Cours de DROIT
Le caractère abstrait
La règle de droit vise des situations générales et non celle d’une personne en particulier, contrairement à la décision de
justice qui est rendue dans une situation particulière.
Le caractère obligatoire
La règle de droit s’impose à tous sans aucune distinction. Il faut toutefois nuancer ce caractère obligatoire en distinguant les
règles de droit supplétives et les règles de droit impératives (d'ordre public) :
La règle impérative est celle qui s'impose aux personnes dans leurs rapports et ne peuvent l’écarter car elle est
d'ordre public. Elle s’impose de manière absolue en ce sens qu’il n’est pas possible aux intéressés de se soustraire à
son application, même par un accord exprès.
Exemple : L'article 17 du code de commerce prévoit « La femme mariée peut exercer le commerce sans autorisation de
son mari. Toute convention contraire est réputée nulle ». Dans aucun cas, le mari ne peut interdire à sa femme d’exercer le
commerce.
La règle supplétive est une règle de droit mais qui peut être écartée par les personnes en prévoyant une autre règle
qui s'appliquera à leurs rapports juridiques. En fait, la règle supplétive ne s’applique que si les parties n'ont rien
prévu, elle vient alors suppléer l’absence de volonté exprimée par les intéressés.
Exemple : L'article 49 du code de la famille prévoit « Les deux époux disposent chacun d’un patrimoine propre.
Toutefois, les époux peuvent se mettre d'accord sur les conditions de fructification et de répartition des biens qu'ils auront
acquis pendant leur mariage. Cet accord fait l'objet d'un document distinct de l'acte de mariage.
Les adouls avisent les deux parties, lors de la conclusion du mariage, des dispositions précédentes.".
La règle de la séparation des patrimoines des deux époux ne s’applique que lorsque les époux n’ont pas manifesté par écrit
leur volonté d’unir leurs patrimoines.
Le caractère contraignant
Pour être respectée une règle de droit doit être contraignante. L’irrespect de la règle entraîne des sanctions (versement de
dommages et intérêts, paiement d’amendes, emprisonnement …).
Le caractère permanent
L'applicabilité de la règle de droit doit être constante durant son existence, c'est-à-dire jusqu'à ce qu'elle soit abrogée
(supprimée).
2. Branches du Droit
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Les différentes branches du droit sont déterminées en fonction de l’objet ou de la spécificité de la branche du droit. On peut
classer le droit en deux familles : d’un côté le droit interne qui s’oppose au droit international et de l’autre le droit privé qui
s’oppose au droit public.
2.1 Droit national
Le droit national regroupe l’ensemble des règles de droits élaborées dans un cadre d’un État déterminé. On distingue :
2.1.1 Droit public
La notion recouvre les règles qui régissent l’organisation de l’Etat ainsi que celles qui gouvernent les rapports entre l’Etat et
les citoyens. Parmi les branches du droit public on trouve :
Droit constitutionnel :
Il est constitué des règles juridiques qui organisent les structures et le fonctionnement des trois pouvoirs qui constituent
l’Etat : le législatif, l'exécutif et le judiciaire. L’ensemble de ces règles est contenu dans la constitution.
Droit administratif :
Il organise la structure et le fonctionnement de l’administration et réglemente les rapports de celle-ci avec les particuliers.
Droit fiscal :
Le droit fiscal est la branche du droit recouvrant l'ensemble des règles de droit relatives aux impôts.
Chaque année, une loi de finances est votée par le parlement pour déterminer le budget de l’Etat (prévisions des recettes et
dépenses) et qui contient généralement des dispositions fiscales.
Le droit commercial :
C’est le droit qui régit les activités commerciales exercées par les commerçants, les relations de ces derniers entre eux ainsi
que leurs rapports avec leurs clients.
Le droit foncier :
C’est-à-dire le droit qui régit le domaine immobilier.
Les contraventions : Ce sont les infractions les moins graves qui donnent lieu à des sanctions assez légères : une
amende de 30 à 1200 dirhams et (ou) une courte détention (moins d’un mois). Exemple : le stationnement illicite
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n’est puni que d’une simple amende.
Le droit pénal est un droit mixte dans la mesure où il réalise une combinaison des règles de droit privé et de droit public
: il est rattaché au droit privé, car souvent le droit pénal défend les droits subjectifs des individus (le droit de propriété,
de dignité, le droit à la vie). Le droit pénal appartient au droit public, car il organise les rapports entre l’Etat et les
individus.
Le droit social :
Le droit social regroupe le droit du travail et le droit de la sécurité sociale :
Le droit du travail recouvre l’ensemble des règles qui définissent la condition des travailleurs salariés. Il régit la
prestation de travail, sa rémunération, le droit de grève, les pouvoirs de l’employeur, le licenciement des salariés,
etc…
Le droit de la sécurité sociale réunit un ensemble de règles destinées à s’appliquer principalement aux travailleurs
pour les garantir contre divers risques sociaux (la maladie, les accidents du travail, …), mais aussi pour jouer un rôle
de solidarité par l’octroi de prestations pour charge de famille.
Le droit social se rattache traditionnellement au droit privé car il régit les rapports entre deux particuliers, l’employeur
et le salarié qui, à l’origine étaient soumis au code civil. Mais, il revêt le caractère d’un droit mixte en raison des
nombreux éléments de droit public qui y interviennent : le pouvoir de l’employeur est très encadré par de nombreux
règlements, l’inspection du travail est une institution administrative, l’organisation de la Sécurité sociale est
administrative, etc…).
3. Sources du Droit
Les règles qui organisent la vie sociale trouvent leurs origines dans diverses sources :
3.1 La Constitution
La Constitution (adoptée par référendum) est la loi fondamentale d’un État. En effet, la constitution comporte les règles les
plus importantes d’un pays. Ces règles constitutionnelles s’imposent à toutes les règles de rang inférieur : tous les autres
textes lui sont donc soumis.
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Les règlements englobent l'ensemble des décisions du pouvoir exécutif.
En principe, le pouvoir réglementaire appartient au chef du gouvernement qui l'exerce par décret. Il peut également
déléguer ce pouvoir à un ou plusieurs ministres qui l'exercent par le biais des arrêtés.
Les règlements se répartissent en deux catégories :
Les règlements autonomes :
Il s'agit des décrets et arrêtés pris dans les matières qui ne sont pas du domaine de la loi, c'est-à-dire dans le domaine réservé
aux règlements.
Les règlements pris pour l'exécution des lois :
Le pouvoir exécutif est chargé d'assurer l'exécution des lois adoptées par le parlement. Pour ce faire, il doit déterminer les
mesures et les détails de cette application par le biais du règlement. Ce règlement intervient alors pour la mise en application
de la loi.
3.6 La coutume
Définition : en droit, la coutume ou règle coutumière est une règle issue de pratiques traditionnelles et d’usages
communs consacrés par le temps et qui constitue une source de droit.
Loi et coutume :
Tout d’abord, la loi peut dans certains cas renvoyer directement à la coutume.
Exemple : article 418 du code de commerce : « A défaut de convention, coutume ou d’usage contraire, la
rémunération du courtier est due par celui qui l’a chargé de traiter l’affaire. »
La coutume peut également venir combler les lacunes de la loi, mais ces cas sont extrêmement rares.
Exemple : en France, la femme mariée porte le nom de son conjoint alors qu’aucun texte ne le prévoit expressément.
3.7 La doctrine
Le terme doctrine désigne l’ensemble des opinions juridiques et des travaux consacrés à l’étude du droit. Ces
opinions et ces travaux sont réalisés par des universitaires mais aussi par des praticiens (magistrats, notaires).
La doctrine a pour objet de faire connaître le droit, de mettre en évidence les défaillances du système juridique,
interpréter la loi et la jurisprudence. La doctrine joue un rôle indirect dans l’élaboration des règles de droit dans la
mesure où elle peut exercer une influence aussi bien sur le législateur que sur le juge.
4. L’organisation judiciaire
L'organisation judiciaire désigne l'ensemble des tribunaux et des cours du Royaume. Le terme « tribunal » désigne les
juridictions inférieures (leurs décisions s’appellent jugements) telles que le tribunal de première instance. Le terme « cour »
se rapporte aux juridictions supérieures telles que les cours d'appel ou la Cour Suprême (leurs décisions s’appellent arrêts).
D’après l’article 127 de la constitution, les juridictions ordinaires ou spécialisées sont créées par la loi. Il ne peut être créé de
juridiction d’exception.
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Les sections de la justice de proximité connaissent des actions personnelles et mobilières qui n’excédent pas cinq mille
dirhams, mais ne sont pas compétentes pour les litiges relatifs au statut personnel, à l’immobilier, aux affaires sociales et
aux expulsions.
La Cour de cassation :
La Cour de cassation statue sur les pourvois en cassation formés contre les décisions rendues en dernier ressort par toutes les
juridictions du Royaume.
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1. Les personnes juridiques
1.1 La personnalité juridique
La personnalité juridique est l’aptitude à être titulaire de droits et à être soumis à des obligations.
Il existe deux catégories de personnes : les personnes physiques et les personnes morales.
Une personne morale est généralement constituée par un regroupement de personnes physiques ou morales qui
souhaitent accomplir quelque chose en commun, mais il peut aussi s'agir d'un regroupement de biens (fondation) ou
d'une personne morale constituée par la volonté d'une seule personne (SARL d’associé unique).
Identification : Comme pour la personne physique, la personne morale est identifiée par :
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Cette capacité d’exercice est limitée dans les cas suivants :
- l’enfant qui, ayant atteint l’âge de discernement (12 ans révolues), n’a pas atteint celui de la majorité ;
- le prodigue : celui qui dilapide (gaspille) ses biens ;
- le faible d’esprit : celui qui est atteint d’un handicap mental.
Ne jouit pas de la capacité d’exercice (incapable) :
- l’enfant qui n’a pas atteint l’âge de discernement ;
- le dément (l’aliéné mental) et celui qui a perdu la raison.
2. Les biens
Les biens sont des choses ou des droits qui s’exercent sur des choses matérielles ou immatérielles (droits de créance). Ils ont
une valeur pécuniaire et font partie du patrimoine d’une personne.
2.1. Notion de patrimoine
Le patrimoine est l'ensemble des droits et des obligations d'une personne juridique.
Le patrimoine comporte un actif et un passif :
- Activement, c'est l'ensemble des biens et des créances, quels qu'ils soient : choses inanimées ou animées (végétaux,
animaux), mobilières ou immobilières, corporelles ou incorporelles qui appartiennent à une personne physique ou
morale.
- Passivement, le patrimoine contient l'ensemble des dettes de la personne.
Le patrimoine est un corollaire de la personnalité juridique, ce qui signifie que toute personne dispose d'un patrimoine.
2.2 Classification des biens
2.2.1 Les biens immeubles et les biens meubles
- Les immeubles
Les immeubles par nature
Les immeubles par nature sont tous les biens fixés au sol : toutes les constructions et tous les accessoires incorporés à ces
constructions : canalisations d'eau, ascenseur, végétaux plantés. Le sol et le sous-sol sont également des immeubles par
nature.
Les immeubles par destination
Ce sont des biens originellement meubles mais que la loi qualifie d'immeubles par destination en raison du lien qui les unit à
un immeuble par nature : ils constituent en effet un accessoire. Ainsi un tapis d'escalier est un immeuble par destination mais
aussi les animaux d'une ferme, les matériels d'exploitation d'un atelier, une cuisine intégrée dans une habitation…
- Les meubles
Les biens meubles sont des biens qui peuvent se déplacer ou être déplacés d'un lieu à un autre.
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L'usus est le droit de détenir et d'utiliser une chose sans en percevoir les fruits ;
Le fructus est le droit de percevoir les fruits, c'est à dire les biens produits périodiquement et régulièrement par les
choses sans altération de leur substance ;
L'abusus désigne le droit de disposer de la chose (vente ou même destruction du bien).
A côté du droit de propriété, figurent parmi les droits réels principaux, les démembrements du droit de propriété :
L'usufruit confère à son titulaire le droit d'utiliser la chose et d'en percevoir les fruits, mais pas celui d'en disposer,
lequel appartient au nu-propriétaire ;
De même le locataire d'un appartement dispose de l'usus du bien immobilier quand le bailleur en détient le fructus
(les loyers) et l'abusus (il peut récupérer, vendre ou donner son appartement).
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Chapitre 3- les obligations et les contrats
1. Obligations
- Définition : la preuve est la démonstration d'un fait (préjudice) ou d'un acte (un contrat).
- Charge de la preuve (qui doit prouver) : elle est précisée par les articles 399 et 400 du DOC (Dahir des
Obligations et des Contrats) :
La preuve de l'obligation doit être faite par celui qui s'en prévaut (le demandeur) ( Article 399).
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Lorsque le demandeur a prouvé l'existence de l'obligation, celui qui affirme qu'elle est éteinte ou qu'elle
ne lui est pas opposable doit le prouver (Article 400).
- - Moyens de preuve : les moyens de preuve reconnus par la loi sont énoncés par l’article 404 du DOC :
* L'aveu : c’est la déclaration que fait en justice la partie qui reconnaît la vérité des faits qui lui sont opposés.
L'aveu peut résulter du silence de la partie.
* La preuve littérale ou écrite : elle résulte d’un acte écrit qui peut être authentique (dressé par un officier public :
notaire, adel, etc.) ou sous seing privé (rédigés par les parties à l'acte sans l’intervention d’un officier public).
* La preuve testimoniale : c’est la preuve par témoins. Cependant, l’article 443 du DOC précise que : « Les
Conventions et autres faits juridiques ayant pour but de créer, de transférer, de modifier ou d'éteindre des
obligations ou des droits et excédant la somme ou la valeur de dix mille dirhams ne peuvent être prouvés par
témoins. Il doit en être passé acte authentique ou sous seing privé, éventuellement établi sous forme électronique ou
transmis par voie électronique. »
* La présomption : les présomptions sont des indices au moyen desquels la loi ou le juge établit l'existence de
certains faits inconnus. Ainsi par exemple l’article 456 du DOC précise que : « Celui qui possède de bonne foi une
chose mobilière ou un ensemble de meubles est présumé avoir acquis cette chose régulièrement et d'une manière
valable, sauf à celui qui allègue le contraire à le prouver.
N'est pas présumé de bonne foi celui qui savait ou devait savoir, au moment où il a reçu la chose, que celui dont il l'a
reçue n'avait pas le droit d'en disposer. »
* L'impossibilité de l'exécution : c’est généralement le cas d’une force majeure (événement involontaire et
imprévisible qui empêche le débiteur d’exécuter sa prestation).
* La novation : remplacement d’une obligation par une autre, l’ancienne obligation s’éteint et elle est
remplacée par la nouvelle ;
Exemple : Le créancier d’une somme d’argent convient avec le débiteur que celui-ci lui paiera à la place une
rente viagère.
* La compensation : extinction de deux dettes liquides et exigibles à concurrence de la moins élevée, entre
deux personnes à la fois créancière et débitrice l’une de l’autre.
* La confusion : mode d’extinction de l’obligation résultant de la réunion en la même personne des qualités
de créancier et de débiteur.
Exemple : on est locataire d'un appartement. Contrat de location : obligation de verser des loyers
mensuellement. Et on achète l'appartement. Il y a confusion par rapport à l'obligation de payer les loyers.
* La prescription : extinction de l’obligation par la suite de l’inaction du créancier pendant un certain délai
déterminé par la loi.
* La résiliation volontaire : aussitôt les parties conviennent d'un commun accord de s'en départir.
2. Les contrats
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2.1 Notion de contrat
2.2 Classification
Les contrats sont très divers et peuvent être classés en fonction de plusieurs critères. Les principaux critères retenus sont la
formation, le contenu et l’exécution du contrat.
La classification des contrats d’après leur mode de formation
Contrat consensuel Contrat solennel Contrat individuel Contrat collectif
L’échange des La validité du contrat est soumise Conclu entre deux ou Engage d’autres
consentements suffit à à une formalité, souvent un écrit. plusieurs personnes. Leurs personnes que les
former le contrat. Ex. un contrat de mariage est un effets ne concernent que ces contractants.
Ex. le contrat de vente d’un acte authentique contractants. Ex. convention collective
bien meuble Ex. Contrat de travail
Contrat de gré à gré Contrat d’adhésion
Les termes du contrat L’une des parties,
sont librement discutés économiquement plus forte,
par les parties. impose ses conditions à
Ex. revente d’un livre à un l’autre.
ami Ex. contrat de transport RAM
L’objet
Dans l’objet chacune des parties peut s’engager à donner à faire ou non quelque chose.
L’objet doit répondre à certaines conditions :
- La chose qui accompagne l’objet doit exister ;
- Elle doit également être licite et conforme aux bonnes mœurs.
La cause
La cause du contrat correspond à la raison pour laquelle chacune des parties a accepté de conclure le contrat (exemple : une
personne loue un appartement pour se rapprocher de son travail, une autre pour se rapprocher de ses parents).
2.4 La sanction des conditions de validité des contrats : la nullité
Les nullités sanctionnent une violation de l’une des conditions de formation du contrat. Il existe deux types de nullités, qui
ne sont pas soumises au même régime, mais dont les effets sont identiques.
Les effets des nullités absolues et relatives sont identiques. Dans les deux cas, le contrat est anéanti. Par ailleurs, l’anéantissement
est rétroactif : les parties sont remises au même et semblable état qu’avant la conclusion du contrat. En pratique, dans un contrat
de vente, le vendeur récupère le bien et rend le prix versé par l’acheteur. Le contrat est censé n’avoir jamais existé.
Le principe
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Le contrat ne crée donc ni droits ni obligations à l’égard des tiers (personnes étrangères au contrat). Par exemple, le nouvel
occupant d’un logement n’est pas tenu de poursuivre le contrat de téléphone de l’ancien locataire ; ce contrat ne lie que les
parties signataires.
– Un contrat peut profiter à autrui : il en est ainsi de la stipulation pour autrui. Dans cette situation, une personne (le
stipulant) obtient d’une autre personne (le promettant) qu’elle s’engage envers une troisième personne (le tiers bénéficiaire)
restée étrangère à cette convention. L’assurance-vie utilise ce mécanisme : dans ce contrat, une personne (le stipulant)
convient avec son assureur (le promettant) que celui-ci versera une somme d’argent à une troisième personne (par exemple,
le fils du stipulant) à son décès.
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Partie 2 : Eléments du droit commercial
1. Le commerçant
1.1 Définition
Le commerçant est une personne qui exerce des actes de commerce, à titre de profession habituelle, en son nom et pour son compte.
1.1.1 Conditions requises pour la qualité du commerçant
1.1.1.1 Les conditions liées à la personne
La capacité commerciale
La capacité qui est la condition de la qualité du commerçant est la capacité d’exercice.
Toute personne âgée de 18 ans est majeure, et peut devenir commerçant.
Les mineurs et les majeures incapables ne peuvent pas devenir commerçants.
Les interdictions
Les déchéances
Pour assainir la profession commerciale et assurer un minimum de moralité, le législateur interdit le commerce aux personnes qui ont
encouru certaines condamnations.
Les incompatibilités
L’incompatibilité est l’interdiction faite à certaines personnes d’exercer le commerce en raison de leur profession (avocat, notaire,…)
Les commerces soumis à autorisation administrative
C’est le cas des assurances, des banques, des transports publics…
1.1.1.2 Les conditions liées à l’activité
Les actes de commerce par nature
Ces actes permettent l’identification des commerçants. Ils sont évoqués dans l’article 6 du code de commerce :
1) l’achat de meubles corporels ou incorporels en vue de les revendre soit en nature soit après les avoir travaillés et mis en œuvre ou en
vue de les louer;
2) la location de meubles corporels ou incorporels en vue de leur sous-location;
3) l’achat d’immeubles en vue de les revendre en l’état ou après transformation;
4) la recherche et l’exploitation des mines et carrières;
5) l’activité industrielle ou artisanale;
6) le transport;
7) la banque, le crédit et les transactions financières;
8) les opérations d’assurances à primes fixes;
9) le courtage, la commission et toutes autres opérations d’entremise;
10) l’exploitation d’entrepôts et de magasins généraux;
11) l’imprimerie et l’édition quels qu'en soient la forme et le support;
12) le bâtiment et les travaux publics;
13) les bureaux et agences d’affaires, de voyages, d’information et de publicité;
14) la fourniture de produits et services;
15) l’organisation des spectacles publics:
16) la vente aux enchères publiques;
17) la distribution d’eau, d’électricité et de gaz;
18) les postes et télécommunications.
Les actes de commerce par la forme
Ils constituent des actes de commerce, même lorsqu’ils sont faits à titre isolé par des non commerçants.
Exemples :
- La lettre de change ;
- Le billet à ordre signé par un non commerçant lorsqu’il résulte d’une transaction commerciale ;
- Les actes faits par les sociétés commerciales.
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Les actes de commerce par accessoire
Tout acte ou fait accompli par un commerçant dans l’exercice de son commerce est présumé commercial.
Exemple : l’achat d’une machine effectué par un commerçant pour les besoins de son commerce.
Les actes de commerce mixtes
Lorsqu’un commerçant conclut un acte avec un non commerçant, cet acte est commercial pour lui et civil pour le non commerçant :
c’est un acte mixte. Par exemple un prêt consenti par une banque à un particulier.
2. Le fonds de commerce
2.1 La composition du fonds de commerce
Le fonds de commerce est un bien meuble constitué par l’ensemble de biens mobiliers affectés à l’exercice d’une ou de plusieurs
activités commerciales. Ces biens comprennent des éléments incorporels et des éléments corporels :
Les éléments incorporels
La clientèle et l’achalandage (compris obligatoirement dans le fonds de commerce)
La clientèle est l’ensemble des personnes qui ont l’habitude de fréquenter le fonds de commerce (les clientes habituels d’une épicerie
locale, par exemple).
L’achalandage se distingue de la clientèle proprement dite ; ce sont les clients de passage qui sont attirés par un emplacement favorable
mais n’effectuant que des achats occasionnels (les consommateurs d’un restaurant sur l’autoroute).
Le nom commercial
C’est l’appellation sous laquelle le commerçant, personne physique ou morale, exerce le commerce. (Ex : Maroc télécom)
.
L’enseigne
C’est le signe extérieur qui permet d’individualiser le commerce. Elle peut être :
- Un emblème figuratif ;
- Une dénomination de fantaisie ;
Les monopoles d’exploitation
Ce sont les droits de propriété industrielle (marques, brevets, dessin et modèles) souvent présents dans le fonds de commerce :
Les marques
Ce sont des signes distinctifs des produits ou services d’une entreprise déterminée.
Les brevets d’invention
Ce sont des titres de propriété industrielle délivrés par l’OMPIC (Office Marocain de la Propriété Industrielle et Commerciale). Ils
confèrent à leurs titulaires un monopole d’exploitation pour une période maximale de 20 ans.
Les dessins et modèles
Les dessins et modèles constituent l'aspect ornemental et esthétique d’un produit ou de son emballage.
Le titre de propriété industrielle peut être accordé sur un dessin, un modèle, ou une combinaison des deux. Il attribue le titre exclusif
d'exploitation pour une durée de 5 ans, renouvelable 2 fois, soit un maximum de 15 ans.
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Le droit au bail
Le plus souvent, le commerçant n’est pas propriétaire du local où il exerce son commerce. Il occupe celui-ci en exécution d’un contrat de
bail. La loi confère au propriétaire du fonds de commerce un droit au bail, c’est-à-dire un droit au renouvellement du bail ou à défaut une
indemnité d’éviction de la part du bailleur si ce dernier veut lui donner congé.
Les éléments corporels
Il s’agit du matériel et outillage et les marchandises.
En cas de cession à crédit, la loi protège le vendeur des risques de non recouvrement de sa créance en lui accordant des privilèges et une
action résolutoire :
Les privilèges
On distingue :
- le droit de préférence : le vendeur impayé peut se faire rembourser avant les autres créanciers, il suffit de le faire inscrire dans un délai
de 15 jours.
- le droit de suite : ce droit lui permet de saisir et faire vendre le fonds
L’action résolutoire
La cession étant un contrat synallagmatique, le vendeur impayé peut demander la résolution de la cession et reprendre la propriété de son
fonds.
La protection de l’acheteur
- Le droit d’annuler le contrat d’achat : si le vendeur n’a pas exécuté les mentions figurant dans l’acte de commerce, l’acheteur peut
demander la nullité du contrat pour cause de dol.
- L’acheteur est protégé contre la concurrence déloyale faite par le vendeur.
2.3.2 Le nantissement
Pour garantir une dette, un emprunt auprès d’un établissement financier, le propriétaire du fonds de commerce peut le donner en gage au
créancier (sans dépossession).
Le nantissement peut porter sur toutes les composantes du fonds de commerce à l’exception des marchandises.
En cas d’insolvabilité du débiteur, le créancier peut exercer ses privilèges à savoir le droit de préférence et le droit de suite.
2.3.3 La gérance libre
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La gérance libre est un contrat par lequel le propriétaire ou l’exploitant d’un fonds de commerce en concède totalement ou partiellement
la location à un gérant qui l’exploite à ses risques et périls.
Un extrait du contrat de gérance libre est publié dans la quinzaine de sa date au Bulletin officiel et dans un journal d’annonces légales.
Le bailleur est tenu, soit de se faire radier du registre de commerce, soit de faire modifier son inscription personnelle avec la mention
expresse de la mise en gérance libre.
Définition
Le chèque est un écrit par lequel, une personne appelé tireur, donne l’ordre au tiré (une banque), de payer à vue une somme d’argent au
tireur lui-même ou à une tierce personne.
La provision
L’émission du chèque suppose l’existence de la provision, laquelle correspond à une créance du tireur sur le tiré. La provision du chèque
résulte généralement d’un dépôt du tireur ou de l’ouverture d’un crédit.
Le chèque certifié par l’établissement bancaire atteste de l’existence de la provision sur le compte de l’émetteur.
Le bénéficiaire du chèque
Le chèque peut être payable :
à une personne dénommée : le chèque est alors transmissible par endossement ;
à une personne dénommée avec la clause non à ordre ou une clause équivalente : le chèque ne peut être endossé;
au porteur : chèque sans indication du bénéficiaire.
Le chèque barré
Le tireur ou le porteur d’un chèque peut le barrer. Le barrement s'effectue au moyen de deux barres parallèles apposées au recto.
La circulation du chèque payable au profit d’une personne dénommée est effectuée par l’endossement. Le bénéficiaire du chèque
(l’endosseur) appose sa signature au verso (dos) du chèque avant sa remise au nouveau bénéficiaire désigné (l’endossataire).
L’endossement est utilisé :
soit pour transférer la propriété de la provision du chèque à une tierce personne : c’est l’endossement translatif de propriété ;
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soit pour charger la banque du bénéficiaire de l’encaisser auprès de la banque du tiré : il s’agit de l’endossement de procuration.
3.1.5 La prescription
L’action du porteur du chèque contre le tiré se prescrit par un an à partir de l’expiration du délai de présentation.
Dans la pratique, ce sont les établissements bancaires qui délivrent à leur clientèle des carnets de Lettres de Change Normalisées (LCN)
pour leur permettre de procéder à des règlements, généralement à échéance. Le nom du tiré (client de la banque) et les renseignements
concernant son compte bancaire sont pré-imprimés par la banque (12 et 13).
Pour régler un créancier (le tireur), le débiteur (tiré) prend l’initiative et précise :
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La date et le lieu de création de la lettre de change ;
La date d’échéance ;
La cause : généralement la référence aux factures à régler ;
Le montant à payer en chiffres et en lettres.
La date d’acceptation suivi de la signature.
Finalement le tiré envoie la lettre de change ainsi acceptée au tireur qui la complète et la conserve jusqu’à l’échéance ou la mobilise
avant l’échéance (endossement à un fournisseur ou escompte auprès d’une banque).
La provision
La provision de la lettre de change correspond à la créance du tireur sur le tiré.
La créance du tireur sur le tiré doit, à l’échéance de la lettre de change, être certaine, liquide et exigible.
La propriété de la provision est transmise de droit aux porteurs successifs de la lettre de change.
L’acceptation suppose la provision.
L’acceptation
Par l’acceptation, le tiré s'oblige à payer la lettre de change à l’échéance.
L’aval
Le paiement d’une lettre de change peut être garanti pour tout ou partie de son montant par un aval.
Cette garantie est fournie par un tiers (généralement une banque dans le cadre du commerce international).
Le porteur d’une lettre de change doit la présenter au paiement soit le jour où elle est payable, soit l’un des cinq jours ouvrables qui
suivent.
3.2.5 La prescription
Toutes actions résultant de la lettre de change contre l’accepteur se prescrivent par trois ans à compter de la date de l’échéance.
Les actions du porteur contre les endosseurs et contre le tireur se prescrivent par un an à partir de la date du protêt dressé en temps utile
ou de celle de l’échéance, en cas de clause de retour sans frais.
Définition
Le billet à ordre est un écrit par lequel, une personne appelé souscripteur (débiteur), s’engage à payer une somme d’argent à certaine
échéance à une tierce personne.
Remarque
Sont applicables au billet à ordre les dispositions relatives à la lettre de change et concernant: l’endossement, l’échéance, le paiement,
les recours faute de paiement et les protêts.
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