En fait, toute la difculté réside dans la nécessité de
jongler avec deux images : l’image du produit dont le prix est un indicateur de qua-
lité et du statut social supposé des pratiquants, et l’image de l’association dont les
tarifs sont censés reéter le positionnement dans l’offre. Un club associatif visant
une image de prestige se doit de proposer des services à des prix élevés, au risque
de faire fuir ses adhérents populaires sans pour autant attirer un public aisé qui reste
à convaincre de la nouvelle réputation du club.
Le positionnement par le prix est ainsi fonction des représentations que la
demande entretient sur les services sportifs (le golf est réputé plus distinctif donc
plus cher que le tennis, qui lui-même est plus distinctif et plus cher que le tennis de
table) et sur les prestataires (du club huppé forcément hors de prix jusqu’au club
populaire bon marché). Prenons l’exemple du produit tennis et supposons qu’un
club repéré comme prestigieux et recrutant des adhérents d’un niveau social élevé
(ou le revendiquant), ait à décider du montant du prix de ses prestations (cotisation,
location de courts, enseignements, club house). Il le fera en référence aux tarifs des
autres clubs concurrents du même niveau de distinction sociale (quelle que soit la
pratique sportive, tennistique ou autre car, ce qui importe, c’est de répondre à un
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Chapitre 2 ■ L’offre d’un club sportif : politique de produit etstratégie marketing
Club très
Produit golf
distinctif
Club
Produit tennis moyennement
distinctif
Positionnement Positionnement
du produit du prestataire
Placé dans une perspective dynamique de cycle de vie des prestations, un club doit
envisager une politique de prix évolutive. Classiquement, on estime que le lancement
d’un produit se fait à prix élevé an de toucher des catégories de consommateurs por-
tés à se distinguer par l’innovation et an d’amortir les investissements (politique
d’écrémage) et qu’au fur et à mesure de la croissance, on procède à une baisse relative
des prix an de le diffuser massivement (politique de pénétration du marché). L’ordre
des décisions –de l’écrémage à la pénétration – est dicté par la prise en compte de
comportements de consommation basés sur la démonstration sociale et le mimétisme :
dans un premier temps, une minorité cherche à afcher sa position sociale plus élevée
que la moyenne ou simplement située ailleurs (early adopters), avant d’être rejointe
progressivement par la majorité de ceux qui font leurs choix en référence aux modèles
de consommations dont les médias se font l’écho. Le prix à payer pour la distinction
est donc, dans ces conditions, justement plus élevé. La pratique du golf est une bonne
illustration d’une politique de prix accompagnant un cycle de vie : de pratique élitiste
et onéreuse, le golf est devenu une pratique plus démocratique et donc moins chère.
L’explication est complexe : est-ce un engouement croissant pour le golf, un besoin
de golf se traduisant par une massication de la demande qui est à l’origine du phéno-
mène ou, au contraire, est-ce l’action promotionnelle de l’offre à travers la multiplica-
tion des clubs de golf, qui a provoqué cette démocratisation ?
Mais, pour apprécier l’effet d’un changement de prix sur la demande, il faut aussi
prendre en considération son élasticité. L’élasticité de la demande par rapport au
prix nous indique dans quelle proportion la demande réagit à une variation de prix :
ΔD / D
e=
ΔP / P
En règle générale, l’élasticité est négative, sauf à considérer que la consommation
d’un produit augmente quand son prix augmente, et inversement. Certes, cela peut
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L’offre d’un club sportif : politique de produit etstratégie marketing ■ Chapitre 2
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Chapitre 2 ■ L’offre d’un club sportif : politique de produit etstratégie marketing
Cas d’entreprise
La politique de prix du Racing Club de Strasbourg Alsace (RSCA) : club de
football de la Domino’s Ligue 2 – saison 2016-20171
Le prix d’une place dans un stade de football donne droit à un spectacle de
90minutes dont la valeur et la qualité varient selon l’affiche. La valeur sportive d’un
match de championnat n’est pas celle d’un match de Coupe de France ou de Ligue
(par élimination), ni celle d’une rencontre européenne en Ligue des champions ou
Europa. Le club accède à ces matchs générateurs d’audiences en fonction de son
classement de la saison précédente et selon un processus de qualification par défi-
nition aléatoire. Par ailleurs, la confrontation avec un club prestigieux où évoluent
des joueurs internationaux à forte notoriété a plus de valeur que la rencontre avec
le dernier du classement. Chaque club a, de ce fait, la possibilité d’augmenter les
tarifs de quelques matchs de galas (face à des adversaires de haut de classement ou
de niveau international) ou de les diminuer pour attirer les spectateurs lorsque le
club accueille des équipes de bas de classement. Par ailleurs, le confort du spec-
tacle en lien avec la topographie du stade a une incidence directe sur le prix.
Le stade de la Meinau dispose de quatre tribunes : les tribunes Nord et Sud permet-
tant de voir évoluer les équipes sur toute la surface de jeu, les tribunes Est et Ouest
se trouvant derrière les cages de buts et donc mal situées pour voir ce qui se déroule
sur l’autre moitié du terrain. Il dispose aussi de places en quarts de virage à visibilité
restreinte et de places dites populaires debout tout autour du stade (non ouvertes
aux abonnés). Les tarifs vont ainsi tenir compte de la qualité de spectacle découlant
de la zone (et du placement plus ou moins en hauteur). Par ailleurs, chaque zone
bénéficie d’un niveau de confort qui va également influer sur les tarifs : assis ou
debout, protégé ou non des intempéries ; ainsi que de prestations localisées (la tri-
bune Ouest dite « KOP » offre une ambiance de supporters, la tribune Est
« Familles » des animations pour les enfants).
Si nous considérons les abonnements qui font l’objet d’une grande attention com-
merciale (en matière de fidélisation), nous relevons trois niveaux de qualité à prix
croissant.
L’abonné de base a droit à une place numérotée pour assister aux 19matchs de la
saison, à une entrée au stade réservée pour limiter l’attente et de quelques avantages
qui le distinguent du spectateur occasionnel (invité à des Fan’s days, destinataire de
la newletter du club, prioritaire pour acheter des billets de matchs de coupes non
inclus dans l’abonnement) ;
☞
1. En 2017, le RCSA (rebaptisé RCS) a retrouvé la Ligue 1Conforama après être « descendu » jusqu’en CFA
puis « remonté » en National puis en L2. Rappelons qu’il existait 9 niveaux de pratique du football en France
jusqu’en 2017 : Ligue1, Ligue2, National, CFA1, CFA2, Division honneur régionale, Promotion honneur,
Promotion ligue, Division excellence. À compter de 2017-2018 : L1, L2, National, National2, National3,
Division régionale, Division départementale. Le championnat féminin regroupe 4niveaux : Division1,
Division2, divisions régionale et départementale.
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L’offre d’un club sportif : politique de produit etstratégie marketing ■ Chapitre 2
☞
Pour un tarif supérieur de 10%, l’abonné accède à une formule Confort qui le fait
bénéficier de quelques privilèges supplémentaires : une file d’attente réservée
pour accéder aux buvettes, une réduction de 10% sur ses achats en boutique, un
cadeau collector et des réductions pour les matchs de coupes.
La formule Premium à un tarif nettement supérieur de 50% donne en outre droit
à un siège recouvert d’une housse, à un plateau boisson/sandwich au choix, à une
place de parking réservée, à une réduction de 20% en boutique, à un cadeau
collector supplémentaire et au programme de match.
Par ailleurs, les tarifs prévoient des réductions pour les moins de 15ans (pour les
faire venir au stade) ou les plus de 75ans (pour récompenser leur fidélité au club)
et pour favoriser une fréquentation familiale (jusqu’à – 40 % pour une famille
avec 2enfants) ; plus des réductions classiques pour des catégories économique-
ment faibles. Cette politique de remises promotionnelles destinée à attirer des
catégories peu présentes ou se déplaçant en nombre et, secondairement, à mettre
en avant une politique sociale, renvoie à l’affiliation du club à une fédération dont
le statut associatif et la délégation de service public imposent une certaine
éthique, notamment en matière d’accès au sport.
réduit (–15ans,
+75ans et autres)
- –20%
Abonnement / / / / 469 499
Premium
Premium tarif / / / / 399 375
réduit (variable) (–15%) (–25%)
Autre facteur de prix : la capacité du stade. L’objectif de remplir un stade devrait
conduire à moduler les prix en application du principe d’économie d’échelle (les
mêmes coûts fixes pouvant être répartis sur davantage de places, le coût unitaire
baisse, offrant ainsi la possibilité de baisser le prix de vente ; ou inversement). En
fait, la capacité du stade –capacité d’offre – doit être mise en relation avec la
zone de chalandise du club. Le RCSA (29000places) est le club alsacien histo-
rique de référence. La demande potentielle est de ce fait importante en nombre
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Chapitre 2 ■ L’offre d’un club sportif : politique de produit etstratégie marketing
☞
de spectateurs (forte densité en Alsace) et en pouvoir d’achat (une région riche
selon l’Insee). Ainsi, malgré des résultats sportifs chaotiques (entre Ligue 1 et
CFA), le club a maintenu une politique de prix relativement élevés. En comparai-
son, son concurrent régional FC Metz a une politique tarifaire plus attractive
(malgré un stade de plus faible capacité et de meilleurs résultats – mais le pouvoir
d’achat en Lorraine n’est pas celui des Alsaciens). Notons que les décisions sou-
vent prises de transformer des places debout en places assises ont pour consé-
quence directe de réduire la capacité du stade et, indirectement, d’augmenter les
tarifs, d’élever le niveau social des spectateurs et, du moins le pense-t-on, d’éva-
cuer par le prix des places le problème du hooliganisme 1 .
Enfin, le prix a une dimension psychologique liée à la ferveur des publics de
supporters. Certains clubs comme le PSG, l’OM ou le LOSC bénéficient du sou-
tien de leurs publics parce qu’ils sont des symboles d’identité locale et de réussite
collective (avec environ 30 000 abonnés pesant sur les choix tarifaires).
Bromberger (1995) évoque le climat passionnel de ces clubs légendaires qui ras-
semblent les générations et qui bénéficient en retour de gros effectifs d’abonnés.
Dans ces conditions, la descente en division inférieure est vécue comme une
déception, voire une trahison, et le club est contraint de réagir en matière de prix.
Ainsi le RCSA, qui avait vu le nombre moyen de ses spectateurs baisser de 20%
et un taux de remplissage du stade passer de 67 à 53% à la suite de sa descente
en Ligue2 en 2008-2009, avait dû revoir ses tarifs à la baisse (des réductions entre
30 et 45%). La montée en L1Conforama en 2017-2018 a incité le club à aug-
menter ses tarifs d’abonnement malgré un nombre d’abonnés relativement
modeste la saison précédente (de l’ordre de 7500) : +20% pour l’abonnement
de base, +30% pour le premium. Bien que nouvellement promu, le RCS 2 se situe
à la 8e place pour ce qui concerne ses premiers prix (179€), à la 13e pour ses
tarifs les plus élevés (649€) ; soit un rapport de 1 à 3,6 alors qu’un club comme
Montpellier affiche un rapport de 1 à 10,6 (80-850€) et son concurrent régional
FCMetz de 1 à 4,5 (189-849€). Ceci illustre bien la politique de prix menée par
le club.
1. Le Racing Club de Strasbourg Alsace est redevenu le Racing Club de Strasbourg à compter de la saison2017-
2018, à la suite de la disparation de l’entité régionale Alsace (intégrée dans la région Grand Est).
2. En réalité, la conséquence a été une réduction de la fréquentation familiale et populaire. Les hooligans appar-
tenant à des catégories sociales variées et étant très déterminés sont peu sensibles aux prix. VoirN. Roumestan, Les
Supporters de football, Anthropos, 1998.
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L’offre d’un club sportif : politique de produit etstratégie marketing ■ Chapitre 2
l’ensemble de ses concurrents indirects concernés par un marché générique des loi-
sirs particulièrement étendu). Un club innove rarement pour améliorer les perfor-
mances sportives (le segment des pratiquants de haut niveau étant très limité en
volume), il innove principalement pour développer son marché en direction de
catégories non sportives ou faiblement sportives (Tribou et Desbordes, 2006). La
décision d’innover est donc clairement marketing1 .
Une innovation est toujours à relativiser, car rares sont les innovations majeures
–dites « de rupture »– à la fois pour le consommateur et pour l’entreprise innovante
(elles sont estimées à moins de 10 %). La plupart sont de type incrémental (une
rénovation) ou font l’objet d’un simple axe de communication (sans réalité produit).
Nous écartons les emprunts à des concurrents (me too) conduisant à des innovations
de positionnement pour le prestataire seulement.
Premier degré d’innovation : une simple rénovation de pratiques existantes. On
change l’emballage du produit en quelque sorte ou parfois simplement son appella-
tion (exemple2.5). L’important est que le client ou l’adhérent ait l’impression de la
nouveauté2.
Deuxième axe de développement du tness : conserver les mêmes pratiques mais dans un
autre environnement. Citons l’aquafusion qui consiste à délocaliser des pratiques éprou-
vées en salles dans un environnement aquatique : l’aquabiking (pédaler dans l’eau), le
cardio jump (bondir), l’aquascult (muscler), l’aquapunch (tonier).
Il existe un second niveau d’innovation plus risquée (dite « incrémentale »)
consistant à transformer réellement une pratique existante en modiant certains
de ses attributs : notamment ses règles de pratique ou son équipement.
1. Voir notamment P. Millier, Stratégie et marketing de l’innovation technologique. Créer les marchés de demain,
Dunod, 2011.
2. A. Van de Ven (« Central Problems in the Management of Innovations », dans Management Science, vol.32,
no 5, 1986) souligne que l’innovation doit impérativement être perçue par le client si l’entreprise veut réussir le
lancement du produit.
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Chapitre 2 ■ L’offre d’un club sportif : politique de produit etstratégie marketing
L’innovation peut aussi porter sur l’environnement de pratique (de l’indoor vers
l’outdoor ou inversement) ou son appareillage (une innovation technologique
provoque une visibilité sur le marché). Elle est souvent associée à un changement
d’image en lien avec des représentations sociales (la tenue vestimentaire en étant
souvent l’expression). Le beach tennis constitue un bon exemple d’innovation,
portant à la fois sur son environnement, ses règles de pratique et son matériel
(exemple2.6).
Exemple 2.6– Les innovations adoptées par les clubs de tennis affiliés
L’innovation du beach tennis marque le passage du court au sein d’un club à la plage hors
club (pour soustraire la pratique à la contrainte des infrastructures), puis à d’autres envi-
ronnements proches du pratiquant (pelouse, bitume) dans une perspective marketing de
massication de la pratique. Elle s’accompagne d’innovations produits (une raquette
pleine, des balles moins dures et plus légères) et de pratique (volée sans rebond, let plus
haut – 1,70mètre).
Son intégration dans les clubs afliés à la Fédération française de tennis (FFT) et l’orga-
nisation d’un championnat fédéral ont conduit à l’adoption de règles ad hoc : de matériel
(raquettes de moins de 400g, 50centimètres maximum) et de jeu (durée des sets, mode
de service, etc.).
Une autre innovation vise à développer les adhésions, celle du padel. La pratique se fait
sur des courts clos de plus petite dimension (20mx10m, soit 1/3 d’un court de tennis
classique) avec une raquette sans cordage et des balles plus souples. Le padel se joue en
double et selon des règles ad hoc également : service cuillère, rebonds au sol et sur les
murs (rappelle le squash), en 2sets gagnants. La pratique qui cible une clientèle d’actifs
visant davantage à soigner leur forme qu’à participer à des tournois, a connu un fort déve-
loppement en Espagne (en 2015 : 3,5millions de pratiquants, soit plus que le tennis, dont
40% de femmes).
Troisième niveau d’innovation et de risque : introduire sur le marché une pratique
totalement nouvelle (dite de rupture) pour les prestataires et les consommateurs
(exemple2.7). Relevons que l’innovation reste somme toute relative, car rares sont
les innovations radicales 1. Elle emprunte parfois à un autre secteur sportif (le surf de
neige s’inspirant du surf de vagues ; le parapente du parachute) ou procède par
hybridation d’activités existantes ; soit l’hybridation de plusieurs pratiques sportives
(kitesurf, footgolf, base jump), soit l’hybridation de pratiques sportives et plus
1. Les exemples récents d’innovations majeures se trouvent dans la connexion de pratiques à des supports numé-
riques. À la suite de la Wii de Nintendo permettant une pratique sportive dans son salon face à un écran, il y a eu
oraison d’innovations permettant de connecter les pratiques aux réseaux sociaux sur internet. Ainsi l’iPod de Nike,
dont la publicité annonce une nouvelle façon de courir : « Une fois votre course terminée, connectez votre iPod nano
ou iPod touch à votre Mac ou PC [et] rendez-vous sur le site pour y découvrir les données concernant toutes vos
courses et partagez votre motivation avec des coureurs du monde entier. » (site iPod, juillet2014). Relevons qu’une
étude réalisée en mars2017 par Opinion Way indique que 35% des Français possèdent au moins un objet connecté
(dont 6% une montre).
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L’offre d’un club sportif : politique de produit etstratégie marketing ■ Chapitre 2
1. Citons le chessboxing associant boxe et jeu d’échecs (6rounds d’échecs de 4mn et 5rounds de boxe de 3mn
–victoire aux points ou par KO/échec et mat).
2. Relevons l’exemple des pratiquants du parapente –innovation marquante des années1980. Ils furent rarement
d’anciens parachutistes, le parapente s’étant inscrit dans la culture de la glisse (soit très loin du parachutisme d’ins-
piration militaire). Ainsi, il est périlleux d’établir des liens de liation entre pratiques traditionnelles et innovantes
(Loret, 1995).
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Chapitre 2 ■ L’offre d’un club sportif : politique de produit etstratégie marketing
• La première tendance est liée au positionnement social par le sport. Le sport fait
partie des consommations symboliques répondant à des motivations d’identité
sociale. Le choix sportif irait ainsi vers des pratiques nouvelles identitaires et
d’accès immédiat.
• Une seconde tendance est associée à la délocalisation des pratiques, du milieu
naturel vers le milieu urbain et inversement. D’une part, nous observons un mou-
vement vers la nature, soit dans un esprit de conquête (dominer la vague, dominer
le vent, dominer la pente, etc.), soit par sensibilité écologiste. D’autre part, nous
assistons à un mouvement inverse d’urbanisation des pratiques habituellement
repérées en milieu naturel, soit pour contrôler l’espace de pratique (à l’abri des
aléas météorologiques et naturels en général – un mur d’escalade indoor, par
exemple, peut se pratiquer en toutes saisons et en toute sécurité), soit pour réduire
les temps de déplacement (depuis le domicile ou le lieu de travail). Cette tendance
est à rapprocher d’une autre évolution : celle du temps libre qui tend à se fragmen-
ter en moments de liberté pour le sport. Une semaine de congés, un week-end ou
quelques heures volées entre midi et deux ou après une journée de travail, sont
autant de possibilités de pratiquer un sport dans un espace de proximité.
• Troisième tendance : une tendance à la technologisation. L’évolution se déroule
sous l’impulsion d’un appareillage de plus en plus sophistiqué et offrant des possi-
bilités d’usage renouvelées. Par exemple, la pratique du ski alpin s’est transformée
à la suite de l’invention du ski parabolique, puis du ski de gures (à double spatule).
Le skieur classique s’est ainsi transformé en rider tout-terrain, puis en freestyler. Les
fabricants de biens sportifs ont une grande part d’initiative dans ces processus.
• Quatrième tendance : une tendance à l’hybridation des pratiques. Nous avons
souligné supra le fait qu’un des moyens d’innover passe par la combinaison de
pratiques existantes. Les prestataires offrent ainsi des formules de stages multis-
ports garantissant une pratique sportive quelles que soient les conditions environ-
nementales. Des formules comme « ski +tennis » ou « VTT +voile » permettent
ainsi de réagir à une météo capricieuse. À cette logique liée aux conditions de
pratique peut venir s’ajouter une logique technique de conception de matériel. Le
kitesurf constitue une bonne illustration : composé d’un surf tracté par un cerf-
volant, il a renouvelé la pratique de la planche à voile en donnant la possibilité
d’exécuter plus facilement des gures radicales avec un vent modéré.
• Dernière tendance : celle qui conduit à une mise en forme aventureuse des pra-
tiques. Elle concerne le pratiquant en mal d’émotions et à la recherche de l’exploit
personnel 1. Cette motivation de pratique conduit l’offre à proposer des activités à
risque ou, plus exactement, apportant une sensation de risque. Une descente en
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L’offre d’un club sportif : politique de produit etstratégie marketing ■ Chapitre 2
raft ou en ski hors piste sont des pratiques dont le risque est soigneusement maî-
trisé par le prestataire : le rafting se pratique sur des cours d’eau sans danger réel
et la station offre aux riders de l’extrême des hors-pistes répertoriés et surveillés.
• Ce repérage de tendances de pratiques doit être mis en relation avec d’autres ten-
dances touchant plus largement à des phénomènes sociétaux (culturels et éthiques).
À la suite de Loret (1995, 2004, 2014), nous posons l’hypothèse que le sport par-
ticipe activement à ces phénomènes dont il constitue une des manifestations.
Retenons deux pistes d’analyse. La première explore les conséquences sportives
d’un changement de valeurs1. En réaction aux valeurs centrées sur l’individu et son
confort de vie de la n du e siècle, se sont développées des valeurs plus commu-
nautaires. La traduction sportive de ce mouvement amorcé à la n des années1990
semble être le passage de pratiques d’accomplissement personnel de chacun à des
pratiques plus familiales, amicales et conviviales. Le jogger solitaire, coupé du
monde et à l’écoute de son walkman, aurait rejoint femme, enfants, amis dans une
salle d’escalade ou le long d’un parcours d’aventures. L’autre évolution concerne le
rapport à la morale dominante. D’une attitude de rejet systématique des autorités
morales jugées has been (politiques, religieuses, écologiques, humanistes), nous
serions passés à une attitude de quête éthique pour donner du sens à l’action. Ce
courant de moralisation concomitant à la résurgence du religieux a également eu des
effets sur les pratiques. L’attitude libertaire de rejet des autorités morales, qui carac-
térisait certains pratiquants aventuriers partant à la conquête de la nature sans jamais
se préoccuper des dégâts que leur passion pouvait produire (les dégâts causés par
l’enduro moto, le jet-ski, etc.) a, semble-t-il, laissé place à une attitude globalement
plus respectueuse (charte des itinéraires VTT, randonnées nature à cheval, etc.).
C’est donc aussi à partir de ces tendances sociétales que les prestataires vont
concevoir leurs nouveaux produits. Et c’est à partir de ce qu’ils vont découvrir sur
le marché et à travers les médias que les consommateurs vont faire évoluer attitudes
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
et comportements. Compte tenu du fait que tous les décideurs économiques utilisent
les mêmes études de tendances, il est fort probable que ce qui était annoncé se réa-
lise, confortant ainsi le pouvoir de prédiction des agences. En effet, les consomma-
teurs n’ayant pour références que ce que leur offrent massivement les producteurs,
ils vont, par conformisme, en adopter l’essentiel.
1. Voir B. Andrieu (éd.), Éthique du sport. Quelle philosophie ?, L’Âge d’Homme, 2013.
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Chapitre 2 ■ L’offre d’un club sportif : politique de produit etstratégie marketing
Pour aboutir à des innovations sportives, ces pistes doivent être mises en parallèle
avec de nouvelles modalités de pratiques, an de pouvoir mettre en évidence les
conditions de leur réalisation (notamment en termes d’accès).
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L’offre d’un club sportif : politique de produit etstratégie marketing ■ Chapitre 2
général. L’idée d’un sport que l’on doit mériter par la souffrance d’un long appren-
tissage, à la fois technique et corporel, a laissé place à celle d’un accès immédiat au
plaisir de pratiquer, sur le mode de la consommation en général. Comme il le fait
lors de l’achat d’un séjour touristique organisé qui lui permet de se transporter sans
délai ni préparation dans le pays choisi sur une carte du monde, le sportif consom-
mateur souhaite pratiquer dans les mêmes conditions. Séduit par les prouesses d’un
champion de tennis à la télévision, il peut se rendre dans le club le plus proche pour
pratiquer au plus vite le même tennis et avec le même équipement. C’est pour
répondre à ce niveau d’exigence que l’innovation intervient et il est probable que la
diffusion d’une raquette à grand tamis n’avait comme objectif que de faciliter l’ac-
cès à la pratique.
Ainsi à chaque obstacle va correspondre un projet de recherche et de développe-
ment (tableau2.2).
• Si la pratique est réservée à des hommes jeunes en pleine forme physique, la
recherche va tendre à rendre l’accès plus facile aux femmes et aux hommes dotés
d’un physique handicapant. Par exemple, l’innovation du bodyboard pour une
approche du surf a permis de rendre la pratique accessible à des personnes sans
grandes qualités physiques.
• Si la pratique réclame un apprentissage long et répétitif, en interdisant l’accès à
des personnes ayant des charges familiales et manquant de temps pour s’entraîner,
une série d’innovations peut faire en sorte de raccourcir les délais. Par exemple,
les innovations apportées dans l’enseignement du ski associées aux innovations en
matériel des fabricants, ont permis aux écoles de ski de proposer une initiation
accélérée au ski alpin et au snowboard en quelques jours.
• Si la pratique réclame des conditions environnementales optimales (une météo
favorable dans un endroit spécique et à tel moment de l’année), les innovations
vont viser à lisser ces contraintes. Par exemple, les améliorations techniques
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L’offre d’un club sportif : politique de produit etstratégie marketing ■ Chapitre 2
1. Au sujet des conits potentiels de personnes au sein d’une organisation et/ou à son encontre, voir C. Argyris,
« Organizational Leadership and Participative Management », dans Journal of Business, vol.28, no 1, p.1-7, 1995.
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Chapitre 2 ■ L’offre d’un club sportif : politique de produit etstratégie marketing
Le marketing ne se limite pas à l’analyse des besoins pour ajuster l’offre, il devient
stratégique lorsqu’il intègre la contrainte de la concurrence sur des marchés évolu-
tifs. Pour défendre sa part de marché ou l’accroître, le prestataire doit faire mieux
que ses concurrents et positionner sa marque de façon à ce que le consommateur en
repère la singularité et la primauté. Trois situations de marché sont à distinguer :
– le marché est en expansion et maintenir sa part de marché suft au développe-
ment du chiffre d’affaires ;
– le marché stagne et il faut augmenter sa part de marché, au détriment de la
concurrence ;
– le marché est en régression et il n’y a plus d’autre choix que d’imposer la
marque ou se retirer.
1. Le problème surgit notamment à l’occasion du rattachement de pratiques nouvelles à une fédération : le fun-
board et la Fédération française de voile, le snowboard et la FF de ski, etc. Car un changement de majorité peut se
produire et mettre en péril l’autorité des élus.
2. Au sens de P. Bourdieu, « Le capital social », dans Actes de la recherche en sciences sociales, vol.31, 1980.
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L’offre d’un club sportif : politique de produit etstratégie marketing ■ Chapitre 2
Nous visons à montrer que les modèles stratégiques largement utilisés dans l’in-
dustrie (étant donné le risque d’investissement) sont applicables au domaine des
services sportifs dans son ensemble, que les acteurs soient des sociétés commer-
ciales, des collectivités ou des associations.
de dire que le lancement d’un produit qui se caractérise par une rentabilité négative
(il coûte plus qu’il ne rapporte encore) et une notoriété insufsante, doit être appuyé
par des actions marketing qui n’ont pas le même contenu que celles qui accom-
pagnent la phase de croissance (accélération des ventes et concurrence de plus en
plus forte) ou celle de maturité et ce, jusqu’à la pétrication du marché (où le béné-
ce atteint son niveau maximum dans un contexte souvent oligopolistique). D’autant
plus qu’on ne s’adresse pas aux mêmes consommateurs (gure2.3)1 . En effet, les
« innovateurs » (early adopters) de la phase de lancement, soucieux de distinction
sociale, ne sont pas les « suiveurs actifs » rassurés par la notoriété du produit qui
1. Voir J.N. Kapferer et G. Laurent, « Peut-on identier les innovateurs ? », Revue française du marketing,
1980/4, pp.21-39 (à la suite d’E.M. Rogers, Diffusion of Innovations, The Free Press, 1962).
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Chapitre 2 ■ L’offre d’un club sportif : politique de produit etstratégie marketing
s’est installé sur le marché. Ils ne sont pas non plus les « suiveurs passifs » et les
« retardataires » poussés par la pression sociale et le conformisme à adopter le pro-
duit dénitivement installé sur un marché allant vers sa maturité.
Innovateurs Retardataires
environ 15 % environ 15 %
Temps
À la différence d’un bien d’équipement dont on comprend bien que les ventes
puissent connaître une phase d’accélération par un phénomène d’engouement, puis
de ralentissement au fur et à mesure de sa diffusion (jusqu’à se stabiliser autour du
rachat, voire décliner si un nouveau bien de substitution est lancé sur le marché pour
répondre au même besoin), nous pourrions soutenir qu’un service qui, par dénition,
ne se stocke pas et disparaît à l’usage, ne puisse pas être pris en compte par la théo-
rie (Polge, 1997). Ainsi, le besoin d’être en forme corporelle semble une constante :
chaque semaine, le client d’un club vient consommer des services pour conserver sa
condition physique et soigner son apparence. Par contre, c’est le mode de satisfac-
tion de ces besoins qui évolue : le client peut, par exemple, passer de l’aérobic aux
arts martiaux. Si le besoin change relativement peu (besoin de sports d’hiver : la
fréquentation des stations est plutôt sable), le service évolue (moins de ski, plus de
loisirs non sportifs). Une fois levé ce risque de confusion entre besoin et service, il
apparaît que le service sportif est soumis à un cycle de vie qu’il convient d’analyser.
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L’offre d’un club sportif : politique de produit etstratégie marketing ■ Chapitre 2
coûts lors du démarrage)1 . L’objectif à court terme (à très court terme puisque la
gestion est décitaire) est de faire connaître le nouveau service en l’absence d’une
concurrence qui aurait pu participer à informer la demande potentielle2 . La commu-
nication est généralement ciblée sur la catégorie des innovateurs, qui sont à l’affût
de la nouveauté distinctive (dans le domaine sportif, ils sont plutôt jeunes et contes-
tataires), et passe par des leaders d’opinions. À la question « Qu’est-ce qui fait un
leader d’opinion ? », Dubois3 répond en trois points de dénition : expertise, empa-
thie et désintéressement. S’il est facile de repérer des experts sportifs, il est plus
difcile d’en faire des modèles d’identication4 et de plus en plus difcile de mettre
en avant leur désintéressement. Quoi qu’il en soit, la célébrité sportive conserve une
image forte largement utilisée par les clubs pour attirer clients et adhérents.
1. Le calcul de rentabilité du lancement d’un nouveau produit se fait à partir d’un chiffre d’affaires prévisionnel
(par expérience d’autres lancements similaires). Il distingue le cash ow brut (ce que dégage l’exploitation courante
du produit) et le cash ow net (après déduction des frais nanciers). Une bonne gestion doit conduire à un résultat
brut positif car le résultat net risque fort d’être négatif du fait des frais d’endettement.
2. Sur un marché concurrentiel, la publicité menée par les concurrents, si elle conduit à une neutralisation réci-
proque, permet cependant de dynamiser la demande globale du produit. En phase de lancement, l’entreprise pion-
nière doit assumer seule la publicité de sa marque et du produit.
3. B. Dubois, Comprendre le consommateur, Dalloz, 1994.
4. Tous les champions n’ayant pas le charisme d’un Tony Estanguet, triple champion olympique de canoë (2000,
2004, 2012).
5. Selon les experts du Boston Consulting Group (1982), l’expérience constitue un avantage concurrentiel indé-
passable en termes de prix de revient. Appliquée aux prestataires, cette théorie permet de mettre l’accent sur l’effet
d’apprentissage du personnel qui rend plus efcace dans la réponse à la demande (en termes de qualité) et plus
efcient en réduisant le coût unitaire. Par exemple, un animateur sportif expérimenté sera capable d’encadrer plu-
sieurs activités en parallèle, d’organiser une rotation du matériel et d’optimiser les équipements sportifs.
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Chapitre 2 ■ L’offre d’un club sportif : politique de produit etstratégie marketing
Rappelons qu’un service de qualité est un service qui répond efcacement aux
attentes de la demande et non un service qui satisfait à des critères objectifs prédé-
nis (technicité du matériel mis à disposition, niveau de formation du personnel,
etc.). Si le client attache peu d’importance au niveau d’expertise du moniteur et si,
par contre, il est très sensible à son apparence physique (son look sportif), alors la
démarche qualité passera par le recrutement de personnel répondant à l’attente. Un
moniteur de tennis ayant de l’embonpoint et proche de la retraite, quelle que soit son
expérience de l’enseignement, attirera sans doute moins d’adhérents qu’un jeune
compétiteur au physique séduisant.
La redénition des cibles correspond souvent à l’objectif de démocratiser le pro-
duit (de l’écrémage du marché vers sa pénétration). Le moyen classique se trouve
dans la baisse du prix relatif. Par contre, si on veut féminiser une pratique typique-
ment masculine comme la plongée sous-marine ou rajeunir une pratique de catégo-
ries plutôt âgées comme la marche, il convient de modier principalement l’image
de la pratique et secondairement certains de ses attributs. Pour attirer les femmes, on
pourra rendre la plongée moins technique (même si le faible intérêt des femmes pour
la technicité constitue en partie un cliché) et en modier l’image très masculine (par
exemple, en proposant des combinaisons plus adaptées aux femmes). Pour rajeunir
la marche, on pourra jouer également sur des représentations sociales, en la rebap-
tisant « trail » et en faisant référence à un matériel technique innovant.
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Chapitre 2 ■ L’offre d’un club sportif : politique de produit etstratégie marketing
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L’offre d’un club sportif : politique de produit etstratégie marketing ■ Chapitre 2
1. Cette question fait l’objet d’un débat en économie industrielle entre les tenants de la technology-push et ceux
de la demand-pull. L’innovation est-elle poussée par l’offre ou stimulée par la demande ? Dans le domaine sportif,
il semble que la demande soit à l’origine de l’innovation dans la majorité des cas.
2. Pour le détail des modèles stratégiques, on peut se reporter au collectif du groupe HEC Strategor, Politique
générale d’entreprise, Dunod, 2005 (réédité régulièrement).
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Chapitre 2 ■ L’offre d’un club sportif : politique de produit etstratégie marketing
À cette stratégie consistant à détenir une part dominante d’un même marché,
s’oppose la stratégie inverse de conquérir des parts d’autres marchés an de pouvoir
gérer un portefeuille d’activités diverses. C’est une stratégie coûteuse mais qui
réduit les risques liés aux uctuations de la demande. Elle consiste à développer le
portefeuille en y ajoutant des activités nouvelles, à condition qu’elles soient en
phase de croissance et que l’entreprise soit en position concurrentielle favorable, et
à élaguer des activités en déclin ou pour lesquelles l’entreprise est mal placée par
rapport à ses concurrents (tableau2.4).
Objectifs de la
Conditions de réussite Applications
diversification
Gérer un portefeuille Les différents produits doivent dégager –Élargir l’assortiment des
d’activités équilibré du des synergies positives (modèle prestations.
point de vue du cycle McKinsey) : Modèle du Boston
de vie des produits et –synergies d’image (pratiques Consulting Group : le choix
de leur rentabilité. compatibles culturellement) ; est fonction de la croissance
–techniques (pouvoir utiliser les mêmes du marché et de la part de
équipements sportifs et infrastructures) ; marché.
–en ressources humaines (animateurs et –Modèle Arthur D. Little : le
enseignants doivent être flexibles, mais choix est fonction de la
cela suppose une politique de formation phase de cycle de vie du
et une culture interne de changement) ; produit et de la position
–financières (développer l’assortiment concurrentielle.
peut renforcer la solvabilité face aux
banques) ;
–organisationnelles (tertiaire en
commun).
Les prestataires de services sportifs étant attendus comme des spécialistes, ils
doivent prendre la précaution de conserver un dénominateur commun à tous les
produits diversiés. Par exemple, une base nautique peut élargir son offre à des
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L’offre d’un club sportif : politique de produit etstratégie marketing ■ Chapitre 2
canoë classique et le raft) sans bouleverser son organisation (les moniteurs restent
les mêmes, seule l’embarcation change).
1. Nous faisons référence au modèle devenu classique du Boston Consulting Group, Les Mécanismes fondamen-
taux de la compétitivité, Economica, 1982.
2. Le modèle du BCG permet de classer les produits dans une matrice selon deux axes : un axe vertical de crois-
sance du marché (plus ou moins porteur), un axe horizontal de position de l’acteur sur le marché (plus ou moins
dominant). Ainsi, si le marché est porteur, deux situations à considérer : soit le prestataire domine (produit vedette
à préserver), soit il est dominé (produit dilemme à dynamiser pour proter du marché porteur) ; si le marché est
déclinant : soit il est mal placé (poids mort à élaguer sauf si produit jugé symboliquement important), soit il domine
(« vache à lait » protable).
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Objectifs de la
Conditions de réussite Applications
différenciation
Réduire les risques de la Maximiser les effets de Élargir et creuser la gamme pour
spécialisation sans pour synergie (comme pour la répondre à tous les besoins de tous
autant investir dans la diversification). les pratiquants (à partir d’études
diversification. Mais veiller à ne pas dépasser d’identification et de motivations).
Réagir à la demande : une certaine densité de Actions de positionnement :
–donner une impression de gamme, car placé face à un –par rapport aux clubs
choix ; éventail de choix trop concurrents ;
–répondre au vieillissement important, le consommateur –mais aussi au sein du club
psychologique des services. risque de fuir le club. (positionner les produits différenciés
les uns par rapport aux autres).
1. Ansoff, Corporate Strategy, Mc Graw Hill, 1965. Modèle plus couramment appelé SWOT : Strength,
Weakness, Opportunity, Threat.
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Cas d’entreprise
Le plan de développement de la Fédération française de canoë-kayak
(2017-2020)
Une bonne illustration de l’application du modèle SWOT à une association sportive
se trouve dans la réflexion menée pour le compte de la Fédération française de
canoë-kayak (FFCK) afin de parvenir à transformer une remarquable réussite spor-
tive (au niveau international et notamment olympique) en développement du
nombre de licenciés. En 2017, la FFCK compte environ 385000licenciés (28% de
femmes) dont 43000 à l’année (principalement pour la compétition ; les 342000
autres licenciés pratiquant ponctuellement en mode loisir). Son offre rassemblant
12activités se décline en fonction de l’environnement de pratique :
– eaux vives (slalom, descente, freestyle pour la compétition ; rafting pour le loisir) ;
– eaux calmes/lacs, plans d’eau (course en ligne en compétition ; kayak polo, rando/
marathon, dragon boat en loisir ; paracanoë/parakayak prenant en compte le han-
dicap) ;
– mer (kayak de mer, wave ski, pirogue polynésienne en loisir).
Son offre passe par un réseau de 700clubs.
Nous pouvons suivre le cheminement de l’analyse qui a conduit au choix de mettre
en place un plan marketing horizon 2020 (Jeux de Tokyo) en vue d’aborder des
publics plus larges que les publics traditionnels de compétiteurs (tableau2.7).
Tableau2.7–Analyse concurrentielle
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Diagnostic externe Diagnostic interne
Faiblesses
(1) Produit : saisonnier et contraint par un
nombre limité de sites naturels (pas de
pratique indoor).
(2) Communication : la forte image
compétitive peut effrayer les pratiquants loisirs.
Couverture médias faible.
(3) Prix : manque de flexibilité ; tarifs
dépendent du financement ministériel et du
sponsoring (s’il se réduit, obligation d’ajuster
par les prix des licences car pas d’autres
ressources internes).
(4) Distribution : se situe en dehors des grands
circuits du loisir (tours opérateurs, agences de
tourisme).
C’est sur la base de ce diagnostic concurrentiel que peut s’élaborer un plan mar-
keting en deux phases. Une phase stratégique de segmentation du marché fédéral,
de ciblage des prospects et de positionnement de la fédération. Une phase de
mise en œuvre planifiée des actions, de budgétisation et de contrôle (tableau2.8).
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© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
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Tableau2.8– Le plan marketing de la Fédération française de canoë-kayak
Choix stratégiques
Analyse du portefeuille de produits de la FFCK
Segmentation Marché porteur Produits dilemmes Produits vedettes
Rafting, rando, kayak Freestyle
(1)Quels de mer, wave ski
segments
conserver ? Marché stagnant/ Produits poids-morts Produits vache-à-lait
Développer ? en déclin Pirogue polynésienne, Slalom, descente, course
Supprimer ? dragon boat en ligne, parakayak/
(2) Faut-il canoë
innover ? Position dominée Position dominante
Segment1 : produits compétition (1 licencié sur 10).
Caractéristiques : forte motivation (culture du résultat) mais
marginalisé (communauté de compétiteurs)/pratique régulière de
proximité (attachement aux clubs pour les entraînements).
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Choix stratégiques
Ciblage Ciblage segment compétition : compétiteurs hommes et femmes,
jeunes célibataires ou couples plutôt sans enfants.
Pour chaque Intérêt en nombre d’adhérents potentiels : limité (env.43000licenciés
segment : et tendance à la stagnation).
(1) intérêt de la Accessibilité marché : accès par les clubs affiliés uniquement (marché
cible captif).
en recettes Intérêt d’image : technologie et innovation, dépassement de soi,
en image jeunesse.
(2) accessibilité Accessibilité image : garantie par les événements (impactants mais peu
de la cible médiatisés), la publication de résultats et le bouche-à-oreille (en
milieu fédéral).
Ciblage segmentloisir : sportifs réguliers ou occasionnels, hommes et
femmes, familles, toutes catégories d’âge
Intérêt en nombre d’adhérents potentiel : volume de 3millions de
pratiquants glisse mer +8,3 millions de glisse neige (vs322000
licences FFCK loisirs temporaires = marge de progression).
Accessibilité : marché très fluctuant (important turnover) et nombreux
produits nature de substitution.
Intérêt d’image : nature et plein air, famille, communauté.
Accessibilité image : promotion classique du loisir par les médias.
Bénéfice consommateur : forme et santé, en milieu
Positionnement naturel, esprit d’aventure
Cible consommateur : le plus grand nombre (hommes et
« La fédération apporte... femmes, tous les âges, familles)
(bénéfice consommateur)
à… (cible consommateur) »
Objectif principal segmentloisir : élargir la cible et
Objectifs stratégiques massifier le marché du canoë-kayak de loisir.
Moyens : communication médias (dont réseaux sociaux
car dimension communautaire), politique de distribution
(dont partenariats avec agences de loisirs).
Objectif secondaire segmentcompétition : féminiser
(catégorie sous-représentée)
Moyens : utiliser l’image des championnes (Émilie Fer, or
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
olympique).
Mise en œuvre
Planification des actions sur 4ans (en fonction des échéances électives de
renouvellement des dirigeants –et selon calendrier olympique Rio2016 – Tokyo2020).
Budgétisation : selon prévisions de stagnation des recettes licences (et absence de
billetterie spectacle), selon montants pérennisés des subventions publiques (fixées en
fonction des résultats actuels).
Seule possibilité de financement augmenté : celui des partenariats privés (à négocier) ;
plus recours à l’endettement ?
Contrôles et correctifs : réajustements des objectifs et des moyens chaque année selon
résultats.
Pistes de développement pour un prochain plan marketing (2021-2024) :
- viser un public de spectateurs payants (actuellement accès libre sur les sites des
événements) ;
- élargir le pool de partenaires (par des offres d’hospitalité notamment sur les sites).
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Chapitre 2 ■ L’offre d’un club sportif : politique de produit etstratégie marketing
1. M.E. Porter, Competitive Strategy, The Free Press, 1980 et Competitive Advantage, id., 1986.
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L’offre d’un club sportif : politique de produit etstratégie marketing ■ Chapitre 2
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Avantages concurrentiels Choix stratégique
Au niveau intrasectoriel : Choix des activités :
–image sportive (résultats) ; –stratégie de domination : concentration sur
–image de prestataire (qualité de service) ; un segment protégé –une niche d’activités–
–compétitivité (rapport qualité/prix). ou sur un segment ouvert à la concurrence ;
Au niveau extra-sectoriel : idem. –stratégie de diversification sur le marché
Vis-à-vis des parties prenantes : générique ;
–image du club ; –stratégie de positionnement par
–situation financière. différenciation des activités.
Ciblage :
–catégories visées (catégories populaires,
femmes, seniors) ;
–zone de chalandise (critère de proximité) ;
–publics individuels ou collectifs (comités
d’entreprises, familles).
Allocation des ressources : moyens à mettre en
œuvre.
1. W. Chan Kim, R. Mauborgne, Stratégies Océan Bleu : comment créer de nouveaux espaces stratégiques,
London, Pearson, 2005.
2. S. Prévot, « L’ethnologie dans le marketing. Observation oui, analyse non », Journal des anthropologues,
108/109, 99-114, 2007.
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Chapitre 2 ■ L’offre d’un club sportif : politique de produit etstratégie marketing
L’ESSENTIEL
La politique marketing d’un club repose sur la spécicité des services sportifs :
intangibles, de qualité variable, fortement symboliques et réclamant la participa-
tion du consommateur. Dans ces conditions, la politique de produits porte souvent
sur des attributs périphériques constituant, en quelque sorte, l’emballage de la
prestation. Par ailleurs, un service ne mobilisant pas d’investissements lourds, il est
possible d’en gérer l’assortiment avec une relative exibilité ; sous contrainte,
cependant, de ressources humaines en mesure de participer aux changements. Cela
rend en outre possible une politique d’innovations soutenue, mineures le plus
souvent, mais parfois aussi stratégiques, pour répondre à de nouveaux besoins ou
de nouveaux publics.
La stratégie marketing d’un club s’appuie sur la formalisation d’objectifs hiérar-
chisés. Nous avons relevé la confusion pouvant affecter les choix entre des objec-
tifs d’adhésion, de fréquentation de spectacles ou encore de partenariat. Elle passe
ensuite par la caractérisation des produits du club et de leurs performances. Il est
en effet crucial de pouvoir apprécier la dynamique d’un service par rapport aux
autres –croissance, déclin, relance– an de pouvoir décider d’une diversication
ou d’une simple différenciation. Enn, ces décisions ne peuvent pas faire abstrac-
tion de la concurrence. Un club doit être clairvoyant de ses forces et de ses
faiblesses, de celles de ses concurrents et des perspectives du marché, an de
pouvoir gérer au mieux le risque d’engager ou d’arrêter la production de presta-
tions. Relevons qu’un club modeste, une association de quartier, peut s’inspirer des
grands modèles stratégiques. Il convient certes de les adapter à l’objet et aux
moyens du club mais, en aucun cas, de laisser glisser le management vers une
improvisation au jour le jour.
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Chapitre
Les politiques de
communication
3 et de sponsoring
des clubs sportifs
OBJECTIFS
Savoir construire un plan de communication ciblé et finalisé.
Appréhender les outils du marketing direct.
Rationaliser la politique de sponsoring d’un club.
SOMMAIRE
Section 1 Le plan de communication d’un club sportif
Section 2 Le marketing direct des clubs sportifs
Section 3 La politique de sponsoring d’un club sportif
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Chapitre 3 ■ Les politiques de communication et de sponsoring des clubs sportifs
1. En matière de politique de communication, les références sont abondantes (et redondantes). Voir notamment
Adary, Libaert, Mas et Westphalen, Communicator, 7eédition, Dunod, 2015.
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Les politiques de communication et de sponsoring des clubs sportifs ■ Chapitre 3
La notoriété d’une marque est la connaissance qu’en a le public, en général, et ses pros-
pects en particulier. L’objectif est généralement d’atteindre un score de notoriété le plus
élevé possible. Pour ce faire, on adresse un message promotionnel aux consommateurs
à travers des médias sélectionnés en fonction de leur capacité à atteindre une cible pré-
alablement dénie. Pour en mesurer l’efcacité, on enquête auprès des prospects.
L’étude de notoriété est relativement simple à concevoir et se prête bien au traitement
statistique. À la question « Pouvez-vous me citer les clubs sportifs que vous connais-
sez ? » va correspondre un score de notoriété spontanée (le classement des clubs connus)
selon que le club est cité en premier (top of mind), en second ou plus loin dans le clas-
sement. À la question « Parmi ces clubs (gurant sur une liste), pouvez-vous signaler
ceux que vous connaissez ? » va correspondre un score de notoriété assistée (classement
des clubs reconnus). Une marque connue n’étant pas forcément une marque appréciée
et donc achetée, on complète l’objectif de notoriété par un objectif d’image.
L’image d’une marque peut être dénie comme un ensemble de représentations
qu’une certaine catégorie de consommateurs entretient à son sujet1. De ce point de
vue, il n’y a pas une image universelle mais autant d’images que de catégories et,
au sein de chaque catégorie, il peut y avoir pluralité de représentations, car l’image
s’appuie rarement sur une réalité objective. De plus, ces représentations ne sont pas
gées ; elles évoluent en fonction des mouvements culturels multiples et contradic-
toires qui agitent nos sociétés. Le repérage d’une image est de ce fait problématique.
C’est pourquoi les entreprises cherchent à promouvoir une image fédérative qui
constitue leur identité de marque, sufsamment proche des représentations des
consommateurs pour que ces derniers puissent se l’approprier et pas trop éloignée
des réalités pour avoir une certaine crédibilité. Ainsi :
– l’identité de marque est l’objectif de communication qui participe à une stratégie
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1. Cf. l’ouvrage classique de J.-N. Kapferer, Les Marques, capital de l’entreprise, Eyrolles, 2007 ; également
chez le même éditeur : M.-C. Sicart, Identité de marque, 2008.
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Chapitre 3 ■ Les politiques de communication et de sponsoring des clubs sportifs
• Tout d’abord, elle doit être une image positive qui suscite un élan affectif.. Elle
est un élément de séduction dans un contexte de forte rivalité sentimentale et
apporte une valeur ajoutée au produit, un supplément de qualité. La présence
d’une célébrité dans un club peut, de ce point de vue, bonier son image (la valeur
marketing des grands clubs de football européens tient, en grande partie, à leurs
portefeuilles de célébrités).
• En second lieu, l’image doit présenter une singularité telle qu’on la remarque parmi
les autres. L’originalité est un autre moyen de séduction sentimentale car on tombe
rarement sous le charme d’un produit banal et copie conforme de ce qui se fait partout
ailleurs. Par exemple, le Stade français, en se dotant de maillots au design décalé et
commercialisant un calendrier suscitant des commentaires dans les médias, a réussi à
bien distinguer le club de ses concurrents du Championnat de France de rugby.
• Pour qu’une image soit crédible, il faut que l’écart entre image et réalité soit suf-
sant pour séduire (le produit séducteur doit être à son avantage, dans un emballage
prometteur), mais sans dépasser les limites de la tromperie sentimentale (un embal-
lage qui ne tiendrait pas ses promesses). Si nous poursuivons notre illustration par
le rugby, le club communicant doit aussi mettre en avant un palmarès sportif.
• Enn, il est indispensable que l’image soit pérenne si on veut rassurer le consom-
mateur dans un environnement très mouvant et permettre au club de capitaliser les
retombées de sa communication. Mais si l’union se veut durable, elle doit être
confortée par une image renouvelée de temps à autre. Car une image gée dans
une société en mouvement risque d’apparaître obsolète et de se transformer à
terme en contre-image pénalisante. Dans ces conditions, la politique d’image va
consister, en outre, à rajeunir en permanence une image menacée d’être dépassée
par de nouveaux thèmes culturels et de nouvelles valeurs, mais en évitant soigneu-
sement de la bouleverser pour ne pas déstabiliser la clientèle et la dédéliser.
Les actions de communication d’un club visent trois types de prospects : les
consommateurs de pratiques sportives, les spectateurs, les partenaires. Pour attirer
de nouveaux adhérents, il convient de caractériser, au préalable, la cible des prati-
quants potentiels sur la base d’une zone de chalandise et de ce que l’on sait des
facteurs socio-économiques de la pratique1 . Les messages télévisés des grandes
fédérations (comme la Fédération française de tennis à l’occasion du tournoi de
1. Par exemple, les clubs de cyclisme peuvent s’adresser à des prospects caractérisés : 42% des Français âgés
de 4 à 70ans pratiquent le vélo ; parmi eux, 55% sont des hommes, 46% sont ouvriers ou employés, 44% sont
âgés de 16 à 39ans (d’après Ipsos-FPS, 2012).
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Les politiques de communication et de sponsoring des clubs sportifs ■ Chapitre 3
Roland-Garros) à destination du grand public sont une exception à cette règle, même
si l’on peut estimer que les téléspectateurs de l’événement sont des adhérents poten-
tiels. L’objectif de déliser les adhérents (dont le turnover moyen est de l’ordre du
tiers) est bien entendu plus simple à mettre en œuvre et beaucoup moins coûteux,
quoique cela suppose l’existence d’un chier qualié et actualisé qui fait parfois
défaut aux clubs et aux fédérations.
Par contre, les spectateurs potentiels sont plus difciles à cibler. Il existe peu de
données d’identication de l’audience directe des spectacles sportifs, discipline par
discipline, club par club. Ainsi, le club communicant devra réaliser une étude de
publics ad hoc pour dénir sa cible. Pour ce qui est de l’audience indirecte, les
sociétés d’études (principalement Médiamétrie en France) proposent un relevé des
audiences qualiées des différents programmes sportifs.
En ce qui concerne les partenaires, il semble rationnel de commencer par dresser
la liste des sponsors potentiels à partir d’une étude exploratoire, puis d’entrer en
relation directe avec les responsables (cf. section3 infra). Actuellement, le secteur
des boissons est très présent (du fait d’un lien « naturel » avec les sportifs, mais
aussi parce que les produits sont très substituables), devant celui des médias (marché
en expansion régulière), celui des banques et des assurances (qui visent à atténuer la
mauvaise image d’un secteur dominé par l’argent), de l’industrie du sport (qui
avance la preuve produit) et des collectivités (pour leur rayonnement auprès des
électeurs) (Walliser, 2010 ; Tribou, 2016).
Les objectifs étant xés, le club va devoir construire un plan média : dénir le message
de persuasion, choisir un support adapté à sa cible et à son budget, planier les actions.
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Chapitre 3 ■ Les politiques de communication et de sponsoring des clubs sportifs
– L’axe doit être universel dans la cible ; ce qui signie qu’il doit être compréhen-
sible par l’ensemble des individus visés. Un axe anticonformiste peut être res-
senti comme une agression ou simplement ignoré. C’est à ce niveau-là qu’on
trouve nombre de bévues publicitaires : trop souvent, le concepteur du message
considère que son univers culturel est aussi celui de l’audience et il n’hésite pas
à ajouter une touche personnelle de provocation à un message déjà ésotérique.
Le clin d’œil culturel se heurte alors à l’incompréhension des récepteurs et peut
se transformer en contre-publicité.
– L’axe doit s’appuyer sur un mobile d’achat ou répondre à un frein mis en évi-
dence par une étude de motivations. Par exemple, à la suite d’une étude de
clientèle réalisée dans un club de golf, nous avons relevé que la satisfaction était
forte en matière d’enseignement et faible concernant les services de restauration.
D’où une publicité que le club peut axer, soit sur la qualité des cours, soit sur un
service de restauration rénové. Dans un cas, on va dans le sens de la motivation
d’adhésion ; dans l’autre cas, on cherche à faire sauter un frein qui pourrait blo-
quer l’adhérent potentiel. Rappelons qu’en matière de consommation sportive,
les freins sont souvent des inhibitions liées à des stéréotypes de rôles sociaux (en
rapport avec l’âge, le genre, la catégorie sociale ; Lefèvre et Ohl, 2007). Le golf
ayant la réputation d’être un sport bourgeois, il risque de repousser les membres
des catégories populaires ; le tness étant une pratique réputée féminine, les
hommes hésiteront à s’y aventurer ; la pratique du BMX étant repérée comme
une pratique d’adolescents, les seniors s’en interdiront la découverte, etc. Les
messages adressés aux prospects inhibés sont alors conçus pour les libérer de ce
qu’ils croient être la pression sociale (une afche pour un club de remise en
forme mettant en scène un cours de tness mixte, par exemple). C’est le rôle du
concept médiateur.
Le concept médiateur est le thème de communication. Dans le domaine du sport,
l’argumentation du message devant s’adresser simultanément à l’ethos (en faisant
référence aux valeurs du sport), au logos (en faisant appel à la raison : le sport est
utile à la santé et permet de lutter contre le stress) et au pathos (appel au sentiment :
faire du sport par passion), on va abuser d’images stéréotypées montrant ces diffé-
rents aspects au risque de la banalité. C’est le travail de l’agence de publicité à qui
on impose une charte de création.
Par prudence, on va tester le concept médiateur auprès d’un échantillon de la
population visée, an d’éviter les distorsions (un effet de halo : le récepteur perçoit
des éléments qui ne gurent pas dans le message ; ou un effet de rejet d’une partie
du message jugée inadmissible). Par ailleurs, la sémiotique renseigne sur les risques
de polysémie du message1. En effet, un signe a toujours un sens dénoté, c’est-à-dire
1. G. Péninou, Intelligence de la publicité. Étude sémiotique, Laffont, 1972 (à la suite d’A. Mole, Théorie géné-
rale de l’information et perception esthétique, Flammarion, 1958).
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Les politiques de communication et de sponsoring des clubs sportifs ■ Chapitre 3
un sens objectif signié (par exemple, le signe « ballon » signie, pour les sportifs,
ce qui permet de pratiquer un jeu collectif) et un sens connoté, c’est-à-dire un sens
second subjectif lié aux caractéristiques sociales et culturelles de l’audience (le
signe « ballon » peut évoquer la grossesse pour la catégorie des femmes, la planète
pour des non-sportifs, etc.). D’où l’importance des pré-tests pour repérer les conno-
tations négatives pouvant affecter la cible.
18,5%
Internet : Cinéma : 0,4%
6,8%
Source : France Pub, mars2017.
1. Étude Médiamétrie auprès des internautes français âgés de 13ans et plus inscrits à au moins un réseau social
(3072enquêtés du 12septembre au 2octobre 2014).
2. Selon Repucom (cité par Sponsoring.fr, no 8, novembre2014), la Coupe du monde de football 2014 a généré
672millions de tweets et 3milliards de commentaires sur Facebook. Sur les 1,3milliard d’utilisateurs de Facebook,
88millions ont créé 280millions d’interactions lors de la nale.
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Chapitre 3 ■ Les politiques de communication et de sponsoring des clubs sportifs
sport (touchant environ 70% des Français) constitue une opportunité réaliste1. Les
audiences certes limitées des chaînes sportives présentent cependant l’intérêt de
concerner des publics eux-mêmes spécialisés dans le sport, cœurs de cibles des
clubs, des fédérations et des équipementiers. Relevons que la télévision mobile
venant en complément de la télévision xe (payante ou pas) tend à élargir considé-
rablement les conditions d’accès à l’offre médias. En janvier 2017, selon
Médiamétrie (Audience Internet Globale), 88,6 % des Français âgés de 15 ans et
plus se sont connectés à internet, principalement à partir de leur mobile (25,8mil-
lions s’y connectent chaque jour, soit 1 Français sur 2), puis de leur ordinateur
(25,1millions) et de leur tablette (1 Français sur 4).
Deuxième opportunité de diffusion abordable, la télévision sur internet (web TV)
constitue un support particulièrement bien adapté aux sports sous-médiatisés car elle
est peu coûteuse et ciblée sur les consommateurs de moins de 35ans qui échappent
à la télévision classique et qui cultivent souvent un sentiment communautaire
(exemple3.1).
1. En 2016, les 211000heures de programmes sportifs ont été diffusées à hauteur de 95% sur les 25chaînes
payantes (groupe Canal+, beIN Sport, SFR Sport, Eurosport, Foot+, Rugby+, Golf+, Equidia Life, Motors TV,
AB Moteurs, MCS ; plus les chaînes de clubs : OLTV, OMTV, Girondins TV, Onzeo, etc.), 5 % sur les chaînes
gratuites : TF1 a réalisé 20,4% de part d’audience, France2 13,4%, M6 10,2%, France3 9,1%, L’Équipe 0,9%
(unique chaîne libre d’accès 100 % sportive) vs 0,5 % pour Canal+Sport, 0,4 % pour BeinSports, 0,1 % pour
Eurosport. L’écart est considérable et pèse sur les choix des annonceurs et des sponsors.
Sur les chaînes gratuites, le football représente 17,1% du temps de retransmission, devant le cyclisme (11%), la
pétanque (9,2), les sports mécaniques (8,9), de neige et glace (8,7), de combat (7,5), le rugby (6,6), le volley (6,1),
le tennis (4,9), le basket (4,9), l’athlétisme (4,3), le handball (3,2), la natation (1,7). Données CSA, 2017.
2. La FFF propose un contenu social media complet : Facebook, Twitter, Instagram, Snapchat, Periscope ; plus
deux sites de diffusion d’images sur les équipes de France : Les BleusTV sur Youtube et FFFTV sur Dailymotion.
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Les politiques de communication et de sponsoring des clubs sportifs ■ Chapitre 3
Sites sportifs les plus visités Sites des clubs de football(données UEFA 2016)
(1) L’Équipe : 82millions dont (1) Manchester United – 8,6 millions
40 à partir d’un mobile (2) Arsenal – 8,5
(ACPM-OJD, 06/2017) (3) Liverpool – 7,7
(2) Foot Mercato : 42 dont 30 à (4) Real Madrid – 7,2
partir d’un mobile (id.) (5) FC Barcelone – 6,3
(3) Auto Plus : 9,3 (offremedia. 11 e : PSG – 2,6
com, 10/2016) 14 e : OM - 1,8
(4) Sports.fr : 6,9 (id.) Mais aussi : Leicester, Fenerbahce, Al Ahly (Egypt), Sao
(5) Football.fr : 4,5 (id.) Paulo, St-Petersbourg, etc.
(6) France Football : 4,2 (id.)
(7) RMC Sport : 3,8 (id.)
(8) L’Équipe ilosport : 1 (id.)
(9) Auto-journal.fr : 0,63 (id.)
(10) Sport Auto : 0,46 (id.)
Les jeux vidéo (pratiqués entre soi ou sur les réseaux sociaux) constituent une
quatrième piste de médiatisation de l’offre sportive des clubs1. Ils permettent, en
effet, de toucher des pratiquants qui ne fréquentent pas les stades spontanément et
notamment les moins de 35ans qui ne connaissent souvent du sport que sa forme
virtuelle (voir le focus consacré au e-sport –chapitre1, section1)
■■Quels sont les critères de choix d’un média par un club sportif ?
Le choix du média et du support est d’abord dicté par celui de la cible. C’est en effet
en fonction des caractéristiques sociodémographiques et de style de vie des consom-
mateurs ciblés qu’on va choisir le support médiatique. Les données qualiées sur les
audiences selon l’âge, le genre, la catégorie sociale et l’habitat (plus rarement selon
des critères de style de vie –sport pratiqué, style musical, style vestimentaire, etc.)
sont généralement disponibles auprès de sociétés d’études comme Médiamétrie ou
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
1. En 2013, les jeux sportifs se classaient en deuxième position sur le marché français avec 4,2millions de jeux
vendus à plus de 28 millions de joueurs (selon GfK, 2014). À l’échelle mondiale : 1 milliard de gamers (P.-L.
Lacombe, Jeux vidéo et e-sport : émergence et enjeux, IEP-Strasbourg, 2014). Cf. aussi B. Berthier, L. Parisot,
« Panorama des jeux vidéo », Psychotropes, 188, pp.25-43, 2012.
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Chapitre 3 ■ Les politiques de communication et de sponsoring des clubs sportifs
Partie de
la cible
Audience
non atteinte
« inutile »
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Les politiques de communication et de sponsoring des clubs sportifs ■ Chapitre 3
Ce mode de rationalisation du choix des supports est tout à fait transposable aux
associations, à condition toutefois de pouvoir accéder aux données nécessaires à la
caractérisation des audiences. Or les tarifs pratiqués par les sociétés d’études sont
tels que les petites entités économiques n’y ont pas accès. La solution passe alors
par des études réalisées en interne an d’approcher au mieux les audiences des sup-
ports à portée de trésorerie. Dans ces petites structures, une démarche rationnelle
peut tout de même se concevoir selon trois critères : accessibilité, audience et cou-
verture.
tion des images en 2014-2015 (225 000 euros) face à Eurosport qui diffusait
15rencontres sans verser de droits.
– Le rapport s’équilibre et il devient possible de négocier (exemple 3.3). Deux
montages possibles : ou bien la vente des droits TV permet de payer la société
de production (avec l’aide de sponsors attirés par le succès de la discipline), ou
bien la chaîne de télévision se charge elle-même de la production en échange de
la gratuité des droits1 . La fédération réalise certes une opération nancière
blanche, mais elle est assurée de la bonne diffusion des images (car la télévision
ayant misé sur l’événement a intérêt à en assurer une diffusion positive en termes
d’audience).
1. Citons le cas d’école du contrat passé entre la Fédération de ski nautique et Eurosport à l’occasion des
Championnats du monde de 1995. Le contrat stipulait qu’Eurosport prenait à sa charge la production des images,
en échange de leur libre diffusion et de la vente des droits à d’autres diffuseurs hors France.
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Chapitre 3 ■ Les politiques de communication et de sponsoring des clubs sportifs
– Le rapport de force s’inverse et la télévision est contrainte à verser des droits qui
dépassent le coût de la production et qui s’ajoutent à l’aide apportée par les
sponsors (c’est le cas des sports dits majeurs : football, tennis, cyclisme, etc.).
Dans ce dernier cas, la fédération réalise une opération bénéciaire tout en assu-
rant au mieux la promotion de son sport.
L’équation de rentabilité est donc la suivante :
Droits versés par les télévisions –Dépenses de production + Soutien des
sponsors=Solde bénéciaire ou décitaire selon la notoriété de la discipline
Une fédération méconnue connaîtra un décit égal au coût de la production (aucun
droit et aucun sponsor) ; une fédération cotée aura un bénéce fonction du montant
des droits négociés et de l’engagement des sponsors. Tout repose en fait sur la capa-
cité de négociation de la fédération. Cependant, le meilleur moyen pour un petit club
ou une fédération d’un sport mineur de faire sa communication publicitaire à peu de
frais est encore de faire parler de lui par ses résultats sportifs. C’est la tâche qui
incombe à l’attaché de presse.
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Les politiques de communication et de sponsoring des clubs sportifs ■ Chapitre 3
seuils d’endettement à ne pas dépasser (en respectant les ratios de gestion associative).
1. Voir notamment : P. Desmet, Marketing direct. Concepts et méthodes, Dunod, 3e édition, 2005.
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Chapitre 3 ■ Les politiques de communication et de sponsoring des clubs sportifs
Il existe des sociétés d’études qui commercialisent des listes d’adresses triées selon
des critères de comportement de consommation. Par exemple, la société Consodata
propose une borne de consultation par abonnement à partir d’un chier de plus de
3 millions de foyers français et par catégories de produits (notamment sportifs).
Mais les tarifs d’abonnement sont prohibitifs pour le secteur associatif qui doit
recourir à des méthodes plus artisanales. Comment un club sportif peut-il constituer
à moindre coût une liste de prospects ? Le moyen le plus simple consiste à croiser
des listes obtenues de source interne et accessibles en externe (exemple3.4).
Exemple 3.4
Prenons l’exemple d’un club de tennis. La liste de base peut être confectionnée à partir de
celle des anciens adhérents abandonnistes et d’une liste d’adhérents potentiels repérés dans
l’entourage des adhérents actuels (on demande à chaque membre du club de communiquer
les coordonnées de personnes de sa connaissance selon un système de parrainage ou
d’intéressement). À l’occasion d’une opération promotionnelle (journée Portes ouvertes)
ou d’un tournoi ayant drainé des spectateurs, il est possible de recueillir les adresses de
personnes manifestant un intérêt pour la pratique ou le club (en organisant un jeu-concours,
par exemple) 1.
Cette liste peut être augmentée de celle de pratiquants et de spectateurs d’autres activités
sportives ou de loisirs fréquentant d’autres clubs de la zone de chalandise, à partir d’une
enquête sur le terrain (enquête « parking » ou sortie de stade) ou d’une collaboration avec
les autres clubs pour l’établissement d’une liste commune.
Enn, il est souhaitable de compléter le chier en s’adressant aux acteurs économiques de
la zone de chalandise proposant à leurs salariés des activités sportives (les entreprises
ayant un comité d’entreprise ou une simple association sportive).
Cette méthode donne des résultats intéressants à condition de vérier et d’actualiser
régulièrement la liste (adresses erronées, déménagements et nouveaux résidents, etc.).
1. Dans le respect de la loi de 1978 stipulant que tout chier contenant des « données à caractère personnel »
doit faire l’objet d’une déclaration préalable à la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés).
Chaque personne doit avoir donné son accord préalable (dit « opt-in ») à la cession et à l’utilisation des données à
des ns commerciales (sous forme de case à cocher le plus souvent).
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Les politiques de communication et de sponsoring des clubs sportifs ■ Chapitre 3
1. Voir E. Goffmann, La Mise en scène de la vie quotidienne. Les relations en public, Minuit, 1973.
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Chapitre 3 ■ Les politiques de communication et de sponsoring des clubs sportifs
convaincre tout un chacun de le rejoindre : il offre une vitrine au club et afrme son
positionnement « réellement » sportif (la compétition mise en scène permet de le
distinguer des autres prestataires). Il peut également provoquer un sentiment d’adhé-
sion aux valeurs sportives du club et d’identication à ses champions. Par ailleurs,
la présence de partenaires sponsors peut venir conforter son image de club profes-
sionnel.
1. Les données varient largement en fonction du choix de dénition du sponsoring : limité aux seuls droits mar-
keting (1,5Mds), étendu aux droits médias (5Mds) et, plus largement, à toutes les opérations d’activation (7Mds).
Elles varient également en fonction du périmètre de la collecte des données (les opérations locales des PME et celles
des collectivités sont méconnues). D’où une estimation allant de 5 à 10% des budgets de communication.
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Les politiques de communication et de sponsoring des clubs sportifs ■ Chapitre 3
sont valorisées en autant de dépenses économisées par le club (ce que le club aurait
dû dépenser faute de dotation). Elles conduisent d’une part, à estimer un solde de
besoin de nancement (ce que le club devra nancer lui-même par les cotisations et
la billetterie, et/ou par le soutien d’un partenaire nancier), d’autre part, à renforcer
le dossier de recherche de sponsors complémentaires (les sponsors déjà signataires
apportant leur caution aux futurs sponsors à démarcher, notamment nanciers).
Du côté des annonceurs, nous distinguons trois types de sponsoring : un sponso-
ring de visibilité ou de puissance destiné à développer la notoriété et les ventes, un
sponsoring d’image qui vise à afrmer une identité de marque, un sponsoring rela-
tionnel qui s’appuie sur des relations publiques ou d’hospitalité. La politique de
sponsoring peut s’inscrire dans deux logiques de communication : une logique
commerciale (trade sponsoring) et une logique institutionnelle (sponsoring corpo-
rate ou citoyen) ; un annonceur concevant en général son action comme associant
les deux logiques, avec cependant une dominante commerciale ou citoyenne claire-
ment identiable. Les clubs doivent ainsi répondre à ces attentes à travers leurs
dossiers de recherche de partenaires (tableau3.3).
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Chapitre 3 ■ Les politiques de communication et de sponsoring des clubs sportifs
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Les politiques de communication et de sponsoring des clubs sportifs ■ Chapitre 3
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Chapitre 3 ■ Les politiques de communication et de sponsoring des clubs sportifs
Au-delà des actions de ventes menées à l’occasion d’un événement (stands dans
les enceintes sportives, vente ambulatoire en périphérie, opérations spéciales à tra-
vers le réseau de distribution), les sponsors peuvent organiser la promotion de leurs
produits. L’objectif est de transformer les pratiquants (les licenciés d’un club) ou les
spectateurs de l’événement en clients. Les moyens sont classiques : couponing et
jeux concours, offres promotionnelles, distribution d’échantillons. Par ailleurs,
l’exploitation des chiers d’adhérents et de spectateurs (a minima ceux des abonnés)
permet de lancer des opérations de trade marketing ciblées. Par exemple, le contrat
qui lie la marque Brioche Pasquier et la FFF (fournisseur ofciel de la Coupe de
France de football) l’autorise à distribuer des échantillons durant les compétitions.
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Les politiques de communication et de sponsoring des clubs sportifs ■ Chapitre 3
Exemple 3.5
Prenons l’exemple des clubs de football professionnels en France, an de montrer la com-
plexité d’exercice des métiers du marketing sportif.
La régie commerciale des panneaux et des maillots est généralement conée à une agence
(Sportve domine le secteur) qui garantit un minimum de recettes. Pourquoi les clubs
abandonnent-ils jusqu’à un tiers parfois de leurs recettes sponsoring aux agences de mar-
keting sportif ? La réponse appartient en partie à l’histoire. Les anciens clubs amateurs
présidés par des bénévoles, devenus professionnels mais démunis pour négocier avec les
grandes entreprises sponsors, ont cédé à la tentation de coner la gestion de leurs espaces
à des agences en échange de recettes garanties leur permettant d’équilibrer leurs budgets.
Un des pionniers du marketing sportif, Jean-Claude Darmon, a ainsi pu signer des contrats
particulièrement avantageux (recettes forfaitaires pour l’ex-club amateur en échange du
droit de vendre les espaces au plus offrant).
Les clubs étant rarement propriétaires des stades (historiquement propriété des
collectivités) 1, ils ne peuvent pas gérer directement et totalement les espaces xes (pan-
neautique). Par contre, ils sont détenteurs des droits sur les maillots des joueurs qui, eux-
mêmes, sont sous contrats individuels avec d’autres sponsors. Ainsi, chaque joueur arbore
les logos de l’équipementier et des sponsors du club sur son maillot, porte les chaussures
de son propre équipementier (qui peut être le concurrent direct du précédent) et évolue
dans un stade où d’autres sponsors apparaissent. Par ailleurs, la Ligue de football profes-
sionnel (LFP) gère les droits médias pour l’ensemble des clubs, en reverse une partie à
chacun et afche ses propres sponsors sur une partie des panneaux du stade. Enn, le
propriétaire du stade peut ajouter à la confusion en afchant ses propres partenaires (par-
fois concurrents directs de ceux du club)2.
Une évolution est en cours, celle qui conduit à la gestion en interne des droits marketing
et de sponsoring par les clubs et les associations, à l’instar de la FIFA qui a créé une société
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
spécialisée (FIFA Marketing SA), ou de la LFP qui possède sa propre structure marketing.
1. Les actionnaires privés des grands clubs actuels visent à acquérir les stades à des ns de libre exploitation
commerciale, mais tout en sollicitant le concours nancier des collectivités (dans le cadre de contrats PPP
–Partenariat Public Privé).
2. C’est le cas du consortium du Stade de France qui met fréquemment dans l’embarras les fédérations louant
ses équipements (la FF de rugby notamment). Les collectivités sont plus conciliantes.
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Chapitre 3 ■ Les politiques de communication et de sponsoring des clubs sportifs
encore l’événement lui-même 1. Son choix est fonction des moyens dont il dispose
et des risques économiques qu’il est prêt à assumer. Mais dans tous les cas, il doit
prolonger son action par un mix d’actions de communication destinées à en valoriser
au mieux les retombées. Le « savoir-faire » du sponsor doit, en effet, s’accompagner
d’un « faire-savoir », faute de quoi le retour sur investissement sponsoring est loin
d’être garanti (Tribou, 2016).
1. Ce que coûte le sponsoring d’une célébrité : Kobe Bryant, contrat Lakers de 35,5M€/an (saisons 2014-2015
et 2015-2016) ; Neymar Jr, contrat PSG de 30 M€/an (2017-2022). Ce que coûte un collectif médiatisé : Nike,
équipementier de l’Équipe de France de football : 42,6 M€/an (2011-2018) ; L’Artisanat, sponsor maillot de
l’Équipe de France de handball : 0,6 M€/an (2009-2012). Ce que coûte un événement médiatisé : Hyundai-Kia,
partenaire international de l’Euro2016 de football : 60-70M€ ; FDJ, partenaire national : 7-10M€.
2. La Coupe du monde 2014 qui a mis en compétition les équipementiers (victoire de l’Allemagne/Adidas,
déroute du Brésil/Nike), a aussi pesé sur la valeur marketing des joueurs (la cote des Espagnols, des Italiens, des
Brésiliens décevants vs celle des Allemands et autres Hollandais performants).
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Les politiques de communication et de sponsoring des clubs sportifs ■ Chapitre 3
que les femmes citent principalement des champions masculins (Riner, Parker,
Y.Noah, Zidane, Lavillénie), rarement des championnes.1
Mais pour une marque visant un marché de masse, l’idéal est de s’appuyer sur une
personnalité à forte notoriété et sympathique à toutes les catégories de consomma-
teurs, qu’elle soit en activité ou en retraite sportive. En 2016, Cristiano Ronaldo est
cité largement en tête (selon ESPN, 2017) avec 118millions de fans sur Facebook,
50millions sur Twitter et 93millions sur Instagram, devant le basketteur de NBA
LeBron James, le footballeur de Barcelone Lionel Messi, le tennisman Roger
Federer et le golfeur Phil Mickelson. Les footballeurs français apparaissent au-delà
de la 35e place (Griezmann, Pogba, Benzema) et seules huit femmes se trouvent
dans le top100 (dont les tenniswomen Sharapova, Williams et Bouchard).
Il y a une grande efcacité de communication dans le choix de soutenir une per-
sonnalité. Citons le phénomène TP (pour Tony Parker) dont le palmarès en NBA
(quadruple champion) associé à celui de l’équipe de France championne d’Eu-
rope 2013 a dynamisé la notoriété et l’empathie. Cette performance d’image a
conduit à la signature d’un contrat avec l’équipementier chinois Peak qui a remplacé
Nike pour la conquête du marché européen (en co-sponsoring avec Renault et
Tissot).
Des recherches en publicité ont montré l’impact de l’utilisation de célébrités
porte-parole de la marque2 . Le principe est celui de l’endossement et du transfert
d’affect : la marque vise l’acquisition d’attributs positifs de la personnalité sportive
(jeunesse, santé, réussite, dépassement de soi, etc.) et d’une partie du sentiment
manifesté au compétiteur. Mais si l’investissement est rentable, il est aussi particu-
lièrement risqué. Par exemple, la marque Fila, dont le chiffre d’affaires a explosé à
la suite de sa collaboration avec le joueur de tennis Björn Borg, dans les années1970,
a connu quelques déboires lorsque le champion surmédiatisé a mis n à sa carrière.
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
1. En 2017, la cycliste Pauline Ferrand-Prévot qui totalise quatre titres de championne de monde et 5titres de
championne de France, n’intéresse qu’une seule marque internationale (Red Bull) aux côtés de partenaires tech-
niques (Canyon, Rapha, Totem) et du quotidien Le Réveil de la Marne. Elle a perdu les soutiens de Nike et d’Isos-
tar.
2. Cf. notamment N. Heinich (2011), « La consommation de la célébrité », L’année sociologique, 61 (3), 103-
123.
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Chapitre 3 ■ Les politiques de communication et de sponsoring des clubs sportifs
Top 10 : Kappa (34 clubs), Adidas (20), Errea (17), Hummel (13), Nike (12), Macron (10), Kipsta
(9), Spalding (9), Puma (8), Hungaria (7), Kempa (7)
Football Rugby Basket-ball Handball Volley-ball
(Ligue 1 (Top14, ProD2) (ProA, ProB, (Lidl Starligue, (LiguesA
Conforama, LFB) ProLigue, masculine et
Domino’s Ligue LFH) feminine)
2, D1féminine)
Adidas10clubs Kappa 8clubs Kappa 11clubs Hummel 12 Errea 10 clubs
Nike 10 Eldera Spalding 9 clubs Panzeri 5
Puma 6 Macron Kipsta 6 Kappa 9 Macron 3
Kempa 7
En nombre de En nombre de En nombre de En nombre de En nombre de
clubs décroissant : clubs décroissant : clubs décroissant : clubs clubs
Kappa, Umbro, Adidas, Hungaria, Errea, Adidas, décroissant : décroissant :
Joma, Patrick, Errea, Shilton, Le Peak, Hungaria, Adidas, Nike, Adidas, Joma,
Macron, Hungaria, Coq Sportif, Under Macron, JSD, Li Erima, Hungaria, Kipsta, Shilton,
Le Coq Sportif, Armour, Asics, Ning, Roc, Asics, Seven, Kappa
Lotto, Kipsta, Okers, Puma, Shemsy, Vive, Puma, Repli-K
Hummel, Airness, Kipsta, O’Neill, SportR, L’Equip
New Balance BLK
132
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Les politiques de communication et de sponsoring des clubs sportifs ■ Chapitre 3
5% de leurs ressources. L’essentiel est couvert par des subventions publiques et des
cotisations (plus des deux tiers).
Le sponsoring d’un club évoluant en championnat présente l’avantage de couvrir
tout le territoire (de permettre un sponsoring relationnel de proximité) et celui d’une
visibilité médiatique nationale, voire internationale, entretenue tout au long de la
saison ; mais de degré variable selon les sports. Le football ou le rugby intéressent
ainsi davantage les médias que le basket-ball qui doit miser sur l’hospitalité spor-
tive. Le handball et le volley-ball se contentent souvent de l’afuence des prati-
quants et de leurs proches. Le montant des investissements reète ainsi le poids
médiatique des clubs : alors que le ticket d’entrée dans les clubs de football français
de Ligue1 varie entre 3 et 10millions d’euros par saison (à l’exception du PSG :
25 millions versés par Fly Emirates), il atteint la somme record de 63,5 millions
pour le club anglais Manchester United (contrat signé avec la marque Chevrolet).
Les avantages du sponsoring d’un club sont au nombre de cinq.
1. Il est moins aléatoire que le sponsoring d’un individu (le risque de défaillance
physique ou psychique est dilué dans le collectif).
2. Le sponsor bénécie d’un effet multiplicateur de son message (sur les maillots
de tous les membres titulaires et remplaçants de l’équipe, sur la tenue des entraî-
neurs, des dirigeants, des supporters, etc.).
3. Il bénécie également d’un surcroît de légitimité sociale en allant puiser dans des
valeurs communautaires de fraternité et de solidarité (aider une communauté de
joueurs procure une image citoyenne inaccessible par le sponsoring d’un
individu).
4. Il a la possibilité de cadrer son action en fonction de sa zone de chalandise.
– Au niveau local, il peut développer un sponsoring de proximité. Par exemple, il
est intéressant pour une agence bancaire de sponsoriser le club d’une petite
commune rurale où elle est implantée ou, pour un industriel visant un marché de
sous-traitance, d’aider un club évoluant au niveau départemental ou régional.
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Chapitre 3 ■ Les politiques de communication et de sponsoring des clubs sportifs
1. L’équipe féminine a ses propres sponsors premium (Adidas, April), majeurs (Vicat, Setreal, Keolis, Leroy-
Merlin, LR) ; plus 8 partenaires ofciels. Le club possède en outre des partenaires spéciques à sa Groupama OL
Academy (Clairefontaine, McDonald’s, MDA, groupe IGS).
2. Équipe championne du monde 1995, 2001, 2009, 2011, 2015, 2017 ; Championne olympique 2008, 2012 ;
Championne d’Europe 2006, 2010, 2014..
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Les politiques de communication et de sponsoring des clubs sportifs ■ Chapitre 3
pas éliminé pour autant. Trois situations peuvent venir contrarier les objectifs du
sponsor d’un événement.
1. Les conditions environnementales de l’épreuve peuvent nuire à son bon déroule-
ment sportif, car toutes ne sont pas prévisibles et maîtrisables. Un orage inat-
tendu peut conduire les organisateurs à interrompre un tournoi de tennis, une
tempête de neige à supprimer une étape de la Coupe du monde de ski. Cela oblige
les organisateurs à innover en permanence pour trouver des palliatifs (épreuves
indoor, neige articielle, etc.) et à modier leurs calendriers ; ce qui n’est pas
sans incidence sur les conditions de vente des droits de retransmission aux télé-
visions. Il peut également s’agir de la défaillance inattendue d’un compétiteur.
Par exemple, les deux demi-nales du Tournoi ATP de Miami de 2014 ont été
annulées pour cause de blessures (Nishikori face à Djokovic) et de santé
(Berdych face à Nadal).
2. Un événement concurrent dont on a mal évalué l’impact peut également avoir une
incidence sur l’événement en ce qu’il va capter une partie de l’audience directe
et l’attention des médias. Les sponsors courent alors le risque d’un non-événe-
ment qui peut se traduire par des gradins déserts ou des retombées médias désas-
treuses. Par conséquent, les organisateurs doivent jongler avec les calendriers
sportifs, économiques et médiatiques, an de concilier des impératifs purement
sportifs (l’événement devant s’intégrer dans un circuit de championnat à carac-
tère saisonnier) avec ceux des sponsors (l’impact d’une opération devant trouver
sa place dans le planning économique de l’entreprise) et ceux des médias (qui
font leurs choix en fonction de l’actualité sportive générale). Par exemple, si nous
faisons référence au calendrier ATP de mai2017, nous relevons que trois tournois
majeurs (Madrid, Rome, Roland-Garros), cinq tournois ATP 250 (Munich,
Estoril, Istanbul, Lyon, Genève) et treize challengers ont sollicité l’attention des
médias ; en concurrence notamment avec trois meetings internationaux d’athlé-
tisme de la Diamond League et le Tour d’Italie de l’UCI World Tour.
3. La couverture médiatique n’est pas seulement déterminée par l’intérêt sportif de
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l’événement et son audience anticipée, elle s’inscrit également dans une logique
d’offre. Nous assistons parfois à une censure médiatique totale de la part de
médias concurrents à celui ayant l’exclusivité des droits de retransmission (an
de ne pas inciter leurs publics à rejoindre le concurrent) ; sauf si l’événement a
une notoriété telle que ne pas en parler peut être néfaste à l’image du média cen-
seur. Ce dernier fera alors gurer l’événement dans un bref résumé d’actualité.
Nous pouvons citer l’exemple du Tour de France cycliste, dont France Télévisions
a l’exclusivité et dont TF1 parle peu. Ce type de boycott est fréquent lorsque les
organisateurs soucieux de s’assurer le concours d’un média signent avec lui un
contrat de partenariat sur la base d’un échange de prestations. La censure peut
être totale si l’événement a une notoriété purement locale ou s’il est construit
autour d’une pratique plus ou moins condentielle. Dans le premier cas, les
médias locaux systématiquement sollicités pour du co-sponsoring sont en
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Chapitre 3 ■ Les politiques de communication et de sponsoring des clubs sportifs
1. Le club de Thonon Evian Gaillard, champion de France de L2 en 2011, 9 e de L1 l’année suivante et vainqueur
de la Coupe de France en 2013 avait conduit le groupe Danone à signer un contrat de naming. Il était l’exception
du football français jusqu’à sa liquidation judiciaire en 2016. Actuellement, rebaptisé Thonon Evian Savoie FC, il
a perdu toute visibilité médiatique en division Régional2.
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Les politiques de communication et de sponsoring des clubs sportifs ■ Chapitre 3
(Orange, SFR, Bouygues Télécom sont souvent cités à tort sur le marché du foot-
ball) ; un effet de rémanence (un ancien sponsor cité à la place du sponsor actuel :
par exemple, le Trophée de patinage artistique Éric Bompard encore appelé Trophée
Lalique – Lalique ayant été partenaire de 1987 à 2003) ; une absence de légitimité a
priori du sponsor considéré comme un intrus et qui va devoir pérenniser son action
pour être accepté (Ligue1Conforama en 2017) ; un risque de vampirisation par une
personnalité sportive forte (l’équipe est alors nommée par son leader : « les coéqui-
piers de Peter Sagan », sprinter très médiatisé du Tour de France 2017, au détriment
de son sponsor d’équipe difcile à mémoriser, Bora-Hansgrohe1 ; le bateau par son
skipper : « le bateau de François Bagard » célébré davantage comme le benjamin du
Vendée Globe 2012 que comme le porte-parole de son sponsor Macif).
Le parrainage d’une enceinte sportive présente un objectif spécique : celui d’être
associé à un lieu doté d’une histoire sportive, éventuellement légendaire et ancré
dans la mémoire collective (citons le réputé « chaudron » Geoffroy Guichard de
l’AS Saint-Étienne). Par ailleurs, le caractère tangible et permanent du lieu, son
esthétique architecturale, constituent des éléments d’image qui ne sont pas ceux
habituellement rencontrés dans le sponsoring et qui peuvent servir une stratégie
originale de positionnement. Ceci explique, en partie, l’engouement actuel en
Europe pour la dénomination de stades de sports collectifs et d’athlétisme, de salles,
notamment à l’occasion de projets de rénovation des équipements 2.
Financement des 100 millions d’euros en partenariat public-privé (PPP) : 70 % par les
collectivités, 30% par des investisseurs privés (groupe Vinci en échange de la concession
de toutes les activités hors football pendant 35ans).
2013 : le club MUC72 évoluant en Ligue2 depuis 2011 est placé en liquidation judiciaire.
Conséquence : il n’y a plus de club professionnel résident, d’où une forte réduction des
recettes (droits marketing, billetterie), un manque à gagner pour MMArena et des difcul-
tés nancières pour les collectivités endettées. Ceci a conduit les sponsors et les collecti-
vités à redoubler de prudence en matière de naming (notamment dans le cadre du naming
des stades de Marseille et de Lyon en 2016 et 2017).
1. S’ajoutent parfois des difcultés techniques de citation de la marque (évoquées supra) et conduisant à adopter
la règle des 4syllabes qui peut garantir d’être bien cité (Gucci Master, Open13, etc.).
2. Entre autres exemples, en Allemagne : l’Allianz Arena de Munich, la Commerzbank Arena de Frankfurt-am-
Main, l’Imtech Arena de Hambourg, la BayArena de Leverkusen, etc.
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Chapitre 3 ■ Les politiques de communication et de sponsoring des clubs sportifs
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Les politiques de communication et de sponsoring des clubs sportifs ■ Chapitre 3
doivent signer des accords avec les organisateurs pour éviter une publicité tapageuse
lors des retransmissions. Les marques parviennent aussi à contourner astucieuse-
ment l’interdit : la marque de champagne Mumm place ses produits sur les podiums
de Formule1 (le vainqueur se devant d’arroser ses supporters), alors que la marque
de bière Heineken a continué à nommer le rugby européen par son initiale HCup
jusqu’en 2014 (tout en imposant son code couleur vert et son étoile rouge).
1. Relevons la condamnation de L’Équipe en 2005 (photos de voitures où guraient des marques de tabac
–depuis outées) ; le rappel à l’ordre par le CSA de Canal+ en 2010 (24minutes de publicité pour la marque de
bière Corona lors du Masters 1000 de Paris Bercy. Canal+ a plaidé l’erreur technique : avoir utilisé le signal inter-
national et non le signal vierge, qui aurait permis de remplacer la marque du sponsor interdit par le logo du tournoi).
2. Dérogation accordée par la FIFA à la marque Budweiser lors de la Coupe du monde de football 2014 au Brésil
de vendre de la bière dans les stades. Ce placement produit a permis une visibilité médiatique inespérée à la marque
interdite de publicité.
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Chapitre 3 ■ Les politiques de communication et de sponsoring des clubs sportifs
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Les politiques de communication et de sponsoring des clubs sportifs ■ Chapitre 3
mieux couverts.
Le contrat de sponsoring type comporte six clauses décrivant dans le détail
l’échange et balayant toutes les situations pouvant l’affecter (tableau 3.6). Il tend
désormais à être évolutif, c’est-à-dire qu’il est établi sur la base d’une évolution
sportive probable. Par exemple, un club devra reconsidérer son contrat s’il monte ou
s’il descend en division de championnat2 ; un joueur devra anticiper un éventuel
1. À l’audience télévisée, il convient d’ajouter celle du web : 45 millions de vidéos vues sur francetvsport (et
plateformes partenaires) et 600millions d’impressions du hashtag RG17 durant la quinzaine du tournoi.
2. Illustration : le contrat Sportve/Olympique lyonnais (2007-2017) intègre un signing fee (l’agence versant un
droit d’entrée de 7M€/an), en échange duquel Sportve perçoit une commission de l’ordre de 18 % sur chaque
nouveau contrat et notamment sur le contrat de naming du grand stade signé en 2017 avec Groupama (estimé à
environ 6M€ par an sur 3ans renouvelables).
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Chapitre 3 ■ Les politiques de communication et de sponsoring des clubs sportifs
transfert dans un club d’une autre division. Car à chaque niveau de championnat
correspondent des scores de couverture médias et d’audiences.
1.1) Parties :
- L’acquéreur des droits : la marque ombrelle ou une des marques du
groupe (par exemple : Accor compte 43marques) ou encore l’entreprise
institution.
1) Objet - Le détenteur des droits (club, ligue, fédération, compétiteur, etc.).
- Le mandataire éventuel.
1.2) Objet
Descriptif détaillé des événements et des compétitions couvertes (lieux
et dates).
2.1) Échéance (qui met fin aux droits).
2) Durée 2.2) Droit de préemption de l’acquéreur pour un renouvellement du
contrat 1.
3.1) Obligations du sponsor
–Financement (acompte à la signature, solde en fin de saison) 2 ; part
variable du financement : primes de performances et pénalités (contre-
performances, calendrier sportif non suivi, manquement à la clause
d’exclusivité3, etc.).
–Soutien en équipement (valorisation chiffrée) et en prestations
(transport, restauration, traitement informatique, etc.).
3.2) Obligations du détenteur des droits
3) Obligations
–Clause d’exclusivité dans le secteur d’activité (limite =respect de la
réciproques
concurrence) 4;
–participer aux épreuves programmées ;
–utiliser un équipement défini ;
–assurer la communication du sponsor (emplacements marque/logo,
fréquence, durée, etc.) ;
–assurer sa promotion (conférences de presse –nombre et durée,
séances de dédicaces, opérations de relations publiques listées,
animations, démonstrations, etc.). 5
Ce qui relève du droit à l’image individuelle du joueur/athlète et du droit
à l’image collective du club.
4.1) Conditions du droit à l’image : pendant les compétitions, les
entraînements (dans le club et en dehors) et en marge des compétitions,
relations avec les médias (dans la limite du respect de la vie privée).
4.2) Dispositif assurant la visibilité : panneaux et maillots (place réservée
aux autres détenteurs : propriétaire du stade, ligue, fédération, sponsor
titre) ; taille, emplacements.
4) Droits d’image 4.3) Étendue du droit : label autorisé (fournisseur officiel, partenaire
officiel, etc.), valorisation médiatique (présence affiches, télévision,
radio, site, etc.), prestations d’hospitalité.
4.4) Accord de licensing : le sponsor s’engage à restituer au détenteur un
pourcentage défini du chiffre d’affaires en produits dérivés (en moyenne :
de 3 à 5%) ; puis partage entre club et joueurs (exemple : le Real Madrid
restitue 50% des droits d’image à ses joueurs).
4.5) Préjudice d’image : l’entité s’engage à rembourser le sponsor des
préjudices éventuels.6
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Les politiques de communication et de sponsoring des clubs sportifs ■ Chapitre 3
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5) Opérations Jeux vidéo, émissions de télévision, films d’entreprise, ouvrages, DVD,
satellites sites internet, etc.
6.1) Il est prévu une rupture de contrat avant l’échéance fixant le
montant du dédommagement dont l’initiative peut venir :
–du sponsor si les résultats sont décevants ou s’il y a faute éthique 7 ;
6) Clause de –du sportif en cas de surenchère d’un autre sponsor (clause libératoire).
résiliation
6.2) Une clause de renégociation du contrat : notamment si les résultats
sportifs s’écartent de ce qui était envisagé au départ (réduction ou
augmentation des montants).
(1) Jurisprudence. Procès gagné par Mastercard, en 2006, contre la FIFA qui avait signé avec le
concurrent Visa son entrée dans le top6 des sponsors ; Mastercard étant partenaire depuis 1994.
Procès perdu par Renault contre la Fédération française de rugby (FFR) qui lui a préféré BMW (4M€
contre 3M€) en 2013.
(2) Il est rarement prévu un financement forfaitaire, le sponsor se réservant un « droit à l’impact » en
fonction de la prestation effective du détenteur (cas de blessure, de contre-performance, d’accident,
etc.), le solde est alors réduit d’autant.
(3) Jurisprudence. Le joueur de football Robert Pirès, qui a participé en 2004 à une conférence de
presse mettant en avant son sponsor personnel (Puma) lors d’un rassemblement de l’équipe de
France (en contrat avec Adidas) a causé un dommage (publicité faite au concurrent Puma et
amplifiée par la polémique) ; d’où une pénalité de 50000euros appliquée par Adidas à la FFF.
(4) L’exclusivité du sponsor ne doit pas fausser la libre concurrence, notamment en prévoyant une
durée jugée excessive (non justifiée par le calendrier sportif par exemple) ou des clauses de
reconduction prioritaire excluant les concurrents du jeu (appel d’offre obligatoire). Jurisprudence :
en 2012, la FFF dédommage Nike parce que les joueuses de l’équipe de France ont participé aux
Jeux olympiques de Londres sous la marque officielle Adidas ; il y a atteinte au contrat d’exclusivité
(2011-2018 ; 42M€/an) et s’applique la clause prévoyant une pénalité de 10M€ pour chaque
événement sous une marque concurrente (5M€ négociés car absentes de la finale).
(5) Par exemple, les judokas en contrat avec LCL « doivent » 20jours de représentation.
(6) Jurisprudence. En 2010, la FFF a remboursé 4,5M€ à ses sponsors en réparation du préjudice
d’image subi durant la Coupe du monde en Afrique du Sud (insultes au sélectionneur Raymond
Domenech et grève des joueurs).
(7) Dans le cyclisme, depuis 2001, tous les contrats présentent une clause de résiliation en cas de
dopage.
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Chapitre 3 ■ Les politiques de communication et de sponsoring des clubs sportifs
ventes de produits dérivés (comme il l’a fait à Barcelone) et plus largement l’en-
semble des droits (médias, sponsoring et marketing). Un calcul approximatif, en
référence à un club comme Manchester United que le PSG pourrait rejoindre en
valeur marketing, montre qu’un amortissement voire une protabilité sont envisa-
geables à moyen terme :
• Fly Emirate verse, en 2017, 25 millions d’euros au PSG contre 63,5 versés par
Chevrolet à Manchester ; d’où une marge de progression négociable de 38,5mil-
lions ;
• Nike verse 20 à 25millions au PSG contre 75 versés par Adidas à Manchester ;
d’où une marge de progression d’environ 50millions ;
• soit au total, un potentiel de recettes supplémentaires annuelles de plus de 88mil-
lions, de 442millions en 5 ans, qui serait vraisemblablement augmenté par une
renégociation des autres contrats marketing et médias.
Reste à estimer la valorisation sportive du club dans sa quête de titres européens
car les résultats sportifs doivent accompagner dans une certaine mesure les avancées
marketing.
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Les politiques de communication et de sponsoring des clubs sportifs ■ Chapitre 3
bénéces des ventes, ce qui correspond à un gain d’image gratuit. S’il ne l’atteint
pas, le solde constitue le prix à payer pour les éléments d’image. S’il le dépasse, il
est doublement bénéciaire (gure 3.2). Par exemple, en 2017, l’équipementier
Nike allège notablement son budget de sponsoring grâce à la vente des maillots de
l’équipe de France de football. En effet, le maillot commercialisé 85euros a un prix
de revient estimé à 11euros, auquel s’ajoutent une marge distributeur de 23,40euros,
une TVA de 17euros et des royalties versées à la FFF de 6,80 euros. La marque
perçoit ainsi 26,80euros par maillot (31%) ; ce qui diminue d’autant sa facture de
partenariat (mais il lui faudrait écouler plus de 16millions de maillots dans le monde
pour l’amortir totalement) 1. Du côté du club, les risques sont minces : le risque
industriel est assumé par le fabricant sponsor qui se charge, en outre, du marketing
(Tribou, 2004 ; Bolle et Desbordes, 2005).
Marge sur CA
Investissement produits dérivés
en sponsoring
Solde =
coût de la
communication
Coût de la
Coût de la Communication
communication
communication élevé gratuite
faible
Bénéfices
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1. Adidas est en concurrence frontale avec Nike sur le marché des produits dérivés. Ainsi, le sacre de l’équipe
d’Allemagne en Coupe du monde au Brésil, en 2014, s’est traduit par la vente de plus de 3millions de maillots
allemands Adidas (dont un tiers hors Allemagne) ; soit un bénéce estimé à environ 50M€. Cela a conduit la fédé-
ration allemande à revoir les termes du contrat : Adidas verse désormais 50 millions par an (un record à ce jour).
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Chapitre 3 ■ Les politiques de communication et de sponsoring des clubs sportifs
ensuite décliné avec le nom des joueurs marqué au dos et modié à l’occasion du
lancement de nouvelles collections (couleur, coupe, matériaux, motifs) et en fonc-
tion de l’âge (kids, juniors, majors, seniors) et du genre (l’ajout du segment féminin
permettant de doubler le marché potentiel). L’objectif commercial est de différen-
cier au maximum les produits, de créer une concurrence intra-marque an de provo-
quer une émulation et de multiplier les motifs d’achats.
Les clubs français les plus performants en matière de produits dérivés sont actuel-
lement le Paris Saint-Germain (526000maillots écoulés chaque année en moyenne
de 2011 à 2016 selon PR Marketing), l’Olympique de Marseille (335000maillots)
et l’Olympique Lyonnais (177000) (exemple3.8). Le PSG, depuis son rachat par le
fond d’investissement qatari QSI, en 2011, a multiplié son chiffre d’affaires global
par cinq pour atteindre 481millions d’euros en 2015 dont 150millions de revenus
commerciaux (selon Deloitte, Football Money League).
Mais les clubs français restent loin des meilleurs clubs européens comme le Real
Madrid (1,65million de maillots vendus et un chiffre d’affaires de 577millions) ou le
Manchester United (afchant des performances commerciales du même ordre), car les
comportements des supporters français ne sont pas encore ceux des Espagnols ou des
Anglais qui portent des maillots de football au quotidien, hommes et femmes et toutes
catégories sociales confondues ; même si les motivations varient selon les catégories
(fanatisme sportif pour les uns, une certaine forme de snobisme par le détournement
d’usage pour les autres). Pour provoquer un phénomène similaire en France, les spon-
sors du football ont ciblé leur communication sur les femmes : les compagnes des
joueurs mises en scène dans les tribunes et les médias, des comédiennes et des chan-
teuses arborant un maillot à l’occasion de clips vidéo ou de rendez-vous médiatiques.
En France, les droits de licences sont relativement modestes, y compris dans le
football malgré une fréquentation de stades en hausse (Drut, 2012). Les explications
sont multiples : un statut juridique des clubs qui a longtemps interdit la cotation en
bourse, des charges scales et sociales plus lourdes que dans les autres pays euro-
péens, l’interdiction faite aux clubs de négocier et de percevoir directement les
droits de télévision (la Ligue perçoit le total des droits puis les distribue entre les
clubs)1 et surtout le comportement des spectateurs dont l’attachement aux clubs ne
se traduit pas, comme dans les autres pays d’Europe, par des achats massifs de pro-
duits marqués (Bromberger et al., 1995). Les supporters français se déplacent moins
que leurs homologues anglais, allemands ou italiens, signe également d’un intérêt
moindre pour le spectacle du football. Par conséquent, les grands clubs français
n’ont pas les capitaux nécessaires pour investir pleinement dans les produits dérivés
1. Une des raisons justiant ce système administratif réside dans le souci des dirigeants du football français de
soutenir les clubs de Ligue2 en leur distribuant des droits auxquels ils n’auraient pas accès si chaque club était libre
de négocier séparément. Un club relégué est donc assuré de percevoir une partie de ses anciennes recettes et
conserve ainsi quelques chances de pouvoir « remonter » en Ligue1.
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Les politiques de communication et de sponsoring des clubs sportifs ■ Chapitre 3
et, s’ils les avaient, les consommateurs ne seraient sans doute pas au rendez-vous.
Ajoutons que la culture interne aux clubs reste marquée par une éthique d’amateu-
risme qui provoque encore quelques réticences à aller vers des activités 100 %
commerciales. La vente du spectacle sportif permet, en effet, de ménager dans une
certaine mesure la vocation de démocratisation du sport, qui s’inscrit dans l’histoire
associative des clubs au sein du mouvement sportif (par des tarifs différenciés en
fonction des publics, par exemple). La vente de droits télévisés est, dans une cer-
taine mesure, « moralisée » par la Ligue de football professionnel qui en assure la
redistribution, des clubs les plus riches vers les clubs moins bien dotés 1. Par contre,
la vente de produits dérivés, outre le fait qu’elle se fait dans une symbolique claire-
ment marchande (dans des espaces commerciaux), peut être interprétée comme une
transgression éthique. Elle signie que les marchands sont dans le temple. S’ajoute
à cela le retard pris par les clubs français du fait du subventionnement public. En
effet, le nancement des clubs par les collectivités locales est souvent présenté
comme ayant conduit à une certaine irresponsabilité nancière, la manne publique
sufsant à une gestion protable. Nous pouvons aisément situer le changement
d’attitude en 1994, c’est-à-dire au moment de la mise en application du décret obli-
geant les clubs à cesser progressivement de recourir au nancement public jusqu’en
2000. La Coupe du monde de 1998 a également contribué à démontrer la rentabilité
des investissements en produits dérivés.
1. Ce système n’est pas propre à la France. Au Royaume-Uni, 50% des droits sont répartis égalitairement entre
les clubs, 25% en fonction de leur classement, 25% en fonction du nombre de matchs diffusés.
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Chapitre 3 ■ Les politiques de communication et de sponsoring des clubs sportifs
Mais difcile de comparer les chiffres car les modèles économiques diffèrent. Pour l’OM,
il s’agit de marge nette, tandis que pour l’OL cela correspond à un volume brut de ventes,
celui du PSG se situant entre les deux. Lyon gère sa chaîne d’approvisionnement de A à
Z, de la conception à la commercialisation ; alors que l’OM a externalisé la quasi-totalité
de son merchandising à travers un système de licences. Ainsi, lorsqu’un fabricant est inté-
ressé pour produire et distribuer un produit siglé OM, il prend seul le risque d’investir et
verse un droit forfaitaire pour utiliser la marque, augmenté d’un pourcentage sur les ventes
à venir. L’OM travaille ainsi avec une trentaine de licenciés (dont Adidas et Haribo, plus
des sociétés spécialisées dans les produits sous licence comme Weeplay).
Si le merchandising semble lucratif pour quelques grands clubs (l’OL revendiquant un
rendement de 15 %), il l’est beaucoup moins pour la majorité des autres clubs de L1.
D’autant que ses recettes sont bien en deçà des autres sources de revenus : les droits
médias, la billetterie et le sponsoring. Résultat, la plupart des clubs n’en font pas une prio-
rité, à l’instar du FCLorient dont le portefeuille ne compte qu’une centaine de références
à destination d’une zone de chalandise très locale (dans un périmètre borné par les clubs
de Rennes à 150km, de Guingamp à 110km, de Brest à 135km et de Nantes à 165km).
Pour ces clubs moins exposés, « le merchandising est un outil de communication de proxi-
mité, et un service que l’on rend aux supporteurs », selon le directeur de la communication
du club. Quant aux clubs de division inférieure, la gestion d’une boutique présente une
rentabilité incertaine qui les conduit à en limiter l’assortiment. Ainsi, le Red Star, club
historique oscillant entre Ligue 2 et National, se limite à 26 références : 10 maillots,
4shorts, 3sportwear et 9produits divers (écharpe, fanion, boules de noël, etc.).
c Focus
Les clubs de football anglais
Globalement, les revenus commerciaux spectatrices mais aussi en tant que jour-
des clubs anglais de Premier League nalistes ou gestionnaires de clubs) et
pèsent 2,5 fois plus que ceux des clubs on s’y rend fréquemment en famille. En
français. Une des explications réside dans conséquence, le spectateur anglais y
la ferveur et la fidélité des supporters consomme en plus grande quantité. Il
anglais 1. Par exemple, le prix d’un abon- accède à un package comprenant, outre
nement en division 4 anglaise est supé- le spectacle, un magazine, une boisson,
rieur à celui d’un abonnement en Ligue1 un sandwich, l’accès au musée du club
française. Le marché exprime d’une cer- et un programme.
taine façon une différence de motivation. Les clubs, propriétaires de leurs stades,
Cela signifie aussi que le marché du spec- sont libres de les aménager en fonction
tacle du football en Angleterre ne se limite de leurs politiques commerciales. On y
pas à quelques grands clubs, comme c’est trouve, en effet, des restaurants, des cafés,
le cas en France où le public déserte sou- des musées, des cinémas, des agences de
vent le stade en cas de relégation. voyages et, bien entendu, des boutiques.
Par ailleurs, les stades anglais attirent Ainsi, les recettes sont garanties toute
davantage les femmes (en tant que l’année, en saison sportive et hors saison.
☞
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Les politiques de communication et de sponsoring des clubs sportifs ■ Chapitre 3
☞
Le cas du club Manchester United est planétaire : en Europe, en Asie et sur
L’assortiment est très large : du textile le continent américain. La promotion est
sportif certes, mais aussi des produits assurée par la chaîne de télévision du
électroniques (musique, informatique), club et les tournées de matchs d’exhibi-
des lampes, des jouets, de la papeterie, tion partout dans le monde à l’intersaison
etc. ; et même des services financiers dont (notamment en Asie). Le site internet du
la MU Mastercard. Cinquième marque de club est à la fois un support de promo-
club sportif au monde derrière ses concur- tion et un outil de commercialisation.
rents espagnols Real (n° 2) et Barcelone La composition même de l’équipe tend
(n°3) et les grandes franchises américaines à répondre aux impératifs marketing : le
(New York Yankees de la MLB classée 4 et recrutement des joueurs se fait aussi dans
Dallas Cowboys de la NFL en tête, selon la perspective commerciale d’intéresser
Forbes 2016), la marque est gérée dans les publics des pays visés ; ce qui n’est pas
une logique commerciale. La distribution sans poser problème au niveau sportif2 .
Formule 1 se vendent bien, c’est parce que les symboles véhiculés par ces sports
correspondent aux représentations du moment de certaines catégories de consom-
mateurs : l’image du rugby est celle d’une pratique virile mais dotée d’une éthique
solide ; celle de la Formule1 est composée autour de l’innovation et du risque ; alors
que celle du cyclisme sur route –souffrance et endurance– ne fait plus rêver grand
monde. C’est sans doute ce qui explique qu’un distributeur comme Made in Sport,
1. Cependant, une évolution est à relever : celle qui tend à substituer aux supporters traditionnels des quartiers
populaires des « clients » du club prêts à payer leur place au prix fort pour éviter le hooliganisme. En 2006, le
Manchester United réalisait déjà 43% de son chiffre d’affaires billetterie sur les 9% des places les plus chères.
2. Manchester United a compté dans ses effectifs un coréen très célèbre – Park Ji-Sung – qui a participé à la
notoriété du club anglais en Asie de 2005 à 2012. Deux gardiens nord-américains (Paul Rachubka –2000-2002 et
Tim Howard– 2003-2007) ont, pour leur part, permis de réaliser une opération de promotion comparable aux États-
Unis. En 2017, 5joueurs sont originaires d’Amérique Latine pour 29européens (dont 18 du Royaume-Uni).
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Chapitre 3 ■ Les politiques de communication et de sponsoring des clubs sportifs
spécialisé dans les articles fabriqués sous licence, consacre une large place au foot-
ball (environ 40% du chiffre d’affaires), au rugby, à la Formule1 et au basket-ball
(15% chacun), et dédaigne le cyclisme.
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Les politiques de communication et de sponsoring des clubs sportifs ■ Chapitre 3
L’ESSENTIEL
La communication hors médias semble davantage adaptée au management des clubs
sportifs que la communication publicitaire. En effet, les opérations de marketing
direct sont simples à organiser dans une zone de chalandise et permettent de cibler
précisément les retombées. De plus, le montage d’événements promotionnels est du
domaine de leur savoir-faire. La communication n’étant pas une n en soi, une
réexion préalable sur les objectifs est indispensable. Notoriété et image sont très
classiquement mises en avant ; par contre, la dénition de la cible renvoie à des choix
stratégiques : adhérents potentiels, spectateurs, pouvoirs publics, sponsors, sont
autant de récepteurs possibles du message du club qui impliquent de mobiliser des
moyens différents. En effet, le choix d’un support se fait en fonction de sa capacité
à toucher une cible, même si la contrainte économique est souvent déterminante. La
communication étant particulièrement coûteuse, le club est amené à prévoir des plans
médias et hors médias an de rationaliser l’organisation de sa campagne en fonction
de ses moyens et notamment des échéances : celles imposées par le calendrier spor-
tif des épreuves, celles liées aux habitudes d’adhésions.
En matière de sponsoring sportif, les services offerts aux partenaires ne se limitent
pas à leur garantir une visibilité et une promotion commerciale de leurs marques, ils
visent également à bonier leurs images en les associant à des événements sportifs
et, pour ce qui concerne la grande majorité des sponsors, ils se ramènent à la possi-
bilité d’organiser des relations publiques avec leurs propres partenaires. La technicité
des contrats (portant sur les droits d’image notamment) et des montages de partena-
riats impose généralement la présence d’agences de marketing sportif à l’interface.
Clubs et sponsors sont également liés par des contrats de licence. Le club commer-
cialise sa marque pour la valorisation de produits dérivés dont le risque de fabrication
est assumé par le sponsor et dont la distribution est également externalisée (la
boutique du club ne sufsant pas à répondre à la demande). Cependant, la recherche
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Chapitre
La gestion
des ressources
4 humaines
d’un club sportif
OBJECTIFS
Appréhender la pluralité des ressources humaines d’un club sportif : compéti-
teurs et personnel tertiaire, salariés et bénévoles.
Comprendre la spécificité de l’environnement de travail d’un club.
Maîtriser les outils de management d’un club en matière de motivation et de
cohésion des ressources humaines.
SOMMAIRE
Section 1 Les ressources humaines d’un club sportif
Section 2 L’environnement de travail spécifique auxclubs
Section 3 Le management des ressources humaines d’unclub
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La gestion des ressources humaines d’un club sportif ■ Chapitre 4
U n club sportif est un prestataire qui accueille des pratiquants et des specta-
teurs sportifs et non sportifs (cf.chapitre1), et qui répond à leur demande
à partir de ressources humaines sportives (des compétiteurs salariés ou amateurs) et
non sportives (salariés ou bénévoles). Cette pluralité de ressources humaines
conduit à une gestion spécique et cela constitue l’objet de ce chapitre. Mais il nous
faut clarier deux points au préalable.
Comment distinguer un sportif amateur d’un professionnel ? Un amateur est une
personne pratiquant régulièrement un sport dans un objectif de divertissement et de
bonne condition physique. Il est considéré de haut niveau s’il pratique de manière
régulière et intensive dans un but principal de compétition. Un sportif professionnel
est un sportif de haut niveau ayant fait de son activité physique un métier. Précisons
la dénition.
Un sportif professionnel est sous contrat et il perçoit une rémunération pour la
pratique de son sport. Pour qu’un contrat de travail soit établi, il doit y avoir entre
le club et le travailleur (joueur, athlète, pilote, etc.) un versement nancier en
échange d’une prestation, doublé d’un lien de subordination. Pour être qualié de
professionnel, le sportif doit pouvoir vivre de la rémunération de sa pratique ; dans
le cas contraire, il sera qualié de semi-professionnel.
Par ailleurs, il convient aussi de distinguer les personnels non sportifs salariés
(généralement dotés d’une expertise dans une fonction d’entreprise) et les person-
nels bénévoles (qui n’ont pas d’expertise autre que leur expérience du club). Un
bénévole est certes un personnel non rémunéré mais qui peut être rétribué sous
forme symbolique (en exerçant une fonction garantissant une relative distinction
sociale) et sous forme d’avantages en nature (frais d’hébergement, de restauration,
de transport, d’équipement sportif, etc.). Ces deux statuts appellent un management
différencié notamment pour ce qui concerne la sanction du travail (positive ou néga-
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Chapitre 4 ■ La gestion des ressources humaines d’un club sportif
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La gestion des ressources humaines d’un club sportif ■ Chapitre 4
par étape (car un talent précoce n’est pas toujours conrmé). Dans le cas où les résul-
tats sont à la hauteur du projet, le jeune sportif peut alors espérer intégrer la catégorie
Espoir de sa discipline (et convaincre ses parents de mettre en péril ses études). C’est
seulement au terme de ce parcours qu’il pourra viser un statut professionnel via l’Insep
(Institut national du sport, de l’expertise et de la performance) pour les meilleurs.
La seconde manière d’y parvenir passe par le repérage de jeunes sportifs promet-
teurs au sein des clubs lors des compétitions. Ainsi, il n’est pas nécessaire d’avoir
un diplôme particulier pour devenir sportif professionnel.
partiel ou, dans le meilleur des cas, des postes aménagés dans des entreprises ou des
administrations publiques. Leur vie sportive en club est de ce fait très précaire sur le
plan économique. Relevons en outre que la situation des sportifs individuels est plus
incertaine encore que celle des sportifs salariés et rémunérés par les clubs. Ils doivent
le plus souvent attendre la participation à une compétition internationale médiatisée (les
Jeux olympiques, tous les quatre ans pour la plupart des sports)3 pour percevoir
1. « Les salaires des sportifs professionnels et la question de la justice », blog Mediapart, 1erfévrier 2013.
2. Le principe libéral du marché est celui d’un équilibre entre offre et demande : si la demande des clubs est forte
face à une offre de joueurs insufsante, le prix (la rémunération) augmente jusqu’à réaliser l’équilibre (en attirant
plus d’offreurs et en dissuadant certains demandeurs). Selon les libéraux, il n’y a donc pas lieu d’en contester le
niveau et, le cas échéant, l’injustice (rémunération des footballeurs vs celle des handballeurs, par exemple).
3. En 2018, les primes olympiques ont été de 50 000euros pour une médaille d’or, de 20000euros pour une
médaille d’argent et de 13000euros pour du bronze.
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Chapitre 4 ■ La gestion des ressources humaines d’un club sportif
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La gestion des ressources humaines d’un club sportif ■ Chapitre 4
de ces redevances est qu’elles ne sont pas soumises aux cotisations sociales (à la
différence des salaires). Ainsi, les sportifs seront signataires de deux contrats avec
leurs clubs stipulant deux rémunérations bien distinctes : une rémunération du tra-
vail soumise aux charges sociales et une rémunération commerciale libre de ces
charges. Le cadre d’application est déterminé par voie d’accord collectif national au
sein de chaque discipline. Il est à noter que les montants de ces redevances sont xés
en fonction des recettes générées par la vente des produits dérivés liée à l’utilisation
de l’image du sportif et non pas en fonction de son salaire. Cet élément réduit
quelque peu le champ d’application du dispositif aux sportifs bénéciant déjà d’une
certaine renommée dans de grands clubs.
Certains sports (les sports qualiés de majeurs par les médias : football, tennis,
cyclisme, voile, etc.) ont une offre de spectacle de compétitions qui intéresse mas-
sivement les publics et conduit à de fortes audiences (cf. chapitre 3 supra). Par
conséquent, les chaînes de télévision sont en concurrence pour en obtenir les droits
et participent à une ination dont protent directement les clubs, les ligues et leurs
fédérations ; et, par ricochet, les sportifs eux-mêmes.
La loi du 1 er août 2003 a permis aux clubs d’accéder aux droits télévisuels des
manifestations sportives organisées par leurs ligues (cf. focus ci-après)1.
c Focus
Les droits télévisuels du football
En France, les droits de diffusion télévi- Ainsi, en 2016-2017, le Paris SG, vice-
suelle sont collectés et redistribués par la champion de France, a perçu 57,9 M€,
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Ligue de football professionnel à hauteur soit 10M de plus que l’OL ou que l’OM
de 50% et de manière égalitaire entre les classés 4e et 5e. Nice, pourtant 3e, a perçu
clubs ayant participé à la compétition (une 34 M (soit 13M de moins que les deux
part fixe plus une partie fonction du nombre clubs moins bien classés) et, en bas de
de licence dans le club), à hauteur de 30% tableau, Lorient 18,1 M, Bastia 16,7 M
selon le classement final (de la saison et et Nancy 15,5M. L’écart est donc de 1 à
des 5 dernières saisons) et de 20% selon la 3,7. En outre, les trois clubs relégués en
notoriété des clubs (au prorata du nombre Ligue2 ont bénéficié d’une aide à la relé-
de diffusions par les chaînes de télévision gation respectivement de 7, 4 et 3,7M.
au cours des 5dernières saisons).
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Chapitre 4 ■ La gestion des ressources humaines d’un club sportif
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Pour la période 2016-2020, les droits et de Domino’s Ligue 2, et de financer
s’élèvent à 748,5millions d’euros par an dépenses d’investissements et masses
versés par Canal Plus et beIN Sports, soit salariales. Au niveau européen, les droits
une recette garantie qui permet d’alimen- de la Ligue des Champions et de la Ligue
ter et de sécuriser l’ensemble des budgets Europa sont propriété de SFR pour les sai-
des clubs affiliés de Ligue 1 Conforama sons 2018 à 2021 (350millions par an).
Quel que soit le statut d’un club –société à objet commercial ou association spor-
tive–, plusieurs services tertiaires sont indispensables à son bon fonctionnement :
pour assurer des fonctions administratives, de développement commercial, de com-
munication ou encore de comptabilité et de trésorerie. Ces personnels sont rarement
des sportifs avérés mais la plupart manifestent un intérêt pour le sport pratiqué dans
leur club (encadré4.1). A minima, pour créer une association sportive, il est néces-
saire de pourvoir trois fonctions de base : celles de président (décider), de secrétaire
(administrer) et de trésorier (gérer et nancer).
Romain Giraud est aujourd’hui secrétaire général du Racing Club de Strasbourg (un club
de football champion de France de Ligue1 en 1979 et qui a retrouvé la Ligue1 en 2017
après plusieurs relégations jusqu’en CFA). À ce titre, il est responsable du bon fonction-
nement administratif et juridique du club et participe aux décisions politiques et straté-
giques aux côtés du président. Il revient sur son parcours et sur les opportunités qui l’ont
mené à ce poste. Titulaire d’un master de Droit du sport, il a intégré le milieu sportif en
effectuant un stage à la Fédération française de hockey-sur-glace. Il découvre alors le
fonctionnement fédéral et en acquiert les savoir-faire managériaux spécifiques, ceux du
sport associatif. Il décroche son premier poste salarié au sein du club de rugby de la ville
de Saint-Étienne. Le club venant d’être rétrogradé, sa mission a été de le restructurer afin
de lui permettre de réintégrer la 2 edivision. En tant que directeur juridique, administratif
et financier, il devait gérer un budget de plus de 3millions d’euros. Il décide, un an plus
tard, de postuler à un emploi au sein d’un club de dimension supérieure –le Racing Club
de Strasbourg Alsace– et il accède au poste de secrétaire général d’un club de football.
Du hockey au football, en passant par le rugby, Romain Giraud conçoit sa carrière
comme un challenge permanent. C’est, selon lui, un trait de caractère qui n’est pas
nécessairement en lien avec le secteur sportif mais qui lui semble indispensable pour
réussir dans le sport, étant donné la culture ambiante de la gagne. Il nous confie même
utiliser un vocabulaire sportif avec son équipe tertiaire pour la mobiliser.
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La gestion des ressources humaines d’un club sportif ■ Chapitre 4
les spécicités sportives dans le Droit positif (gure 4.1). Elle fait la différence
entre, d’une part, le Droit privé du sport, des associations et des sociétés sportives
pour lesquelles la rémunération des dirigeants et la distribution de dividendes sont
interdites (d’où le statut de travailleur indépendant des entraîneurs) et, d’autre part,
le Droit commun (pour la création et le fonctionnement des clubs) prenant en
compte les différents types de statuts (notamment ceux d’entreprise unipersonnelle
sportive à responsabilité limitée, de société anonyme à objet sportif et de société
anonyme sportive professionnelle). Elle est composée de 51 articles et elle a été
modiée à plusieurs reprises.
1. Le Code du sport français relève de l’ensemble des codes spécialisés constitutifs du Droit civil.
2. V. Gelles, Le Droit du travail appliqué au milieu sportif, JurisExpert.net, 14septembre 2012.
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Chapitre 4 ■ La gestion des ressources humaines d’un club sportif
CONFLIT
Affiliation
obligatoire
Pouvoir Pouvoir Pouvoir
disciplinaire disciplinaire disciplinaire
Contrat
de travail
Joueurs
c Focus
Droit sportif et Droit du travail
Le Droit sportif figure dans la Convention complexe. En effet, même si la CCNS ne
collective nationale du sport (CCNS) et il se place pas au-dessus du Droit du travail,
est appliqué aux clubs par les fédérations. elle tient cependant compte des spécificités
Mais il a pour particularité de relever de sportives en matière de temps de travail ou
tous les domaines du droit et non pas seu- de cumul de CDD, entre autres exemples.
lement de celui du travail : le Droit public Le Droit sportif vise ainsi à éviter les conflits.
(pour la sécurité du spectacle sportif, par D’où viennent ces difficultés à cohabiter ?
exemple), le Droit pénal (pour traiter des 1. Le Droit sportif doit préserver fonda-
violences dans les stades, du dopage), le mentalement l’égalité entre compéti-
Droit privé (des sociétés, des associations teurs. Or l’internationalisation du sport
et notamment du travail). En Droit privé, conduit à associer des sportifs relevant
la loi de 1984 a intégré les spécificités du de pays différents (d’Europe et au-delà)
sport, situant les associations et sociétés et de législations du travail différentes
sportives en marge du Droit commun. de celle en application en France. La
Leurs règles de création et de fonctionne- stricte application du Droit français
ment sont ainsi fixées par décret. produirait des entorses au principe de
La cohabitation entre Droit sportif et Droit juste concurrence sportive lors de com-
du travail n’est pas conflictuelle mais pétitions internationales.
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La gestion des ressources humaines d’un club sportif ■ Chapitre 4
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2. Le statut de sportif professionnel est travailler dans de bonnes conditions spor-
particulier. Il s’apparente à celui des tives, notamment dans un contexte d’in-
indépendants. Pour les clubs, le spor- ternationalisation. Qui détient le pouvoir
tif s’apparente à un « bien » à valeur disciplinaire d’appliquer le Droit sportif ?
marchande (négociable au moment des Le pouvoir est détenu par l’employeur
transferts). (le club) mais partagé avec la fédéra-
Ainsi, nous pouvons avancer que si les tion d’affiliation (qui exerce son autorité
sportifs français sont soumis au Droit du à la fois sur le sportif employé et le club
travail par la loi (par contrat de travail), employeur). La fédération a ainsi pouvoir
ils bénéficient d’aménagements apportés de sanction sportive, s’agissant d’une puis-
par le Droit sportif pour leur permettre de sance publique par délégation de l’État.
elle s’applique à tous les salariés d’une structure dont l’activité principale consiste à
organiser et encadrer des activités sportives, à gérer des installations sportives, à dis-
penser de la formation sportive, à organiser des manifestations sportives. Depuis le
1 erjanvier 2008, tous les contrats de travail doivent être conformes à la CCNS et ceux
conclus avant cette date doivent faire l’objet d’un avenant. Elle a été rédigée en colla-
boration étroite avec le CoSMoS (Conseil social du mouvement sportif) et les organi-
sations patronales et syndicales. Le sport est ainsi devenu une branche professionnelle
à part entière. Des délégués régionaux ont été désignés en tant que relais d’informa-
tions et de première assistance auprès des associations locales.
Plus récemment, en novembre2015, la loi n°2015-1541 vise à protéger et à sécu-
riser les sportifs de haut niveau « participant au rayonnement de la France ». Elle
1. C. Gailhbaud, op.cit.
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Chapitre 4 ■ La gestion des ressources humaines d’un club sportif
instaure une convention entre le sportif et sa fédération xant les droits et obliga-
tions de chacun (notamment le droit du sportif à une formation et l’obligation pour
sa fédération d’assurer son suivi professionnel), la couverture des accidents du tra-
vail sportif et des maladies professionnelles en lien avec la pratique, la sécurisation
juridique des opérations de mutations temporaires des salariés et du statut des indé-
pendants. En mars 2017, la loi n°2016-261 complète la précédente avec la volonté
de préserver l’éthique dans le sport (chaque fédération devant créer un comité
ad hoc, interdire tout pari sportif en son sein et portant sur sa propre pratique en
compétition, favoriser la professionnalisation du sport féminin), à renforcer la trans-
parence et la régulation du sport professionnel (la transparence des ux nanciers
précisément, le renforcement des prérogatives de la DNCG et un contrôle plus étroit
des activités des agents sportifs), à améliorer la compétitivité des clubs profession-
nels (les collectivités étant autorisées à accorder leur garantie pour des emprunts
destinés à rénover les équipements sportifs des clubs).
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La gestion des ressources humaines d’un club sportif ■ Chapitre 4
1. Guide juridique sur la prévention et la lutte contre les incivilités, les violences et les discriminations dans le
sport, ministère des Sports, de la Jeunesse, de l’Éducation populaire et de la Vie associative, janvier2013.
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Chapitre 4 ■ La gestion des ressources humaines d’un club sportif
Il est conforté par l’articleL-223.3 qui interdit tout lien de subordination vis-à-vis
de leurs fédérations de rattachement, ce qui en fait de facto des travailleurs indépen-
dants. Par ailleurs, an de lutter contre les violences faites aux arbitres (de plus en
plus fréquentes dans certains sports collectifs et notamment dans le football ama-
teur), l’article L-223.2 les investit d’une mission de service public. Ainsi, toute
personne proférant des menaces à l’encontre d’un arbitre encourt jusqu’à 5 ans
d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende ; toute personne lui portant atteinte
physiquement encourt une peine pouvant aller jusqu’à 10ans d’emprisonnement et
150000euros d’amende.
Il en va de même des entraîneurs qui exercent aussi majoritairement leur métier
sous le statut de travailleur indépendant (bien qu’ils puissent, depuis la loi n°2015-
1541 du 27novembre2015, être détachés sous contrat de Droit public). Leur car-
rière commence souvent par des postes d’animateur bénévole puis se poursuit à
travers plusieurs échelons professionnels auxquels ils peuvent accéder par des for-
mations (souvent nancées par leur club). Ils sont alors rémunérés soit par le club,
soit par les sportifs eux-mêmes. Relevons que la mutualisation des entraîneurs se
développe, les sportifs professionnels ou les petits clubs étant conduits à s’associer
pour recruter un coach à l’année.
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La gestion des ressources humaines d’un club sportif ■ Chapitre 4
hiérarchique du ministère chargé des sports. Par exemple, les Directeurs techniques
nationaux (DTN), leurs adjoints ou les entraîneurs nationaux peuvent désormais être
détachés sur contrat de Droit public, c’est-à-dire bénécier d’un statut de fonctionnaire.
Par ailleurs, la loi du 1 er mars2017 qui adapte le cadre juridique du sport profes-
sionnel aux nouveaux enjeux éthiques et économiques, s’intéresse aux dirigeants.
Elle stipule que chaque fédération délégataire a l’obligation de créer un comité
chargé de veiller à l’application d’une charte d’éthique et de déontologie, notam-
ment en matière de traitement des conits d’intérêt dans le sport. Le comité n’a pas
de pouvoir disciplinaire direct mais peut saisir les organes compétents en cas de
non-respect de la charte. Elle contraint également les dirigeants à établir une décla-
ration de situation patrimoniale et une déclaration d’intérêts à la Haute autorité pour
la transparence de la vie publique.
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Chapitre 4 ■ La gestion des ressources humaines d’un club sportif
3 Les bénévoles
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La gestion des ressources humaines d’un club sportif ■ Chapitre 4
son club. Dans le cas où sa volonté de travailler librement disparaît, il n’a aucune
obligation de poursuivre son activité au sein du club.
Il existe cependant quelques avantages à être bénévole, souvent mis en place par
les clubs eux-mêmes dans le but de les remercier et de les motiver. Ces rétributions
prennent souvent la forme d’accès gratuit aux spectacles sportifs, aux différentes
infrastructures et à des équipements divers (une dotation textile comme un survête-
ment du club) et de défraiements (des frais de déplacements sur les lieux de compé-
tition, de repas, etc.), ou encore de privilèges symboliques comme celui de côtoyer
les sportifs et les partenaires du club.
Il existe néanmoins des gratications reconnues comme les chèques repas qui sont
une adaptation de ce qui est proposé en entreprises. Ils sont autorisés pour les béné-
voles les plus réguliers au sein d’associations relevant du Droit français ou de fon-
dations reconnues d’utilité publique. Ils sont utilisables uniquement dans le cadre
des activités de l’association, dans le département de son siège ainsi que dans la
limite des jours ouvrables. Ils sont d’une valeur maximum de 6,40euros (en 2017)
et sont exonérés d’impôts.
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Chapitre 4 ■ La gestion des ressources humaines d’un club sportif
– les indéfectibles qui malgré tout restent dèles à leur club, la passion qui les anime
et leur attachement aux équipes étant plus forts que la déception sportive ;
– les sceptiques qui, dépités par les contre-performances à répétition, ne trouvent
plus goût à s’investir et quittent le club décevant.
Il est à noter que le turnover des bénévoles est un problème devenu endémique, et
parfois en dépit de bons résultats sportifs (par exemple, lorsque les enfants du béné-
vole cessent la compétition). En effet, ce phénomène a des effets à la fois démogra-
phiques (le nombre de bénévoles diminuant, certaines fonctions ne sont plus
assurées dans le club –accueil des enfants, logistique des compétitions, administra-
tion des dossiers, etc.– et l’âge moyen tend à augmenter) et qualitatifs car chaque
départ non remplacé constitue une perte de savoir-faire.
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La gestion des ressources humaines d’un club sportif ■ Chapitre 4
est à relativiser puisqu’il y a contrat de fait (parfois tacite) et lien de subordination aux
dirigeants du club. De plus, la distribution de primes ne serait pas autorisée en l’ab-
sence de contrat. En effet, en dehors des défraiements, une association sportive n’a pas
le droit de verser librement de l’argent. Un contrat de travail doit donc être établi dès
lors qu’un lien de subordination existe, qu’une prestation de travail est accomplie sous
les directives d’un supérieur et qu’elle fait l’objet d’une rémunération quelconque. Le
statut de joueur amateur induit, en revanche, une totale liberté de circulation du joueur
d’un club à l’autre, sans aucune obligation d’autorisation préalable ou d’échange
nancier autre que les défraiements prévus par la loi (Drut, 2011)1.
1. L’arrêt de la Cour de justice européenne du 15 décembre 1995, dit « arrêt Bosman », établit la liberté de
circulation des sportifs professionnels au sein de l’Union.
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Chapitre 4 ■ La gestion des ressources humaines d’un club sportif
Section
2 L’ENVIRONNEMENT DE TRAVAIL SPÉCIFIQUE
AUXCLUBS
1 L’organisation du système sportif en France
Les fédérations sportives constituées sous forme associative ont pour objet l’organi-
sation de la pratique d’une ou plusieurs disciplines sportives (l’organisation des com-
pétitions ofcielles notamment) et rassemblent des clubs afliés. En 2017, sur 317000
associations sportives, on recense environ 180000clubs afliés aux 106fédérations
relevant du Comité National et Sportif Français, qui constituent le cadre de la pratique
de compétition ou de loisirs des 16millions d’individus titulaires de licences1 .
Une licence sportive est un acte fédéral qui autorise son titulaire à participer aux
compétitions ofcielles de la discipline sur l’ensemble du territoire français. Toute
autre forme d’adhésion (généralement appelée « autre titre de participation », soit
ATP) ouvre à une pratique de loisir organisée par le club (une journée, un stage ou
toute l’année selon la formule choisie). La licence se distingue de la seule adhésion
au club qui permet de proter des équipements pour pratiquer, mais aussi des équi-
pements périphériques de détente (comme un club house ou un sauna). Un club non
aflié à une fédération ne peut donc pas proposer de licence, ni participer à un
championnat ofciel. L’adhérent au club verse ainsi en même temps que le montant
de la licence (xé par la fédération pour tous les clubs) une cotisation (variable selon
les clubs et la qualité de leurs offres).
Pour optimiser leur fonctionnement, les fédérations ont mis en place des commis-
sions spécialisées (par exemple, la Fédération française de football possède des com-
missions pour l’arbitrage, la gestion des infrastructures, le contrôle de gestion, le
traitement du dopage, celui des paris sportifs, etc.). Par ailleurs, elles-mêmes sont
1. Les fédérations peuvent intégrer des sociétés commerciales : pour la vente de spectacles sportifs, de produits
dérivés ou encore de formations et de pratiques (en autorisant la société à délivrer des licences).
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La gestion des ressources humaines d’un club sportif ■ Chapitre 4
et leur fédération :
– celui de l’achat par l’adhérent de la licence fédérale ;
– l’obligation faite aux clubs de s’aflier à la Fédération (dont ils reçoivent la
subvention).
Les clubs ne peuvent afcher le label ofciel de club fédéral aflié (qui autorise à
participer à un championnat ofciel) qu’à la condition d’être adhérent à la fédération
qui organise et réglemente la pratique. S’il existe une société commerciale sportive,
extension du club pour en gérer plus efcacement les activités économiques, celle-ci
est liée par convention à l’association sportive du club afliée à la fédération.
1. Les Ligues 1 et 2 sont les deux divisions professionnelles du football français. Les divisions inférieures
(National, CFA) ont un statut amateur.
2. À titre d’exemple, citons la FSGT (Fédération sportive et gymnique du travail).
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Chapitre 4 ■ La gestion des ressources humaines d’un club sportif
Fédération
Ligues
Licence Affiliation
obligatoire Comités obligatoire
Clubs
Licenciés
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La gestion des ressources humaines d’un club sportif ■ Chapitre 4
☞
Acteurs Fonctions et prérogatives
–Entités autonomes et libres de leur organisation interne.
–Obligés de respecter les règles sportives fédérales.
Clubs professionnels –Obligés de licencier tous leurs membres auprès de la fédération.
–Obligés de s’enregistrer à la chambre de commerce (du fait d’un statut
d’entreprise privée).
–Entités autonomes libres de résilier leurs affiliations.
–Obligés de respecter les règles sportives de la fédération.
Clubs amateurs
–Obligés de licencier tous leurs membres auprès de la fédération.
(associatifs)
–Organigramme obligatoire : au minimum un président, un secrétaire et un
trésorier.
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Chapitre 4 ■ La gestion des ressources humaines d’un club sportif
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Chapitre 4 ■ La gestion des ressources humaines d’un club sportif
Affiliation obligatoire
Fédération Club
Pouvoir exécutif
Rémunération
ou défraiement
Pouvoir disciplinaire Contrat ou
libre-pratique
en loisir
Joueur
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c Focus
Le calendrier des transferts interclubs des joueurs de football
Le mercato estival du football dure envi- de nouveaux joueurs. Le mercato hivernal
ron deux mois (entre le 30 juillet et le se déroule durant le mois de janvier, soit
2septembre), soit juste avant le début de en milieu de saison pour des ajustements
la nouvelle saison sportive. Il est le plus d’équipe (à la suite d’indisponibilités de
prisé car il permet de commencer la sai- joueurs blessés ou d’erreurs de recrute-
son avec une équipe cohérente intégrant ment estival).
Performance sportive
et marketing
Indemnité
de transfert
Rupture Cession
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de contrat de joueur
Club vendeur
1. En 2017, selon l’observatoire du football (CIES), 5,9milliards d’euros ont été dépensés par les clubs euro-
péens pour le transfert de joueurs (transferts +prêts avec obligation d’achat +bonus), dont 916millions par les clubs
français de Ligue1 (418M par le seul PSG) ; soit une augmentation de 41% par rapport à 2016. Le transfert de
Paul Pogba à Manchester United pour 105 millions d’euros en 2016 a constitué un record nancier provisoire
jusqu’à celui de NeymarJr au ParisSG, en août2017, pour la somme de 222 millions, puis de Mbappé au PSG
également (180M payables en 2018).
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Chapitre 4 ■ La gestion des ressources humaines d’un club sportif
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La gestion des ressources humaines d’un club sportif ■ Chapitre 4
c Focus
Le coût croissant des transferts de joueurs de football
À la lumière de quelques affaires dont vont pousser à la surévaluation de cer-
celle mettant en cause le club Olympique tains joueurs, en conseiller l’acquisition
de Marseille en novembre 2014 (pour dans la perspective spéculative d’une
« extorsion de fonds, blanchiment et asso- revente la saison suivante, et multiplier
ciation de malfaiteurs », selon le juge en ainsi leurs commissions. Il arrive même
charge de l’affaire, lors des transferts de parfois qu’un joueur transféré vers un
Didier Drogba à Chelsea en 2004, de club qui n’en a pas besoin sportivement
Samir Nasri à Arsenal en 2006, de Souley- soit ensuite « prêté » au club d’origine
mane Diawara depuis Bordeaux en 2009, qui, lui, en a toujours besoin, soit une
d’André-Pierre Gignac depuis Toulouse double opération fictive donnant lieu à
en 2010), nous relevons un effet pervers deux commissions. Enfin, il semble qu’un
inhérent à ce type d’opération et tendant certain nombre de transferts fassent l’objet
à en multiplier le nombre et à provoquer d’opérations frauduleuses sous la forme
une inflation de leurs montants. de rétro-commissions à des intermé-
En effet, les agents de joueurs percevant diaires complices, voire de blanchiment
une commission à chacune des transac- de fonds d’origine plus ou moins mafieuse
tions, ils ont un intérêt financier direct à (c’est à la suite du meurtre d’un parrain
inciter les clubs à multiplier les transferts. corse en 2009 que l’affaire de l’OM a
Par ailleurs, certains agents étant aussi éclaté en 2014)1 . Relevons que la Ligue
parties prenantes au sein des clubs (à tra- de football professionnel et le syndicat
vers des fonds d’investissement1 ou parce des présidents de clubs (UCPF – Union
qu’ils sont également les agents d’entraî- des clubs professionnels de football) sont
neurs pesant sur les recrutements2), ils très en retrait en regard de ces dérives 2.
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Enn, relevons qu’un joueur peut faire l’objet d’un prêt (ou mutation temporaire).
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1. Cf. notamment les quotidiens Libération du 20novembre 2014 et Le Monde du 22novembre 2014.
2. La discrétion des instances du football a été remarquée également lors d’une autre affaire de l’automne2014 :
celle des matchs truqués du club Nîmes Olympique, soupçonné de corruption de clubs concurrents de Ligue 2
(notamment Caen) pour garantir sa montée en Ligue1 en 2014-2015.
3. Ces fonds d’investissement nommés Third Party Ownership (TPO, tierce propriété du joueur), souvent basés
dans des paradis scaux, ont constitué des portefeuilles de joueurs qu’ils mettent à disposition des clubs qui n’ont
pas les moyens de nancer les transferts. Citons Doyen Sports ou encore Quality Sports (pour l’instant interdits
d’activité en France et au Royaume-Uni).
2. Citons Jorge Mendes qui gère les intérêts de joueurs comme Cristiano Ronaldo (valeur estimée à 114M€ par
le Centre international d’étude du sport de Neuchâtel), Radamel Falcao ou James Rodrigez. Il compte également
des entraîneurs parmi ses clients et conseille le fonds d’investissement Quality Sports (cf. supra). Il se retrouve ainsi
en conit d’intérêts permanent.
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Chapitre 4 ■ La gestion des ressources humaines d’un club sportif
La transaction fait tout de même l’objet d’un contrat qui doit être exclusif et à but
non lucratif (du moins ofciellement si on fait abstraction de possibles dessous de
table). Il est possible d’ajouter au contrat de prêt une clause d’achat qui permet, par
la suite, d’exécuter un transfert en bonne et due forme pour obtenir la mutation
dénitive du sportif qui aura prouvé son utilité au sein du club d’adoption. Citons le
cas du prêt de Kylian Mbappé au Paris SG par l’ASMonaco en août 2017, avec
option d’achat à hauteur de 180millions d’euros l’année suivante. Il semble que la
raison de recourir à un prêt (et non à un transfert) ait été d’échapper à une sanction
de l’UEFA pour non-respect du fair play nancier1 (à la suite de l’acquisition de
Neymar pour un montant record de 222millions un mois auparavant). En effet, le
PSG ayant déjà été sanctionné pour ce motif (avec une interdiction temporaire de
recrutement), le club risquait une exclusion des compétitions européennes.
1. Le fair-play nancier vise à empêcher le surendettement des clubs par des dépenses excessives dans leur
gestion courante (notamment en matière de transferts) qui pourraient les conduire à la faillite. Ainsi, ils ne doivent
pas dépenser plus d’argent qu’ils n’en gagnent (avec une tolérance de 45millions d’euros de décit) ; les apports
en capital des propriétaires n’étant pas pris en compte (pour garantir une relative équité entre les clubs).
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La gestion des ressources humaines d’un club sportif ■ Chapitre 4
Relevons que depuis novembre 2015, la loi n°2015-1541 pour la protection des
sportifs de haut niveau et professionnels et la sécurisation de leur situation juridique
et sociale, prévoit un dispositif d’assurance « accident du travail – maladie profes-
sionnelle ». Elle priorise par niveau de précarité l’accès à ce dispositif. Ainsi, les
sportifs individuels non-salariés, jusque-là peu couverts, bénécient à présent d’une
prise en charge nancière de l’État en cas de blessure et ce jusqu’à consolidation de
la situation. Cette aide permet également au sportif de haut niveau d’ouvrir un capi-
tal ou de toucher des rentes minimales. Par ailleurs, la loi précise le rôle des fédéra-
tions dans la surveillance médicale des sportifs de haut niveau. Elle leur impose de
souscrire un contrat d’assurance couvrant les éventuels dommages corporels liés à
la pratique et d’assurer une surveillance médicale renforcée des licenciés inscrits sur
la liste ministérielle (cf.4.3).
c Focus
Les modalités d’assurance des sportifs professionnels
• Les conditions de couverture. Lors de niveau et à risque en sont exclus. Ainsi,
l’établissement du contrat d’assurance, il existe une assurance spéciale dite de
l’âge et la condition physique du joueur « décès sportif ». Le taux de couverture
sont pris en compte. Le joueur doit pas- dépend de la fréquence de la pratique
ser une série de tests qui attestent de sa et des autres couvertures de l’assuré. Si
condition. Si un problème est détecté, le statut du joueur ou la fréquence de
il ne bénéficiera d’aucune couverture. pratique changent, le contrat peut être
• Assurance perte de licence. Les joueurs renégocié.
peuvent demander à être assurés en • Les polices clubs. Lors d’un transfert de
cas de perte de licence, c’est-à-dire joueur, une police club permet de garan-
en cas de blessure grave qui les empê- tir l’investissement sur le joueur. En effet,
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Chapitre 4 ■ La gestion des ressources humaines d’un club sportif
– Par accord explicite des parties ou consentement mutuel (c’est le cas lors des
transferts) ; la décision doit alors être écrite et ne présenter aucune équivoque.
– En cas de faute grave. La faute est considérée comme grave à partir du moment
où elle ne permet plus le maintien du sportif au sein du club. Les deux cas les
plus fréquents sont le refus de suivre les entraînements et/ou de participer aux
compétitions planiées (le refus est assimilé à un abandon de poste), et le dépis-
tage d’addiction à l’alcool ou à une drogue lors d’un entraînement ou d’une
compétition.
Le cas de force majeure est également prévu. Il n’en existe pas de dénition claire
mais les événements dits « imprévisibles » (qui ne dépendent pas du sportif ou du
club) ainsi que les événements dits « irrésistibles » (entraînant une impossibilité
totale d’exécution du contrat de travail) peuvent être des cas de rupture avant terme.
Rompre le contrat d’un joueur à la suite de mauvaises performances est particu-
lièrement délicat, voire impossible. Le plus souvent, on élabore un projet de trans-
fert (ou de prêt) pour inciter le joueur à partir évoluer dans un autre club. Les joueurs
contribuant le moins aux résultats sportifs sont ainsi les premiers sur les listes de
départ. Le contrat est alors rompu d’un commun accord.
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La gestion des ressources humaines d’un club sportif ■ Chapitre 4
1. Le coup de tête insensé de Zinédine Zidane à l’encontre de son adversaire Marco Materazzi lors du match de
nale de Coupe du monde de football2006 opposant la France à l’Italie, illustre parfaitement une gestion négative
d’un stress de colère, qui a été lourde de conséquences pour le groupe. Une gestion positive aurait peut-être mené
à la victoire.
2. Le recours systématique au dopage est très révélateur de la pression et du stress de la compétition de haut
niveau. Relevons qu’il concerne aussi et de plus en plus des métiers non sportifs.
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Chapitre 4 ■ La gestion des ressources humaines d’un club sportif
Section
3 LE MANAGEMENT DES RESSOURCES HUMAINES
D’UNCLUB
1 Motiver les compétiteurs et le personnel tertiaire
Les travaux du psychologue du travail Frederick Herzberg renseignent sur les sources
de motivation de l’individu au travail (tableau4.4). Pour lui, les facteurs de satisfac-
tion ne sont pas du même ordre que les facteurs d’insatisfaction et de mécontentement.
Il considère que ces deux facteurs –satisfaction et insatisfaction– agissent de manière
indépendante : ainsi, le contraire de la satisfaction n’est pas l’insatisfaction mais
l’absence de satisfaction. De la même manière, le contraire de l’insatisfaction est
l’absence d’insatisfaction. Sa formule de la motivation s’écrit alors :
Motivation =Absence d’insatisfaction +Satisfaction 1
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La gestion des ressources humaines d’un club sportif ■ Chapitre 4
Or, le sport véhicule des valeurs en mesure de motiver l’ensemble des ressources
humaines au sein d’un club, sportives et non sportives (Tribou, 2013 ; Pierre et
Tribou, 2013). En effet, la solidarité associée à une forme de fraternité sportive, la
loyauté et le dépassement de soi dans l’effort, sont des valeurs qui peuvent déborder
du cadre de la compétition sportive pour aller inspirer la gestion des ressources
humaines non sportives (Pierre, 2015 ; focus ci-après et encadré4.4).
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Chapitre 4 ■ La gestion des ressources humaines d’un club sportif
c Focus
Les valeurs du sport au service du management
des sportifs et des non-sportifs
Le respect des autres : le respect mutuel Le partage : acte d’empathie accompagné
comme fondement de la paix sociale. d’un sentiment de satisfaction.
• Pour les sportifs : respect de l’entraîneur • Pour les sportifs : partage de techniques,
et de l’arbitre (au risque de la sanction d’émotions, de talents avec l’équipe et
sportive). Pour les non-sportifs : respect le public. Pour les non-sportifs : par-
de la hiérarchie, des collègues de tra- tage d’un espace, de projets, de com-
vail, des règlements. pétences.
Le goût de l’effort : dépassement de soi, Le respect des règles : pour garantir la vie
fondement de la performance. en communauté.
• Pour les sportifs : se faire mal à l’entraî- • Pour les sportifs : le manque de respect
nement pour atteindre ses objectifs de des règles est durement sanctionné.
performance. Pour les non sportifs : Pour les non-sportifs : sanction plus
effort d’assiduité, de sacrifice pour le souple et relative tolérance (pour la
groupe (rester tard pour finaliser un libre-initiative).
dossier). La concentration : pour optimiser l’action
La coopération : agir ensemble pour et réaliser un objectif.
mieux réussir. • Pour les sportifs : condition sine qua
• Pour les sportifs : principe opérationnel non de la performance. Pour les non-
d’une équipe sportive (au risque de la sportifs : demande un effort (et nécessite
défaite). Pour les non-sportifs : coopéra- des pauses).
tion source de solutions (plus productif Le goût de l’apprentissage : volonté d’ap-
ensemble que seul). prendre toujours plus.
La solidarité : conditionne la cohésion et • Pour les sportifs : pour progresser
la collaboration. (innover vers de nouvelles tactiques et
• Pour les sportifs : être solidaire de ses techniques). Pour les non-sportifs : nou-
coéquipiers et partager victoires ou velles méthodes de travail pour monter
défaites. Pour les non-sportifs : cohé- en compétence.
sion d’équipe et culture d’entreprise La tolérance : respecter la liberté et les
partagée. opinions d’autrui.
L’engagement : moteur de l’action. • Pour les sportifs : les autres sont tou-
• Pour les sportifs : s’impliquer et se res- jours associés à la performance (y
ponsabiliser (aux entraînements comme compris les adversaires). Pour les non-
en compétition). Pour les non-sportifs : sportifs : on ne choisit ni ses collègues
se sentir concerné par ce qui arrive au ni ses dirigeants, la tolérance est donc
collectif. indispensable.
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La gestion des ressources humaines d’un club sportif ■ Chapitre 4
Sylvain Dufour est un snowboarder professionnel reconnu dans les épreuves de slalom
parallèle. Il a commencé la compétition à 12 ans. En décembre 2008, il décroche
deux médailles aux Championnats du monde puis participe aux Jeux olympiques de
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Chapitre 4 ■ La gestion des ressources humaines d’un club sportif
c Focus
Comment motiver à la fois des salariés et des bénévoles
Nous avons recueilli les points de vue du sportifs : un match à gagner absolument
responsable commercial salarié d’un club pour une place européenne, un contrat
de basket-ball professionnel et du pré- marketing à signer avec un gros parte-
sident élu d’un comité fédéral. naire, une couverture média à négocier.
Selon lui, la passion du sport est le moteur
Le témoignage de Philippe Dulieu,
du dirigeant de club comme elle peut en
responsable commercial du club
être la limite (s’il y met trop d’affect, au
SIG Basket
risque de l’aveuglement).
Entré à la SIG en 1997 à la suite d’un Le témoignage de Denis Oehler,
master en Marketing et gestion du sport à président du comité départemental
l’université de Strasbourg, Philippe Dulieu de basket-ball du Bas-Rhin (Alsace)
est actuellement responsable commercial
chargé de l’événementiel. Ancien volleyeur Denis Oehler a été élu président du comité
de haut niveau, il a toujours travaillé dans départemental de basket-ball du Bas-Rhin
le sport. Il nous explique que le club pro- en 2012. Son élection a entraîné une évo-
fessionnel a créé une association (SIG et lution dans la gestion de l’organisation
bénévoles) afin de manager au mieux ses et notamment en matière de ressources
70 bénévoles, que leur fidélisation passe humaines. Son mode de gestion s’appa-
par l’organisation de rencontres avec les rente à celui d’une entreprise tout en y
joueurs et l’allocation d’un budget asso- associant les valeurs du sport. Ainsi, face
ciatif (leur permettant d’acheter des tenues à l’augmentation du nombre de licenciés,
sportives pour les soirs de matchs et d’orga- sa stratégie s’appuie sur une profession-
niser un voyage annuel pour suivre le club). nalisation croissante du comité. En effet,
Selon lui, toutes ces dispositions permettent comme le bon fonctionnement repose en
d’apporter une forme de reconnaissance partie sur du bénévolat, Denis Oehler a
aux bénévoles et de créer une cohésion de mis en place un management particulier
groupe ; ce qui a pour effet qu’ils restent des bénévoles en les envoyant sur le ter-
dans le club non plus seulement pour rain dans un rôle d’accompagnement et
l’aventure sportive mais aussi pour la convi- de représentation, tout en confiant les mis-
vialité. Car selon lui : « Il faut établir un rap- sions managériales d’administration, de
port de confiance entre les dirigeants et les communication, de gestion de trésorerie
employés du club » et « la passion pour le à des salariés spécialistes de ces fonctions
sport en général et le club en particulier est Les missions du comité qu’il préside sont,
la principale source de motivation ». pour l’essentiel, des missions d’organi-
Philippe Dulieu fait la différence entre le sation de la compétition amateur dans le
monde du sport et celui de l’entreprise, département, mais aussi de promotion du
du moins pour ce qu’il nomme le « plaisir basket-ball. Par exemple, chaque année,
immédiat ». En effet, son travail en club en début de saison, une réunion d’infor-
est une succession sans fin de challenges mation a lieu entre les membres du comité
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La gestion des ressources humaines d’un club sportif ■ Chapitre 4
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et les dirigeants des clubs afin de leur rap- départementale dans un lycée de la ville de
peler les règles fédérales en la matière et Strasbourg, un tournoi intercomités, ainsi
de les informer sur les évolutions du jeu. qu’une campagne de promotion du basket
Mais, pour lui, le comité ne limite pas son dans les écoles. Par ailleurs, le comité s’est
action à ce rôle de gestion, il est également doté, en 2013, d’une signature publici-
présent pour conseiller les dirigeants de taire qui accompagne désormais le logo et
clubs et les épauler dans leurs politiques de affirme son positionnement : « Facilitateur
développement. Il a initié d’autres actions de basket ».
comme la création d’une section sportive
domaine sportif, sur le mode métaphorique de l’équipe sportive (un pack de rugby
poussant ensemble dans une même direction et vers la victoire). Ce type de cohésion
d’équipe semble être la recette de la performance collective au sein d’un club, car le
sportif professionnel ne peut pas se contenter de développer son seul potentiel indi-
viduel, il doit l’intégrer à celui du groupe pour gagner collectivement. Il s’agit de la
mission centrale de l’entraîneur, qui doit bien connaître ses joueurs individuellement
pour optimiser la performance collective.
Ce dernier applique la règle selon laquelle la cohésion d’équipe débute par la prise
de conscience de sa propre valeur par chacun des membres de l’équipe. C’est ainsi
qu’un comportement trop directif de l’entraîneur peut étouffer la capacité des
joueurs à développer une autonomie et un esprit d’initiative. Car l’attitude du joueur
est conditionnée en partie par celle de l’entraîneur, tout comme celle d’un salarié