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I) Prospectus de Noël

1) Faits

La filiale spécialisée dans la distribution et la commercialisation de vins du monde et


spiritueux souhaite prolonger sa campagne publicitaire en utilisant le spot vidéo dans des
prospectus de Noël qui ferait figurer la photo de la jeune femme allongée munie d’une
bouteille millésimée de Gevrey-Chambertin.

2) Règles de droit applicable

La loi Evin adoptée le 11 décembre 1990 autorise dans l’article L17 alinéa 3 la «
publicité en faveur de la boisson alcooliques dont la fabrication et la vente ne sont pas
interdites Sous forme d'affiches et d'enseignes dans les zones de production, sous forme
d'affichettes et d'objets à l'intérieur des lieux de vente à caractère spécialisé, dans des
conditions définies par décret en Conseil d'Etat »

Cependant, l’article L3323-4 du code de la consommation prévoit que la publicité en faveur


de boissons alcoolisées doit se limiter à un but purement informatif et ne pas inciter à la
consommation.

« La publicité autorisée pour les boissons alcooliques est limitée à l'indication du degré
volumique d'alcool, de l'origine, de la dénomination, de la composition du produit, du nom et
de l'adresse du fabricant, des agents et des dépositaires ainsi que du mode d'élaboration,
des modalités de vente et du mode de consommation du produit.

Cette publicité peut comporter des références relatives aux terroirs de production, aux
distinctions obtenues, aux appellations d'origine telles que définies à l'article L. 115-1 du
code de la consommation ou aux indications géographiques telles que définies dans les
conventions et traités internationaux régulièrement ratifiés. Elle peut également comporter
des références objectives relatives à la couleur et aux caractéristiques olfactives et
gustatives du produit. »

Par ailleurs, la jurisprudence du 23 mai 2012 conclut par arrêt durant le procès Pernod
Ricard qu’il est interdit de montrer que l’alcool peut amener à des relations sociales
quelconques car cela serait une incitation à la consommation, ce qui est interdit.

3) Interprétation

Ainsi, dans notre cas pratique, bien que la distribution de prospectus publicitaires en faveur
de boissons alcoolisées soit autorisée, le prospectus de Noël ne respecte pas dans son
contenu l’article L3323-4 du code de la consommation en ne se limitant pas à des aspects
purement informatifs. Par ailleurs, ce prospectus entre en contradiction directe avec l’arrêt du
23 mai 2012. En effet, la photo de la femme dénudée munie d’une bouteille de Gevrey-
Chambertin suggère un lien direct entre la consommation d’alcool et une relation avec une
personne de sexe féminin.
Par ailleurs, par la diffusion d’une telle campagne de publicité, la filiale spécialisée dans la
distribution et la commercialisation de vins du monde et spiritueux risque d’être confronté à
l’ARPP (autorité de réglementation professionnelle de la publicité) quant à l’usage de l’image
de la femme qui est fait dans cette publicité. En effet, l’ ARPP est est une association régie par
la loi du 1901. C’est un organisme d’autorégulation de la publicité en France créé en 1935.
Il allie création des règles d’éthique, leur application et le contrôle de l’application.
Ainsi, l’ARPP s’est doté de chartes éthiques et notamment de la Recommandation image et
respect de la personne qui stipule dans son article 1 dénommé « dignité et décence », alinéa
2 que :
« 1.2 Lorsque la publicité utilise la nudité, il convient de veiller à ce que sa représentation ne
puisse être considérée comme avilissante et aliénante et a fortiori ne réduise pas la
personne à un objet. »
et dans l’article 2 dénommé « Stéréotypes », alinéa 1 que :
« 2.1 La publicité ne doit pas réduire les personnes humaines, et en particulier les femmes, à
la fonction d’objet. ».
Certains pourraient considérer que le rôle tenu par cette femme dénudée irait à l’encontre de
la dignité de la femme et notamment l’ARPP, une association régie par la loi de 1901, qui
constitue un organisme privé d’autorégulation de la publicité en France.
L’ARPP a agi ainsi contre la marque YSL en 2017 suite à une campagne de
publicité particulièrement controversée :
Extrait de l’Avis rendu par le Jury de Déontologie Publicitaire le 10 mars 2017 :
Il relève notamment que « … ces photos utilisent et, de ce fait, alimentent le stéréotype de
la femme objet sexuel … Par là-même, ces publicités banalisent et valorisent les
comportements sexistes et les idées a priori d’infériorité des femmes dans la société. En
outre, en induisant l’idée de soumission, elles dévalorisent l’image des femmes dans la
société. ». 

4) Quel tribunal est compétent ? Quelle sanction est possible ?

Si la filiale est poursuivie en justice du fait de la violation de l’article L3323-4 du code


de la consommation alors sera jugé devant une instance relevant de la juridiction civile : le
tribunal de grande instance.
Si la filiale est poursuivie en justice du fait de la violation de l’arrêt du 23 mai 2012 ?
 Risque une amende

Remarque:
D'après le site cité en source 8, depuis 1991 des centaines de publicités assignées et
les amendes n’ont jamais dépassé 35 000€ de même pour les dommages et intérêts payés à
1
l’ANPAA. L’interdiction de vente n’a de même été jamais prononcée.

1 Association Nationale de Prévention en Alcoologie

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