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Résumé / Abstract
résultats carcinologiques et la diminu-
tion des séquelles digestives. Ainsi, une
Chirurgie du cancer du rectum
connaissance approfondie anatomique
F. Bretagnol, L. de Calan
de l’extension loco-régionale du cancer
La chirurgie est le seul traitement à visée curative du cancer du rectum. Avec les travaux par les travaux de Heald sur l’exérèse to-
de Heald sur l’exérèse totale du mésorectum, cette chirurgie est devenue standardisée tale du mésorectum permet aujourd’hui
permettant, pour des tumeurs non fixées, non seulement un contrôle local optimal avec un d’apporter un meilleur contrôle local de
taux de récidive locale à 5 ans inférieur à 10 %, mais aussi une préservation nerveuse avec la maladie et le plus souvent une préser-
des séquelles génito-urinaires minimes. La place de la laparoscopie reste à démontrer vation des fonctions génito-urinaires.
même si les résultats semblent semblables à court terme à la laparotomie. Une radiothérapie De plus, la dissection intersphinctérien-
néo-adjuvante doit être proposée en cas de tumeurs localement évoluées (T3, T4 et/ou
ne permet d’envisager désormais une
N+) du bas et moyen rectum car elle diminue le risque de récidive loco-régionale. La
conservation sphinctérienne dans les
radiochimiothérapie néo-adjuvante et la technique de dissection intersphinctérienne
tumeurs du très bas rectum. La laparo-
permettent actuellement d’élargir les indications de préservation du sphincter anal pour des
scopie, en cours d’évaluation, pourrait
tumeurs du très bas rectum. L’exérèse locale par voie transanale peut être proposée à une
trouver sa place dans l’arsenal thérapeu-
tumeur bien différenciée, de moins de 3 cm, située à moins de 8 cm de la marge anale,
tique. Enfin, malgré l’optimisation chi-
mobile, classée uTis ou uT1N0 en échoendoscopie rectale. Dans l’avenir, une stratégie
rurgicale, les traitements néo-adjuvants
pourrait associer l’exérèse locale de tumeurs ayant une réponse complète (stérilisation
ont un rôle essentiel dans la diminution
tumorale) après radiochimiothérapie.
du risque de récidive locale mais aussi
Mots-clés : Rectum. Traitement. Cancer. Conservation sphinctérienne. Exérèse totale du dans la préservation sphinctérienne.
366
mésorectum. Radiothérapie pré opératoire. Cette mise au point concerne le
traitement chirurgical du cancer du
Surgery treatment of rectal cancer
rectum, en développant les points es-
F. Bretagnol, L. de Calan
sentiels abordés dans les recommanda-
Surgical resection is the only curative procedure for carcinoma of the rectum. Heald’s tions [1] mais aussi en soulignant les
development of total mesorectal excision has made it the standard approach for mobile, non- futures stratégies thérapeutiques.
fixed tumors; it permits optimal local control with less than 10% local recurrence at five years
and minimizes nerve damage and genito-urinary complications. Although initial short-term
results of laparoscopic approaches are very promising, the final role of laparoscopy has not Bilan pré opératoire
yet been established. Neo-adjuvant radiotherapy should be proposed for locally advanced Le bilan préthérapeutique inclut le
(T3, T4, and/or N+) tumors of the low and mid-rectum. Radiochemotherapy coupled with toucher rectal, la rectoscopie au tube
intersphincteric dissection offers hope for sphicter-sparing extirpation of even the lowest of rigide, l’échoendoscopie rectale (EER)
rectal cancers. Local resection through a trans-anal approach may be considered for small et l’imagerie par résonnance magnéti-
(<3 cm.), mobile, well-differentiated tumors lying within 8 cm. of the anal verge if rectal que (IRM), afin d’évaluer l’extension
echo-endoscopy shows an in-situ tumor or a T1 lesion with no evidence of tumorale loco-régionale, mais aussi
lymphadenopathy. Future strategies may enlarge the indications for local resection if and une radiographie thoracique, une
when radiochemotherapy can achieve a complete local response (tumor sterilization). échographie hépatique ou un examen
Key words: Rectum. Treatment. Cancer. Sphincter conservation. Total mesorectal excision. tomodensitométrique (TDM) thoraco-
Pre-operative radiotherapy. abdominal, afin d’évaluer l’extension
métastatique. L’objectif de ce bilan est
de préciser la localisation tumorale par
rapport à la marge anale et à l’appareil
adjuvantes et adjuvantes, les critères de sphinctérien, de connaître le stade tu-
Introduction
qualité de l’exérèse chirurgicale, les sé- moral afin de sélectionner les groupes
Le cancer du rectum représente 20 à quelles fonctionnelles digestives et gé- de patients à haut risque de récidive,
30 % des 36 000 cas de cancers colorec- nito-urinaires après exérèse rectale, la pouvant bénéficier d’un traitement
taux diagnostiqués chaque année en place du traitement local et la prise en néo-adjuvant par radio et/ou chimio-
France. Très récemment, les recom- charge des métastases hépatiques syn- thérapie. Les performances des trois
mandations pour la prise en charge du chrones. principaux examens (EER, TDM et
cancer du rectum ont été actualisées [1]. La chirurgie du cancer du rectum a, IRM) ont été analysées récemment
Plusieurs questions ont été abordées en effet, bénéficié de plusieurs innova- par une méta-analyse [2]. Concernant
dont le choix des thérapeutiques néo- tions permettant l’amélioration des l’envahissement ganglionnaire, les
J Chir 2006,143, N°6 • © 2006. Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
J Chir 2006,143, N°6 • © 2006. Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Mise au point
résultats (en terme de sensibilité et couverte d’emboles tumoraux extra à 2 cm. En 1995, Shirouzu et al. propo-
de spécificité) de chaque examen étaient ganglionnaires au dessous de la tumeur, saient à nouveau de réduire cette marge
bas mais comparables (65 et 75 %, parfois sans aucune continuité avec cel- distale à 1 cm, à partir d’une étude ana-
respectivement). En résumé, pour les le-ci et l’impact de l’envahissement de tomo-clinique portant sur 610 cancers
tumeurs de stade précoce (T1/T2), mo- la marge d’exérèse circonférentielle sur du rectum [11]. Cette série montrait
biles au toucher rectal, l’EER était plus le risque de récidive locale [5], ont jus- que l’envahissement de la paroi rectale
efficace que les autres examens pour tifié le développement de cette techni- sous tumorale était de 1 % et toujours
préciser l’atteinte de la musculeuse que d’exérèse chirurgicale. Depuis, inférieure à 1 cm pour les stades I et II,
(différentiation T1 versus T2), l’IRM la dissection du mésorectum s’est géné- alors qu’il était de 10 % pour les stades
n’apportant pas d’information complé- ralisée et s’impose actuellement comme III avec un envahissement distal de 2 cm
mentaire. Pour les tumeurs localement la technique de référence [6-8]. Mac dans 3 % des cas. Enfin, une seule étude
évoluées, l’EER et l’IRM étaient sem- Farlane et al. ont comparé de maniè- incluant 596 patients, avec un recul de
blables dans l’évaluation de l’infiltration re rétrospective les résultats obtenus 5 ans, rapportait qu’une marge distale
pariétale. Mais l’IRM doit être, pour ces après ETM chez 128 patients à ceux ≤ 1 cm était un facteur indépendant de
lésions évoluées, privilégiée car elle de 134 patients opérés par chirurgie récidive locale avec un taux de récidive
apporte des éléments complémentaires conventionnelle [6]. Le taux de récidi- local de 10 % en cas marge > 1 cm et de
en évaluant avec précision la marge cir- ve locale à 4 ans était significativement 27 % en cas de marge ≤ 1 cm (p = 0,01)
conférentielle chirurgicale. En effet, plus bas après ETM qu’après chirurgie [12]. En résumé, une marge de sécurité
une marge circonférentielle de moins conventionnelle, respectivement de 8 digestive de 2 cm, sur pièce fraîche, doit
de 5 mm à l’imagerie serait corrélée à versus 24 % avec un taux de survie ac- être respectée. Mais, pour des lésions
une marge chirurgicale de moins de tuarielle meilleure de 70 versus 50 %, très bas situées, où peut se discuter un sa-
1 mm, ce qui indique un traitement respectivement. Il paraît clair que le crifice sphinctérien, une marge de sécu-
néo-adjuvant [3]. chirurgien est l’une des principales rité digestive de 1 cm semble suffisante.
« variables » influençant le résultat car- L’extension tumorale au niveau du
cinologique. Chez les patients traités
Exérèse du mesorectum mésorectum est un facteur indépendant
par chirurgie seule, le type de chirurgie,
influençant le taux de récidive local. Il a
Pendant longtemps, les résultats carci- c’est-à-dire la technique d’ETM était
été, en effet, montré que des emboles
nologiques après chirurgie rectale ont un facteur indépendant de meilleur
tumoraux extra ganglionnaires pou-
été décevants avec des taux de récidive contrôle local, permettant de diminuer
vaient se développer jusqu’à 4 cm sous 367
locale variant de 20 à 30 % [1]. Une le risque de récidive locale de 16 %
le pôle inférieur de la tumeur. Cette dis-
modification profonde de la technique après chirurgie conventionnelle, à 9 %
sémination mésorectale distale est
chirurgicale est survenue à la suite des après chirurgie du mésorectum [9].
trouvée dans 10 % à 20 % des exérèses
travaux de Heald sur l’exérèse totale du Ainsi, les techniques chirurgicales
à visée curative [13]. Sur le plan carci-
mésorectum (ETM). Dans une série de ont évolué au cours du temps permet-
50 patients opérés selon cette technique nologique, une exérèse extrafasciale du
tant de « standardiser » la chirurgie du
et avec un suivi de 2 ans, Heald et al. ne mésorectum jusqu’à 5 cm sous le pôle
rectum en définissant une exérèse dite
rapportaient aucune récidive locale [4]. optimale. inférieur de la tumeur est suffisante.
Ainsi, pour les tumeurs du haut rectum
Le mésorectum se définit comme le
tissu cellulo-graisseux qui entoure les dont le pôle inférieur est à plus de 5 cm
Marges de résection du bord supérieur du sphincter anal,
faces latérales et postérieures du rec-
tum. Il est limité circonférentiellement Les marges de résection correspon- soit entre 10 et 15 cm de la marge anale,
par le fascia recti, ce qui permet de le dent aux marges de sécurité nécessai- une résection partielle du mésorectum
cliver du fascia pariétal pelvien. La dis- res pour espérer obtenir une exérèse 5 cm sous le pôle inférieur tumoral est
section rectale conventionnelle faite à curative. préconisée. Pour les tumeurs du moyen
l’aveugle et de façon manuelle (« blunt La règle d’une marge pariétale dis- rectum dont le pôle inférieur est à
dissection ») entraînait des déchirures tale sous tumoral de 5 cm a été rééva- moins de 5 cm du bord supérieur du
du fascia recti. Elle aboutissait à se rap- luée. En effet, une extension pariétale sphincter, soit entre 5 et 10 cm de la
procher progressivement du rectum et distale est possible au-delà du pôle infé- marge anale, la résection totale du mé-
de la tumeur au fur et à mesure que l’on rieur de la tumeur, mais ce risque ne sorectum (ETM) est recommandée.
descendait dans le pelvis produisant une dépasse que très rarement 2 cm et il est Enfin, l’envahissement de la marge
dissection « en cône » tout en laissant alors toujours le fait de tumeurs agressi- circonférentielle doit être recherché sur
en place du mésorectum potentielle- ves à haut risque métastatique. Williams la pièce de résection rectale car elle par-
ment pathologique. Cette technique et al. rapportaient 24 % d’envahisse- ticipe avec la marge distale à la défini-
a été progressivement remplacée par ment pariétal distal qui était dans 10 % tion de la clairance tumorale qui définit
une dissection dite anatomique et ex- des cas inférieur à 1 cm et dans 14 % su- une exérèse comme curative (R0) ou
trafasciale appelée « exérèse totale du périeur à 1 cm [10]. Les mêmes auteurs palliative (R1). Il est en effet démontré
mésorectum » (ETM). Pour éviter tou- montraient par ailleurs, l’absence de que cette marge est un facteur indépen-
te confusion, l’utilisation du terme différence, en terme de récidive locale dant de récidive locale et de survie [5].
« exérèse extrafasciale du mésorec- et de survie, entre une marge distale in- La majorité des études définissent une
tum » est recommandée, cette exérèse férieure ou supérieure à 5 cm et propo- marge circonférentielle comme saine si
pouvant être partielle ou totale. La dé- saient de diminuer le seuil distal de 5 cm elle est supérieure à 2 mm [14].
Chirurgie du cancer du rectum F. Bretagnol, L. de Calan
locorégionale et justifiant une proctec- d’une chirurgie mini invasive qui sont souvent difficile du fait de l’étroitesse du
tomie secondaire complémentaire [24]. maintenant bien démontrés dans la pelvis surtout chez l’homme et parfois
Ces critères qui sont corrélés au contrôle littérature, c’est-à-dire une reprise plus du volume tumoral. La morbidité opé-
local et à la survie sont l’envahissement précoce du transit intestinal, une di- ratoire varie de 20 à 38 %, représentée
du tiers profond de la sous-muqueuse minution de la douleur postopératoire, surtout par le risque de fistule anastomo-
(sm3), une différenciation histologique une durée d’hospitalisation plus courte, tique (6 % à 27 %) qui est comparable à
de haut grade, des emboles vasculaires une préservation pariétale et une moin- celui rapporté dans les séries d’exérèse
et lymphatiques, un engainement péri dre diminution de la fonction respira- conventionnelle. Enfin, en termes de
nerveux et l’envahissement des marges toire. Cependant ces avantages doivent séquelles génito-urinaires, une étude
de résection. Dans une étude rétrospec- être considérés comme secondaires rétrospective a rapporté que si la lapa-
tive rapportant plus de 100 exérèses dans le contexte d’une pathologie néo- roscopie n’avait pas d’influence sur la
locales, la présence d’emboles vascu- plasique comme le cancer du rectum. fonction urinaire après proctectomie,
laires influençait significativement la En effet, une exérèse non carcinologique les troubles sexuels chez l’homme étaient
survie globale qui chutait à 10 ans de 80 et une augmentation de la morbidité significativement plus fréquents après
à 20 % en cas d’emboles vasculaires. postopératoire pourraient constituer proctectomie par laparoscopie (47 %)
Dans une cohorte de patients sélection- des risques potentiels du traitement que par laparotomie (5 %) [32].
nés (T1 avec marges de résection saine, laparoscopique des cancers du rectum. Peu d’études ont réalisé une évalua-
sans embole, de bas grade), le taux de Si la place de la laparoscopie dans tion oncologique de la qualité d’exérèse
récidive locale à 10 ans était de 13 % et la chirurgie du cancer du colon s’est im- chirurgicale laparoscopique mais il
la survie sans récidive de 87 %. Pour les posé progressivement avec la publica- semble que le nombre de ganglions
T1 n’ayant pas ces critères, la survie à tion récente de quatre études contrôlées retrouvés, les longueurs des marges de
10 ans était de 49 % et le taux de réci- qui n’ont pas montré de différence résection distale et circonférentielle
dive de 29 % [24]. entre les groupes laparoscopie et chi- soient semblables à ceux en chirurgie
Pour les résultats du traitement rurgie ouverte en terme de récidive ouverte. De plus, l’abord laparoscopi-
local, la seule étude randomisée n’a locale et en terme de survie, elle reste que permettrait, par une vision magni-
montré aucune différence en terme de un sujet de controverse pour le cancer fiée des structures anatomiques, une
récidive locale (4 %) et de survie globale du rectum où, à ce jour, un seul essai meilleure dissection du mésorectum
à 5 ans (96 %) entre exérèse locale et contrôlé comprenant des cancers du dont l’exérèse est jugée macroscopique-
radicale des tumeurs T1 [25]. Pourtant rectum et du colon a été publié [28]. ment satisfaisante (mésorectum intact
369
une étude récente, certes rétrospective, Dans cette étude, pour le cancer du rec- ou plaie du fascia inférieure à 2 cm) dans
a montré un taux de récidive locale à tum, il n’existait pas de différence signi- la série de Rullier et al. dans plus de
5 ans de 15 % après exérèse locale d’une ficative entre chirurgie conventionnelle 90 % des cas [33]. Concernant le devenir
tumeur T1 versus 3 % après ETM [26]. (n = 128) et chirurgie laparoscopique oncologique, peu de données sont dis-
L’incidence des métastases ganglion- (n = 253) en terme de morbidité (50 % ponibles, du fait d’un faible recul mais
naires était de 18 % dans le groupe chi- versus 59 %) et en terme de résection il ne semble pas que la laparoscopie
rurgie radicale. Les auteurs concluaient microscopiquement complète (R0) altère les résultats en termes de récidive
que le bénéfice indiscutable obtenu par (77 % versus 77 %). Quelques études locale et de survie. Dans une étude
la chirurgie locale sur la morbi-morta- comparatives non randomisées sont prospective récente, rapportant 102 exé-
lité et la qualité de vie se fait au dépend aussi disponibles dans la littérature rèses laparoscopiques avec ETM et chi-
du résultat carcinologique, avec un concernant la chirurgie rectale laparos- rurgie conservatrice sphinctérienne,
risque significativement plus élevé de copique. Il semblerait que les résultats le taux de récidive locale était de 6 %
récidive locale (et à distance) et une di- opératoires soient semblables à ceux (suivi médian de 3 ans) avec une survie
minution de la survie. observés en chirurgie ouverte mais les globale et sans récidive de 65 % et 75 %
Pour les tumeurs T2 et les tumeurs études comparatives rapportent le plus à 5 ans [31].
T1 à haut risque, l’exérèse locale seule souvent des séries d’amputations abdo-
doit être exclue du fait du risque élevé minopérinéales. Pourtant plusieurs
Place de la radiothérapie
de récidive locorégionale, d’autant plus essais rétrospectifs ont démontré la fai-
pré opératoire
que la chirurgie de rattrapage pour ré- sabilité de l’exérèse du mésorectum par
cidive donne de mauvais résultats [27]. laparoscopie avec conservation sphinc- Avant l’usage de l’ETM, une récidive
Après exérèse locale d’une tumeur ayant térienne [29-31]. Le taux de conversion locale survenait dans 20 à 30 % des cas.
des facteurs histo-pronostiques défavo- varie de 6 à 33 %. Ce taux est supérieur Une étude randomisée suédoise a mon-
rables, il est donc préférable de réaliser à celui rapporté dans la chirurgie lapa- tré que la radiothérapie pré opératoire
une chirurgie complémentaire radicale roscopique pour cancer du colon qui se (25 Gy) permettait de réduire le taux de
(proctectomie) dont les résultats en ter- situe entre 4 et 6 %. Cette différence récidive locale de 27 % après chirurgie
me de survie sont supérieurs à ceux de témoigne de la complexité de la chirur- « classique » sans ETM à 11 %, et
la chirurgie de rattrapage pour récidive. gie du cancer rectal par cet abord et de d’améliorer la survie globale à 5 ans de
l’expertise nécessaire. En effet, à côté 48 à 58 % (34). Du fait du faible taux de
des causes reconnues de conversion récidive obtenu après chirurgie optima-
Place de la laparoscopie
(difficulté d’exposition, d’hémostase, de le avec ETM (moins de 10 %), certains
La chirurgie laparoscopique offre, par libération de l’angle splénique), d’autres auteurs ont remis en cause la place du
rapport à la laparotomie, les avantages sont propres à la dissection du rectum traitement néo-adjuvant. La réponse
Chirurgie du cancer du rectum F. Bretagnol, L. de Calan et al.
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