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T RAUMATOLOGIE , MÉDECINE ,

PKINÉSITHÉRAPIE DU SPORT
Coordonné par Jean-Claude Chanussot

LUXATION TRAUMATIQUE osseuses associées. Un scanner montrant l’in-

tégralité des lésions anatomiques est systé-

DE LA HANCHE
matiquement indiqué.

Jean-Claude CHANUSSOT*, Aude QUESNOT**

*** Kinésithérapeute cadre de Santé
Chantilly (60)
*** Kinésithérapeute cadre de Santé
Centre hospitalier de Gonesse (95)
Introduction
La luxation traumatique de la hanche se définit
par le déplacement permanent de la tête fémo-
rale par rapport au cotyle, survenant après un
traumatisme violent. En effet, la hanche est
une articulation très emboîtée et seul un choc
important sur une hanche positionnée en atti-
tude luxante est susceptible de provoquer une
telle lésion. On rencontre ainsi le plus souvent
des luxations de hanche à la suite d’accidents
de la voie publique.
Le mécanisme le plus classique est représenté
par l’accident du tableau de bord où le passa-
ger, assis jambes croisées (c’est-à-dire une
hanche en flexion, adduction, rotation mé-
diale) est victime lors d’un choc frontal d’un
polytraumatisme associant luxation de han-
che, fracture postérieure du cotyle, fracture de
rotule.
grave du membre inférieur parfois associé à des
atteintes viscérales et de la conscience (coma).
Chez un sujet conscient, l’attention de l’exami-
nateur est immédiatement attirée sur la han-
che par des douleurs extrêmement vives, l’at-
titude caractéristique du membre inférieur et
l’impotence fonctionnelle totale.
L’examen de la hanche est impossible du fait
des douleurs mais il importe de rechercher
d’emblée des lésions associées, notamment
neurologiques, exceptionnellement vasculaires.
La radiographie du bassin de face objective la
luxation, sa variété et les éventuelles lésions
Tableau 1
Types, position luxante, et fréquence respective des luxations régulières
Luxation postérieure
Protocole général
de traitement et place
de la rééducation
Le traitement de la luxation de hanche isolée est
orthopédique. Il consiste en une réduction, sous
anesthésie générale, en flexion de cuisse et trac-
tion. Cette réduction est suivie d’une traction en
moyenne trois semaines au lit par l’intermé-
diaire d’une broche trans-condylienne ou trans-
tibiale. L’appui sous couvert de deux cannes est
entrepris à J21 et l’appui total est repris à J45.
L’intégrité du nerf sciatique est systématique-
ment vérifiée.
Lorsque la luxation en peut être réduite ortho-
pédiquement ou lorsque elle s’accompagne de
lésions osseuses (comme par exemple une
fracture du cotyle), un traitement chirurgical
est entrepris. La voie d’abord est le plus sou-
vent postéro-latérale. L’appui total est alors
différé à J90.
Luxation antérieure

En traumatologie sportive, tout choc dans Position luxante en flexion, adduction, Position luxante en extension, rotation latérale
l’axe du fémur sur une hanche préalablement rotation médiale
placée en position luxante, peut entraîner une Iliaque : 50 % Obturatrice : 15 %

o
luxation.
Ischiatique : 25 % Pubienne : 10 %
La classification des luxations de hanche est
basée sur l’intégrité ou non du ligament ilio-
fémoral : en cas de respect de ce ligament on Tableau 2
parlera de “luxation régulière” (tableau 1). Les lésions associées

À l’opposé, la rupture de ce ligament ne diri- Siège des lésions Localisation Conséquences possibles
gera plus la tête fémorale et il s’agira de “luxa-
Parties molles Capsule Irréductibilité
tion irrégulière” sus ou sous-cotyloïdienne. Muscles Hématome
Vaisseaux métaphysaires Nécrose de la tête fémorale
Les principales lésions associées sont résu-
mées dans le tableau 2. Tissus osseux et articulaire Fracture du cotyle Irréductibilité
Fracture de la tête fémorale Coxarthrose
Fracture associée de la patella
Symptomatologie Tissu nerveux Grand sciatique (atteinte Paralysie le plus souvent
tronculaire ou radiculaire) dans le territoire du nerf
Le diagnostic de luxation de la hanche se fait
fibullaire commun
toujours dans un contexte de traumatisme

n° 486
KS mars 2008

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Systématiquement et pendant environ deux
ans, la surveillance des signes faisant évoquer
une nécrose de la tête fémorale s’impose
(douleur de type mécanique, exacerbée par
l’appui, examens complémentaires). En effet,
l’artère circonflexe postérieure est souvent éti-
rée et les risques de nécrose post-traumatique
varient de 5 à 15 % selon les auteurs.
La rééducation s’impose dès la réduction
orthopédique et se divise en trois phases :
– une phase alitée sous traction (environ 21
jours) ;
– une phase non consolidée avec un apui sous
couvert de deux cannes (de J21 à J45) ;
– une phase consolidée avec reprise de l’appui
total.
un premier temps, puis contre faible résis-
tance associé à des excito-moteurs pour fibres
lentes est réalisé quotidiennement.
En parallèle, un programme d’exercice de 20 à
30 mn est proposé au patient pour entretenir
les membres supérieurs (préparation du bé-
quillage) et le membre inférieur sain.
Au cours de la phase de déambulation sous
couvert de deux cannes, la rééducation a pour
objectif principal de restituer les possibilités
musculaires du membre lésé par un travail de
renforcement musculaire (dans les secteurs
articulaires protégés) et par un travail précoce
de la vigilance.
Les exercices en chaîne fermée sont privilégiés
et les muscles à tonifier sont les pelvi-trochan-
tériens, les fessiers et les stabilisateurs laté-
raux de hanche si possible en excentrique.
L’apprentissage d’une marche sans boîterie
est effectuée.
Après consolidation, les techniques de muscu-
lations sont intensifiées en charge et en endu-
rance.
Un travail plus global est entrepris (marche sur
tapis roulant, vélo, stepper, renforcement iso-
cinétique et pliométrique) visant à restituer les
possibilités antérieures du patient. ◆

Les principes de rééducation dépendent du

mécanisme lésionnel (tableau 3).

Protocole général
de rééducation
Le traumatisme causal étant le plus souvent
violent, cette pathologie de l’adulte jeune est
fréquemment associée à d’autres lésions dont
il faudra bien sûr tenir compte dans la prise en
charge.
Tableau 3
Durant la phase sous traction, la rééducation a Principes de rééducation en fonction du mécanisme lésionnel
pour objectif la prévention des troubles de décu-
bitus qu’ils soient d’origine cutanée, thrombo-
embolique, respiratoire ou orthopédique. Mécanisme lésionnel Principes Principes
L’intégrité du nerf sciatique est vérifiée de façon lésionnel articulaires avant J45 musculaires
systématique. Toutes les techniques visant à évi- Luxation postérieure : Choc dans l’axe du fût – Pas de flexion Insister sur le
ter un équin du pied sont mises en œuvre : – iliaque ; fémoral sur une hanche – de hanche supérieure renforcement et la
– mobilisations passives douces du pied et de – ichiatique. en flexion, adduction, – à 70° (forme iliaque) ; vigilance des muscles

o
la cheville vers la flexion dorsale, rotation médiale – pas de flexion du plan postérieur,
– de hanche supérieure en débutant par un
– contracter-relâcher et étirement du triceps – à 90° (forme ischia- travail statique en
sural, – tique) ; extension de hanche,
– automobilisation du patient par l’intermé- – pas de mouvement et en se rapprochant
diaire d’une bande, – combiné en flexion, du mécanisme
– adduction, rotation lésionnel après J45
– mise en place systématique d’un arceau ou – médiale.
d’une attelle anti-équin nocturne.
Luxation antérieures : Choc dans l’axe du fût – Pas d’extension Insister sur le
Un massage des appuis cutanés plantaires en – pubiennes ; fémoral sur une hanche – de hanche ; renforcement et la
fonction de la physiologie de la marche est – obturatrices. en extension et – pas de mouvement vigilance des muscles
débuté dès cette phase. rotation latérale – combiné en extension, du plan antérieur,
– rotation latérale. en débutant par un
Lorsque la traction mise en place est trans- travail statique en
condylienne, une mobilisation douce du genou flexion de hanche,
dans le secteur - 10°/50° est de règle. Un tra- et en se rapprochant
vail statique de tous les groupes musculaires après J45 du mécanisme
lésionnel.
du membre inférieur lésé par irradiation dans

n° 486
mars 2008
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