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Le hajj (arabe : ḥajj, َح ّج, avec un /a/ bref ; ou ḥijjaʰ, ِح ّج ة, « (aller vers) pèlerinage ») est le
pèlerinage que font les musulmans aux lieux saint s de la ville de La Mecque, en Arabie
saoudit e. C’est ent re les 8 et 13 du mois lunaire de Dhou al-hijja (ḏū al-ḥijja, ذو الحجة, celui du
pèlerinage), douzième mois de l'année musulmane, qu’a lieu le grand pèlerinage à La Mecque,
qui const it ue le cinquième pilier de l’islam.
Le mot « hâjj » (féminin « hâjja ») (arabe : ḥājj, avec un /a/ long : َح اّج, « pèlerin ») désigne t out e
personne qui a accompli ce pèlerinage. Il est alors accolé au nom de la personne, comme
marque honorifique quand on s'adresse à elle.
Al-Hajj est le t it re de la sourat e XXII du Coran.
Prat iqué depuis le viie siècle, le hajj rassemble de nos jours des millions de musulmans, dont
cert ains effect uent uniquement le oumra[1].
Histoire
Avant l'islam
Le grand pèlerinage à La Mecque t rouve son origine musulmane dans des verset s coraniques
de l'époque médinoise, mais ne const it ue pas pour aut ant une inst it ut ion originale : il exist ait
déjà un t el pèlerinage chez les Arabes préislamiques[2].
'Amr ibn Luhay (arabe : )عمرو بن لحيest un personnage de la période préislamique. C'est lui qui,
selon l'islam, aurait int roduit le paganisme au sein de La Mecque, plusieurs siècles auparavant .
La course ent re As Safa et Marwah remont erait à la légende ant ique du cult e d’Isaf
(« cueillaison ») et Na'ila (« faveur ») : originaires du Yémen, ils s'aimaient passionnément , et
durant le pèlerinage s'embrassèrent et s'enlacèrent . Ils furent changés en pierre. Les
habit ant s les auraient placés près de la Kaaba, puis près de la source Zamzam. Plus t ard, Isaf,
surnommé « le Pourvoyeur de vent », fut placé sur le mont As Safa, et sa compagne,
« Nourricière de l'oiseau », sur Al Marwah[3],[4].
Il y a eu deux pèlerinages dist inct s et à des dat es différent es, unifiés dans l'Islam[5] :
l''umra propre aux Mecquois, rit uel de demande de pluie aut our du bét yle de la Kaaba dans
l'enceint e de la ville, avec sacrifice à al-Marwa ;
le ḥadjdj propre aux bédouins, parcours à Minâ dans la plaine de ʾArafât , avec sacrifice.
Déjà à l'époque, ce pèlerinage comprenait des rit es similaires au hajj, essent iellement aut our
de la Kaaba qui cont ient la Pierre noire – un t ype de bét yle mét éorique dont le cult e ét ait
répandu au Proche-Orient [6] depuis l'Ant iquit é [7]. À La Mecque, les pèlerins prémusulmans
revêt aient le vêt ement rit uel et se rasaient le crâne pour se met t re en ét at de sacralisat ion.
Ils processionnaient déjà alors aut our de la Kaaba. D'aut res rit es semblent s'êt re également
déroulés à l'époque préislamique sur le plat eau du mont Arafat , dont on ignore les dét ails
cérémoniels et la fonct ion précise : les Arabes païens y honoraient vraisemblablement de
mult iples divinit és dans le but d'obt enir des faveurs ou des réponses de t ype divinat oire,
sacrifiant parfois des animaux[2].
Au mois de mars 631, de Médine où il vivait , Mahomet annonce avoir reçu une révélat ion t out e
part iculière, une « proclamat ion d'Allah aux hommes, au Jour majeur du Pèlerinage » (Coran, IX,
3,5.). Désormais, le polyt héisme est banni. Seul rest e le choix ent re la mort ou la conversion.
Les communaut és juives et chrét iennes conservent leur st at ut à condit ion de vivre sous la
t ut elle de l'islam. Pour consacrer encore plus solennellement le cult e voué aux lieux saint s de
la Mecque, un pèlerinage avec sort ie du sit e mecquois (ḥadjdj) en l'an 10 (632)[10], y est
effect ué par Mahomet , suivi d'une foule considérable qui se rallie à lui, sans combat t re. Ce
dernier pèlerinage ét ant ult érieurement nommé par la t radit ion « pèlerinage d'adieu » [11].
Au cours de ces cérémonies, le prophèt e fond dans un ensemble cohérent ce qui deviendra
une norme pour les générat ions à venir (la Mecque, le mont Arafat , la vallée de Mozdalifa et
celle de Mina).
Ancrage abrahamique
Djibril (l’ange Gabriel) arrête le bras d'Ibrahim, replaçant Ismaël par un mouton.
Une const ruct ion ult érieure rat t ache le sanct uaire de la Mecque à la t radit ion abrahamique :
selon la t radit ion musulmane, c'est Abraham qui rejoint par son fils Ismaël aurait const ruit la
Ka'ba[12] et Abraham y aurait accompli le premier pèlerinage selon le rit uel musulman act uel.
Le Coran suggère même que le sanct uaire mécquois préexist ait à t ous les aut res lieux de
cult e [13] [réf. incomplète]. Des légendes plus t ardives illust rent cet t e affirmat ion met t ant par
exemple en scène Adam qui rapport e la Pierre noire du paradis[2].
Ainsi, ce récit permet de rompre avec les rit es arabes païens ant érieurs qui sont privés de
légit imit é et dont le rit uel ancest ral, dédié aux divinit és païennes, est présent é comme une
déviat ion du cult e monot héist e inst auré, selon la nouvelle t radit ion, par Abraham, « ancêt re
des ancêt res Arabes » [14]. De la même manière, en affirmant la cent ralit é du t emple de La
Mecque, l'islam affirme sa prééminence sur les monot héismes bibliques « déviant s » par
rapport à leurs propres origines abrahamiques, d'après la nouvelle religion[2].
Au Moyen Âge, les pèlerins se réunissent dans les capit ales de la Syrie, l'Égypt e et l'Irak pour
aller à pied, à âne ou en caravanes de chameaux vers la Mecque, leur it inéraire croisant parfois
celui des pèlerins chrét iens et souvent celui des marchands. Les pays musulmans t raversés
organisent des rout es de pèlerinage afin d'assurer sur de nombreuses st at ions hébergement ,
ravit aillement et sécurit é face aux bandes de brigands qui sévissent jusqu'à l'époque
moderne [15].
À l'époque contemporaine
Jusqu'au début du xixe siècle, le Hajj régi par l'Empire ot t oman n'int éresse guère que les
musulmans eux-mêmes. Mais avec le colonialisme et l'ext ension de l'emprise coloniale sur les
pays musulmans, le pèlerinage à La Mecque fait irrupt ion dans le regist re des préoccupat ions
int ernat ionales. Craignant que le pèlerinage soit la mat rice d’une opinion publique musulmane
et que La Mecque devienne un foyer d'agit at ion panislamist e puis nat ionalist e arabe, les
aut orit és coloniales à l'époque cont emporaine met t ent en place un import ant disposit if de
cont rôle administ rat if et sanit aire, lié aux idées hygiénist es de l'époque, afin de réduire les
risques de cont aminat ion (en raison des épidémies de pest e et surt out de choléra qui
sévissent dans le Hedjaz) et idéologique [16].
L'arrivée des pèlerins est favorisée par les progrès des t ransport s (inaugurat ion du canal de
Suez en 1859). En 1814, 70 000 pèlerins part icipaient aux cérémonies du mont Arafat ; ils sont
200 000 en 1870. Comme d'aut res évènement s religieux, le Hajj devient un pèlerinage de
masse. Il s'agit cependant essent iellement de musulmans aisés, ce qui explique une at t ent ion
progressive à leurs demandes : de la fin du XIXe à l'ent re-deux-guerres, le mode de t ransport
passe ainsi des cargos aux paquebot s de croisière, t andis que les rout es se font plus sûres et
que les épidémies disparaissent . Ces progrès ne doivent cependant pas masquer les rivalit és
de concessions concernant le t rajet , des crit iques concernant cet t e t ut elle coloniale venant
de non-musulmans, la concurrence de nouvelles rout es que les aut orit és coloniales ne
maît risent pas (proposit ion en 1925 du roi Abdelaziz ibn Saoud de rest aurer le chemin de fer
du Hedjaz, réappropriat ion des anciennes rout es t errest res en 1935 par l'Irak) et l'exist ence
de nombreux pèlerins clandest ins, souvent plus pauvres. Par la suit e, le développement de
l'aut omobile et du t ransport aérien cont ribueront à la marginalisat ion des « navires à pèlerins »
coloniaux[18].
L'accession au pouvoir de la famille Ibn Saoud a fait du hajj un enjeu polit ique st rat égique,
doublé d'une indust rie lucrat ive. Le wahhabisme a mené dès 1924 à une polit ique iconoclast e,
dét ruisant presque t out le pat rimoine hist orique du pays, not amment la maison nat ale du
Prophèt e (t ransformée en parking) ou celle de sa première épouse Khadija, devenue bloc
sanit aire [19].
Le hajj devient alors un enjeu polit ique : l'URSS y envoie des délégat ions qui y professent
l'amit ié des Soviét ique envers les musulmans, t andis que les Américains, dont l'image est
écornée par leur sout ien milit aire aux guerres menées par Israël cont re les pays arabes,
apport e une aide t rès médiat isée aux fidèles bloqués dans leur pèlerinage [18]. L'Égypt e du
colonel Nasser réalise aussi rapidement l'enjeu que const it ue le pèlerinage, et le colonel
accomplit en 1954 un pèlerinage t rès médiat isé, t andis que le part i des Frères musulmans
s'organisent pour diffuser leur projet polit ique aux pèlerins[18]. De nombreux dignit aires sont
alors officiellement invit é au pèlerinage par le pouvoir saoudien, comme le président
indonésien Soekarno en 1955, le Hajj permet t ant à la famille Ibn Saoud d'ent ret enir une
influence polit ique à même de rivaliser avec le panarabisme plus laïc de Nasser[18]. Le Soudan,
port e de l'Afrique pour les candidat s au pèlerinage, devient un vérit able pays-ét ape pour les
fidèles africains, et est cont raint d'ouvrir un bureau du pèlerinage à Khart oum pour gérer
l'énorme flux de pèlerins, prélevant au passage de nombreuses t axes ; les aut orit és de la
Mecque refusent alors de reconnaît re les visas africains, et expulsent ou emprisonnent
plusieurs cent aines de pèlerins africains. Les pays qui en ont les moyens créent alors des
représent at ions diplomat iques à La Mecque afin d'aider leurs pèlerins en difficult é [18].
L'indust rialisat ion du pèlerinage, devenue possible par l'influence américaine [18], l'essor des
t ransport s int ercont inent aux rapides et une publicit é int ense dans t out le monde musulman, a
complèt ement t ransformé La Mecque et jusqu'au sens du pèlerinage. Ainsi, selon Mohamed
Larbi Bouguerra,
Le grand pèlerinage est considéré comme l'un des cinq piliers de l'islam[20] et le Coran le rend
obligat oire pour t out e personne responsable qui en a la capacit é financière et physique [21]. Il
n'est cependant pas nécessaire d'accomplir ce devoir plusieurs fois. Il en va de même pour la
'umrah ou « pet it pèlerinage » qui peut se dérouler à n'import e quelle période de l'année (en
dehors du hadj) cont rairement au « grand pèlerinage » qui se déroule invariablement aux
mêmes dat es ; l’umrah at t eint cependant un pic pendant le ramadan[19].
Parmi les t rois t ypes cit és, celui qui permet de jouir d’une vie normale ent re l’Umrah et le Hajj
quand on a les moyens de faire le sacrifice : « le Tamat t u » est celui recommandé [Par qui ?]. Il
est d’ailleurs le t ype inst ruit par le Prophèt e lui-même.
Les pèlerins
Le grand pèlerinage est l'objet d'un t rès grand prest ige et demeure un fact eur t rès import ant
d'unit é et d'échanges ent re les musulmans du monde ent ier qui t émoignent d'une profonde
ferveur à cet t e occasion. Pour les myst iques, le t rajet vers le lieu saint const it ue
symboliquement le voyage vers l'unit é divine, la voie soufie elle-même [2].
Le Hajj reçoit annuellement plusieurs millions de pèlerins, ce qui en fait un des lieux de
pèlerinage les plus visit és du monde musulman, après la procession de Arba'ïn en Irak[22]. Par
ailleurs, le nombre maximal de pèlerins est imposé par le gouvernement saoudien grâce à
l'ut ilisat ion de quot as signifiés aux divers organismes organisat eurs afin de réguler le flot de
pèlerins. La croissance de la fréquent at ion est t rès fort e, ce qui est lié à des raisons
complexes dépendant de la not oriét é croissant e du sit e mais aussi à l'évolut ion des mobilit és
et à la démocrat isat ion du t ransport aérien. On dénombrait en effet 50 000 pèlerins en 1935,
100 000 en 1950, 200 000 en 1955, 400 000 en 1969, 918 000 en 1974 et 1,3 million en 1981.
En 2008, l'Arabie saoudit e a accueilli officiellement 3,5 millions de pèlerins, mais cert aines
sources évoquent jusqu'à 5 millions de part icipant s[23]. Ce nombre élevé de pèlerins a causé
dans le passé récent plusieurs bousculades mort elles[23].
En 2017, le gouvernement saoudien a placé 100 000 agent s de sécurit é aux alent ours des
lieux de pèlerinage. Les risques sont les bousculades de foule parfois fat ales, et la
propagat ion de maladies épidémiques[24]. 18 millions de mèt res cubes d’eau ont ét é dist ribués
aux pèlerins en 2016[25].
La validit é des visas pour la « omra » est de quinze jours après leur dat e d’émission ; ce qui
signifie qu’une fois le visa délivré, le pèlerin aura quinze jours pour se rendre en Arabie saoudit e.
En revanche, la durée du séjour ne change pas, elle demeure de t rent e jours.
Les rites
Étapes du pèlerinage à La Mecque.
Le Coran ne livre que peu d'indicat ions rit uelles[26] ce qui laisse supposer que les gest es ant é-
islamiques ont ét é largement repris (sacralisat ion, circumambulat ion, course ent re les deux
bornes Safâ et Marwah[27]…) mais, cet t e fois, dans une opt ique abrahamique[2].
Les rit es sont légèrement différent s selon qu'on habit e la région de La Mecque ou non,
part iculièrement les rit es de sacralisat ion (ihrâm) qui sont fait s au moment de l'ent rée dans le
t errit oire sacré pour les gens de l'ext érieur. Ils varient aussi légèrement selon les écoles
juridiques de l'islam.
Faire les sept rondes aut our de la Kaaba (ou Ka'ba)(t awaf : circumambulat ion). (2)
Faire sept fois la marche (420 m dans un long couloir at t enant à la mosquée) ent re
Safâ et Marwah (saʿīy, َس ْع يي, course; effort; recherche) en souvenir de l'errance d'Agar à
la recherche d'eau pour Ismaël. Puis boire à la source Zamzam. (3)
Après le coucher du soleil, il faut aller vers « Muzdalifah ». À l'arrivée, il faut faire les
prières du soir. Il faut rest er à Muzdalifah jusqu'à ce que la nuit soit t ombée. Le pèlerin
va se munir de cailloux pour la suit e des rit es (49 cailloux : 7+21+21). (6)
Troisième jour : 10 dhû al-hijja
Après la prière du mat in, le pèlerin revient vers Mîna. Le premier jour de la fêt e du
sacrifice (Aïd al-Adha) le pèlerin parcourt les 300 m qui le séparent du lieu où Abraham
emmena son fils Ismaël pour le sacrifier. Sur le parcours, il rencont re t rois piliers qui
symbolisent les t rois point s où Iblîs t ent a de le dét ourner. Le pèlerin lapide ces piliers
avec les cailloux ramassés la veille. (7)
Dans l'int ervalle, il faut sacrifier l'animal d'offrande qui symbolise le bélier qu'Abraham a
sacrifié à la place de son fils. Il faut en manger mais la plus grande part ie doit êt re
donnée aux indigent s. Les pèlerins ont la possibilit é de payer le mont ant de l'offrande à
une banque gérée par les aut orit és locales. (8)
Il faut aussi refaire les rit es (2) et (3) « circumambulat ion du ret our ». (9)
Quat rième et cinquième jours : 11 & 12 dhû al-hijja
Le pèlerin durant chaque jour de Tachriq, lapide les 3 st èles de Mina, d'abord la plus
pet it e, puis la médiane et enfin la plus grande, celle de Aqaba. Sur chacune, il jet t e 7
cailloux en disant : Allah Akbar (« Allah est le plus Grand »)… ent re deux st èles, il fait
face à la Qibla et récit e quelques invocat ions.
Effect uer une dernière circumambulat ion: celle d'adieu et sort ir de l'ét at de
sacralisat ion : pour les hommes, se couper les cheveux, se raser le crâne, pour les
femmes, raccourcir la longueur des cheveux. (t aqṣīr, تقصير, diminution; nettoyage).
Pour la t radit ion musulmane, le pèlerinage permet l'expiat ion et la rémission des grands
péchés et pet it s péchés conformément à la parole de Mahomet rapport ée par Boukhari :
« Quiconque fera le pèlerinage sans avoir de rapport sexuel et sans commet t re de grand
péché est dégagé de ses péchés et redevient comme le jour où sa mère l'a mis au monde »;
cela à condit ion que son int ent ion soit sincère envers Dieu, que l'argent ut ilisé pour effect uer
son pèlerinage soit licit e et qu'il se préserve du « grand pêché » (fisq = perversion, la
désobéissance à Allah). Par ailleurs, le pèlerin bénéficie à son ret our d'un grand prest ige au
sein de la communaut é des croyant s[28],[29].
Le pèlerinage const it ue une série d'effort s et de sacrifices, réunis, qui sont perçus comme
une manière de « calmer son âme », c'est -à-dire de la maît riser. En effet , il const it ue une
dépense financière import ant e pour nombre de pèlerins, un effort cont re ses passions par la
faim, la soif, le fait de veiller longt emps, de subir des épreuves, l'éloignement de son lieu de
résidence, la séparat ion d'avec sa famille et ses amis[30].
En ce qui concerne l'Islam lui-même : Il est également un moyen d’aut o-légit imat ion dans
l'ancrage de la t radit ion abrahamique. La circumambulat ion est présent ée comme un ret our au
vérit able cult e monot héist e inst auré par Abraham. La Ka‘aba, sit uée au cœur de la mosquée
al-Harâm, est le cent re du pèlerinage et du cult e, et symbolise aussi cet ancrage puisqu’elle
aurait ét é bât ie par Abraham et son fils Ismaël. De plus, le fait que les prières soient orient ées
vers ce cube vide illust re le fait que nul aut re que Dieu et , surt out , nul objet mat ériel n’est
digne d’adorat ion ni ne peut faire l’objet d’un cult e [31].
Les piliers
Les piliers sont les act es indispensables sans lesquels le pèlerinage et la umrah ne sont pas
valables, et ne pas les respect er invalide le pèlerinage.
Du pèlerinage
Ils sont au nombre de six, ce sont les suivant s :
1. l'int ent ion de l'ent rée en rit uel (al-'ihram) : c'est -à-dire formuler dans son cœur par
exemple : (nawaytou l-hajja wa 'ahramtou bihi li l-Lahi taala) ce qui signifie : « J'ent ame les
act es du pèlerinage et j'ent re en rit uel pour l'agrément de Allah t aala ».
2. la st at ion à 'Arafah (même un inst ant ) : ent re le moment où le soleil décline du zénit h le
neuvième jour de Dhou l-Hijjah et l'apparit ion de l'aube (al-fajr) du dixième jour, c'est -à-dire
le jour de la Fêt e.
3. les t ours rit uels aut our de la Kaabah (at-tawaf) : sept parcours, c'est -à-dire qu'on t ourne
aut our sept fois, en la gardant à sa gauche et en commençant du niveau de la pierre
noire ; il est une condit ion : êt re purifié des deux hadat h.
4. les t rajet s (as-sa'y) ent re (le mont de) As-Safa et (celui de) Al-Marwah : sept fois. Êt re
purifié ici n'est pas une condit ion. On commence par As-Safa et on finit par Al-Marwah.
6. le respect de l'ordre ent re la majeure part ie des piliers : on a, avant t out e chose,
l'int ent ion d'ent rer en rit uel, et il est une condit ion de prat iquer le rasage ou la coupe des
cheveux et de faire les t ours rit uels aut our de la Ka'bah après la st at ion à 'Arafah.
De la umrah
1. l'int ent ion de l'ent rée en rit uel. C'est l'int ent ion d'ent amer la oumrah en disant par son
cœur par exemple : (nawaytou l-oumrata wa 'ahramtou biha li l-Lahi ta'ala) ce qui signifie :
« j'ai l'int ent ion de faire la oumrah et j'ent re en rit uel pour l'agrément de Allah t a'ala ».
Les devoirs
Le devoir est un act e sans lequel le pèlerinage ou la umrah rest ent valables mais dont le
délaissement doit êt re compensé par l'égorgement d'une bêt e ; il y a de plus une
désobéissance à le délaisser délibérément .
2. le lancer des cailloux aux t rois Jamrah : la pet it e Jamrah, la Jamrah médiane et la Jamrah
de Al-^Aqabah, avec soixant e-dix cailloux.
4. le séjour de nuit à Mina : c'est un endroit sit ué ent re La Mecque et 'Arafat , mais plus
proche de La Mecque.
Celui qui a délaissé un des devoirs du pèlerinage a le devoir d'égorger au choix : une brebis d'un
an ou qui a perdu ses dent s de devant , ou une chèvre de deux ans.
S'il est dans l'incapacit é d'égorger, il jeûnera dix jours : t rois pendant le pèlerinage et sept à
son ret our parmi les siens.
Les interdits
1. se couvrir la t êt e.
2. port er un vêt ement qui ent oure le corps grâce à une cout ure, au formage du feut re ou à
ce qui est équivalent .
1. de se parfumer.
5. de chasser un animal t errest re sauvage aut orisé à la consommat ion, comme la gazelle.
Le pèlerinage en chiffres
Le pèlerinage à La Mecque
Ent re 1950 et 2017, grâce à la modernisat ion des t ransport s à longue dist ance, le nombre
t ot al de pèlerins (hadj et omra) a bondi de 50 000 à 10 000 000, non sans provoquer de
nombreux drames et des milliers de mort s[19].
1 Indonésie 221 000
2 Pakist an 179 200
3 Inde 170 000
5 Iran 86 500
6 Turquie 80 000
7 Algérie 36 000
8 Maroc 32 000
9 Malaisie 30 200
10 Afghanist an 30 000
12 France 22 000
13 Russie 20 500
15 Yémen 19 400
16 Irak 14 000
17 Ét at s-Unis 14 000
18 Mali 13 300
19 Chine 13 000
20 Sénégal 10 500
21 Allemagne 8 000
22 Canada 3 400
Nombre de permis de pèlerinage délivrés en fonction des années [32]
Année Nombre de permis de pèlerinage délivrés
1932 20 181
1995 1 865 234
2005 2 258 050
2010 2 789 399
2011 2 927 719
2012 3 161 573
2013 1 980 000
2014 2 100 000[35]
2015 1 323 000[36]
2016 1 860 000[37]
Le pèlerinage du Hajj est ryt hmé par plusieurs parcours imposés ou recommandés, répart is
ent re les différent s lieux clés. Le pèlerin doit effect uer 7 t ours aut our de la Ka'ba, une course
de Safâ à Marwa (420 m x 7), parcourir la dist ance qui sépare la Mecque de Mina (4 km), celle
qui sépare Mina d’Arafat (20 km), revenir à Mina puis se rendre à al-Aqaba (à 300 m depuis
Mina). Le nombre de t ent es généralement répert orié dans la plaine de Mina est d’environ
50 000[38].
En 2017, plus de 2 millions de pèlerins ont part icipé au Hajj, cont re 1,86 million en 2016. Les
aut orit és saoudiennes disent avoir mobilisé 100 000 membres des forces de sécurit é et
17 000 employés de la prot ect ion civile [24]. La même année, 2 468 employés du Croissant
Rouge saoudien sont mobilisés, ainsi que 500 volont aires et 326 ambulances[37].
Le pèlerinage s'élève à coût moyen de 5 000 à 8 000 euros (t ransport , logement sur place et
nourrit ure), ce qui oblige nombre de pèlerins à consent ir de lourds sacrifices financiers puisque
l’islam int erdit de s’endet t er pour accomplir le pèlerinage [19]. De nombreuses ent reprises
proposent des pèlerinage discount , mais une grande part ie d'ent re elles sont des arnaques[39],
et hist oriquement ces filières ont parfois about i à la réduct ion en esclavage des pèlerins.
Impact économique
Incidents répertoriés
Depuis la première apparit ion du choléra à La Mecque en 1831 (année qui voit s'inst aurer les
premières bases de la réglement at ion sanit aire du pèlerinage, not amment la mise en place de
quarant aines sur les bat eaux de pèlerins), plus de 30 épidémies se sont succédé, dont
l'épidémie de 1865 à l'origine de la mort d'un t iers des 90 000 pèlerins[42] et celle de 1893 d'un
sixième des 201 963 pèlerins[43]. En 2003, le SRAS infect e 8 273 personnes, essent iellement
en Asie [44]. La surveillance des maladies infect ieuses est de mieux en mieux prise en compt e
par les aut orit és saoudiennes qui ont fait face aux pandémies de la grippe H1N1 en 2009 et
du MERS-CoV en 2013[45].
Le t rès grand nombre de pèlerins a occasionné des vict imes dues essent iellement aux
bousculades, not amment pendant la lapidat ion des st èles, mais aussi des incendies et des
prises d'ot ages :
Date Événement
270 mort s lors d'une bousculade pendant le rit uel de la lapidat ion des
23 mai 1994 st èles. S'y ajout ent 829 mort s dus à des cohues et des arrêt s
cardiaques[46]
5 mars 2001 35 mort s dans une bousculade, lors du rit e de la Lapidat ion de Sat an
Le pèlerinage est pert urbé par des inondat ions, qui font 13 mort s, et le
2009
virus de la grippe A, responsable d'au moins 4 décès[52].
La pollut ion at t eint également des niveaux ext rêmes pendant le pèlerinage, aggravée par le
climat sec et l'usage disproport ionné du pét role. Ainsi, l’écrivain et universit aire anglo-
pakist anais Ziauddin Sardar, qui a t ravaillé durant cinq ans au Cent re de recherche sur le
pèlerinage à La Mecque (Hajj Research Cent re) t émoigne : « la plupart des pèlerins passent
plus de t emps à t ousser qu’à prier. Les effet s nocifs des gaz d’échappement , de la chaleur et
de l’épuisement n’ét aient que t rop évident s : j’ai vu des gens s’évanouir et mourir » [19].
Critiques
Le hajj est aujourd'hui une indust rie florissant e, qui rapport e chaque année des milliards d'euros
à l'Arabie saoudit e, malgré les condit ions ext rêmement difficile pour nombre de pèlerins
modest es (absence de logement , arnaques, racisme, exploit at ion par des filières
monopolist iques...)[18].
Le pèlerinage est aussi considéré par le royaume saoudien comme une occasion d'aligner un
maximum de musulmans du monde ent ier sur sa vision de l'Islam (le wahhabisme hanbalit e, une
mouvance en réalit é t rès récent e et t rès minorit aire de l'Islam), ainsi que de la polit ique,
t endant à faire du hajj un vérit able séminaire d'endoct rinement polit ico-religieux[54].
En Tunisie, l’islamologue Badri Madani suggère par exemple qu'en vert u des valeurs de l'Islam,
l’ent ret ien des écoles et des hôpit aux serait par exemple préférable au pèlerinage, à la omra
et à la const ruct ion de mosquées[55].
Plusieurs art ist es cont emporains du monde musulman proposent une représent at ion plus ou
moins crit ique de La Mecque et du Hajj : Black Cube II de Kader At t ia (né de parent s algériens
en 1970 en Seine-Saint -Denis, vit act uellement à Paris) (2005), Golden Hour (Desert of Pharan
Series) d'Ahmed Mat er (né en 1979 en Arabie saoudit e où il vit ) (2011), White Cube de Walid
Sit i (né au Kurdist an irakien en 1954, vit à Londres) (2010), The Black Arch de Raja et Shadia
Alem (2011), Seven Times d'Idris Khan (Iranien d’origine, né à Birmingham en 1978, vit à
Londres)(2010), I’m Sorry / I’ Forgive You d'Arwa Abouon (art ist e femme, née à Tripoli / Libye
en 1982, vit à Mont réal) 2012[56].
Références
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du Coran, éd. Robert Laffont, 2007, p. 667-669.
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Laffont, 2007.
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2010, 730 p. (ISBN 978-2-271-06711-1), p. 319 et seq.
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Dictionnaire du Coran, éd. Robert Laffont, 2007, p. 674.
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pages.
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siècles, Edisud, 2000, p. 40.
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publique musulmane ? », dans Les pèlerinages au Maghreb et au Moyen-Orient : espaces
publics, espaces du public, S. Chiffoleau et A. Madoeuf (dir.), Institut Français du Proche-
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18. Luc Chantre, Pèlerinages d’empire : Une histoire européenne du pèlerinage à La Mecque,
Paris, Éditions de la Sorbonne, 2018 (ISBN 9791035105433,
DOI 10.4000/books.psorbonne.39456 (https://dx.doi.org/10.4000/books.psorbonne.39456)
, lire en ligne (http://books.openedition.org/psorbonne/39456) ).
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20. « L’islam est fondé sur cinq devoirs principaux : le témoignage qu’il n’est de dieu que
Allah, l’accomplissement de la prière, l’acquittement de la zakat (aumône), le pèlerinage à
la Maison sacrée et le jeûne de Ramadan », rapporté par Boukhari.
23. Mustapha Kessous, Envoyée d'Allah, in le Monde, 8/12/2008 article en ligne (https://www.
lemonde.fr/societe/article/2008/12/08/invitees-d-allah_1128299_3224.html) .
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pèlerinage de la Mecque » (http://www.jeuneafrique.com/mag/356348/societe/arabie-sao
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Hachette, 1989, 445 pages.
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bienfaits ».
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176403-pelerinage-annule-chute-des-cours-du-petrole-en-arabie-saoudite-une-crise-econo
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expert s » (http://www.rfi.fr/moyen-orient/20130629-pelerinage-mecque-coronavirus-exper
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53. Chute d'une grue à La Mecque: des vents violents et des "négligences" en cause (http://w
ww.lexpress.fr/actualite/monde/proche-moyen-orient/chute-d-une-grue-a-la-mecque-des-v
ents-violents-et-des-negligences-en-cause_1715133.html) , L'Express, 12 septembre
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54. Hebib Khalil, « "Devoir de la Dawa (prédicat ion)": les dessous du pèlerinage à La
Mecque » (https://www.atlantico.fr/article/decryptage/devoir-de-la-dawa-predication-les-d
essous-du-pelerinage-a-la-mecque-hebib-khalil) , sur atlantico.fr, 2 septembre 2001.
55. Badri Madani, Siyassi.tn, cité par Mohamed Larbi Bouguerra, « Le hadj, l’aut re pét role des
Saoud » (https://www.monde-diplomatique.fr/2020/08/LARBI_BOUGUERRA/62084) , sur
Le Monde Diplomatique, août 2020.
56. Ima, Catalogue de l'exposition - Hajj « Le pèlerinage à la Mecque », pages 158-165.
Voir aussi
Bibliographie
Frédéric Borel, Étude d'hygiène internationale. Choléra et peste dans le pèlerinage musulman
(1860-1903), Masson et Cie édit eurs, Paris, 1904 (lire en ligne) (ht t ps://gallica.bnf.fr/ark:/12
148/bpt 6k6511316w.Image)
Luc Chant re, Pèlerinages d’empire : Une histoire européenne du pèlerinage à La Mecque,
Paris, Édit ions de la Sorbonne, 2018 (ISBN 9791035105433,
DOI 10.4000/books.psorbonne.39456 (ht t ps://dx.doi.org/10.4000/books.psorbonne.39456)
, lire en ligne (ht t p://books.openedit ion.org/psorbonne/39456) ).
Articles
Mohamed Larbi Bouguerra, « Le hadj, l’aut re pét role des Saoud » (ht t ps://www.monde-diplo
mat ique.fr/2020/08/LARBI_ BOUGUERRA/62084) , sur Le Monde Diplomatique, août 2020.
Henri Mamarbachi, « Le grand laisser-faire du marché du hajj en France » (ht t ps://orient xxi.inf
o/magazine/le-grand-laisser-faire-du-marche-du-hajj-en-france,3239) , sur orientxxi.info,
13 août 2019.
Articles connexes
Ziyarat
Tawaf (Islam)
Guide du pèlerin
(fr) « Guide Pèlerinage à la Mecque - Conseils prat iques » (ht t p://www.diplomat ie.gouv.fr/f
r/IMG/pdf/Pelerinage_ Mecque_ FR2008-2.pdf) , sur diplomatie.gouv.fr
(ar)(en)(fr) « Sit e officiel du Minist ère du Haj du Royaume d'Arabie Saoudit e » (ht t p://www.
hajinformat ion.com) , sur hajinformation.com
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