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n creux au lieu d’une rondeur toute muscle de la cuisse. » Mais les choses se
féminine. Perdre un sein peut être sont corsées une fois sur le billard. « J’ai
vécu comme un traumatisme, et fait une hémorragie durant la recons-
certaines femmes choisissent de pas- truction du sein, qui a dû être stoppée
ser par une reconstruction mammaire, et qui m’a valu douze heures d’anesthé-
après un cancer ou de façon préventive, sie, une hypothermie et trois transfu-
en raison d’une mutation génétique les sions. » Malgré cela, la quadragénaire
rendant plus enclines à développer la n’a pas fini d’entendre parler de chirur-
maladie. Des opérations synonymes gie : « La deuxième opération se fera en
de parcours du combattant ou de re- avril 2022, pour la reprise des cicatrices
naissance, comme le montrent les té- et du lipomodelage afin d’améliorer
moignages recueillis par 20 Minutes à l’aspect esthétique. Pour l’instant, pas
l’occasion de la nouvelle édition d’Oc- de regrets, je vis avec mes cicatrices, et
tobre rose, campagne de sensibilisation je me suis presque approprié mes “nou-
au dépistage du cancer du sein qui com- veaux seins”. »
mence ce vendredi. Chaque parcours est unique et les
ressentis face à cette reconstruction,
qui peut être immédiate ou prendre
« Ça touche à la féminité » plusieurs mois, diffèrent énormé-
Le travail d’adaptation à sa nouvelle poi- ment selon l’âge de la patiente, son
trine est plus ou moins difficile. « Parmi his to ire fami- Après le diagnostic, certaines femmes choisissent une reconstruction mammaire. Getty Images
les spécificités psychiques de se faire « J’ai repris goût liale, le contexte.
enlever un sein, il y a le fait que ça touche à la vie, je prends Pour Francesca, médical. J’ai repris goût à la vie, je une croix sur ma poitrine, confie celle
à la féminité, à la maternité, à la fonction plaisir à redevenir 60 ans, atteinte prends plaisir à redevenir coquette, qui a 35 ans aujourd’hui. J’avais parlé
nourricière et à la sexualité, souligne Ca- coquette, d’un cancer je me maquille à nouveau. C’est une à mon médecin de faire une mastec-
roline Marcotte, psychologue clinicienne je me maquille en juillet 2010, renaissance, aucune douleur, la cica- tomie avant le diagnostic du cancer…
à l’Institut Curie. Je vois souvent chez les à nouveau. la reconstruc- trisation du lambeau est impeccable, mais, malheureusement, je n’ai pas eu
patientes soit un vécu de mutilation, soit C’est une tion – via un celle du ventre a été beaucoup plus le temps. » Dès ses 33 ans, le diagnos-
une vision de la chirurgie salvatrice. » renaissance. » lambeau de peau longue, mais maintenant, tout est ren- tic de cancer a bouleversé les plans de
Certaines patientes digèrent l’épreuve Francesca, 60 ans de son ventre – a tré dans l’ordre. » la jeune femme. « Heureusement, mon
seule, sans aide psychologique. « Ce n’est été une recon- Juliane, en revanche, n’a jamais chirurgien a réalisé une reconstruction
pas une obligation de se faire suivre, pré- nexion à la féminité. « Je revis, cette beaucoup mis en valeur sa poitrine. immédiate, reprend Juliane. Je crois
vient la psychologue, mais il me semble reconstruction est une victoire sur le « Lorsqu’on m’a annoncé la mutation que j’aurais eu beaucoup plus de mal à
important de pouvoir poser les mots, cancer, confie cette lectrice, opérée génétique, j’avais à peine 20 ans et je accepter le changement en voyant ma
passer par un travail de deuil. » en février 2021 après un long parcours pense qu’inconsciemment j’avais fait poitrine manquante après l’opération. »