Vous êtes sur la page 1sur 196

Déclic Factory

NOUVELLES DE
MANIÈRES CONSOMMER
ÉCONOMIE ET
SOLIDAIRE TRAVAILLER

Libres
Vers un travail qui a du sens
NOUVEAU
QUÊTE LIBERTÉ MONDE
DE SENS

Hélène Picot
Ce livre s’adresse aux personnes en quête de sens,à ceux
qui se questionnent sur le Travail et ont envie de vivre,
d’œuvrer et de consommer différemment.

Nous parlons de plus en plus du nouveau monde dû à


l’urgence climatique, au système en bout de course et
aujourd’hui du Covid, mais aucun livre ne mentionne cela
sous l’angle du Travail. Or le travail, et surtout la recon-
version, le changement de vie et de modèle représentent
une solution non négligeable pour changer le monde
(et notre monde intérieur).

« Preuves  » à l’appui, ce livre a l’ambition de dresser


un panorama quasi exhaustif du monde du travail d’hier,
d’aujourd’hui et de demain et des nouvelles manières de
travailler. Par cette porte d’entrée « travail », le lecteur est
invité à ré-envisager la société tout entière en présentant
les clés qui existent déjà et celles que nous pourrions
développer, chacun à notre échelle pour répondre à cette
quête de sens. Télétravail, révision du temps de travail,
nouvelles manières de travailler, refonte nécessaire
de certains secteurs comme la mode, l’agriculture,
l’industrie pharmaceutique, la grande distribution… Exode
urbain, monnaies locales, économie du don… Tout est là pour
contribuer à un nouveau monde, résilient et respectueux
du Vivant dont nous faisons partie.

Le « travail sur soi », sur notre conscience, sur notre


rapport au monde, va nous permettre de remplacer
la vieille image du «  travail classique  » dénué de sens
et déshumanisé. En changeant notre point de vue sur
le Travail, nous récupérons du tempset pouvons réellement
changer le système.

Hélène Picot
« L’utopie, ce n’est pas l’irréalisable, c’est l’irréalisé.
L’utopie d’hier peut devenir la réalité d’aujourd’hui ».

Théodore Monod
Directrice de publicité (Publicis, Metro, La Tribune) pendant dix
ans, Hélène PICOT se reconvertit il y a 10 ans et est désormais
Digital nomade et slasheuse épanouie: Coach en reconversion, créa-
trice de la méthode «Rêvez, Osez, Foncez!®» , de «L’arbre pour créer
sa vie®» et de la première formation en ligne dédiée à la reconver-
sion, auteure de 4 livres, conférencière, entrepreneuse responsable,
décroissante,...

Elle a accompagné des milliers de personnes dans plus de 15 pays


dans leurs changements de vie, de voie. Elle a été agricultrice
urbaine, donne aussi des ateliers bénévolement auprès de jeunes
et adolescents via l’association article 1 et intervient auprès
des master 2 d’économie sociale et solidaire de l’université du
Havre. Pendant son temps libre, elle est aussi pèlerine et sillonne
la France seule et à pied (1 800 km pour le moment).

Son leitmotiv : que chaque personne puisse être LIBRE (libre d’être
qui elle veut, de faire ce qu’elle veut et de vivre où et comme elle
le souhaite).

www.helene-picot-coaching.com

Facebook Instagram Youtube


Hélène Picot Hélène Picot Hélène Picot
Rêvez Osez foncez Rêvez Osez foncez
Je suis heureuse de vous présenter mon quatrième livre. Pour les
trois premiers, je suis passée par des maisons d’édition, avec qui j’ai
réellement apprécié de collaborer et par le système dit «classique»
de la mise en rayon dans les FNAC, librairies, sites de vente en ligne
comme Amazon…

Mes livres ont très bien marché et continuent à se vendre même 8


ans après. Mon premier livre « Sans emploi ? Trouvez votre voie et
rebondissez ! » a d’ailleurs été réédité il y a quelques mois à peine.

Cependant, cette fois-ci, j’ai voulu être à 100% alignée avec ce que je
raconte dans le présent ouvrage, c’est pourquoi, je propose ce livre
directement en PDF pour plusieurs raisons :

• Participation Libre. En sortant du système classique, je peux pro-


poser de payer ce que les gens veulent/peuvent avec un minimum de
5 euros.

• Plus écologique. Bien que l’envoi des pièces jointes engendre aussi
une pollution, elle est moindre qu’avec l’envoi d’un livre papier, de
surcroit emballé dans du carton, voire sous film plastique…

• Sans Amazon. Je me coupe d’un potentiel de ventes et je l’assume


pleinement. Je ne veux plus cautionner des entreprises qui ne sont
pas respectueuses de l’environnement.

Pour finir, je reverserai une partie des contributions à des associa-


tions qui me tiennentà cœur.

À noter, quelques exemplaires sont imprimés à petite échelle en


France et en PEFC et Imprim’vert afin d’en distribuer dans quelques
librairies indépendantes notamment.

Plus d’informations : www.helene-picot-coaching.com/mes-livres/


Sommaire

— Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.7

1 — Chronologie du travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.11


• À l’origine, l’Homme sans travail. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.11
• L’Église, première entreprise au travail. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.12
• La naissance de l’esclave consommateur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.14
• La triple fracture : la révolution numérique, écologique et spirituelle . . . . . . . . . . . . p.18

2—L
 es mythes à balayer. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.41
• Il faut travailler dur pour gagner sa vie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.41
• Le temps, c’est de l’argent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.45
• La raison vaut mieux que l’intuition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.49
• Un « vrai bon » métier nous fait gagner beaucoup d’argent. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.53
• Les plus intelligents sont ceux qui ont fait les meilleures études. . . . . . . . . . . . . . . . p.54
• Le plus important est de savoir quel métier « on veut faire plus tard ». . . . . . . . . . . p.66
• Si vous stressez beaucoup, c’est que vous êtes important. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.57
• Les patrons sont tous des pourris. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.59
• Se reconvertir, c’est juste changer de métier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.61
• Alors, tu as réussi dans la vie ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.62
• La dualité Millenials contre le reste du monde. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.64

3 — Dis-moi, pour qui tu travailles ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.67


• Définir «emploi» et «travail» . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.67
• Entreprise, quelle est ta raison d’être ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.68
• Redonner du sens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.71
• Tyrannie du bonheur, l’happycratie en entreprise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.73
• Vers une gouvernance et un management éthique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.75
• Diminuer la taille des structures ou des équipes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.80
• Les secteurs qui doivent se réinventer. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.82
› La finance : le nerf de la guerre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.82
› L’agriculture, l’agroalimentaire… et la santé : vous êtes ce que vous mangez . . . p.88
› La grande distribution : vous êtes ce que vous achetez . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.93
› Le secteur de la mode : tisser un nouveau modèle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.98
• Quelques exemples d’entreprises « nouveau monde ». . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.103

4 — Les nouvelles manières de travailler . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.109


• Télétravail et remote working : travailler à distance. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.110
• Coworking et tiers-lieux : travailler en communauté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.112
• Slasheurs : s’épanouir dans plusieurs activités. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.124
• (Digital) nomades : travailler en voyageant, voyager en travaillant . . . . . . . . . . . . . . p.126
• Slow working / slow life : il est urgent de ralentir !. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.129
› Réviser le temps de travail. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.129
› Faire des pauses performantes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.133
› Se déconnecter pour mieux se reconnecter à soi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.135
› La marche, la nature, la méditation : Faites de vraies pauses . . . . . . . . . . . . . . . . . p.135

5 — De l’écolier au citoyen éclairé : quelques pistes à explorer. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.139


• Repenser l’école. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.139
• Au revoir le CDI, bonjour la CDV (Chance De Vivre). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.146
• L’exode urbain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.147
• Faire ce que l’on aime. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.155
• Vers une nouvelle économie solidaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.164
› Consommer autrement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.164
› L’économie du don : nouvelles rétributions, crowdfunding et crowdtiming . . . p.167
› Penser aux monnaies locales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.170
› Le nécessaire Revenu universel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.170
• La politique territoriale et citoyenne. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.172
• Désobéissance civile et… fertile !. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.175
• La fin du travail : OUI à l’être libre et spirituel !. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.178

— Visions 2040 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.183

— Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.187
Introduction

Depuis 2012, je suis libre. Avant, je ne l’étais pas. J’étais enfermée entre quatre murs le plus
clair de la journée. Je passais ma vie entre un métro et une entreprise. J’étais littéralement
enfermée dans une boîte. Alors, bien évidemment, nous ne pouvons pas comparer une en-
treprise à une prison. On est emprisonné après avoir commis un crime, un délit, quelque
chose de préjudiciable pour la société. On ne décide pas d’aller en prison, alors que l’on dé-
cide, de son plein gré, de rentrer sur le marché du travail.

Nous avons été éduqués, conditionnés pour ce moment magique où l’on va enfin in-
tégrer la vie active, devenir un travailleur ou plutôt un travaillo-consommateur.
« Que veux-tu faire quand tu seras plus grand  ? » Depuis toujours, cette phrase résonne
dans nos crânes. Suivie par « travaille bien à l’école », sous-entendu « sinon tu vas finir sous
les ponts » ou avoir un « petit » boulot.

Dès l’école primaire, tout est mis en œuvre pour nous faire rentrer dans un moule, le joli
moule du travailleur docile.

Parqués dans des classes de plus de 30 élèves, assis une journée entière sans avoir le droit
de se mouvoir et d’échanger (sachant que le niveau d’attention ne dure que 20 minutes,
comment voulez-vous qu’un enfant puisse tenir toute une journée assis en étant attentif ?
Punissons-le, à force d’écrire 400 fois «  Je ne dérangerai pas la classe  »), l’élève finira par
accepter sa condition. Arrivés au collège puis au lycée, c’est la même chose, le regard des
autres en prime, car les hormones commencent à jouer. Il devient nécessaire de faire
« comme les autres », sous peine de passer pour la risée de la classe. Petit à petit, on ôte
les matières artistiques, créatives et on promeut la compétition. Ne surtout pas laisser
les élèves copier les uns sur les autres, bannir tout échange, il ne faudrait tout de même
pas leur apprendre la coopération. Quelle idée… Il faut ensuite choisir ses options, ce
sera Bac à dominante Scientifique (pour les « meilleurs » bien évidemment), Littéraire
ou Économique pour les élèves ayant obtenu le graal des études générales. Techno pour
les autres, voire, pire que tout, un CAP… Outrage.

Puis, le choix des études supérieures pour ceux qui sont arrivés jusque-là. Et là… Premier
dilemme existentiel… « Que vais-je faire de ma vie ? ». Nous serions tentés de glisser à ces
jeunes : « Être heureux, c’est un beau programme tu sais ». Mais non, vite, il faut qu’ils se
bougent. Ecole de commerce, d’ingénieur, fac de droit ou médecine pour les uns. Fac tout
court ou BTS pour les autres. Ils réussiront leurs études, plus ou moins brillamment et
arriveront, pour la plupart d’entre eux, diplômés sur le fameux marché du travail. Ils ne
sauront toujours pas ce qu’ils veulent faire de leur vie car toutes ces années de bourrage de
crâne auront eu raison de leurs rêves. Ils obtiendront un emploi et rentreront dans la caté-
gorie des « actifs ». Est-ce qu’ils aiment vraiment ce qu’ils font ? Non mais « il faut travailler
dur pour gagner sa vie », « Dans la vie, on ne fait pas ce qu’on veut », « après tout, je m’en
fiche, ça me fait un salaire pour pouvoir me payer de belles vacances »…

7 Libres - Vers un travail qui a du sens


Mais, un jour, un merveilleux jour, ils prendront conscience que tout ça n’a pas
de sens et qu’il est temps de se (r)éveiller, de se bouger et de devenir enfin un être humain.
Un être libre.

Car OUI, libre, vous l’êtes, nous le sommes tous. À nous de changer la donne, de nous
libérer pour sortir des carcans d’un système qui court à sa perte. Nous avons toutes
les cartes en main mais surtout le devoir, un devoir de plus en plus prégnant, de plus
en plus urgent de changer le cours des choses. Nous sommes à un point de bascule,
écologique, économique, systémique. Sans notre sursaut, sans nos idéaux, nous ne
serons tout simplement plus. Alors, autorisez-vous à rêver à nouveau car le rêve est
le terreau d’une vie épanouie. Et cela passe déjà, en grande partie, par vous questionner
sur le travail. Vous passez pour la plupart d’entre vous 80% de votre temps à faire
quelque chose qui ne vous plait pas et qui, pire encore… ne sert à RIEN (vive les bullshit
jobs). Imaginez tout ce que vous pourriez faire en récupérant une grande partie de ce
temps pour faire des activités qui ont du sens pour vous, vous permettent de vous sentir
utile, créatif, VIVANT !

Pour ma part, en changeant ma manière de voir et de vivre le travail, j’ai


entièrement changé ma manière de vivre et d’être dans cette vie. Je ne « travaille »
que quelques heures par semaine et en parallèle, je m’implique dans des projets
qui me stimulent, je pars marcher seule pendant des semaines, je lis, je crée, j’écris,
je contribue à des projets qui me tiennent à cœur, je transmets, je fais du bénévolat, je vis.
Mon travail, je l’aime, je suis coach en reconversion ( je n’aime pas ce mot mais que
voulez-vous, les moteurs de recherche ont besoin de critères spécifiques). Pour ma part,
je me définis davantage comme une passeuse, j’aide les gens à passer d’un état à un autre,
de l’ancien monde au nouveau. C’est ma contribution. Pourquoi avoir choisi de les aider
dans leur transition professionnelle ? Tout simplement car l’emploi, le travail, représente
80 % du temps et concentre un nombre incalculable de peurs (peur de manquer, peur de
l’insécurité, peur du regard des autres, peur de ne pas être à la hauteur, peur d’échouer
mais aussi peur de réussir, etc…). En aidant les gens à changer de vision puis en les accom-
pagnant à sauter le pas vers une nouvelle voie, je les aide réellement à changer de vie, mais
surtout, d’état d’être. « Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde », disait
Gandhi. C’est très beau mais cela implique une chose, votre changement. Personne ne le
fera à votre place. Alors ouvrez les yeux, ouvrez vos chakras, vos cœurs, vos neurones pour
accéder à ce grand mouvement de libération de l’Homme.

Je ne milite pas pour la fin du travail ou le lynchage des entreprises. Je pense que
l’Homme est un créateur et a besoin d’œuvrer. J’aime le sentiment d’accomplisse-
ment après avoir réalisé un objectif que je m’étais fixé, j’aime me dire que ce que je fais
sert à quelqu’un et que je contribue à mon échelle à l’amélioration de notre monde.
J’aime travailler car j’ai choisi toutes les activités que j’exerce chaque jour. J’en change
aussi, en fonction de mes envies, passions et besoins du moment, puisque je suis
un être libre (certains diront que je suis une slasheuse) comme nous devrions tous l’être.

J’aime les entreprises aussi, je suis moi-même une entrepreneuse.

Introduction 8
En revanche, l’entreprise, quelque soit sa taille, doit s’inclure dans ce grand mouvement
de fond. Elle a une large part de responsabilité dans le changement de paradigme que
nous sommes en train de vivre. L’entreprise d’aujourd’hui se doit d’être humainement,
économiquement et écologiquement RESPONSABLE. La plupart des entreprises qui
se créent ont compris et intégré ces données.

Mais qu’en est-il des autres  ? Des boîtes « ancienne école », celles pour qui la crois-
sance, la consommation de masse prime sur tout le reste  et surtout, à n’importe quel
prix ? Toutes ces multinationales qui produisent et / ou vendent des produits dange-
reux pour nos santés et l’environnement ? Toutes ces entreprises qui n’ont comme vi-
sion que leur seul enrichissement au détriment de leurs salariés, données qui, selon
elles, sont de toute façon interchangeables à l’infini. Que dire aussi de ces entreprises
qui font la part belle au métier à la mode des Happiness Chief Officer au lieu d’œuvrer à
la construction d’une réelle vision qui pourrait offrir du sens à leurs salariés, les engager
à nouveau et concourir à un changement profond et bénéfique de la société
à long terme ?

Le Travail, l’entreprise, le système doivent se réinventer entièrement. Le sa-


lariat n’est qu’un moyen du travail. Nous pouvons désormais « travailler » ou
plutôt, avoir une activité qui nous permette de vivre seul, en collectif, en
communauté sans passer par la case salariée. C’est le lot des boulots free-
lance, des néoruraux, des décroissants et même des communautés qui décident
de carrément vivre sans argent comme nous le verrons. Nous pouvons aussi
décider de mixer le tout en devenant salarié ET entrepreneur ET Bénévole, par exemple.
Nous verrons tout cela mais pour réinventer profondément le travail,
chacun de nous doit se questionner sur son rapport à celui-ci mais aussi à l’argent et à sa
consommation. Et bien évidemment, travailler sur Soi pour ôter les limitations et s’ouvrir
au monde.

Nous allons partir ensemble à la découverte de toutes ces nouvelles manières


de travailler car la révolution est déjà lancée depuis longtemps avec ses belles
histoires, ses défaites parfois. Tant qu’il n’y a pas le mot Fin à une histoire,
c’est qu’elle n’est pas terminée, à nous de l’écrire et d’y inclure une happy end.
À nous de réinventer le Travail. Les économistes, les gouvernements ne peuvent pas prédire
l’avenir du travail, l’avenir tout court d’ailleurs. Nous avons tout à repenser pour que notre
société humaine perdure.

Le but n’est pas tant d’avoir un travail demain, mais plutôt d’avoir un travail qui s’intègre
à la VIE, à votre vie et à toutes les formes de vies en arrêtant de tout détruire. C’est à votre
travail de s’adapter à votre vie et non l’inverse.

Arrêtons de travailler, œuvrons, mettons du cœur à l’ouvrage et… Commençons


à vivre.

9 Libres - Vers un travail qui a du sens


10
1
Chronologie du travail

• À l’origine, l’Homme sans travail

Depuis la nuit des temps, l’Homme a travaillé. Il a d’abord été chasseur-cueilleur pour satis-
faire ses besoins primaires, puis s’est mis à cultiver et à domestiquer des animaux et a ainsi
cessé d’être nomade. Ce fut la révolution néolithique.

L’homme sédentarisé n’avait plus besoin de passer ses journées à cher-


cher de la nourriture, elle poussait comme bon lui semblait aux abords du vil-
lage et il en avait même en surplus. À partir de là, nous schématiserons en di-
sant que l’Homme a eu davantage de temps. La nature n’aimant pas le vide et l’être
humain ayant quelques soucis quant à la notion d’ennui, il lui a fallu pallier cela.
Que faire de tout ce temps ? Améliorer notre quotidien et mieux s’organiser !

À mesure qu’il s’organisait ( je fais des céréales et du maïs, toi tu t’occupes des courgettes
et toi, tu vas nous fabriquer des petits chandails avec la laine de tes chèvres), naissait la
division du travail.

Et par la force des choses, arrivait aussi la notion d’élite, de castes, de pouvoir.
Avec la production agricole, il y avait un surplus de nourriture, il a donc fal-
lu créer des réserves pour stocker celle-ci. La classe des guerriers fut ajoutée à
l’humanité nouvelle. Et ainsi, la première élite sociale ( je ne produis pas, je ne
cultive pas mais j’ai tout de même la main mise sur ta production… Qui suis-je  ?).
L’Homme avait donc des cahuttes pour se protéger, des denrées à boulotter, un début d’éco-
nomie, un partage des connaissances avec l’arrivée de l’écriture. Il devint créatif (quoique
réussir à chasser un mammouth relève déjà d’une bonne dose de créativité). Et à mesure
qu’il créait de nouveaux outils, il voyait ses besoins s’agrandir.

Avec le commerce, est apparue aussi la monnaie.

Puis, au Moyen Âge, le cultivateur devint artisan, compagnon, bâtisseur, chevalier, joaillier,
apothicaire, meunier, tisserand, gouvernante ou sage-femme (désolée pour les adeptes du
genre, à l’époque, il y avait des métiers d’hommes et des métiers de femmes) etc. Les métiers
devinrent de plus en plus nombreux. La plupart du temps, ils étaient regroupés en cor-
porations. Bien que la notion de corporation ait commencé dès l’Antiquité — les ouvriers
romains étant regroupés en communauté de métiers —, c’est au Moyen Âge qu’elle a pris
tout son sens. C’était un régime collectif de communautés professionnelles régies par le
droit public. Dans le nord de l’Europe, les corporations prenaient le nom de guildes. Les
corporations étaient encore différentes des confréries qui agissaient quant à elles dans un
but religieux ou tout du moins spirituel (comme les Frères Bâtisseurs, les Compagnons…).
Les métiers étaient regroupés par quartier dans les villes, d’où les noms de rues tels que le

11 Libres - Vers un travail qui a du sens


Faubourg Poissonnière, la rue des cordonniers, la rue des bouchers…

Au 13ème siècle, 130 métiers étaient répertoriés à Paris, comme nous pouvons
le voir dans le Livre des métiers  publié en  1268  par  Étienne Boileau. Le métier
le plus exercé à Paris était celui de tavernier ! Cela s’explique par le fait que Paris était une
zone de production de vin, et par le nombre d’étrangers et de population temporaire ve-
nant à Paris et étant hébergés dans les hôtels de la ville. La taverne était le lieu essentiel
des transactions économiques, on y allait pour discuter affaires. (La taverne était, et est
toujours, un lieu de partage, de convivialité, il suffit de voir à quel point les bars et restau-
rants nous ont manqué pendant le confinement). Venaient tout de suite après les métiers
de la production (tisserands, pelletiers, cordonniers, orfèvres…) et les petits métiers de la
subsistance (les métiers de bouche notamment).

Point commun, ils étaient tous utiles. Ce à quoi s’ajoutait une rémunéra-
tion plus ou moins grande. Sauf si vous aviez le malheur d’être tombé dans
la catégorie des serfs ou des esclaves. À noter à ce propos que le paysan pou-
vait être libre ou serf. Le serf appartenait au seigneur, qui, s’il vendait ses terres,
vendait les serfs avec. Les paysans libres, aussi appelés vilains, n’étaient pas
rattachés au seigneur mais devaient lui payer des impôts : la gabelle, à laquelle s’ajoutait
ensuite la dîme pour l’église… La liberté, a, depuis toujours eu un prix.

• L’église, première « entreprise » au travail

Cependant, malgré tous ces métiers recensés, avant le 12ème siècle, le mot « tra-
vail » n’existe pas. Il est d’ailleurs plutôt mal vu de travailler. L’oisiveté est chic,
le commerce vulgaire. Le fin du fin étant de donner sa vie à Dieu.

D’ailleurs, la première fois que la notion de « travail » apparaît, c’est dans la règle de Saint
Benoît*, appliquée ensuite par tous les moines bénédictins depuis l’abbaye de Cluny jusque
dans les 1 000 monastères disséminés à travers l’Europe et « dirigés » par la « maison mère »
clunisienne (l’église étant la première multinationale). Le travail, qui jusqu’alors, avait une
connotation liée à la servitude, devient un axe d’épanouissement et de fraternité. Avant,
il y avait le terme Labor (travail long et pénible, malheur, conséquence du péché originel)
et l’Opus (l’œuvre, voire le grand œuvre alchimique et la transmutation du plomb en or, le
travail comme acte de création). Avec l’application de la règle de Saint Benoît, les moines
travaillent désormais autant spirituellement que manuellement.

Le mot travail remplace peu à peu les notions de labor et opus, labeur et ouvrage.
La journée des moines est ainsi partagée entre prière, lecture et travail.

Le travail est quant à lui divisé en plusieurs tâches, comme la copie des manuscrits,
la culture des simples (plantes médicinales) et du potager réalisée par le cellérier,

* — La règle de Saint Benoît est une règle monastique écrite par Benoît de Nursie pour guider ses disciples
dans la vie monastique communautaire (cénobitisme). Rédigée peut-être entre 530 et 561, elle gouverne
en détail la  vie monastique  d’inspiration bénédictine (modalités liturgiques, de travail, de détente).
Source : Wikipédia
Chronologie du travail 12
la perception et la gestion des revenus perçus par l’abbaye par le chambrier, l’entretien
du sanctuaire par le sacriste. L’infirmier s’occupe quant à lui des moines malades, l’au-
mônier accueille les pèlerins et l’hôtelier, les hôtes de marque. Bref, une véritable
entreprise… Le siège social s’étant de nos jours déplacé de Cluny vers le Vatican.

À la Renaissance, le mot travail s’est répandu et désigne aussi le fait de se donner


de la peine pour faire quelque chose. C’est l’âge d’or des artisans, on loue leurs techniques,
leurs passions, leurs arts.

Le saviez-vous ?

L’étymologie parfois contestée : Le Travail et la torture

J’ai toujours entendu dire que le mot Travail dérivait du mot Tripalium qui était un outil à trois
pieux servant, entre autres, à la torture. Le mot travail était aussi raccordé à la souffrance,
notamment chez Montaigne. On retrouve aussi la souffrance de la mère pendant le « Travail »
dans la salle de « travail », en d’autres termes, d’accouchement. Le Travail est donc tout sauf une
partie de plaisir si l’on se réfère à ces premières étymologies. Je rappelle qu’en Grèce ou Egypte
antique, autant qu’au Moyen Âge, les hommes ne travaillaient pas, puisque les esclaves, puis les
serfs, s’en chargeaient. Les hommes philosophaient, écrivaient, chassaient, guerroyaient mais ne
mettaient jamais la main à la pâte.

Cependant, depuis quelques années, la théorie du mot travail descendant de tripalium est dé-
criée par certains linguistes. Je vous laisse le soin de vous faire votre propre opinion, de mon
côté, je trouve que cela est assez sensé !

Les siècles défilent, le travail continue, les corporations grandissent, les métiers se trans-
mettent de père en fils, de maîtres à compagnons ou de mentors à élèves.
Au XVII et XVIIIème siècle, chacun d’entre eux reçoit un salaire de subsistance qui est le juste
nécessaire assurant la survie de l’être travailleur. Ne surtout pas lui donner plus, sous peine
d’en faire un être libre. Il est important de conserver une dose de peur de perdre son travail,
sinon, ce même travailleur n’obéirait plus.

Puis la Révolution française va engendrer une mutation du travail et donner à celui-ci


un cadre juridique dès 1804 avec la notion de louage d’ouvrage. C’est l’essor du salariat.

Le taux de salariat passe de moins de 50 % de la population active en 1830, à 62 % en 1936
et près de 90 % en 2011. Selon l’économiste britannique John Keynes, celui qui offre
son travail n’est pas libre car soit il travaille, soit il meurt. Ce n’est pas vraiment un choix…

Avec l’ère industrielle, le monde bascule d’une société à majorité artisanale et agri-
cole vers une société commerciale et industrielle. C’est aussi à ce moment-là que
l’on commence à faire la distinction entre les mots Travail et Emploi. Celui qui
travaille est libre, celui qui a un emploi est un subordonné. Le travail se transforme,

13 Libres - Vers un travail qui a du sens


les machines arrivent et l’être humain occidental ne travaille plus pour assurer
sa subsistance, il travaille pour satisfaire des besoins de plus en plus nombreux. Là où les
anciens travaillaient pour vivre, l’homme du XXème siècle vit pour travailler.

Car une nouvelle donne arrive sur le grand échiquier, tout a été fait pour changer l’Homme
travailleur en Homme consommateur.

• La naissance de l’esclave consommateur

Le saviez-vous ?

Petite définition du mot consommation


1 - Détruire et dénaturer par l’usage certains objets, comme vin, viande, bois, et toutes sortes
de provisions.

2 - Se dit, à peu près dans le même sens, en parlant d’une chose qui exige, pour sa préparation,
pour son assaisonnement, pour son utilisation, une quantité assez considérable d’une autre
chose. (Source Wiktionary).
Exemple : Utiliser des capsules Nespresso consomme beaucoup d’aluminium, crée des
déchets et est néfaste pour l’environnement).

En bref, consommer c’est détruire, épuiser. Ce mot a toujours été utilisé de manière négative
jusqu’au XXème siècle.

Ce n’est plus « travaille pour l’accomplissement que tu peux en tirer en le faisant » mais
plutôt « travaille pour pouvoir consommer ». L’Homme, qui jusque-là se satisfaisait de ce
qu’il avait, fabriquait ce dont il avait besoin, passait son temps libre avec celles et ceux qu’il
aimait et épargnait son argent quand il lui en restait, a commencé à rejeter les tâches ma-
nuelles et à vouloir gagner davantage d’argent pour consommer autant, voire davantage que
son voisin. «La marque de la respectabilité ne réside plus dans la capacité à faire les choses
mais simplement à les acheter », a dit Harry Braverman (spécialiste de l’histoire du travail
dans les années 50), citation reprise dans la fin du travail de Jeremy Rifkin.

Mais cela ne s’est pas fait tout seul. Il a fallu l’arme fatale, le marketing. Ou comment trans-
former des gens qui n’ont ni envie, ni besoin de consommer, en drogués de l’acte d’achat ?
Il a suffi de faire croire aux gens, aux travailleurs, qu’ils avaient une multitude de besoins
non assouvis. Pourquoi ? Pour produire toujours plus et plus vite, afin d’accroître le chiffre
d’affaire de ces sociétés post révolution industrielle. Comment faire consommer les popu-
lations ?

En créant de la frustration et en donnant juste assez d’argent, de salaire aux gens pour
qu’ils puissent s’acheter les produits qu’eux-mêmes produisent. C’est ainsi que le marke-
ting et surtout, la publicité, naquirent.

Chronologie du travail 14
La publicité enseigna aux consommateurs ce qui était désormais bon pour eux.
Fini les produits fait maison, bonjour produits industriels. Les publicitaires, aidés ensuite
par le lobbying, réussirent même à créer de nouvelles habitudes comme le petit déjeuner.
Ils dictèrent même ce qu’il était bon de consommer durant ce même petit déjeuner en
nous vantant les mérites et l’importance des produits laitiers, des corn flakes et autres
céréales par exemple.

À noter que ces lobbys continuent d’être extrêmement puissants et actifs, souvenez-vous
de l’affaire des lobbys du lait venant vanter les mérites des produits laitiers dans des écoles
primaires comme l’avait raconté le journaliste Hugo Clément en 2018 sur sa page Facebook.

Une publicité des années 60 expliquait quant à elle aux consommateurs que manger des
quaker oats durant son petit déjeuner donnait de l’énergie pendant 24h, si et seulement si,
vous en mangiez tous les jours… Voilà comment ancrer une habitude de consommation.

Pour aller plus loin

Nos amis des lobbies :

Un lobby est un groupe de pression, groupe d’influence créé pour promouvoir et défendre des
intérêts, privés ou non, en exerçant des pressions ou une influence sur des personnes ou des
institutions publiques détentrices de pouvoir (Chambre des députés, Sénat, Europe, Media,…).
Source : Wikipédia

Le but d’un lobby est de convertir des responsables politiques à la cause de leur client, et, pour
ce faire, toutes les techniques sont permises… des cadeaux, des pressions, des études achetées
à des soi-disant experts, des pratiques mafieuses.

En somme, il n’est pas légal de payer un homme politique directement pour qu’il se rallie à votre
cause mais si vous payez un lobbyiste qui paye à son tour un homme politique, là, ça passe ! Vive
le droit, vive la justice !

L’Europe est devenue le second centre de lobbying du monde.

On retrouve deux types de lobbies, d’un côté, ceux qui émergent des multinationales, groupes
industriels, financiers, syndicats… qui peuvent d’ailleurs s’organiser en filières (« le lait, c’est
bon… », « Les produits laitiers sont nos amis pour la vie », exemple typique du mix lobby/publi-
cité !). Bref, ceux qui vendent des choses pas vraiment saines, voire carrément néfastes, mais qui
ont les (gros) moyens de faire pencher des lois en leur faveur.

De l’autre côté de ces monstres sans âmes, nous retrouvons les ONG (Organisations Non Gou-
vernementales), les lobbies citoyens et les associations, robins des bois des temps modernes
qui ne sont malheureusement pas autant écoutés et c’est bien dommage.

15 Libres - Vers un travail qui a du sens


Un triste exemple illustrant bien le pouvoir des lobbies concerne le glyphosate. Il y a


quelques années, l’autorisation ou non du glyphosate a été débattue en Europe. Vous savez
ce fabuleux produit cancérigène, composant du Round Up, herbicide (qui tue les mauvaises
herbes et le jardinier avec) de la maison Bayer-Monsanto.

Tout le monde pensait que l’interdiction allait être votée (nous étions alors en 2017), et bien la
magie des lobbies ayant opéré, 18 pays votèrent contre l’interdiction, le Portugal s’abstint et 9
votèrent pour (la France comprise) une interdiction… 5 ans plus tard, histoire de laisser le temps
à ces énergumènes de continuer à vendre leur stock…
À noter que désormais, ils acheminent des cargos remplis de ce fabuleux produit directement
vers l’Afrique.

Citons encore l’amendement au projet de loi anti-gaspillage voté par l’Assemblée nationale et
ayant pour objectif d’interdire la “mise sur le marché des emballages plastiques à usage unique
d’ici 2040 au lieu de 2020”. Comme si nous avions le temps, comme si le climat, la planète
avaient le temps, comme si les poissons qui meurent avec du plastique plein le gosier avaient
le temps…

Quant à la nourriture, on n’est pas en reste, les lobbies adorent l’agroalimentaire pour
vous faire manger plus de viande, plus de lait, plus de boissons gazeuses, plus de sucre,
plus de malbouffe, etc.

Le sucre stimule l’appétit et réduit les constituants nutritifs, plus vous boirez ou mangerez des
choses dans lesquelles se trouve du sucre, plus vous aurez faim. Et du sucre, l’industrie agro-ali-
mentaire en met partout ! Même dans les produits salés. Ce ne sera pas forcément sous forme
de sucre mais de sirop de glucose, dextrose de maïs, maltodextrine, sirop de glucose-fructose,
fécule de manioc… Vous voilà cerné et surtout, en malnutrition ! Ils enroberont le tout dans un
joli packaging et vous bombarderont d’une superbe publicité où l’on voit une famille heureuse
de se retrouver et de déguster ce bon plat. En y rajoutant une jeune femme en train de préparer
tout cela comme si c’était fait maison. Mais bien sûr !

En parlant de packaging d’ailleurs, ils réussissent même à faire pencher le choix des étiquetages.
Il y a quelques années, de 2008 à 2011, les députés européens ont débattu pour améliorer l’éti-
quetage des produits alimentaires. Une partie des députés souhaitait que l’étiquette montre de
manière TRES visible, c’est-à-dire avec des codes couleur - verte, orange, rouge (rouge signifiant
« attention ») -, le pourcentage de sel, de graisses saturées, de graisses, de sucre comme cela
est fait en Angleterre. Super n’est-ce pas ? Sauf que la majorité des députés a voté CONTRE !

Quant aux produits laitiers, nos amis pour la vie, après avoir dépensé des sommes colossales
en publicité et autres cadeaux, les lobbys continuent à nous faire croire que le lait, hummm,
c’est bon pour la santé ! Or, les études affirment aujourd’hui le contraire. Les habitants des pays

Chronologie du travail 16

consommant le moins de produits laitiers et ayant les os les moins denses, comme la Chine ou
l’Inde, sont ceux qui connaissent le moins de risque de fracture au cours de leur vie (<10%). A
l’inverse, les populations grandes consommatrices de produits laitiers, comme la Suède et la
Norvège, connaissent une forte probabilité de fracture de la hanche, plus de 25%*.

Alors… « buvez du lait, c’est bon pour vos os », c’est tout simplement faux !
Autre grand lobby, l’industrie pharmaceutique (Industrie la plus rentable aujourd’hui), qui, selon
une étude de l’organisation Corporate Europe Observatory (CEO) a dépensé près de 40 millions
d’euros pour appuyer ses intérêts auprès des institutions de l’Union européenne en 2014.

À noter que d’après le professeur Even (pneumologue et président de l’Institut Necker), 80%
des médicaments sont inutiles voire dangereux**

Autre exemple, depuis 10 ans, le Parlement européen veut mettre en place un modèle unique
de chargeur pour toutes marques confondues. La plupart des opérateurs ont acquiescé. Mais
Apple paye des sommes folles de lobbying pour empêcher d’avoir des connecteurs uniques afin
de continuer à en produire, et à en vendre sans cesse, faisant valoir leur droit à l’innovation… et
surtout, leur droit à polluer.

Comment faire pour changer cela ?

En arrêtant de maintenir le système en place. Comment ? En choisissant où va votre argent. Dès


?
aujourd’hui, vous avez le pouvoir de tout changer en décidant d’acheter des produits sains et en
favorisant les entreprises qui œuvrent en respectant le Vivant (à noter que nous sommes aussi
le Vivant). Vous avez le pouvoir… Nous sommes tous des super-héros !

Je vous conseille les super vidéos « Ami des lobbies » que vous pourrez retrouver sur Youtube

Vous pouvez aussi regarder ce site, en français ou anglais : https://corporateeurope.org/en


* Lait, propagande et mensonge de Thierry Souccar
** Guide des 4000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux des professeurs Even et Debré

Il en a été fait de même avec l’usage du dentifrice, le changement de voiture à chaque


fois que l’industrie en sortait une nouvelle, l’achat de meubles qu’auparavant, ce même
consommateur aurait créés lui-même… Tout a été conçu pour pousser la consommation à
son paroxysme.

Et tous ces nouveaux besoins s’achetaient, pour la plupart, à crédit, car avec cette so-
ciété de consommation grandissante, le crédit à la consommation a pris son envol.
Lors de la crise de 1929, «  60 % des automobiles, des meubles, des radios achetés aux
Etats-Unis étaient en cours de paiement à crédit », explique Jeremy Rifkin dans La fin
du travail.

17 Libres - Vers un travail qui a du sens


Le consommateur était désormais encerclé, esclave de son travail car sans travail, sans sa-
laire, plus de consommation, il deviendrait le paria de la société, il serait mis au ban de
l’humanité.

Et de toute façon…, il a ses prêts à rembourser.

Le saviez-vous ?

Le jeu des différences


Le salaire :
Le salaire est le paiement versé par un employeur à un employé salarié. Le mot salaire vient du
latin salarium, dérivé de sal, le sel. Il désignait initialement la ration de sel fournie aux soldats
romains, puis l’indemnité en argent versée pour acheter le sel et autres vivres.

L’honoraire :
Rétribution monétaire versée par un client au pratiquant d’une profession libérale. Cela vient
du fait « d’honorer » quelqu’un. Je l’honore, je témoigne de ma reconnaissance à un médecin, un
avocat, etc… pour le service inestimable qu’il m’a rendu.

Le traitement :
Rétribution financière vers un fonctionnaire, une personne au service de l’Etat. Vient des
fonctionnaires/esclaves impériaux qui se consacraient au bien commun. A cet égard, l’empereur
les « traitait » bien.

• La triple fracture : La révolution numérique, écologique et spirituelle

Aujourd’hui encore, nous sommes matraqués par les publicités, il y en a partout et tout
le temps. Dans le métro désormais, elles s’affichent même sous forme de vidéos dans des
écrans numériques, ce qui, au-delà de la pollution mentale qu’elles suscitent, engendre
aussi une énorme pollution énergétique : un seul écran consomme autant d’électricité que
trois familles. Belle avancée technologique.

Même chose dans les magazines, à la télé, sur les affiches sur la voie publique, au cinéma et
dans les séries (ainsi que dans les placements de produits pendant les films car voir votre
acteur préféré boire un soda pendant un film, ça aussi, c’est de la publicité), sur les réseaux
sociaux, et sur Internet en général…

Bien évidemment, on ne va pas nous vanter les mérites d’une alimentation saine, l’impor-
tance de l’écologie, la nécessité de consommer moins et mieux. Non, on nous envoie des
images bien foodporn dégoulinantes qui vont se graver dans nos cerveaux et nous inciter à
consommer en toute inconscience ou encore, comme une marque de boisson bien connue,
nous montrer une publicité si jolie, avec des moments de partage intense et empreints de
solidarité, pour finir par nous glisser un bon gros logo rouge et une petite musique bien
entêtante. Nous finissons par associer les bons moments au produit.

Chronologie du travail 18
Quelle vaste propagande. Je ne supporte plus la tyrannie du marketing alimentaire et de
tous les acteurs qui facilitent cela, en commençant par les pouvoirs publics qui demandent
juste à rajouter la mention  : «  Pour votre santé, consommez plus de 5 fruits et légumes
(pleins de glyphosate que nous avons encore autorisé car des lobbys nous l’ont demandé)
par jour », alors qu’ils savent très bien que tous ces produits industriels sont néfastes pour
la santé. Ils créent des problèmes de santé, du diabète de type 2, du surpoids, de l’obésité,
des cancers…

À noter, selon la Fédération française des diabétiques,  « qu’entre 2000 et 2009, le taux de
prévalence du diabète en France n’a cessé d’augmenter. Il a même progressé plus vite que
prévu. En 2009, on estimait à plus de 3,5 millions le nombre de personnes atteintes, des
chiffres attendus normalement pour 2016. Ils témoignent d’une véritable croissance de
l’épidémie  ».

La revue médicale britannique The Lancet a publié une étude montrant que si le tabac
cause 8 millions de morts chaque année, 11 millions de décès dans le monde, soit un sur
cinq, sont attribuables à un mauvais régime alimentaire. « Manger cet aliment tue », voilà ce
qui devrait être écrit sur le packaging de la malbouffe industrielle et des fruits et légumes
issus de l’agriculture traditionnelle arrosées allègrement de pesticides.

Alors travaillons, travaillons toujours plus pour acheter nos maisons à crédit et consommer
des mauvais produits et, quand la retraite sonnera, peut-être qu’il nous restera quelques
mois ou années pour faire ce dont nous avons toujours rêvé. Mais souvent, il sera trop tard
et des rêves, il n’y en aura plus.

Cependant, avec la course à la croissance grandissante (les grandes entreprises n’étant


plus dirigées par un chef d’entreprise créateur mais plutôt par un lot de patrons
interchangeables) et l’ambition de toujours gagner plus, quel qu’en soit le prix à payer sur
l’environnement et la santé, le capital humain de l’entreprise a commencé à devenir une
simple variable d’ajustement.

Les licenciements de masse ont commencé. Là où, quelques décennies auparavant, ils ne
touchaient « que » la frange ouvrière des populations avec en excuse de fond, la mondia-
lisation, les délocalisations d’usines, il commença, dès 2012, à toucher de plus en plus de
cadres, de personnes dotées d’un « bon » Bac+5 qui n’imaginaient pas un seul instant, à
cette époque, pouvoir se retrouver au chômage un jour. Mais le chômage constitue toujours
une armée de réserve, comme le disait Marx.

C’est bon le chômage, ça permet de maintenir un sentiment de peur et d’éviter


que les populations ne se rebellent trop. Sauf que lorsque les prises de conscience
émergent chez de plus en plus d’individus, cette stratégie ne peut plus tenir.
Et tout commença à changer, en vue d’une prochaine révolution, celle de la décroissance et
de la quête de sens. Nous nous retrouvons donc face à une triple révolution qui va entière-
ment chambouler le Travail. La révolution numérique, la révolution climatique & énergé-
tique, je rajoute à cela la révolution Spirituelle.

19 Libres - Vers un travail qui a du sens


›  La révolution numérique

Dans tous les pans de la vie, le manichéisme ne mène à rien. En terme de transformation nu-
mérique, il en va de même. Ce n’est pas tout étincelant de paillettes ou complètement sombre,
mais à nuancer. L’informatique et Internet en particulier nous ont ouvert sur le monde. Cela
a permis de faire émerger une nouvelle forme de commerce (en ligne), une nouvelle typologie
de boîtes et même de nouvelles manières de travailler (plus besoin d’être au bureau puisque
le bureau peut souvent se résumer à un ordinateur).

Les entreprises numériques se développent bien plus rapidement que les boîtes
traditionnelles. Pour exemple : « Il a fallu près de 30 ans à IKEA, l’entreprise sué-
doise fondée en 1943, pour entamer son expansion à travers l’Europe. Après plus de
sept décennies, IKEA affichait un chiffre d’affaires global de 42 milliards de dollars.
Par contre, à l’aide des technologies numériques, le conglomérat chinois Alibaba
a pu atteindre 1 million d’utilisateurs en deux ans et réunir plus de 9 millions
de télécommerçants pour un chiffre d’affaires annuel de 700 milliards de dollars
en 15 ans. » (Source  : Rapport de la Banque Mondiale 2019 sur le développement
dans le monde). C’est vertigineux !

Nous pouvons travailler à distance, faire du télétravail ou même, du remote


working (c’est à dire travailler 100% à distance). Et le fait d’être tous connec-
tés nous a quand même fortement aidés pendant le confinement lié à au Covid-19.
Pour ma part, je fonctionne à 90% via Skype, le téléphone ou ma plateforme de formation
en ligne et ce, aux quatre coins du monde.

Tout peut s’acheter en deux clics sans se déplacer, ce qui est d’ailleurs un fléau en termes de
déchets « mais » (ou « et », en fonction du point de vue), cela engendre également l’emploi
de livreurs embauchés sous le statut d’indépendant.

Grâce à Internet, nous pouvons aussi nous rallier, nous, êtres humains. Nous partageons
davantage avec le couchsurfing (voyager en étant hébergé gratuitement sur le canapé d’un
hôte), le co-voiturage, le crowdfunding (financement participatif), les sites de trocs, de par-
tage de savoir en open source…

Nous pouvons choisir nos sources d’information et devenir plus conscients. Nous pouvons
voir que des alternatives positives éclosent un peu partout et que ce que les médias tra-
ditionnels veulent bien nous montrer n’est qu’une infime partie, et pas la meilleure, de
ce qu’il se passe réellement. Je vous conseille le livre d’Anne-Sophie Novel « Les médias, le
monde et nous ».

J’ai vendu ma télé en 2012 et je m’en porte nettement mieux. D’ailleurs, j’évite aussi
Netflix, qui oeuvre à lisser la pensée de millions d’êtres humains qui vont s’anesthésier
en regardant la 18ème saison de la dernière série à la mode. Je mise plutôt sur des nouveaux
entrants du type Imago TV, qui propose des contenus ouvrant davantage les perspectives,
ou encore Le fil d’actu, Thinkerview...

Chronologie du travail 20
Calculez le nombre d’heures que vous passez devant vos séries, c’est-à-dire déconnecté de
vous-même.

Internet permet donc à des communautés de pensées de se réunir et à des êtres à l’autre
bout du monde de se rendre compte qu’ils ne sont pas seuls dans leur souhait de changer
les choses.

Si Internet avait existé pendant la période Hippie, les changements de paradigme se se-
raient passés beaucoup plus vite.

Mais avec les progrès, arrive toujours le moment où l’homme pousse plus loin.
Tiens, on pourrait construire des robots et tant qu’à faire, les doter d’intelligence…
En 2019, 1,4 million de nouveaux robots industriels ont été mis en service, ce qui porte leur
nombre total à 2,6 millions dans le monde.

Oui, cela supprime des emplois mais pour en créer d’autres, en l’occurrence des emplois
liés à la main d’œuvre desdites machines. Ça c’est le discours politique car pour ceux qui
ont perdu leur emploi, savoir que des jobs de maintenance vont être créés pour réparer leur
rivaux de ferraille, ça leur fait une belle jambe.

Par exemple, selon le rapport 2019 de la Banque mondiale, « JD Finance, l’une des princi-
pales Fintech chinoises, a choisi, non de recruter des chargés de prêts classiques, mais de
créer plus de 3 000 emplois de gestion des risques ou d’analyse des données afin d’affiner les
algorithmes des mécanismes de crédit numériques. »

Alors, mieux vaut être très qualifié  ? Pas nécessairement, lorsque l’on apprend que les
analystes financiers subissent aussi de plein fouet les suppressions de postes au profit de
l’intelligence artificielle. Sberbank, la plus grande banque de la Fédération de Russie, fait
appel à l’intelligence artificielle pour prendre 35 % de ses décisions d’octroi de crédit, et elle
entend passer à 70 % en moins de cinq ans.

« Les robots avocats » ont déjà remplacé 3 000 employés des services juridiques de la banque.
Le nombre d’employés du service de traitement des ordres baissera à 1 000 d’ici 2021,
contre 59 000 en 2011. En 1930, l’économiste Keynes prédisait que cent ans plus tard,
les technologies introduiraient une ère de loisir et d’abondance et que tout le monde
devrait travailler dans une certaine mesure pour être satisfait mais que trois heures
par jour suffiraient.

Je pense que sur le papier, il a tout à fait raison et qu’il serait possible de faire cela mais
dans les faits, on n’en est pas encore tout à fait là. Pourtant, demain, il y aura de moins
en moins d’emplois salariés. Nous avons deux alternatives : soit nous accueillons le chan-
gement et nous créons un nouveau paradigme, soit nous résistons et nous coulons tous.
Créer le changement, cela passe par la refonte de nombreuses entreprises (nous parlerons
notamment du luxe, de la mode, de la finance…).

Cela passe par la création d’entreprises saines, vertes, éthiques, qui répondent à de vrais

21 Libres - Vers un travail qui a du sens


besoins. Cela passe aussi par le fait de créer son emploi ou pour les salariés, de travail-
ler moins, afin que tout le monde puisse œuvrer. Cela passe par une forme de sobriété
heureuse, comme le prône Pierre Rabbhi, consommer moins mais mieux, réparer
ce que nous avons brisé, renourrir les écosystèmes, guérir les terres que nous
avons arrosées de pesticides, etc…

Alors oui, il y aura moins de travail salarié mais des choses dans lesquels œuvrer, il y en aura
de nombreuses. Et puis, vous pouvez devenir indépendant, créer votre boîte, votre emploi
ou votre association. Et pour ceux qui crieraient au fait qu’il n’y a aucune protection, passez
par le portage salarial ou les Coopératives d’activités et d’Emploi (CAE). Des solutions, il en
existe toujours ! 60 % des métiers d’aujourd’hui seront préemptés par les robots demain, soit !
Alors arrêtons de travailler pour commencer à Œuvrer.

La transformation numérique, nous sommes en plein dedans, il faudra faire avec, mais le
numérique devra lui aussi commencer à se soucier de l’environnement et trouver des alter-
natives aux énergies utilisées.

D’après l’excellent documentaire « Internet, la Pollution cachée », de Coline Ti-


son et Laurent Lichstenstein que vous pouvez retrouver sur ImagoTV, il faut sa-
voir que pour envoyer un mail, il faut des millions de kilomètres de cuivre et de
fibres optiques. Chaque mail parcourt 15 000 kilomètres à la vitesse de la lumière.
L’envoi d’un mail avec pièce jointe représente une ampoule basse consommation fonction-
nant pendant une heure ! Ce qui représente à peu près 24 watts par heure.

En 2012, Coline Tison avait estimé, selon les chiffres de l’ADEME (Agence de l’Environ-
nement et de la Maîtrise de l’Energie) que chaque heure, 10 milliards de mails étaient
envoyés dans le monde et qu’une heure d’échange de mails représentait
50 gigawatts, soit 15 centrales nucléaires ou l’équivalent de 4 000 allers-retours en avion
de Paris à New-York !

Pour qu’Internet fonctionne, nous avons besoin de Data Centers fonctionnant nuit et
jour sans interruption. Des dizaines de milliers de machines sont agglutinées et pour
éviter la surchauffe, on utilise des climatiseurs 24 heures sur 24. Rien que l’utilisa-
tion de ces climatiseurs représente 40% de la facture d’électricité de ces Data Centers.
Et le volumes des données en circulation doublent chaque année !

Ces Data Centers sont alimentés en France par l’énergie nucléaire, aux Etats-Unis, encore
par le charbon ! En brûlant, le charbon dégage 50 fois plus de Co 2 que les autres énergies
fossiles. Des montagnes sont décapitées pour extraire le charbon en Virginie Occidentale.

? Que pouvons-nous faire ?


Les grands groupes, les collectivités sont en train de plancher sur des solutions mais
à nos niveaux individuels, ce que nous pouvons déjà faire, c’est supprimer tous les emails
dont nous n’avons pas besoin de nos boîtes mails, car chaque mail qui stagne dans notre boîte
prend de l’espace et est stocké comme les autres. Alors supprimez les mails reçus, envoyés,

Chronologie du travail 22
les archives qui ne vous servent pas. Idem pour les photos et les documents stockés dans le cloud.
À noter qu’à la place de Google, vous pouvez privilégier des moteurs de recherche soucieux de
l’environnement tels qu’Ecosia ou Lilo.

›  La révolution écologique

Le charbon, le gaz et le pétrole atteignent aujourd’hui 90 % de notre production d’énergie.


Ils émettent du dioxyde de carbone qui s’accumule dans l’atmosphère et participe à l’aug-
mentation de l’effet de serre. La température moyenne sur terre a déjà augmenté de + 1°c
depuis le début du siècle dernier.

Il est absolument urgent de freiner cela pour qu’à la fin de notre siècle, nous n’ayons pas pris
1,5 voire 3 degrés supplémentaires, ce qui serait une catastrophe environnementale sans
précédent. Je crois malheureusement que la majorité des êtres humains sur cette planète
n’a pas encore pris conscience de la gravité de la situation et pire encore, certaines per-
sonnalités politiques, scientifiques, patrons d’empires sont en plein déni et réfutent com-
plètement ces idées, continuant sans cesse à promouvoir une croissance toujours accrue.
On marche sur la tête. Ont-ils un plan de secours ? Ont-ils des billets pour vivre sur une
autre planète qu’ils détruiront de la même manière ?

Comme l’a mentionné Aurélien Barrau, astrophysicien, dans sa conférence « Le plus grand
défi de l’histoire de l’humanité », que vous pouvez visionner sur Youtube :

« En 40 ans, 400 millions d’oiseaux ont disparu en Europe. 90 % des grands poissons d’eau
douce ont disparu. L’humain représente 0,001 % des vivants et est à l’origine de 85 % des
morts depuis la révolution industrielle. L’ONU attend 200 à 700 millions de réfugiés clima-
tiques dans les 30 ans à venir. 44 pays sont déjà en situation de stress hydrique fort. L’océan
de plastique fait 3 fois la taille de la France. La première cause de la fin des espaces de vie est
la déforestation. La 2ème, la surexploitation des fonds marins et la 3ème, l’agriculture avec
pesticides. On a déjà perdu 60 % des populations animales. »

Le réchauffement entraîne la fonte des glaciers et ceci a déjà élevé le niveau des mers de
20 centimètres depuis 1900. Les projections actuelles selon le GIEC (Groupe d’Experts In-
tergouvernemental sur l’Evolution du Climat) prévoient des montées des eaux de plus de
40 à 80 centimètres d’ici 2100. 10 millions de personnes y seront exposées. Prêts pour une
grande baignade ?

Le dioxyde de carbone entraîne l’acidification des océans, qui engendre la disparition pro-
gressive, et bientôt totale, si nous ne cessons pas nos absurdités, des massifs coralliens. Il en
va de même pour les espèces maritimes. La biodiversité a déjà disparu et cela va continuer
en s’accélérant. Nous allons connaître des grandes vagues de chaleur et de froid, bien plus
préjudiciables que celles que nous connaissons déjà. Quid des cultures à ce moment-là ?

Pas fameux. Les famines vont augmenter, les maladies aussi et de grands vagues
de populations migreront pour tenter de survivre, ce qui va intensifier les conflits armés.

23 Libres - Vers un travail qui a du sens


Nous devons diminuer notre consommation d’énergie, trouver des moyens de
stockage du dioxyde de carbone et remplacer les sources d’énergies actuelles (pétrole,
gaz, charbon).

Il est crucial de guérir la terre, les sols, en cessant l’agriculture intensive, qui n’engendre
que des déserts verts et tue les sols, la biodiversité et les agriculteurs pour le même
coup. Allons vers une agriculture naturelle, de l’agroforesterie, de la permaculture, des
micro-fermes, du maraîchage sur sol vivant. Et changeons notre manière de consom-
mer de la viande.

Pour ma part, j’ai arrêté quand j’avais l’âge de 4 ans dans les années 80. Manger de la
viande équivalait pour moi à dévorer le bras de mon voisin de table ! Je ne suis pas du
tout prosélyte mais si vous aimez la viande, faites attention à la manière dont elle a été
élevée et tuée et évitez d’en manger tous les jours.

Les forêts doivent être, elles aussi protégées, reboisées. Vous pouvez acheter une forêt,
nous en parlerons plus loin ou contribuer à planter des arbres via des sites tels que
Mytree (avec qui je plante 1 000 arbres par an en agroforesterie), Pur Projet ou encore
Reforestaction…

Pour aller plus loin

Focus sur la viande :

Pour exemple sur le site de viande.info, les Français mangent 89 kilos de viande par an.
65 millions d’animaux sont abattus chaque année ! La production de viande a quintuplé entre
1950 et 2000.

Le nombre de porcs vendus par une ferme américaine est passé de 945 têtes en 1992 à 8 400
en 2009. Le poids du porc à l’abattage est passé de 67 kilos en 1970 à 100 kilos aujourd’hui avec
tous les antibiotiques et autres substances néfastes qu’on utilise pour les engraisser.

En France, 83% des 800 millions de poulets sont élevés sans voir la lumière du jour.

L’élevage est responsable de 14,5 % de la production des gaz à effet de serre et de 50 % de
la production de méthane et de protoxyde d’azote. 70% des terres agricoles sont destinées
à nourrir les animaux. Ils ne sont plus nourris avec de l’herbe mais avec du soja
modifié, du blé et du maïs. Pour produire 1 kilo de viande, il faut entre 7 et 12 kilos de céréales !

On tue donc de belles forêts pour gagner du terrain et cultiver ces céréales OGM. L’agriculture
est responsable de 70 % de la déforestation. Pour produire 1 kilo de bœuf, il faut également
l’équivalent de 15 500 litres d’eau !

A ceci s’ajoute la souffrance animale de ces millions d’êtres vivants agglutinés, sans voir
la lumière du jour. Evoluant à côté des cadavres de ceux qui n’ont pas résisté.

Chronologie du travail 24

? Que pouvons-nous faire ?


On est ce que l’on mange. Faites vos choix en conscience.

« Que ton alimentation soit ton premier médicament », Hippocrate.

Je ne pense pas qu’Hippocrate prônerait le régime carnassier émanant des usines d’abattage.
Et il faut savoir que les végétariens et végétaliens sont en meilleure santé que les omnivores.
En revanche, attention aux produits industriels qui se disent bio, le mieux est encore de cuisiner
soi-même.

Allez faire un tour sur le site de L214 et si vous ne devenez pas végétariens, essayez au moins
d’acheter une viande de très bonne qualité. Il en va de même avec le poisson d’ailleurs. 90 %
de la pêche aujourd’hui n’est pas responsable ni durable. Nous avons doublé notre consom-
mation de poisson en l’espace de 50 ans et utilisons des systèmes de pêche qui ne respectent
pas le vivant, détruisent les fonds marins et tuent des espèces en voie d’extinction à cause
de l’utilisation de kilomètres de filets.

Il est primordial de protéger nos forêts et de remettre les arbres au sein de parcelles
agricoles (agroforesterie). L’agroforesterie est le fait d’allier des arbres à de la culture ou
de l’élevage, la présence des arbres aidant à la protection du sol. Ce qui, soit dit en passant
a toujours existé et fonctionné jusqu’à l’arrivée de la monoculture et de l’agriculture
intensive qui a engendré des déserts verts.

La forêt est l’habitat de 80 % de la biodiversité animale terrestre. Elle prévient les inonda-
tions en régulant les ruissellements de l’eau de pluie.

Elle permet aussi de baisser la température. Lors des canicules, la température à Paris
est de 8 à 10 degrés supérieure à celle en banlieue. On appelle ce phénomène un îlot
de chaleur. Cette différence de température vient de l’accumulation de chaleur
dans les sols et les bâtiments.

Un article du média Reporterre.net « Face-a-la-canicule-en-ville-les-arbres-sont-la-meil-


leure-parade » a mis en évidence plusieurs manières qu’ont les villes de diminuer ces îlots
de chaleur, les villes blanches, bleues ou vertes.

Les villes blanches, comme New-York, peignent les bâtiments ou les toits en blanc pour
renvoyer la chaleur. Le procédé est coûteux et ne marche pas si bien que cela puisque, la
peinture blanche sur les toits, c’est efficace pour le dernier étage de l’immeuble, mais moins
pour l’extérieur : moins de 1°c de bénéfice au niveau de la rue.

Les villes bleues œuvrent à rajouter des plans d’eau en leur sein. À Séoul, une autoroute a
été détruite pour redécouvrir une rivière enterrée.

25 Libres - Vers un travail qui a du sens


La troisième méthode, celle des villes vertes, consiste à végétaliser partout où c’est possible.
C’est cette troisième méthode qui fonctionne le mieux avec des baisses de températures
allant jusqu’à 6 degrés !

Les arbres filtrent et stockent le Co2 et rejettent l’O2. Sans oxygène, nous ne pourrions pas
vivre. Sans compter les bénéfices sur notre santé puisque, comme nous le verrons plus loin,
les arbres et les forêts sont extrêmement puissants en terme de réduction de stress, renfor-
cement de l’immunité, sentiment de paix.

Malheureusement, aujourd’hui, la majorité des forêts françaises ne sont en fait que des fo-
rêts créées par l’homme, elles sont mono-espèce, ce qui n’est évidemment pas bon pour
la biodiversité. De manière plus personnelle, j’ai été frappée par cette réalité en marchant
1 800 kilomètres seule pour la plupart du temps, à travers la France.

Quand vous êtes seule en pleine nature, vous vous reconnectez profondément au vivant.
Vous entendez même les différents sons que produit chaque essence d’arbres, les chants
d’hirondelles, différents de ceux du merle et ainsi de suite. Vous prenez conscience de la
multitude d’insectes tout autour de vous, vous faites attention à ne pas écraser cette jolie li-
mace toute rouge. Vous êtes la nature. Mais, lorsque je traversais les forêts de pins créée par
l’homme, il n’y avait plus aucun bruit, plus de chant d’oiseaux. Le silence le plus complet.

Il est primordial de protéger les forêts anciennes et de contribuer à la reforestation en uti-


lisant de nombreuses variétés afin de permettre à tous les écosystèmes de fonctionner en
symbiose comme dans une forêt classique.

Pour aller plus loin

Focus sur la Convention Citoyenne pour le climat :

« La Convention Citoyenne pour le Climat, expérience démocratique inédite en France et dans le
monde, a pour vocation de donner la parole aux citoyens et citoyennes pour accélérer la lutte contre
le changement climatique. Elle a pour mandat de définir une série de mesures permettant
d’atteindre une baisse d’au moins 40 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030
(par rapport à 1990) dans un esprit de justice sociale. »

Le Président de la République, Emmanuel Macron, s’est engagé à ce que ces propositions


législatives et réglementaires soient soumises « sans filtre » soit à référendum, soit au vote du
parlement, soit à application réglementaire directe.

Elle réunit 150 personnes, tirées au sort et étant un panel représentatif de la population française.

Ces citoyens s’informent, débattent et prépareront des projets de loi sur l’ensemble
des questions relatives aux moyens de lutter contre le changement climatique. Les séances
plénières sont retransmises sur ce site.

Chronologie du travail 26

La Convention s’est installée les 4, 5 et 6 octobre 2019 et se réunira à 6 reprises au CESE


(Conseil Économique Social et Environnemental). Elle remettra ses conclusions à l’été 2020.
Vous pourrez revoir les séances sur www.conventioncitoyennepourleclimat.fr

Environ 10 % des emplois vont totalement disparaître dans les 10 ans et bien plus ensuite.
La transition écologique va changer radicalement les secteurs de l’agriculture, des trans-
ports, de la mobilité, du bâtiment, de la finance, de l’énergie, de la mode… En bref, tous
les secteurs, car nous ne pouvons plus vivre sur cet ancien modèle qui prend, puise,
détruit, consomme sans rien rendre en retour.

Nous entrons dans l’ère de la révolution numérique & écologique, à voir si les deux s’uni-
ront ou si nous rentrerons dans une dualité du monde avec d’un côté l’IA, la digitalisation
de tout, l’envie «  d’investir  » une nouvelle planète, la grande connexion mais la décon-
nexion à soi et de l’autre côté, une société résiliente, écologique, œuvrant pour la planète
et l’humanité.

›  La révolution spirituelle

Dans révolution spirituelle, j’entends l’éveil des consciences. Nous sommes de plus en plus
nombreux à prendre conscience que le monde dans lequel nous évoluons ou évoluions (en
fonction de l’étape à laquelle vous vous trouvez) marche sur la tête.

Désormais, les prises de conscience sont fortes et l’envie de contribuer à un monde plus
éthique, résilient, humaniste, émerge chaque jour davantage.

Qui suis-je dans ce monde ? Quel sens je veux donner à ma vie ?

Toutes ces questions sont sur le devant de la scène. Et ce, quel que soit l’âge et le secteur
d’activité dans lequel vous évoluez.

Un PDG aux Etats-Unis peut être en train de faire en sorte que son entreprise évolue vers
une économie circulaire. Une étudiante à São Paolo peut être en train de créer un mouve-
ment zéro déchet dans sa ville. Une femme en Inde peut œuvrer à la conservation et à la
diffusion des semences anciennes dans son village. Un ouvrier en France peut monter une
société coopérative avec ses collègues et racheter l’entreprise dans laquelle ils travaillaient.
Un retraité finlandais peut transmettre son savoir-faire via des plateformes à des milliers
de jeunes du monde entier. Un quarantenaire burkinabé peut planter des arbres pour faire
reculer le désert. Une jeune basque peut-être en train de sillonner la planète pour étudier
auprès de tous les grands sages et connaître l’éveil. Un jeune de banlieue peut être en train
de créer une boîte pour favoriser le lien intergénérationnel.

L’erreur commune est de penser que ces prises de conscience émergent exclusivement
chez les CSP +, les bobos urbains. Je m’insurge face à cela. Penser ainsi et diffuser cette

27 Libres - Vers un travail qui a du sens


croyance auprès du public ne fait que causer notre perte car elle crée des clans. Nous avons
besoin d’unité dans la famille humaine. Par ailleurs, faire croire aux gens que ces prises
de conscience écolo ne seraient présentes que chez les soi-disant bobos est
tout simplement erroné.

Cela revient à dire que les populations moins « éduquées et aisées » n’auraient pas les mêmes
revendications, ni les mêmes capacités à faire bouger les lignes. La Conscience de ce qui se
passe dans le monde, les ressources venant à manquer, l’émergence d’une nouvelle huma-
nité, nous y sommes tous confrontés. Tout le monde peut s’élever et changer, c’est d’ailleurs,
à mon sens, le but de l’homme. S’élever n’est pas une question d’éducation dans le sens de
« niveau d’étude ».

Beaucoup de Bac+5 ou de doctorants n’ont toujours pas pris conscience de l’urgence à


changer alors qu’une personne ailleurs dans le monde, qui est peut-être illettrée mais
qui est connectée à la nature et à sa spiritualité et prend de plein fouet le réchauffement
climatique, met des choses en place pour améliorer la situation. À mes yeux, un aborigène,
un masaï ou un Kogi est bien plus « intelligent » que nous, peuple soi-disant « développé »
car ils sont restés connectés aux lois du Vivant.

Nous nous sommes, quel que peu, perdus en route. L’envie de changer, d’évoluer, de contri-
buer à un monde plus sain n’est pas une question de niveau d’études mais d’envie, d’enthou-
siasme et de prise de conscience. Bien évidemment, je suis pour l’Education, mais je ne suis
pas pour les castes et le formatage.

La prise de conscience n’émerge pas non plus seulement chez les personnes qui ont de
l’argent. Le meilleur exemple est de constater que parmi les 2 153 personnes les plus riches
du monde, totalisant à elles seules 8,7 billions de dollars, très peu mettent la main à la
poche pour changer les choses.

Or, on peut aussi être sans le sou et œuvrer à améliorer le monde, comme dans les com-
munautés qui vivent sans argent (Eotopia notamment), les associations du type Emmaüs,
Aurore, etc, les bidonvilles de Delhi où est née la Jugaad… Partout, les mesures sont prises.
On voit tellement de créativité jaillir là où il n’y a pas d’argent qu’il est primordial d’arrêter
de classifier et de juger l’être et le travailleur selon des castes dont certaines seraient plus
valables en fonction de ce qu’ils gagnent.

Attention, je veux couper court tout de suite, gagner beaucoup d’argent ne me choque abso-
lument pas. Bien évidemment, je trouve que les ultra riches cités ci-dessus auraient claire-
ment autre chose à faire avec leur argent que de le gaspiller dans le vent (ou alors, dans les
éoliennes) mais je trouve cela très étriqué lorsque j’entends des personnes parlant de lutte
des classes, bourgeoisie versus reste du peuple, etc… Il y a des gens brillants, inspirants
et moteurs dans les deux clans et des énergumènes aussi. Je pars du principe que, si une
personne a de l’argent, c’est tant mieux pour elle. Elle a bossé pour cela et fait preuve d’in-
telligence dans ses affaires et, grâce à cet argent, elle va pouvoir se faire plaisir et l’utiliser
pour faire des dons auprès d’associations, participer à du crowdfunding, contribuer à des
projets d’envergure…
Chronologie du travail 28
Je n’aime vraiment pas le discours anti-riche. C’est trop facile. On peut avoir de l’argent et
aider, ne pas avoir d’argent et pourtant s’acheter une télé et gober les émissions de téléréali-
té. L’argent ne nous définit pas, ce qui nous définit, c’est ce que nous faisons avec.

Le saviez-vous ?

Focus sur la Jugaad :

La Jugaad est un mot en Hindi qui veut dire «débrouillardise» ou «Système D». Il a été théorisé
par un Français né à Pondichéry, Navi Rajdou (Auteur de « L’innovation Jugaad »). La Jugaad vient
des bidonvilles où, sans argent, il fallait être sacrément créatif pour résoudre les problèmes du
quotidien. Les habitants du bidonville créaient ainsi des objets d’une ingéniosité extraordinaire
avec les moyens du bord.

Désormais, partout dans le monde, des milliers d’entrepreneurs pratiquent une approche d’in-
novation frugale dite jugaad. Faire mieux avec moins est intéressant économiquement mais
aussi écologiquement.

C’est d’ailleurs ce qui se fait dans les low tech.

Au sujet du travail, il est aussi question de remettre du cœur à l’ouvrage. Retrouver du sens
et prendre enfin conscience qu’avant le mot être humain, il y a avant tout le verbe ÊTRE.

De ce fait, de plus en plus de personnes ont pris conscience de l’absurdité du marché du


travail. Pourquoi passer 80 % de son temps à travailler pour un objectif qui n’a pas de sens,
dans une entreprise où je ne comprends pas ce que je fais puisque je ne vois aucun résultat
tangible et où, de surcroît, je peux me retrouver au chômage du jour au lendemain  ? La
reconversion, les changements de vie, la création d’entreprise ne sont plus des phénomènes
marginaux, bien au contraire. Les médias et Internet montrant de plus en plus de ces fa-
meux changements de paradigmes donnent encore plus envie de faire partie de ce mouve-
ment de fond.

Mon métier étant d’aider les gens à trouver leur voie, je suis en première ligne pour prendre
le pouls et voir quels types de personnes souhaitent se reconvertir. En 2012, le profil
de mes clients était : une femme (à 80%), âgée de 33 à 43 ans et plutôt CSP+. Aujourd’hui,
j’accompagne autant d’hommes que de femmes, quant à l’âge, il s’étend de 23 ans à 64 ans !

De plus en plus de jeunes en dernière année d’études ou fraîchement diplômés viennent


me voir en me disant « Je crois que ça ne va pas être possible. J’ai fait ces études pour faire
plaisir et parce que je ne savais pas quoi faire d’autres, je ne sais toujours pas d’ailleurs,
mais je ne me vois pas rentrer dans une entreprise et faire un travail derrière un bureau
qui n’aura pas de sens ! ». À tous ces jeunes, ces cadres supérieurs, ces membres de comi-
té de direction, une autre catégorie de personnes s’ajoute et vient aussi me voir, les futurs

29 Libres - Vers un travail qui a du sens


ou jeunes retraités. Ils ont travaillé toute leur vie, pour la plupart dans des boulots qui leur
ont plus ou moins plu et à l’approche de la retraite, ils ont un souhait, « faire enfin quelque
chose d’utile» et pour certains d’entre eux, arrondir leur retraite avec une activité rémuné-
rée, mais surtout, indépendante. À l’issue des 3 mois d’accompagnement avec ma méthode
Rêvez, Osez, Foncez, la majorité des personnes se reconvertissent, créent leur entreprise ou
leur emploi, d’autres, moins nombreuses, optent pour le salariat (souvent à temps partiel)
dans une entreprise ou une ONG qui a du sens.

Les idéaux ont changé ou plutôt sont nés.

Avant, il fallait faire de bonnes études, ou du moins, des études et travailler. Avoir une
bonne place, sous-entendu, un CDI ou pour les plus flippés de l’insécurité et de l’audace,
carrément devenir fonctionnaire, « il ne pourra rien t’arriver ainsi ». Oui, je confirme, pas
de prise de risque, pas de désir de changement, aucune chance que quoique ce soit ne vous
arrive. La réussite dépendait du prestige que l’on pouvait tirer d’une fonction et/ou du sa-
laire et des primes que l’on recevait à la fin du mois. Dis-moi combien tu gagnes, je te dirai si
tu as réussi. Le sens, le plaisir de se lever le matin pour aller travailler, le fait d’être heureux
et serein chaque jour, quelle idée ! Ça ne paye pas ça, monsieur !

Désormais, tout est en train de changer. Nous prenons conscience que c’est à notre tra-
vail de s’adapter à la vie. Tout avait été fait pour conditionner l’être humain à devenir
un Être travailleur, la vie entière de l’individu devait être tournée intégralement autour
de cette notion de travail. Désormais, la prise en compte de la Vie dans son ensemble
(personnelle, spirituelle, amoureuse, sociale, écologique ET professionnelle) est demandée.
Cependant, cela ne veut pas dire que le travail est à bannir. Certaines personnes souhaitent
refondre la totalité du travail et vivre en autonomie ( je cultive ma terre, ma maison est
autonome, je fais du troc et cela me suffit), nous parlerons plus loin de ces communautés
de pensée. D’autres, à l’opposé, pensent que le travail est source d’accomplissement
et aiment travailler beaucoup. (A noter que l’on peut créer son entreprise sans travailler
comme un forcené, tout dépend de vos croyances).

Il n’y a pas un modèle mieux qu’un autre, les deux sont parfaits tels qu’ils sont, certains
iront jusqu’à dire pour ceux qui vivent en autonomie, qu’ils sont dépendants, la vie en au-
tonomie étant potentiellement « facilitée » par le RSA. Il n’y a aucun jugement de valeur
dans mes propos, je pense que toutes ces communautés autonomes ont beaucoup
à apporter au monde, ne serait-ce que par quelque chose d’essentiel, nous faire réfléchir
et repenser la société vers une décroissance aussi intéressante intellectuellement
que nécessaire vitalement. Autre élément important, dans les exemples ci-dessus,
j’ai volontairement parlé de personnes qui souhaitent travailler beaucoup en opposition
aux personnes qui tendent vers l’autonomie.

Pourquoi  ? Car cela montre bien ce que nous avons dans notre inconscient collectif
lorsque l’on parle de travail. Le travail est le fait de faire une tâche en obtenant une somme
d’argent pour celui-ci. C’est pourquoi lorsqu’une famille prend une nounou pour garder
ses enfants, c’est considéré comme du travail alors qu’une mère de famille qui s’occupe 365

Chronologie du travail 30
jours par an de sa progéniture sans passer par une garde d’enfants n’est pas considérée
comme quelqu’un qui travaille. Le travail étant donc juste représenté par la rétribution fi-
nancière que la personne reçoit. Nous avons confondu Emploi et Travail.

Maintenant, si nous remplaçons la rétribution « argent » par une rétribution « réponse à un


besoin », il existe toujours une rétribution. C’est le cas du troc : je te donne cela en échange
de cela ou encore, je fabrique du fromage de chèvre que je donne à la coiffeuse, je reçois
comme rétribution une coupe de cheveux. Travail il y a dans les deux cas, pourtant, dans
le second cas, nous parlerons de troc et donc penserons que ces personnes ne travaillent
pas. Tout simplement car leur travail ne sert soi-disant pas à la collectivité. Mais de quelle
collectivité parle-t-on ? Je suis sûre qu’elles servent parfaitement bien la collectivité qui les
entourent, ce qu’elles ne servent pas, en revanche, c’est le Système et l’État. Mais c’est un
autre débat et nous y reviendrons.

Cependant, si l’on se range dans la frange majoritaire, les gens veulent que leur travail leur apporte
ou du moins, contribue à leur apporter :

• DU SENS

Que leurs métiers, activités et actions soient utiles et contribuent à un monde meilleur et
déjà, à l’amélioration de leur monde. Chacun met l’utilité où il le souhaite. Pour l’un, être
utile sera de produire des légumes de qualité avec des semences paysannes ; pour une autre,
ce sera de créer une start up qui fabriquera des produits de grande consommation en uti-
lisant des matériaux recyclés ; pour un autre encore, ce sera de peindre ; pour le dernier, ce
sera de gagner beaucoup d’argent et d’avoir un métier prestigieux… à ses yeux.

Car être utile, c’est avant tout mettre en avant ses talents propres pour
le bien commun (Vous pouvez voir la vidéo Quête de sens et utilité sur ma chaîne Youtube).
Si Picasso avait été biberonné aux bouquins de développement personnel, il aurait peut-
être voulu être utile en passant le plus clair de son temps à sauver des orangs-outans
à Bornéo, cependant, il n’aurait pas été pleinement lui-même car il serait passé à côté de
son talent, la peinture. Et n’aurait pas apporté sa réelle contribution au monde puisque
nous n’aurions jamais eu accès à ses toiles. D’où l’importance d’apprendre à se connaître.

« Connais-toi toi-même », disait Socrate, car si vous faites quelque chose qui vous semble
utile, mais qui ne vient pas du fin fond de vos tripes, qui n’est pas aligné, vous continuerez
encore et encore à être en quête de sens.

La plupart des entreprises aujourd’hui ne répondent absolument pas à cette quête de sens,
elles n’ont aucune vision à moyen ou long terme, les seuls objectifs étant souvent l’accrois-
sement de leur chiffre d’affaires. « 70 % des managers trentenaires déclarent ne pas adhérer
aux valeurs de leur entreprise », a révélé un sondage Onthemoon (2017).

Bien évidemment une entreprise doit pouvoir vivre, être financière viable pour payer
ses charges, salaires, investissements, R&D… mais aujourd’hui plus qu’hier, ce seul
objectif financier ne suffit pas. À partir des années 2000/2008, il y a eu un grand

31 Libres - Vers un travail qui a du sens


changement dans les entreprises. Là où avant, le rôle du DRH était essentiel — il était
quasiment le bras droit du PDG, ses recommandations étaient écoutées — ,
désormais, le DAF (Directeur administratif et financier) l’a supplanté, à grands coups
de cost killing notamment au détriment des collaborateurs et des fournisseurs.

L’humain est devenu une donnée statistique et financière interchangeable et surtout, sup-
primable. C’est d’ailleurs à partir des années 2008/2010 que les entreprises ont licencié
sans remplacer les postes manquants. Conséquence : un salarié devait faire le boulot de 2,
3 voire 4 personnes. Pas étonnant que l’on ait de plus en plus entendu parler de pression du
chiffre accru, d’objectifs inatteignables et bien évidemment, de burn-out à cette période.

Il est désormais essentiel que les entreprises mutent, prennent un virage de profonde
transformation en incluant systématiquement un volet environnemental et sociétal. Alors
bien évidemment, vous penserez à juste titre que cela est déjà le cas, que nombreuses sont
les grandes entreprises à avoir ajouté des postes de direction ou de chargés de la RSE (Res-
ponsabilité Sociétale et Environnementale) depuis une dizaine d’années. Oui, mais dans les
faits, la majorité de ces postes constituaient en quelque sorte des mises au placard de luxe,
des étiquettes tamponnées greenwashing.

Qui n’a pas connu une personne responsable de la RSE, véritablement désireuse de faire
bouger les lignes en interne, mais qui n’avait aucune aide, aucun aval de la direction lors-
qu’elle voulait œuvrer à un changement profond et n’a pu, en gros, qu’ajouter une affichette
près de l’imprimante pour dire d’éviter d’utiliser trop de papier… Je grossis le trait mais
c’est tout de même à peu près ça.

Nous venons de vivre cette période de confinement mais je pense que nous sommes proches
d’un effondrement. Certains argueront que les marchés vont totalement s’écrouler, les en-
treprises péricliter et que nous allons droit dans le mur. Pour ma part, je pense que nous pou-
vons encore éviter le mur de face, nous allons nous en prendre un bout mais nous pouvons
limiter la casse et les entreprises ont un immense rôle à jouer, mais elles doivent changer leur
fusil d’épaule et ajouter très haut dans leurs objectifs leur contribution environnementale.

Cette non vision à long terme, ce manque de sens proposé par les entreprises, leur pas-
séisme dans les manières de manager et d’offrir un nouveau cadre de travail à leurs colla-
borateurs amène une nouvelle donne : le travail indépendant est désormais plébiscité par
70 % des Français (35 % des Français considèrent que l’emploi idéal est celui d’entrepreneur /
d’indépendant et 76 % estiment que créer son entreprise est plus valorisant que le salariat).

Selon une étude de l’Association pour l’emploi des cadres de 2019, « 57 % des cadres se
déclarent prêts à sortir du salariat par le portage salarial ou encore les groupements
d’employeur. Et ce chiffre monte à 62 % quand on isole les cadres de moins de 40 ans ».
À noter à ce titre, d’après l’INSEE, que les chiffres de création d’entreprises pour l’année
2019 ont battu tous les records : 815 300 créations, soit 18 % de plus qu’en 2018 qui était déjà
à 17 % de plus que 2017.

Chronologie du travail 32
Pour aller plus loin

Focus sur le portage salarial :

Le portage salarial est un statut à mi chemin entre le salariat et le statut d’indépendant. Vous
êtes aussi libre qu’un indépendant mais vous avez la protection sociale du salarié (assurance
chômage, Sécurité sociale, droits à la retraite…). Il y a même une convention collective depuis
2017 et une Fédération européenne du portage salariale, la FEPS. Le portage permet aussi de
tester une activité sur un laps de temps donné afin de savoir si celle-ci peut s’avérer rentable.
Vous pouvez arrêter le portage à tout moment.

Comment cela se passe ?

Vous choisissez la boîte de portage qui vous convient puis dès que vous avez un client, le client
va payer la boîte de portage qui, elle, va transformer vos honoraires en salaire. L’entreprise de
portage s’occupe des tâches administratives et comptables et prendra 5 à 10 % du montant de
chacune des missions effectuées. Il y aurait 90 000 personnes portées en France mais les pers-
pectives annoncent qu’en 2025, plus de 600 000 emplois seront créés via le portage salarial.

Je vous conseille le livre « Tous indépendants » de Guillaume Cairou, fondateur de la boîte de


portage salarial, Didaxis.

Point sur les CAE – Coopératives d’activités et d’emploi :

Les coopératives d’activités et d’emploi (CAE) permettent à un porteur de projet de tester son
activité en toute sécurité. L’originalité de la CAE est de lui offrir un statut «d’entrepreneur sala-
rié» qui lui permet de percevoir un salaire et de bénéficier de la couverture sociale d’un salarié
classique. Une CAE est une entreprise coopérative. C’est une SARL (Société à Responsabilité
Limitée), une SA (Société Anonyme) ou une SAS (Société par actions simplifiée) ayant choisi
un statut coopératif spécifique SCOP (Société Coopérative ou participative) ou SCIC (Société
Coopérative d’Intérêt Collectif).

Sa particularité est de mutualiser des moyens de gestion et de fonctionnement. L’équipe sup-


port de la CAE assure l’ensemble des obligations administratives et comptables et effectue les
déclarations sociales et fiscales. C’est un lieu d’apprentissage, de formation et d’échanges.

Les entrepreneurs bénéficient d’un accompagnement, de formations, d’ateliers d’échanges pour


leur permettre de développer leur activité.

Pour plus d’informations, rendez-vous sur www.cooperer.coop ou Copéa www.copea.fr

33 Libres - Vers un travail qui a du sens


• DE LA FLEXIBILITÉ VOIRE… DE LA LIBERTÉ

Ce qui ressort aussi beaucoup, c’est cette notion de flexibilité. La personne souhaite pou-
voir choisir ses horaires, le lieu de son travail et même ses activités. Et elle a bien raison !
D’où la nécessité absolue pour les entreprises désireuses de conserver leurs salariés
d’adopter des politiques de télétravail. Les 3 unités qui ont servi aux économistes à définir
le travail (l’unité de temps, de lieu et d’espace) sont en train de voler en éclats, et c’est tant
mieux. La flexibilité, c’est aussi choisir ses activités, d’où l’émergence des slasheurs. Terme
qui, comme chacun sait, vient de la barre oblique - / - pour mentionner le faire d’avoir plu-
sieurs activités. En d’autres termes être  : prof d’araméen/consultant informatique/béné-
vole dans une ONG.

En bonne slasheuse que je suis, je déteste utiliser des étiquettes mais pour le mo-
ment, il n’y a que ce mot pour définir clairement la multi-activités, somme toute nor-
male, des êtres humains. Je me définis comme un être libre, une freeworkeuse no-
made. Demain, j’espère que nous n’aurons même plus besoin de mentionner cela.
Nous aurons tous plusieurs activités, par choix et envie, et n’auront pas besoin de
nous justifier. A noter que je n’utilise pas le mot métiers, je préfère la notion d’activi-
tés car celles-ci peuvent être salariées, bénévoles, indépendantes mais elles recouvrent
aussi les «  métiers  » non rémunérés (mère au foyer, faire l’école à domicile, culti-
ver son potager, construire sa maison autosuffisante, fabriquer ses vêtements, etc…).
Beaucoup de personnes, comme nous l’avons vu plus haut, plébiscitent le fait d’être indé-
pendantes, en d’autres termes, d’être tout simplement LIBRES.

D’après de récentes études, 40% des travailleurs seront des free-lances en 2020, soit près
de 15 millions de free-lanceurs.

• DU TEMPS 

L’individu veut aussi plus de temps. Il veut, comme on le dit de manière « corporate », pou-
voir rééquilibrer sa vie personnelle et professionnelle. En 2010, lorsque j’étais encore sala-
riée, manager bien comme il faut et que je donnais tout mon temps à mon entreprise, cette
dernière m’avait offert une formation sur l’équilibre de vie. Ils nous donnèrent un tableau
proposant les 4 sphères de l’équilibre de vie que voici. Sur le moment, rien ne m’a sauté aux
yeux, tout cela me paraissait extrêmement normal. Mais en retombant dessus l’année der-
nière, j’ai pris conscience de tout ce lavage de cerveau. Non, ce tableau n’est pas NORMAL.
À suivre cela, 80 % du temps est dédié au travail et dans les 5 % à votre vie intérieure, vos
questionnements, votre développement personnel, spirituel… Ce tableau, proposé ainsi est
complètement bancal. Déjà, un carré, ça ne pouvait pas tourner rond.

Je préfère largement la roue de la vie, outil utilisé depuis des décennies en coaching
notamment. Cette roue, à l’inverse du carré plus haut, permet d’apposer TOUS les pans de
votre vie. Car tous ces pans sont essentiels à votre épanouissement. Pour la case Vie profes-
sionnelle, à nouveau, je préfère mentionner la notion d’activités.

Chronologie du travail 34
Frontière modulable Frontière temps identique pour tous et non extensible

Vie professionnelle Mon job actuel


Mon évolution
et les objectifs
de carrière
de celui-ci

Ma vie sociale,
Vie personnelle associative et familiale Moi

Vous repérez donc très rapidement grâce à cette grille que si vous misez tout essentiel-
lement sur votre travail et/ou les finances, votre roue ne va pas rouler bien loin, n’est-ce
pas ? Au même titre que si votre vie n’est axée que sur les loisirs et l’Amour par exemple.
L’objectif est d’avoir une belle roue bien ronde qui vous permet d’avancer sereinement.
Cette grille vous aide à vous améliorer sur chacun de ces axes. Lorsque votre note n’est que
de 1, 2 ou 3 sur 5, demandez-vous comment vous pourriez y remédier. Quels éléments pour-
riez-vous ajouter à votre vie ou au contraire, supprimer ? Pour ce qui est de la case Finance,
comme des autres d’ailleurs, tout est question de perception. Vous pouvez être millionnaire
et avoir l’impression de n’être qu’à 2,5 sur 5 car vous avez toujours peur de manquer (un
petit travail sur vous ne serait pas négligeable) ou, à l’inverse, vivre en autosuffisance sous
le seuil de pauvreté et vous sentir riche et recevant l’abondance de la nature chaque jour
et ainsi, vous positionner à 4 voire 5 sur 5 sur la grille. Tout est toujours une question de
perception.

La contribution au monde ce n’est pas forcément devenir mère Térésa et faire preuve
d’abnégation totale. Je vais vous donner des exemples tout bêtes mais aider une per-
sonne à traverser dans la rue, sourire à quelqu’un dans le métro, faire un peu de bé-
névolat, tout ça ce sont des contributions au monde. En fait c’est en quoi vous vous ren-
dez utile. C’est ce en quoi vous faites quelque chose qui vous dépasse. Je le répète, cela
peut être des « petites » choses, ce n’est pas nécessairement donner 10h de votre temps
tous les jours. Mais ce sont toutes les choses qui vous font vous sentir utile et vivant.
Cette contribution sera différente pour chacun : aider une personne à lire c’est de l’utilité,
faire rire c’est de l’utilité car alléger les atmosphères et faire rigoler les gens c’est une contri-
bution au monde primordiale.

Alors, n’hésitez pas à faire cette roue pour voir où vous en êtes et sachez qu’il n’est jamais
trop tard pour changer les choses. Pour aller plus loin, j’ai créé ma propre méthode il y a
35 Libres - Vers un travail qui a du sens
bientôt 10 ans « Rêvez, Osez, Foncez : 3 mois pour trouver sa voie » et accompagné des mil-
liers de personnes dans leur reconversion et changement de vie.

Actuellement Objectif
Amour
5
Développement Famille,
4 amis, loisirs
perso/spiritualité
3
2
1
0
Finances Vie
professionnelle

Contribution Santé,
au monde bien être

Chaque être humain, au plus profond de lui-même, veut tout simplement Vivre !
Pas survivre, vivre pleinement, la seule chose qui le retient, c’est la Peur à cause du
conditionnement qu’il a reçu.

Il y a cent ans, Keynes disait qu’en 2020 approximativement, 3 heures de travail par jour soit
15 heures par semaine, suffiraient amplement pour produire tout ce dont on aurait besoin,
les machines se chargeant du reste. Et que sans cette baisse des horaires travaillés, nous
nous ennuierions profondément au travail car il n’y aurait pas assez de tâches à effectuer.
Je pense qu’il avait raison. C’est vers là que nous allons tendre.

Et que nous tendons déjà, il n’y a qu’à voir le phénomène de Bore out (syndrome
d’épuisement professionnel par… l’ennui) qui se multiplie chaque jour. Nous sommes
en 2019 à l’écriture de ce livre, dans quelques mois ou années, la question de la durée de
travail devra réellement être prise en main. Au-delà de l’aspect économique et productif,
je pense que l’homme ne devrait travailler que 4 heures par jour ou 3 jours par semaine.
Pourquoi  l’homme devrait-il allouer moins de temps à son travail ? Au-delà du fait qu’il
y aura de moins en moins de travail salarié et qu’il faudra sûrement le diviser pour en of-
frir à plus de monde, je prêche surtout pour le fait d’avoir plus de temps pour se cultiver,
se nourrir spirituellement, expérimenter toutes sortes d’activités, développer son potentiel
ce qui, de toute façon rend bien plus productif. S’octroyer des moments de pause, du sport
entre deux clients, une expo le matin ou ce que vous voulez, c’est s’autoriser à être dans
l’instant présent et permettre à l’inspiration de surgir.

Cela permet aussi de vous réapproprier votre intuition, ce qui vous fait gagner encore

Chronologie du travail 36
plus de temps car l’intuition, lorsque l’on s’autorise à l’écouter, nous amène toujours au bon
endroit pour rencontrer la bonne personne, entendre le bon message, prendre les bonnes
décisions. Écoutez votre cœur, il sait toujours où aller.

Pour ma part, je n’ai pas l’impression de travailler, j’accompagne les candidats à la recon-
version, j’anime des ateliers et donne des conférences, le reste du temps, je crée, je collabore
à des projets qui me tiennent à cœur, j’écris, je jardine, je marche (au moins une heure par
jour), je médite. Vous allez me dire «Ce n’est pas la méditation et la marche qui remplissent
le frigo!» Et bien, je vous réponds «Oui. Et non!». Lorsque je marche, les idées viennent
plus vite, l’inspiration et les solutions aussi et cela me permet de rester centrée et au final,
beaucoup plus productive. Par ailleurs, cela laisse place à la rencontre. Je suis plus ouverte
pour saisir les opportunités. Au final, c’est peut-être pendant cette heure de marche que je
travaille le plus.

Pour reprendre la phrase de Pierre Teilhard de Chardin : « Nous  ne  sommes  pas des  êtres
humains vivant une expérience spirituelle mais des êtres spirituels vivant une expérience hu-
maine ». L’être humain est profondément spirituel, en coupant cette partie de nous-même, nous
devenons des coquilles vides, les ombres de nous-mêmes. Le travail le plus important à faire est
un travail… sur soi. Nous allons vers la décroissance, dans le travail, dans notre consommation,
dans notre économie. La décroissance nous rendra riches.

Aujourd’hui, et surtout après la période de confinement que nous avons tous vécue, de plus
en plus de personnes ont pris conscience qu’elles passaient à côté de leurs vies et le fait
de faire un travail qui n’a pas de sens, prend tout leur temps et ne les épanouit pas n’est
pas normal. Certains prédisent une hausse du chômage dans les prochaines années. À mes
yeux, le chômage est une fabuleuse période. C’est un incubateur à rêves si vous décidez de
bien le vivre car il vous permet de transformer radicalement votre vie et créer le monde de
demain. Qui que vous soyez, vous avez le droit et la capacité d’œuvrer à quelque chose qui
aura du sens, vous rendra heureux de vous lever le matin et verra votre potentiel s’élever.

Je vous assure qu’il est possible d’allier les mots SENS – JOIE – TRAVAIL – LIBERTE -
HARMONIE et même AMOUR.

Le saviez-vous ?

Le « que sais-je » des pathologies professionnelles :

Rien qu’en France, il y a eu une multiplication par 7 des affections psychiques liées au travail en 5 ans,
d’après les chiffres de l’Assurance maladie de 2018. Et ceci, juste pour les accidents déclarés…

Selon une enquête de 2016 de la DARES (Direction de l’Animation de la Recherche, des Etudes
et de la Statistique du Ministère du travail), 30% des salariés déclarent avoir subi au moins
un comportement hostile dans le cadre de leur travail dans les 12 derniers mois et 25% (soit
¼ des salariés) déclarent devoir cacher leurs émotions et faire semblant que tout va bien !

37 Libres - Vers un travail qui a du sens


D’après une étude de la CFDT, 25% des salariés vont au travail avec la boule au ventre, 36% ont déjà
fait un burn out et 43% ont des douleurs à cause de leur métier !

Le travail n’est pas toujours la santé…

Burn out :

Le burn out est un état d’épuisement physique, émotionnel et mental lié à une dégradation du
rapport d’une personne à son travail. Cet épuisement professionnel a été initialement observé chez
les soignants du fait notamment de leur surcharge de travail, du manque de moyens pour bien le
faire. Il s’est généralisé à l’ensemble des professions. En cause, le travailler toujours plus, la hausse des
objectifs et/ou des objectifs peu clairs, une pression de plus en plus forte, des demandes souvent
contradictoires du fait d’un manque de vision des strates supérieures.

Brown Out :

Pathologie liée à l’absurdité quotidienne des tâches que le salarié a à accomplir. Vive les bullshit job
(jobs à la con), terme apparu grâce à l’anthropologue de génie, David Graeber.

Selon sa théorie, je cite : « La technologie a été manipulée pour trouver des moyens de nous faire
travailler plus. Pour y arriver, des emplois ont dû être créés et qui sont par définition, inutiles ».
D’après lui, la société moderne repose sur l’aliénation de la vaste majorité des travailleurs de bureau,
amenés à dédier leur vie à des tâches inutiles et vides de sens, tout en ayant pleinement conscience
de la superficialité de leur contribution à la société. Graeber précise : « C’est comme si quelqu’un
inventait tout un tas d’emplois inutiles pour continuer à nous faire travailler. » Finalement, Graeber
soutient que les bullshit jobs font partie d’un système qui maintient au pouvoir le capital financier :
« La classe dirigeante s’est rendue compte qu’une population heureuse et productive avec du temps
libre était un danger mortel ».

Bore out :

Syndrome d’épuisement professionnel par l’ennui. 15 à 30 % des salariés seraient atteints de ce bore
out dans le monde ! Le bore out peut être engendré par le manque de travail à proprement parler,
les tâches ennuyeuses et répétitives, la mise au placard, la surqualification par rapport au poste dans
lequel on se trouve, un nombre trop important d’années à faire la même chose sans perspective
d’évolution.

Mon point de vue sur le burn out :

Cela sera grinçant mais je pense que c’est quelque chose d’extrêmement positif car, lorsqu’il est bien
accompagné, il vous permettra d’engager un changement profond dans votre existence.

Et au fond, il ne s’agit que de ça… De redevenir qui vous êtes.

Chronologie du travail 38

Le burn out intervient quand il n’y a plus de capacité à faire semblant, à mettre un masque, à avancer
dans un environnement qui n’a finalement aucun SENS. Contrairement à ce que certaines personnes
pourraient croire, il ne touche pas les gens “faibles”, il attaque ceux qui sont les plus “performants”,
les plus “corporate”… Finalement, ceux qui s’oublient le plus au profit de leur entreprise et de leur
travail.

Lorsque professionnellement, vous n’êtes pas aligné avec vos valeurs et votre ETRE dans son en-
semble, vous allez petit à petit voir se succéder toute une ribambelle de symptômes. Cela com-
mence par un ras-le bol, une boule à la gorge avant d’aller au boulot le lundi (voire dès le dimanche
après midi), de l’anxiété… Puis, le message n’étant pas encore entendu, la maladie (le “Mal a dit”)
débarque et le corps prend le relais avec un mal de dos, un ulcère (ce fut mon cas à seulement 29 ans
dans mon ancienne vie), une sciatique.

Et que se passe-t-il si nous n’écoutons toujours pas ?

Le burn out prend la suite et fin pour que le message soit vraiment intégré et qu’une transformation
puisse enfin s’enclencher. Car il s’agit de ça… De vous mettre sur votre bonne voie, de vous aider à
aller vers vous et de procéder aux changements nécessaires qui vont vous permettre de ne plus vous
oublier. Alors bien évidemment, il est plus serein d’écouter les signes et son intuition dès le début
pour éviter le raz de marée que représente le burn out. Si vous ne vous sentez pas à la bonne place,
si votre boulot n’a pas de sens, si vous ne vous sentez pas pleinement vous-même, faites-le choix de
changer.

CE N’EST PAS NORMAL D’ÊTRE MAL dans son TRAVAIL, de ne pas y trouver de SENS et de ne pas
utiliser tous ses TALENTS ! Ça c’est ce qu’on vous a fait croire pendant des décennies mais cela fait
partie d’un vieux système qui est en train de péricliter.

Alors, allez vers vous et sachez qu’après cet ouragan qu’est le burn out, vous allez pouvoir vous faire
du bien et retrouver une vie sereine, saine, épanouie et épanouissante. Il y a une magnifique vie et
une conscience accrue après le burn out. Ce n’est qu’un PASSAGE dans le vrai sens du terme. Le pas-
sage d’un état à un autre, d’un système à un autre, de l’ancien monde vers le nouveau.

“C’est au plus noir des cieux que germent les aurores”, Proverbe indien.

Et oui, le Travail est une notion à révolutionner.

39 Libres - Vers un travail qui a du sens


40
2
Les mythes à balayer

Il existe des grands mythes dans le domaine du travail, des injonctions toutes faites
qui, à force d’être assénées de générations en générations, ont été intégrées à notre
inconscient collectif. Nous continuons donc à agir de la sorte juste car « c’est comme ça ».
Ces injonctions que tout le monde connaît sont des petites phrases du quotidien : « Il faut tra-
vailler dur pour gagner sa vie », « Dans la vie, on ne fait pas ce qu’on veut », « Tu dois obtenir un
CDI ou un emploi dans la fonction publique », « Dans notre secteur d’activité, on fait comme
ça et pas autrement », « Il faut aimer le travail en équipe », « Le temps, c’est de l’argent »…
Toutes sortes d’injonctions qui ont façonné au fil du temps notre rapport au travail. En
d’autres termes, si tu veux gagner ta vie et éviter d’être un paria, trime, travaille dur, fais un
boulot qui ne te plait pas car de toute façon, c’est ainsi et pas autrement ! Jouissif comme
programme !

• Mythe 1 : «  Il faut travailler dur pour gagner sa vie. »


Ah, qu’est-ce qu’elle est ancrée dans l’inconscient collectif, cette injonction. C’est tout sim-
plement la croyance de base mise en place depuis l’ère industrielle pour ne pas dire ca-
pitaliste. Il faut travailler dur pour gagner sa vie. C’est bien ce que l’on nous a fait croire.
Payer les salariés juste assez pour qu’ils puissent consommer, pas trop peu, sinon l’écono-
mie capitaliste tomberait d’elle-même. Juste assez. Faites-les trimer. Vous me direz, dans
une économie communiste, ce serait pire, faites-les trimer mais ne les payez pas du tout.
Et puis, ils ajouteraient quelques camps de travailleurs esclaves comme cela se fait encore
dans beaucoup de pays notamment la Chine. Il nous faut changer le modèle économique en
profondeur pour aller vers un modèle plus soucieux du Vivant.

›  Pourquoi travailler dur pour gagner sa vie ?

Par peur de se retrouver au chômage 

Qui suis-je face au vide ? Ne vais-je pas me retrouver sous les ponts si je quitte mon travail
et que je ne retrouve jamais de boulot ? La réponse est NON, cependant, tout a été fait pour
que cette peur vous maintienne dans un travail qui ne vous convient pas. Je crois profon-
dément au plein Travail mais pas… au plein emploi. Que nous puissions tous effectuer des
missions qui ont du sens pour nous, œuvrer dans nos talents respectifs que ce soit en sa-
lariat ou, pour de plus en plus de personnes, en indépendants, OUI. En revanche, le plein
emploi n’est pas possible car il exigerait énormément de postes salariés ou fonctionnaires
et il n’y en a pas. Il y en aura de moins en moins. Quoique dans la tranche fonctionnaire,
j’ai peur que les chiffres ne baissent malheureusement pas. Or, je pense qu’il y a beaucoup
trop de fonctionnaires en France. Je ne parle pas des fonctions réellement utiles à la socié-
té (Infirmiers, médecins, enseignants, pompiers…) mais de tous les autres, surtout ceux
haut perchés, qui n’ont clairement pas lieu d’être, surpayés à faire le jeu des lobbys. Nous

41 Libres - Vers un travail qui a du sens


pourrions utiliser ce budget, ainsi que le coût de leurs retraites, à des fins plus vertueuses.
Je crois que les chiffres du chômage si élevés servent aussi à constituer une sorte de réserve
de capital humain pour apeurer les foules. En cas de plein emploi, vous quittez votre em-
ploi comme bon vous semble, vous fixez votre tarif, vous posez vos conditions, au pire, si
cela ne fonctionne pas chez la boîte C, la boîte D acceptera. Lorsque le chiffre du chômage
augmente, on se pose autrement la question, les conditions se durcissent et nous avons ten-
dance à les accepter par peur de nous retrouver sans rien.

Mais du boulot, il y en a  ! Je ne parle pas de la phrase complètement déplacée d’Em-


manuel Macron sur le fait de « traverser la rue » pour trouver du boulot. Ce n’est pas
de traverser la rue dont les gens ont besoin, c’est d’être autorisés à Rêver  ! Oui, à rê-
ver ! Car le modèle du « trouve un boulot, même si tu ne l’aimes pas, au moins tu au-
ras un salaire et pourras consommer, consommer, consommer ! » tue une partie de
la personne (et le Vivant en prime puisqu’on sait très bien où la consommation est en train
de nous mener !). C’est se transformer en zombie qui œuvre pour le FAIRE et l’AVOIR tout
en oubliant l’essentiel… ÊTRE.

Ce sont les rêves qui créent les évolutions. « L’utopie n’est pas l’irréalisable, c’est
l’irréalisé. L’utopie d’hier peut devenir la réalité de demain ! », Théodore Monod.

Je vous assure qu’il y a mille et une manières de « gagner sa vie » en faisant quelque chose
qui vous plait vraiment, a du sens pour vous et contribue à l’évolution de la société. Je suis
persuadée que nous avons, nous tous, citoyens, hommes, femmes, enfants, tous les moyens
en notre possession pour faire bouger les lignes. Alors n’ayez pas peur du chômage, pre-
nez-le comme un incubateur à rêves. Et pour les détracteurs, tournez-vous vers la superbe
initiative des territoires chômage longue durée et voyez tout ce que l’être humain est ca-
pable de faire quand on lui donne les moyens et que nous lui rendons sa dignité.

Pour aller plus loin

Lumières sur Territoires zéro chômage longue durée :

« La privation d’un emploi n’est pas inéluctable, on peut apporter à ceux qui le désirent la pos-
sibilité de travailler dans des conditions adaptées et utiles pour la société », Patrick Valentin,
Vice président de TZCLD. Le projet « Territoires zéro chômeur de longue durée » a été créé
en 2016 par ATD Quart Monde en partenariat avec le Secours catholique, Emmaüs France, Le
Pacte civique et la Fédération des acteurs de la solidarité et repris par une association dédiée,
l’association « Territoires zéro chômeur de longue durée ».

L’objectif est de démontrer qu’il est possible à l’échelle de petits territoires, sans surcoût
significatif pour la collectivité, de proposer à tout chômeur de longue durée qui le souhaite, un
emploi à durée indéterminée à temps choisi, en développant des activités utiles pour répondre
aux besoins des divers acteurs du territoire.

Les mythes à balayer 42


Les phases du projet :

L’association travaille d’abord avec les collectivités pour que tout le monde s’approprie le pro-
jet. En 2019, 10 territoires ont joué le jeu et ont eu de superbes résultats. Puis la collectivité
recense tous les chômeurs de longue durée du territoire et les rencontre un à un pour savoir
s’ils sont volontaires pour faire partie du projet et ainsi, retrouver un emploi.

C’est le moment d’identifier les compétences de chacun en leur demandant :

Ce qu’ils savent faire ? Ce qu’ils ont envie de faire ? Ce qu’ils aimeraient apprendre ?

TZCLD arrive ainsi à voir quelles sont les compétences qu’ils peuvent mobiliser sur le territoire.
Ils analysent ensuite quels sont les besoins de la zone avec les différents acteurs, habitants mais
aussi avec les personnes au chômage, ce qui contribue aussi à rehausser leur estime de soi.

En terme de modèle économique, cela suit bien la route. Ils prennent le coût du chômage
longue durée (40 milliards d’euros par an pour l’Etat et les collectivités territoriales). Ce coût
ramené à 1 personne équivaut à peu près à 18 000 € par an. Le coût d’un emploi au SMIC est de
20 000 €. Ils prennent donc les 18 000 € et financent un emploi dans le territoire.

Cela s’appelle l’activation des dépenses passives. Plutôt que de laisser la personne dans la pré-
carité, elle a désormais un travail et se réinsère dans la vie sociale. Il a d’ailleurs été calculé qu’en
moyenne et en quelques petites années après son arrivée dans le programme, chaque nouveau
salarié a « rendu » 18 000 € à la France en consommant, en cotisant… C’est donc une opération
blanche et surtout, totalement vertueuse.

Ce sont donc des solutions locales, définies par les acteurs locaux et par les personnes au chô-
mage de longue durée. Tout le monde met la main à la pâte pour créer la fameuse Entreprise
à but d’emploi (EBE). En 2016, la loi portée par ATD Quart monde a été entérinée et autorise le
transfert de ces 18 000 € vers ce que l’on appelle une Entreprise à But d’emploi.

Les métiers créés sont divers, absolument nécessaires et n’existaient pas avant l’arrivée de l’EBE
sur le territoire :

Services aux entreprises, commerçants, agriculteurs, associations et collectivités, production,


activités liées à la transition écologique, aide au recyclage, soutien aux personnes handicapées,
âgées ou isolées…

Si vous êtes une collectivité et souhaitez mettre en place ce projet dans votre commune, si
vous voulez devenir bénévole ou rejoindre le comité de soutien parlementaires ou des élus
locaux, rendez-vous sur le site : https://www.tzcld.fr/

Vous pouvez aussi voir le film documentaire « Nouvelle cordée », réalisé par Marie-Monique

43 Libres - Vers un travail qui a du sens


Robin, qui a suivi pendant plus de trois ans le déroulement de l’expérimentation TZCLD dans
le village de Mauléon (Deux Sèvres) ou organiser une projection dans une salle près de
chez vous.

A noter qu’à Mauléon, l’EBE a commencé à 15 personnes. Aujourd’hui, elle embauche 90 anciens
chômeurs de longue durée.

Par effet de groupe

Parce que toutes les générations avant nous ont décrété que c’était ainsi et par effet
de groupe, nous avons fait nôtre cet adage. Il a été prouvé en psychologie que lorsque
l’on est dans un groupe, nous avons, pour la plupart d’entre nous, tendance à ali-
gner nos réponses à celles du groupe, quand bien même nous pensons que le groupe
a tort. Cela paraît aberrant, mais cela a été testé et les résultats sont édifiants. C’est
pourquoi dans une société où le CDI, voire le fonctionnariat (20% du marché du tra-
vail…), et un boulot classique, avec des horaires classiques, sont la norme, il est dif-
ficile de s’extraire du groupe et de s’aventurer dans des contrées plus plaisantes.
Pourtant, je vous assure que ces contrées sont bien plus enthousiasmantes et que vous pou-
vez très bien y arriver.

Pour pouvoir CONSOMMER 

La seule raison du travail qui n’a pas de sens, c’est de pouvoir gagner de l’argent. Travailler
dur pour gagner sa vie permet de consommer plus et de montrer à la terre entière qui vous
êtes. Par la consommation et le fait de posséder, vous pouviez prétendre être arrivé à un
niveau de respectabilité, de richesse qui vous plaçait un peu plus haut dans la chaîne hu-
maine. Cela a servi de moteur, et continue à servir de moteur à bon nombre de personnes.
Cependant, à mon sens, le vrai degré de respectabilité est de contribuer à un monde meil-
leur et donc d’arrêter ou tout du moins, de maîtriser sa consommation. A noter qu’être dé-
croissant ne veut pas dire être sans le sou.

Par Inconscience 

Un autre élément permet de maintenir l’homme dans cette croyance erronée. Tout a été
fait pour l’empêcher de se poser, de réfléchir, d’être conscient. Notez que l’être humain a en
moyenne 60 à 70 000 pensées par jour et… 90% de ces pensées sont les mêmes que la veille.
Triste constat. Nous évoluons de manière totalement inconsciente dans nos vies. 5 % de
pensées conscientes contre 95 % d’inconscient (habitudes, croyances, schémas répétitifs…).
Nous sommes des souris dans une roue. Pourquoi ? Car nous ne prenons pas le temps de
nous poser. Je donne beaucoup de conférences partout en France et je suis toujours émue
lorsque je me retrouve face à une population de cadres performants et investis ayant une
dizaine ou une vingtaine d’années en entreprise derrière eux. Ils sont brillants sur leur
secteur mais la majorité d’entre eux n’a pas la moindre idée de ce qu’il se passe « dehors ».

Les mythes à balayer 44


Ils sont cantonnés dans leur tour à la Défense ou ailleurs, les deux pieds dans l’ancien
monde à mille lieux des avancées et de la révolution que nous sommes en train de vivre. Le
nouveau monde est déjà là. « On entend l’arbre qui tombe mais pas la forêt qui pousse »…
Pourtant, la forêt est là et bien là, belle et pleine de vie et d’idées. Enfermer les gens dans
une boîte 7 à 10 heures par jour n’est pas humain. Cela sclérose la pensée et empêche tout
simplement les gens de rêver. L’être humain de l’ancien monde ne sait pas rêver. Il a peur
de l’extérieur comme un animal que l’on aurait enfermé trop longtemps dans un zoo et qui
serait incapable de vivre par ses propres moyens dans son milieu sauvage. Il est urgent de
les aider à se réveiller, à s’éveiller pour devenir des êtres humains conscients.

Heureusement, depuis une dizaine d’années, nous avons subodoré qu’un autre monde
était possible. Déjà, le chômage de masse a touché toutes les classes sociales et les niveaux
d’études. Cette arrivée au chômage engendre quelque chose d’admirable : nous permettre de
nous réapproprier notre temps, denrée la plus précieuse. Internet a aussi contribué énor-
mément de par son partage immense de connaissances et de visions nouvelles. Grâce à tous
ces facteurs, de plus en plus de monde, et bien évidemment la plupart des jeunes arrivants,
ont refondu leur système de pensée et se sont mis à remettre en cause cette injonction.
Je ne suis pas du tout en train de remettre en cause la valeur Travail. Le travail, dans sa fonc-
tion noble, est bon pour la santé physique et mentale et nous offre un sentiment d’utilité
et d’accomplissement, ce qui est bien évidemment non négligeable. En revanche, travailler
dur sans y trouver autre avantage que de gagner de l’argent, ça oui, c’est à remettre en cause.
Car nous avons tous le potentiel, les talents pour sortir d’un état qui ne nous convient pas,
si nous nous en donnons et si on nous en donne les moyens.

Changer de métier, créer sa boîte, rester dans son entreprise mais négocier du télétra-
vail ou un temps partiel pour pouvoir allouer une partie de son temps libre à un projet
qui nous tient à cœur. Reprendre une usine en coopérative ouvrière. Nous avons tous la
capacité de remettre en cause cette croyance de faire un travail qui annihile nos valeurs
et brise notre potentiel juste car c’est ainsi depuis la révolution industrielle. Il faut travail-
ler dur pour gagner sa vie ? Non ! Votre vie, vous l’avez déjà gagnée en venant au monde.
Maintenant, qu’allez-vous faire du reste de temps qui vous est imparti ? Vous êtes le seul
maître à bord.

A la place de l’injonction : « Il faut travailler dur pour gagner sa vie ! », optez pour un nouveau
mantra : « Je gagne ma vie en faisant tout ce que j’aime ! »

• Mythe 2 : « Le temps, c’est de l’argent ! »


Nous avons parfois l’impression d’avoir la vie devant nous, nous nous projetons dans les
fameux « Un jour ». « Un jour », je ferai le tour du monde, j’écrirai un livre, je monterai ma
boîte, je construirai une maison autonome, etc... Cependant, pour beaucoup, ce jour n’ar-
rivera pas. Premièrement car les rêves ne se concrétisent qu’en y mettant de l’énergie et
de l’action, chose que l’on met immédiatement de côté en utilisant le mot « Un jour ». « Un
jour », c’est loin, c’est un futur hypothétique qui n’arrive finalement jamais. Ce qui arrive,
c’est le temps qui passe, le train train quotidien, les to-do list à rallonge mais aucune action

45 Libres - Vers un travail qui a du sens


vers le rêve profond, qui s’enfonce progressivement dans la fosse à rêves rejoignant toutes
les belles promesses que l’on s’était faites. À croire que nous avons la vie devant nous, nous
ne voyons pas qu’il y a urgence à vivre, nous vaquons à des occupations qui nous anesthé-
sient, nous courrons sans cesse après le temps, toujours entre deux réunions et dix dossiers
prioritaires. Certains vont même jusqu’à se jauger et surenchérir sur qui a travaillé le plus
ces derniers jours ? Qui a terminé le plus tard ? Mais où sommes-nous arrivés ? Nous n’avons
plus le temps. Pourquoi ? Car pour le système capitaliste, le temps est une ressource rare
donc chère. Time is money ! Notre temps est devenu une monnaie d’échange.

En 1890, les horloges à poinçons sont créées pour rentabiliser le temps de travail. Il faut
désormais être performant, productif et satisfaire ceux pour qui nous donnons notre
temps. Franck Gilbreth, l’un des premiers adeptes du taylorisme, étudie les mouvements
des ouvriers en les filmant pour induire le mouvement parfait, celui qui sera le moins
preneur de temps. Le travail à la chaîne et les gestes mécaniques pour accroître
la productivité sont définis. Le temps doit être alloué au maximum à la productivité,
tout est calculé jusqu’au temps passé aux toilettes… Aujourd’hui encore  ! En 2016,
l’ONG OXFAM a dénoncé le fait qu’aux Etats-Unis, des ouvriers portaient des couches car ils
n’avaient pas le temps d’aller aux toilettes !

Notre temps est le bien le plus précieux mais petit à petit nous l’avons cédé. Le temps de
moment conscient est extrêmement faible par rapport à tous les instants où nous vivons
dans l’inconscient, l’habitude, les croyances collectives. Nous avons 60 à 70 000 pensées par
jour et comme nous l’avons vu plus haut, 90 % sont les mêmes pensées que la veille !

Les mêmes pensées engendrent les mêmes choix qui engendrent les mêmes comportements
d’où découlent les mêmes expériences et donc les mêmes émotions.

Ces mêmes émotions dirigent notre pensée, pensée qui va engendrer tous les mécanismes
dans notre biologie, circuits neurologiques, chimiques et hormonaux ! Il est donc crucial
de prendre du temps pour travailler sur nos pensées. À 35 ans, nous avons tellement fonc-
tionné d’une même manière que nous avons ancré celle-ci.

Notre corps fait même les choses avant que notre cerveau ne le décide, c’est ce qu’on appelle
une habitude.

Tout a été fait pour nous habituer à casser nos rythmes naturels au profit de la société.
Les enfants, dès le plus jeune âge, apprennent à lire l’heure et doivent s’adapter à
des horaires même si cela ne correspond pas à leur rythme. Or, nous savons que l’atten-
tion humaine décline toutes les 20 minutes, comment voulez-vous qu’un enfant puisse
ingurgiter toutes les données qu’on lui inculque ? Pour couronner le tout, vous lui
demandez de rester assis sur une chaise, sans bouger et sans parler à son voisin de table…
Une torture pour un enfant. Ce type d’apprentissage ne lui permet pas d’ouvrir son plein
potentiel et le laisse stagner ou pire, le mène à l’échec.

Tout s’accélère et nous avec. Dans les villes, nous marchons de plus en plus vite, 6 ou 7 km/h
contre 4 km normalement. Tous les randonneurs ou pèlerins dont je fais partie savent que

Les mythes à balayer 46


la norme est de 4 km/h au-delà, c’est de la marche rapide. Nous travaillons aussi plus vite,
ce qui ne veut pas dire que nous terminons plus tôt car en France notamment, la culture
des horaires tardifs est encore la stupide règle. Même si vos tâches sont terminées bien
avant, vous devrez rester jusqu’à 18h30 ou 19h sous peine d’entendre cette vanne pour-
rie « Tu as pris un RTT ? ». Aux Etats-Unis, si vous restez plus tard que l’heure habituelle
de sortie des bureaux, vous êtes taxé d’incompétent. Des entreprises telles que Google
disent à leurs salariés que si leur travail est terminé et ce, quelle que soit l’heure, ils peuvent
rentrer chez eux. On est loin du diktat des horaires français, bien que cela commence
à changer fort heureusement en France.

Nous parlons aussi plus vite mais nous n’écoutons plus… Pas le temps. Nous voulons
de l’efficacité.

Dans l’excellent documentaire « Le temps, c’est de l’argent » de Cosima Dannoritzer, il


est mentionné qu’au Japon, dans les années 80, l’excès de temps au travail a engendré
une crise économique… Les salariés passant leur temps à travailler et non à… consommer !
Le gouvernement japonais lança même une campagne de communication (hot week) pour
inciter les salariés à prendre des vacances. Son objectif : les faire travailler moins pour
qu’ils consomment à nouveau. Ce qui n’a pas vraiment marché, la culture japonaise étant
très tournée vers le travail.

Travaillez beaucoup mais pas trop quand même, il faut tout de même que vous continuiez
à consommer…

Notre temps est aussi utilisé quand nous ne travaillons pas officiellement puisque nous
devenons un employé partiel. Nous faisons de plus en plus souvent le boulot nous-même.
Boulot qu’un employé aurait dû faire. Les caissières disparaissent, les billets de train
sont dans nos smartphones, fini les guichets, nous faisons nos virements tous seuls via
des banques en ligne… On travaille même gratuitement pour l’Intelligence Artificielle
en l’affinant quand elle nous demande de cliquer sur les fameux Captcha « cliquez là
où vous voyez des panneaux stop »…

Et puis notre rythme naturel a aussi été profondément tronqué avec l’électricité.
D’ailleurs, avant l’électricité, les 3/8 n’existaient pas. Je ne dis pas qu’il faille revenir
en arrière et s’éclairer à la bougie bien évidemment (quoique nous y viendrons peut-être).
Mais le fait est que le bruit et la lumière nous ont envahi chaque jour davantage, surtout
dans les villes bien évidemment. Comment peut-on se reposer avec des lumières non-
stop ? Qu’il s’agisse des lumières d’enseignes de magasins (allumées nuit et jour, bonjour
les économies d’énergie), les lumières de nos ordinateurs et maintenant même des smart-
phones que l’on prend dans nos lits pour scroller toutes les dernières vidéos Facebook.

Ce constat m’a explosé au visage lorsque je suis rentrée de mon tour de France à pieds.
Après 64 jours de marche en plein nature, à dormir dans des abbayes, des hameaux, des
villages, des fermes. Vivant au rythme de la nature. Me levant avec le soleil et me couchant
avec lui. Cheminant avec pour seul bruit, les oiseaux, les animaux dans la forêt, le bruit des
ruisseaux. Le retour parisien fut rude. Durant cinq jours, j’étais épuisée de fatigue à cause
47 Libres - Vers un travail qui a du sens !
du bruit mais l’être humain s’adaptant toujours, au bout d’une semaine, j’étais à nouveau
habituée au niveau sonore urbain.

On ne prend véritablement conscience du niveau sonore et de la pollution lumineuse que


lorsque nous les avons quittés quelques temps. Sinon, le bruit devient « normal », les lu-
mières artificielles des bureaux sans fenêtres paraissent, eux aussi, « normaux », nous nous
adaptons à cet environnement. Il n’en est rien. Le bruit incessant est hautement stressant.

Un rapport publié par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en 2014 a démontré


le lien entre le bruit urbain et l’augmentation du risque d’AVC, des troubles cardiaques et
des troubles du sommeil. Une étude de Bruitparif et l’Observatoire Régional de Santé d’Île-
de-France datant de 2015 a estimé que les franciliens perdent 7 mois de vie en bonne santé
à cause des nuisances sonores, ce chiffre pouvant atteindre deux ans pour les personnes
les plus exposées ! Quant à la lumière artificielle, elle dérègle nos rythmes naturels. Sans
compter la lumière bleue qui est extrêmement nuisible pour la rétine et augmente le risque
de dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). Quel programme enthousiasmant ! Alors
si vous travaillez dans des bâtiments fermés, faites le plus possible des pauses à l’extérieur
plutôt que face à la machine à café (déjà parce que le café n’est pas bon mais aussi car
vous referez le plein de vitamine D). La vitamine D n’est synthétisée que grâce aux rayons
du soleil. Un manque de vitamine D engendre notamment des dépressions d’où
le syndrome de la dépression saisonnière l’hiver, le soleil venant à manquer. Vous pouvez
aussi faire des exercices de yoga des yeux. En parlant des yeux, savez-vous que les personnes
qui font un métier où ils voient loin (agriculteurs par exemple) ne souffrent quasiment
pas de myopie par rapport aux personnes qui ont une vision courte (lecture, ordinateurs,
etc…) ? À Paris, n’en parlons pas, notre vision ne porte jamais très loin…

Alors « Time is Money » ? Moi je dis plutôt « Time is life » !

On a souvent tendance à opposer le temps et l’argent, ce qui est une croyance


complètement erronée qu’il est important de changer. On nous a fait croire que « travail-
ler dur / beaucoup équivalait à gagner de l’argent ». Vous allez donc travailler beaucoup
pour espérer avoir des sous (et ce n’est souvent pas le cas d’ailleurs… Obtenez-vous des
augmentations de folie chaque année ?). Or, il est possible de gagner autant, voire plus
(si c’est ce que vous voulez) en faisant ce que vous aimez et surtout, en
prenant du temps pour vous ! Rien n’est plus important que le temps. Une citation afri-
caine sortie du livre « La Nuit de feu » d’Eric-Emmanuel Schmidt : « Tu as la Rolex, moi…
J’ai le temps ! ». Je trouve cela fabuleux même si, là encore, il oppose le temps et l’argent
qui est donc à nouveau une croyance qui nous limite. LE TEMPS N’EST PAS L’ARGENT.
C’est faux ! Quand vous récupérez du temps pour vous, vous récupérez VOTRE VIE,
vos envies, vos idées. Je travaille facilement 6 fois moins que dans mon ancienne vie
et tout va bien mieux. À noter que je suis pourtant encore plus performante car je
produis 20 % d’efforts pour 80 % de résultats, là où beaucoup de personnes s’acharnent
sur une multitude de tâches qui, au final, ne servent pas à grand-chose. Cela ne veut pas
dire que je glande, j’adore œuvrer, accomplir des choses, être en ébullition mais je choisis
beaucoup mieux mes « combats ». Vous pouvez faire de même, il vous suffit juste de couper

Les mythes à balayer 48


purement et simplement toutes les tâches qui vous prennent du temps, vous demandent
un effort et pourtant, ne rapportent pas grand-chose. Cet audit va vous prendre quelques
heures ou jours, mais vous gagnerez énormément en temps et en décharge mentale
après coup. L’être humain ne devrait travailler que 4 heures par jour sans être enfermé
dans une boîte, de surcroît sans plantes ni lumière naturelle. Récupérez votre
temps de vie consciente ! Attention, nous pouvons bien évidemment travailler beau-
coup car cela nous plait profondément et que ce que l’on fait sert véritablement
Lorsque vous utilisez la notion d’activité, votre vie n’est plus dissociée entre, d’un côté
la vie pro et de l’autre, votre vie personnelle. Votre VIE est tout à la fois, chaque pan est
important. Vous êtes sur terre pour vivre pleinement et utiliser tout votre potentiel
et non juste survivre et allouer votre temps à faire quelque chose qui n’a aucun sens.
Votre temps est le bien le plus précieux, utilisez-le à bon escient.

À la place de l’injonction « Le temps, c’est de l’argent ! », optez pour un nouveau mantra :
« Je dispose de mon temps comme bon me semble ! »

• Mythe 3 : « La raison vaut mieux que l’intuition »

Autre mythe, très occidental, voire carrément franchouillard celui-ci, la raison vaut mieux
que l’intuition.

Comment faire en sorte d’annihiler tout esprit d’initiative, toute tentative de change-
ment et d’amélioration du monde ? En faisant croire aux gens que les rêves ne sont que
des utopies irréalistes et que rien ne vaut mieux que la raison. Vous avez sûrement déjà
entendu, lorsque vous partagiez avec joie et enthousiasme une de vos idées, la réflexion
d’une personne très sûre d’elle, vous assénant le fameux « C’est bien beau de rêver mais
pour ma part, je suis plutôt réaliste ». Sous-entendu, je n’y crois pas du tout. J’ai vraiment
du mal avec ces personnes « réalistes ».

Quand on sait que la réalité ne dépend que de notre perception et de nos croyances,
se dire réaliste est complètement obtus ! À mes yeux, être réaliste, c’est croire que tout
est possible. Pour moi, la réalité, c’est la magie de la vie, ce sont les miracles quotidiens,
les heureux «  hasards  ». Pourquoi  ? Car j’y crois tout simplement et comme j’axe mon
attention là-dessus, forcément, cela grandit dans ma vie. Tout est une question de croyance.

« Nous sommes ce que nous pensons. Tout ce que nous sommes résulte de nos pensées.
Avec nos pensées, nous bâtissons notre monde. » Bouddha

Quand vous savez que vos pensées conscientes ne perçoivent que 16 bits par seconde, là
où le corps en perçoit 10 millions et l’inconscient 10 milliards par seconde… Cela me donne
davantage envie d’aller farfouiller du côté de mon intuition et de mon ouverture de
conscience, plutôt que de rester cloisonnée dans une raison forte étriquée. D’ailleurs, tout
le monde sait que les grandes découvertes scientifiques ont pour beaucoup été rendues
possibles grâce à l’intuition. Nous trouvons grâce à notre intuition et nous prouvons grâce
à notre raisonnement.

49 Libres - Vers un travail qui a du sens


Il faut comprendre que chaque seconde, nous recevons via nos 5 ( 6 ) sens des milliards
d’informations. Si nous recevions de manière consciente tout ce stock d’informations,
nous deviendrions tous fous (le fou serait-il, d’ailleurs, un sage que tout le monde ignore ?).
L’être humain et la nature étant divinement faite, dans notre cerveau se trouve un filtre.
Ce filtre sert donc à trier toutes ces données pour qu’il n’en reste que quelques-unes qui
puissent descendre dans notre conscience. Mais, allez-vous me dire, quels sont ces critères
de sélection ? Il existe trois éléments :

La nouveauté : vous voyez un éléphant dans la rue, vous allez le regarder. Si vous étiez en
Inde, vous ne l’auriez peut-être pas fait.

La survie, le besoin : vous êtes dans le désert, vous avez soif, vous allez être focalisé sur les
oasis. Vous êtes un fumeur, vous n’avez plus de cigarettes, vous allez voir tous les panneaux
tabac à 800 mètres sans faire attention à l’épicerie, la banque, le poissonnier. C’est ce même
procédé qui fait que lorsque vous avez des béquilles, vous voyez tous les gens qui ont des
béquilles, idem si vous êtes enceinte.

Les croyances : Tout est aussi filtré par nos croyances, nos habitudes, notre manière
de percevoir la vie. Ainsi, pour schématiser, si je vous dis de vous focaliser sur la cou-
leur bleue, vous allez immédiatement voir tout ce qui est bleu autour de vous. De la
même manière, si vous pensez qu’il est difficile de trouver du travail, vous envoyez
à votre filtre la consigne de vous transmettre toutes données, toutes expériences qui vien-
dront confirmer cette pensée. Pour le filtre, il n’y a pas de bien ou de mal, celui-ci répond
juste à vos croyances. Ainsi, vous serez soudainement happé par un article de presse sur le
chômage de longue durée, vous lirez un livre dont l’un des protagonistes a perdu son tra-
vail, vous entendrez une discussion entre deux personnes dans le métro qui parlent de la
difficulté pour leur enfant de trouver un boulot, et ainsi de suite. Tout sera fait pour vous
conforter dans votre croyance.

À l’inverse, si vous êtes sûr de trouver du boulot, vous allez tomber sur un post Lin-
kedin mentionnant une ouverture de poste, vous verrez une coupure de magazine
vantant les mérites des formations de boulanger, un secteur qui recrute, etc… Tout
cela vous mettra encore davantage sous de bons auspices car vous partirez du bon pied,
la fleur au fusil.

Nous avons toujours le choix. Nos pensées créent notre réalité et dites-vous bien
que parmi les 2 milliards d’infos reçues chaque seconde via vos sens, une ribambelle sont
extrêmement positives. Alors libre à vous de choisir votre camp. Pour connaître quelles
sont vos croyances limitantes, il suffit de regarder objectivement tous les pans de votre
vie et de vous demander si tout va bien à ce sujet-là. Quelle est votre relation à l’argent ?
Avez-vous ce dont vous avez besoin  ? Vivez-vous une relation de couple harmonieuse  ?
Aimez-vous votre travail/votre activité ? etc….

Lorsque l’un des pans de votre vie pèche, c’est que se cache derrière une croyance néfaste.
Il vous suffit de décider dès maintenant de la rectifier. Vous enverrez ainsi à votre filtre
de nouvelles consignes afin de ne pas bloquer le processus intuitif.
Les mythes à balayer 50
« Le  mental  intuitif  est un don  sacré  et le  mental rationnel  est un  serviteur  fidèle. Nous
avons créé une société qui honore le serviteur et a oublié le don», Albert Einstein.

L’intuition, le sixième sens est une capacité que nous avons tous en nous. Elle n’est ni magie,
ni don particulier, comme le confirment les neurosciences. L’intuition est une des formes
de l’intelligence humaine. Parfois mal jugée et mise de côté car elle ne peut pas être « expli-
quée » de manière « rationnelle », elle a pourtant souvent été d’une importance considérable
dans les découvertes des chercheurs et des scientifiques.

L’intuition n’est pas un gadget de supermarché ni un truc de « bonne femme » comme


certains pourraient le prétendre. C’est une des pièces maîtresses de notre
intelligence humaine. L’intuition arrive avant que notre cerveau n’entre en jeu, elle met tous
nos sens en action. Une étude a été menée aux Etats-Unis et a révélé qu’outre l’intuition,
la prise de décision elle-même intervenait dans notre cœur avant d’atteindre notre cerveau…
Nous captons, à travers notre cœur, notre corps, notre esprit, des données imperceptibles
pour notre cerveau. Ces informations lui sont ensuite transmises et c’est là que nous
décidons, ou non de les utiliser. Ainsi, nous «  croyons  » décider de manière tout à fait
raisonnée, alors qu’il n’en est rien…

L’intuition est toujours bénéfique pour nous, elle est là pour nous guider, pour nous
faire prendre les bonnes décisions. Malheureusement, nous sommes tellement dans
la mentalisation de nos actes, dans le manque de confiance, dans la peur de changer
et pire, d’échouer, que nous ne la suivons pas toujours. Pourtant, lorsque vous acceptez
de fonctionner par rapport à vos ressentis, vous ne vous trompez jamais de chemin.
Expérimentez cela dès aujourd’hui. Notre cerveau est composé de deux hémisphères.
Le gauche, hémisphère de la logique, du raisonnement, de l’analyse, du jugement, va
dans le détail, aime les catégories, est très rationnel. Pour lui, la nouveauté représente en
premier lieu un danger qu’il va falloir appréhender, analyser pour le surmonter.
L’hémisphère droit, quant à lui, est la partie de l’intuition, de la créativité, de l’imagination,
des émotions. Il engendre une vision globale, vivante, aime la nouveauté et n’a pas peur
d’aller vers le changement. L’hémisphère droit cherche à rassembler les gens, les choses…

Nous avons, dans nos sociétés occidentales, l’habitude d’utiliser à outrance notre
cerveau gauche. Depuis l’école déjà, où toutes les méthodes d’enseignement sont
fondées sur la raison, la logique, les codes. Nous apprenons les maths, la physique,
l’histoire géo, le français, piliers centraux de nos enseignements, mais qu’en est-il de
l’art, de la culture, de la créativité, de l’intuition, du développement personnel, de
la coopération  ? On nous apprend à devenir de bons petits soldats, pas à réfléchir par
nous-même. À force d’utiliser notre cerveau gauche, la partie droite est de moins en moins
irriguée. Or, l’hémisphère droit nous offre un accès direct à notre intuition, notre
imaginaire. En l’utilisant davantage, nous apprenons à prendre soin de nos besoins, nous
nous écoutons davantage, nous nous rapprochons de l’Autre, sommes davantage dans
la compassion… et savons très bien quel chemin emprunter, quelle voie prendre…

Alors aujourd’hui plus que jamais, reconnectez-vous à votre intuition, cette petite voix in-

51 Libres - Vers un travail qui a du sens


térieure qui ne veut que votre bien. Lâchez ce mental rabat-joie qui est effrayé par le chan-
gement et souhaite vous laisser dans une zone de confort tout sauf confortable d’ailleurs.
Privilégiez les choix du cœur aux choix de raison (raisonnés, logiques, logistiques, de
prestige…). Nous avons trop fait de choix raisonnés, ces choix pour faire plaisir aux
autres, pour répondre à ce que l’on croyait être réussir DANS la vie plutôt que réus-
sir SA vie. Tous ces choix raisonnés qui vous ont fait «  choisir  » des études pour vos pa-
rents, pour les honneurs, pour la reconnaissance. Ces choix raisonnés, ou même des
non choix, qui vous ont fait saisir les opportunités pendant vingt ans dans un secteur
que vous n’aimez pas vraiment. Ces choix raisonnés, ou ces non choix, qui vous font
arriver à 40, 50 ou 60 ans avec le sentiment de ne pas avoir réalisé tout ce que vous au-
riez aimé faire, mais qui continuent à vous faire baisser les bras… Lâchez la raison  !
Choisissez avec votre cœur, il connaît parfaitement le chemin. A quand remonte
votre dernier choix du cœur  ? Cet élan plus grand que vous qui vous fait choi-
sir une personne, une activité, un chemin, une envie et vous somme de vous lan-
cer, sans filet. Qu’avez-vous fait par véritable envie, conscience plus vaste, intuition  ?
Ce sont tous vos choix du cœur qui vous feront vous retourner sur la vie, serein et avec un
sentiment d’accomplissement. Vous aurez véritablement vécu, et non juste survécu.

Apprenez à réécouter votre voix intérieure et à suivre votre cœur, c’est le véritable chemin.
Le reste n’est que guidé par la Peur et la zone de confort est finalement tout sauf réellement
confortable. À la place de l’injonction « La raison vaut mieux que l’intuition », optez pour un
nouveau mantra : « Mon intuition me guide toujours dans la bonne direction ! ».

Le saviez-vous ?

Et vous, quelle intelligence avez-vous ?


D’après le docteur Howard Garner, il existe 8 types d’intelligence :
• L’intelligence visuelle et spatiale (arts, visuel, bien se positionner dans l’espace…)
• L’intelligence linguistique
• L’intelligence logique/mathématique
• L’intelligence kinétique (équilibre, corps, être doué dans les sports…)
• L’intelligence interpersonnelle (Moi face aux autres, être doué dans un groupe…)
• L’intelligence intrapersonnelle (introspection, connaissance de soi…)
• L’intelligence musicale
• L’intelligence naturaliste
J’en rajouterai une, l’intelligence de la main. Elle pourrait rentrer dans l’intelligence kinétique
mais je pense qu’elle a sa place à part entière et il est temps de remettre les métiers manuels à
la place qu’ils méritent. Nous voyons bien que, dans le cadre de l’école, seules les intelligences
visuelle/spatiale, logique/mathématique et linguistique ont été creusées. Quid des six autres
formes d’intelligence ? Rien, rayées de la carte.
Comment voulez-vous qu’un élève qui a une grande intelligence interpersonnelle ou naturaliste,
par exemple, puisse s’en sortir ? Ce n’est pas l’élève qui est en échec (scolaire), c’est l’école !

Les mythes à balayer 52


• Mythe 4 : « Un « vrai bon » métier est un métier qui nous fait gagner
beaucoup d’argent »

« Si tu gagnes de l’argent, c’est que tu fais un bon métier… Donc tu es une personne qui a de
la valeur ». Voilà encore un des mythes complètement contre-productifs qui continuent à
œuvrer dans l’ombre. Pourquoi ? Car le maître étalon est l’argent. Si tu me fais gagner beau-
coup d’argent, alors tu es valable. Quand allons-nous choisir de bâtir une société qui pourra
calculer sa réussite sur le Bonheur national Brut (BNB) plutôt que sur le Produit Intérieur
Brut (PIB), comme l’a fait le Bhoutan. Depuis déjà quelques années, les Bhoutanais partent
du principe (désormais avéré) que le modèle économique dominant avec la notion de PIB
court à sa perte et qu’il est nécessaire d’instaurer un nouveau modèle économique, une
alternative qui prendrait comme point central, le bonheur. Bilan carbone négatif, préser-
vation de la culture et de l’environnement, agriculture 100% bio, énergie hydraulique… Bien
évidemment, vous me direz que l’on ne peut pas forcément prendre exemple sur un si petit
pays, coincé dans les contreforts de l’Himalaya, et où tout n’est pas rose non plus. Certes.
Pourtant, il y a de nombreuses choses à emprunter. Une sobriété heureuse, une spiritualité
plus incarnée, une redécouverte du vivant et une véritable aspiration au bonheur.

Être heureux, c’est simple, il suffit de le décider. Encore faut-il lever ses freins internes et
arrêter de se soucier du regard des autres. Car beaucoup de maux viennent de là, de ce que
l’on croit que l’Autre pense de nous. Et si cet Autre fait partie de notre clan, de notre famille,
il est souvent encore plus difficile de sortir de ses carcans. C’est ainsi que l’on va décider de
faire telles études plutôt que telles autres, tel métier plutôt que tel autre et surtout… ne
jamais, au grand jamais, faire un métier lié à l’artisanat, au travail manuel quel qu’il soit
(à moins que ce soit dans le cadre de vos loisirs), au social (à moins que vous ne le fassiez
de manière bénévole) ou à toute autre forme de métier qui ne serait pas aussi prestigieux
qu’avocat, médecin, consultant dans un domaine que 90% des gens ne comprennent pas,
financier, directeur de n’importe quoi pourvu que ce soit un poste de directeur… Mais nous
pouvons, à notre échelle, décider d’arrêter d’entretenir toutes formes de condescendance
par rapport aux métiers que nous exerçons. Et surtout, dès à présent, commencer à choisir
nos futurs en conscience, par rapport à ce qui nous fait vraiment vibrer, et non au salaire
que cela va nous procurer, bien qu’évidemment, nous pouvons tout à fait allier les deux.
L’argent ne nourrit clairement pas le sens de nos vies et n’est sûrement pas le mieux pla-
cé pour définir si un métier est plus « respectable » qu’un autre. D’ailleurs, une anecdote
amusante, avocat est le métier que j’accompagne le plus dans le cadre des reconversions.
Ce qui m’a toujours choquée, c’est que les métiers dont nous avons le plus besoin, ceux dont
les détenteurs aident réellement la société sont souvent, pour ne pas dire toujours, ceux les
moins payés ! Il n’y a qu’à voir les infirmiers ou les pompiers qui sauvent des vies (et sont sur
le pont même quand ils font grève), les enseignants qui éduquent nos enfants, les artisans
qui sont garants des savoir-faire ancestraux… N’oubliez jamais la période de confinement.
Quelles ont été les professions les plus utiles  ? Nous sommes actuellement dans un sys-
tème qui pense que la vie humaine est moins importante que le capital. C’est sur le point
de basculer. Heureusement. Le plus important, c’est de faire ce qui vous rend heureux à
vos yeux, ce qui vous fait réellement vibrer. Le qu’en dira-t-on importe peu. Nous sommes

53 Libres - Vers un travail qui a du sens


arrivés dans une société où l’avoir et le faire sont devenus plus importants que l’être, ce
qui engendre un profond manque de sens et une perte des repères. Tout tourne autour de
l’argent. Es-tu riche ? Si oui, tu m’intéresses, sinon passe ton chemin. L’argent, en tant que
salaire, procure du confort, du pouvoir d’achat mais forme aussi souvent les barreaux d’une
prison. « Je suis mal dans mon boulot mais je gagne bien ma vie, je ne peux pas changer.
Comment ferai-je avec moins ? » Il s’agit d’un des principaux freins au changement, je le
vois quotidiennement mais bien heureusement, nous arrivons à passer outre cette peur de
manquer et de belles reconversions voient le jour. Et soit dit en passant se reconvertir ne
veut pas nécessairement dire « gagner moins ».

Un vrai bon métier est un métier dans lequel vous êtes heureux, vous vous sentez utile
(utile dans le sens d’utiliser votre plein potentiel) et grâce auquel vous avez l’impression
de contribuer au monde qui vous entoure. Je le répète sans cesse, la bonne voie, c’est là où
il y a de la joie ! A partir du moment où vous faites quelque chose qui vous plait vraiment,
l’argent ne devient qu’un moyen et non plus une fin. Vous verrez d’ailleurs rapidement que
lorsque vous êtes en joie, empli de gratitude par rapport à la vie que vous menez, l’abon-
dance arrive. L’abondance c’est le sentiment de recevoir chaque jour tout ce dont vous avez
besoin. Prendre conscience du flux d’abondance, c’est apprendre à faire confiance en la vie,
se dire que peut-être que vous n’avez pas un compte en banque rempli mais que vous savez
au plus profond de vous que l’abondance est à l’œuvre chaque jour. En ayant cette croyance,
je vous assure que vous recevrez à chaque instant tout ce dont vous avez besoin.

Alors ne misez pas sur un boulot uniquement parce qu’il est bankable. Vous al-
lez tenir quelques mois, années, mais vous finirez par n’être que l’ombre de
vous-même à chercher à chaque instant, à l’extérieur, de quoi vous stimuler.
La clé est à l’intérieur de vous, ne lésinez pas sur ce travail d’introspection. Qu’est-ce qui
vous met en joie ? Quelle que soit la réponse, foncez vers cela, vous ne vous tromperez pas.

Petit bémol, la joie n’est pas la même chose que le plaisir. Le plaisir est quelque chose de
momentané et qui provient de l’extérieur, comme un shoot de nourriture pour un bouli-
mique ou une bouteille de vodka pour un alcoolique. Lorsque je parle de joie, je ne parle pas
de plaisir dans l’instant, mais bien de quelque chose qui vous anime de l’intérieur. Comme
une paix qui vous confirme que vous êtes sur le bon chemin. Vous vous sentez tout simple-
ment présent et à la bonne place.

À la place de l’injonction « Un bon métier est un métier où l’on gagne beaucoup d’argent »
optez pour un nouveau mantra : « Un bon métier est un métier dans lequel on est
heureux  (et qui vous fait gagner beaucoup d’argent en prime si c’est ce que vous
souhaitez) ».

• Mythe 5 : « Les plus intelligents sont ceux qui ont fait les meilleures études »
La grosse erreur est de penser que ce sont ceux qui ont fait les meilleures études qui sont
les plus intelligents. Cette croyance est fausse mais malheureusement bien ancrée,
surtout en France, où nous avons un système d’études quasiment par castes. Si vous sortez
du top 5 des grandes écoles d’ingénieurs, de commerce ou encore de Sciences Po (mais Paris !),
Les mythes à balayer 54
vous êtes forcément plus brillant que la moyenne. Quant aux diplômés de l’ENA, ils sont in-
touchables. Pourtant, si l’on veut se faire l’avocat du diable, réussir ses études, n’est-ce pas jus-
tement l’inverse de l’intelligence ? L’inverse d’avoir un jugement propre et un sens critique ?
Être capable de répéter ce que disent les « sachants », les professeurs, est-ce cela l’intelligence ?

Par ailleurs, avoir fait les meilleures études fait croire aux gens qu’ils sont à même de
prendre les meilleures décisions. Or, les meilleures décisions découlent de l’expérience
et… de l’intuition, car il est impossible de dresser un tableau exhaustif de toutes les consé-
quences d’une décision. Une bonne décision n’a pas grand-chose de rationnel. De plus, si les
diplômés de l’ENA étaient connus pour prendre de bonnes décisions, cela se saurait.

De la même manière que des diplômés de grandes écoles qui, désormais patrons de
grands groupes, polluent et ruinent la santé des gens et de la planète. On a connu des vi-
sions à long terme plus brillantes… François Taddei dans son livre « Apprendre au XXIème
siècle », mentionne une étude * disant que « la capacité d’empathie, qui est l’une des
dimensions de l’éthique, diminue avec le nombre d’années d’études. C’est valable dans
les études de médecine, mais ce phénomène a aussi été relevé en école de
management où, plus le niveau est élevé, moins les étudiants tendent à avoir
des attitudes collaboratives. »

Bien évidemment, faire des études, des formations initiales ou conti-


nues, se nourrir intellectuellement est primordial. Avoir la chance d’étu-
dier, d’apprendre, c’est avoir la possibilité de s’élever et d’être plus conscient.
Rien n’est plus important que l’éducation et la culture. Mais le système de castes n’est pas
bon et les écoles et universités doivent se transformer pour accompagner la transition.
Il nous faut apprendre à réfléchir et non à bachoter.

Je donne parfois des conférences dans des écoles et universités et ce que je souhaite
que les étudiants retiennent, au-delà du fait qu’ils doivent courir après leurs rêves
jusqu’à les atteindre, c’est que leurs études ne servent que de sésame pour se lancer.
Ce qui fera toute la différence, ce n’est pas le nom de leur école, c’est qui ils sont ! Quels
sont leurs savoir-être, leurs talents propres, leurs spécificités  ? C’est leur capacité
d’adaptation, leur culture, leur relationnel, leur esprit de synthèse, leur vivacité d’esprit
qui feront leur touche. Le reste, ça s’apprend.

À y regarder de plus près, dans la majorité des cas, les études ne seront pas suffisantes
et ce sera encore plus vrai demain. Nous ferons 2, 3 ou 10 métiers différents, par choix
mais aussi, car les progrès techniques continueront à rendre les connaissances obso-
lètes, et pour chacun de ces métiers et innovations, vous devrez apprendre de nouveau.
Vous reprendrez parfois des études mais vous apprendrez aussi sur le tas, dans des livres,
via des MOOC. Le plus important sera ensuite de l’expérimenter, c’est pour cela que les
stages sont infiniment importants !

La meilleure façon d’apprendre c’est d’expérimenter, de réussir, parfois d’échouer, puis, de


* — Empathy decline and its reasons : a systematic review of studies with medical students and residents

55 Libres - Vers un travail qui a du sens


rebondir. Mon nouveau mantra est : Les plus intelligents sont ceux qui font ce qu’ils aiment
et suivent leurs rêves.

• Mythe 6 : «Le plus important est de savoir quel métier on veut faire plus tard »

C’est le précepte qui nous a tous menés dans le mur, à passer à côté de nos vies.
Pourquoi  ? Car dès notre enfance, nous avons été conditionnés avec cette question
anodine « Qu’est-ce que tu veux faire quand tu seras plus grand ? », question qui, nos âges
grandissant, se transforma en « Quel bac veux-tu faire ? », « Quelles études veux-tu faire ? »,
« Quel métier veux-tu faire ? ». Nous avons ainsi été happés par le faire, faire, faire, oubliant
tout simplement qui nous étions profondément. Nous sommes rentrés dans de jolis moules
près à être utilisés dans la vie active. Quand les personnes que j’accompagne viennent
me voir, elles me disent toutes « je veux changer mais je ne sais pas dans quoi ». Et ce, tout
simplement car elles se sont oubliées au fil des années. Mon métier, ce n’est pas
l’orientation, ce n’est pas non plus de faire un bilan de compétences, car cela ne marche
pas  et c’est bien trop étriqué ! Les compétences, c’est ce que vous savez faire, ce n’est
pas nécessairement ce que vous aimez faire. Et puis, vous êtes bien plus que de simples
compétences. Mon métier, c’est de reconnecter les gens à qui ils sont vraiment, de
les accompagner dans la connaissance de soi et de lever leurs peurs, limites et freins,
car à ce moment-là, se dessinent leurs véritables envies, ce qui fait leur essence propre
et ils savent à l’issue des 3 mois vers où se diriger. Alors la question, ce n’est pas « Quel mé-
tier veux-tu faire ? » mais plutôt « Qui es-tu ? », « Quelle vie veux-tu mener ? » et « Quelle sera
ta contribution au monde  ? ». C’est beaucoup plus global et cela permet de sortir
des carcans sociétaux.

Si vous demandez à un collégien quel métier il veut faire, il vous répondra par rapport à
son environnement, par rapport aux métiers qu’il connaît autour de lui. Pour certains, une
vocation se dessine très jeune mais c’est rare, la plupart du temps, ce fameux collégien va
se cantonner à des choses qu’il connaît. Il ne rêve pas. Moi je suis pour le rêve. Nous ré-
approprier notre capacité à rêver, c’est nous réapproprier nos vies, c’est redevenir libre !
Demandez à ce même collégien quelle vie il veut mener. Il ne vous parlera sûrement pas
de travail de prime abord, il vous parlera de ses passions, des endroits qu’il aimerait visi-
ter, des contributions qu’il aimerait apporter. Il vous parlera de VIE et de qui il est. C’est
ce que je fais avec les personnes que j’accompagne. Nous ne parlons jamais de travail les
deux premiers mois, pourtant, tous, à l’issue du troisième mois, savent exactement ce qu’ils
veulent faire, se reconvertissent et changent de vie. Nous avons tous une couleur, une es-
sence particulière, des talents qui nous sont propres. Nous avons tous quelque chose à of-
frir au monde. Le tout est de savoir sortir du moule dans lequel on nous a enfermés pour
pouvoir à nouveau rayonner. Nous sommes tellement plus que ce que nous croyons être.
Alors avant de songer à un métier, demandez-vous d’abord quelle vie vous voulez mener et
quelle personne vous voulez devenir.

À la place de «  quel métier veux-tu faire  ? », demandez-vous plutôt « quelle vie
vous voulez mener ? »

Les mythes à balayer 56


• Mythe 7 : « Si vous stressez beaucoup, c’est que vous faites un travail important »

Voici un mythe très citadin, voire surtout parisien. Qui n’est jamais tombé sur
un groupe de personnes se retrouvant un soir à la terrasse d’un café en van-
tant à tour de rôle le fait qu’ils soient tous plus overbookés les uns que les
autres ? « Désolé, j’ai 1h30 de retard, je suis complètement sous l’eau au boulot »,
« M’en parle pas, moi il me reste 125 mails à traiter ! », « C’est rien ça, moi, je me suis fait deux
charrettes* au taf cette semaine ! », « Tu ne comprends pas, je ne peux pas couper mon télé-
phone car je suis sollicitée non stop, week-end compris ! ».

Ce qui est triste là-dedans, ce n’est pas tant qu’ils soient (ou plutôt qu’ils aient l’impression
d’être) sous l’eau mais plutôt de se dire qu’ils s’imaginent que le niveau de stress est cor-
rélé avec le niveau d’importance qu’ils pensent avoir dans la boîte. Que tout ce stress est
« normal ». Le hic, c’est que plus nous stressons, plus nous produisons du cortisol, l’hormone
du stress, qui annihile toute faculté de penser. Nous nous retrouvons comme une souris dans
sa roue, elle court sans cesse et sans but. Stresser au travail n’est clairement pas la panacée.
Dites-vous bien que si vous êtes stressé, c’est que quelque chose ne va pas dans votre métier
ou entreprise. Le stress, la maladie, le fait de se bloquer le dos ou d’avoir la boule à la gorge
avant d’aller travailler sont autant de signaux vous demandant de décélérer. Ce n’est pas
« cool » d’être stressé. La face du monde ne va pas changer si vous restez à votre niveau de
stress constamment, bien au contraire, vous gagneriez du temps à en perdre car en étant
plus serein, vos idées seraient bien plus claires et percutantes.

Lorsqu’une personne s’affaire et est très stressée à chaque fois que je la vois, je ne me dis
pas que c’est quelqu’un d’important, mais plutôt qu’elle est désorganisée ou à côté de ses
pompes. Être stressé non stop n’est pas normal. C’est un appel pour que vous changiez
quelque chose dans votre vie.

Mais tout d’abord, d’où vient le stress ?

Toutes les créatures vivantes (végétaux, animaux compris bien évidemment) connaissent
des états de stress et mettent en place les mécanismes d’autoprotection et d’adaptation.
Lorsque l’on est confronté à un évènement stressant ou à une émotion forte, le cerveau
demande aux glandes surrénales de produire du cortisol. Le niveau de cortisol s’élève,
le centre des émotions (Amygdale) prend le contrôle, le centre exécutif (Néo-cortex) est
bloqué, le cerveau passe en vitesse rapide, le centre de l’apprentissage (Hippocampe)
dysfonctionne et ne mémorise que ce qui contrarie.

Le problème, c’est que lorsque le stress se prolonge dans le temps, la production de cortisol
ne s’arrête plus, ce qui peut amener à des états dépressifs et de la prise de poids au niveau
du ventre.

*La charrette est un terme utilisé principalement dans les secteurs de la pub, de l’architecture, des médias
pour annoncer que vous allez passer la soirée, voire la nuit, à bosser comme un âne (pour rendre un boulot
qui n’a de surcroît aucun sens), et ce, enfermé dans les locaux de l’entreprise dans laquelle vous exercez.
La charrette est aussi appelée une « nocturne ».
57 Libres - Vers un travail qui a du sens
Nous avons tous trois réactions possibles face au stress :

L’attaque ou la fuite, ce que les anglophones mentionnent comme le fameux Fight or


Flight, et, si aucune des deux options n’est possible, la tétanie. Naît alors un sentiment
d’impuissance qui bloque le cerveau rationnel et peut engendrer, à terme, un stress mortel.
Il n’y a rien de pire que l’impuissance.

Mais il y a aussi du bon stress. Le bon stress est un shoot d’adrénaline qui va vous per-
mettre de mener à bien une tâche, une mission sur un moment court. C’est celui qui
va vous permettre de donner le meilleur de vous quand vous faites une présentation
en public, d’avoir tous vos sens en éveil pour avoir la meilleure répartie possible, etc…
Ce type de stress est bon car il vous aide à donner le meilleur de vous.

Performance Énergie
optimale
Énergie Sur-régime
basse Burn-Out
Niveau de
Cortisol
Stress
• Ennui • Énergie au top • Anxiété
• Absence d’intérêt • Attention • Énergie dispersée
• Motivation et • Motivation • Mémoire détournée
engagement faible • Engagement • Baisse de la cognition

Il est crucial de ne pas laisser le stress s’installer. Aussi, n’hésitez pas à faire de
la méditation, des exercices de respiration, de la marche, notamment en forêt,
débranchez vos téléphones plusieurs fois dans la semaine, voire, des jours entiers.

Pour les managers et chefs d’entreprise, sachez que vos équipes seraient largement
plus performantes si elles se sentaient soutenues et reconnues. De la même manière,
croyez en eux à chaque instant  ! C’est ce que l’on appelle l’effet Pygmalion. Dans les an-
nées 60, une étude a été menée dans un collège américain. Ils prirent deux classes compo-
sées d’élèves au QI identique en début d’année. Ils dirent au professeur de la classe A qu’il
avait des élèves brillants cette année et au professeur de la classe B que les élèves étaient
des cancres et que cela ne servait à rien d’essayer d’en tirer quoique ce soit.

Résultat : en fin d’année, les élèves de la classe A avaient surperformé de 30 % par rapport
aux élèves de la classe B ! Ce qui est dingue, c’est que la croyance du professeur se transfère
à l’équipe et influe sur le résultat.

À la place de l’injonction « Si tu stresses, tu es au top ! », optez pour un nouveau mantra :


« Plus je suis serein, plus je réussis ! » ou encore « Le stress m’indique que j’ai besoin de
changer quelque chose dans ma vie ».

Les mythes à balayer 58


• Mythe 8 : « Les patrons sont tous des pourris »

Un mythe très français celui-là mais en partie vrai, la faute à tous ces « grands
patrons » interchangeables, énarques pour la plupart, sautant d’une entreprise
du CAC40 à l’autre. Cependant, ces « grands patrons » ne sont pas des patrons !
Comme le disait l’économiste du XIXème siécle, Jean-Baptiste Say, « l’entrepreneur n’est
pas le capitaliste ». Les patrons de multinationales ne sont pas des entrepreneurs.

Un patron, un chef d’entreprise, est un meneur d’hommes doté d’une vision. Un homme
ou une femme qui a mis ses tripes sur la table pour fonder une boîte (la reprendre ou
en assurer la succession dans le cadre d’une entreprise familiale), assurer de l’emploi,
offrir un produit ou un service auquel il croit. C’est une personne qui a pris des risques,
qui a suivi son intuition, qui n’est pas rentrée dans le moule. C’est une personne qui sait
pourquoi elle se lève le matin et qui pense à ses employés comme s’il s’agissait d’une famille.
C’est une personne qui n’a pas peur de transformer son entreprise pour la rendre plus
responsable socialement et environnementalement et qui y œuvre chaque jour. Ca,
c’est un patron. Les autres, « ces grands patrons », ne le sont pas. Ils vérolent le système,
œuvrent main dans la main avec les politiques, anciens camarades de classe pour la plu-
part. C’est une caste de hauts fonctionnaires d’Etat qui a pris le pouvoir. Ses membres col-
laborent entre eux, font voter les lois qui les arrangent, assurent leurs arrières en toute
impunité. C’est la caste de ceux qui partent avec des parachutes dorés, refusent les procès
en fuyant avec des mallettes du Japon vers le Liban pour ne pas répondre de la loi et
diffusent une image désastreuse pour les chefs d’entreprise. Ce sont eux qui financent
les lobbys, pactisent entre eux, sont au courant des dangers de santé publique de leurs
produits mais continuent à les mettre en vente sur le marché.

Il est important, en France, de revaloriser l’image du chef d’entreprise. De faire intervenir


des chefs d’entreprise dans les écoles, de donner des cours d’entreprenariat au collège et
lycée. De cesser avec l’idée débile de patrons tous pourris versus les gentils salariés
exploités. Sans chef d’entreprise, pas d’emploi et il est contreproductif de monter les uns
contre les autres comme le font la plupart des syndicalistes.

À la place de l’injonction « Les patrons sont tous des pourris », optez pour un nouveau
mantra : « Les chefs d’entreprises peuvent changer le monde ».

Pour aller plus loin

En finir avec la start-up nation ?

Je trouve que le terme de Start up nation très mal choisi, la France est, avant tout, un territoire
plein de micro-entrepreneurs, d’artisans, de patrons de TPE et PME. Ce sont eux, nous, qui fai-
sons l’économie de ce pays (et payons allègrement les taxes dont sont souvent exemptés les
grosses entreprises…). À titre d’exemple, 591 000 entreprises ont été créées en France en 2017 et
on y recense environ… 9 500 start-ups. Alors, ça donne quoi cette start-up nation ?

59 Libres - Vers un travail qui a du sens


Leur bilan social, environnemental et même économique est souvent loin d’être satisfaisant. Il
y a certes, désormais, de plus en plus de start-ups de Tech for good pour prendre le contrepied
des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft)**, mais dans les faits, beaucoup ne
marchent pas du tout.

La vocation de la start-up est de grossir rapidement. Le souhait de tout start-uper? Être la pro-
chaine licorne, c’est-à-dire avoir une valorisation à plus de 1 milliard de dollars… Alors qu’elles
ne sont pour la plupart pas rentables ! Abracadabra, vive la croissance aveugle ! En 2018, les
start-ups qui perdent de l’argent ont levé plus de fonds que celles qui en gagnent (source Vox).

La start-up veut donc lever des fonds. Et pour beaucoup, elles fermeront avant les 2 ans (quand
les allocations Pôle Emploi du CEO se termineront ?). Je me souviens avoir rencontré un de ces
CEO (« CEO » de lui-même car il n’y avait aucun collaborateur), il venait de recevoir plusieurs
dizaines de milliers d’euros d’aide de la BPI alors qu’il était clair que son idée n’allait pas
marcher. Il embaucha deux personnes, prit des locaux et… ferma au bout de deux ans. Une
start-up a 5% de chance de passer les trois ans. Personnellement, si je voulais investir, à la place
d’Emmanuel Macron, j’aurais choisi un plan plus rentable.

Mais alors, pourquoi investir dans ce plan foireux ? Car les investisseurs cherchent la croissance
partout. La croissance, le socle bringuebalant de notre économie mondiale ! Tout notre système
économique repose sur le prêt et l’investissement. Mais s’il n’y a plus de croissance, il n’y a plus ni
prêt, ni investissement. Mais au lieu de dire stop à la croissance, nous préférons nous endetter, per-
suadés que demain sera meilleur, et c’est valable à l’échelle de l’individu, de la banque, de l’Etat… Et
quoi de mieux pour investir qu’une start-up qui vous laisse miroiter une croissance future ? (Person-
nellement, je préfèrerais investir dans des semences paysannes…). En d’autres termes, les start-ups
servent de miroir aux alouettes, beaucoup d’appelés mais peu d’élus.

Le but d’une entreprise aujourd’hui est de fournir un service fort tout en ayant un véritable
impact et la course au profit à court terme n’est sûrement pas la meilleure manière
d’atteindre ce but. L’économie n’est pas faite par ces quelques milliers de start-ups dont

* GAFAM : « Le chiffre d’affaires cumulé des GAFAM sur une année équivaut au PIB du Danemark. La capitalisation
boursière d’Apple comme celle d’Amazon a récemment dépassé les 1 000 milliards de dollars, soit presque la moitié
de la richesse produite par la France chaque année et la capitalisation cumulée de ces 5 géants américains dépasse
à elle seule celle de l’ensemble du CAC 40 ». Extrait du livre « L’entreprise du XXIème siècle sera politique ou ne sera
plus », de Pascal Demurger.

Certaines entreprises sont devenues plus puissantes que des Etats. Sachant que ce sont souvent les mêmes qui titillent
les IA, à qui l’on offre sur un plateau toutes nos données, qui investissent sur le fait d’aller sur la lune, travaillent au
transhumanisme (Courant de pensée qui vise l’amélioration des capacités intellectuelles, physiques et psychiques
de l’être humain grâce à l’usage de procédés scientifiques et techniques (manipulation génétique, nanotechnologies,
intelligence artificielle, etc.). [Conviction idéologique plus que position solidement argumentée, le transhumanisme
est contesté aussi bien d’un point de vue scientifique que d’un point de vue éthique.]. Larousse) et bossent même sur
l’immortalité pour la fin de ce siècle comme Calico, filiale de Google.

Moi, je vois un scénario de science-fiction se dessiner devant nos yeux.

Les mythes à balayer 60


la plupart péricliteront, mais plutôt par les centaines de milliers de PME et TPE en France. Nous
pourrions utiliser un autre mot que start-up nation pour qualifier notre pays. Car ce mot est
complètement décorrélé de la réalité de ce que vit la majorité de la population française.

Je vous conseille le livre «  Start-up nation overdose bullshit  » d’Arthur De Grave et,
dans un autre registre, la pasquinade de l’humoriste Haroun sur les start-ups. Génial !
www.haroun.fr. Je vous conseille aussi son spectacle Internet, etc.

• Mythe 9 : « Se reconvertir, c’est juste changer de métier »

J’accompagne chaque jour des candidats à la reconversion, que ce soit en coaching indi-
viduel ou dans mes ateliers, et pour la majorité d’entre eux, la première phrase est « je ne
suis plus en phase avec ma vie actuelle, je veux me reconvertir… mais je ne sais pas dans
quoi ! ». Car la difficulté ne réside pas forcément dans le « comment faire », mais bien dans
le « quoi faire ? ». Se demander dans quoi on veut se reconvertir équivaut à se demander qui
l’on souhaite être.

Comment faire pour que son travail s’adapte harmonieusement à sa vie (et non l’inverse) ?
Si l’on ne pose pas ces questions cruciales, le risque est que se produise ce que j’appelle la re-
conversion réactionnaire, à savoir « je change car je n’en peux plus de mon environnement,
de la pression, de mon manager, de mon équipe, etc… ». Malheureusement, cela ne fonc-
tionne pas de cette manière, et une reconversion réussie doit avoir un sens profond pour la
personne qui l’entreprend. Ce n’est pas changer pour fuir, c’est se reconvertir pour renouer
avec soi, être aligné, utiliser son plein potentiel, contribuer au monde qui nous entoure et
être en parfaite adéquation avec ses valeurs. Certaines personnes sont totalement coupées
de leurs rêves et de leur intuition. Nous sommes dans une société du faire et de l’avoir alors
que tout commence par l’être. C’est pourquoi je pense qu’il est important d’aider les gens
à se réapproprier leur capacité à rêver. Il est important de se reconnecter à soi, car c’est du
plus profond de notre être que tout émerge.

La seule question à se poser n’est pas combien voulez-vous gagner avec tel boulot mais
plutôt  : Quelle Vie voulez-vous mener ? Mais quelle Vie avec un grand V ! Aussi, il est
primordial de vous demander quelle vie vous voulez mener dans son ensemble.
C’est-à-dire amoureusement, spirituellement, personnellement, intellectuellement,
géographiquement…

Quel serait le mode de vie rêvé si vous ne vous censuriez pas ? Habiteriez-vous comme moi
dans plusieurs endroits ? Diviseriez-vous votre temps entre la ville et la campagne ? Tra-
vailleriez-vous juste 3 ou 4 jours par semaine ? Feriez-vous plusieurs métiers  ? Que met-
triez-vous en place pour votre vie spirituelle ? Quelle serait votre contribution au monde ?
Pour quoi aimeriez-vous être reconnu ? Nous avons toutes les informations en nous sur ce
qui ferait sens pour nous, il suffit d’accepter de remettre en cause ce que nous avons appris.

61 Libres - Vers un travail qui a du sens


Une reconversion, ce n’est pas suivre un bilan de compétences qui va vous laisser à la sur-
face des choses. Allez plus loin que ça, devenez qui vous Etes.

Je vous assure que vous êtes capable de faire des choses merveilleuses. Vous n’avez pas
conscience du potentiel immense qui se trouve à l’intérieur de vous.

À la place de l’injonction, « une reconversion réussie, ce n’est pas juste changer de métier »,
utilisez le nouveau mantra : « une reconversion réussie, c’est changer de vie, renaître à soi-
même, changer sa vision du monde ! ».

• Mythe 10 : « Alors, tu as réussi dans la vie ? »

Pour ceux qui n’ont pas fait d’études de commerce… ou de psychologie, un petit ré-
sumé s’impose. La pyramide des besoins ou pyramide de Maslow a été modélisée par
le psychologue Abraham Maslow. En cherchant ce qui se cachait derrière les besoins
humains, Maslow découvre 5 grandes familles de satisfaction des besoins. D’après lui,
il faut avoir satisfait les besoins primaires pour arriver à l’étape du dessus et ainsi de suite.

Il met donc en exergue :

• Les besoins primaires / physiologiques liés à la survie, à la satisfaction des besoins primaires


comme boire, manger, se vêtir ou respirer.

Il y manque une chose essentielle, aussi valable, voire encore plus, que la satisfaction de ces
besoins primaires : le toucher. Privé de contact physique, l’être humain dépérit. Le toucher
constitue le seul sens essentiel à sa survie et son développement. Pourtant, nous rentrons
de plus en plus dans une société du sans contact. Même nos cartes bleues s’y sont mises !

Les contacts tactiles entre les êtres humains deviennent denrées rares.
Les caisses de supermarchés deviennent automatiques, nous montrons nos vies
entières sur les réseaux sociaux, mettons en ligne nos tutoriels suivis par
des milliers de personnes, nous envoyons des sms bourrés d’émoticônes bisous cœur mais
nous avons de moins en moins de contacts réels, d’embrassades, d’accolades.

Le Wallstreet Journal a même lancé un sondage dont les résultats sont stupéfiants : 25 % des
Américains préfèrent regarder une série sur leur ordinateur plutôt que d’avoir un rapport
sexuel avec leur partenaire. Le fait de nous toucher est indispensable. Il produit en nous la
décharge d’ocytocine, hormone de l’attachement ayant aussi un rôle dans la confiance en
soi, l’empathie, la reconnaissance sociale, la réduction de l’anxiété.

Sachant cela, pas étonnant que l’artisanat notamment revienne en force. Nous utili-
sons moins le toucher dans notre quotidien, si ce n’est pour taper sur un ordinateur ou
couper une courgette. Pourtant, nous avons besoin d’utiliser nos mains, de sentir, de fa-
çonner. Par ailleurs, à faire la course au tout connecté, nous oublions le plus essentiel,
connecter d’abord les hommes entre eux. Vous avez aussi dû sentir que le toucher vous
a profondément manqué pendant la période de confinement si vous vous êtes retrouvé
seul à ce moment-là.
Les mythes à balayer 62
• Le besoin de sécurité (physique et morale. Se sentir protégé, avoir un logement, prendre
soin de nous). D’où l’importance de travailler dans un environnement sain, d’éviter
les personnalités toxiques, les managers qui n’en ont que le titre.

• Le besoin d’appartenance (se sentir aimé et accepté dans un groupe, famille, amis,
associations…).

• Le besoin d’estime (estime de soi et des autres. Se sentir reconnu dans le groupe mais aussi
et surtout, se reconnaître soi-même. Avoir une bonne estime de soi). C’est souvent la phase
où l’on plafonne, surtout si vous êtes salarié et que vous attendez une reconnaissance qui
ne vient pas. C’est pourquoi apprendre à vous estimer et à vous reconnaître déjà
vous-même dans votre intégralité vous permettra d’accéder à la phase d’après.

• Le besoin d’accomplissement (avoir le sentiment de réussir. Être en phase avec qui l’on
est vraiment). Ce palier a souvent été mal compris car il était tourné à tort sur l’as-
pect matériel, notamment dans les écoles de commerce (où j’ai aussi étudié). Et voi-
là où le bât blesse. Nous avons, pendant des décennies, confondu de façon éhontée
les notions de « réussir dans la vie » et « réussir sa vie ». Dans notre société, la réus-
site équivalait souvent à gagner beaucoup d’argent, à exercer un métier de pouvoir
et à disposer du maximum de biens matériels. Nous lions donc la plupart du temps
la réussite aux ambitions matérielles, au pouvoir et à l’éducation (vous serez davantage
respecté si vous avez fait un Bac +5 plutôt qu’un CAP). Heureusement c’est en train
de changer depuis quelques années et de plus en plus de Bac+5 passent un CAP arrivés
à la trentaine. Par ailleurs, aujourd’hui, être dans la mouvance zéro déchet, minimaliste,
soucieux de l’environnement ou avoir envie de contribuer au changement de paradigme,
n’est-ce pas un modèle bien plus inspirant que de vouloir accumuler les possessions ?

Le modèle de réussite que la société veut nous inculquer ne prend pas en compte
l’aspect le plus important : VOUS ! En tentant de vous adapter au maximum à ce
modèle, vous oubliez vos besoins profonds et vous restez tributaire des événements
extérieurs, vous saisissez les opportunités sans réellement vous poser pour savoir si c’est
vraiment ce que vous voulez faire et au final, vous passez votre vie à ne jamais choisir.

Si vous continuez sur ce modèle, vous ne serez jamais en phase avec vous-même. Quelle vie
vous permettrait d’être en accord avec vous-même au lieu de courir derrière ce que vous
pensez que l’on attend de vous ?

Vous pouvez passer votre vie entière à faire un métier, qui, au final, ne vous épanouit
pas outre mesure, juste par peur du jugement des autres ( « Que va-t-on penser de moi,
par exemple, si je décide de faire un métier manuel ? »), par peur de l’échec (« Com-
ment vais-je faire si j’échoue ? »), pour combler des angoisses (« Je dois gagner beaucoup
d’argent car j’en ai manqué étant jeune, je préfère travailler 15 heures par jour pour ne pas
réfléchir au vide de ma vie personnelle… »), ou encore, pour faire plaisir à votre ego
(« Je n’aime pas mon métier mais j’excelle dans celui-ci, je gagne beaucoup d’argent, mon
entourage me renvoie une image favorable donc je préfère taire mes aspirations
profondes.  ») Et si vous passez à côté de vous-même, qu’en sera-t-il à la fin de
63 Libres - Vers un travail qui a du sens
votre vie ? Au moment où vous ferez le bilan ? Pensez-vous que vous serez heureux
de vous être oublié, de ne pas avoir tenté d’être en accord avec vos besoins profonds ?

Attention, je ne dis pas qu’il faut absolument que vous changiez de métier ou de
secteur ! Mais si celui-ci ne vous convient pas et ne ressemble pas à la projection que vous
vous faites de votre vie réussie, cela devient une nécessité de changer de route.

Nous avons chacun une idée de la réussite personnelle complètement différente, alors
pourquoi vouloir se cantonner à un modèle ?

Pyramide de Maslow
Besoins
de s’accomplir

Besoins d’estime

Besoins d’appartenance

Besoins de sécurité

Besoins physiologiques

À la place de l’injonction «  le plus important est de réussir dans la vie  », optez pour
le mantra, « le plus important est de réussir SA vie ».

• Mythe 11 : « La dualité Millenials contre le reste du monde »

Depuis quelques années, on nous parle sans cesse des Z.

Cette catégorie de population née dans les années 2000 qui serait plus ouverte sur le monde,
pro du digital, en aurait marre des conventions, serait désireuse d’allier profession et liber-
té, en rébellion face au management actuel, soucieuse de l’environnement, décroissante,
etc, etc...

Alors oui, il y a eu le phénomène Greta ( jeune militante écologiste qui interpelle les
«  grands  » de ce monde pour lutter contre le réchauffement climatique) qui a reçu un
immense coup de projecteur et c’est tant mieux mais depuis des décennies, des jeunes,
qui ont désormais de 40 à 90 ans (les générations X, Y et les fameux boomers) se sont
battus et continuent à le faire, pour faire entendre leurs voix quant à l’urgence de protéger
la planète, de consommer moins, de vivre de manière plus résiliente. Cela a toujours existé,
cependant, aujourd’hui, il y a Internet.

Là où, quand j’avais 20 ans, je me baladais avec des tracts anti OGM, où nous devions
faire des recherches dans de vrais livres, chercher des infos auprès des associations

Les mythes à balayer 64


locales, aujourd’hui, nous pouvons faire des pétitions en ligne, organiser
des manifestations plus rapidement et surtout, partager des idées à plusieurs millions de
personnes. Par ailleurs, le cri est désormais davantage entendu car il y a urgence.

Cependant, je pense que faire croire que rien ne se faisait avant que ces fabuleux jeunes
d’aujourd’hui ne débarquent est faux et ne sert qu’à creuser un fossé intergénérationnel.
Cela offre une merveilleuse façon pour les politiques de tourner la vague écologiste fran-
çaise et mondiale en dérision… « Après tout, ce ne sont que des jeunes ». Il n’est pas sain de
maintenir ce fossé générationnel à coup de « OK boomer ! ».

Cette phrase a été prononcée par Chlöe Swabick, législatrice du parti vert Néo-Zélandais,
pour couper court aux moqueries de l’élu de l’opposition alors qu’elle parlait de la situation
climatique alarmante. Elle a eu certes raison de le faire taire mais la manière n’était pas
forcément la bonne. Ce sont les super jeunes versus ces « has been » de vieux. Alors oui, une
fois n’est pas coutume, je pousse un coup de gueule car j’en ai assez de ces segmentations
qui n’engendrent que le fait de nous mettre les uns contre les autres et surtout qui n’ont pas,
plus, lieu d’être. Et puis les boomers, ce sont aussi Pierre Rabhi, Lydia et Claude Bourgui-
gnon, Vandana Shiva, Nicolas Hulot… Alors cessons de diviser les gens.

J’anime parfois des ateliers en école de commerce, d’ingénieurs et à l’université et, même
si je me trouve par définition devant cette soi-disant catégorie de génération  Z, certains
d’entre eux, même si je les adore, ont des manières de penser passéistes, ne sont absolu-
ment pas le reflet de ce que l’on nous en dit, continuent à consommer à outrance et n’ont
aucune vision prospective sur le monde qui les entoure.

À l’inverse, j’accompagne des gens de 40, 50 et même 60 ans dans leur reconversion et ils
sont complètement ancrés dans ce « nouveau monde », deviennent « slasheurs », néo-ru-
raux, ont changé leurs modes de consommation, créent des modèles alternatifs et veulent
faire rimer Liberté, Sens et Travail, etc…

Mais cela est valable dans les deux sens. Bien entendu, il y a des « jeunes » brillants, ins-
pirants et porteurs de solutions et des moins jeunes complètement réfractaires au chan-
gement. Car tout cela n’est pas une question de générations, d’étiquettes, mais plutôt une
histoire d’ETRE et de prise de conscience.

Réduire les gens à une catégorie d’âge est complètement contreproductif.

Par ailleurs, autre élément que l’on entend souvent au sujet des jeunes… Ils seraient
difficiles à manager… Mais peut-être que l’ancien modèle d’entreprises est à changer tout
simplement, non?

Les Z donnent du fil à retordre aux employeurs et les millenials se reconvertissent


et / ou créent leurs emplois.

N’y aurait-il pas quelque chose de plus global que seulement l’aspect générationnel ?
Nous sommes tous dans le même bateau et c’est à nous tous de dessiner les contours du

65 Libres - Vers un travail qui a du sens


nouveau système qui est en train d’émerger. Un modèle plus collaboratif, respectueux de la
planète, équitable, socialement responsable.

Ce nouveau monde, il est là, il suffit de s’ouvrir à lui. La « jeunesse », la créativité, l’envie
de contribuer à la construction d’un nouveau modèle, l’ouverture sur le monde, est
essentiellement dans nos têtes, nos esprits et nos cœurs, pas sur la date inscrite sur
nos papiers d’identité !

Cessons de mettre les gens dans des cases, nous faisons partie d’une seule et même
HUMANITÉ. Œuvrons ensemble et non les uns contre les autres.  L’important, ce n’est
pas l’âge, c’est le niveau de conscience de l’individu.

Les mythes à balayer 66


3
Dis-moi, pour qui tu travailles ?

• Définir l’Emploi et le Travail

Dans tous les discours politiques, nous entendons parler d’Emploi. Jamais de Travail.
Or, ces deux mots ne veulent pas dire la même chose.

L’Emploi est une forme de travail, mais il en existe beaucoup d’autres formes (et il
en existera de plus en plus dans les années à venir). Dans son sens le plus courant,
l’emploi définit l’exercice d’une profession dans le cadre d’une activité rémunérée
par un salaire, un traitement (dans la fonction publique) ou des  honoraires  (pour
les indépendants). Il est alors régi par un contrat signé entre un employeur et un
employé. Ce terme est également utilisé en macroéconomie pour désigner l’utili-
sation de l’ensemble de la population en âge de travailler. (source Journal du net)
La notion d’Emploi est donc très souvent à rattacher au salariat.

Le travail, quant à lui, est une activité qui permet de contribuer au bien commun. D’ail-
leurs, je préfère parler d’activité que de travail. Une mère de famille à mon sens travaille,
une personne qui crée, peint, sculpte sans être rémunérée, exerce un travail, un bénévole
travaille bien, qu’il ne soit pas payé.

L’Emploi va disparaître dans les années à venir du fait de l’automatisation notamment. Le


Travail, lui, perdurera car l’être humain est un créateur. Il est donc important de changer
le mode de redistribution, le salariat classique allant baisser dans le futur, en allouant, à
terme, un revenu universel.

Les différentes manières de travailler en France :

Pour qui
travaillons-nous 2,8
en France ?
5,8
En millions 4,5
Fonctionnaires
Salarié du privé 19
Auto-entrepreneurs
Travailleurs indépendants

Faisons un focus sur la part des salariés du privé. En vingt ans, le taux d’embauche en CDD
dans les entreprises d’au moins 10 salariés en France, a progressé de 60 points, passant de
67 Libres - Vers un travail qui a du sens
30 % à 90 %. Le taux de départ (dit « de sortie ») de CDD suit une courbe quasi identique.
Un quart des personnes qui entrent dans une entreprise en CDD décrochent un CDI
l’année suivante. Mais 60 % continuent encore en contrat à durée limitée par la suite et 14 %
sont chômeurs dès l’année suivante. Source INSEE « Emploi, chômage et revenus du travail »
2019. À noter que 40 % des CDD durent 1 mois et 30 % seulement une seule journée !

Autre constat, il reste à mon sens, beaucoup trop de fonctionnaires administratifs et de


hauts fonctionnaires surtout. On continue à emprunter pour payer les salaires de fonction-
naires. Il y a 5,6 millions d’emplois publics. Il y en a bien évidemment des cruciaux : 150 000
policiers, 290  000 infirmiers, 870 000 professeurs et instituteurs mais le reste c’est une
énorme bureaucratie.

• Entreprise, quelle est ta raison d’être ?

Là où, il y a quelques années, les salariés pouvaient se contenter d’un salaire pour décider
de rester dans une entreprise, aujourd’hui, ils en demandent légitimement davantage.

Du SENS tout d’abord, un nouveau mode de management et une entreprise alignée avec ses
valeurs. A noter qu’à ce jour, 80% des Français pensent que les intérêts d’une entreprise et
ceux des salariés divergent. Et ils n’ont pas vraiment tort puisque depuis les années 70, et
ce, jusqu’à présent, l’objectif de l’entreprise, en tout cas des entreprises cotées, était de faire
du profit pour distribuer des intérêts aux actionnaires. Mais depuis peu, nouvelle donne, la
loi PACTE est arrivée.

La loi PACTE (plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises),


entérinée en 2019, « vise à lever les obstacles à la croissance des entreprises, à toutes les
étapes de leur développement : de leur création jusqu’à leur transmission, en passant
par leur financement et a également pour objectif de mieux partager la valeur créée
par les entreprises avec les salariés. Elle permet aussi aux entreprises de mieux prendre
en considération les enjeux sociaux et environnementaux dans leur stratégie. ».

Sur ce dernier point, espérons que cela va inciter les entreprises à lâcher leurs
attentes court-termistes et à remettre au goût du jour une vision bien plus noble
en devenant des entreprises sociétales qui s’interrogent sur leur rôle pour
le bien commun.

Effectivement, sur le papier, on sent que ça bouge. Certains chefs d’entreprises commencent
à s’interroger sur la raison d’être de leur structure. Même actionnaires et investisseurs s’y
mettent, comme nous le verrons plus loin. Alors Green ou Impact Washing ou véritables
prises de conscience ? Il y en a pour tous les goûts...

Il y a quelques mois, 181 patrons de multinationales américaines - notamment ceux


d’Amazon, Apple, BlackRock ou JPMorgan - ont  décidé collectivement de redéfinir la
raison d’être de leurs entreprises. Amazon, par exemple, un pollueur énorme qui tue
les commerces (petits et grands), fervent adepte de l’évasion fiscale, émetteur de près de
56 millions de tonnes de Co2 en 2018 et pas très regardant sur le bien-être au travail an-

Dis-moi pour qui tu travailles ? 68


nonce qu’il va débloquer… 10 milliards de dollars pour lutter contre le changement cli-
matique. C’est un peu comme si Coca Cola débloquait des milliards de dollars pour lutter
contre le diabète ou si Philipp Morris faisait de même en faveur de la lutte contre le cancer.
Magique système.

Mais pour certains dirigeants, contribuer au changement, œuvrer pour le bien commun et
transformer l’entreprise, c’est une véritable mission tout à fait sincère. Alleluïa ! Je le vois
aussi lorsque j’accompagne des dirigeants, beaucoup veulent avoir une utilité sociétale et
réellement contribuer au changement. DIRIGER, qu’est-ce, si ce n’est donner une direction
et parfois, décider de changer de cap, de trajectoire ?

C’est le cas, entres autres, des entrepreneurs d’avenir, une communauté de dirigeants
œuvrant à « une société réinventée où l’économie contribue positivement à une vie
meilleure, à la qualité de vie au travail, aux équilibres sociétaux, environnementaux
et territoriaux ». www.entrepreneursdavenir.com

C’est aussi le cas de Pascal Demurger, Directeur Général de la MAIF et auteur du livre
« L’entreprise du 21ème siècle sera politique ou ne sera pas », que je vous engage à lire. Son
livre m’a mis du baume au cœur car il donne de l’espoir et j’espère qu’il sera le fer de lance
pour la transformation de toutes ces grosses entreprises. Le premier élément à relever,
c’est que Pascal Demurger est… un ancien énarque. Et ancien énarque + dirigeant
d’une grande entreprise, en règle générale, cela ne donne pas vraiment un cocktail
que l’on a envie d’avaler. Mais il incarnera donc l’exception compte-tenu des chantiers
qu’il mène à la MAIF (et j’espère qu’il deviendra la règle).

Alors, qu’est-ce que la MAIF a mis en place ?

Ils emploient la totalité de leurs salariés en France, même pour ce qui est des call centers.
Toute l’énergie que l’entreprise consomme vient d’énergies renouvelables et ils veillent
à en limiter la consommation. Ils récupèrent par exemple la chaleur produite par les
serveurs informatiques pour chauffer plusieurs bâtiments du siège social. Ils incitent
les salariés à éviter la voiture en payant 100% des abonnements aux transports
en commun et en versant des indemnités kilométriques à ceux qui veulent venir en vélo !
Tout le papier utilisé est issu du recyclage ou de forêts auto-gérées mais ils ont
aussi réussi à diminuer de 25 % leur consommation de papier sur les 5 dernières années. Il
n’y a plus de gobelets plastiques, les déchets alimentaires de leur restaurant sont valorisés
en fertilisants agricoles et en biogaz. Mais tous ces « petits gestes » ne suffisent pas, selon
Pascal Demurger, pour avoir un véritable impact. Selon lui, il faut transformer l’entreprise
en profondeur. Et c’est ce qu’il fait.

Être un assureur, c’est être un collecteur d’épargne et un gestionnaire d’actifs. La MAIF


investit, mais essentiellement de manière responsable. Ils ne mettent pas un euro chez les
fabricants d’armes ou de tabac. Dans aucun pays continuant à pratiquer la peine de mort.
Pas plus que dans les entreprises dans le charbon… Ils ont notamment un fond MAIF
Transition destiné à financer les transitions énergétiques et agricoles. Ils ne vendent pas
les données de leurs sociétaires et hébergent ces données dans l’Union Européenne.
69 Libres - Vers un travail qui a du sens
Ils ont instauré un management par la confiance et encore tant d’autres choses, je vous
conseille de lire son livre. Le chantier de la transition est toujours en cours mais chaque pas
est important ! Bravo !

La MAIF a même créé la MAIF Social Club en 2017, rue de Turenne à Paris.
À noter pour les mauvaises langues que ce n’est pas une fondation, il n’y a donc
pas de défiscalisation et ce n’est pas non plus du Green Washing compte-tenu
des moyens mis sur la table et de l’engagement de cette entreprise et de son patron.
Cet espace comprend un coin coworking dans lequel vous pouvez venir travailler gra-
tuitement, un coin bibliothèque, une salle de conférence, un café/boutique éco-res-
ponsable et un espace pour les expositions sur des sujets de transition écologique, de
transmission des savoirs. À noter des visites en langue des signes. Ils proposent 400
événements par an dont des ateliers pour les grands et les petits (pour apprendre à
fabriquer ses cosmétiques, s’initier à la broderie ou faire des bracelets en pneu de
vélo), des Clean Running pour aller nettoyer les rues du Marais et les quais de Seine,
de quoi mêler l’utile à l’agréable ou encore, des rencontres débats. Par ailleurs, pour
sensibiliser toujours plus les enfants à ces enjeux, ils reçoivent 2 ou 3 classes chaque
jour. Tout y est gratuit, du coworking aux expos. Si ce n’est déjà fait, allez y faire un
saut, ça vaut le déplacement et tenez-vous informé des nombreux ateliers, toujours
pris d’assaut. La MAIF assureur militant… Pour une fois, une baseline d’entreprise est
vraiment incarnée.

Les entreprises et les collectivités ont un vrai rôle à jouer dans la transition (écolo-
gique, économique et sociétale…) que nous devons emprunter. Transition qui aurait
pu commencer il y a déjà des décennies, certes. Mais aujourd’hui, il y a urgence et il
est de leur devoir de se transformer radicalement. Il y a d’ailleurs de plus en plus de
cabinets de conseil qui accompagnent les entreprises dans leur transition environne-
mentale, comme Économie d’énergie créé par Myriam Maestroni, ainsi que son Think
Tank, On5company (5 car pour cette experte, la 5ème énergie est celle… que nous ne
consommons pas !) ou dans un autre registre, ECO2 qui accompagne aussi sur l’éco-
nomie circulaire. Vous pouvez aussi vous renseigner auprès de l’ADEME (Agence
de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie), toutes les aides sont bonnes à
prendre. Vous pouvez aussi vous diriger vers MySezame qui propose de la forma-
tion  présentielle  et  digitale, du  coaching, des programmes  sur-mesure, des  confé-
rences  inspirantes et la mise en place de  labs pour accompagner les entreprises
et leurs équipes dans cette transformation. www.my-sezame.fr

Aujourd’hui, l’entreprise doit clamer haut et fort sa raison d’être. Mais si celle-
ci n’est pas alignée avec ce qui se passe réellement en son sein, la fracture sera
violente. Car les consommateurs sont, comme on le sait, acteurs du changement
(consommacteurs). Selon l’ADEME, 1 Français sur 3 déclare faire attention à ne pas
acheter de produits émanant d’une entreprise dont il réprouve le comportement.
Mais la nouvelle donne depuis quelques années, c’est que les salariés, eux aussi, deviennent
des juges et acteurs du changement.

Dis-moi pour qui tu travailles ? 70


Des salariés qui notent leurs entreprises et peuvent déverser de nombreux commentaires
négatifs. D’autres qui se mettent en grève parce que leur entreprise les obligeait à polluer
les sols et à déverser des produits toxiques dans les égoûts. Il y a même un site qui s’est créé
pour dénoncer les infractions environnementales des entreprises. www.alerte-sante-envi-
ronnement-deontologie.fr

Quant aux lanceurs d’alerte, il faut savoir que, selon un rapport du cabinet Ernst & Young
publié en 2012, 40 % des délits commis par des entreprises sont révélés par eux.

Et c’est sans compter le nombre grandissant de salariés de tous âges qui ne veulent plus
« faire carrière » et sont de plus en plus volatiles. Alors comment bien recruter et surtout,
garder ses salariés ? En ayant une raison d’être forte et surtout, alignée avec les actes, va-
leurs et type de management. Et… en redonnant du sens aux êtres humains qui composent
l’entreprise.

• Redonner du sens

Oui, il est urgent de redonner du sens et de changer notre rapport au monde, à la vie,
au travail. En ce qui concerne les entreprises, du sens, il n’y en a souvent plus vraiment.
La majorité des salariés se lèvent le matin pour aller travailler afin de récolter un salaire,
rien de plus. Pourtant, les entreprises ont un rôle à jouer et devraient permettre à cha-
cun de leurs membres de s’épanouir, de se transformer. « C’est par le travail que l’homme
se transforme », Aragon.

Or, le salarié n’est, pour beaucoup d’entreprises, qu’un être remplaçable, interchangeable
par un autre. Il est là pour effectuer une tâche, ne pas donner son avis et faire le moins de
vagues possible. C’est oublier qu’une entreprise est en fait la somme d’intelligences, qui,
mises collectivement, peuvent faire rayonner de plus belle la vision d’un chef d’entreprise.
Chaque salarié, chaque être humain a quelque chose à offrir et peut ajouter sa pierre à l’édi-
fice, et ce, quel que soit son « niveau » d’études, son âge, son parcours. Les entreprises ont
vraiment un rôle à jouer pour remettre le SENS au cœur de leur objectif. Faire en sorte que
leurs salariés puissent se lever le matin en ayant véritablement l’impression de contribuer
à quelque chose qui les épanouit.

Mettre en place un nouveau modèle de management. Libérer l’entreprise. Favoriser


l’intrapreneuriat. Trouver des stratégies pour que tous les produits de l’entreprise soient
désormais fabriqués en économie circulaire (craddle to craddle) et aller vers le zéro
déchet. Être libre tout en étant ensemble dans un même bateau (avec un capitaine doté
d’une vision et faisant preuve d’exemplarité), ça, c’est redonner du sens.

Pour aller plus loin

L’économie circulaire et l’économie bleue :

Le recyclage, c’est très bien, l’économie circulaire et le upcycling, c’est encore mieux !

71 Libres - Vers un travail qui a du sens


Le recyclage consiste à réutiliser ce qui peut l’être d’un ancien produit pour en faire autre
chose alors que dans l’économie circulaire, chaque produit neuf est pensé de telle sorte qu’il
deviendra, en fin de vie, la matière première d’un nouveau produit neuf !

C’est ce que l’on appelle le craddle to craddle, du berceau au berceau, là où avant, nous
fonctionnions du berceau au tombeau puisque les produits que nous utilisons pour la plupart
vont finir en déchet.

Le recyclage quant à lui, est une manière de gagner du temps, de dire, prenons cette bouteille
et fabriquons un tee-shirt sauf qu’au bout de quelques mois ou années, le tee-shirt rejoindra
le tombeau. C’est reculer pour mieux sauter.

L’économie circulaire, elle, conçoit les produits en partant du postulat qu’ils devront en-
suite être réutilisés à 100% pour fabriquer un nouveau produit et ce, infiniment, afin de lutter
efficacement contre nos trop pleins de déchets. A noter que 50% du volume des déchets
solides sont… des emballages.

Aujourd’hui, la fabrication du berceau au tombeau domine malheureusement. Il est souvent


plus rentable d’acheter un nouveau produit que de faire réparer l’ancien, la faute à l’obsoles-
cence programmée engendrée par les industriels, préférant vous vendre davantage de produits
plutôt qu’un qui tiendra longtemps. Nous devrions aller vers l’économie Bleue, modèle écono-
mique s’inspirant de l’économie circulaire et conçu par l’entrepreneur Belge, Gunter Pauli dont
l’objectif est la préservation de la planète, des espèces vivantes et ce sur le très long terme.

L’économie circulaire part du principe que le déchet est une ressource, qui peut continuer
à l’être advitam aeternam. Si toutes les industries pouvaient arriver à cela, là nous pourrions
véritablement parler de Progrès, car pour le moment, nous vivons comme les habitants de l’île
de Pâques, à couper les arbres, à user toutes nos ressources, jusqu’à la dernière… et on sait où
tout cela a mené.

Si vous voulez créer une entreprise, faites un tour du côté de nos déchetteries pour voir ce que
vous pourriez transformer.

Voici quelques exemples :

Des champignons sur du marc de café avec la boîte à champignons. www.laboiteachampignons.


com

Des meubles artisanaux et 100% fabriqués à base de matériaux recyclés avec Pimp Your waste.
www.pimpyourwaste.com

La Collecte en vélo des biodéchets des professionnels et production de compost en circuit


ultra-local avec Oui Compost à Lyon. www.ouicompost.fr

Dis-moi pour qui tu travailles ? 72


REFER, le réseau des acteurs du réemploi en Ile de France. www.reemploi-idf.org

Chaque année en France, ce sont 42 millions* de tonnes de déchets produites dans le seul sec-
teur du bâtiment. Et pourtant, 41 millions** de tonnes de déchets ont été identifiées comme
potentiellement réemployables et réutilisables. C’est de ce constat qu’est née l’association Ré-
avie, qui développe des filières pour réduire les déchets du bâtiment tout en contribuant à
l’insertion professionnelle. www.asso-reavie.fr

Depuis 2014, l’ADEME a créé les Assises de l’économie circulaire afin de soutenir les acteurs
locaux et territoriaux dans leur transition vers cette économie.

Si vous êtes une entreprise et que vous désirez accélérer le développement de l’économie
circulaire, vous pouvez aussi vous renseigner auprès de www.economiecirculaire.org

* et ** - Chiffres ADEME, 2018.

L’entreprise peut aussi raviver le sens de ses salariés en mettant en place des poli-
tiques de bénévolat et de mécénat de compétences pour ceux qui le souhaitent. Pour
le moment, 20 % des entreprises mécènes en France proposent à leurs collaborateurs de
mettre leurs compétences au service de causes d’intérêt général (Baromètre du mécénat
d’entreprises 2018, Admical/CSA). Des entités comme Les Vendredi, Chaque Jour Compte ou
encore le Probonolab ou Alaya, accompagnent les entreprises pour les aider à mettre en
place des politiques de bénévolat, probono et mécénat de compétences pour leurs salariés.

Quoiqu’il en soit, l’entreprise doit remettre l’humain au cœur de son système et


prendre conscience que chaque être est différent, chaque salarié a des attentes
différentes. Les services RH devraient être en première ligne pour accompagner
au mieux les différents talents. Faire en sorte que liberté, plaisir et efficacité puissent rimer.

Et si le sens n’est pas au rendez-vous dans l’entreprise, salariés, n’hésitez pas à quitter votre
emploi, à créer votre boîte, à vous reconvertir. Vous serez toujours le mieux placé pour sa-
voir ce qui fait sens pour vous.

• Tyrannie du bonheur, l’happycratie en entreprise

Redonner du sens, mettre l’humain au cœur, libérer l’entreprise, c’est fantastique. Mais
rentrer dans la tyrannie du bonheur, là, j’ai plus de mal. Bien évidemment, la qualité de
vie au travail, le bien-être des salariés est un des axes majeurs d’amélioration des entre-
prises, mais pour la plupart d’entre elles, c’est un peu comme leur approche du handicap. Si
une entreprise d’au moins 20 salariés n’emploie pas au moins 6% de personnes en situation
de handicap, elle doit payer une contribution auprès de l’Agefiph. Les contributions
sont nombreuses, tout comme l’étaient les belles campagnes de publicité montrant
de grandes entreprises très ouvertes sur les recrutements de personnes handicapées… Mais

73 Libres - Vers un travail qui a du sens


qui au final, n’en recrutaient pas. Alors cela change (heureusement) mais tant qu’une en-
treprise n’est pas obligée de faire quelque chose, il y a de fortes chances pour que cela reste
du domaine cosmétique. Pour le bien-être au travail, c’est pareil. Mettre quelques pincées
de bien-être, changer quelques bricoles, embaucher le sacrosaint Chief Happiness Officer*,
voire nommer un DG du bonheur, c’est simple, c’est joli, ça fait des paillettes licorne. Mais
Transformer vraiment l’entreprise, faire en sorte que son discours, ses valeurs et ses agisse-
ments soient alignés, c’est tout autre chose.

Car c’est de cela dont il s’agit et les salariés ne sont pas dupes. Bien évidemment, refondre
les locaux et les rendre plus beaux, apporter des corbeilles de fruits frais et bio, proposer
des ateliers et conférences inspirantes, faire du yoga, des teambuilding, c’est bien, mais si
le collaborateur ne voit pas quel est le sens de ce qu’il fait, que l’entreprise ne l’accompagne
pas dans le développement de son potentiel, que la raison d’être de l’entreprise n’a aucun
impact pour bâtir un monde plus éthique et sain, il ne sera clairement pas plus heureux.

Bien au contraire, il pourra avoir l’impression d’avoir été pris pour un dindon. C’est ce qui
se passe aussi dans les start-ups, comme le mentionne Mathilde Ramadier dans son livre :
« Bienvenue dans le nouveau monde. Comment j’ai survécu à la coolitude des start-ups », où
elle parle beaucoup de management du vide.

Le plus important pour le bien-être des salariés, c’est d’œuvrer à un but commun, de se
sentir utiles et d’avoir l’impression que leur travail a un sens. Un salarié a besoin de sentir
que les organes haut perchés ne se foutent pas de lui en usant de discours sonnant faux.

Ajouter les trucs et astuces du bien-être au travail sans travailler sur la raison d’être de l’en-
treprise, ses valeurs, son impact, c’est dire à un salarié frisant le burn out, « viens faire du
yoga et n’oublie pas de sourire », ou lui coller un post it avec une belle citation : « Le sourire
que tu envoies te revient ! ». Encore une fois, c’est remettre la faute sur le salarié. « Tu vois,
Gérard, même avec les nouveaux cours de yoga et la cantine bio mis en place par la boîte, il
fait toujours la gueule. Le naze ! ».

Bien évidemment, je suis pour des locaux sains, pleins de végétation, des cours de yoga et
de méditation, des cantines bio, des ateliers sur la connaissance de soi dans les entreprises.
Mais avant de faire cela, transformons l’entreprise, changeons le mode de management et
travaillons sur l’impact réel.

Une petite annotation en passant, je suis frappée par le nombre de personnes qui tra-
vaillent sous les ordres de personnalités toxiques, le disent à leur hiérarchie et rien ne se
passe. Enfin, si, en général, 2, 3 voire 5 personnes sont déjà parties à cause de la toxicité de
cette personne mais rien ne change.

Je n’ai jamais compris pourquoi les boîtes préféraient se séparer de 5 personnes et garder le
manager toxique. Mais ceci est un autre débat.

* - Voir encadré ci-après.


Dis-moi pour qui tu travailles ? 74
Pour aller plus loin

Au revoir le chief happiness officer, bonjour le sens et la vision

Le chief happiness officer (CHO) ou encore hapiness manager, nouveau métier à la mode
depuis quelques années, est censé accroître le bien-être en entreprise et rendre les salariés
plus heureux.

L’objectif sous tendu étant d’accroître la productivité, faire baisser le turn over et diminuer
l’absentéisme. Ce qui est assez cocasse, c’est que bon nombre des CHO n’ont pas vraiment
compris le but réel de leur fonction et croient surtout qu’en effectuant quelques exercices
de développement personnel et en demandant quelle est la météo intérieure des collabora-
teurs, ceux-ci se sentiront immédiatement mieux !

Pour moi, mettre un CHO dans une entreprise, c’est comme poser un pansement avec
une licorne à paillettes et faire un bisou cœur sur une plaie béante tout en étant persuadé
que c’est LE remède révolutionnaire. Ni plus, ni moins.

Mais ce n’est pas de pommade magique dont les salariés ont besoin, mais de sens et de vision !

Cette mode des CHO montre bien que l’Entreprise n’a pas compris d’où vient le désengagement
de ses collaborateurs. Le salarié n’est pas maussade car il n’est pas content d’aller travailler mais
parce que ce qu’il fait n’a pas de sens, ce que lui proposent ses dirigeants ne ressemble en rien à
une vision à Moyen et encore moins, à Long terme.

Comment rester enthousiaste lorsque tout ce que l’on fait ne sert que des besoins court-ter-
mistes et que le capitaine du navire laisse le bateau s’échouer vers le port le plus offrant et le
fond de pension le plus alléchant ?

• Vers une gouvernance et un management éthique

Depuis la révolution industrielle, la taille des entreprises n’a cessé de grossir. Devenant,
pour certaines d’entre elles, des mastodontes de plusieurs centaines de milliers de salariés,
voire plusieurs… millions.

2, 3 millions de collaborateurs chez Wallmart, 650  000 chez Volkswagen, 647  500
pour Amazon  ( rien que pour Amazon, c’est plus que le nombre d’habitants à Lyon ) !
La France n’est pas en reste avec 363  000 collaborateurs chez Carrefour, 197  000 chez
BNP. 197 000 personnes ! Cela représente plus que tous les habitants de Biarritz, Bayonne,
Bidart, Boucau et Anglet réunis.

Plus la taille de ces structures a grandi, plus le pouvoir s’est distendu pour se retrouver avec
des salariés, qui, parfois, ne connaissent même pas le nom du PDG de la boîte ! Le pou-
voir ancienne école est pyramidal. Vous allez rendre des comptes à un N+1 qui, lui, est sous
les ordres d’un N+2 etc, etc… sans jamais savoir pour qui ou quoi vous travaillez vraiment.

75 Libres - Vers un travail qui a du sens


Comment voulez-vous souder une équipe, œuvrer ensemble dans un but commun quand
les tâches que l’on vous donne ne sont qu’en silo  ? Le service commercial veut vendre
mais attend que le marketing lui ponde une présentation, alors que le marketing doit
effectuer un projet pour la dircom’… Pendant que la direction pense que toutes ces entités
avancent vers un but commun.

Alors y a-t-il vraiment un but commun ? Dans les faits, pas vraiment, car c’est sans comp-
ter sur l’égo et les luttes intestines dans chacun des services. Tout devient Politique, il faut
savoir se placer pour pouvoir dans deux ou trois ans, arriver au jalon supérieur.
La méritocratie dans les grandes entreprises n’existe pas. Dis-moi comment tu te places,
je te dirai qui tu es.

Ce ne sont pas les « bons » collaborateurs qui montent, ce sont ceux


qui ont réussi à s’attirer les regards, non pas du N+1, leur boss direct, mais plutôt du N+3.
Ils deviendront à leur tour des petits chefs, certes bons pour se placer, mais incompé-
tents notoires pour la plupart. 85 % des employés dans le monde se disent désengagés
par rapport à leur travail (94  % en France !), selon l’institut de sondage Gallup, cela ne
m’étonne pas. Pour y remédier, on parle de plus en plus de sociocratie et d’holacratie.
Mais qu’est-ce donc que cela ?

La sociocratie est un mode de gouvernance partagée qui s’appuie sur la liberté,


la confiance et la co-responsabilité. L’objectif étant d’œuvrer à un but commun grâce
au moteur que représente l’intelligence collective. C’est Gerard Endenburg, entrepreneur
allemand, qui a utilisé ce modèle le premier dans le management en 1970. À noter qu’il
avait étudié dans des écoles alternatives dès son plus jeune âge. En reprenant l’entreprise
familiale, il ne supporte pas les guerres d’ego au sein du comité de direction et décide
de changer l’organisation interne. Il part du postulat que personne ne peut fonctionner
dans un collectif en ressentant des tensions en son sein. Il est donc important de prendre
en considération ces tensions. Il opte pour le consentement plein et entier, c’est-à-dire
qu’aucune décision n’est prise si elle n’a pas remporté une adhésion totale et que personne
n’a opposé d’objection importante et raisonnable.

La sociocratie garde le modèle de structure classique mais y ajoute des cercles chargés de la
prise de décision politique. Chaque cercle fonctionne comme une petite entreprise, s’auto-
gère tout en s’inscrivant dans une hiérarchie.

Il existe aussi la méthode du double lien qui permet l’interconnexion entre


les cercles. Chaque cercle est connecté au cercle supérieur grâce à deux personnes, l’une
élue par le cercle inférieur pour le représenter, l’autre désignée par le cercle supérieur,
tout cela pour faciliter des prises de décisions équitables. Dernier principe concernant
la sociocratie, l’élection sans candidat. Lorsqu’un poste s’ouvre, le collectif nomme-
ra de manière collective la personne qui semble la mieux placée sans avoir désigné
de candidats au préalable.

L’holacratie  est apparue dans les années 2000 via Brian Robertson, PDG de  Ternary
Software, sur le modèle de la sociocratie (prise de décision par consentement, cercles,
Dis-moi pour qui tu travailles ? 76
double lien et élection sans candidat). La différence majeure ou l’apport supplémen-
taire réside dans le fait que les activités de l’entreprise sont découpées en plusieurs cel-
lules qui, comme tout organisme vivant, sont autonomes tout en étant dépendantes de
l’organisme dans son entier. Un salarié peut donc occuper plusieurs rôles en fonction de
ses compétences, de ses envies et de son temps. Le fondement de l’outil holacratie
repose sur une identification de la  raison d’être  de toute organisation. Celle-ci va se
structurer en cercles, chacun ayant lui-même une raison d’être contribuant à la raison
d’être globale tout en restant autonome dans son fonctionnement.

Dans les deux cas, la part belle est faite à l’intelligence collective, à la raison d’être et à la
réelle envie d’avancer vers un projet commun. Au revoir le système pyramidal, bonjour
l’horizontalité et l’agilité. Ce type de management permet une plus grande individuation
tout en promouvant le groupe. L’être en tant qu’individu est aussi important que le groupe
et peut s’épanouir en fonction de ses envies du moment. Cela rend autonome tout en
gardant à l’esprit le but commun.

J’ai pu rencontrer cela notamment lors des chantiers participatifs pour créer la ferme
urbaine, la Prairie du Canal à Bobigny avec La SAUGE (Société d’Agriculture, Généreuse
et Engagée). Nous avions un objectif à réaliser, nous étions entre 10, 20 ou 30. Personne
ne disait qui allait faire quoi. Pourtant, chacun d’entre nous, naturellement, se diri-
geait vers une tâche à effectuer individuellement ou collectivement et, à la fin du temps
imparti, tout avait été fait dans la joie, la bonne humeur et surtout, la fluidité. Tout se
faisait à l’instinct. Au début, moi qui avais toujours connu le management « classique »,
en ayant moi-même managé des équipes, qui avais besoin de diviser le projet en tâches
et d’allouer chacune d’entre elles à une personne spécifique, je me disais que ce côté
intuitif, libre n’allait jamais fonctionner. Or, à chaque fois, tout fonctionnait  ! Chaque
personne avait pris du plaisir en effectuant les tâches qu’elle voulait et le résultat était
toujours au rendez-vous. C’était fabuleux à voir et cela a complètement changé ma manière
de fonctionner.

Tout cela forme une entreprise libérée. L’entreprise libérée est une entreprise dans la-
quelle les salariés sont totalement libres de faire toutes les actions qu’ils estiment
bonnes pour l’entreprise. Plus de contrôle, plus de hiérarchie, plus de procédures mais
une immense confiance. Les managers sont désormais au service de leurs équipes.

Un peu comme dans les pédagogies alternatives, type école démocratique, où


« l’enseignant » est là pour répondre aux questions et envies d’apprentissage de l’élève. Mais
pour réussir à faire cela, il faut une véritable vision d’entreprise pour que chacun sache
vers où il doit aller.

La direction donne la raison d’être, les salariés y vont mais de la manière


qu’ils jugent la plus bénéfique. Les mots qui reviennent sans cesse  : Respect,
Confiance, Vision, Envie.

Voici quelques exemples d’entreprises ayant mis en place ce type de management  :

77 Libres - Vers un travail qui a du sens


Sol, une entreprise de nettoyage de bureaux en Finlande, dirigée par Liisa Joronen.
Sa dirigeante s’est aperçue que les femmes de ménage souffraient d’un manque énorme
de reconnaissance, elle décida donc de changer les manières de fonctionner et d’envoyer
les femmes de ménage dans les bureaux durant… la journée pendant que tous les sala-
riés étaient présents. Elles ont donc commencé à réellement faire partie des entreprises
et non pas à œuvrer, cachées, tôt le matin dans des bureaux vides et des mornes plaines.

En plus d’une meilleure reconnaissance ressentie par les femmes de ménage,


la productivité de l’entreprise augmenta car elles ont commencé à faire remonter
des demandes de services supplémentaires.

Autre exemple, Chronoflex, une entreprise libérée de plus de 300 collaborateurs,


qui était dirigée par Alexandre Gérard à l’époque de sa transition. Il décide de
supprimer dans sa société le contrôle de ses salariés et de miser sur la confiance. En 2011,
il va collecter auprès de ses services des suggestions soumises par ses collaborateurs.
Le premier chantier est de reconstruire la vision d’entreprise tous ensemble.

Cela fait ressortir 4 valeurs fortes  : la performance par le bonheur, cultiver l’amour
du client, des équipes respectueuses et responsables, l’ouverture d’esprit. Autre
chantier, supprimer les signes de pouvoir. S’ensuivront 18 mois de tests et d’exploration.

Le bureau du PDG est transformé en un lieu collectif ouvert à tous les collaborateurs,
les places de parking réservées sont supprimées même pour les chefs, la direction
communique tous les chiffres de l’entreprise. En 2012, le management entier est changé,
tous les salariés deviennent cocréateurs du nouveau modèle.

Le pouvoir de décision est transféré à des capitaines d’équipes


qui prendront les décisions par vote collectif. Des groupes de travail sont constitués
pour tous les sujets de l’entreprise. Le contrôle des managers est terminé, chaque salarié
s’autocontrôle. Plus de confiance et de respect engendre une meilleure performance
et surtout, un bien-être accru. Un groupe de collaborateurs va même plancher pendant
des mois sur un nouveau mode de rémunération variable. Résultat : moins de turn over,
moins d’absentéisme.

Jean-François Zobrist, ex-patron de la Favi, aujourd’hui retraité, donne des conférences


dans le monde entier sur sa méthode. La Favi est considérée comme pionnière en matière
de bien-être au travail. Dès 1980 lorsqu’il reprend l’entreprise, Jean-François Zobrist
décide d’y lancer le management par la confiance. Fini l’organisation pyramidale :
les ouvriers s’organisent eux-mêmes en mini-usines de 25 à 30 personnes et co-optent
un leader. Chaque mini-usine travaille directement pour un client (PSA, Renault, etc…).

Fini aussi le contrôle et c’est une réussite. Les salariés sont bien plus heureux qu’avant
et s’organisent comme ils le souhaitent.

Mais pour réussir à mettre en place toutes ces transformations, il faut déjà
faire un gros travail sur soi en tant que dirigeant. Qu’est-ce que je souhaite

Dis-moi pour qui tu travailles ? 78


vraiment pour mon entreprise et pour le monde qui m’entoure est la question
principale à se poser. Il n’est pas évident pour un dirigeant ou un manager de se repen-
ser entièrement après des dizaines d’années (héritage de centaines d’années) à diriger
d’une manière pyramidale. Qui suis-je si je ne dirige plus comme avant ?

Avoir une entreprise libérée, ce n’est pas plaquer un modèle prédéfini, faire
des petites équipes et en avant, c’est une co-construction avec l’ensemble
des salariés à chaque étape. C’est tester, améliorer, apprendre des erreurs mais
sans cesse, faire confiance. Ne serait-ce pas cela, la plus belle des initiatives quant
au bien-être au travail  ? Affirmer une raison d’être, avoir un impact et que tous
les acteurs de l’entreprise se fédèrent vers un objectif commun dans le respect mutuel ?

Je félicite chaque dirigeant qui décide d’enclencher une transformation intérieure puis
la transformation de son entreprise. Chacun de ces changements va changer
l’organisation tout entière et donc tous les êtres humains qui la composent. Des salariés
plus heureux et épanouis, cela rejaillit sur leur entourage immédiat et c’est inspirant.
Je crois vraiment dans le potentiel que représentent les entreprises (surtout les PME) dans
le changement de paradigme que nous devons traverser.

Bien évidemment, nous autres, en tant que citoyens avons la possibilité de faire changer les
choses mais si les entreprises ne suivent pas, si les collectivités ne suivent pas, si la politique
ne suit pas, cela ne servira à rien. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut rien faire, bien évidem-
ment, chaque force compte, c’est toute l’histoire du colibri. Mais je crois vraiment que les
entreprises sont en première ligne dans ce « combat » qui doit être le nôtre.

Attention tout de même à ne pas user de l’entreprise libérée dans le mauvais sens car, que
le salarié soit libre de son temps tant qu’il œuvre pour les intérêts de la boîte, très bien.
Mais si cette liberté s’accompagne d’un bourrage de crâne et du fameux ma boîte avant tout,
cela peut finir en étant plutôt liberticide. L’entreprise doit se réapproprier sa raison d’être,
sans faux semblant, sans discours marketing, sans ego, sans tromperie envers le salarié et
le consommateur. Il en va de notre avenir.

Changeons chacun à nos échelles pour que l’humanité ait encore une raison d’exister. Il
y aura beaucoup de travail dans l’accompagnement de la transition des entreprises, des
dirigeants (que l’on ne peut pas laisser seuls face à tous ces chantiers) et des collectivités.

Pour aller plus loin, je vous conseille le livre « L’entreprise libérée », d’Isaac Getz chez
Fayard et aussi « Société collaborative la fin des hiérarchies » de Ouishare, ou encore « Nous
réinventons notre entreprise  », de Michel Sarrat.

79 Libres - Vers un travail qui a du sens


Le saviez-vous ?

L’histoire du colibri : Une légende amérindienne

Un jour, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux observaient impuissants
le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour
les jeter sur le feu.

Au bout d’un moment, les animaux lui dirent :


- «Colibri ! Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu !

Et le colibri répondit :
- «Oui, je le sais, mais je fais ma part.»

Cette légende a été reprise et incarnée par le mouvement des Colibris, lancé par Pierre Rabhi.
Pour découvrir et ou rallier le mouvement : https://colibris-lemouvement.org/
Nous avons tous quelque chose à faire, chacun à nos niveaux.
• Diminuer la taille des structures ou des équipes

150 personnes maximum, comme l’explique Didier Pitelet dans son livre « La révolution du
Non ! ou quand les salariés bousculent les lignes de l’entreprise », au sujet du management
de Charles Branson, PDG de Virgin : « pour éviter les pertes de communication et la dilution
des talents, chaque fois qu’une de ses équipes atteignait la taille de 100 individus, il la cou-
pait en deux unités de 50 personnes ».

C’est ce que l’on appelle la théorie de Dunbar, théorisée par l’anthropologue britannique du
même nom. « La taille idéale d’un groupe humain ne devrait pas dépasser les 150 personnes
car, au-delà, les relations se distendent et le sens de l’organisation devient plus difficile à
trouver ».

Un bon exemple de cette restructuration en petits groupes se retrouve chez Octo, cabinet
de conseil et de réalisation IT. Ils ont complètement repensé le management et ont
notamment eu l’idée de fonctionner en tribus. Tout a commencé par une prise de
conscience du dirigeant, Ludovic Cinquin. Pour lui, une organisation doit être changée non
pas par les membres de la direction, mais plutôt par les salariés. Il décide donc de propo-
ser aux salariés de choisir eux-mêmes l’équipe dans laquelle ils souhaitent travailler, avec
comme seule contrainte, un nombre minimal - 4 personnes -, et maximal – 10 personnes -,
à ne pas dépasser.

Deux mois plus tard, 12 « tribus » sont ainsi créées, chacune dotée d’un leader et de pro-
jets distincts à mener. Chaque tribu s’autoorganise, décide des recrutements, gère son
projet et ça fonctionne. Au fil des projets, les tribus peuvent se recréer différemment en
fonction des appétences de chacun sur un sujet donné. Du coup, les salariés croient en
l’organisation car ils savent qu’ils ont sans cesse le pouvoir de la changer et de l’améliorer.
Octo Technology a aussi investi dans un immeuble haussmannien qu’ils ont entière-

Dis-moi pour qui tu travailles ? 80


ment rénové (cours intérieures, jardins d’hiver, murs végétaux et open spaces aérés dans
un bâtiment basse consommation…).

Ce nouveau siège français est le fruit de l’implication collective des 377 col-
laborateurs, qui ont pris part à ce projet via des ateliers et workshops.
Vive la co-création !

Pour aller plus loin

La question du flex office :

Le flex office a été créé en partant du principe que les salariés n’étaient jamais à 100% en même
temps sur leur lieu de travail (les commerciaux sont en déplacements, le télétravail s’est accru,
certaines personnes en vacances, d’autres malades sans compter désormais sur le covid…). L’idée
du flex office est de diminuer le nombre de postes de travail, d’arrêter d’attitrer un poste par
personne et de faire en sorte que le salarié décide de lui-même, chaque jour, où il va s’installer.

L’Oréal a fait cela, 3 immeubles du groupe Axa se sont lancés fin 2017, PWC, Deloitte… Le but
pour l’entreprise : diminuer les charges liées à l’immobilier, favoriser les échanges entre les col-
laborateurs, rendre les équipes plus agiles.

Le flex office serait, selon certains, un facteur d’attractivité des millenials. Pour moi, le sens,
l’équilibre vie professionnelle et vie personnelle, ainsi que la flexibilité des horaires sont les
vrais facteurs d’attractivité des millenials.

Selon une étude Opinion Way, le flex office concernerait désormais plus d’1/3 des salariés fran-
çais du tertiaire. Alors, si pour certains salariés ce type de fonctionnement est bien accepté et
même demandé, pour beaucoup, il constitue une source de stress : « Vais-je trouver une place
qui me convient ? ». Impossible de rajouter sa touche personnelle sur son bureau, fini la petite
plante et les photos des enfants par exemple.

Cela ne déshumanise t-il pas encore davantage l’entreprise ? Un accompagnement est néces-
saire pour que chaque salarié puisse adopter positivement ce nouveau modèle. Certaines en-
treprises ont créé une application pour permettre aux salariés de réserver leur espace de travail
pour la journée. Comme quoi il y avait bien une demande à ce sujet.

Bien évidemment, si l’on est en remote working, friand du télétravail, freelance ou digital
nomade, la question ne se pose même pas, nous sommes naturellement adeptes du flex office
et c’est d’ailleurs, ce que nous cherchons. Mais pour tous les salariés français, je ne pense pas
que ce soit une recette forcément magique.

Plaquer tel quel le flex office en pensant que la digitalisation et de jolis bureaux chaque jour
différents vont œuvrer en faveur du bien-être du salarié, c’est se voiler la face. Pour mémo, tout
de même, selon une étude d’Opinion Way en 2017, 68 % des Français sont contre le flex office…

81 Libres - Vers un travail qui a du sens


Alors oui au flex office si l’entreprise a une véritable politique de télétravail et accompagne
TOUS ses salariés dans cette nouvelle organisation.

Peut-être aussi que le fait de consulter en amont tous les salariés et de leur donner le choix
d’un bureau fixe ou flexible, permettrait de voir si le flex office est une bonne option ou non.

En d’autres termes, privilégier le respect de l’individu quel qu’il soit et prendre la décision de
manière collective.

Désormais, on parle aussi de smart office. Le flex office… dans un bâtiment intelligent, où tout
est pensé pour créer un espace de travail centré sur l’humain, grâce à de nombreux espaces
collaboratifs, une forte présence d’objets connectés, une optimisation de la consommation
d’énergie… L’objectif : libérer le potentiel du salarié.

Alors bien évidemment, travailler dans un environnement sain, qui mise sur le confort de travail
du collaborateur, c’est bien mais ce n’est pas ça qui va faire rester un salarié ou non au sein de
l’entreprise. Le smart office dans une entreprise affirmant sa raison d’être, dotée d’un manage-
ment responsable et où les salariés ont l’impression que leur travail a du sens, OUI. Mais vous
aurez beau avoir de beaux locaux hyper connectés, si vous employez un management toxique,
autant retourner dans un open space froid.

• Les secteurs qui doivent se réinventer

Bien évidemment, tous les secteurs doivent changer, chaque entreprise, si ce n’est déjà fait,
doit œuvrer à son irréprochabilité en matière d’environnement, de santé publique, de bien-
être des salariés notamment. Mais nous allons tout de même faire un petit tour d’horizon
de quelques secteurs qui sont à réformer en priorité.

›  La Finance : le nerf de la guerre

Seulement 10% des transactions financières financent l’économie réelle  ! Il


est temps que la Finance prenne la mesure de ses effets préjudiciables et se
mette en marche vers un nouveau modèle plus rapidement qu’elle ne le fait.

À titre individuel, 40  % de notre empreinte carbone est liée à la façon dont nous in-
vestissons et consommons. « L’impact de notre épargne serait le 6ème poste d’émis-
sion de CO2 pour les particuliers, après les transports, le logement, l’alimentation, les
biens et services et l’utilisation de services publiques. Vos quelques milliers d’euros qui
dorment sur votre PEL ou livret A peuvent financer des activités polluantes. » ( Source : Les
Echos du 6 janvier 2020 «  Pourquoi il est encore compliqué de placer son argent sans pol-
luer ».) C’est pourquoi des initiatives comme LITA, Blue bees, Miimosa, sont de parfaites al-
ternatives afin que votre argent puisse financer des projets qui ont du sens dans l’économie
réelle. Tout comme Finansol pour épargner de manière solidaire.

Dis-moi pour qui tu travailles ? 82


Bien évidemment, nous devons tous, en tant que citoyens, œuvrer au changement,
consommer différemment, moins mais mieux, être résilients mais ce qui fera vérita-
blement pencher la balance, ce ne sont pas nos habitudes zéro déchet (bien qu’il faille
bien évidemment continuer à œuvrer en ce sens), mais bel et bien les changements que
le secteur de la Finance doit effectuer.

Heureusement, les choses commencent à bouger, trop lentement c’est certain, mais
on assiste à une prise de conscience des enjeux environnementaux et sociétaux. Par
altruisme ? Pas vraiment. Les grands investisseurs, notamment les banques et assurances,
mettent la pression sur les entreprises afin qu’elles sortent des industries les plus polluantes.
Les marchés savent très bien que la «  bulle carbone  » va exploser dans les mois, années
qui viennent.

On peut se dire que certaines actions citoyennes ont pu contribuer aux prises
de conscience. C’est le cas par exemple de l’opération Faucheurs de chaises, lan-
cée par les Amis de la Terre, ATTAC, ANV COP 21 et Bizi et soutenue par Alternatiba*.
Le 30  septembre 2015, soixante-dix-sept personnalités et plusieurs associations avaient
lancé un appel à des réquisitions citoyennes de chaises. Le but : rappeler que l’argent que
les banques cachent dans les paradis fiscaux pourrait plutôt servir à la lutte contre le chan-
gement climatique. Le mouvement était né en février 2015, lorsqu’à Bayonne, les militants
de Bizi avaient enlevé plusieurs chaises dans l’agence locale de HSBC suite aux Swissleaks.
(Pour rappel, l’affaire Swissleaks datant de février 2015, est la révélation dans les médias
d’un système international de  fraude fiscale  et de  blanchiment d’argent mis en place
par la banque britannique HSBC à partir de la Suisse).

Mais c’est sans compter sur la cupidité de certains acteurs de la Finance. Ce qui les fait
bouger pour la plupart, ce n’est pas l’éthique, c’est surtout parce qu’ils considèrent que
leurs actifs perdront bientôt tout ou partie de leur valeur. Quand on sait que l’article 173
de la loi sur la transition énergétique, lancée en 2015 et considérée comme une innova-
tion majeure pour l’investissement responsable, n’est même pas suivi par la majorité des
investisseurs institutionnels, c’est grave. Ils agissent au-dessus des lois, en toute impunité.
L’article oblige normalement 840 investisseurs (banques, assurances, caisses de
retraites, sociétés de gestion…) à publier leur intégration des critères environnementaux,
sociaux et de gouvernance dans leurs opérations d’investissement. La moitié des grands
acteurs ont publié leur rapport de manière insuffisante voire, ne l’ont pas publié du tout !

* Alternatiba est un mouvement citoyen de mobilisation sur le dérèglement climatique lancé en 2013 à
Bayonne. Le but est double :
- Promouvoir les solutions et initiatives pour construire une société durable.
- Bloquer les projets climaticides et interpeller les décideurs politiques et économiques sur l’urgence de s’em-
parer de ces solutions aux côtés du mouvement Action non violente COP21.
Le message est clair : « Changeons le système, pas le climat ! ».
Tout a commencé par la création d’un village des initiatives à Bayonne en octobre 2013 qui a réuni plus de
12 000 personnes. Aujourd’hui, il existe plus de 150 collectifs Alternatiba en France et à l’étranger (Suisse,
Sénégal, Haïti, Espagne, Grande-Bretagne, Belgique …), et 113 villages des alternatives organisés.
83 Libres - Vers un travail qui a du sens
Dans les bonnes nouvelles, la Banque d’Investissement Européenne (BIE) a annoncé
le 14 novembre 2019, sa décision d’exclure toutes les énergies fossiles, y compris le gaz
naturel, de ses financements d’ici à 2021.

De son côté, la Banque Centrale Européenne, présidée par Christine Lagarde, a décidé
d’éliminer progressivement les titres financiers des entreprises polluantes qu’elle détient
et les Etats européens veulent lancer la taxonomie, labellisation verte qui montrera claire-
ment aux investisseurs s’ils financent des activités vertes ou non.

Lancé en 2017, le groupement Climate Action 100+ rassemble plus de 450 investisseurs
institutionnels (qui représentent la modique somme de 39  000 milliards d’euros
en gestion) et a déjà obtenu des réductions d’émissions de CO2 de la part de groupes
pétroliers comme Shell et BP. En janvier 2020, des actionnaires de Barclays ont déposé une
résolution demandant à la banque d’arrêter de financer les entreprises du secteur de l’éner-
gie qui ne respectent pas les accords de Paris.

BNP a affirmé qu’ils allaient sortir du charbon en 2040… dans 20 ans ! Dans 20 ans, il sera
trop tard.

Le saviez-vous ?

Comment fonctionnent les banques ?


Aujourd’hui, ce n’est pas l’Etat qui crée la monnaie, et ce ne sont pas non plus les banques
centrales. La Banque Centrale Européenne est bien la seule à pouvoir imprimer des billets
et fabriquer des pièces, mais cela ne représente que 10 % de l’argent en circulation. Pour
l’essentiel, ce sont les banques commerciales qui créent la monnaie, notamment via les prêts
que nous empruntons. Vous voulez vous acheter un bien, vous demandez un prêt, la banque
accepte et va ajouter une ligne sur votre compte et crée ainsi la monnaie, c’est une simple ins-
cription électronique sur laquelle elle percevra des intérêts. Cet argent ne vient ni du compte
d’autres clients ni de ses fonds propres, mais elle l’a créé car nous nous engageons à payer pour
la rembourser. En fait, cet argent n’existe pas réellement, c’est de la dette ! Dette des particu-
liers empruntant à la banque, dette des Etats empruntant à la banque, dette des professionnels
empruntant à la banque.

Chaque année, l’Etat doit rembourser presque 200 milliards de dettes publiques arrivant
à échéance, ce qui ne représente que 10% de la dette totale et comme il n’a pas les moyens
de régler cette somme… Il emprunte à nouveau sur les marchés financiers !

Dans les infos glanées, à noter que « la Bible évoque déjà les annulations de dettes et condamne
le prêt à intérêts » ( Source Wikipédia ). La remise de dette fait effectivement partie de
la morale chrétienne.

Dis-moi pour qui tu travailles ? 84


Comme le disait Napoléon, « l’argent est le nerf de la guerre », alors détendons le nerf
et commençons à l’investir au profit de causes nobles, et à l’utiliser à bon escient.
C’est ce que fait notamment Mathieu Cornieti, fondateur d’Impact Partners, pionnier de
l’impact investing.

En dix ans, un marché financier est né. Un marché mondial, mais aussi ancré dans une
réalité locale. Un marché où le capital est « mis au travail » pour « plus de sens ». Dans le
jargon du private equity* ou capital investissement, on appelle cela l’impact investing : in-
vestir avec impact.

Marqué par les émeutes de 2005 dans les quartiers populaires et travaillant dans
la finance « classique », Mathieu Cornieti décide de se lancer et de monter une
société de Private Equity à fort impact. On est en 2007 et il est un pionnier de ce que
l’on appellera l’Impact Investing. Son souhait était de susciter des vocations, d’ai-
der les entrepreneurs de ces quartiers et de contribuer ainsi à créer des emplois. Au-
jourd’hui, sa société gère 110 millions d’euros et emploie 30 personnes (ce qui malgré
l’importance du montant représente un petit fonds. À titre de comparaison, Amundi,
plus gros acteur de private equity en Europe, gère 1  500 milliards d’euros) et est implantée
à Paris, Copenhague, Francfort et bientôt Barcelone, afin de rayonner au niveau européen.
Impact Partners continue à œuvrer dans les quartiers et a aussi élargi son activité au monde
rural, à l’Outre-mer en traitant de tous les enjeux sociaux importants (insertion, handicap,
apprentissage, emploi, économie circulaire…).

Autre spécificité, le fondateur et les salariés se payent moins que sur des sociétés de gestion
classiques mais ce qu’ils font a du sens et du coup, il n’y a aucun turn over !

Pour ceux qui ne le savent pas, dans les sociétés de gestion de fonds classiques, les gestion-
naires vont se payer sur la surperformance du fonds dans lequel ils ont investi. Le hurdle
rate  correspond au niveau de performance qu’un fonds d’investissement doit atteindre
avant de servir un super bonus à ses gestionnaires appelé le Carry. 20  % de la surperfor-
mance va au Carry. C’est un mécanisme admis sur le marché mais pas chez Impact Partners.
Ils se versent un Carry, certes, mais tout d’abord bien moindre, et si et seulement si, ils ont
eu un réel impact. Si l’impact est en dessous de 50  %, ils donnent TOUT à des fondations.
Par exemple, s’ils décident d’investir dans un projet de développement d’entreprises et de
partir sur un impact d’insertion en assurant l’emploi de 100 migrants ou anciens prison-
niers et qu’en sortie d’investissement ils n’ont fait de 50 emplois, alors ils n’ont un impact
qu’à hauteur de 50  %. Tout part aux fondations.

Sur le marché, les gros fonds d’investissement dans le monde côté ne disposent d’aucun
fonds à impact ou alors, c’est beaucoup de green washing.

L’impact Investment est défini par plusieurs critères :

-  L’intention et l’alignement des intérêts   : C’est-à-dire allier la performance financière ET

* - Le private equity désigne l’opération par laquelle un investisseur achète des titres d’une société non cotée
qui recherche des fonds propres.
85 Libres - Vers un travail qui a du sens
l’impact social. Ils cherchent une performance financière pour avoir un impact et pré-
tendre à un changement social.

-  L’additionnalité  : Amener à l’entrepreneur du capital, certes, mais aussi un véritable


accompagnement pour l’aider à développer son entreprise.

-  L
 a mesure de l’impact  : un véritable bilan est instauré et l’impact doit être franc.
Il peut s’agir de l’empreinte carbone, du nombre d’emplois créés...

Dans une échelle à hauteur de la citoyenne lambda que je suis, d’autres initiatives sont à
saluer et à utiliser :

Au lieu de laisser votre épargne dormir tout en polluant, vous pouvez décider d’investir (ou
de donner) votre argent dans des projets qui œuvrent à changer le monde.

Les plateformes d’investissement responsable ou crowdlending :

Lita (Ex 1001 Pact) :


Fondé par Eva Sadoun et Julien Benayoun, Lita c’est déjà 9  216 investissements
réalisés, plus de 3  000 emplois créés ou consolidés et 29,6 millions d’euros gérés.
Vous pouvez investir dans de l’immobilier durable, des start-ups à impact social, sociétal
et environnemental, les énergies renouvelables, les PME ou associations en développement.
www.fr.lita.com

Wedogood :
Depuis 2015, leur leitmotiv  est inchangé : « CHANGER LA FINANCE POUR CHANGER
LE MONDE  » Vous pouvez investir dans de jeunes entreprises à impact. Elles sont triées
sur le volet selon trois critères : l’impact économique, social et environnemental du projet.
Mais Wedogood vous propose aussi une nouvelle solution de placement simple et
transparente dans des PME à fort impact positif où vous bénéficierez d’une rentabilité
prévisionnelle de 2 % par an.
www.wedogood.co

MyKornerShop : 
MyKornerShop, une plateforme de financement participatif, agréée CIP,
propose aux habitants d’une ville ou d’un quartier d’investir collectivement dans les murs
de leurs commerces de proximité. My Korner Shop veut ainsi contribuer à la qualité de vie
et à la réaffirmation du lien social en cœur de ville.
www.mykornershop.com

Blue Bees :
Blue Bees, co-fondée par Maxime de Rostoland, est une plateforme de financement partici-
patif dédiée à l’agriculture, l’agroécologie et l’alimentation responsable. Le postulat de base :
« Le  système financier traditionnel exige une part de fonds propres importante  aux
porteurs de projets pour leur accorder un prêt, ou des cautions personnelles qu’ils n’ont pas
toujours. Quand on est en phase d’amorçage, la trésorerie est rare, et les plus jeunes n’ont

Dis-moi pour qui tu travailles ? 86


souvent pas eu le temps d’épargner beaucoup d’argent, alors Blue Bees apparaît comme
un effet de levier pour la banque, un moyen de débloquer le prêt bancaire, ou de faire sans !

Plus vous êtes nombreux à prêter des petites sommes (the crowd ou « la foule » en français),
plus le système de crowdlending est puissant et résilient. En effet, le risque est dilué sur une
multitude de prêteurs, ce qui permet de prêter sans demander de caution et de garantie à
l’emprunteur, et ainsi d’avoir une vraie valeur ajoutée par rapport au système bancaire. »

Vous pouvez participer à la réalisation de projets vertueux en prêtant à partir de 20 euros


(et jusqu’à 2 000 € par projet) ou en donnant à partir de 5 euros.
www.blulebees.fr

MiiMosa :
« Lancée fin 2014, MiiMOSA est une plateforme de financement participatif exclusive-
ment dédiée à l’agriculture et à l’alimentation. Au-delà d’offrir une alternative à la finance
traditionnelle, MiiMOSA est un lieu d’échange, de partage et de solidarité entre une
communauté de contributeurs et les porteurs de projets de ces secteurs. Après avoir
accompagné, pendant trois ans, des projets sur le modèle du « don avec contrepartie », début
2018, MiiMOSA renforce son offre de financement avec le « prêt participatif », permettant
ainsi d’orienter l’épargne populaire vers les projets agricoles et alimentaires. »
www.miimosa.com

Vous pouvez trouver des plateformes de financement participatif dans tous les domaines
comme l’immobilier (Wiseed et Anaxago Immobilier), le vin (WineFunding.com)… Et aussi
des plateformes locales, comme Collecticity, première plateforme de financement
participatif dédiée aux acteurs du territoire dont les collectivités territoriales.
www.collecticity.fr

À vos portes-monnaies !

L’argent est le gros nœud de nos sociétés, il a créé des inégalités, de la cupidité,
la destruction des écosystèmes par nos modes de consommation mais il peut aussi être
une magnifique énergie. Si le secteur de la Finance continue à investir dans des projets
à impact, nous pourrons assister à de grands changements positifs pour nous tous. Nous
avons tous quelque chose à faire à nos échelles, changer nos modes de consommation,
changer de banque, investir dans des projets durables, mais si les gros acteurs
ne changent pas, ce serait continuer à éteindre un feu avec un verre d’eau.

Mais même si cela paraît impossible, si nous sommes de plus en plus nombreux à éteindre
le feu avec nos petits verres d’eau, ils deviendront des torrents. C’est l’histoire du petit
colibri. Alors continuons à avancer, le nouveau monde, c’est nous.

87 Libres - Vers un travail qui a du sens


›  L’agriculture, l’agroalimentaire et la santé : Vous êtes ce que vous mangez.

- « Et si on ajoutait des pesticides et des denrées néfastes dans les aliments industriels
et dans les sols agricoles ? »

- «  Génial comme ça, on rend les gens malades et ensuite on leur refile nos médicaments
qui traitent juste les symptômes mais pas la véritable cause des maladies, sinon
ils seraient guéris, ce serait dommage.  »

- «  Ils deviennent dépendants de ces drogues, continuent à mal manger et rachètent encore
plus des médicaments  !  »

- « Qu’est-ce qu’on est forts  ! On va se faire des couilles en or  !  »

- «  Mais tu ne crois pas qu’on va nous griller  ?  »

-
«  Mais non ! Avec nos potes des lobbys du lait, de la viande, des laboratoires
pharmaceutiques, de la pétrochimie, on est couverts  ! Le temps que l’Europe dé-
cide d’interdire véritablement tout cela, on a encore de quoi voir venir très très très
longtemps ! Regarde c’est comme la fin du plastique à usage unique retardé de 2020
à 2040  ! On a de la marge  !  »

- «  Qu’est-ce qu’on est bons ! »

Alors, vu comme ça, ça pourrait faire sourire. Le problème, c’est que c’est tout à fait
réel. Comme le mentionne Vandana Shiva, une physicienne, philosophe et écologiste
indienne et surtout, une femme extraordinairement inspirante, les liens entre industrie
agro-alimentaire et industrie pharmaceutique sont indéniables  ! C’est un petit groupe
de géants de l’industrie qu’elle nomme le «  cartel du poison » et qui a créé les produits
chimiques toxiques (  notamment le glyphosate ) qui tuent la biodiversité et engendrent
chez l’homme cancers et insuffisances rénales pour ne citer que ces deux pathologies
et qui, pour couronner le tout, vendent ensuite des médicaments. Comme quoi avoir
le beurre, l’argent du beurre, le postérieur de la bergère, voire le cheptel entier,
c’est possible ! Dans ces grands conglomérats, on retrouve Dupont, qui vendait des explosifs
pendant les deux guerres mondiales et Bayer, anciennement IG Farben, entreprise ayant
travaillé avec les nazis et vendu le Zyckon B…

D’un autre côté, Dow et Monsanto fournissaient l’armée américaine en agent Orange pen-
dant la guerre du Vietnam. En 2016, Bayer ( société pharmaceutique et agrochimique ) a
racheté Monsanto (fabriquant du Round Up). Comme le dit l’humoriste Pierre-Emmanuel
Barré, « les mecs sont au top, ils maîtrisent la chaîne du cancer du début à la fin. C’est comme
si dans les Happy Meal, le jouet c’était une seringue d’insuline ». (Chronique complète sur
Youtube : Bayer & Monsanto, c’est la santé - La Drôle D’Humeur de Pierre-Emmanuel Barré)
Syngenta a fusionné avec ChemChina et Dow a fusionné avec Dupont. Ces 3 entre-
prises possèdent 60 % des parts de marchés mondiales dans le commerce des se-
mences et des produits chimiques agricoles. « Que ton aliment soit ton médicament »,

Dis-moi pour qui tu travailles ? 88


disait Hyppocrate. Or, désormais 75% des maladies chroniques (obésité, diabète,
perturbateurs endocriniens, cancer…) sont liées aux poisons, aux produits chimiques.

Une pomme d’il y a 50 ans était 100 fois plus nutritive qu’une pomme
d’aujourd’hui et ne tuait pas celui qui la produisait… Aujourd’hui, si !

L’étude AgriCan (agriculture et cancer), lancée en 2005 par la Mutualité Sociale Agricole (et
réactualisée en 2018), confirme le lien entre certains cancers (prostate, myélome
et lymphome) chez les agriculteurs et l’utilisation de produits phytosanitaires.
Est aussi connue la corrélation entre l’augmentation du cancer de la prostate dans les
DOM TOM et l’utilisation du chlordécone. Les deux îles connaissent ainsi le plus fort
taux de cancers de la prostate au monde. 90  % des Guadeloupéens et des Martiniquais
sont contaminés par ce pesticide ultra-toxique, utilisé massivement de 1972 à 1993 dans
les bananeraies. Pourtant, le chlordécone a été classé dès 1979 par l’OMS comme étant
un cancérigène possible. C’est un perturbateur endocrinien reconnu comme neuro-
toxique et provoquant aussi une baisse de la fertilité. Il a pourtant fallu attendre 1993
pour que la France interdise ce produit. Pourquoi  ? Car sous la pression des lobbys, les
gouvernements successifs ont continué d’autoriser ce produit malgré sa haute toxicité.
Selon les spécialistes, cette molécule peut survivre jusqu’à 700 ans ! Le chlordécone a
infecté les sols mais aussi les rivières et le littoral, on en retrouve donc dans les fruits
et légumes mais aussi dans les poissons et les crustacés.

Nous savons tout cela mais est-ce que cela change profondément l’industrie agro-
alimentaire  ? Non, pas vraiment. La seule chose qui la fait changer, ce ne sont pas les
risques pour nos santés mais les risques de pertes de profits pour elle. Pour preuve, depuis
des décennies, nous connaissons les méfaits de la viande pour la santé, l’environnement
et le bien-être animal, pourtant, rien n’a changé. En revanche en 10 ans, la consommation
de viande a baissé de 12 % (source : Credoc, 2018) ce qui a engendré une baisse du C.A. de
ces mêmes industries, qui elles se sont mises à créer des produits végétariens (+ 24 %, c’est
la hausse de C.A. des produits végétariens et végans en grandes et moyennes surfaces en
2018 (Source : Xerfi).

Par ailleurs, la part de la viande à base de protéines végétales sur le marché mondial de
la viande d’ici à 2030 représentera 10 %, soit 140 milliards de dollars. Alors bien évi-
demment, là ça bouge. Cependant, cette industrie agro-alimentaire restera une indus-
trie d’assassins. Arrêtez de consommer des produits industriels. C’est une honte de
proposer cela à la vente et même si certains PDG font de magnifiques discours pleins
de bonté, de bienveillance et relayés par des millions de personnes, ne soyez pas dupes,
cette industrie tue.

Nous avons privilégié une agriculture chimique pendant des décennies.


Nous avons besoin aujourd’hui de changer ce modèle, de guérir les sols et de
produire sans pesticides et sans pétrole d’ailleurs, car il n’y en aura tout simplement plus.
Regardez les vidéos de Lydia et Claude Bourguignon, microbiologistes des sols qui ont
été parmi les premiers à dénoncer la mort des sols et à travailler à leur renaissance.

89 Libres - Vers un travail qui a du sens


L’idéal est de revenir à des micro fermes, des petites parcelles avec un sol vivant. Je vous
conseille le livre de Linda Bedouet « Créer votre micro ferme ». De l’agroécologie, des fo-
rêts-jardins, de la permaculture.

Vous pouvez regarder ce qui se fait, entre autre, du côté d’Hervé Gruyer de la ferme du Bec
Hellouin ou dans le réseau Fermes d’avenir de Maxime de Rostolan. Des projets d’agroé-
cologie sur des grandes parcelles voient le jour. « Dans le Berry, le château de Châteaufer
qui était exploité jusque-là en agriculture conventionnelle sur ses 100 hectares est en
pleine transformation. Plus de 10 000 arbres ont été plantés pour retravailler en agrofo-
resterie. L’exploitation développe le maraîchage bio en permaculture et envisage déjà de
se lancer dans l’élevage ovin et la culture sous serre chauffée par géothermie ». Au Pays
Basque, des paysans ont créé leur propre chambre d’agriculture alternative qui encourage
une politique agricole différente de celle des chambres officielles (Euskal Herriko
Laborantza Ganbara). Leur slogan «  Pour une agriculture paysanne et durable au Pays
basque ».

On parle beaucoup des néo-ruraux, ils font bien évidemment un fabuleux


travail, mais n’oublions pas non plus tous ces agriculteurs qui sont en train d’œuvrer à la
transition sur leurs terres ainsi que leurs enfants, qui, reprenant les exploitations, com-
mencent aussi à changer les modes de production.

Il est important de stopper la monoculture qui consiste à ne cultiver qu’un type de culture
sur des dizaines d’hectares, que du blé, ou que du maïs ou que des betteraves, ce qui
engendre ce que l’on appelle des déserts verts. Le sol y est tout simplement mort. Il faut
aussi cesser d’utiliser des semences Hybrides F1, créées pour soi-disant obtenir un rende-
ment supérieur aux semences paysannes, mais surtout rendre l’agriculteur dépendant des
multinationales semencières.

Pour booster ces semences, il faut ajouter des produits chimiques pour forcer la croissance
et lutter contre les « nuisibles » et il est aussi nécessaire de racheter des semences l’année
suivante car ces semences ne sont pas réutilisables  ! Par ailleurs, elles sont bien moins
nutritives que des semences paysannes ou anciennes. 75 % des espèces comestibles ont
disparu en moins d’un siècle (chiffres ONU – FAO) à cause de cette industrialisation de la
semence. Nous devons repartir sur des semences anciennes, paysannes que le paysan va
chaque année planter à nouveau. Plus besoin de payer à des racketeurs ce que la nature
nous donne gratuitement.

Car bien évidemment, ces semences hybrides ainsi que les pesticides et produits chimiques,
vous les rachetez à qui ? Aux 5 grands semenciers (Monsanto, Syngenta, Limagrain, Pioneer,
Dupont). Oh toujours les mêmes  ! Vous devenez donc dépendant de cette agro-industrie.
Les semences sont coûteuses. «  Leur achat peut représenter facilement 20 % des charges
annuelles d’un céréalier par exemple  » (source : Ferme d’Avenir).

Dis-moi pour qui tu travailles ? 90


Le saviez-vous ?

La loi sur les semences : ce qu’il faut savoir !


Vous pensiez que vous pouviez utiliser vos semences comme bon vous semble ? Acheter de
belles semences paysannes pour obtenir une grande variété et de bons légumes pleins de nu-
triments ? Que nenni ! C’était sans compter sur le… catalogue ! La règle générale veut que les
semences et plants commercialisés, troqués, donnés doivent appartenir à une variété inscrite
au catalogue officiel.

Cependant, les variétés paysannes et anciennes, sont souvent peu homogènes et peu stables
pour préserver leurs possibilités d’adaptation et d’évolution. Leur inscription devient alors im-
possible. En somme, pour rentrer dans le catalogue officiel, il faut faire partie de l’industrie
agroalimentaire ou de l’agriculture conventionnelle (c’est-à-dire l’agriculture qui utilise des se-
mences hybrides F1 et les pesticides qui vont avec, qui appauvrit ainsi la biodiversité et tue les
sols et les agriculteurs qui croulent sous les dettes).

À côté de ces semenciers empoisonneurs, des associations et militants continuent de sauvegar-


der et de vendre des semences anciennes. C’est le cas de Kokopelli par exemple qui regroupe
un réseau de producteurs de graines (pour l’essentiel non inscrites au catalogue officiel) et les
revend. Des super héros en quelque sorte mais d’après la loi, c’est illégal et cela leur a valu 15
ans de procès !

Kokopelli fournit aussi gratuitement aux communautés des pays exploités par l’Occident
les outils pour retrouver une autonomie semencière, donc alimentaire. Ils ont lancé
la campagne Semences sans Frontières et envoient chaque année des centaines de kilos de
semences sur toute la planète. Ils rassemblent aussi lors d’un festival tous les 3 ans de nom-
breux intervenants (militants, paysans, scientifiques, lanceurs d’alertes, artistes engagés, etc.)
pour partager leur savoir. Je vous conseille de suivre cela de près.
www.kokopelli-semences.fr

Vous trouvez aussi le réseau des semences paysannes www.semencespaysannes.org,


les semences de Pascal Poot www.lepotagerdesante.com ou encore Le Mouvement des Femmes
Semencières, né à la demande de Pierre Rabhi.

Début octobre 2018, une loi a enfin autorisé la vente par tous des semences anciennes
aux particuliers. Il était temps ! Sauf que, coup de théâtre, quelques jours plus tard, le Conseil
Constitutionnel censure l’article en question. Retour à la case départ.

Je vous conseille de regarder le très bon documentaire Des Clics de conscience de Jonathan
Attias et Alexandre Lumbroso. Ce documentaire suit le chemin d’une pétition lancée
sur Internet afin d’autoriser la liberté de semer des semences paysannes jusqu’aux hautes
strates politiques pour faire passer une loi là-dessus.

91 Libres - Vers un travail qui a du sens


Pour terminer, parlons de l’industrie pharmaceutique. Bien évidemment, je suis pour
l’utilisation de certains traitements et opérations et tout n’est pas à jeter mais nous
devrions d’abord commencer par une alimentation et une vie saine avant de nous
gaver de médicaments qui traitent les symptômes mais pas les causes. En d’autres
termes, ils ne servent pas à grand-chose sinon vous laisser dans une illusion de
guérison. Pour ma part, depuis que j’ai changé mon alimentation, je ne suis
quasiment jamais malade et si une angine ou un rhume pointe le bout de son nez,
je me concocte des potions magiques en infusant des plantes, des racines, du poivre,
des épices, de l’ail et en prenant quelques huiles essentielles. En 1 ou 2 jours, tout va bien !
J’avais des douleurs aux articulations et aux doigts, j’ai arrêté le lait et les produits laitiers,
je n’ai plus rien ! Faites-vous des jus de légumes, regardez les vidéos de Thierry Cazasnovas
ou lisez les livres de Norman Walker, du docteur Breuss, etc…

En bref, éduquez-vous sur la santé, — votre santé — et évitez de donner trop de


pouvoir à votre médecin. Hippocrate avait raison. Les futurs médecins ne font
que quelques heures de cours sur la nutrition pendant leurs études et rien sur
la méditation, le pouvoir de l’esprit pour guérir le corps, les thérapies alternatives.
Je ne rejette pas tout en bloc, il y a aussi de très bons médecins et lorsque l’on se
retrouve avec une maladie grave, bien évidemment, utiliser la médecine allopathique
et sa pharmacopée peut s’avérer vital, mais en mixant cela aux médecines dites al-
ternatives. Une chose est sûre, si vous adoptez une bonne alimentation, avec
des aliments vivants (des bons fruits et légumes bio, des oléagineux, des graines
germées), vous devriez dire au revoir aux médicaments des laboratoires pharmaceutiques.
Un laboratoire pharmaceutique ne veut pas votre bonne santé. Ils gagnent de l’argent avec
votre maladie. Pour l’anecdote, dans la Chine traditionnelle, vous ne payiez le médecin
que s’il vous avait guéri, si vous étiez encore malade, vous ne le payiez pas. Un laboratoire
pharmaceutique, vous ne le payez que si vous êtes malade. Quel intérêt a-t ’il
à vous voir guéri ?

Reprenons le contrôle de nos santés. Cela passe par une alimentation saine venant de
paysans qui prennent soin de la terre. Achetez cela sans passer par les supermarchés,
privilégiez les biocoops, les AMAP*, les ventes directement chez le producteur, les
coopératives. Nourrissez-vous bien, c’est la clé de votre santé. Arrêtez de consom-
mer tous ces produits agroindustriels, ces tomates sans goût, ces poulets piquouzés
aux antibiotiques, élevés et tués dans des conditions infâmes. Non, manger bio n’est
pas plus cher. Si vous cuisinez de bons produits, vous serez rassasiés en nutriments
et n’aurez pas besoin de manger autant qu’avant. A l’inverse, lorsque l’on mange des
sucres ou des produits industriels (dans lesquels ils ajoutent de toute façon du sucre
pour nous rendre accros), vous mangez sans fin, et n’êtes pourtant jamais rassasiés.

* - Les AMAP (Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne) sont apparues dans
les années 60 afin de lutter contre l’agriculture intensive et l’usage des produits chimiques. Le principe
est de  créer un lien direct entre paysans et consommateurs, consommateurs qui s’engagent à acheter
la production des paysans, à un prix équitable et en payant à l’avance. On compte à ce jour environ
2 000 AMAP aujourd’hui en France, soit environ 250 000 adhérents. Pour trouver une Amap près de chez
vous, allez sur le site www.reseau-amap.org
Dis-moi pour qui tu travailles ? 92
C’est une drogue qui vous rend malade pour vous pousser ensuite à prendre
des médicaments.

›  La grande distribution : Vous êtes ce que vous achetez

Des fermiers qui se regroupent en coopératives pour monter un magasin. Des citoyens qui
créent un supermarché participatif sur le modèle de la Louve à Paris, Superquinquin à
Lille ou Otsokop au Pays Basque. Un service de partage de livraison pour les producteurs
en Auvergne Rhône Alpes, lacharette.org, pour réduire les émissions de CO2. Des fermes
basques qui créent Nouste Ekilili pour produire sur place les protéines végétales servant
à nourrir les animaux plutôt que d’importer du maïs OGM d’Amérique latine. Toujours
au Pays Basque, le magasin Elika à Espelette, géré par un collectif de 12 fermes engagées
dans la charte d’agriculture paysanne Idoki (Créée il y a 20 ans, la charte fermière Idoki
définit une production fermière à taille humaine et en relation directe avec les consom-
mateurs. Les pratiques d’une Agriculture Paysanne « sincère et citoyenne » sont décli-
nées en cahiers des charges et contrôlées par un organisme externe.) ou en agriculture
bio. Des AMAP et ventes en circuit-court fleurissantes. Une déchetterie où vous pouvez
déposer des objets qui servent encore afin de leur donner une seconde vie et où vous
pouvez en emporter d’autres, gratuitement, avec le SMICVAL Market à côté de Bordeaux…

Voici autant de bonnes nouvelles pour transformer le secteur de la Distribution.


Parce que qu’est-ce que la Distribution ou grande distribution, si ce n’est l’endroit
où se rencontrent l’offre et la demande, les produits à vendre et les consommateurs ?
À partir du moment, où, nous, consommateurs, décidons d’acheter de manière
responsable en favorisant les circuits-courts, les magasins bio, les marques éthiques,
les multinationales ne continueront pas à produire des insanités. En tout cas,
les choses changeront.

Pour preuve, la grande distribution a bien compris qu’il fallait agir sous peine de péricli-
ter. Certains se mettent au bio et au marché de l’occasion. C’est le cas d’Ikea qui cible
le zéro impact pour ses livraisons. Leclerc se met au bio avec « Le marché Bio » et au
marché de l’occasion avec déjà 28 magasins Leclerc Occasion partout en France en 2019.
Veepee se met à la vente de téléphone reconditionnés. Est-ce suffisant  ? Non, mais ça a
le mérite d’exister.

D’autres misent sur l’engouement du DIY, comme Leroy Merlin qui a lancé des cours de
bricolage (plus de 115 000 personnes ont pris un cours en 2018  !), des cours pour apprendre
à créer ses meubles, lampes, etc…

Darty communique sur son programme contre l’obsolescence programmée via


une campagne de publicité dont le but est de promouvoir la réparation des appareils
électroménagers plutôt que de les jeter pour en racheter, principe clef de l’économie
circulaire. C’est bien, c’est un bon début mais ne faudrait-il pas juste interdire que
les téléphones, les ordinateurs, les produits électroménagers aient une obsolescence
programmée ? Bien évidemment ! Et c’est ce que prône l’association HOP ( Halte à l’obsoles-
cence Programmée ) www.halteobsolescence.org que vous pouvez soutenir. Pour info, entre
93 Libres - Vers un travail qui a du sens
1985 et 2015, la durée d’utilisation d’un ordinateur a été divisée par 3, passant de 11 à 4 ans.
Vous pouvez aussi vous rendre sur le site www.produitsdurables.fr pour trouver et signaler
les produits qui durent et déprogrammer l’obsolescence. Et pour les plus gaillards d’entre
vous, un site pour savoir comment réparer ses objets : www.commentreparer.com. Vous
pouvez aussi trouver des recycleries, repair shops et ressourceries autour de chez vous.

C’est à nous, « consommaCteurs », d’arrêter de cautionner un système qui ne va pas dans


le bon sens. Je parlerai plus loin de décroissance mais en attendant, nous avons le pouvoir
via nos portefeuilles. Alors soyons tous intransigeants par rapport à nos achats. Il en va
de notre avenir, de l’avenir de vos enfants. Ne contribuez plus à ce système, vous avez
le pouvoir !

Le saviez-vous ?

Une ressourcerie ?
Boutique spécialisée dans le recyclage d’objets abandonnés ou récupérés. Ce lieu donne
la priorité à la réduction, au réemploi puis au recyclage des déchets en sensibilisant son public
à l’acquisition de comportements respectueux de l’environnement.

Il y a aussi les Repair Cafés, pour casser le cycle de la consommation et en finir avec l’obsoles-
cence programmée. Vous apprenez à réparer vos objets, vêtements, dans la joie et la bonne
humeur ! Vous pouvez aller sur le site www.repaircafe.org pour trouver celui de votre choix.

Un lieu que j’apprécie beaucoup à Paris est la Recyclerie, tiers lieu dans lequel vous pouvez
travailler, voir une conférence, déjeuner avec des produits végétariens et sains, pour certains
issus de leur potager (il y a même des poules en plein XVIIIème arrondissement) et où vous
pouvez apporter vos objets à réparer dans l’atelier des René, louer des outils de bricolage
(et même un appareil à raclette !) et carrément utiliser l’atelier pour créer des meubles).
De nombreux ateliers sont proposés comme « apprendre à faire des semis », « créer une lampe »,
« faire du compost »… www.larecyclerie.com

Et que voit-on ? D’un côté, une partie des consommateurs devient des activistes,
des acteurs du changement grâce à nos changements de mode de consommation
et cela se ressent dans les chiffres. Les hypers de Carrefour déclinent (moins
2,7  milliards d’euros de chiffre d’affaires entre 2014 et 2018 et 89 magasins sur
191 seraient déficitaires en 2018 selon le magazine Linéaires), C&A va fermer
une trentaine de magasins, Conforama, une quarantaine, Casino est en procédure
de sauvegarde… Et de l’autre, des magasins comme Action fleurissent avec leurs
produits made in China à prix plus que cassés et un renouvellement de l’offre chaque
semaine. Des magasins qui ne désemplissent pas et sont un désastre environnemental.
Comment faire cesser cela si ce n’est en éduquant les consommateurs dès le plus jeune âge ?
Nous ne pourrons pas continuer ainsi et tout le monde doit œuvrer au changement.
Dis-moi pour qui tu travailles ? 94
Que voulez-vous pour vos enfants ?

Une boîte comme Amazon, lorsqu’elle crée un emploi, en tue, en France, 2,2 dans
les commerces de proximité selon Mounir Mahjoubi ex-secrétaire d’état au numérique.
Pourtant, 21 millions de Français continuent à acheter sur cette plateforme de vente en
ligne. Nous ne pouvons plus contribuer à ce genre de choses. Réfléchissons avant d’acheter
et n’achetons plus ou alors que dans des entreprises responsables, qui œuvrent véritable-
ment au changement.

Pour aller plus loin

Haro sur le plastique…

Le marché mondial du plastique représente 37 milliards de dollars. On a fait croire à


la recyclabilité, or, la majorité des déchets plastiques ne sont pas recyclables ! Seulement 9 %
des plastiques, depuis la création de ce matériau, ont été recyclés ! Chaque minute, l’équivalent
d’un camion benne est déversé dans l’océan.

Comment faire pour cesser cela ? Arrêtons de consommer des produits emballés voire surem-
ballés. Tant que ça se vend, l’industrie continuera. Quand je vois des fruits et légumes emballés
dans du plastique, ça me donne la nausée. Alors, même si la loi attend 2040 pour faire cesser
l’usage du plastique à usage unique, vous, nous, consommacteurs, arrêtons d’acheter des pro-
duits suremballés, utilisons des gourdes, ayons toujours des sacs de vrac dans notre panier pour
faire les courses, baladons-nous avec des gobelets réutilisables au lieu d’utiliser des gobelets
en plastique.

… et sur les déchets alimentaires : Chaque année en France sont jetées près de 12 millions
de tonnes de nourriture et une personne génère en moyenne 350 kilos de déchets alimentaires
par an.

? Que pouvez-vous faire ?


Connaissez-vous la méthode BISOU ? Créée par Marie Duboin et Herveline Verdeken elle est
une aide efficace quand on commence à vouloir réduire sa consommation. La méthode BISOU,
ce sont 5 questions essentielles à se poser avant tout achat.

B comme Besoin : A quel besoin cet achat répond-il chez moi ?


I comme Immédiateté : En ai-je besoin immédiatement ?
S comme Semblable : Ai-je déjà quelque chose de semblable qui pourrait faire l’affaire ?
O comme Origine : Quelle est l’origine de ce produit ?
U comme Utile : Cet objet va-t-il m’être utile ?

Voici de quoi vous aider à ne pas surconsommer.

95 Libres - Vers un travail qui a du sens


Vous pouvez faire un tour à la Maison du zéro déchet dans le 18ème arrondissement de Paris,
faire vos courses dans des magasins de vrac, lire des livres tels « La famille zéro déchet » de
Jérémie Pichon, Benedicte Moret ou encore « Ça commence par moi » de Julien Vidal et bien
évidemment, tout faire maison.

J’ai aussi fait une vidéo à ce sujet sur ma chaîne Youtube Hélène Picot : Changement de vie,
écologie et zéro déchet.

Car parmi tout cela, un îlot de bonnes pratiques voit le jour, c’est le cas notamment avec
Le Club Génération Responsable®, où comment (R)évolutionner le commerce de réseau.

Issue du monde du retail, Jocelyne Leporatti a œuvré pendant 25 ans dans des grandes
entreprises et a participé notamment à l’installation des premières Fnac en région, du
temps où l’enseigne était encore dirigée par le fondateur et où planait le doux vent de la
culture familiale au sein des entreprises. Elle aimait le point de vente en tant que tel. Au
fil des années, Jocelyne Leporatti a pu constater que les entreprises du commerce organi-
sé mettaient beaucoup de marketing en avant mais sans jamais faire attention au terrain.
Tout émanait du siège et les enseignes devaient suivre sans sourciller.

Elle a donc fait un premier pas de côté en créant sa boîte afin d’accompagner les entreprises
pour améliorer leur connaissance et communication avec leurs succursales en région. En
2006, elle découvre Switcher, une marque de textile durable complètement atypique car du
tissu à la fin du cycle de vente, tout y était responsable.

Toujours en action, Jocelyne décide de rencontrer le fondateur, Robin Cornelius et en


quelques jours, notre wonderwoman stoppe son activité pour monter le Club Génération
Responsable®.

De l’audace, il en fallait sacrément, nous étions en 2007, année où la RSE et l’environnement


étaient encore malheureusement une non-priorité pour les marques. Cependant, à force
de pugnacité, 5 premiers clients la suivent et elle organise un déplacement à Lausanne à la
rencontre de ce Robin Cornelius.

Tout le monde fut emballé par la rencontre mais vint la question du « comment intégrer
cela dans nos entreprises ? ». De cinq membres du club, ils passèrent à 8 puis 10... Jocelyne
a traqué les experts, visionnaires, grands témoins et organisé des talks pour montrer les
initiatives existantes et inspirer les vocations.

L’ambition de Jocelyne et du Club Génération Responsable® n’est pas d’être uniquement


dans les idées mais de réellement faire bouger les choses, changer les pratiques dans le
commerce et les enseignes en amenant pédagogie, évaluation, changement profond et mise
en place de communication spécifique.

Dis-moi pour qui tu travailles ? 96


Les choses se font petit à petit, on ne peut pas changer une entreprise ancienne école en
une entreprise entièrement verte en quelques semaines mais au fur et à mesure, les bonnes
questions se posent, les mentalités changent et les actions sont mises en place.

Il est nécessaire de faire changer la direction, c’est pourquoi Jocelyne réussit à réunir
les présidents de ces grandes boîtes autour d’un dîner avec la présence d’experts et de
personnalités, comme par exemple Nicolas Hulot ou encore le président de l’Institut de
l’économie circulaire européen. Ils étaient douze présidents au premier dîner, ils sont
désormais une trentaine ! Le Club a même organisé un week-end avec Pierre Rabhi.

L’objectif : chercher à créer une dynamique ensemble car à plusieurs, on va plus loin !

Grâce à lui, les enseignes ont pu créer des groupements par métier pour trouver des filières
de recyclage plus facilement. Le club travaille par exemple en ce moment sur une filière
de recyclage des cintres. Le fait de mutualiser des idées jusqu’au process final permet
d’avancer mieux et plus rapidement, les concurrents travaillent main dans la main, c’est
quelque chose de phénoménal.

Le club met en place des ateliers de travail sur la performance énergétique et l’écologie so-
nore des points de vente, l’agroécologie, etc… Et chaque année, ça bouge !

À titre d’exemple

- Dans une logique d’économie circulaire et solidaire, Maisons du Monde et le réseau


Emmaüs ont déployé un partenariat national, permettant d’offrir une deuxième vie
aux produits déclassés.

- Afin de faciliter une meilleure conciliation des temps de vie et d’améliorer la qualité de vie
au travail, La Poste a développé un dispositif qui propose une offre complète et originale
pour aider les postiers en situation d’aidants familiaux.

Depuis 2018, le Club a aussi lancé l’évènement Ensemble pour le climat avec 15 enseignes
et 15 000 points de vente jouant le jeu. L’objectif est de donner des clés pour agir aux
salariés mais aussi aux citoyens/consommateurs tout en montrant ce que les entreprises
sont en train de mettre en place.

Les prochaines étapes : créer une Fondation ensemble pour le climat et relancer
le Magazine Euphorie dédié aux initiatives responsables des enseignes.

www.generation-responsable.fr et www.pourleclimat.com

Le saviez-vous ?

Petit point sur l’énergie


Bien évidemment, c’est l’enjeu majeur. L’énergie est partout dans notre société. Dans toutes les
industries, dans nos vies de tous les jours. Pas un pan de notre société n’y échappe, sauf pour

97 Libres - Vers un travail qui a du sens


certains avant-gardistes qui ont repris des techniques du passé. Comme par exemple le fait
d’amener une agriculture sans pétrole avec des outils manuels, le cheval qui reprend sa place
dans les cultures.

Mais avant de changer le modèle d’énergie, il nous faut déjà passer à la Sobriété énergétique.
Il n’est pas utile de diminuer le CO2 si nous ne changeons pas nos manières d’utiliser l’énergie.
Sinon, le risque d’effet rebond est pire que mieux.

L’effet rebond en un exemple : Quand on vend des voitures plus efficaces énergétiquement, on
peut se dire que la consommation du ménage en essence va diminuer… Mais non, et c’est même
l’inverse qui se produit ! Car le simple fait de se dire que notre voiture est plus propre va nous
faire l’utiliser davantage… La nature humaine.

Nous avons fonctionné sur les énergies fossiles depuis la révolution industriel. L’énergie touche
tous les secteurs : pétrolier, nucléaire, transport, consommation…

? Que pouvez-vous faire ?


Nous pouvons aussi à titre individuel changer nos fournisseurs d’accès à l’électricité en utilisant
un fournisseur plus vert. Je suis chez Planète Oui mais vous en avez d’autres comme l’indique un
classement GreenPeace (Enercoop, UrbanSolar, Ilek, Plum Energie) et si vous vous sentez perdu
face à ces fournisseurs, vous pouvez passer par le site jedonnedusens.com qui vous aidera dans
votre changement.

Je ne vais volontairement pas approfondir ce sujet, pourtant crucial mais je vous engage à
écouter Pablo Servigne ou encore Jean-Marc Jancovici.

›  Le secteur de la mode : tisser un nouveau modèle

Le secteur de l’habillement est pointé comme le deuxième pollueur de la pla-


nète après l’énergie et serait ainsi responsable de 10% des émissions de car-
bone dans le monde, 20% des rejets d’eaux usées et 22,5% de l’utilisation des pes-
ticides, selon les chiffres diffusés par le ministère de la transition écologique.
Les prises de conscience se multiplient et le secteur de la mode est en train de vivre un
changement de paradigme complet. Une révolution notamment en marche grâce à
des acteurs qui bougent les lignes avec des convictions fortes et la nécessité de contri-
buer à un monde plus responsable. Des marques comme Patagonia ou encore Stel-
la Mac Cartney font figure de proue, tirant dans leur sillage le secteur tout entier.

La majorité des acteurs paraissait attentiste depuis l’affaire du Rana Plazza (le 24 avril
2013, 1 135 personnes sont mortes dans l’effondrement d’un immeuble au Bengladesh,
immeuble qui regroupait plusieurs ateliers de confection pour de grandes marques
internationales) et restait silencieuse face à son impact environnemental et humain.
Dis-moi pour qui tu travailles ? 98
Mais nous assistons à une montée en puissance des marques prenant conscience que
le marché doit changer. Désormais, de nombreuses enseignes se sentent
suffisamment prêtes pour parler « responsabilités » sans avoir peur de se faire accu-
ser de green washing. C’est l’exemple de Zara qui était attendu au tournant. Ils n’ont
commencé à communiquer sur le sujet, notamment de la durabilité, qu’en 2019 car
pendant cinq ans, la marque a travaillé dessus en sous-terrain. En parallèle, ils œuvrent
à ce que zara.com soit une boutique en ligne éco-suffisante (94 % de l’énergie consommée
par les serveurs et bureaux de zara.com provient de sources renouvelables) et ont mis
en place un système de collecte de vêtements (tout comme H&M) pour recycler les tissus.

Les marques se sentent prêtes et solides pour entamer le changement, mais il faut dire
qu’elles sont aussi poussées à le faire par les consommateurs, en train de changer leur
manière de consommer et par les pressions réglementaires (Loi anti-gaspillage et anti
destruction des invendus, loi Pacte…). Forcément, ça aide à la transformation vers
une responsabilité accrue. Un nouveau pas a aussi été franchi pendant la COP21 avec
le lancement du Fashion Pact. C’est une coalition mondiale d’entreprises de la mode et du
textile ainsi que de fournisseurs et distributeurs, engagés autour d’un tronc commun de
grands objectifs environnementaux centrés sur trois thématiques : l’enrayement du ré-
chauffement climatique, la restauration de la biodiversité et la protection des océans.

Réalisé depuis plusieurs années, couvrant tous les types de consommateurs


(Paris/province, hommes/femmes, âges…) et incluant un large panel de marques allant
de la Société Générale à Dior en passant par Decathlon, le baromètre Brand’Gagement du
cabinet de transformation Kéa est riche d’enseignements. Toutes les études
consommateurs montrent que le driver d’achat numéro 1 reste le prix à 75 %. Mais ce
qui est très intéressant, c’est que face aux questions : « Demain, préférez-vous une marque
qui s’engage ?  », « Seriez-vous prêt à ne pas consommer car l’entreprise ne se soucie pas
de l’aspect éthique ? » et « Seriez-vous prêt à payer plus pour une marque engagée ?  »,
les réponses positives aux trois questions ont grimpé de 10 points en deux ans, amenant
le score à 63 %. Ça donne un peu d’espoir.

Le changement de paradigme est extrêmement fort. Le marché de l’occasion va dépasser


le marché du textile dans les quatre ans selon le Fashion Reboot (nouveau nom du
séminaire annuel de l’Institut Français de la Mode où il est désormais question de repenser
la mode et de lui donner un nouvel élan).

Les perspectives de consommation sont positives, il n’y a pas de déconsommation à


proprement parler mais plutôt une manière de consommer différemment. La seconde
main et l’éco-responsabilité s’invitent à la table. À voir par exemple, le taux de pénétration
de Vinted avoisinant les 52 %.

Toutes les marques aujourd’hui planchent sur le sujet de la responsabilité sociétale et en-
vironnementale (RSE). Le phénomène est rapide et irréversible car la mutation est, elle,
urgentissime.
Cette mutation va passer aussi par la refonte des modèles économiques et un vrai

99 Libres - Vers un travail qui a du sens


changement de position pour aller vers le « vendre moins mais mieux ». Il est nécessaire
de travailler des business models moins profitables qu’avant. Le mix entre consommation
responsable, voire militante, et consommation intensive avec des chaînes comme Action ou
Boohoo, qui ne travaillent que sur les prix bas, va continuer à s’accroître. Au milieu de cela,
la consommation plus raisonnée va s’inscrire sur le long terme.

Les Galeries Lafayette ont lancé le mouvement Go for Good en faveur d’une mode
responsable. Vous pouvez trouver en ligne et en magasins des centaines de marques et
produits qui ont un impact positif sur l’environnement, le développement social ou
la production locale. Vêtements en  coton bio  ou certifiés  Oeko-Tex,  collections  made in
France, cuir au tannage végétal ou cosmétiques naturels… et dans un même temps, ils font
des grands jours de promotion. Les boîtes jouent encore sur plusieurs tableaux, sinon elles
ne pourront plus vivre. Il faut savoir que 50% des achats sont faits en soldes ou en promos
contre 29% il y a dix ans.

Mode durable, textile recyclable, bio, on commence seulement à estimer le marché.


Il avoisine les 7 milliards d’euros soit 15% du marché global selon les premières estimations.
29 % des Français ont acheté au moins 1 produit de mode durable cette année.
Ces chiffres montent à 73 % sur l’alimentation bio et 57  % pour les cosmétiques bio.
26  % des marques s’engagent sur le durable contre 8  % il y a quelques années.
Nous n’en sommes qu’au début, il va y avoir une montée en puissance très rapide car les consom-
mateurs sont en train de changer. Les grands acteurs vont hybrider leurs modèles en conti-
nuant à faire ce qu’ils font mais de manière plus responsable avec du «  moins mais mieux ».
Ils travaillent tous, par exemple, sur le fait de moins acheter, de mixer proches
imports et lointains imports et de gérer au plus tendu la temporalité des achats,
arrêtant ainsi d’acheter des mois à l’avance ce qui engendrait beaucoup de déchets. Dans
les années 1990  - 2000, le secteur de la mode a connu dix ans d’euphorie à construire
des croissances intensives en France et à l’international où la demande était supérieure
à l’offre. Mais dès 2008, avec la crise, il a été nécessaire d’optimiser les coûts.

Aujourd’hui, c’est la décennie de transformation profonde des business model.


Ce qui est sûr, c’est que le secteur va se redynamiser et muter en profondeur. Cela va
aussi redonner du sens à certains métiers du secteur et en créer de nouveaux (et pas
seulement dans les data et le digital). Le secteur va susciter à nouveau de l’appétit auprès
des jeunes diplômés, appétit qui était plutôt à la disette, car œuvrer à la responsabilisa-
tion d’une filière va être passionnant. Des ingénieurs vont réétoffer le secteur sur le volet
industriel car il y a besoin de créer ou recréer des tissus. Pour exemple, le coton, même
bio, est un désastre écologique. En plus de contribuer à la désertification des champs
(le fameux désert vert) où le coton pousse, sa transformation nécessite énormé-
ment d’eau. Le coton recyclé est extrêmement difficile à créer et des centres de re-
cherche sont en train de travailler dessus. Cela peut donner des idées aux ingénieurs en
devenir. De nouvelles matières voient le jour à base de végétaux : chanvre textile, liège, cuir
à base d’ananas, mais vous pouvez plancher pour en faire émerger d’autres.

Dans le monde du luxe, Stella Mac Cartney a lancé la fourrure Koba, constituée de

Dis-moi pour qui tu travailles ? 100


fibres végétales pour produire une fausse fourrure douce et entièrement recyclable.
(À noter que la reine d’Angleterre, elle-même, a décidé d’arrêter d’acheter de la fourrure).
L’Angleterre avait déjà interdit sur son territoire l’élevage d’animaux pour leur  fourrure
depuis 2000. La fourrure est un désastre pour l’animal, dépecé souvent vivant, sa
production étant aussi extrêmement polluante.

Les marques doivent aussi devenir des acteurs preneurs de l’économie circulaire. La se-
conde main et la capacité à récupérer des vêtements pour en refaire doit être au cœur
des modèles. De plus en plus d’enseignes proposent désormais un service location et
aussi de reprise de vêtements. Pour ce qui est de la deuxième option, ils reprennent
les vêtements en échange d’un bon d’achat avec remise. Alors oui, ça diminue les dé-
chets mais cela engendre encore de la consommation… Pour les services de location,
H&M s’y est mis aussi. Quant au marché de la seconde main, c’est le grand boom ! Il
y a certes la success story de Vinted, ce site permettant à des particuliers de vendre
leurs vêtements. 3,3 millions de visites par jour, 2 à 3 articles vendus chaque seconde.
Petit Bateau, Camaïeu, Sézanne et d’autres ont surfé sur ce modèle et ont créé aus-
si des applis pour permettre à leurs clients de revendre entre eux. Alors oui, il y a du
mieux, mais c’est en oubliant les déchets engendrés par les emballages et les envois pos-
taux. Mieux vaudra toujours acheter directement dans un magasin de seconde main.
À noter que le marché de la seconde main représente aujourd’hui… 17 milliards d’euros !

Vous trouvez aussi une marque comme Bocage, qui a lancé ce service de location
depuis déjà quelques années. Vous achetez un abonnement et pouvez louer une paire de
chaussures que vous garderez au moins deux mois. Quand elle ne vous convient plus, vous
la ramenez et en choisissez une autre. Toutes les paires rapportées en boutique sont re-
conditionnées dans leur usine de Montjean-sur-Loire. Ils ont créé un brevet garantissant
un traitement 100% anti-bactérien et une remise en forme irréprochable. Toutes ces paires
de seconde main sont ensuite à nouveau proposées dans leurs corners.

Chaque société va se poser les bonnes questions et s’organiser pour ensuite mettre
les idées en commun. Le secteur de la Mode tout entier doit se transformer.
Je limite complètement mes achats de vêtements et privilégie les magasins de seconde
main ou des marques responsables comme La vie est belt. Chaque année, près de 200 000
tonnes de tissus et vêtements sont collectés pour être revendus en seconde main ou broyés.
La vie est belt a décidé de leur donner une seconde vie, en France, à Roubaix. Ils fabriquent
des ceintures en pneus, des caleçons 100% locaux et fabriqués à la main à 100 % avec du
linge de maison upcyclé. Et tout ça en employant des personnes en situation de handicap.
Des entreprises de ce type, il y a de plus en plus, alors furetez et faites vos achats respon-
sables en limitant vos déchets.

À côté de cela, il y a encore des affaires terribles comme celle des Ouïghours en Chine.
Selon l’Institut australien de stratégie politique, la Chine a transféré des dizaines de mil-
liers de membres de la minorité musulmane ouïghoure, détenus dans des camps d’interne-
ment, vers des usines fournissant au moins 80 des plus grandes marques mondiales de la
mode (Adidas, Lacoste, Gap, Nike, Puma, Uniqlo, H&M...), de l’automobile et de la technolo-

101 Libres - Vers un travail qui a du sens


gie. À ceux qui trouvent que les chauffeurs Uber sont esclavagisés…

Alors à tous les fashionistas, arrêtez de consommer de la fast fashion sans cesse, vous contri-
buez à l’esclavagisme, la pollution, la souffrance animale, on a connu plus glamour, non ?

À savoir

Oeko-tex est un label écologique pour les produits textiles, garantissant l’absence de subs-
tances nocives pour la santé, la peau et l’environnement.

Par ailleurs, le gouvernement souhaite mettre en place un étiquetage spécial sur les vête-
ments d’ici à 2022. 9 critères seront pris en compte  : émission de gaz à effet serre, toxi-
cité aquatique, consommation d’eau, épuisement de ressources minérales, impact sur les
ressources énergétiques, acidité dans l’eau, pollution photochimique, eutrophisation et
impact sur la biodiversité. Enfin, il avait déjà voté la loi sur le devoir de vigilance,
absolument pas contraignant financièrement pour les entreprises…

On sait comment cela va finir  ! Le devoir de vigilance est une obligation faite aux
entreprises donneuses d’ordre de prévenir les risques sociaux, environnementaux et de
gouvernance liés à leurs opérations mais qui peut aussi s’étendre aux activités de leurs fi-
liales et de leurs partenaires commerciaux (sous-traitants et fournisseurs).

À nos niveaux citoyens, vous pouvez télécharger l’appli ClearFashion, le Yuka de la mode. Il
vous suffit ensuite de scanner l’étiquette pour savoir si ledit vêtement a une bonne note ou
non concernant ses impacts sur l’environnement, mais aussi sur le bien-être des salariés,
des animaux et sur la santé en général.

En définitive, je pourrais élargir ce chapitre à toutes les entreprises et tous


les secteurs. L’industrie, l’énergie, l’immobilier… Et même les collectivités. Chacun doit
entamer une reconversion profonde car nous ne pouvons plus continuer à agir
de la sorte. Et de toute façon, si les entreprises ne changent pas, elles tomberont
d’elles-mêmes car plus personne ne voudra travailler pour elles. C’est déjà ce qui se
produit dans de nombreuses grandes entreprises, je le vois quotidiennement avec
chaque jour davantage de salariés venant à moi pour changer de vie, se reconvertir, quit-
ter un système qui ne leur convient plus et, même à des niveaux de direction. Demain, ils
seront toujours plus nombreux, jusqu’à ce qu’ils ne restent plus personne dans le bateau.
Alors Entreprises, œuvrez à vos raisons d’être en intégrant les hommes et femmes qui sont
encore dans vos rangs, transformez-vous en profondeur en ayant toujours en ligne de mire
« Qu’allons-nous laisser à nos enfants ? », car c’est de cela dont il s’agit.

Les entreprises vont se transformer et de nombreux métiers naissent et vont continuer à


voir le jour grâce à cette transition. Comme par exemple dans la mode, où, comme nous
l’avons vu plus haut, les ingénieurs doivent plancher sur un nouveau matériau pour créer
du tissu de qualité. Les métiers liés au recyclage et à l’économie circulaire vont avoir le vent
en poupe. Des analystes de plus en plus pointus arriveront en masse pour connaître au plus
près le nombre de ventes et ainsi, diminuer les stocks et par la force des choses, les invendus.

Dis-moi pour qui tu travailles ? 102


Des acheteurs formés à l’impact environnemental seront aussi de plus en plus nécessaires.
Plus encore que les directeurs de la RSE, je pense qu’un métier, voire un service entier lié
à la transition écologique devrait être créé dans chaque entreprise, ainsi que l’obligation
d’effectuer un audit annuel par une société externe (et neutre).

? Que pouvez-vous faire ?


Quant à nous, consommons moins mais mieux. Allons donner quelques euros
à nos cordonniers de quartiers plutôt que de racheter une paire de chaussures.
Arrêtons de nous transformer en zombies hystériques quand les soldes commencent.
Privilégions les magasins de seconde main ou les marques responsables. Fabriquons
nos produits ménagers, nos cosmétiques. Tant que nous continuerons à acheter,
ils continueront à produire.

• Quelques exemples d’entreprises « nouveau monde »

Too good Too Go : Réduire le gaspillage alimentaire

Partie du constat qu’un tiers de la nourriture produite dans le monde est gaspillée,
Lucie Basch, jeune ingénieure centralienne, crée Too Good Too Go en juin 2016 en
France. Elle permet à chacun de s’engager à son échelle contre le gaspillage en mettant
en relation commerçants de bouche et utilisateurs afin que ces derniers récupèrent
les invendus des commerces alentours en fin de journée. Géolocalisés sur l’application,
les utilisateurs repèrent les commerçants partenaires autour d’eux, commandent
un « panier surprise » composé des invendus du jour, payent un petit prix en ligne
et se présentent sur place aux heures de collecte indiquées afin de récupérer leur
panier. En 2019, grâce à cette appli, 10 millions de repas ont été sauvés, 11  000
commerçants (commerces de proximité, restaurants, supermarchés, hypermar-
chés, indépendants, chaînes, franchisés...) sont déjà partenaires dans toute la France.
L’appli compte 5 millions de téléchargements  ! Pour info, 10 millions de tonnes de
nourritures  équivalent à 15,3 millions de tonnes de CO2 (ce qui équivaut à un an de chauffage
au gaz pour un 3 pièces à Paris ou encore 20 allers-retours Paris-Londres en avion…). Leur
ambition  : Réduire de moitié le gaspillage à horizon 2025  !

? Que pouvez-vous faire ?


Quant à vous  : Apprenez à cuisiner (ou à réutiliser) vos déchets, par exemple pour un super
gommage gratuit  : du marc de café et un peu d’huile d’olive. N’achetez que ce dont vous avez
besoin. Faites un compost si vous pouvez.

Aroma-zone  : Une famille bien dans sa peau.

Une belle histoire de famille lancée en 1999 par Anne-Cécile & Valérie Vausselin pour faire
connaître les huiles essentielles. Tout commence par un site d’information sur l’aromathé-
rapie pour devenir quelques années plus tard, en 2005, la fameuse enseigne que nous
connaissons. Le principe  : proposer tout le nécessaire (bio, naturel et sain) pour faire ses
cosmétiques et produits d’entretien maison, du shampooing, à la crème pour peau sèche
103 Libres - Vers un travail qui a du sens
en passant par la lessive. Par ailleurs, la marque a pour valeur forte la transmission. Elle
met ainsi gratuitement à la disposition des internautes plus de 3 000 recettes et propose
pour une trentaine d’euros des ateliers pour apprendre à faire ses cosmétiques maison.
Aroma-Zone a repensé la répartition de valeur traditionnellement observée dans l’industrie
cosmétique, en s’approvisionnant sans intermédiaire auprès de producteurs en direct et en
proposant aux consommateurs des produits naturels, de qualité, pour des prix très acces-
sibles n’incluant ni coûts de transformation ni coûts marketing, ni coûts d’intermédiaires.
Les produits sont tous issus de l’agriculture biologique, la plupart locaux et ne sont pas tes-
tés sur les animaux. Les emballages sont recyclables. Aujourd’hui, Aroma-Zone est présente
dans six villes françaises via des boutiques ateliers, le reste des commandes se faisant en
ligne ( à noter que le site additionne 3 millions de visiteurs par mois  ! ).

Avec un effectif de plus de 120 salariés, dont 80 % issus de formations scientifiques, son
chiffre d’affaires progresse en moyenne de 25 % par an depuis trois ans pour atteindre
66 millions d’euros en 2018, dont 16 % réalisés à l’étranger.

Un bel exemple de réussite qui montre que sans publicité, un bon produit se vend toujours.
Par ailleurs, du fait de la prise de conscience des consommateurs quant aux ingrédients
néfastes (perturbateurs endocriniens, allergènes, irritants) présents dans la plupart des
cosmétiques classiques, des entreprises telles qu’Aroma-Zone, Lamazuna, ont encore de
très beaux jours devant elles et c’est tant mieux !

En ce qui me concerne, je fais tous mes cosmétiques, dentifrices, déo, lessive maison, ça
prend quelques minutes à peine, c’est écologique et économique. Econologique en somme.

? Que pouvez-vous faire ?

La recette du dentifrice :
3 cuillères à soupe d’huile de coco vierge que vous faites chauffer pour qu’elle se liquéfie
1 cuillère à café de bicarbonate de soude
1 cuillère à café d’argile blanche
3 gouttes d’huile essentielle de tea tree
6 gouttes d’huile essentielle de menthe poivrée
3 gouttes d’huile essentielle de clous de girofle
5 gouttes d’extrait de pépins de pamplemousse en prime si vous le souhaitez.

VEJA : Une entreprise bien dans ses baskets.

Transparence et responsabilité et zéro publicité ! Pour une grande marque de baskets,


70 % du prix de la chaussure va à la publicité, la communication et au marketing, contre
30  % pour les matières premières et la main d’œuvre. Autrement dit, seulement 30  %
vont à la réalité du produit (source : VEJA) ! De ce constat, François-Ghislain Morillion et
Sébastien Kopp créent VEJA en 2003. VEJA signifie «  regarde  » en portugais  : «  regarde
ce qu’il y a derrière les baskets  ». En supprimant les coûts de la publicité, ils peuvent
créer des baskets cinq fois plus chères à fabriquer, tout en les proposant au même prix
Dis-moi pour qui tu travailles ? 104
que les grandes marques dans les magasins et ainsi allouer davantage de moyens à la
production, aux matières premières et à l’environnement.

VEJA tisse des liens forts avec les producteurs et achète selon les règles du commerce équi-
table : préfinancement des récoltes, prix complètement décorrélés du marché et fixés dans
un contrat de trois ans. Ils commencent à fabriquer dans une usine de Porto Alegre au Brésil,
région où les droits sociaux sont forts, les horaires de travail raisonnables. Retour en France
pour trouver une plateforme logistique. Ils rencontrent une association de réinsertion par
le travail, Ateliers Sans Frontières, à Bonneuil-sur-Marne avec qui ils lancent un partenariat.

Quelques années plus tard, ils décident de lancer des baskets en cuir, mais… en cuir vé-
gétal. En parallèle, ils testent au Brésil un nouveau tissu fait à 100% avec des bouteilles
en plastique recyclé. En 2005, la marque commence à prendre et des boutiques com-
mencent à les appeler partout dans le monde. Aujourd’hui, VEJA, c’est une équipe
de 100 personnes et deux bureaux (en France et au Brésil). La marque est présente
dans 60 pays dans le monde et a déjà vendu plus de 3 millions de paires de baskets.
VEJA est transparent et éthique dans son produit mais ils ont aussi été plus loin en désirant
aussi une transparence et une cohérence écologique pour l’entreprise en tant que telle. Ils
ont donc opté pour des banques comme la NEF ou le Crédit coopératif, qui n’ont pas de fi-
liales dans les paradis fiscaux et passent par ENERCOOP pour l’électricité. Vous savez ce
qu’il vous reste à chausser  !

? Que pouvez-vous faire ?


VEJA est un cas pratique passionnant qui montre bien que sans publicité, un bon
produit se vend. Méfiez-vous de la publicité en règle générale. Si l’on vous vente
les mérites de telles ou telles choses sur tous les 4x3, les écrans et les réseaux, dites-
vous bien qu’il y a un couac. Un bon produit ou service fonctionne au bouche-à-oreille.
De la même manière, lorsque l’on vous offre «  gratuitement » quelque chose, que ce soit un
ebook, une conférence, un échantillon, c’est louche. Si c’est gratuit, c’est toi le produit. On
vous demandera rapidement votre adresse email pour vous vendre quelque chose.

Yuka : l’application lanceuse d’alerte

Yuka, cofondée par 3 personnes (Julie Chapon, François Martin et Benoît Martin) est
une application qui scanne vos produits alimentaires et cosmétiques et analyse leur
impact sur la santé. Lancée en France en 2017 et désormais présente dans huit pays eu-
ropéens, elle permet en un clin d’œil de déchiffrer pour vous les étiquettes : vous vi-
sualisez les produits qui sont bons et ceux qu’il vaut mieux éviter. Aujourd’hui, Yuka
est composée de 11 personnes et réalise un chiffre d’affaires de 600  000  € (75  % ve-
nant de l’achat premium de l’appli, 15  % venant  de la vente du calendrier et 10 %
venant du programme nutrition qu’ils ont créé, 10 semaines pour tout changer à 59 €).
Le tour de force est donc qu’ils sont totalement indépendants et qu’ainsi, aucune marque
ne peut influencer Yuka dans les notations et recommandations. Il n’y a pas de publici-
tés, aucune exploitation de vos données et un financement de l’appli tout à fait sain.

105 Libres - Vers un travail qui a du sens


Aujourd’hui 16 millions de personnes ont téléchargé Yuka et les résultats* quant à
l’impact de l’appli sont considérables  : 95  % des utilisateurs ont arrêté d’acheter
les produits contenant des additifs controversés, 84  % achètent davantage de produits
bruts, 78  % achètent davantage de produits biologiques, 83  % des utilisateurs achètent
moins mais de meilleure qualité. En moyenne, c’est une dizaine de produits que
les consommateurs arrêtent net d’acheter.

Vu le nombre de consommateurs que cela engendre, certaines marques ont


commencé à se bouger. Intermarché va reformuler 900 de ses recettes en sup-
primant 142 additifs. Monoprix a déjà supprimé les additifs (E250, E331, E407,
E301) et réduit le sel dans le club sandwich dinde fromage frais ciboulette.
Alors, on peut se féliciter de ces nouvelles mais un arrière-goût amer me reste en bouche,
comment ces industriels, connaissant parfaitement les effets négatifs de ces additifs,
du sel, du sucre (ajouté dans quasiment tous les produits pour nous rendre accros) ont pu,
et continuent à proposer pour certains d’entre eux, aux consommateurs, ces bombes. Juste
pour le profit. Oui, juste pour le profit et vous êtes, nous sommes, les jolis dindons.

Alors, merci Yuka, comme quoi, nous avons véritablement le pouvoir. La bascule vers un
monde plus sain, éthique, responsable commence bel et bien par nos portefeuilles.

? Que pouvez-vous faire ?


Je pousserais la démarche encore plus loin, pour votre santé et l’environnement, arrêtez
toutes formes de produits industriels, placez un filtre à osmose inverse sous le robinet de
votre cuisine ou achetez une fontaine de bonne qualité pour avoir de l’eau saine afin d’éviter
les bouteilles en plastique, ne consommez plus de produits emballés (ou limitez ceux-ci,
sinon prenez vos sacs réutilisables) et fabriquez vous-même vos produits ménagers et cos-
métiques. Quant aux fruits et légumes, achetez-les bio, locaux et de saison.

1083

Pourquoi ce nom ? Un jeans conventionnel parcourt jusqu’à 65 000 kilomètres lors de sa


fabrication alors que 1 083 kilomètres seulement séparent les deux villes les plus éloignées
de l’hexagone.

En 2013, Thomas Huriez lance la marque 1083, les jeans made in France, avec l’es-
poir de vendre 100 jeans en financement participatif... Six ans plus tard, ils ont
créé 150 emplois dont 65 emplois directs ! Depuis septembre 2018, 1083 a créé
l’école du jeans à Romans pour redévelopper le savoir-faire de la confection des
jeans. Ils ont récemment lancé le jeans Infini : le premier jeans recyclé, consigné et
recyclable à l’infini !

Grâce à la consigne, ils récupèrent votre jeans en fin de vie, pour le retransformer en jeans
neuf. C’est ça, l’économie circulaire idéale  : concevoir et fabriquer un produit de telle sorte
qu’en fin de vie, il soit la matière première du même produit neuf ! Une boucle vertueuse

* - Questionnaire en ligne sur un panel de 230 000 détenteurs de l’appli


Dis-moi pour qui tu travailles ? 106
dans laquelle on transforme les déchets en ressources.

Lamazuna

Fondée en 2010 par Laetitia Van de Walle, Lamazuna crée et propose une gamme de
cosmétiques solides : shampoing, déodorant, dentifrice… Ils sont tous 100% d’origine
naturelle et végane. Aujourd’hui, Lamazuna, c’est plus de 50 salariés à temps plein qui
travaillent en équipe en cohérence avec les valeurs et une éthique éco-responsable.
Ils sont basés dans la Drôme depuis juillet 2018, après avoir déménagé de Paris avec
l’équipe originelle d’une dizaine de personnes ! Ils sont même en train de créer un éco-lieu
avec une micro ferme en permaculture, et ont un projet de micro-crèches. Aujourd’hui,
les produits Lamazuna sont présents dans plus de 2 000 boutiques dans le monde entier
et sur leur site internet.
www.lamazuna.fr

107 Libres - Vers un travail qui a du sens


108
4
Les nouvelles manières de travailler

Télétravail, remote working, coworking, fablabs, slasheurs, slow working, temps partiel,
néo-ruraux, digital nomades… Depuis une décennie, nous voyons apparaître tous ces nou-
veaux modèles et nouvelles manières de vivre son travail. Nous ne travaillons plus, nous
vivons notre travail.

Être enfermé dans un bureau 7 heures par jour 5 jours sur 5 ne devrait plus être une obli-
gation. Cet ancien modèle est révolu. Il brime le salarié, l’empêche de laisser s’exprimer
sa créativité et le réduit au rôle de machine. Aujourd’hui, la personne qui travaille sou-
haite de la liberté, du sens, de la flexibilité, du bien-être et pour ce faire, elle n’hésite plus
à changer de voie, de vie, à se reconvertir, à quitter sa région pour aller goûter à l’herbe
finalement meilleure ailleurs. Le modèle du travail à l’ancienne, cloîtré dans une boîte, à
passer un quart de son temps en réunion ne fait plus recette et rares seraient les personnes
désireuses de signer à nouveau pour cela si on leur en donnait la possibilité.

Moi, je suis une nomade. Mon camp de base est à Montmartre mais je travaille et vis par-
tout (en province, en Espagne, au Maroc, en Grèce, aux Etats-Unis…) bien que je réduise
au maximum mes déplacements en avion. Je travaille chez moi, dans un AirBnB, dans
des chambres d’hôtels, dans des yourtes, dans des cafés, des espaces de coworking. Je n’ai
besoin que d’un téléphone, d’un cahier, d’un stylo et d’un ordinateur. Je suis ce qu’on
appelle une slasheuse, bien que j’ai horreur de ce nom car il ne sert qu’à étiqueter et
donc à réduire une personne. J’écris, j’aide ceux qui le souhaitent à changer de vie, de
voie, je donne des conférences ( sur les nouvelles manières de travailler, la reconver-
sion et le développement de l’intuition,  …  ) et organise des marches dans la forêt pour
les entreprises, j’étais, jusqu’à l’année dernière, agricultrice urbaine et secrétaire générale
de la SAUGE (Société d’Agriculture Généreuse et Engagée) et je continue à me former sur des
sujets qui m’intéressent, principalement sur la santé et l’alimentation.

Je suis convaincue que nous sommes tous multi-potentiels. L’être humain est créateur mais
à force de le conditionner il finit par l’oublier. C’est pourquoi toutes ces nouvelles manières
de travailler permettent à la personne d’accroître ses compétences, de renouer avec ses ta-
lents propres, de se libérer des carcans et d’ouvrir son esprit.

Mais où exercer ses talents et compétences ? Dans une ferme, un tiers-lieu, un espace de
coworking, un bateau… Une chose est sûre, le bureau à l’ancienne tend à disparaître ou tout
du moins, se reformater.

Depuis 1970, la surface de bureau a été divisée par quatre pour des raisons de coûts,
principalement. Les collaborateurs se serrent, les open space ont été privilégiés au
détriment des bureaux fermés, conservés, eux, pour la direction. L’un des avantages
désormais est cette vague de libération de l’entreprise et la possibilité de travailler par-

109 Libres - Vers un travail qui a du sens


tout pour une bonne frange de la population salariée. La loi sur le télétravail a vu le jour
(  un quart des Français pratiquent le télétravail ), certaines boîtes prônent le flex office
(ou sans bureau fixe), d’autres n’ont même plus de bureau.

• Le télétravail et le remote working : travailler à distance

En 2020, il ne devrait même plus y avoir de débat sur le télétravail, ce devrait être un simple
outil de gestion des entreprises. Pourtant nombreuses sont celles qui restent frileuses
et n’abondent pas dans le sens de l’histoire et ce, même après la période de confinement que
nous avons vécu. Elles refusent purement et simplement le télétravail à leurs salariés car
elles ne leur font tout simplement pas confiance et ont peur que cela engendre une baisse
de la productivité et par voie de conséquence, du chiffre d’affaires. Or, c’est l’inverse qui
se produit à chaque fois. Un télétravailleur assumé (c’est-à-dire qui souhaite télétravailler
et non à qui c’est imposé) est plus productif lorsqu’il peut gérer son temps comme il
le désire depuis chez lui ou depuis n’importe où d’ailleurs.

Le télétravail peut être réalisé par la majorité des salariés. Même dans les secteurs ban-
caires et/ou qui nécessitent une sécurisation des PC, il suffit d’avoir un VPN (Virtual Pri-
vate Network est un système sécurisé qui protège votre trafic web). Selon une enquête
réalisée par l’Ifop pour le groupe Malakoff-Médéric-Humanis en 2019, les télétravailleurs
représentent dorénavant 29  % de l’effectif des entreprises de plus de dix salariés, soit 5,  2
millions de personnes. En un an, ce sont près de 700  000 adeptes de plus. Mais cela n’est pas
la majorité. Pour exemple, certains groupes de presse refusent le télétravail à leurs salariés.
Pourtant, ils sont pour la plupart journalistes ou commerciaux et tous deux peuvent tra-
vailler à distance. Un journaliste peut écrire où il le souhaite, un bon commercial, comme
l’adage le dit, est un commercial absent de l’entreprise car il est en rendez-vous client.
Pourtant, même dans ce type d’univers, la direction peine à accorder des jours de télétravail.
Ayez confiance en vos salariés.

Cependant, au moment où j’écris ces lignes des évènements ont boosté le télétravail
malgré lui. Les grèves  tout d’abord et le coronavirus depuis deux semaines. Concer-
nant les grèves de décembre 2019, la progression du télétravail en IDF a fait un
bond de 200 %. Tout du moins au début des grèves de 2019 car au bout de deux se-
maines, et à cause du télétravail bashing de certains journalistes ne montrant que
des salariés se sentant isolés, les entreprises se sont mises à plébisciter l’interim
( 37 % ) et le co-voiturage (  29  % ) devant le télétravail ( 28  % ), selon un sondage QAPA.
Pourquoi le télétravail n’a pas si bien marché pendant les grèves  ? Comme l’explique
l’excellent média Ze Village, traitant des nouvelles manières de travailler et fervent
défenseur du télétravail depuis plus de 15 ans, le télétravail, ça se prépare autant par
l’entreprise que par le salarié et c’est aussi à proposer sur la base du volontariat. Car pour
pouvoir travailler de chez soi en toute sérénité, il faut d’abord être hyper organisé et ai-
mer être seul. D’ailleurs, au-delà de trois jours de télétravail par semaine, des problèmes
d’isolement peuvent apparaître ainsi qu’un désengagement dû à l’éloignement
des collaborateurs.

Les nouvelles manières de travailler 110


Mais c’était sans compter sur le coronavirus qui a complètement changé la donne. Face
à cette pandémie et selon les chiffres ODOXA, 64  % des télétravailleurs pensent que le
télétravail permet d’équilibrer la vie familiale et privée, 76  % pensent que cela devrait
être développé en France et 91  % trouve (  à juste titre  ) que cela permet de réduire la pollu-
tion. Selon une étude IFOP - Securex, ils sont 70  % à vouloir continuer le télétravail après
le confinement.

Ce que l’on voit généralement, c’est que lorsque les entreprises accompagnent le télétra-
vail, tous les salariés en deviennent adeptes. Selon une étude OpinionWay après les grèves,
la quasi-totalité de ces télétravailleurs pendant les grèves ont bien l’intention de continuer
à télétravailler à l’avenir ( 93 % ) et ils sont 39  % à avoir vu leur productivité accrue pendant
le télétravail. Nous verrons dans les mois à venir comment les entreprises vont se position-
ner sur le télétravail. Mais je pense que nombreuses sont celles qui vont faire un bond consi-
dérable, acceptant plus facilement le télétravail pour leurs salariés, certaines iront même
jusqu’à bifurquer vers le remote working pour s’alléger du montant des loyers de bureaux.

Une bonne alternative aussi est d’accorder le télétravail aux collaborateurs tout en louant
des espaces de coworking pour leur permettre de bénéficier d’un cadre de travail optimal
s’ils le souhaitent.

Le télétravail est un argument de taille pour les jeunes générations notamment.


Demain (aujourd’hui pour certaines entreprises), l’entreprise en tant que bureau sera plus
une sorte de hub, de vaisseau amiral où les collaborateurs viendront quand ils ont besoin
de se rencontrer physiquement pour notamment conserver un esprit d’entreprise et une
culture forte. Le salarié choisira de passer par l’entreprise parfois et travaillera dans un
espace de coworking ou chez lui en fonction de ses envies.

Quoiqu’il en soit, entreprises, vous pouvez aussi vous faire accompagner pour mettre en
place une politique de télétravail par des cabinets comme LBMG qui travaillent sur le futur
du travail et le télétravail depuis 2010.

Certaines entreprises vont plus loin et instaurent le remote working, ou remote of-
fice, c’est-à-dire, plus de bureau du tout. Les salariés travaillent où ils le souhaitent,
même à l’autre bout du monde. Tant que le travail est fourni, tout va bien. Alors, bien
évidemment, le remote working était monnaie courante chez les freelances et les digi-
tal nomades comme moi, mais il a fallu un peu plus de temps pour que des entreprises
s’y mettent pour leurs salariés. Vu la frilosité des entreprises françaises à lancer de ma-
nière vraiment conséquente le télétravail, je pense que le remote working va conti-
nuer sa progression, (très) lentement mais sûrement. À moins d’être une entreprise
de la nouvelle économie dont la plupart des boulots ne nécessitent qu’un ordinateur.
Pour celles et ceux que cela intéresse, vous trouvez même un JobBoard, créé par un
Français, permettant de lister tous les postes en remote  : Remotive (www.remotive.io)
Il y a encore www.weworkremotely.com ou www.workingnomads.co/jobs.

Si la France est un peu frileuse, même si le Covid va contribuer à l’essor du remote


working dans les mois et années à venir, à l’international, cela devient monnaie courante,
111 Libres - Vers un travail qui a du sens
les nouvelles technologies aidant ce phénomène. Les réunions peuvent se faire en vidéo,
les outils de gestion de projets à distance, de plus en plus développés, permettent de suivre
ce qui doit l’être. C’est le cas de boîtes comme GitLab, un logiciel libre qui assure notam-
ment un système de suivi des bugs, où les 350 salariés et freelance viennent de 40 pays
différents  ; de Zappier, qui automatise des actions entre les différentes applis web
que vous utilisez quotidiennement, avec ses 200 salariés en remote  ; de Buffer,
une application qui permet de gérer ses différents comptes sur les réseaux sociaux à par-
tir d’une seule plateforme et embauche 70 personnes de 16 pays… Même Twitter France
a conservé cela après le confinement. Le remote fleurit de plus en plus, il permet une grande
réactivité en couvrant tous les fuseaux horaires notamment, cela réduit le taux d’absen-
téisme, le budget immobilier passe à 0, le fait d’accroître la confiance du manager engendre
une productivité accrue, il y a un gain de temps énorme pour le salarié qui n’est pas obligé
de se déplacer.

Reste la cohésion d’équipe. Certaines entreprises organisent plusieurs fois dans l’année des
séminaires car sans cela, le salarié pourrait vite se sentir désengagé. Mais si parfois, vous
ressentez un petit sentiment de solitude, direction les spots de workation ou coliving*, pour
bosser entre remoters ou freelancers.

• Coworking et tiers-lieux : travailler en communauté


Le mot « coworking » a été inventé en 1999 par l’écrivain et game designer américain
Bernie De Koven pour désigner l’essor du travail collaboratif. Les premiers es-
paces sont créés en 1999 en Allemagne puis en Autriche et servent de camp de base à
toutes sortes de brillants hackers. C’est en 2005 que le premier « véritable  » espace de
coworking, Spiral Muse, est lancé à San Francisco. En 2008, le premier espace de coworking
ouvre en France. Il s’agit de «  La Cantine », située dans le 2ème arrondissement parisien.
La tendance ne cessera de grandir et de se professionnaliser. Fin 2019, on recensait près
de 22 400 espaces de coworking sur la planète et plus de 2,1 millions d’utilisateurs
(source  : Deskmag – Coworking Survey 2019). Le nombre d’espaces a triplé depuis 2017
passant à 1 700 en France, selon Bureau à Partager.

Au début, ces espaces attiraient essentiellement des geeks et travailleurs indépendants,


mais peu à peu, des entreprises ont décidé de s’y installer. Des start-ups au départ,
puis des PME pour finir désormais par des grandes entreprises qui y détachent même
certaines de leurs équipes. Pour les grands groupes, cela permet une baisse des coûts
* - Le “coliving” est une manière de vivre où l’on mêle coworking et colocation. Cela s’adresse à tous types
de travailleurs indépendants, entrepreneurs, start-upers, créatifs, … Mais aussi aux travailleurs salariés en
remote working qui souhaitent bénéficier de la force du groupe, et ont l’instinct grégaire, pour stimuler leur
créativité et pourquoi pas développer leur activité. Vous pouvez avoir des communautés itinérantes, c’est-à-
dire que vous faites partie d’une même communauté mais vous voyagez à travers le monde, avec par exemple
le site www.remoteyear.com et le site s’occupe de toute la logistique !

Vous avez aussi des sites du type www.hackerhouse.paris, si vous cherchez du coliving à Paris. Ce sont
des appartements ou petites maisons dans lesquelles vous pouvez vous installer et travailler de 1 à 8 mois
(pour des loyers mensuels allant de 500 à 1 000 euros). Vous trouvez aussi le site www.outsite.co, pour aller
travailler dans des maisons conçues pour les travailleurs nomades dans des lieux paradisiaques.
Les nouvelles manières de travailler 112
de leur immobilier, une plus grande agilité du fait des échanges entre les différents
acteurs présents dans l’espace et une fidélité accrue de leurs salariés engendrée par
un mieux-être. En 2019, les freelances ne représententeraient plus que 41  % des utilisateurs,
juste devant les salariés d’entreprise – 36 % (source : Deskmag - Coworking Survey 2019).

Les entreprises ont tout à gagner à payer un espace de coworking pour leurs salariés en
télétravail. Ces espaces offrent la possibilité d’échanger avec des travailleurs de sec-
teurs différents et donc d’avoir des idées neuves. Par ailleurs, cela permet de diminuer
les temps de trajet des salariés qui, par la même, se sentent bien moins fatigués et donc
plus performants. Depuis quelques années, on parle de plus en plus de télétravail dans
les entreprises mais pas encore assez de l’option coworking. Pour 400 télétravailleurs,
seule une trentaine de personnes utilise un espace de coworking.

Il émerge aussi ce que l’on appelle le corpoworking. Faire travailler des collaborateurs et
des acteurs externes au sein d’une même entreprise. Il faut en amont avoir travaillé sur une
vraie réorganisation interne de l’entreprise concernant les nouveaux modes de travail et
sécuriser les données. Cela se fait de plus en plus à l’international.

En France, l’un des précurseurs fut la Villa Bonne Nouvelle d’Orange. Depuis 2014, elle pro-
pose à une soixantaine de participants internes et externes (équipes d’Orange, start-ups
et freelances) de se réunir durant un an dans cet espace modulable de 350  m² afin d’expé-
rimenter de nouvelles pratiques managériales et collaboratives. De 2015 à fin 2017, le cabi-
net LBMG WorkLabs a créé le WorkLab, laboratoire de 500 m² en plein cœur de Paris au sein
des Grands Voisins. Ils ont expérimenté le corpoworking en rassemblant équipes, clients
et toute une communauté d’acteurs (sociologues, facilitateurs, architectes, urbanistes,
entrepreneurs, chercheurs, consultants, designers, start-ups…) en vue de se questionner sur
le travail de demain. C’est une manière de fonctionner très intéressante tant pour
les organisations que pour les êtres humains qui les composent.

En 2018, le taux de pénétration des espaces de coworking représentait 1,2  % des espaces
immobiliers dans Paris. Ce chiffre monte à 5  % à Londres et 8  % à New York et Shanghai
en 2019. Les études prospectives estiment qu’en 2030, ces chiffres auront atteint les 30 %.
Un immense marché à investir. En 2010, on recensait environ 21 000 personnes travaillant
dans des espaces de coworking. Elles sont aujourd’hui près de 1,7 million (source  : cabinet
de conseil Knight Frank). On dénombre 200 espaces de coworking à Paris, contre seulement
100 en Ile de France.

Le coworking dans les 5 grandes régions

1 1 – L’Ile de France avec 316 espaces soit 22%


2 – La Nouvelle aquitaine avec 222 espaces
3 – L’Auvergne-Rhône-Alpes avec 200 espaces
4 – L’Occitanie avec 163 espaces
2 3
5 – La Région PACA avec 127 espaces
4 5
Source : Fondation Travailler Autrement

113 Libres - Vers un travail qui a du sens


Le saviez-vous ?

Vous cherchez un espace de coworking ? Que vous soyez en France ou à l’étranger, un nomade
solitaire ou une entreprise, Néo-nomade et la Copass ont tout ce qu’il vous faut !

Néo-nomade.com, ce sont 643 lieux, 204 villes françaises, 2 358 salles de travail. Le principe est
ultra simple, il est 9h30 du matin, vous avez besoin d’un espace où travailler entre deux ren-
dez-vous ou pendant quelques jours, en deux clics, Néo-nomade vous propose tous les spots
faits pour vous que ce soit un espace partagé, un bureau fermé ou une salle de réunion, dans
la zone géographique de votre choix, vous réglez et à 10h vous êtes installé ! J’adore, j’adhère !

Mais qu’en est-il si votre terrain de jeu est le monde entier ?

Direction la Copass.org. Que vous fassiez cavalier seul ou que vous employiez des dizaines ou
centaines de collaborateurs, vous y trouverez votre bonheur. Vous achetez un pass unique qui
vous ouvrira les portes de plus de 950 espaces partout dans le monde ! Vous voulez travaillez
à Oulan Bator, Ubud, au Lagos ou à Clermont-Ferrand, c’est possible ! Et tout ça de 49 à 299
euros par mois si vous êtes seul. À noter que la Copass est plus qu’une plateforme pour trouver
un spot où travailler, c’est une communauté. Et après avoir trouvé votre lieu de travail
temporaire, vous pourrez voir les « Copassers » locaux qui pourront éventuellement vous
héberger. La Copass a aussi intégré les sites Couchsurfing et Airbnb. Y a plus qu’à !

Le coworking ne doit pas être réservé à une élite digitale, entrepreneuriale et citadine.
Démocratiser la pratique et faire entrer les jeunes diplômés et personnes au chômage
permettrait à chacune des parties de créer une émulation et de se nourrir des expériences
des autres. Aujourd’hui, vous pouvez coworker partout ! Sur un bateau si vous avez le pied
marin avec Coboat.org, à la campagne en coliving à la Mutinerie Village par exemple, entre
une ferme urbaine et un skatepark dans le génial Espace Darwin à Bordeaux ou encore,
entre deux vagues pour les travailleurs/surfeurs à The Swenson House en Bretagne !

Lexique des lieux de travail

Espace de coworking : Lieu plutôt urbain mais tendant à se ruraliser de plus en plus,
l’espace de coworking est un lieu de travail collaboratif où l’on peut être juste de pas-
sage ou s’en servir de camp de base. L’animation du lieu facilite la mise en relation entre
les usagers (évènements, conférences, restauration…). Les freelances et start-upers
représentaient les usagers les plus courants des espaces de coworking mais désormais,
les entreprises y détachent certaines de leurs équipes et les freelances désertent
quelque peu.

Café coworking :  Espace tarifé à l’heure avec des forfaits flexibles ( jour / semaine / mois )
et le café à volonté ! Spots préemptés par les freelances, personnes au chômage et étudiants.
L’un des premiers à avoir vu le jour était l’Anticafé à Paris-Beaubourg en 2013. Aujourd’hui,

Les nouvelles manières de travailler 114


il existe 14 Anticafés en France et même à Rome. Vous pouvez ouvrir le vôtre en franchise.
Les anticafés ont depuis été suivis par des milliers de cafés-coworking partout
dans le monde.

Centre d’affaires : Lieu de location de bureaux type REGUS que l’on retrouve essentielle-
ment dans les villes, bien placés. Les centres d’affaires proposent souvent la domiciliation.
Contrairement aux espaces de coworking, ces lieux n’offrent pas les avantages d’une com-
munauté de travailleurs.

Bureau partagé : Espace proposant des bureaux individuels ou multipostes et des services


complémentaires (espace de reprographie, salle de réunion, visioconférence…). Les usagers
les plus courants sont les freelances, TPE/PME, associations et télétravailleurs salariés.
Clairement moins convivial qu’un espace de co-working.

Fablab   :  Contraction de l’anglais Fabrication Laboratory, le fablab est un lieu où est mis
à disposition de chacun, expérimenté comme néophyte, des outils, découpeuse laser,
imprimantes 3D, etc… et où il est possible de venir créer, ou apprendre à fabriquer
ce que vous souhaitez ( meubles, prototypes, art, design, … ). Tout ça tourné dans un esprit fort
d’innovation et de collaboration. Petit tour sur le réseau français des fablabs : www.fablab.fr

Couveuse, pépinière d’entreprises et incubateur :  Ces lieux sont des structures dédiées
à la création d’entreprises avec des services associés liés à cette activité. Tout dépend de
l’étape à laquelle vous êtes : si vous vous lancez à peine, la couveuse sera pour vous car elle
permet de tester votre activité avant que vos statuts juridiques ne soient créés. Viennent
ensuite les incubateurs qui vont aider au lancement de la boîte, souvent une start-up.
Quand le projet est bien lancé, la pépinière va aider l’entreprise via des conseils, des bu-
reaux, des moyens logistiques, parfois même du secrétariat.

›  TEST  : Quel lieu de travail est fait pour vous ?


Si vous n’êtes pas friand des tests, vous pouvez le sauter et vous rendre directement en page 126.

Votre tenue préférée pour travailler ?


A – Chic et élégante.
B – Casual
C – Plutôt cool
D – Un pyjama ou un jogging (de toute façon, personne ne me voit)
E – Des vêtements confortables et qui ne craignent rien (on ne sait jamais avec le potager et
la scie sauteuse)
F – Une tenue qui harmonise mon énergie et du rouge pour stimuler mon chakra racine,
des bracelets en pierre…
G – Ça dépend  de l’humeur et du lieu de travail ! En maillot, en bermuda, en robe chic,
en smoking, en tenue casual…
H – Ça dépend de la culture de l’entreprise

115 Libres - Vers un travail qui a du sens


Vos valeurs de prédilection ?
A – Esthétisme, Efficacité, Luxe
B – Confort, Simplicité, Amitié
C – Réussite, Aventure, Cohésion
D – Confort, Authenticité, Facilité
E – Partage, Créativité, Simplicité
F – Quête spirituelle, Amour, Joie
G – Liberté, Nouveauté, Inspiration
H – Sécurité, Confort, Amitié

Les gens que vous préférez côtoyer pendant que vous travaillez :
A – Des avocats, des créateurs d’entreprises, des salariés dans le domaine du luxe…
B – Des freelance, des journalistes, des travailleurs indépendants…
C – De jeunes créateurs d’entreprises, des start-upers, Xavier Niel…
D – Mes clients par Skype, mail ou téléphone, personne, mon chat, ma famille…
E – Un agriculteur urbain, un ébéniste reconverti, Cyril Dion…
G – Un chef d’entreprise à LA, un guerrier massaï au Kenya, Serge et Michèle de la Divette
de Montmartre
H – Mes collègues de travail habituels

Qu’attendez-vous du lieu dans lequel vous travaillez ?


A – Qu’il me procure un réseau de personnes intéressantes, que je m’y sente bien, qu’il
m’apporte aussi un bien-être intellectuel, culturel et physique (via une salle de sport ou
des ateliers de yoga par exemple)
B – Qu’il me procure un réseau Wifi et que le café soit bon.
C – Qu’il m’aide dans le lancement de ma boîte, qu’il me procure un réseau de gens cool et
brillants, que je puisse échanger sur mes enjeux et brainstormer
D – Qu’il soit confortable, qu’il y ait un lit, une cuisine et zéro transport à prendre
E – Qu’il y ait un potager, un atelier de bricolage, une imprimante 3D, une cantine locavore
F – Qu’il y ait de bonnes énergies, de la sauge, une connexion illimitée à… la source
G – Ca dépend de l’humeur du moment.
H – Rien de particulier

Quel est votre lieu de travail idéal ?


A – Un bureau prestigieux
B – Un endroit dans lequel je me sente bien
C – Un endroit qui m’aide à développer ma boîte

Les nouvelles manières de travailler 116


D – Chez moi
E – Un endroit qui œuvre à la transition énergétique
F – Un ashram
G – Un airbnb dans le vercors, un hôtel à Valencia, un lodge en Namibie, un café à Istanbul.
Et tout ça dans le mois
H – Un bureau dans lequel je me sente bien et où j’ai mes habitudes

Si vous pouviez créer une chose merveilleuse à vos yeux, ce serait :


A – Un grand cru millésimé (avec la propriété et les vignobles autour)
B – Une marque de baskets éthiques
C – Une licorne (la start-up, pas l’animal mythologique)
D – Un best seller
E – Une Tiny House
F – Une nouvelle méthode de thérapie quantique
G – Un outil de télétransportation
H – Je ne sais pas vraiment

Le mot que vous utilisez le plus dans le boulot :


A - Il faut être agile !
B – C’est quoi le code du wifi ?
C – Pense UX !
D – Je vide la machine à laver et je fais mon Skype
E – Et tout ça en économie circulaire, c’est génial !
F – Om shanti shanti Om
G – Waouh, c’est merveilleux… Bon maintenant, au boulot.
H – Je suis sous l’eau

Quel type de talk vous plait particulièrement :


A – Un ancien général des armées qui donne des clés sur le management
B – Comment faire en sorte que vos clients payent le juste prix sans négocier non stop
C – Les clés de la réussite d’un dirigeant de boîte dont la cotation est estimée à plusieurs
millions/milliards d’euros
D – Un Mooc (Massive Open Online courses) ou un webinaire
E – Un cours de permaculture
F – Comment activer sa Kundalini
G – Quel est le meilleur sac de voyage pour un digital nomad ?
H – Le bien-être en entreprise

117 Libres - Vers un travail qui a du sens


Le métier de vos rêves :
A – Siéger au conseil d’administration d’une boîte côtée au CAC 40
B – Freelance qui gagne très bien sa vie
C – Créateur d’une boîte qui cartonne
D – Ecrivain
E – Vivre en autonomie et donner des conférences sur le zéro déchet
F – Hypnothérapeute et personnalité reconnue du développement personnel
G – Digital nomade
H – Je préfère être réaliste

›  Résultats

A – L’espace de coworking Premium : Vous êtes un esthète

Un esprit sain dans un corps sain et… dans un bureau luxueux, c’est encore mieux !
Vous aimez que votre espace de travail soit la continuité logique de votre habitat.
En trois mots  : calme, luxe et volupté. Pourquoi devoir travailler dans un bureau blanc,
froid et sans âme, quand on peut avoir des meubles design, des conférences de quali-
té, un concierge et un room / desk service  ! Ah le concierge, cette personne qui devance
vos souhaits, vous répond personnellement, gère même votre pressing si besoin.
Vous êtes aux anges. À cela s’ajoute un réseau de personnes aussi esthètes et élitistes
que vous, un chef cuisinier qui sait enchanter vos papilles avec finesse et une équipe
qui se plie en quatre pour assurer votre bien-être et performance. Vous trouvez même une
salle de sport, des cours de yoga et de méditation. Petit bémol peut-être : à trop rester perché
dans sa tour d’ivoire, le nouveau monde qui éclot ne se laisse pas entrevoir. Ouvrez-vous !
Si vous habitez à Paris, allez faire un tour chez The Bureau. Comptez de 500 € pour
un bureau nomade en open space à 2 000 € si vous souhaitez être résident
dans un bureau fermé.

B – Les espaces de coworking et cafés coworking : Vous êtes moderne et flexible

Que vous soyez freelance solitaire dans un café coworking qui vous ressemble ou que
vous louiez un espace dans un coworking avec votre jeune équipe de 10 personnes, vous
aimez être seul… à plusieurs. L’espace de coworking vous offre un sentiment d’apparte-
nance à une communauté ayant les mêmes envies que vous, vous permet de développer
votre boîte dans une bonne ambiance et de bénéficier d’un brainstorming incessant.

Comme Kwerk, qui vise le « travailler » sain avec ses cours de yoga, de méditation,
ses salles de sport, ses workshops sur la nutrition. Ils ont à ce jour cinq espaces
dans Paris pour des tarifs allant de 400 à 800 € par mois. Morning Coworking, membre
du groupe BAP ( Bureau à Partager ) ce sont 6  000 coworkers pour 600 entreprises, 21 es-
paces à Paris et proche banlieue. Morning Coworking mise sur l’aspect communautaire,
tout est fait pour faire se rencontrer ses membres (Intranet, apéro, talks…).

Les nouvelles manières de travailler 118


Wojo, lancé par Bouygues Immobilier en 2015 sous la marque Nextdoor, est devenue
Wojo en 2019 et est détenu par Bouygues Immobilier et Accor à 50/50. Ils sont pour
le moment dans quatre villes françaises ainsi qu’à Barcelone et Monaco. Il existe
bien évidemment une multitude d’espaces de coworking et vous trouverez le bon. Et
si vous avez une âme d’artiste,  direction We Art From Paris. Ce super espace dispose
de bureaux, studio photo (que vous pouvez d’ailleurs juste louer à l’heure si besoin),
d’ateliers d’artistes et même d’une salle de répétition pour vos spectacles ! Magique !

Le café coworking est plutôt fait pour les loups solitaires qui en ont marre de squatter leur
canapé ou les sociables qui viennent de se lancer seuls mais qui se rendent compte que la
solitude leur pèse. L’avantage, la journée n’est pas chère, comptez 20 € pour y travailler, café
à volonté et il y a autant de cafés coworking que de type de personnalités. Unicorners pour
échanger sur vos projets, Nuage Café qui mise sur les bons produits ( enfin un vrai bon café  ! ),
le 10h10 pour l’ambiance vintage. Les cafés coworking pullulent partout en France et dans
le monde, citons, Open Gare à Biarritz (car c’est mon pays), Gazette café à Montpellier, etc…
Certains proposent aussi des ateliers mais la plupart du temps, c’est plutôt studieux.
Petit Bémol  : À force de toujours chercher la compagnie d’autrui, vous pouvez avoir
tendance à vous perdre. Octroyez-vous des moments pendant lesquels vous serez seul
afin de vous recentrer.

C – L’incubateur ou la pépinière : Vous croyez aux licornes

Xavier Niel est votre père spirituel, Steve Job votre guide, Airbnb votre veau d’or.
Votre rêve ultime  : monter une start-up qui se retrouve en tête des capitalisa-
tions boursières et que vous pourrez revendre trois ans plus tard pour devenir
un investisseur éleveur de licornes. GAFAM, FANG sont vos acronymes préférés.
Vous passez vos jours ( et vos nuits ) à chercher ce qui pourrait être l’innovation
disruptrice de demain. L’incubateur est pour vous l’occasion de bénéficier des conseils
des meilleurs. Votre spot idéal : la Station F, plus grand campus de start-ups du monde
(plus de 1 000 start-ups actuellement), créée par Xavier Niel. Vous pourriez même faire
du coliving dans les Flatmates crées par la Station F à 10 minutes du vaisseau amiral.
100 appartements, 600 chambres pour des loyers allant de 400 à 800  € par mois. À noter
tout de même qu’il existe 10  000 start-ups en France. 5 à 10  % passeront les trois ans.

Les entreprises aussi se lancent dans l’incubation, comme le Crédit Agricole qui a créé
des espaces Le Village by CA partout en France, une trentaine sur tout le territoire, qui
regroupent près de 500 start-ups. Le programme Let’s go France développé par PWC
et remettant des trophées aux jeunes entreprises innovantes, a dénombré 249 incuba-
teurs partout en France. Mais parfois, incubateur rime avec impact social, environne-
mental et solidaire, c’est le cas des jeunes boîtes présentes dans le Sense Cube de Make
Sense. C’est une communauté internationale qui accompagne et réunit des citoyens en-
gagés, des entrepreneurs passionnés, et des organisations visionnaires pour résoudre
ensemble les défis de notre époque et créer la société de demain plus résiliente. En 7
ans, Make Sense a accompagné  plus de 100 000 citoyens  engagés, soutenu  plus de 8
000 projets, et collaboré avec plus de 200 organisations. Petit Bémol : À trop chercher

119 Libres - Vers un travail qui a du sens


l’idée parfaite, on se fait souvent devancer. Testez et apprenez !

D – Chez vous : Vous êtes Diogène

Pour vivre heureux, vivons cachés… avec une clé 3G  ! Pourquoi s’embêter avec un bu-
reau puisque vous pouvez tout faire de chez vous (travail, balade en forêt et lessive en
même temps)  ? Travailler avec des gens  ? Oui par Skype, mail ou téléphone et de temps
en temps, si l’humeur vous en dit, vous organisez un déjeuner avec votre client préfé-
ré. Nomade  ? Pas vraiment, vous aimez votre cocon et les bavardages intellectuellement
non stimulants autour d’une machine délivrant du mauvais ( arôme  ) café, très peu pour
vous. Vous avez trouvé votre équilibre en bon ermite que vous êtes. Entre deux tâches, vous
enfilez vos baskets et allez faire une grande marche dans les bois ou vous en profitez pour
vous adonner à votre deuxième, voire troisième activité, si vous avez des penchants de sla-
sheur. Mais quoiqu’il en soit, vous rentrez toujours au bercail, rien de mieux que votre coin
bureau ou votre canapé pour travailler en paix. Les temps de transport, c’est terminé mais
peut-être avec ceci, la sociabilité. Petit bémol : À trop rester coincé entre 4 murs, on oublie
parfois l’importance de prendre l’air pur. Sortez !

E – Le tiers lieux dans une yourte : Vous êtes le désobéissant civil

Jonathan Attias est votre Robin des bois, Pierre Rabhi votre gourou, Perrine et Charles
Hervé-Gruyer vos mentors, Thierry Cazasnovas votre Hipprocrate. Végétarien-
locavore-bio, intéressé par la transition écologique que vous menez à bien chaque
jour à votre échelle, rompu à la communication non violente et à l’intelligence
collective, vous êtes la graine qui ensemence les consciences. Travailler  ? Non, vous vivez.
Vous avez bien évidemment plusieurs activités mais comme elles vous plaisent
toutes et que vous vous sentez profondément utile, vous n’avez pas l’impression de
travailler. Vous avez une vision holistique de la vie qui met le vivant en haut de la pyramide.
Votre alimentation est saine et pleine de nutriments, votre travail allie ouvrage manuel
et intellectuel et vous laisse de grandes plages horaires libres pour vous adonner
à d’autres passions et/ou apprentissages.

Vous faites attention à votre empreinte carbone, vivez ou rêvez de vivre dans une maison
autonome (qui peut être tout à fait design d’ailleurs. Je tiens à préciser pour les matéria-
listes que l’on peut allier esthétisme et écologie), voire un Earthship que vous aurez construit
de vos mains avec des matériaux recyclés. Vous êtes décroissant (seule manière respon-
sable de vivre à présent) ou décroissant de luxe (décroissant qui va dans des restaurants
étoilés), fervent défenseur des écoles alternatives, du déplacement à vélo et des semences
anciennes, bio, libres de droits et reproductibles. Vos lieux de travail ? Partout.

Un potager pour vous nourrir sainement chez vous, dans un jardin partagé ou
une ferme urbaine – voir l’encadré ci-dessous - ou une micro-ferme pour vous
installer à votre compte après avoir repris des études de permaculture ou
agroécologie. Un tiers-lieu (espace de coworking, cantine bio, ateliers de réparation,
conférences inspirantes). Une forêt pour puiser l’inspiration (même en ville grâce à
MiniBigForest – Voir l’encadré ci-après) et un peu de crowdfunding ou, à défaut, de
Les nouvelles manières de travailler 120
crowdtiming. Une bonne idée de tiers-lieu pour les franciliens  : le château de Nanterre,
laboratoire de l’innovation sociale et de la transition alimentaire, qui accueille des struc-
tures à impact positif. Des bureaux, espaces de coworking, cuisine partagée, potager
urbain, tout pour allier sens et travail. Cet espace est le petit frère d’une dizaine d’autres
disséminés partout en France. Tous ont été créés par ETIC, foncière responsable, l’objec-
tif de cette société est de financer et gérer des bureaux partagés et de commerce permet-
tant aux associations, entrepreneurs sociaux et autres acteurs responsables d’accéder
à des locaux professionnels abordables et de mutualiser équipements et services. Bravo !
Petit bémol : Pour embarquer les foules, la pédagogie vaut mieux que la violence. Rayonnez
et inspirez.

F – Un cabinet ou un centre holistique : Vous êtes Boddhisatva !

Om, Om, Om. Ah votre chakra racine est bloqué. Votre lieu idéal : un centre holistique
dans le Perche avec des stages et des ateliers pour éveiller l’homme au divin en lui
et en tout. Une hutte de sudation près de la rivière, une forêt pour vous connecter au
grand Tout, des salles pour faire du yoga, des massages énergétiques et des confrères
complémentaires si besoin  : chamanes, géobiologues, lecture d’Aura, guérison astrale,
hypnothérapie régressive…

Pour vous, tout est sacré, vous vivez chaque instant comme étant spirituel et seul
compte votre passage en 5ème dimension. Cela fait des années que vous travail-
lez sur vous, avez brisé vos chaînes, sorti votre mental de toutes ses croyances er-
ronées, avez ouvert votre cœur et expérimenté qu’une autre voie est possible pour
l’humanité. Vous voulez désormais en faire bénéficier autrui. Votre but : élever
les consciences et montrer à l’homme que le paradis est déjà sur terre, à l’intérieur de lui.
Petit bémol : être spirituel c’est aussi faire l’expérience de la matière. Incarnez-vous.

G – Partout – Vous êtes nomade !

Citoyen du monde, aventurier connecté. Vos idoles  : Tim Ferriss et Olivier


Roland, dont vous avez dévoré les livres, respectivement « La semaine de 4 heures »
et « Tout le monde n’a pas eu la chance de rater ses études  ». Votre terrain de jeu  :
le monde entier. Adepte d’Airbnb, du Wwoofing parfois, de Skype, Wordpress-Instagram-
Youtube-TikTok pour raconter vos pérégrinations, vous aimez vivre pleinement
et pour vous, la découverte et l’apprentissage sont les clés centrales de votre existence.
Pourquoi rester bloqué dans un bureau quand celui-ci est transportable partout, des bords
du Gange à une yourte mongole en passant par un splendide loft à Santa Monica ?

Vous avez fait en sorte que vos revenus ne dépendent pas de votre présence physique. Vos
métiers : traducteur, coach, formateur, infopreneur, vendeur d’un produit en e-commerce,
youtubeur, marketing digital, secrétariat à distance, designer, journaliste, relecteur…
Vous vous êtes créés une communauté et travaillez avec d’autres personnes en freelance
comme vous, que vous trouvez via des plateformes telle que Malt ou La crème de la crème.
Petit bémol : À être partout, on en devient parfois à n’être nulle part. Recentrez-vous.

121 Libres - Vers un travail qui a du sens


H – Dans le bureau de votre entreprise

L’habitude est une attitude. Le télétravail non merci  ! Rester enfermé chez moi ou de-
voir changer de collègues tous les jours dans des espaces de coworking, cela vous an-
goisse d’avance. Quant au sans bureau fixe, quelle idée  ! Où pourrez-vous mettre
les dessins de vos enfants, la photo de votre chat et le pot de votre ficus nain  ?
Les changements d’habitudes, très peu pour vous, vous aimez discuter avec
les membres de votre équipe, ranger votre bureau et le quitter sans vous dire que
vous devez encore travailler sur des dossiers le soir. Vous avez pris l’habitude de
vos trajets, que vous ne modifiez quasiment jamais, vous connaissez votre job sur
le bout des doigts et, même si les trop nombreuses réunions vous font perdre
votre temps dans le traitement des dossiers, vous appréciez quand-même ces rituels de
management. Petit bémol  : À rester enfermé dans ses carcans, on oublie trop souvent,
de vivre pleinement. Cassez la routine !

Le saviez-vous ?

Le Wwoofing

Vous avez l’âme voyageuse, l’envie d’en apprendre sur l’agroécologie et de partager votre quo-
tidien avec des gens passionnés ? Le Wwoofing est fait pour vous !

Pour la petite histoire (prise sur le site wwoof.fr) :

« En 1971, Sue Coppard, jeune secrétaire à Londres la semaine, décide d’utiliser ses week-ends
pour aider de petites fermes engagées dans l’agriculture biologique. Un moyen pour elle de
se mettre en mouvement, au grand air, tout en défendant l’agriculture biologique naissante,
dont elle partage les valeurs. Pour lancer son projet, elle poste une petite annonce intitulée
« Working Weekends on Organic Farms »... Une quinzaine de réponses plus tard, quelques week-
ends à refaire le monde, bottes aux pieds avec les fermiers qui l’accueillent... Et le Wwoofing
était né. » Aujourd’hui, le Wwoofing est présent dans le monde entier. Vous pouvez rejoindre
une ferme pour plusieurs jours ou plusieurs semaines et ainsi aider quelques heures par jour
le fermier en échange du gîte et du couvert.

Le principe est simple :


1 – Vous cotisez* à l’association
2 – Vous choisissez votre destination
3 –Vous cherchez dans la liste de fermes celle qui vous tient le plus à cœur
4 – Vous contactez celle-ci
5 – En avant !

* - Cette cotisation sert à payer les frais de fonctionnement des associations à but non lucratif de
wwoofing. Wwoof France a même réussi à lancer, grâce à ces cotisations, un programme d’accueil
de demandeurs d’asile dans les fermes du réseau, le programme Wwoofing Solidaire. Bravo !

Les nouvelles manières de travailler 122


En France, vous trouverez à ce jour 1 500 hôtes et déjà 17 000 wwoofers. Alors si quelques
jours dans une micro-ferme auvergnate en production de plantes aromatiques et médicinales
fraîches ou un mois dans une ferme brésilienne qui fait de l’agroforesterie vous tentent, c’est
parti ! www.wwoof.fr pour la France | www.wwoof.net pour le reste du monde

A noter que le Wwoofing est porté par une association indépendante dans chaque pays où il a
lieu. Aujourd’hui, le mouvement est présent dans 100 pays.

Dans une idée proche, vous pouvez aussi vous tourner vers les propositions de missions et
volontariat (sans contraintes d’âges) de Work Away, présent dans 170 pays : www.workaway.info

Fermes et forêts Urbaines

J’ai été secrétaire Générale de la SAUGE (Société d’Agriculture Urbaine Généreuse et Engagée)
pendant trois ans. Cette superbe asso, fondée par Antoine Devins et Swen Déral, œuvre pour que
tout le monde puisse jardiner au moins deux heures par semaine et pour montrer tout le procédé
de la graine à l’assiette. L’asso a monté une ferme urbaine à Bobigny dans laquelle se déroulent
des formations à l’agriculture urbaine, des ateliers avec petits et grands, des événements (confé-
rences, concerts, brunchs) pour sensibiliser à la nature. La SAUGE crée aussi des potagers aux pieds
d’immeubles à Bobigny et forme les habitants pour qu’ils puissent devenir autonomes dans la
gestion du potager. L’association a aussi monté L’Agronaute à Nantes, une ferme urbaine de
3 500m2, à la fois pédagogique, récréative et productive.

Pour finir, la SAUGE organise depuis cinq ans, les 48 heures de l’agriculture urbaine présentes dans
15 villes françaises et en Belgique. Ainsi, chaque année sur un week-end, la plupart des associations
de jardinage urbain se regroupent pour proposer un grand festival du jardinage en ville, avec ate-
liers, concerts, visites de jardins partagés. Pour participer en tant qu’associations, entreprises ou
particuliers, rendez-vous sur www.les48h.fr

Une autre association que je trouve très chouette, MiniBigForest, inspirée par la méthode du
botaniste Miyawaki, Cette association conçoit des mini forêts urbaines participatives à haut
potentiel de biodiversité (en plantant la même diversité d’essences que sur un vrai sol forestier),
de végétalisation, et de lien social. Ils plantent les arbres de manière à reproduire l’écosystème
naturel d’une « vraie » forêt avec les citoyens bénévoles, les enfants dans les écoles, les salariés des
entreprises, tous ceux qui veulent mettre les mains dans la terre et remettre du vivant dans la ville.

Alors si vous voulez créer une mini forêt dans votre ville, chez vous, dans une école ou dans votre
entreprise, contactez-les via leur site www.minibigforest.com et si vous voulez les soutenir, vous
pouvez adhérer ou faire un don sur ce même site ou sur www.helloasso.com dont nous reparle-
rons. Vous n’aurez plus d’excuses, même en ville, on peut végétaliser et mettre les mains dans la
terre que ce soit en adhérant à une association, et il y en a de plus en plus, ou en faisant un peu de
guerrilla gardening (c’est-à-dire semer, jardiner sans autorisation).

123 Libres - Vers un travail qui a du sens


›  Les nouveaux travailleurs :

• Slasheurs : s’épanouir dans plusieurs activités

À nouvelle époque, nouvelles manières de travailler. Nous sommes de plus en plus


nombreux à nous libérer des carcans et à inventer de nouveaux modèles de travail, d’en-
treprise, de société. Nous nous libérons des dogmes, du qu’en dira-t-on et assumons plei-
nement qui nous sommes. La digitalisation nous a permis de pouvoir décrocher la prise de
nos ordinateurs et de travailler de partout. Voici venue l’ère des slasheurs…

Depuis environ six ans, nous entendons de plus en plus parler du phénomène
des slasheurs. J’en suis moi-même une. Qu’est-ce que le slash  ? Cela vient de la
barre oblique ( / ) et c’est le fait de faire plusieurs métiers. Je préfère dire plusieurs
activités car pour moi, le bénévolat rentre aussi là-dedans. Vous êtes donc prof de
yoga / consultant informatique / bénévole dans une association de soutien scolaire. Et tant
qu’à faire, allons encore plus loin et parlons même de slash de statut, puisque vous pouvez
être salarié / entrepreneur  / bénévole  / auteur, par exemple.

En bref, vous êtes libres.

Alors certains médias aiment bien taper sur les slasheurs en épinglant des titres du type
«  Obligés de cumuler plusieurs emplois, le nouveau phénomène des slasheurs  ». À ces gens-
là, je martèle que non, slasher les activités ne rime pas avec précarité, le slasheur a plu-
sieurs métiers par envie, non par besoin financier. Le slasheur n’est pas précaire, il est juste
multi-potentiel et a besoin de multiplier les activités pour utiliser pleinement son potentiel
créatif, manuel, intellectuel et artistique. C’est différent d’une personne qui ferait deux ou
trois métiers pour réussir à payer son loyer.

On parle beaucoup de personnes multi-potentielles. Il y aurait une catégorie de personnes


quasi “surdouées”, capables de mener de front plusieurs projets et ayant besoin de se
nourrir, d’apprendre, de créer. ET… les autres.

Je ne suis pas d’accord avec cela. De mon point de vue, pour le vivre ( étant une soi-disant
multi-potentielle ) et pour accompagner chaque jour des dizaines de personnes dans leurs
changements de v( o )ies, je pense sincèrement que NOUS SOMMES TOUS multipotentiels  !
Nous sommes tous des créateurs en puissance.

La différence avec hier, c’est qu’aujourd’hui, nous en prenons conscience. Nous nous au-
torisons à remettre en cause les dogmes. Nous remettons en perspective la notion de vie,
de travail, de sens et sommes de plus en plus nombreux à sortir d’un système nous enfer-
mant dans des cases. Or, plus nous sommes nombreux à en parler, à montrer que c’est pos-
sible, plus nous donnons envie aux autres de scier les chaînes qui les retenaient. Le degré
de multi-potentialité se mesure juste à la capacité à rester dans un système enfermant
plus ou moins longtemps. La souffrance qu’il y avait, lorsque nous étions jeunes (et je parle
pour ceux nés avant les années 85), à tenter de rentrer dans un moule, à cacher notre hy-
persensibilité, à jouer un rôle sans cesse, à nous sur-adapter, est de moins en moins de mise

Les nouvelles manières de travailler 124


aujourd’hui. Car nous avons LE CHOIX  ! Par ailleurs, avec l’essor d’Internet et le fait que
nous sommes chaque jour de plus en plus nombreux à sauter le pas, à changer de paradigme,
nous donnons aux suivants la possibilité de faire de même. C’est pourquoi, aujourd’hui,
beaucoup de très jeunes ( j’accompagne des étudiants, qui, en stage de fin d’études, après
des bac+5, viennent me voir en me disant “ça ne va pas être possible, je ne veux pas rentrer
dans ce système”), décident de créer leurs propres systèmes, de mener leurs vies sans ren-
trer dans les anciens diktats.

Nous sommes tous multi-potentiels. Il y a juste ceux qui en ont pris conscience… et ceux
qui… en prendront conscience.

Alors, la question n’est pas «  êtes-vous multi-potentiel ou non  ? ».

La question est  : «   êtes-vous CONSCIENT ou non  ? ».

Que faut-il alors pour se lancer dans le slash ?

- L’envie ! C’est le prérequis.

- Une organisation du tonnerre. Autant je pense que nous sommes tous multi-potentiels,
autant concernant l’organisation, nous ne sommes vraiment pas tous logés à la même
enseigne. Si vous n’êtes pas organisé, évitez de slasher ou travaillez sur l’amélioration de
votre organisation.

- Une grande confiance . Slasher les activités veut souvent dire créer soi-même ses propres
finances, devenir son propre patron. Ô combien fabuleux pour tous les entrepreneurs,
mais complètement flippant pour les novices. La clé… La CONFIANCE. La peur, le stress
annihilent toute capacité à penser comme nous l’avons vu plus haut, aussi, apprendre à
(se) faire confiance est primordial. Oui, tout va bien se passer. Oui, vous avez la capacité à
rebondir et à trouver des solutions si un caillou rentre dans votre chaussure. Si vous avez
une peur viscérale de manquer, soyez salarié / bénévole ou faites de l’intrapreneuriat par
exemple, mais sachez tout de même que cette peur peut être éradiquée afin que vous aus-
si, puissiez-vous lancer dans l’entreprenariat.

- Un premier projet stabilisé. Le travers de beaucoup de jeunes slasheurs est de se lan-
cer tête baissée dans plusieurs projets, mais lancer une activité demande du temps et de
l’énergie. Je conseille toujours de lancer une première activité et quand vous jugez être
assez rôdé par rapport à elle, lancez la deuxième, la troisième viendra rapidement car dès
lors que l’on a réussi à jongler avec deux activités, les ajouts deviennent de plus en plus
simples et rapides à mettre à exécution.

- Savoir parfois… lâcher des slashs. Il y a une chose dont on ne vous parle jamais, c’est
le fameux moment où, alors que toutes vos activités vous nourrissaient professionnel-
lement, personnellement, spirituellement, vous ressentez soudain une petite pointe
de lassitude et de ras-le-bol dans votre quotidien. Comme si le SENS que vous aviez trouvé
dans tous vos différents slashs s’était soudain fait la malle. Pas de panique ! Tout ceci est

125 Libres - Vers un travail qui a du sens


normal. Vous arrivez juste en phase de maturité et il est important, lorsque l’on est un
slasheur, une personne multi-potentielle, de pouvoir se poser assez souvent en se deman-
dant : « Est-ce que TOUTES mes activités actuelles continuent à me procurer autant de
joie  ? », « Suis-je encore pleinement aligné avec chacune d’entre elles ? ».

Vous vous apercevrez vite que l’une de ces activités ne vous sied plus. Vous avez pu y
allouer une énergie considérable, être dévoué corps et âme à cette mission, voilà que,
soudain, elle ne revêt plus de sens pour vous, vous n’y trouvez plus de joie.

Autorisez-vous à “lâcher”, quitte à moins slasher temporairement. Accordez-vous un peu


de temps avant de ré-enchaîner vers une nouvelle activité. Vous avez tout simplement
besoin de faire le vide. Vous aviez quatre activités différentes ? Gardez-en 1, 2 ou 3, celles
qui continuent à vous coller la banane chaque matin.

Au fond de vous, vous savez très bien qu’une seule, voire deux de ces activités tient de
la VOCATION, les autres ne sont là que pour nourrir votre multi-potentialité. Cela ne veut
pas dire qu’elles ne sont pas “alignées”, mais plutôt qu’elles sont là pour stimuler votre
créativité, votre curiosité, votre besoin de toucher à tout.

Le bon slasheur est celui qui reste  LIBRE d’être, de faire, de vivre où bon lui semble.
Ne rigidifiez pas votre posture, soyez léger et continuez à avancer dans la vie ( pro / per-
so / spirituelle ) avec joie.

Vous n’êtes pas INSTABLE, vous êtes CURIEUX.


Vous n’êtes pas un ENFANT GÂTÉ, vous êtes LIBRE.
Vous n’êtes pas LUNATIQUE, vous êtes SOLAIRE.

Un slasheur sachant slasher, c’est un slasheur qui s’autorise à lâcher une activité
devenue rigide pour lui. Faire du vide dans l’ancien, c’est accepter que l’espace
soit rempli par du neuf !

Alors à tous les futurs slasheurs, soyez libres de faire ce qui vous plaît. Ajoutez toutes les
activités qui vont faire sens pour vous. Je trouve dommage de se cantonner à une activité
quand vous pouvez en faire plusieurs. Et non, je le redis, il ne s’agit pas d’instabilité, mais
bien de curiosité. Par ailleurs, aux détracteurs qui argueraient qu’à être partout, on est
nulle part, je répondrai que bien au contraire, à être partout, nous sommes plus complets
et mieux « nourris ». Car effectivement, chaque activité va nourrir les autres, même très
différentes, que ce soit par les rencontres que vous ferez, les passerelles entre activités, les
mondes que vous découvrirez…

• (Digital) nomade : Travailler en voyageant, voyager en travaillant

À côté des slasheurs, se trouve aussi le modèle des (digital) nomades. Bien évidemment,
vous pouvez, comme moi, allier les deux, bien que je me qualifie de digital nomade Niveau  1
( le niveau 3 étant de vivre à 100 % en nomadisme pur, c’est-à-dire sans « chez soi » attribué.
Mon camp de base est à Montmartre mais je vadrouille sans cesse entre nos belles régions

Les nouvelles manières de travailler 126


de France et l’étranger car je fonctionne par Skype, téléphone et j’ai aussi une plateforme
dédiée à la reconversion 100  % en ligne avec des webinaires.

Qu’est-ce que le (digital) nomadisme  ? C’est le fait de pouvoir vivre et travailler partout.
C’est se dire qu’il est dommage de se cantonner à un seul lieu quand vous avez l’opportunité
d’en découvrir des centaines d’autres.

Alors bien évidemment, la plupart du temps, il est nécessaire d’avoir un business en ligne
qui vous permet de continuer à travailler (ou en tout cas à gagner de l’argent) que vous
soyez à Los Angeles, Bali ou Espelette. Et les principales personnes DN sont les freelances,
les entrepreneurs du web et les employés en télétravail et remote.

Mais comme vous l’avez vu, je mets le (digital) entre parenthèses car vous pouvez aussi être
nomade sans avoir besoin de votre ordinateur. C’est le cas quand vous faites du wwoofing
comme nous l’avons vu plus haut. C’est aussi le cas lorsque vous parcourez le monde et vous
arrêtez parfois pour travailler un peu dans la ville où vous êtes. C’est le cas aussi quand vous
faites sponsoriser votre voyage…

Les avantages :
•   Travailler partout dans le monde
•   Appréhender un pays en y travaillant
•   Choisir ses horaires
•   Vivre dans des pays pas chers et augmenter sa qualité de vie
•   Être libre
•   Rencontrer beaucoup de gens très différents

Les inconvénients :
•   Attention quand le WIFI est instable
•   Beaucoup de travail pour avoir un business en ligne viable chaque mois
•   Sentiment de solitude pour certains
•   Soucis de visas et bureaucratie dans certains pays

Si le digital nomadisme fait rêver, sachez tout de même que cela demande du
travail. Vous avez tendance à voir la version Instagramable, c’est-à-dire la jolie photo
dans une rizière avec son lot de hashtags qui va bien, mais pour être vraiment dans cette
rizière tout en ayant un bon revenu de son business, il s’est passé quelques temps et
surtout, beaucoup de travail. Oui, bien évidemment, c’est tout à fait possible de (bien)
vivre de son blog, mais cela demande un réel investissement. Ce n’est pas « tiens je vais
créer un ebook et ensuite vendre des webinaires et en deux mois, j’en vis ». Il va vous
falloir muscler votre discours, être sur tous les fronts, devenir un pro des réseaux et de
la communication en tout cas pour ceux qui souhaitent monter un business en ligne qui,
à terme, vous permettra, en effet, de vivre tranquillement dessus en y allouant un temps
somme toute très raisonnable. Mais si vous vous en donnez les moyens, vous réussirez  !

127 Libres - Vers un travail qui a du sens


Je ne travaille désormais sur ma plateforme en ligne que 8 heures par trimestre et cela
représente une très large partie de mon chiffre d’affaire. Alors vous me direz pourquoi
ne pas faire que ça  ? Tout simplement car j’aime accompagner les gens en sessions
individuelles, j’aime donner des conférences, j’aime accompagner des gens dans
des marches en forêts et des reconnexion aux arbres,…

Pour les freelances, c’est un peu différent puisque beaucoup sont inscrits sur
des plateformes du type Malt.fr, Upwork.com ou encore La crème de la crème
( www . cremedelacreme . io ) ou se sont créés, en amont, un réseau de clients fidèles leur
permettant de vivre où bon leur semble tout en étant assuré d’avoir du boulot. Arrivent
ensuite les remoters qui, eux, reçoivent un salaire directement. À vous de négocier avec
votre entreprise ! Le bon conseil de Tim Ferriss, auteur de « La semaine de 4 heures », dites
à votre employeur que vous êtes malade, arrêtez-vous une semaine, continuez à bosser de
chez vous pour rendre un travail irréprochable. Revenez travailler et montrez à vos boss
tout ce que vous avez fait, comment vous avez surperformé en travaillant de chez vous. Puis
réitérez quelques jours plus tard pour une autre raison. Au bout de quelques semaines,
demandez carrément davantage de télétravail, soyez toujours très performant et commen-
cez à voyager en même temps. À terme, négociez le remote total avec quelques jours de
présence ou des réunions à distance.

Pour aller plus loin, vous avez de super blogs notamment celui de Kalagan
(www . kalagan . fr ) digital nomad depuis 2011, et extrêmement fourni, ou encore de la
chouette Haydée du site www.travelplugin.com. Il y a aussi le blog www.traverserlafrontiere.
com et le podcast www.instinct-voyageur.fr de Fabrice Dubesset.

Il existe tout un business autour du digital nomadisme, vous avez des sites comme
www . nomadlist . com pour connaître les meilleurs spots où travailler en tant que
digital nomad. La DigitalNomadGirls, des “retraites” de 10 jours pour les filles,
www . digitalnomadgirls . com, Remote year ou NomadCruise comme je l’ai mentionné
quelques chapitres au-dessus. Personnellement, je suis une digital nomade ermite et je
préfère prendre un airbnb, une cabane ou un hôtel et aller, si l’envie me prend dans un
espace de coworking.

Alors, digital nomades, slasheurs, j’ai quand même pour tout vous avouer, du mal avec
les étiquettes. J’ai hâte du temps prochain où nous n’aurons plus besoin de nous présen-
ter en nommant notre statut. Slasheur tout comme digital nomade ne mentionne qu’une
réalité, que nous sommes des êtres libres. Libre d’être, de faire, de vivre où bon nous semble.
Le meilleur des boulots, ce sera celui que vous créerez, celui que vous façonnerez pour qu’il
s’adapte harmonieusement avec la vie que vous voulez avoir et avec le sens que vous voulez
lui donner. Rêvez, voyez grand, cassez les dogmes pour être en paix avec ce qu’il y a de plus
important, votre Être.

Vous pouvez voir certaines de mes vidéos sur les slasheurs sur ma chaîne Youtube.
Je vous recommande le livre de la chouette Marielle Barbe « Profession Slasheur : cumuler
les jobs, un métier d’avenir ! » et bien évidemment, « Tout le monde n’a pas eu la chance de

Les nouvelles manières de travailler 128


rater ses études » d’Olivier Roland et « La semaine de 4 heures » de Tim Ferriss.

• Slow working / Slow Life : Il est urgent de ralentir !

Nous passons pour la plupart, la majorité de notre temps au travail. Travail pour
beaucoup dénué de sens et stressant, que ce soit par la productivité demandée, ou tout
simplement le temps de trajet, le bruit, etc… Pourtant, il est impossible de penser
et d’avancer sereinement lorsque l’on passe sa journée à courir. Alors vive le slow working !

Le slow working, ce n’est pas se la couler douce et attendre que ça passe, c’est réussir
à travailler en conscience au lieu de s’obliger à faire 10 000 choses pour avoir l’impres-
sion d’avancer. Ainsi, vous ne vous jugez pas, vous ne vous dispersez pas et n’êtes plus
en proie au stress (le stress engendre une hausse du taux de cortisol qui sclérose
et rend difficile les prises de décisions). Vous travaillez moins mais bien mieux.

S’octroyer des moments de pause, faire du sport entre deux tâches, voir une exposition
le matin avant de se mettre au travail… C’est s’autoriser à être dans l’instant présent
et permettre à l’inspiration de surgir. Car c’est dans les moments de pause que l’inspiration
et les idées jaillissent. Cela permet aussi de se réapproprier son intuition, ce qui vous fait
gagner encore plus de temps car l’intuition, lorsque l’on s’autorise à l’écouter, nous amène
toujours au bon endroit pour rencontrer la bonne personne, entendre le bon message,
prendre les bonnes décisions. Rappelez-vous, écoutez votre cœur, il sait toujours où aller.

Et puis, quand vous avez du temps, vous pouvez aussi l’offrir à d’autres, après
le crowdfunding, place au crowdtiming. Vous pouvez donner de votre temps pour
des mobilisations citoyennes, aider des entrepreneurs sociaux à résoudre leur défi
et à changer le monde en passant par Make Sense par exemple, ou encore faire du bénévolat.
À noter la super plateforme Benenova.fr, qui permet à toute personne de faire du bénévolat
sans être obligée de s’engager corps et âme dans une seule cause et en choisissant le temps
qu’elle pourra y consacrer (2 heures par an ou 3 heures par jour !). Vous pouvez ainsi aller
sur la plateforme car vous avez un créneau de 3 heures libres jeudi prochain, vous pouvez
aussi critériser en fonction de vos convictions (environnement, handicap, éducation, lien
intergénérationnel, précarité…) et vous inscrire à l’action. C’est parti !

Par ailleurs, pourquoi faire une différence extrême entre d’un côté, vos weekends
et vacances (où vous prenez le temps de vivre, de ne rien faire ou de faire essentiellement
ce qui vous plait) et la phase de travail (qui représente facilement 90  % de votre année…),
pendant laquelle vous allez vous oublier, courir, allonger vos to-do list, remplir votre cer-
veau de données et d’injonctions et ainsi multiplier par 100 votre charge mentale  ? Dès que
les vacances sont terminées, vous reprenez le boulot et avec ça… réenclenchez le rythme
de la rentrée… «  Vite, vite, vite », « Je suis sous l’eau  », « Complètement full », « Vivement
le weekend et les prochaines vacances  ! ». Fonctionner de cette manière, vous charger
comme une bourrique pendant 9 mois sur 10 pour vous octroyer 1 mois de break par an
est contre-productif et ravageur pour votre santé mais aussi pour votre intuition, votre
conscience, votre productivité, votre inspiration, votre créativité…

129 Libres - Vers un travail qui a du sens


Je vous conseille cette vidéo d’Albert Moukheiber (un neuro-scientifique que j’adore)
sur Arte. Vous pouvez aller directement à la 9ème minute si vous voulez  www.arte.tv/fr/
videos/091564-000-A/albert-moukheiber-28-minutes-ete-2019/.

Apprendre à prendre le temps, à ne rien faire et parfois même à Procrastiner, c’est


tout à fait… Productif  ! Au début, je culpabilisais de remettre certaines choses à
faire au lendemain, voire au mois ou à l’année suivante… Je me suis pourtant ren-
du compte, depuis que j’ai récupéré ma vie, mon temps, ma liberté, que je ne
procrastinais pas par paresse mais par sagesse  ! À chaque fois que je ne me sentais
pas d’effectuer une des choses que je m’étais donnée de faire, je m’apercevais qu’en la
laissant de côté, l’inspiration, les ressources, les bonnes personnes arrivaient dans mon sil-
lage au bon moment et tout devenait beaucoup plus fluide et se faisait rapidement. Je dis
tout le temps que perdre du temps, c’est en gagner ! Nous nous nourrissons intellectuelle-
ment et spirituellement quand nous ne faisons rien.

Alors ralentissez, vivez tout simplement, changez de travail, de métier, de vie, de


voie, si dans votre travail actuel, vous ne pouvez pas faire les arbitrages nécessaires.
Mais sachez que la révision du temps de travail est un vrai sujet de
fond (et devrait l’être si ce n’est pas le cas) dans beaucoup d’entreprises.
Le but de la vie est de vivre, d’expérimenter, pas de travailler sans but.

›  Réviser le temps de travail

Semaine de 3 ou 4 jours ou journée de 5 heures

Nous serions beaucoup plus productifs… en travaillant moins ! La semaine de 4 jours ou


la journée de 5 heures semblent être des alternatives à ne pas négliger.

Microsoft Japon a expérimenté la semaine de 4 jours en proposant aux salariés de ne pas


travailler tous les vendredis du mois d’août 2019 (à noter que les salariés n’ont pas eu de
baisse de salaire). Au bout d’une semaine, le bien-être et la motivation des salariés étaient
déjà en nette progression et à la fin du mois, la productivité avait augmenté de 40 % !
La fermeture du bureau le vendredi a aussi eu un impact positif sur des champs plus va-
riés, notamment une baisse de la consommation d’électricité et du nombre de pages
imprimées par les salariés. Cependant, pour le moment, le test n’est resté qu’une
expérimentation aoûtienne…

En France, plusieurs centaines d’entreprises pratiquent déjà cette semaine de 4 jours.


Yprema fait partie des pionniers en France, puisque cela fait 22 ans qu’ils la pratiquent.
Idem, chez Love Radius, où les salariés travaillent 4 jours par semaine 4 mois par an (de mai
à août) sans perte de salaire.

Mieux encore, la journée de 5 heures (pour ma part, je mixe la semaine de 3, 4


jours à la journée de 5 heures). C’est l’exemple de Blue street Capital, une société
californienne qui travaille de 8h du matin à 13h. L’idée était de raccourcir la journée de
travail pour booster la productivité. C’est un peu la loi de Parkinson : donnez 6 heures

Les nouvelles manières de travailler 130


à quelqu’un pour faire une tâche, il mettra 6h, donnez-lui 2 heures, il le fera en 2 heures.
Et cela a marché, après avoir réduit la durée de la semaine de travail de plus de 35%,
le nombre d’appels par personne a doublé, tout ça, en améliorant le bien-être au travail.

Pour travailler mieux, travaillons moins !

Flexibilité des horaires

Vous connaissez l’adage sur les couche-tôt et les lève-tard. Les lève-tard sont assez mal per-
çus car jugés comme étant flemmards. Or, il ne s’agit pas de faute consciente, mais clairement
de génétique, ils ont un câblage interne différent. Et c’est là que cela devient intéressant.
Nous trouvons effectivement dans la population deux catégories de personnes, celles
qui se couchent tôt et se lèvent tôt et celles qui se couchent tard et se réveillent tard.
Pourquoi ? Car nous en avons eu besoin dans le cadre de notre évolution. Dans son
livre « Pourquoi dormons-nous ? », le docteur Matthew Walker explique le fait que les
humains ont évolué grâce à deux types de sommeil différents, d’un côté les couche-tôt
vont dormir vers 21h ou 22h pour se réveiller à 5 ou 6h, de l’autre, les couche-tard, vont
dormir vers 1h ou 2h du matin pour se réveiller vers 9 ou 10h. Pourquoi ? Car si on se
place au niveau de la tribu, il est plus intéressant d’avoir deux groupes de dormeurs dis-
tincts pour pouvoir se défendre en cas d’attaque. « Le groupe en tant qu’ensemble n’est
vulnérable (au moment où tout le monde dort) que pendant 4h au lieu de 8, voilà qui
augmente de 50% l’aptitude à la survie ».

Malheureusement, dans notre société actuelle, les horaires de travail sont faits essen-
tiellement pour les couche-tôt, la deuxième catégorie ne peut donc pas être pleinement
performante car elle n’a pas été câblée pour être sur le pont aux aurores. Les lève-tard, à
qui l’on demande d’aller contre leur nature, sont plus soumis aux maladies liées au manque
de sommeil comme la dépression, l’anxiété, le diabète, le cancer, les crises cardiaques
et l’AVC. Charmant programme.

Alors, il serait judicieux de revoir en profondeur les horaires de travail et de demander


aux salariés d’être présents sur une plage horaire obligatoire comme, par exemple, entre
10h30 / 11h et 16h. Les couche-tôt pourraient travailler de 8h à 16h et les lève-tard de 11h à
19h. Ce dispositif permettrait à chaque salarié d’être aligné avec son chrono type mais cela
engendrerait pour l’entreprise une hausse de la performance et de la productivité.

Le saviez-vous ?

Les plages de travail inutiles


Le temps est la denrée la plus précieuse. La plupart des personnes que j’accompagnent ne tra-
vaillent, après le coaching, que 3 ou 4 jours par semaine et tous ont réduit leur temps de trajet.
La majorité des gens passent trop de temps au travail. Il représente quasiment 80% de leur
temps. En font-ils davantage ? Bien au contraire. Une grande partie de ce temps étant utilisé
de manière inutile.

131 Libres - Vers un travail qui a du sens


Selon Geoffrey James, journaliste chez Inc., et repris par Zevillage, voici 3 tâches inutiles qui
font perdre 50% de votre temps :

Les trajets quotidiens inutiles 13 %

Il estime à 27 minutes le trajet aller simple pour se rendre au travail. Il est américain certes,
mais nous avons à peu près les mêmes tendances en France (le Français passe chaque semaine
3h30 pour se rendre sur son lieu de travail). C’est une perte de temps fatigante, cela peut en-
gendrer des problèmes de santé tels que des taux d’obésité plus forts et une hypertension
artérielle. Et cela est préjudiciable à la vie de famille.

Lorsque j’étais salariée, je passais entre 1 heure et 2 heures dans les transports chaque jour.
Depuis que je travaille de là où je veux (de chez moi, dans des hôtels et Airbnb quand je suis
en vadrouille), outre le fait que j’ai gagné un temps fou, que je peux dormir davantage le matin,
mon stress lié aux bruits et aux transports n’existe tout simplement plus. J’effectue tous mes
trajets à pied ou en vélo. Et quand il m’arrive de reprendre les transports aux heures de pointe
sur plus de deux jours pour donner une conférence ou autre, je suis nettement plus fatiguée. Le
hic, c’est que lorsque l’on se retrouve quotidiennement pris dans ces transports, on ne se rend
plus compte du travers que cela représente, mais ce n’est clairement pas bon pour la santé.

Essayez de faire au moins 2 à 3 jours de télétravail par semaine ou changez de vie !

Les réunions inutiles 16 %

De toute ma vie de salariée, je n’ai jamais assisté à une réunion qui m’a permis d’améliorer ma
productivité. Pourtant, j’y passais au moins 2 à 3 heures par semaine.

En France, selon un sondage Opinion Way, les salariés passent 3 semaines par an en réunion
(le double pour les cadres) et bien évidemment, plus de la moitié de ces réunions… ne servent
à rien !

C’est la loi de futilité de Parkinson qui a prouvé que les organisations donnaient trop
d’importance à des questions futiles. En management, cette loi de la futilité signifie que sur
un projet apparemment simple, la multiplication des intervenants et leur volonté d’affirmer
leur pouvoir sur des choses anecdotiques conduisent souvent à créer des usines à gaz comme
mentionné sur le site blog-emploi.com.

Mieux vaut donc éviter les réunions ou en tout cas les limiter à leur plus simple appareil
et surtout, en cas de force majeure. Vous pouvez ainsi décider de limiter la plupart des réunions
à 10 participants maximum et forcer les demandeurs de la réunion à définir des objectifs clairs
avant de la planifier. Dans beaucoup de cas, le fait de clarifier les objectifs va permettre de
se rendre compte qu’une réunion… ne sert à rien.

Les nouvelles manières de travailler 132


Il y a même une entreprise japonaise, Disco Corp, qui fait payer 100 dollars l’utilisation de sa
salle de réunion, de quoi anéantir toute velléité de réunionite aiguë. C’est peut-être un peu
trop, j’en conviens.

Pour animer beaucoup de co-walks notamment en forêt, la meilleure solution à mon sens, c’est
de faire des réunions en marchant.

Le co-walking, également appelé walk meeting ou walk & talk permet de dénouer les situations
et de faire jaillir la créativité.

Les emails inutiles 23 %

Un cadre français passerait en moyenne un peu plus de 5 heures et demie par jour à consulter
les courriers qui s’accumulent dans sa boîte mail !

Selon le portail de la transformation de l’action publique, un agent public passe en moyenne


650 heures par an à gérer sa boîte mail, un cadre est interrompu toutes les 2 à 8 minutes par les
notifications d’un e-mail ou d’un sms. En moyenne, un mail sur six est réellement « important » !

• Faire des pauses performantes

Comment voulez-vous être « performant » en restant assis sur une chaise dans un bu-
reau fermé (ou un open space bondé)  ? L’être humain ne peut pas se concentrer indéfi-
niment, c’est juste contreproductif. Nous avons besoin de pauses, de breaks, de mise en
pause de nous-même. Faire une pause, c’est apprendre à ne RIEN faire et s’autoriser à res-
ter face au vide. Cela sert de fonction auto nettoyante pour le cerveau. On fait un grand
ménage et l’on revient plus disponible. Alors, je vous engage à faire des pauses, aller
marcher, méditer, faire une sieste, écouter vos rythmes propres et ne rien faire du tout.
Je suis pour l’art de perdre du temps pour en gagner !

Alors, dès maintenant, fixez-vous des plages horaires dédiées à vos pauses, que ce soit pour
respirer, méditer, marcher, vous étirer ou faire une sieste. Il existe même des applications
incongrues comme Take a break, please, qui oblige ses utilisateurs à faire des pauses ré-
gulièrement et lever les yeux de l’ordinateur. Vous pouvez aussi coller un post-it sur votre
bureau sur lequel vous allez écrire en gros RESPIRE et, dès que vous le voyez, vous savez ce
qu’il vous reste à faire.

L’art de la sieste 

80% des actifs ressentent de la fatigue pendant leurs journées de travail selon une étude
Opinion Way !

J’ai toujours vu mon père faire la sieste en début d’après-midi. 10 minutes réglemen-
taires pendant lesquelles il ne fallait ABSOLUMENT pas le déranger mais qui lui

133 Libres - Vers un travail qui a du sens


permettait de repartir plein d’énergie et de créativité ensuite. Il était fondateur d’une
grande entreprise et même au travail, après déjeuner, ses collaborateurs savaient qu’il ne
fallait pas l’importuner avant la fin de cette sacro-sainte sieste.

Et bien, il avait tout à fait raison, et je fais de même aujourd’hui. L’être humain
a un sommeil biphasé, c’est l’une de nos caractéristiques biologiques, comme le dit
le docteur Walker. Nous sommes programmés pour dormir la nuit et… faire une sieste
en début d’après-midi. Il n’y a qu’à voir la majorité d’entre nous après le déjeuner,
on a connu plus punchy. Avant la vie industrielle, nous faisions tous la sieste dans l’après-
midi. Cela reste d’actualité dans les pays méditerranéens ainsi que dans les tribus
africaines et chez d’ailleurs tous les peuples premiers.

Le sommeil est tellement important. Il nous permet de mieux apprendre et de mémori-


ser. Faites une sieste avant un examen pour booster vos capacités. Dormez après avoir relu
vos cours, présentations, formations, vous retiendrez bien mieux ce que vous avez lu.
Par ailleurs, le sommeil permet aussi de faire des connexions, des liens entre les choses
que vous avez apprises. En d’autres termes, vous vous réveillez le matin avec un savoir plus
étendu que la veille. Le sommeil permet de booster la créativité. J’ai l’habitude de dire
que j’ai écrit mon premier livre… en dormant et en marchant. Dès que l’inspiration
diminuait, j’allais marcher ou je m’allongeais pour faire une sieste, en demandant
à mon inconscient de m’envoyer toute l’inspiration nécessaire pour poursuivre l’écriture.
Et à chacun de mes réveils, je repartais comme en 40. La sieste, et le sommeil en général,
permet d’accroître les performances sportives car dormir stimule la mémoire motrice
tout en boostant l’énergie et en réduisant la fatigue. Usain Bolt dort toujours
quelques heures avant ses compétitions.

Autre donnée que les entreprises vont attraper au vol : le manque de sommeil
des salariés coûterait près de 2 000 dollars par an et par salarié en terme de perte
de productivité. A multiplier par le nombre de vos salariés… Ca vaut bien une jo-
lie salle de sieste. De la même manière, au niveau des pays, le manque de sommeil
priverait la plupart des pays de plus de 2% de leur PIB, d’après une étude de la Rand
corporation « Lack of sleep costing UK economy up to 40 billion pounds a year ».

Alors restaurons la sieste au travail. Certaines entreprises s’y sont déjà attelées, c’est
le cas de Léa Nature, une entreprise de 450 salariés spécialisée dans les produits naturels
et biologiques qui a mis en place en 2013  une salle de sieste dans son siège social situé
en Charente-Maritime, de Google ou Critéo. Mais à vrai dire, cela reste encore trop peu
courant en France. Pourtant, cela permet d’accroître la productivité et concourt au
bien-être des salariés.

Changeons de regard sur la sieste… 20 minutes de sieste, c’est 2 heures de brainstorming !


La sieste réduit le stress, améliore la mémoire et la concentration, libère la créativité
et rééquilibre le fonctionnement nerveux.

Pourquoi s’en priver !

Les nouvelles manières de travailler 134


• Se déconnecter pour mieux se reconnecter à soi

Faire une pause, c’est aussi aller vers la digital detox. Nous sommes de plus en plus connec-
tés et petit à petit, nos appareils ont engendré de nouvelles manières de vivre, de travail-
ler, mais aussi de nouvelles peurs, comme celle de manquer quelque chose ou FOMO (fear
of missing out), peur de ne pas avoir vu la dernière information, le dernier post Ins-
tagram, Facebook ou Linkedin à la mode, ou encore la nomophobie la peur d’être séparé de
son téléphone. Vous êtes peut-être devenu un « smomby », mix des mots « smartphone »
et « zombie », se déplaçant les yeux rivés sur son téléphone, ce qui engendre de plus
en plus d’accidents d’ailleurs.

La digital détox, c’est tout simplement le fait de se mettre en off technologique. Pas d’Inter-
net, pas d’ordinateur, pas de téléphone, pas de télé, pas d’écouteurs. Rien. Ce qui se révèle
excellent car cela vous oblige à vous retrouver seul face au vide et surtout, vous permet de
redevenir vous-même.

Qui suis-je sans ma connexion ?

Plusieurs techniques s’offrent à vous. Vous pouvez décider de faire cette digital détox tout
seul sur quelques heures ou quelques jours. Vous verrez que passée la première phase
de mini stress (c’est là d’ailleurs que vous prenez conscience de votre degré d’addiction),
vous vous sentirez beaucoup plus détendu, davantage dans l’instant et vous vous lance-
rez dans de nouvelles activités. Vous pouvez aussi faire une retraite digital détox pendant
un séjour dédié. J’organise parfois des séjours reconnexion à soi pendant lesquels tous
les participants me remettent leur téléphone. Bien évidemment, certaines applications
comme Flidp ont flairé le bon filon et vous aident à programmer votre smartphone pour
qu’il se déconnecte pendant un laps de temps prédéfini. Même Apple a lancé une op-
tion off sur ses téléphones, vous pouvez ainsi programmer le vôtre à se mettre en pause
à votre convenance et même de manière quotidienne… En somme, juste un mode avion
un peu amélioré, mais rien n’est trop beau pour le marketing.

On ne répétera jamais assez que rester derrière un écran n’est pas sain. Un écran, c’est
mettre un voile entre vous et la beauté du monde.

• La marche, la nature, la méditation : faites de vraies pauses !

On passe 70 % de notre temps éveillé assis  que l’on soit salarié, enfermé dans un bureau
ou même télétravailleur. Nous sommes de plus en plus «  nomades  » avec la virtualisa-
tion de l’entreprise (mobilité accrue, télétravail, etc…) et sédentaires à la fois, puisque
le télétravail peut nous amener du canapé à la salle à manger sans sortir de chez nous.
Aussi, il est primordial pour nos santés physique et mentale de sortir de cet état de
travailleur zombie. Obligez-vous à prendre des pauses pour aller marcher, passer du temps
dans la nature et méditer.

Passer du temps à l’extérieur, marcher en forêt a énormément de bénéfices pour


la santé  : baisse de l’hypertension et du stress, diminution de la fatigue, sentiment

135 Libres - Vers un travail qui a du sens


de plénitude, nettoyage des chagrins, soulagement face à des états dépressifs ou d’anxiété…
Cela permet d’accroître la créativité, les idées fusent mais dans un calme olympien.
Nous sommes plus centrés, la mémoire est boostée, l’énergie revient. Le système
immunitaire s’active.

La marche, même en ville, a énormément d’avantage. Au-delà des bénéfices


physiques indéniables, elle vous permet de booster votre créativité et de dénouer
des situations même complexes. Vous pouvez en faire l’expérience quand quelque chose
vous turlupine ou que vous êtes soudain en manque d’inspiration. Levez-vous et al-
lez faire une balade, vous verrez qu’au fil des pas, les idées fuseront et surtout des idées
que vous n’auriez clairement pas pu avoir en restant assis sur votre chaise à triturer
votre mental pendant des heures. Le fait de marcher libère de l’espace mental,
d’où la possibilité de recevoir de nouvelles idées. On ne peut pas remplir quelque chose
de déjà plein. Autre aspect non négligeable de la marche, vous pouvez la partager. C’est ce
que faisaient les péripatéticiens (les philosophes grecs, pas les visiteurs du bois de Bou-
logne), ils marchaient, échangeaient, les concepts affluaient et les prises de conscience se
faisaient nombreuses. C’est ce que l’on reproduit notamment grâce au cowalking à deux ou
à plusieurs (pour ma part, je préfère à deux). Rien de tel que d’aller marcher pour résoudre
les problèmes en trouvant les meilleures solutions. D’ailleurs, à la place des sempiternelles
réunions qui servent davantage à perdre du temps qu’à trouver des solutions, essayez
le cowalking. Je propose cela à des dirigeants d’entreprises notamment.

Un peu réfractaires au début car ils ont l’impression que cela va leur faire perdre
du temps, ils s’aperçoivent au final, qu’ils en ont gagné énormément. Ils reviennent
au bout d’une heure ragaillardis, sereins et avec leur stratégie et toutes les réponses
dont ils avaient besoin. Je propose aussi cela pendant des marches en forêt
et des reconnexions avec les arbres à deux ou en groupe. Vous n’imaginez pas la puis-
sance de ces accompagnements par la nature. Le pouvoir de transformation intérieure,
les prises de conscience, les idées lumineuses, la sérénité retrouvée, tout cela, et même plus,
est possible grâce à la marche en forêt, surtout quand elle est bien accompagnée.

Autre type de pause et non des moindres, la méditation, que vous pouvez d’ailleurs
faire aussi en marchant. Ses bienfaits ne sont plus à prouver. Elle stimule le cer-
veau et le protège du déclin, permet d’être plus concentré, libère de l’espace mental,
réduit la douleur, atténue le stress, améliore la créativité. Rien qu’avec vingt minutes
de méditation par jour pendant quelques semaines, vous voyez déjà une grande différence.

On croit à tort que travailler plus et plus vite va nous rendre plus performant,
mais c’est l’inverse qui se produit. Comme je l’ai déjà mentionné, on ne peut pas
remplir quelque chose qui est déjà plein. D’où l’importance de faire de l’espace
et la méditation offre cela. Elle nous accompagne dans la pleine conscience,
nous offre un moment suspendu qui nous permet de nous recentrer et de voir
beaucoup plus facilement, et sans un émotionnel qui part dans tous les sens,
où sont nos priorités.

Les nouvelles manières de travailler 136


La biophilie
Où comment remettre la nature au centre des entreprises, des bâtiments et des lieux publiques

La biophilie regroupe tous les besoins intrinsèques de l’homme et tout ce qui le relie à la
nature. Cela forme les connexions innées qui attirent l’homme vers le vivant et les systèmes
naturels. L’architecture d’aujourd’hui et de demain s’intéresse de plus en plus à la biophilie
en intégrant la nature dans leur projet ou en créant des bâtiments biomorphes : faire en
sorte que la lumière entre au maximum, entendre l’eau, travailler avec la nature et non
contre. Les entreprises en calculent même les bénéfices.

On s’est aperçu qu’un bureau dans lequel il y a des plantes augmente la productivité des
gens de 15 % par rapport à un bureau vide. D’après une étude menée en 2011 par l’université
américaine de l’Orégon, un environnement de travail végétalisé ferait baisser l’absentéisme
de 10 %. Plus il y a de plantes, moins il y a d’arrêts maladie. Les plantes réduisent aussi
le niveau de stress. La qualité de l’air apportée par les plantes est meilleure, ce qui réduit
les maux de tête (de 45 % tout de même) et la fatigue (de 30 %) ainsi qu’une baisse de la toux
de 38  % selon une étude norvégienne de 2002. Alors, entreprises, en avant vers les murs
végétaux, les potagers d’entreprise (passez par Veni Verdi ou Ciel mon radis pour
les parisiens), les jardins d’hiver, les plantes sur les bureaux. Vous pouvez aussi rajouter
des ruches avec CityBzz.

137 Libres - Vers un travail qui a du sens


138
5
De l’écolier au citoyen éclairé :
quelques pistes à explorer

• Repenser l’école

L’école aujourd’hui, comme elle est proposée par l’Éducation nationale, est faite pour
le siècle passé. Enfermer des élèves entre quatre murs dans des classes surchargées n’est
en quelque sorte bon qu’à préparer le salarié à son futur open space. L’école telle qu’elle
est enseignée aujourd’hui bride l’individu en devenir, elle le cadre afin qu’il rentre
dans le moule voulu par la société. Je ne blâme pas les enseignants qui font un métier
incroyable et sont en première ligne mais pour discuter avec certains d’entre eux,
ils sont nombreux à vouloir changer la manière d’enseigner. Certains quittent même
l’Education nationale pour créer ou travailler dans des écoles dites alternatives.
Je crois profondément en ces «  nouvelles  » écoles. Nouvelles, pas tellement, puisque
si l’on prend des pédagogies telles que celle de Maria Montessori ou Célestin Freinet, elles
datent pour la première de la fin du XIXème siècle et pour la seconde du début du XXème.
L’école « classique » d’aujourd’hui, comme d’hier n’aide pas vraiment l’élève
à penser par lui-même. Rien n’est grandement fait pour développer sa créativité,
sa curiosité, son individualité. Quant à l’orientation, que peut-on en dire  quand
quasiment aucun élève ne sait à l’issue de son lycée vers où il a envie d’aller ?

Pour la plupart, ils vont choisir par rapport à leur tissu familial ou aux choix de leurs
amis. Pour d’autres, par rapport à une idée, souvent erronée, qu’ils se font du futur métier.
Seule une toute petite frange des élèves sait exactement ce qu’elle veut faire, c’est ce que l’on
appelle la vocation, et cette vocation n’a, pour la plupart du temps, rien à voir avec les en-
seignements proposés à l’école. Ils ont cuisiné avec leur grand-mère étant petits et veulent
devenir cuisiniers, ils ont fait un sport sur leur temps libre qui est devenu une passion, …

Mais pour 80 % des élèves, l’orientation est un calvaire. Leurs études primaires
et secondaires ne leur ont donné aucune clé, les conseillers d’orientation n’ont jamais
été d’une grande aide, et ils ne sont pas à blâmer puisqu’ils n’ont pas non plus les bonnes
clés. Les élèves avancent dans leurs études sans connaissance du monde des entreprises,
sans connaissance des métiers artistiques, créatifs, artisanaux… Ils n’ont que des connais-
sances académiques, une culture lissée avec toujours les mêmes matières enseignées.

Certes, une grande réforme de l’éducation a eu lieu en 2018 et 2019 mais cela
a engendré un système encore plus complexe qu’avant. La réforme du bac par
exemple, avec une partie en contrôle continu et seulement cinq épreuves termi-
nales au bac dont un oral (ce qui est plutôt bien), la fin de série générale, remplacée
par des spécialités, cela aurait pu être intéressant mais cela ne va pas assez au bout
des choses. Les bac ES, L et S n’existent plus, les élèves qui arrivent en première disposent
d’un enseignement général en plus duquel ils doivent choisir trois spécialités parmi  :

139 Libres - Vers un travail qui a du sens


arts, biologie-écologie, histoire-géo et sciences politiques, humanités-littérature
et philosophie, langues et littérature étrangère, littérature, langues et cultures de l’An-
tiquité, mathématiques, numérique et sciences informatiques, physique-chimie,
sciences de l’ingénieur et SVT. (Pour l’anecdote, j’ai fait un bac STT qui m’a ravie.
J’étais en décrochage total dans la filière classique car je ne voyais pas l’intérêt concret
de certaines matières. Arrivée en STT, j’ai pu apprendre la communication, la gestion,
le marketing, tout en étudiant la philo, les maths et le français, le tout avec
des professeurs extraordinaires  ! Et j’ai tout de même réussi à rentrer en école de
commerce puis de communication et à sortir major à chaque fois. Les filières générales
ne sont pas la panacée).

Pire que tout : Parcours sup. Parcours sup  est un site Internet qui recense toutes
les formations de l’enseignement supérieur publique et une partie des formations privées
(15  000 formations y sont recensées). C’est devenu depuis deux ans le passage obligé pour
pouvoir s’inscrire dans l’enseignement supérieur. Chaque formation se présente, ainsi
que les prérequis qu’elle exige, le tout accompagné d’un calendrier pour que les bacheliers
fassent leurs vœux dans les temps. Les futurs étudiants peuvent faire dix vœux et vingt
sous-vœux dans la même filière. Ils choisissent par exemple la licence de droit à Assas
en premier voeu, le sous-vœu sera la licence de droit à Aix.

Après ce casse-tête pour les élèves où chaque vœu doit être motivé (centres
d’intérêts, lettre de motivation a minima et ça peut aller jusqu’à faire un essai pour
certaines formations), ce sont les formations qui vont décider si l’élève peut être affec-
té ou non. À noter que les formations ont accès aux notes de première et terminale avec
le classement des notes par matière et par classe. Les formations sont scindées en
deux, les dites sélectives (BTS, DUT, classe prépa) qui ont le droit de refuser purement
et simplement des étudiants et les formations dites non sélectives type universités
qui peuvent dire « oui », « oui si tu fais la licence en 4 ans au lieu de 3 » ou oui en attente
( en fonction du classement ). De quoi engendrer un système à deux vitesses et laisser
beaucoup de personnes sur le carreau ou directement en perdition sur les bancs de la fac.
Cela oblige les gamins à réfléchir sur ce qu’ils veulent vraiment sauf qu’il n’y a aucun
accompagnement ! Les profs principaux n’ont ni le temps, ni la connaissance des études
supérieures. Qu’un site rassemble toutes les formations, c’est bien mais il faut absolument
un accompagnement. Un adolescent seul devant l’outil ne peut pas se dépatouiller sans
un cadre et un accompagnement à l’orientation. C’est pourquoi des associations comme
www.cree-ton-avenir.fr se sont créées ou que des coachings en orientation se multiplient
de plus en plus.

En bref, c’est faire croire à quelqu’un qu’il a le choix alors que dans le fond, il ne l’a pas.
Choisir entre des éléments obligatoires et face à un jugement, est-ce vraiment choisir ?

Alors bien évidemment, chacun de ces élèves va faire 10 métiers dans sa vie, reprendre
des études à 30, 40 et/ou 50 ans pour développer ses connaissances ou en apprendre
de nouvelles. Toutes les personnes que j’accompagne, qu’elles aient 22, 35, 50 ou 65 ans,
se sont trompées de chemin après leurs études. A mon sens, on ne se trompe jamais

De l’écolier au citoyen éclairé… 140


vraiment, on prend un raccourci ou un chemin qui rallonge, c’est tout. Cependant,
toutes viennent me voir pour découvrir ce qui fera sens pour elles, pour les aider
à changer de vie, de voie. Là où il y a encore 10 ans, j’accompagnais surtout des personnes
de 30 à 65 ans ( car même à 65 ans vous avez le droit de faire enfin quelque chose qui
vous éclate et d’arrondir vos fins de mois !  ), aujourd’hui, de plus en plus de jeunes
de 22 - 25  ans viennent à l’issue de leur stage de fin d’études ou de leur première année
de boulot en me disant, ça ne va pas le faire. Il serait temps de les accompagner beaucoup
plus tôt. Bien sûr, il existe des organismes privés qui accompagnent les jeunes mais apporter
la connaissance de soi, le développement personnel, la communication non violente,
la méditation à l’école est, à mes yeux, primordial.

Si vous ajoutez à tout cela le fait que l’école de l’Education nationale fasse la
part belle à la compétition via le système de notes et à la non-coopération  (tu ne
copieras pas, tu ne parleras pas avec ton camarade, tu ne bougeras pas), cela
n’aide pas le citoyen en devenir à choisir par lui-même et à aller vers son prochain
de la manière la plus belle qui soit, par l’envie de partager, de coopérer et d’innover.

Le système de notation est une invention assez récente, comme le mentionne


Yuval Noah Harari dans « Homo deus ». « C’est le système éducatif à grande échelle
de l’ère industrielle qui a répandu l’usage régulier des notes. Les écoles jugent les
élèves via leurs notes, les professeurs sont jugés via la moyenne de l’école. Cependant,
les talents nécessaires à l’obtention des bonnes notes ne sont pas les mêmes que ceux dont
on a besoin pour comprendre la littérature, la biologie ou les mathématiques .»

Nous devons réapprendre à coopérer. L’évolution de la vie s’est faite grâce à la coopéra-
tion. Même la plus petite des cellules coopère avec son environnement, même les milliards
de bactéries coopèrent. Sans la coopération, nous ne serions déjà plus là. La compétition
engendre aussi le jugement. Or, a-t-on envie de poser des questions, d’être curieux, lorsque
l’on se sent jugé  ? Pas vraiment. L’enfant est curieux par nature, il pose des questions,
s’interroge sur son environnement, pourquoi, dès lors, il n’ose plus poser de questions
arrivé à l’école, au collège ou au lycée ? Vous me direz qu’au collège ou lycée, l’élève a peut-
être peur de passer pour un fayot ? Certes, mais d’où cela  vient-il ? Il suffit d’inverser
la tendance et de favoriser les questions. De créer un climat propice à l’interactivité
et à un nouveau modèle d’apprentissage. Faire du bachotage, c’est-à-dire demander
à un élève de recracher par cœur la leçon de la veille, cela éteint sa curiosité,
son envie d’apprendre de manière naturelle, c’est-à-dire, en posant des questions.
Il est primordial d’attiser à nouveau la curiosité des élèves, sinon elle va s’éteindre
et cela créera des adultes qui passent leur vie à côté d’eux-mêmes et persuadés que la vérité
se trouve dans ce qu’on leur raconte à la télé !

Et que dire de l’enseignement sans droit à l’erreur  ? L’école classique réfute ce droit  :
réponse fausse, vous avez zéro ou un gros trait rouge sur votre copie. Pourtant, «  on
n’apprend qu’à ses dépens ». Tout au long de notre vie, nous allons faire des erreurs,
échouer, rebondir. Alors pourquoi ne pas aider les jeunes à être sereins face à cela  ?
Pour le moment, on les juge par rapport à ces erreurs, on les étiquette comme étant

141 Libres - Vers un travail qui a du sens


bons ou mauvais, intelligents ou cancres. Mais peut-être qu’en dédramatisant
ces fameuses erreurs, on parviendrait à leur donner envie d’explorer davantage, quitte
à se tromper. Après tout, « l’erreur est humaine  », n’est-ce pas ? Et puis, échouer
aux matières que veut nous enseigner l’école classique, est-ce vraiment échouer  ?
C’est ce que l’on nous a fait croire mais en définitive, on ne devrait pas juger quelqu’un
sur les études qu’il a faites. Le plus important ne sont pas les notes que l’on a eues
mais notre capacité à réfléchir. Quand on parle d’échec scolaire, on met habituellement
la faute sur l’élève. Mais si l’élève est en échec, c’est parce l’institution n’a pas su s’adapter
à ses besoins. C’est un échec du système, pas de l’élève.

En psychologie, on parle de boucles de confiance dans les compétences pour expli-


quer que quand une personne s’améliore dans une compétence, elle devient de plus
en plus confiante. Et plus vous êtes confiant, plus vous avez de chance de mettre en pra-
tique cette compétence et donc de devenir encore plus compétent et de créer cette dyna-
mique positive, cette fameuse boucle. C’est le cercle vertueux. Or, dans l’enseignement
« classique » et ses salles de classes surchargées, les élèves ne reçoivent pas toujours
de feedback positif, si ce n’est une note sur 20. Parfois, les mots des enseignants peuvent
être maladroits ce qui laisse l’enfant dans son incertitude et une personne qui doute,
c’est une personne qui n’ose pas aller de l’avant. Si vous saviez le nombre de personnes
qui ont été choquées, si ce n’est traumatisées, par la phrase d’un de leurs professeurs.
80 % des personnes que j’accompagne ont été blessées dans leur intériorité. Certains
n’osent plus prendre la parole en public à cause d’un passage au tableau qui s’est mal passé
quand ils étaient ados. D’autres pensent être lents car une prof leur a martelé cela pendant
toute une année. Pour ma part, je me souviens d’un prof de physique en seconde ( j’étais
en perdition totale) qui m’a dit, devant toute la classe, que j’étais moins intelligente
que son chien, que je n’aurais pas mon bac et que dans 10 ans, je serai caissière (  je n’ai
rien contre les caissières ) en grande surface. Il est mort le jour des résultats de mon BAC
avec mention. Paix à son âme. Aussi, il est primordial de muscler la confiance des en-
fants et adolescents pour en faire des adultes autonomes et capables de réfléchir et d’agir
par eux-mêmes.

Pour finir, une chose est laissée à l’abandon dans le système classique, c’est la connais-
sance de soi  ! « Connais-toi toi-même » était déjà inscrite sur le temple de Delphes.
C’est la chose la plus importante de notre apprentissage humain, apprendre à nous
connaître. Evoluer et grandir grâce à une meilleure connaissance de nous et des autres
bien évidemment. Plus on travaille sur soi, mieux nous sommes avec autrui. Et pour fonder
une société saine et équilibrée, la connaissance de soi est peut-être la chose la plus
importante à inculquer à nos enfants (et adultes). Par ailleurs, accueillir l’autre
dans sa différence constitue un enjeu de plus en plus important notamment dans
les années à venir où de grands flux migratoires vont continuer à cause des famines, de
la montée des eaux, des guerres de territoires…

Aussi, apprendre de l’Autre et montrer que l’altérité est une richesse aux enfants
va permettre d’avancer ensemble sereinement. Nous devons aussi accueillir la culture
de chacun des enfants étrangers. Ils arrivent avec leurs propres cultures, vont en apprendre
De l’écolier au citoyen éclairé… 142
une nouvelle et pourront faire un mix pour créer une troisième culture qui n’est ni celle
des parents ni celle du pays d’accueil. Il est important de bien accueillir, non seulement
pour l’enfant étranger, mais aussi pour ouvrir les enfants du pays d’accueil au monde qui
les entourent. La connaissance de soi et l’ouverture à l’autre et au monde sont des éléments
absolument incontournables à apporter à l’école classique.

Il est important de repenser l’Ecole ainsi que les études supérieures.

Il est important de créer un environnement qui favorise l’unicité de chacun, la créativité


et aide à œuvrer ensemble et non les uns contre les autres.

Rumi, poète mystique persan du XIIIième siècle, disait qu’il faut privilégier l’innocence
à l’intelligence et c’est tout à fait vrai. Lorsque l’on est plein d’innocence face à un sujet,
cela accroît notre curiosité, nous posons des questions sans avoir peur du jugement.
Nous nous ouvrons à la différence. En arrivant avec nos certitudes, nous voulons
paraître intelligent, nous nous fermons, nous nous jugeons et jugeons l’autre.
Dans son livre « Apprendre au XXIème siècle », François Taddei mentionne le fait
que si la France ne consacrait que 1% du budget de l’éducation à la recherche et au dévelop-
pement, la face de l’école serait bouleversée en quelques années. Alors, oui, c’est possible !

Heureusement, je vous en parlais, de plus en plus d’écoles alternatives, libres et in-


dépendantes voient le jour ces dernières années en France et partout dans le monde.
Il y a bien évidemment les écoles reprenant les pédagogies Montessori (plus de 20  000
écoles Montessori dans le monde) ou Freinet (avec sa pédagogie active partant du principe
que l’enfant apprend mieux quand il utilise ses savoirs et est actif plutôt qu’en attendant
qu’un instituteur lui apprenne une leçon), des écoles créées par des parents d’élèves,
comme c’est le cas de Bihotza au Pays Basque (mais il en existe une multitude d’autres), les
écoles démocratiques, ou encore la Sudbury Valley School et la libre école de Summerhill
où les enfants sont totalement libres. Libres de choisir leurs cours, libres de ne rien faire,
libres de grimper aux arbres, de passer des mois à pêcher, à jouer du piano… Il n’y a pas
d’examens, de cours obligatoires, de hiérarchie, de punition. La seule chose essentielle
à apprendre est de Vivre ensemble. Certains enfants ne vont commencer les «  cours  »
que quelques mois, voire années, après leur arrivée à l’école, mais quand ils choisissent
ensuite d’étudier, ils savent vraiment ce qui est bon et utile pour eux.

À noter aussi l’essor de l’IEF (Instruction En Famille) via le Homeschooling ou le Unschoo-


ling, même en France où la scolarisation n’est pas obligatoire (c’est l’instruction qui
l’est). L’IEF est le fait de retirer l’enfant de l’école et de lui faire l’instruction à domicile,
que ce soit avec un programme de l’Education nationale (home schooling) ou sans, ce
que je trouve vraiment inspirant puisque l’enfant va choisir lui-même ses centres d’intérêt
(Unschooling). Ce mouvement vient des Etats-Unis et représente tout de même 2 millions
d’enfants. On y adhère ou pas. Libre à chacun. Je vous conseille de regarder  « Uniques -
Le film sur l’IEF », documentaire fabuleux sur l’ IEF ( Instruction En Famille ). Vous pou-
vez aussi voir de nombreuses vidéos inspirantes sur le site d’Ashoka (www.ashoka.org).
Ashoka est une ONG qui agit en faveur de l’innovation sociale.

143 Libres - Vers un travail qui a du sens


Aujourd’hui, l’ONG est le plus grand réseau mondial d’entrepreneurs sociaux et rassemble
plus de 3 500 entrepreneurs sociaux dans 90 pays.

Une autre initiative que je trouve fabuleuse, celle de l’école en forêt et de la reconnexion
à la nature. Les enfants sont aptes à comprendre dès leur plus jeune âge les notions
d’écologie et de soin du vivant mais pour cela, encore faut-il qu’ils puissent avoir
cette connexion à la nature. Aujourd’hui, comme on le sait, la plupart des élèves apprennent
dans des salles de classe fermées, pour beaucoup d’entre eux de surcroît, en pleine ville
sans aucun arbre aux alentours. Ils sont complètement déconnectés. Par ailleurs, le fait
de rester enfermé entre quatre murs engendre une baisse de la concentration, de l’ennui
et de la fatigue (il en va de même pour les adultes, alors à ceux qui travaillent dans des bu-
reaux, sortez, faites des pauses, allez marcher).

Aussi, un mouvement pour proposer des écoles en forêt est né. Le concept est déjà à
l’œuvre en Scandinavie, en Allemagne et en Suisse (où une trentaine de crèches et écoles
maternelles existent).

Le fait d’être en forêt favorise la coopération et l’entraide, deux qualités dont l’huma-
nité aura de plus en plus besoin dans les années à venir. Par ailleurs, le fait d’observer
l’environnement favorise le questionnement. Là où, dans une salle de classe, les enfants
peuvent être apeurés à l’idée de lever la main, dans la nature, face à un phénomène
qu’ils ne connaissent pas, ils n’ont pas peur de demander car ils aiment apprendre !
Être dans la forêt permet aussi d’apprendre en expérimentant et comme nous le verrons
plus tard, c’est la meilleure façon d’apprendre et de mémoriser.

Quand on sait que 80 % des informations transmises oralement sont oubliées au bout
de deux jours, l’enseignement classique assis sur une chaise à écouter le professeur et
obligeant les élèves à bachoter est contre-productif. Pour bien mémoriser, il est nécessaire
de mêler Information et Emotions et l’expérimentation allie les deux !

Vous pouvez regarder le site Réseau français de pédagogie par la nature (www.reseau-pe-
dagogie-nature.org) ainsi que le blog www.eveil-et-nature.com ou encore l’école primaire
Caminando émanant de l’école des natures et des savoirs. Caminando organise
régulièrement des stages à destination des enseignants, porteurs de projets d’éducation
et autres personnes en position de transmission www.ecolenaturesavoirs.com/caminando/.
Je vous conseille aussi le livre « Enseignant trappeur », de Philippe Nicolas.

Apprendre par le jeu mais aussi, en faisant

Le jeu dans le cadre de l’apprentissage est primordial pour l’enfant (et les grands
d’ailleurs) car il va susciter des interrogations. Les enfants se rencontrent
par le jeu, ils s’imitent, ils jouent ensemble, ils coopèrent, ils se socialisent.
Il est important de préserver des temps de jeu LIBRE pour les enfants. Qu’ils
puissent choisir eux-mêmes leurs jeux et qu’ils aient le temps de rêver, de créer leurs
univers. Car malheureusement, très jeunes, les petits sont stressés, ils doivent
aller à l’école, faire leurs devoirs, avoir de nombreuses activités sportives, musicales,

De l’écolier au citoyen éclairé… 144


artistiques. Les parents veulent bien faire en ajoutant beaucoup de choses à faire
mais leur laisser des moments vides où ils apprendront à s’ennuyer, ce qui engen-
drera une grande créativité et à jouer librement, est ce qu’il y a de plus important.
Il ne faut pas être non plus dans une abondance de jeux et de jouets, car, comme le dit
Anne-Sophie Casal ( responsable des secteurs Petite-Enfance et Psychopédagogie
du centre national de formation aux métiers du jeu et du jouet ) dans le podcast Homo
Ludens** : « Aujourd’hui, nous sommes dans une société de productivité, d’abon-
dance, il y a beaucoup de chaînes de télé, beaucoup d’habits, beaucoup de choses dans
le frigo. Cette abondance, on la retrouve également du côté des jouets et on se rend
compte que même le tout petit, on va l’installer dans son parc et il va avoir 10 ou 15 jouets
autour de lui et du coup, il va papillonner. Il va prendre, jeter, prendre, jeter et il ne va
pas pouvoir se poser sur un jouet car il a trop de stimulations. Un élément important est
de proposer moins de jouets mais des jeux adaptés pour qu’il puisse jouer librement».
Le jeu est primordial dans l’apprentissage, pourtant après la maternelle, il s’efface
complètement du cadre de l’Education nationale. Seules les écoles alternatives
utilisent le jeu libre.

La meilleure façon d’apprendre est d’expérimenter, c’est ce que propose le learning


by doing (l’apprentissage par la pratique). Expérimenter, c’est tenter des choses, apprendre
en faisant, poser des questions, avoir le droit à l’erreur.

Un bon exemple de ce type d’apprentissage est donné par Les Savanturiers. Les Saven-
turiers « est un programme éducatif, développé par le  Centre de Recherches Interdisci-
plinaires, dont l’objectif est de s’inspirer des méthodes et de l’éthique de la recherche
pour construire des apprentissages rigoureux, productifs et coopératifs ». Ils proposent
des ateliers et des projets pédagogiques dans les classes pour apprendre par la
recherche grâce à l’expérimentation scientifique et les élèves se passionnent pour cela.
Des scientifiques parrainent les classes et accompagnent les élèves dans leurs explo-
rations. La recherche est faite de projets collaboratifs, d’ouverture à l’international,
de questionnement, de créativité et c’est parfait pour l’ouverture de nos enfants. Ils font
aussi de la recherche autour du numérique et de l’éducation et proposent des MOOC
pour les enseignants. les-savanturiers.cri-paris.org

Le concept de mini-entreprise est aussi intéressant. Il a été inventé en 1919 par Horace
Moses et se base sur l’apprentissage par l’action. Il existe en France la fédération Entre-
prendre Pour Apprendre, qui propose à des jeunes de 13 à 25 ans de créer et de gérer une
entreprise au cours de leur année scolaire. Pour la seule année 2018-2019, 43 000 jeunes ont
participé à une mini-entreprise en France.

Je pense qu’il faut absolument donner aux élèves l’esprit d’entreprise. Ils seront pour la plu-
part indépendants demain et feront plusieurs métiers dans leurs vies, ou même en même
temps, comme tout bon slasheur.

* - Homo Ludens est le podcast de Matthieu Tassetti qui traite du jeu, que ce soit dans l’apprentissage mais
aussi comme outil de transformation de l’entreprise : https://www.matthieutassetti.com/
145 Libres - Vers un travail qui a du sens
Et qu’en est-il des études supérieures ? Passe ton MOOC d’abord !

Apprendre le freelancing et la création d’entreprise de manière plus concrète est à inté-


grer ou à muscler dans les programmes. L’université a aussi du chemin à faire en obligeant
les stages chaque année. Je donne des cours à des Master 2 qui, pour certains, n’ont fait
qu’un stage d’un mois. Comment s’insérer dans la vie active avec un mois de stage face
à des étudiants d’école de commerce qui en sont au bout de 5 ans à au moins deux ans
de stage cumulés  ? Je suis persuadée que les études à la carte, que ce soit en présentiel
ou sous forme de MOOC, ont de beaux jours devant elles. Fini les cursus tout tracés
dans une seule et même école, l’avenir est dans ce que j’appellerais le cross schooling
autonome. Les étudiants et adultes d’ailleurs vont se former à la carte, au fur et à me-
sure de leurs envies et de leurs progressions. Car à part les grandes entreprises qui sont
encore en train de recruter et de rémunérer en fonction des diplômes obtenus
et des écoles fréquentées, la plupart d’entre nous sommes d’accord pour dire
qu’au-delà du diplôme, ce qui compte vraiment, ce sont le savoir-être, les talents,
l’expérience (que ce soit en stage ou en expériences associatives pour les étudiants)
et les compétences de la personne recrutée. Aujourd’hui, ce n’est plus passe ton bac
d’abord mais plutôt passe ton MOOC.

Les études et formation continue à la carte doivent être légion. Au même titre que
les « carrières » ( je déteste ce mot, cela fait bien longtemps que l’on ne fait plus carrière ! )
ne sont plus linéaires, les études ne doivent plus l’être non plus. Demain, 80 % des métiers
auront disparu, remplacés par les machines et l’IA aussi, mieux vaut se former sur le tas
à des choses que l’on apprécie plutôt que de croire, à tort, que ce que l’on aura appris
pendant nos études postbac nous serviva advitam aeternam.

Un autre élément, je me souviens avoir voulu recruter un stagiaire en remote working


(et parfois coworking), travaillant 4 jours par semaine (payés 5) avec cours de yoga offert
une fois par semaine pour une mission plutôt attractive. Réponse de la majorité des écoles :
Nous refusons les stages en « télétravail »… Je crois qu’ils vont devoir revoir leurs critères…

Faites plaisir à vos parents, passez votre bac, puis voyagez, expérimentez, allez à la ren-
contre des professionnels et des métiers qui vous intéressent et formez-vous ensuite par
tranche de compétences et puis, le terrain, la vie, l’expérimentation seront eux aussi les
meilleurs des enseignants.

• Au revoir le CDI, bonjour la CDV (Chance de vivre)

Le CDI n’est pas un sésame vers la liberté, bien au contraire, il enchaîne, il attache.
Par ailleurs, à y regarder de plus près, la norme n’est pas, n’est plus, le CDI, il n’y a plus que
30  % de gens en CDI, pourtant, toute la société est encore basée là-dessus. 87 % des nouvelles
embauches se font désormais en CDD, selon les chiffres de l’année 2017 ! Une chose est sûre,
concernant les nouveaux indépendants quels qu’ils soient, un nouveau contrat social devra
être défini car jusqu’à aujourd’hui, le CDI à l’ancienne est encore vendu comme étant la
panacée. Vous voulez louer un appart ? Fiches de salaire et CDI. Vous voulez obtenir un
crédit ? Fiche de paies et CDI.
De l’écolier au citoyen éclairé… 146
Si vous n’avez pas de garant, il existe des solutions proposées par  Action Lo-
gement  comme  Visale, une caution locative pour les jeunes actifs de moins de
30 ans, mise en place en 2016 par le gouvernement qui garantit les loyers im-
payés, ou encore Locapass, mais c’est toujours pour les moins de 30 ans.
Le mieux reste encore de trouver un particulier qui, lui aussi, sera peut-être un in-
dépendant et comprendra bien mieux que les autres que le monde a changé.
Les banques, doivent, elles aussi changer. Elles sont d’une frilosité accablante en France
et misent tout sur les crédits à la consommation plutôt que sur le soutien aux initiatives.

D’ici quelques années, le CDI n’existera tout simplement plus. Il y aura encore
quelques fonctionnaires mais cela s’arrêtera là. Selon une étude du Think Tank Insti-
tute for the Future  (IFTF), 85  % des emplois de 2030 n’existent pas encore aujourd’hui.
Les intermédiaires, quels qu’ils soient, vont tous péricliter. Pourquoi payer plus cher en
passant par un intermédiaire, quand je peux payer moins cher (tout en payant le produc-
teur un bon prix), en achetant en direct ?

De la même manière en tant qu’entreprise, pourquoi embaucher quelqu’un en CDI et payer


de lourdes charges quand vous pouvez embaucher un freelance, (très bien) le payer sous
forme d’honoraires et que cela vous coûte tout de même moins cher que d’avoir un salarié ?
Alors, bien évidemment, pour le moment, beaucoup d’entreprises ont besoin de salariés
fixes, mais jusqu’à quand ? Ajouté à cela le fait que nous sommes une majorité grandis-
sante à désirer être libres, indépendants, à travailler ( et à vivre ) où bon nous semble, tout
en changeant souvent de métier ( voire en les faisant tous en même temps ), le bon vieux CDI
est mort, vive la CDV… La Chance De Vivre.

Oui, la chance de refuser un système malade et d’en créer un nouveau, plus résilient,
plus souple, plus juste. Le futur est à l’entreprenariat, à la création de votre activité ou
de votre emploi, à l’indépendance, à la création de collectifs d’entraide entre indépendants.
Nous vivrons de plus en plus dans une ère qui favorisera les talents et l’unicité de chacun
plutôt que des compétences acquises essentiellement pour le bon fonctionnement d’une
entreprise. Tout le monde est capable de créer sa boîte ou son emploi, il suffit juste de don-
ner les bonnes clés à tout un chacun et d’arrêter de leur faire croire que, comme ils n’ont
pas « réussi » à l’école, ils ne sont bons à rien. L’école, avec son système de notation rigide
et l’apprentissage de seulement quelques matières ôtant la créativité, le travail manuel et
artistique et tellement d’autres éléments importants a bridé, voire brisé, toute une frange
de la population. Il est important de redonner confiance à cette frange là car du potentiel,
elle en a tellement à offrir ! Tout le monde devrait avoir accès à des cours d’entreprenariat,
c’est la clé de la liberté ! Et ce n’est pas un gros mot. Créer son emploi, vivre de sa passion,
faire ce que l’on aime, cela n’a RIEN à voir avec un libéralisme exacerbé ! Alors arrêtons,
en France, d’avoir une vision de l’entreprenariat complétement binaire et surtout erronée.

• L’exode urbain

En 1900, moins d’un humain sur 10 était citadin. En 2050, ils seront deux sur trois à vivre
dans les villes, et surtout des mégalopoles d’après l’essai « La ville pour tous », de

147 Libres - Vers un travail qui a du sens


l’économiste Robin Rivaton. En France, nous en sommes encore à Robespierre
et aux Jacobins. L’organisation du pouvoir se fait de façon administrative, centralisée
et surtout, continue à être régie par une élite de technocrates, énarques en dehors
des réalités et ce, quelle que soit leur couleur politique ! La centralisation des pouvoirs,
commencée pendant la Révolution française et continuée sous le règne de Napoléon,
n’a cessé jusqu’alors de donner les pleins pouvoirs à Paris. Tout a été fait pour ériger Paris,
en capitale de la France, certes, mais en seul phare éclairant le petit peuple aux alentours.
Petit à petit, les populations ont quitté les villages et les régions du centre au profit
de la capitale. Exception faite des zones où le fleuron de nos industries s’était installé, avant
d’être parfois délocalisé à l’étranger… (charbon puis textile dans le Nord, aéronautique dans
le Sud-ouest…). Les écoles ont fermé, les médecins de campagne sont partis, les hôpitaux
ont fini en friche, les épiciers et le bar du village ont mis la clé sous la porte et les hameaux
et villages ont été peu à peu désertés.

Mythe persistant : Rien ne peut être fait sans Paris.

- Les lois sont faites à Paris (voire à Bruxelles, petite exception), même pour des sujets
relatifs à ce qui se passe dans nos montagnes. C’est l’exemple d’une loi européenne
interdisant aux paysans basques qui élèvent leurs troupeaux dans la montagne de lais-
ser la carcasse d’un de leurs animaux morts vers les sommets. Résultat, ils sont obligés
de redescendre les carcasses dans les vallées et les vautours n’ayant plus de quoi
se substanter, se rapprochent de plus en plus dangereusement des villages et attaquent
les bêtes vivantes.

-L
 es étudiants brillants doivent faire leurs stages et travailler à Paris car la province
c’est cheap.

- Pour percer, il faut aller à Paris.

-
Si vous êtes lillois et que vous voulez vous rendre en Bretagne en train…
passez par Paris. C’est valable pour toute personne habitant en « diagonale » ou « per-
pendiculaire », les voies ferrées ayant toutes été créées en étoile depuis Paris, centre du
monde.

- Si vous êtes un maire soucieux de ses administrés et que, tel le maire de Langoüet,
vous voulez faire cesser l’usage des pesticides autour de votre bourgade et bien, vous
devez en ratifier à Paris, qui, comme ce fut le cas, envoya un décret interdisant ledit
maire d’agir de la sorte. Les légumes, depuis Paris, se consomment avec pesticides et sans
qu’un maire zélé ne joue les zorros.

Alors oui, jusqu’à présent, Paris était le centre et les flux migratoires allaient vers les villes
et principalement Paris, mais, à l’inverse de Robin Rivaton, je pense que nous allons assis-
ter de plus en plus à une décentralisation et à une désertification des gros bassins au profit
des villes à taille réelle et des campagnes.

67 % des franciliens souhaitent trouver un emploi hors de l’Ile de France ( source : Hellowork

De l’écolier au citoyen éclairé… 148


2019 ) et 20 % des Français souhaitent changer de région dans les trois ans (source : BVA –
septembre 2018).

À noter tout de même que 100 000 Français quittent la ville pour la cam-
pagne chaque année. Et tous ces chiffres datent d’avant le coronavirus. Il suf-
fit de voir le nombre de personnes (irresponsables) qui ont fui Paris et les
grandes villes pour se confiner en province pour comprendre que la tendance va
encore aller grandissant. Même le citadin commence à en avoir marre de la ville.

Les raisons ? Une meilleure qualité de vie, l’extension des trains à grande vitesse, le prix
de l’immobilier très coûteux dans les villes, le développement du télétravail, l’envie
de renouer avec la terre et avec un rythme de vie plus sain, voire de créer des éco-
hameaux pour faire émerger des îlots de résilience. Vous pouvez aller voir le site du village
de Pourgues par exemple où quelques personnes vivent en collectif autogéré et ont
une école démocratique (www.villagedepourgues.coop), vous rendre sur le site
www.toitsalternatifs.fr, pour aller à la rencontre de tous les éco-hameaux en France
ou encore vous abonner à la revue passerelle éco).

Ajouté à cela le fait que de plus en plus de monde est en train de prendre conscience
que le système doit radicalement changer et que in fine nous sommes de plus en plus
nombreux à pouvoir travailler de partout. Et, donnée non négligeable, nous sommes
de plus en plus nombreux à chercher l’autonomie, l’autosuffisance car dans les années
à venir, avec la baisse des énergies fossiles et le changement climatique, ce sera primor-
dial. Tout cela va permettre un remaillage des territoires et, à terme, leur offrir davantage
de pouvoir, plus proche des véritables besoins et enjeux du vivant.

Les parisiens et habitants de grandes agglomérations vont rallier des villes moyennes
et même des campagnes pour se mettre au vert. Et voilà les néoruraux qui repeuplent
les campagnes, créent des hameaux résilients, réouvrent la boulangerie abandonnée
depuis des lustres, montent des écoles alternatives, guérissent les sols et relancent une
agriculture en microfermes et agroforesterie. Attention cependant, des initiatives de ce type
sont aussi le lot de nombreuses personnes du cru qui, elles aussi conscientes de la nécessité
de changement (et souvent depuis bien plus longtemps que les néoruraux), en font leur
leitmotiv. Le bonheur et le changement sont dans le pré. Les choses vont bouger depuis les
petits villages et territoires ruraux, pas depuis Paris !

Cependant, pour les espaces de coworking ruraux, ce n’est pas encore la panacée. Pas
assez de fréquentation et pour ceux qui viennent, ils n’y restent que quelques heures
contre des journées entières dans les mêmes espaces en ville. Aussi, les coworkings
en région, pourtant extrêmement utiles en termes de service public et de création de
liens, peinent à trouver leur modèle. Cela va changer suite au coronavirus, c’est certain.
L’idéal étant d’en faire un modèle associatif pour pouvoir bénéficier de subventions, ou
même, de voir les collectivités s’emparer de cette tendance pour l’offrir à leurs administrés.
Cependant, certains espaces fonctionnent mieux que d’autres, c’est le cas des tiers-lieux
regroupant davantage de services.

149 Libres - Vers un travail qui a du sens


80 tiers-lieux viennent d’être labellisés « Fabriques de Territoire » suite à l’annonce du pro-
gramme national de soutien aux tiers-lieux, « Nouveaux lieux, nouveaux liens », lancé en
2019 par l’Etat :

« Ces Fabriques ont pour mission de soutenir l’activité économique locale, en favorisant le
coworking et l’incubation de projets, de développer la formation et l’apprentissage par le
« faire », et d’encourager l’échange, l’entraide et le partage au sein de leur communauté.

L’État va soutenir à hauteur de 75 000 à 150 000€, sur 3 ans, les Fabriques de Territoire, le
temps pour ces structures de conforter leur équilibre économique.

Parce que beaucoup sont engagées dans la transition numérique de leur territoire, elles
seront reconnues comme Fabriques Numériques de Territoire et bénéficieront d’un bonus
de 100 000 €. » Xavier de Mazenod, fondateur de TheVillage

Si vous avez le souhait de monter un tiers lieu, vous pouvez vous rapprocher
de l’association France tiers-lieux (www.francetierslieux.fr). Son rôle est d’accompagner
au développement et à l’émergence de ces lieux. Vous pouvez aussi y trouver les 1 800
tiers-lieux recensés en France et le Rapport Mission Coworking - Faire ensemble pour
mieux vivre ensemble. Vous pouvez aussi vous rapprocher d’acteurs comme Sinny & Ooko,
créateur de quatre tiers-lieux à Paris et en Ile-de-France et du Campus des tiers-lieux,
formation de 6 mois qui s’adresse aux porteurs de projets de tiers-lieux culturels ainsi
qu’à celles et ceux qui veulent être acteurs des évolutions du territoire et de notre société.

Un bon exemple en la matière est la coopérative des tiers-lieux en Nouvelle Aquitaine, née
en 2010 d’un collectif constitué de créateurs et animateurs de tiers-lieux qui se sont réunis
pour partager leurs expériences avec d’autres porteurs de projets et pour faire connaître
ces nouvelles organisations du travail. L’association devint une Société coopérative
d’intérêt collectif en 2013 et se mit à développer une formation au métier de facilitateur
de tiers-lieux en 2015. En juin 2018, une  convention triennale est signée avec la Région
Nouvelle-Aquitaine, visant à atteindre un maillage de 300 tiers-lieux à horizon 2020,
tout en aidant à la pérennité des modèles.

Autre belle initiative, celle de la Ferme de la Martinière qui est en train de transformer
la ferme familiale en tiers lieu… paysan. L’idée étant d’en faire un lieu où l’on puisse tour
à tour apprendre, se ressourcer, réfléchir et se nourrir en lien avec la terre. Pour connaître
les dates des stages, ateliers et formations : www.fermedelamartiniere.fr

Les freins concrets à ruralité

Le saviez-vous ?

Ça bouge en région !
Depuis que des mouvements de populations de plus en plus conséquents s’opèrent en région,
mouvement encore accru suite au covid, certains territoires font leur coming out pour jouer

De l’écolier au citoyen éclairé… 150


de leur attractivité. Car autant la côte basque (à noter que l’identité forte du pays basque
a empêché la désertification de son territoire) ou Bordeaux commencent à saturer de voir
arriver des parisiens, autant certaines régions seraient très heureuses de voir leurs villages
revivre grâce aux néo-ruraux.

L’exemple du Gers

Soho Solo Gers est un programme d’accueil et d’accompagnement créé en 2009 et issu
d’un programme porté par la Chambre de Commerce et d’Industrie du Gers, le Conseil Général,
la Région et l’Europe. Depuis la création des grandes régions et la redistribution des compé-
tences, le programme Soho Solo Gers est désormais porté par Gers Développement qui est
l’Agence de Développement Économique du Gers soutenue par les Communautés de Com-
munes et la CCI du Gers.

Son objectif : Accueillir et accompagner les travailleurs solo désireux de s’installer dans
le département !

Chaque année, de nouvelles personnes intègrent le réseau. Certains viennent de l’étranger,


beaucoup de Paris, Lyon et même Marseille ou Nice, fuyant la densité de population, la pollu-
tion, les bouchons. D’autres reviennent dans leur région natale après avoir étudié ou travaillé
quelques années. Ils ont plutôt la quarantaine et des métiers nomades, comme l’accompagne-
ment, le consulting, les métiers du web, le secrétariat, la photographie... Cependant, depuis
quelques temps, Audrey Fievet, l’animatrice du réseau Soho Solo Gers, voit aussi des jeunes
poser leurs bagages dans la région pour monter des fermes bio, agro-écologiques.

La mission de Soho Solo Gers est aussi d’expliquer à ces nouveaux arrivants la culture locale,
leur faire connaître les villages engagés biologiquement (Lagraulet du Gers par exemple), les
marchés, les petits producteurs locaux… Ils veulent du calme et s’installent dans des tous pe-
tits villages mais à côté de grands axes où se trouvent un aéroport ou une gare. Soho Solo
Gers organise des rencontres, des événements en partenariat avec la CCI, des ateliers tous les
mois en partenariat avec une Coopérative d’Activité et d’Emploi, pour que chaque indépen-
dant puisse se faire un réseau, échanger, rencontrer d’autres entrepreneurs indépendants, des
entreprises gersoises. Gers Développement gère aussi un tiers-lieu doté d’un Fablab à Auch
(orienté couture et loisirs créatifs). Il y a plusieurs tiers-lieux, cafés associatifs et pépinières
dans le département, ils sont répertoriés sur le site www.soho-solo-gers.com. L’intégration dans
le réseau est très importante pour ces nouveaux venus et Soho Solo Gers les aide à chaque
moment de leur projet. Si les gens sont en cours de création, ils sont dirigés vers la CCI ou
la coopérative Kanopé qui accueille 140 membres : les entrepreneurs sont salariés de
la coopérative mais restent indépendants, ce qui permet de tester un projet en toute sécurité
pendant 24 mois, ils peuvent ensuite devenir associés de la coopérative. Ce qui différencie
cette coopérative d’une boîte de portage, c’est que c’est une vraie communauté, une entreprise

151 Libres - Vers un travail qui a du sens


partagée. Soho Solo et Kanopé sont complémentaires et apportent un véritable soutien


aux entrepreneurs qui s’installent dans le Gers.

L’exemple du Lot

Depuis deux ans, le département du Lot s’est lancé dans une grande démarche d’attractivité
pour faire venir de nouveaux arrivants.

Ils ont réussi à en faire une démarche collective en intégrant les communautés de com-
munes, les chambres de Commerce, d’artisanat et d’agriculture, l’Agence de développement
touristique, Pôle emploi et même les entreprises locales avec qui ils travaillent main
dans la main.

Pourquoi ? Car le Lot a vieilli et les entreprises peinent à recruter. Le Lot, comme beaucoup
de territoires ruraux, a connu une désertification et désormais, un grand turn over de popula-
tion. De nombreuses personnes y viennent à la retraite (le Lot est d’ailleurs l’un des territoires
où il y a de plus en plus de jeunes retraités qui arrivent), mais la majorité des jeunes partent
étudier et ne reviennent pas pour y effectuer leur premier boulot.

Le Lot est apprécié, la zone double d’ailleurs sa population l’été, mais a un problème de
notoriété pour faire connaître l’étendue des possibles. Car des opportunités là-bas, il y en a
des milliers, les entreprises ayant du mal à recruter et beaucoup d’entre elles recherchant
des repreneurs. Il y a des besoins dans l’industrie, l’artisanat, l’aide à domicile, tout le sec-
teur médical, le bâtiment… En 2018, selon les chiffres de Pôle emploi, 9 000 postes étaient
à pourvoir ! Le taux de chômage y est moins élevé que dans les régions alentours. Il y a
beaucoup de perspectives professionnelles sur place et la région cherche à attirer
des médecins, des ouvriers qualifiés ( notamment dans l’industrie aéronautique ) et aussi
les 30 / 40 ans qui se questionnent, souhaitent se reconvertir, reprendre une entreprise
et surtout vivre dans un environnement de qualité.

La Chambre des métiers et de l’industrie les accompagne dans la création d’entreprise, la région
Occitanie a créé OCCTAVE, un moteur de recherche qui agrège toutes les reprises de boîtes
dans l’artisanat, l’industrie et bientôt dans l’agriculture. Le site www.choisirlelot.fr vient d’être
lancé, avec une rubrique qui fait remonter les offres d’emploi et de reprises d’entreprises.

Oh My lot, la marque du département, a réussi à structurer un réseau d’accueil sur


le territoire pour accompagner les gens tant sur le volet personnel que professionnel. Conseils,
aide dans la recherche de logement, d’écoles, de crèches… Tout est fait pour accompagner
et rassurer le nouvel arrivant. La structure fait tout pour faciliter l’installation, en proposant,
par exemple, des logements temporaires. Ils ont réussi à fédérer un réseau d’acteurs
du tourisme et de propriétaires qui veulent bien louer pour quelques mois à ces néoru-
raux ! Pôle Emploi bouge aussi en organisant des rencontres sous forme de job dating entre

De l’écolier au citoyen éclairé… 152


les personnes qui souhaitent s’installer et les entreprises, et cela fonctionne bien. C’est l’exemple
d’un jeune toulousain qui désirait s’installer dans le Lot et se reconvertir et a trouvé ainsi
un emploi dans la maroquinerie, un secteur qu’il ne connaissait pas.

Le Lot, quant à lui, cherche vraiment des actifs. Alors si vous voulez reprendre une entreprise,
trouver un emploi et vivre dans une magnifique région (pour l’avoir traversée à pied, je vous
la conseille vivement), il n’y a qu’une chose à faire… rallier le Lot. Si on rapporte le nombre de
nouveaux arrivants à la population, on se classe au 7 ème rang national des départements les plus
attractifs.

Les créations d’entreprises et d’auto-entreprises ont beaucoup augmenté. Une cinquan-


taine de tiers-lieux avec des services très variés allant du fablab, à l’espace de coworking, en
passant par l’espace multimédia et la bibliothèque améliorée, ont vu le jour. Ça se développe.
Vous pouvez d’ailleurs voir la carte sur le site de www.choisirlelot.fr.

En parallèle des régions et collectivités qui cherchent à attirer de nouveaux arrivants,


des initiatives privées se lancent aussi et font rayonner leurs régions, c’est le cas, par exemple,
du Breizh Hacking.

Le Breizh Hacking, c’est un challenge mettant en scène des start-ups engagées (alimentation
durable, mobilité, éducation, engagement citoyen, … ), bretonnes ou parisiennes, qui souhaitent
s’implanter en Bretagne et / ou profiter d’un rayonnement et d’accompagnement. Les gagnants
remportent des aides à l’installation, du mentoring…

Dans le même registre, Pierre Alzingre a créé La start-up est dans le pré, inspiré des Start-ups
Weekend. L’objectif est de réunir pendant 48 heures plusieurs dizaines de porteurs de projets
et les acteurs locaux susceptibles de les accompagner (investisseurs, chefs d’entreprises, élus
locaux,… ). Cela sert d’accélérateur fabuleux ! www.lastartupestdanslepre.fr

Vous trouvez aussi le média Zevillage qui, il y a 10 ans, a créé le 1er tiers-lieu rural en France,
l’écloserie numérique (  www.ecloserie-numerique.com ), pour accompagner la création
d’entreprises et développer du lien social autour du numérique, en pleine campagne. Ils ont
lancé en 2014 une formation de codeurs de 6 mois pour des demandeurs d’emploi, puis
un MOOC sur le travail flexible en 2016 et une autre formation en 2019 sur l’Internet
des objets. Beaucoup d’autres chantiers sont ouverts autour d’un espace de coworking
et d’un fablab, comme par exemple le développement d’une communauté de freelances
avec Happy Dev (www.happy-dev.fr), un collectif d’indépendants du numérique.

Pour ceux qui veulent sauter le pas et partir vivre à la campagne, je vous conseille le super
magazine Villages !

153 Libres - Vers un travail qui a du sens


Quant aux parisiens, vous pouvez faire un saut au salon France Attractive pour rencontrer les
acteurs locaux, les reprises d’entreprises ou encore connaître les accompagnements potentiels
que vous pouvez avoir mais aussi au salon du travail et de la mobilité professionnelle à Paris.
Faites aussi un tour sur le chouette site www.paris-jetequitte.com

Et n’oubliez pas que ce n’est pas la campagne qui a besoin de vous mais bien vous qui avez besoin
d’elle. Soyons plein d’humilité. À noter d’ailleurs que le mot « humilité » vient d’ « humus » (terre).
Faisons comme la nature, intégrons-nous de manière harmonieuse, en respectant la vie, et en
vivant tout simplement.

Est-ce que tu es branché ?

Renseignez-vous bien sur la fibre avant de vous installer, certaines zones ne


sont pas ou très peu couvertes ! Malgré le plan France très haut débit de 2013
et le déblocage de 620 millions d’euros pour généraliser le haut débit partout en France,
l’association UFC Que Choisir confirme l’inégalité des territoires avec un grand fossé entre
les villes et les campagnes. L’étude montre que 6,8 millions de personnes n’ont
toujours pas accès à internet et que plus de 12 millions n’ont pas accès à un débit
de qualité. Alors, au lieu de déployer la 5G, ce qui serait une hérésie tant nous connais-
sons ses dangers pour notre santé et la santé de la planète, il serait plus judicieux de mieux
couvrir certaines zones rurales en laissant des zones blanches permettant de
se déconnecter (n’oublions pas que certaines personnes sont hypersensibles
aux ondes électromagnétiques).

Qu’est-ce qu’on en a à faire d’avoir un débit jusqu’à 10 fois supérieur à la 4G ! En 2017,
170 scientifiques  de 37 pays recommandaient un moratoire sur le déploiement de la
5G, « pour trouver des solutions aux  dangers sanitaires et environnementaux »  liés au
réseau de la «  cinquième génération ». La meilleure des solutions : stopper cette course au
progrès sans fin quand sa mise en place crée plus de méfaits que de bénéfices.

Le projet est-il bien sur les rails ?

Autre élément, lorsque j’étais sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle,


j’ai pu discuter avec beaucoup de personnes vivant dans des villages et j’ai été
frappée par un problème majeur qu’un grand nombre de population vit,
les fermetures de ligne de train  ! C’est une calamité qui voit des territoires entiers
se vider car sans train, il est plus difficile de rallier les locaux de leur entreprise.
Pour exemple, il y a une pétition en cours concernant la ligne Auch-Toulouse car il
n’y a pas assez de trains et les arrêts dans les gares sont beaucoup trop longs ce qui
engendre un temps de trajet en train des plus lents. Cela pourrait être raccourci mais rien
n’est fait dans ce sens. Les gens doivent donc effectuer le trajet en voiture, ce qui pour-
rait être évité ! La ligne Auch-Agen a, quant à elle, été carrément supprimée et remplacée
par un bus. Le covoiturage se développe mais il y a encore quelques progrès à faire.
De l’écolier au citoyen éclairé… 154
Par ailleurs, tout le système ferroviaire français a été construit en étoile vers Paris.
Il n’y a que des diagonales et les trajets du type Bordeaux-Lyon ou Nice-Biarritz mettent
des temps fous ce qui ne va pas en faveur d’une mobilité responsable, beaucoup préférant
donc prendre l’avion.

Le voisin n’est pas forcément ton client

Evitez de penser que vos futurs clients seront dans la région où vous voulez
vous installer, gardez en tête que vous devrez parfois bouger pour aller
rencontrer vos clients ou avoir la possibilité de faire votre travail à distance.

Par ailleurs, autre élément non négligeable, vous n’arrivez pas en terrain conquis et
personne ne vous attend ( sauf si vous reprenez la boulangerie, l’épicerie ou le bar du vil-
lage fermé depuis des années. Et même dans ces cas-là, il vous faudra montrer patte
blanche ). Vous allez arriver dans un territoire où tout le monde se connaît, où ils ont
déjà vu passer des « gens de la ville  », « des parisiens » qui sont tous repartis rapidement
car vivre à la campagne, c’est d’abord s’intégrer et prouver que vous méritez d’être là.
Alors la meilleure des choses en arrivant, avant de vouloir révolutionner le territoire
avec vos idées sûrement bonnes, mais parfois pleines de clichés, c’est déjà
de faire preuve d’humilité.

Le saviez-vous ?

Même l’Etat s’y met

Déserter Paris pour la campagne ? Même les Finances Publiques sentent le vent tourner
et s’y mettent… Le Ministère de l’Économie et des Finances a lancé un appel d’offre en 2018
de… relocalisation territoriale. Bercy cherchait des villes françaises dans le but de déplacer dans
les 2 à 3 ans qui viennent certains de ses fonctionnaires. Le ministère a donc identifié 200 villes
en France et 50 d’entre elles ont ainsi été sélectionnées.

• Faire ce que l’on aime

Que votre travail s’adapte à votre vie et non l’inverse ! C’est mon leitmotiv.
Nous avons été conditionnés pour FAIRE un travail. Depuis petit, on nous demande ce que
l’on veut faire quand nous serons plus grand. On nous parque dans des classes assis bien
sagement. Puis, c’est le tour du choix des études, du métier et nous nous engouffrons dans
une voie sans trop savoir si nous aimons réellement cela, si c’est véritablement aligné avec
nous, si nous y libérons tous nos talents. Nous finissons par travailler 80 % du temps sans
nous occuper de l’essentiel : NOTRE VIE et le sens de celle-ci ! Ce laps de temps court entre
notre naissance et notre mort. Non, tout ça est remis à plus tard... à la retraite (si nous en
avons une un jour d’ailleurs).

C’est ça la vie ? Non.

155 Libres - Vers un travail qui a du sens


Ce n’est pas à votre vie de s’adapter à votre travail mais pour cela il faut répondre à la
seule question valable qui est : « Quelle Vie voulez-vous mener ? ». Mais « quelle Vie » avec
un grand  « V » ! Ce qui suppose d’y intégrer votre vie personnelle, spirituelle, amoureuse,
géographique, la contribution au monde que vous voulez offrir, le sens que
vous voulez y mettre... Ensuite, autorisez-vous à rêver ! Voyez grand et faites tout ce qui est
en votre pouvoir pour faire éclore ce rêve.

« Fais ce que tu aimes et tu n’auras plus à travailler un seul jour de ta vie .»


Confucius

N’écoutez pas les rabats-joies (qui parfois ne sont présents que dans votre tête
d’ailleurs... Vous savez, ce mental qui vient vous faire croire que vous vous racon-
tez des histoires, que vous n’êtes pas capable de faire ceci ou cela, de gagner votre vie
grâce à vos talents artistiques, que vous n’êtes pas à la hauteur, que vous échouerez
lamentablement, qu’il vaut mieux rester dans les clous, dans un schéma tout tracé, etc...).

N’écoutez pas non plus votre raison. Vous vous croyez peut-être très intelligent
grâce à votre rationalisme, votre contrôle à toute épreuve, votre esprit brillant,
mais la raison, VOTRE raison vous bride. Préférez-lui votre cœur, votre intuition,
vos rêves. Tout commence par un rêve, ce doit être votre but, votre objectif,
votre raison d’être. Pourquoi êtes-vous sur terre ? Pour avoir un bon poste,
travailler 35 ou 60 heures par semaine, gagner de l’argent et vous acheter une maison ?

Non. Vous êtes sur terre pour rayonner et offrir votre lumière au monde. Vous êtes sur
terre pour offrir vos talents autour de vous (et nous en avons tous une multitude). Vous êtes
sur terre pour ETRE qui vous êtes. Vous êtes sur terre pour expérimenter, évoluer,
apprendre... Et vous tromper parfois. Mais ce n’est pas grave de se tromper, il n’y a jamais
d’échec, il n’y a que des opportunités de rebond.

Car il s’agit de ça, rebondir.

Nous devons TOUS rebondir, créer une nouvelle manière d’être et d’être ensemble.
Une manière d’être à la terre, d’être à la nature, d’être en relation.
D’être... humain, tout simplement des humains ! Nous sommes là pour avancer, évoluer,
changer un système qui nous mène droit à notre perte. Redevenons qui nous sommes,
libérons-nous et soyons une plus belle humanité. Et quoi de mieux déjà que de redevenir
qui nous sommes vraiment. D’enlever nos costumes et de commencer par faire quelque
chose qui nous plait vraiment. Car quand nous faisons réellement ce que nous aimons,
nous rayonnons.

Je dis toujours que la bonne voie, c’est là où il y a de la joie. La joie est le meilleur indicateur
à avoir pour savoir si vous prenez le bon chemin. Je ne parle pas de plaisir. Le plaisir, c’est
immédiat et cela passe très vite comme un shoot de gâteau au chocolat. La joie, c’est beau-
coup plus profond, cela vous connecte directement à votre âme. Vous savez puissamment
que vous êtes dans votre essence.

De l’écolier au citoyen éclairé… 156


Alors, allez trouver cette essence, cette ou ces choses qui vous feront rayonner
et vous mettront en joie.

Pour vous y aider, j’ai créé en 2012 la méthode Rêvez, Osez, Foncez. L’objectif de cette méthode
est que vous trouviez votre voie. C’est simple, cela ne prend que 3 mois. Elle se découpe en 3
parties. La première relève du déconditionnement pour vous reconnecter à qui vous êtes.
J’aide les personnes que j’accompagne à lever les freins, les limites qu’elles se sont fixées
consciemment et inconsciemment depuis des années, parfois des décennies.

Nous travaillons sur les peurs. Peur de manquer, peur d’échouer ou parfois aussi, peur
de réussir, peur de sauter le pas… Elles commencent à se reconnecter à leur essence
profonde. Ensuite vient le moment de se pencher sur la Vie qu’elles veulent mener,
« la Vie » avec un grand « V », le style de vie, les éléments importants à leur épanouissement.

Je ne fais pas de dichotomie entre d’un côté la vie professionnelle et de l’autre la vie person-
nelle (spirituelle, sociale, familiale…). Tout est important et se doit d’être équilibré. Arrive,
après tout un cheminement intérieur, la troisième partie qui leur permettra d’avoir ce fameux
déclic et de savoir vers où elles souhaitent aller et comment le faire. Ce sera peut-être
une reconversion totale, une création d’entreprise, un déménagement en prime,
mais quel que soit le chemin entrepris, la personne se sentira alignée car elle aura récupéré
sa liberté et son pouvoir personnel. Elle renoue alors avec le sens et utilise pleinement son
potentiel et ses talents.

Chaque reconversion sera différente. Nous avons tous des talents propres à offrir, des envies
particulières. Depuis une décennie que j’exerce mon métier, je n’ai vu que 3 reconversions
vers les mêmes métiers, à chaque fois, c’est différent, car différent, nous le sommes tous.

Chaque reconversion est unique et la meilleure sera celle que vous ferez car
elle vous ressemblera à 100%. Un changement de vie, de voie réussie c’est avant tout
se reconnecter à soi. Sans ce travail sur soi préalable, vous risquez la reconversion
réactionnaire. Or une reconversion, un changement de vie, une création d’entreprise,
c’est avant tout renouer avec ses valeurs. C’est aller profondément vers ce qui fait sens
pour vous. C’est aller de la tête directement au cœur. Trouver sa voie, c’est simple
contrairement à ce que l’on nous a fait croire, il suffit juste d’avoir les bonnes clés.

Les avantages à faire ce que vous aimez

• Vous n’avez plus l’impression de travailler


• Vous récupérez du temps et le gérez comme bon vous semble
• Vous vivez pleinement et cessez de survivre
• Vous vous sentez utile
• Ce que vous faites à un sens
• Vous êtes épanoui
• Vous contribuez aussi à l’épanouissement de tous les êtres humains (comme vous êtes heureux,

157 Libres - Vers un travail qui a du sens


vous n’êtes plus en conflit avec qui que ce soit)
• Vous êtes (encore) plus efficace (si vous étiez bon dans ce que vous faisiez avant, imaginez com-
ment vous allez exceller quand vous ferez quelque chose qui vous plait vraiment)
• Vous êtes enthousiaste et avez envie de lancer encore plus de projets
• Vous n’êtes plus en compétition avec qui que ce soit et apprenez aussi la bienveillance envers
vous-même
• Vous êtes plein de vie et n’avez plus la boule au ventre le dimanche
• Vous vous levez chaque matin avec le sourire
• Vous devenez le co-créateur de votre vie
• Vous faites de plus en plus confiance à la vie
• Vous êtes de plus en plus intuitif
En un mot, vous êtes heureux !

Pour vous donner un avant-goût, j’ai créé aussi l’exercice de l’Arbre pour créer sa vie, que je
vous livre ici. Voici quelques explicatifs pour réaliser votre arbre.

Vous allez commencer par dessiner un arbre ou faire des collages. Le seul impondérable,
c’est que l’arbre vous plaise.

Maintenant, ajoutez des branches. Sur chacune de ces branches, notez


(dessinez si vous le pouvez ou collez des images) les éléments qui constitueraient
la réussite de votre vie. Ajoutez autant de données personnelles que professionnelles.
Ne vous demandez pas si ce que vous posez sur le papier est atteignable. Ne vous
censurez pas !

Certains d’entre vous auront peut-être du mal à réaliser cet exercice car ils se disent que
cela ne sert à rien, ou encore qu’il ne faut pas se mettre à espérer quelque chose qui n’arri-
vera peut-être jamais. À ceux-là, je rétorque qu’effectivement, cela n’arrivera pas tant que
vous ne formaliserez pas vos vœux.
• Que voulez-vous ?
• Comment voyez-vous votre vie réussie ?
• Où voulez-vous vivre ?
• Dans quel environnement souhaitez-vous travailler ?
• Avec quel(s) type(s) de collaborateurs ?

Vous aimeriez par exemple : Avoir deux enfants ? Un scooter rose ? Une maison en pierre
dans le sud de la France avec un figuier dans le jardin et un potager en permaculture ?
Voyager une fois par mois ? Faire des stages de yoga partout dans le monde ? Jouer dans
un groupe de musique ? Vivre dans deux endroits différents, 6 mois dans l’un, 6 mois dans
l’autre ? Travailler avec des artistes, des médecins, etc… ? Vous rendre à vélo sur votre lieu de
travail ? Vous développer spirituellement ? Travailler à l’étranger ? Réaliser des documen-

De l’écolier au citoyen éclairé… 158


taires ? Ecrire un livre ? Faire du télétravail 3 jours par semaine ? Etc….

Notez tout ce qui vous fait envie, tout ce que vous souhaitez. Ajoutez autant d’éléments
possibles liés à l’Etre (être plus serein, être un bon parent, développer une communica-
tion non violente…), au faire (exercer un travail qui me plait vraiment, apprendre à parler
chinois, tenir des postures de yoga complexes, faire des jeûnes…), qu’à l’avoir (avoir assez
d’argent pour m’offrir des restaurants étoilés, avoir une maison, un chien…).

Mettez de la couleur dans votre dessin. Même si vous n’êtes pas Picasso, votre dessin
doit vous plaire. Continuez jusqu’à ce que vous ayez le sentiment que l’image de votre
vie réussie est dans cet arbre, que rien ne manque. Ajoutez des éléments jusqu’à ce vous
puissiez vous sentir vibrer rien qu’en le regardant.

Maintenant, vous allez vous atteler à vos compétences, que vous mettrez dans les racines.
Attention, ne mentionnez QUE les compétences qui vous plaisent. Par exemple,
vous passez votre journée à faire des tableaux Excel, vous savez parfaitement faire cela
mais cela vous ennuie profondément, et bien, ne le mentionnez pas dans votre arbre.
En revanche, vous allez parfois en rendez-vous client, vous adorez les conseiller
et échanger (même si cela ne fait partie que de 5% de votre boulot…) Notez donc cela.

Pour rappel  : Les compétences, ce sont des éléments que vous avez acquis à l’école,
par l’expérience, au travail, en vous formant. C’est ce que vous savez faire mais pas
nécessairement ce que vous aimez faire. À noter qu’environ 80 % de vos compétences ac-
quises jusqu’à présent ne sont pas des choses qui vous mettent réellement en joie. D’où le fait
que je n’adhère absolument pas aux bilans de compétences car ce n’est pas en analysant
dans tous les sens vos compétences acquises, donc passées, que vous pouvez vous proje-
ter vers un rêve, un objectif doté de sens pour vous et lié à qui vous êtes et non seulement
à ce que vous savez faire !

Désormais, allons voir vos talents. Une fois débusqués, vous pourrez les ajouter au tronc de
l’arbre. « Tous les gens sont des génies. Mais si vous jugez un poisson sur sa capacité à grim-
per à un arbre, il va croire toute sa vie qu’il est stupide. » –  Albert Einstein

Un talent, c’est quelque chose d’inné. Attention, vous pouvez avoir un talent inné mais
encore caché. Par exemple, vous prenez un cours de calligraphie dans deux ans, c’est
extrêmement fluide et simple pour vous, cela fait donc partie de vos talents. Un talent
n’est pas forcément en lien avec le domaine artistique. Savoir faire des tableaux Excel à
1  000 colonnes et aimer cela peut relever du talent. Un talent vous donne de l’énergie
quand vous l’exprimez.

Pour schématiser grossièrement, vous faites du code informatique toute la jour-


née, si c’est juste une compétence, vous êtes content d’arrêter le soir, vous avez
des yeux de lapin à force d’avoir été cantonné à votre écran. Si c’est un talent,
vous continuez le soir et geekez encore le week-end. Ca ne vous demande pas d’effort, au
contraire, cela vous donne de l’énergie.

159 Libres - Vers un travail qui a du sens


Votre talent, c’est aussi ce que vous exprimez de manière naturelle. Vous pouvez avoir
l’impression que vous n’avez pas de talent car, dans votre esprit, ce que vous aimez faire
et savez bien faire, vous paraît « normal ». Or c’est justement là que se cache votre
talent. Prenons l’exemple d’une personne qui adore organiser des dîners, des soirées.
Pour cette personne, il n’y a rien d’exceptionnel à organiser un événement en pensant
à tous les détails. Or, pour beaucoup d’autres, c’est un véritable casse-tête, souvent source
d’angoisse. L’organisation est donc un des talents de cette personne.

Pour vous faciliter la tâche, pensez à ce que vous faites de manière très naturelle dans
votre vie de tous les jours.

Qu’est-ce qui est simple pour vous ? Que faites-vous naturellement ?


( Négocier quand vous faites vos courses ? Conseiller vos amis ? Vous focaliser sur
le positif ? Ranger et organiser votre lieu de vie ? Analyser les situations ? Vous occuper
des animaux ? Calmer les tensions des gens lorsqu’il y a un conflit ? Trouver des solutions
et des idées innovantes, etc… ).

Tous les talents sont monétisables ! Quel que soit votre talent (ou vos talents), vous pouvez
en vivre. Il vous suffit d’être créatif.

Maintenant, passons aux valeurs que vous positionnerez dans l’humus au pied de votre
arbre, c’est votre terreau. Voici une liste de valeurs qui pourront vous aider :
Accomplissement, Amitié, Amour, Aide aux autres, Apprendre, Argent, Authenticité, Autonomie,
Aventure, Bien-être, Bienveillance, Bonheur, Cohésion, Communication, Complicité, Confiance,
Confort, Conscience, Contrôle, Convivialité, Courage, Créativité, Découvrir, Dépassement de
soi, Dignité, Echange, Ecologie, Ecoute, Efficacité, Egalité, Engagement, Epanouissement, Equité,
Esthétisme, Evoluer, Excellence, Expression, Famille, Fidélité, Foi, Franchise, Fraternité,
Générosité, Gentillesse, Harmonie, Honnêteté, Honneur, Humanité, Humour, Imaginaire,
Indépendance, Individualité, Intégrité, Intelligence, Justice, Liberté, Loyauté, Non Jugement,
Obéissance, Ouverture d’esprit, Partage, Patrie, Persévérance, Plaisir, Politesse, Pouvoir,
Progresser, Quête spirituelle, Réalisation professionnelle, Reconnaissance sociale, Respect des
autres, Respect de soi, Respect, Responsabilité, Réussite, Rigueur, Santé, Savoir, Se réaliser, Sincé-
rité, Solidarité, Tolérance, Transmission, Travail, Utilité, Volonté…

Vous pourrez trouver un exercice pour les débusquer plus facilement dans mon premier
livre « Sans emploi ? Trouvez votre voie et rebondissez  ! ».

Vous arriverez ensuite à votre objectif. Que faire pour allier ce dont j’ai envie ( les branches  )
avec mes talents, compétences et valeurs ?

Pour finir sur votre contribution au monde. Donnée extrêmement importante puisque sans
votre contribution au monde, votre objectif va mourir de lui-même au bout de quelques
mois ou années, car même si ce que vous faites vous plait, cela ne répondra pas à la question
du SENS.

De l’écolier au citoyen éclairé… 160


Par ailleurs, votre contribution au monde vous aidera à maintenir le cap
dans les moments difficiles. Je le répète une reconversion réussie, ce n’est pas juste chan-
ger de métier, c’est véritablement changer de vie et renouer avec soi. Une reconversion
réussie répond à la quête de sens et à votre contribution au monde. Pourquoi suis-je ici
et maintenant ?

Votre contribution est un peu le pourquoi vous êtes venu sur terre.

Voici quelques exemples de contribution au monde :


•   Apporter de la joie
•   Eveiller les consciences
•   Faire rayonner l’Amour
•   Améliorer la santé
•   Créer du lien
•   Protéger le vivant (animaux, plantes, roches…)
•   Favoriser les échanges intergénérationnels
•   Libérer l’humanité
•   Guérir les sols
•   Accompagner la transition,
•   Apprendre aux gens à coopérer…

161 Libres - Vers un travail qui a du sens


Ma contribution au monde /
le sens que j’y mets
Libérer l’être humain tout en respectant le vivant.
Réaliser
Mon des docu-
objectif mentaires
et donner des
conférences et
des formations
sur les façons
Collaborer de vivre en
avec des autonomie Vivre dans
personnes une maison
de divers auto-
corps de Mépanouir suffisante
métiers dans mon et avoir
travail un potager
Construire en perma-
Ma vie une relation Choisir culture
de couple mes
idéale harmonieuse horaires Avoir des
enfants Travailler seul
et parfois en
Pouvoir collaboratif
travailler de
Aider les partout
autres Me développer Être libre de
Contribuer spirituellement mon temps et
au nouveau choisir mes
monde missions

Mes Autonomie
talents
Voyage

Capacité à fédérer
les gens autour
d’un projet
Mes
Créativité
compétences

Écoute
Polyvalence
Très bon Capacité à
Liberté relationnel Faculté
d’analyse transmettre

Solidarité
Autnomie Partage
Esthétisme
Utilité
Découverte
Harmonie

Mes valeurs

De l’écolier au citoyen éclairé… 162


Pour aller plus loin

Les métiers de demain


Beaucoup de nos métiers n’existeront plus d’ici quelques années. Cependant, voici une liste
de métiers dont nous aurons encore besoin.
-
Tous les métiers liés à la santé ( infirmiers, médecins…ouverts à d’autres spécialités,
notamment la symbolique de la maladie ) mais aussi bien évidemment, toutes les médecines
alternatives. Donc en avant pour les naturopathes, magnétiseurs, énergéticiens, thérapeutes,
herboristes, hypnothérapeutes…
- Les paysans ! Nous avons besoin de guérir les sols et de nous nourrir correctement tout
en payant comme il se doit nos producteurs.
- Bien évidemment les métiers liés à l’éducation avec un coup de boost pour les méthodes
alternatives, les instituteurs/ guides forestiers.
- Les spécialistes qui œuvrent à la connaissance de soi (guides spirituels, philosophes, mentor,
thérapeutes). La psychiatrie classique qui se contente de distribuer des anti-dépresseurs tout
en faisant ressasser à la personne ses problèmes ne devrait plus exister.
- Tous les métiers liés à la Reconnexion à soi et au vivant
- L’artisanat et tous les métiers pour fabriquer de ses mains avec des matériaux sains
- Des penseurs qui agissent
- Les métiers qui favorisent le lien intergénérationnel
- Tous ceux qui créent
- Les personnes qui collaborent et coopèrent
- Tous ceux qui éduquent en élevant et éveillant les consciences
- Les métiers liés aux recyclages et à la diminution des déchets
- Les créateurs et développeurs de solutions produits en économie circulaire
- Les métiers qui favorisent les échanges, les rencontres
- Les métiers liés au service à la personne
- Les métiers qui accompagnent les transitions des entreprises, des villes, de l’être
- Tous les métiers liés à l’ESS et au secteur à but non lucratifs.
- Tous les métiers de défense légale et juridique du vivant, des droits de l’homme, de la nature
(avocat, juriste,…)
- Les métiers de la logistique et du transport
- Les métiers de l’urbanisme résilient et vert pour exemple tiny house, maison résiliente
et même immeuble en terre ( ce qu’a fait Nicolas meunier à Lyon en construisant un immeuble
en pisé, une méthode ancestrale ). Pour les tiny house, vous trouvez Baluchon.fr et pour
écoconstruire ou écorénover votre maison, vous pouvez vous rapprocher de Twiza
( fr.twiza.org ) par exemple.

163 Libres - Vers un travail qui a du sens


- Les Ingénieurs LowTech

- Les spécialistes de la décroissance et de la baisse d’énergie autant pour aider les particuliers
dans cette transition que les entreprises.

- Les métiers liés à la culture

Je ne parle volontairement pas des métiers à mouvance transhumaniste, ni des Big Data,
ni de l’internet des objets, bien que beaucoup d’emploi y seront créées.

Voici quelques exemples de personnes que j’ai accompagné dans leurs reconversions :
Thierry a quitté la finance parisienne pour devenir maraicher bio et monter une maison d’hôtes
dans le Perche.

Vinciane et Bérénice se sont lancées dans les robes de mariées, l’une à Saint Germain en Laye
(Perle), l’autre à Bordeaux (Yvonne et Célestine).

Hélène et son mari Christian ont quitté Paris pour Lyon et sont devenus respectivement Géo-
biologue et Hypnothérapeute (après avoir été DRH dans de grands groupes). Louise, ex avocate
devenue prof de yoga. Fabienne, ex journaliste devenue auteure et fondatrice du très bon web-
zine sur le bien-être au travail www.myhappyjob.fr.

Laetitia ex directrice de la communication, devient auteure et fondatrice d’un tiers lieu.

Aurélia a quitté le marketing pour devenir Sophrologue tout comme Mélissa.

Typhaine est devenue Doula, Mathilde pâtissière, Cécile horticultrice, Pauline Couturière,
Jennifer Naturopathe, Christophe acupuncteur, Christelle et Thomas céramistes, Nina est partie
faire du wwoofing, Anne-Sophie est coach, Claire auteure de guides de voyages et blogueuse
en 3 langues ( www.zigzagonearth.com ), …

• Vers une nouvelle économie solidaire

›   Consommer autrement

Je suis devenue décroissante par nécessité au début de ma reconversion en 2011.


Je le suis restée par choix car cela m’a rendue 1 000 fois plus heureuse, joyeuse
et encore plus créative qu’avant. Consommons moins mais mieux. Fabriquons au lieu
d’acheter. Réparons au lieu de jeter. Créons au lieu de nourrir l’ancien monde.

Quand on voit par exemple que 68  % de nos habits ne sont jamais portés en une année
(  source :  Movinga ). Cela ne devrait plus être la norme. Bien évidemment, les enseignes
doivent se refondre, proposer de la location, diminuer les collections comme nous l’avons
vu plus haut mais si vous, nous, consommateurs ne devenons pas acteurs du changement

De l’écolier au citoyen éclairé… 164


et continuons à consommer à outrance, rien ne changera. Ce n’est pas « cool » d’avoir
plein de fringues, ce n’est pas « tendance » de faire du shopping non stop  ! C’est une
honte, arrêtons tout cela. Il y a de plus en plus de magasins de seconde main, de créateurs
responsables, de fringues recyclées, elle est là la tendance.

Selon un sondage Greenflex, 86 % des Français estiment que la consommation


devrait prendre moins de place. Estimer c’est bien, agir c’est mieux. Être décroissant,
c’est aussi tendre vers le zéro déchet. Limiter, voire ne plus acheter de produits emballés.
Les prises de conscience ont favorisé le retour de la vente en vrac et des circuits-courts
qui étaient très répandus avant l’arrivée des grandes surfaces dans les années 60.
Une belle avancée. En 2019, environ  40 % des Français ont annoncé  qu’ils
prenaient l’habitude d’acheter en vrac selon  Nielsen. Il y a quelques années,
seulement une quinzaine d’épiceries étaient spécialisées dans le vrac, contre
200 aujourd’hui en France.

Il est mieux de privilégier l’usage plutôt que la propriété, c’est ce que propose
l’économie collaborative. Cela fait des économies et pèse moins sur la planète.
75 % des Français participent déjà à l’économie collaborative et 54  % sont
prêts à partager ou prêter un objet qu’ils n’utilisent plus. (Sondage IFOP 2014
et «   Petit manuel d’économie collaborative à l’usage des entreprises » d’Aurélie Duthoit).
Les écolohumanistes.fr ont par exemple repris une idée venue de Suisse pour
favoriser le partage d’objets entre voisins. Vous pouvez leur demander votre kit
de prêt entre voisins. Il s’agit de 34 autocollants que vous pouvez coller sur votre boîte aux
lettres pour que vos voisins sachent quels objets vous pouvez leur prêter. En avant pour
l’appareil à raclette ou la scie sauteuse que vous n’utilisez que deux fois par an.

Vous pouvez aussi vous rendre sur le site www.mytroc.fr ou dans des objéthèques,
des ressourceries où vous pourrez emprunter des objets gérés par une associa-
tion ou coopérative. Vous pouvez aussi rallier un SEL (systèmes d’échanges locaux).
Il est important de revoir nos rapports à la propriété car concrètement, si vous
faites chacun à votre échelle la somme de tous vos objets, je suis sûre qu’au moins 20
ou 30  % ne vous servent pas. Autant les prêter, les échanger ou les donner.

Quand on regarde vraiment nos vies, on a besoin de rien. D’un toit, de nourritures,
de quoi nous vêtir, bien évidemment. Mais j’ai posé cette question lors du confinement aux
gens qui me suivaient. « De quoi avez-vous besoin ? Qu’est-ce qui vous manque ? » aucune
réponse n’a porté sur le matériel, tout tournait autour de l’envie de voir ses proches phy-
siquement, d’aller marcher dans la nature, voire d’aller marcher tout court, de dîner dans
un bon restaurant… Rien de matériel. Car nous n’avons besoin de rien. Mettez-vous à la
décroissance pendant quelques jours / semaines, vous allez vite y prendre goût.

J’étais une grande consommatrice dans ma vie d’avant. J’étais directrice de publicité,
je gagnais très bien ma vie. C’était d’ailleurs outrancier. Bien évidemment, je travail-
lais beaucoup, je faisais gagner de l’argent à ma boîte mais concrètement, je ne sauvais
pas de vie. Comme je n’étais pas heureuse dans cette vie, je consommais. On consomme

165 Libres - Vers un travail qui a du sens


quand on ressent un vide intérieur. Il en va de même lorsque l’on consomme trop
de nourriture ou que l’on se drogue par exemple. C’est une tentative vaine de remplir
un vide intérieur. À l’époque, je pouvais aller acheter du doliprane dans une pharmacie
et ressortir avec 90 euros de dépenses car j’avais craqué sur le shampooing, la crème, etc…

Dès que j’ai changé de vie, je me suis reconnectée à qui j’étais et j’ai cessé de consommer.
C’est une liberté extraordinaire et en plus, vous gagnez un temps fou, vous n’êtes plus happé
par les magasins quand vous marchez dans la rue. Vous avez surtout le sentiment de contri-
buer au changement de système. Je tiens à préciser qu’être décroissant n’est pas synonyme
d’être sans le sou. J’ai mon entreprise, je gagne bien ma vie, mes dépenses plaisir, ce sont
les voyages (que j’essaie de faire en train ou à pied au maximum) et les très bons
restaurants. Ensuite, je donne une bonne partie de mon chiffre d’affaires à des associations
et à des projets qui me tiennent à cœur.

C’est par la décroissance que nous allons faire bouger les lignes. Notre société,
nos politiques, notre économie, vont dans le mur avec leur course à la croissance.
On ne peut pas continuer à fonctionner de cette manière, il est urgent de ralentir.
Consommons différemment et produisons en économie circulaire sans dépouiller
davantage la planète des ressources qu’elle n’a de toute façon bientôt plus.

Ce ne sont pas les urnes qui gouvernent, ce sont nos porte-monnaies. Nous sommes tous
des « consommaCteurs ». Alors en avant… Less is more, la planète vous dira merci !

? Que pouvez-vous faire ?


Liste des choses que vous pouvez mettre en place :

Acheter des vêtements neufs » Ne pas acheter, acheter en seconde


main, créer vous-même.
Fabriquer un cadeau, lui offrir un
 Acheter un cadeau à un ami » de vos livres/CD avec une dédicace
en deuxième de couverture, l’inviter
à vivre une expérience (spectacle, dîner…)

Acheter en grande surface » Acheter local, directement


auprès du producteur

Acheter des produits industriels » Acheter de bons légumes


et cuisiner soi-même.

Demander un paquet cadeau » Fabriquer le paquet cadeau


avec un vieux magazine
Jeter une paire de chaussures » Aller chez le cordonnier

»
Prendre un gobelet métallique
 Utiliser un verre ou tasse à emporter (idem quand vous prenez à manger
à emporter, prenez vos contenants).
Acheter des bouteilles d’eau » Avoir une gourde et une fontaine à eau

De l’écolier au citoyen éclairé… 166


 Acheter des meubles chez Ikéa » Aller chez Emmaüs, acheter des meubles
vintage, fabriquer vos meubles
Acheter des cosmétiques
et produits d’entretiens » les faire vous-même

 Utiliser les sacs des enseignes


pour porter vos courses » Prendre un tote bag, etc….

›  L’économie du don : nouvelle rétribution, crowdfunding et crowdtiming

Comme nous l’avons vu, le modèle de réussite qui voudrait qu’une personne amasse
de l’argent ne fait plus rêver, ni recette. Aujourd’hui, rien de mieux que le don, le partage,
faire sa part chacun à nos échelles.

De ce fait, donner de son argent ou de son temps pour aider des projets qui ont du sens est
nettement plus réjouissant car cela fait autant plaisir à celui qui reçoit qu’à celui qui donne.

Cela fait la part belle des plateformes de crowdfunding qui permettent à des millions
de projets de voir le jour. Le principe du crowdfunding - ou financement participatif
en français – est simple. Un porteur de projet ( petit ou grand ) fait appel à la générosité
d’un réseau pour voir son projet naître ou permettre à celui-ci de se développer davantage.

En échange des dons que vous recevez, vous pouvez offrir des contreparties (matérielles
ou immatérielles ). À noter que certains contributeurs ne demandent même pas de
contrepartie. L’avantage du crowdfunding, pour le donateur : avoir contribué à un pro-
jet qui fait sens pour lui. Pour le porteur de projet : tester son idée, communiquer sur
son projet en touchant d’un coup des milliers de personnes, voir son projet aboutir
et avoir déjà une communauté autour de lui.

Les deux pionniers : Ulule et Kisskissbankbank

Ulule

Ulule a été créé en 2009. Cette plateforme de financement participatif est aujourd’hui
le 1er incubateur pour des projets « à impact » en Europe. 3 millions de membres,
30 000 projets ayant abouti grâce à Ulule et 172 millions d’euros collectés à ce jour !
Ils sont en train de lancer le magazine Sogood, un magazine trimestriel de 100 pages
en partenariat avec Sopress pour faire savoir au plus grand nombre que des solu-
tions inspirantes existent et tout ça, bien évidemment, en financement participatif.

Kisskissbankbank

KissKissBankBank, a été lancé par Adrien Aumont, Ombline le Lasseur et Vincent


Ricordeau en septembre 2009. Leur ambition : permettre à toutes et tous de  financer
des projets  créatifs, associatifs ou entrepreneuriaux. Culture, artisanat, écologie,

167 Libres - Vers un travail qui a du sens


innovation, solidarité… En 8 ans, plus de 21 000 projets à fort impact sur la société ont déjà
vu le jour sur KissKissBankBank grâce à 1,8 million de citoyens engagés et près de 111 mil-
lions d’euros.

Quand on parle de don, on pense immédiatement aux associations. Là aussi,


une plateforme fait figure de « mécène »  : HelloAsso. HelloAsso développe et met
à disposition ses technologies de paiement et son accompagnement à plus de 80  000
associations, gratuitement. Lorsqu’un donateur fait un don à une association sur
la plateforme, libre à lui de laisser une contribution. Ainsi, les associations ne déboursent
rien en s’inscrivant sur la plateforme, qui ne prélève aucune partie des dons !

Nous sommes de plus en plus de donateurs en France, que ce soit pour accompagner
des projets d’entreprise à impact ou pour aider des associations. L’important, c’est notre
contribution et participation.

D’ailleurs, en parlant de participation, on peut voir fleurir de plus en plus la no-


tion de participation libre et ce, quel que soit le secteur. Vous pouvez participer
à un media alternatif en l’aidant grâce à un don. Vous pouvez aussi régler des ate-
liers en participation libre tout comme un spectacle. Le premier humoriste à avoir
lancé cela est Haroun. Il a lancé en 2018 un spectacle diffusé sur Internet (et prénommé
Internet, etc. – que je vous recommande chaudement !) gratuitement et que vous pouviez
payer en participation libre (au chapeau comme on dit) à la fin du visionnage. Depuis,
il a ajouté des extraits, toujours au chapeau, sur son site www.pasquinade.fr.

Autre site qui permet d’ouvrir les perspectives  : Tipeee. Tipeee, c’est une nouvelle forme
de financement participatif basée sur la philosophie du «Tip» (le pourboire). Cepen-
dant, contrairement à un site de financement participatif traditionnel, les créateurs (de
contenu) ne viennent pas sur Tipeee pour demander de gros montants nécessaires
à la réalisation d’un projet spécifique mais plutôt pour recevoir de petites sommes,
qui, mises bout à bout, peuvent pour certains, leur permettre de subvenir largement
à leurs besoins. Il y a plus de 56  000 créateurs de contenu sur des sujets aussi divers
que l’écologie, le gaming, le yoga, les cosmétiques, la permaculture, la musique, la santé,
le journalisme.

Vous, tipeurs, pouvez décider de suivre une personne qui fait de la permaculture en lui
donnant chaque mois 1, 5, 10 euros. À titre d’exemple, la chaîne « Partager c’est sympa », de
Vincent Vierzat a fédéré, plus de 1 800 tipeurs, ce qui engendre plus de 13  000 euros par
mois  ! La chaîne de Damien Dekarz, «  Permaculture, Agroécologie, etc.  » est suivie par 313
tipeurs pour 4  200 euros par mois. Voilà un bel exemple pour montrer que l’on peut gagner
de l’argent en sortant du système classique. Génial  ! Je vous conseille vivement d’aller y je-
ter un oeil, c’est très inspirant.

Pointent aussi le bout de leurs nez, les SEL  ( Systèmes d’Échange Locaux). Un Système
d’échange local est un système d’échange de produits ou de services au sein d’un groupe
fermé. Vous échangez du temps et non de l’argent. Du troc en quelque sorte. Mademoiselle
X est coiffeuse, elle a besoin d’un vélo. Monsieur Z a un vélo et besoin d’une coupe. Tout le
De l’écolier au citoyen éclairé… 168
monde est content. Vous pouvez trouver sur l’annuaire des SEL, la carte des 900 SEL en
France : www.annuairedessel.org.

Des sites et applis se sont aussi lancés sur ces modèles de troc et d’échanges, c’est le cas
d’Indigo. C’est une appli qui sert à retisser du lien social et à révolutionner l’accès aux biens
et aux services en vous proposant de donner un objet ou un service en échange duquel vous
« gagnerez » un Digo, une monnaie virtuelle de générosité. Digos qui vous permettront en-
suite de vous procurer des biens et services. www.indigo.world/fr/

Restent aussi les communautés qui décident de vivre sans argent. Comme Eotopia,
un espace expérimental orienté vers une économie axée sur le don inconditionnel
et le respect du vivant. Eotopia a été créé par Benjamin Lesage, auteur du livre « Vivre sans
argent », qui relate son voyage sans argent. Trois amis, Benjamin, Raphael et Nicola, décident
de partir des Pays Bas jusqu’au Mexique en passant par le Maroc et tout ça… Sans argent !
Leur épopée durera plusieurs années. À son retour, Benjamin Lesage rêve de créer un écolieu
où tout le monde vivrait sans argent, c’est ce qu’il réussit à faire en 2013 en fondant Eotopia.
La vie sans argent, c’est aussi manger les produits alimentaires jetés par les grandes sur-
faces alors qu’ils sont encore bons à consommer, comme le propose le freeganisme.

Autre chose que vous pouvez donner  : du temps ! Avec nos nouvelles manières
de travailler et nos organisations plus flexibles, le temps redevient à portée de tous.
Après le crowdfunding, place au crowdtiming. Vous pouvez donner de votre temps
pour des associations en passant par Benenova ou en allant directement dans
l’association de votre choix, vous pouvez aussi offrir votre temps à des mobilisations
citoyennes, des actes militants ou aider des entrepreneurs sociaux à résoudre leur défi
et à changer le monde en passant par  Makesense, communauté internationale qui
promeut l’entrepreneuriat social auprès du grand public et des professionnels
et accompagne des entreprises à travailler sur leur impact, ou encore Ouishare, qui
décrypte les transformations de la société, explore les émergences et expérimente
des nouvelles manières de travailler, d’innover et de collaborer, pour ne citer qu’eux. Je vous
recommande d’aller un jour au Ouishare Fest pour voir toutes les initiatives mises en place.

Quant aux entreprises, elles peuvent se lancer dans l’aventure du bénévolat et du mécénat
de compétence notamment avec les Vendredi - chaque jour compte  ( www.vendredi.cc )  ou
encore Probono Lab . Cela permet à des entreprises de proposer à leurs salariés de s’engager
auprès d’associations et de start-ups sociales. Ou encore la plateforme solidaire Alaya, qui
permet à des milliers d’individus et d’entreprises de faire leur part pour régler les défis so-
ciaux et environnementaux.

Je suis persuadée que le bénévolat, l’économie du don, l’entreprenariat social et solidaire


vont continuer à se développer de plus en plus dans les mois et années qui viennent. Le don,
le sentiment d’être utile, l’envie de faire quelque chose qui a un sens n’a jamais été aussi fort
qu’aujourd’hui.

169 Libres - Vers un travail qui a du sens


Penser aux monnaies locales

Historiquement, il était courant, notamment au Moyen-Âge, qu’une ville émette de


la monnaie. En 2019, 80 monnaies locales existent déjà partout en France et de
nouvelles naissent chaque année partout dans le monde. Il y aurait plus de 2 500
systèmes de monnaie locale utilisés à travers le monde.

Les objectifs recherchés sont multiples. D’abord, encourager l’économie réelle, locale
et éthique, en fédérant un réseau de commerçants, entreprises, artisans locaux. Réduire
son empreinte carbone, en ne consommant que des produits locaux et les plus écologiques
possible. Combattre les paradis fiscaux et la spéculation puisque ces monnaies sortent
du système bancaire classique donc spéculatif. Les euros reçus en échange des diverses
monnaies locales vont servir à financer des projet de sens, éthiques et locaux.

Eusko, la plus vieille monnaie locale française, vient du Pays Basque ! Elle a été lancée par
l’association Euskal Moneta en janvier 2013 et grandit chaque jour davantage. Ils ont même
créé un système de comptes en ligne en 2017, les utilisateurs créditent leur compte en
versant des euros à Euskal Moneta, qui les transforme en euskos sur leur compte. Ils peuvent
ensuite s’en servir pour faire des virements à d’autres détenteurs de comptes en euskos, ou
encore payer par carte bancaire dans les commerces du réseau. Car oui… Il y a même une
carte de paiement : l’euskokart.

A noter que la mairie de Bayonne utilise l’eusko… Mais la préfecture des Pyrénées-
Atlantique veut empêcher la ville de Bayonne d’effectuer certains paiements en eusko…
La loi autorise la monnaie locale mais le décret l’en empêche. C’est fou !

Paris n’est pas en reste avec La Pêche, créée à Montreuil en 2014. Cette monnaie circule
à Paris depuis 2018 et dans 16 communes de la proche couronne. Elle est reconnue par
la loi sur l’économie sociale et solidaire de 2014 et ses billets sont considérés comme sûrs
par l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution de la Banque de France. Pour vous
mettre à la Pêche : www.unemonnaiepourparis.org.

Les monnaies locales ne sont pas à regarder de loin. C’est vraiment un axe important pour
le changement de notre modèle. La monnaie locale est un fabuleux outil de résilience.
Après la crise de 29, les monnaies locales ont permis de remonter la pente en assurant le
maintien de l’économie locale. La Suisse a survécu à toutes les crises depuis 1929 car toutes
les TPE/PME utilisent à chaque fois la monnaie locale pour assurer le suivi.

Alors où que vous viviez, renseignez-vous sur les monnaies locales et échangez quelques
euros contre celles-ci.

›  Le nécessaire revenu universel

Le revenu universel pourrait véritablement favoriser un changement de société profond.


Il s’agit de verser un montant prédéfini chaque mois à tout ou partie des individus.

Il y a, en effet, deux écoles du revenu universel :


De l’écolier au citoyen éclairé… 170
La première école, que je trouve la plus saine et qui est soutenue par le site
MonRevenuDeBase.fr ( www.revenudebase.info/decouvrir/ ), pense que la somme doit être
élevée ( proche des 1  000 euros ) pour avoir un système social plus juste et un vrai revenu
de base pour pouvoir développer le bénévolat. Et doit être allouée SANS CONDITION.

Pour la seconde école, la somme doit être faible pour inciter au retour à l’emploi. Ce qui, à
mon sens, va à l’encontre de la philosophie du revenu universel.

Ce revenu universel est un vrai sujet car le marché de l’emploi va être de plus en plus ten-
du, les indépendants et entrepreneurs vont augmenter tout comme… les robots. D’où
la nécessité de séparer le salaire de la rétribution car il y aura de moins en moins de salaire.
Par ailleurs, le revenu de base serait un fabuleux moyen de replacer l’économie au service
de l’humain.

Le revenu universel n’a encore été lancé nulle part. Seules quelques initiatives isolées ont
été testées mais seulement selon la seconde école, en d’autres termes, sans l’essence même
de ce que doit représenter le revenu universel. Ce fut le cas en Finlande et en Italie où
une expérience sur le revenu universel a été mise en place, mais dans l’objectif de
retour à l’emploi. Tous les Italiens peuvent demander un revenu supplémentaire
chaque mois. Cependant, pour l’obtenir, il faut entrer dans un réel parcours du
combattant, ne pas avoir démissionné en amont, pour les chômeurs, être prêt
à accepter des emplois jusqu’à 100  km de chez soi. Les revenus sont aussi pris en
compte. Il ne faut pas gagner plus de 9  360  euros par an. Si vous cochez tous ces critères,
un célibataire sans enfant peut toucher 500  euros, une famille 900  euros. C’est financé
par le fonds social européen pour partie et c’est alloué pour deux ans. Non renouvelable.
Quant à la Finlande, l’expérience, qui a duré deux ans, a été un échec. 2  000 chômeurs
avaient été tirés au sort pour toucher 500  euros même s’ils trouvaient un tra-
vail. L’objectif était de pousser ces gens à accepter des emplois même temporaires
ou mal payés. Ils ont ensuite comparé le comportement de ces chômeurs avec
des chômeurs qui ne touchaient pas d’aide. Conclusion  : les chômeurs qui disposaient du
revenu n’ont pas trouvé davantage de travail que les autres mais… ils étaient plus heu-
reux et en meilleure santé que les autres. Cela était déjà un bon axe puisqu’une personne
en meilleure santé physique et psychique coûte moins cher à la société.

La meilleure version serait bien évidemment la première école, c’est-à-dire un revenu


de base sans contrepartie, quels que soient nos profils, CSP, statuts professionnels.
Après libre à chacun de le conserver, de le donner à des associations ou à des projets
responsables. Libre aussi à chacun de nous de travailler pour gagner plus ou, à l’inverse,
de quitter toute forme d’activités rémunérées pour faire du bénévolat ou, faire ce que vous
souhaitez d’ailleurs. Cela permettrait aussi de tester de nouvelles idées, de changer le sys-
tème en profondeur. Il reste une donnée et non des moindres…

Comment financer cela ? Deux axes émergent, un financement par l’imposition sur le re-
venu, l’autre, par la taxe sur la consommation. Mais tout ça est encore complexe. Peut-être
que des tests supplémentaires pourraient être menés.

171 Libres - Vers un travail qui a du sens


• Politique territoriale et citoyenne et le pouvoir du local

Comme nous l’avons vu plus tôt, une grande partie du pouvoir a été centralisé
à Paris, qui décide de sujets dont elle n’a aucune connaissance « terrain ». Au même
titre qu’une entreprise ne peut être bien « managée » au-delà de 150 personnes, Pa-
ris ne peut pas décider de manière optimale pour toute la France. Loin des yeux,
loin du cœur, nous le voyons tous les jours. Les événements qui se passent loin
de nous ne nous émeuvent que peu, nous n’allons pas nous bouger pour quelque
chose qui se passe à des milliers de kilomètres. Or, lorsqu’il se passe des choses
localement, nous nous sentons touchés dans nos tripes, cela nous intéresse, nous pouvons
même avoir envie de contribuer. C’est le local qui va nous aider à faire bouger les lignes.
Je pense qu’il faut donner beaucoup plus de pouvoir aux maires et instaurer
une démocratie participative. Personne n’est mieux placé que les habitants
d’une ville ou d’un village pour savoir ce qui serait bon pour eux.  Le tissu associatif,
les PME et TPE désireuses d’accompagner le changement alliées aux élus locaux
peuvent faire des merveilles. Nous tous, chacun à nos niveaux, pouvons faire des merveilles.

70  % de la marge de manœuvre qu’il nous reste selon le GIEC est entre les mains
des collectivités territoriales, pas dans les Etats. Rien ne viendra d’en haut. C’est au ni-
veau des villes et du local que nous pouvons agir. Et nous l’avons vu notamment lors
du coronavirus. Le Local doit primer ! Il est important que les territoires, les villes,
les villages, les associations locales, les initiatives citoyennes reprennent leur
véritable place et pouvoir. Nous devons aller vers la résilience et l’autonomie
des territoires. Redevenir « Glocal » : inspirer le global grâce au local.

Un village doté d’une agriculture responsable, d’une école avec une cantine bio dont
les déchets pourront servir aux animaux, mais aussi à fabriquer de l’éner-
gie, du biogaz, sont autant d’exemples de boucles locales que nous pou-
vons mettre en place. Nous sommes des consommateurs mais potentiellement
des producteurs en puissance et en nous y mettant tous ensemble, en créant du
lien, toutes ces boucles locales pourront permettre de mailler tout le territoire.
Au niveau local, il y a déjà de nombreux débats et beaucoup d’avancées.
C’est par exemple le cas pour l’énergie citoyenne. Partout en France, des habitants,
collectivités et acteurs locaux se rassemblent pour produire ensemble une énergie
renouvelable. Vous pourrez vous renseigner sur le site : www.energie-partagee.org.

Nous entrons dans l’ère des villes intelligentes (les fameuses Smart City). Pour exemple,
dans la ville d’Issy-les-Moulineaux, la nuit, si une rue est vide, la lumière est éteinte,
en revanche dès que quelqu’un marche, les capteurs installés sur les trottoirs permettent
de déclencher la lumière.

Mais bien que la ville va devenir de plus en plus verte, avec une mobilité propre, je suis per-
suadée que l’avenir est dans les villages.

Saillans, petit village de 1  300 habitants, est à l’origine d’une initiative pionnière de
démocratie participative. Tout a commencé quand un projet de supermarché a vu
De l’écolier au citoyen éclairé… 172
le jour. Le maire de l’époque était pour, les habitants ne le voyaient pas de cet œil,
de peur ( justifiée) que le supermarché ne fasse fermer des commerces locaux.
Une pétition circule, le supermarché ne s’implante pas mais une idée germe dans
la tête de certains citoyens  : reprendre le pouvoir de leur territoire et instaurer
une véritable démocratie (c’est-à-dire une démocratie où les citoyens participent aux
décisions politiques… C’est dingue de devoir ajouté le mot participatif à démocratie
alors que normalement c’est intrinsèque à ce mot  !). La liste est élue en 2014, avec un taux
de participation record de 80  %. Deux jeudis par mois, l’équipe municipale organise
«  un comité de pilotage public »  ouvert à tous les habitants. Des groupes de projets sont
créés par les habitants qui veulent s’impliquer… et un quart de la population adulte
répond présent ! La morale de l’histoire, parlons-nous mais n’oublions pas de faire marcher
les petits commerces locaux plutôt que de nous engouffrer dans des grandes surfaces
ou des franchises d’enseignes qui, de surcroît, lissent et uniformisent nos villes
et centres villes.

Autre bel exemple, la ville de Kingersheim dans la banlieue de Mulhouse,


une commune de 13 000 habitants où Jo Spiegel, le maire, a décidé depuis plus de 20
ans de mettre en place une vraie transition écologique et démocratique. Retrouver
le sens du débat, coconstruire, permet de transformer. Car d’après lui, il n’y a pas de
transformation si elle n’est pas collective mais aussi individuelle, en impliquant
chaque citoyen. Le tout est de mettre en mouvement une société, une ville, et bien
évidemment… De faire preuve d’exemplarité et faire vraiment ce que l’on a dit.
Dès 2004, la ville a créé Les Etats Généraux Permanents de la Démocratie afin de ré-
fléchir ensemble à l’avenir de la ville et d’aller vers une démarche de transition.
On retrouve des conseils participatifs, une Maison de la citoyenneté dédiée aux pratiques
démocratiques, un soutien à des projets menés par des habitants.

La communauté de communes Sud Alsace Largue (qui  regroupe 44 communes),


quant à elle, est la moins productrice de déchets en France. Comment fait-elle  ?
Elle les pèse et les taxe au kilo  ! De quoi motiver et responsabiliser chaque citoyen.
Résultat : des sous dans la commune pour financer des projets tournés vers
la résilience et l’écologie, moins de pollution des eaux et des citoyens responsables.

Toutes les villes, villages et territoires alliés aux citoyens ont un grand rôle à jouer.

L’association SOS Maires, une association de citoyens, accompagne


les politiques de résilience et d’autonomie au niveau des communes.
D’après eux « il est nécessaire d’agir auprès du Maire de sa commune et du Pré-
fet de son département pour faire inscrire, dans le Plan Communal de Sau-
vegarde et le DICRIM, en tant que risque majeur l’importance de l’autonomie
alimentaire locale et le stockage sécurisé de la nourriture.  » Vous pouvez télécharger
depuis leur site, www.sosmaires.org, un modèle de lettre à envoyer au maire et au préfet.
Vous pouvez aussi lire le livre «  Face à l’effondrement, si j’étais maire  », d’Alexandre
Boisson,  André-Jacques Holbecq. De nombreux exemples de villes et villages ayant déjà
pris le virage de la résilience sont présentés sur le site de SOS Maires comme ceux-ci-après :

173 Libres - Vers un travail qui a du sens


•
Quelques années auparavant, la désertification guettait le petit village de Saint-
Pierre-de-Frugie confronté au vieillissement de sa population et à l’exode rural.
Comment le maire de Saint-Pierre-de-Frugie est-il parvenu à renverser l’exode rural ?
Avec beaucoup de bio, le parti pris de l’écologie et l’ouverture d’une école Montessori.
« Une école qui ferme, c’est un village qui meurt » selon l’adage populaire. À noter que 45 %
des écoles rurales ne comptent qu’une ou deux classes, pourtant, elles représentent 20%
des écoles françaises.

• Dans le Vercors, des habitants regroupés en « centrale villageoise » ont équipé des toits
de propriétés privées et publiques avec des panneaux photovoltaïques, afin de produire
eux-mêmes leur énergie. Une initiative portée par le PNR du Vercors avec le concours
financier de la Région.

• La ville de Firminy (Loire) envisage de créer une régie agricole municipale pour produire
les fruits et légumes de ses cantines scolaires et maisons de retraite. Les repas seront donc
100% bio et locaux.

La DICRIM, Kezaco ?

C’est le Document d’Information Communal sur les Risques Majeurs. Il a pour but d’informer
la population sur les risques existants et les moyens de s’en protéger. Mais pour le moment,
rien n’est pris en compte quant à la résilience et l’autonomie alimentaire. Il est plus qu’urgent
d’agir en ce sens.

Vous pouvez regarder aussi le réseau des villes en transition en France et dans le monde sur
le site www.transitionnetwork.org et vous rapprocher du site français, www.entransition.fr.

Faire de sa ville une ville en transition, c’est construire collectivement un mode de vie al-
ternatif à l’énergie  du pétrole. Réduire la consommation d’énergie, remettre la main sur
nos cultures potagères, mettre en place des transports propres, des énergies renouvelables,
améliorer le recyclage, fabriquer en économie circulaire…

Vous pouvez aussi regarder le Pacte pour la transition www.pacte-transition.org,


32 mesures rédigées par 60 organisations, une large consultation citoyenne et un comité
d’experts. Ces 32 mesures liées au climat, à la justice sociale, à la démocratie, à l’économie,
à la commune et à l’intercommunalité s’accompagnent de fiches techniques comprenant
des retours d’expérience de communes qui ont déjà mis en œuvre les mesures. Vous pouvez
trouver sur le site, le guide des antennes locales. De quoi vous inspirer.

Pour aller plus loin

L’exemple de la transition écologique dans les Hauts de France


Lancée en 2013 sous l’impulsion du conseil Régional et de la CCI Nord de France en collabo-
ration avec Jérémy Rifkin, la troisième révolution industrielle (appelée REV 3) souhaite entrer
dans l’ère du New Deal vert mondial, où comment engendrer une économie post carbone en

De l’écolier au citoyen éclairé… 174


en devenant l’une des régions européennes les plus avancées en matière de transition
énergétique et de technologies numériques.

Réduction et valorisation des déchets, biogaz, économie circulaire… Roubaix, l’ancienne


capitale du textile, est aujourd’hui pionnière en France en matière de réduction des déchets.

Les Hauts de France est l’une des premières régions à avoir entamé une transition écologique.
Cette transition est portée à la fois par le monde politique mais aussi par le monde économique,
tout comme par les universités, chercheurs, associations, citoyens… Dès le départ, Jérémy Rifkin
voulait qu’il puisse y avoir une continuité malgré les changements politiques ainsi qu’une vraie
solidarité dans le temps, mais surtout, que tout le monde puisse s’emparer de ces sujets.

Plus de 1 000 projets liés à l’économie circulaire, à la mobilité, aux bâtiment responsables ont
déjà été accompagnés et emploient des milliers de personnes et 500 familles ont participé
au défi zéro déchet (l’objectif étant de passer à 50 % de la population). www.rev3.fr

Vous pouvez lire « Les maires et la transition écologique, état des lieux dans un départe-
ment français », d’Ulysse Blau, qui a parcouru 1  800 kilomètres en vélo à la rencontre des
maires ! C’est gratuitement téléchargeable sur www . larouteencommunes . fr. À lire aussi
« La France de Aast à Zuytpeene, la terre des maires », d’Yves Fonfreyde.

Vous pouvez aussi rallier le mouvement des communes et des citoyens ( www . descommune-
setdescitoyens . fr ), mouvement lancé en mars 2019 par des maires ruraux.

• Désobéissance civile et… fertile !

Qui désobéit vraiment ?

Celui qui pollue en toute impunité, dépense des fortunes en lobbying et détruit le vivant ou
celui qui accueille des migrants, échange des semences paysannes, s’enchaîne à un arbre
pour sauver une forêt de la déforestation ?

Qui désobéit vraiment ?

La multinationale qui ne paye pas ses impôts ou le maire qui veut interdire l’utilisation des
pesticides dans sa commune ?

Qui désobéit vraiment ?

Celui qui veut faire passer la 5G ou celui qui monte une yourte dans la forêt ?

Aujourd’hui, les lois ne protègent pas celles et ceux qui devraient l’être.

Nous sommes dans un rapport de force par rapport à ceux qui se sont appropriés l’Etat,
un État exclusivement au profit d’une sorte d’oligarchie. Et la désobéissance civile est l’un

175 Libres - Vers un travail qui a du sens


des leviers d’action les plus efficaces pour avoir de véritable avancées et changements.
Aujourd’hui, de plus en plus de gens sont prêts à aller en prison pour défendre une cause.
Pour preuve aussi les gilets jaunes, les militants écologistes, les membres d’extinction rébel-
lion ou d’ANV Cop 21, qui, même en étant pacifiques, subissent des actes violents de la part
des forces de l’ordre. Chez Greenpeace, des militants sont passés en Cour d’appel à Metz car
ils avaient écopé de prison ferme en première instance pour une action dans une centrale
nucléaire.

Extinction Rébellion ou ANV Cop 21 sont une nouvelle forme de désobéissance civile.
De plus en plus de personnes ont envie de participer à ces actions-là pour faire changer
les choses. Il y a une prise de conscience de l’urgence dans laquelle nous sommes,
notamment quant au dérèglement climatique, qui fait se mobiliser des milliers de
personnes. Même les scientifiques se sont levés et ont appelé à la désobéissance civile.
Dans une tribune dans le journal Le Monde, 1 000 scientifiques ont appelé les citoyens
à la désobéissance et au développement d’alternatives face à l’inaction des gouvernements
face à l’urgence écologique et climatique.

Le saviez-vous ?

Extinction Rébellion

Extinction Rébellion est un mouvement social écologiste international qui revendique l’usage
de la désobéissance civile non violente afin d’inciter les gouvernements à agir dans le but d’éviter
les points de basculement dans le système climatique, la perte de la biodiversité et le risque
d’effondrement social et écologique. www.extinctionrebellion.fr

ANVCop 21

« Action non-violente COP21 (ANV-COP21), créé en 2015 est un mouvement citoyen qui s’oppose aux
projets et aux politiques contribuant au dérèglement climatique en recourant à des actions non
violentes et à la désobéissance civile. Fondé en 2015, il a été rendu célèbre notamment par ses actions
de “fauchage de chaises” dans les banques et de décrochage de portraits présidentiels dans les mairies.

Action non-violente COP21 constitue la branche « résistance » du mouvement Alternatiba,


mouvement citoyen de lutte contre le dérèglement climatique dans un souci de justice sociale,
notamment par la promotion et le développement des initiatives locales ( source : Wikipedia ).
www.anv-cop21.org

SuperLocal

SuperLocal propose de lutter contre des centaines de sites et de projets polluants ou injustes, et
ancrer la mobilisation pour le climat et la justice sociale dans les territoires en accompagnant les
collectifs locaux en lutte partout en France. Vous allez sur le site et vous pouvez vous investir dans
une lutte qui vous tient à cœur. www.superlocal.team

De l’écolier au citoyen éclairé… 176


Pour ma part, je suis l’idée de mère Térésa qui disait qu’elle n’allait jamais dans
des manifestations CONTRE la guerre, en revanche, elle était toujours là dans celle POUR
la paix. Vous pensez que ce n’est peut-être que de la sémantique ? Pas du tout ! Car, là où
vous mettez votre attention et votre énergie, là où votre cerveau se focalise, tout cela grossit
et se manifeste dans votre réalité.

Œuvrer pour la paix, c’est faire rayonner la paix, œuvrer contre la guerre, c’est muscler
cette énergie de la guerre car vous engendrez déjà un conflit en vous-même, vous appor-
tez une énergie de combat, ce qui fera encore plus grossir cette énergie de l’ombre. Nous
créons notre monde, notre réalité à chaque instant, la réalité est toujours à l’image de ce
que l’on pense, de ce en quoi nous mettons notre énergie, notre intention et notre attention.
Remplaçons la Colère par l’Amour.

L’ancien monde est encore là alors soit nous le combattons, soit nous embrassons
le nouveau monde. Embrasser le nouveau monde, c’est être autosuffisant, résilient faire
un travail qui a du sens, arrêter de consommer des produits malsains, fabriquer soi-même…
Plus nous serons nombreux à aller vers ce nouveau monde, plus l’ancien va cesser de lui-
même. Il est toujours là pour le moment mais libre à nous de regarder le nouveau monde
ou de rester accroché à l’ancien. On a vraiment le pouvoir dans nos perceptions et dans les
actes que nous posons chaque jour. Tout est une question de perception et d’énergie. Nous
pouvons combattre l’ancien monde ou continuer à créer et à faire émerger le nouveau.

Je préfère la seconde voie car je penche et suis plutôt adepte des graines semées en
douceur et dans l’Amour. Cependant, quand un système est malade et ne va pas dans
le bon sens, il est important de ne pas s’y soumettre, quitte à désobéir, après, libre
à vous de choisir comment.

Je suis plutôt adepte de la désobéissance fertile ou créatrice (vous pouvez lire


les entretiens de Vandana Shiva avec Lionel Astruc « Pour une désobéissance créatrice ».
Créer ce que l’on veut plutôt que de lutter en frontale contre ce qui nous dérange. Encore
une fois, le chemin de l’Amour et non celui de la Colère.

Crée par Jonathan Attias et Caroline, la désobéissance fertile consiste à préserver ce qu’il
reste de vivant, régénérer des écosystèmes jusqu’alors détruits par les sociétés humaines et
apprendre à vivre dans la Nature quoi qu’en disent les lois.

Ainsi, la désobéissance fertile se donne pour mission de faciliter l’installation de projets


collectifs en pleine nature et de créer des micro-sociétés qui s’intègrent aux territoires.

Voici la liste des actions qu’ils préconisent :


-   Un rachat des forêts
-   Mais aussi la recréation de forêts
-   Une refertilisation des zones laissées pour mortes par l’agriculture intensive
-   
Une mise à disposition de terrains de la part de propriétaires pour permettre à
des collectifs de s’y installer et de prendre soin de ces espaces.

177 Libres - Vers un travail qui a du sens


Vous pouvez aller voir la plateforme de mise en relation qu’ils ont créée sur le site
www.desobeissancefertile.com.

Vous trouvez aussi sur le site un modèle de prêt à usage gratuit, ainsi les gens qui veulent
s’installer sur le terrain s’engagent à suivre une charte prédéfinie et acceptent d’accueillir
les propriétaires quand ils le souhaitent. Ainsi, si vous vivez en ville et que vous avez un peu
d’argent, vous pouvez acheter un terrain, le mettre à la disposition d’un collectif et y aller
quand vous le désirez.

De manière concrète, Jonathan, Caroline et leurs deux enfants vivent depuis 2019 dans
une cabane qu’ils ont construite sur un terrain prêté gratuitement. Ils vivent au rythme
de la nature mais ne chôment pas. Ils ont créé une association, « La Sourcière », dont le but
est de récolter des fonds pour racheter des forêts afin de les préserver mais aussi
de faire de l’accueil pédagogique pour montrer comment construire les cabanes, vivre en
autonomie, recréer des forêts, fabriquer des ustensiles en bois.

Et surtout pour enseigner comment passer de l’idéologie à l’action en matière d’éco-


logie car nous n’avons plus le temps de philosopher dans le vide. Après la création de
la désobéissance fertile, ils se sont lancés dans un autre combat suite à la loi ALUR sur l’ha-
bitat léger. Ils ont décidé de lancer une pétition et de créer le site www.habitat-leger. org
avec d’autres collectifs (Habitats Libres en Poitou, Cabane En Danger, HALEM, United4Earth
- Lobby Citoyen) pour soutenir le droit de vivre en habitat léger (léger sur la terre et léger
sur le budget) et venir en aide à celles et ceux dont l’habitat est en danger. En parallèle, si
ce mode de vie vous intéresse, vous pouvez aller voir ce que propose le réseau des hameaux
légers, www.hameaux-legers.org.

Un hameau léger est un écohameau réversible et accessible financièrement,


en lien avec le territoire qui l’accueille. L’un des buts  : prendre soin des sols.
Ils disposent aussi d’un fond de dotation (sorte de petite fondation), Patrimoine d’autono-
mie, qui achète les terrains pour pouvoir ensuite les mettre à disposition du collectif.

« Vient un temps où protester ne suffit plus ! » Victor Hugo

Nous n’avons plus le temps de cautionner des gouvernements malades, une société
et un système malades, il nous faut désormais agir, quitte à désobéir.

• La fin du travail : Oui à l’Etre libre et spirituel

Oui, la fin du travail a sonné, ou plutôt, la fin d’un certain type de travail, dénué
de sens, esclavagisant et limitant le potentiel humain. Un travail où vous n’êtes
pas connecté à qui vous êtes, que vous faites essentiellement pour subvenir à vos besoins,
qui ne prend pas en compte vos véritables talents et aspirations. Oui, ce type
de travail est terminé. Car vous avez le pouvoir de le décider et de faire en
sorte que désormais, votre vie, chaque jour et à chaque instant ait un goût de
liberté.  Liberté d’être, de faire et de vivre où vous voulez et tel que vous le voulez.
Vous n’êtes pas obligé de rester dans les rangs, dans un moule trop petit pour vous.

De l’écolier au citoyen éclairé… 178


Nous n’avons jamais eu autant de possibilités, que ce soit dans les manières
de travailler ou dans les rythmes de travail, les styles de vie, les opportunités de se lancer.
Vous pouvez créer votre entreprise ou votre emploi, travailler à distance ou dans
plusieurs endroits. Et si vous désirez conserver vos avantages de salarié,
vous pouvez travailler dans une entreprise qui affirme une vraie mission, ou encore
bifurquer vers le portage salarial et vous lancer en indépendant avec une sécurité relative.
Vous ne voulez pas œuvrer seul ? Montez une coopérative ou un collectif ou ralliez-en un(e).

Pour qui voulez-vous travailler ? Pour quoi voulez-vous travailler ? Vous seul avez
les réponses et désormais et ce, plus que jamais, vous avez le choix. Le choix de faire
plusieurs métiers ou de ne pas «  travailler  » et de vivre en autosuffisance. Le choix
de mixer les statuts ou de n’en élire qu’un. Le choix quant à vos horaires,
jours et lieux de travail.

La seule question est quelle vie voulez-vous mener ? Quelle empreinte voulez-vous laisser ?
La vie est trop courte pour vous enfermer dans un travail trop petit pour vous. Dès main-
tenant, optez pour la VIE, pour votre VIE avec un grand « V ». Une vie où vous allez pouvoir
exprimer pleinement votre potentiel, vos talents, réaliser vos rêves et contribuer au monde.

À partir du moment où vous faites un travail qui vous plaît vraiment, qui ré-
pond à votre quête de sens et dans lequel vous pouvez utiliser vos talents
propres alors, vous n’avez plus l’impression de travailler. Vous êtes libre.
« Fais un travail que tu aimes et tu n’auras plus à travailler un seul jour de ta vie »,
Confucius.

On a toujours le choix. Il y aura de moins en moins d’emplois, certes.


Mais du travail, des activités, des opportunités de créer des systèmes vertueux
et des bulles de solidarité, il y en aura toujours une multitude. Il suffit de laisser
aller votre créativité et vos envies de participer. Nous sommes en première ligne
pour construire le nouveau monde. Un monde résilient où tous nos actes respectent
le vivant sous toutes ses formes. Où chaque être, chaque entreprise, chaque commu-
nauté, œuvrent à un mieux vivre et à un mieux être ensemble. La compétition n’a plus
lieu d’être, dès maintenant, faisons la part belle à la coopération. Comme la nature l’a tou-
jours fait. Amasser de l’argent n’aura bientôt plus aucune valeur, apprenons à vivre en dé-
croissance, en autosuffisance.

Cessons de faire des boulots dénués de sens, mettons du cœur à l’ouvrage et redevenons
humains. Des ÊTRES humains.

En 1930, l’économiste Keynes prédisait que cent ans plus tard, les technologies introdui-
raient une ère de loisirs et d’abondance. Il a raison. Mais je remplacerais l’ère de loisirs
et d’abondance par une ère de spiritualité, de solidarité et de créativité. Nous n’aurons
plus « besoin » de travailler beaucoup puisque des machines et robots nous aurons
remplacé en tant que main d’œuvre. Mais nous aurons toujours besoin de nous accom-
plir par le travail ou plutôt par nos activités, nos missions, nos envies de contribuer.
Les associations, les entreprises responsables ont un immense rôle à jouer, comme cha-
179 Libres - Vers un travail qui a du sens
cun d’entre nous, pour que le monde dans lequel nous allons évoluer soit plus juste
et empreint de solidarité. Accompagnons les plus démunis pour ne pas creuser
davantage les inégalités. Nous avons tous, êtres humains, une richesse intérieure qu’il est
urgent de révéler au monde.

Devrions-nous commencer à caresser nos rêves après la retraite ? Après avoir travaillé dur,
fait des enfants, nous être mariés, avoir acheté une maison et détenir trois plans épargne ?

NON ! Vivons, vibrons, rêvons dès maintenant, quel que soit l’âge, la situation, l’environ-
nement de chacun d’entre nous. Cessons de vivre comme des zombies, comme si notre vie
était linéaire, elle ne l’est pas. Chaque jour, nous pouvons décider de vivre pleinement, de
nous réinventer, d’expérimenter, de tomber parfois mais d’apprendre toujours. Comme les
enfants le font. « Nous parlons tout le temps de la vie après la mort, mais ne devrions pas
déjà nous soucier de la vie AVANT la mort ? », pour reprendre les propos de Pierre Rabhi.

Laissons le flux et l’abondance de la vie couler en nous, accueillons chaque jour cette aube
nouvelle.

À nous de choisir ce que nous ferons de tous ces jolis matins car nous avons le pouvoir
d’ÊTRE et de devenir qui nous voulons être. Il n’y a qu’une chose à faire : accepter de rêver
et marcher vers ce rêve. Faire le premier pas plein d’audace, de courage mais aussi de doute
et de peur mais avancer quand même.

Avancer vers où ? Vers Soi tout simplement, car là où sont vos rêves, votre âme y est
déjà. Redevenez des êtres libres, des rêveurs impétueux, des nomades émerveillés.
Faites le grand saut, empruntez le passage vers qui vous êtes. Suivez vos rêves, votre intui-
tion, ils connaissent le chemin.

Le véritable travail de demain sera avant tout un travail sur Soi.

Nous ne sommes pas venus au monde pour faire un travail qui n’a pas de sens
et consommer. Nous sommes des âmes venues sur terre pour faire l’expérience de la matière
et offrir notre lumière au monde. Chaque être humain a des talents qui lui sont propres,
une couleur, une vibration, une énergie particulière. Notre mission est de nous reconnecter
à qui nous sommes pour faire rayonner cette lumière. D’apprendre à nous connaître pour
pouvoir (re)devenir qui l’on est. Notre premier travail est avant tout un travail spirituel
de reconnexion à soi et au vivant. Sortir du moule, des carcans, des croyances qui nous
limitent pour faire le chemin vers soi. Nous avons tendance à aller chercher des choses
à l’extérieur pour remplir un vide intérieur alors que le véritable chemin est un retour vers
le cœur. Plus nous emprunterons ce chemin vers nos intériorités, plus nous aiderons les
autres à faire de même.

Notre vision du monde n’est qu’une projection de notre monde intérieur. Le premier tra-
vail est bel et bien de faire un travail sur soi. Transformer la colère en Amour. Accepter
chacune de nos facettes. Se libérer des carcans et des limitations. Faire la paix à l’intérieur
de soi pour aller vers l’Unité. Car tout est UN. Il n’y a pas de séparation, de vide,

De l’écolier au citoyen éclairé… 180


entre les objets physiques, les êtres vivants, les planètes. Nous sommes reliés, interconnec-
tés, baignés dans un même champ. Nous sommes tous de la lumière. L’autre n’est qu’un
miroir de ce que je suis.

« Soit nous allons survivre comme des frères, soit nous allons mourir tous ensemble comme
des idiots », Martin Luther King.

Nous devons réapprendre à ÊTRE humains. Ceux qui n’ont jamais cessé de l’être, ce
sont les peuples premiers, les aborigènes, les américains natifs, les kogis, les tsaatans…
Ils n’ont jamais cessé de vivre en symbiose avec le Vivant. Nous sommes nous aussi
le Vivant. Nous l’avons oublié, nous nous sommes coupés de nous, d’où cette quête
de sens de plus en plus prégnante. Réadhérons aux lois de la vie et du Vivant plutôt
qu’aux lois édictées par ceux qui nous « gouvernent ». La clé est à l’intérieur de nous.
Nous avons cru que le bonheur allait se trouver dans nos possessions, dans les aspects
matériels de la vie, à l’extérieur de nous, alors que c’est le chemin inverse que nous
devions faire. Le seul chemin qui vaille est celui qui mène de la tête au cœur.
Là, réside la paix intérieure.

Cheminez à l’intérieur de vous. Retrouvez vos racines et, quand votre intuition soufflera
à nouveau son inspiration, vous vous remettrez à rêver.

Tout est possible à celui qui croit. À partir du moment où vous caressez un rêve,
ou vous pouvez l’imaginer, vous pouvez le réaliser. «    I f you can dream it,
you can do it  », Walt Disney.

Autorisez-vous à rêver car c’est de vos rêves que va naître tout le reste
de votre vie alors faites-en quelque chose d’extraordinaire et de beau.
Faites-en quelque chose qui va faire sens parce que vous pourrez ensuite
accompagner, inspirer les personnes autour de vous à faire de même. À partir
du moment où vous allez commencer à changer, vous serez parfois confrontés
à des gens qui vont vous renvoyer leur peur, vous dire que vous n’y arriverez pas,
que vous n’en êtes pas capable mais faites-les taire et continuez à rêver et à avancer
sur votre chemin. Vous verrez que d’ici six mois, un an ou deux, ces mêmes personnes
reviendront vers vous parce que vous aurez réussi et vous demanderont comment
vous avez fait. Devenons tous des phares pour les autres car petit à petit, nous nous tirerons
tous les uns et les autres vers le haut. Vers une humanité consciente.

Alors comment voulez-vous vivre et travailler demain  ? Qui vous voulez être  ?
Vous avez toujours le choix  ! Je vous conseille de lire le livre de Frederika Van Ingen
« Sagesses d’ailleurs pour vivre aujourd’hui ».

181 Libres - Vers un travail qui a du sens


182
Visions 2040

• Scénario 1 : le « r »éveil

Nous sommes en 2040, vingt ans se sont écoulés. Une immense prise de conscience a
eu lieu en 2020 et l’humanité s’est « r »éveillée (à noter, l’écriture de ces lignes avant la crise
du coronavirus).

Heureusement, il était encore temps pour changer de trajectoire, ou, tout du moins,
minimiser les impacts néfastes de la course à la croissance de de l’ancien monde.
Un exode massif commença des villes vers les campagnes où chacun se mit à travailler
la terre selon les préceptes de l’agro-foresterie, l’agro-écologie et la permaculture.
Les sols redevinrent vivants, la biodiversité se remit à papillonner allègrement.
Une solidarité nouvelle émergea à tous les niveaux. Concernant les cultures, les voisins d’un
même village ou contrée se mirent aux jardins comestibles (Foodscaping), consultèrent et
planifièrent ce que chacun cultiverait afin de pouvoir partager et échanger de la nourriture
et mailler le territoire d’essences diverses.

Des millions d’arbres furent plantés partout dans le monde et des oasis se créèrent même
dans les zones désertiques, pour preuve, les avancées extraordinaires du Maroc et de
l’Afrique Subsaharienne, qui, de surcroît, firent cesser les dictatures et les hégémonies oc-
cidentales sous-terraines.

Les grandes surfaces laissèrent place à des coopératives de producteurs, les marchés
et épiceries de proximité se multiplièrent. Les tiers-lieux aussi vinrent recréer du lien
dans les villages, ils étaient dotés d’un bar, d’un espace de convivialité et de culture,
d’une épicerie, d’un endroit pour réparer les objets. L’école connut aussi une grande
révolution puisque tout le programme d’enseignement fut changé. Désormais, les
élèves apprenaient certaines matières classiques auxquelles avaient été ajoutés
le bricolage, la musique, l’art, la culture et une nouvelle manière d’apprendre vit
le jour. La coopération remplaça la compétition, ce qui baissa énormément l’anxiété et la
phobie scolaire ainsi que le décrochage. Des cours de créativité, de découverte et développe-
ment des talents, de méditation devinrent obligatoires, ainsi que des cours sur la bienveil-
lance, le partage, la compréhension de soi et des autres.

Paris connut une baisse du nombre d’habitants puisqu’un changement profond au niveau
économique et politique eut lieu. La République tomba et la politique cessa d’être cen-
tralisée dans l’ancienne capitale. Désormais, nous étions véritablement en démocratie,
le peuple avait donc, comme dans la définition classique et normale du terme, le pouvoir.
Plus exactement, les territoires dirigeaient avec des maires extrêmement actifs et dont
les décisions ne pouvaient être validées qu’après avoir coché certaines conditions : mieux-
être / mieux vivre pour le vivant en général, majorité absolue et si tel n’était pas le cas,
recherche d’un consensus sain pour chacune des parties. Comme tout était fait au ni-
veau très local, tout se passait bien. C’était comme dans les entreprises, les très grandes

183 Libres - Vers un travail qui a du sens


multinationales n’existaient plus, plus personne ne voulait y travailler et l’humanité ces-
sa de consommer leurs produits. Désormais, la taille des entreprises ne dépassait jamais
les 150 personnes au maximum, cela permettait de dialoguer ouvertement, d’écouter
les salariés, de les faire évoluer. Par ailleurs, le temps de travail était laissé complètement
libre, la plupart des salariés ne travaillant désormais que 4 heures par jour ou 2 jours
et demi par semaine. D’autres n’étaient pas salariés et n’avaient pas créé leur entreprises
ou associations mais grâce au revenu universel, ayant vu le jour en 2023, ils se contentaient
avec joie de cela et continuaient à cultiver leurs talents. Car quel que soit le profil de chaque
être humain, tous avaient une puissante contribution au monde et beaucoup de choses à
offrir. Il y avait toujours des entrepreneurs qui gagnaient de l’argent et dont les boîtes mar-
chaient très bien et c’est bien car l’objet de leurs entreprises était censé et œuvrait au bien
commun. Les villes avaient complètement changé de visage, elles étaient bien moins peu-
plées, avaient fait place à la nature et tous les déplacements se faisaient à pied, en bus ou
en vélo. Des fermes urbaines jonchaient les toits et les anciennes friches. Chaque résidence
était dotée de son potager et de son compost.

• Scénario n°2 : « L’effondrement »

2040, nous suffoquons, enfin, nous… ceux qui ont survécu jusqu’à présent. Des millions
de personnes ont dû quitter leurs pays respectifs à cause des guerres, de la famine, de
la détresse hydrique sévère ou de la montée des eaux ayant englouti des surfaces de terre
immenses. Il fait une chaleur accablante quand il ne se met pas à neiger soudainement.
Tout est déréglé. On a du mal à cultiver, on se nourrit d’insectes et des légumes les plus
résistants. Les poissons sont contaminés, les viandes sont contaminées. La population
se divise en deux, d’un côté ceux qui essaient de survivre solidairement, de l’autre,
des milices bardées d’armes, des pilleurs. Plus aucun réseau ne fonctionne si ce n’est
quelques Cibi.

Tout a commencé en 2023, on nous avait pourtant prévenu mais nous n’avons pas
écouté, l’Homme continuait à se croire plus fort que la nature et a pensé que le progrès
nous ferait triompher. La finance tomba la première. Elle avait gouverné le monde jusque
là mais ce n’était plus possible. Elle aurait pu changer son fusil d’épaule, investir dans des
entreprises responsables et des fonds verts. Devenir une Finance verte. Mais il n’en fut rien.
Le crack fut sans précédent. L’épargne des Français fut saisie, tout le monde manifesta,
mais pour quoi ? Il était trop tard. Plus aucune transaction n’eut lieu. Des violences ter-
ribles commencèrent, les magasins furent pillés puis détruits. Il n’y eut plus d’essence, plus
d’électricité (sauf pour ceux qui avaient opté pour les énergies renouvelables). Paris, qui
n’avait que 2 jours et demi d’autonomie alimentaire, connut un exode massif. Mais pour
aller où ? Les gens avançaient comme des zombies, ils ne savaient rien faire, ne savaient
pas se nourrir en pleine nature, ils avaient perdu tout contact avec leur nature profonde.
Quand ils arrivaient dans des villages, ils étaient souvent chassés par les habitants qui ne
« gardaient » que les personnes « utiles ». Pourquoi s’embêter avec une bouche à nourrir de
plus si elle n’était d’aucune aide ? Ainsi, les personnes manuelles, celles dotées de connais-
sance en médecine (allopathique ou naturelle), les ingénieurs, les sages et les humoristes
pouvaient rester (on a toujours eu besoin de « fous du roi »), tant pis pour les autres. Les
Visions 2040 184
gens mourraient de faim, ce qui entraîna des épidémies massives. Des pans entiers de
territoires devinrent zones de non droit. Chacun pour soi. Ceux qui s’en sortaient à peu
près étaient les habitants des écohameaux, ceux qui avaient depuis longtemps quitté
la ville pour repeupler les campagnes en vivant en harmonie avec le vivant quel qu’il
soit. Malheureusement, ils durent commencer à se battre compte-tenu de l’affluence de
plus en plus grande. La terre ne pouvait plus nourrir tout le monde, nous l’avions tuée.
Nous nous étions tués.

• Scénario n°3 : Robocop et Robin des bois

2040, il fait noir ou plutôt gris. Des mois que nous n’avons pas vu le soleil. Il est là mais une
couche opaque de poussière est omniprésente. Il n’y a que dans le camp principal que le
jour est présent. Enfin, le jour… la lumière d’un soleil artificiel.

Ici, nous nous cachons, nous sommes les survivants de la plus grande catastrophe que l’hu-
manité a connue : le dérèglement climatique et l’avènement des robots et de l’intelligence
artificielle. Comment cela a commencé ? L’intelligence artificielle et le coronavirus. Il a ser-
vi à décimer une partie de la population et à vacciner le reste en leur insérant une puce par
la même occasion.

Pour ceux qui n’avaient pas encore été vaccinés, ils tombèrent à cause des travaux d’Elon
Musk et de l’agence de l’armée américaine sur la connexion directe de cerveau à cerveau.
En effet, Neuralink, la startup américaine de neuro-technologie créée par Elon Musk et dé-
veloppant des implants cérébraux d’interfaces neuronales directes a commencé les tests
sur les humains en 2021. Par ce procédé, les êtres humains furent tous manipulés par les
virus intégrés directement dans les réseaux puis dans leurs cerveaux. Pour les rares qui
réussirent à fuir, l’ère de la traque commença. Nous vivons dans les forêts, les grottes, des
petits hameaux résilients mais pour combien de temps ?

Tout est dirigé par les machines et le soi-disant progrès. Les vols vers mars sont quotidiens.
Ils ont créé une base là-bas. Une base où les légumes poussent en hydroponie et où tout est
artificiel. Qui y vit ? Ceux qui ont eu les moyens financiers de partir, les hommes politiques,
les patrons de multinationales, les ingénieurs agronomes et les scientifiques dont ils ont be-
soin… Ils sont en train de lancer d’autres « promotions immobilières » ailleurs dans l’espace.

Nos morts servent de compost, les robots et humanoïdes font des descentes dans
nos cachettes pour nous enrayer. Quelle est la meilleure solution, tuer tout le monde
ou garder espoir dans un monde devenu noir ?

185 Libres - Vers un travail qui a du sens


186
Conclusion

Nous avons toujours le choix, alors lequel allez-vous faire ? L’humanité dont nous
faisons tous partie doit se réveiller, s’éveiller pour aller vers un monde respectueux
du vivant, vers un monde où la coopération est de mise, vers un monde où l’Etre humain
n’oublie pas ce verbe censé le caractériser : ÊTRE.

Nous ne sommes pas nés pour passer notre temps à faire un travail qui ne nous plait pas
ou pour développer un chiffre d’affaires avec un produit ou un service qui ne respecte
ni l’humain, ni le vivant en général. Nous ne sommes pas nés pour consommer, ni pour
produire des biens inutiles ou dotés d’une obsolescence programmée. Nous ne sommes
pas nés pour faire brûler notre maison, notre planète terre, ce vaisseau spatial
merveilleux qui nous accueille.

Redevenons des êtres libres, développons nos talents propres et notre


spiritualité pour faire rayonner l’amour et la joie plutôt que la peur et la rancœur.
Le travail, dans sa vision noble, dans le sentiment d’accomplissement qu’il nous procure,
est une des clés de notre libération. Le travail nous permet de matérialiser nos rêves,
d’embarquer des gens dans quelque chose qui nous dépasse.

Le travail nous offre la possibilité d’offrir nos talents au monde et de nous sentir pleins
et entiers. Le travail fait tout cela… quand ce que vous faites à un sens. Quand vous sa-
vez pourquoi vous vous levez le matin. Quand vous êtes en joie. Alors récupérez votre bien
le plus précieux, votre temps, pour l’allouer à des activités, à une vie qui va vous
transcender. Nous sommes tous des créateurs en puissance, récupérons nos ressources
pour dessiner la vie qui nous convient et œuvrer à la VIE.

Nous avons toujours le choix, alors qu’allez-vous faire ?

Deux mondes vont continuer quelques temps à coexister. Pour schématiser, d’un côté,
l’ancien monde, en train de péricliter comme nous l’avons vu pendant la période de
confinement. De l’autre, le nouveau monde qui respecte le vivant, crée des initiatives
citoyennes, coopère, voit émerger des entreprises qui se transforment elles aussi de
l’intérieur. « On entend l’arbre qui tombe mais pas la forêt qui pousse ». Ce nouveau monde
est déjà là, à vous de le rallier, à vous de l’embrasser. Que vous soyez PDG, chômeur,
salarié, étudiant, nomade, homme, femme, vous avez votre rôle à jouer. Nous avons
tous quelque chose à faire.

Sortez des sentiers battus, défoncez le moule, quittez votre zone de confort…
Là est le sens. Là est la joie. Là est votre âme. Quelle vie voulez-vous mener ?
Qui voulez-vous être  ? Ne laissez personne vous détourner de votre rêve, n’écoutez pas
les voix qui vous diront d’arrêter. Continuez, continuez, continuez et vous atteindrez
le sommet. Cherchez ce qui vous tient vraiment à cœur, retrouvez le chemin de la joie
et autorisez-vous à rêver. Il n’est pas utopique de croire en ses rêves, il suffit juste d’oser.
187 Libres - Vers un travail qui a du sens
Nous sommes en première ligne pour créer ce nouveau monde. Nous avons la chance
d’avoir vu le jour et de vivre sur cette planète terre. Mais si nous voulons continuer
à voir nos enfants et petits-enfants y vivre et grandir harmonieusement, c’est main-
tenant que nous devons bouger. Chacun à notre échelle, nous pouvons contribuer.
L’entreprise aussi a un rôle à jouer en remettant l’humain au cœur et en œuvrant, elle aussi,
à trouver quelle est sa raison d’être. Pas une raison d’être émanant d’un brainstorming avec
une agence de communication. Une raison d’être incarnée et portée par tous les acteurs qui
la composent, du stagiaire au PDG.

Nous devons réinventer une économie, un système bénéfique pour l’humanité et la planète.
Allons vers l’économie circulaire, l’entreprenariat social et solidaire, la transformation
des entreprises et… la reconnexion à Soi.

Car la véritable révolution est d’abord intérieure. Le premier travail que nous avons à faire
est un travail sur nous-même pour nous déconditionner de centaines d’années d’illusion.
Nous avons le pouvoir de changer les choses par nos prises de conscience, par nos chan-
gements dans nos manières de consommer, par nos décisions d’utiliser notre temps pour
faire des choses qui nous plaisent vraiment et qui contribuent au monde qui nous entoure.

Nous avançons vers une nouvelle humanité. Une humanité plus consciente, dans l’Amour,
cheminant vers la paix intérieure et l’unité. Nous avons tous des talents qui nous sont
propres, des aspirations différentes et ce sont ces différences qui font la beauté du monde.
Ne restons pas enfermés dans des carcans, levons-nous, élevons-nous, éveillons-nous pour
offrir notre unicité au monde. Devenons nous-même, c’est notre plus beau rôle.

Nos vies sont multiples. Nos vies personnelles, spirituelles, amoureuses, sont
aussi importantes que nos vies professionnelles. Se lever le matin pour pas-
ser 80% de votre temps à faire un boulot qui ne vous plait pas n’est pas NORMAL.
Ça, c’est ce que le système et l’inconscient collectif nous fait croire pour que nous
restions bien sagement à nos places. Or une alternative est largement possible,
nous avons tous des talents propres et des ambitions différentes. N’attendons
pas la retraite pour faire enfin ce qui nous tient à cœur. Nous devons tous contri-
buer au nouveau monde qui se crée car si nous ne pouvons pas élever la conscience
humaine maintenant, nous pourrons tout simplement dire au revoir à l’humanité.
Faire le travail qui vous plait, œuvrer à ce qui vous anime vraiment, offrir au monde ce qui
fait votre essence tout en faisant attention aux ressources, en limitant votre impact, en
diminuant votre empreinte écologique, en usant d’un modèle respectueux de l’environne-
ment et des gens avec qui vous travaillez est la clé.

Nous sommes libres et avons toujours le choix. Alors, allons-nous continuer droit
devant jusqu’à nous prendre le mur ou décidons-nous de faire un pas de côté pour aller
vers ce qui nous semble juste et nous met en joie ? La bonne voie, c’est là où il y a de la joie.
Il est urgent de remettre du Cœur à l’ouvrage et de redevenir ce que nous sommes,
des êtres spirituels.

Alors à vos marques, Rêvez, Osez, Foncez !


Conclusion 188
Remerciements

À l’homme de ma vie qui a supporté mes humeurs « arc-en-ciel » pen-


dant l’écriture de ce livre. À ma famille et mes ami.e.s sans qui je ne se-
rai pas entièrement qui je suis. À Margaux, Manuella et Christine pour
la relecture fine et leurs si précieux conseils. À tous mes supers coachés qui ont rêvé, osé,
foncé et contribuent à montrer que tout est possible.

Merci aux éclairages de Coline Tison, Céline Choain, Sophie Méritet,


Jocelyne Leporatti, Mathieu Cornieti, Audrey Fievet, Isabelle Sahagun,
Catherine Dauriac, Edouard Chabanon, Christian Ollivry, Julia Bijaoui,
Xavier de Mazenod, Laetitia Olivier, Matthieu Tassetti, Laetitia Houdart.

Je remercie plus que vivement Hadrien Pennes pour son travail de


maquette et graphisme et surtout sa réactivité et ses excellents conseils.
Et Eymeric Pierre-Louis pour le développement du site de ce premier livre
téléchargeable en participation libre. Merci à vous deux !

Un immense merci à vous, chers lectrices et lecteurs, tous ensemble,


nous pouvons faire des choses merveilleuses.

Un grand merci du fond du cœur à toutes les personnes qui me suivent


sur les réseaux et qui ont contribué au titre du présent livre notamment
Hélène, Laure, Eve, Christiane, Catherine, Kristel, Sylvie, Alexandra,
Cécile, Magali, Olivia, Gaelle, Delphine, Ylang Ylang, Aurélie, Didi, Maïa,
Saperlipopeste, Dominique, Elodye, Florence, Pascale, Fée Colombine,
Mélissa, Marmitrux, Christophe, Typhanie, Vinciane, Claire, Stéfanie,
Sandie, Karine, Aymeric, Diane, Soraya, Audrey, Caroline, Vanessa, Eno-
ra, Sylvia, Alex, Julia, Cyriaque, Paul, Cindy, Julien, Thomas, Fabienne,
Marie, Noémie, Elyane, Nathalie, Alexandre, Renaud, Corinne…
Bibliographie
La fin du travail de Jérémy Rifkin
Le New Deal vert de Jérémy Rifkin
La division du travail de Durkheim
Tous indépendants de Guillaume Cairou
Pourquoi dormons-nous du Dr Matthew Walker
Impact et Cie de Mathieu Cornieti
Etude sur le futur du travail de cowork.io
Effondrement de Jared Diamond
Homo deus de Yuval Noah Harari
Sapiens de Yuval Noah Harari
L’entreprise du XXIème siècle sera politique ou ne sera pas
de Pascal Demurger
La révolte des premiers de la classe
La révolution du Non de Didier Pitelet
Apprendre au XXIème siècle de François Taddei
Craddle To craddle, créer et recycler à l’infini de
William MacDonough et Michael Braungart
L’économie Bleue 3.0 de Gunter Pauli
Une année pour tout changer de Céline Alvarez
Le monde selon Monsanto de Marie-Monique Robin
Sagesses d’ailleurs pour vivre aujourd’hui de Frederika Van Ingen
Article du media Reporterre.net:
« Face-a-la-canicule-en-ville-les-arbres-sont-la-meilleureparade »
Documentaires :
Internet, la pollution cachée de Coline Tison et Laurent Lichtenstein
Travail, salaire, Profit de Gérard Mordillat et Bertrand Rothé
Un avenir sans pétrole de Pablo Servigne
Une idée folle de Judith Grumbach
Le temps, c’est de l’argent de Cosima Dannoritzer

Médias
Zevillage
Thinkerview
Nexus
L’ADN
Mr Mondialisation
We demain
Le fil d’actu
La relève et la Peste
Merci Alfred
Maddyness
Mise en page, et couverture :
Hadrien Pennes
www.jetkolorz.net

Éditeur Déclic Factory


17 rue Francoeur
75018 Paris

Prix de vente : 20 euros


ISBN : 978-2-9574202-1-6
Dépôt Légal à la BNF : août 2020
Achevé d’imprimer : octobre 2020
Ce livre s'adresse aux personnes en quête de sens,
à ceux qui se questionnent sur le Travail et ont envie
de vivre, d’œuvrer et de consommer différemment.
Nous parlons de plus en plus du nouveau monde dû à l'urgence
climatique, au système en bout de course et aujourd'hui du
Covid, mais aucun livre ne mentionne cela sous l'angle du
Travail. Or le travail, et surtout la reconversion, le changement
de vie et de modèle représentent une solution non négligeable
pour changer le monde (et notre monde intérieur).
« Preuves » à l’appui, ce livre a l’ambition de dresser un panora-
ma quasi exhaustif du monde du travail d’hier, d'aujourd’hui et
de demain et des nouvelles manières de travailler. Par cette
porte d’entrée « travail », le lecteur est invité à ré-envisager
la société tout entière en présentant les clés qui existent déjà
et celles que nous pourrions développer, chacun à notre échelle
pour répondre à cette quête de sens. Télétravail, révision
du temps de travail, nouvelles manières de travailler, refonte
nécessaire de certains secteurs comme la mode, l'agriculture,
l'industrie pharmaceutique, la grande distribution… Exode
urbain, monnaies locales, économie du don… Tout est là pour
contribuer à un nouveau monde, résilient et respectueux
du Vivant dont nous faisons partie.
Le « travail sur soi », sur notre conscience, sur notre rapport au
monde va nous permettre de remplacer la vieille image du
« travail classique » dénué de sens et déshumanisé. En
changeant notre point de vue sur le Travail, nous récupérons
du temps et pouvons réellement changer le système.

Déclic Factory
Prix de vente : 20,00 €
ISBN : 978-2-9574202-1-6

Vous aimerez peut-être aussi