ORTHOPÉDIE
PÉDIATRIQUE
PÉDIATRIQUE
Document de travail
à l'intention des étudiants
du Deuxième Cycle des Etudes Médicales
et à la préparation du concours d' internat
Collège
Hospitalier et
Universitaire de
Chirurgie
Pédiatrique
ISBN 2-905839-24-4 Prix : 100 F
ORTHOPÉDIE
ORTHOPÉDIE
PÉDIATRIQUE
PÉDIATRIQUE
Document de travail
à l'intention des étudiants
du Deuxième Cycle des Etudes Médicales
et à la préparation du concours d' internat
Collège
Hospitalier et
Universitaire de
Chirurgie
Pédiatrique
ISBN 2-905839-24-4
© MEDITIONS, 1996
130, cours Albert-Thomas 69008 LYON
L
programmes d'enseignement destinés aux étudiants en médecine.
Néanmoins, elle constitue une part non négligeable de l'activité du
généraliste, et même s'il s'agit d'une pathologie heureusement le plus
souvent bénigne, et si l'acte médical doit souvent se borner à rassurer
le milieu familial, le médecin doit être sur le qui-vive et savoir évoquer le bon
diagnostic : être alarmé par une boîterie persistante, un examen des hanches un peu
anormal chez un nouveau-né, une douleur articulaire trop permanente, ou encore une
déviation fixée de la colonne vertébrale. C'est pour faire face à ces situations qu'une
culture générale en Orthopédie Pédiatrique est nécessaire et cela justifie ce nouveau
document, dont l'élaboration a permis par ailleurs une mise à jour des données les plus
récentes dans les domaines de l'imagerie et des moyens thérapeutiques.
- Les techniques d'édition des polycopiés enfin, ont aussi évolué et nous permettent
d'apporter une iconographie indispensable à la compréhension des pathologies orthopédiques ou
la clinique et l'imagerie sont inséparables.
C'est la raison pour laquelle chaque chapitre est composé à partir d'un même squelette
(c'est bien le moins!). Le corps du texte traite de tout ce qui nous est apparu important à la
compréhension du sujet. Un encart rappelle en début de chapitre les paragraphes qu'un médecin
de famille ne peut ignorer. Un rappel des questions au programme de l'internat et des
paragraphes qui permettront de les composer vient ensuite. Les références de quelques livres
didactiques présents dans la plupart des bibliothèques de nos services sont enfin apportées.
Un ouvrage de ce type a l'ambition de la meilleure qualité possible. Tous les objectifs que
je me suis fixés et que j'ai rapportés plus haut ne seront pas atteints d'emblée. Je compte
beaucoup sur les commentaires de chacun d'entre vous pour le faire évoluer au fil des ans.
Il vous faudra donc utiliser la fiche d'évaluation de la dernière page pour me les faire savoir.
Je tiens enfin à remercier chaleureusement les auteurs qui ont accepté de vous apporter
les informations les plus consensuelles sur les sujets qu'ils ont eu à traiter. Mes remerciements
vont aussi au professeur Rémi KOHLER avec qui je partage un vif goût pour la pédagogie et qui
m'a fait connaître un dynamique éditeur intéressé par ce travail, et l'équipe du professeur
Patrick LEDOSSEUR (Radiopédiatre à Rouen) grâce à laquelle une iconographie assez didactique
a pu être fournie.
Préface ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••1
VI. Traumatologie••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••83
Fiche d'évaluation•••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••147
I
La luxation congénitale de la hanche
à la période néonatale
Pr Rémi KOHLER (Lyon)
••• ☛ Les principes et les risques du traitement dans les 3 premiers mois ———3.
P our l'internat
P o u r e n s a vo i r p l u s
Chirurgie et Orthopédie de la Luxation Congénitale de la Hanche avant l'âge de la
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 7
I. La luxation congénitale de la hanche à la période néonatale
Pr Rémi KOHLER (Lyon)
• La luxation congénitale de la hanche est une affection qui tire tout son intérêt des travaux récents
anatomiques et pathogéniques qui ont permis de comprendre dans son ensemble des faits souvent
interprétés de façon fragmentaire, à l’origine de conduites parfois incohérentes. Il faut donc
actuellement remettre en cause beaucoup d’idées reçues, sans doute à l’origine de cette situation
doublement paradoxale : trop de luxations sont encore dépistées tardivement malgré une
amélioration du dépistage, et en contre-partie on assiste à une inflation de traitements dits
«préventifs» au vu de verdicts radiologiques souvent «pessimistes».
1 . 1 . A N AT O M I E (FIGURE 1)
• La luxation de la hanche se définit comme un déplacement de la tête fémorale dans une poche
capsulaire (la chambre de luxation). Cette poche est toujours postérieure et le «bélier» fémoral en
se déplaçant en arrière est responsable des lésions d’appui cotyloïdiennes (gouttière de luxation).
Cette anomalie appelée dysplasie est donc secondaire et apparaît au fil du temps, d’autant plus
nette, que la luxation aura été précoce et appuyée. L’isthme capsulaire qui sépare le cotyle normal
de la chambre de luxation est plus ou moins serré, mais en période néonatale il se laisse presque
toujours franchir, permettant la réduction de la luxation. Enfin, il faut savoir que lorsque la hanche
réintègre le cotyle par un moyen approprié, la poche capsulaire a tendance à se rétracter, stabilisant
ainsi la hanche.
figure1 • Anatomo-Pathologie
Talus (osseux) HANCHE NORMALE HANCHE LUXÉE
Talus émoussé
Dysplasie { Limbus écrasé
Limbus
cartilagineux
Tête fémorale
(cartilagineuse) Chambre de
Cartilage luxation
Noyaux en y
d'ossification (instabilité)
2-3 mois
➙
1 . 2 . PAT H O G E N I E
• On a très longtemps admis une pathogénie qui faisait de la luxation congénitale une affection post-
natale : un défaut mineur du cotyle (une dysplasie «congénitale») entraînerait en particulier dès
l’acquisition de la marche un «déboitement de la hanche». Cette théorie doit être totalement
abandonnée et les travaux récents (Dunn, Seringe) font de la luxation une affection posturale qui
se constitue in utero sous l’effet de facteurs mécaniques : la hanche se luxe assez tardivement vers
le 8e mois de la grossesse. A la naissance, grâce à la libération des contraintes, l’évolution se fait le
plus souvent vers la guérison ; si ce n’est pas le cas, on assiste à la constitution définitive de la
luxation. Le traitement à ce stade n’intervient donc que pour «guider dans le bon sens» une évolution
spontanée habituellement favorable. (figure 2)
8 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
I. La luxation congénitale de la hanche à la période néonatale
Pr Rémi KOHLER (Lyon)
Hanche subluxable
• La genèse de la luxation in utero tient aux facteurs mécaniques suivants : l’existence d’une
posture luxante (notion différente de la présentation) et un facteur d’appui sur le grand trochanter.
Quant aux facteurs génétiques, très souvent invoqués, ils peuvent favoriser cette luxation par le
biais d’une distension capsulaire mais ils ne sont ni nécessaires, ni suffisants.
Au travers de tous ces facteurs, les données étiologiques classiques sont retrouvées chez les enfants
atteints de luxation : primiparité, grossesse gemellaire, gros poids de naissance, hydramnios ou
présentation du siège (qui concorde souvent avec une posture luxante), ainsi que la prédisposition
familiale, la plus grande fréquence chez les filles, et l’existence de régions plus exposées (Creuse,
Loire, Bretagne), facteur d’ailleurs discutable.
2. Dépistage
2 . 1 . L E D E P I S TA G E C L I N I Q U E N E O N ATA L
• Cette étape est fondamentale et doit être réalisée de façon systématique, cohérente avec en
permanence la compréhension des phénomènes anatomiques et pathogéniques décrits plus haut.
• La technique de cet examen est très stéréotypée : il doit se faire sur un enfant totalement relâché,
calme. Il doit être répété si besoin est.
2 . 1 . 1 . Le signe essentiel est la recherche d’une instabilité de hanche (c’est à dire le fait
que la tête fémorale est sortie ou peut sortir hors de la cavité cotyloïde). Deux méthodes permettent
de rechercher cette instabilité (figure 3)
- le ressaut (signe d’Ortolani), bien connu mais qui est un signe grossier, témoin d’une instabilité
avec un bon cotyle sur lequel la tête fémorale «saute» lors des mouvements d’abduction et
d’adduction (on parle de ressaut de rentrée ou de sortie).
- la manœuvre de Barlow (signe du piston) est plus fine et recherche par un mouvement de
piston antéro-postérieur un déplacement de tête fémorale sur un cotyle qui peut être éculé. Cette
méthode est plus délicate, mais aussi beaucoup plus riche d’enseignement (figure 4).
- Un «craquement» de hanche fréquement retrouvé, n’a pas de valeur inquiétante et traduit une
sorte de «rodage» articulaire.
2 . 1 . 2 . La recherche du tonus des adducteurs est importante (amplitude d’abduction et
son caractère symétrique ou non (figure 5). Toute limitation de l’abduction est suspecte : elle
accompagne souvent une luxation, ou définit une entité appelée bassin asymétrique congénital (BAC).
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 9
I. La luxation congénitale de la hanche à la période néonatale
Pr Rémi KOHLER (Lyon)
a
a b c
L'instabilité
a) Ressaut franc.
b) Ressaut léger.
c) Pas de ressaut mais sensation de "piston" (BARLOW).
2
figure 3 - Technique de recherche
de l'instabilité
10 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
I. La luxation congénitale de la hanche à la période néonatale
Pr Rémi KOHLER (Lyon)
2.2. RADIOGRAPHIE.
• La radiographie simple du bassin est un élément trompeur chez l’enfant, et en tout état de cause
ne saurait jamais être interprétée seule. Deux raisons expliquent cette réserve :
- les difficultés techniques de réalisation de cet examen chez un petit enfant «potelé», agité,
expliquent que 20 % seulement des clichés soient strictement de face. Les clichés légèrement de
3/4 exposent à une interprétation erronée des mesures classiques.
- le fait que la hanche du nouveau-né soit essentiellement cartilagineuse et donc radio-
transparente rend difficile l’interprétation de son architecture, en particulier lorsqu’il s’agit
d’apprécier une dysplasie (c’est-à-dire le défaut de développement du cotyle). On parle aujourd’hui
plus souvent «d’immaturité» que de véritable «dysplasie».
• Calendrier :
A la naissance, la radiographie n’est pas nécessaire pour les raisons précédentes. Pire, un cliché
qui montre une hanche radiologiquement en place peut parfaitement correspondre à une hanche
luxable, donc instable. Il ne saurait être question de s’affranchir d’un examen clinique au vu de clichés
néonataux.
La radiographie faite à 3 mois 1/2 (après le terme théorique en cas de prématurité), non
obligatoire dans la législation actuelle, ne doit pas être systématique. Elle est en revanche
conseillée lorsque les circonstances étiologiques vues plus haut auront été observées (hanche «à
risque») ou que l’examen clinique néonatal aura été douteux. Elle permet de «rattraper» les échecs
ou les insuffisances de dépistage sans pour autant s’imposer comme examen «parapluie».
Cette radio devra toujours être interprétée avec nuance et en connaissant la clinique pour ne pas
conduire à des diagnostics excessifs de «dysplasie» (alors qu’il peut s’agir d’un simple retard de
maturation osseuse du bassin ou d’une imperfection dans la prise du cliché (bassin en léger 3/4 par
exemple).
On prendra en compte (figure 8) la position des métaphyses en traçant les quadrants
d’Ombrédanne, ou la pente cotyloïdienne (angle C), tout en s’assurant que le cliché répond bien aux
critères de qualité.
12 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
I. La luxation congénitale de la hanche à la période néonatale
Pr Rémi KOHLER (Lyon)
normal luxé
a b C
a) Lorsque les points d'ossification des b) Lorsque les points d'ossification des têtes c) La lecture du cliché doit d'abord
têtes fémorales ne sont pas apparus. fémorales sont apparus. reconnaître sa "qualité".
Ligne de Putti, perpendiculaire à la ligne La ligne d'Ombrédanne, perpendiculaire à la Bien souvent, le cliché est en léger 3/4. Du
des Y, tangente au bord interne de la ligne des Y et passant par l'angle externe du côté où l'aile iliaque est amincie (à gauche
métaphyse fémorale. Cette ligne doit toit cotyloïdien, délimite avec la ligne des Y ici), l'angle cotyloïdien est augmenté. C'est
couper le toit du cotyle dans sa moitié quatre quadrants. Normalement, le noyau une "pseudo dysplasie" d'origine posi-
interne (hanche droite). Si elle coupe le toit de la tête doit être dans le quadrant inféro- tionnelle.
dans sa moitié externe ou plus en dehors la interne (hanche droite). S'il est dans l'un ou
hanche est excentrée (hanche gauche). l'autre des quadrants externes, la hanche
L'angle C mesure l'obliquité cotyloïdienne. est excentrée (hanche gauche).
2.3. ECHOGRAPHIE.
• L’échographie de hanche est intéressante car non irradiante ; surtout elle objective les structures
cartilagineuses invisibles sur la radio simple entre 0 et 3 mois (tête et cotyle cartilagineux). Elle se
substitue en plus à la radio pour la surveillance, mais sa technique est difficile et la valeur de l’examen
dépend de l’expérience du radiologue dans ce domaine (mieux vaut pas d’échographie qu’un
examen incorrect ou mal interprété).
• Plusieurs techniques : Citons celle de Graf (sonde linéaire, coupe frontale externe) qui mesure la
couverture osseuse (angle a ) et cartilagineuse (angle ß) de la tête fémorale (figure 8). Elle doit être
aussi complétée par un examen dynamique appréciant l’instabilité éventuelle.
• Interprétation là encore : prudente et associée à la clinique ++
- hanche normale 75 % cas
- hanche «immature» 20 % cas
- hanche dysplasique 5 % cas
• Son indication actuelle :
- hanche néonatale cliniquement «douteuse»
- hanche «à risque» (telle que définie plus haut).
Aucune place dans un dépistage «de masse».
• Son meilleur moment : à l’âge de 1 mois (et évite alors la radio à 3 mois).
2 . 4 . S T R AT E G I E D U D E P I S TA G E .
Une attitude cohérente doit être adoptée au terme de l’examen. La clinique est prééminente et justifie
ou non le recours à des techniques complémentaires en guise d’appoint dans les situations de doute.
Elles n’ont pas valeur de dépistage à elles seules. A l’issue, la hanche sera étiquetée normale (et par
conséquent laissée libre) ou pathologique (et confiée au spécialiste pour un traitement éventuel).
figure 9 - Echographie
Coupe frontale (Graf).
Trois lignes sont tracées qui permettent
de mesurer les angles alpha et bêta.
Un abaque tenant compte des valeurs
de ces angles et de l'âge de l'enfant
permet de classer ces hanches en
différents types (normales, immature,
luxée).
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 13
I. La luxation congénitale de la hanche à la période néonatale
Pr Rémi KOHLER (Lyon)
3. Attitude thérapeutique
TRAITEMENT ÉVENTUEL.
3 . 1 . 1 . Il n’existe pas de traitement «préventif» comme cela a trop souvent été dit. A la
naissance, la hanche est «stable» ou «instable». Seuls ces derniers cas peuvent justifier un traitement,
et toute attitude visant à mettre en abduction systématique tous les enfants est incohérente. Ceci se
comprend d’autant mieux qu’en matière de luxation de hanche, aucune méthode n’est totalement
anodine et en particulier une complication est toujours possible et redoutable : c’est l’ostéochondrite
post-réductionnelle qui représente une véritable catastrophe orthopédique pour l’enfant.
3 . 1 . 2 . Toute méthode thérapeutique doit être scrupuleusement suivie en fonction des
caractères spécifiques de l’appareil, et un contrôle clinique et radiologique régulier est
nécessaire. Ceci relève de la compétence du chirurgien orthopédiste.
3 . 1 . 3 . La surveillance du traitement doit être poursuivie longtemps de façon à exclure la
survenue lointaine de complications, et surtout à vérifier le bon développement de la surface
articulaire.
3 . 1 . 4 . Le dernier principe consiste dans la position de la hanche commune à toutes ces
méthodes, dite position de recentrage. Cette position est l’inverse de la posture luxante et elle
associe à des degrés divers l’abduction et la rotation interne.
É V E N T A I L A D A P T É À L’ Â G E D E L’ E N F A N T E T À L A F O R M E A N A T O M I Q U E D E L U X A T I O N
(FIGURE 9) :
14 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
I. La luxation congénitale de la hanche à la période néonatale
Pr Rémi KOHLER (Lyon)
3 . 2 . 1 . Le langeage en abduction («en H») doit être considéré comme une véritable
méthode de traitement de l’instabilité qui s’adresse aux nouveau-nés ; elle nécessite pour être mise
en place correctement deux personnes et une diminution du nombre des changes (figure 10) .
On est loin par conséquent du langeage en abduction «systématique», méthode hypocrite pour
désigner l’utilisation de simples couches épaisses. Un contrôle radiographique ou echographique
s’impose avec le lange pour vérifier la réduction.
3 . 2 . 2 . La culotte d’abduction s’emploie entre 1 et 6 mois : elle s’adresse entre 1 et 2 mois à
des hanches luxées, mais non limitées en abduction et au-delà de ce délai à des hanches
«dysplasiques» et souples. Cette culotte ne doit jamais entraîner de pleurs, signe de souffrance de la
hanche.
3 . 2 . 3 . Le harnais de Pavlik, est un appoint léger mais représente une méthode très puissante
dont le maniement est délicat (qui peut nécessiter une courte hospitalisation pour le réglage). Ce
harnais s’utilise entre 2 et 6 mois et s’adresse à des hanches luxées (figure 11 page 16).
3 . 2 . 4 . Enfin, au-delà de 6 mois, toute hanche luxée relève d’une méthode de traction
progressive qui en un mois environ permet l’abaissement progressif et la réintégration de la hanche
dans le cotyle. Elle est suivie d’une immobilisation plâtrée de 3 à 4 mois qui assure la stabilisation.
Cette méthode (Somerville-Petit) est lourde pour l’enfant et pour l’entourage mais c’est à ce prix que
l’on peut espérer réduire les complications vasculaires observées autrefois (ostéochondrite post
réductionnelle).
3. Conclusion
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 15
I. La luxation congénitale de la hanche à la période néonatale
Pr Rémi KOHLER (Lyon)
A B
C D
60 cm
20 cm
E F
60 cm
figure 12 -
Harnais de Pavlik
formé d’un harnais thoracique et de
sangles. Lorsque les cuisses sont
fléchies à angle droit (grâce aux
sangles), celles-ci vont progressive-
ment s'écarter (ABDUCTION) assu-
rant le recentrage des hanches.
16 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
II
Boiteries
Pr Christian BONNARD (Tours)
••• ☛ Les différentes causes de boiterie par tranche d'âge ——3.1., 3.2., 3.3.
P our l'internat
P o u r e n s a vo i r p l u s
FILIPE G., DAMSIN J.P. Chirurgie et orthopédie de la hanche de l'enfant.
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 17
II. Boiteries
Pr Christian BONNARD (Tours)
18 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
II. Boiteries
Pr Christian BONNARD (Tours)
• La boiterie est visible, la marche s'effectue avec une inclinaison du tronc ; la longueur du pas
est asymétrique. L'inégalité de longueur et de durée du pas portant peut la rendre audible (signe
de maquignon).
• Le côté n'est pas toujours aisé à préciser, ce d'autant qu'il existe des boiteries bilatérales : côté
de l'esquive du pas portant et de l'inclinaison de l'épaule dans le cas d’une origine coxo-
fémorale, marche avec le genou raide en position proche de l’extension pour les origines au
genou, marche sur la pointe des pieds pour les origines au coup de pied, marche sur le talon
pour les origines à l’avant pied.
• Le siège de l'affection peut être variable et pour le découvrir, la localisation d'une éventuelle
douleur est utile mais une douleur localisée au genou est souvent une douleur de hanche
projetée.
• L'énorme majorité des boiteries a pour origine la hanche, plus rarement le genou, le pied ou le
rachis, et seul l'examen clinique précis en découvrira l'origine exacte.
1.3. L'EXAMEN
• Après la recherche des antécédents personnels, familiaux, de la date et du mode d'apparition
de la symptomatologie, l'examen doit comprendre :
- l'étude de la morphologie générale,
- l'étude de la marche précisant le type de boiterie,
- la recherche des points douloureux,
- l'étude de la station debout : appréciation visuelle de l'axe des membres inférieurs, de
l'équilibre du bassin, de l'équilibre frontal et sagittal du rachis et de ses mobilités
antéro-postérieures et latérales,
- l'étude en position couchée comprend l'examen des mobilités articulaires des
hanches, des genoux et des pieds, de l'état de la peau et un examen neurologique au
moins sommaire.
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 19
II. Boiteries
Pr Christian BONNARD (Tours)
1.4. LES E X A M E N S C O M P L É M E N TA I R E S
• Toutes les affections orthopédiques des membres inférieurs et du tronc peuvent entraîner une
boiterie, qu'elles soient mécaniques, inflammatoires, infectieuses ou dystrophiques ; mais il
convient d'éliminer certains pièges : ongle incarné, corps étranger ou conflit du pied avec la
chaussure par exemple.
• Le diagnostic clinique est facile quand elles sont suffisamment importantes pour entraîner une
boiterie, par la constatation d'une bascule du bassin en station debout et d'une différence de
longueur segmentaire appréciée en décubitus dorsal, genoux fléchis. La radio-mensuration des
membres inférieurs en position debout permet le diagnostic d'une petite inégalité et sa mesure
exacte. La répétition de cet examen, après un intervalle de six mois ou d'un an, est nécessaire
pour prévoir l'inégalité en fin de croissance et orienter le choix thérapeutique : épiphysiodèse ou
allongement. Les causes d'inégalité sont nombreuses et variées. On retrouvera dans le tableau
ci-contre différentes causes fréquentes développées plus loin.
20 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
II. Boiteries
Pr Christian BONNARD (Tours)
Raccourcissement Allongement
Causes locales
Hanche
Luxation congénitale
Coxa vara
Séquelles d'ostéochondrite primitive
Séquelles d'épiphysiolyse
Séquelles d'ostéoarthrite
Séquelles de décollement épiphysaire
Cuisse
Séquelles de fracture diaphysaire (racourcissement Séquelles de fracture diaphysaire (hypercroissance)
extemporané) Séquelles d'ostéomyélite
Séquelles d'ostéomyélite
Genou
Malformations congénitales
Séquelles de traumatisme des cartilages de croissance
Séquelles d'ostéoarthrite
Jambe
Séquelles de fracture diaphysaire (racourcissement
extemporané) Séquelles de fracture diaphysaire
Séquelles d'ostéomyélite Séquelles d'ostéomyélite
Malformations congénitales
Pied
Malformations congénitales Pied creux
Pied plat
Causes générales
Neurologiques
Poliomyélite
Hémiplégie cérébrale infantile ou post traumatique
Paralysies sciatiques
Vasculaires
Syndrome de Klippel Trenaunay
Obstacles veineux chroniques
Anévrysmes artérioveineux traumatiques
Trophiques
Hémiatrophie congénitale Hémihypertrophie congénitale
Squelettiques
Neurofibromatose de Recklinghausen Neurofibromatose de Recklinghausen
Dysplasie épiphysaire hémimélique Dysplasie épiphysaire hémimélique
Maladie d'Ollier Maladie d'Ollier
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 21
II. Boiteries
Pr Christian BONNARD (Tours)
• Les boiteries, non par inégalité de longueur, mais par simple attitude vicieuse : flessum de
hanche ou de genou, sont les plus fréquentes.
• Les principales causes de ces attitudes vicieuses sont neurologiques ou neuro-musculaires :
Infirmité Motrice Cérébrale, hémiplégie, myopathie.
• En fait, inégalité de longueur et attitude vicieuse sont fréquemment associées au cours des
atteintes neurologiques, centrales ou périphériques.
• Les reconnaître est important car leur diagnostic est amélioré par la précocité du diagnostic et
du traitement. L'âge est un argument d'orientation diagnostique important.
• La luxation congénitale et l'arthrite infectieuse de hanche sont les deux causes principales de
boiterie.
3.1.1. LA L U X A T I O N C O N G É N I TA L E D E H A N C H E .
• Il est très tard pour en faire le diagnostic à cet âge et la boiterie ne devrait jamais être un signal
d'appel.
• La luxation congénitale de hanche peut être une cause de retard de la marche. Plus tard
encore, le diagnostic est évident : la boiterie est manifeste avec le plongeon de l'épaule
homolatérale quant la hanche luxée est portante.
• L'abduction est toujours fortement limitée, les plis fessiers sont asymétriques et la cuisse plus
courte.
• L'interprétation de la radiographie est aisée : il s'agit d'une véritable luxation. Le traitement
devient alors très complexe et doit comporter une réduction par traction continue progressive
pour éviter l'ostéochondrite post-réductionnelle, puis l'application de plâtres en position de
réduction (abduction - rotation interne) pendant une longue période de 4 à 6 mois en moyenne
et enfin très souvent, une correction chirurgicale des dysplasies résiduelles.
22 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
II. Boiteries
Pr Christian BONNARD (Tours)
• Le traitement des luxations de hanche devrait être institué dans le premier mois après un
dépistage systématique des hanches à risque.
Ce traitement est délicat et relève de l'orthopédiste pédiatre.
3.1.3. LA BOITERIE P O S T- T R A U M A T I Q U E .
• A cet âge, il convient de se méfier des boiteries post-traumatiques qui peuvent être en rapport
avec une contusion ou avec une fracture sans déplacement, invisible sur le cliché initial, visible
seulement après l'apparition d'un cal périosté aux environs du 12 - 15ème jour. Une douleur
provoquée par la torsion de la jambe permet d’évoquer le diagnostic de fracture sous périostée
de la fibula ou du tibia. L'immobilisation par plâtre s'impose dans le doute.
• Les deux principales causes des boiteries ont une origine coxo-fémorale et sont la synovite
aiguë transitoire et l'ostéochondrite primitive.
• L'âge moyen de ce syndrome est d'environ 6 ans. Il existe souvent des antécédents
inflammatoires ou infectieux (angine, rhino-pharyngite) ou bien la notion d'une longue marche,
d'un traumatisme minime.
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 23
II. Boiteries
Pr Christian BONNARD (Tours)
• La souffrance de la hanche s'exprime par une limitation douloureuse des mobilités, surtout
abduction et rotation interne ; la température est normale et la vitesse de sédimentation
modérément accélérée.
• L'examen radiologique indispensable est souvent normal ou montre un refoulement des
clartés graisseuses péri capsulaires.
• L’échographie montre un épanchement articulaire dans la plupart des cas.
• Le traitement comporte une mise au repos absolu de la hanche jusqu'à sédation des
phénomènes douloureux, soit par simple décharge, soit plutôt par une mise en traction collée,
dans le plan du lit. Une scintigraphie au Technétium ou mieux une IRM de meilleure sensibilité,
serait pratiquée à la recherche d'une ostéochondrite, au cas où la symptomatologie n'aurait pas
disparu après une semaine de repos strict en traction.
• Environ 3 % des synovites aiguës transitoires se révèlent être des ostéochondrites primitives
au début de leur évolution. Elles sont reconnues sur l'existence d'une zone d'hypo-fixation du
Technétium a la scintigraphie ou sur l’existence d’une zone d’hyposignal a l’IRM en regard de
l'épiphyse fémorale supérieure.
• Le pronostic de la synovite transitoire de hanche est en règle rapidement favorable. Dans un
tiers des cas, apparaissent des séquelles radiologiques métaphyso-épiphysaires. Le diagnostic
de synovite aiguë transitoire de hanche est un diagnostic d'exclusion. L'élimination préalable
d'une arthrite de hanche est une évidence.
• L'évolution favorable en quelques en quelques jours et l'absence de signes d'ostéochondrite
lors du contrôle radiologique 45 à 60 jours plus tard apportent seules la certitude diagnostique.
24 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
II. Boiteries
Pr Christian BONNARD (Tours)
• Phase de nécrose caractérisée par une densification radiologique du noyau céphalique, plus
ou moins étendue selon la gravité de l'ostéochondrite.
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 25
II. Boiteries
Pr Christian BONNARD (Tours)
26 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
II. Boiteries
Pr Christian BONNARD (Tours)
3 . 3 . 1 . L ' É P I P H Y S I O LY S E DE HANCHE.
• L'épiphysiolyse de hanche est une affection fréquente, cause principale de boiterie à cet âge.
C'est un glissement aigu ou progressif de la tête fémorale dans le plan du cartilage de
conjugaison céphalique. Elle frappe les deux sexes vers 11 à 15 ans avec une prédilection
masculine. Elle engage gravement le pronostic fonctionnel.
• Elle réalise un tableau de fracture du col fémoral. Elle peut survenir au décours d'une forme
progressive.
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 27
II. Boiteries
Pr Christian BONNARD (Tours)
• Elle se manifeste par une attitude vicieuse en rotation externe raccourcissement avec limitation
de l’abduction et de la rotation interne de la hanche. Le diagnostic évoqué sur l’examen clinique
impose une décharge immédiate, toute épiphysiolyse progressive étant susceptible de
s'aggraver brutalement.
• L'examen radiologique est la clé du diagnostic. Les images d'épiphysiolyse à grand
déplacement sont éloquentes et navrantes quand l'affection évolue depuis quelques temps déjà.
Il est beaucoup plus utile de reconnaître les images de début où la calotte céphalique glisse en
arrière et en dedans. Ce déplacement est facile à identifier par le tracé de la ligne de Klein et
par l'examen comparatif des deux hanches, qui montre la diminution de hauteur de l'épiphyse.
L'irrégularité et le flou du cartilage conjugal associés à une déminéralisation métaphysaire visible
sur des clichés de bonne qualité constituent les premiers signes radiologiques.
Epiphysiolyse
hanche
normale
L'extrémité supérieure du fémur est composée de l'épiphyse (1), liée au col (3) par la physe ou
cartilage de croissance (2). Le bonnet de la baigneuse dans la situation normale glisse en bas
et en arrière comme un béret de chasseur alpin en cas d'épiphysiolyse.
28 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
II. Boiteries
Pr Christian BONNARD (Tours)
e
Garçon de 12 ans présentant une boiterie droite.
La construction de Klein est normale sur le cliché de face (a), mais le profil montre déjà le
début de bascule (b). Le diagnostic n'est pas fait et l'enfant est revu 2 semaines plus tard en
urgence avec une épiphysiolyse aiguë (c). La fixation par vis est réalisée (d).
Un an plus tard il bilatéralise son affection et nécessite une intervention à gauche (e).
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 29
II. Boiteries
Pr Christian BONNARD (Tours)
• Elles ne doivent être envisagées qu'après élimination des causes précédentes. Leur diagnostic
se pose différemment, selon qu'il existe, ou non, un contexte inflammatoire.
4.1 DANS U N C O N T E X T E N O N I N F L A M M AT O I R E
• Ce sont essentiellement les tumeurs osseuses et les dysplasies pseudo-tumorales qui sont
facilement identifiées cliniquement et radiologiquement :
4 . 1 . 2 . Toutes les tumeurs osseuses localisées au bassin et aux membres inférieurs sont
susceptibles d'entraîner une boiterie douloureuse : kyste solitaire bénin et kyste anévrismal
souvent localisés à l'extrémité supérieure du fémur : ostéome ostéoïde dont les douleurs sont
calmées par l'aspirine ; Tumeur d'Ewing ou ostéosarcome ostéogénique dont la gravité est
extrême. 40 % de ces tumeurs sont localisées au bassin et au fémur. Le diagnostic des tumeurs
osseuses repose sur la radiographie et la biopsie chirurgicale.
4.2. DANS U N C O N T E X T E I N F L A M M AT O I R E
• L'ostéomyélite peut se révéler par une boiterie, non pas dans sa forme typique bruyante, mais
dans ses formes torpides ou atténuées par un traitement antibiotique, de plus en plus
fréquentes. La douleur métaphysaire provoquée guide l'examen radiographique qui est normal
au début de l’évolution.
30 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
II. Boiteries
Pr Christian BONNARD (Tours)
• Le diagnostic est évoqué dans un flou métaphysaire, a un stade plus évolué devant des
géodes métaphysaires irrégulières ou une réaction périostée.
La scintigraphie osseuse au Technétium a une grande valeur au début de l’évolution. Elle se
reconnaît par de faux positifs. L'hyperfixation métaphysaire en bande est assez typique. Elle peut
encore mais moins fréquemment que la radiographie être négative au tout début de l'évolution.
• L’IRM montre des images d'inflammation de la médullaire métaphysaire au début de l’évolution
et plus tard des zones en hyposignal. Cet examen serait plus sensible et plus spécifique que la
scintigraphie.
4.2.2. L'ARTHRITE R H U M AT O Ï D E J U V É N I L E
4.2.3. LE SYNDROME DE F I E S S I N G E R - L E R O Y- R E I T E R
avec antécédents diarrhéiques, conjonctivite et/ou rhinite à Chlamydia trachomatis.
• Elle frappe plus volontiers l'adolescent. Elle peut se traduire par une coxite rhumatismale ou
une atteinte isolée ou l'articulation métatarso-phalangienne du gros orteil, inaugurant la maladie.
4.2.5. ENFIN, U N E L E U C É M I E P E U T S E R É V É L E R PA R U N E M O N O - A R T H R O PA T H I E .
Si des douleurs de croissance peuvent être évoquées chez l'adolescent en présence de très
fréquentes épiphysites et apophysites, ou ostéochondrites localisées au tibia, à la rotule ou aux
os du pied, elles doivent constituer un diagnostic d'exclusion et jamais un aveu déguisé
d’ignorance.
Les très nombreuses étiologies des boiteries ne doivent pas faire perdre de vue l'extrême
fréquence des affections coxo-fémorales.
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 31
III
Pathologie du genou
Pr Jean Michel CLAVERT (Strasbourg)
P our l'internat
P o u r e n s a vo i r p l u s
DIMÉGLIO A.: Le genou de l’enfant et de l’adolescent. Collection de pathologie
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 33
III. Pathologie du genou
P r J e a n - M i c h e l C L AV E RT ( S t r a s b o u r g )
• Les premiers mois de la vie sont marqués essentiellement par une malformation éventuelle et
par la possibilité d’une infection.
34 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
III. Pathologie du genou
P r J e a n - M i c h e l C L AV E RT ( S t r a s b o u r g )
• C’est le gros genou du nourrisson infecté. La découverte clinique d’un choc rotulien suffit à
indiquer une ponction qui permet le diagnostic par la découverte de pus. Le lavage
arthroscopique favorise une bonne évolution. La découverte de signes osseux sur la radio,
l’I.R.M. ou l’hyperfixation à la scintigraphie permettent de poser le diagnostic d’ostéoarthrite dont
le pronostic reste réservé sur la croissance du membre et sur des séquelles éventuelles. Le
traitement comporte une antibiothérapie prolongée et une immobilisation plâtrée. Le diagnostic
précoce d’une arthrite ou d’une ostéoarthrite reste une nécessité pour une bonne évolution. La
ponction d’un gros genou chez le nourrisson doit être aussi rapide et systématique qu’une
ponction lombaire en cas de suspicion de méningite.
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 35
III. Pathologie du genou
P r J e a n - M i c h e l C L AV E RT ( S t r a s b o u r g )
• La radiographie simple du genou de face et de profil reste l’examen de base qui permet de
faire la grande majorité des diagnostics. Les incidences fémoro-patellaires sont toujours
indiquées pour une pathologie rotulienne ou pour la recherche d’une lésion cachée dans
l’échancrure.
• La scintigraphie est utile pour la pathologie tumorale et infectieuse.
• Le scanner a l’avantage d’explorer le genou en coupes qui peuvent parfaitement mettre en
évidence une lésion osseuse. Cependant pour les parties molles, l'I.R.M. devient de plus en plus
performante surtout pour le pivot central et le cartilage si abondant chez l’enfant.
• L’arthroscopie recouvre moins d’indications que chez l’adulte surtout en traumatologie où les
lésions des croisés et des ménisques sont rares. C’est dans les arthrites, surtout septiques que
l’arthroscopie semble rendre le plus de service.
2.3. LE G E N O U T R A U M A T I Q U E E T S P O R T I F.
2 . 3 . 1 . T R A U M AT I S M E S O S S E U X , L I G A M E N TA I R E S E T M É N I S C A U X
Type IV Type V
Classification de Salter
• Les fractures au niveau du genou ont l’inconvénient d’intéresser des cartilages de croissance
très fertiles (80% de la croissance du fémur pour le cartilage fémoral inférieur, 60% de la
croissance du tibia pour le cartilage tibial proximal). Au niveau de l'extrémité inférieure du fémur,
ce sont surtout des décollements épiphysaires Salter 1 ou 2 qui se produisent et qui ont un bon
36 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
III. Pathologie du genou
P r J e a n - M i c h e l C L AV E RT ( S t r a s b o u r g )
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 37
III. Pathologie du genou
P r J e a n - M i c h e l C L AV E RT ( S t r a s b o u r g )
• Le traitement doit comporter avant tout la mise au repos de l’articulation (depuis la simple
réduction des activités jusqu’au plâtre cruro-pédieux pour 6 semaines) pour permettre la
cicatrisation de la lésion. En cas d’échec, il est possible de proposer l’ablation du séquestre ou
sa refixation après avivement et forages de revascularisarion.
• Le pronostic de l’affection dépend de la présence ou non d’un cartilage de croissance actif. Il
est bon dans le jeune age dans la mesure où la croissance peut guérir la lésion. Il est mauvais
et rejoint le pronostic de l’adulte dès que le cartilage de croissance se ferme.
2 . 3 . 3 . O S G O O D - S C H L AT T E R ET SINDING-LARSEN
• Ces deux pathologies à double patronyme sont l’apanage du sportif et correspondent à des
problèmes d’insertion à chaque extrémité du tendon rotulien.
• La maladie d'Osgood-Schlatter est l’apophysite de croissance de la
tubérosité tibiale antérieure. Elle touche essentiellement le sportif entre
11 et 15 ans. La lésion est volontiers bilatérale, mais décalée dans le
temps. Le diagnostic est clinique devant une douleur bien localisée à
une tubérosité tibiale antérieure augmentée de volume. La radiographie
confirme le diagnostic par une image condensée, fragmentée de la
tubérosité avec parfois des foyers d’ossification secondaires dans le
tendon rotulien. La mise au repos suffit à faire disparaître la douleur.
L’affection s’éteint avec la fermeture du cartilage de croissance
concerné. L’évolution s’étend habituellement sur 6 à 18 mois. La seule séquelle peut être une
tubérosité tibiale antérieure anormalement volumineuse.
• La maladie de Sinding-Larsen correspond à des microtraumatismes répétés sur la pointe de
la rotule par le tendon rotulien avec fragmentation polaire inférieure de la rotule. Le diagnostic
est là aussi clinique par la douleur spontanée et provoquée à la pointe de la rotule. La
radiographie met en évidence des fragments osseux à la pointe de la rotule. La mise au repos
sportif suffit à voir disparaître la douleur.
38 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
III. Pathologie du genou
P r J e a n - M i c h e l C L AV E RT ( S t r a s b o u r g )
2.4. LE G E N O U L I Q U I D I E N N O N T R A U M AT I Q U E
• Il peut s’agir:
- d’un genou infectieux : infection à germe banal (staphylocoque, hæmophilus influenzæ,
streptocoque, pneumocoque, colibacille, pseudomonas, proteus, serratia, salmonella, etc.)
Germes spécifiques (bacille de Koch), arthrite fongique (actinomycose, blastomycose, etc.)
Arthrite virale.
- d’un genou inflammatoire :
Arthrite aiguë réactionnelle à une infection bactérienne (yersinia, shigella, salmonella), à
une méningite (post-méningococcique ou post-hæmophilus), à une infection virale
(oreillons, herpès, varicelle, rubéole, hépatite b, M.N.I, adénovirus etc.), arthrite à piquants
végétaux, rhumatisme articulaire aigu.
Arthrite chronique: arthrite chronique juvénile,
- d’un genou mécanique : hydarthose sur lésion méniscale, ostéochondrite disséquante
des condyles fémoraux.
- d’un genou tumoral : tumeur osseuse avec réaction articulaire ou envahissement intra-
articulaire, rarement tumeur synoviale.
- d’un épanchement hémorragique : hémophilie, trouble de la crase, synovite villo-
nodulaire.
• Le clinicien n’a pas beaucoup de difficultés à affirmer la présence d’un épanchement. Le
comblement du cul-de-sac quadricipital se voit bien à l’inspection. La présence d’un choc
rotulien confirme le caractère liquidien du gros genou. Il ne faut cependant pas confondre un
épanchement avec une bursite pré-rotulienne dont la tuméfaction est en avant de la rotule. Il faut
encore rechercher une amyotrophie du quadriceps, le caractère chaud ou non du genou,
l’existence d’adénopathies inguinales; des signes généraux: fièvre, amaigrissement, asthénie.
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 39
III. Pathologie du genou
P r J e a n - M i c h e l C L AV E RT ( S t r a s b o u r g )
• Le diagnostic d’arthrite infectieuse est facile lorsqu’il existe des signes généraux, une biologie
concordante et que le germe a été mis en évidence. Le traitement consiste alors en un lavage
articulaire arthroscopique abondant, une antibiothérapie adaptée et prolongée. Une
immobilisation du genou est licite même si actuellement elle commence à être discutée par
quelques équipes.
• Le diagnostic d’arthrite rhumatismale est également aisé lorsqu’il s’agit d’une forme
généralisée ou polyarticulaire d’arthrite chronique juvénile ou lorsqu’il ne s’agit pas du premier
épisode et que la biologie est parlante.
• La principale difficulté diagnostique existe entre une arthrite infectieuse et un premier épisode
d’arthrite rhumatismale. La conduite à tenir consiste à éliminer avec certitude une infection et
dans le doute à traiter comme s’il s’agissait d’une infection. En effet, c’est le diagnostic qui peut
laisser des séquelles graves en l’absence de traitement. Il est toujours possible même sous une
antibiothérapie de poursuivre le bilan dans une direction rhumatologique: bilan biologique
rhumatismal avec recherche d’anticorps antinucléaires, groupage H.L.A., examen
ophtalmologique à la recherche d’une iridocyclite, examen histopathologique du liquide
articulaire et des biopsies synoviales faites durant l’arthroscopie. Il faut savoir qu’une
authentique arthrite infectieuse peut comporter un liquide stérile et qu’un épanchement
rhumatismal peut être franchement puriforme, enfin, qu’une ostéomyélite de voisinage ou une
synovite à corps étranger végétal ou radiotransparent peut être de type inflammatoire. Il faut
donc à tout prix ne pas manquer de traiter une arthrite infectieuse et savoir suivre l’évolution
clinique et biologique d’une arthrite douteuse pour affirmer sa nature rhumatismale.
• Le genou peut être douloureux dans la plupart des diagnostics déjà vus aux chapitres des
causes traumatiques et sportives , des causes inflammatoires et infectieuses. De plus, il n’est
jamais inutile de rappeler que si l’examen clinique est normal et les radios du genou sans
particularités, un nouvel examen de la hanche est nécessaire pour éliminer tout particulièrement
une ostéochondrite juvénile ou une épiphysiolyse. Il ne nous reste plus alors qu’à évoquer les
douleurs de croissance et les pathologies rotuliennes.
2.5.1. LES DOULEURS DE CROISSANCE.
• C’est un diagnostic d’exclusion qu’il faut poser avec réserve. Il concerne essentiellement
l’enfant entre 4 et 8 ans. Les douleurs doivent être parfaitement symétriques, de préférence
nocturnes, évoluer depuis plusieurs mois, d’intensité modérée même si elles peuvent être à
l’origine du réveil nocturne de toute la famille. Les douleurs de croissance ne se manifestent
qu’au niveau des genoux.
2.5.2. DYSPLASIE F É M O R O - PA T E L L A I R E
40 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
III. Pathologie du genou
P r J e a n - M i c h e l C L AV E RT ( S t r a s b o u r g )
2 . 6 . PAT H O L O G I E MÉNISCALE
• Avant la fermeture des cartilages de croissance, la lésion d’un ménisque normal est
exceptionnelle, il s’agit presque toujours d’un ménisque malformatif discoïde externe. Après la
fermeture des cartilages de croissance du genou la pathologie méniscale de l’adolescent rejoint
rapidement celle de l’adulte.
2.7. DIVERS
2.7.1. GENOU TUMORAL
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 41
III. Pathologie du genou
P r J e a n - M i c h e l C L AV E RT ( S t r a s b o u r g )
• La pathologie neuro-musculaire (spina bifida, infirmité motrice cérébrale, etc.) Conduit souvent
à l’adolescence à des douleurs au niveau des genoux liés à une chondromalacie rotulienne
traduisant un déséquilibre musculaire, à une rotule en position anormalement haute, à des
pathologies d’insertion du tendon rotulien.
42 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
IV
Pied du nouveau-né et de l’enfant
Pr Dominique MOULIÈS. (Limoges)
P our l'internat
••• ☛ Pas de question au programme. Avoir tout de même une notion des
malpositions néonatales qui peuvent être incluses dans une question sur la
P o u r e n s a vo i r p l u s
CARLIOZ H., POUS J.G. Pied bot varus équin congénital. Cahier d'enseignement de la
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 43
I V. P i e d d u n o u v e a u - n é e t d e l ' e n f a n t
Pr Dominique MOULIÈS. (Limoges)
1. Introduction
2.1. CROISSANCE
• Le pied change de forme et d’orientation durant la période fœtale. Dans un premier temps, le
pied prolonge la jambe, l’astragale étant dans l’axe du tibia et le calcanéum dans l’axe du
péroné. Cette morphologie en équin se corrige peu à peu ainsi que la morphologie de l’astragale
qui permet l’inversion du pied grâce à la croissance du péroné. Le pied se place ainsi en varus
équin puis se corrige pour aboutir à sa forme définitive par croissance du tibia et modelage de
l’axe de l’astragale.
2 . 2 . VA R I AT I O N S A N AT O M I Q U E S
• Il s’agit d’anomalies d’ossification (os accessoires) que l’on peut retrouver à la face interne du
scaphoïde, à l’insertion du jambier postérieur, à la face postérieure de l’astragale, à la base du
cinquième métatarsien. Ces ossifications représentent des pièges radiologiques. Leur intimité
avec les insertions musculaires du jambier antérieur, du jambier postérieur et des péroniers peut
entraîner des phénomènes douloureux mécaniques.
• L’empreinte de la plante du pied sur le sol ne représente qu’une étape très brève du cycle de
la marche pendant lequel le pied doit passer d’une structure souple s’adaptant au sol à une
structure rigide et dynamique de propulsion.
44 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
I V. P i e d d u n o u v e a u - n é e t d e l ' e n f a n t
Pr Dominique MOULIÈS. (Limoges)
• Ces mouvements peuvent être comparés à ceux d’un cardan liant le squelette jambier y
compris l’astragale à celui du pied (bloc calcanéo pédieux) par l’intermédiaire de la sous
astragalienne et de la médio tarsienne.
2.3.3. LE P I E D P O S S È D E U N E R É S I S TA N C E I N T R I N S È Q U E .
• L’arche interne du pied est dessinée précocement (dès le troisième mois) par la morphologie
des os et des articulations. Le système capsulaire maintient le dessin de l’arche interne du pied
“ poutre composite ” et la résistance à l’effondrement est indépendante de tout l’appareil
musculaire intrinsèque et extrinsèque. Seule l’aponévrose plantaire en continuité avec les
tendons fléchisseurs peut créer, par raccourcissement, une augmentation de l’arche plantaire.
Ce mouvement peut être exploité en clinique par le test de redressement du gros orteil.
2 . 3 . 4 . LE S Q U E L E T T E S U S J A C E N T I M P O S E A U P I E D U N E A D A P TAT I O N M É C A N I Q U E .
• Les variations du morphotype durant les étapes de la croissance vont retentir sur la forme du
pied par une contrainte axiale : tel le genu varum des premiers pas puis le genu valgum à l’âge
de 5 ans et sa correction progressive plus rapide chez le garçon que chez la fille.
Le genu valgum dispose la tibio-tarsienne en valgus avec un appui préférentiel sur le bord
interne du pied. Cette même interdépendance se retrouve en aval de l’antéversion fémorale qui
entraîne le genou et la tibio-tarsienne en rotation interne et augmente la divergence astragalo-
calcanéenne ainsi que le valgus de l’arrière pied.
2 . 3 . 5 . L’ A R C H I T E C T U R E D U P I E D D É P E N D D E L ’ A G E D E L ’ E N FA N T.
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 45
I V. P i e d d u n o u v e a u - n é e t d e l ' e n f a n t
Pr Dominique MOULIÈS. (Limoges)
• A la naissance, l’absence de creusement de l’arche interne n’est pas le témoignage d’un pied
plat mais du modelage des parties molles qui se produit sous le bord interne lentement. Le
squelette subit encore des variations. Avant 4 ans l’axe de l’astragale devient peu à peu
rectiligne, la divergence astragalo-calcanéenne diminue pour se stabiliser entre 15 et 20°.
46 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
I V. P i e d d u n o u v e a u - n é e t d e l ' e n f a n t
Pr Dominique MOULIÈS. (Limoges)
3. Examen du pied
3.1. LE P I E D O B S E R VAT O I R E N E U R O L O G I Q U E M A L F O R M AT I F
3.2. CLINIQUE
3.3. RADIOGRAPHIES
• Il ne s’agit pas d’un examen de pratique courante (elles sont utiles dans la traumatologie et les
phénomènes douloureux) mais elles peuvent être demandées pour confirmer un défaut
morphologique ou pour juger de sa correction. Les incidences les plus communes sont le cliché
de face et de profil qui permettent de juger de la superposition de l’astragale et du calcanéum.
Une augmentation de leur divergence signe un pied plat. A l’inverse, l’absence de divergence
astragalo-calcanéenne s’observe dans le pied bot varus équin. Sur le profil, le dessin de l’arche
interne, et l’angle du calcanéum par rapport au sol sont de bons éléments morphologiques
statiques. Toutefois, la maquette cartilagineuse chez le petit enfant est très importante et les
noyaux centraux d’ossification de l’astragale et du calcanéum ne traduisent pas toujours leur
orientation exacte.
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 47
I V. P i e d d u n o u v e a u - n é e t d e l ' e n f a n t
Pr Dominique MOULIÈS. (Limoges)
4. Le pied douloureux
• Il peut se manifester par une simple boiterie, un refus de marche sans autre symptomatologie.
L’examen doit être complet, intéressant le rachis lombo-sacré, les hanches, les genoux et les
pieds.
4.1. OS ACCESSOIRES
4 . 1 . 1 . L’ O S TIBIAL “EXTERNE”.
• Une douleur sur le bord interne du pied avec une saillie à l’insertion du jambier postérieur sur
le scaphoïde est le plus souvent le témoignage de l’os tibial “externe”. Des structures
cartilagineuses à l’intérieur de l’insertion du jambier postérieur s’ossifient de manière irrégulière.
L’examen radiologique confirme ces irrégularités par des hétérotopies d’ossifications qui
peuvent rester libres en apparence, alors qu’elles sont en continuité fibro cartilagineuse. La
persistance d’une saillie douloureuse peut conduire à une résection sous-chondrale pour éviter
le conflit avec la chaussure chez le sportif.
4 . 1 . 2 . L’ O S TRIGONE.
• Il s’agit plus d’un problème d’interprétation radiologique que d’une découverte clinique. La
discussion se porte souvent sur le diagnostic d’un arrachement chondro-cartilagineux à
l’insertion d’une ligament latéral interne ou externe, devant une image d’ossification
hétérotopique de l’extrémité inférieure du péroné ou de l’extrémité inférieure de la malléole
interne. Il s’agit en réalité de petites ossifications hétérotopiques entièrement en continuité avec
la maquette cartilagineuse et qui se souderont avec la croissance.
48 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
I V. P i e d d u n o u v e a u - n é e t d e l ' e n f a n t
Pr Dominique MOULIÈS. (Limoges)
4.1.5. SYNOSTOSE.
• Des ponts osseux, véritables malformations de l’arrière pied chez l’enfant peuvent se révéler
soit de manière isolée, soit associés à des anomalies de formation de tout le squelette du
membre inférieur. La malformation peut être évidente lorsqu’il existe une anomalie des os de la
jambe ou de la morphologie de la tibio-tarsienne, qui se trouve arrondie, en dôme, lorsque
l’astragale et le calcanéum sont soudés, mais le pont peut être beaucoup plus discret et difficile
à mettre en évidence nécessitant une tomodensitométrie. Comme dans le chapitre précédent, la
douleur et la raideur apparaissent de manière progressive.
4.2. OSTÉOCHONDRITE
4.2.1. LES TA L A L G I E S .
• La grosse tubérosité du calcanéum est recouverte de cartilage apophysaire. Parfois, des micro
traumatismes sur la zone d’appui ou sur la zone d’insertion du triceps, entraînent des
phénomènes douloureux. Il s’agit donc d’une apophysite, survenant dans un contexte souvent
de surmenage sportif. Il n’y a aucun parallélisme entre l’image radiologique et la
symptomatologie.
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 49
I V. P i e d d u n o u v e a u - n é e t d e l ' e n f a n t
Pr Dominique MOULIÈS. (Limoges)
4 . 2 . 3 . M É TA TA R S A L G I E S ( M A L A D I E DE FREIBERG).
• Elles se manifestent par une douleur exquise à l’appui, élective sous la tête du deuxième ou
troisième métatarsien. La nécrose de l’épiphyse apparaît sous forme d’une fragmentation et d’un
aplatissement de la tête du métatarsien. Il s’agit d’une véritable ostéochondrite disséquante,
semblable à celle observée sur les condyles fémoraux. Le soulagement peut être obtenu par une
semelle avec excavation, mais la déformation, même après la cicatrisation, peut être gênante à
l’âge adulte.
• Cette anomalie intéresse le plus souvent le bord externe du pied, sous forme d’un orteil
surnuméraire par duplication simple, mais aussi par ébauche d’ossification surnuméraire d’un
métatarsien, véritable reliquat qui s’interpose entre le quatrième et le cinquième métatarsien et
qu’il faut réséquer pour obtenir une correction satisfaisante. Toute malformation en surnombre
des orteils doit faire redouter une anomalie controlatérale ou une association avec une
polydactylie.
50 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
I V. P i e d d u n o u v e a u - n é e t d e l ' e n f a n t
Pr Dominique MOULIÈS. (Limoges)
Hexadactylie
5.2. SYNDACTYLIE
• Le plus souvent elle est incomplète, intéressant le 2 et le 3, sans conséquence fonctionnelle
pour l’avenir et le plus souvent d’origine familiale. Lorsqu’elle est complète, elle intéresse le plus
souvent le bord externe en s’associant à un orteil surnuméraire. Seule cette localisation justifie
une cure chirurgicale pour éviter tout conflit avec la chaussure.
5 . 4 . C H E VA U C H E M E N T ( O R T E I L SUPRADUCTUS OU INFRADUCTUS)
• Il s’agit d’une anomalie fréquente, un orteil enjambant le plus souvent son homologue interne.
Cette anomalie peut être gênante pour le chaussage mais le plus souvent réalise seulement une
inquiétude maternelle. Seule l’apparition d’un durillon ou d’un conflit à l’adolescence ou à l’âge
adulte peut nécessiter une correction, il s’agit alors le plus souvent d’une anomalie d’implantation
de l’orteil qui nécessite une véritable plastie de repositionnement afin de l’aligner sur le clavier
métatarso-phalangien.
5 . 5 . M A L F O R M AT I O N S
• Il s’agit d’anomalies rares et morphologiquement évidentes :
- Pince de homard héréditaire.
- Agénésie du rayon externe s’accompagnant d’absence du cinquième rayon.
- Agénésie du rayon interne avec absence de gros orteil.
- Agénésie d’un rayon médian associant une hypotrophie du membre, une synostose
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Pr Dominique MOULIÈS. (Limoges)
astragalo-calcanéenne, un pied étroit avec trois ou quatre rayons et une articulation tibio-
tarsienne en dôme.
- Hallux valgus congénital est redoutable car il est souvent le témoignage d’une affection
musculaire congénitale (myosite ossifiante progressive).
• D’autres malformations peuvent être rencontrées :
- Le pied ancestral, qui a l’apparence d’une main de singe avec un hallux varus par
hypotrophie du premier rayon, le plus souvent secondaire à une anomalie du cartilage
de croissance du premier métatarsien (bracket syndrome).
- Les sillons amniotiques et les amputations congénitales sont plus rares et ces dernières
doivent faire rechercher une anomalie viscérale ou métabolique associée.
• Les malpositions sont réductibles et n’intéressent que la partie distale du pied : médio-pied,
métatarsiens, orteils. Leur pronostic est bon par manipulations, kinésithérapie ou orthèses pour
le plus sévères.
• Par contre les malformations sont irréductibles manuellement et donc rebelles au traitement
physiothérapique. Elles témoignent d’une anomalie squelettique du pied, soit d’origine
intrinsèque soit d’origine extrinsèque. Le plus souvent l’arrière pied est intéressé, entraînant le
bloc calcanéo pédieux et l’avant pied.
• Cette anomalie fréquente chez le nouveau né réalise une malposition de l’avant pied en
adductus. L’arrière pied est toujours normal. Une pression excessive s’est exercée sur le bord
externe du pied entraînant les métatarsiens et les orteils. Le plus souvent la déformation est
souple, réductible et le pronostic est bon sans séquelle à l’âge de deux ou trois ans. Mais,
parfois, cette guérison tarde à se produire, en raison d’une habitude de sommeil en décubitus
ventral, d’une anomalie intrinsèque du pied (insertion anormale du jambier antérieur ou rétraction
de l’adducteur du 1). Ces formes graves (pied métatarsus varus) nécessitent parfois une série
de plâtres correcteurs et le port de chaussures après l’âge de la marche pour lutter contre
l’hallux varus résiduel.
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Pr Dominique MOULIÈS. (Limoges)
6.2. LES P I E D S TA L U S D I R E C T S
• Il s’agit d’une exagération de la flexion dorsale du pied, le dos du pied venant au contact de
la face antérieure de la jambe. Ceci est dû à un excès de pression directe sur la paroi utérine,
sans déviation latérale. Cette attitude est physiologique chez le nouveau né et “ guérit ”
spontanément.
6.3. PIED B O T VA R U S É Q U I N
• Il s’agit d’une véritable malformation du pied, variable dans sa gravité, fréquente, (un à deux
cas pour 1000 naissances), d’origine encore controversée.
La déformation est triple, le pied a la forme d’un club de golf (clubfoot des anglosaxons):
- la plante du pied regarde en arrière,
- l’avant pied est en adduction et supination,
- tout le pied est en équin,
- l’arrière pied en varus.
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Pr Dominique MOULIÈS. (Limoges)
• A l’examen la peau du bord externe du pied est lisse alors que la peau du bord interne est
épaisse. La manipulation du pied objective une raideur, une véritable irréductibilité. Le fond de
la coque talonnière n’est plus habitée par le calcanéum.
• La recherche d’une malformation associée est systématique, la déformation peut être
bilatérale. L’examen des genoux, des hanches doit rechercher une autre anomalie congénitale
(hanche luxable).
L’interrogatoire de la mère recherche des antécédents familiaux, les problèmes éventuels d’une
grossesse, de malposition intra-utérine.
• Le caractère malformatif du pied bot varus équin semble maintenant acquis. Son origine serait
probablement neurologique, entraînant des anomalies musculaires responsables
secondairement des déformations osseuses définitives.
• L’absence de mobilité et les contraintes intra-utérines construisent les rétractions capsulo-
ligamentaires et la triple déformation définitive constatée à la naissance. L’hypotrophie du pied
est liée à un défaut de formation mésenchymateuse. La rétraction fibreuse se fait en arrière
(noeud postérieur), en dedans (noeud antéro-interne) et en dehors (noeud antéro-externe). Le
pied est ainsi verrouillé dans les trois plans de l’espace. Il faut y associer une rétraction sous
astragalienne et calcanéo-scaphoïdienne. Les déformations “secondaires” apparaissent par
compression de la maquette cartilagineuse : l’astragale devient dysplasique sur son dôme, son
col est dévié, sa tête est aplatie et son articulation avec le scaphoïde anormalement développée
vers le versant interne.
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Pr Dominique MOULIÈS. (Limoges)
• Toutes les variétés de gravité à partir de cette triple déformation (équin, varus, supination)
peuvent se rencontrer rendant le pronostic précoce difficile. La radiographie chez le nouveau né
a peu d’intérêt, elle objective l’absence de divergence astragalo-calcanéenne et la déformation
de l’avant pied, mais sur ces maquettes cartilagineuses peu ossifiées le tracé des axes est
aléatoire.
• Mais il existe très peu de gêne fonctionnelle dans la majorité des cas pris en charge
précocement.
Pied supinatus
L'examen rapide peut amener la confusion avec le pied bot varus équin. La souplesse est
nettement plus importante. L'arrière pied est en talus et non en équin.
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• Il s’agit d’une malformation grave et complexe, rare, dont le morphotype est le plus souvent
associé à d’autres anomalies morphologiques liées à une pathologie générale du squelette.
La définition est précise : la déformation de l’arrière pied est en équin et valgus plus ou moins
prononcé, la déformation du médio pied est constante avec une verticalisation de l’astragale et
une subluxation du scaphoïde, enfin l’avant pied est souvent en flexion dorsale et en supination
réalisant la forme en piolet ou tampon de bureau.
• Les pièges diagnostiques sont rares, surtout liés à la variété de formes anatomiques : il ne faut
pas confondre le pied convexe avec un pied talus valgus ou avec un pied plat congénital qui est
peut être une forme mineure du pied convexe mais dont le pronostic est heureusement bien
meilleur.
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Pr Dominique MOULIÈS. (Limoges)
7.1. PIED P L AT
• Il s’agit d’un défaut de creusement de l’arche interne par effondrement des structures osseuses
articulaires capsulaires.
7.1.1. ÉTIOLOGIES
7.1.1.1. Le pied plat peut être primitif,
• À un problème intrinsèque
Anomalie osseuse
Hyperlaxité locale
Malformation tendineuse (tendon d'Achille court, anomalie d’insertion des péroniers,
anomalie d’insertion du jambier antérieur)
• Par hyperlaxité ligamentaire, souvent rencontré avant l’âge de cinq ou six ans, il est alors
réductible activement ou passivement et disparaît avec le creusement physiologique de la
croissance et du vieillissement du pied.
7.1.2. PHYSIOLOGIE
• La forme du pied est créée par le dessin des articulations et son maintien est assuré par la
tension capsulo-ligamentaire. Le rôle des muscles intrinsèques et extrinsèques dans
l’architecture du pied est pratiquement nul. Le bloc calcanéo-pédieux est à la fois résistant par
ses structures fibreuses et ses surfaces articulaires, et mobile en raison de l’interdépendance de
toutes les articulations. Ainsi la plongée de l’astragale en avant dans la “coxa pedis” crée un
effondrement du bord interne du pied favorisant l’horizontalisation du calcanéum et son valgus.
Il s’agit de l’exagération du phénomène physiologique du déverrouillage de la médio-tarsienne.
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Pr Dominique MOULIÈS. (Limoges)
Pied plat
Effondrement de la voute plantaire et augmentation de la divergence astragalo-calcanéenne.
7.1.3. CLINIQUE
• Le plus souvent il s’agit d’un pied plat physiologique, véritable adaptation passagère à une
morphologie habituelle de la croissance du petit enfant. Ce pied est réductible en dorsi-flexion
du gros orteil ou en marche sur la pointe des pieds.
• Très différent est le pied plat irréductible pour lequel il faut rechercher une anomalie intrinsèque
par raideur, douleurs à la mobilisation ou extrinsèque en recherchant une anomalie neurologique
ou une brièveté du tendon d’achille.
7.1.4. RADIOGRAPHIES
• La radiographie ne doit pas être un examen systématique dans le pied plat de l’enfant, elle
objective seulement l’excès de divergence astragalo-calcanéenne de face et profil ainsi que la
cassure du bord interne du pied.
7.1.5. LE TRAITEMENT
• Les pièges sont rares. Il faut éviter d’inquiéter à tort une famille mais il faut aussi savoir
découvrir une spasticité localisée, un pied convexe à minima.
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 59
I V. P i e d d u n o u v e a u - n é e t d e l ' e n f a n t
Pr Dominique MOULIÈS. (Limoges)
7 . 2 . 1 . P H Y S I O PA T H O L O G I E
• Pour créer un pied creux, il suffit d’exagérer les mécanismes physiologiques :
- l’abaissement du premier métatarsien,
- la varisation de l’arrière pied,
- l’érection du premier orteil.
7 . 2 . 2 . A N AT O M I E
• La déformation réalise une exagération de la flexion plantaire des métatarsiens et une
pronation associée à une adduction de l’avant pied. Les orteils se mettent secondairement en
griffe et le creux se situe souvent sous le premier cunéiforme. L’équin et le varus ne sont pas
constants dans les formes précoces chez l’enfant, alors que la rétraction des parties molles est
nettement palpable sous l’aponévrose plantaire et les muscles courts et longs.
Pied creux
Parallélisme Astragale / Calcanéun et creusement de la voute plantaire.
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I V. P i e d d u n o u v e a u - n é e t d e l ' e n f a n t
Pr Dominique MOULIÈS. (Limoges)
• Il s’agit d’un examen général, neurologique et musculaire avec une étude statique et
dynamique en particulier, l’observation de la marche permet d’objectiver la griffe des orteils et le
varus de l’arrière pied. En position debout, le dessin de l’empreinte est caractéristique mais ce
sont surtout les tests de réductibilité qui prennent de la valeur, soit par dérotation de la jambe,
soit par neutralisation de l’avant pied en plaçant le talon sur une cale de trois à quatre
centimètres, l’avant pied ainsi libéré corrige son varus. Les pieds des parents doivent aussi être
examinés.
7.2.4. RADIOGRAPHIES
• Les radiographies statiques objectivent le creux en charge sur le cliché de profil mais surtout
dynamiques, en flexion plantaire de profil et aussi l’incidence d’arrière pied de Méary cerclant le
talon et permettant d’objectiver le varus calcanéen.
• Les pièges sont liés à la méconnaissance de l’aspect morphologique du pied creux et surtout
l’absence de recherche clinique de l’étiologie.
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 61
V
Maladies et déformations du rachis
Pr Jean François MALLET (Caen)
••• ☛ Faire la différence entre une scoliose et une attitude scoliotique 4.1., 4.2.
••• ☛ Différencier un enfant cyphotique d'un enfant "qui se tient mal" ———3.1.
P our l'internat
P o u r e n s a vo i r p l u s
MICHEL C.R., DUBOUSSET J. La scoliose idiopathique. Cahier d'enseignement
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 63
V. M a l a d i e s e t d é f o r m a t i o n s d u r a c h i s
Pr Jean François MALLET (Caen)
• En position érigée le rachis est rectiligne dans le plan frontal. Dans le plan sagittal il dessine 4
courbures physiologiques dont le rôle est essentiellement mécanique. Ces courbures sont de
deux types :
- en cyphose convexe vers l'arrière;
- en lordose concave vers l'arrière.
• Absentes à la naissance, ces courbures se mettent progressivement en place avec le
développement postural du nourrisson et de l'enfant.
- lordose cervicale lors du port de tête,
- cyphose dorsale lors de la position assise,
- lordose lombaire lors de la station debout (qui caractérise les primates),
- à part la lordose sacrée, purement osseuse.
• Chacune de ces courbures est d'importance variable selon les individus et selon les courbures
voisines, de telle sorte que l'équilibre sagittal du tronc, tragus sur la verticale des grands
trochanters, soit respecté.
• Enfin radiologiquement de profil la charnière dorso-lombaire est rectiligne entre D11 et L1 et la
troisième vertèbre lombaire est la seule vertèbre régulièrement horizontale.
2. Examen du rachis
• L'examen d'un enfant consultant pour une déformation du rachis doit être complet et mené
d'une manière systématique.
2 . 1 . I N T E R R O G AT O I R E
• L'interrogatoire de l'enfant et de son entourage fait préciser:
* Orthos (Orthos): Droit; Peido (Peido) enfant. La création de ce mot est due à Nicolas ANDRY (Lyon 1658, Paris 1742). Le terme
couramment utilisé d'orthopédie pédiatrique est donc un pléonasme. Celui d'orthopédie (pour définir la spécialité qui s'intéresse à
l'adulte) est un non sens. Celui d'orthopédie adulte est un contresens!!! (NDR).
64 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
V. M a l a d i e s e t d é f o r m a t i o n s d u r a c h i s
Pr Jean François MALLET (Caen)
• L'examen clinique du rachis doit se faire sur un enfant totalement dévêtu dans la position du
"garde à vous", le bassin bien horizontal, après correction par une cale sous le membre court
d'une éventuelle inégalité de longueur des membres inférieurs.
Outre la simple inspection cet examen clinique nécessite l'utilisation d'un fil à plomb matérialisant
la verticale, d'un niveau à bulle matérialisant l'horizontale et d'une réglette graduée.
2.2.1.1 de face
• On apprécie un éventuel préjudice esthétique, une dénivellation des épaules, une asymétrie
de la taille avec un simple pli ou un véritable "coup de hache" sus-iliaque ou sous-costal.
• On précise l'équilibre frontal du rachis en abaissant un fil à plomb de l'occiput ou de D1 et qui
doit passer par le pli fessier. Un déséquilibre transversal ou "gîte"* se mesurerait par la distance
entre le fil à plomb et le pli fessier.
• La palpation des épineuses et leur matérialisation éventuelle au feutre permet de mesurer la
flèche horizontale d'une courbure frontale par la plus grande distance des épineuses au fil à
plomb vertical.
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 65
V. M a l a d i e s e t d é f o r m a t i o n s d u r a c h i s
Pr Jean François MALLET (Caen)
• Enfin, temps capital de l'examen, sur l'enfant penché en avant on recherche l'existence d'une
gibbosité qui associée à une courbure frontale définit la scoliose. La gibbosité est la saillie d'un
hémithorax ou d'une fosse lombaire secondaire à la rotation axiale des vertèbres
correspondantes. Elle siège toujours du côté de la convexité de la scoliose. Elle se caractérise
par son caractère angulaire ou mousse. La gibbosité se mesure par la distance (G) entre
l'horizontale passant par son sommet (S) et le dos en un point symétrique (S') de ce sommet par
rapport à la ligne des épineuses (e).
S e S'
G
Mesure de la gibbosité
2.2.1.2. de profil
• Il faut apprécier sur l'enfant debout le caractère inesthétique d'une courbure, en cyphose
ou en lordose. Et là encore mesurer la flèche des courbures par la distance entre le fil à plomb
abaissé de l'occiput et le sommet de chacune des courbures en précisant le niveau vertébral de
chacune de ces mesures et du point de contact entre le fil à plomb et le rachis.
• La position penchée en avant permet par ailleurs au mieux de confirmer la réalité du diagnostic
de cyphose inesthétique et d'en préciser le caractère régulier ou irrégulier voire angulaire.
- par la distance entre l'extrémité des doigts et le sol en position penchée en avant qui
prend cependant aussi en compte une éventuelle rétraction des ischio-jambiers;
- par les amplitudes de mobilité du tronc en inclinaison latérale et en rotation;
- par la réductibilité en décubitus ventral et en bout de table, hanches fléchies, de la
cyphose dorsale et de la lordose lombaire.
66 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
V. M a l a d i e s e t d é f o r m a t i o n s d u r a c h i s
Pr Jean François MALLET (Caen)
et surtout doit rechercher une étiologie par un examen complet dont nous
2.2.2.2.
2.2.3. ENFIN I L FA U T T E N T E R D E P R É C I S E R C L I N I Q U E M E N T L E P O T E N T I E L
2.3. EXAMENS C O M P L É M E N TA I R E S
• Il doit être guidé par les données de l'examen clinique sans jamais le précéder, (sauf à vouloir
en masquer les insuffisances), et par la nécessité de limiter l'irradiation du patient (clichés de
face en incidence postéro-antérieure plutôt qu'antéro-postérieure).
• Ainsi le premier bilan doit comporter un grand cliché (30x90) du rachis dorsal et lombaire
en entier de face et de profil debout, des mastoïdes aux crêtes iliaques.
2.3.1.1.De face
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 67
V. M a l a d i e s e t d é f o r m a t i o n s d u r a c h i s
Pr Jean François MALLET (Caen)
• Enfin le grand cliché de face permet d'apprécier le potentiel résiduel de croissance par le test
de Risser lorsque l'âge le permet, par l'état d'ossification des crêtes iliaques.
68 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
V. M a l a d i e s e t d é f o r m a t i o n s d u r a c h i s
Pr Jean François MALLET (Caen)
• Pour tenter d'évaluer le pronostic d’une déformation rachidienne il est important de faire la part,
dans cette déformation, de ce qui revient à la maladie déformante rachidienne primitive (c’est la
structuralisation de la courbure, ce qui n’est pas réductible) et à l’influence du poids du corps
sur cette déformation primitive. L’intérêt de ce bilan de réductibilité est plus pronostic et
thérapeutique que diagnostic mais peut être envisagé dès le premier examen:
- cliché couché qui élimine l’effet de la pesanteur,
- cliché en suspension par collier cervical ou en traction au lit ou sur cadre, qui surajoute
l’effet d’une force de correction,
- voire cliché en inclinaison latérale ou sagittale (bending test).
• Quelque soit la technique de ce bilan de réductibilité, elle doit rester identique au fil du temps
afin que tous ces bilans soient comparables.
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 69
V. M a l a d i e s e t d é f o r m a t i o n s d u r a c h i s
Pr Jean François MALLET (Caen)
• Dans le cadre des déformations sagittales les déformations en cyphose et lordose ne sont pas
absolument indépendantes. Pour respecter l'équilibre du tronc toute modification d'une courbure
sagittale est compensée par une modification secondaire de la ou des courbures sus ou sous-
jacentes. Il est donc important de localiser avec précision le siège de la courbure pathologique
afin de ne pas traiter abusivement une contre-courbure "réactionnelle".
• Elles doivent être envisagées en fonction de leur réductibilité après avoir encore précisé sur la
radiographie le caractère régulier ou irrégulier voire angulaire de la cyphose, et son étendue à
la totalité du rachis dorsal ou localisée à quelques vertèbres successives.
• Souple, il s'agit souvent de l'attitude asthénique d'un adolescent qui "se tient mal" et dont le
reste de l'examen est strictement normal. L'évolution en est favorable, ne nécessitant que la
simple abstention parfois sous surveillance clinique et radiologique. On peut encore conseiller la
pratique des sports nécessitant une extension active du rachis et favorisant sa musculation tels
que le basket, la nage en dos crawlé...
• Raide, peu ou pas réductible en décubitus ventral, l'hypercyphose doit alerter et faire
rechercher une étiologie.
CROISSANCE.
• C'est l'étiologie la plus fréquente. Cette hypercyphose est douloureuse à l'effort, plus ou moins
régulière et inesthétique.
• Radiologiquement les plateaux vertébraux sont irréguliers, avec des images de hernies intra-
spongieuses ou rétro-marginales antérieures. L'ossification secondaire des vertèbres est
anormale, les listels marginaux étant littéralement encastrés dans les angles antéro-supérieurs
et antéro-inférieurs des corps vertébraux, réalisant une "trop belle image" de corps vertébral. Les
corps vertébraux eux-mêmes sont cunéïformisés, plus hauts en arrière qu'en avant, à l'origine
de la déformation cyphotique. Les disques intervertébraux sont, au début, d'une hauteur
normale.
3.1.1.2. Les autres causes d'hypercyphoses sont plus rares:
70 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
V. M a l a d i e s e t d é f o r m a t i o n s d u r a c h i s
Pr Jean François MALLET (Caen)
• Elles font partie intégrante des déformations des scolioses en particulier idiopathiques, nous le
reverrons. Elles se recrutent ailleurs dans des cas bien particuliers tels que la maladie de Marfan
dont elle est un des éléments diagnostiques.
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 71
V. M a l a d i e s e t d é f o r m a t i o n s d u r a c h i s
Pr Jean François MALLET (Caen)
• Les déformations frontales du rachis sont les plus fréquentes des déformations et peuvent être
divisées en deux groupes totalement indépendants.
- les attitudes scoliotiques, souples, réductibles, de bon pronostic, disparaissant avec le
traitement de leur cause et non évolutives;
- les scolioses, non ou incomplètement réductibles, s'accompagnant d'une rotation
vertébrale et nécessitant en règle un traitement .
72 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
V. M a l a d i e s e t d é f o r m a t i o n s d u r a c h i s
Pr Jean François MALLET (Caen)
4.1. LES AT T I T U D E S S C O L I O T I Q U E S
• Il ne s'agit que de la déformation frontale d'un rachis normal et souple par ailleurs.
• L'examen clinique ne retrouve pas de gibbosité et le rachis est par ailleurs souple.
• La radiographie en charge ne montre que la courbure frontale en charge, en général à grand
rayon, et surtout sans aucune rotation vertébrale. Couché, la courbure radiologique disparaît.
• Outre l'hypotonie de l'enfant qui se tient mal les causes des attitudes scoliotiques sont
dominées par les inégalités de longueur des membres inférieurs. La courbure disparaît après la
correction, par cales sous le pied du côté court, de cette inégalité de longueur. Ceci confirme
encore la nécessité d'examiner le rachis de l'enfant après avoir horizontalisé le bassin.
• Mais il peut aussi s'agir nous le reverrons de la courbure de compensation voisine d'une
courbure scoliotique et destinée à rééquilibrer le rachis scoliotique dans le plan frontal.
• La scoliose est une déformation frontale du rachis accompagnée d'une rotation vertébrale qui
en définit la structuralisation et se traduit cliniquement par la gibbosité.
• En fait il s'agit d'une déformation tridimensionnelle qui siège:
- dans le plan frontal, c'est la déformation visible, celle qui permet le diagnostic;
- dans le plan sagittal, en hypocyphose voire en lordose plus souvent qu'en
hypercyphose dorsale (c'est dire que le terme de cyphoscoliose est le plus souvent
employé à mauvais escient);
Dos creux chez une fillette de 11 ans porteuse d'une scoliose dorsale droite idiopathique.
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 73
V. M a l a d i e s e t d é f o r m a t i o n s d u r a c h i s
Pr Jean François MALLET (Caen)
4.2.1. EXAMEN
A) de confirmer le diagnostic de scoliose devant une courbure frontale associée à une rotation
vertébrale.
• Celle-ci se mesure en divisant la moitié du corps vertébral de la vertèbre présentant la rotation
la plus importante en 3 parties égales et en précisant dans quelle partie se projette l'épineuse
de cette vertèbre sommet (fig. 4).
La rotation vertébrale est maximum au niveau de la vertèbre sommet . Il est plus simple de la
caractériser ( de + à ++++) par la projection de l'épineuse sur chacun des tiers de la surface
d'un hémicorps.
B) de mesurer la courbure.
• La méthode de Cobb est la plus utilisée, traçant le prolongement des plateaux vertébraux les
plus inclinés sur l'horizontale sans se préoccuper de la rotation de ces vertèbres. On trace
ensuite les perpendiculaires à ces plateaux, et on mesure l'angle ouvert en haut ou en bas de
ces perpendiculaires entre elles.
74 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
V. M a l a d i e s e t d é f o r m a t i o n s d u r a c h i s
Pr Jean François MALLET (Caen)
• En fait cette méthode ne mesure que la seule projection frontale d'une courbure
tridimensionnelle. Il ne faut donc lui conférer qu'une valeur relative qui doit être confrontée au
cliché de profil et à l’importance de la rotation vertébrale.
Mesure de l'angulation d'une scoliose (Cobb). L'angle de la courbure est celui que font entre
elles les perpendiculaires aux plateaux les plus inclinés sur l'horizontale.
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 75
V. M a l a d i e s e t d é f o r m a t i o n s d u r a c h i s
Pr Jean François MALLET (Caen)
• Au terme de ce bilan radiologique il aura donc été possible de poser le diagnostic de scoliose,
dont les plus fréquentes sont de type dorsal, dorso-lombaire, lombaire, voire dorsale et lombaire
ou double majeure lorsque les deux courbures scoliotiques sont d'angulation et de réductibilité
voisines.
• Reste à en rechercher une étiologie et à en apprécier le pronostic.
4.2.2. ÉTIOLOGIES
• Les causes des scolioses sont multiples :
4.2.2.1. Neurologiques
• Outre la poliomyélite, grande mais ancienne pourvoyeuse de scoliose, toutes les affections
neurologiques de l'enfant peuvent s'accompagner ou se manifester par une scoliose.
• Le plus souvent il s'agit d'affections neurologiques dégénératives héréditaires sensitivo-
motrices de tout type. Et l'association pieds creux - scoliose est ici particulièrement évocatrice.
La réductibilité de ces courbures est longtemps satisfaisante car ces scolioses ont une forte
composante d'effondrement, d'hypotonie du tronc.
• Mais il peut s'agir aussi de maladies musculaires, myopathies de tous types :
- Duchesne de Boulogne où la scoliose survient et s'aggrave chez près de 99% des
enfants après la perte de la marche;
- dans les autres myopathies la scoliose et son aggravation peuvent être à l'origine de la
perte de la marche.
• Nous en rapprocherons les malformations médullaires :
- syringomyélie le plus souvent et une scoliose dorsale gauche chez le garçon est tout à
fait caractéristique, imposant alors la pratique d'une R.M.N., après qu'un examen
soigné a permis de retrouver l'abolition d'un réflexe cutané abdominal, une bande
d'hypo ou d'anesthésie du tronc, un signe de Babinski.
- et bien entendu les dysraphismes spinaux. Dans ce contexte un stigmate cutané
médian, angiome fossette voire touffe pileuse doit attirer l'attention de la même manière
que des pieds creux, et faire pratiquer une R.M.N. qui précisera le type de dysraphisme
dont le plus fréquent est la diastématomyélie, ou syndrome de la double corde.
• Sans oublier les infirmités motrices cérébrales de toutes origines, chromosomiques ou
séquelles de souffrance périnatale par exemple
• Quelque soit la cause d'une scoliose neurologique son évolutivité propre s’aggrave, même
après la fin de la croissance, du fait de l'évolution de la maladie neurologique elle-même.
76 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
V. M a l a d i e s e t d é f o r m a t i o n s d u r a c h i s
Pr Jean François MALLET (Caen)
• Certaines scolioses sont à la fois raides et douloureuses. La marche se fait penché en avant
avec un aspect guindé, le tronc apparaît très raide, avec une distance doigts-sol très
augmentée. La douleur peut être permanente ou seulement nocturne voire à heures fixes. La
scintigraphie a ici un grand intérêt pour guider la radiographie.
• Les causes en sont :
A) Tumorales, bénignes ou malignes et affectant soit la vertèbre (ostéome ostéoïde, sarcome
d'Ewing, kyste anévrysmal) soit le tissu nerveux sous-jacent (tumeur médullaire, astrocytome,
angiome médullaire ou autres tumeurs).
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 77
V. M a l a d i e s e t d é f o r m a t i o n s d u r a c h i s
Pr Jean François MALLET (Caen)
78 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
V. M a l a d i e s e t d é f o r m a t i o n s d u r a c h i s
Pr Jean François MALLET (Caen)
• Les scolioses idiopathiques sont les plus fréquentes des scolioses, regroupant environ
75% des cas. Ce qui signifie en fait que dans l'état actuel de nos connaissances, nous ne
pouvons encore retrouver ni étiologie ni étiopathogénie pour les 3/4 des scolioses.
Quelque soit sa latéralisation, et sa topographie, le pronostic d'une
4.2.2.5.1.
scoliose idiopathique est celui de son évolutivité. En effet à l’inverse d’une attitude scoliotique,
l'évolution d'une scoliose se fait vers l'aggravation comme l'a montré madame Ginette Duval
Beaupère :
- aggravation lente dans un premier temps,
- puis plus rapide à partir d'un point P qui correspond à l'apparition du premier poil
pubien (P1) et au début de la poussée de croissance pubertaire,
- jusqu'à la fin de la croissance à Risser 5, après quoi, au moins théoriquement, ne
s'aggravent que les scolioses de plus de 50°, mais lentement et pour des raisons
purement "mécaniques".
Accroissement annuel de
la taille (en cm)
Inflexion scoliotique
(en degrés) Risser 4
Début de
puberté
ans
La courbe d'aggravation des scolioses est d'abord lente, jusqu'au début de la poussée de
croissance pubertaire (p1). Elle s'accélère ensuite (P2) et jusqu'à la fin de la croissance,
à Risser ++++. Au delà seules restent évolutives les scolioses de plus de 50°, pour des raisons
mécaniques (P3). Cette courbe montre par ailleurs que:
- à angulation initiale identique le pronostic dépend de l'âge de découverte et du potentiel
résiduel de croissance;
- à âge de découverte identique le pronostic dépend de l'angulation initiale.
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 79
V. M a l a d i e s e t d é f o r m a t i o n s d u r a c h i s
Pr Jean François MALLET (Caen)
* Les français Yves COTREL et Jean DUBOUSSET ont mis au point en 1982 la technique qui porte leur nom et qui est utilisée
maintenant par les chirurgiens du monde entier pour le traitement chirurgical de la plupart des scolioses (NDR).
80 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
V. M a l a d i e s e t d é f o r m a t i o n s d u r a c h i s
Pr Jean François MALLET (Caen)
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 81
V. M a l a d i e s e t d é f o r m a t i o n s d u r a c h i s
Pr Jean François MALLET (Caen)
5. Conclusion
82 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
VI
Traumatologie
Pr Louis Michel COLLET (Amiens)
P our l'internat
••• ☛ Question n° 266: Sévices à enfants: Diagnostic,
conduite médico-légale —————————————————3.3.4.1.,3.3.4.4.
••• ☛ Question n° 288: Polytraumatisme: conduite à tenir sur les lieux de l'accident.
••• ☛ Question n° 291: Algodystrophie: étiologie, diagnostic, évolution, traitement.
P o u r e n s a vo i r p l u s
CLAVERT J.M., MÉTAIZEAU J.P. Les fractures des membres chez l'enfant.
Monographie du GEOP. Montpellier. Sauramps. 1990.
M. Zerah. Les traumatismes crâniens obstétricaux. In neurochirurgie p. Decq, y.
Keravel. Ed Ellipses, Paris, 1996,349-356
D. Renier. Les traumatismes crâniens de l'enfant et du nourrisson. Rev. Prat..,
1986,36, 776-784
Les traumatismes crâniens de l'enfant. J. Godlewski,p. Freger,p. Creissard. Rev prat,
1986,36,1917-1923
P. Straus, M. Rouyer. Enfants maltraités et négligés. L'enfant et sa santé, Doin Editeur,
1987,785-799
Les sévices chez l'enfant. La médecin infantile n° 6, août-septembre 1979, sous la
direction du Professeur Charles Piussan, CHU Amiens
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 83
V I . Tr a u m a t o l o g i e
Pr Louis Michel COLLET (Amiens)
Ce chapitre " fractures " doit être lu en insistant et en commençant par les généralités , cela vous
permettra de rebâtir une question plus complète à partir des particularités propres à chaque
segment anatomique.
1. Généralités
• Du point de vue étiologique deux pôles d’âge sont particulièrement retrouvés: l’acquisition de
la marche avec des fractures souvent peu déplacées et la pré-adolescence avec les accidents
de circulation et le sport.
1 . 1 . 1 . PA R T I C U L A R I T E S D E L ' O S D E L ' E N FA N T
• L'os du nouveau-né a une structure biomécanique (dans le sens "résistance des matériaux ) et
anatomique (p.ex importance du périoste et de la virole périchondrale) qui va se modifier tout au
long de la croissance pour aboutir à celle d'un adulte jeune après la puberté . Ainsi les
mécanismes et les propositions thérapeutiques seront différentes selon l'âge de l’enfant et
nuancées selon les circonstances (état de la peau, lésions associées , traumatisme crânien ou
polytraumatisme, obésité, fractures pathologiques, habitudes du chirurgien, conditions
sociofamiliales....)
• Chez l'enfant jeune la solidité de l'os est le contraire de la fable de La Fontaine " Le chêne et
le roseau". Il plie et casse; ceci explique par exemple qu'une chute d'un canapé puisse casser
un fémur de petit alors qu'il faudra un traumatisme violent chez un grand.
• Elles peuvent avoir un effet favorable de correction relative de défauts résiduels de réduction
par la croissance surtout chez les petits; mais leur lésion peut entraîner des déformations
sequellaires graves.
• La plaque conjugale constitue une zone de faiblesse surtout en période pré-pubertaire.
• La virole constitue une solide zone d’amarrage du périoste qui peut être exploitée pour la
réduction et la stabilisation mais sa lésion peut entraîner de graves conséquences sur la
croissance (de la plaque conjugale).
• Il y a aussi des zones de croissance en périphérie des épiphyses qui lésées peuvent entraîner
la déformation des surfaces articulaires.
84 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
V I . Tr a u m a t o l o g i e
Pr Louis Michel COLLET (Amiens)
1 . 1 . 2 . 1 . F. n ’ i n t é r e s s a n t p a s l e c a r t i l a g e d e c o n j u g a i s o n .
1 . 1 . 2 . 2 . F. i n t é r e s s a n t l e c a r t i l a g e c o n j u g a l
1 . 1 . 3 . C O N S O L I D AT I O N DES FRACTURES
1.1.3.1. Mécanisme :
En périphérie:
• Hématome périfracturaire, réaction inflammatoire locale, stabilisation fibrocartilagineuse du
foyer, prolifération de collerettes ossifiées à partir du cal de voisinage entraînant la formation d'un
cal périosté qui stabilise la lésion mais ne correspondra pas pour autant à l'ossification définitive.
Au 11éme jour apparition d'un anneau cartilagineux d'origine périostée au niveau de l'espace
fracturaire.
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 85
V I . Tr a u m a t o l o g i e
Pr Louis Michel COLLET (Amiens)
86 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
V I . Tr a u m a t o l o g i e
Pr Louis Michel COLLET (Amiens)
La phase de remodelage:
• Elle peut durer des années et est le fait de la formation osseuse par apposition périostée, la
résorption osseuse et la croissance épiphysaire.
1.1.3.2. Délais
• Le remodelage du cal et la croissance épiphysaire vont atténuer ou corriger les cals vicieux
en angulation mais pas ceux en rotation. Une poussée de croissance post-fracturaire va atténuer
ou corriger les inégalités par chevauchements. Mais peut entraîner des inégalités résiduelles
souvent modérées.
Deux ans 1/2 après une fracture du fémur droit on note une compensation partielle de
l'inégalité de longueur (316 mm à droite pour 325 à gauche) avec une hyper croissance à droite
(migration plus importante de la strie de croissance indiquée par une flèche).
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 87
V I . Tr a u m a t o l o g i e
Pr Louis Michel COLLET (Amiens)
1 . 1 . 5 . PA R T I C U L A R I T É S D E L ' E N FA N T
- L'entourage familial est une chance qui doit permettre une hospitalisation courte
- Le traitement doit autoriser une reprise scolaire précoce
1.1.5.4. Les séquelles sont souvent de révélation tardive
1.2. SÉMIOLOGIE
1 . 2 . 1 . TA B L E A U CLINIQUE
• Le tableau est sans particularité. Souvent le diagnostic est évident: impotence fonctionnelle ,
douleur ,déformation. Parfois il est plus difficile: enfant petit, interrogatoire impossible, pas de
notion traumatique. Impotence fonctionnelle modérée, douleur vague, pas de déformation,
simple boiterie.
1.2.1.1. Interrogatoire
Local :
- état du membre, articulation sus et sous jacente
- recherche de complication:
- cutanée: ouverture ( classification de Cauchoix)
- Vasculaire: pouls, coloration, se méfier d'un syndrome de loge
- Nerveuse : recherche souvent difficile et non fiable
Le membre immobilisé, le bilan radiologique sera réalisé.
1.2.2. RADIOLOGIE
• Standard classiquement face et profil ou plutôt avec deux incidences orthogonales , prenant
les articulations sus et sous jacentes.
1.2.3. TRAITEMENT
• Le but du traitement est d'assurer la meilleure réduction et la meilleure contention avec le
minimum d'agression chirurgicale. Compte tenu des particularités de l'enfant il faudra savoir
88 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
V I . Tr a u m a t o l o g i e
Pr Louis Michel COLLET (Amiens)
parfois tolérer de petits défauts plutôt que de proposer une technique plus invasive. Une trop
grande rigidité du foyer de fracture , l'évacuation de l'hématome périfracturaire, le dépériostage
chirurgical sont autant d'arguments pour préférer chez l'enfant des méthodes à foyer fermé,
qu'elles soient orthopédiques ou chirurgicales.
L'immobilisation plâtrée
• C'est le traitement de choix mais répond à des critères stricts.
- Plâtre circulaire ou attelle plâtrée
- prenant l'articulation sus et sous jacente, protégé par jersey et/ou coton selon les
habitudes, en respectant les plis de flexion.
- la position du membre immobilisé est définie selon le membre et selon le type de
fracture.
- les résines synthétiques ont des avantages de confort mais leur prix est plus élevé, leur
mise en place plus difficile et leurs complications plus fréquentes. Ces inconvénients
doivent en faire mesurer l'utilisation chez l'enfant.
• Le plâtre doit être indiqué chaque fois qu'il est possible.
La traction
• Elle peut être une méthode d'attente de quelques heures ou quelques jours ,par exemple le
temps de compléter le bilan d'un polytraumatisé. Elle peut faire partie à part entière du traitement
par exemple quelques semaines le temps de stabiliser un foyer de fracture avant un plâtre ou
afin de surveiller des lésions des parties molles tout en alignant le foyer .Son côut en journées
d'hospitalisation en fera sans doute diminuer les indications dans l'avenir.
1.2.3.2. Méthodes chirurgicales
• Il ne s'agit en aucun cas de la transposition des techniques adultes à l'enfant. Chez l'enfant
une ostéosynthèse rigide est inutile voir nuisible.
1.2.3.2.1. L'EMBROCHAGE :
• Percutané ou sous contrôle chirurgical, il est beaucoup utilisé chez l'enfant. Il s'agit d'une
méthode de choix pour les petits os des extrémités et les extrémités des os longs (poignet,
coude,...). Les broches peuvent transfixier le foyer ou réaliser un effet console.
1.2.3.2.2. LE VISSAGE
• Sur une diaphyse il a les inconvénients d'une ostéosynthèse mais qui est insuffisante
nécessitant un plâtre complémentaire qui a aussi ses inconvénients . il peut être utilisé en
complément d'une autre technique(plaque plus vissage de rappel d'un troisième fragment). Il
s'utilise surtout pour fixer des fragments apophysaires métaphysaires ou épiphysaires.
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 89
V I . Tr a u m a t o l o g i e
Pr Louis Michel COLLET (Amiens)
• Elle permet une réduction exacte et stable , mais elle nécessite un abord chirurgical délabrant,
ralentit la consolidation et peut favoriser les fractures itératives a l'ablation du matériel et surtout
une hypercroissance chez le jeune enfant. L'ablation du matériel nécessite une nouvelle
intervention parfois difficile. Elle peuvent être indiquées dans les fractures diaphysaires du grand
enfant et aussi chez les plus jeunes dans des cas particuliers (IMOC,traumatisé crânien.....)
1.2.3.2.4. L'EMBROCHAGE C E N T R O M E D U L L A I R E É L A S T I Q U E S TA B L E :
• Méthode française* d'utilisation récente constitue une technique de choix chez l'enfant.
• Des broches longues sont introduites par de très petits abord quasi percutanés en transosseux
et "montés" en centromedullaire pour transfixier le foyer qu'elles stabilisent de façon élastique. Il
préserve le périoste et donc le cal périosté, la vascularisation périphérique et l’hématome
périfracturaire.
• Il est indiqué pour les fractures diaphysaires des os longs chez les enfants en âge
prépubertaire.
1.2.3.2.5. L'ENCLOUAGE CENTRO-MÉDULLAIRE:
• Il n'a de place en traumatologie infantile que chez l'adolescent car il détruit les cartilages de
croissance .
1.2.3.2.6. LES F I X AT E U R S E X T E R N E S :
• Leurs types sont nombreux (Ilizarov, orthofix ,Hoffman ). Il permettent d'aligner et de stabiliser
un foyer de fracture tout en surveillant une lésion des parties molles associée.
1 . 2 . 4 . C O M P L I C AT I O N S
1.2.4.1. Immédiates
Syndrome de Volkman
• Initialement décrit au niveau du membre inférieur il est surtout à redouter au membre supérieur.
Il est la conséquence pluritissulaire (en premier nerfs, muscles) d'une ischémie due soit à
l'oedème circonscrit par les aponévroses soit par compression interne (déplacement
secondaire) ou externe (plâtre circulaire). Il doit être prévenu et dépisté avant l'apparition de
lésions irréversibles. La surveillance d'un enfant qui vient d'être plâtré est donc fondamendale.
Au début il se manifeste par des signes d'ischémie musculaire (froideur, douleur) et nerveuse
(paralysie, hypoesthésie).La surveillance permet un diagnostic précoce et un traitement urgent:
ouvrir largement le plâtre jersey compris et l’écarter ou mieux de l’enlever et vérifier l’absence
de cause d’ischémie (déplacement secondaire,....) si pas d'amélioration rapide aponévrotomie.
En l'absence de traitement précoce l'évolution se fait vers la rétraction fibreuse ou la nécrose
musculaire et séquelles nerveuses motrices et sensitives. A l'avant bras il entraîne une rétraction
des fléchisseurs.
90 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
V I . Tr a u m a t o l o g i e
Pr Louis Michel COLLET (Amiens)
Les pseudarthroses
• Elles sont exceptionnelles sauf dans certaines localisations (styloïde cubitale) . Elles peuvent
être le fait d'un dépériostage important , d'une infection, démasquer une pseudarthroses
congénitale ... . Le plus souvent il s'agit de simple retards de consolidation.
Thrombophlebites
• Elles sont exceptionnelles mais il faut les prévenir après la puberté surtout chez les
adolescentes sous contraceptifs oraux.
Raideurs
• Elles sont exceptionnelles chez l'enfant ,la rééducation n'a donc pas d'indication dans les cas
habituels chez l'enfant.
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 91
V I . Tr a u m a t o l o g i e
Pr Louis Michel COLLET (Amiens)
Syndromes algodystrophiques
• Ils sont beaucoup moins fréquents chez l’enfant que chez l'adulte. Ils peuvent entaîner
amyotrophie et ostéoporose. Ils sont l’apanage des filles pubères et leur traitement est analogue
à celui de l'adulte.
1.2.4.3. A distance
Séquelles fonctionnelles:
- La douleur rare, parfois douleurs météorologiques invoquées.
- La raideur résiduelle plus souvent après traitement chirurgical, elle peut avoir été
favorisée par une kinésithérapie intempestive.
2. Formes topographiques
2 . 1 . T R A U M AT I S M E S DU MEMBRE SUPÉRIEUR
2.1.1. FRACTURES D E L A C L AV I C U L E
92 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
V I . Tr a u m a t o l o g i e
Pr Louis Michel COLLET (Amiens)
• Le risque est la lésion du nerf radial au tiers moyen; rare lors du traumatisme ,mais à redouter
lors d'un abord chirurgical. Même déplacée on préférera donc un traitement orthopédique (Merle
d'Aubigné disait qu'elles consolident malgré le traitement) ou un embrochage élastique stable
centromédullaire à foyer fermé. Elles consolident en 6 semaines.
2.1.5. FRACTURES D E L A PA L E T T E H U M É R A L E
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 93
V I . Tr a u m a t o l o g i e
Pr Louis Michel COLLET (Amiens)
• C'est une fracture articulaire trans-épiphysaire (type IV de Salter) rare. Du fait de l'immaturité
squelettique le fragment apparaît plus petit qu'en réalité. Le déplacement peut être minime ,à
peine visible sur la radio de face mais décelé sur le profil ; ou déplacé. Les fractures non
déplacées peuvent justifier une simple immobilisation en prenant bien garde de déceler
précocement un éventuel déplacement secondaire. L'indication d'une réduction chirurgicale
avec fixation par broche complétée par une immobilisation plâtrée d'un mois est facilement
retenue. Le pronostic est globalement bon mais les complications possibles malgré un traitement
correct: déplacement sous plâtre, retard de consolidation, pseudarthrose. Les séquelles sont à
redouter: raideurs, déviations axiales, paralysie cubitale
• Ce sont des fractures graves par leurs complications, difficiles à traiter et qui doivent être
prises en charge en urgence. Les fossettes olécranienne et coronoïdienne constituent un point
de faiblesse. Le périoste habituellement conservé en arrière est utilisé comme moyen de stabilité
pour la réduction et l'immobilisation. Même en cas de très bonne réduction le comblement des
fossettes par le cal entraîne une limitation articulaire en flexion extension qui s'estompera avec
le remodelage par le cal et la croissance. La prescription de kinésithérapie est dangereuse avec
risque de raideur et d'ostéome du brachial antérieur.
2.1.5.3.1. CLINIQUE
• Clichés standards théoriquement de face et de profil en fait sous deux incidences orthogonales
en évitant les manipulations forcées pour la prise des clichés.
- Dans sa forme habituelle le trait passe au niveau des fossettes au dessus de
l'épitrochlée et de l'épicondyle. La forme haute plus rare. La forme basse est volontiers
observée chez les plus jeunes. Elles sont trompeuses détachant une lamelle osseuse
avec le massif cartilagineux elles peuvent faire penser à une fracture parcellaire
d'indication différente. Le décollement en masse de l’extrémité cartilagineuse de la
94 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
V I . Tr a u m a t o l o g i e
Pr Louis Michel COLLET (Amiens)
palette surtout chez le nourrisson. Elle simule sur la radiographie une luxation. Forme
mixte sus et intercondylienne associant les problèmes des fractures supracondyliennes
à ceux des fractures articulaires.
- Le déplacement. Sur le cliché de face on analyse la translation. Sur le cliché de profil
on analyse la bascule habituellement en arrière (extension) et le décalage
(déplacement rotationnel).
• On pourra ainsi définir 4 stades selon Judet:
- Stade I : fracture non déplacée.
- Stade II: fracture peu déplacée.
- Stade III: fracture déplacée avec trouble rotationnel mais persistance d'un contact entre
les fragments
- Stade IV: fracture à déplacement majeur sans contact entre les fragments.
2.1.5.3.3. TRAITEMENT
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 95
V I . Tr a u m a t o l o g i e
Pr Louis Michel COLLET (Amiens)
• C'est dire que le traitement des fractures supracondyliennes est avant tout orthopédique. La
stabilisation pouvant faire appel à un embrochage percutané complémentaire.
La réduction est réalisée sous anesthésie générale et contrôle scopique
Dans les stades II une simple mise en flexion Dans les stades III et IV elle se fait en trois temps :
- traction dans l'axe du membre
- réduction de la translation latérale
- correction de la bascule par rechaussement de l'épiphyse en se servant du périoste
postérieur comme charniére et hauban de stabilisation.
• Si la réduction est imparfaite il faut reprendre la séquence des trois temps en entier. En flexion
le foyer réduit est stable .
La stabilisation et la contention:
• La contention brachio-antibrachio-palmaire (en plâtre ou en résine) est indiquée soit d'emblée
dans les stades I soit en complément de la réduction et éventuellement embrochage dans les
autres stades.
• La contention en flexion (méthode de Blount). Partant du fait que le foyer réduit est stable en
flexion cette technique maintient le coude fléchi à l'aide d'un jersey fixé autour du cou au niveau
du poignet parfois par l'intermédiaire d'un gantelet platré. Elle peut être utilisée dans les stades
II, les stades III et avec beaucoup de prudence dans les stades IV. Cette technique ne doit pas
être utilisée en cas de trouble vasculaire ou nerveux, en cas de fracture en flexion, en cas
d’oedème important et en cas de stade IV instable.
• L'embrochage percutané (méthode de Judet). Le principe est de réduire la fracture et de la
stabiliser temporairement en flexion ce qui permet la mise en place de deux broches
condyliennes externes. La réduction ainsi fixée le membre peut être remis et immobilisé coude
à angle droit le temps de la consolidation. Le membre est immobilisé dans un appareillage
brachio-antibrachio-palmaire et maintenu contre le thorax par une écharpe ou un "Mayo-clinic".
Plâtre et broches sont enlevés à 5 semaines. Les montages en croix avec une des broches
internes sont réalisables au prix d'un abord chirurgical du fait du risque de lésion iatrique du nerf
cubital. Dans le cas habituel des fractures en extension cette méthode a peu d’intérêt dans les
stades I et II ou l'on préférera une immobilisation simple. Elle est habituellement réservée aux
stades III et IV.
• L'embrochage élastique stable descendant à partir de la partie proximale de l'humérus
transfixie le foyer sans traverser les parties molles contuses. Il peut être utilisé dans des mains
expertes dans les stades III et IV et permet de se dispenser de contention complémentaire.
• L'abord chirurgical est réservé a des cas peu fréquents de fractures compliquées.
2.1.5.3.4. LE T R A I T E M E N T D E S C O M P L I C AT I O N S :
• L'ouverture de la peau est rare souvent punctiforme et ne constitue pas une contre-indication
formelle au traitement orthopédique. La plaie est explorée, parée et suturée avant d’entreprendre
la réduction et la stabilisation.
• Les complications nerveuses sont assez fréquentes dans les fractures supracondyliennes et
par ordre de fréquence: médian, cubital et radial. Le bilan lésionnel est difficile et non fiable aux
urgences. Ce qui pose le problème de distinguer les lésions initiales des lésions survenues lors
du traitement. La gravité dépend selon qu'il s'agit d'une neurapraxie (continuité axonale
96 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
V I . Tr a u m a t o l o g i e
Pr Louis Michel COLLET (Amiens)
• Souvent elles sont associées à d'autres lésions (luxation, fr. de l'épitrochlée ou de l'olécrane).
Elles sont parfois graves par leurs séquelles . La vascularisation de la tête radiale est assez
proche de celle de la tête fémorale et le traitement intempestif de ces fractures peut entraîner
des nécroses de la tête. Elles surviennent en moyenne à l'âge de 10 ans et leur mécanisme est
indirect par télescopage du condyle et de la tête. La position de l'articulation au moment du
traumatisme va déterminer le déplacement. La tête étant cartilagineuse les fractures parcellaires
sont rares. L'épiphyse est solidement amarrée et les décollements épiphysaires purs sont rares
mais graves car pouvant être méconnus et entraînant des nécroses.
2 . 1 . 6 . 1 . Tr a i t e m e n t
Orthopédique:
• Réduction par manoeuvres externes atténuera une translation. Contention par appareil BABP.
Chirurgical:
• Poinçonnage percutané avec contrôle scopique atténuera la bascule
• Réduction chirurgicale avec poinçonnage sous contrôle de la vue fait courir un risque
vasculaire
• L'embrochage centromédullaire ascendant permet la réduction et la stabilisation à foyer
fermé donc théoriquement avec moins de risques vasculaires.
Ces différentes méthodes peuvent être associées. On peut retenir qu'il faut utiliser la technique
la moins traumatisante possible pour obtenir un résultat suffisant et acceptable . Il faut savoir se
contenter d'un petite bascule résiduelle plutôt que de risquer une nécrose.
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 97
V I . Tr a u m a t o l o g i e
Pr Louis Michel COLLET (Amiens)
• Leur pronostic de fractures bénignes reste vrai sous réserve d'une analyse rigoureuse qui
permettra un traitement adapté. Le tableau clinique est sans particularité et impose la
radiographie .Elles consolident en 5 semaines. Ce sont les plus fréquentes des fractures de
l'enfant. C'est l'atteinte du radius et du déplacement qui déterminera la catégorie et le type de
traitement.
Elles peuvent être classées en 4 catégories :
- Les fractures du radius épargnant le cartilage conjugal
- Les traumatismes du cartilage de croissance radial inférieur
- Les fractures isolées du cubitus
- Les fractures épiphysaires.
98 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
V I . Tr a u m a t o l o g i e
Pr Louis Michel COLLET (Amiens)
2 . 2 . T R A U M AT I S M E S DU MEMBRE INFÉRIEUR
2 . 2 . 1 . T R A U M AT I S M E S DU BASSIN ET DE LA HANCHE
• Elles sont en règle dues à des traumatismes violents d'ou la règle de les rechercher devant un
grave polytraumatisme.
2.2.1.1. Fractures du cotyle
Les traumatismes du cartilage en Y sont graves par les troubles de croissance qu'ils
entraînent, source d'incongruence articulaire. Initialement selon les lésions ils seront
traités par plâtre ,traction ou chirurgie.
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 99
V I . Tr a u m a t o l o g i e
Pr Louis Michel COLLET (Amiens)
• Elles sont fréquentes. La localisation au tiers moyen est la plus fréquente. Isolée chez le petit
enfant elle est volontiers observée dans le cadre d'un polytraumatisme chez le plus grand.
Le traitement dépend beaucoup de l'âge et d'éventuelles lésions associée.
2 . 2 . 2 . 1 . Tr a i t e m e n t o r t h o p é d i q u e
• Le plâtre d'emblée pelvipédieux proposé chez le petit nécessite une technique et une
surveillance rigoureuse. Il sera réalisé avec anesthésie générale avec réduction du foyer.
• Les tractions collées au zénith chez le petit ( avant 6 ans) ou dans d'autres positions (dans le
plan du lit, sur attelle de Boppe,...).Elles seront poursuivies pendant 3 semaines puis relayées
par plâtre. Elles nécessitent une surveillance rigoureuse (risque de syndrome de loge par
traction ou serrage des bandes excessif).Les contraintes économiques d'hospitalisations
longues poussent à utiliser de plus en plus le plâtre d'emblée.
100 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
V I . Tr a u m a t o l o g i e
Pr Louis Michel COLLET (Amiens)
2 . 2 . 3 . T R A U M AT I S M E S DU GENOU
• Qu'elle soit au niveau de l’extrémité inférieure du fémur ou de l'extrémité supérieure du tibia elle
répond aux mêmes impératifs: de type Salter I ou II, pouvant menacer le paquet vasculo-nerveux
poplité. Ou type III et IV réalisant des fractures articulaires. Le traitement doit stabiliser le foyer
obligeant le plus souvent une fixation chirurgicale tout en respectant le cartilage de croissance.
Chez le grand adolescent à faible potentiel de croissance restant on peut toutefois préférer le
traverser pour privilégier la stabilité du montage.
2.2.3.2. Les fractures du massif des épines tibiales
• Elles doivent être évoquées devant une hémarthrose et reconnues sur la radiographie de profil.
Le traitement après évacuation de l’hémarthrose est le plus souvent chirurgical.
2.2.3.3. Les fractures d'arrachement de la tubérosité antérieure du tibia
• Elles risquent d'être méconnues avant son ossification (4 à 6 ans). Elles réalisent un tableau de
rupture de l'appareil extenseur qui doit être reconnu malgré l'hémarthrose. Déplacées ce sont
des fractures articulaires qui doivent être opérées.
2.2.3.5. Les fractures ostéochondrales
• Elles accompagnant volontiers les luxations de rotule. Elles risquent d'être méconnues le
fragment étant surtout cartilagineux et donc radiotransparent. L'indication thérapeutique
dépendra surtout des constatations arthroscopiques.
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 101
V I . Tr a u m a t o l o g i e
Pr Louis Michel COLLET (Amiens)
2.2.4. LÉSIONS C A P S U L O L I G A M E N TA I R E S D U G E N O U
• Ces lésions peuvent intéresser les ailerons rotuliens , les ligaments latéraux et les ligaments
croisés.Ces lésions sont toutefois trés rares chez le petit enfant mais non exceptionnelles chez
le préadolescent et l’adolescent.
2.2.4.1. Les lésions des ligaments croisés
• L’aileron rotulien interne est lésé dans les luxations de rotules ce qui impose le cas échéant une
immobilisation par genouillère plâtrée.
2.2.4.3. Lésions du ligament latéral interne
• Elles se traduisent par une douleur sur le trajet du ligament. Le traitement par une genouillère
plâtrée 3 semaines autorisant la marche est en règle suffisant.
• Les ménisques peuvent se révéler pathologiques très tôt chez l’enfant. Chez les tout petits il
s’agit des manifestations pathologiques de ménisques malformatifs ou atypiques notamment
discoïdes externes. Ces ménisques peuvent entraîner des symptomatologies de dérangement
interne (blocages, pertes des derniers degrés d’extension).
• Les lésions méniscales de l’adolescent sportif sont sans particularité et le tableau clinique est
analogue à celui rencontré chez l’adulte. L’amyotrphie mesurée à la cuisse est chez l’enfant un
très bon signe objectif de dérangement du genou mais n’est pas spécifique.
• Les fractures de jambe sont assez proches de celles de l'adulte dans leur description clinique
et radiologique qui est sans particularité tout du moins en ce qui concerne les fractures
diaphysaires des deux os.
• D'autres types sont propres à l'enfant.
- Les fractures diaphysaires du tibia avec péroné intact qui favorisent les déplacements
secondaires en valgus sous plâtre.
- Les fractures de la métaphyse supérieure du tibia. Elles se caractérisent par leur évolution
en quelques mois vers un valgus progressif même si la réduction a été parfaite. Cette évolution
est prévisible et il faudra en avertir la famille. Le valgus parfois important diminuera ensuite
progressivement spontanément en quelques années si le potentiel de croissance restante est
suffisant .Il faudra savoir en convaincre les parents et bien se garder de se laisser influencer à
tenter une chirurgie correctrice.
102 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
V I . Tr a u m a t o l o g i e
Pr Louis Michel COLLET (Amiens)
Exceptionnelles chez les petits les entorses de chevilles sont l’apanage des grands enfants. Leur
tableau clinique est analogue aux entorses de l’adulte..
• Le traitement des entorses bénignes peut faire appel au strapping. Le plus souvent compte
tenu du terrain particulier qu’est l’enfant (turbulent, peu de risques de phlébites ni de raideurs,
reprise fonctionnelle rapide....) il sera mis en place une botte plâtrée de marche pour 3 semaines
avec relai par quelques séances de rééducation proprioceptives (si nécessaire).
3. Formes étiologiques
• Elles posent le problème de leur diagnostic étiologique si la fracture est révélatrice. Difficultés
d'indication et de traitement .Souvent il s'agit de kyste osseux essentiel que la fracture peut
guérir, mais parfois tumeur maligne.
3.3.2. OS DÉMINÉRALISÉ
• Les fractures sur os fragilisé: IMOC ou autre affections neurologiques (spina, polyo), infection,
lors de traitement de maladies malignes (os radiothérapé,..), après immobilisation ou ablation
ostéosynthèse, ...
3.3.3. OSTÉOGENÈSE I M PA R FA I T E :
3 . 3 . 4 . M A L T R A I TA N C E *
• Les enfants maltraités sont des enfants victimes de la part de leurs parents ou des personnes
en ayant la garde, soit de brutalités volontaires ou d'une absence délibérée de soins entraînant
des lésions physiques ou des troubles de l'état général. Selon le Haut Comité de la Santé
*Chapitre rédigé par le Dr P. TOUSSAINT (Amiens)
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 103
V I . Tr a u m a t o l o g i e
Pr Louis Michel COLLET (Amiens)
Publique, les mauvais traitements seraient responsables de 600 décès par an en France. Un
garçon sur 10 et une fille sur 8 seraient victimes d'abus sexuels et 40 000 enfants sont chaque
année signalés et pris en charge par la Justice ou l'Aide Sociale à l'Enfance.
3.3.4.1. Manifestations cliniques
Lésions traumatiques
• Ce sont les plus visibles et les plus accessibles au diagnostic. Il s'agit d'ecchymoses ou
d'hématomes de localisations multiples (tronc, région lombaire, visage, des griffures, des
morsures, des coups de ceinture) laissant des traces tout à fait caractéristiques, des lésions
endobuccales ou des organes génitaux externes peuvent être secondaires à des mauvais
traitements ; des brûlures par ébouillantement surtout au niveau du siège ou des brûlures par
cigarette peuvent également entrer dans ce cadre. L'existence d'une alopécie demande une
interprétation particulière. Les fractures sont fréquentes chez le nourrisson, le plus souvent
d'origine accidentelle. Les signes cliniques sont le plus souvent peu importants. Le cas le plus
classique est celui du syndrôme de Silverman qui associe des fractures multiples d'âge différent,
négligées avec parfois des aspects particuliers d'arrachement métaphysaire, de décollement
périosté expliquant alors le mécanisme traumatisant (étirement de membres, torsions,
manipulations brutales). L'hématome sous-dural est la forme la plus grave des lésions
traumatiques mettant en jeu le pronostic vital. Des lésions viscérales peuvent également
compliquer des contusions thoraciques ou abdominales.
• Le diagnostic des lésions traumatiques est difficile mais les rapporter à des mauvais
traitements est souvent moins aisé et nécessite de la part du médecin une grande vigilance. La
suspicion se fonde sur :
* l'amélioration sans rechute des lésions à l'hôpital, ce qui est surtout vrai pour les
hématomes et les ecchymoses(le diagnostic différentiel avec un trouble de la coagulation peut
se poser),
* la discordance entre les constatations cliniques et les explications fournies par les
parents,
* le retard d'hospitalisation d'un enfant gravement traumatisé,
* la notion d'hospitalisation antérieure pour traumatisme mal expliqué ou d'autres
négligences (intoxication médicamenteuse),
* le comportement des parents à l'égard de l'enfant (désintéressement, surinvestissement).
Dénutrition. Hypotrophie staturo-pondérale. Nanisme psychosocial.
• Les enfants victimes de dénutrition isolée sont surtout de jeunes enfants. La reprise
spectaculaire du poids après quelques jours d'hospitalisation évoque rapidement une carence
alimentaire. Les carences chroniques sont exceptionnelles amenant à un nanisme psychosocial
avec absence de réponse à l'hormone de croissance. Ce diagnostic doit toujours être porté
uniquement après un bilan éliminant une cause organique de retard de croissance (bilan digestif
et endocrinien).
Les troubles du comportement
• Des troubles du comportement peuvent être observés dans différentes circonstances : lors
d'une consultation médicale, de la visite d'un travailleur social au domicile, dans une structure
de garde pour enfants (crèche - assistante maternelle) enfin en milieu scolaire. Différents
aspects de troubles du comportement ont été isolés :
104 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
V I . Tr a u m a t o l o g i e
Pr Louis Michel COLLET (Amiens)
* avidité affective anormale avec attachement excessif et indistinct pour toute personne en
contact avec lui,
* enfant provocateur, hyperactif, opposant, à la recherche de coups,
* retard psychomoteur avec indifférence, hébétement et retard massif des acquisitions
motrices.
• Le diagnostic de sévices quelqu'en soit la forme est loin d'être évident. L'essentiel est
d'essayer de les repérer suffisamment tôt pour éviter les formes les plus graves amenant parfois
le décès de l'enfant. Cela nécessite un fonctionnement en réseau à la fois médical, social,
psychosocial et éventuellement judiciaire. C'est la communication entre ces différents groupes
qui permet l'évaluation et la décision la plus appropriée à la protection de l'enfant.
3.3.4.2. Le cadre juridique
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 105
V I . Tr a u m a t o l o g i e
Pr Louis Michel COLLET (Amiens)
• En cas de doute, c'est-à-dire de suspicion de violence à enfants, il faut aviser soit l'assistante
sociale de secteur qui peut se livrer à une enquête de voisinage et exercer une surveillance
rapprochée, soit le médecin de protection maternelle infantile ou le médecin inspecteur
départemental de la Direction de l'Action Départementale de l'Action Sanitaire et Sociale, soit
l'Espace de l'Enfant à l'Aide Sociale à l'Enfance. Toutes ces personnes ayant qualité d'aviser le
cas échéant le Procureur de la République.
• En cas de présomption grave, précise et concordante de sévices, l'hospitalisation est souvent
nécessaire et le signalement auprès des autorités judiciaires (Substitut des mineurs auprès du
Procureur de la République, Juge pour enfants) est indispensable. Il est souhaitable de tenir les
parents informés de la démarche. En revanche, le médecin doit limiter son action au diagnostic
en se gardant de toute investigation qui sont au mieux menées par les services sociaux et la
justice.
4 . Tr a u m a t i s m e s c r â n i e n s *
• Dans les pays développés, les accidents représentent la cause principale des décès des
enfants et des adolescents. Environ un tiers de ces décès sont dus à des traumatismes crânio-
cérébraux, causés à part égale par des accidents de la voie publique et des accidents
domestiques.
4.1. PARTICULARITÉS A N AT O M I Q U E S E T P H Y S I O L O G I Q U E S D U N O U R R I S S O N
• Le crâne du nourrisson est mou et déformable. Un enfoncement crânien transitoire peut être
la cause de lésions sous-jacentes. L'élasticité du crâne fait cependant que l'énergie du choc
sera en grande partie absorbée et non transmise au cerveau. Par ailleurs, cette élasticité
explique les enfoncements crâniens en bois vert du nouveau-né.
• Il n'existe pas de gouttière osseuse en regard des artères méningées. Ces artères sont
moins souvent rompues que chez l'adulte. La déformation du crâne peut cependant induire des
rupture de veines émissaires à l'origine d'un hématome extra-dural sans fracture visible.
• La dure-mère joue un rôle important dans l'ostéogenèse du crâne. Ceci explique la
possibilité de lésion osseuse évolutive lorsque les méninges sont lésées (fracture évolutive).
• La masse sanguine d'un nourrisson est assez faible pour qu'un hématome intracrânien ait
des répercussions hémodynamiques, ce qui n'est jamais le cas chez l'adulte ou le grand enfant.
• L'importance du secteur liquidien extra-cellulaire et sa mobilité, chez l'enfant, expliquent la
rapidité des symptômes liés à l'oedème cérébral, tant dans leur installation que dans leur
disparition.
106 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
V I . Tr a u m a t o l o g i e
Pr Louis Michel COLLET (Amiens)
4.2. MÉCANISME E T N AT U R E D E S L É S I O N S C R Â N I O - E N C É P H A L I Q U E S
4.2.1. MÉCANISMES
• Les 2 mécanismes principaux des lésions traumatiques crânio-encéphaliques sont la
déformation (élément principal chez le nourrisson) et l'accélération/décélération. Les
phénomènes d'accélération/décélération sont à l'origine de déplacements cérébraux à l'intérieur
du crâne qui génèrent des lésions par distorsion au niveau de la substance blanche et/ou du
tronc cérébral, et de lésions lobaires focales par impact des hémisphères sur les reliefs osseux
internes du crâne.
4.2.2. LES L É S I O N S A N AT O M I Q U E S
• Contusions du scalp, plaies du scalp doivent être rapidement traitées ou suturées en raison
de leur risque hémorragique surtout chez le nourrisson. Le contrôle de la vaccination
antitétanique est systématique.
• La bosse séro-sanguine peut être volumineuse. Elle se présente comme un épaississement
des parties molles non arrêté par les sutures.
• Le céphalhématome ou hématome sous-périosté est localisé à un os de la voûte, s'arrêtant
au niveau des sutures. Il peut donner à la palpation une impression d'enfoncement et faire
diagnostiquer à tort une embarrure.
• Les fractures linéaires de la voûte paraissent souvent plus importantes que chez l'adulte. Elles
peuvent s'associer à des disjonctions des sutures. Leur pronostic est bon. Il est cependant utile,
chez le nourrisson, de réaliser un cliché de contrôle à 2 mois pour dépister une fracture évolutive.
• Les embarrures réalisent des enfoncements plus ou moins importants. L'existence de
manifestations cliniques dépend de leur importance et de leur localisation. 23% des embarrures
s'accompagnent de dommages cérébraux sous-jacents. Les embarrures en balle de ping-pong
sont caractéristiques des traumatismes obstétricaux (forceps, spatule).
• Les fractures de la base du crâne peuvent siéger au niveau de la paroi postérieure du sinus
frontal, des masses latérales de l'ethmoïde, du corps du sphénoïde, du rocher. Elles peuvent
poser 2 sortes de problèmes:
- Les lésions des nerfs crâniens ou des axes vasculaires traversant la base du crâne (nerf
optique, nerf facial, artère carotide)
- Une mise en communication des cavités aériennes de la base avec l'endocrâne
pouvant être à l'origine de rhinorrhée, d'otorrhée, et de pneumocéphalie, et entraînant
un risque de méningite.
• Les plaies crânio-cérébrales, par ouverture du scalp, de l'os et de la dure-mère, imposent un
parage chirurgical d'urgence et une antibiothérapie.
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 107
V I . Tr a u m a t o l o g i e
Pr Louis Michel COLLET (Amiens)
108 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
V I . Tr a u m a t o l o g i e
Pr Louis Michel COLLET (Amiens)
4 . 3 . AT T I T U D E P R A T I Q U E D E P R I S E E N C H A R G E D E VA N T U N T R A U M A T I S M E
C R Â N I E N D E L ' E N FA N T
• 3 grands tableaux peuvent être rencontrés: le traumatisme crânien bénin, le coma d'emblée,
l'aggravation secondaire.
• L'enfant est conscient à son arrivée. Il peut avoir présenté une perte de connaissance initiale
brève. L'examen neurologique est normal. Il n'existe pas de lésion associée. Un état d'apathie
ou d'agitation, des vomissements, des pleurs, sont fréquents et sans grande signification. Ils
disparaissent une fois l'enfant rassuré.
• L'hospitalisation de tous les enfants n'est pas réalisable ni nécessaire.
Une surveillance en milieu hospitalier (vigilance, pupilles, déficit) de 48 heures doit être
proposée
- lorsqu'il existe une perte de connaissance initiale
- lorsque les radiographies du crâne montrent un trait de fracture. Chez le nourrisson, outre
la surveillance clinique, la réalisation d'un hématocrite lors de l'arrivée aux urgences, 3 heures,
12 heures et 24 heures plus tard permet de dépister une lésion hémorragique intracrânienne
secondaire (hématome extra-dural), dont la première manifestation est la spoliation sanguine.
-quand il n'existe ni perte de connaissance ni trait de fracture, les facteurs socio-familiaux sont
essentiels. Si le milieu social est inconnu ou défavorable, l'hospitalisation est nécessaire. Devant
un entourage familial intelligent, habitant à proximité de l'hôpital et comprenant les consignes, la
surveillance à domicile est préférable.
• Dans ces cas, des gestes de première urgence doivent être réalisés, permettant d'assurer à
l'enfant un état ventilatoire et hémodynamique satisfaisant.
Coma léger
• Le traumatisme entraîne une perte de connaissance initiale dont l'enfant se réveille mal. Le
scanner doit être réalisé. Il peut être normal. Il met souvent en évidence des lésions modérées:
petite contusion oedémateuse ou hémorragique, lame d'hématome sous-dural. Parfois il existe
un hématome extra-dural qui devra être opéré. Le transfert dans un service de neurochirurgie
est justifié. Le traitement repose essentiellement sur la restriction hydrique.
Coma grave
• L'enfant présente souvent des troubles végétatifs, la réactivité se fait en décérébration
(hypertonie en extension aux 4 membres) ou en décortication (hypertonie en flexion des
membres supérieurs, en extension des membres inférieurs).
• Le scanner révèle souvent des lésions étendues ou multiples: contusions hémorragiques,
hématome sous-dural aigu, œdème cérébral sans lésion hémorragique, hématome intra-
cérébral, œdème ou hémorragie du tronc cérébral.
• Le transfert dans un service de neurochirurgie est nécessaire. Le traitement repose sur la
ventilation assistée, le coma thérapeutique, les antiœdémateux. La mise en place d'une mesure
continue de la pression intracrânienne est souvent nécessaire.
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 109
V I . Tr a u m a t o l o g i e
Pr Louis Michel COLLET (Amiens)
• Toute aggravation secondaire doit faire évoquer la possibilité de survenue d'un hématome
extra-dural et faire pratiquer ou renouveler un scanner cérébral.
L'hématome extra-dural
• Chez le nourrisson et le petit enfant, le tableau classique (perte de connaissance initiale,
intervalle libre, aggravation secondaire avec déficit controlatéral à la fracture puis mydriase
homo latérale et bradycardie) n'est pas toujours net. L'intervalle libre est rarement clairement
présent et peut parfois être de plusieurs jours. La bradycardie peut être remplacée par une
tachycardie liée à la spoliation sanguine. L'apparition des symptômes est souvent brutale et la
décompensation neurologique très rapide.
• La chirurgie est indiquée en urgence, associée à la correction de la spoliation sanguine.
L'hématome sous dural aigu
• Il est souvent liée à la rupture au cortex d'un foyer de contusion hémorragique. L'aggravation
secondaire survient sur un tableau de coma d'emblée. Le scanner permet d'apprécier ce qui est
du, dans l'aggravation au caractère oedémateux de la contusion initiale, ou à l'hématome sous
dural. L'indication opératoire est portée en fonction de l'importance de cet hématome.
• Il s'agit d'un geste difficile, l'évacuation de l'hématome étant souvent suivie d'une hernie
cérébrale due à la contusion et pouvant rendre nécessaire un geste plus ou moins étendu de
résection cérébrale.
La contusion ou l'attrition oedémateuse
• Certaines lésions cérébrales primaires peuvent dans un second temps se comporter comme
des processus expansifs oedémateux. Lorsqu'elles sont lobaires et situées en zone non
fonctionnelle, elles peuvent parfois être redevables d'une lobectomie.
Embarrures
• Les fractures avec enfoncement doivent être opérées afin d'une part de supprimer la
compression éventuelle qu'elles entraînent sur le cerveau et d'autre part de s'assurer de
l'intégrité de la dure-mère. Le geste peut, dans la majorité des cas, être différé de quelques
jours.
• Chez le nouveau-né, l'enfoncement en balle de ping-pong doit être levé avant le 10éme jour
car il a ensuite tendance à se fixer.
Fractures de la base du crâne
• Elles sont suspectées lorsqu'il existe un hématome en lorgnette , un épistaxis ou
éventuellement une rhinorrhée, au niveau de l'étage antérieur, lorsqu'il existe un hématome rétro-
auriculaire, une otorragie ou une otorrhée, au niveau du rocher.
Il existe un risque de méningite justifiant la mise en route dés la prise en charge d'une
antibiothérapie par l'amoxicilline.
• L'existence d'un écoulement de L.C.R. nécessite la réalisation d'un scanner avec fenêtres
osseuses afin de visualiser la brèche. Il doit être traité par ponctions lombaires déplétives et
acétazolamide. La chirurgie est nécessaire en cas d'échec du traitement médical.
110 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
VII
Infections ostéoarticulaires
Pr Joël LECHEVALLIER (Rouen)
P our l'internat
P o u r e n s a vo i r p l u s
BÉRARD J. Infections osseuses et articulaires du nouveau né et du nourrisson. in
Orthopédiatrie 3. Paris. L'expansion scientifique. 1994:113-128.
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 111
VII. Infections ostéoarticulaires
P r J o ë l L E C H E VA L L I E R ( R o u e n )
• Les infections des os et des articulations de l'enfant prennent des visages bien différents selon
qu'elles touchent un nourrisson ou un adolescent, la métaphyse fémorale inférieure ou la hanche.
Toutefois, quel que soit leur mode de révélation, il faut savoir que le retard thérapeutique pourra
être très cher payé. Les conséquences d'un tel retard iront du trouble de croissance à la
destruction du cartilage articulaire, laissant autant de séquelles définitives qui pourront peser
sur toute la vie socioprofessionnelle de l'adulte. Un traitement précoce en revanche donne à
l'enfant toutes ses chances de guérison complète. C'est dire que les infections ostéoarticulaires
sont des urgences thérapeutiques et que leur diagnostic repose sur la recherche et la
reconnaissance de signes cliniques qui sont parfois très discrets.
• Une ostéomyélite est une infection de l'os. Elle peut être aiguë ou devenir chronique.
• Une arthrite est une infection de l'articulation.
• Une ostéoarthrite est une infection conjointe de l'os et de l'articulation.
• Une spondylodiscite est une infection conjointe du disque intervertébral et des corps
vertébraux adjacents.
1. Généralités
1.1. ÉPIDÉMIOLOGIE
• Les arthrites septiques sont deux fois moins fréquentes que les ostéomyélites.
1 . 2 . PAT H O G É N I E
• A partir d'une porte d'entrée apparente ou non le germe responsable passe dans le sang, et
provoque un état de bactériémie. Il lui est alors possible de "nider" dans les lacs sanguins
métaphysaires (la où le flux sanguin se ralentit selon certains auteurs) ou dans la synoviale des
articulations. Si les défenses immunitaires sont conjoncturellement affaiblies, cette situation
laisse libre cours au développement du germe (ostéomyélite ou arthrite). C'est ainsi qu'est
entretenue la bactériémie responsable de localisations multiples comme on le voit
particulièrement chez le nouveau-né ou le nourrisson.
• Le staphylocoque doré est impliqué dans 80 à 90% des cas d'infection chez le grand enfant.
Avant 5 ans de nombreux autres germes peuvent être retrouvés: Streptocoque, Hæmophilus
influenzæ, Pneumocoque, Pseudomonas æruginosa, Kingella kingæ…
2. L'ostéomyélite aiguë
2 . 1 . L O C A L I S AT I O N
• Cinquante pour cent des ostéomyélites aiguës (O.M.A.) se développent à proximité du genou
(métaphyses fémorale inférieure et tibiale supérieure). Il est classique de dire qu'elles se
développent près du genou et loin du coude, c'est à dire proches des cartilages de croissance
les plus fertiles.
112 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
VII. Infections ostéoarticulaires
P r J o ë l L E C H E VA L L I E R ( R o u e n )
2 . 2 . PAT H O G É N I E
• L'ischémie réalisée se complique d'un œdème qui fuse à l'extérieur de la métaphyse et décolle
le périoste privant le secteur de ses dernières ressources vasculaires et aggravant l'ischémie.
2.2.3. LA S U P P U R AT I O N
• Le développement des germes, combattus par les leucocytes produit un abcès qui s'étend
progressivement par contiguïté.
2.2.4. L'EXTENSION
• Si le traitement est trop tardif ou inefficace, la suppuration diffuse à l'articulation adjacente
(ostéoarthrite). Cette diffusion est facilitée quand l'insertion de la capsule sur la métaphyse la
place en position intra-articulaire.
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 113
VII. Infections ostéoarticulaires
P r J o ë l L E C H E VA L L I E R ( R o u e n )
2.3.1. MODE D E R É V É L AT I O N
• De plus en plus fréquemment c'est sur un mode progressif que s'installe le tableau douloureux.
L'enfant se plaint d'une douleur dans la région du genou, plus ou moins précise dans sa
topographie. Cette douleur est responsable d'une boiterie qui inquiète les parents et les amène
à consulter.
2.3.2. EXAMEN CLINIQUE
La seule suspicion du diagnostic impose que l'enfant soit rapidement confié en milieu de
spécialité chirurgicale pour que les explorations complémentaires soient organisées sans
retarder la mise en route du traitement.
2.4. EXAMENS C O M P L É M E N TA I R E S
2.4.1. BIOLOGIE
• Le bilan infectieux recherche une hyperleucocytose à polynucléaires neutrophiles, une
accélération de la vitesse de sédimentation, une augmentation du taux de C.R.P. et
114 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
VII. Infections ostéoarticulaires
P r J o ë l L E C H E VA L L I E R ( R o u e n )
d'orosomucoïdes. Malheureusement, aucun test n'est bien sûr spécifique et leur normalité - bien
que rare- est possible.
• L'enquête bactériologique est essentielle. Il faut traquer le germe pour parvenir à l'identifier.
Hémocultures, prélèvement des foyers périphériques et ponction métaphysaire réalisée sous
anesthésie générale permettront son isolement et la réalisation d'un antibiogramme.
2.4.2. IMAGERIE
• La radiographie du genou est bien sûr demandée. Elle est habituellement normale au début.
Elle recherche une petite plage de déminéralisation localisée. Plus tard apparaîtra une
apposition périostée témoignant de l'abcès sous périosté.
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 115
VII. Infections ostéoarticulaires
P r J o ë l L E C H E VA L L I E R ( R o u e n )
Scintigraphie osseuse chez la même fillette de 8 ans présentant une ostéomyélite de l'extrémité
inérieure du fémur gauche (cliché de face postérieure)
2.4.1.1. Aigu
• Le classique "coup de tonnerre dans un ciel serein" de l'ostéomyélite aiguë hématogène est
devenu rare. Il n'en est pas moins caractéristique, associant une très violente douleur ("fracture
sans fracture") d'apparition brutale accompagnée d'un tableau infectieux sévère (Fièvre à 39° ou
40°, frissons). Le diagnostic est ici évident. Il n'y a pas de place pour la discussion. Le traitement
est urgent.
2.4.1.2. Chronique
• Le tableau clinique est proche. Son installation est moins violente et plus ancienne. C'est la
radiographie qui fait découvrir une lacune osseuse. On craint devant une telle image soit une
pathologie tumorale primitive ou secondaire, soit un granulome éosinophile. C'est la biopsie dont
un fragment est toujours mis en culture qui apporte le diagnostic d'abcès de Brodie.
116 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
VII. Infections ostéoarticulaires
P r J o ë l L E C H E VA L L I E R ( R o u e n )
• Toute localisation osseuse est possible au niveau d'une métaphyse (col fémoral, extrémité
inférieure du radius…), d'une apophyse (grand trochanter), d'un os court ou plat (clavicule,
calcaneum), voire exceptionnellement d'une épiphyse. Le caractère profond de l'os atteint peut
le rendre inaccessible à l'examen clinique. Les examens complémentaires ont alors plus que
jamais une grande importance. Quand la métaphyse est intra-articulaire (col fémoral, extrémité
supérieure du radius, extrémité supérieure de l'humérus), la diffusion en arthrite septique est
précoce.
• La localisation au rachis réalise une discite ou une spondylodiscite. Le vrai signe d'appel
clinique est un rachis raide et douloureux. Avant d'attribuer des douleurs rachidiennes à la
croissance il est indispensable de tester sa souplesse en appréciant la distance mains sol. Le
contexte infectieux est très inconstant. La scintigraphie est un examen de débrouillage essentiel
qui orientera le radiologue pour la réalisation de ses coupes scanner. L'Imagerie par Résonance
Magnétique est en train de supplanter ces 2 examens en apportant simultanément le diagnostic
positif et le diagnostic topographique.
• Avant de craindre qu'un diagnostic différentiel de l'O.M.A. ne vous échappe il faut d'abord
craindre de ne pas penser à ce diagnostic ou de tarder à mettre en route le traitement.
Néanmoins il faudra savoir évoquer et, le cas échéant rechercher:
- Une localisation osseuse d'une hémopathie ou d'une tumeur maligne (en particulier
neuroblastome ou néphroblastome). L'examen clinique recherche une tumeur abdominale. La
numération formule sanguine, voire le médullogramme seront utiles. Si la scintigraphie osseuse
montre plusieurs foyers de fixation, on suspectera d'autant plus une telle hypothèse. Au
maximum, c'est une biopsie osseuse qui pourra amener au diagnostic.
- Une tumeur osseuse maligne peut au début de son évolution n'avoir que peu de signes
osseux. La tumeur des parties molles est recherchée. La scintigraphie montre aussi une
hyperfixation. Au moindre doute le scanner ou l'I.R.M. sont demandés et une biopsie peut être
pratiquée.
- Un granulome éosinophile (histiocytose X) peut aussi prendre le même masque. La
recherche d'autres localisations est essentielle (crâne, rachis, autres membres). Comme pour
une tumeur osseuse c'est la biopsie qui permettra de conclure.
- Une Ostéo Myélite Chronique Récidivante (O.M.C.R, S.A.P.H.O.) peut débuter par une
localisation à la clavicule typiquement mais aussi dans toute région métaphysaire. Si, comme
cela est habituel chez l'enfant, le cortège clinique de l'adulte est absent, c'est la biopsie qui fera
le diagnostic.
- Les autres diagnostics sont plus bénins et ne sont retenus qu'après élimination des
premiers: "douleur de croissance", maladie d'insertion, algodystrophie…
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 117
VII. Infections ostéoarticulaires
P r J o ë l L E C H E VA L L I E R ( R o u e n )
3. L'arthrite
3.1. ÉPIDÉMIOLOGIE
Quatre vingt pour cent des arthrites septiques (A.S.). touchent la hanche et le genou, le genou
étant lui-même 2 fois plus atteint que la hanche. Un enfant sur 2 est âgé de moins de 3 ans.
3 . 2 . P H Y S I O PAT H O L O G I E
Que la contamination soit hématogène ou qu'elle se fasse par contiguïté, c'est la synoviale,
richement vascularisée, qui est atteinte initialement, libérant germes et produits sanguins dans
l'articulation. L'augmentation de volume du pus aura des conséquences mécaniques et
histochimiques.
Quelques heures après le début de l'infection, l'afflux des leucocytes s'accompagne d'une
libération d'enzymes protéolytiques dans le liquide synovial aboutissant à la destruction de la
structure collagène du cartilage articulaire. A terme, c'est une véritable chondrolyse que l'on
peut être amené à observer.
Le processus infectieux diffuse ensuite à l'épiphyse puis à la métaphyse. Il franchit le cartilage
de croissance. Si un trop grand nombre de cellules de la couche germinative de la physe est
atteint, une épiphysiodèse peut survenir. Elle est de pronostic d'autant plus sévère que l'enfant
est jeune et que l'atteinte est étendue.
Par ailleurs, l'hyperpression intra-articulaire comprime les vaisseaux à destination épiphysaire.
L'ischémie qui en résulte fait apparaître des zones d'ostéolyse visibles sur les radios. Elle peut
intéresser une plus grande partie de l'épiphyse (particulièrement au niveau de la hanche) et
atteindre le cartilage de croissance.
Ainsi, l'arthrite septique a-t-elle deux origines principales :
- primitive, elle débute au niveau de la synoviale et diffuse d'abord au cartilage
épiphysaire, puis au noyau osseux, voire dans les formes graves à la métaphyse. C'est
à cette forme que nous intéresserons ici.
- secondaire, elle débute au niveau métaphysaire et le germe arrive à l'articulation soit
directement quand la métaphyse est intra-articulaire, soit après avoir traversé la plaque
de croissance chez le nourrisson.
L'ADOLESCENT
3.3.1. MODE D E R É V É L AT I O N
De même que pour l'O.M.A. c'est une douleur, une boiterie voire un refus d'appuis qui vont
amener à consulter.
• La raideur de l'articulation est pratiquement constante mais de gravité très variable. Il est
fréquent de constater un pseudo-blocage articulaire provoqué par la douleur et la crainte de
l'enfant à toute mobilisation.
• On recherche une augmentation de la chaleur locale, un œdème, ou un épanchement
articulaire (choc rotulien). La fièvre n'est pas constante.
118 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
VII. Infections ostéoarticulaires
P r J o ë l L E C H E VA L L I E R ( R o u e n )
Il est habituel de rechercher une porte d'entrée voisine ou à distance. L'interrogatoire retrouve
parfois un antécédent d'infection rhinopharyngée dont le traitement est à peine achevé. Ici
encore le risque de décapitation d'un germe est important.
3.4. EXAMENS C O M P L É M E N TA I R E S
3.4.1. BIOLOGIE
• Elle n'a rien de différent de celle de l'O.M.A.
• C'est la bactériologie et elle seule qui permet de faire la preuve du diagnostic et d'adapter au
mieux le traitement en qualité et en durée. La ponction articulaire est donc urgente et prioritaire
avant la mise en route du traitement. Les hémocultures et les prélèvement périphériques ne
seront pas oubliés.
3.4.2. IMAGERIE
• La radiographie standard n'apporte rien au début. Les appositions périostées métaphysaires
sont observées à un stade évolué, quand l'arthrite s'est transformée par contiguïté en
ostéoarthrite.
• L'échographie est inutile pour affirmer l'existence d'un épanchement cliniquement évident. Elle
recherche un décollement périosté des métaphyses voisines témoignant de la présence d'un
abcès sous périosté dont on peut faire la ponction.
• La scintigraphie met en évidence une hyperfixation précoce au niveau de l'articulation qui
disparaît au temps tardif. Une hypofixation épiphysaire (au temps tardif) fait craindre une
souffrance en rapport avec une ischémie.
Elle est la localisation la plus fréquente chez le nouveau-né et le nourrisson. Sur le plan
physiopathologique il faut savoir que la diffusion de l'infection au travers du cartilage de
croissance est très rapide chez le nourrisson. Toute arthrite ou ostéomyélite évolue rapidement
en ostéoarthrite. Bien que le staphylocoque soit le plus fréquemment responsable, de nombreux
autres germes sont aussi impliqués: streptocoque, pneumocoque, hæmophilus influenzæ,
pseudomonas æruginosa, Kingella kingæ, flore urinaire ou intestinale, voire gonocoque…
3 . 5 . 1 . 1 . Ta b l e a u c l i n i q u e
Le diagnostic clinique est rendu difficile par la position profonde de l'articulation, d'une part et
par le fait que le nourrisson présente souvent une pathologie "lourde" (il s'agit souvent de
prématurés…) pour laquelle il est en réanimation néonatale, d'autre part. Pour la même raison il
est souvent déjà sous antibiothérapie, malheureusement pas toujours efficace contre le germe
responsable. C'est avant tout les vagissements de l'enfant lors de changes qui est observée par
la maman ou le personnel paramédical. Au minimum c'est une réduction des mouvements du
membre, qui devra éveiller l'attention avant de conclure, comme cela arrive parfois à une
monoplégie d'une infirmité motrice cérébrale…
L'ostéoarthrite peut au pire passer totalement inaperçue et n'être diagnostiquée que quelques
années plus tard devant des séquelles typiques.
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 119
VII. Infections ostéoarticulaires
P r J o ë l L E C H E VA L L I E R ( R o u e n )
• Il s'agit d'une localisation souvent méconnue, dont le diagnostic est fait de façon très retardée.
La douleur retrouvée à la palpation des interlignes sacro-iliaques, et à la mise en compression
des ailes iliaques sont pourtant caractéristiques. La scintigraphie osseuse et le scanner sont de
précieux examens complémentaires qui permettent de poser le diagnostic. La ponction de
l'articulation sous anesthésie majore les chances d'isoler un germe.
3.5.2.2. Autres localisations
• Les éléments du diagnostic clinique sont identiques à ceux de l'arthrite septique du genou.
L'échographie est précieuse quand l'articulation est profonde (épaule) ou quand l'épanchement
est difficile à apprécier cliniquement (cheville, poignet, coude).
• L'atteinte du nourrisson est grave car son diagnostic est souvent retardé. Les séquelles sont
alors redoutables.
• De même que pour les O.M.A. l'important est d'abord de penser et d'éventuellement traiter une
arthrite.
- Le rhume de hanche est plus fréquent que l'arthrite. La douleur est habituellement
moindre, le syndrome infectieux absent, l'épanchement articulaire est moins échogène. Dans le
doute mieux vaut faire une ponction articulaire.
- Un rhumatisme infantile peut débuter au niveau de toute autre articulation que la hanche.
L'antécédent d'un épisode équivalent sur une autre articulation (ou a fortiori sur la même
articulation) et l'aspect du liquide de ponction seront une précieuse orientation.
- Une sanguine dans une forme fruste peut éventuellement être révélée de cette façon
(hémophilie, maladie de Willebrand).
- Toute autre pathologie abarticulaire peut théoriquement être évoquée. La vérification
échographique que la réalité d'un épanchement et sa ponction permettront de clarifier la
situation.
120 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
VII. Infections ostéoarticulaires
P r J o ë l L E C H E VA L L I E R ( R o u e n )
4. Complications
4 . 1 . AT T E I N T E DU CARTILAGE DE CROISSANCE
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 121
VII. Infections ostéoarticulaires
P r J o ë l L E C H E VA L L I E R ( R o u e n )
4 . 2 . AT T E I N T E DU CARTILAGE ARTICULAIRE
122 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
VII. Infections ostéoarticulaires
P r J o ë l L E C H E VA L L I E R ( R o u e n )
c
Chondrolyse post infectieuse
Garçon de 9 ans qui présente un tableau typique d'arthrite septique de hanche gauche
dont le traitement est mis en route avec 48 heures de retard (a).
Malgré l'évolution clinique favorable, à 2 mois on observe
un début de pincement articulaire (b). A 7 mois l'interligne est totalement détruit (c).
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 123
VII. Infections ostéoarticulaires
P r J o ë l L E C H E VA L L I E R ( R o u e n )
5 . Tr a i t e m e n t
• Quel que soit l'âge de l'enfant, il repose sur le même trépied: évacuation du pus,
immobilisation, antibiothérapie.
• Mais on ne peut ignorer le traitement préventif de toute infection:
- Le soin des lésions superficielles bien entendu
- Mais surtout l'hygiène draconienne que nous devons tous respecter en milieu
hospitalier et particulièrement dans les maternités et les services de néonatalogie
médicale ou chirurgicale, lavage de mains répété avant chaque contact avec un
patient, aseptie des soins. Il s'agit d'une question de responsabilité individuelle à
laquelles les étudiants hospitaliers n'échappent pas!
5.1. DRAINAGE
• Selon la localisation, il s'agira de l'évacuation d'un abcès, de la ponction et du lavage d'une
articulation, voire d'une arthrotomie ou d'une arthroscopie qui permettront un drainage le plus
efficace possible des fongosités et du pus. Ces gestes sont éventuellement répétés au début de
l'évolution.
5 . 2 . I M M O B I L I S AT I O N
• L'inflammation et la douleur sont au mieux calmées par l'immobilisation du membre atteint. Il
faudra donc selon la situation:
- Mettre l'enfant en traction collée, qui permet de contrôler l'évolution clinique de la
hanche.
- Confectionner un plâtre qui sera rapidement bivalvé pour les mêmes raisons.
- Ne pas hésiter à réaliser une contention pelvipédieuse chez le tout petit même pour
une infection de la région du genou. La cuisse est en effet courte et potelée et un
cruropédieux ne permet pas une bonne immobilisation.
• De plus en plus souvent, le dogme de l'immobilisation est remis en question. Celle-ci est
souvent retirée dès que la phase d'inflammation est passée.
5.3. L'ANTIBIOTHÉRAPIE
• Son utilisation a révolutionné le traitement des infections ostéoarticulaires. Son efficacité est
d'autant meilleure que le germe a été identifié et que l'antibiotique utilisé a une bonne pénétration
osseuse.
• Au début il faut choisir une double antibiothérapie probabiliste parentérale. Celle-ci est
adaptée secondairement en fonction des résultats de l'antibiogramme.
• La durée du traitement est modulée en fonction du germe, de l'importance initiale de l'infection,
de l'évolution clinique immédiate sous traitement, de l'évolution des paramètres biologiques.
Ainsi le traitement parentéral ne doit pas durer moins de 8 jours, souvent plus, et il est relayé par
un traitement oral dont il faudra bien veiller à s'assurer qu'il est bien pris et bien résorbé (ni
vomissement ni diarrhée). Le contrôle du pouvoir bactéricide du sérum est souvent utile.
124 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
VIII
Infirmité motrice d'origine cérébrale
Pr G.F. Penneçot (Paris)
—2
••• ☛ Les conséquences mécaniques de l'infirmité motrice d'origine cérébrale
P our l'internat
P o u r e n s a vo i r p l u s
Amiel Tison C. , Grenier A. , La surveillance neurologique au cours de la première
Bourrillon A., Dehan M., & coll., Pédiatrie pour le praticien, Masson, Paris, 1996.
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 125
VIII. Infirmité motrice d'origine cérébrale
P r G . F. P E N N E Ç O T ( P a r i s )
• L’infirmité motrice cérébrale est la conséquence d’une lésion cérébrale pré, per ou post natale
non évolutive. Elle consiste en un trouble moteur pouvant s’accompagner d’atteintes sensorielles
(visuelles ou acoustiques), et d’atteinte des fonctions supérieures (langage, spacialisation,
gnosies).
• On distingue en France l’infirmité motrice cérébrale (IMC) chez l’enfant dont les capacités
intellectuelles sont présumées normales et l’infirmité motrice d’origine cérébrale (IMOC)
lorsqu’existe une déficience mentale. Il parait plus judicieux de regrouper l’ensemble de ces
pathologies comme le font les anglo saxons sous le terme de « cerebral palsy » (CP).
Pour reconnaitre une infirmité motrice d’origine cérébrale il faut connaitre les différentes étapes
du développement psycho moteur normal du nourrisson et de l’enfant.
1. Développement psychomoteur
1.1. LE NOURRISSON
1 . 1 . 1 . 1 . To n u s d e s m e m b r e s
• Le tonus passif des membres est apprécié par différentes manoeuvres qui sont en régle
évaluées en mesurant les angles formés par différents segments de membre.
* Angle des adducteurs formé par l’angle des deux membres inférieurs écartés et en
extension. Il est de 30° à la naissance et de plus de 70° au delà de 6 mois.
* Angle talon oreille formé entre les membres inférieurs et le tronc lorsque l’on porte les
2 membres inférieurs réunis vers l’oreille. Il est de 100° chez le nouveau né et de 150° chez un
enfant de 9 mois
* Angle poplité formé par l’angle de la jambe sur la cuisse au maximum d’extension du
genou lorsque la cuisse est fléchie de 90° sur le bassin. Il traduit le tonus des muscles ischio
jambiers. Il est de 100° chez le nourrisson de 2 mois et de 160° à 9 mois.
* Angle de dorsi flexion du pied entre l’axe longitudinal du pied et l’axe de la jambe. Il
est de 0° chez le nouveau né et de 60° à 1 an.
* Manoeuvre du foulard consistant à tirer la main de l’enfant vers l’épaule opposée et à
repérer la position du coude par rapport à la ligne médiane.
1 . 1 . 1 . 2 . To n u s d u t r o n c
126 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
VIII. Infirmité motrice d'origine cérébrale
P r G . F. P E N N E Ç O T ( P a r i s )
* Position assise. Entre 5 et 6 mois acquisition d’une position assise avec apuui en avant
complémentaire des bras. A 8 - 9 mois la position assise sans appui complémentaire est
acquise.
* Redressement global des membres inférieurs et du tronc chez un enfant maintenu en
position verticale. Présent jusqu’à 2 mois, il disparait ensuite. Puis on constate vers 7-8 mois une
succession de mouvements de flexion extension des membres inférieurs, vers 9-10 mois une
station stable debout maintenu, enfin vers 11 - 12 mois une station stable debout sans appui.
1.1.1.3. Gesticulation spontanée
* Les réflexes archaïques. Ils disparaissent dans les mois qui suivent la naissance. Leur
persistance au delà de 5 mois doit être considérée comme pathologique.
* Les réflexes ostéotendineux sont acquis au cours des premiers mois de la vie.
* Les réactions posturales aux pulsions. Acquisition de la réaction à la pulsion latérale en position
assise vers 7 - 9 mois. Réaction parachute vers 7 - 9 mois. La constation d’une asymétrie de
réaction lors de ces deux manoeuvres est un bon signe de dépistage d’une hémiplégie fruste.
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 127
VIII. Infirmité motrice d'origine cérébrale
P r G . F. P E N N E Ç O T ( P a r i s )
• Il est marqué par le perfectionnement des acquisitions antérieures. Nous ne donnerons que
quelques points de repère.
1.2.1. LA MOTRICITÉ
* A 24 mois l’enfant monte seul un escalier. Il peut faire du tricycle et donner un coup de pied
dans un ballon.
1.2.2. LA PRÉHENSION
128 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
VIII. Infirmité motrice d'origine cérébrale
P r G . F. P E N N E Ç O T ( P a r i s )
chez l’IMC marchant ou déambulant dont parfois l’état orthopédique va se dégrader tout au long
de la croissance sous l’effet de contraintes mécaniques anormales. Nous étudierons les
anomalies que l’on peut rencontrer segment par segment en distinguant les anomalies osseuses
et donc architecturales et les anomalies musculo tendineuses.
2.2. LE TRONC
•Au cours des premières années de vie, des modifications importantes vont survenir au niveau
de l’architecture des hanches. La verticalisation va s’accompagner d’une diminution du flessum
de hanche sous l’effet conjugué du renforcement des grands fessiers et de la diminution du
tonus des fléchisseurs de hanche.
• Le cotyle est initialement peu recouvrant, l’angle acétabulaire est ouvert et le talus peu
développé. S’il existe une bonne congruence tête fémorale cotyle permettant une répartition
homogéne des pressions sur l’ensemble de la surface cotyloïdienne le cotyle se développera
normalement sous l’effet de la croissance du cartilage en Y et des noyaux du toit. L’angle
acétabulaire diminue et le talus se développe.
• L’extrémité supérieure du fémur va également se modifier. L’angle cervico diaphysaire diminue
de même que l’antéversion qui était importante à la naissance.
• Seule une morphologie normale fémorale et cotyloïdienne permettra de donner le maximum
d’efficacité aux groupes musculaires qui s’y insérent. Toute modification des contraintes
s’exercant au niveau de la hanche au cours de son développement risque d’aboutir à des
modifications architecturales préjudiciables (coxa valga, dysplasie cotyloïdienne, excès
d’antéversion, luxation pathologique de hanche). L’analyse des perturbations les plus souvent
rencontrées et de leurs conséquences est une bonne approche pour préciser les modalités d’un
traitement préventif.
2.3.1. DANS L E P L A N F R O N TA L
• C’est le couple adducteurs / abducteurs de hanche qui est déséquilibré. La prédominance des
adducteurs est habituelle, le membre inférieur est en adduction. Les forces qui s’appliquent sur
le fémur se décomposent en forces d’excentration et d’ascencion. Ainsi la pression exercée sur
le cotyle par la tête fémorale n’est plus uniforme mais prédomine au contraire sur sa partie
supéro externe. La croissance cotyloïdienne est donc perturbée, le cotyle va se verticaliser et la
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 129
VIII. Infirmité motrice d'origine cérébrale
P r G . F. P E N N E Ç O T ( P a r i s )
2.3.2. DANS L E P L A N S A G I TA L
• Il est normal qu’au cours des premiers mois les fléchisseurs soient prédominants.
Progressivement les extenseurs vont se renforcer et équilibrer l’action des fléchisseurs
permettant la verticalisation. Lors de celle ci la tête fémorale va venir s’appuyer sur la capsule
en avant car le col fémoral est très antéversé chez le nourrisson. C’est probablement le
mécanisme essentiel expliquant la diminution de l’antéversion qui se produit. En cas de retard
de verticalisation l’antéversion du col fémoral persiste en raison de l’absence de pression sur la
face antérieure de la tête. Ce n’est pas le seul mécanisme de l’excès d’antéversion constatée
chez bon nombre d’enfants IMC sévéres mais il s’agit vraisemblablement du mécanisme
expliquant sa non régression.
2.3.3. DANS L E P L A N H O R I Z O N TA L
• Un déséquilibre se produit le plus souvent au profit des rotateurs internes. L’excès de rotation
interne de hanche est lié à l’activité ou à la rétraction du droit interne. Il a pour conséquence de
mettre en rotation interne la hanche et ainsi d’accentuer la pression sur la face postérieure de la
tête fémorale. Ceci entraine vraisemblablement une accentuation de l’angle d’antéversion sur ce
col fémoral en croissance.
• La mesure de l'excès d'antéversion des cols fémoraux se fait facilement cliniquement sur un
patient en décubitus ventral genou fléchi. Lorsque l'on porte en rotation interne la hanche l'angle
d'antéversion est l'angle fait par l'axe de la jambe et la verticale au moment où le grand
trochanter est le plus saillant.
• En fait chez l’enfant IMC les déséquilibres au niveau de la hanche ne sont pas purs, le
déséquilibre rencontré est la somme de déséquilibres dans les trois plans aboutissant à une
attitude fréquente en flexion, adduction et rotation interne à l’origine de la tendance à la luxation.
2.4. GENOUX
• Chez le nourrisson la prédominance des fléchisseurs de genoux explique le flessum constaté
ainsi que la valeur de l’angle poplité. La diminution du tonus des ischio jambiers et le
renforcement du quadriceps vont permettre l’obtention de l’extension totale et la verticalisation.
Chez l’enfant IMC spastique, les ischio jambiers garderont un tonus important et parfois se
contracteront à un mauvais moment (cocontractions). Une attitude en flexion de genou va
s’installer, et peut aboutir à une véritable rétraction (flessum de genou). Cette rétraction retentit
130 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
VIII. Infirmité motrice d'origine cérébrale
P r G . F. P E N N E Ç O T ( P a r i s )
aussi bien sur le bassin que sur le genou car il s’agit de muscles biarticulaires. Chez l’enfant IMC
marchant ce flessum aura pour conséquence une contraction trop importante du quadriceps lors
de la phase d’appui. Ainsi se crée un cercle vicieux comportant contraction du quadriceps,
allongement progressif du tendon rotulien, ascension rotulienne, inefficacité relative du
quadriceps (présence d’un angle mort d’extension du genou). La flexion du genou lors de la
marche va donc progressivement s’aggraver.
• Il est difficile de les étudier dans leur globalité et pour la clarté de l'exposé nous avons préféré
les étudier individuellement tout en répétant que la conduite thérapeutique doit tenir compte de
la totalité des problémes rencontrés.
• Nous distinguerons les problèmes liés aux déformations squelettiques et ceux liés à la
pathologie musculo tendineuse. Pour chacun de ces problémes nous essaierons d'en étudier la
cause, les conséquences et les thérapeutiques éventuelles à proposer.
* Condition de la naissance
* Développement psycho moteur et état des acquisitions
* Etat actuel de la fonction (marche, déambule)
3.1.2. EXAMEN CLINIQUE
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 131
VIII. Infirmité motrice d'origine cérébrale
P r G . F. P E N N E Ç O T ( P a r i s )
3.1.4. RADIOGRAPHIES
* Rachis : scoliose, cyphose, cyphoscoliose
* Bassin :
- obliquité pelvienne
- luxation ou subluxation de hanche
- dysplasie cotyloïdienne
- coxa valga
* Pied :
- varus, valgus
- cassure de la médiotarsienne
- hallux valgus
• Les problèmes orthopédiques rencontrés chez l'IMC marchant différent de ceux rencontrés
chez le non marchant. Le but de la prise en charge de ces enfants est:
* au minimum de conserver la fonction acquise
* au mieux d'améliorer la marche en facilitant son déroulement et en essayant d'en diminuer le
cout énergétique.
• Rappelons que la marche normale implique:
* la stabilité lors de la phase d'appui
* l'absence d'accrochage du pied lors de la phase oscillante
* le bon positionnement du pied à la fin de la phase oscillante qui permet le déroulement
normal lors de la phase d'appui
* une longueur de pas correcte
* enfin et surtout la conservation de l'énergie pour que la marche soit la plus économique
possible.
• La marche de l'enfant IMC se caractérise par la perte d'une ou de plusieurs de ces
caractéristiques précedemment définies. Il importe de les identifier et de comprendre pourquoi.
• L'examinateur doit:
* identifier les anomalies (musculaires, tendineuses, osseuses)
* identifier les différents sièges de ces anomalies
* étudier chaque articulation dans les 3 plans de l'espace
* distinguer l'anomalie périphérique primitive des anomalies secondaires
• Il ne faut pas isoler dans l'analyse des troubles de la marche une articulation. En effet toute
modification de la fonction au niveau d'une articulation va entrainer des mécanismes de
compensation au niveau des articulations adjacentes. Agir au niveau de ces compensations
risquent d'aboutir à une aggravation de la démarche. Il est donc essentiel de distinguer
l'anomalie initiale des phénoménes de compensation. La correction de l'anomalie initiale peut
suffir à corriger l'ensemble des troubles.
• Prenons l'exemple d'un enfant qui présente un pied équin. Au cours de la marche l'équin géne
pour le passage du pas lors de la phase oscillante. L'enfant peut compenser cette géne soit par
un mouvement de fauchage, soit en fléchissant de façon exagérée la hanche et le genou. La
correction du pied équin permettra de faire disparaitre les phénomènes de compensation. Par
contre une mauvaise analyse de la marche de l'enfant peut aboutir à une correction de l'excès
132 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
VIII. Infirmité motrice d'origine cérébrale
P r G . F. P E N N E Ç O T ( P a r i s )
de flexion de la hanche et du genou. Dans ce cas l'échec est assuré et la chirugie pratiquée
ne fera qu'aggraver la situation.
• Reconnaitre le trouble de la démarche, analyser à chaque niveau et dans les 3 plans de
l'espace le trouble dynamique sont essentiels pour permettre de distinguer les troubles
périphériques dits primitifs des troubles secondaires de compensation.
3.2. LES D É F O R M AT I O N S S Q U E L E T T I Q U E S
• Il s'agit de déformations acquises conséquences des stimulations anormales subies par les
pièces osseuses en croissance. Elles apparaissent progressivement au fil de la croissance.
Certaines peuvent être relativement précoces telle l'excès d'antéversion des cols fémoraux (il
s'agit en fait de l'absence de correction de l'antéversion importante existant à la naissance),
d'autres sont plus tardives (rotation externe du squelette jambier, déviation en varus ou valgus
du pied....).
• Leur impact sur la marche est souvent sous estimé. Il faut bien comprendre que toute
modification de l'architecture osseuse retentit sur la longueur des bras de levier. L'action
musculaire est la résultante de la force exercée par un muscle multipliée par la longueur du bras
de levier. Avec une force musculaire inchangée mais avec un bras de levier plus court, le
moment au niveau d'une articulation diminue. En voici 2 exemples:
* En cas d'excès d'antéversion des cols fémoraux, l'équilibre latéral sous la dépendance
du moyen fessier dépend de l'orientation de la hanche. Si les rotules sont au zénith, le col est
orienté de façon importante vers l'avant, la distance entre le point d'insertion du moyen fessier
(grand trochanter) et le centre de la tête fémorale est plus courte que lorsque le col est orienté
dans le plan frontal. Le moment est donc diminué et la bascule latérale du tronc est augmentée.
L'enfant préferera marcher rotules en dedans en rotation interne pour améliorer son équilibre
latéral.
* Lorsque le pied est dévié en valgus, le point d'appui de la force d'extension du pied est
situé plus près de l'articulation de la cheville. Le moment d'extension est diminué. La correction
de la mauvaise orientation du pied permettra de redonner un moment de flexion plantaire normal.
• Ainsi toute déviation osseuse doit être non seulement reconnue, mais aussi analysée pour
connaitre le retentissement qu'elle entraine sur la fonction, en raisonnant en terme de longueur
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 133
VIII. Infirmité motrice d'origine cérébrale
P r G . F. P E N N E Ç O T ( P a r i s )
de bras de levier.
• Les déformations osseuses les plus rencontrées sont les troubles de torsion des membres
inférieurs et les déformations des pieds.
• Nous avons vu que l'excés d'antéversion entraine une marche en rotation interne de hanche
pour permettre de conserver un bras de levier suffisant au moyen fessier. Ainsi au moins
initialement le pied se positionne en dedans. La conséquence au niveau du pied est la
diminution relative du bras de levier du triceps. De plus la marche en rotation interne est plus
aisée si l'on fléchit le genou. Une conséquence plus tardive est la compensation en rotation
externe du squelette jambier qui permet au moins initialement de positionner le pied dans l'axe
de progression.
TÉNOTOMIE DU MUSCLE DROIT INTERNE QUI EST CONSIDÉRÉ PAR BEAUCOUP COMME L'UN DES MOTEURS ESSENTIELS DE
3.2.1. LA R O TA T I O N E X T E R N E E X C E S S I V E D U S Q U E L E T T E J A M B I E R
• Elle apparait plus tardivement chez l'enfant IMC. C'est habituellement un moyen de
compensation de la rotation interne de hanche excessive pour permettre de positionner
correctement le pied dans l'axe de progression. Elle est conséquence d'une force anormale
s'exercant sur le cartilage de croissance tibial inférieur. Sur le plan dynamique la conséquence
de cet excès de rotation externe du squelette jambier est la diminution du moment de flexion
plantaire. En effet comme nous l'avons vu, le point d'appui du pied lors de la seconde partie de
la phase d'appui se trouve plus près de la cheville, le bras de levier est donc diminué. Lors de
l'analyse de la marche on constate que le couple flexion plantaire-extension du genou est
diminué. C'est une des causes participant à la genèse de la marche en triple flexion.
Traitement L'INDICATION D'UNE CORRECTION DE CET EXCÈS DE ROTATION EXTERNE DU SQUELETTE JAMBIER
EST L'INSTABILITÉ QU'ELLE PEUT ENGENDRER LORS DE LA PHASE D'APPUI ET LA CONSTATATION DE SON RETENTISSEMENT
SUR LE MOMENT DE FLEXION PLANTAIRE. LA DÉVIATION EN VALGUS DU PIED QUI PEUT L'ACCOMPAGNER NE FAIT
QU'AGGRAVER LE PHÉNOMÈNE. SA CORRECTION DANS LE MÊME TEMPS PEUT ÊTRE JUGÉE NÉCESSAIRE.
LA CORRECTION CHIRURGICALE SE FAIT HABITUELLEMENT PAR UNE OSTÉOTOMIE SUPRA MALLÉOLAIRE DU TIBIA ASSOCIÉE
3.3.3. LE P I E D VA L G U S
• C'est une dénomination incompléte de la déformation qui associe le plus souvent un certain
degré d'équin de l'arrière pied, un valgus et une "cassure" dans la médiotarsienne (Articulation
de Chopant). La résultante sur la fonction de ces différentes anomalies est:
- un pied en rotation externe par rapport à l'axe de progression
- une diminution du moment de flexion plantaire
- un certain degré d'instabilité
134 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
VIII. Infirmité motrice d'origine cérébrale
P r G . F. P E N N E Ç O T ( P a r i s )
• Tous ces phénomènes peuvent aboutir par leur seule présence à une marche en flexion avec
béquille car le triceps est devenu incapable de controler la progression en avant du tibia lors
de la phase d'appui.
Traitement SON BUT EST DE RÉTABLIR UNE ARCHITECTURE ET UNE ORIENTATION NORMALES DU PIED AFIN
D'AMÉLIORER LES PERFORMANCES.
3.2.4. LE P I E D VA R U S
• Tout comme le pied valgus, il s'agit d'une déformation liée initialement à des troubles de la
balance musculaire, à des rétractions, mais qui aboutit à une véritable déformation des pièces
osseuses. Il entraine à la marche une instabilité liée à l'appui sur le bord externe du pied.
Traitement COMME POUR LE PIED VALGUS LE TRAITEMENT COMPORTE PLUSIEURS ÉTAPES FONCTION DE SON
IMPORTANCE ET DE L'ÂGE DE L'ENFANT.
- ENFIN CHEZ L'ADOLESCENT UNE DOUBLE ARTHRODÈSE PEUT RÉGLER LE PROBLÈME DÉFINITIVEMENT.
3.2.5. L'HALLUX VA L G U S
• Cette déformation osseuse du gros orteil est souvent ignorée. Elle est conséquence des
mêmes mécanismes que la torsion tibiale externe et le pied valgus. Elle est source de douleurs
liées aux conflits dans la chaussure.
Traitement LES INTERVENTIONS CLASSIQUES SUR LES PARTIES MOLLES VOIRE UNE CHIRURGIE OSSEUSE
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 135
VIII. Infirmité motrice d'origine cérébrale
P r G . F. P E N N E Ç O T ( P a r i s )
• Nous nous limiterons à la spasticité qui est l'anomalie de tonus la plus souvent rencontrée. Elle
est lié à une lésion du faisceau pyramidal.
* LA RÉÉDUCATION ET LES ATTELLES DE MAINTIEN NOCTURNE NE TRAITENT PAS VÉRITABLEMENT LA SPASTICITÉ MAIS QUI
ESSAYENT DE PALLIER À SES CONSÉQUENCES.
MUSCLE CORRESPONDANT. SON ACTION EST TEMPORAIRE. CERTAINS LUI REPROCHENT LE CARACTÉRE DOULOUREUX DE
* LA NEUROCLASIE OU LA NEUROTOMIE ONT LE MÊME BUT. ELLES PERMETTENT PAR VOIE CHIRURGICALE D'ÉCRASER LE
POUR CES DEUX MÉTHODES LA PARALYSIE REMPORAIRE DU MUSCLE DOIT PERMETTRE PAR LA RÉÉDUCATION DE GAGNER SUR
LA LONGUEUR MUSCULAIRE ET DE RENFORCER SES ANTAGONISTES.
* L'INJECTION DE TOXINE BOTULIQUE VISE ÉGALEMENT LE MÊME BUT. ELLE EST INDOLORE ET PEUT ÊTRE RÉPÉTÉE. SON
UTILISATION EN FRANCE EST MALHEUREUSEMENT TRÈS LIMITÉE EN RAISON D'UNE RÉGLEMENTATION TRÈS RESTRICTIVE ET
D'UN COÛT TRÈS ÉLEVÉ.
CES 3 MÉTHODES PERMETTENT D'AGIR DE FAÇON LOCALISÉE SUR UN MUSCLE DONT LA SPASTICITÉ EST PARTICULIÈREMENT
GÉNANTE. DANS TOUS LES CAS LEUR ACTION EST TEMPORAIRE ET PERMET DE PASSER UN CAP OU DE RETARDER UNE
* LA RHIZOTOMIE SÉLECTIVE PERMET DE SECTIONNER UN CERTAIN NOMBRE DE CONTINGENTS MOTEURS AU NIVEAU DES
NERFS. SON ACTION EST DÉFINITIVE. SON RISQUE EN DEHORS DE LA NON RÉVERSIBILITÉ EST D'AFFAIBLIR DE FAÇON
TROP IMPORTANTE LE MUSCLE. L’HYPONEUROTISATION PALLIE THÉORIQUEMENT À CE RISQUE MAIS PAR CONTRE DES
PHÉNOMÈNES DE RÉINERVATION DE PROXIMITÉ ONT ÉTÉ DÉCRITS.
LE CHOIX DU PATIENT EST ESSENTIEL. CETTE TECHNIQUE EST ENCORE PEU EMPLOYÉE EN FRANCE. L'INDICATION IDÉALE
SÉPARER.
LA RHIZOTOMIE PERMET D'AMÉLIORER L'AMPLITUDE DES MOUVEMENTS ARTICULAIRES, ELLE AMÉLIORE LA VITESSE DE
DÉPLACEMENT ET LA LONGUEUR DU PAS. DE PLUS ELLE DIMINUE LE COÙT ÉNERGÉTIQUE LORS DE LA MARCHE.
• Les rétractions doivent être distinguées de l'hypertonie musculaire. Elles sont responsables
d'une limitation de la mobilité articulaire. Elles sont secondaires aux attitudes vicieuses liées au
déséquilibre musculaire. Elles seront recherchées à chaque articulation en prenant garde aux
rétractions des muscles bi articulaires (droit interne, ischio jambiers, jumeaux....). Elles risquent
136 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
VIII. Infirmité motrice d'origine cérébrale
P r G . F. P E N N E Ç O T ( P a r i s )
LORSQU'ELLES SONT INSTALLÉES CERTAINES PEUVENT CÉDER PAR DES ÉTIREMENTS ET DES POSTURES EN RÉÉDUCATION. IL
FAUT NÉANMOINS GARDER À L'ESPRIT QUE CES GESTES DE RÉÉDUCATION NE SONT PAS SANS INCONVÉNIENTS SUR LA
ÉGALEMENT LES CONSÉQUENCES POUR NE PAS ENTRAINER D'HYPERCORRECTION POUVANT METTRE EN JEU LA FONCTION
• Deux muscles peuvent être en cause essentiellement: le muscle psoas et le droit antérieur qui
est un muscle biarticulaire.
• La rétraction ou l'hypertonie du psoas est responsable d'une marche en triple flexion
(crouch gait des anglosaxons),associée à une hyperlordose. La rétraction est mise en
évidence en examinant l'enfant en décubitus dorsal, genou étendu passivement et membre
inférieur controlatéral en flexion jusquà annuler l'hyperlordose. Lors de la marche elle est
responsable d'un défaut d'extension en fin de phase d'appui. La section des fibres tendineuses
du psoas au niveau de la branche ilio pubienne permet son allongement. Une section complète
risquerait d'entraver la fonction car le psoas est un muscle moteur puissant de la marche.
Mobilité de hanche
50
FLEXION
40
30
20
10
10 EXTENSION
20
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 137
VIII. Infirmité motrice d'origine cérébrale
P r G . F. P E N N E Ç O T ( P a r i s )
40
-10
MOMENT PHYSIOLOGIQUE :
Le vecteur poids se situe soit en avant soit en arrière de l'articulation de la hanche. Suivant sa
situation il entraine une flexion ou une extension de hanche par un phénomène purement
mécanique
• La rétraction ou l'hypertonie du droit antérieur participent à la flexion de hanche. La ténotomie
haute du droit antérieur permet d'y pallier. Mais la rétraction du droit antérieur peut entrainer
également des conséquences au niveau du genou, nous y reviendrons.
138 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
VIII. Infirmité motrice d'origine cérébrale
P r G . F. P E N N E Ç O T ( P a r i s )
• C'est également une des causes de la démarche en triple flexion. Il existe une limitation de
l'extension de genou hanches fléchies à 90° (augmentation de l'angle poplité). A l'analyse de la
marche elle se traduit par une limitation de l'extension du genou au moment du contact initial, au
milieu de la phase d'appui et parfois par une limitation de l'extension de hanche en fin de phase
d'appui.
Traitement LE TRAITEMENT DÉPEND DE L'ÂGE DE L'ENFANT. CHEZ LE PLUS JEUNE LA RÉÉDUCATION, LES
ATTELLES DE POSTURE ET LES INJECTIONS LOCALES (ALCOOLISATION OU TOXINE BOTULIQUE) DOIVENT ÊTRE EMPLOYÉES.
CHEZ LE PLUS GRAND UN GESTE CHIRURGICAL PEUT ÊTRE NÉCESSAIRE. SOIT ALLONGEMENT DES ISCHIO JAMBIERS
INTERNES, SOIT ALLONGEMENT DES ISCHIO JAMBIERS INTERNES ET EXTERNES SI L'ATTEINTE EST PLUS SÉVÈRE NOTAMMENT
CHEZ L'ADOLESCENT. CERTAINS ONT PRÉCONISÉ UNE INTERVENTION DE EGGERS (TRANSFERT D'UNE PARTIE DES ISCHIO-
JAMBIERS INTERNES SUR LES COQUES CONDYLIENNES). CETTE INTERVENTION A POUR BUT DE TRANSFORMER LES ISCHIO-
JAMBIERS EN MUSCLES MONO ARTICULAIRES EN NE CONSERVANT QUE LEUR ACTION D'EXTENSEUR DE HANCHE. CETTE
INTERVENTION EST ACTUELLEMENT MOINS UTLISÉE, ON LUI REPROCHE COMME LE MONTRE L'ANALYSE DE LA MARCHE DE
LIMITER LA FLEXION DE HANCHE ET LA LONGUEUR DU PAS. PAR AILLEURS IL A ÉTÉ MONTRÉ QUE LA "RÉTRACTION DES
ISCHIO-JAMBIERS EST EN FAIT MOINS FRÉQUENTE QU'ON NE LE PENSE. EN EFFET LORS DE LA MARCHE EN TRIPLE FLEXION
AVEC IMPORTANTE BASCULE DU BASSIN LES ISCHIO-JAMBIERS PEUVENT EN FAIT ÊTRE PLUS LONG QU'À L'ÉTAT DE REPOS
EN RAISON DE LA SITUATION TRÈS EN ARRIÈRE DE L'ISCHION SUR UN BASSIN TRÈS ANTÉVERSÉ. DANS CE CAS
L'ALLONGEMENT DES ISCHIO-JAMBIERS RISQUE D'ABOUTIR À L'EFFET INVERSE EN NE S'OPPOSANT PLUS À LA TENDANCE
AU FLESSUM DE HANCHE.
Mobilité
70
60
FLEXION
50
40
30
20
10
0
EXTENSION
10
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
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VIII. Infirmité motrice d'origine cérébrale
P r G . F. P E N N E Ç O T ( P a r i s )
GENOU
60 50 20
40 30 0
30 10 -20
Ext
0 -10 -10
0 35 50 75 100
Ext
% du cycle de marche
-20
• Le muscle droit antérieur est un muscle biarticulaire, pontant les articulations de la hanche et
du genou. Outre son action de fléchisseur de hanche, son action anormale va retentir de
plusieurs façons sur l'articulation du genou.
• - Sa rétraction peut conduire à un allongement progressif du tendon rotulien. Dans ce cas, la
course du muscle quadriceps est modifiée, l'extension active du genou est incomplète (il existe
un angle mort), la marche se fait en flexion progressivement croissante. La ténotomie du droit
antérieur, l'abaissement de rotule et le raccourcissement du tendon rotulien permettent la
correction de ce trouble.
• - Son activité anormale notamment pendant la phase oscillante de la marche limite la flexion
normale du genou et donc géne le passage du pas ("stiff knee gait" des anglo saxons). La
traduction cinématique est: la diminution de la flexion de genou lors de la phase oscillante , un
pic de flexion du genou retardé et une diminution globale de la flexion du genou
HANCHE-FLÉCHISSEUR DE GENOU. IL SEMBLE QUE CETTE INTERVENTION SOIT PLUS EFFICACE QUE LA SIMPLE TÉNOTOMIE
DU DROIT ANTÉRIEUR.
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VIII. Infirmité motrice d'origine cérébrale
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-30
30
0
-10 -10
0 25 50 75 100
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VIII. Infirmité motrice d'origine cérébrale
P r G . F. P E N N E Ç O T ( P a r i s )
• Elles entrainent un équin dont les conséquences sont: la gène lors du passage du pas en
phase oscillante, le mauvais positionnement du pied lors de la phase de contact initial, et
l'instabilité en phase d'appui. On distinguera ce qui est dû aux jumeaux (examen de la cheville
genou tendu), et ce qui revient au soléaire (examen de la cheville genou fléchi).
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VIII. Infirmité motrice d'origine cérébrale
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Flexion dorsale
20
10
10
20
Flexion plantaire
30
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Traitement IL EST RARE QU'IL FAILLE AGIR SUR LE TENDON D'ACHILLE (JUMEAUX ET SOLÉAIRE), D'AUTANT
PLUS QU'IL EXISTE UN RISQUE MAJEUR DE TRANSFORMER CE PIED ÉQUIN EN PIED TALUS ET DE TRANSFORMER LA MARCHE
DU TROUBLE. CHEZ LE PETIT, OUTRE LA RÉÉDUCATION, LE PORT D'ORTHÈSE, LES PLÂTRES SUCCESSIFS ET L'INJECTION
LOCALE MÉDICAMENTEUSE (ALCOOL OU TOXINE BOTULIQUE) SONT INDIQUÉS. IL FAUDRA SE MÉFIER DE NE PAS ABOUTIR À
UNE CASSURE DE LA MÉDIOTARSIENNE. CHEZ LE PLUS GRAND, L'ALLONGEMENT DES JUMEAUX PERMET D'AMÉLIORER
L'AMPLITUDE DE MOBILITÉ DE LA CHEVILLE TOUT EN CONSERVANT UNE FORCE SUFFISANTE AU TRICEPS. EN CAS
D'HYPERTONIE TRÈS IMPORTANTE DU TRICEPS CERTAINS ONT PROPOSÉ L'AVANCEMENT DU TENDON TRICIPITAL SUR LE
CALCANÉUM. CETTE INTERVENTION N'EST RÉALISABLE QUE SI LE TENDON N'EST PAS RÉTRACTÉ.
O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e 143
VIII. Infirmité motrice d'origine cérébrale
P r G . F. P E N N E Ç O T ( P a r i s )
Flexion de cheville
+20
-20
-40
0 25 50 75 100
Pourcentage du cycle de marche
ANALYSE CINEMATIQUE DE LA CHEVILLE CHEZ UN ENFANT IMC:
Les anomalies surviennent essentiellement lors de la phase d'appui: absence d'amortissement
initial, absence de flexion dorsale en milieu de phase d'appui génant l'avancée du tibia.
144 O r t h o p é d i e P é d i a t r i q u e
VIII. Infirmité motrice d'origine cérébrale
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• Au total chez l'IMC marchant il est possible d'analyser finement les troubles rencontrés et
surtout de préciser leurs causes. Tous les troubles sont liés, et il ne faut pas isoler une
articulation. Un trouble à un niveau articulaire peut être primitif, mais aussi il peut s'agir d'un
simple mécanisme de compensation visant à faciliter la marche et à en diminuer le coût
énergétique. L'examen doit permettre d'en faire la distinction, car si un geste chirurgical au
niveau du trouble primitif peut entrainer la disparition des mécanismes de compensation,
l'inverse ne fera qu'aggraver le trouble de la démarche. C'est dire l'importance d'un examen
soigneux en se donnant tous les moyens pour mieux comprendre l'origine des troubles seul
garant d'une décision thérapeutique judicieuse.
• Cette attitude aboutit à des modifications dans le choix des indications thérapeutiques car le
résultat peut être évalué de façon objective.
• Il semble qu'une attitude visant à corriger dans le même temps l'ensemble des déformations
soit plus logique. Elle évite de corriger un trouble à un niveau et de laisser persister les troubles
au niveau des articulations adjacentes ce qui a toutes les chances d'aboutir à un résultat
médiocre. Raisonner globalement et agir en conséquence permet chez le grand enfant IMC
d'améliorer de façon significative sa démarche à condition que l'analyse initiale ait été parfaite.
Le temps où le fait de marcher, chez un IMC, menait à un absentéisme opératoire de peur de
l'aggraver est révolu. Actuellement il existe dans bon nombre de cas des possibilités
d'amélioration, mais il ne faut pas oublier non plus que la lésion primitive cérébrale est toujours
présente et détermine en dernier lieu l'importance de la pathologie périphérique.
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