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Commentaire du texte 1. « A ma fille », Aurore , Les Contemplations, Victor Hugo.

Titre : Adresse à Léopoldine + déterminant possessif « ma »> affection


> Dédicace personnelle. Poème intime.

Dans les deux premières strophes, la position de Hugo est davantage prescriptive qu’admiratrice ou
tendre. Ici, Hugo énonce la loi, il édicte la règle, sa parole cherche à guider Léopoldine dans l’existence.

Ô mon enfant, tu vois, je me soumets.


Fais comme moi : vis du monde éloignée ;
Heureuse ? non ; triomphante ? jamais.
— Résignée ! —

VH se pose comme un modèle qui instruit sa fille d'une vision pessimiste du monde.
Adresse directe « ô mon enfant » > mise en valeur de son amour filial par l'apostrophe lyrique « ô » +
« enfant » > pas son nom, généralisant (genre indéfini) + affectueux
« comme moi » > comparaison le montre comme modèle à suivre. « éloignée » : étrange de souhaiter
cela pour son enfant. + l'engage à constater ce qu'il fait : « tu vois » entre virgules.
Strophe très vive par les adresses directes « tu » v. 1 + impératifs v. 2 « fais » « vis » + ponctuation ? !
Comme dialogue fictif avec sa fille : jeu de questions réponses.
Se montre dur dans ses réponses et sa vision du monde « non » / « jamais » / > résignée
Refuse ce que veulent traditionnellement les gens « heureuse » (bonheur) « triomphante (pouvoir) >
refus de ce qu'il semble considérer comme une illusion.
Réponse : résignée : mise en valeur en fin de strophe entre tirets. > doit accepter ce qui vient sans lutter :
renvoie au vers 1 « je me soumets » > soumission à Dieu et à ce qui est plus grand.
// Stoïciens dans la distinctions entre ce qui dépend de soi et ce qui n'en dépend pas.

Sois bonne et douce, et lève un front pieux.


Comme le jour dans les cieux met sa flamme,
Toi, mon enfant, dans l’azur de tes yeux
Mets ton âme !

Poursuis ses conseils/ordres : impératifs « sois » + « lève » + « mets »


Comparaison entre sa fille et le soleil, le jour. La Nature en premier > elle en second : prendre exemple. Le
jour comme métaphore de Dieu ?
VH l'engage à être une bonne personne : « bonne et douce » « front pieux » : annonce déjà la fin du
poème. Métonymie « front pieux » pour désigner sa personne renvoie au fait de se soumettre : montrer
son front comme acte de soumission (strophe 1). Langage chrétien.
Il l'engage aussi à regarder le monde avec son âme et non son esprit : importance de la sensibilité : mise
en valeur du mot âme en fin de strophe.
Amour paternel visible dans la métaphore « l'azur de tes yeux » pour la couleur des yeux bleus > mise en
valeur de la beauté de sa fille en la poétisant. + // avec les cieux + flamme : images positives.

Nul n’est heureux et nul n’est triomphant. Ce peu de chose est ce que, pour sa part,
L’heure est pour tous une chose incomplète ; Dans l’univers chacun cherche et désire :
L’heure est une ombre, et notre vie, enfant, Un mot, un nom, un peu d’or, un regard,
En est faite. Un sourire !

Oui, de leur sort tous les hommes sont las. La gaîté manque au grand roi sans amours ;
Pour être heureux, à tous, — destin morose ! — La goutte d’eau manque au désert immense.
Tout a manqué. Tout, c’est-à-dire, hélas ! L’homme est un puits où le vide toujours
Peu de chose. Recommence.
Suit une démonstration : ne parle plus à sa fille mais cherche à lui prouver par des explications et des
exemples pourquoi il a raison de l'engager à la résignation et à la soumission :
- reprend les idées de la première strophe et les développe : mêmes adjectifs « heureux / triomphant » +
démonstration logique « Peu de chose. / Ce peu de choses est... », « c'est-à-dire » (pas du tout poétique!)
- Texte organisé : Arguments strophes 3, 4, 5 + exemples strophe 6
- Langage généralisant :

- Temps dominant :

- Utilisation d'interjections qui appuient son propos :

- Rythme binaire + répétitions qui forment un tout : on ne peut pas remettre en question son propos « nul
n'est / nul n'est » « l'heure est / l'heure est » ; « tous » / « à tous » ; « Tout » / « Tout ».

Il critique l'incapacité des hommes à être heureux face aux contraintes du monde, en particulier le temps
et l'insatisfaction : Image classique du temps comme une ombre + pessimisme « notre vie en est faite » +
renforcée par l'accumulation des négations et des doubles négations « nul n' »
Mise en valeur de cette incapacité à être heureux dans l'organisation des phrases : « pour être heureux, à
tous, tout à manqué » : sujet de la proposition à la fin > mise en valeur + écho tous / tout.

Il montre ce dont les hommes ont besoin : de l'amour, de l'affection, du lien « un mot », « un regard »
« un sourire » ; de la reconnaissance, un statut social « un nom » ; de l'argent « un peu d'or » > mise en
valeur ce qui est peut-être pour Hugo le plus important « un sourire » (// avec le dernier mot du poème) :
sensibilité, empathie.

Champ lexical de l'obscurité domine dans ces strophes :

Dernière strophe riche en métaphores : Métaphore négative de l'homme comme vide + « puits » +
présent de répétition « recommence » > image sombre de l'humanité qui ne peut trouver le bonheur.
Métaphore existence/désert : image de sécheresse, de stérilité, de vacuité prolongée, précisée par la
métaphore homme / puits, elle-même accentuée par l’image du vide recommencée (éternité du vide,
vacuité permanente). Montre aussi l'insatisfaction complète de l'homme par le parallèle eau / sècheresse.
Métaphore du roi :

Vois ces penseurs que nous divinisons, Après avoir, comme fait un flambeau,
Vois ces héros dont les fronts nous dominent, Ébloui tout de leurs rayons sans nombre,
Noms dont toujours nos sombres horizons Ils sont allés chercher dans le tombeau
S’illuminent ! Un peu d’ombre.

Retour aux conseils. VH n'est pas le seul modèle, est aussi modèle ce qu'il prend pour exemples : « ces
penseurs » « ces héros » : mise en valeur avec l'anaphore « vois ces » + « ces » > déterminant
démonstratif de mise en valeur « illius » latin (éloigné) : divinisation des penseurs et héros, en pleine
lumière.
Passage de tu (strophes 1 et 2) > généralisant (strophes 3 à 6) > nous : s'inclue : image de la famille.
Passage de l'ombre à la lumière : mélange des deux champs lexicaux.
Champ lexical de la lumière : va dans le sens du sacré mais aussi de la vérité : ces penseurs et ces héros
projettent une lumière synonyme de vérité – intensité de cette lumière – pp ébloui+ hyperbole rayons
sans nombre : métonymie d’une lumière infinie. La comparaison avec le flambeau montre leur fonction
de guide, de prophète. / image de la mort reposante « un peu d'ombre ».
Notion d'apprentissage et de leçon visible à travers l'utilisation des temps composés « après avoir
ébloui » « ils sont allés » > action achevée.

Le ciel, qui sait nos maux et nos douleurs,


Prend en pitié nos jours vains et sonores.
Chaque matin, il baigne de ses pleurs
Nos aurores.
Cette loi sainte, il faut s’y conformer,
Dieu nous éclaire, à chacun de nos pas,
Et la voici, toute âme y peut atteindre :
Sur ce qu’il est et sur ce que nous sommes ;
Ne rien haïr, mon enfant ; tout aimer,
Une loi sort des choses d’ici-bas,
Ou tout plaindre !
Et des hommes.

Derniers conseils : prendre Dieu en modèle et la religion comme guide.


Images d'un Dieu empathique « sait nos maux » « prend en pitié » « baigne de ses pleurs » > langage
pathétique + représentation humanisée, concrète de dieu et de ses actions quotidiennes (présent de
répétition).
Image de lumière.
Image d'un Dieu comme d'un père : sait, prend en pitié, compatit, nous éclaire.
Dieu comme loi : répétition du mot qui crée une attente à laquelle le présentation « la voici » répond +
l'utilisation des :
Force de conviction dans la dernière strophe :

Valeurs annoncées précédemment :

Ici, utilisation de l'infinitif :

Conclusion : Deux personnalités de VH : un père qui prodigue des conseils utiles (suivre Dieu, les héros,
les penseurs, la loi de l’amour) ; un père qui donne une vision négative du monde à sa fille (tonalité
pessimiste). Pourquoi cette image négative ? Mieux préparer sa fille aux difficultés et aux douleurs de
l’existence, lui donner des armes pour mieux surmonter les vicissitudes du sort humain.
// avec autre poème :

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