Franchise ou intégration
verticale :
Que choisir ?
Matière :
La théorie de la firme
Elaboré par :
Elyas ACHBANI
Wafa ANADDAME
Fatimatou RAQAOUI
3
Sommaire :
Introduction……………………………………………………………..…… 3
Conclusion ………………………………………………………………….. 31
Bibliographie…………………….…………………………….…. 32
4
Introduction :
5
Dans le but de répondre à ces questions, Nous traiterons dans une première
partie la définition, les types d’intégration verticale, ses fondements théoriques
ainsi qu’une étude de cas concernant la société Zara (chapitre 1) avant de passer
à la définition et aux fondements de la franchise ainsi qu’une étude de la
franchise au Maroc (chapitre 2).
Dans une deuxième partie, nous étudierons les déterminants du choix entre la
franchise et l’intégration verticale (chapitre 1). Avant de finir par l’analyse des
réseaux de franchise mixtes (chapitre 2).
6
Partie I : Intégration verticale et
franchise : Définitions et raisons de
mise en place
7
Lorsque la qualité d’un produit est liée fortement à celle de la matière première, l’entreprise a
intérêt à détenir en propre son fournisseur. Elle peut alors proposer une offre différenciée et
accroître son avantage concurrentiel.
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L’opportunisme : il caractérise le comportement des individus désireux de réaliser
des gains supérieurs à ceux spécifiés lors de la rédaction du contrat. Il repose sur une
révélation incomplète, déformée ou fausse, de l’information par un agent (notamment sur ses
compétences et ses intentions), entraînant ainsi une asymétrie d’information entre les parties
contractantes. L’émergence de comportements opportunistes s’explique par le caractère
incomplet des contrats, lié à l’imperfection de l’information. En effet, chacune des parties
peut avoir tendance à agir dans son propre intérêt, au détriment de son partenaire, pour
s’accaparer la totalité des avantages espérés de la relation d’échange. Cette incomplétude
entraîne alors une situation d’incertitude quant à la bonne exécution du contrat.
9
Après avoir posé que l’objectif de la firme est de minimiser ses coûts, coûts qui dépendent du
contexte de la transaction ; Williamson propose un cadre d’analyse représentant les différentes
structures de gouvernance à adopter en fonction du contexte de la transaction.
Ces modes de gouvernance étant le marché, la hiérarchie ou encore la forme hybride.
Selon Williamson, l’intégration est pertinente lorsque la fréquence des relations, leur
incertitude et la spécificité des actifs sont élevées. Dans le cas inverse, il est préférable de s’en
remettre au marché.
10
2.1- La création :
Le succès de ZARA est fondé sur son intégration vers l’aval qui lui donne la capacité de
reconnaître et assimiler les modifications constantes des tendances et des désirs des clients. La
part de création chez ZARA est minime : ses modèles constituent une copie des modèles de la
haute couture (à des prix bas).
Plus de 200 créateurs prennent comme principales inspirations les tendances régnant sur le
marché ainsi que les désirs exprimés par les clients, grâce aux informations provenant
directement des boutiques.
2.2- La production :
La devise de la maison est « le temps compte plus que les coûts », ce qui l’a amenée à
privilégier une forte intégration verticale. Les 200 stylistes de l’entreprise développent les
nouveaux articles selon les informations recueillies en boutique et en s’inspirant largement
des créations de la haute couture. Les tissus sont achetés dans une proportion de 45 % à une
filiale d’Inditex et le reste à des entreprises essentiellement d’Europe. La coupe, la réalisation
de petites séries et la finition des vêtements ont lieu dans les 18 usines de Zara de la région de
Galice.
Les vêtements sont conçus dans quelque 400 ateliers extérieurs au groupe, principalement en
Espagne et au Portugal, auxquels sont fournis les patrons, le tissu et tous les éléments de
détail comme les boutons. Le produit fini revient dans les sites de l’entreprise où il est repassé
et soumis à des contrôles de qualité avant d’être distribué. Zara et ses 18 usines se réservent la
fabrication des vêtements ayant un contenu mode plus élevé alors que les produits plus
basiques (le quart de la production) sont fabriqués en Asie.
Zara est allée à contre-courant d’une tendance lourde où la majorité des autres manufacturiers
de vêtements optent pour une fabrication de leurs vêtements en Asie et en Amérique du Sud,
misant ainsi sur des coûts de production plus bas. Ils encourent par ailleurs des coûts de
stockage plus élevés et ils ralentissent ainsi leur vitesse d’accès au marché. : De la conception
à la disponibilité en boutique, Zara ne prend que 10 à 14 jours alors que dans la plupart des
chaînes de prêt-à-porter, on parle d’un délai de trois à quatre mois.
2.3- La logistique :
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La rapidité d’accès au marché se situe au coeur de la stratégie de ZARA. Les articles sont
expédiés par avion, en petites quantités, directement de leur centre de distribution espagnol.
Depuis juin 2003, ZARA possède un deuxième centre de distribution. Un est situé à La
Corogne et le second à Saragosse, toujours en Espagne.
La fréquence élevée des livraisons permet de maintenir très bas le niveau des stocks en
boutique, tout en desservant le marché international à partir d’un seul centre de distribution
(celui de Saragosse). Ainsi, Zara a opté pour des coûts d’entreposage faibles au détriment de
coûts de transport plus élevés.
La distribution est effectuée deux fois par semaine et de nouveaux modèles sont
systématiquement inclus dans chaque envoie afin de permettre un renouvellement constant
des offres dans les boutiques.
2.4- La commercialisation :
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l’homogénéisation nécessaire de la gestion et de l’image globale de ZARA auprès du client
dans tous les pays du monde.
1-Définition de la franchise :
1
Le Code européen de déontologie
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- le franchiseur est un entrepreneur qui a testé avec succès une formule de commerce et
constaté que ce succès est reproductible. Il est l'initiateur d'un réseau de franchise et a pour
mission de développer le concept dans le cadre d'une stratégie de développement
préalablement définie.
- le master franchisé est un franchisé qui a obtenu par contrat le droit d'installer des sous
franchisés dans la zone dont il a l'exclusivité. Il en assure le contrôle ainsi que la
représentation auprès du franchiseur.
Devenir Master franchisé revient donc à opter pour un double statut, celui de franchisé vis à
vis de son propre franchiseur et celui de franchiseur sur le territoire pour lequel la franchise
est concédée.
Ce mode est basé sur la signature d'un contrat qui encadre les relations entre les
parties en présence, tout en comportant un certain nombre d'obligations, à savoir :
La transmission du savoir-faire
Le savoir-faire constitue un ensemble de connaissances secret, substantiel et identifié
d’informations pratiques non brevetées, résultant de l’expérience du fournisseur et testées par
celui-ci. Il se distingue des règles de l’art que le franchisé, en tant que professionnel, est à
même de connaître par lui-même.
Le savoir-faire se transmet notamment par la délivrance de documents (guides, manuels…),
par l’organisation de stages, ou encore par l’obligation de suivre une méthode commerciale
déterminée.
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La mise à disposition des signes d’appartenance au réseau
Ces signes sont constitués par la marque, l’enseigne, les slogans, les éléments d’aménagement
spécifiques...
La fourniture d’une assistance
Le franchiseur doit assister le franchisé de façon permanente, tant lors du lancement de la
franchise que pendant la durée du contrat.
Cette assistance peut prendre différentes formes : organisation de stages de formation ou
d’actualisation, réalisation de campagnes de publicité, gestion de services communs,
assurance de prestations diverses...
L’octroi d’une exclusivité territoriale
Le franchiseur peut octroyer une exclusivité territoriale au franchisé, ce qui est d’ailleurs
souvent le cas. Cette clause oblige le franchiseur à assurer la protection de la zone concédée
en ne créant pas d’autres réseaux pouvant faire concurrence à ses franchisés dans cette zone
ou en s’abstenant de démarcher lui-même la clientèle dans ce territoire. A l’inverse, la clause
oblige le franchisé à ne pas s’établir en dehors de sa zone.
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Pour être valides, ces obligations doivent être nécessaires pour assurer la réitération du
modèle du franchiseur.
Le franchiseur se doit également de contrôler le respect de ces normes. Ces contrôles peuvent
s’effectuer selon plusieurs modalités : visites, inspections, suivi de certaines données liées à
l’activité du franchisé (état du stock, chiffres d’affaires...).
L’approvisionnement exclusif
Cette obligation figure souvent dans les contrats de franchise. Elle impose à un franchisé
d’acheter exclusivement des produits fabriqués par le franchiseur ou par un fournisseur agréé
par lui. Cette clause, pour être valide, doit être indispensable pour préserver l’identité et la
réputation du réseau.
4-Types de franchises :
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II- Raisons poussant l’entreprise à
franchiser :
De même on a proposé que c'est le manque de main d'oeuvre qualifiée qui pousserait à
organiser des franchises, celles-ci étant supposées détenues par des managers compétents. Ici
aussi, on s'attend à ce que les franchises soient peu à peu rachetées par le franchiseur quand la
contrainte sur les capacités managériales s'assouplit.
Mais ces deux prédictions empiriques simples sont contredites par les observations: la
proportion de franchises dans les réseaux, relativement aux unités en gestion directe (par le
franchiseur) n'est pas décroissante dans le temps.
D'autre part, il est possible de montrer que les contraintes sur les ressources peuvent être
repoussées plus facilement par d'autres techniques que la franchise (Rubin 1978); par exemple
en créant une société faisant appel au public ou même aux seuls franchisés potentiels.
Comme toute relation entre deux partenaires, le contrat de franchise peut se définir
comme une relation d’agence : une relation d’agence correspond à un contrat dans lequel une
personne a recours aux services d’une autre personne afin de réaliser une tâche à sa place, ce
qui nécessite une délégation de l’autorité de la décision de l’agent. Ainsi, dans le cadre du
contrat de franchise, le franchiseur (le principal) confie la distribution de ses produits et la
gestion d’une unité du réseau au franchisé (l’agent), en contrepartie de la perception de
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redevances. Dans la mesure où il existe une asymétrie d’information entre les deux parties, il
s’agit alors pour le franchiseur de s’assurer que le détaillant ne va pas se comporter de façon
opportuniste. Pour cela, il peut mettre en place des procédures de surveillances, qui
occasionnent des coûts d’agence.
Le contrat de franchise est constitué de telle sorte qu’il incite le franchisé à fournir l’effort
correspondant aux intérêts du franchiseur, et, par conséquent, qu'il limite les coûts de
surveillance (ou de monitorage). L’une des préoccupations du franchiseur est de maintenir la
valeur de sa marque et la qualité de ses produits. Or, compte tenu des investissements en actifs
spécifiques relatifs à la marque, le recours à un tiers pour la distribution de ses produits peut
susciter des comportements opportunistes. Certains franchisés peuvent se comporter en
«passagers clandestins» (free-riding), profitant de la publicité faite pour l’ensemble du réseau
pour augmenter leurs ventes, tout en limitant leurs efforts. Ils peuvent ainsi ne pas offrir les
services associés au produit et souhaités par le producteur, ne pas mettre le produit en valeur...
L’une des façons pour le franchiseur de motiver le franchisé consiste à lui accorder une partie
des profits réalisés. Ainsi, les gains du détaillant sont directement liés aux efforts fournis et
l’incitent à faire de son mieux.
Dans cette optique, la franchise apparaît selon la théorie de l’agence comme un mode
d’organisation répondant aux problèmes de contrôle. Grâce à ce processus d’autodiscipline, le
franchiseur n’est pas dans l’obligation de surveiller étroitement ses franchisés, responsables
financièrement de leurs pertes. De fait, les franchisés ont davantage à perdre puisqu’ils ont
lourdement investi dans leurs magasins, cet investissement en actifs spécifiques jouant le rôle
d’«otage». Un comportement pouvant nuire à l’image de la marque et susceptible
d’interrompre le contrat s’avère d’autant moins probable que les franchisés paient un droit
d’entrée dans le réseau, qu’ils récupèrent ensuite sur leurs ventes. Dans le cas de succursales,
le personnel étant salarié, l’incitation à l’effort est moins forte car elle dépend des règles de
rémunération internes à l’entreprise.
1- Historique :
18
franchise au Maroc et représente une ligne de démarcation entre deux phases différentes qu'il
convient d'analyser succinctement.
Phase de naissance du concept: de 1960 à 1990 : On constate qu'avant les années 90,
le taux de croissance de la franchise a été très lent à raison d'une franchise tous les cinq ans.
Cette période a été marquée par l'implantation de six réseaux.
La première franchise installée au Maroc remonte à 1962 et concerne le transport touristique,
il s'agit de la société Scal qui, pour bénéficier de la notoriété américaine, s'est franchisée par
le concept d'Avis devenant ainsi Scal Avis.
Une année plus tard, Hertz, franchise d'origine américaine, s'est installée au Maroc dans le
même secteur d'activité.
16 ans plus tard, l'expérience tentée par les premières franchises et le succès qu'elles ont
remporté a attiré EuropCar, une franchise française.
En 1981, s'est installée la franchise Pigier, école d'initiation à l'informatique, elle est
considérée actuellement comme l'un des réseaux les plus importants au regard du nombre de
ses unités.
Vient ensuite, le Méridien dans le secteur de l'hôtellerie et NafNaf, la première franchise
dans le secteur de l'habillement qui avait résilié le contrat de franchise pour la reprendre
dernièrement avec d'autres partenaires.
Phase de croissance du concept après 1990 : À partir de 1990, le Maroc a assisté à
l'émergence d'autres franchises couvrant un éventail de secteurs de plus en plus large pour
répondre aux exigences d'un consommateur dont les habitudes de consommation ont connu
une importante évolution.
19
En Juillet 2007, 331 (7 réseaux n’ont pas communiqués leur date d’implantation) réseaux de
franchises ont été identifiés à travers le suivi mené par le Département du Commerce et de
l'Industrie auprès des opérateurs du secteur de la franchise.
Ces réseaux de franchise regroupent plus de 2219 points de vente répartis à travers les grandes
villes du Maroc, principalement Casablanca et Rabat vu la densité de la zone de chalandise et
le pouvoir d'achat relativement élevé.
De même, on assiste à l'implantation de nouvelles enseignes au Maroc en plus du grand
nombre des intentions d'ouvrir et de l'expansion de certains réseaux à travers les villes
moyennes. Ceci, se traduit par une réelle modernisation du commerce, enclenchée à travers le
Royaume.
Année de
Points
Pays développement
Enseigne Activité de Logo
d’origine en franchise au
vente
Maroc
20
Année de
Points
Pays développement
Enseigne Activité de Logo
d’origine en franchise au
vente
Maroc
Accessoires de
BIGDIL 24 Maroc 2001
mode
Boissons
COCA COLA rafraîchissantes 7 USA -
sans alcool
Restauration
DOMINO'S PIZZA 4 USA 1998
rapide
Restauration
MCDONALD'S 21 USA 1992
rapide
Boissons
PEPSI rafraîchissantes 1 USA 2003
sans alcool
Restauration
PIZZA HUT 17 USA 1992
rapide
21
Année de
Points
Pays développement
Enseigne Activité de Logo
d’origine en franchise au
vente
Maroc
Montres,
SWATCH lunettes et 13 Suisse 1997
accessoires
VIRGIN
Audio visuel 1 Angleterre 2007
MEGASTORE
Articles de
YATOUT 58 Maroc 2001
Cadeaux
22
Chapitre I : Arbitrage intégration
verticale/ franchise :
I- Intégration verticale :
1- Facteurs favorisant l’intégration verticale :
L’intégration verticale est considérée par les économistes comme la solution de
coordination la plus efficiente dans certaines circonstances. Parmi les facteurs favorisant
l’intégration verticale on trouve :
23
Réduction des coûts d’information : De négociation, de
contrôle d’exécution du contrat et de renégociation des contrats avec les partenaires.
Mais si l’intégration verticale représente tous ses avantages pour la firme, elle souffre
toutefois d’un certains nombres d’inconvénients qui peuvent mener la firme à préférer
d’autres formes de gouvernance (marché, formes hybrides).
24
Facteur de rigidité pour l’entreprise : Elle n’est pas
indiquées dans les activités cycliques ou dans les secteurs soumis à des changements
technologiques fréquents, il est risqué pour l’entreprise d’intégrer un fournisseur dont la
technologie pourrait devenir obsolète, de même, il est préférable d’éviter l’intégration
verticale lorsque la demande du marché est difficile à évaluer ;
De nos jours, la turbulence croissante des marchés et des technologies, la nécessité d’être
réactif et de traiter une grande variété d’information ou de s’adapter à des contextes très
différents tendent à limiter les avantages de l’intégration verticale. Certaines firmes, pour
remédier aux risques d’une trop grande rigidité, s’orientent ainsi vers d’autres formes de
gouvernance à savoir l’externalisation ou les formes hybrides.
II- La franchise :
1- Les facteurs favorisant la franchise :
25
La franchise permet à l’entreprise de réaliser
des économies d’échelle : En matière de publicité et de promotion.
Comme toute coopération, la franchise peut engendrer des inconvénients, les principaux
dangers que peut présenter la franchise sont :
26
La mauvaise sélection du franchisé peut
entraîner une détérioration de l’enseigne : De la
marque et de la notoriété des produits c’est pour cela que le franchiseur doit être très
vigilant sur le choix de ses franchisés ;
Le contrat de franchise ne doit omettre aucun détail pour éviter une situation de conflit entre
les parties qui à terme nuirait l’image de la marque.
27
La question de la mixité des réseaux, si elle est d’actualité pour les professionnels de la
franchise, fait parallèlement l’objet de développement récent en théorie économique, et ceci
dans plusieurs cadres théoriques.
De manière plus générale, il apparaît nécessaire d’analyser le lien qu’il peut exister entre le
degré de mixité des réseaux de franchise, la nature de la relation de franchise et
l’environnement institutionnel.
28
on peut conclure que, si le succès du réseau augmente avec son développement, les
franchiseurs auront d’autant plus les facilités à financer l’ouverture de nouvelles unités. En
d’autres termes, la proportion des unités franchisées doit décroître avec le développement du
réseau.
29
Dans le modèle de Gallini et Lutz, l’organisation en franchise est plus efficace que
l’intégration verticale en raison d’une intensité des incitations à l’effort du franchisé
importante.
Les analyses précédentes avaient toutes en commun de considérer la mixité des réseaux de
franchise comme une forme transitoire d’organisation du réseau. Au fur et à mesure que le
réseau accumule de l’expérience, ces analyses prédisent que la proportion d’unités
verticalement intégrées par le franchiseur doit se rapprocher de zéro ou un. En d’autres
termes, l’organisation des réseaux devrait converger vers le succursalisme pur (on ne peut
plus parler de réseau de franchise) ou vers un réseau exclusivement franchisé.
Selon les analyses empiriques menées, les réseaux de franchise ne peuvent pas être une forme
transitoire, mais une forme stable.
Dans le paragraphe suivant, nous allons proposer une optique différente selon laquelle la
mixité des réseaux est une forme organisationnelle stable et permanente.
30
intégrées par le franchiseur (le taux de mixité) résulte de l’agrégation des décisions
d’organisation des unités individuelles.
La deuxième série de travaux cherche à expliquer la mixité des réseaux de franchise à partir
de l’étude des effets de synergie qui existent lorsque plusieurs modes d’organisation sont
simultanément utilisés.
2.1- La mixité des réseaux de franchise : Une
conséquence des décisions individuelles :
Chaque réseau de franchise est constitué de deux types de contrats : un contrat de franchise
uniforme pour tous les franchisés et l’intégration verticale. En conséquence, la majorité des
études empiriques analyse le choix entre franchiser/intégrer verticalement une unité, en
utilisant des arguments pour expliquer le « design» des contrats.
Nous allons maintenant passer en revue les différents paramètres qui ont été utilisé pour
analyser l’arbitrage franchise/intégration verticale.
31
Le modèle d’agence appliqué à l’organisation des réseaux de franchise met la question des
incitations des membres du réseau au centre de l’analyse.
Bai et Tao [2000] ont proposé une explication de la mixité contractuelle qui repose sur la
nature multidimensionnelle de l'effort des managers.
Les managers des unités doivent fournir deux types d'effort : d’une part, un effort pour
maintenir et développer la réputation de la marque commune, d'autre part, un effort pour
maximiser les ventes de l'unité. Le premier type d'effort a un impact positif sur les profits de
toutes les unités du réseau (y compris sur le profit du franchiseur) tandis que les bénéfices du
deuxième type d'effort sont entièrement capitalisés par le propriétaire de l'unité.
Si le manager d'un magasin est confronté à un contrat fortement incitatif (cas de la franchise),
il va principalement allouer son effort pour développer son marché local au détriment de
l'effort de maintien de la réputation puisque sur ce dernier effort, il ne récupère pas
l'intégralité des bénéfices. Afin d'assurer la fourniture d'un effort positif de valorisation de la
réputation, le franchiseur doit donc offrir des contrats basés sur des rémunérations fixes en
dépit de leur effet négatif sur l'effort local. Mais s'il veut développer ses ventes, il doit aussi
proposer des contrats plus incitatifs aux managers. Dès lors que les deux types d’efforts sont
substituts pour le manager, Bai et Tao [2000] montrent qu'il est optimal de recourir à la fois à
des unités en propre et à des franchises.
Dans l’hypothèse où l’on fait que seul le niveau d’effort du franchisé est important dans la
relation et que ce dernier est difficilement observable par le franchiseur, le taux de royalties
est un moyen de faire varier les incitations que l’on donne au franchisé. Si l’on compare les
propriétés incitatives de l’intégration verticale et de la franchise, le contrat de franchise est
beaucoup plus incitatif que la rémunération fixe que reçoit généralement le manager d’une
unité intégrée.
La proportion des unités franchisées (respectivement intégrées verticalement) augmente avec
l’importance de l’effort des franchisés (respectivement du franchiseur). Dans cette analyse, la
mixité d’un réseau de franchise dépend donc de la nécessité de fournir des incitations au
franchiseur ou aux franchisés.
32
uniformisation des méthodes de ventes et de production, etc. Un problème fondamental
auquel est confronté le franchiseur (le propriétaire de la marque) est celui du contrôle du
comportement de ses différentes unités lorsque l’on fait l’hypothèse que les managers des
unités ont un comportement imparfaitement observable et poursuivent leur intérêt personnel
(le modèle d’aléas moral).
Le choix de la forme d’organisation pour un point de vente (franchise/intégration verticale)
reflète alors le choix entre différentes méthodes de contrôle du comportement des points de
vente.
33
D'une part, la possibilité offerte par la mixité des réseaux d'utiliser les informations fournies
par les franchisés (respectivement les unités intégrées) pour améliorer la performance des
unités intégrées (respectivement les franchisés).
Dans un réseau de franchise mixte, les performances des unités franchisées servent à établir le
standard de performance pour les unités en propre et inversement (système de comparaison ou
"benchmarking"). Les unités franchisées apportent au franchiseur des informations pertinentes
qu'il utilise ensuite dans les relations avec ses propres unités et vice-versa.
De plus, l'existence d'unités franchisées peut servir de mécanisme d'incitation pour les salariés
du franchiseur. Le franchiseur peut récompenser ses meilleurs managers d’unité en leur
proposant de devenir franchisé. Inversement, le recrutement de nouveaux franchisés parmi les
salariés des unités en propre ou du siège social réduit les coûts liés à la sélection, au
recrutement et à la formation de nouveaux franchisés.
D’autre part, les effets bénéfiques de la mixité sur l'incitation à l'innovation. Les franchisés et
les franchiseurs sont à l'initiative des innovations dans les réseaux (nouveaux produits,
nouvelles formules promotionnelles, etc.). Cependant, la manière dont est défini le partage
des résultats entre les deux acteurs (partage des revenus plutôt que des profits) pose un
problème d'alignement des incitations (Lewin-Solomons [1998]). Les franchiseurs
chercheront à favoriser les innovations qui permettent d'augmenter le chiffre d’affaires, et
donc les royalties, même si ces innovations augmentent simultanément les coûts des
franchisés. Un moyen de limiter cette divergence d'intérêt est de réduire le taux de royalties.
Mais, dans ce cas, le franchiseur est moins incité à maintenir la valeur de son réseau et à
innover. Une autre manière pour le franchiseur de ne pas biaiser les innovations en faveur de
celles qui augmentent principalement les royalties est de posséder lui-même des unités. Dans
cette configuration, le profit du franchiseur dépend aussi des profits de ses unités en propre (et
non pas seulement des royalties des unités franchisées). De plus, le fait de posséder des unités
aide aussi le franchiseur à persuader les franchisés que les innovations qu'il propose leur
seront aussi bénéfiques.
Conclusion :
La littérature économique a rarement traité directement la question de la mixité
des réseaux de franchise. Comme nous venons de le voir, dans la majorité des
34
analyses effectuées, la mixité est considérée soit comme un phénomène
transitoire, qui doit disparaître avec la maturité du réseau, soit comme un
phénomène qui résulte des choix faits par les réseaux au niveau des unités
individuelles.
De très nombreuses études ont réfuté l’hypothèse de la mixité comme
phénomène temporaire. Dans le même temps, les résultats empiriques
convergent pour montrer que l’explication en terme d’efficacité économique de
l’organisation des réseaux est assez robuste.
L’organisation des réseaux est donc une réponse à différents problèmes de
coordination qui sont posés par l’existence même de ces réseaux (problèmes
d’incitation à l’effort, de contrôle des comportements, de protection de la valeur
du réseau contre les comportements opportunistes des franchisés). Par contre, ce
n’est que très récemment que des travaux se sont développés dans cette
perspective d’efficacité pour traiter explicitement la question de la mixité des
chaînes de franchise. Autrement dit, au lieu de considérer les différentes formes
de gouvernance comme des alternatives, il s’agit d’étudier dans quelle mesure la
coexistence de plusieurs formes organisationnelles est source d’efficacité.
Bibliographie :
35
Ouvrages:
• DESREUMAUX, A. 2005. Stratégie. Paris, PEARSON Éducation. PP
124-126.
• LEROY, F.2004.Les stratégies de l’entreprise. Paris, DUNOD.PP 86-91.
• PENARD, T. RAYNAUD, E. SAUSSIER, S. 2002. Contract Mix in
Franchising as an efficient monitoring device under asymmetric
information. Centre ATOM. Université de Paris I. PP 19-24.
• THIETART, R. 2005. Stratégies. Paris, DUNOD. PP 201-214.
Revues:
• Hubert, G. " La théorie williamsonienne de l’intégration verticale n’est
pas vérifiée empiriquement ". Revue économique. vol. 52, N° 5/2001. PP
1013-1039.
• PENARD, T. RAYNAUD, E. SAUSSIER, S. "Théories des contrats et
réseaux de franchise " . Revue française d'économie. n°4. vol 19.
Rapports:
• MICNT. 2007. " Franchise au Maroc " . Ministère de l'Industrie, du
Commerce et des nouvelles technologies. RABAT.
36