Michele D'ADDERIO
Titulaire du cours
Auteurs : Francis BUEKENHOUT et Jean DOYEN
D/2014/0098/356
1e édition – Tirage 2015-16/2
MATH-F-102_C
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MATHEMATIQUE LINEAIRE
Espaces vectoriels
et
Espaces affins
TR.OISIEl\1E EDITION
1994
BUEKENHOUT F. - DOYEN J. Mathématique linéaire Espaces vectoriels et espaces affins
1 Introduction 5
2 Corps 10
2.1 Le rôle des corps dans la théorie . . 10
2.2 Définition 10
2.3 Exemples 11
2.4 Anneaux . 14
2.5 Corps ordonné . 14
2.6 Exercices . . . . 1.5
4 Applications linéaires 43
4.1 Définition 43
4.2 Exe1nples 44
4.2.1 Ison1orphismes et automorphismes . 44
4.2.2 Projections 44
4.2.3 Fonnes linéaires . 45
4.2.4 Ho1nothéties . 45
4.2.5 Equations linéaires 4.5
4.2~6 Intégration 46
4.2.7 Déri va.tion 46
4.2.8 Différentielle d'une fonction en un point 47
4.3 Exercices. 49
5 Sous-espaces et transfor1nations 51
5.1 Image d'un sous-espace . . . . . 51
5.2 Noyau et image d'une application linéaire . .51
5.3 So1nme de sous-espaces 54
5.4 Exercices . . . . . . . . -54
7 Bases et di1nension 63
7.1 Parties libres d'espaces vectoriels 6:3
7.2 Bases d'un espace vectoriel . . . . . 67
10 Hyperplans 124
10.1 Définition . 124
10.2 Hyperplans et forn1es linéaires . 12.5
13 Convexité 166
13.1 Corps ordonnés . 166
13.2 Espaces affins ordonnés . . . . 166
13.:3 De1ni-espa.ces . . . . . . . 167
Chapitre 1
Introduction
"L'algèbre linéaire est à la fois l'une des plus anciennes branches des mathé-
matiques, et l'une des plus nouvelles".
-Nicolas BOURBAJ(J 1969
En abordant l'étude des ensembles structurés et des groupes de symétries, nous écri-
vions qu'"il y a. peu de sujets qui soient plus fondamentaux dans notre vie culturelle que
la notion fan1ilière et un peu vague de symétrie". Nous dirons, de même, qu'il y a peu
de structures qui soient plus fonda.n1enta.les en mathématique et plus souvent appliquées
que la structure d'espace vectoriel et les notions qui s'y attachent.
Dans les sujets de n1athén1a.tiques pures les plus élémentaires, dans les plus sophis-
tiqués et les plus éloignés en apparence de questions vectorielles, et même dans les sciences
peu mathématisées, les espaces vectoriels s'imposent non seulement comme un outil de
compréhension, d'unification, de simplification, mais aussi comme un outil technique per-
mettant d'obtenir des informations sùres, là. où d'autres outils restent dans le vague.
A titre d'exemple banal, tous les cours de mathématique de 1ère et 2de candidatures
en mathén1atique, physique et inforn1a.tique font appel aux ressources vectorielles. La
mên1e tendance se dessine dans les enseignements de physique et de chimie, à partir de la
2de candidature.
Il convient ici de dissiper des sources de malentendus fréquents. L'enseignement sec-
ondaire fait actuellement une place de choix à. une première étude des espaces vectoriels.
Cette initiation peut. être considérée com1ne un succès et nous serions sots d'ignorer le
large acquis qui en résulte. De son côté, l'étudiant doit se méfier d'un sentiment de "déjà.
vu, donc connu" pour le moins dangereux car le sujet va recevoir ici une ampleur qu'il
ne peut imaginer au départ. Tout d'abord par la généralité de l'étude : aux espaces de
din1ension 1, 2, :3, nous allons subsb tuer des espaces de dimension finie quelconque et
faire de non1breuses incursions en din1ension infinie. Ceci n'est pas un jeu gratuit. Les
applications n'ont souvent. que faire de restrictions sur la dimension. Ainsi, les besoins de
l'Analyse, partagés souvent par la Physique, amènent à. considérer une fonction comme
un point d'un espace vectoriel, une idée déconcertante pour celui qui n'a été conditionné
qu'à l'association d'idées fonction-graphique. Les ensembles de fonctions constituent des
espaces de dimension infinie dont le contrôle conduisit précisément au développement
intensif des espaces vectoriels, à l'aube du 20ème siècle.
5
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BUEKENHOUT F. - DOYEN J. Mathématique linéaire Espaces vectoriels et espaces affins
CHAPITRE 1. INTRODUCTION 6
Ensuite, nous observons que dans le secondaire, le corps des scalaires que l'on utilise
est toujours lR. Ici nous travaillons presque toujours avec un corps quelconque. Certes, IR
conserve une position privilégiée dans notre étude et dans les applications, mais d'autres
corps apparaissent dans celle-ci avec une fréquence croissante. Le corps <C des nom-
bres complexes a depuis longtemps envahi une foule de sujets. Le développement de
l'informatique et l'accent qu'elle met sur les structures discrètes (par opposition aux struc-
tures continues qui dominent la mathématique classique) ont porté à l'avant-plan le corps
<Q des rationnels ainsi que les corps finis, en particulier le corps IF 2 à deux éléments qui
tient la vedette dans la. théorie de l'information.
En dehors de ces généralisations en dimension et en scalaires, nous introduisons aussi
des concepts nouveaux, sans parler des résultats qui gouvernent leur emploi. Enfin, nos
exigences à. tous points de vue dépassent évidemment celles de l'enseignement secondaire.
Nous venons de parler longuement des espaces vectoriels, dont l'étude est aujourd'hui le
sujet qu'une majorité de mathématiciens, y compris les plus influents, appellent l'algèbre
linéaire. Cette vision nous paraît pourtant dépassée et nous préférons parler, avec notre
maître Paul Li bois, d'une mathématique linéaire afin de ne pas trahir l'oeuvre de
synthèse de la géométrie et de l'algèbre dont on trouve ici un aboutissement. Pour mieux
saisir notre propos, un peu d'histoire s 'i1npose.
La mathématique linéa.ü·e a. sans doute pris naissance pour répondre aux besoins de
practiciens calculateurs, selon une expression que nous e1npruntons encore à Bourbaki.
La règle de trois chez les Egyptiens, la. résolution de systèmes d'équations linéaires chez
les Babyloniens et chez les Chinois, en sont des exemples. Chez les babyloniens, on
rencontre un problème posé par l'ajustement d'observations astronomiques exigeant la
résolution d'un système de dix équations à. dix inconnues, la plupart linéaires. Au 3ème
siècle av.J.C., durant la. période Han en Chine, on élabore des carrés magiques 3 x 3
et on résout des sytèmes de 3 équations linéaires à 3 inconnues par une notation qui
est en fait la. notation matricielle actuelle. On y observe aussi la première apparition
historique des nombres négatifs. Les Grecs développent de leur côté une mathématique
géométrique où se n1a.nifestent le rôle fondamental des lignes droites (que nous appelons
seulement droites à. l'heure actuelle). Ces lignes droites ont finalement donné naissance au
qualificatif linéaire que nous appliquons à. un domaine de connaissances gigantesque, grâce
à la synthèse des lignes et des équations réalisée au 17e siècle par Fermat et Descartes.
Chez les Grecs, 1'algèbre est géométrique. On ne calcule pas sur des nombres, ma.is sur
des grandeurs et leurs rapports. Apollonius (3e siècle avant J. C.) fait en quelque sorte de
la géométrie analytique sans disposer des nombres et des notations algébriques. .
La Renaissance (qui permet de redécouvrir les auteurs antiques) et les progrès accoin-
plis par l'Algèbre à la même époque, notamment par l'adoption de notations de plus en
plus. efficaces, sont à. l'origine du re1na.rqua.ble progrès accompli par Fern1a.t et Descartes.
Leur invention fournit un procédé systén1atique, une sorte de n1a.chine, permettant de
traduire toute relation géon1étrique entre des poin~s du plan ou de 1'espace, en une relation
entre les coordonnées de ces points, et vice-versa. d'interpréter toute relation algébrique
entre les coordonnées d'un point en une relation géométrique. A titre d'exemple, la notion
de conique, étudiée de manière si approfondie par Apollonius et bien d'autres, se ramène
bientôt à celle de forme quadratique. Ceci en simplifie l'étude au point de la mettre à la
portée de l'enseignen1ent secondaire où elle s'introduit durant la première moitié du 20e
Aux considérations sur les scalaires développées ci-dessus, il convient d'ajouter l'anneau
des entiers 'll qui a pris une importance déterminante pour le traitement informatisé de
la géométrie.
Les infonnations de type historique sont forcément réduites, il y a lieu de les complèter
peu à peu et de comprendre que l'histoire des mathématiques est fort complexe. L'idée
d'éditer ce cours en 1\.TEX et sa. mise en oeuvre sont dues à Benoit Baudelet et Samuel
Fiorini, étudiants de 1ère candidature en sciences ma.thén1atiques; nous les remercions de
leur aimable et compétente collaboration.
REFERENCES
E.Artin Algèbre géométrique, Gauthier-Villars, 1962.
R.Baer Linear algebra and projective geometry,
Academie Press, 1952.
A.Blanchard Les corps non commutatifs,
Presses Universitaires de France, 1972.
N.Bourbaki Eléments d'histoire des mathématiques,
Hermann, 1974.
J .Dieudonné Abrégé d'histoire des mathématiques, Hermann, 1978.
T .J .Fletcher Linea.r a.lgebra through its applications,
\lan Nostrand, 1972.
P.R.Haln1os Finite-dimensional vector spaces,
Springer-Verlag, 1974.
K.Hoffman and R.. I\unze Linear algebra, Prentice-Ha.ll, 1961.
S.Lang Linea.r a.lgebra., Addison- \iVesley, 1966
(traduit en français sous le titre Algèbre linéaire,
InterEditions, 1976).
P.Libois Espace affins et espaces projectifs,
Presses Universitaires de Bruxelles, 1965.
S.Lipschutz Algèbre linéaire, Collection Schaum, 1968.
B.Noble Applied linea.r algebra., Prentice-Hall, 1969.
G.Papy Initiation a.ux espaces vectoriels,
Presses U niversita.ires de Bruxelles, 1964.
G.Va.lette Ana.lytische meetkunde en lineaire a.lgebra,
V. U .B., 1978.
Chapitre 2
Corps
2.2 Définition
Un corps I< ("Korper" en a.lle1na.nd) est un ensemble muni de deux opérations appelées
addition et n1ultiplication, notées + et · (le · est souvent omis selon la convention
habituelle), telles que
10
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BUEKENHOUT F. - DOYEN J. Mathématique linéaire Espaces vectoriels et espaces affins
CHAPITRE 2. CORPS 11
Dén1onstration.
(1 + O)a = la = a =a+ 0
Il
la+ Oa =a+ Oa
donc Oa = 0 car J{, +est un groupe.
On démontre de la même manière que aO = O.
D' a.u tre part,
ab+ (-a )b = (a - a)b = Ob = 0 = ab+ (-ab)
donc (-a )b = -ab
On dén1.ontre de la. même manière que a( -b) = -ab.
•
Si a, b sont des éléments d'un corps J{ et si a =J. 0, alors l'équation
ax + b = 0
Démonstration.
ax + b = 0 <=> ax = -b
<=> a- 1 (ax) = a- 1 ( -b)
<=> (a- 1 a )x = -a- 1 b
<=>x= -a- 1 b
•
2.3 Exemples
Si l'addition et la multiplication ne sont pas explicitées, il s'agit des opérations habituelles,
supposées connues du lecteur.
1. IR, le corps le plus important en 1na.théma.tique, tant a.u point de vue théorique
qu'au point de vue des applications. E1nerge d'une première théorie de la mesure
des grandeurs. Base de 1'Analyse, de la. mécanique rationnelle, de la géo1nétrie
différentielle, etc ...
2. CV= 1R(i) = {a+bi 1 a, bE 1R}. Extension de IR par un élément i tel que i 2 = -1, le
corps <C des complexes supplée à. certaines carences de IR. Son rôle en mathén1a.tique
et en physique est presque aussi considérable que celui de IR.
3. <Q. Le corps des rationnels est inclus dans 1R et sert d 'intennédiaire dans la. con-
struction de celui-ci. C'est le plus petit sous-corps de IR (pourquoi ?).
5. Un nombre réel est dit algébrique s'il est racine d'un polynôme à coefficients ra-
tionnels. On peut démontrer (ce n'est pas facile) que l'ensemble A des nombres
algébriques est un corps. Observons que <Q C A C IR (les nombres réels non
algébriques sont dits transcendants; e et 1r en sont les exe1nples les plus célèbres).
Notons aussi que A contient les corps <Q( /2), <Q( .;3) et <Q( ij2") (pourquoi?).
W9 = 1F3 ( i) = {a + bi 1 a, b E IF 3 et i 2 = -1 }
est un corps à 9 éléments. Le secret de la construction de IF 4 , de IF9 et plus
généralen1ent de IF q réside dans les idées permettant de passer de IR à <C, idées
qu'on applique aux corps IFP = 'llp
Les corps finis jouent un rôle croissant dans les applications, nota1nment en théorie
de 1'information.
8. Le corps lli des quaternions fut découvert par HAMILTON en 1843. On peut en
donner plusieurs définitions équivalentes. Dans la vision la plus élémentaire, on se
donne trois symboles notés i,j, k qui jouent un rôle analogue à celui dei dans Œ; et
on pose
lli = {a + bi + cj + dk 1 a, b, c, d E 1R}
La somme de deux quaternions est définie de manière naturelle par :
(a+ bi+ cj + dk) +(a'+ b'i + c'j + d'k) =(a+ a')+ (b + b')i + (c + c')j + (d + d')k
i2 = j2 = k2 = -1
ij =-ji= k
jk=-kj=i
ki= -ik = j
(a+ bi+ cj + dk)(a' + b'i + c'j + d'k) = (a·a'- bb'- cc'- dd')+
(ab' + ba'+ cd' - dc')i + (ac'+ ca'+ db' - bd')j + (ad'+ da'+ be' - cb')k
(a + bi + cj + dk) (a - bi - cj - dk) = a 2 + b2 + c2 + d2
est un nombre réel. Si a, b, c, d ne sont pas tous nuls, on a donc
. . a- bi- cj- dk
(a + bz + CJ + dk) ( a2 + b2 +c2 + d2 ) = 1
(1 + 2i- j +/..~)x= i- k
d'où x =t(l-2i+j-k)(i-/..-:)=t(I-:3j-2k)
= ï! - ~J·-
ï
~/..·
7 '
Nous laissons a.u lecteur courageux le soin de prouver que lli est bien un corps (la
vérification de l'associativité de la n1ultiplication est facile 1nais un peu longue).
2.4 Anneaux
Une des généralisations les plus importantes de la. notion de corps est celle d'anneau.
Nous ferons peu d'usage de cette notion, mais nous signalerons a.u passage les exemples
d'anneaux que nous rencontrerons.
Un anneau A est un ensemble muni de deux opérations + et · telles que
(i) A,+ est un groupe commutatif de neutre 0
(ii) a(bc) = (ab)c (associativité)
Va,b,c E A.
(iii) a(b + c) = ab+ ac (distributivités)
(a + b)c = ac+ be
Lorsque la 1nultiplication est commutative, on dit que l'anneau A est com1nutatif.
Lorsqu'il existe un neutre n1ultiplicatif (c'est-à-dire un élément 1 tel que la= al= a~
Va E A), on dit que l'anneau A est unital.
Bien entendu, tout corps est un a.nnea.u (unital). Voici quelques exemples d'anneaux
qui ne sont pa.s des corps :
1.7l
2.6 Exercices
1. Les ensembles suiva.nts,munis de l'addition et de la multiplication usuelles, sont-ils
des corps?
(a) 7L
(b) IR+
(c) {;b 1 a,b E 7L}
( d) l'ensemble des nombres décimaux limités
(e) <Q(i)={a+bila,bE<Qeti 2 =-1}
(f) {a+ b-Y2l a, bE <Q}
(g) 1'ensemble IR[.\:""] des polynômes en X à coefficients réels
4. L'application
a : 1H ~ ffi : a + bi + cj + dl-: ~ a - bi - cj - dk
(a) ~
(a.) i2 /3 Â-:j i5
(b) (i+3j)(4+2j-k)
(c) (i+j)- 1
(d) [(1 + :3i)(5j + 2k)]-l
7. Trouver :3 sous-corps de II-I ison1orphes au corps ~ des nombres complexes.
8. Résoudre dans II-I les équations suivantes (on den1aJ1de de trouver toutes les solutions
de chacunf' cl 'elles) :
(a) (1 + i + 2j + 3k)x = i + k
(b) x ( 1 + i + 2j + 3k) = i + k
(c) ix+ xi= 1
(d) ix+ xi= j
(a.) lF2
(b) lF3
(c) IF4
(d) IFs
13. Déterminer le groupe des automorphismes de chacun des corps finis suivants :
(a) IF2
(b) IF3
(c) IF4
(d) IF'p (p pren1ier)
15. Le corps IF 2 peut-il être muni d'une structure de corps ordonné ? I\1ême question
pour IF3 , et plus généralement pour un corps fini IF'q.
16. Prouver que le corps <C ne peut pa.s être muni d'une structure de corps ordonné.
18. Prouver que tout corps]{ muni d'une relation d'ordre total:::; telle que,.Vx, y, z E ]{
19. (difficile) Appelons corps folklorique tout ensen1ble I< muni de deux opérations
(l'addition et la multiplication) telles que :
( i) ]{, + est un groupe commutatif de neutre 0
(ii) /{ \ {0}, · est un groupe (pas nécessairement commutatif)
de neutre 1
(iii) a+bc= (a+b)(a+c) et ab+c= (a+c)(b+c) Va,b,cE ]{
(dis tri bu ti vi té de 1'addition par rapport à la. multiplication).
Que peut-on dire du ca.rclina.l d'un corps folklorique ?
Prouver que tout corps folklorique commutatif (c'est à dire dans lequel ab = ba
Va, bE J{) a cinq pattes et deux ailes blanches sur le dos.
Chapitre 3
3.1 Définition
L'étude des vecteurs de l'espace euclidien E 3 , et de diverses structures analogues qui
émergent constam1nent de questions de mathématique, de physique, etc... et dont nous
verrons bientôt une série d'exemples, a. conduit les mathématiciens au concept abstrait
d'espace vectoriel sur un corps, qui va. être défini ci-dessous.
tv) = (ÀJl )v
À( 1 (a.ssocia.ti vi té)
À( v+ tü) = Àv+ Àw (distributivité)
(.\ + Jl )v = Àv + 1tv (distributivité)
Iv= v (neutralité)
Le neutre du groupe li,+ est appelé vecteur nul et noté o. Si v est un vecteur et À un
v
scalaire (c'est-à-dire si À E I<), on dit que À est un multiple de v.
Au lieu de représenter les vecteurs par des lettres surmontées de flèches, nous nous
bornerons souvent à. utiliser des lettres latines minuscules. Les scalaires (éléments de J()
seront représentés le plus souvent par des lettres grecques.
18
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BUEKENHOUT F. - DOYEN J. Mathématique linéaire Espaces vectoriels et espaces affins
CHAPITRE .3. ESPACES VECTORIELS SUR UN CORPS 19
3.2 Commentaires
• Pourquoi ces axiomes et pas d'autres ? Pourquoi pas une plus grande généralité
ou plus de restrictions ? La réponse se trouve dans l'expérience de générations
de mathématiciens : cette expérience montre qu'en adoptant les notions de corps
et d'espace vectoriel telles qu'elle viennent d'être définies, on peut développer une
théorie en quelque sorte parfaite, qui ne deviendrait pas plus simple en adoptant
des axiomes supplémentaires et qui perdrait de sa. puissance en abandonnant des
axiomes.
Il n'empêche que diverses généralisations de la notion d'espace vectoriel sont étudiées
de manière approfondie, notamment les modules sur un anneau, dont la définition
est exactement celle des espaces vectoriels sur un corps sauf que le corps f{ est
remplacé par un anneau unital A.
• Les notions de corps, d'espace vectoriel et d'anneau se combinent dans la. notion
d'algèbre, qui joue un rôle essentiel en mathématique et en physique. Nous nous
bornerons à en donner une définition et à. signaler quelques exemples au passage.
Soit f{ un corps commutatif. Une algèbre A sur J( est un espace vectoriel sur f{
muni en outre d'une opération de multiplication associa.nt à tout couple (x, y) de
vecteurs un vecteur noté xy, telle que
x( y+ z) = xy + xz
(
..... .....) -+
x+ y z = xz
_,._,.
+ yz _..._.
V>.. E f{, \lx, y, z E A.
À(xy) = (Àx)y = x(Ày)
On dit que 1'algèbre A est associative si
;r..... ( yz
..........) ..........) z.....
= (xy Vx,y,zEA.
Voici quelques exe1nples fonda.n1enta.ux d'algèbres :
• Comment se représenter un espace vectoriel ? Cela exige une attitude assez sou-
ple. D'une part, les modèles physiques spatiaux habituels (où les vecteurs sont
représentés par des flèches) sont très utiles et la. théorie permet un large transfert
d'intuition de ces espaces vers les autres espaces vectoriels. D'autre part, il est bon
de conserver aux vecteurs un statut assez abstrait car on verra, dans les exe1nples
qui suivent. que les vecteurs peuvent être des objets de nature très variées (pa.r
exemple des fonctions).
• V et V' étant des espaces vectoriels sur un même corps f{, un isomorphisme de
V sur V' est une bijection a de 11 dans V' telle que
Cette définition est en accord avec les idées développées dans le chapitre "Ensen1ble
structurés et groupes de symétries", ce qui explique l'absence de motivation.
On n'a pas imposé de condition à la bijection a- 1 car on peut prouver (exercice)
que a- 1 est un isomorphisme de ~1 ' sur V.
(à l'équipollence de vecteurs localisés correspond l'égalité des vecteurs libres qu'ils dé-
terminent). Au niveau élémentaire, les cours de physique font rarement la distinction
entre vecteurs localisés et vecteurs libres, et a fortiori entre l'équipollence (des vecteurs
localisés) et 1'égalité (des vecteurs libres).
L'ensemble Li(E 3 ) des vecteurs libres de E 3 est muni d'une addition définie par
---+ ---+ ---+
ab+ be= ac 'ria, b, cE E 3
(observons que l'introduction des vecteurs libres est en partie motivée par le fait que ces
vecteurs s'additionnent "convenablement", ce qui n'est pas le cas des vecteurs localisés).
---+
L'ense1nble Li(E 3 ) est également rnuni d'une multiplication scalaire: si ab est un vecteur
---+
libre de E 3 et si À est un nombre réel, À ab est un vecteur libre (dont nous ne rappellerons
pa.s ici la. définition). l\1uni de ces deux opérations, l'enseinble des vecteurs libres de
E 3 est un espace vectoriel réel (c'est à dire un espace vectoriel sur le corps IR des
nombres réels); il revient au 1nême de dire que l'ensen1ble des translations de E 3 est
un ~space vectoriel réel.
Notons bien que l'ensemble des vecteurs localisés de E 3 n'a pas une structure naturelle
d'espace vectoriel réel. Toutefois, si on choisit arbitrairement un point ode E 3 , l'ensemble
des vecteurs localisés d'origine o, muni de l'addition et de la multiplication scalaire définies
par
( o, a) + (o, b) = (o, c) {::} ---+ ---+
oa + ob = oc
---+
---+ ---+
À ( o, a ) = (o, b) {::} ,.\ oa = ob
est un espace vectoriel réel. En fait, l'ensen1ble des vecteurs localisés d'origine o s'identifie
avec E 3 lui-n1ên1e, le vecteur ( o, a) étant identifié au point a de E 3 • Dès lors, l'ensemble
des points de E 3 (dans lequel on a choisi une origine o) ·est lui aussi un espace vectoriel
réel, l'addition et la. multiplication scalaire étant définies par
---+
a +b= c {::} oa + ---+
ob =
---+
oc
---+ ---+
Àa = b {::} À oa = ob
Le vecteur nul de cet espace vectoriel est le point o (attention : ici o désigne l'origine de
E 3 et non le nmnbre réel 0).
En résun1é, le choix d'un point o dans l'espace euclidien E 3 érige celui-ci en
un espace vectoriel réel que nous noterons Eî
L'espace vectoriel E~ est isomorphe à. Li(E3 ) : en effet, l'application
est un isomorphis1ne du premier sur le second (la. vérification est pratiquement immédiate).
Insistons encore sur un détail qui a une importance capitale pour le développement
d'une bonne intuition des espaces vectoriels: nous pouvons nous représenter les éléments
de E~ comme des points et nous débarrasser ainsi de la représentation par des flèches. De
même, dans un espace vectoriel quelconque, on aura toujours intérêt à se représenter les
vecteurs par des points, comme cela se pratique d'ailleurs pour les éléments de n'importe
quel ensemble.
x
L 3
·figure 3.1
Sur la figure :3.1, on a pris des vecteurs~'~' 0ë; de même longueur et deux à deux
perpendiculaires, ma.is ce n'est pas essentiel ici : ce qui importe, c'est que tout point x de
E~ a des coordonnées x 1 , x 2 , x 3 détenninées univoquement par la relation
Si x a. les coordonnées (~r1, ~r2, ;r3) et :lJ les coordonnées (y 1, y2 , y3 ), alors x+ y a les coor-
données (x1 +YI, Xz + yz, :r3 + y3) et Àx a. les coordonnées (Àx 1, Àx 2, Àx 3) \fÀ E IR. Cette
observation conduit à la. construction suivante des espaces vectoriels J(n, où J{ est un
corps quelconque (par exemple n = 11).
Les vecteurs de f{n sont les élén1ents du produit ensembliste ]{n, c'est-à-dire les
n-uples (xi? x 2 , •.• , Xn) d'éléments de f{ (ainsi, si J( = IF3 , l'espace ]( 2 se compose de 9
1'ensemble de toutes les applications (ou fonctions) de 1 dans 1{. On va voir que l'ensemble
J( 1 peut être n1tuÜ de 1nanière naturelle d'une structure d'espace vectoriel sur 1{. Pour
cela, on devra. bien entendu définir la. som1ne f + g de deux fonctions J, g : 1 --t f{ ainsi
que le produit .Xf d'une fonction f : I --t ]{ par un scalaire À.
lR
figure 3.2
figure 3.8
PUB Cours-Librairie, av. P. Héger 42, B-1000 Bruxelles / MATH-F-102_C
BUEKENHOUT F. - DOYEN J. Mathématique linéaire Espaces vectoriels et espaces affins
CHAPITRE 3. ESPACES 11ECTORIELS SUR UN CORPS 24
Considérons par exemple, dans le ca.s particulier où I = [0, 27r] et /{ = IR,.les fonctions
f : I -7 IR : x -7 sin x
g:/-7lR:x-7 ~
lR lR
( f+g) ( x).,__---:rr
f( x )..-_,_'"'2t"""
g( x >~..,...._'7{
0~--~~----~~-----------.o~
x '' ,
' ,._.. __ ,.
x
~
;
3
figure .. 3.4 · figure 3.5
De 1nême, le produit de la. fonction f par un nombre réel À est la fonction qui prend
en x la valeur Àf(;c) =À sin x~ autren1ent dit la. fonction Àf: I -7lR définie par
\lx E 1
La figure 3.5 représente le graphe de la fonction :3f.
Revenons à. présent au ca.s d'un ensemble I quelconque et d'un corps J{ quelconque.
L'ensemble J{ 1 des fonctions de I clans f{ devient un espace vectoriel lorsqu 'on définit
l'addition et la. n1ultiplication sca.laü·e comme suit :
3. Le neutre de ]{ 1 , +est la. fonction nulle, notée 0, qui applique tout élément de 1
sur le neutre 0 de ]{, +
O:I~I<:x~o
Attention à. l'abus de notation : ces deux 0 représentent des objets très différents !
La fonction nulle 0 E J{ 1 est une fonction constante, qui prend la. valeur 0 E ]{ en
. tout élétnent de 1 (vérifiez qu'elle est bien le neutre dans !{ 1 , +).
Ren1arque. 1{ 1 est non seulement un espace vectoriel sur f{, mais c'est aussi une
algèbre sur ]{ (si ]{ est commutatif). En effet, ont peut définir le produit de deux
fonctions J, g E ]{ 1 en posant
fg: 1-+ ]{:x-+ (fg)(x) = f(x)g(x)
On vérifie facile1nent que 1{ 1 devient alors une algèbre associative sur]{ (exercice).
La plupart des espaces vectoriels familiers peuvent se voir comme des espaces de fonctions.
Ainsi, pour obtenir les espaces J{n, il suffit de considérer l'ensemble
1 = {1, 2, ... , n }. Se donner un n-uple (x 1 , x 2 , ... , Xn) E J(n ou une fonction fE J({ 1 , 2 ·····n}
revient 1na.nifestement a.u n1ên1e si on songe à. poser Xi = f( i); seules les notations
changent. De 1na.nière un peu plus précise, on va prouver que les espaces vectoriels
J({l,2, ...,n} et J(n
et d'essayer de prouver que a est un isomorphisme d'espaces vectoriels, autrement dit que
(i) a est une bijection de J\·{t, 2 ·····n} sur J(n
(ii) o:(f + g) = o:(f) + cx(g)
(iii) a (À f) = Àa{f)
Vf, g E J({ 1 ,2 ···-,n}, VÀ E J(. Prouvons par exemple (ii) (les preuves de (i) et (iii) sont
laissées comme exercices) :
a(f + g) = ((f + g)(l), (f + g)(2), ... , (J + g)(n))
(défini ti on de o:)
= (.f(l) + g(l),f(2) + g(2), ... ,J(n) + g(n))
(définition de l'addition dans /( 1 )
= (.f(l), .f(2), ... , f(n)) + (g(l),g(2), ... ,g(n))
(définition de ]'addition da.ns J{n)
= cx(f) + a(g)
(défini ti on de a) '
Les espaces vectoriels de matrices, qu'on rencontre parfois dans l'enseignement secon-
daire, peuvent aussi se voir co1nme espaces de fonctions. En effet, formellement, une
matrice à s lignes et t colonnes à. coefficients dans un corps J( est une fonction de
{ 1, 2, ... , s} x { 1, 2, ... , t} dans 1{.
Pour nous forger une intuition physique de 1( 1 , nous pouvons représenter 1 par un
diagramn1e de Venn dans un plan horizontal. Un élén1ent f de 1{ 1 peut alors se représenter
par un graphique obtenu en const.ruisa.nt en chaque :t E 1 un "bâtonnet" vertical d'origine
x et de longueur f( :r). Si le diagra.mn1e est un ta.bleau recta.ngula.ire à. 9 lignes et 5 colonnes,
on obtient ainsi une 1na.trice 9 x 5.
On vient de voir qu'il peut être fort long de vérifier qu'un ensemble structuré est un espace
vectoriel. En pratique, on dispose d'une méthode beaucoup plus simple. Supposons que
li soit un espace vectoriel déjà. connu et que TV soit une partie de V. On désire vérifier
que Hl est lui-n1ême un espace vectoriel. Nous verrons bientôt qu'il suffit de vérifier trois
conditions (au lieu d'une dizaine) pour qu'il en soit ainsi. Encore faut-il que W soit
plongé dans un espace vectoriel connu. C'est ici que les espaces de fonctions interviennent.
Nous allons en donner divers exemples, en reportant les vérifications nécessaires à la
section consacrée aux sous-espaces.
Il y en a beaucoup d'autres.
J((I)
1'ensemble des fonctions presques nulles de I dans ](, c'est-à-dire 1'ensemble des fonctions
f: 1 ~ J( telles que {xE I 1 f(x) #- 0} soit un ensemble fini.
est donc une partie de 1{ 1 (lorsque I est un ensemble fini, J{U) = 1< 1 ). Cette
](U)
observation permettra bientôt de vérifier sans effort que f{ 1 est un espace vectoriel
surf{.
Les espaces J{U) ont surtout un interêt théorique: on peut démontrer que tout espace
vectorièl sur J{ est isomorphe à J{U) (même un espace ]{ 1 est isomorphe à un J<(J)
pour un certain .J), mais ceci dépasse un peu le cadre de ce cours. Nous avons déjà affinné
que tout espace vectoriel sur f{ de din1ension finie n est isomorphe à J(n : ceci sera
prouvé plus loin.
forment un espace vectoriel sur ]{ noté f{[){, 17 ]. La deuxième consiste à remplacer les
polynômes par des séries forn1elles
•X•
a0 + a 1 ..,'\. + v2
a2~·'\
+ ... = ""'
L ·-vi
ai~/\.
i=l
qui forn1ent un espace vectoriel sur f{ isomorphe à. l'espace ]{IN des suites d'éléments de
]{.
Si ]{' est un sous-corps cl \m corps l\' et si 1/ est un espace vectoriel sur J(, 1/ est égale1nent
un espace vectoriel sur [\'' puisque les élén1ents de f{', étant des élétnents de f{, peuvent
multiplier les vecteurs de 11, les conditions requises en 3.1 étant clairement remplies. Ainsi
Q; 2 est non seulement un espace vectoriel complexe (c'est-à-dire sur le corps Q;), mais aussi
un ~space vectoriel réel (c'est-à-dire sur IR) et un espace vectoriel rationnel (c'est-à-dire
sur <Q).
Pour éviter toute ambiguïté au sujet du corps utilisé, lorsque nous parlerons d'un
espace vectoriel J{n sans autre précision, il sera toujours entendu qu'il s'agit de ]{n
considéré comme espace vectoriel sur f{.
On a déjà vu, lors de l'étude des espaces f{n, que tout corps]{ est un espace vectoriel
sur f{. ]{ est donc aussi un espace vectoriel sur tout sous-corps ]{' de ]{. Ainsi IR est
un espace vectoriel sur ~' sur ~( J2), sur A. ~ est un espace vectoriel sur IR. IF4 est
un espace vectoriel sur IF 2 . Le corps ]{ (.Y) des fractions rationnelles en X est un espace
vectoriel sur ]{.
4 9 2 0 0 0
3 5 7 0 0 0
8 1 6 0 0 0
Les carrés magiques furent étudiés en Chine bien avant l'ère chrétienne: d'après la légende,
c'est en l'an 2000 avant J.C. que l'empereur Yu observa le prernier carré magique (en
l'occutrence le prernier des quatres exemples ci-dessus) sur le dos d'une tortue sacrée. En
Europe, au Moyen Age, on croyait que le fait de porter autour du cou un carré magique
gravé sur une plaque d'argent.protégait de la peste!
Le fait que l'ensemble des carrés rnagiques n x n soit une partie de l'espace vectoriel de
toutes les matrices réelles n x n permettra. bientôt de vérifier sans effort que cet ensen1ble
est un espace vectoriel réel.
De ce fait, C permet de détecter deux erreurs dans le mot transmis mais celles-ci ne
pourront plus être corrigées car (1, 1, 1, 1, 0) pourrait provenir aussi bien de. (1, 1, 0, 0, 0)
que de (0, 0, 1, 1, 0). Le code C permet donc de détecter deux erreurs et d'en corriger une,
quelle que soit celle-ci.
Signalons que le système de télémétrie du satellite IV1ARINER qui envoya en 1969 des
photos de Mars vers la Terre utilisait un code de 64 mots de longueur 32 pouvant corriger
7 erreurs (ce code sera construit dans un exercice ultérieur).
La théorie des codes s'efforce de construire ou, à défaut, d'étudier l'existence de codes
sa.tisfaisa.nt à diverses conditions, pa.r exemple pouvoir corriger un nombre donné d'erreurs
avec un n "pas trop grand" (pour des raisons d'économie, de temps et d'énergie).
Il se fait que la. structure d'espace vectoriel joue un rôle capital dans la théorie des
codes. L'ensetnble A = {0, 1} = IF 2 a. une structure de corps, l'addition et la multiplication
étant définies pa.r les tables suivantes
+ 0 1
0 0 1
1 1 0
et IF~ est un espace vectoriel sur IF 2 . La. plupart des codes connus sa.tifa.isant a.ux con-
ditions in1posées par la pratique sont des codes linéaires, c'est-à-dire des parties C de
IF~ qui sont elles-1nê1nes des espaces vectoriels. Le fait qu'un code C soit linéaire sim-
plifi~ considéra.blen1ent les techniques de décodage (correction d'erreurs) qui peuvent être
longues si C a. par exen1ple 216 élén1ents et s'il faut cotnpa.rer un mot reçu à. une liste de
ces élétnents. L'exemple décrit de n1a.nière explicite ci-dessus n'est pas un code linéaire
puisque le vecteur nul (0, 0, 0, 0, 0) n'y figure pas.
\foici à titre documentaire une description du code linéaire le plus remarquable, qu'on
appelle le code de Golay étendu. Ce code est constitué des 212 = 4096 mots de longueur
24 obtenus en prenant toutes les combinaisons linéaires possibles, à coefficients dans IF 2 ,
des 12 lignes de la. ma.trice ci-dessous, dans laquelle les coefficients nuls n'ont pas été
indiqués pour faciliter la. lisibilité :
1 1 1 1 1 1 1 1
1 1 1 1 1 1 1 1
1 1 1 1 1 1 1 1
1 1 1 1 1 1 1 1
1 1 1 1 1 1 1 1
1 1 1 1 1 1 1 1
G= 1 1 1 1 1 1 1 1
1 1 1 1 1 1 1 1
1 1 1 1 1 1 1 1
1 1 1 1 1 1 1 1
1 1 1 1 1 1 1 1
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
( 1) Ov= o VvE V
(2) .-\a= o V.-\ E f{
(3) .-\v= o===? .-\ = o ou v= a V.-\ E f{, v E 11
(4) (-.-\)v=.-\( -v)= -.-\v V.-\ E f{, v E li
n n
(5) (L .-\i )v= L( .-\iv) V Àï E I<, v E V et n E IN0
i=l i=l
n n
(6) .-\(2:: Vi) = 2:(.-\Vi) VÀ E f{, vi E l/ et n E IN0
i=l i=l
Dén1onstration.
Il
(.-\-
1
X)v = lv= v
d'où on tire ·v= o.
qui est un axiome d'espace vectoriel et le cas n = 2 de (5 ). Le reste est une récurrence
facile sur n : n n n
CL: >..i)v = (>..1 + :L Àï)v =>..lv+ CL: Ài)v
i=l i=2 i=2
>..(v+ w) = Àv + Àw (cas m\ n = 2)
et d'une récurrence facile que nous laissons comme exercice.
3.5 Sous-espaces
Voici le concept qui permet de sitnplifier, comme nous l'avions annoncé, les vérifications
de certains exemples d'espaces vectoriels donnés en 3.3.
Si 11 est un espace vectoriel sur ]{, un sous-espace de 11 est une partie TiV de V qui
est elle-mêrne un espace vectoriel sur f{ pour l'addition et la n1ultiplication scalaire de V.
THEOREME 2. Soit Hl un sous-ense1nble d'un espace vectoriel li sur f{. TiV est
un sous-espace de V si et seulen1ent si les trois conditions suivantes sont remplies
(i) x+ y E Hl Vx, y E Hl
(ii) >..xE Hl V>.. E f{, Vx E Hl
(iii) oE W
Démonstration.
2: Tout multiple d'un vecteur de Hl est encore un vecteur de TiV grâ.ce à (ii) et les autres
propriétés requises pour la. n1ultiplication scalaire sont auto1na.tiquen1ent satisfaites .
•
Grâce à ce théorè1ne, nous som1nes bien ar1nés pour effectuer sans effort
une foule de vérifications.
n
L Xiai =0 (*)
i=I
(i) si (x 1, ... , Xn) et (yi, ... , Yn) appartiennent à. VV, il en va de même pour leur so1n1ne
(xi + Y1, ... , Xn + Yn) car
n n n n
l:(xi + Yi)ai = l:(xiai + Yiai) = L Xiai + LYiai = 0 + 0 = 0
i=l i=I i=l i=l
n
:LaiXi =0
i=l
une forme à laquelle nous somn1es plus habitués et que nous utiliserons dans la plupart
des exercices. L'exemple que nous venons de traiter est à la base de la résolution et de la
discussion des systèmes d 'équa.tions linéaires à. coefficients dans 1{, que nous étudierons
plus loin.
Terminons par quelques cas particuliers :
Si V = IF~ et si ( *) est l'équa.tion XI + x2 = 0 correspondant à. a 1 = a2 = 1, le
sous-espace Hl se co1npose des vecteurs (0, 0), (1, 2) et (2, 1 ).
De n1ên1e, si V = lF~ et si ( *) est l'équation x 1 + 2:r 2 = 0 correspondant à. a 1 = 1,
a 2 = 2 et a 3 = 0, Hl se compose des vecteurs (0, 0, 0), (1, 1, 0), (2, 2, 0), (0, 0, 1), (1, 1, 1),
(2, 2, 1), (0, 0, 2), (1, 1, 2), {2, 2, 2).
(i) la. som1ne de deux fonctions presque nulles est une fonction presque nulle.
(ii) tout multiple d'une fonction presque nulle est une fonction presque nulle.
(ces vérifications très simples sont laissées a.u lecteur à. titre d'exercice).
Donnons encore un exe1nple. Soit. 1 un intervalle de IR.. Pour prouver que l'enseinble
des fonctions dérivables de 1 dans IR est un espace vectoriel réel, il suffit de s'assurer que
(i) si YI et Y2 sont dans lV, YI +Y2 est clans liV; c'est vrai car
(ii) si y E li\1, À7J est cla.ns Hl 'rf).. E ffi.; c'est vra.i ca.r
0 - 0 · sin x + 0 · x2 = 0
3. 7 Exercices
1. Prouver que l'ensen1ble des carrés n1agiques n x n a une structure d'espace vectoriel
réel.
2. Parmi les ensembles suivants, quels sont ceux qui ont une structure naturelle d'es-
pace vectoriel réel ?
:3. L'ensen1ble IR.? est-il érigé en espace vectoriel réel si l'addition et la multiplication
scalaire y sont définies cotnme suit., VÀ, x, y, x', y' E IR :
4. Dans la définition d'un espace vectoriel V sur un corps, montrer que l'axiome lv= v
VvE V ne peut pas se démontrer à. partir des autres (utiliser l'exercice 3).
5. L'ensen1ble JRci des nombres réels strictement positifs devient-il un espace vectoriel
réel si 1'addition et la multiplication scalaire sont définies par
x" +"y = xy } +
,\"."x=x>. VÀEffi..,Vx,yE~
9. Soit I = {a, b, c} un ensemble de ca.rdinal3. Dans l'espace vectoriel IF~ des fonctions
de 1 dans W7 , on considère les fonctions f et g définies par
J(a) = 2 g(a) = 3
J(b) = 1 g(b) = 2
f(c)=5 g(c)=4
(0,0,0,0,0,0,0)
(0, 0, 1, 0, 1, 1, 1)
(0, 1, 0, 1, 1, 1, 0)
(1, 0, 1, 1, 1, 0, 0)
(0, 1, 1, 1, 0, 0, 1)
(1,1,1,0,0,1,0)
(1,1,0,0,1,0,1)
(1, 1, 0, 1, 0, 1, 0)
13. Si A. est un alphabet quelconque, prouver que l'ensemble An, muni de la distance
de Han11ning (que nous noterons dH ), est un espace métrique, c'est-à-dire que,
Vx,y,zEAn,
(i) dH(x,y) est un n01nbre réel non négatif
(ii) dH(x,y) = 0 {:;> :r =y
(iii) dH ( ;r. , y ) = dH (y • ;r )
(iv) dH(~t,y) + dH(y,z) 2:: (hT(x,z)
15. On veut construire, avec l'alphabet IF2 = {0, 1}, un code C dont les mots soient de
longueur 6 et qui permette de corriger 1 erreur. Quel est le nombre maximum de
mots que C peut contenir? (utiliser l'exercice précédent).
16. Prouver qu'un code C peut corriger c erreurs si et seulement si la distance entre
deux quelconques de ses mots est 2:: 2c + 1. A quelle condition C peut-il détecter d
erreurs ?
18. Un espion, chargé de découvrir le code utilisé par un satellite stratégique mili-
taire, fournit à. ses supérieurs les renseignements suivants : "Code linéaire utilisant
l'alphabet {0, 1}. Comprend 64 n1ots de longueur 10. Peut détecter 4 erreurs et en
corriger 2". Quelques jours plus tard, il apprend qu'il a été congédié. Pourquoi ?
20. L'ensemble des fonctions f de lR dans IR satisfaisant une des conditions suivantes
est-il un sous-espace de lRlR ?
(a.) .f(O) = /(1)
(b) 2.f(O) = /(1)
(c) .f(l) = f(O) + 1
(d) .f(;t)"2:,0 Vx E ffi .
(e) .f(x) = 0 Vx~5,xElR
(f) .f(x) = f(l- x) Vx E IR
(g) .f(x2) = (f(x))2 Vx E lR
(h) .f( -x)= f(x) Vx E lR (fonctions paires)
(i) f(-x) = -f(x) Vx E lR (fonctions impaires)
(j) .f(x + 27r) = f(x) Vx E lR
21. Dans l'espace vectoriel R[X] des polynômes en X à coefficients réels, le sous-
ensen1ble constitué des polynôn1es de degré 4 est-il un sous-espace ?
22. Soit E rense1nble des quaternions dont le carré est un nombre réel négatif
E = {x = a + bi + cj + dk E ffi 1 x
2
E lR et x
2
< 0}
E est-il un sous-espace de ffi considéré comme espace vectoriel réel?
E est-il un sous-espace de ffi considéré comme espace vectoriel complexe ?
23. Les ense1nbles suivants sont-ils des sous-espaces de l'espace vectoriel réel lRIN des
suites
de no1nbres réels ?
25. L'ense1nble des fonctions bornées de I dans Til est-il un sous-espace de l'espace
vectoriel réel IR 1 ? (une fonction f: I ~IR est dite bornée s'il existe deux nombres
réels m. et A1 tels que rn ~ .f( x) ~ 1\.f Vx E /)
26. L'ensemble
li = { ax
4
+ bx 3 + cx 2 + dx + e 1 a, b, c, d, e E IR}
des polynômes en x à. coefficients réels de degré ~ 4 est un espace vectoriel réel. Les
sous-ensen1bles liVI' H/2, rv3 définis ci-dessous sont-ils des sous-espaces de l/ ?
(a.) 1'ensen1ble Hl1 des polynôn1es de V ayant au n1oins une racine réelle
(b) l'ensen1ble H12 des polynô1nes de V admettant à la fois 2 et .J5 comme racines
( c) l'ense1nble TV3 des polynômes dérivés des polynômes de V.
27. L'ensemble des fonctions deux fois dérivables y : IR ~ IR qui sont solutions de
1'équation différentielle
y" cos x - y' e 2 x +y =0
est-il un sous-espace de IRIR ?
28. Une fonction .f : IR. ~ ffi. est dite sinusoïdale s'il existe des nombres réels a, w, cp
tels que
.f(x) = asin(wx +cp) \:lx E IR
:30. Soit V un espace vectoriel sur ]{ et soit Hï une partie non vide de V. Prouver que
Hl est un sous-espace de V si et seulement si
Xt + X2 = 0
X2 + X3 = 0
.T3 + X1 = 0
V·ü,v,iü EV
34. Les cocles C2 , C4 , Cs dont les mots (de longueurs respectives 2, 4, 8) sont les lignes
des tableaux suivants
1 1 1 1
1 1 1 1
1 0 1 0
1 0 1 0
1 1 0 0
1 1 0 0
1 0 0 1
1 0 0 1
1 1 1 1 0 0 0 0
1 0 1 0 0 1 0 1
1 1 0 0 0 0 1 1
1 1 1 1 1 () 0 1 0 1 1 0
Cs=
1 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0
1 1 0 0 0 1 0 1 0 1 0 1
1 0 0 1 0 0 1 1 0 0 1 1
c4 = 0 0 0 0 0 1 1 0 0 1 1 0
0 1 0 1 0 0 0 0 1 1 1 1
0 0 1 1 0 1 0 1 1 0 1 0
0 1 0 0 0 1 1 1 1 0 0
0 1 1 0 1 0 0 1
sont-ils linéaires ? Combien d'erreurs permettent-ils de détecter? de corriger?
Essayer de découvrir la. loi qui est à la base de leur construction et, en généralisant
celle-ci, construire un code c32 de 64 mots de longeur 32 permettant de corriger
7 erreurs (ce code a. été utilisé en 1969 pour le système de télémétrie du satellite
MARINER).
Chapitre 4
Applications linéaires
4.1 Définition
De no1nbreuses questions de n1athé1natique et de physique sont don1inées par la. notion
de transforn1ation.
Heureusen1ent, la. notion de transforn1ation linéaire fut élaborée pa.r abstraction à par-
tir de 1'étude de diverses transfonna.tions physiques, géon1étriques et algébriques. Bien en-
tendu, toutes les t.ra.nsforn1a.tions rencontrées en sciences et susceptibles d'une fonnulation
n1a.thén1a.tique ne sont pa.s linéaires; cependant, beaucoup de transformations possèdent
une a.pproxin1a.tion linéaire basée sur la fonnule de Taylor étudiée en Analyse.
Une tra.nsfonna.tion linéaire est essentiellement une application cl 'un espace vectoriel
dans un autre qui "conserve" la. structure. Précisons ce pre1nier énoncé :
V et V' étant des espaces vectoriels sur un 1nême corps f{, une application linéaire
(ou transforn1ation linéaire) de V dans V' est une application
Un ca.s particulier i1nportant est celui où l 1 = li'; alors on elit que A est un opérateur
linéaire dans V. Un autre cas particulier important est celui où V' = f{; alors on elit
que A est une fon11e linéaire sur v·.
Les con di ti ons ('i) et (ii) peu vent être rein placées par une seule condition qui leur est
équivalente, par exen1ple
n n
A(L Àiii) =L ÀïA( xi)
i=1 i=1
4.2 Exemples
Si li et V' sont des espaces vectoriels isomorphes, tout isomorphisme de V sur V' est une
application linéaire. En particulier, tout automorphisme d'un espace vectoriel V est un
opérateur linéaire dans V.
Tout automorphisme de l'espace euclidien E 3 fixant un point o (par exemple une
rotation autour d'une droite pa.ssa.nt par o, une homothétie non nulle de centre o, etc ... )
est un automorphisme de l'espace vectoriel E~, donc aussi un opérateur linéaire de E~.
Cet espace vectoriel possède en fait beaucoup d'autres automorphismes. En voici un
exemple : si on introduit, comme à la. page 22, un système de coordonnées dans E~ et si
k =J. 0 est un no1nbre réel, la. pennuta.tion
est un opérateur linéaire de E~, qu'on appelle étirement. Observons qu'un tel étirement
n'est pas un a.utotnorphisme de l'espace euclidien E 3 sous-ja.cent sauf si k = 1 ou -1
(voyez-vous pourquoi ?)
4.2.2 Projections
L'application
A: IR? --+ ffi? : (:r 1 , x 2 , x 3 ) --+ (x 1 , x 2 )
est une application linéaire, inspirée par la. projection "verticale" de l'espace euclidien E 3
sur un plan "horizontal".
Cet exe1nple se généralise co1nme suit : pour tout corps ]{et pour tout choix de deux
nombres naturels non nuls set t (avec s < t), l'application·
est une applica.tion linéaire qu'on appelle une projection. Ce no1n est également donné
aux opérateurs linéaires
On observera. que nous avons renversé l'ordre habituel des lettres s et t en allant de ]{t
vers· J{s. Ce choix présente divers avantages dans le calcul matriciel, com1ne on le verra.
plus tard.
C'est une application linéaire (autrement dit une forme linéaire sur ]{n) car
et
A(-\x) = L(Àxda.1: =À 2:(xiai) = ..\A( x)
. .
1. l
Observons que, pour avoir A(Ài) = ÀA(x), il fallait écrire les coefficients ai à droite des
Xi- Si ]{ est commutatif, cela n'a évidemment aucune importance.
n
Le polynôme linéaire homogè.ne L Xiai qui détennine A est à l'origine du terme "forme
i=l
linéaire".
On verra. plus tard que toute fonne linéaire sur ]{n peut s'écrire sous la forme ( *).
4.2.4 Homothéties
Soit 11 un espace vectoriel sur un corps con1n1utatif ]{ et soit a un élément de ]{.
L'ho1nothétie ha de centre oet de rapport a est définie par
ha : 11 11 : x ax
-7 -7
et
ha.(Ài) = a.( ..\:i!) = (aÀ)i = (-\a)x = À(ax) = Àha(x)
x,
V y E 11, \/À E ]{. On observera que la co1nn1utativité de ]{est essentielle pour assurer
la linéarité de l'ho1nothétie.
Si a = 0, ha. applique tout vecteur de l/ sur le vecteur nul oet si a = -1 # 1, ha est
la symétrie par rapport à o.
A : }\..-'t -7
}·'S
\. :
( X , ••• , Xt )
1 -7
( X 1 , ... , X 1)
1 s
où
t
x~= :L aijXj (i=l, ... ,s)
j=l
est une application linéaire. On verra plus tard que toute application linéaire de 1{t
clans J(s est de cette fonne. Cet exen1ple est d'autant plus i1nportant que beaucoup
d'applications linéaires rencontrées dans la pratique apparaissent sous la forme d'équations
linéaires.
Observons qu'une homothétie ha correspond au ca.s particulier où s =t et xi = axi
\.li. D'autre part, lorsque s = 1, on obtient une forme linéaire sur f{t.
4.2.6 Intégration
Soit C 0 (IR) 1'espace vectoriel des fonctions continues .f : lR --7 JR.. L'application
4.2. 7 Dérivation
Soit 1 un intervalle de JR. et soit D(J) l'espace vectoriel des fonctions f: 1 --7 IR dérivables
sur 1. L'application qui fait correspondre à toute fonction J dérivable sur 1 sa dérivée J'
est une application linéaire de D(1) dans ffi.1 : en effet,
y
Il
+y 1 •
sin:!~ +y cos ;r =:= x
2
y --+ y
Il
+y 1 •
sin x + y cos x
L'étude des équations différentielles linéaires est un des principaux domaines d'utilisation
de la théorie des applications linéaires.
\foici un dernier exemple : l'opérateur laplacien 6 qui associe à une fonction f de :3
variables réelles la fonction
est un opérateur linéaire de l'espace vectoriel des fonctions de 1R? dans IR admettant des
dérivées partielles de tout ordre : en effet, on a bien
6(f+g)=6f+6g
et
Plus généralement, si une fonction f : IRn --+ IRm est différentiable en un point a E IRn,
la différentielle de f en a est une application linéaire df( a) : IRn --+ IRm dont la définition
précise sort du cadre de ce cours et est vue en Analyse.
Re1narque.
Nous avons donné ci-dessus une description analytique de diverses applications linéaires.
Il importe aussi d'en acquérir une vision géométrique afin de développer l'intuition du
concept qu'on vient d'introduire et surtout de ne pas le couper de ses origines physiques.
Pour les projections, les homothéties, les étirements, on se forge facilement une telle image.
C'est plus difficile pour d'autres exen1ples d'applications linéaires où l'on a affaire à une
trop grande généralité, 1nais pour cette raison même c'est d'autant plus important.
Le n1eilleur n1oyen de se représenter une transfonnation linéaire n'est pas de prendre
un à. un beaucoup de points et d'en chercher les images; il convient plutôt de se donner un
objet fan1ilier et d'essayer de visualiser globalen1ent son in1age. On trouvera ci-après une
série de dessins qui sont destinés à. faciliter cette acquisition. Chaque dessin représente
une "figure" dans un plan E; muni d'une base {et, e 2 }. On passe d'un plan à un autre
par une transfonnation linéaire (en fait un isomorphisme) qui applique o sur o, e1 sur
e1 , e 2 sur e2 , une oreille sur un oreille, un oeil sur un oeil, etc... On dispose ainsi de 20
applications linéaires distinctes.
• • l • "1
4.3 Exercices
1. Les applications suivantes sont-elles linéaires ?
A :IR?~IR?:(x,y)~(y,x)
B :IR?~IR?:(x,y)~(x+l,y+l)
C :IR?~IR?:(x,y)~(x,O)
G :IR?~IR:(:!.~,y)~x+y
H :IR?~IR:(x,y)~xy
2. Prouver que toute application linéaire de 1R dans IR est une ho1nothétie, c'est-à-dire
est de la. forn1e
A : IR --7 IR : x ~ ax Otl a E IR
3. L'application de IR? dans ffi. qui associe à tout point (x,y) sa. distance à l'origine
est-elle linéaire ?
5. L'application de ~ dans ~ qui envoie tout no1nbre complexe sur son complexe con-
jugué est-elle linéaire
6. Soit ll-I le corps des quaternions considéré con1n1e espace vectoriel réel et soient a, b
deux quaternions. L'application
IH ~ IH : x --7 ax + xb
est-elle linéaire ?
7. Sachant qu'un opérateur linéaire A dans IR? applique (0, 1) sur (1, 3) et (1, 0) sur
(2, 1), calculer A(x,y) pour tout point (x, y) E IR?. Montrer que A est une permu-
tation des points de IR? et calculer A- 1 (3, 2). Quels sont les points de IR? fixés par
A ? Dessiner l'image par A du carré de sommets (±1, ±1) et du cercle d'équation
x2 + y2 = 1.
Chapitre 5
Sous-espaces et transformations
(i) Si ?,i} E A(liV), il faut p;ouver que;, +yï E A(lV). Or il existe x,yE W tels que
A( x) = xï et A(y) = if, et on a. x+ y E TtV car vV est un sous-espace de V, donc
A( x+ y) E A(TiV). Ce dernier vecteur n'est autre que A( x)+ A(y) = 2 + yï puisque
A est linéaire.
(ii) Si ;2 E A(l~V) et À E ]{,il faut 1nontrer que.-\~? E A(lifl). Il suffit d'observer que
A(.-\x) = .-\A(x) =.-\a?.
•
Les tra.nsforn1a.tions linéaires conservent donc la notion de sous-espace.
51
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CHAPITRE 5. SOUS-ESPACES ET TRANSFORJ\1ATIONS .52
A( x)= o
C'est nota.Ininent le cas dans la résolution des systè1nes d'équations linéaires homogènes
et des équations différentielles linéaires homogènes.
On s'intéresse aussi souvent à rin1age de A, qui est l'ensen1ble des vecteurs de 11'
images par A des vecteurs de V, c'est-à-dire
---
-- - A
.......
---
Exemples.
1. Le noyau d'un ison1orphis1ne de V sur V' est réduit à { o} et son image est V'.
2. Le noyau de la. projection A. : ffi.3 -r IR? : (x 1 , x2, x3) -r (x 1, x 2) est la. droite
''verticale'' d'équations ;1~ 1 = J.: 2 = 0 et son in1a.ge est lR.2 •
y Il + y 1 Slll
•
X + y COS X =
0
y -t y Il + y ' •
Sin X + y COS X
THEOREME 4. Le noyau et l'ünage d'une application linéaire sont des sous-
espaces vectoriels.
Dén1onstration. Celle-ci de,;rait être tentée par chaque étudiant, sans notes, avant
de lire ce qui suit.
Soit A une application linéaire de V dans V'.
(4) i',i} E lm A in1plique l'existence de x,yE 1i tels que A(x) = i' et A(y) =y', donc
i' + yï =A(~~)+ A( y)= A(x +y) E ln1 A.
.....
(5) xi E In1A et À E ]{ i1nplique l'existence de xE V tel que A(x) x', donc
Ài' = ÀA(x) = A(Àx) E ImA.
5 .3 Somme de sous-espaces
Dén1.onstration.
(iii) o E H11 et o E H12 car lV1 et H12 sont des sous-espaces de V, donc
o=o+oEH1t+H12
Il reste à. prou ver que ll11 et ftl/2 sont contenus dans lV1 + H12 ; ceci résulte de
•
Le théo1~ème ci-dessus se généralise comme suit : si H1b H12 , ••• , lt'"n sont des sous-
espaces de \1, l 'ensen1ble
n n
LHli ={Lxi 1 ii E H1i}
i=l i=l
5.4 Exercices
1. Soit A une application linéaire de \l dans V' et soit Tif!' un sous-espace de V'.
Prouver que 1'image réciproque A-l (T·V') est un sous-espace de li.
5. Dans l'espace vectoriel IR.ffi. des fonctions de IR dans IR., on considère le sous-espace
de Hi1 des fonctions paires et le sous-espace H/2 des fonctions impaires. Prouver que
Hl1 + Hf2 = IRIR, autre1nent dit que toute fonction f: IR --7 IR est la somme d'une
fonction paire et d'une fonction impaire (aide :
1 1
f (x) = 2[! (x) + f (-x)] + 2[! (x) - f (-x)]
Vx E IR).
6. Soit V = Hi1 + H12 un espace vectoriel soinnle de deux sous-espaces l111 et H/2 •
Prouver que~ si H/1 n Hl2 = {o}, a.lors
Chapitre 6
Nous entamons une étude approfondie de la. structure d'espace vectoriel. Cette étude
nous conduira. progressivetnent. à. une classification des espaces vectoriels.
THEOREME 6. Soit V un espace vectoriel sur un corps ]{. Si {TtVï}iEI est une
famille de sous-espace vectoriels de V, leur intersection
56
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CHAPITRE 6. ESPACES VECTORIELS ET PARTIES GÉNÉRATRICES 57
La situation qu'on vient de décrire pour les espaces vectoriels est à la fois banale et
fondamentale en mathématique.
On appelle espace à fern1eture un ensemble E muni d'une fa.1nille de sous-ensembles
distingués appelés sous-espaces (ou fern1és) telle que toute intersection de sous-espaces
soit un sous-espace.
Notons que E lui-même est toujours un sous-espace puisque E est l'intersection d'une
fatni.Ile vide de sous-espaces.
La banalité du concept d'espace à. fermeture est illustré par les exemples familiers que
VOICI :
5. Un espace linéaire et ses sous-espaces linéaires (partie S telle que toute droite con-
tenant deux points de S est contenue dans S)
7. L'espace IRn et ses parties convexes (une partie C de IRn est dite convexe si, quels
que soient les points p, q E C, le segn1ent
(1) )( Ç<..~>
(:3) <<X>>=<){>
(4) si _){ est une partie génératrice de 11 et si X Ç Y, alors Y est une partie
génératrice de 11.
(5) si ..-Y est une partie génératrice de 11 et si xE)( est tel que x E<X- {x}>,
alors )( - {:z:} est une partie génératrice de V.
•
La propriété (5) conduit à. l'idée de partie génératrice n1inhnale (ou base) de
V : c'est une partie génératrice -~ de V qui cesse d'être génératrice si on lui enlève un
quelconque de ses élén1ents (a.utren1ent dit <X- {a~}># 11, Vx EX). A titre d'exemple,
si e 1 , e2, e3 sont trois points de E~ non coplanaires avec o, {e 1 , e 2 , e 3 } est une partie
génératrice minimale de l'espace vectoriel réel E~.
Abordons les combinaisons linéaires qui contrôlent la génération de sous-espaces dans
les espaces vectoriels. Les combinaisons linéaires n'ont pas d'analogue immédiat dans les
espaces à fermeture (pourquoi ?).
Dans l'espace IRn muni de ses parties convexes, < ..\.> est la. fer1neture. convexe de
x.
De n1êrne, dans l'espace IR?, un cercle C centré à. l'origine engendre le disque fern1é
de bord C da.ns le ca.s où les sous-espaces de IR3 sont les parties convexes, alors que C
engendre un plan si IR3 est considéré co1n1ne espace vectoriel réel. Enfin, dans IR? muni
de sa topologie usuelle, <C>= C.
Revenant à. la théorie générale, on énonce et on démontre l'analogue du théorème 7,
pour tout espace à fermeture.
(i)
s t
L Àttïi + L P,jWj
i=I j=l
est une c01nbina.ison linéaire de vecteurs de)(_ V·Vi, t'Dj E )(, 'VÀi, p,j E ]{.
(ii)
s s s
,.\(2: Àï~'i) = 2: À(ÀïVi) = 2:(.\.\ï)Vi
i=l i=l i=l
est une con1binaison linéaire de vecteurs de )( VÀ, Àï E ]{,VVi E X.
(iii) co1nme ..\. est non vide, il existe un vecteur xE X et C(X) contient le vecteur
Ox= o.
Donc C(.\."") est un sous-espace. En outre, C(.\) contiei1t ~X' car E X implique x
lx E C(.\"), et de ce fait CC\") contient <.Y>. De plus, C()() est contenu dans <X> car
Vi E X entraîne successiven1ent vi E<.Y>, ÀiVi E<){> et L ÀiVi E<X>, 'VÀi E !{. Par
conséquent, C(.Y) =<){>.
•
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CHAPITRE 6. ESPACES VECTORIELS ET PARTIES GÉNÉRATRICES 60
Ren1arques.
1. Si ~Y est vide, < ---~ >= {o} alors que C ( ){) est vide. On pourrait remédier à cet
inconvénient en modifiant légère1nent la définition de combinaison linéaire.
XIX2 ••• Xn où n E IN et Xi E x u x- 1
:3. Les espaces vectoriels et les groupes sont des espaces à. fermeture finitaires si
X est une partie d'un espace vectoriel ou d'un groupe et si y E< X>, alors il
existe une partie finie F de ""y telle que y E <F> (pour les espaces vectoriels, cette
propriété résulte i1nméclia.ten1ent. du théorè1ne 8). On peut montrer que IRn muni
de ses parties convexes est également un espace finitaire. En revanche, les espaces
topologiques IRn utilisés en Analyse ne sont pa.s finitaires.
Voici un exemple qui illustre bien l'idée d'espace finitaire. Considérons l'espace
vectoriel lR.[){] des polynômes en . \{
. à coefficients réels et soit S le sous-ensemble
infini de IR[){] constitué des polynômes
(nE lN)
Il est clair que <S'>= ffi.[.Y]. De ce fa.it, si p est un polynôn1e quelconque dans
lR.[X], on est assuré de l'existence d'une partie finie E de S' telle que p E<F>.
Bien entendu, dans cet exemple, l'existence d'une telle partie saute aux yeux : SI p
est de degré n., il suffit de prendre F = {1, X, ..-~ 2 , ••• , xn }.
6.5 Exercices
1. R.echercher des exen1ples d'espaces à. fern1eture en partant d'un graphe, d'un poly-
èdre.
4. Si l/{11 et lV2 sont des sous-espaces d'un espace vectoriel V, prouver que W1 + H12
est le plus petit sous-espace de V contenant H11 et liV2 , autre1nent dit que
)( = {(1,3,--1),(2,5,0)}
{(1,0,1,0),(0,1,2,2)}
8. Dans l'espace vectoriel ffi.[ ..\"'] des polynômes en X à coefficients réels, le sous-espace
engendré par {1, 1 + ){, ){ + ~X' 2 } con1prend-il tous les polynômes en X de degré
s; 2?
9. Dans IR(~YJ, le polynôn1e ~3)( 2 - 5)( + 2 est-il cmnbinaison linéaire des polynômes
1,1- )(et (1- X)2?
11. Prouver que {(1, 1, 1), (0,0~ 1), (0, 1, -1), (1, 1,0)} est une partie génératrice de IR3 .
Est-elle n1ini1na.le ? Dans la. négative, reste-t-elle génératrice si on lui enlève un
quelconque de ses élé!nents ?
12. Trouver une condition nécessaire et suffisante sur les nombres réels a, b, c pour que le
vecteur (a, b, c) de IR? appartienne au sous-espace engendré par les vecteurs (0, 1, -1)
et (5,--2,1).
13. Les notnbres complexes 1 +i et 2 -.Si engendrent-ils <C considéré comme espace
vectoriel sur IR ?
14. Les non1bres réels 1 et vf2 engendrent-ils IR considéré cointne espace vectoriel sur
(Q?
15. Da.ns <C 3 considéré comme espace vectoriel sur <C, soit
16. Soit 1 == {a, b} un ensemble de cardinal 2. L'espace vectoriel IF~ des fonctions de 1
dans IF3 est-il engendré pa.r les vecteurs f et g définis par
f(a) == 1 et g( a) == 1 ?
f(b) == 2 g(b) == 1
17. Da.ns l'espace vectoriel IRIR des fonctions de IR dans IR, on considère les vecteurs
fi, /2, /3, !4, fs, !6, f, définis par
.fi(x) ==sin x
.fs( x) == sin 2x
.h (l.~ ) == cos x
f6(x) ==cos 2x
f3(x) == sin 2 x
.fï(x) == 1
f4 (x) == cos 2 x
Vx E IR. Les vecteurs .fi, .f2 , .(3, .f4 engendrent-ils le n1ême sous-espace que les
vecteurs fs, .f6, !1 ?
Chapitre 7
Bases et dimension
La propriété (.5) du théorème 7 peut s'énoncer comme suit : une partie génératrice qui
n'est pas libre contient une partie génératrice plus petite. Cette propriété conduisait à
1'idée de partie génératrice minimale.
On va. voir que, dans un espace vectoriel, une partie .libre qui n'est pas génératrice
est çontenue dans une partie libre plus grande, ce qui conduit à l'idée de partie libre
n1axin1a.le.
La. définition donnée ci-dessus revient. à. dire qu'un ense1nble L de vecteurs de \1 est
x
une partie libre de V si aucun vecteur de L n'est c.on1bina.ison nnéa.ire de vecteurs de
L- {x}.
•
THEOREME 10. Soit L une partie libre d'un espace ''ectoriel V. S'il existe un
vecteur ·ü de V n'appartenant pas à. <L>, alors LU {v} est une partie libre de 11.
Dén1onstration.
Supposons que L U {v} ne soit pas libre. Alors il existe un vecteur E L U {v} qui x
est C0111bina.ison linéaire de vecteurs de L u {v} distincts de x. En outre, x =1- v puisque
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CI-IAPITR.E 7. BASES ET DI.~\1EN8IOJ\T 64
x
.On a. À =f 0 car E L ne peut être combinaison linéaire de vecteurs de L - {x} puisque
L est libre. Donc À- I existe et
-Xv= x- :L-Xiii
i
d'où
.x- 1 (-Xv) = ..\- 1 x- Li(.x-l ..\ï)ii
=(..\- 1 -X)v=1v=v
ce qui montre que v est combinaison linéaire de vecteurs de L, une contradiction puisque
v f/:.<L>.
•
Exe1nples.
2. Dans l'espace vectoriel ffi.[~\""] des polynômes en )( à. coefficients réels, les polynô1nes
1, ..,..-\.,
.. v2
.-'\ ., ••• '
v·n
JI\.. ' ••• (nE IN)
4. Dans un espace vectoriel V, toute partie )( contenant le vecteur nul n'est pas libre o
(pourquoi ? ). Par contre~ la. partie vide est toujours une partie libre .
.5. N'oublions pas que toute partie d'une partie libre est elle-même une partie libre;
ceci pern1et de construire beaucoup d'autres exen1ples.
Si L est une partie libre d'un espace vectoriel 11, les vecteurs de L sont dits linéaire-
Inent indépendants. Ainsi, dans rn?, les vecteurs (1, 1) et ( -1, 1) sont linéairement
indépendants, tandis que les vecteurs {1, 1) et ( -2, -2) ne le sont pas.
Le résultat suivant n1ontre que, dans un espace vectoriel, la. notion de partie libre peut
être définie a.utretnent. Techniquen1ent et pra.tiquen1ent, ce résülta.t a. une importance
considérable :
THEOREME 11. Soit L unepa.rtie d'un espace vectoriel V. Les propriétés suiv-
antes sont équivalentes :
Démonstration.
• (1) implique (2). Supposons le contraire. Alors il est possible d'avoir LiÀïxi =o
avec les Àï non tous nuls. Comme l'addition est commutative, il n'est pas restrictif
de supposer que .\ 1 # O. Dès lors .\ï 1 existe et
d ' ou'
x-; = la~ = (/\~ 1
,.\t):1~ = .\~ 1
( -"\2~lS- ... - Ànx~)
Donc xï est combinaison linéaire de vecteurs de L - xï et L n'est pas libre, con-
trairement à l'hypothèse (1 ).
• (2) implique (1). Supposons le contraire. Alors il existe un vecteur xE L tel que
x E<L- x>, c'est-à-dire
x= L Àia~ avec Àï E /{ et ii E L- x
z
On a. donc
Ix- LÀïa~ =o
t
•
Afin de n1ontrer l'in1portance pratique du théorèn1e 11, traitons quelques exen1ples:
1. Dans l'espace vectoriel fR?, pour vérifier que les vecteurs ( -1, 1, 0), (0, 1, 1),
( 1, 0, -1) forn1ent une partie libre, il suffit de prouver que
(où À1, À2, À3 E lR) implique À1 = .À 2 = .,\ 3 =O. Or l'égalité ci-dessus peut s'écrire
ce qui in1plique
- Àl + À3 =0
{
Àl + À2 =0
À2 - À3 = 0
ce systèn1e d'équations linéaires hon1ogènes admet comme seule solution À1 = À2 =
À3 = 0: en effet, en ajoutant les 3 équations membre à membre, on obtient 2À 2 = 0,
donc À2 = 0, d'où on déduit immédiatement que À1 et À3 sont nuls. Les vecteurs
donnés sont donc bien linéairement indépendants.
fonnent une partie libre (et génératrice) car, quels que soient n E JN. et
À(), ... , Àn E IR,
n
2: Àï ..-Yi = 0 =} Àc = ... = Àn = 0
i=O
(attention : le pren1ier 0 représente le polynô1ne nul, tandis que le deuxième 0
représente le nmnbre réel zéro).
:3. Dans l'espace vectoriel IR.m., les fonctions J, g, h définies par f(x) = ex, g(x) =
sin x, h( x) = cos x sont-elles linéairen1ent indépendantes ? Si
alors, Vx E IR,
Àj(x) + pg(x) + vh(x) = 0
autren1ent dit
À ex +Il sin x+ 11 cos ~r =0
En donnant à. ~r les valeurs 0, ~, rr, on obtient
+v = 0
+~t =0
-v = 0
La notion de partie libre s'étend à. tout espace à. fermeture Ede même que le théorème 9 et
sa démonstration in1médiate. Les théorèmes 10 et 11 n'ont pas cette portée générale mais
ils posent des questions à. propos des Inodules sur un anneau. Nous constatons cependant
l'utilisation explicite d'un inverse multiplica.if. Peut-on s'en dispenser et généraliser dans
7ln?
Le théorèn1e 10 conduit à. une notion plus générale que celle d'espace vectoriel : la
notion de n1atroïde qui s'est développée à partir de 19:3.5 et qui englobe à la fois les
espaces a.ffins, les espaces projectifs n1ais pas les groupes munis de leurs sous-groupes.
On appelle n1atroïde tout espace à fermeture .A1 tel que, pour toute partie libre L de
A1 et tout point x E 1\1- <L>, l'ensen1ble LU {x} est une partie libre de A1.
Dén1onstration.
• (1) i1nplique (:3). En effet,(1)irnplique que si xE B, alors B- {x} n'est pas une
partie génératrice de V, donc x f/:.<B- {x}> grâ.ce à la propriété (5) du théorèn1e
7 (page 58) et de ce fait B est une partie libre de V.
• (3) implique (2). En effet, si la. partie libre B n'était pas maximale, il existerait un
point x (j:. B tel que B U {x} soit encore une partie libre, mais alors x rJ. <B> et B
ne serait pas génératrice, une contradiction.
• (2) in1plique (1). En effet, puisque B est libre maxin1ale, il n'existe aucun point
x E 11- <B>, autren1ent dit <B>= V et B est clone génératrice. En outre, si B
n'était pas génératrice tninimaJe~ il existerait un point bE B tel que B- {b} soit
encore une partie génératrice, n1ais alors b E<B- { b}>et B ne serait pas libre, une
contradiction.
•
Comn1entaire.
La démonstration du théorème 1:3 faisant appel à des notions de théorie des ensembles,
nous allons d'abord exposer celles-ci brièvement.
Etant donné un sous-ensemble S d'un ensemble ordonné E, :::;, on appelle borne
supérieure de S tout élément b E E tel que x :::; b \/x E S. D'autre part, on dit
qu'un élément rn E S est un élén1ent Inaximal deS si aucun élément deS n'est stricte-
ment plus grand que m, c'est-à-dire si rn :::; x implique rn = x \/x E S (notons qu'un
élé1nent ma.xiinal deS n'est pa.s nécessairement une borne supérieure de S).
Le len1n1e de Zorn (qu'on peut considérer comrne un axion1e de la théorie des en-
senlbles, équivalent à. l'axion1e du choix) s'énonce alors con11ne suit :
Soit E un ense1nble ordonné non vide. Si toute partie totalement ordonnée de E
possède une borne supérieure dans E, alors E possède un élément maximal.
Dé1nonstration du théorè1ne 13.
Soit .C l'ensen1ble des parties libres de \1 contenant Let contenues dans P . .C est non
vide (car L est un élé1nent de .C) et est ordonné par inclusion. Nous a.llons montrer que
.C possède un élén1ént maximal.
Soit T un sous-ensemble totalen1ent ordonné de .C, constitué de parties libres emboîtées
Li( i E 1) contenant L et contenues clans P. Posons Ly = Uïei Li. Il est clair que Ly
contient L et est contenu dans P. Pour prouver que Ly est une borne supérieure de T
dans .C, il reste à établir que Ly est un élément de .C, c'est-à-dire que Ly est une partie
libre de li. Il suffit de prouver que toute partie finie {x 1 , ••• , Xn} de Ly est une partie
libre de \1. Chacun des points Xt, ••• , Xn appartient à un des Li. Parmi ces parties libres
(en no1nbre fini :::; n), il y en a. une (soit Lk) qui contient toutes les autres puisque T est
totalement ordonné. Tous les a: 1 , ••• , Xn sont donc dans Lk et, comme Lk est une partie
libre de \1, il en est de même de { Xt, . .. , Xn}.
On vient de prouver que tout ense1nble totalement ordonné T de .C possède une borne
supérieure Ly da.ns .C. Dès lors, le len1me de Zorn peut s'appliquer et .C possède un
élén1ent n1a.xirna.l B, qui est une partie libre de V telle que L Ç B Ç P. B est donc
aussi une partie libre de <P>. Pour prouver que B est une base de <P>, il suffit, grâ.ce
au théorème 12, de prouver que B est une partie génératrice de <P>, c'est-à-dire que
<B>=<P>. Comn1e B Ç P implique <B>Ç<P>, il reste à montrer que <B>'2<P>,
ou encore que <B>2 P (car ceci ilnplique que <B>=<<B>>2<P>). Si <B> ne
contenait pa.s P, il existerait un point p E P tel que p </:. <B>. Comme <P> est un espace
vectoriel et p E<P> - <B>, BU {p} serait une partie libre de <P> (donc aussi de l/)
contenant L et contenue da.ns P ~ ce qui contredit la. Ina.xima.lité de B dans .C.
••
THEOREME 14. Soit V un espa.ce vectoriel. Pour tout sous-espace S de
11 et tout point p </:. S, le sous-espace <SU p> couvre S, c'est-à-dire qu'il
existe pa.s de sous-espace contenant strictement S et contenu strictement da.ns
<8 u p>.
Démonstration.
Le théorèn1e 13 appliqué à L = 0 et P = S fournit une base B de S. Comme
<BU p>2<B> Up = SU p, on a <BU p>"2_<S U p>. Comme d'autre part BU p Ç SU p,
on a. <BU p>Ç<S U p>. Par conséquent <BU p>=<S U p> et BU pest une partie
génératrice de <SU p>.
Le théorè1ne 13 appliqué à L = B et P =EUp montre qu'il existe une base de <SUp>
contenant B et contenue dans B U p. Comme <B>= S f:.<S U p>, cette base ne peut
être B et par conséquent B U p est une base de <5 U p>.
Supposons qu'il existe un sous-espace Hl tel que
Sc Hl C<SUp>
Alors il existe un point q E Hl -S'et BUq est une partie libre de <S'Up>. Si p tt<BUq>,
alors ( B U q) U p est libre pour la. n1ên1e raison et ceci contredit le fait que BU p est une
partie libre n1axin1ale (car une base) de <SU p>. Donc p E<B U q>. On en déduit que
<BU p>Ç<B U q>Ç Hl et, puisque <BU p>=<S U p>, on obtient <SU p>Ç TIV qui
est une contradiction. Il n'existe donc pas de sous-espace Hl "en sandwich" entre S et
<SU p>, autrement dit <SU p> "couvre" S.
•
Con1n1entaire sur les n1atroïdes de caractère fini.
On dit qu'un n1atroïde .~1 est de caractère fini si une partie L de 1\1 est libre dès que
toute partie finie de L est libre. C'est le cas des espaces vectoriels, co1nme le montre le
théorème 11 et c'est le cas des espaces affins (et des espaces projectifs). Les théorèmes 1:3
et 14,a.insi que leurs démonstrations, sont valables pour tout matroïde de caractère fini.
THEOREME 15. Toutes les bases d'un espace vectoriel V ont le même
nombre d'éléments.
Dé1nonstration.
Soient B et B' deux bases de 11.
1. Traitons d'abord le cas plus sin1ple où l'une d'elles, par exe1nple B, a un no1nbre
fini n d'élén1ents. Posons i = lB n B'l et procédons par récurrence sur n-i. Pour
n-i = 0, on a B Ç B' donc B = B' puisque B' est une partie génératrice minimale
de V. Supposons à présent n - i > O. On va prouver que la validité du théorème
pour n - i - 1 entraîne sa. validité pour n - i. Pa.r l'hypothèse de récurrence, nous
sa.vons que deux bases de V a.yant i + 1 éléments en commun ont le même cardinal.
2. Supposons à présent que chacune des bases B, B' a une infinité d'éléments. Pour
toute partie finie F de B, posons F' = B'n <F>. F' est une partie libre de <F>.
Par le théorè1ne 1:3, F' est donc contenue dans une base de < F>. D'autre part,
<F> adn1et une base finie, à. savoir F. Par la. pren1ière partie de la démonstration,
on sait que toutes les bases de < F > ont !FI élén1ents et par conséquent F' est
une partie finie de B' (puisque F' possède au plus IFI éléments). Nous avons ainsi
construit une application a de l'ensemble :F des parties finies de B dans l'ensemble
F' des parties finies de B', application définie par a(F) = B'n <F> 'tiF E :F.
On va prouver maintenant que la. réunion des ensembles a(F), où F E :F, est
l'ensernble B'. Soit e' un élément quelconque de B'. Il suffit de prouver que e' est
recouvert par un des a(F). Puisque B est une base de V, il existe une partie finie
F de B telle que e' E<F>. Dès lors e' E B'n <F>= a(F).
On dén1ontre en théorie des ensen1bles qu'un ensemble infini a. le même cardinal que
l'ensernble de ses parties finies, de sorte que IBI = I:FI et IB'I = IF'I· D'autre part,
la(F)I : : ; IFI = IBI car l'image d'un ensemble par une application a un cardinal
inférieur ou égal à celui de cet ensemble, et la(F) 1 ::::; I:F'I = IB'I car un ensemble a. un
cardinal supérieur ou égal à celui d'un sous-ensemble. Comme a(F) est un ensemble
de parties finies de B' dont la. réunion est égale à B', on a aussi 1a( F) 1 > 1B' 1· Il en
résulte que la(F)I = IB'I et par conséquent IB'I < IBI. Pour des raisons de symétrie
évidentes, on a. aussi IBI : : ; IB'I, ce qui achève la démonstration.
•
Le nornbre d'élén1ents con1n1un à. toutes les bases de V est appelé la. din1ension de V
et est noté
din1 ~'
La dimension clim 1/ d'un espace vectoriel V sur le corps J{ est parfois notée din1K V
lorsqu 'on veut préciser le choix elu corps : en effet, la dimension de 11 dépend du corps
sur lequel V est défini. Ainsi ([\ considéré comme espace vectoriel sur ~' est de dimension
1 (car le singleton { 1} est une base) et on écrit dim<C ~ = 1. Par contre ~' considéré
comme espace vectoriel sur IR, est de diinension 2 (car { 1, i} est une base) et on écrit
.
dlffiJR \1..; = . . .
lf'1 •)
Exe1nples.
(1, 0, 0, ... '0), (0, 1, 0, ... '0), (0, 0, 1, ... , 0), ... '(0, 0, 0, ... '1)
en constituent une ba.se. Cette ba.se est appelée la. base canonique de J{n.
2. IR[ X] est de dimension infinie dénombrable car { 1, X, X 2 , •.• , xn, ... } en est une
base.
3. E~ est de dimension 3.
4. Dans tout espace vectoriel li, le sous-espace { o} est de dimension 0 car la partie
vide en est une base .
.5. Si a 1 ~ a 2 , . ..• an sont des fonctions continues de IR dans IR., on dén1ontre en Analyse
que l'ensen1ble des fonctions n fois dérivables de IR clans IR qui vérifient l'équation
différentielle linéaire hon1ogène du n-èn1e ordre
1. On a. prouvé da.ns l'exen1ple 1 de la. page 65 que les vecteurs ( -1, 1, 0),(0, 1, 1)
et ( 1, 0, -1) forn1ent une partie libre de IR?. Con1me cet espace vectoriel est de
dünension :)~ on en déduit in1mécliatement, grâ.ce à. la. propriété (iii) du théorèn1e
16, que cr's :3 vecteurs fonnent une base de ffi.3 , sa.ns avoir à. vérifier qu'ils engendrent
IR3.
y" - 5y' + 6y = 0 ( *)
est un espace vectoriel réel V et on sait par le cours d' Ana.lyse que dim V= 2.
Cherchons des solutions de ( *) de la. forme y( x) = er x où r E lR. En remplaçant
clans l'équation, on obtient
( r 2 - 5r + 6) er x = 0
c'est-à-dire
r
2
- 5r +6 =0 (puisque er x # 0)
d'où on tire
r= 2 ou :3
Les 2 solutions y1 (x) = e2x et y 2 (x) = e3 x de(*)
sont Unéairement indépendantes
(exercice). Grâ.ce au théorèn1e 16 (iii), elles fon11ent un base de V et par conséquent
toute solution de ( *) est de la. forn1e
y(x) = À e2x + 11 e3x
avec À, Jl E IR.
3. Etant donné un nombre réel 1~ quelconque, considérons la fonction fr lR --+ lR
définie par
fr(x)={ ~
SI X= r
si x# r
L'ense1nble L = {fr 1 r E ffi,} est une partie libre de l'espace vectoriel réel IRIR de
toutes les fonctions de IR dans IR. En effet, quel que soit n E IN 0 et quels que soient
les no1nbres réels distincts 1~1, ••• , rn'
c'est-à.-dire
de IR, où 1r = 3, 14159 ... est le rapport de la longueur d'un cercle à son diamètre
et où n E lN. Ln est une partie libre de lR sur <Q, sinon il existerait des nombres
rationnels À0 , À1 , ... , Àn non tous nuls tels que
et 1r serait racine d'une équation polynomiale à coefficients rationnels non tous nuls.
Ceci est impossible puisque 1r est transcendant (théorème de Lindemann, 1882).
Donc Ln est libre Vn E lN et par conséquent lR ne peut pas être de dimension
finie d sur <Q sinon toutes les parties libres de lR sur <Q auraient au plus d éléments
( théorèn1e 16 ( i) ). R.etenons que IR est de diinension infinie sur <Q. Une base de
IR sur <Q s'appelle parfois une base de Hamel; on n'en connaît aucune explicitement!
Soit A1 un matroïde finitaire de caractère fini. Les théorèmes 1.5 et 16 ainsi que leurs
dé1nonstrations, s'étendent à .~1. Il en va. de même pour la notion de dimension.
7.5 Coordonnées
Nous abordons l'un des aspects les plus intéressants de la notion de base d'un espace
vectoriel V: on va. voir co1nment l'idée jusqu'ici un peu vague de "système de coordonnées"
s'interprète avec précision au n1oyen des bases. Examinons d'abord le cas plus simple où
V est de dimension finie n, :
THEOREME 17. Si B = { e-;, ... ,e-;.} est une base d'un espace vectoriel
11 sur J(, alors tout vecteur de V s'exprime d'une et une seule 1nanière
co1n1ne co1nbinaison linéaire des vecteurs de B.
i=l i=l
Alors
Comme B est une partie libre de F, on en tire Xi- xi = 0 Vi, donc Xi= xi.
•
x
En résun1é, lorsqu 'une base B de V est donnée, à. tout vecteur de V correspond un n-
uple ( x 1 , ... , :l~n) d 'élén1ents de J{, ce n.-uple étant formé des coefficients de la. combinaison
linéaire
THEOREME 18. Soit B = {e}, ... ,e~} une base d'un espace vectoriel1/
sur un corps f( et, \1;1! EV, soit x=
:t 1eï + ... + Xne~. Alors l'application
Dén1onstration. Par le théorè1ne 17, 1'a.pplica.tion a- est une bijection et il suffit donc de
vérifier que a· conserve l'addition et la. n1tdtiplication scalaire. Si ;t = L Xiëi et y= LYiei~
on a.
d'où
a( x+ y) = (;r.I +Yb x2 + Y2, ... , Xn + Yn)
= (a~I, X2, · · ·, Xn) +(yi, Y2, · · ·, Yn)
= a:( x) + a( y)
On vérifie de n1ên1e que a:( Àx) = Àa:( x) VxE 11, VÀ E J{.
•
PUB Cours-Librairie, av. P. Héger 42, B-1000 Bruxelles / MATH-F-102_C
BUEKENHOUT F. - DOYEN J. Mathématique linéaire Espaces vectoriels et espaces affins
CHAPITRE 7. B.4.SES ET Dil\1ElVSION 75
Ce résultat fournit une véritable classification des espaces vectoriels de dimension finie,
car il montre que deux espaces vectoriels 11 et 11' de diinension finie sur un même corps
]{ sont ison1orphes si et seulement si di1nK 11 = dimg V'. Autrement dit, à tout nombre
naturel n et à tout corps ]{ correspond essentiellement un espace vectoriel de dimension
n sur ]{, et il n'est pas restrictif de supposer qu'il s'agit de l'espace vectoriel ]{n.
Examinons maintenant comment les théorèmes 17 et 18 s'étendent aux espaces vecto-
riels de dimension infinie.
x
Déri1onstration. Soit un vecteur non nul de 11. Corrune B est une partie génératrice
de V, il existe une partie finie F de I telle que
avec 0 f= ~C·i E f{ Vi E F. Supposons qu'il existe une autre partie finie F' de 1 telle que
x- x= o= LXïei- L xjej
iEF jEF'
Q :x~ (I ~ ]{ : i ~ Xi)
7.6 Applications
Parmi les très non1breuses applications de la théorie qu'on vient de développer, en voici
trois qui sont à. la fois spectaculaires et faciles à. décrire.
Supposons qu'on utilise un code linéaire C (voir pa.ge :30) qui soit un sous-espace de
dimension 16 de IF~ 2 . Comme ICI = 216 = 65.536, il est hors de question de dresser une
liste complète des mots de C pour les comparer à un mot reçu au cours d'une transmission.
Un moyen beaucoup plus sin1ple consiste à. choisir 16 1nots e 1 , ... , e16 formant une base
de C. Pour vérifier si un mot reçu rn appartient ou non à. C, il suffit de chercher si rn est
combinaison linéaire des ei, c'est-à-dire s'il existe des éléments x 1, ... , x 16 de IF2 tels que
rn = L: Xiei (et ceci peut se programmer aisément sur un ordinateur). La recherche des
Xi revient en fait à. résoudre un système de 32 équations linéaires en les 16 inconnues Xi.
Pour 1nieux mettre ce point en évidence, simplifions les données et supposons que C
soit un sous-espace de din1ension 4 de IF~, les vecteurs
e1 = (1,0,1,0,1,0)
e2 =(0,1,0,1,0,1)
e3 = (1,0,0,1,0,0)
e4 = (0,1,0,0,1,0)
1 = X1 + X3
1 = x 2 + X4
0 = XI
1 = X2 + X3
0 = X1 + X4
0 = X2
et ce systèn1e n'a. visiblement aucune solution, donc rn fi: C et on a détecté au moins une
erreur de transmission.
Adn1ettons que l'expérience physique pennette de se persuader que la. fréquence de vi-
bration d'une corde tendue ne dépend que de la tension, de la densité linéaire (masse par
unité de longueur) et de la longueur de la corde. Le physicien postule alors que
(1) fréquence= constante· (tension)a ·(densité linéaire),e · (longueur)1' où a,/3,ï sont
des exposants à déterminer.
C'est ici qu'intervient l'analyse dimensionnelle, qui est un travail purement mathéma-
tique. Les grandeurs utilisées s'expriment en fonction des trois grandeurs fondamentales
L, 1\!f, T par
fréquence = r-1
tension = .A.f LT- 2 (c'est une force)
densité linéaire = JlfL- 1
longueur =L
et
Le cotnpte tenu des aton1es de calcium de part et d'autre, ainsi que le compte des atomes
de phosphore, d'hydrogène et d'oxygène, conduit à.
1~~
2r
- 2,
- 26
4(3 - s,
Ce systètne adtnet (parmi d'autres) la solution
a = :3, /3 = 2, 1 = 1, 8 = 3
et celle-ci est "la. plus sin1ple" en n01nbres naturels non nuls.
En fait, on vient de manipuler des combinaisons linéaires dans un espace vecto-
riel de dimension 4 adtnettant con1n1e vecteurs de base les atomes de Ca, P, 0 et H.
Ceci n'apparaît guère dans les ca.s simples que rencontrent les débutants, mais pour des
équations chin1iques plus con1plexes la vision vectorielle facilite la tâ.che.
<B1 >= lif/1 et <B2>= ll/2 , donc <B> contient lif/1 + lif/2 • Prouvons que B est une partie
libre de lif/1 + lif/2 . Pour cela, considérons une combinaison linéaire nulle des éléments de
B:
d'où
\ . . + • • . +'Arer. . + a1x1-+ ·.• + OsXs. . = - (3-
Ale1 1Y1 - · · ·- (3-
tYt
Le 1netnbre de gauche est un vecteur de H/1 , le membre de droite est un vecteur de H/2 .
Comme ils sont égaux, ces vecteurs sont dans vVI n vv2. De ce fait, le second vecteur
est une combinaison linéaire des eï, ... , e-;. et, comme B 2 est libre, on en déduit que
f3t = ... = f3t = O. Dès lors
1. Si din1 11 = :3 et si di1n lll1 = din1 Hl2 = 2 avec Tif/1 =J. H/2, on a forcément Tll/1 + H/2 =
v et le théorème 19 Inontre que dim(H/1 n H/2) = 1. Autrement dit, dans un espace
vectoriel de dimension :3, deux plans vectoriels distincts ont toujours une droite en
COn1ITIU11.
2. Si dim(lifl1n lif/2 ) = 0 ou, ce qui revient au mê1ne, si H'1.n lifl2 = {a}, dim(H11+ liV2 ) =
din1 H11 + dim H12 • On elit alors que T~V1 + lif/2 est la son1n1e directe de W1 et lV2 .
Remarque. Si Ttll1 et l1V2 sont deux sous-espaces d'un matroïde lv! finitaire de car-
actère fini, on peut démontrer que
et l'inégalité stricte peut avoir lieu, pa.r exe1nple si H/1 et H/2 sont deux plans distincts
parallèles dans l'espace affin de dimension :3 (:3 + (-1) < 2 + 2).
Dén1onstration.
I\1ontrons d'abord que tout vecteur tv
E T'V se décompose de manière unique en une
somn1e w = w1 + w2 où w1 E T~V1 et w2 E T~V2 •
L'existence d'une telle décomposition résulte de ( i). Prouvons son unicité : SI
W - = W-+-
1 Wz = W '+
1 W2
- -+
1
on a. tÜ1 - t;~ = t;~ - tÜ2 • Or ti)1 - t;~ E H/1 et w1- tÜ 2 E Hl2 • Donc
•
Exen1ple. Soit lV = IR.TR l'espace vectoriel des fonctions de IR dans IR. l\1ontrons
que Hl est son1n1e directe du sous-espace Hl1 des fonctions paires et du sous-espace l1V2
des fonctions irnpa.ires :
(i) liV1 + H/2 = Hl {toute fonction f
de IR dans IR est la som1ne d'une fonction paire
et d'une fonction impaire). En effet, on a ·
1 1 .
f(x) = 2(f(x) + f( -x))+ 2(f(x)- f( -x))
Vx E IR et il est facile de vérifier que les fonctions .f1 et f 2 définies par
On en déduit que f( a.~) = - f( ;c), autrement dit f( x) = 0, pour tout x E IR et f est bien
la fonction nulle.
Généralisation
Considérons trois espaces vectoriels Vi, 1"2, 1;J sur le même corps ](. Il existe un isomor-
phisine canonique de
qui applique
((t'i, ·62 L tS) sur (t'i, ('ô2, 't;))
Cet isotnorphisn1e permet d'écrire \li EB 1"2 EB 113 sans ambiguïté.
On procède de mê1ne pour définir la somme directe d'un nombre quelconque d'espaces
vectoriels sur le même corps de J(.
En particulier, J{n est une somme directe J{ ffi]{ ... ffi f{.
Exa.Ininons une som~e directe V = Vi EB V2 EB ... ffi lfn.
Chacun des Vi s'identifie à. un sous-espace de 1/, tout vecteur vi de lti étant identifié à
'l e, l,en1en t (o~
~ .... Vi,
... , o~ .... o, 1 Fl". e.t on a. 1es propne
.... ... , o;:;'\ ce
1
• , t,es smva.n
• t es:
(ii) les Vi sont "linéairement indépendants", ce qui signifie que l'intersection de l'un
quelconque des Vi avec le sous-espace engendré par les divers l;j 'f:. Vi est réduite au
vecteur nul.
alors Hl est ison1orphe à la son1me directe H/1 ffi l/V2 ffi ... ffi ltVn.
7.9 Exercices
1. Les parties suivantes de IR4 sont-elles libres ?
(a) {(0,0,0,0)}
(b) {(1,1,1,1)}
(c) {(1,0, 1,0),(0, 1,0, 1), (1, 1, 1, 1)}
(d) {(l,O,O,O),(l,l,O,O),(l,l,1,0),(1,1,1,1)}
(e) {(2,.5,0,3),(1,2,0,1),(0,4,0,1)}
(f) {(1, 0, 0, 0), (0, 1, 1, -2), (2, 0, -1,4), (3, 1, 0, 2)}
(g) {(1,a,a 2 ,a 3 ),(a,a 2 ,a 3 ,1),(a 2 ,a3 ,1,a),(a3 ,1,a,a 2 ),(1,1,1,1)}
où a E ffi.
2. Les vecteurs {1, -i) ., (2, -1 + 1:) forment-ils une partie libre de (C
2
lorsque ce dernier
est considéré
(1,2,a,1)
(a,1,2,3)
(O,l,b,O)
(1,.5,a)
(0,1,a+l)
(3,2,1)
:) + 7., ...-) +
{ ( r.:: • ') • J
'·) , ( •
fi.. + .5fi.,-
'~ 1- ?... z. ) }
est-elle libre ?
6. Si deux vecteurs d'un espace vectoriel V sont linéairement dépendants, prouver que
l'un des deux est 1nultiple de l'autre.
7. Soit f{ un corps commutatif. Prouver que da.ns l'espace vectoriel /{ 2 ,-les vecteurs
(x 1 , x 2 ) et (y 1 , Y2) sont linéairement indépendants si et seulement si x 1 y 2 - x 2 y 1 =f. O.
Ce résultat de1neure-t-il valable si J{ n'est pas con11nutatif?
9. Les ensembles suivants. sont-ils des parties libres de IR considéré comme espace
vectoriel sur <Q ?
(a) {1,V2,V3}
(b) {V2,V3,J6}
10. Dans IR. considéré con1me espace vectoriel sur <Q, les vecteurs 1 et x sont linéa.iren1ent
indépendants si et seule1nent si :r est irrationnel. Vrai ou faux ?
11. Trouver une condition nécessaire et suffisante sur a et b pour que les vecteurs (1, a)
et ( 1, b) de <C 2 soient linéairement indépendants. 11ême question pour les vecteurs
(1, a, a 2 ) et (1, b, b2 ) de (C 3 . Com1nent les résultats précédents se généralisent-ils dans
(Cn ?
13. Dans l'espace vectoriel réel des fonctions de IRci dans ffi., les trois fonctions
1.5. Les fonctions ft, /2, ... , .1~ de ffi. da.ns IR définies par f 1 (x) = sin x, f 2 ( x) = sin 2x,
... , fn(;~_:) = sin nx sont-elles linéaire1nent indépendantes quel que soit n E IN0 ?
16. Soit V l'espace vectoriel réel des fonctions f : [0, 1] ~ lR. A tout nombre réel 1~
stricten1ent compris entre 0 et 1, on associe la fonction fr E V définie par
fr(x) = { ~ si 0
si 1
~x<
~x ~
r
1
17. Soit P == {2,:3,5, 7, 11,1:3, 17, ... } l'ensemble des notnbres premiers. Dans IR con-
sidéré comn1e espace vectoriel sur ~'
{log 10 p 1pEP}
Trouver les coordonnées dans B des vecteurs (1, 0, 0), (0, 1, 0), (0, 0, 1), ( -1, 2, 3),
(x, y, z).
21. Dans l'espace vectoriel ffi[~X"] des polynômes en .."'>( à. coefficients réels, on considère
le sous-espace H!n des polynôtnes de degré ::; n. Les parties suivantes sont-elles des
base de H!n ?
2:3. Soit V un espace vectoriel de dimension finie n sur ~- V peut être considéré aussi
comme un espace vectoriel sur IR. Quelle est alors sa dimension ?
24. Prouver que J{ = {a+ b/2 + c/3 + d~ 1 a, b, c, d E <Q} est un corps, dont <Q est un
sous-corps. Quelle est la. dimension de J( considéré com1ne espp..ce vectoriel sur <Q ?
26: Détenniner la. dimension du sous-espace H' de 1R.4 formé des vecteurs (x 1 , x 2 , x 3 , x 4 )
tels que
Xt + ~'f3 = X2 - X4 =0
Décrire explicitement une base de Hl.
27. Quelle est la dimension du sous-espace de (C 3 engendré par les vecteurs (1-i, 1+i, 0),
(0, 1 - i, 1 + i), (1 + i, 0, 1 + i) ?
28. Quelle est la. din1ension elu sous-espace de IR4 engendré par les vecteurs (6, -:3,:3, 9),
(4~-·5,2~6), (2,-2,1,:3L (4,-1,.5,6)?
29. Trouver une base du sous-espace de IR(..:\:"] engendré par les polynômes
:3 + :3X + .5X 2
6 + 9X- 5)( 2
12 + 18){- 10): 2
4 + 6){ + X 2
2 + :3)( + 6X 2
:30. Dans l'espace vectoriel réd ffi.[~\·], on considère le sous-ensetnble S formé des poly-
non1es
,,. + C~.l\
a + b~·'\ v2
+ d~"\.·v3
tels que a + b = 1. S est-il un sous-espace de IR[)(] ? Décrire les polynômes
appartenant à <S> et calculer la di1nension de <S>.
31. Dans l'espace vectoriel réel des polynômes en .)( à coefficients réels de degré :::; 4,
l'ensen1ble E des polynôn1es p(~\") tels que
p( 0) = p( 1) = p( 2) =0
est-il un sous-espace '? Si oui, déterminer une base de E. Si non, déterminer une
base du sous-espace <E>.
:32. Soit 1l un espace vectoriel réel de diinension :3. Si {eï, e2, 3} est une base de 1l, en
est-il de mên1e pour
Quelle est la. dimension du sous-espace de IRIR engendré par {fa 1 a E IR} ?
:35. Si { e1, ... , é~,} désignent des vecteurs de la. base canonique de IRn, quelle est la di-
. cu
n1ens1on 1 sous-espace
~ 1 H\.
ce · d 1·'
mn engen e par·1 es ''ecteu1
· ·s ez-
~ e.....1 ou' z.,. J. -- 1, Cj. . . , ... , n ?.
où a, rE ffi. et nE IN ?
38. Dans l'espace vectoriel réel JR_IN des suites de nmnbres réels, les parties formées des
vecteurs suivants sont-elles libres ? génératrices ?
(a) les suites dont tous les tern1es sont nuls, sauf un seul égal à. 1
(b) les suites dont les tenues valent 1, pour un nombre fini d'indices, les autres
tern1es étant nuls
( c) les suites à. tennes positifs
(cl) les suites dont les tennes valent 0 ou 1
(e) les suites bornées
T = C za·1ni3G1'
où C est une constante. Que valent a, /3 et 1'? (on exprimera d'abord G en fonction
des grandeurs fonda.menta.les L, A1, T en utilisant la loi de la. gravitation).
x : IR-+ IR. : t -+ x( t)
42. Soient Hl1 et Hl2 deux sous-espaces d'un espace vectoriel V de diinension 24 sur un
corps}<. Si dim l1'1 = 16 et din1 H12 = 19, que peut-on dire de dim(VV1 n "YV2 )?
43. Dans IR.3 , peut-on trouver deux sous-espaces de dimension 2 dont l'intersection est
réduite au vecteur nul (0,0,0) ? Qu'en est-il dans IR.4 ?
45. Dans un espace vectoriel V de dimension finie n, on considère deux sous-espaces H11
et H12 de dimensions respectives n 1 et n 2 •
Détern1iner les plus grandes et plus petites valeurs de din1(HI1 + 1112 ) et dim(H11 nH12 )
en fonction de n, n 1 et n 2 •
46. Soit V· un espace vectoriel sur un corps /{ et soient H/1, l;f/2, 1+,..3 des sous-espaces de
V. Prouver qu ,on a toujours
n'
mais qu'oiï'Ya. pas toujours
4,...,r. con11)Jen 2
· 1s W· 3 et IF33 possec
· 1es espaces vert.one • 1ent-1·1 s ce
1 vecteurs ?. de bases ·.? c1 e
sous-espaces de dimension 1 ? de sous-espaces de din1ension 2 ?
48. Soit ]{ un corps fini à. q élétnents. Combien l'espace vectoriel f{n possède-t-il de
vecteurs ? de bases ? de sous-espaces de din1ension d (0 ~ d ~ n) ?
49. Soit C le code linéaire engendré dans IF~ par les vecteurs (0, 1, 1, 1) et {1, 0, 1, 2)
(l'alphabet utilisé comporte trois symboles 0, 1, 2). Combien C comprend-il de
mots ? Combien d'erreurs peut-il détecter ? Combien d'erreurs peut-il corriger ?
Prouver que les boules de rayon 1 centrées sur les mots de C forment une partition
de IF;, c'est-à-dire que tout mot de IF~ est à distance:::; 1 d'un et un seul mot de C.
50. Peut-on trouver trois sous-espaces Tif!, 11'17 H12 de lR? tels que Hl EB 11'1 et Hl EB H12
soient isomorphes à IR3 , mais lV1 f; H/2 ?
.51. Dans IR.'-~, on considère les sous-espaces vV1 et vV2 engendrés respectivement par les
a
vecteurs et b et par les vecteurs ë et J définis ci-dessous. Est-il vrai que ffi.4 est
isomorphe à Hï1 EB H/2
est-elle dans Hl ?
( c) Quelle est la dimension de Hl '? (on remarquera que toute suite de vV est
entièren1ent détenninée par la donnée de F0 et F 1 )
( d) La. suite des nombres Fn t.els que
"Chaque mois, la femelle d'un couple de lapins donne naissance à un nouveau couple,
qui se reproduit au même rythme dès l'âge de deux mois. Si on commence un élevage
avec un couple de lapins nouveaux-nés, trouver le nombre Fn de couples présents
après n n1ois (les lapins sont bien entendu supposés immortels)".
Les no1nbres de Fibonacci apparaissent également en botanique : ils sont liés à
l'arrangement des feuilles autour de la tige de certaines plantes (pour plus de détails,
voir par exemple le livre de H.S.M.COXETER: Introduction to geometry, Wiley,
1961, chapitre 11).
Chapitre 8
Dén1onstration.
Si lm A = {o}, alors Ker A = li et la propriété est in1médiate.
w
Si lm A =f {o}, soit { 1 , .•. , tor} une base de lm A. Donnons-nous des vecteurs
vï,. ~.,v-;. E li tels que A(Vi) = züi Vi= 1, ... , r.
Soit {uï, ... , û"k} une base de Ker .4. étant entendu que cet ensemble de ~-=vecteurs est
vide si Ker A = {o}. On va prouver que
90
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BUEKENHOUT F. - DOYEN J. Mathématique linéaire Espaces vectoriels et espaces affins
CHAPITRE 8. RETOUR AUX APPLICATIONS LINÉAIRES 91
r k
v- LXiVi = LYiûj
i=I j=l
r k
ou encore v= LXiVi + LYiuj
i=I j=l
2. Prouvons que B est une partie libre de V. Pour cela, considérons une combinaison
linéaire nulle des vecteurs de B :
LXiA(Vi) =0
i=l
ou encore
•
DEFINITION. On appelle rang d'une application linéaire A la dimension de lm A:
j rang A= dim( lm A) 1
(1) Si A est injective, il est clair que Ker A= {5}. Réciproquement, si l{er A= {o},
alors A( x) = A(Y) =* A( x- il) = o=* x- ilE Ker A =* x- il= o=* x = y et A est
donc injective.
Dé1nonstration.
• Unicité de A. Tout vecteur x de V s'exprime d'une et une seule manière sous la.
forn1e
où XiE J(
•
Exemple : Perspective cavalière.
GL(V)
Lorsque V= ]{n, on pose GL(V) = GLn(I\) ou GL(n, 1\). Ces notations sont classiques
et doivent être n1émorisées.
Il arrive souvent qt~ 'on dispose d'une application linéaire de· V dans V et qu'on désire
vérifier si elle est une pennuta.tion.
1. .4 est injectif
2. A est surjectif
Démonstration. Par le théorème 24, il existe une et une seule application linéaire A
de V dans 11 telle que A( ëi) = h
Vi= 1, ... , n. En outre, lm A= V puisque lm A est un
sous-espace de V contenant une base {.h, ... , /:} de 11. Dès lors, le théorème 2.5 montre
que A est une permutation linéaire.
•
8.5 Représentation linéaire des groupes
Nous abordons à présent un des outils les plus puissants de la théorie des groupes, un outil
fondamental en physique théorique. Seuls les premiers rudiments peuvent être présentés
dans ce cours.
Soit G un groupe et 11 un espace vectoriel sur un corps J{. On appelle représentation
linéaire de G dans V tout n1orphis1ne
p: G--+ GL(V)
c'est-à-dire tout application p de G dans le groupe linéaire général G L( V) telle que
p(gh) = p(g) 0 p(h) Vg,h E G
La dimension de V s'appelle le degré de la représentation de p.
Exemples.
1. Il arrive souvent qu'un groupe G soit défini comme un sous-groupe d'un groupe
linéaire CiL(V) (c'est le cas not.cu11n1ent des groupes orthogonaux et unitaires qui
seront introduits plus tard dans ce cours). Le groupe G est alors livré.· d'e1nblée
avec une représentation li néa.ire, n1ais la. théorie des représentations s'intéresse à
toutes les représentations linéaires de G.
3. Représentation régulière.
Soit G = {g1 , •.. , 9n} un groupe fini d'ordre n et soit J( un corps.
On considère 1'espace vectoriel V dont une base est constituée par les éléments de
G et dont les vecteurs sont les combinaisons linéaires fonnelles (à coefficients dans
I<) des élén1ents de G. Tout vecteur de V s'écrit donc
n
LXr9r avec Xr E f{
r=l
On peut vérifier (exercice) que J\.' G est bien une algèbre associative au sens de 2.2.
4. Représentation pern1utante
Soit G un groupe de pern1uta.tions d'un ensemble fini n = {p1 , . . . , Pn} et soit I< un
corps.
On considère 1'espace vectoriel \1 dont une base est constituée par les points de n
et dont les vecteurs sont les combinaisons linéaires formelles (à coefficients dans f{)
des points den. Tout vecteur de V s'écrit donc
n
L ~"Cr]Jr avec Xr E f(
r=l
8.6 Exercices
1. Soit V un espace vectoriel de dimension finie n sur un corps]{ et soit A un opérateur
linéaire sur 11. Si le noyau de A coïncide avec l'image de A, alors n est pa.ir. Vrai
ou faux ?
2. Dans 1'espace vectoriel JR.3 , existe-t-il des opérateurs linéaires A, B, C, D tels que
.s. Existe-t-il un opérateur linéaire A sur IR? transformant (1, -1) en (1, 0), (2, -1) en
(0, 1) et ( -:3, 2) en (1, 1)?
6. Décrire expliciten1ent un opérateur linéaire A : IR? --+ IR? a.ya.nt comme image le
sous-espace engendré par (1, 0, -1) et (1, 2, 2). Cette condition détermine-t-elle A
univoquen1ent ? Que peut-on dire elu noyau de A ?
7. Décrire explicitement une application linéaire A : lR4 ---; ffi? appliquant IR4 sur le
sous-espace de IR? engendré par (2, 1, 0) et (5, -1, 2). Que peut-on dire de Ker A?
10. Dans un espace vectoriel V, l'in1age d'une base (resp. partie libre, partie généra-
trice) par une pennuta.tion linéaire de li est une base (resp. partie libre, partie
génératrice). Vrai ou faux ?
11. Soit V un espace vectoriel de clin1ension finie n sur un corps J(. V est-il homogène
en
1:3.· Soit \i un espace vectoriel sur un corps comtnuta.tif /\'. Toute hon1othétie
15. L'application
A : IF~ --+ IF~ : (x, y) --+ (y, x + y)
est-elle une permutation linéaire de l'espace vectoriel IF~ ? Etudier son action sur
les 9 vecteurs de cet espace.
Même question pour 1'application
q-2-
n(n-1) II (qt-1)
n
.
i=l
19. Le groupe GL 2 (1F 3 ) est d'ordre 48. Est-il isomorphe au groupe des automorphismes
du cube?
20. Quels sont les groupes finis G dont 1'algèbre de groupe ]{ G est cornmutative ?
Chapitre 9
Espaces affins
100
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CHAPITRE 9. ESPACES AFFINS 101
a : E3 ~ 1r : x ~ a( x) = 1r n ~x
où !::..x est l'unique droite de ~ passant par x. Nous elirons que a est une projection
parallèle de E 3 sur 1r en notant que ct est effectivetnent une surjection.
Si D est une droite de E 3 , a:(D) est une droite de 1r sauf si D E .6., auquel cas a(D)
est un point. Si Pest un plan de E 3 , a(P) = 1r sauf si P est parallèle à. .6., auquel cas
a(P) est une droite de 1r.
En fixant un plan 1r 1 de E 3 qui n'est pas parallèle à. .6. ni à 1r, nous obtenons une
situation très intéressante. La restriction de a à 7r 1 est une bijection de 1r 1 sur 1r que nous
désignerons encore par a. La bijection a conserve une partie de la structure de 1r' : elle
applique toute droite de 7r 1 sur une droite de 1r, deux droites parallèles dans 1r 1 sur deux
droites para.llèles dans 1r, une translation ou vecteur libre dans 7r 1 sur une translation ou
vecteur libre dans 7f, un para.llélogran1me de 1r' sur un parallélogram1ne de 1r, une ellipse
de r.' sur une ellipse de 1r, etc ...
Pourtant, a: n'est pas un isomorphisme du plan euclidien 7r 1 sur le plan euclidien 1r: un
cercle de 1r 1 n'est pas appliqué sur un cercle de 1r mais sur une ellipse et il existe des droites
perpendiculaires dans 1r' qui ne sont pas appliquées sur des droites perpandiculaires dans
1r. Par conséquent, a n'est pas un isomorphisme pour la structure de plan euclidien, tout
en conservant une partie nota.ble de celle-ci. La partie de la structure du plan eucliden
qui est conservée par toute projection parallèle (bijective) de ce plan sur un autre est
la. structure affine de ce plan et le plan muni de cette structure est appelé plan affin.
De mên1e, les propriétés affines sont des propriétés conservées par toute projection
parallèle (bijective) et la. géon1étrie affine est l'étude de ces propriétés ou~ ce qui revient
au même, l'étude du plan affin.
Il faut bien admettre que la. méthode des projections parallèles a un gros défaut : pour
arriver à la. notion de plan affin, il faut plonger un plan euclidien dans un espace euclidien
à trois dimensions. On se voit mal étudier la. géométrie affine à 3 dimensions en plongeant
de même un E 3 dans un espace euclidien à. 4 dimensions.
Un progrès considérable fut a.ccon1pli dans cette voie par EULER(1707-1783)
Considérons encore un plan 7f de E 3 . Etant donné un autre plan 7t' 1 de E 3 , considérons
une projection parallèle a de r. sur 7f 1 et une projection parallèle f3 de 1r' sur 1r. Alors j3 o a
est une bijection de 1r sur r., c'est-à-dire une pern1utation des points de 7f, qui conserve la
structure affine de 1r et qu'on appelle une affinité de 1r. Si r. est n1uni d'un système de
coordonnées cartésiennes (x, y), on peut montrer que les affinités de 1r sont les applications
a b c
p(a,b,c),
n'est autre que la. coordonnée de c dans le repère de E 1 dont a est l'origine et ble point
unité. Ainsi p(a,b,a) = 0, p(a,b,b) = 1 et p(a,b,rn) =~sim est le milieu de [a,b].
Re1narques.
"rapports de section" sont bien sûr fonctions les uns des autres. Celui que nous avons
adopté n'est pas le plus classique, ce qui devrait inciter à. une certaine prudence le
lecteur qui aurait déjà étudié le rapport de section auparavant. Notre choix est
motivé par le fait qu'en lisant p( a, b, c), a apparaît comme origine, b comme le point
unité et c comme un point dont la. "distance" à l'origine est mesurée avec l'unité ab,
--?
c'est-à-dire at = pab, p( a, b, c) étant précisément le résultat de cette mesure.
2. On évitera. d'utiliser l'ancienne notation p = :~ qui était une source de confusion en
laissant entendre qu'il fallait, pour trouver p, calculer le rapport des longueurs de
deux vecteurs, alors que les longueurs n'ont rien à. faire dans la question.
Notons que la structure de droite euclidienne est co1nplétement déterminée par le
rapport de section, c'est-à-dire par la. donnée, pour tout triple de points (a, b, c)
avec a =A b, du nombre réel p( a, b, c). Autrement dit, la structure de droite affine
ne se distingue en rien de la. structure de droite euclidienne. En effet, la notion de
distance est déterminée sur E 1 par le rapport de section et par le choix d'une unité.
Fixons un point origine o et un point unité 1 sur E 1 • Pour tout point x, la distance
d(o,x) = jp(o, l,x)j. Et d(x,y)? Nous sommes tentés d'écrire d(x,y) = d(o,y- x).
Peut-on déterminer y - x grâ.ce au rapport de section et aux points fixés o, 1 ? Oui.
----o--------~o~;----------------------~0~--------~o~-----
0 Y- x x y
Une autre fonnulation du théorème de Thalès ·est que la projection parallèle d'une
droite D sur une droite D' est un isomorphisme pour la structure de droite euclidienne-
affine de D et D'.
En passant, observons ici une nouvelle motivation de la notion de classe latérale, que
l'étudiant trouve parfois rébarbative.
Deux droites de A(F) sont dites parallèles si elles sont des classes latérales d'un
même sous-espace de 1/.
Trois points a. b, c d'une mên1e droite, avec a # b, ont un rapport de section p =
p(a,b,c) si
c-a= p(b- a)
Notons bien que si a, b, cne sont pas alignés, il n'existe pas de p E ]{tel que c-a= p(b-a).
c-a • p(b-a)
Une affinité de A(V) est une permutation des points de A( V) qui applique toute droite
sur une droite, deux droites parallèles sur deux droites parallèles et trois points ayant un
rapport de section p sur trois points a.ya.nt un rapport de section p. On définirait de même
une affinité entre deux espaces affins A( V) et A(l'') où v· et V' sont des espaces vectoriels
sur un n1ê1ne corps ]{.
Exen1ples.
(0, 1) (l,l)
(0,0) (1,0)
l.e plan affin A(IF~) : ses 9 points situés chacun sur 4 droites, ses 12 droites de 3 points,
ses 4 directions de droites parallèles, sa. cathédrale, son musée.
9.3 Translations
Bien que nous ayons décidé de reporter l'étude des affinités à plus tard, nous allons
développer ici celle des translations, qui est fondamentale en géométrie affine.
Un vecteur localisé d'un espace affin A(V) est un couple (a, b) de points de A(11).
Deux vecteurs localisés (a, b) et (c, d) de A(V) sont dits équipollents et on note
(a, b) i (c, d)
SI b-a== d- C
Cette définition est basée sur la structure de 1/ et non sur celle de A( V). Il s'agit pourtant
d'une notion affine car on peut prouver ce qui suit (exercice) :
On vérifie În1n1édia.ten1ei1t que i est une relation cl 'équivalence dans 1'ensemble des
vecteurs localisés de A.( 11) et on appelle vecteur libre de A( 11) toute classe d'équivalence
de cette relation. Si (a, b) est un vecteur localisé, le vecteur libre comprenant (a, b) sera
noté -)o
ab
-)o
t(x) ==x+ a
---)- --jo A
t(:r) ==x+ q- p
\fx E A(V).
Prouvons quelques propriétés fondamentales des translations :
qui est bien une droite de A(V). En outre, celle-ci est parallèle à. x+ D, ce qui permet
de vérifier aisén1ent que t applique deux droites parallèles sur deux droites parallèles.
Si (p, q, r) sont des points alignés ayant un rapport de section p, (t(p), t(q), t(r)) sont
alignés (puisque t applique toute droite sur une droite) et le rapport de section de ce
dernier triple est p car
•
THEOREME 28. Les translations de A(V) constituent un groupe de pennu-
ta.tions con1n1uta.tif stricten1ent transitif sur les point de A( V). En particulier,
ce qui prouve que t2 o t 1 est la. transla.t]on aë. On n1ontre de 1nêrne (exercice) que
-1 __,.
t2 o t1 = t 1 o t 2 et que t 1 = ba.
La. pennuta.tion identique étant une translation de A(V), à savoir la. tr?Lnsla.tion pP
où p est un point quelconque de A(V), il résulte de ce qui précède que l'ensemble des
translations est un sous-groupe commutatif du groupe de toutes les affinités de A(V).
La. stricte transitivité du groupe des translations sur les points de A(V) résulte du
fait que, pour tout couple (p, q) de points de A(V), il existe une et une seule translation
envoyant ]J sur q, à savoir la translation pq.
•
COROLLAIRE. Tout espace affin A(V) est homogène en ses points.
Ceci signifie que tous les points de A(V) ont les mê1nes propriétés ou encore, de manière
plus précise, que le groupe des affinités de A(11) est transitif sur les points de A(V),
c'est-à-dire possède une et une seule orbite.
Il est peut-être bon de rappeler à cette occasion qu'un espace vectoriel 11 (non réduit
a.u seul vecteur nul) n'est jamais homogène en ses élén1ents.
Ren1arque.
Nous a.vons construit les espaces affins à. partir des espaces vectoriels. Il importe de savoir
que le chemin inverse peut être suivi et c'est du reste ce qu'on fait dans l'enseignement
1noyen. Ici, nous nous limiterons à. quelques observations.
A partir de A(V), on peut reconstruire li dès qu'on a choisi le point o, neutre du
groupe V,+. L'addition vectorielle se détermine grâ.ce aux translations : si a, bE V, a+ b
est l'in1a.ge de b par la translation appliquant o sur a.
b ..-------- a + b
La. Inttltjplica.tion sca.1aire se détennine grâ.ce aux droites et a.u rapport de section : si
a E V - o et /\ E J(, Àa est le point de la droite oa vérifiant p( o, a, Àa) = À.
Insistons sur le fait que le point o peut être choisi de manière arbitraire
dans A(V). Cela résulte du fait que A( V) est homogène en ses points. Si nous choisissons
co1nme origine un point o' différent de o, nous obtiendrons un espace vectoriel V' différent
de V, mais 11' sera. isomorphe à. 11 et de plus on aura. A(V) = A(V'). Comment V et V'
sont-ils reliés '? Essentiellen1ent par la. relation
----+ ----+
oa = 00 + o'a
1
a
a+ b = t~a(b)
a+ b = (to'a 0 too')(b)
a+ b =a+' (o' + b)
Le fait qu'on puisse changer d'origine, tout comme on peut changer de base dans un
espace vectoriel, permet de simplifier bien des questions, notamment en mécanique et en
géométrie différentielle. Retenons donc bien qu'un espace vectoriel apparaît co1nn1e
un espace affin centré, c'est-à-dire un espace affin concrétisé par un point.
Si A est un espace a.ffin et o un point de A, l'espace vectoriel obtenu à partir de A en
choisissant o comme origine sera tout naturellement noté A. 0 •
La discussion précédente conduit à la. définition cl 'une base affine. Dans un espace
affin A, un ensen1ble ordonné de points ( o, e1, e2 , ••• , en) est une base affine si et seule1nent.
si {e1 , e2 , ... , t:n} est une base de l'espace vectoriel A 0 • Ainsi sur une droite affine, une
base est constituée de deux points, dans un plan affin une base est constituée de 3 points
non alignés et da.ns un espace affin à 3 dimensions une base est constituée de 4 points
non coplanaires. Le choix d'une base affine correspond au choix d'un "systè1ne
d'axes" en physique (une origine, n axes par celle-ci et un point unité sur chaque axe).
9.4 Barycentres
Voici une illustration frappante des changements d'origine.
Partons d'un espace affin A déduit d'un espace vectoriel V. Nous considérons doréna-
vant les points de A comn1e des points 1nassiques, ce qui signifie que chaque point se
voit attribuer une n1asse qui n'est autre qu'un élément du corps J(. Notons bien qu'il
n'y a pa.s de restrictions sur la. masse (on n'exige pa.s par exemple qu'elle soit positive);
physique1nent diverses grandeurs peuvent donc être représentées de cette façon.
A un ensen1ble de points n1a.ssiques (pi, m1), (p2, n~2), ... , (Pn, rnn) où Pi E A et 1ni E
J(, rious a.lJons associer un barycentre ou centre de n1asse p et une tna.sse résultante
n
rn = L ·n·z·i· Diverses expériences physiques suggèrent de procéder comn1e suit : on fixe
i=l
un point o de A et on définit p pa.r
~
op= 1 "'"'---+
~(Lm.iOPï) (1)
Lmi i
Il faut donc supposer au départ queL 171-i =/:. O. La. nobon de barycentre a.insi définie sera.
a.ffine si elle ne dépend pas du choix du point o. Considérons donc un point o' -j:. o. A-t-on
encore
D'autre part, il est facile de lier le rapport de section de :3 points alignés à la notion
de barycentre : p( a, b, c) = p si et seulement si le point c est le centre de masse des points
(a, 1- p) et (b, p).
En fait, on peut élaborer une définition des espaces affins basée uniquement sur la
notion de barycentre. Cette définition a. l'avanta.ge de ne plus faire intervenir un espace
vectoriel mais seulement un corps de base /{. Nous ne l'expliciterons pas ici.
THEOREME 29.
( 1) Toute paire de points de A( l') est contenue dans une et une seule
droite.
(2) Toute droite de A( 11) comprend au moins deux points, en fait exacte-
n1ent II<I points.
Dén1onstration.
(1) Soit {p,q} une paire de points de A(V). S'il existe une droite comprenant pet q,
celle-ci est de la forme p + D, où D est un sous-espace à 1 dimension de V. Il reste
à prouver qu'un tel D existe et est unique.
Comrne q =f:. p, q - p engendre dans V un sous-espace ]( ( q - p) de dimension 1. Il
est clair que
p+l<(q-p)={p+À(q-p)IÀEI<} (*)
con1prend p (obtenu pour À= 0) et q (obtenu pour À= 1). Ceci prouve l'existence
de D.
D'autre part, si p + D comprend q, on a q = p + d avec dE D. Comme d = q- p,
on en déduit que 1\(q- p) est contenu dans D, et par conséquent 1\(q- p) = D
puisque D est de dimension 1. Ceci prouve l'unicité de D.
(2) Résulte encore de ( *) puisque À prend II<I valeurs et qu'à chaque valeur de À corre-
spond un point de la. droite D.
•
Les propriétés énoncées dans le théorè1ne 29 se résun1ent en disant que l'espace affin
A(V) est un espace linéaire dont toutes les droites ont II<I points.
La droite c01nprenant p et q sera. notée pq.
THEOREME 30. Une partieS d'un espace affin A(V) est un sous-espace si
et seulen1ent si les deux conditions suivantes sont retnplies :
Dé1nonstration.
1. Soit S' une partie de A(V) vérifiant (i) et (ii). Si S est non vide, il faut montrer
que S est une classe latérale d'un sous-espace de V. Soit p un point de S et liV =
{x - p 1 ;1.~ E S'}. Il est clair que 8 = p + Hl et il reste donc à. prouver que W est un
sous-espace de V.
(a.) l1V, + est un sous-groupe de l',+. Pour le· vérifier, il suffit de montrer que la
différence de deux éléments quelconques de Hl est encore un élément de Hf.
Autrement dit, Vx, y E S, nous devons prouver que (y-p)-(x-p) =y-xE Hl.
Or il existe un point q E A(F) tel que xy = pq, d'où il résulte que q E S grâ.ce
à. (ii). Dès lors, y- :r = q- pet comme q- p E Hl, on a. bien y- x E Hl.
(b) V).. E /\, Vx E S', il faut n1ontrer que À(x- p) E Hi. Ceci est immédiat par
l.(a.) si x = p puisque Ào = o E Hl. Si ~r f; p, la. droite px contient le point
y= p+À(:r-p) et con1n1e S vérifie la. condition (i), on a. y E S', donc y-p E Hl,
c'est-à-dire À(x- p) E Hl.
2. Le fait que réciproquement tout sous-espace affin de A(V) vérifie ( i) et (ii) est laissé
con1me exercice.
•
COROLLAIRE 1. Une partie S d'un espace affin A(F) est un sous-espace
affin si et seulen1ent. si les deux conditions suivantes sont remplies:
(2) si D est une droite contenue dans S, toute parallèle à D passant par
un point de S est contenue dans S.
A(V) pourraient alors détern1iner entièrement la structure de cet espace, mais il faut se
garder de tirer une telle conclusion de manière trop hâ.t]ve. En fait, cette conclusion est
valable pour autant que dim V ~ 2 (c'est-à-d]re que A.(V) possède plus d'une droite),
mais la. dén1onstration et l'explication de cette propriété dépassent le cadre de ce cours.
Malgré les nuances dans les affirmations qui précèdent, on peut conclure que les droites
jouent un rôle prépondérant dans la structure d'un espace affin.
•
Pour définir la notion de din1ension d'un sous-espace affin de A(V), nous partirons
encore de la. structure de V bien qu'il soit possible d'introduire cette notion en utilisant
seulement la. structure de A(V).
Ainsi les sous-espaces de dimension 0 sont les points (pardon! les singletons) de A(V)
et les sous-espaces de dimension 1 sont les droites de A( 11). Les sous-espaces de dimension
2 sont appelés plans de A(ll).
THEOREME 31. Soit P un plan d'un espace affin A(V). Si D est une
droite de Pet p un point de P-D, il existe da.ns P une et une seule droite D'
passant par p et disjointe de D. En outre, les droites D et D' sont parallèles,
c'est-à-dire sont des classes latérales d'un mê1ne sous-espace à. 1 din1ension de
v.
•
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CHAPITRE 9. ESPACES AFFINS 115
Pour que ces deux définitions soient équivalentes, il faut convenir, dans la deuxième,
que la partie vide est strictement parallèle à elle-même. L'équivalence résulte alors des
arguments suivants :
Si A = a + Hf et B = b + Hl (A et B sont parallèles selon la 2ème défini ti on), la.
~
•
Une classe d'équivalence de la. relation de pa.ra.llélisme strict sera. appelée une direction
de sous-espaces.
Deux sous-espaces affins strictement parallèles ont nécessairen1ent la même dimension.
Or, de mêrne qu'ons 'intéresse parfois clans E 3 au pa.ra.llélisn1e d'une droite et d'un plan, on
s'intéresse aussi dans les espaces affins A( V) a.u para.llélisrne (non strict) de sous-espaces
ayant des din1ensions différentes. La. définition qui suit s'inspire de cette idée :
Définition. Nous dirons qu'un sous-espace A est parallèle au sens large (ou
simplement parallèle) à. un sous-espace B d'un espace affin A(V), et nous écrirons
A Il B, s'il existe un sous-espace B' Ç B tel que A soit strictement parallèle à B'.
On observera. que deux sous-espaces strictement parallèles sont aussi parallèles au sens
large, ce cas particulier étant d'ailleurs le plus in1portant.
Selon la. tra.di ti on affine, la. dén1onstra.tion est laissée co1n1ne exercice.
Pour ceux qui sont déjà. fa.n1ilia.risés a.vec les notions de point à l'infini et de droite à.
l'infini, nous ferons remarquer que la. proposition :3 revient à dire que toute paire de
points à l'infini est incluse dans une et une seule droite à l'infini.
Lp = {x - p 1 x E L et x =j; p}
Dé1nonstration.
Si Lp n'est pas une partie 11 bre de V, il existe a E L (a =j; p) tel que a - p soit
co1nbina.ison linéaire de vecteurs 1: 1 - p, ... , Xn- pott Xi E L, Xi #pet Xi #a. Donc
n
a- p = L Ài( Xi - p)
i=l
ou encore n
a = p +L Ài (xi - p)
i=l
Par 9.6, <L- {a.}>= Hl+ p où Hl est le sous-espace vectoriel engendré par les vecteurs
x- p où ~?.: E L, ~r # p et x =j; a. Il en résulte que a est dans le sous-espace affin engendré
par L- {a}, donc queL n'est pa.s une partie libre de A( V).
•
THEOREME 33. Tout espace affin A(V) est un matroïde finitaire de car-
actère fini et de dimension din1 V + 1.
Dé1nonstration.
Soit Lune partie libre de A(ll) et soit v E A(~1 )- <L>. On doit prouver queL U {v}
est une partie libre de A(V). Si L est vide, c'est évident. S'il existe un point p dans L,
alors
Lp = {x - p 1 x E L et x =f. p}
est une partie libre de V par le lemme ci-dessus et v- p tf:.<Lp> par 9.6, donc Lp U {v- p}
est une partie libre de 11 et, par le 1etnme~ L U {v} est une partie libre de A( V).
Le faü que le nlatro]'cle A(\/) soit finitaire et de caractère fini résulte, par le lernme,
du fait que le rna.troïcle V jouit de ces propriétés. De n1ême, la diinension de A('l) résulte
i1nmédiaternent cl u lemme.
•
9.10 Une autre définition des espaces affins
La définition adoptée pour les espaces A(V) a l'avantage d'être constructive: la structure
nouvelle est construite à. partir d'une structure connue, celle de V. Cette définition a
pourtant des défauts. D'abord V est non homogène et possède 1nême un point tout à
fait particulier~ l'origine ou neutre o. Par contre A(V) est homogène en ses points et la.
construction doit donc s'accornpa.gner d'un effort d'abstraction : il faut oublier que o est
spécial.
Nous alons donner une définition qui évite ce défaut mais qui a le désavantage d'être
plus abstraite que la. première. Cette définition fut mise au point par H. WEYL vers 1920.
Soit V un espace vectoriel sur un corps J{.
Un espace affin A relatif à l/ est un ensemble de points n1uni d'une application
a :A x A -+ V : (p, q) -+ pq
telle que
pq = -qp, pq = p' q' implique pp' = qq'. On définit aisément une base affine de A et
l'introduction de coordonnées ne pose aucun problème. De même, les notions de droite,
parallélisme, sous-espace, rapport de section, isomorphisme se laissent facilement étudier.
La propriété la. plus importante est sans doute que tout espace affin A relatif à V
est ison1orphe à A(\1), de sorte qu'on n'obtient pas réellement une théorie plus générale
1na.is une théorie plus esthétique.
Signalons enfin qu'il est possible de caractériser les espaces affins en tant qu'espaces
linéaires dont tous les plans sont affins. C'est là un sujet de géométrie pure dont l'étude
est renvoyée à. plus tard.
9.11 Exercices
1. Parmi les notions suivantes, quelles sont celles qui sont affines, c'est-à-dire qui
résistent à. toute projection parallèle bijective d'un plan sur un plan ?
Carré, rectangle~ para.l1élogran1me, losange, trapèze, point, voisinage d'un point,
point d'accumulation d'une suite de points, longueurs égales, 1nilieu d'un segment,
angles égaux, bissectrice d'un angle, angle droit, angle aigu, angle obtus, médiatrice
d'un segment, n1édiane d'un triangle, centre de gravité d'un triangle, courbe, tan-
gente à une courbe, nonna.le à une courbe, point d'inflexion d'une courbe, cercle,
ellipse, parabole, hyperbole, conique, centre d'une ellipse, axes d'une ellipse, sommet
d'une parabole, asymptotes d'une hyperbole, foyers d'une ellipse.
2. Soit G le groupe des affinités du plan. Déterminer les orbites de G et des fixateurs
Go et Goa. d'un po]nt et de deux points. Introduire ainsi la. notion de droite. Montrer
que G est strictement transitif sur les triples de points non alignés.
:3. Etudier les dilatations du plan, c'est-à-dire les affinités appliquant toute droite sur
une droite parallèle (équations, propriétés).
4. Si a, b, c sont des points distincts d'une droite affine avec p( a, b, c) = p calculer les
rapports de section p( a, c, b), p( b, a, c), p( c, b, a), p( b, c, a), p( c, a, b) en fonction de p.
5. Définir une affinité de E 1 co1nme une permutation a de ses points telle que
p(a,b,c) = p(o(a),n(b),a-(c))
pour tout triple de points a, b. c avec a =/= b. l\1ontrer que les affinités de E 1 con-
stituent un groupe stricten1ent 2-transitif sur les points, c'est-à-dire qu'il existe une
affinité appliquant un couple de points distincts donnés sur un couple de points
distincts donnés. Si o est un point origine, 1 un point unité et si x est le rapport de
section p( o, 1, p) pour tout point p E E 1 , montrer qu'une affinité est une application
x --+ x' a.vec
x' = a x + b avec a, b E IR, a =/= 0
6. Dans les espaces affins A(I\ 3 ) indiqués ci-dessous, calculer le rapport de section des
triples de points (a, b, c), pour autant que ceux-ci soient alignés :
]{ a b c
IR (0,0,0) ( -6, -9, 15) (2, 3, -5)
IR (0,0,0) (2, 3, -5) (-6, -9, 15)
IR (3,2,6) (1, -J2, 0) ( 1 +v'2, 1' 3/2)
IR (1, -J2, 0) (:3, 2, 6) (1 +v'2, 1, 3/2)
lll (2,1,3) (1, 1, 1) ( -2, 0, -5)
IH (i,j,k) ('i + k,O, -1 + k) (i+j,j+k,k+i)
IFs (2,1,0) (1,0,2) (0, -1, -1)
IF.s (2,1,0) (1,0,2) (0,-1,-1)
7. Pour quelles valeurs de À E J{ les points (0, 1, À), (1, À, 0) et (À, 0, 1) de l'espace
affin A( 1{3 ) sont-ils alignés si (a.) ]{ = IR, (b) ]{ = <C, (c) ]{ = lF3 , ( d) ]{ = lF5 ?
10. Calculer les con1posantes des vecteurs libres suivants dans les espaces affins A( ]{n)
indiqués :
-7 -7
(a.) ab + .s be - :3ëâ dans A(IR3 ) avec a= (2, 1, -J2), b = (0, O,J2), c = (3, !, 0)
(b) ixy + (:3- i)uv- .sf.ï} dans A(<C 3 ) avec ~r = (1 + 2i,O,-i), y= (3- 2i,i,i),
u = (o, o,J3), v= (1, 1, 1)
-7 -7 4
(c) ab+ cd dans A(IF2 ) avec a= (1,1,0,0), b = (1,0,0,1), c = (0,0,1,1), d =
(0,1,1,0).
1 L Soit 11 un espace vectoriel sur un corps ]{. Si a, b, b', c, c' sont des points de l'espace
affin A( V) et s'il existe un scalaire À E ]{ tel que
13. Dans l'espace affin A(J(n), prouver que la droite passant par deux points distincts
a= (a 1 , ••• ,an), b= (bh ... ,bn) est l'ensemble des points x= (x 1 , ••• ,xn) tels que
14. Soient a = ( 1, 0, -4, 2), b = (:3, -1, 5, -2), c = (J2, 0, 4, 1) trois points de l'espace
affin réel A(IR.4 ). Trouver des équations paramétriques de la droite parallèle à ab
---? ---?
passant par c. Quelles sont les coordonnées du point dE A(IR.4 ) tel que cd = 3ab ?
Quelles sont les coordonnées des points d'appui de cette dernière droite ?
17. Dén1ontrer le théorè1ne de THALES dans tout espace affin A(F) où V est un
espace vectoriel de dimension ~ 2 sur un corps ]( :
Si A, B, C sont des droites de .A(F) pa.ra.llèles deux à. deux avec A=/= B et si a, a' E A,
b, b' E B, c. c' E C avec a, b, c alignés et a', b', c' alignés, alors p(a, b, c) = p(a', b', c').
18. Dans tout espace affin A(V), n1ontrer que deux droites quelconques D, D', munies
de la. structure déterminée par le rapport de section, sont isomorphes (si dim V = 1,
la. structure de A(V) se réduit au rapport de section, de sorte que la structure
"naturelle" de droite affine de D et D' est bien celle décrite ci-dessus).
19. Et~.nt donnés deux points a et b d'un espace affin A(V) sur un corps!{, on dit qu'un
. ---7
point rn E A(1!) est le n1ilieu du bi point {a,~} si ani = mb. Prouver que, lorsque
]{ est de caractéristique :f. 2~ tout bipoint de A(V) possède un et un seul 1nilieu.
Q ue se pa.sse-t-1"l qua.ncl le corps liT.·' est de ca.ra.ctenst1que
, . . ?-- ?.
20. Dans l'espace affin A(IF~), quelles sont les coordonnées du milieu rn de {a, b} SI
a= (1,4,0,2,5) et b= (0,1,2,4,0)?
21. Etant donné$ quatre points a, b, c, d d'un espace affin A(V) sur un corps f{, on
---1- --7
dit que le quadruple (a, b, c, d) est un parallélogram1ne si ab = cd (il en résulte
im1nédia.ten1ent que (a, c, b, d) est aussi un parallélogram1ne ). Si les points a, b, c, d
ne sont pas alignés et si le corps J{ n'est pas de caractéristique 2, prouver que les
diagonales du pa.ra.llélogra.n11ne (a, b, c, d) se coupent en leur 1nilieu. Si J{ est de
caractéristique 2, prouver que les dia.gona.1es d'un parallélogram1ne sont toujours
parallèles.
22. Soient p, q, r, s quatre points quelconques d'un espace affin A( V) sur un corps]{ de
caractéristique :f. 2. IVIontrer que si a, b, c, d sont les milieux respectifs des bi points
{p, q}, {q, r}, {p, s}, {s, 1~}, le quadruple (a, b, c, d) est un parallélogramme.
23. Etant donnés, dans un espace affin A( \1) sur un corps ]{,six points a1?a2,a3,p 1 ,p2 ,p3
distincts deux à. deux avec p1 ,p2,p3 non alignés et a1 E P2P3, a2 E P3PI, a3 E P1P2,
prouver que
(théorème de CEVA)
(théorème de MENELAUS)
..
Faut-il extger que le corps [\' soit comn1utatif ? Que se passe-t-il SI ]{ est de
caractéristique 2 ?
24. Dans un espace a.ffin A( V) sur un corps J( de caractéristique f= 2, les médianes d'un
triangles sont-elles toujours concourantes ?
25. Le groupe T, o des translations d'un espace affin A(l!) est-il isomorphe au groupe
V,+?
26. Si ]{ est de caractéristique 2 (resp. 3) et si li est un espace vectoriel sur ]{, montrer
que toute translation non identique de A(1l) est d'ordre 2 (resp.:3).
27. Soit o- la. pern1uta.tion des poi nt.s du plan affin .4( <V 2 ) appliquant tout point (x, y)
sur le point Ur, y). Prouver que 0' tra.nsfonne toute droite en une droite et deux
droites parallèles en deux droites parallèles. Cependant, a n'est pas une affinité de
A(~ 2 ). Pourquoi ?
28. Soit S un sous-espace affin et p un point d'un espace affin A(V). Montrer que
--+ --+
l'ensemble des points x E A(ll) tels que px = ab avec a, b E S est le sous-espace
stricte1nent parallèle à S passant par p.
29. Soient A. et B deux sous-espaces d'un espace affin A.(V). Si A Ç B, il est clair que
A U B est un sous-espace de A(V). La réciproque est-elle vraie, autrement dit si
la. réunion de deux sous-espaces affins est encore un sous-espace affin, peut-on en
conclure que l'un des deux sous-espaces est inclus dans l'autre?
30. Construire une partition de l'espace affin A(~) en 4 droites gauches ( = non para-
llèles) deux à. deux.
31. Le problètne des écolières. Les :3h~ écolières d'un pensionnat partent chaque jour
en pron1enade~ disposées en À~ rangées de :3 éco]ières. Afin de favoriser les possi-
bilités cl 'a1nitié entre ses pensionnaires, la directrice désire que deux quelconques
des écolières se trouvent une et une seule fois dans la même rangée au cours des
diverses pro1nena.des. Quel est le non1bre n1a.ximu1n de promenades qu'elle peut
organiser en re1nplissant cette condition et com1nent doit-elle disposer les écolières
au cours de chacune des promenades ?
Montrer que, dans le cas particulier où 3k = 3n, on peut résoudre ce problème en
utilisant les espaces affins A(lF~). Ecrire une solution explicite du problème des 9
écolières à. l'aide du plan affin A(IF~).
Trouver une solution du probJèn1e des l.S écolières (djfficile ).
Le problèn1e général des :3A~ écolières, posé en 1850 par le révérend T.P.KIRK11AN,
n'a été résolu co1nplèten1ent qu'en 1968. On montre assez facilement qu'il n'a pas
de solution lorsque h-: est pair, et beaucoup plus difficile1nent qu'il en a une pour
toute valeur impaire de k.
Chapitre 10
Hyperplans
10.1 Définition
Parmi les sous-espaces d'un espace vectoriel V (ou d'un espace affin ou plus généralement
d'un n1atroïde), nous allons nous intéresser particulièrement aux sous-espaces propres
111axÎinaux ou hyperplans.
H est un hyperplan de V si H est un sous-espace de li, si H est distinct de li et s'il
n'existe aucun sous-espace liJ! (distinct de H et 11) tel que H C liJI C V.
Attirons in1médiatement l'attention du lecteur sur le fait qu'il peut être dangereux
d'oublier cette définition au profit d'une autre. En effet, si V est de din1ension finie n,
on verra que tout hyperplan de 11 est de din1ension n -1 et que réciproque1nent
tout sous-espace de diinension n - 1 de V est un hyperplan; ainsi, les hyperplans
de E; sont les plans passant pa.r o et ceux de E;
sont les droites passant par o. Le danger
que nous voulions signaler est que la. propriété précédente n'est plus tout à fait vraie si
li est de dimension infinie : dans ce ca.s, les hyperplans de V sont encore de dimension
din111 - 1 (du reste égale à din1 V), mais il ne suffit plus qu'un sous-espace ait cette
dimension pour qu'il soit un hyperplan. Retenons donc plutôt la définition donnée au
début :
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CHAPITRE 10. HY"PERPLAlvS 125
THEOREME 34. Soit F =]{net soit (at, a2, ... , an) un élément non nul de V.
Alors l'ensemble H des vecteurs (x 1 , x2, ... , Xn) de V tels que
n
LXiai = 0
i=l
est un hyperplan de V.
Dén1onstration
1. H est un sous-espace de V, com1ne on l'a déjà montré en 3.6, exemple (2), page 34.
2. H est un sous-espace propre de 11. En effet, l'un au moins des ai étant non nul, le
vecteur
(0, ... , 0, 1, 0, ... , 0)
dont toutes les coordonnées sont nulles sauf la ièn1e, n'est pas dans H.
cie
:3. H est n1a.ximal. Ils.uff1Prnontrer que pour tout vecteur ji= (p 1 , ••• ,pn) E 11- H,
H et p engendrent 11. Soit~-= ('lfi, ... ,~) un vecteur quelconque de V. Posons
L 1riai = a et L
]Ji ai = /3. Comn1e ji tf. H, on a j3 =j:. O. Alors
donc le vecteur h = ~- a(3- 1 ji est dans H et v= h+ a/3- 1ji, ce qui prouve que
HU {p} est une partie génératrice de 11.
l a21X1
as1X1
...
+
+
a22~~2
..
.
as2X2
+ ·· · +
.•• ,
a2tXt
..
.
astXt
= 0
..
0
.
•
En fa.it, l'ensemble des solutions de chacune de ces équations est un hyperplan si au
moins un des coefficients est non nul, ou l'espace J{t lui-même si tous les coefficients sont
nuls. Il est donc plus exact de dire que vV est l'intersection de n hyperplans avec n ::; s .
•
Re1narque. Ci-dessus, nous somn1es partis d'un système d'équations et nous avons
introduit ensuite un espace vectoriel. En pratique, le contraire se produit souvent : on
part d'un espace vectoriel f{t et on se donne ensuite un systèn1e d'équations. La portée
de cette nuance sera. éclaircie par un exemple. Le système d'équations
détermine un ensemble H12 de vecteurs (x 1 , x 2 ) dans IR? (1iV2 est une droite), un ensemble
vV3 de vecteurs (x 1 , x 2 , x3 ) dans IR? (x 3 est quelconque et H/3 est un plan), un ensemble
H/4 de vecteurs (1~ 1 ,a~ 2 ,~r 3 ,x 4 ) dans IR.4 (:1~ 3 , X4 sont quelconques et H14 est un hyperplan),
etc ...
Le sous-espace des solutions d'un système d'équations dépend donc non
seule1nent du systèn1e mais aussi de l'espace dans lequel celui-ci est étudié.
C'est un fait qui est souvent perdu de vue par les étudiants qui ont fait beaucoup de
géométrie analytique à 2 dimensions; pour eux, l'ensemble des points de IR3 vérifiant
l'équation x 1 = 0 est souvent une droite, alors que c'est un plan !
Anticipation. Le théorème qu'on vient de démontrer, selon lequel toute équation
linéaire homogène LXi
ai = 0 (où l'un au moins des ai est non nul) détermine un hy-
~
perp'lan, possède une réciproque qui sera établie plus tard dans la section consacrée aux
formes linéaires (n1ais on s'en servira déjà. en 10.4) :
· Si H est un hyperplan de l'espace vectoriel J{n, il existe un élément non
nul (at, ... , an) de J{n tel que H soit l'ense1nble des solutions (xl? ... , an) de
l'équation linéaire homogène
n
L:xiai = 0
i=l
En outre, si (b 1 , .•. ,bn) E f{n est tel que H soit l'ense1nble des solutions de
n
LXibi = 0,
i=I
alors il existe un scalaire À non nul tel que bi = aiÀ Vi= 1, ... , n. Bref, best un n1ultiple
à droite de a. Ceci nous conduira plus tard à distinguer des espaces vectoriels à droite
(où les scalaires s'écrivent à droite des vecteurs), par opposition aux espaces vectoriels (à.
gauche) étudiés jusqu'ici (où les scalaires s'écrivent à gauche).
(1) pour toute base B de 11 et tout point bE B, le sous-espace <B- {b}> est
un hyperplan de V
(2) pour tout hyperplan H de 11, toute base B' de H et tout point x E V- H,
B' U {x} est une base de V
(3) un sous-espaceS de l'est un hyperplan de 11 si et seule1nent si dim S = n-1
(4) tout. sous-espace S de l' est 1'intersection des hyperplans de V qui le con-
tiennent.
Dén1onstration.
( 1) <B- { b} > est un sous-espace propre de V car B est une partie génératrice minimale
de V. En outre, <B- {b}> est maximal en vertu du théorème 14 (page 69) selon
lequel <B>= l'couvre <B- {b}>.
(2) B' U {.1:} est une partie libre de V par le théorètne 10 (page 6:3) et c'est une partie
génératrice de 1/ elu fait que H est un hyperplan de V. Pa.r conséquent, B' U {x}
est une base de V.
(4) Soit 1-{ l'ensemble des hyperplans de 11 qui contiennent S'et soit S'l'intersection de
ces hyperplans. S' est forcén1ent un sous-espace de V contenant S (même si 1i est
vide, c'est-à.-dire si S'= l..-). Il faut prouver que S'= S''.
Procédons pa.r induction suri= n-dimS. Pour i = 0, S =V et S =S'. Supposons
i > O. Alors il existe un point p E 11 - S. Distinguons deux cas :
THEOREME 36.
• Si l'un des ai est non nul, alors H est un hyperplan affin de A(I<n) et plus
précisément une classe latéra.Ie de l'hyperplan vectoriel S de f{n (en particulier
H est parallèle à. S).
• ·si tous les ai sont nuls et b = 0, alors H = A(I<n).
Démonstration. Les deux dernières affirmations sont évidentes. Si 1'un des ai est
1
non nul, H est non vide : par exen1ple, a 1 =1= 0 implique que (ba: , 0, ... , 0) E H. Soit
(x 1 , ... , xn) = x une solution de (1). Alors, pour toute solution (Yb ... , Yn) = y de (2),
onax+yEHcar
L(Xi + Yi)ai = L(xiai + Yiai) = L Xiai + LYiai = b+ 0 = b
Donc la. classe lat.éra.le :r + S' est contenue dans !-!. I'/[ontrons que H est contenu dans
x+ S: si (x~~, .... x~~)= x' E JI, on a. :r'- xE S (autren1ent dit x' Ex+ S) car
:LC<- Xi)ai = I)x~ai- Xïai) = L x~ai- L Xiai = b- b = 0
i i i
•
On vient de voir qu'une équation ll.n.éait"e détermine un hyperplan affin
(sauf accident). En fait, tout hyperplan affin peut être déterminé par une équation linéaire,
grâce au résultat anticipé en 10.2 et à l'argument suivant :
LXi ai = L Pi ai
i i
•
COROLLAIRE. Considérons un système des équations linéaires non homogènes
à t inconnues, à coefficients dans un corps commutatif I< :
Alors l'ense1nble S'des solutions du système (1) est un sous-espace affin de A(I<t).
Plus précisément, 8' est une classe latérale du sous-espace vectorielS de ]{t, ensem-
ble des solutions du système (2) (sauf si S'est vide).
Déri1onstration.
Par le théorèn1e :36, les solutions de chacune des équations du système (1) constituent
un sous-espace affin de A(I<t), donc. S' est une intersection de sous-espaces affins, c'est-
à-dire un sous-espace a.ffin.
Si S'est non vide, soit 7J E S'. Alors les raisonnements effectués dans la démonstration
du théorè1ne :36 n1ontrent que 8' = S +p.
THEOREME 38. Soit H un hyperplan d'un espace affin A(V) et soit D une
droite de A (11). Si D n'est pas pa.ndlèle à. H, alors D n H est un point.
Dé1nonstration.
Nous donnerons celle-ci en dimension finie n.
On a vu que H est 1'ensemble des solutions ( x 1 , •• •, xn) d'une équation linéaire
n
LXiai = b
i=l
où l'un des ai est non nul. De même, D est l'ensemble des points (x 1 , ... , Xn) déterminés
par des équations paramétriques
(t E /{; i = 1, ... , n)
car D est une classe latérale p +Do d'une droite vectorielle Do = !{a, où a est un vecteur
non nul de 11.
L'intersection H nD est constituée des points (x 1 , ... , xn) tels que
n
L(Pi + tai)ai = b (1)
i=l
Or L aiai # 0 du fait que D n'est pas parallèle à H. Donc (1) possède une et une seule
i
solution t dans f{ et par conséquent D n fi est réduit à un point.
•
THEOREME 39. Si 1-I est un sous-espace propre d'une espace affin A(l/} tel que
toute droite non parallèle à. H coupe fi en un point, alors JI est un hyperplan de
A( 11).
•
THEOREME 40. Soit H un hyperplan et S un sous-espace d'un espace affin
A(11).
Dén1onstration.
(1) S contient au moins une droite sinon S serait parallèle à H. Pour la même raison,
S contient au moins une droite non parallèle à H et, par le théorème 38, celle-ci
coupe H. Donc H n S est non vide.
Soit p un point de Sn H. Si D est une droite de S, désignons par D' la parallèle à
D passant par p. La droite D'est dans S par le corollaire 1(2), page 112. Si D n'est
pa.s parallèle à Sn H, D' n'est pa.s dans Sn H, donc pas non plus dans H et de
ce fait, D n'est pas parallèle à H; par le théorème 38, D coupe H en un point qui
est forcément dans Sn 11. En résumé, dans S, toute droite non parallèle à Sn H
coupeS n H en un point. Par le théorème 39, Sn H est donc un hyperplan de S.
(2)
Ceci est une n1anière tra.ditionnel1e de représenter une droite de A(I< 3 ) à l'aide
d'un système d'équations linéaires. Elle est facile à. n1émoriser 1nais pour l'utiliser
correcten1ent, on devra toujours être conscient elu danger qu'elle présente et de son
contenu réel : ainsi (2) n'a pas de sens ·si bi- ai =O. Une forme plus correcte mais
difficile à mémoriser serait :
IL Deux droites ab et cd déterminées comme en (1) par des points a, b, c, d seront para-
llèles si et seulement si b - a et d- c engendrent le même sous-espace à 1 dimension
de 1{ 3 , c'est-à.-dire si
pour un certain À E J(. Sous une forme plus traditionne1le~ utile mais dangereuse :
(4)
(7)
De plus,
(8)
IV. Etant donnés deux plans non parallèles a et f3 d'équations (5) et (6), an f3 est une
droite (le prouver) déterminée sous forme statique par le système constitué de (5)
et (6). Comn1ent trouver deux points de cette droite afin d'en obtenir une vision
cinérna.tique? En résolvant le syst.èn1e des deux équations (5) et (6).
(10)
10.7 Exercices
1. Soit 11 = IR[ ..Y] l'espace vectoriel des polynômes en X à coefficient réels. Les sous-
espaces ci-dessous sont-ils des hyperplans de 1/ ?
H/1 = {ao + a1)( 2 + az){ 4 + ... + an~yzn n E IN, ai E IR}
1
4~ Soit H un hyperplan d'un espace affin A( V). Prouver que tout sous-espace de A(V)
disjoint de fi est parallèle à. }] . Cette propriété caractérise-t-elle les hyperplans de
A( V), a.utre1nent dit si S est un sous-espace de A.( V) et si tout sous-espace disjoint
de S est parallèle à S, peut-on conclure que S est lin hyperplan ?
5. Dans l'espace affin réel A(IR3 ), trouver une équation du plan passant par le point
(2, :3, -1) et par la droite d'équations
2:r- y+ 1 = 0
{ :r+z=O
3x + 2y - z + 4 = 0
x- y- 2z +À= 0
6x - y + f..lZ - 3 = 0
9. Dans l'espace affin A(J(n) où f( est supposé cornrnutatif, on considère deux hyper-
plans H 1 , H 2 non parallèles d'équations
où À, f..l E /{,avec (À, p) = (0, 0) et rnontrer que tout point de A(I<n) n'appartenant
pas à H 1 n 112 appartient à. un et un seul de ces hyperplans.
2x + 3y + 5z + 1 = 0
et 4x - y - 7z - 5 =0 ,
étudier
12. Trouver une équation du plan de A(lll3 ) passant par le point (7, -1, 3) et parallèle
au plan d'équation x+ 5y- z + 10 =O.
13. Dans A(IR3 ), trouver des équations de la droite passant par le point (-3, .5, 10) et
parallèle à la. droite d'équations
.T. + 2y -
z - 1 =0
{ :3x + y + z + 4 =0
14. Trouver une équation du plan de A(lR3 ) passant par les points p - (5, -2, 4),
q = (1, -7, 3) et parallèle à la droite d'équations
x=O
{ y=O
1.5. Trouver une équation du plan de A(JR.3 ) passant par la droite d'équations
x+y-z-1=0
{ 2x-y+z+3=0
et parallèle à la. droite d'équations
5x + 2y- z = 0
{ x+y+l=O
16. Trouver une équation du'plan de A(1R.3 ) passant par le point (4,-1,0) et parallèle
aux droites d'équations
x+y=O J~-y=O
{ y-z=O et
{ y+z+l=O
x - 2y + z - :3 = 0
{ 2~~ - y - z + 1 = 0
22. Trouver des équations de la droite de A(IR3 ) passant par le point ( 1, -3, 2), para.llèle
au plan d'équation
:3x + y - 5z + 8 = 0
et s'appuyant sur la. droite d'équations
x-2=y+l=_:
4 2
23. Trouver des équations de la. droite de A(ffi.3 ) parallèle aux plans d'équations
:3x- 7y + 2z- 11 = 0
x+l y-5
--=--=z+IO
4 2
Trouver des équations de la projection de D sur r., parallèlernent à la droite passant
par (0, 0, 0) et (2, -3, 7).
D 1 { x+z=O
y-1=0
26. Montrer que, quels que soient les nombres réels À et Jl, le sous-espace D>..JJ. de A(IR?)
d'équations
{~y-~=~
est une drojte. Soit .6. l'ense1nble des droite D>..t lorsque ). et Il parcourent lR.
1·
l\!Iontrer que ~ est une partition de A(ffi?), c'est-à-dire que tout point de A(IR?)
appartient à une et une seule droite de .6.. Peut-on en conclure que .6. est une
direction de cl roi tes '?
Chapitre 11
La théorie des hyperplans nous a donné une interprétation géométrique des systèmes
d'équations linéaires ho1nogènes. Reprenons plus en détail ce thème capital pour les
applications.
Considérons un espace vectoriel J{t sur un corps c.oininutatif J( et un systèn1e de .s
équations linéaires ho1nogènes à t inconnues, à coefficients dans ]( :
l a21 Xt
.
..
as1X1
+
+
a22X2
.
..
as2X2
+ .. . +
+ ·· · +
a2tXt
..
.
astXt
=
= 0
0
..
.
L'ensemble Hl des solutions de (S), c'est-à-dire des vecteurs (xt, ... , xt) E J{t vérifiant
chac_une des équations de ( S), est un sous-espace de f{t.
Apprenons d'abord à. noter ( S) sous une forme plus compacte, indispensable en vue
de longs développen1ents théoriques. pa.r exemple en n1éca.nique et en physique mathén1a.-
tique:
t
(S) I:: ClijXj = Û (i=l, ... ,s)
j=l
an
a21
..
.
a12
a22
..
.
. •.
. •.
ait
a2t
...
l
asl a22 Clst
et qu'on appelle n1.atrice du système (S'). Dans la suite du cours, on donnera une
définition plus précise de ce qu'est une matrice et on étudiera cette notion de façon plus
approfondie. Ici les matrices seront utilisées en tant que représentation économique (elle
dispensent d'écrire les xi) d'un systè1ne d'équations linéaires homogènes.
Résoudre le système d'équations (S) consiste à. "déterminer" le sous-espace Hl des
solutions de (S), ce qu'on réalise en décrivant de manière explicite une base de 11V.
Il s'agit là d'un problème capital en raison des applications innombrables qu'on en
fait dans toutes les sciences. On verra que sa solution peut être obtenue de manière
mécanique grâce à la 1néthode d'élin1ination de GAUSS, dont l'usage remonte en
fait à l'Antiquité.
En pratique, la résolution d'un système par la méthode de Gauss peut être laborieuse,
par exemple s'il s'agit d'un système de .5 équations à. .5 inconnues dont aucun coefficient
n'est nul. Cette n1éthode n'en est pas 1noins la plus rapide de celles qui peuvent s'appliquer
à n'importe quel systèn1e, et il est aisé de la. progra1nmer pour un ordinateur. Certains
ordinateurs peuvent résoudre un système de 100 équations à 100 inconnues en 10 secondes
et ce pour moins de 50 francs (d'après B.NOBLE: Applied Linear Algebra, Prentice Hall,
page 215). On hésiterait cependant à leur confier un système de 103 équations à 103
inconnues dont la plupart des coefficients seraient non nuls.
Certains s 'in1a.ginent qu'un mathématicien, voire même un physicien, ne doit plus être
capable de résoudre un systèn1e d'équations linéaires, puisque ce travail peut être exécuté
par une machine. Cette opinion dénote une ignorance profonde de ce qu'on peut demander
à un ordinateur. D'abord il est peu rentable pour un chercheur pressé par le temps de
confier la résolution d'un "petit" syst.è1ne à. un ordinateur car il devra attendre son tour·
parmi d'autres utilisateurs, alors qu'il est possible d'exécuter ce travail rapidement à la
main. ~1a.is le handicap suprême est qu'un chercheur rencontre fréquemment des systèmes
dont certains coefficients dépendent d'un paramètre et il n'est pas facile de faire résoudre
de tels systèmes par une machine.
~
- 0
( 1) { Xt X2 X3 :
(2) { Xt X2 0
0
0
= 0
On a donc
x = L + L XiëiXïëi
iEA
iEB
= L(- L O.ïjXj)ëi + L Xjej
iEA jEB jEB
L Xj(ej- L aijëi)
iEB iEA
la matrice de ce système. Désignons pa.r L 1 , ••• , Ls les premiers membres des s équa.tions
de (S). Chacun des Li s'identifie à. un vecteur (ai 1 , ••• ,ait) de J(t qu'on a.ppelle aussi la.
ièn1e ligne de la. n1a.trice [aij]·
Le résultat suivant est fonda.n1ental :
THEOREME 42.
(1) Tout système déduit de (S') en remplaçant un des Li par un multiple ÀLi
(où ).. E J( et À # 0) est équivalent à (S).
(2) Tout systèn1e déduit de (S') en remplaçant un des Li par Lï+ÀLj (où À E J(
et i # j) est équivalent à. (S).
La. démonstration est laissée comn1e exercice. Attirons l'attention sur le fait évident
(mais qu'on a. souvent tendance à oublier) qu'en (2) il n'est pas nécessaire de supposer
).. #o.
Le résultat suivant, dont la dé1nonstration expose la méthode d'élin1ination
de GAUSS, va. exploiter le théorème 42 pour remplacer progressivement (S) par un
système réduit équivalent :
THEOREME 43. Tout systèn1e d'équations linéaires hon1ogènes (S') est équivalent
à. un systèn1e triangulaire.
Dé1nonstration.
1ère étape. ~1ontrons que (S) est équivalent à. un système de la forme
En effet, si tous les coefficients O.it sont nuls, le systètne donné est de la forme (S1 ). Sinon
un des aii est =/:. 0, en n1odifia.nt l'ordre des équations de (S), on peut remplacer (S) par
un système équivalent (S') où a 11 =/:. O. Dès lors, (S') est équivalent au système (S")
obtenu en remplaçant la 2ème équation par
t t
an(L:: a2ixi)- a21(L:: aiixi) = 0
j=l j=l
c'est-à-dire pa.r une combinaison linéaire des deux premières équations de (S'), combinai-
son qui "élÏlnine" x 1 puisque le coefficient de x 1 sera. a 11 a.2 1 - a21an = O. L'équivalence
des systè1nes (S') et (S") résulte du théorème 42 qui permet de 1nultiplier la 2ème ligne
par "a 11 =/:. 0 et de modifier la. nouvelle ligne ainsi obtenue en y ajoutant un multiple
quelconque de la 1ère.
En répétant ce processus pour toutes les lignes après la 2ème, on obtient un système
de la forme (SI) équivalent à (S).
2èine étape. En appliquant la 1ère étape au "sous-système" de (SI) formé des s- 1
dernières équations, on voit que (51 ) est équivalent à. un système de la. forme
•
COROLLAIRE. Tout systèn1e d'équations linéaires hon1ogènes triangulaire est
équivalent à. un systèn1e réduit.
•
Exe1nples.
{
XI
{ Xt
1. 2xi + 5~r2 + 2x3 - 0 ----+ X2 + 8x3 - 0
:3xi X2 4x3 - 0 7x2 + 5x3 0
+ 2x2 - 3x3 - 0 XI - 0
----+
{ Xt
X2 + 8x3
6lx3
- 0
0
----+
{ X2
X3 -
0
0
+ 2x2 +
~
X3 - 0 2x2 X3 - 0
l
XI
2.
2xl + .sx2 + 2x3 - 0
----+
Xt X2 + 4x3 - 0
XI + 4x2 + 7x3 - 0 2x2 + 8x3 - 0
XI + :3x2 + :3x3 - 0 X2 + 4x3 - 0
XI + 2x2 X3 0
----+
~
l
{ Xt
X2 + 4x3
- 9x3
0
0
- 0
0
0
0
----+ { Xt + 2x2
X2 +
X3
4x3
-
-
0
0
X2 + 4x3 0
dont les solutions sont les vecteurs (9;r 3, -4x 3, x 3 ) = x3( -9, 4, 1) constituant le sous-
espace à. une diinension engendré pa.r (9,-4,1 ).
XI + ÀX2 + X3 - 0
3. (S)
{ Àxi
Xl
+
+
X2
X2
+
+
X3
Àx3
-
-
0
0
où À E IR
XI + ÀX2 + X3 - 0
----+ (SI)
{ (1- À2 )x2
(1 - À)x2
+
+
(1 - >.)x3
(À-1)x3 -
0
0
. Attirons encore une fois 1'attention sur le fa.it que, grâce au théorème 42 (2),
lorsqu'on ren1pla.ce la. 2èn1e équation du systèn1e (S') pa.r
XI + À:r2 + X3 0
{
(1- /\ )x 2 2
+ (1 - À)x3 - 0
(À 2 + À2 - 2)x3 0
Àx2 + x3 - 0
(1- À)(1 + À)x2 + (1- À)x3 - 0
(À- l)(À + 2)x3 0
1
2 .s2 -32 ]
[ :3 -1 -4
---7
[ 1
0
2 -3 ]
1
0 -7
8
.s
---7
[ 1 2 -3 ]
0 1 8 ___,.
0 0 61
[~0 ~0 ~]
1
l a21X1
a.sl ~r1
+
a22:r:2
a ..,2;1~2
+
+ ... +
+ a2tXt
ast ;c: t
-
-
b2
b.<;
t
(S) L aijXj =bi (i=1, ... ,s)
j=l
On a vu en 10.4 que les solutions de (S') dans A( /{ 1·) constituent un sous-espace affin
H! et que, si Hl est vide, c'est une da.sse latérale du sous-espace Hl' des solutions de
(S'). Ceci revient à. dire qu'il suffit de déterminer 1'espace Tif!' des solutions de (S') et une
solution particulière de ( S) (cette idée se retrouve dans une foule de questions concernant
les équations différentielles linéaires).
Con11nent résoudre les systèn1e (S) '? Par "résoudre", on entend
2. clans le cas où Hl est non vide, trouver une solution du système (S) et une base x
e~, ... , e: de Hl', ce qui permet un contrôle total de VV puisque ce dernier est alors
l'ense1nble des vecteurs
où Ài E ]{
Nous avons vu comment on peut déterminer une base de Hl' par la méthode d'élimina-
tion de GAUSS. La même méthode permet soit de construire une solution explicite du x
système (S), soit de vérifier que Hl est vide. En fait, on va. voir que tout le processus de
résolution peut se ramener à la résolution cl 'un systè1ne de .s équations linéaires homogènes
à t + 1 inconnues, à. savoir
+ + +
~
a12~D2 a1 t~rt b1xt+I 0
anx1
(S")
a21X1 + a22:r2 + + a2tXt b2Xt+I - 0
l
2xl
~l:l X2 + X3 + 2~r 4 - -1
3:rl + 2:r.z + 2~:3 + :r4 0
~rl + a:z 3x3 :r4 0
+ +
~2x1
- 3x2 2x3 + 5x4 3xs 0
X2 X4 xs - 0
X3 + 2xs - 0
x4 + 7xs - 0
Pour ceux qui estiment que la méthode proposée ci-dessus est trop lourde au point
de vue des notations, observons que tous les calculs peuvent se faire en supposant
consta1nrnent que x 5 = 1 (c'est-à.-dire en n'écrivant pas x.s). Notons aussi qu'on
peut 1nême se dispenser d'écrire les Xj et travailler, comme nous l'avons fait dans
un chapitre précédent, avec la matrice
[l
-3
~l
52
-1 21
2 12
1 -3 -1
{ ·) XJ
+ 2x2 .sx3 2
...,.T.J :3x2 + 4~~3 4
4xt + X2 6:c3 = 8
La résolution du système homogène augmenté conduit à
{ xr
+ 2x2 .sx3 2x4 - 0
X2 2x3 - 0
0 - 0
c'est-à-dire
x1 = X3 + 2x4
{ :1;2 = 2x 3
dont l'ensen1ble des solutions est forn1é des vecteurs
Ce système conduit à
2xt - 3x2 - X3 = 0
{ - X3 = 0
qui ne possède visiblernent aucune solution telle que 1: 3 = 1~ de sorte que le systèrne
initiai a. un ensernble de solutions vide.
L'étude des systèmes d'équa.tions linéaü·es ne se termine pa.s ici. Elle sera reprise dans
le chapitre suivant, en liaison avec une étude approfondie des matrices.
11.6 Exercices
1. Dans l'espace vectoriel IR7, on donne le système d'équations linéaires homogènes
•)
xl - .... x2 0
{ X3
X4 + 3xs
0
0
. . 3
(f) clans IR
2x3 0
3x3 - 0
(g) dans IR.3
X3 - 0
X3 = 0
(h) dans (C 3
(1 + i)x 1 + (2- i)x2 + X3 - 0
'lXI - 0
+ ;r2 ·+ :3x3 = 0
( i ) cl ans IF~ + :3;r2 + 4x3 0
+ :lr2 + x3 0
2xl + x2 + 3x3 - 0
(j) dans IF~ x1 + :3x2 + 4x3 0
4xl + :3x2 + X3 - 0
ïx2 + :3x3 + .5x4 0
(k) dans IR.4
4x 2 + 6x3 + 2x4 0
+ 6:r2 0
+ :):r2 + 0
2xt + 0
4
(1) da.ns ffi. 0
0
xl + 2x2 + - 0
l
X3 5x4
2xl 2x3 0
(1n) dans IR4
X2
X1 + X2 X3 + 3x4 0
2xl 2x3 + 2x4 - 0
xl + 2J~2 + X3 + ;(:4 0
4
2x2 + X3 + x4 0
(n) dans IR XJ + X3 x4 0
-2xl + X2 + X3 - 0
xl 2x2 2x4 - 0
(o) dans IR5 { 2x3 + X4 - Xs - 0
4x1 + 7x2 + X3 + X4 + Xs = 0
(p) clans IR 5
{ xl
XI
+
+
2x2
:l~2
+ X3 + ;(:4
+
+ x.s
= 0
0
2J:l 4:r 2 + X3 lO:r4 + 2x.s 0
(q) dans 1Il"5
l ~h:l
.Sx1
3x1
4xl
+
+
+
:3.T2
•)
.... x2
lll~2
5x2 +
7:7:3
3x3
6x3
2x3
+
24x4
l:3x4
2x4
+
+
+
llx.s
4xs
Xs
-
-
-
0
0
0
0
-3xl + 2x2 + X4 - 0
(r) dans IR5
-6x1 + 'ix2 + 4xs - 0
Xl X2 + X3 - 0
5x1 .5;T.2 - l~4 0
2xt + ll:r2 - 28xs - 0
:3. Un systèn1e d'équations linéaires homogènes a. toujours une solution non triviale
quand le nombre t d'inconnues est plus grand que le nombres d'équations. \frai ou
faux ?
4. Soit (S) un système des équations linéaires à t inconnues, à coefficients réels. Si (S)
a une solution non triviale dans Qj\ prouver qu'il a aussi une solution non triviale
dans IRt .
.5. R.ésoudre chacun des systèn1es suivants dans l'espace vectoriel f{t indiqué, en dis-
cutant d'après les valeurs des pa.ra.n1ètres À, fl~ 11 E f( :
2 { ÀXt + ~r2 0
(a) dans IR xl ~t:2 = 0
Xl + X2 = 0
{ ÀXt + X2 - 0
(b) dans IF~ xl X2 0
xl + X2 - 0
Àx1 + + X3 0
{
x2
3
( c) dans ffi. :rl + .,.\;r2 + ;7;3 = 0
:ri + .r2 + ÀJ~3 0
- 0
4
(cl) dans lR 0
- 0
( e) da.ns IR3
z - 0
(f) clans IR3 + z - 0
+ Àz 0
(.-\+3)y + z 0
(g) dans IR?
6y (.-\ + 4)z 0
(3.-\ + 8)y Àz 0
5y + z 0
Àx1 + J;2 + X3 + X4 0
(h) dans ffi.4
x1 + ,.\:r2 + X3 + X4 - 0
x1 + ~r 2 + Àx 3 + ~r 4 == 0
x1 + x2 + X3 + Àx4 0
Àx1 + p;r.~2 + vx3 0
(i) dans lR3
jlXI + l/X2 + ÀX3 0
l/X1 + ÀX2 + jlX3 0
X1 + X2 + X3 0
0
(k) dans lR4 0
0
( i) dans tout carré magique :3 x 3~ le nombre figurant dans la. case centrale est égal
à. S'/3, où S est la. constante du carré. Ce résultat peut-il se généraliser aux
carrés magiques n x n avec n. irnpa.ir ?
(ii) tout carré ma.gique 3 x 3 est de la. forme
a-b+c a a+b-c où a, b, cE IR
(iii) dans tout carré magique 4 x 4, la. somn1e des no1nbres figurant dans les 4 cases
centrales est égale à la. constante S du carré. Ce résultat peut-il se généraliser
aux carrés magiques n. x n. avec n pair ?
(iv) tout carré n1a.gique 4 x 4 est de la. fonne
d+e+h a b c-e+h
oit a, b, c, d, e, j, g, h E IR
b-g+h c d a+g-h
2:r2
X3
2x3
-:3
-2
:z:2
2x2
+ X3
X3
4x3
4x3
0
-:3
-3
-6
{ XI
-XI +
X2
X2
+
+
X3 -
X3 -
1
0
{ .5732x + 2134y + 21:34z - 7866
(h) dans A ( IR.3) 2134x + .5732y + 2134z 670
3xi
XJ
4;ri
6xi
+
ïx2
21:34y
+ 6x3
11x2 + 8x3
l.Sx2 + 11x3
22x2 + 16~'l:3
+ 5732z -
+
+
+
+ 6x4
2x4
3x4
4x4
11464
5xs
.Sxs -
7xs
lOxs
-7
-4
-6
-8
~·tl ~r2 + X3 .T4 + Xs 0
2~r1 ~r.2+ 3x3 - 7
(j) clans A (<It) Xt + 3x2 + 2xs 0
6x3 4x4 + 5xs - 2
3xt :3x2 + Xs - 0
+ + z
l~
y 4
l
+ x + ]/ = -8
+ 7y + 3z + 5t 16
S;r + 4y + 6z + 2t -16
(1) dans A(lR4 ) T
:b.~ + 6y + 4z + 8t 16
5x + :3y + 7z + t - -16
j') x + yy ++ :3zz - 12 13
(In) clans A( <Q 3)
:3~ + ?.... y .sz -1
4x + y + z = '18
-7;c + :3y + t 4
l
4
2.T + y + 2z t - 1
(n) cla.ns A( IR4 )
-;'l: + 2y - :3.: + 4t - :3
-:3:r + :3y - + 2t 4
{ 4x
+ 6y - 7z - 5
(o) dans A(IR?) 2x + :3y 3z 2
Sx + 12y 13z - 9
-x + 5y 3z - 11
(p) dans A(IR.3 )
{ :3:r
2:r
1.5y
lOy +
9z
6z. -
:3:3
22
x + 2y + 3z + 4t 14
(q) da.ns A(IR4 )
l 2x
3x
4x
X1
X1
+
+
+
+
+
:3y
4y
y
+
+
+
6x2
3x2
4z
z
2z
+
+
+
+
X3
X3
t
2t
3t
+
0
5x4
11
-5
X4
+ Xs - 4
-1
(r) dans A(IR5 ) 2xl + 6x2 + 3x3 + l6x4 + x5 - 9
- 2x1 + 5x2 + X3 6x4 + 2xs - 2
x1 4x2 + X3 + 9x4 xs - 2
:t1 + X2 + ~<:n - 1
XI + 2:r:2 + 2xn - 2
x1 + 2x2 + :3:rn - :3
X2 + X3 + + Xn-1 + Xn - Û:l
X1 + X3 + + Xn-1 + Xn - 0:2
~r1 + J:2 + X3 + + Xn
~r1 + J~2 + X3 + + Xn-I
10. Résoudre chacun des systèn1es suivants da.ns l'espace A(I<t) indiqué; en discutant
d'après les valeurs des paramètres À, f-l, v E I< :
xl - 2x2 - 1
(a) dans A(IR)
{ 2xl
;·rl
-
+
X2
X2
-
-
-1
À
:3:7~1 4:r 2 - 2
(b) dans A(IR?)
{ 4:·r 1
ÀX1
+
+
:r2
p,l~2
9
1
Àx + y + z = 1
(c) dans A(IR?)
{ x
:r
+ Ày
+ y
+ z - 1
+ Àz 1
Àx + y + z - 1
(cl) clans A (IF~)
{ ~r
;r
+ Ày
+ y
+ z - 1
+ Àz - 1
Àp:r + :y + Àz = 1
( e) cl a.n s A (IR3 )
{ p~r
p,J~
+ Ày
y +
- -
Àz -
p
1
ÀJ-lX + y + Àz 1
(f) da.ns A(JF~)
{ p:x:
f-lX
+ Ày
y + Àz
~
J-l
1
{ ).2x
Àx
+ P·Y - v
(h) dans A(IR?) + lt2y - vz
).3x + lt3y - v3
+ 1
l
X2 X3 Àx4
+ À-p
l
~ri + ;:t2 ~r.3 x4
ft XI "\x2 - 0
(k) dans A(IR.4 ) -..\2
ÀX1 ÀX3 Àx4
X3 + x4 2..\
(:3- 2..\)x
+ (2- ..\)y + 3z À
(l) dans A(IR?)
{ (2- À)x +
x +
(2- ..\)y +
y +
3z
(2 + ..\)z
- 1
Il
(2..\ + :3)xl + (:3,\ + 1)x2 + Àx3 + (..\-1)x4 3
( n1) clans A ( ffi.4)
{ :3..\:t:l
:3..\xl
+
+
(2..\ + :3)x2
3Àx2
+
+
ÀX3 +
:3x3 +
(À- 1)x4 -
(..\-1)x4
1
1
Àx + Il Y vz - 2,\p
(n) dans A(ill?)
{ Àx
-..\x +
ltY
ltY
+
+
vz
vz
-
-
2..\p
2pv
x + y + z 0
(o) dans A(IR?)
{ Àx
Jll/;1~
+
+ VÀJj
JlY +
+ ÀJlZ
vz 0
0
:t + y + 0
(p) dans A( ffi. ) 3
{ (..\+Ji·):r
Àp:r +
+ {tt+ v )y
pl! Y +
+ (v+ ..\)z
J/ÀZ
"'
ÀJtV
..\+p+v
l
x4 Il
( q) dans A(IR.5 )
Àx1 + X2 + Àx3 + x4 + Àxs 1
xl + :l~2 + x4 + Àxs - 1
Xl + x2 x4 + ftXs - 1
n'a. que la solution triviale (pourquoi ?). l\1ontrer par un exemple que la réciproque
n'est pas vraie.
12. l\1inuit sonnait sur Londres. Le docteur Watson, plongé dans la lecture d'un vieux
livre d'algèbre, s'exclama soudain :
"Good Lord ! Ce système d'équations linéaires, dont la solution est unique, a une
curieuse propriété : ses coefficients
·chapitre 12
Espace dual
Le n-uple ( a 1 , ... , an) (ou, ce qui revient au même, le premier membre de (1)) détermine
une application a de V dans J{ définie par
n
a : V ~ f{ : ( X1, ... , Xn) ~ LXi ai
i=l
et les solutions de ( 1) représentent les éléments de V qui sont appliquées sur 0, éléments
qui constituent un hyperplan de 1/ ou V lui-même.
Dé1nonstration.
L(xi + yi)ai
·t
= L(xiai + Yïai)
i
= :Lxiai + LYiai
i i
a( XI' ••• ' Xn) + a(yi' . .. 'Yn)
157
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BUEKENHOUT F. - DOYEN J. Mathématique linéaire Espaces vectoriels et espaces affins
CI-IAPITR.E 12. ESPACE DUAL 1-58
LÀ(xiai)
t
- ÀLxiai
·i
Àa( X1, . .. , Xn)
•
Ceci nous conduit à une généralisation qui est utilisable en dimension infinie et qui se
libère en n1ê1ne ten1ps des coordonnées :
Définition. On appelle for1ne linéaire f sur un espace vectoriel V (défini sur un
corps /{) toute application linéaire f de V dans f{, c'est-à.-dire toute fonction f : V ~ f{
avec
f(x +y) f(x) + f(v) V). E /{,V x, y E V.
J(Àx) Àf(x)
Au lieu de fonne linéaire, on parle parfois de fonctionnelle linéaire ou encore de
covecteur (pour une raison qui apparaîtra. bientôt : le covecteur f sera un vecteur de
l'espace dual V'" de V). La. valeur .fUr) d'une fon11e linéaire f sur un vecteur est x
souvent appelée produit intérieur de f et de x,
et est notée de manière plus symétrique
< f,x>.
2. Soit V 1'espace vectoriel réel des fonctions continues sur un intervalle [a, b] à valeurs
dans IR. L'application
a: V-> IR: f--> l f(x) dx
:3. Soit V 1'espace vectoriel des fonctions dérivables sur ffi. à valeurs clans IR et soit
X0 E IR. L'application
a : l/ ~ Til : f ~ f' (:ro)
appliquant .f sur sa. dérivée en ;t(, est une forn1e linéaire sur V.
4. Soit V l'espace vectoriel réel des fonctions continues sur IR a valeurs clans IR.
L'application
8: V~ IR: f ~ f(O)
est une fonne linéa.ii:e sur 1/ qu'on appelle fonction 8 de DIRAC. Celle-ci joue
un grand rôle en physique, nota.1nn1ent en n1éc.anique quantique (attention : 8 n'est
pas une fonction de IR dans ffi., n1a.is bien de 11 dans IR).
Dén1onstration. On sait déjà par le théorème 4 page 53 que le noyau Ker f est un
sous-espace de 11. Supposons Ker f =1 11 et soit p E 11- J{er f. On a donc f(P) =f O.
Pour tout xE 11, le vecteur
•
Définition. Une forme linéaire dont le noyau est un hyperplan est dite non dégé-
nérée; sinon, elle est elite dégénérée.
Observons que B peut être infinie; il y a. alors une infinité de tennes dans la somn1e (1)
x
car il y a. une infinité de coefficients ai, n1a.is pour un vecteur donné, il n'y a qu'un
non1bre fini de coordonnées Xi non nulles, ce qui ra.n1ène ( 1) à une somn1e finie.
En dilnension finie, nous voyons clone que toute forn1e linéaire sur f{n peut _s'écrire
Observons aussi que f est dégénérée si et seulement si tous les ai sont nuls.
Dén1onstration. Soit B' une base de JI. Alors B = B' U {z?} est forcément une base
de 11. La. fonction f : 11 ---? f{ qui applique tout vecteur x de V sur sa. coordonnée J.~p
par rapport au vecteur de base pest une forme linéaire et celle-ci possède clairement les
propriétés requises. Donc l'existence de f est assurée. Quant à. 1'unicité, elle résulte dti
fait qu'une fonne linéaire est déterminée par les valeurs qu'elle prend sur une base.
•
Ren1arques
1. Le théorèn1e qu'on vient d'établir achève la. preuve du résultat annoncé en 10.4,
selon lequel tout hyperplan affin possède une équation linéaire.
3. Les propriétés qu'on vient d'établir expliquent que dans Eî une forme linéaire non
dégénérée (ou covecteur non nul) est parfois définie comme un couple de plans
parallèles dont l'un (le noyau de la. forme) passe par l'origine, l'autre étant l'ensemble
des points où .la. forme prend la. valeur 1.
Soit V un espace vectoriel sur un corps J(. L'ense1nble des fonnes linéaires sur V est
appelé l'espace dual de V et. est noté l/'". L'espace dual V* est n1uni d'une structure
naturelle d'espace vectoriel à droite sur !{, définie co1nme suit :
On est alors tenté de considérer les ai co1nn1e des coordonnées de f dans V*. Il faudrait
pour cela que la. donnée de la. base B dans V détern1ine une base B* dans V* et que,
dans celle-ci, les coordonnées de f soient les ai. Or, c'est exa.cte1nent ce qui se passe :
considérons en effet les applications
01\ i = 1, ... , n (ei applique tout vecteur de V sur sa ième coordonnée dans la base B).
On vérifie aisément que e'[ est une forme linéaire sur \l, donc un élément de V*, et que
\li,j = 1~ ... , n (Dij est le syn1bole de Kronecker qui vaut 1 lorsque i =jet 0 lorsque
i # j).
On va voir que B* = {ei~ ... , e~} est une base de V'", qu'on appelle la base duale
de B. \! érifions d'abord que les ei sont linéairement indépendants. Pour cela, supposons
qu'une combinaison linéaire des e'J soit égale au vecteur nul de V*, c'est-à-dire à la. fon11e
linéaire nulle 0 appliquant tout vecteur de \1 sur le scalaire 0 :
D'autre part, les e'[ forment une partie génératrice de \l*. En effet, soit f une fonne
linéaire quelconque sur \/ :
Donc B* = {e7, ... , e~} est une base de ~1 * et on a. di1n 11* = dim V.
Exen1ple. Les vecteurs eï = (1,1,0), e2 = (0,-1,1) et e3 = (2,0,1)
constituent une
base B de IR3 . Cotninent construire la base duale B* ? On calcule d'abord les coordonnées
d'un vecteur quelconque (x, y, z) de ffi.3 dans la base B. Posons
(x, y, z) + y· e2 + Z e3
){ eî
- CX, X, 0) + (0, -Y, :'V)+ (2Z, 0, Z)
d'où on tire
x -x+ 2y + 2z
{~ X+2Z
..x-}/'
Y+Z
et
{ z
y· -x+ y+ 2z
x-y-z
Dès lors
(x, y~ z) = (-x + 2y + 2z) éi + (-x + y + 2:::) e2 + (x - y - z) e3
Les élén1ents de B* sont les forn1es linéaires
eî: (x, y, z) ~ -x+ 2y + 2z
e2 : (x, y, z) ~ -x+ y+ 2z
e; : (x, y, z) ~ x - y- z
12.8 Le bidual
L'espace dual V** de l'espace dual 1/*, appelé le bidual de V, intervient dans certaines
questions cl' Analyse, notamment da.ns la. résolution d'équations différentielles.
On va. voir que l' s'identifie de n1anière canonique à un sous-espace de V**.
Tout vecteur :ï! de V détermine en effet une application de V* clans ]{, que nous allons
noter .'r** et qui est définie par
est injective car :r"'* = y*"' i1nplique :~:**(.{) = y"""(f). c'est-à-dire .f(~~) == fCy) pour toute
forme linéaire f sur l/, et ceci ent.ra.îne ~=r = if (pourquoi ?) . On vérifie enfin (exercice)
que 1'application précédente est un ison1orphis1ne de V' sur un sous-espace de V**.
Lorsque V est de dimension finie, on a vu que dim 11* dim V. Par conséquent,
dim V** = di1n V* = dim V et 1'application
12.9 Exercices
1. Si V est l'espace vectoriel réel des fonctions continues sur [a, b] à valeurs dans IR et
si .fo est un élé1nent de V~ 1'application
b
ü : ,/. --+ Til: .f --+
1
Q.
.fo(:t.:) .f( :r) dx
2. Soit f une forn1e linéaire sur rn?. Sa.cha.nt que f(7 ~ 4) = .5 et j(O, 2) = -1, calculer
.f( x, y) pour tout (x, y) E ffi? et déterminer le noyau de f. Cette forme linéaire
~ , ~ ?
~
est-e Il e cl egeneree .
Trouver les points de IR? où elle prend la valeur 1 et représenter graphiquement la.
situation.
4. Etant donné les forn1eS linéa.ir('S f,g, h sur rre définies par
f (x' y' z) - ~r. + 2y - z
g(x,y,z) 2x- 8z
h(x,y,z) 2x+6y+z,
calculer :
(f + g)(x, y, z) -
(:3h)(x, y, z)
(6f-g-2h)(:r,y,z) -
5. Les vecteurs eï = (2, 0), e2 = (1, 1) forment une base B de IR2 . Soit B* = {ei, e;}
la. base duale. Calculer
eî(x,y) =
e2(x, y) =
Déten11iner le noya.u de chacune des formes linéaires ei' ete;, a.insi que l'ensemble des
points de IR? où elles prennent la. valeur 1, et représente1~ la. situation graphiquement.
6. Dans chacun des espaces vectoriels V à 3 dimensions décrits ci-dessous, on donne une
base B = {eï, e2, e3} et on den1a.nde de déterminer la base duale B* = {ei, e2, e;}
(ce q~i revient à calculer ei(v), e;(v) et ej(v) VvE 11):
et n
f =L f(ëi)ei v.r E \/*
i=l
8. On considère les formes linéaires ei, e2, e; sur IR? définies pa.r
ei(x,y,z) - 2x+y+z
e2 (x, y, z) - x- z
e3(a.~, y, z) - -x+ y+ 2z
Vérifier qu'elles forn1ent une base de l'espace dua.llR?* et trouver une base B de IR?
telle que B* = {eî, e;, e;}. Cette base B est-elle univoquement détern1inée ?
9. Soit V res pace vectoriel des fonctions f de IR dans IR telles que f(x) = ax 2 + bx + c
Otl a, b, cE IR. (fonctions polynôn1es de degré~ 2). On considère les formes linéaires
e 1* , e *2 , e3* sur T,.
~~ d'fi
e nw• par
ei{f) lf(x)dx
e2(.f) f(l)
e3 (.f) .f' (1)
Vf E \l. Trouver une ba.se 13 de V tcl1e que B"' = {e;', e;, e;}. Cette base B est-elle
univoquenH~nt dét.ern1iné~?
Chapitre 13
Convexité
On appelle corps ordonné tout corps f{ muni en outre d\1ne relation d'ordre total
:; telle que
Exen1ples
1. IR et chacun de ses sous-corps, comme (Q, (Q( .f2)~ le corps A des nombres algébriques.
etc ... sont des corps ordonnés.
2. Le corps <C. des non1bres con1plexes. de mê1ne que les corps finis, ne peuvent être
érigés en corps ordonnés (exercice).
Soit A(V) un espace affin déduit d'un espace vectoriel V sur un corps ordonné J{. La.
structure d'ordre de J( détern1ine dans A(l') une notion d'intervalle : si a et b sont des
166
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BUEKENHOUT F. - DOYEN J. Mathématique linéaire Espaces vectoriels et espaces affins
CHAPITRE 1.3. C01\TVEXITÉ 167
points distincts de A(11), l'intervalle fern1é [a, b] est l'ensen1ble des points p de A('l)
tels que
p = Àa + pb où 0 ::; ..\, f.1 E J( avec À + l" = 1
On vérifie que a et b appartiennent à. [a, b] et que [a, b] est inclus dans la droite ab. On
peut n1ontrer que toute affinité de A(V) transforme un intervalle fermé en un intervalle
fenné.
Une partie C de A(V) est dite convexe si, pour tout choix de a ;j:. b dans C, l'intervalle
[a, b] est inclus à C.
Il est clair que toute intersection de parties convexes est encore convexe, de sorte que
nous obtenons une nouvelle structure d'espace à fermeture sur A(F).
13.3 Demi-espaces
Tout hyperplan H d\1n espace a.ffin ordonné A(V) détern1ine deux demi-espaces fermés
s+ et Ji- tels que
(1) s+ U 1:1- = A(V)
(2) s+. n H- =H
(:3) si p E H+ - H et q E n- - H, alors [p, q] contient un et un seul point de H.
LXia·i- b = 0,
2
J-J+ (resp. H-) peut être défini con1n1e l'ensen1ble des points (x 1 , ...• Xn) tels que
Ainsi, l'ensen1ble des solutions d'un système d'inéquations linéaires est une intersection
de demi-espaces et est de ce fait un ensemble convexe. Nous ne ferons pas la théorie de ces
systèn1es (celle-ci est étudiée clans le cours de licence de .J .-P. BRANS) : elle fait l'objet de
ce qü'on appelle ]e progran1n1ation linéaire, un sujet aux n1ttltiples applications dans
la vie éconon1ique, prolongé lui-n1ême pa.r la recherche opérationelle. Un problèn1e
foncla.n1enta.l est de n1ax1n1iser (ou minimiser) une forn1e linéaire sur un ense1n~le convexe.
Enfin~ le sujet a. des prolongements théoriques in1portant.s en Ana.]yse, au travers des
fonctions convexes et des espaces vectoriels topologiques.