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« J’en ai la conviction profonde : l’organisation de l’État et de notre action
doit profondément changer (…) Face à l’épidémie, les citoyens, les
entreprises, les syndicats, les associations, les collectivités locales, les agents
de l’État dans les territoires ont su faire preuve d’ingéniosité, d’efficacité, de
solidarité. »
.
retrouvent au centre de toutes les attentions. Si les réformes ayant rythmé les
récentes transformations de ces organisations ont conduit à initier une
culture de la performance, leur gestion de la crise sanitaire constitue une
1. La crise de l’État-providence ou
l’institutionnalisation de la notion de performance
publique
Le déploiement de la notion de performance peut être appréhendé comme 5
une conséquence première des difficultés de l’État-providence. Au cours des
années 1970, l’État est soumis à une triple crise : de financement, de
Le New Public Management est défini par Hood (1991) comme « l’ensemble des 6
doctrines administratives sensiblement similaires qui a dominé le
programme de réforme bureaucratique dans de nombreux pays membres de
l’OCDE depuis les années 1970 ». Il se fonde sur un principe central : la
modernisation de la gestion des organisations publiques repose sur
l’application des pratiques et des outils traditionnellement mobilisés par les
entreprises du secteur privé (Ittner et Larcker, 1998). Ainsi, il institue une
nouvelle vision du management qui positionne la performance au cœur de
l’action publique. Cette orientation convoque une conception traditionnelle
de la performance. Celle-ci se fonde sur le triptyque « Moyen-Objectif-
Résultat » et vise à maîtriser l’efficacité et l’efficience des actions engagées.
Comme le résume Mathiasen (1996), le New Public Management entraîne une
focalisation de la gestion publique sur la notion de résultat à travers le prisme
de l’efficacité et de l’efficience. Les modèles traditionnels de la performance
sont alors adaptés aux spécificités des organisations publiques. Dupuis (1981)
replace l’usager au cœur de ce modèle et souligne l’importance d’évaluer leurs
attentes et leur satisfaction. Gibert (1986) décrit la « double fonction de
production » de ces organisations et propose de mesurer le résultat de
l’action mais aussi ses conséquences pour la société. Plus récemment,
Bouckaert et Halligan (2008) réaffirment l’importance de cette notion en
présentant une typologie des usages de la performance. À l’aube du 21e siècle,
les réformes de l’action publique s’appuient sur cette vision de la
performance. De la loi organique relative à la loi finance (LOLF) en 2001 au
Programme action publique de 2022 en passant par la modernisation de
l’action publique en 2012 et la révision générale des politiques publiques
en 2007, l’État engage de nombreuses réformes visant à moderniser sa
gestion et donc à rendre plus performante son action. Cette volonté s’étend à
l’ensemble de ses domaines d’intervention. En 2007, avec le volet de la loi
relative aux Libertés et Responsabilités des universités portant sur les RCE
(responsabilités et compétences élargies), les universités doivent faire face à
ce nouvel enjeu et rendre plus autonome la gestion budgétaire de leur masse
II – Méthodologie de la recherche
2 Chargé de mission 1 h 15
3 Directeur 1 h 05
4 Élu 35 min
5 Directeur 1 h 00
8 Responsable de service 1 h 10
9 Technicien 40 min
10 Directeur 45 min
11 Élu 30 min
12 Responsable de service 1 h 00
14 Responsable de service 1 h 00
15 Technicien 40 min
16 Responsable de service 1 h 00
5 Directeur – Questionnaire
12 Technicien – Questionnaire
Dans un premier temps, les managers désirent d’une part, renforcer les 23
indicateurs relevant de leur mission de service public et, d’autre part,
implanter des nouveaux indicateurs. Sur le premier point, une responsable
de service signale le besoin de porter un regard plus attentif aux attentes des
citoyens : « Avec la crise, je pense que l’indicateur Pourcentage des jardins
accessibles aux citoyens sera plus important que celui relatif au suivi du
budget ». De manière générale, les indicateurs relevant de la notion de
service public sont sollicités : « Le service au public doit redevenir la priorité
des modèles et des outils d’évaluation » ; « Cette crise a montré l’importance
de nos missions à tous les niveaux d’une collectivité territoriale… Il est donc
essentiel de centrer nos évaluations sur les missions de service public ». Sur le
second point, les nouvelles conditions de travail amènent les acteurs
rencontrés à envisager l’implantation de nouveaux indicateurs. Ces derniers
devraient permettre d’évaluer le management humain de la direction. Un
technicien déclare : « Le télétravail n’a pas été un choix mais une nécessité
pour maintenir l’activité du service. Il faudrait mettre en place des
indicateurs qui permettent d’évaluer ces nouvelles modalités de travail. » Un
autre technicien rejoint ce constat : « Je pense que le tableau de bord
perdurera. Toutefois, il faudra le faire évoluer car l’on va devoir tenir un peu
plus compte de la dimension RH, du bien-être des agents. » Dans un second
temps, les acteurs indiquent que si les tableaux de bord jouent un rôle
essentiel, ils ne peuvent pas, à eux seuls, évaluer la performance. Aussi, ils
proposent de leurs adjoindre de nouveaux dispositifs de pilotage. Le premier
repose sur l’autocontrôle : « le déploiement du télétravail, notamment pour
les responsables, montre les limites de l’outil. Il nous oblige à favoriser un
autocontrôle des activités » ; « Dans notre situation, l’évaluation se porte sur
des mécanismes nouveaux… l’auto-évaluation par les managers doit prendre
une place centrale ». Le second dispositif est fondé sur la confiance. Pour un
technicien, il faut « faire confiance, accompagner sans exclure le contrôle afin
Résumé
Plan
I – Crise sanitaire, organisations publiques et performance
1. La crise de l’État-providence ou l’institutionnalisation de la notion de
performance publique
II – Méthodologie de la recherche
Bibliographie
Bachir M., Rousseau A. et Sponem S. (2015). « Les gestionnaires publics à
l’épreuve des résultats », Revue française de gestion, vol. 41, no 251, p. 89-95.
Mathiasen D.G. (1996). “The new public management and its critics”,
Conference on The New Public Management in International Perspective, Institute
of Public Finance and Fiscal Law, St Gallen, Switzerland.
Auteur
Benjamin Dreveton
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