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La liberté d’expression
Pour qui, pour quoi, jusqu’où ?
La version en ligne de cet ouvrage est disponible
sur la bibliothèque digitale Jurisquare à l’adresse
www.jurisquare.be.
5
Introduction
Voici un livre sur les règles de contenu applicables par tout qui s’ex-
prime (journaliste professionnel ou non, artiste, publicitaire, blogueur,
youtubeur, facebookeur…), qu’il soit un enfant de 13 ans ou un dirigeant
d’entreprise, qu’il soit célèbre ou anonyme, qu’il communique un fait, une
idée ou une opinion, quels que soient le sujet (politique, culture, sport…)
et le support (affichage, presse écrite, cinéma, radio, télévision, Internet,
réseaux sociaux…).
7
Mode d’emploi
Chaque chapitre du livre est structuré selon le canevas suivant : une définition, les
règles applicables, des exemples ou illustrations concrets, fictifs ou réels, les points à
souligner et une rubrique finale renvoyant à une courte sélection de références utiles
dans la loi, la déontologie ou la jurisprudence.
Définition
Règle applicable
Exemple
Attention
Références utiles dans la loi, la déontologie ou la jurisprudence
Lorsqu’un exemple est tiré d’une décision de justice, il est suivi d’un numéro qui
renvoie à la référence complète reprise à la fin de chaque chapitre, dans la rubrique
« Références utiles/Jurisprudence citée ».
Par ailleurs, tout lecteur intéressé par de plus amples développements peut consulter
l’ouvrage de Stéphane Hoebeke et Bernard Mouffe, Le droit de la presse. Presse écrite,
presse audiovisuelle, presse électronique, 3e édition, publié chez Anthemis en 2012.
8 anthemis
1. Liberté d’expression pour tous
et en toutes matières
Vient ensuite la liberté d’exprimer des pensées ou de simples faits sous une
forme concrète extérieure à soi, de les dire par la parole, de les écrire sur
une feuille de papier ou de les reproduire sur une toile ou dans la pierre.
La liberté d’expression est un droit fondamental que l’on soit jeune ou vieux,
femme ou homme, national ou étranger, romancier, journaliste, peintre, in-
ternaute anonyme, personnalité politique, artiste, avocat, ouvrier, animateur,
association...
anthemis 9
La liberté d’expression
liberté d’expression vaut pour les idées, les opinions, les faits, l’informa-
La
tion, l’actualité, l’histoire, la fiction ou la science-fiction.
Elle utilise le papier, la scène, les ondes, le câble, le satellite, Internet, les
réseaux sociaux...
Cette liberté est un droit humain essentiel dont chacun peut réclamer
l’usage et elle doit être la plus large possible. Elle doit être maximale et va-
loir non seulement pour les idées ou les informations banales, inoffensives,
indifférentes, accueillies avec faveur, qui plaisent au pouvoir ou à la majo-
rité, mais aussi et surtout pour les idées différentes, originales, minoritaires,
qui fâchent, « heurtent, choquent ou inquiètent l’État, la population ou
une partie de celle-ci. Ainsi le veulent le pluralisme, la tolérance et l’esprit
d’ouverture sans lesquels il n’est pas de société démocratique »1.
10 anthemis
Liberté d’expression pour tous et en toutes matières
N’est pas en soi illégale l’affirmation « Je ne suis pas Charlie ». Toute personne
a le droit de dire qu’elle n’est pas solidaire du journal satirique, qu’elle n’est pas
d’accord avec ses publications ou qu’elle refuse d’être enfermée dans un slogan.
a liberté vaut aussi pour le mode d’expression : le ton peut être, selon le
L
cas, léger, sérieux, humoristique, dur, acerbe, voire agressif.
anthemis 11
2. Liberté et censure
La censure est le fait de soumettre une pensée ou une information à l’au-
torisation préalable d’une autorité.
La seule véritable exception est l’éventuelle autorisation justifiée par des consi-
dérations techniques, par exemple en cas de pénurie de fréquences disponibles.
Mais une fois cette autorisation technique donnée, son titulaire peut s’exprimer
librement sans devoir attendre un quelconque feu vert.
En principe, la liberté vaut sans considération de frontière. Mais malgré des
textes internationaux fixant des règles applicables au niveau transnational,
il n’en demeure pas moins vrai que le monde actuel reste structuré en
états et en frontières avec parfois – pour ne pas dire souvent – des règles
propres à chaque nation et un risque évident de conflit. Ce constat est
d’autant plus criant que l’évolution technologique permet à chacun d’uti-
liser notamment Internet pour communiquer dans l’espace numérique :
un simple clic et une opinion peut toucher le monde entier.
12 anthemis
3. Liberté et sources
Les sources sont l’ensemble des références qu’une personne peut consulter
pour se forger une opinion ou publier une information.
Par ailleurs, la presse est en droit de s’appuyer, sans autre vérification, sur des
documents officiels publics.
anthemis 13
La liberté d’expression
La personne qui informe la presse d’un scandale fiscal est, par exemple, membre
de l’administration fiscale. Ou celle qui livre à la presse le nom d’une person-
nalité impliquée dans une affaire de pédopornographie appartient à la police.
Le droit de taire ses sources d’information vaut pour toute personne qui
contribue directement à la collecte, la rédaction, la production ou la dif-
fusion d’informations, par le biais d’un média, au profit du public. Peu
importe que la personne ait ou non le titre de « journaliste » ou qu’elle
exerce son activité de manière régulière ou occasionnelle.
Le secret des sources est garanti non pas pour protéger les intérêts des
journalistes en tant que groupe professionnel, mais bien pour permettre
à la presse de jouer son rôle de « chien de garde » et d’informer le public
sur des questions d’intérêt général. Pour ces motifs, ce droit fait partie de la
liberté d’expression et de la liberté de la presse2.
14 anthemis
Liberté et sources
ette levée du secret n’est possible qu’à l’intervention d’un juge et si les
C
conditions cumulatives suivantes sont remplies : les informations deman-
dées revêtent une importance cruciale pour la prévention de la commission
des infractions ; les informations demandées ne peuvent être obtenues
d’aucune autre manière.
anthemis 15
La liberté d’expression
16 anthemis
4. Liberté et humour
L’humour, c’est utiliser le rire pour raconter une histoire, passer un bon
moment, dépasser un événement ou dénoncer un pouvoir. L’humour est
le propre de l’homme et il peut être léger, noir, jaune, anglais ou gaulois.
Entre le rire et la méchanceté, la frontière peut être floue mais pour au-
tant que la plaisanterie domine, il n’y a pas de faute, le droit à l’humour
impliquant un « inévitable mais finalement salutaire droit à la cruauté ».
À propos d’une parodie d’un poème de Maurice Carême, il a été jugé que « on
ne peut exiger de l’humoriste, du caricaturiste ou de l’auteur satirique la pru-
dence d’expression, la mesure et l’objectivité… dès lors que l’excès et l’outrance
sont les lois du genre. L’humour présente de nombreux côtés très positifs. Outre
le défoulement qu’il procure, il est doté de précieuses vertus pédagogiques : en
raillant des modes de pensées, les passions des hommes, des attitudes typées, des
groupes sociaux, certaines prises de position publiques, etc., l’humour maintient
anthemis 17
La liberté d’expression
On peut rire de tout : aucun sujet ni aucune personne n’échappe en soi à
la critique humoristique (voir les chapitres sur la discrimination, le racisme,
le sexisme et la religion).
On peut rire des Noirs, des Juifs, des Arabes, des Belges, des blondes, des beaufs,
des bègues...
L’aphorisme selon lequel « on peut rire de tout mais pas avec tout le
monde » n’est pas une règle légale ou déontologique. Généralement at-
tribuée à l’humoriste Pierre Desproges, cette expression est interprétée de
manière très variable : elle signifierait soit que l’on peut rire sans limite et
donc aussi en incitant au racisme ou à la discrimination, soit que l’on ne
peut pas rire de certaines catégories de personnes. Ces deux interprétations
ne correspondent pas à la pensée de Pierre Desproges. Dans un sketch de
1982, il dit clairement que l’on peut rire de tout (et même que l’on doit
rire de tout : de la guerre, de la misère, de la mort), mais il ajoute : « Peut-
on rire avec tout le monde ? C’est dur. Personnellement, il m’arrive de
renâcler à l’idée d’inciter mes zygomatiques à la tétanisation crispée. C’est
quelquefois au-dessus de mes forces dans certains environnements humains.
La compagnie d’un stalinien pratiquant, par exemple, me met rarement en
joie. Près d’un terroriste hystérique, je pouffe à peine. Et la présence à mes
côtés d’un militant d’extrême droite assombrit couramment la jovialité
monacale de cette mine réjouie. »
18 anthemis
5. Liberté et tolérance
anthemis 19
La liberté d’expression
20 anthemis
6. Liberté et limitations
Est-ce à dire que l’on est libre de dire tout et n’importe quoi, n’importe où,
n’importe quand et devant n’importe qui ? Non. La liberté d’expression
n’est évidemment pas absolue dans un État de droit.
Crier « au feu » sans raison dans une salle de cinéma bondée et provoquer ainsi
un mouvement de panique ne peut être justifié par la liberté d’expression. Il en
va de même d’une fausse alerte à la bombe.
Mais si la liberté d’expression n’est pas absolue, les limitations qui la can-
tonnent ne le sont pas davantage et il appartient à la loi de définir claire-
ment les limites existantes.
La difficulté est qu’il n’existe pas un texte unique qui rassemble toutes les
règles existantes susceptibles de limiter la liberté d’expression, quel que soit
le contenu ou le support. Les chapitres qui suivent décrivent les principales
limitations en vigueur.
anthemis 21
La liberté d’expression
22 anthemis
Liberté et limitations
Poster le message « Vive la Palestine, mort à Israël » en dessous d’un article sur
le bombardement de Gaza par l’armée israélienne ou en dessous d’un article
sur l’attentat du musée juif à Bruxelles ou de l’Hyper Cacher à Paris, ce n’est
pas la même chose.
S i l’on est dans le champ journalistique, il est bon de préciser que la liberté
vaut pour toute personne et qu’il n’est pas besoin d’avoir un titre particu-
lier pour pouvoir diffuser une information. Les médias traditionnels et les
journalistes professionnels doivent partager, aujourd’hui plus que jamais,
l’espace public de l’information avec d’autres, à commencer par le simple
citoyen qui fait usage de ses droits démocratiques en utilisant les outils tech-
nologiques mis à sa disposition (Internet, smartphone, réseaux sociaux…).
anthemis 23
La liberté d’expression
Peut être poursuivi pour diffamation un fan de Johnny Hallyday qui critique
sur Facebook le médecin du chanteur et l’accuse, sans base factuelle sérieuse,
de l’avoir mal soigné.
24 anthemis
7. Liberté et vie privée
La vie privée comprend la vie familiale (parents, partenaires, enfants, amis),
la vie sentimentale et sexuelle, la santé, le domicile, les correspondances et
les communications électroniques, le numéro de téléphone ou de plaque
d’immatriculation du véhicule, les convictions politiques, philosophiques
ou religieuses, le salaire, le patrimoine, les loisirs…
out individu a droit au respect de sa vie privée. Celle-ci fait partie des
T
droits de la personnalité, soit des droits que chacun peut invoquer pour la
défense de son intégrité physique et morale, qui protègent expressément
sa personne et recouvrent l’ensemble des valeurs essentielles qui lui sont
propres de par sa seule existence. Ces droits englobent aussi l’honneur,
l’image ou la dignité.
La vie privée se déploie généralement sur l’espace privé mais elle peut
s’exercer sur l’espace public.
anthemis 25
La liberté d’expression
sur des éléments de sa vie privée, en tout cas lorsqu’il a atteint l’âge de dis-
cernement. Cet âge n’est pas fixé par la loi, mais on considère généralement
qu’il correspond à douze ans.
Une fois donné, le consentement ne peut plus être retiré de manière unilaté-
rale. Il vaut pour toute diffusion normale en lien avec la première publication.
Le droit à la vie privée n’est toutefois pas un droit absolu et la personne
n’a pas une maîtrise totale sur la publication des éléments de sa vie privée.
La vie privée ne peut pas se définir de manière strictement individualiste :
elle est un droit relationnel lié à d’autres droits et libertés ; elle doit donc
être examinée en fonction de ceux-ci.
Historiquement, le droit à la vie privée est le droit d’être laissé seul (the
right to be left alone), le droit de l’individu à une vie retirée et anonyme.
Progressivement, l’accent s’est déplacé pour viser le droit d’un individu de
se créer la tranquillité sans laquelle le libre développement de sa person-
nalité serait entravé. Cette évolution doit être soutenue, tant la conception
purement individualiste d’un droit général d’être laissé seul ou d’un droit à
l’anonymat absolu semble aujourd’hui incompatible avec celle d’un citoyen
actif et responsable dans la société contemporaine.
26 anthemis
Liberté et vie privée
Le droit à la vie privée peut expliquer que l’on ne publie pas des données sus-
ceptibles de mettre à mal la sécurité d’une personne, telles que son adresse ou
son numéro de téléphone.
anthemis 27
La liberté d’expression
Selon le contexte, il peut être justifié de révéler la violence commise par une
personne à l’adresse de son partenaire ou de ses enfants.
28 anthemis
Liberté et vie privée
Selon le contexte, il peut être justifié de révéler qu’un ministre est en couple
avec une journaliste. Ou de dire qu’un homme politique est malade dès lors
que cette maladie peut avoir un impact sur sa capacité à gérer ses dossiers.
À l’inverse, il peut être injustifié de broder sur le père supposé de l’enfant d’une
ministre qui ne souhaite pas révéler l’identité du premier.
‒ Par contagion, une personne qui travaille pour une personne politique
(membre du cabinet, porte-parole, consultant…) n’est pas une simple per-
sonne privée, mais peut exercer un vrai rôle politique qui justifie l’intérêt
public à son égard.
‒ Une personne publique exerçant une fonction publique autre que poli
tique (fonctionnaire, policier, militaire, ministre du culte, magistrat, pom-
pier, membre de la protection civile ou de la Croix-Rouge, candidat à des
fonctions publiques) doit accepter que les limites de la critique admissible
à l’égard de ses actes ou actions soient plus larges que pour un simple
particulier, sans toutefois qu’elle soit mise sur un strict pied d’égalité avec
les hommes ou femmes politiques. En effet, cette personne ne s’expose
pas sciemment à un contrôle attentif de ses faits et gestes, comme c’est le
cas de ces derniers. Qui plus est, cette personne doit, pour s’acquitter de
ses fonctions, bénéficier de la confiance du public et est, généralement,
anthemis 29
La liberté d’expression
Selon le contexte, il peut être justifié de révéler qu’un magistrat est membre
d’un parti politique, d’une secte ou d’une loge.
Selon le contexte, il peut être justifié de révéler qu’une actrice célèbre est en-
ceinte, a fortiori si son état de grossesse est manifestement visible. Ou de dire
d’une participante à une émission de téléréalité qu’elle a un enfant de 5 ans alors
qu’elle veut le cacher. Ou de préciser qu’un chanteur est homosexuel alors qu’il
cultive publiquement une image totalement différente de chanteur de charme.
Ou de publier le salaire d’un dirigeant d’entreprise.
Une personne participe, par exemple, à une manifestation publique sur la libé-
ralisation du cannabis. Ou se suicide en sautant du haut de la Tour Eiffel.
30 anthemis
Liberté et vie privée
admissibles sont plus larges que pour un simple particulier (voir « Liberté
et justice »).
Une personne est victime d’une catastrophe naturelle, d’une guerre ou d’un
attentat. Son statut « privilégié » implique qu’elle doit accepter d’être à son
corps défendant l’objet de l’attention médiatique pour tout ce qui constitue un
élément pertinent d’information.
anthemis 31
La liberté d’expression
En acceptant l’ouverture d’un débat public sur des questions relatives à sa vie
privée ou en se prévalant de qualités (morales) illusoires, un homme politique,
par exemple, s’expose lui-même à être contredit sur ces faits.
Par ailleurs, une personne qui a acquis une certaine notoriété par ses acti-
vités publiques ne peut empêcher un tiers de lui consacrer un article, une
émission ou une biographie. La distinction entre des biographies autorisées,
rédigées en principe avec l’accord exprès de la personne concernée par le
récit, et des biographies non autorisées, rédigées « plus librement », ne saurait
signifier que celles-ci sont illégales en soi.
Une fois que les faits sont publics ou rendus publics par l’intéressé, ils de-
viennent librement disponibles. D’une manière générale, une information
32 anthemis
Liberté et vie privée
privée qui a été licitement diffusée devient publique et peut être redivul-
guée par la presse (réédition, rediffusion, archives, rétrospective…), pour
autant que cette redivulgation réponde à un intérêt informatif et soit faite
sans altérer ou dénaturer l’information de base.
e caractère anodin peut aussi être interprété sous un autre angle et révéler
L
le fait que l’information en question n’est pas de celles à propos desquelles
le public a un droit légitime d’être informé.
a vie privée peut enfin être protégée lorsqu’elle constitue une donnée
L
personnelle soumise à un fichier ou à un traitement automatisé. Le but est
d’éviter qu’une personne fasse l’objet d’un fichage administratif ou d’un
profilage commercial abusif. Mais cette protection spéciale ne prime pas sur
les activités couvertes par la liberté d’expression ou la liberté de recevoir ou
de communiquer des idées ou des informations : un journal, une émission
de télévision ou un blog ne constituent pas un fichier au sens de la loi et
celle-ci ne peut de toute façon pas empêcher le traitement de données
personnelles effectué aux fins de journalisme ou d’expression artistique.
Avant de constituer, le cas échéant, une donnée personnelle susceptible
d’une protection légale spéciale, une donnée portant sur une personne est
d’abord une information ou une idée qui relève pleinement de la liberté
d’expression et du droit d’informer.
anthemis 33
La liberté d’expression
34 anthemis
8. Liberté et image
oute personne a un droit sur son image. Chacun peut donc, par principe,
T
s’opposer à l’exploitation de son image effectuée sans son consentement,
peu importent le type d’utilisation (réalisation, exposition, diffusion…),
le support de l’image (dessin, peinture, photographie, film, vidéo…) et
le mode de diffusion de l’image (affichage, presse écrite, magazine, presse
audiovisuelle, cinéma, DVD, Internet, réseau social…).
anthemis 35
La liberté d’expression
Dans d’autres cas, pour une personne dont les proches connaissent très
bien la situation et qui n’a pas à être protégée vis-à-vis d’eux, une simple
occultation des yeux pourrait suffire puisque le (grand) public ne pourra
pas la reconnaître.
’image peut constituer un portrait protégé par un droit d’auteur s’il est
L
une création originale. Dans ce cas et sauf exception, l’auteur ou le pro-
priétaire du portrait n’ont le droit de le reproduire ou de le communiquer
36 anthemis
Liberté et image
Le droit à l’image fait partie des droits de la personnalité. Comme le droit
à la vie privée, il n’est donc pas absolu et il doit évidemment se concilier
avec la liberté d’expression et le droit de la presse. Une image, avant d’être
une donnée personnelle, est une donnée et une information qui relèvent
pleinement de la liberté d’expression et de création. S’exprimer par l’image
ou informer par l’image sont des droits fondamentaux, qu’il s’agisse d’un
dessin, d’un tableau, d’une sculpture, d’une photo ou d’une vidéo.
e droit d’une personne sur son image peut s’effacer devant la liberté,
L
le droit, voire le devoir, de la presse de diffuser des images de cette per-
sonne, conformément aux nécessités de l’information, de l’histoire ou de
la création.
Dans le cadre d’une procédure pénale liée soit à une personne publique (ou
devenue publique), soit à des faits graves, la personne accusée ne peut pas
opposer son droit à l’image face au droit de la presse à diffuser précisément
cette image.
Par identité de motif avec le droit à la vie privée, il faut éviter toute
conception purement individualiste du droit à l’image, et accepter qu’au-
jourd’hui l’image est un droit relationnel protégé pour promouvoir le plein
développement de la personne. Un développement qui signifie aussi que
la personne sorte de soi, s’ouvre aux autres et noue des relations avec ses
semblables.
Appelée à valider la loi visant à interdire, dans des lieux publics, le port de
tout vêtement cachant totalement ou de manière principale le visage, la Cour
constitutionnelle a ainsi jugé que « l’individualité de tout sujet de droit d’une
société démocratique ne peut se concevoir sans que l’on puisse percevoir son
visage, qui en constitue un élément fondamental […]. Le port d’un voile inté-
gral dissimulant le visage prive […] la femme […] d’un élément fondamental
de son individualité, indispensable à la vie en société et à l’établissement de
liens sociaux »1.
anthemis 37
La liberté d’expression
Dans une affaire opposant entre autres les parents de Julie et Mélissa à un édi-
teur, le juge a expressément précisé que « dans le cadre de l’exercice du droit à
l’image, il y a lieu de tenir compte du droit à l’information du public, lequel naît
lorsque l’actualité franchit le domaine privé et devient une question d’intérêt
général ; dans ces circonstances, le droit de la personnalité à l’image cesse dans
une certaine mesure d’appartenir à son titulaire original pour devenir l’objet
d’un droit à l’information du public »2.
Il a également été jugé, dans le cadre de l’affaire du petit Grégory, que « des
photos anciennes et très largement diffusées à l’époque par les médias ne révèlent
pas la vie privée actuelle des demandeurs ni aucun élément de leur vie privée
qui ne soit déjà très connu des lecteurs ; elles ne sont pas dénigrantes ; elles font
partie de cette affaire criminelle et appartiennent à l’histoire judiciaire : elles
peuvent donc être diffusées sans le consentement des demandeurs »3.
38 anthemis
Liberté et image
Un homme qui se balade main dans la main en rue à Saint-Tropez avec une
célèbre chanteuse ne peut sérieusement se croire à l’abri des regards indiscrets
des photographes.
Une chanteuse n’a obtenu qu’un euro symbolique pour une photo parue
dans un magazine où elle apparaissait légèrement dénudée : le fait que le sein
gauche de l’intéressée ait pu apparaître sur une photographie est dû exclusi-
vement aux mouvements – assez prévisibles – du décolleté de la robe qu’elle
avait elle-même choisi de porter à l’occasion de la manifestation caritative
concernée.
hotographier ou filmer un lieu public non pas pour les individus présents
P
mais pour le lieu ou l’événement qui s’y déroule, ne requiert pas l’accord
particulier des individus accessoirement présents, sous peine de rendre
impossible toute prise de vue en public, le tout sous réserve de toute asso
ciation préjudiciable ou dénigrante.
Si une personne est ciblée alors qu’elle se trouve dans un lieu public, le
contexte peut justifier ou non une exploitation de son image même sans
son consentement exprès.
De même, publier des photos d’anonymes dans le métro ou dans les rues de
Bruxelles, sans association préjudiciable, doit être possible, que ce soit sous l’angle
du droit à l’information ou du droit à la liberté artistique.
anthemis 39
La liberté d’expression
À l’inverse, diffuser des images de jeunes marchant dans la rue pour illustrer
le débat sur le radicalisme musulman peut être fautif si la séquence induit un
amalgame indu entre ces jeunes et le radicalisme.
a création d’un faux profil, où une personne se fait passer pour une
L
autre (généralement une personnalité), est non seulement une usurpation
d’identité mais peut constituer une atteinte au droit à l’image ou à la vie
privée.
Mais la presse se méfiera, par exemple, des risques d’erreur dus à une homo-
nymie.
Une personne doit aussi tolérer sa caricature ou son imitation, par un sosie
notamment, pour autant que l’intention humoristique prime et qu’il n’y
ait pas de confusion préjudiciable.
40 anthemis
Liberté et image
Est a priori anodin le fait de publier les photos de ses enfants sur sa page Facebook
ou celles de ses copines de classe lors d’un voyage de fin d’études.
Le caractère anodin peut aussi être interprété sous un autre angle et révéler
le fait que l’information en question n’est pas de celles à propos desquelles
le public a un droit légitime d’être informé.
’utilisation d’une caméra cachée ne peut être justifiée qu’en cas « d’intérêt
L
majeur de l’information », par exemple pour dénoncer des malversations
(voir « Liberté et objectivité »).
En dehors de ces cas, l’utilisation d’images d’archives doit être faite avec circons-
pection, en évitant toute exploitation hors contexte ou préjudiciable.
anthemis 41
La liberté d’expression
42 anthemis
9. Liberté et nom ou voix
hacun peut aussi s’opposer à ce que l’on imite sa voix dans des conditions
C
susceptibles de créer une confusion préjudiciable, le tout sous réserve du
droit à l’humour.
Un artiste comme Francis Cabrel doit accepter que l’on imite sa voix dans un
spectacle de variété. Par contre, il peut s’opposer à l’usurpation de son nom ou
de sa voix faite sans son accord dans une publicité à la radio qui crée la confu-
sion dans l’esprit de l’auditeur amené à croire que le chanteur s’est réellement
associé à l’annonceur.
anthemis 43
10. Liberté et honneur
Dire de quelqu’un qu’il appartient à l’extrême droite alors qu’il est manifeste-
ment de cette tendance ne porte pas atteinte à son honneur puisqu’il se reven-
dique de cette appartenance.
Par contre, affirmer que quelqu’un est d’extrême droite simplement parce
qu’il est l’avocat d’une personne de cette mouvance peut être un raccourci
fautif.
L’honneur n’est pas une donnée absolue et l’honneur de l’un n’est pas
nécessairement l’honneur de l’autre. Pour décider s’il y a matière à sanc-
tionner l’expression, les critères habituels sont à utiliser, notamment l’in-
térêt public du message, la qualité de l’auteur ou de la victime, le com-
portement de la victime et le contexte.
44 anthemis
Liberté et honneur
Un fait n’est précis que pour autant qu’il soit concret et que sa véracité
ou sa fausseté puisse être démontrée.
Il est essentiel de bien faire la distinction entre l’imputation d’un fait et
le simple commentaire. Une personne qui relate des faits doit agir avec
anthemis 45
La liberté d’expression
En relayant sans autre vérification et sans précaution une imputation grave dont
il ne pouvait ignorer que, si elle était erronée, elle porterait atteinte à l’honneur
et à la considération d’une personne, le journaliste n’agit pas comme un jour-
naliste normalement prudent et avisé.
46 anthemis
Liberté et honneur
N’a pas été considérée comme une offense l’affiche « Cass-toi pov’ con » brandie
par un homme lors d’un déplacement du Président Sarkozy et qui renvoyait aux
propres propos du Président tenus lors d’un autre déplacement à l’adresse d’un
anonyme qui avait refusé de lui serrer la main2.
Mais le caractère anodin peut aussi être interprété sous un autre angle et
révéler le fait que l’information en question n’est pas de celles à propos
desquelles le public a un droit légitime d’être informé.
La loi prévoit un délai de prescription court pour les atteintes à l’honneur.
anthemis 47
La liberté d’expression
Un homme politique est cité dans les médias pour des faits de détournement de
mineurs. Son éventuelle action en diffamation sera suspendue tant que l’affaire
de détournement ne sera pas définitivement tranchée.
Cette surséance est compréhensible car il est logique que la justice vide
d’abord le fond du problème (la personne a-t-elle ou non commis l’acte
dont il est question dans la presse ?) avant de vérifier si la presse a correc-
tement informé à ce sujet.
48 anthemis
Liberté et honneur
- Jurisprudence citée :
1. Paris, 18 mars 2015, Légipresse, n° 327, p. 272.
2. Cour européenne des droits de l’homme, arrêt Eon c. France du 14 mars
2013.
3. Cour européenne des droits de l’homme, arrêt Oberschlik c. Autriche du
23 mai 1991 (n° 1).
anthemis 49
11. Liberté et justice
La justice est l’autorité habilitée à juger le respect des lois par les citoyens
et à les condamner si nécessaire.
Cette publicité est nécessaire à double titre : d’une part, pour garantir la
régularité du déroulement de la justice et mettre tant les juridictions que
les justiciables à l’abri des pressions ou des abus ; d’autre part, pour rappeler
au public l’existence de la règle et les conditions de son application.
S i les débats judiciaires sont publics, par contre la phase d’instruction judi-
ciaire est secrète. Mais des exceptions existent pour préserver les droits de la
défense et le droit à l’information du public. C’est ainsi que le procureur du
Roi ou le magistrat de presse peuvent communiquer notamment sur des
affaires qui troublent l’opinion publique, pour corriger des informations
50 anthemis
Liberté et justice
Le droit de l’accusé sur son image s’efface devant le droit des médias d’informer
par l’image dans le cas où l’accusé est un homme politique poursuivi pour des
faits liés à sa charge ou incompatibles avec celle-ci. Le même principe s’applique
lorsque l’accusé est poursuivi pour des faits graves comme un meurtre ou un viol.
ar ailleurs, il est interdit aux policiers d’exposer, sans nécessité, les per-
P
sonnes arrêtées à la curiosité publique ; de soumettre ou de laisser sou-
mettre ces personnes, sans leur accord, aux questions des journalistes ou
à des prises de vue autres que celles destinées à leur identification ou à
d’autres fins décidées par l’autorité judiciaire compétente.
a presse peut contrôler la justice et les juges mais elle ne peut porter
L
atteinte indûment à la personnalité des juges. En effet, comme garant de
la justice, valeur fondamentale dans un État de droit, l’action du pouvoir
judiciaire a besoin de la confiance des citoyens pour prospérer et il peut
s’avérer nécessaire de protéger la justice contre certaines attaques, sachant
par ailleurs que le devoir de réserve des magistrats limite leur possibilité
de réagir.
anthemis 51
La liberté d’expression
Même un juge doit accepter les critiques personnelles (et pas uniquement théo-
riques ou générales) et même si le ton est « acerbe », voire « sarcastique », pour
autant qu’il ne s’agit pas d’attaques gravement préjudiciables dénuées de fon-
dement sérieux1.
52 anthemis
12. Liberté et présomption
d’innocence
anthemis 53
La liberté d’expression
Serait fautif un média qui déclare sans nuance que X est un assassin ou un pé-
dophile alors qu’il vient d’être acquitté.
De même, rien ne peut interdire aux médias de parler d’affaires qui ne
sont pas entre les mains de la police ou de la justice. C’est une des raisons
d’être du journalisme d’investigation. Combien de scandales n’ont-ils pas
été révélés par la presse avant de faire l’objet de poursuites judiciaires ?
Mais tout ce qui précède ne signifie pas que les médias ne doivent pas tenir
compte de la présomption d’innocence car elle est aussi une exigence déon-
tologique, pour ne pas dire éthique. Quel que soit le moment où l’informa-
tion sort, il faut que les médias appuient leurs propos sur une base factuelle
suffisante ou les assortissent des nuances et réserves d’usage. La presse doit
agir de bonne foi. Elle ne peut pas fausser ou dénaturer les faits et elle
54 anthemis
Liberté et présomption d’innocence
Est fautif le titre « C’est un assassinat » mentionné en Une d’un journal au-dessus
du nom et de la photo d’un homme politique inculpé dans le cadre du décès
de sa femme et qui nie toute responsabilité.
Par contre, n’est pas en soi fautif le fait de montrer une personne menottée.
anthemis 55
La liberté d’expression
56 anthemis
13. Liberté et oubli
Ce choc n’a pas été réglé par la loi alors que deux sortes d’oubli défrayent
la chronique : l’oubli judiciaire et l’oubli numérique.
’oubli judiciaire, c’est la question de savoir si les faits d’un procès et les
L
condamnations encourues bénéficient d’un « oubli » à la faveur d’un cer-
tain délai. Cette question est controversée.
anthemis 57
La liberté d’expression
a loi n’a pas davantage déterminé un terme au-delà duquel toute diffusion
L
d’information devrait se faire de manière anonyme au motif que la période
nécessaire pour rendre compte de l’actualité serait dépassée.
58 anthemis
Liberté et oubli
Dans certains cas, ce n’est pas tant l’oubli qui est en cause mais plutôt la
nécessité de compléter l’information initiale. Comme le temps ne s’arrête
pas, une information publiée licitement à un moment donné peut se
révéler dépassée, incomplète, fausse ou préjudiciable par le simple fait de
l’écoulement du temps. Cette réalité était déjà vraie (et acceptée) avec le
livre ou le journal, mais elle prend une nouvelle dimension notamment
avec Internet et l’univers numérique des moteurs de recherche.Alors qu’il
n’est pas possible d’ordonner la mise à jour d’un livre ou d’un journal por-
tant sur tel fait du passé qui se révélerait dépassé après un certain temps, les
choses sont différentes dans un espace où les outils numériques donnent
un accès quasi illimité à une masse d’informations relatives à une personne
et un dossier déterminés.
anthemis 59
La liberté d’expression
Généralement, cette demande d’oubli sera refusée. Elle le sera d’autant plus
si elle se heurte à la liberté d’expression de tiers qui entendent précisément
ne pas oublier.
Un internaute qui a posté des messages ou des photos sur Facebook peut lui-
même, en fonction des paramètres d’utilisation du réseau social, retirer ceux-ci,
mais il ne pourra pas toujours empêcher que d’autres personnes qui ont eu
connaissance de ces messages ou photos les reproduisent.
60 anthemis
Liberté et oubli
Dans certains cas, l’oubli constituerait en lui-même une faute car il appar-
tient à la presse de rendre public tout ce qui sert l’intérêt général.
Google a modifié ses conditions générales d’utilisation pour fixer les condi-
tions permettant à un individu de demander la suppression des résultats de
recherche qui incluent son nom, lorsque le droit à la protection de la vie
privée des individus prévaut sur l’intérêt public de présenter ces résultats de
recherche : « Si vous nous soumettez une demande de ce type, nous ten-
terons de trouver un juste équilibre entre la protection de la vie privée des
individus et le droit du public à accéder à ces informations et à les diffuser.
Lors de l’évaluation de votre demande, nous vérifierons si les résultats com-
prennent des informations obsolètes vous concernant. Nous chercherons
également à déterminer si ces informations présentent un intérêt public ;
par exemple, nous sommes susceptibles de refuser la suppression d’informa-
tions concernant des escroqueries financières, une négligence profession-
nelle, des condamnations pénales ou une conduite publique adoptée par un
fonctionnaire. »
anthemis 61
La liberté d’expression
62 anthemis
14. Liberté et secret
Le secret désigne ce qui est ou doit être caché des autres et du public. Il
concerne l’intimité de la vie privée, le secret de l’instruction judiciaire, le
secret professionnel, le secret des affaires ou encore le secret d’État.
anthemis 63
La liberté d’expression
Il est légitime que la presse informe d’une donnée couverte par un secret d’af-
faires mais qui touche à la santé publique (par exemple quant à la composition
d’un produit) ou à la corruption organisée par une entreprise.
a règle est la même face à des secrets d’État. A priori, ces secrets doivent
L
être bien gardés puisqu’ils sont censés protéger l’État, ses structures et donc
sa population. Mais il peut arriver que la « raison d’État » s’écarte du droit
ou de l’intérêt général. Il appartient alors à la presse et à tout citoyen de
révéler une information légitime et pertinente, comme ce fut le cas avec le
Wikileaks, site web lanceur d’alertes publiant des documents confidentiels
afin de dénoncer notamment des pratiques de corruption ou contraires
à la paix.
64 anthemis
15. Liberté et discrimination
a discrimination n’a pas sa place dans une société civilisée qui promeut
L
l’égalité, la diversité et l’intégrité. La liberté d’expression ne peut donc
pas permettre d’inciter ou d’appeler publiquement à la discrimination à
l’égard d’une personne, d’un groupe ou d’une communauté, pour quelque
raison que ce soit et notamment la naissance, l’âge, l’état civil, la fortune,
l’origine sociale, la conviction religieuse ou philosophique, la conviction
politique, la conviction syndicale, la langue, l’état de santé, un handicap,
une caractéristique physique ou génétique, la prétendue race, la nationalité,
l’origine ethnique, la couleur de peau, l’ascendance, le sexe, l’orientation
sexuelle ou le genre.
anthemis 65
La liberté d’expression
Nous reviendrons sur cette question dans les chapitres consacrés au racisme,
au sexisme, à la religion et à la violence.
Cette règle est compliquée à mettre en œuvre, d’autant plus qu’une tendance
récente des autorités cherche à quantifier les représentations médiatiques
(par exemple par la pratique du baromètre de la diversité et de l’égalité), ce
qui nécessite précisément de mentionner des caractéristiques personnelles
comme le sexe, l’âge, l’origine ou le handicap.
66 anthemis
16. Liberté et racisme
Le racisme est une attitude qui consiste à hiérarchiser des personnes en
fonction de leur prétendue race, à juger des individus ou des groupes en
fonction de leur origine ethnique, laquelle est censée les retrancher du
genre humain en raison de sa nature intrinsèquement infrahumaine et/
ou malfaisante. Le racisme incite à agir en conséquence à leur égard en
adoptant des comportements discriminatoires qui vont jusqu’aux violences
les plus extrêmes.
Le mot « prétendue » a été ajouté par la loi pour souligner que la notion
de « race » manque de base scientifique sérieuse.
Le Vlaams Blok a été condamné pour avoir utilisé de façon ouverte et systé-
matique le mécanisme du « bouc émissaire ». Sa propagande envers le grand
public est remplie de descriptifs odieux des « étrangers » avec le seul but d’attiser,
d’entretenir et d’exacerber des sentiments (déjà présents ou non auprès de la
population) de xénophobie1.
Par contre, le titre « Justice est faite » en Une d’un journal le lendemain de la
mort des frères Kouachi et d’Amedy Coulibaly (auteurs des attentats de Paris
en janvier 2015), s’il ne témoigne pas de beaucoup de nuances, ne constitue pas
un appel à la haine ou à la violence.
omparer un être humain à un singe n’est pas, en soi, illicite (sauf pour
C
les créationnistes), mais le contexte de l’assimilation peut évidemment
jouer un rôle.
anthemis 67
La liberté d’expression
Est injurieux le fait, pour des animateurs de radio, de traiter les sœurs
Williams (tenniswomen) de « singes ».
68 anthemis
Liberté et racisme
Il a été sanctionné pour « injures antisémites » lorsqu’en 2009, il invita sur scène
Robert Faurisson (un professeur condamné pour négationnisme après avoir
soutenu que le génocide juif n’avait pas existé et avoir mis en doute l’existence
des chambres à gaz ou la fonction des fours crématoires) pour un sketch où il lui
fit remettre un prix de « l’infréquentabilité » par un homme déguisé en détenu
de camp de concentration. Plus tard, Dieudonné a encore été condamné notam-
ment pour des propos où il qualifia les Juifs de « secte » et d’« escroquerie » ou
assimila les commémorations de la Shoah à de la « pornographie mémorielle »3.
Ces sanctions de la justice ne sont pas toutes évidentes. Accumulées, elles don
nent une impression d’acharnement judiciaire. Mais rappelons qu’en son temps,
Patrick Sébastien a aussi été condamné pour provocation à la haine raciale. Lors
d’un sketch télévisé, il avait parodié Jean-Marie Le Pen et une chanson de Patrick
Bruel, en chantant « casser du noir ».
Ce type d’incrimination est fort critiqué, pas uniquement par des extré-
mistes mais aussi par des défenseurs de la liberté d’expression qui estiment
anthemis 69
La liberté d’expression
Consiste à tenter de légitimer le génocide juif le fait de soutenir que l’on a mis
sur le dos des Allemands la responsabilité de la guerre et tout ce qui s’en est suivi
et que l’image des camps d’extermination et de la politique d’extermination
s’intègre parfaitement dans ce schéma.
Par contre, à propos d’une vidéo publiée sur Internet par le Centre islamique
belge, il a été jugé qu’en mettant en parallèle les images d’Hitler et du ministre
israélien Levi et en comparant les actions du régime nazi et celles du gouver-
nement israélien durant la guerre du Liban de 1982, les prévenus « n’avaient
pas pour intention de nier, minimiser, justifier ou approuver le régime national-
socialiste allemand, mais au contraire d’en rappeler l’horreur et de souligner de
la sorte, par une comparaison qui peut paraître choquante, celle qu’ils repro-
chaient au gouvernement israélien durant son offensive au Liban. […] Certes
la manière dont cette critique est présentée peut paraître caricaturale, excessive
et choquante, particulièrement pour la communauté juive. […] D’un point de
vue juridique, la cour rappelle toutefois que la liberté d’expression vaut aussi
pour les informations ou les idées qui heurtent, choquent ou inquiètent l’État ou
une fraction quelconque de la population. Elle n’exclut nullement les critiques,
même négatives et acerbes, de la politique d’un gouvernement »4.
70 anthemis
Liberté et racisme
conviendrait pas, par exemple quarante ans après les faits, de leur appliquer
la même sévérité que dix ou vingt ans auparavant. « Cela participe des
efforts que tout pays est appelé à fournir pour débattre ouvertement et
sereinement de sa propre histoire »5.
- Loi du 30 juillet 1981 tendant à réprimer certains actes inspirés par le racisme
et la xénophobie, article 20.
- Loi du 10 mai 2007 tendant à lutter contre certaines formes de discrimination,
article 22.
- Loi du 23 mars 1995 tendant à réprimer la négation, la minimisation, la justifi-
cation ou l’approbation du génocide commis par le régime national-socialiste
allemand pendant la Seconde Guerre mondiale.
- Décret coordonné du 26 mars 2009 sur les services de médias audiovisuels,
article 9.
- Cour européenne des droits de l’homme, arrêt Jersild c. Danemark du 23 sep-
tembre 1994 ; arrêt Garaudy c. France du 24 juin 2003 ; arrêt Féret c. Belgique
du 16 juillet 2009.
- Jurisprudence citée :
1. Cour de cassation, 9 novembre 2004, J.T., p. 856 ; A&M, 2005/1, p. 74.
2. Cour de cassation (fr.), 12 juillet 2006, Légipresse, n° 237, III, p. 223.
3. Cour de cassation (fr.), 16 octobre 2012, Légipresse, n° 300, p. 672.
4. Bruxelles, 23 janvier 2009, A&M, 2009/6, p. 639.
5. Cour européenne des droits de l’homme, arrêt Lehideux et Isorni c. France
du 23 septembre 1998.
anthemis 71
17. Liberté et sexisme
Le sexisme est une attitude qui consiste à hiérarchiser des personnes en
fonction de leur sexe ou de leur orientation sexuelle, à juger des individus
ou des groupes en fonction de leur sexe, lequel est censé les réduire à une
nature intrinsèquement inférieure et/ou malfaisante. Le sexisme incite à
agir en conséquence à leur égard en adoptant des comportements discri-
minatoires qui vont jusqu’aux violences les plus extrêmes.
Sont une incitation à la violence vis-à-vis des femmes non voilées, les propos
d’un auteur qui fait un lien entre un séisme naturel (qui a tué des dizaines de
milliers de personnes) et le séisme moral dans lequel la société serait tombée,
y décelant la vengeance divine. L’auteur, pendant qu’il glorifie une partie de la
population féminine, à savoir les femmes qui portent le voile, insuffle une haine
fondée sur l’intolérance religieuse contre l’autre partie de cette même popula-
tion, à savoir les femmes qui ne portent pas le voile et qui, selon lui, « s’exhibent
piteusement ». Ces propos dénotent une réelle intention discriminatoire et qui
menace la paix au sein de la société1.
72 anthemis
Liberté et sexisme
décrits2. Invoquer le second degré – si tant est que « l’artiste » en ait une réelle
notion – là où il n’y a que vide sidéral n’est pas toujours acceptable.
A été condamnée pour discrimination à l’égard des femmes une société de lo-
cation de DVD en ligne qui avait lancé une campagne publicitaire sur Internet,
via le site « Rentawife ». L’offre de location permettait de choisir une ou plusieurs
femmes parmi 9 500 modèles, avec notamment une promotion de trois semaines
gratuites à l’essai… Mais l’offre était fictive et l’internaute qui se laissait avoir
en prenant commande était renvoyé vers le site de DVD Post. Il recevait alors
un message commençant par « Ah !... si tout pouvait être aussi simple qu’avec
DVD Post ! » et décrivant la véritable activité de l’annonceur3.
France Télévisions a été mise en garde par le CSA français pour des propos de
nature à refléter des préjugés sexistes, tenus par des commentateurs sportifs lors
des épreuves de patinage artistique des Jeux olympiques de Sotchi. Exemples :
« Le costume en jette… autant que la nana » ; « Beaucoup de charme Valentina,
un petit peu comme Monica Bellucci, avec peut-être un peu moins de poitrine,
mais bon… ».
anthemis 73
La liberté d’expression
imputent à l’annonceur d’avoir fait diffuser une campagne sexiste (et par ailleurs
raciste pour les personnes de couleur noire avec un autre spot reproduisant,
selon l’ARPP, le « stéréotype dévalorisant de ce que les hommes noirs seraient
nonchalants et dragueurs »), ce qui est une accusation touchant à l’honneur et
à la considération4.
Aborder une femme en rue n’est pas en soi condamnable mais si ce compor-
tement est associé à des mots grossiers, harcelants, méprisants, une limite légale
est dépassée.
- Loi du 10 mai 2007 tendant à lutter contre la discrimination entre les femmes
et les hommes, article 27.
- Loi du 22 mai 2014 tendant à lutter contre le sexisme dans l’espace public,
articles 2 et 3.
74 anthemis
Liberté et sexisme
anthemis 75
18. Liberté et religion
Il a été jugé que le seul fait pour le romancier Michel Houellebecq de dire, lors
d’une interview, que « la religion la plus con, c’est quand même l’islam » n’est
pas un appel à la discrimination raciale ou religieuse : « si cette affirmation a
une connotation outrageante ou méprisante, elle ne renferme cependant aucune
volonté d’invective ou d’outrage envers le groupe de personnes composé des
adeptes de cette religion »1.
76 anthemis
Liberté et religion
Dans le même sens, critiquer le Pape pour ses propos à l’égard du sida, de l’ho-
mosexualité ou de l’avortement ne relève pas de l’incitation à la haine mais de
la liberté d’expression sur une question d’intérêt public.
anthemis 77
La liberté d’expression
78 anthemis
19. Liberté et violence, haine,
menace ou harcèlement
anthemis 79
La liberté d’expression
Ce n’est pas la violence qui est interdite, sauf à désinformer sur des évé-
nements par définition violents (guerre, terrorisme, crime, catastrophe
naturelle ou humaine…). Ce qui est interdit, c’est la « complaisance » dans
la représentation de la violence, sa valorisation, sa glorification, le spectacle
de la violence pour la violence, la représentation de la violence considérée
comme une fin en soi et qui n’est pas justifiée par des motifs d’information,
d’histoire, de sociologie ou de fiction.
80 anthemis
Liberté et violence, haine, menace ou harcèlement
jeux vidéo font l’objet d’une signalétique volontaire qui n’est pas identique
aux deux secteurs précités. Il est évident qu’une harmonisation des règles
d’identification serait la bienvenue.
nfin, compte tenu des menaces particulières qui pèsent sur l’ordre public
E
en cas de circonstances exceptionnelles comme l’état d’urgence, l’état de
siège ou l’état de guerre, il peut être interdit de publier des informations et
renseignements de nature à favoriser l’ennemi ou à exercer une influence
fâcheuse sur l’esprit des armées et des populations.
anthemis 81
La liberté d’expression
82 anthemis
20. Liberté et provocation
publique à commettre
un crime ou un délit
Est punissable un imam qui, dans le cadre d’une interview dans un magazine,
soutient, au nom du Coran, les violences infligées aux femmes adultères, prô-
nant qu’un homme est en droit de frapper (même « fort ») sa femme, certes à
condition que ce ne soit pas au visage, mais en visant « le bas, les jambes ou les
bras », « afin qu’elle ne recommence plus ».
Mais n’est pas punissable un ancien général qui publie un livre relatif à la tor-
ture pratiquée par la France pendant la guerre d’Algérie. Le fait que l’auteur
ne prenne pas de distance critique par rapport à ces pratiques atroces et que, au
lieu d’exprimer des regrets, il indique avoir agi dans le cadre de la mission qui
lui avait été confiée, accomplissant son devoir, est un élément à part entière de
ce témoignage d’intérêt général1.
anthemis 83
La liberté d’expression
84 anthemis
21. Liberté et bonnes mœurs
’outrage public aux bonnes mœurs est interdit, que cela se produise sous
L
la forme d’une chanson, d’une émission de télévision ou d’un blog.
Les bonnes mœurs ne peuvent plus être considérées comme heurtées par la vente
à un public averti de publications pornographiques mettant en scène des adultes
anthemis 85
La liberté d’expression
Pour éviter d’utiliser des mots tels que « vice », « idée saine » ou « pudeur »,
sans doute gagnerait-on à se référer à d’autres notions que les bonnes
mœurs et à ne plus interdire que ce qui relève soit de la pornographie
mettant en scène des mineurs (pédopornographie), soit de l’incitation à la
haine ou à la violence, soit de l’atteinte à la dignité humaine.
86 anthemis
Liberté et bonnes mœurs
A ainsi été sanctionnée une artiste qui avait exposé dans une galerie d’art une
œuvre composée de collages de photographies d’adolescentes ou autres femmes
très jeunes prenant des poses sexuelles. Les photos avaient été téléchargées gra-
tuitement sur Internet et l’intention avouée de l’artiste était de provoquer un
débat sur la pédopornographie1.
anthemis 87
22. Liberté et dignité humaine
C’est par référence à la dignité humaine que le CSA en France a sanctionné les
médias qui ont diffusé l’image du policier gisant sur le trottoir et froidement
achevé par un des auteurs de l’attentat de Charlie Hebdo. Pour le CSA, cette
image n’était pas « nécessaire à l’information du public ».
88 anthemis
Liberté et dignité humaine
Tel pourrait également être le cas d’une émission de téléréalité qui rabaisse les
participants au rang d’animaux ou d’objets en profitant de leur faiblesse pour
les pousser à commettre des actes dégradants.
Dans tous les autres cas où les médias diffusent des images dures mais liées
à l’actualité ou à l’histoire, pour expliquer l’événement et non glorifier la
haine ou la violence, l’invocation de la dignité humaine devrait être évitée.
Mieux même, dans certains cas, montrer l’horreur d’une guerre ou d’une
maltraitance conjugale, c’est aussi agir pour la dignité humaine et pour le
devoir de mémoire.
anthemis 89
23. Liberté et protection
des mineurs
’est pour cette raison qu’il est interdit de publier un texte ou un sup-
C
port visuel pornographique qui implique ou présente des mineurs âgés
de moins de dix-huit ans ; qu’il est interdit de posséder sciemment de tels
supports ; qu’une signalétique est appliquée en télévision ; que les éditeurs
audiovisuels ne peuvent pas diffuser des programmes susceptibles de nuire
gravement à l’épanouissement physique, mental ou moral des mineurs,
notamment des programmes comprenant des scènes de pornographie ou
de violence gratuite ; ou encore que l’accès aux salles de cinéma peut être
limité en fonction du type de film projeté.
90 anthemis
Liberté et protection des mineurs
ar ailleurs, est punissable la personne majeure qui, par le biais des techno-
P
logies de l’information et de la communication, propose une rencontre à
un mineur de moins de seize ans accomplis dans l’intention de commettre
un attentat à la pudeur, un viol, une corruption de mineur ou un outrage
public aux bonnes mœurs, si cette proposition a été suivie d’actes matériels
conduisant à ladite rencontre.
Est punissable la personne majeure qui communique, par le biais des tech-
nologies de l’information et de la communication, avec un mineur avéré
ou supposé, et ce, en vue de faciliter la perpétration à son égard d’un crime
ou d’un délit, si elle a dissimulé ou menti sur son identité, son âge ou sa
qualité ; si elle a insisté sur la discrétion à observer quant à leurs échanges ;
si elle a offert ou fait miroiter un cadeau ou un avantage quelconque ; ou
si elle a usé de toute autre manœuvre.
’est aussi pour protéger les enfants que la loi interdit la publication du
C
compte rendu des débats devant le tribunal de la jeunesse, ainsi que de
l’identité d’un mineur poursuivi ou faisant l’objet d’une mesure de pro-
tection.
C’est encore pour protéger les mineurs que la loi interdit la publication
de l’identité de la victime d’un viol ou d’un attentat à la pudeur, sauf si la
victime a donné son accord écrit ou si le procureur du Roi ou le magistrat
chargé de l’instruction a donné son accord pour les besoins de l’instruction.
anthemis 91
La liberté d’expression
outes les règles ne sont pas imposées par la loi ; elles peuvent aussi être le
T
fait de conditions générales d’utilisation d’un site. Facebook, par exemple,
mentionne l’âge minimum de 12 ans dans ses conditions générales d’uti-
lisation.
92 anthemis
24. Liberté et objectivité
anthemis 93
La liberté d’expression
Si l’objectivité absolue n’existe pas – pas plus que laVérité –, il reste qu’elle
doit servir de référence afin de développer un « esprit », voire un « état
d’esprit », une volonté, une attitude et une action. Un journaliste a l’obli-
gation d’agir sur la base de données contrôlées dans la mesure raisonna-
ble de ses moyens ; il doit tendre à la vérité de la manière la plus objective
et la plus complète possible, en vérifiant et en recoupant ses sources.
Tout qui communique un fait est tenu à une forme d’objectivité qui
touche à des notions connexes comme la précision, l’équilibre, la fiabilité,
l’honnêteté, le sérieux, la bonne foi, la déontologie ou l’éthique.
’objectivité implique le respect des faits, quelles qu’en puissent être les
L
conséquences pour le journaliste, et ce, en raison du droit que le public a
de connaître la vérité. En conséquence, le journaliste s’oblige à ne pas
occulter, déformer ou dénaturer des informations essentielles et à ne pas
altérer les textes, les documents ou les propos de ses interlocuteurs, par
exemple lorsqu’il opère le montage d’une interview ou un toilettage sty-
listique pour passer de l’expression orale à l’expression écrite.
Un média doit s’interdire toute présentation partiale des faits. Il ne peut pas dé-
former la réalité pour justifier une conclusion partiale, particulière ou partisane.
94 anthemis
Liberté et objectivité
Le journaliste ne peut pas filtrer ses recherches pour ne retenir que ce qui le
conforte dans ses vérités, occultant sciemment les éléments déterminants à
l’appui de la thèse contraire.
Selon la formule classique, « les faits sont sacrés, les commentaires sont
libres » (Beaumarchais), ce qui signifie essentiellement que l’obligation de
véracité ne s’applique pas aux commentaires, aux opinions, aux critiques
positives ou négatives.
Mais cela ne signifie pas qu’un commentaire puisse attaquer autrui ou nier
la matérialité des faits. Il y a une différence entre nier un fait historique
(comme l’Holocauste ou le génocide rwandais) et émettre une opinion
ou une idéologie. En ce sens, il est requis qu’un commentaire repose sur
une base factuelle suffisante s’il met une personne en cause ou s’appuie
sur des événements (voir « Liberté et honneur »).
Le journaliste ne peut pas présenter comme une vérité absolue, sans nuances
ou réserves, ce qui n’est q u’une simple hypothèse ou une simple rumeur.
anthemis 95
La liberté d’expression
Peut ainsi être justifié, selon le contexte, le fait de qualifier de docteur Jekyll et
Mr Hyde une personne inquiétée dans une affaire de détournement de mineurs.
Un titre accrocheur voire provocateur peut être accepté, mais il doit être
conforme à la réalité et au contenu de l’article.
Un titre – même s’il doit être percutant – ne peut pas plus qu’un article trahir
les faits. Porte ainsi atteinte à la vie privée, l’article d’une revue dont le titre
(« Cette fois l’attaque sournoise l’a frappé sans prévenir ») laissait croire, à tort,
qu’un animateur-vedette de la télévision avait été victime d’un accident de santé.
Si quelqu’un fait un lien de son site Internet vers un autre site, cela relève
de sa liberté d’expression et pour autant qu’il ne cautionne pas ou ne
glorifie pas un acte illégal, il n’engage pas sa responsabilité. La règle est
la même pour un message « liké » ou pour un tweet répercuté : en soi,
96 anthemis
Liberté et objectivité
Liker le message « Je ne suis pas Charlie » n’est pas, en soi, fautif. Mais la
situation sera différente si, par exemple, ce like fait partie d’un ensemble de
messages cautionnant des assassinats ou glorifiant la violence.
anthemis 97
La liberté d’expression
e média qui permet à des tiers de poster des messages sur son site Internet
L
peut, dans certains cas, être considéré comme responsable desdits messages.
98 anthemis
Liberté et objectivité
Tel est le cas pour l’usage d’une fausse identité, d’un faux prétexte ou
d’une imprécision sur l’objet d’un reportage ou encore pour l’emploi
d’une caméra cachée.
Parmi les techniques déloyales, il y en a qui ne font que constater une ré-
alité : par exemple, filmer une personne en caméra cachée pendant qu’elle
adopte un comportement illégal.
Par contre, il y a des techniques qui peuvent contribuer à forcer les choses
ou à inciter une personne à commettre un acte répréhensible. Ces tech-
niques sont à utiliser avec encore plus de rigueur. La provocation, par
exemple, ne peut être acceptée que dans des cas extrêmes.
Dans tous les cas, il faut que l’usage de ces moyens soit justifié par un
intérêt prépondérant d’information et il faut montrer que les méthodes
habituelles de recherche de l’information ne permettraient pas ou n’au-
raient pas permis l’accès à cette information.
Il n’est pas requis que le journaliste épuise d’abord toutes les méthodes
habituelles avant de passer à un procédé déloyal ; si c’était le cas, il y aurait
peu de chances que l’information sorte au grand jour. Ce qui est requis,
c’est que la fin justifie les moyens et que le média établisse raisonnablement
qu’une méthode classique de collecte ou de recherche de l’information
n’aurait pas permis d’approcher la réalité.
anthemis 99
La liberté d’expression
Lors d’un reportage censé prouver la porosité des mesures de sécurité, une
journaliste de VTM s’était introduite avec un faux revolver et de faux compo-
sants explosifs dans l’hôtel où séjournaient Mme Merkel et M. Chirac. On peut
estimer qu’il y a d’autres moyens pour dénoncer les choses et que le reportage
a mis inutilement en danger la journaliste et des tiers.
Dans certains cas, il sera requis de rendre le tiers non identifiable, a fortiori
si cela est imposé par la loi : il est interdit de reproduire les débats judi-
ciaires en matière de divorce et de séparation de corps ainsi que dans les
procédures impliquant des mineurs visés par une mesure de protection de
la jeunesse ; il est interdit de révéler l’identité de la victime d’un attentat
à la pudeur ou d’un viol sauf si la victime a donné son accord écrit ou si
le procureur du Roi ou le magistrat chargé de l’instruction a donné son
accord pour les besoins de l’enquête.
100 anthemis
Liberté et objectivité
Une personnalité écrit un roman où elle met en scène des personnages fort
proches de la réalité. Si l’identification est réelle et s’il y a préjudice, le romancier
pourra être tenu de prouver sa bonne foi et d’établir la base factuelle suffisante
à l’appui de ses écrits.
anthemis 101
25. Liberté et indépendance
De manière certes paradoxale mais finalement logique, la liberté peut aussi
signifier qu’une personne accepte d’être dépendante d’une autre, notam-
ment en collaborant avec un média qui affiche une tendance politique
ou un attachement économique, ou en travaillant pour un annonceur
publicitaire.
102 anthemis
Liberté et indépendance
our les médias audiovisuels, des règles propres visent à préserver l’indé-
P
pendance vis-à-vis du gouvernement, des partis politiques ou des syn-
dicats.
anthemis 103
26. Liberté et pluralisme
Un journal peut être édité par un parti politique. Une radio peut être détenue
par un mouvement religieux. Un blog peut être produit par un syndicat. Mais
attention : un média audiovisuel ne peut être inféodé à un parti ou un syndicat.
104 anthemis
Liberté et pluralisme
anthemis 105
27. Liberté et publicité
La publicité désigne toute communication ayant comme but direct ou indi-
rect de promouvoir la vente de produits ou services quels que soient le lieu
ou les moyens de diffusion mis en œuvre ; c’est le fait de vanter une marque,
un nom, une entreprise, par le biais d’un support de communication comme
l’affichage, la presse écrite, le spot télévisé ou le banner sur Internet.
106 anthemis
Liberté et publicité
N’est pas acceptable un spot en télévision qui banalise la violence, par exemple
en imitant des scènes de torture ou de maltraitance.
Est acceptable un spot en radio qui parodie la fin d’une messe, quand le
prêtre dit « Allez dans la paix du Christ, au nom du Père, du Fils… » et qu’il
est interrompu par le bruit d’une foule qui se rue hors de l’église pour aller
chez Brantano.
Dans une autre affaire, la justice française avait interdit, en 2005, une affiche
publicitaire pour une marque de vêtements qui parodiait le fameux tableau de
Léonardo Da Vinci, représentant le dernier repas du Christ : La Cène. Sur l’af-
fiche, les apôtres et le Christ étaient figurés par des traits féminins, sauf un des
apôtres aux traits masculins, situé à la droite du Christ, soit une représentation
exactement inverse à celle du peintre italien. Pour les juges, saisis par l’associa-
tion Croyances et Libertés (fondée par les évêques de France), cette publicité
constituait un acte d’intrusion agressive et gratuite dans le tréfonds des croyances
intimes et une injure grave aux sentiments religieux et à la foi catholique. Cette
motivation pour le moins audacieuse a heureusement été cassée par la Cour
de cassation : « La parodie de la forme donnée à la représentation de la Cène
n’avait pas pour objectif d’outrager les fidèles de confession catholique, ni de les
atteindre dans leur considération en raison de leur obédience ». Il n’y a donc pas
d’injure, c’est-à-dire « d’attaque personnelle et directe dirigée contre un groupe
de personnes en raison de leur appartenance religieuse. »1
anthemis 107
La liberté d’expression
Par ailleurs, serait dénigrant le fait de juger un produit comme un livre sans
que rien ne soit dit sur le contenu de l’ouvrage, la critique ne portant que sur
son auteur dans des termes injurieux.
108 anthemis
Liberté et publicité
anthemis 109
28. Liberté et droit d’auteur
L’auteur d’une œuvre bénéficie de droits sur son œuvre, c’est-à-dire sur
la création originale qu’il a concrètement mise en forme. Il peut s’agir
d’un dessin, d’un poème, d’un article de presse, d’une photo, d’une vidéo,
d’un programme audiovisuel ou d’une page Facebook. Pour que la créa-
tion soit originale, il faut qu’elle soit marquée par la personnalité de son
auteur, peu importe le genre de l’œuvre, le mérite, la qualité artistique
ou le temps consacré à la créer.
Des droits d’auteur peuvent être refusés à un journaliste pour de simples comptes
rendus de faits ou reproductions d’informations sans enrichissement apporté
par la personnalité de l’auteur, sans recherche dans la présentation ni expression
d’opinions ou de réactions personnalisées, ainsi que pour des photographies
ordinaires, banales, consistant seulement à fixer un objectif sans recherche de
création originale.
110 anthemis
Liberté et droit d’auteur
Un auteur bénéficie de droits d’auteur pendant toute sa vie. À sa mort, ses
droits sont exercés par la personne qu’il a désignée à cet effet ou, à défaut,
par ses héritiers ou légataires, et ce, pendant 70 ans, après quoi l’œuvre tombe
dans le domaine public et devient librement exploitable par quiconque.
La copie privée est payée par une redevance due par le consommateur
lorsqu’il achète notamment une photocopieuse ou un lecteur DVD.
anthemis 111
La liberté d’expression
Il est possible de diffuser des extraits du film C’est arrivé près de chez vous dans
une émission de télévision comme Hep taxi avec Benoit Poelvoorde en invité.
Mais, par contre, il n’est pas possible de diffuser un extrait du programme de
divertissement L’amour est dans le pré de RTL dans un journal télévisé de la RTBF
pour illustrer un sujet d’actualité sur le monde paysan.
N’est pas une revue de presse le recensement d’articles de presse effectué par
Google news dès lors que ce dernier n’effectue aucun travail d’analyse, de com
paraison ou de critique de ces articles1.
112 anthemis
Liberté et droit d’auteur
Il est également possible de montrer des œuvres d’un photographe qui a gagné
un prix ou qui fait l’objet d’une exposition. Ou des images d’un tableau qui a
été volé.
Il est possible de changer les paroles d’une série télé brésilienne dans une émis-
sion de divertissement ou d’information ou sur un blog. Ou pour les Frères
Taloche de mimer la chanson J’ai encore rêvé d’elle. Mais la parodie ne peut pas
permettre, par exemple, de transmettre un discours discriminatoire en faveur
d’un parti politique2.
anthemis 113
La liberté d’expression
La parodie peut aller très loin, s’agissant d’un cas particulier de critique
protégée par le droit à la liberté d’expression. L’humour peut être froid,
noir et son bon ou mauvais goût n’est pas à prendre en considération (voir
« Liberté et humour »).
Le fait pour un internaute de consulter une page web (browsing) constitue un acte
de reproduction provisoire considéré comme une exception au droit d’auteur.
‒ Le droit de divulgation : c’est l’auteur seul qui décide quand son œuvre
est achevée et peut être rendue publique.
114 anthemis
Liberté et droit d’auteur
Le seul fait d’être filmé et interviewé dans un documentaire, même sur une
longue durée, ne confère pas la qualité d’artiste-interprète. Le documentaire, de
par son rapport au réel et même s’il y a un processus de construction inhérent à
tout film, ne se confond pas avec la fiction et exclut la notion d’interprétation.
On ne peut donc pas être « artiste-interprète » de sa propre vie.
anthemis 115
29. Liberté et espace public
L’espace public, c’est l’ensemble des lieux qui ne font pas l’objet d’une
propriété privée et qui peuvent être utilisés librement par n’importe qui :
la rue, le parc, la plage, la montagne…
116 anthemis
Liberté et espace public
Cinq ans plus tard, le Conseil d’État est à nouveau intervenu en suspendant
l’interdiction d’un autre spectacle de Dieudonné (dénommé… Liberté d’ex-
pression ) : « À supposer que des propos tombant sous le coup de la loi […]
risquent d’être tenus au cours du spectacle […], ceux-ci ne pourraient justifier
que des poursuites répressives, mais non une mesure préventive de police ; en
effet, l’article 19 de la Constitution garantit la liberté de manifester ses opinions
en toute matière, sauf la répression des délits commis à l’occasion de l’usage
de ces libertés ; la liberté d’expression constitue l’un des fondements essentiels
d’une société démocratique, l’une des conditions primordiales de son progrès
et de l’épanouissement de chacun ; elle vaut non seulement pour les informa-
tions ou idées accueillies avec faveur ou considérées comme inoffensives ou
indifférentes, mais aussi pour celles qui heurtent, choquent ou inquiètent les
pouvoirs publics ou une fraction quelconque de la population ; ainsi le veulent
le pluralisme, la tolérance et l’esprit d’ouverture sans lesquels il n’est pas de
société démocratique. »1
anthemis 117
30. Liberté et sanction
118 anthemis
Liberté et sanction
e Centre interfédéral pour l’égalité des chances peut agir en justice dans
L
les litiges auxquels l’application de la loi anti-discrimination donne lieu,
à l’exception des litiges basés sur une discrimination fondée sur la langue.
Pour une discrimination fondée sur le sexe ou le genre, c’est l’Institut pour
l’égalité des femmes et des hommes qui est compétent.
Enfin, le Centre ou l’Institut peuvent être sollicités par toute personne qui
entend porter plainte ou signaler un manquement. Ils peuvent alors re-
mettre un avis ou tenter toute médiation avant de décider d’agir en justice.
anthemis 119
La liberté d’expression
120 anthemis
Conclusion
anthemis 121
La liberté d’expression
La critique peut être encore plus grande lorsque, loin de viser une
personne, la presse vise un gouvernement, un état, une politique, une
idéologie, une croyance.
122 anthemis
Index
(les numéros renvoient aux pages)
Affichage : 10, 22, 35, 106, 107, 116, 117 Dénigrement : 22, 33, 39, 41, 47, 106, 108
Anodin (caractère anodin) : 22, 33, 41, 47 Déontologie : 22, 24, 27, 60, 64, 66, 88, 93,
Anonymisation : 36, 54, 58, 100, 101 94, 102, 103, 118, 119, 121
Apologie de crime : 79, 83, 84, 86 Déréférencement : 59-62
Archive : 33, 41, 50, 57-62 Devoir de mémoire : 38, 57-62, 69-71, 89
Artiste : 9, 22, 24, 30, 39, 43, 69, 72, 73, 86, Devoir de réserve : 14, 51
87, 93, 106-109, 110-117 Diffamation : 22, 24, 27, 32, 44-49, 73, 74,
Attentat : 11, 15, 18, 23, 31, 38, 67, 76, 77, 79, 93, 119, 121
79-81, 83, 84, 88, 101 Dignité humaine : 25, 38, 44-49, 67-75,
Auteur : 9, 12, 23, 24, 30, 36, 42, 72, 83, 86, 85-89, 90-92
87, 96, 98, 108, 110-115, 121 Discrimination : 18, 22, 65-84, 93, 98, 100,
Autocensure : 20, 21, 28 106, 113, 119, 121
Avocat : 9, 30, 44 Distanciation : 81, 83, 86, 98
Base factuelle : 24, 27, 44, 46, 54, 55, 58, 68, Diversité : 9, 65-67, 79, 80, 118-120
95-97, 101, 121 Droit d’auteur : 36, 110-115
Besoin social impérieux : 21-24, 64, 121 égalité : 9, 65-67, 79, 80, 118-120
Blasphème : 76-78 Enfant : 9, 25, 26, 28-30, 35, 36, 41, 45, 48,
Bon goût : 11, 17, 77, 114 50, 54, 74, 77, 80, 86, 87, 90-92, 96, 100
Bonne foi : 22, 32, 46, 54, 94, 99-101, 106 Espace public : 25, 74, 116, 117
Bonnes mœurs : 36, 50, 54, 85-87, 90-92, Exagération : 10, 17, 69, 96
100, 116 Excuse : 46, 97, 98
Calomnie : 22, 24, 44-49, 79 Fait : 9, 10, 20, 45-49, 54, 57, 70, 71, 93,
Caméra cachée : 41, 99 95-98
Caricature : 17, 40-42, 65, 76, 77, 96, 107, Fiction : 10, 32, 45, 73, 80, 86, 87, 101
113, 114 Floutage : 36, 54, 58, 100, 101
Catastrophe naturelle : 31, 38, 61, 80, 88 Génocide : 47, 61, 67-71, 88, 95
Censure : 12, 19-21, 28, 40, 102, 116, 117, 122 Guerre : 18, 31, 38, 45, 47, 67-71, 80, 81,
Cinéma : 10, 21, 35, 80, 86, 91, 92 83, 88-90
Citation : 95, 98, 112 Haine : 67-83, 86, 89, 98
Commentaire : 45-49, 65, 79, 95-98 Harcèlement : 19, 31, 38, 74, 79-82
Complaisance : 31, 38, 44, 80, 118 Histoire : 10, 32, 37, 38, 57-62, 69-71, 80,
Confidentialité : 13-16, 63, 64, 96 89, 95, 121
Conseil de déontologie journalistique : Honnêteté : 94, 99-101
118, 119 Honneur : 10, 22, 24, 25, 27, 32, 44-49, 73,
Conseil supérieur de l’audiovisuel : 58, 74, 76-79, 93, 117, 119, 121, 121
73, 80, 88, 91, 118, 119 Humour : 17, 18, 40-43, 47, 65, 73, 74, 76,
Contexte : 22-24, 27, 29, 30, 36, 39-41, 44, 77, 81, 96, 106, 107, 113, 114
46, 48, 55, 63, 67, 69, 77, 80, 87, 97, 121 Image : 10, 25, 35-42, 50, 51, 57, 70, 74,
Critique : 45-49, 65, 79, 95-98 85-93, 99-101
Curiosité : 28, 51 Impertinence : 11, 46, 47, 52, 95-98
anthemis 123
La liberté d’expression
Indépendance : 40, 53-56, 93, 102-105 Provocation : 10, 17, 22, 46, 65-86, 96, 98, 99
Injure : 22, 24, 44-49, 79, 93 Provocation publique : 65-86, 98
Intérêt général : 14, 19, 22, 27-34, 38, 39, Publicité : 22, 33, 35, 41-43, 73, 74, 86, 102,
41, 44, 51, 57-64, 77, 83, 94, 99 106-110
Internet : 9, 10, 12, 23, 35, 40, 41, 55, 57, Racisme : 18, 23, 45, 65-71, 74, 79-82, 93,
59-62, 70, 72, 81, 87, 92, 96, 97, 106, 110- 98, 99, 116-120
112, 117 Radio : 9, 10, 22, 43, 67, 68, 91, 104, 107, 115
Interprétation : 22-24 Rectification : 97, 98
Interview : 9, 11, 13-16, 32, 40, 68 Religion : 65, 76-78, 83, 107
Ironie : 17, 18 Réseaux sociaux : 9, 10, 23, 35, 60, 81, 92,
Justice : 50-56 96, 97, 110
Liberté de pensée : 9 Réserves : 13, 46, 47, 53-56, 73, 95-98
Limitations : 21-24, 118-120 Respect : 20
Loi : 21-24, 212 Révisionnisme : 69-71
Loyauté : 94, 99-101 Roman : 9, 32, 86, 87, 96, 101, 108
Magistrat : 29, 30, 50-56, 91, 100 Sanction : 21-24, 118-120
Manifestation : 19, 30, 39, 83, 116, 117 Santé : 10, 22, 23, 26, 28, 29, 45, 64, 65,
Mémoire : voir Devoir de mémoire 79, 96
Menace : 12, 15, 19, 72, 77, 79-82, 100, 102, Secret : 13-16, 27, 63, 64
116, 122 Secret des sources : 13-16
Mesure préventive : 12, 19-21, 28, 40, 102, Sexe : 18, 25, 26, 30, 40, 60, 63, 65, 66, 72-
116, 117, 122 75, 77, 79-83, 85-87, 90-93, 119, 120
Méthode loyale : 99-101 Sexisme : 18, 65, 66, 72-75, 79-83, 85, 87,
Moteur de recherche : 10, 59-62, 112 93, 112, 119, 120
Nazisme : 45, 69-71, 99 Signalétique : 80-82, 86, 90-92
Nom : 32, 43, 51, 58-62, 112-114 Sources : 13-16, 27, 46, 59, 63, 64, 94, 95,
Nuances : 13, 46, 47, 53-56, 67, 73, 87, 95- 97, 98, 102, 110, 113
98, 116 Spectacle : 43, 116, 117
Objectivité : 17, 46, 56, 58, 93-101 Stéréotypes : 66, 73-75, 93, 94
Offense : 10, 44-49, 76-78, 117, 122 Télévision : 10, 22, 30, 33, 40, 41, 57, 58, 60,
Opinion : 9, 10, 20, 25, 45-49, 65, 76, 79, 68, 69, 73, 85, 86, 88, 89, 90, 96, 104, 107,
95-98, 104 108, 112, 113, 115
Ordre public : 50, 81, 116, 117 Terrorisme : 11, 15, 18, 23, 31, 38, 67, 76,
Oubli : 41, 57-62 77, 79-81, 83, 84, 88, 101
Parodie : 107, 113 Tolérance : 10, 19, 20, 38, 117, 122
Personnalité : 9, 13, 14, 22, 27-34, 37-43, Ton : 11, 46, 47, 52-56, 95-98, 108
61, 63, 76, 96, 101, 118, 121 Vedette : 29, 30, 45, 96
Personne publique : 9, 13, 14, 22, 27-34, Vengeance : 19, 72, 79, 122
37-43, 61, 63, 76, 96, 100, 118, 121 Véracité : 15, 22, 45, 46, 93-95
Pluralisme : 10, 104, 105, 117 Vérité : 15, 19, 22, 45, 46, 54, 70, 93-95
Pornographie : 14, 69, 74, 85-87, 90-92 Vie privée : 25-34, 39, 40, 50, 57-64, 88,
Présomption d’innocence : 53-56 96, 106, 118, 121
Presse écrite : 9, 10, 13, 14, 19, 22, 28, 35, Violence : 12, 19, 26, 72, 76-83, 85, 86, 88-
40, 60, 86, 91, 106, 110, 112, 119 93, 100, 102, 116, 122
Protection des mineurs : voir Enfant Voix : 43
124 anthemis