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Sophie Andreetta: Writing for different audiences: social workers, irregular migrants and

fragmented statehood in Belgian welfare bureaucraties (2019)

L'article se concentre sur l'aide des migrants en situation irrégulière explique la position
contradictoire du travailleur sociale dont la fonction est à la fois d'aider ces personnes, et de
travailler pour l'Etat, et donc de satisfaire ses intérêts notamment en limitant l'accès à l'aide sociale.
On va voir également que cette position induit pour les travailleurs un rapport à l'Etat ambigu,
puisqu'il vont à la fois devoir faire respecter son bon vouloir, et en même temps jouir d'une assez
grande liberté et autonomie dans l'interprétation des textes administratifs et des situations.
Centrée sur le travail social sur le terrain, à l'échelle du quartier, ethnographie menée dans des
bureau d'aide sociale, des cabinets juridiques, et des tribunaux.

- Travailleur social: va devoir dans une certaine mesure interpréter la situation du bénéficiaire pour
lui faire attribuer une aide sociale allant de l'aide médicale d'urgence à une aide financière plus ou
moins importante (pour les migrants en situation irrégulière l'aide médicale d'urgence va empêcher
l'expulsion dans le pays d'origine). Contexte d'administration assez compliqué pour le migrant car il
faut fournir en permanence des efforts et des stratégies pour faire aboutir son dossier: les requêtes
vont souvent être refusées plusieurs fois avant d'être acceptées, pas de contact direct avec la
personne qui rend les décisions mais seulement par le biais des fonctionnaires dans les bureau d'aide
sociale, caractère ambigu des documents dont la signature va empêcher l'occtroi de certaines aides
etc).
Le but en général pour le migrant est d'obtenir ou de conserver son permis de résidence. Le
fonctionnaire lui, est chargé de servir les intérêts de l'Etat, mais on va voir qu'il a un pouvoir plus ou
moins grand de contrer ces intérêts en utilisant la marge de liberté dont il jouit, pour défendre
particulièrement un dossier quand, personnellement, il l'estime nécessaire.
Fonction morale du respect des droits humains fondamentaux: création de CPAS (grande diversité
de la nature des aides) et de l'aide médicale d'urgence.

Pour cela, le travailleur social est censé documenter autant que possible la situation du potentiel
bénéficiaire, en le soumettant à des questions plus ou moins intrusive sur sa vie, en allant même sur
place voir l'endroit où il vit (pour pouvoir évaluer si la personne a besoin ou non d'une aide, selon la
correspondance de sa situation avec les textes de loi).
Mais en pratique on voit que cette intrusion dans la vie de la personne est laissée à la discrétion du
travailleur, qui peut passer plus ou moins de temps dans le logement, ou au contraire juste vérifier
que la personne habite bien à cette adresse (autonomie).
Cette liberté laissée au fonctionnaire va en fait mobiliser ses facultés subjective pour juger de la
situation d'un individu, au-delà de l'objectivité supposée de la méthode (questionnaires, procédures).
Sa manière de défendre le dossier va en fait dépendre de facteurs multiples, liés à l'éthique
professionnelle, l'obligation de se plier à des directives supérieures, des conflits de loyauté envers
les différents acteurs, des interprétations divergentes de lois... Va donc intervenir dans ce jugement
un certain nombre de critères subjectifs et notamment de l'émotionnel (disent avoir été "touchés"
particulièrement par une personne, ce qui va les pousser à défendre son cas avec plus d'effort).
Cela est important car ça montre que derrière les procédures administratives qui sont censés être un
processus d'attribution de l'aide selon des critères objectifs, c'est finalement plus sur des critères
subjectif que va reposer cette sélection par le biais du travailleur social: au-delà de juger si une aide
est nécessaire ou pas, on va avoir tendance à juger si une personne la "mérite" ou pas (en suscitant
suffisamment de pitié, en étant un "bon migrant").
De plus pour chaque antenne il y a des malus qui pénalisent lorsque qu'on considère que l'aide a été
octroyée alors qu'elle était nécessaire, alors que ce n'est pas le cas à l'inverse, ce qui fait que les
abus vont plutôt être défavorable aux migrants. -> on voit comment l'Etat organise le travail pour
pouvoir garantir ses intérêts.
D'un autre côté, l'article s'intéresse à l'usage et à la circulation du document administratif, qui est au
coeur du processus d'attribution de l'aide sociale de l'Etat. Autonomie du document administratif,
qui cristalise l'ambiguité du processus d'occtroi de l'aide de l'Etat, et ici plus largement des
procédures de prise en charge de l'immigration. Ex de la signature de l'Etat, alors que c'est le
fonctionnaire qui rédige ce rapport, et parfois contre l'intérêt de l'Etat.
Cristalise l'ambiguité de la position même de l'Etat, puisqu'il est finalement comme artefact qui
circule et est laissé à la libre écriture ou interprétation d'une multiplicité d'acteurs. On peut donc se
demander dans une certaine mesure c'est quoi/qui exactement l'Etat, qui semble s'exprimer à travers
ce mode de gouvernance. Un même document peut passer d'un usage à un autre: à la base écrit pour
limiter l'accès à l'aide sociale et/ou pour attirer l'attention sur la nécessité d'aider un migrant, il peut
par la suite être utilisé comme pièce à conviction au tribunal et servir un but inverse (ex signer un
refus de l'aide financière peut à la fois protéger de l'expulsion, et servir de pièce à conviction pour
refuser l'octroi d'aides ultérieurement).
Au centre du travail de ces fonctionnaire se trouve l'écriture/interprétation de rapport: travail de
documentation d'une situation, traduit une situation sociale en relation à des textes de lois. Nécessité
d'user de stratégie pour faire son travail social (par exemple donner moins de détail dans la
rédaction d'un rapport).

-> Montre l'aspect ambigu du fait de travailler "pour l'Etat", et remet en question la tendance à
croire que les fonctionnaires qui travaillent dans l'administration ne font qu'appliquer des lois d'une
manière automatique, alors que cela mobilise des affects.
-> montre aussi comment l'utilisation systématique de document comme procédure, permet en fait
une application plus restrictive des lois sociales, témoignant d'un certain mode de gouvernance de
l'Etat. Pour comprendre la manière dont l'Etat fait appliquer les lois, il importe de se porter plus sur
l'observation des procédures même par le biais de documents, que sur les interactions des
fonctionnaires sociaux eux-mêmes.

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