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6 Polarisation de la lumière 13
6.1 Polarisation rectiligne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
6.2 Polarisation circulaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
6.3 Polarisation du photon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
6.4 Polarisation rectiligne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
6.5 Polarisation circulaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
6.6 Transformation des états par rotation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
7 Cryptographie quantique 17
10 Opérateur densité 20
10.1 États purs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
10.2 Mélanges statistiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
10.3 Propriétés générales de l’opérateur densité : indice de pureté . . . . . . . . . 22
10.4 Populations et cohérences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
1
La mécanique quantique a été inventée pour interpréter des expériences réalisées sur
des atomes. Contrairement à la vieille théorie quantique, elle a montré sa validité pour
l’étude des atomes à plusieurs électrons, les molécules et les solides. Plus tard, elle a per-
mis d’étudier avec succès les phénomènes nucléaires ainsi que les particules élémentaires.
Conçue pour expliquer des phénomènes à basses énergies (quelques dizaines ou centaines
d’eV ), elle a été confirmée à des énergies très élevées (des dizaines de M eV en physique
nucléaire et des GeV en physique des particules). Elle a permis de suggérer des expériences
et de faire des prévisions qui ont toujours été vérifiées. Pour faire le lien avec l’expérience
il faut se donner des règles d’interprétation du formalisme qui jouent le rôle de postulats
de la mécanique quantique.
L’approche opérationnelle présentée ici est pratiquement toujours celle qui est utilisée
dans un premier cours de mécanique quantique. Elle est connue sous le nom d’interprétation
de Copenhague. Malgré ses défauts ou ses insuffisances, elle permet d’appliquer de manière
efficace la théorie quantique à un grand nombre de situations. L’observateur et la notion de
mesure jouent un rôle central dans l’interprétation du formalisme. En physique classique,
une théorie peut décrire l’évolution d’un système en faisant abstraction de l’observateur.
La mesure peut confirmer ou infirmer la théorie mais elle ne joue pas un rôle essentiel dans
l’évolution du système.
Selon l’interprétation de Copenhague le monde est divisé en deux parties : un système
microscopique et un appareil de mesure macroscopique. Le premier obéit aux lois de la
physique quantique tandis que le second obéit aux lois de la physique classique. La physique
classique joue donc un rôle central dans la formulation des lois de la physique quantique
alors qu’elle en constitue une approximation. Cette séparation arbitraire entre l’objet étudié
et l’appareil de mesure ne permet pas d’étudier, par exemple, l’univers dans son ensemble.
L’interprétation de Copenhague a fait l’objet de nombreuses critiques pour d’autres rai-
sons. En particulier, l’application de la logique quantique au monde macroscopique donne
lieu à des situations paradoxales. Les théories alternatives visant à éliminer ces paradoxes
n’ont pas connu beaucoup de succès. Une approche plus féconde a consisté à essayer de com-
prendre comment la logique quantique applicable aux niveaux atomique et sub-atomique
conduit à la logique familière à l’échelle macroscopique. La clé de cette compréhension se
trouve dans la notion de décohérence.
1 Postulats généraux
Les trois postulats présentés ici concernent tous les systèmes. Ils seront complétés par
d’autres qui dépendent de la nature du spectre de la grandeur mesurée.
Postulat 1.
A chaque instant l’état d’un système est complètement défini par la donnée d’un
vecteur d’état |ψ(t)i appartenant à un espace de Hilbert qu’on appelle espace des
états. En conséquence, la connaissance de ce vecteur permet de calculer toutes les
grandeurs mesurables rendant possible la comparaison théorie-expérience. Ce postu-
lat implique le principe de superposition des états.
Postulat 2.
A toute grandeur physique A on associe un opérateur hermitien  dont les kets
propres forment une base de l’espace des états. Cet opérateur est appelé observable.
N.B. Certains auteurs utilisent le nom d’observable pour la grandeur physique elle-même.
2
Postulat 3.
La mesure d’une grandeur physique ne peut donner comme résultat que l’une ou
l’autre des valeurs propres de l’observable associée. Les résultats possibles ne dé-
pendent pas de l’état du système. La connaissance du vecteur d’état va permettre de
calculer la probabilité de chaque résultat possible.
Pour aller plus loin, il faut préciser la nature du spectre de la grandeur mesurée. Nous
commencerons par le cas d’un spectre discret non-dégénéré puis nous étudierons le cas d’un
spectre discret dégénéré. Le cas d’un spectre continu sera considéré au chapitre 6.
Les valeurs propres représentent les résultats possibles d’une mesure. La connaissance de
l’état permet de calculer la probabilité de chacune et d’en déduire l’espérance mathéma-
tique de la grandeur mesurée.
Postulat 4 (spectre non-dégénéré).
La probabilité d’obtenir la valeur propre ak est donnée par :
N
X N
X
P (ak ) = hψ|φk ihφk |ψi
k=1 k=1
N
X
P (ak ) = hψ|ψi
k=1
3
N
X
< A >= ak hψ|φk ihφk |ψi (2)
k=1
Dans le cas général il est impossible de prédire le résultat d’une mesure car seules
les probabilités sont calculables. Il existe cependant un cas particulier pour lequel le
résultat de la mesure est prévisible avec certitude. En effet, si le système est dans un
état propre |φn i de la grandeur mesurée, on a :
L’état du système immédiatement après la mesure d’une grandeur est représenté par
le ket propre de l’observable associée correspondant à la valeur propre trouvée. La
mesure a donc pour effet de projeter l’état du système sur un des états propres de
cette observable. En général un système peut changer d’état au cours du temps d’où
la nécessité de préciser qu’il s’agit de l’état immédiatement après la mesure. Nous
verrons au chapitre 5 qu’il existe des états stationnaires pour lesquels cette précision
n’est pas nécessaire.
Si la mesure est répétée sans délai, elle donne le même résultat. En effet la première
mesure laisse le système dans un état propre de l’observable associée à la grandeur
mesurée de sorte que la seconde mesure donne certainement la valeur propre associée.
4
soit :
Pˆm Pˆn |ψi = δmn |φm ihφn |ψi
Considérons maintenant le cas où les observables ne commutent pas. Il peut arriver que
certains kets propres de  soient également kets propres de B̂ mais ceux-ci ne sont pas
assez nombreux pour former une base.
On note |φk i les kets propres de  et |χk i ceux de B̂ :
L’état du système après cette seconde mesure est |χm i. En général ce n’est pas un ket
propre de  de sorte que la mesure de la grandeur A peut donner différents résultats avec
les probabilités :
P (al ) = |hφl |χm i|2
L’information contenue dans la première mesure a été détruite par la mesure de la
grandeur B. On ne peut pas attribuer des valeurs bien définies simultanément aux deux
grandeurs. On dit qu’elles sont incompatibles.
5
4 Grandeurs incompatibles : inégalité de Heisenberg
Considérons deux grandeurs A et B dont les observables associées ne commutent pas.
Le produit de deux opérateurs peut s’écrire comme la demi-somme de leur commutateur
et de leur anti-commutateur :
1 1
ÂB̂ = [Â, B̂] + {Â, B̂}
2 2
Les opérateurs étant hermitiens, l’espérance mathématique de l’anti-commutateur est
réelle tandis que celle du commutateur est imaginaire. La valeur absolue de l’espérance
mathématique du produit vérifie donc l’inégalité :
1
hψ|ÂB̂|ψi > hψ|[Â, B̂]|ψi (5)
2
Le membre de gauche fait apparaître le produit scalaire du vecteur B̂|ψi par le vecteur
Â|ψi. L’inégalité de Schwarz appliquée à ces vecteurs permet d’écrire :
q
hψ|Â2 |ψihψ|Bˆ2 |ψi > hψ|ÂB̂|ψi
Ils vérifient eux aussi une inégalité du type (6). Dans le membre de gauche on a alors les
variances de  et de B̂. Le membre de droite est identique à celui de (6) car les nouveaux
opérateurs ont le même commutateur que  et B̂. Le produit des écarts-types de deux
grandeurs incompatibles vérifie donc l’inégalité de Heisenberg :
1
σA σB > hψ|[Â, B̂]|ψi
2
Il ne peut donc pas être rendu arbitrairement petit et les deux grandeurs ne peuvent pas
avoir des valeurs bien définies simultanément.
6
Le courant électrique est produit par le mouvement de particules matérielles chargées.
−
→ →
−
Le moment magnétique M est proportionnel au moment angulaire L des particules par-
courant la boucle. On écrit :
−
→ →
−
M = γ L où γ est le facteur gyromagnétique.
7
uniforme, l’énergie potentielle ne dépend pas de la position et la force agissant sur le dipôle
est nulle. Si le champ d’induction magnétique n’est pas uniforme, l’énergie potentielle
dépend de la position et la force agissant sur le dipôle magnétique n’est pas nulle. Dans le
cas général, elle est donnée par :
→
− −−−→
F = −grad U
c’est à dire pour un dipôle dans un champ :
→
− −−−→ −→→ −
F = grad (M . B )
Ainsi il est possible de dévier un atome neutre avec une force magnétique créée par un
champ non uniforme.
dBz
Fz = Mz
dz
Elle est uniforme dans l’entrefer et il en est de même pour l’accélération.
En négligeant les effets de bords, on peut dire que la trajectoire d’un atome est para-
bolique dans l’entrefer et rectiligne à sa sortie. En effet, la composante vy de la vitesse est
8
constante durant tout le mouvement alors que vz est uniformément variée dans l’entrefer
et constante après sa sortie. La longueur de l’entrefer est L1 alors que la distance qui le
sépare de l’écran est L2 .
L1
La durée du transit dans l’électroaimant est donc : t1 =
vy
L2
alors que le temps de parcours après la sortie est : t2 =
vy
Mz dBz
L’accélération az est donnée par : az = où m est la masse de l’atome.
m dz
Elle est connue, de même que le gradient du champ et les longueurs caractéristiques
de l’appareil L1 et L2 . La vitesse vy peut être estimée à partir de la température du
four. La mesure du déplacement permet donc de déterminer Mz qui est une constante du
mouvement. Il est raisonnable de supposer que la norme M du moment magnétique est
une caractéristique de l’atome. À la sortie du four son orientation est aléatoire et il en est
donc de même pour la composante z. Celle-ci n’a donc aucune signification fondamentale.
C’est pourtant cette grandeur qui est déterminée par l’expérience. On doit donc s’attendre
à trouver toute une gamme de valeurs comprises entre les extrêmes Mz = M et Mz = −M .
C’est précisément la mesure des valeurs extrêmes qui permet de remonter à la norme du
moment magnétique. Les atomes doivent donc se répartir sur l’écran entre deux valeurs
extrêmes du déplacement z.
9
Lorsque le champ est nul, les atomes ne sont pas déviés, on observe une seule tache.
Lorsque le gradient du champ augmente, on voit apparaître deux taches qui se che-
vauchent puis qui se séparent en champ fort.
La largeur des taches n’est pas attribuée à une dispersion des valeurs de Mz mais plutôt
à une dispersion des vitesses. En effet les atomes rapides sont moins déviés que les atomes
plus lents. Les résultats expérimentaux sont compatibles avec deux valeurs pour Mz qui
sont notées +µ et −µ.
Des résultats semblables ont été obtenus avec d’autres atomes. Lorsqu’il y a un seul
électron à l’extérieur de couches complètes et qu’il se trouve sur une orbitale "s", le moment
magnétique de l’atome coïncide avec celui de l’électron. Il existe bien sûr des atomes
pouvant produire plus de taches. Le modèle de Bohr de l’atome d’hydrogène suggérait la
quantification de la projection du moment magnétique sur un axe (quantification spatiale).
Le résultat de l’expérience de Stern et Gerlach a apporté un appui solide à cette idée
contraire à la physique classique. Cependant, l’interprétation complète de l’expérience n’est
devenue possible qu’avec le développement de la mécanique quantique.
10
L’amplitude de probabilité est également nulle et on a : hz−|z+i = 0
C’est la signification qu’il faut donner à l’orthogonalité des états.
On peut s’assurer expérimentalement que ces états forment une base, c’est à dire qu’ils
vérifient la relation de fermeture :
|z+ihz + | + |z−ihz − | = Iˆ
Les probabilités pour trouver un atome dans les états |z+i et |z−i sont données respecti-
vement par :
P + = |hz+|ψi|2
P − = |hz−|ψi|2
Si la relation de fermeture est vérifiée leur somme vaut 1. Cette condition est satisfaite
si la probabilité pour trouver un atome ailleurs que dans l’un des deux faisceaux est nulle.
Le fait qu’il n’existe pas une troisième tache montre que la relation de fermeture est vérifiée.
Peut-on dire qu’à la sortie du four chaque atome est soit dans l’état |z+i soit dans
l’état |z−i ? Répondre par l’affirmative équivaudrait à donner un rôle privilégié à l’axe Oz.
Cependant il est toujours possible de dire que chaque atome est dans une superposition de
ces deux états car ils forment une base. L’état le plus général peut toujours s’écrire sous
la forme :
|ψi = c+ |z+i + c− |z−i
On peut mesurer la composante x du moment magnétique en imposant à l’appareil
une rotation de 90◦ autour de l’axe Oy. Les résultats obtenus sont les mêmes que pour la
composante z car il n’y a pas de direction privilégiée. Les états correspondant aux valeurs
trouvées sont notés respectivement |x+i et |x−i. Ils sont évidemment orthogonaux entre
eux mais ils ne peuvent pas être orthogonaux aux états |z+i et |z−i car aucun vecteur ne
peut être orthogonal à tous les vecteurs d’une base. Chacun des produits scalaires suivants
est non nul :
hx+|z+i hx−|z+i hx+|z−i hx−|z−i
Si l’atome est préparé dans l’état |z+i par un premier appareil de Stern et Gerlach,
il peut être trouvé dans l’état |x+i ou dans l’état |x−i par un second appareil qui mesure
la composante x du moment magnétique. Nous verrons plus loin que les deux résultats ont
la même probabilité.
Imaginons un troisième appareil qui mesure à nouveau la composante z du moment
magnétique. Supposons que le faisceau correspondant à l’état |x+i soit sélectionné. Le
troisième appareil peut trouver les deux valeurs possibles avec les probabilités |hz+|x+i|2
et |hz−|x+i|2 . En fait ces deux probabilités sont égales.
Même si l’atome a été préparé dans l’état |z+i par le premier appareil, le résultat
d’une nouvelle mesure de Mz est incertain si elle intervient après une mesure de Mx . Les
composantes du moment magnétique sont des grandeurs incompatibles. Les observables
M̂z et M̂x ne commutent pas. L’information obtenue par la première mesure est détruite
par la suivante. Nous avons ici une illustration du fait qu’une mesure d’une grandeur peut
modifier l’état du système d’une manière aléatoire.
11
5.5 Représentations matricielles des composantes du moment magné-
tique
Puisque l’espace des états est de dimension deux, les composantes du moment magné-
tique sont représentées par des matrices 2 × 2 dans une base. Pour des raisons qui seront
données plus loin, des particules de ce type sont dites de "spin un demi". Il existe bien
sûr des particules pour lesquelles les états de spin ou de moment magnétique sont plus
nombreux mais l’électron, le proton et le neutron appartiennent à la catégorie étudiée ici.
Les matrices qui représentent les composantes du moment magnétique doivent être
hermitiennes. Le résultat d’une mesure de l’une ou l’autre composante est toujours +µ
ou −µ. En conséquence, elles doivent s’exprimer au moyen de matrices dont les valeurs
propres sont +1 et -1. Ces matrices ne commutent pas et, dans toute base, une seule peut
être diagonale. La représentation matricielle donnée ici est arbitraire mais elle correspond
à la convention universellement adoptée. C’est la base standard. Les états de base sont
|z+i et |z−i et c’est la composante z qui est diagonale. Les matrices introduites ici, sont
appelées matrices de Pauli :
0 1 0 −i 1 0
σx = σy = σz =
1 0 i 0 0 −1
Chaque composante du moment magnétique est représentée par une matrice de Pauli :
M̂i ⇒ µσi (i = x, y, z)
Dans la base standard c’est la composante z qui est représentée par une matrice diagonale.
Les vecteurs de base sont donc les kets propres de Mz . Ils vérifient les relations :
Les relations (7) sont bien vérifiées par les représentations matricielles.
Les matrices de Pauli possèdent des propriétés remarquables qui seront utiles dans la
suite. Nous les présentons ici.
I Les valeurs propres de chaque matrice sont +1 et -1 et leur trace est donc nulle.
I Le carré de chacune est égal à la matrice identité :
2 2 2 1 0
σx = σy = σz =
0 1
I Toute matrice 2 × 2 peut s’écrire comme une combinaison de la matrice identité et
des matrices de Pauli.
σx σy + σy σx = 0
12
I Les matrices de Pauli vérifient les relations de commutation :
[σx , σy ] = 2iσz
Les deux dernières relations sont vraies pour toutes les permutations circulaires des
indices.
6 Polarisation de la lumière
En physique classique la lumière est considérée comme une onde électromagnétique
transversale. Le champ électrique et le champ magnétique sont mutuellement perpendi-
culaires et perpendiculaires à la direction de propagation. Par convention, la direction de
polarisation est celle du champ électrique.
On suppose que l’onde se propage dans le sens positif de l’axe Oz. Les deux composantes
du champ électrique dépendent de z et du temps, mais en un point donné elles ne dépendent
que du temps. Un choix approprié de l’origine des temps permet d’écrire :
où ω est la pulsation et φ est le déphasage des composantes. Les amplitudes E0x et E0y
sont des grandeurs positives. La direction du champ électrique fait un angle θ par rapport
à l’axe Ox. Cet angle est déterminé par le rapport des composantes du champ électrique
et il dépend du temps :
13
Figure 3 – Polarisation elliptique
Le sens de rotation du champ électrique définit l’hélicité de l’onde. Elle est positive
pour la rotation dans le sens trigonométrique et négative lorsque la rotation est dans le
sens opposé. La règle de la main droite permet de déterminer le signe de l’hélicité : lorsque
les doigts s’enroulent autour de l’axe de propagation dans le sens de la rotation du champ
électrique, l’hélicité est positive si le pouce est dans le sens de la propagation et négative
s’il est dans le sens opposé à la propagation. L’hélicité est donc positive sur la figure 3a et
négative sur la figure 3b.
14
Les états de polarisation selon Ox et Oy correspondent respectivement aux vecteurs :
1 0
et
0 1
Dans les deux cas, la norme du champ électrique est constante et le vecteur décrit un
cercle. Les relations (9) correspondent à une hélicité positive ou à une polarisation circu-
laire droite. Les relations (10) correspondent à une hélicité négative ou à une polarisation
circulaire gauche. Tout état de polarisation peut être considéré comme une superposition
de ces deux états.
Un polariseur circulaire droit (gauche) transmet intégralement un faisceau de lumière de
polarisation circulaire droite (gauche) et élimine complètement un faisceau de polarisation
15
opposée. Si un faisceau de lumière est préparé dans un état circulaire droit en étant trans-
mis par un tel polariseur, il sera complètement bloqué par un polariseur circulaire gauche.
En représentation complexe, un déphasage de ± π2 est équivalent à une multiplication par
±i. Les vecteurs de Jones correspondant respectivement à la polarisation circulaire droite
et circulaire gauche sont :
1 1 1 1
√ et √
2 i 2 −i
La loi de Malus donne la fraction de l’énergie incidente qui est transmise par l’ana-
lyseur en fonction de l’angle entre son axe et celui du polariseur. D’un point de vue mi-
croscopique, le facteur cos2 θ représente la fraction des photons transmis par l’analyseur.
C’est également la probabilité pour qu’un photon soit transmis car il est intégralement
transmis ou absorbé. La mécanique quantique ne permet de calculer que la probabilité de
transmission, il est donc impossible de prédire le sort d’un photon particulier.
Ces états sont orthogonaux ce qui traduit le fait que la probabilité de transmission d’un
photon à travers un polariseur et un analyseur croisés est nulle. Tout état de polarisation
peut s’écrire comme une superposition de ces deux états qui forment une base de l’espace
des états de polarisation du photon.
16
Les états circulaires peuvent s’exprimer sur la base des états rectilignes :
1 i
|di = √2 |xi + √2 |yi
|yi = −i √i |gi
√ |di +
2 2
Les états transformés restent orthogonaux mais la rotation a pour effet de mélanger les
deux polarisations. Les états circulaires se transforment selon les relations :
Les états |di et |gi sont des états propres de l’opérateur rotation c’est à dire que les
vecteurs correspondants sont des vecteurs propres de la matrice de rotation. Leurs valeurs
propres sont respectivement exp(−iθ) et exp(iθ). Comme la matrice est unitaire et non
hermitienne, il n’est pas étonnant que ses valeurs propres ne soient pas réelles.
7 Cryptographie quantique
La cryptographie a pour objet de coder un message de telle sorte que seul son destina-
taire puisse le décoder pour en prendre connaissance. L’idée de la cryptographie quantique
présentée ici est de nature différente car le but est simplement de détecter la présence
éventuelle d’un espion. Nous verrons que les lois de la mécanique quantique permettent
d’empêcher une personne de prendre connaissance d’un message sans laisser de trace. Tout
message numérique peut se ramener à une suite de 0 et de 1. Une convention peut faire
correspondre ces nombres aux deux états de polarisation d’un photon ou aux deux états
de moment magnétique d’une particule de spin 12 . Nous prendrons ici le cas d’une telle
17
particule. Alice et Bob conviennent qu’une particule dans l’état |z+i représente 0 tandis
qu’une particule dans l’état |z−i représente 1. Alice dispose d’une source de particules et
d’un appareil de Stern et Gerlach pour les préparer dans l’un des états |z+i ou |z−i.
Bob utilise le même type d’appareil pour déterminer l’état de la particule envoyée par
Alice. Un tel protocole n’est pas sécurisé car une espionne, conventionnellement appelée
Eve, disposant du même appareil peut intercepter la particule émise par Alice et envoyer
vers Bob une particule identique dans le même état. Elle prend alors connaissance du mes-
sage sans laisser de trace. En effet, la convention définissant le 0 et le 1 se transmet par
un canal classique non crypté et peut donc être connue de tout le monde. Ce protocole
est de type classique. Pour empêcher la copie sans laisser de trace, il faut le modifier pour
exploiter les spécificités de la physique quantique.
Alice et Bob conviennent de la procédure suivante. Alice prépare une particule dans
l’état |z+i ou |x+i pour signifier 0 et dans l’un des états |z−i ou |x−i pour signifier 1. Bob
choisit au hasard de mesurer la composante z ou la composante x du moment magnétique
de chaque particule. Si l’orientation de son appareil n’est pas la même que celle choisie par
Alice le résultat est aléatoire et la mesure n’est pas exploitable. Eve choisit également de
mesurer la composante z ou la composante x du moment magnétique et elle émet vers Bob
une particule dans l’état qu’elle a trouvé.
Après avoir envoyé un certain nombre de particules, Alice demande à Bob (par un canal
classique) de lui donner l’orientation de son appareil pour chaque particule sans mentionner
le résultat obtenu. Elle sait alors pour quelles particules leurs appareils avaient la même
orientation. Elle demande à Bob de lui donner les résultats obtenus pour les particules
correspondantes. Si certains résultats ne correspondent pas à l’état qu’elle avait choisi, il
est clair qu’une mesure a été faite sur la particule entre l’émission et la réception. Elle en
déduit que leur communication est espionnée.
18
où gn est le nombre de vecteurs propres linéairement indépendants correspondant à la va-
leur propre an .
Les résultats possibles d’une mesure de la grandeur A sont toujours les valeurs propres
de l’observable associée. Cependant, si la valeur propre obtenue est dégénérée, l’état du
système n’est pas complètement déterminé. Il est représenté par un vecteur appartenant
au sous-espace correspondant à la valeur propre trouvée. Les trois premiers postulats sont
toujours valides mais il faut revoir les deux derniers.
Deux kets propres correspondant à des valeurs propres différentes sont nécessairement
orthogonaux. Cependant, à l’intérieur d’un sous-espace associé à une valeur propre dégé-
nérée, les vecteurs propres linéairement indépendants ne sont pas forcément orthogonaux.
Il est toujours possible de combiner ces vecteurs pour former une base orthonormée de ce
sous-espace. L’ensemble des kets |φin i constitue alors une base orthonormée de l’espace des
états. Tout état |ψi peut se développer sur cette base :
gn
XX
|ψi = cin |φin i
n i=1
Les deux derniers postulats peuvent donc s’énoncer d’une manière plus générale.
Postulat 4 (spectre dégénéré).
La probabilité d’obtenir la valeur propre an est donnée par :
gn gn
X i 2 X
P (an ) = cn = hψ|φin ihφin |ψi
i=1 i=1
ˆ
Le vecteur final normé peut donc s’écrire encore sous la forme : |ψf i = √ Pn |ψi
ˆ
.
hψ|Pn |ψi
C’est la même forme que la relation (4), seule est modifiée la définition du projecteur.
Dans le cas particulier gn = 1, on retrouve bien la forme des postulats 4 et 5 pour
un spectre non-dégénéré.
19
9 Ensemble complet d’observables qui commutent
La mesure d’une grandeur A dont le spectre est dégénéré ne suffit pas pour préciser l’état
d’un système puisqu’il existe plusieurs vecteurs propres linéairement indépendants corres-
pondant à la valeur propre trouvée. Pour compléter l’information sur l’état du système il
faut mesurer une autre grandeur B compatible avec A pour ne pas perdre l’information
contenue dans la première mesure.
La mesure de A projette l’état du système dans le sous-espace associé à la valeur propre
an . Les résultats possibles d’une mesure de B sont les valeurs propres de l’observable as-
sociée, calculées dans ce sous-espace. Si les valeurs propres de B̂ ne sont pas dégénérées,
l’état du système est complètement déterminé par cette seconde mesure. Si certaines va-
leurs propres de B̂ sont dégénérées, l’état du système n’est pas complètement déterminé.
Il est représenté par un vecteur appartenant au sous-espace commun aux deux valeurs
propres trouvées. Pour aller plus loin dans la détermination de l’état du système, il faut
une troisième grandeur C compatible avec les deux premières, et ainsi de suite.
Les grandeurs compatibles forment un ensemble complet lorsque l’ensemble des résul-
tats de leurs mesures permet de déterminer complètement l’état du système. Les obser-
vables associées Â, B̂, Ĉ ... forment alors un ensemble complet d’observables qui commutent
(ECOC). À un ensemble de leurs valeurs propres correspond un seul vecteur propre de sorte
que leur donnée définit complètement l’état du système.
10 Opérateur densité
Il n’est pas toujours possible de définir un vecteur d’état pour un système. Par exemple
la lumière naturelle ne correspond à aucun état de polarisation bien défini. Un polariseur
rectiligne d’axe Ox placé sur le trajet d’un faisceau de lumière transmet la moitié de
l’intensité incidente.
Ce seul fait est compatible avec les deux hypothèses suivantes :
a) la polarisation est rectiligne à ± π4 par rapport à Ox.
b) la polarisation est circulaire gauche ou droite.
Aucune variation de l’intensité transmise n’est observée lors d’une rotation du polari-
seur. L’hypothèse a) doit être rejetée car si elle était vraie, l’intensité transmise serait égale
à l’intensité incidente pour l’une des orientations et nulle pour l’autre. En remplaçant le
polariseur rectiligne par un polariseur circulaire, on trouve encore que la moitié de l’inten-
sité incidente est transmise ce qui est incompatible avec l’hypothèse b). En effet, si elle
était vraie un polariseur (gauche ou droit) transmettrait toute l’intensité incidente alors
que l’autre ne transmettrait rien.
Il est donc impossible d’attribuer un état de polarisation bien défini à la lumière na-
turelle. Un autre exemple est celui d’un gaz en équilibre thermique à une certaine tem-
pérature. Les molécules sont réparties dans les différents états accessibles selon la loi de
Boltzmann. Il n’est pas possible de définir un vecteur d’état permettant de calculer toutes
les grandeurs mesurables.
Un opérateur peut être défini dans tous les cas permettant de calculer toutes les gran-
deurs mesurables. Pour des raisons historiques, on l’appelle opérateur densité même si le
nom d’opérateur statistique serait plus judicieux. Lorsqu’il est possible de définir un vec-
teur d’état, l’opérateur densité constitue une approche alternative. On dit que le système
est dans un état pur. Lorsque le système se trouve dans un mélange statistique d’états, le
recours à l’opérateur densité est indispensable.
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10.1 États purs
Considérons un système auquel est associé un vecteur d’état |ψi.
Le vecteur d’état est indéterminé à un facteur de phase près mais une telle modifica-
tion du vecteur d’état laisse invariant l’opérateur densité. Le vecteur d’état étant normé,
l’opérateur densité vérifie la relation : ρ̂2 = ρ̂.
Le vecteur d’état peut être développé sur une base orthonormée :
X
|ψi = ck |uk i
k
L’opérateur densité est alors représenté par une matrice dont un élément typique est :
Cette matrice est hermitienne et son déterminant est nul. En effet, les différentes lignes
(ou colonnes) ne diffèrent que par un facteur multiplicatif.
Un élément diagonal de la matrice densité a pour expression :
C’est la probabilité pour trouver le système dans l’état |uk i. La trace de la matrice densité
est donnée par : X X
tr(ρ) = ρkk = ck c∗k = 1
k k
Cette condition équivaut à la normalisation des probabilités.
Une matrice vérifie son équation caractéristique. Pour un état pur, celle-ci est donc de
la forme λ(λ − 1) = 0. Les valeurs propres de la matrice densité sont donc 0 et 1. La somme
des valeurs propres étant égale à la trace, la valeur propre +1 n’apparaît qu’une seule fois.
ˆ
On retrouve la condition de normalisation dans le cas particulier  = I.
Ces différents vecteurs d’état sont normés mais pas nécessairement orthogonaux. Contrai-
rement au cas d’un état pur, ρ̂2 6= ρ̂ mais l’opérateur est toujours hermitien. La condition
de normalisation est toujours la même. En effet on a :
X XX
tr(ρ) = ρkk = pn huk |ψn ihψn |uk i
k k n
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En changeant l’ordre des facteurs et des sommations puis en utilisant la relation de ferme-
ture on obtient :
X X X X
tr(ρ) = pn hψn |uk ihuk |ψn i = pn hψn |ψn i = pn = 1
n k n n
La valeur moyenne d’une grandeur représentée par une observable  implique un calcul
quantique de sa valeur moyenne lorsque le système est dans l’état |ψn i pondéré par les
probabilités pour trouver le système dans ces différents états. Elle est donc donnée par :
X
< A >= pn hψn |Â|ψn i
n
L’expression de la valeur moyenne est donc la même dans les cas d’un état pur et d’un
mélange.
Aucun terme ne pouvant être négatif, leur somme est nécessairement positive.
Dans tous les cas, l’opérateur densité est hermitien et les éléments diagonaux de la ma-
trice représentative sont positifs. Ses valeurs propres λi sont réelles et les vecteurs propres
associés |φi i forment une base orthonormée de l’espace des états.
Dans la base de ses états propres, un élément de matrice est donné par :
X
ρjk = hφj |ρ̂|φk i = λi hφj |φi ihφi |φk i = λj δjk
i
Les valeurs propres sont les éléments de la diagonale. Ce sont les seuls éléments non
nuls. Comme les éléments diagonaux ne peuvent pas être négatifs, les valeurs propres sont
donc positives ou nulles. Leur somme vaut 1 car elle est égale à la trace de la matrice.
Toutes les valeurs propres sont donc comprises entre 0 et 1.
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Pour un état pur, on a : tr(ρ2 ) = tr(ρ) = 1.
Pour un mélange, dans la base des états propres de l’opérateur densité, on peut écrire :
X X
tr(ρ2 ) = λ2i ≤ λi = 1 car λ2i ≤ λi .
i i
Il peut être nul sans que chaque terme soit nul. Il traduit les effets d’interférences entre
les états |uj i et |uk i. Il représente la moyenne des termes croisés.
Si ρjk = 0, la moyenne fait disparaître les effets d’interférences. On dit alors qu’il n’y
a pas de cohérence entre les états |uj i et |uk i. Les éléments non-diagonaux de la matrice
densité sont appelés cohérences.
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