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Cet ouvrage présente les principaux risques

rencontrés dans les fonderies d'aluminium


et les mesures de prévention adaptées.
Fonderies d’aluminium
Il porte sur les risques majeurs spécifiques Risques et prévention
à ce type d'établissement, risques
principalement dus à la manipulation
de l'aluminium liquide, pouvant conduire
à des brûlures graves et à des explosions
aux conséquences catastrophiques.

Ce document fait suite à la rédaction


de cinq guides pratiques de prévention
"Fonderies d'aluminium" (dits GPP) qui,
par équipement (fours, machines de coulée,
bâtiments) ou par fonction (manutention)
proposent une démarche préventive basée
sur un inventaire exhaustif des risques liés
aux matériels employés et aux opérations
effectuées. Ce document de synthèse
est destiné à faciliter leur approche
et peut servir d'introduction à leur lecture.

INSTITUT NATIONAL DE RECHERCHE ET DE SÉCURITÉ


30 rue Olivier-Noyer 75680 Paris cedex 14 . Tél. 01 40 44 30 00
Édition INRS ED 830
1ère édition . juillet 1999 . 5 000 ex. ISBN 2-7389-0781-4
LA LIGNE PREVENTION
L’INSTITUT NATIONAL DE RECHERCHE ET DE SÉCURITÉ POUR COMMANDER LES FILMS (EN PRÊT), LES BROCHURES ET LES AFFICHES DE L’INRS,
ADRESSEZ-VOUS AU SERVICE PRÉVENTION DE VOTRE CRAM OU CGSS
L’Institut national de recherche et de sécurité
(INRS) est une association déclarée sans but
lucratif (loi du 1er juillet 1901), constituée sous
l’égide de la Caisse nationale de l’assurance SERVICES PRÉVENTION DES CRAM
maladie. Il est placé sous la tutelle
ALSACE-MOSELLE BRETAGNE NORD-EST
des pouvoirs publics et le contrôle financier (67 Bas-Rhin) (22 Côtes-d’Armor, 29 Finistère, (08 Ardennes, 10 Aube, 51 Marne,
de l’État. Son conseil d’administration est 14 rue Adolphe-Seyboth 35 Ille-et-Vilaine, 56 Morbihan) 52 Haute-Marne, 54 Meurthe-et-Moselle,
composé en nombre égal de représentants BP 392 236 rue de Châteaugiron 55 Meuse, 88 Vosges)
du Conseil national du patronat français 67010 Strasbourg cedex 35030 Rennes cedex 81-85 rue de Metz
et des organisations syndicales de salariés. tél. 03.88.14.33.00 tél. 02.99.26.74.63 54073 Nancy cedex
fax 03.88.23.54.13 fax 02.99.26.70.48 tél. 03.83.34.49.02
L’INRS apporte son concours aux services fax 03.83.34.48.70
ministériels, à la Caisse nationale (57 Moselle) CENTRE
de l’assurance maladie, aux Caisses 3 place du Roi-George (18 Cher, 28 Eure-et-Loir, 36 Indre, NORD-PICARDIE
régionales d’assurance maladie, aux comités BP 1062 37 Indre-et-Loire, 41 Loir-et-Cher, 45 Loiret) (02 Aisne, 59 Nord, 60 Oise,
d’hygiène, de sécurité et des conditions 57036 Metz cedex 1 36 rue Xaintrailles 62 Pas-de-Calais, 80 Somme)
45033 Orléans cedex 1 11 allée Vauban
de travail, aux entreprises, enfin à toute tél. 03.87.66.86.22
tél. 02.38.79.70.00 59662 Villeneuve-d’Ascq cedex
personne, employeur ou salarié, qui fax 03.87.55.98.65
fax 02.38.79.70.30 tél. 03.20.05.60.28
s’intéresse à la prévention. L’INRS recueille,
fax 03.20.05.63.40
élabore et diffuse toute documentation (68 Haut-Rhin)
intéressant l’hygiène et la sécurité du travail : 11 avenue De-Lattre-de-Tassigny CENTRE-OUEST
BP 488 (16 Charente, 17 Charente-Maritime, NORMANDIE
brochures, dépliants, affiches, films,
19 Corrèze, 23 Creuse, 79 Deux-Sèvres, (14 Calvados, 27 Eure, 50 Manche,
renseignements bibliographiques... Il forme 68020 Colmar cedex 86 Vienne, 87 Haute-Vienne) 61 Orne, 76 Seine-Maritime)
des techniciens de la prévention et procède tél. 03.89.21.62.20 4 rue de la Reynie Avenue du Grand-Cours, 2022 X
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40 Landes, 47 Lot-et-Garonne,
Les publications de l'INRS sont distribuées 64 Pyrénées-Atlantiques) ÎLE-DE-FRANCE PAYS DE LA LOIRE
par les Caisses régionales d'assurance 80 avenue de la Jallère (75 Seine, 77 Seine-et-Marne, (44 Loire-Atlantique, 49 Maine-et-Loire,
maladie. Pour les obtenir, adressez-vous 78 Yvelines, 91 Essonne, 53 Mayenne, 72 Sarthe, 85 Vendée)
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ZAE Cap-Nord (09 Ariège, 12 Aveyron, 31 Haute-Garonne, 05 Hautes-Alpes, 06 Alpes-Maritimes,
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efficace à l’action des comités d’hygiène,
de sécurité et des conditions de travail.

SERVICES PRÉVENTION DES CGSS


GUADELOUPE GUYANE LA RÉUNION MARTINIQUE
Immeuble CGRR Espace Turenne-Radamonthe 4 boulevard Doret Quartier Place-d’Armes
Rue Paul-Lacavé Route de Raban, BP 7015 97405 Saint-Denis cedex 97232 Le Lamentin, BP 576
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tél. 05.90.21.46.00 tél. 05.94.29.83.04 fax 02.62.90.47.01 tél. 05.96.66.50.79
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© INRS, Paris, 1999.


Fonderies d’aluminium
Risques et prévention

Jérôme Triolet, Jean-Michel Petit


ingénieurs à l’INRS

ED 830
Ce document a été rédigé
par un groupe de travail
constitué d'ingénieurs
des services de prévention
des Caisses régionales
d'assurance maladie
et de l'INRS, sous
la coordination
de Jérôme Triolet
et Jean-Michel Petit.

CRAM de Rhône-Alpes :
P. Perrin
CRAM de Midi-Pyrénées :
Y. Galtier
CRAM d'Aquitaine :
S. Coubes
INRS :
Catherine Pringalle

Des ingénieurs de Pechiney


et de Fonlem Industries
ont apporté leurs
conseils techniques.

Nous remercions Pechiney


de nous avoir fourni
les photographies illustrant
cet ouvrage.

2
SOMMAIRE

INTRODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 4.4. BÂTIMENT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38


4.4.1. Structures porteuses . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
1. TERMINOLOGIE . . . . . . . . . . . . . . . . 7 4.4.2. Toitures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
4.4.3. Façades . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
4.4.4. Mesures de protection contre les effets
2. DONNÉES GÉNÉRALES . . . . . . . . . . 9 de la foudre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
4.4.5. Locaux techniques annexes . . . . . . . . . . . . 39
2.1. Description
d’une fonderie d’aluminium . . . . . . . 9 4.5. Réseaux de fluides . . . . . . . . . . . . . . . 39
4.5.1. Données de base . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
2.2. Risques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 4.5.2. Gaz naturel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
2.2.1. Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 4.5.3. Fioul lourd . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
2.2.2. État des connaissances sur les projections 4.5.4. Chlore . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
explosives liées au contact intempestif 4.5.5. Gaz de procédé (argon, azote) . . . . . . . . . 40
de l’aluminium liquide avec de l’eau . . . . 10 4.5.6. Air comprimé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
2.2.3. État des connaissances sur les accidents 4.5.7. Eau de procédé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
autres que ceux dus à un contact 4.5.8. Électricité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
intempestif aluminium liquide-eau . . . . . . 12
4.6. Intégration des postes de travail . . . 40

3. PHASES PRINCIPALES. OPÉRATIONS 4.7. Ambiances de travail . . . . . . . . . . . . . . 41


ET FONCTIONS ASSOCIÉES . . . . . . 14
4.7.1. Ventilation et assainissement
3.1. Préparation des charges . . . . . . . . . . 14 de l’atmosphère de travail . . . . . . . . . . . . . 41
4.7.2. Ambiance thermique au poste de travail . 42
3.1.1. Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
4.7.3. Bruit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
3.1.2. Zones . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
3.1.3. Équipements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 4.8. Entretien des matériels
3.1.4. Risques et moyens de prévention . . . . . . . 15 et des installations . . . . . . . . . . . . . . . 43
3.2. Élaboration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 4.8.1. Contrôle, entretien et dépannage
des moyens de manutention . . . . . . . . . . . 43
3.2.1. Définition et chronologie des opérations . 16
4.8.2. Contrôle et maintenance des fours . . . . . . 44
3.2.2. Zone . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
4.8.3. Entretien des installations de coulée . . . . 44
3.2.3. Équipements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
3.2.4. Risques et moyens de prévention . . . . . . . 18 4.9. Plan de circulation . . . . . . . . . . . . . . . 44
3.3. Coulée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 4.9.1. Circulation piétonne . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
3.3.1. Définition et principes . . . . . . . . . . . . . . . . 26 4.9.2. Circulation des engins . . . . . . . . . . . . . . . . 44
3.3.2. Zone . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 4.9.3. Plan d’évacuation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
3.3.3. Équipements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
4.10. Prévention. Alarmes. Secours . . . . . 45
3.3.4. Risques et moyens de prévention . . . . . . . 28
4.10.1. Prévention des incendies . . . . . . . . . . . . . 45
3.4. Parachèvement et transfert . . . . . . . . 31 4.10.2. Premiers secours en cas de brûlure . . . . . 45
3.4.1. Définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
3.4.2. Zones . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33 ANNEXE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
3.4.3. Équipements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
3.4.4. Risques et prévention . . . . . . . . . . . . . . . . 34
BIBLIOGRAPHIE . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50

4. CONCEPTION DES BÂTIMENTS Encadrés


ET ENTRETIEN . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 Encadré I - Démarche préventive des guides
pratiques de prévention . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
4.1. Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 Encadré II - Mécanisme physique des explosions 12
Encadré III - Les principaux types de fours . . . . . . 18
4.2. Implantation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37 Encadré IV - Conception de la machine
de coulée semi-continue verticale . . . . . . . . . . . . . 29
4.3. Génie civil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38 Encadré V - Les équipements de protection
4.3.1. Données de base . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38 individuelle en présence d’aluminium liquide . . . 32
4.3.2. Réalisation des fosses de coulée . . . . . . . . 38 Encadré VI - Toxicité de l’aluminium
4.3.3. Fosses de fours, galeries techniques . . . . . 38 et valeurs limites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47

3
INTRODUCTION

Les quantités d’aluminium, mises en


œuvre dans les fonderies françaises
et éventuellement fondues plusieurs DÉMARCHE PRÉVENTIVE
fois, sont de l’ordre de 400 000 à DES GUIDES PRATIQUES
500 000 tonnes par an. Cette activi-
té occupe actuellement quelques mil-
DE PRÉVENTION
liers de personnes qui sont exposées
Cette démarche préventive, définie au paragraphe 4 du guide
à des risques multiples susceptibles
pratique de prévention GPP 1, consiste à élaborer, à actualiser
d’être élevés.
et à mettre en œuvre un dossier de prévention comprenant des
inventaires de risques et des fiches d’exploitation spécifiques à
Cette brochure constitue un docu- chaque poste de travail.
ment de synthèse dont le but est de
présenter les principaux risques ren-
contrés dans les fonderies d’alumi-
nium et les mesures de prévention
adaptées. Sans pour autant sous-esti- 1. Inventaire des risques
mer les autres risques, moins spéci- et des méthodes préventives
fiques et se retrouvant également
Pour procéder à l’analyse générale des risques, on emploie des
dans d’autres industries lourdes, elle
inventaires dans lesquels on fait figurer, pour chaque fonction
n’est pas exhaustive mais focalisée
principale, opération, matériel principal, équipement et sous-
sur les risques majeurs spécifiques à ensemble d’équipement :
ce type d’établissement. Ces risques - le ou les risques engendrés,
sont principalement dus à la manipu-
- la ou les causes qui ont engendré le risque,
lation de l’aluminium liquide et peu-
- le ou les objectifs de prévention correspondant,
vent conduire à des brûlures graves
- le ou les documents de référence,
et à des explosions aux conséquences
- les recommandations des fonderies relatives à l’équipement et à la
catastrophiques, tant sur le plan procédure.
humain que matériel.
Ainsi, les guides pratiques de prévention (GPP 1 à GPP 5)
Ce document fait suite à la rédaction comportent un ensemble d’inventaires de risques, sous forme de
de cinq guides pratiques de préven- fiches, grilles ou tableaux dont un exemple est donné par le
tion “Fonderies d’aluminium” (dits tableau a.
GPP) qui, par équipement (fours,
machines de coulée, bâtiments) ou
par fonction (manutention), propo-
sent une démarche préventive basée
sur un inventaire exhaustif des 2. Fiches d’exploitation
risques liés aux matériels employés et des postes de travail
aux opérations effectuées. Ce docu-
Les contraintes locales d’implantation et les objectifs de production
ment se veut une synthèse déga-
ont une influence sur l’aménagement des postes de travail et sur les
geant l’essentiel des problèmes, faci- procédures d’exploitation. Les utilisateurs devront en tenir compte
litant leur approche et pouvant servir en établissant des fiches d’exploitation spécifiques, en s’inspirant
d’introduction à leur lecture. par exemple du tableau b. Ces fiches contiennent les informations
nécessaires à l’amélioration des installations et à la mise en œuvre
Le découpage retenu est calqué sur des procédures d’exploitation les plus sûres correspondant à l’état
l’enchaînement des opérations qui de ces installations. Elles permettent de mettre en évidence les
permettent, à partir du métal brut de problèmes de sécurité à résoudre et de proposer des solutions ; elles
base, d’obtenir en sortie de fonderie doivent être révisées à chaque modification des postes de travail.
des produits métallurgiques élaborés.
Après un premier chapitre de généra- La démarche préventive proposée dans la série des guides pratiques
lités, seront donc traitées les phases de prévention s’inscrit dans un système participatif évolutif, dans la
de préparation des charges, d’élabo- mesure où les opérateurs disposent d’informations de base et sont
ration, de coulée puis de parachève- invités en permanence à mettre à jour leurs “recommandations
ment et de transfert. Enfin, un der- relatives à l’équipement ou à la procédure” et à la compléter par
nier chapitre sera consacré à la des fiches d’exploitation.
conception des bâtiments et à leur
entretien.

4
INTRODUCTION

Tableau a. Exemple d’inventaire des risques et des méthodes préventives


Fonction : Solidification en plaques, lingots, billettes
Matériel : Machine de coulée verticale

Règlements Recommandations
Objectifs
Équipements Risques Causes Normes
de prévention
Documents Équipements Procédure

Fosse Vérifier
de coulée le niveau
d’eau
1. Ensemble
du puits

1.1. Puits Explosion Contact Empêcher GPP 1 Application Vérification


aluminium- le contact d’un produit périodique
eau-ciment aluminium- agréé
ciment sur les parois

Diminuer le risque GPP 1 Conception


d’accrochage pour fosse
de l’aluminium neuve
sur les parois
Évaluation
des fosses
existantes

Contact Empêcher le GPP 1 Surveillance


aluminium- contact aluminium- de la fosse
eau-coquillettes coquillettes et évacuation
périodique
des coquillettes

Chutes Dénivellation Empêcher ED 535 Conception


la chute pour fosse
neuve
Mise en
conformité
pour les fosses
existantes

Risque Descente dans Maintenir ED 703 Procédure


respi- une atmosphère l’atmosphère de descente
ratoire non respirable respirable dans la fosse

1.1.2. Échelle Explosion Contact Empêcher le GPP 1 Application Vérification


de descente aluminium- contact aluminium- d’un produit périodique
fixe eau-oxyde acier (métal) agréé, sur de l’état
de fer-acier-métal l’échelle du revêtement

Chutes Dénivellation Empêcher ED 535 Conception Procédure


la chute de descente

5
INTRODUCTION

Tableau b. Exemple de fiche

Fonction/Moyen :

Risques/Causes :

Données concernant l'utilisation des équipements


Observations
Recherche de problème
Etat actuel
et propositions

Règlement : Date :

Normes : Nom :

Documents : Fonction des participants :

6
TERMINOLOGIE

La terminologie utilisée dans les fon-


deries d’aluminium peut varier d’un
site à l’autre. Le glossaire technique
ci-après propose et définit une termi-
bobine de fil
fil enroulé (à spires régulières) tran-
canné
coquillette
métal solidifié involontairement pré-
sent en fond de fosse de métier à
couler sous forme fragmentée
1
nologie commune applicable à l’en- bobine de tôle
semble des fonderies qui servira de tôle enroulée coulure
base à l’ensemble du document. métal solidifié involontairement pen-
bobinot dant la solidification
déchet de tôle enroulé
crasse
GLOSSAIRE DES TERMES bol sous-produit résultant de l’écrémage
TECHNIQUES récipient métallique en forme de bol ou du décrassage (également appelé
ou métal de récupération solidifié “écume”)
alliage-mère dans un bol
alliage d’aluminium contenant un creuset
ou plusieurs éléments d’addition à botte récipient permettant d’élaborer et de
forte teneur, utilisé pour la mise au fil enroulé non trancanné contenir des alliages liquides
titre des produits de fonderie
brassage décrassage
accessoire opération consistant à enlever les
opération consistant à remuer le
tout élément (chaîne, élingue, cé, crasses collées aux parois des fours
métal liquide pour homogénéiser sa
etc.) adaptable sur un appareil de
composition ou sa température
manutention et permettant la mani- dégazage
pulation des produits
canne pyrométrique opération consistant à éliminer les
dispositif permettant de mesurer la gaz dissous dans l’alliage liquide
apparaux
ancienne dénomination pour ce que température, constitué d’un thermo-
couple protégé par une gaine dégueuloir
l’on désigne maintenant par “acces-
soire” dispositif d’écoulement de l’alliage
cé en cas de rupture de creuset
bande accessoire en forme de C adaptable
ébauche de quelques millimètres sur un pont pour la manutention des démoulage
d’épaisseur destinée au laminage à bobines ou des palettes extraction des produits de fonderie
froid hors du puits de coulée
charge
barre ensemble des constituants qui sont éboutage
produit en alliage spécial de grande introduits dans un four sciage d’une ou des deux extrémités
longueur obtenu par coulée conti- d’un produit de fonderie
nue horizontale destiné à la réalisa- chargement
tion de conducteurs électriques opération consistant à introduire les écrémage
constituants de la charge dans le opération consistant à retirer du four
basculeur four les crasses surnageant sur le métal
dispositif mécanique permettant de liquide
vider une benne ou une poche chargeuse
machine ou engin de chargement écume
benne
cf. crasse
récipient métallique rectangulaire
chute de plaque
sans couvercle avec ou sans oreilles
morceau de plaque résultant d’un élaboration
pour le transport de produits solides
sciage. Il peut s’agir d’un éboutage ensemble des opérations effectuées
big bag (tête ou pied de plaque) sur le métal liquide
conteneur souple pour la manipula-
tion de produits pulvérulents chute de rive élingue
petit morceau de métal résultant du accessoire de manutention
billette débitage des bords de tôle
produit de fonderie cylindrique de épandage
quelques mètres de longueur. Elle conditionnement (mode de) opération consistant à étaler les
peut être brute ou éboutée (tête et benne, trémie portable, palette, big crasses sur une aire spécifiée pour
pied de billette) bag faciliter leur refroidissement

7
TERMINOLOGIE

1 éperon
accessoire monté à la place des
fourches d’un chariot pour la manu-
tention des bobines
pic
outil métallique pointu pour le net-
toyage du four
quenouille
composant céramique, générale-
ment conique, constituant un bou-
chon amovible étanche au passage
pied du métal liquide
fagot partie du produit coulée en premier
ensemble de profilés (de récupéra- dans la coulée semi-continue verti-
racle
tion) cerclés en forme de fagot cale
accessoire métallique à très long
fardeau pied de bain manche pour l’écrémage, le décras-
billettes cerclées métal liquide laissée dans un four à sage ou le brassage
la fin d’un transvasement ou d’une
flux coulée réfractaires
mélange de sels de traitement, géné- éléments en briques ou en béton
ralement pulvérulent, ajouté au pince constituant l’intérieur du four et pou-
métal liquide accessoire dont la fonction de manu- vant être en contact avec le métal
tention est assurée par serrage entre liquide
frittage mors ou pointe
opération de cuisson d’un réfractaire
piquage rehausse
goulotte opération consistant à détacher les élément d’un four à creuset servant
chenal d’amenée du métal liquide bourrelets de crasses des parois du à préchauffer des charges ou élé-
four ment d’un four à creuset basculant
gunitage servant à maintenir le creuset et faci-
réparation à chaud des réfractaires plaque litant l’évacuation des gaz brûlés
par projection de matériaux à la produit de fonderie massif, de sec-
lance tion rectangulaire et de quelques ringard
mètres de longueur, elle peut être outil métallique destiné au nettoya-
lingot brute ou éboutée (tête et pied de ge du four
produit solide empilable de formes plaque)
diverses destiné à être refondu
poche rotateur
lingotière récipient métallique de transport de accessoire d’engin permettant de
récipient ou moule métallique de métal liquide avec ou sans couvercle retourner les produits transportés
section géométrique dans lequel le (pouvant être combiné avec un pous-
métal se solidifie point seur)
volume occupé par un kilogramme
lopin de bronze ou par 1/3 de kilogram-
séchage
morceau de billette me d’aluminium
opération d’évacuation de toute pré-
louche poteyage
sence d’humidité
outil à long manche et à grand dépôt d’un film réfractaire pour obte-
cuilleron hémisphérique nir un écran protecteur skip
système de chargement d’un four
margelle pousseur par basculement
pièce métallique située dans la péri- accessoire d’une chargeuse permet-
phérie du four et assurant la protec- tant d’introduire des produits mas-
tion du réfractaire sifs dans un four (pouvant être com- sow
biné avec un rotateur) lingot de récupération
mode opératoire
description des actes physiques à préparation (des charges) té
effectuer pour réaliser une opération opération consistant à sélectionner, lingot particulier dont la section est
sur ou à l’aide d’une machine peser et regrouper tous les consti- en forme de T
tuants de la charge
palonnier
dispositif supportant plusieurs procédure trémie portable
points d’accrochage destiné à la ensemble des règles écrites fixant les (en anglais flow-bin)
manutention de produits longs dis- moyens à mettre en œuvre pour petite capacité transportable vidan-
posés horizontalement atteindre un objectif geable par gravité

8
DONNÉES GÉNÉRALES

2.1. DESCRIPTION
D’UNE FONDERIE
D’ALUMINIUM
FLUIDES
ÉNERGIES
OPÉRATION MATÉRIELS 2
Avant d’aborder l’étude des risques Poches
Chargement
Chariots
encourus dans les fonderies d’alumi- du métal
Engins
nium et les méthodes de leur pré-
vention, il convient de décrire les
principaux matériels utilisés en se Electricité
référant à la figure 1. Cette figure Fusion Engins
Eau
Elaboration Pont
concerne à la fois les fonderies dites Combustible
Maintien Fours
de première et de deuxième fusion. Air
Elles peuvent être alimentées tota-
lement ou partiellement par du mé-
tal liquide (provenant directement Electricité Poche de dégazage
Combustible Traitement
Filtre
d’une unité d’électrolyse ou achemi- Cl2, Ar, N2 du métal
Dérouleur de fil
né par transports routiers spéciaux)
ou par du métal solide provenant
de recyclages internes ou d’approvi- Electricité
sionnement extérieur sous forme de Air
Coulée Machine de coulée
lingots ou de déchets. Les installa- Eau
tions de ces deux types de fonderies Combustible
sont assez semblables et peuvent
faire l’objet d’études de prévention Electricité
comparables. Fours
Air
Parachèvement Machine de sciage
Eau
Machine de pesage
Après préparation des charges puis Combustible
élaboration (fusion et traitement
métallurgique du métal liquide), la
solidification du métal est effectuée, Pince de préhension
Manutention
Pont
suivant le type de produit à obtenir, des produits
Chariots
par différents procédés de coulée.

Les produits solides bruts provenant Figure 1. Synoptique d’une fonderie d’aluminium
de la coulée sont ensuite traités et
conditionnés lors d’une phase dite de
parachèvement avant une dernière
phase de transfert.

Ces cinq phases principales - prépara-


tion des charges, élaboration, coulée,
parachèvement et transfert - leurs
caractéristiques technologiques, les
risques associés ainsi que les mesures
de prévention adaptées seront déve-
loppés dans des parties spécifiques.

Les bâtiments qui abritent les instal-


lations et matériels de fonderies com-
portent un ensemble de réseaux pour
l’alimentation en eau, électricité,
combustibles, gaz de traitement et
produits d’affinage. Ils doivent être
conçus et réalisés selon des critères
permettant de minimiser les risques
engendrés, ce qui fera l’objet de la
dernière partie. Photo 1. Pechiney, site de Dunkerque en construction

9
DONNÉES GÉNÉRALES

2 2.2. RISQUES

2.2.1. Généralités
- risques de chute de hauteur, dont
les conséquences peuvent être
aggravées par la simultanéité des
autres risques, dus notamment à la
bien que les phases où est manipulé
l’aluminium liquide ou encore chaud
sont particulièrement dangereuses.
La coulée représente ainsi 42 % des
présence des puits de coulée et de accidents et les brûlures environ
L’examen des accidents, quelles que fosses sous les fours ; 25 % du total des accidents.
soient leur gravité ou leur importan- - risques de chute de plain-pied ;
ce, survenus dans les sites où de l’alu- - risques mécaniques (cisaillement, Le tableau 1 confirme ces observa-
minium est élaboré, fait apparaître coupure, écrasement ou heurt d’ob- tions, les incendies ou débuts d’in-
que 20 % d’entre eux se produisent jet) présents partout où coexistent, cendie, les déversements accidentels
en fonderie. même temporairement, des opéra- et les projections explosives d’alumi-
teurs avec des parties d’installa- nium liquide représentant environ
Le risque le plus préoccupant, spéci- tion mobiles ou des produits en 50 % des incidents recensés dans
fique des fonderies d’aluminium, est mouvement. Ces risques sont parti- une fonderie d’aluminium durant
celui qui résulte des projections culièrement présents lors des pha- cette même période.
explosives susceptibles de se produire ses de préparation des charges, de
lorsque du métal liquide vient au parachèvement et de transfert ; Par ailleurs, on observe que les opé-
contact de l’eau de manière acciden- - risques d’électrisation et d’électro- rations de manutention sont à l’origi-
telle. Ce contact peut se produire cution, plus particulièrement aux ne d’environ 25 % du total des acci-
notamment par percée ou bascule- postes de travail où l’activité dents ou incidents.
ment d’un produit en cours de solidi- déployée peut engendrer des efforts
fication ou par débordement de de cisaillement, d’abrasion ou de
métal liquide. Ces projections explo- compression sur les parties vulné- 2.2.2. État des connaissances
sives peuvent provoquer de graves et rables des installations électriques, sur les projections explosives
importants dégâts par propagation permettant ainsi l’éventuel contact liées au contact intempestif
d’onde de choc, effet de souffle et de l’opérateur avec des conducteurs de l’aluminium liquide
projections balistiques et sont à l’ori- actifs dénudés ; avec de l’eau
gine des accidents les plus graves qui - risques de noyade (fosses de coulée
ont eu lieu dans des fonderies d’alu- remplies d’eau). De nombreux cas concrets de projec-
minium. L’état des connaissances tions explosives plus ou moins vio-
concernant ce risque fait l’objet du Répartition des accidents lentes ont été signalés par la littéra-
§ 2.2.2. ture dans les fonderies d’aluminium,
La répartition des accidents survenus dont quelques-uns parmi les plus
La présence de surfaces chaudes dans trois fonderies d’aluminium de typiques sont décrits au § 2.2.2.1.
accessibles, des flammes des brû- la région Rhône-Alpes dans la pério-
leurs, de l’aluminium liquide et de de 1995-1997, présentée dans le Ces projections explosives, qui se pro-
produits solides accessibles encore tableau en annexe p. 48, montre duisent lorsque du métal liquide par-
chauds entraîne également des
risques de brûlures dans de nom-
breux postes de travail en fonderie. Tableau 1
Répartition par type de 204 incidents recensés
Outre les projections explosives d’alu- pour la période 1995-1997
minium liquide, le risque chimique dans une fonderie d’aluminium
peut se présenter sous la forme de produisant environ 100 000 tonnes d’aluminium par an
risques d’incendie ou d’explosion dus (Ces incidents n’ont pas été à l’origine d’accident de travail)
à la mise en œuvre des combustibles
liquides ou gazeux et à la présence Type d’incident % dans le type
de sources d’inflammation, ainsi que
sous la forme de risques d’intoxica- Incendie ou début d’incendie 37
tion dus à d’éventuelles émissions de
substances chimiques dangereuses Déversement accidentel d’aluminium liquide 17
dans l’atmosphère des lieux de tra- Projection explosive d’aluminium liquide 3
vail, sous forme solide (poussières),
liquide (aérosols) ou gazeuse. Incident lié au traitement des crasses 6
Incident d’origine électrique 7
Enfin, comme dans toute industrie
lourde, les risques suivants sont éga- Incident dû à un engin 21
lement présents : Incident de manutention (autre que dû à un engin) 3
- risques liés à la présence humaine
lors des manutentions ; Autres 6

10
DONNÉES GÉNÉRALES

vient au contact de l’eau de façon


intempestive, peuvent se manifester
sous deux formes distinctes :
- les projections de métal, lorsque des
de chargement s’est produite suite à
l’enfournement de générateurs d’aé-
rosols et de canettes humides conte-
nus dans des bennes de stockage de
conditions, qu’ils soient ou non faci-
lement oxydables. Il a été également
mis en évidence que la probabilité de
désintégration des gouttes de métal
2
phénomènes purement physiques, chutes d’aluminium. liquide est fonction :
dus à la vaporisation instantanée - de la température initiale du métal,
d’eau, provoquent des projections Lors de l’élaboration dans les fours - de la température initiale de l’eau,
vives de masses de métal liquide à • La percée du réfractaire et du circuit - du flux de chaleur échangé entre le
quelques mètres des installations et de refroidissement à eau par du métal et l’eau, lequel dépend des
exposent ainsi les opérateurs à un métal surchauffé emprisonné dans conditions de vaporisation de l’eau
risque de brûlures graves ; les crasses des parois a entraîné l’ex- autour des gouttes de métal.
- les explosions très violentes, com- plosion et la destruction d’un four à
parables, d’après leurs effets, à celles induction à creuset et soufflé la toi- Une recherche plus récente (5) a per-
de plusieurs kilogrammes de TNT (tri- ture de l’atelier. mis de mieux comprendre les condi-
nitrotoluène), dues à des phéno- • L’introduction dans un four d’un racle tions dans lesquelles des explosions
mènes physico-chimiques plus com- de brassage ayant séjourné par peuvent être initiées lors des contacts
plexes ; les personnes exposées à temps humide près d’une sortie a pro- simultanés entre le métal liquide,
ces explosions catastrophiques sont voqué une explosion. Celle-ci par pro- l’eau et les parois de l’installation.
généralement mortellement bles- jection de métal a légèrement brûlé Elle a montré que :
sées et les installations très grave- un opérateur travaillant dans l’axe de - des explosions peuvent se produire
ment endommagées. la porte du four. aussi bien avec de l’aluminium (faci-
lement oxydable) qu’avec du cuivre
Ces phénomènes ont suscité un pro- (moins facilement oxydable) et qu’il
Lors de la coulée
gramme permanent de recherches s’agit donc d’un phénomène plus
fondamentales dans les divers pays • Trois ouvriers ont été brûlés, au physique que chimique ;
producteurs. Ces recherches et l’expé- démarrage d’une coulée de plaques, - des revêtements de surface appro-
rience acquise dans les fonderies ont par une explosion provoquée par un priés (à base de peintures bitumi-
permis de définir les conditions d’ap- déversement de métal dans l’eau. Ce neuses ou de résines époxydiques)
parition de projections explosives déversement a été consécutif à un rendaient l’explosion du métal liqui-
d’aluminium décrites au § 2.2.2.2. accrochage de plaques dans les lin- de très peu probable. Ces revête-
gotières. ments, qui ont une action locale sur
Les fondeurs ont également défini • Six personnes ont été mortellement la tension superficielle de l’eau,
une classification des explosions per- blessées par une explosion d’alumi- empêcheraient l’inclusion de glo-
mettant un recueil des données sta- nium ayant dévasté une installation bules d’eau entre les parois et le
tistiques (cf. § 2.2.2.3). de coulée continue verticale. Des sur- métal liquide, répartissant ainsi la
faces horizontales dans le puits de vaporisation de l’eau sur toute la
coulée, ayant retenu de l’eau, sem- surface de contact ce qui évite les
2.2.2.1. Cas concrets d’explosions blent être à l’origine de cette explo- projections explosives.
d’aluminium dues à un contact sion qui se produisit lors d’un déver-
intempestif de l’aluminium liquide sement de métal en fusion. Ces données ont été confirmées par
avec de l’eau • Juste avant la fin d’une coulée de d’autres recherches plus empiriques
plaques, quatre personnes ont été (6, 7, 8) ayant porté sur l’analyse de
Lors du chargement des fours tuées et vingt-cinq gravement bles- 1 400 explosions expérimentales
(début de la phase d’élaboration) sées par une explosion majeure sur- (dans des conditions proches des
venue pendant un orage au moment conditions industrielles) qui ont mon-
• Des chutes de sciage, stockées dans où un coup de foudre frappait le hall
une benne non couverte et située à tré que :
de fonderie. - l’aluminium liquide peut exploser
l’extérieur, par temps de pluie, ont été
introduites dans un four contenant au contact de l’eau, notamment
un pied de bain de cinq tonnes ; une lorsqu’une paroi humide n’a pas été
2.2.2.2. Mécanisme et conditions traitée correctement ;
explosion s’en est suivie.
d’apparition d’explosions - la violence de l’explosion est fonc-
• Un sow d’aluminium ferreux prove- dues à un contact intempestif
nant d’un parc externe non couvert tion de la nature du revêtement pro-
aluminium liquide-eau tégeant les parois des installations :
fut poussé à l’intérieur du four dont
les portes furent fermées immédiate- Une première série de recherches (1, le calcaire, le plâtre, la rouille, l’hy-
ment. L’explosion qui survint peu 2, 3, 4 )* a permis de montrer que les droxyde d’aluminium, la chaux vive
après a entraîné des dégâts matériels métaux et alliages de métaux à l’état augmentent la violence de l’explo-
importants et l’immobilisation du liquide étaient plus ou moins suscep-
four pendant deux mois. tibles d’engendrer des explosions au * Les chiffres entre parenthèses renvoient à
• Une projection de métal sur l’engin contact de l’eau dans certaines la bibliographie à la fin de l’ouvrage.

11
DONNÉES GÉNÉRALES

2 MÉCANISME PHYSIQUE
DES EXPLOSIONS
sion, alors que les peintures bitumi-
neuses ou les résines époxydiques
chargées de brai empêchent les
explosions de se produire ;
- la probabilité et la violence de l’ex-
Le mécanisme physique des explosions est explicité à partir d’un plosion sont des fonctions crois-
exemple : celui du chargement d’un bol humide dans un pied de santes de la section d’écoulement et
bain de métal liquide. de la température du métal. Elles
sont également fonction de la quan-
Le bol humide, stocké à l’extérieur par exemple, retient en son tité et de la température du métal
cœur de l’humidité symbolisée par une goutte d’eau de la taille liquide qui atteint le fond des réci-
d’une bille (fig. a). pients et dépendent donc des dis-
tances parcourues par le métal
Le bol est immergé dans le pied de bain. Instantanément, la déversé dans l’air puis dans l’eau de
fissure par laquelle s’est introduite l’humidité est bouchée par de refroidissement ;
l’aluminium. L’eau va s’échauffer et se transformer en vapeur. À - dans le cas où les revêtements des
l’air libre, cette transformation liquide/vapeur se ferait avec une parois sont appropriés et le parcours
augmentation de volume d’un facteur 1 700 ! Autrement dit, la du métal dans l’air puis dans l’eau
goutte d’eau de la taille d’une bille deviendrait un nuage de est suffisant, aucune projection
vapeur de la taille d’un ballon de football. Dans cet exemple, le explosive n’est observée.
nuage de vapeur ne peut se développer. La pression à l’intérieur
de la cavité va augmenter et chercher à vaincre la résistance Outre ces études sur le phénomène
mécanique du bol. Les forces de pression demeurent toujours les lui-même, des essais relatifs au com-
mêmes, mais le bol s’échauffe et sa résistance mécanique portement de l’aluminium et de
diminue. Il va bientôt céder sous la pression. ses alliages ont permis de mieux
connaître leur capacité à provoquer
Le dégagement violent de la vapeur produit une explosion des projections explosives.
pouvant tuer, blesser ou brûler un opérateur et détruire la voûte
du four (fig. b). Il s’est écoulé environ dix minutes entre le
chargement et l’explosion. 2.2.2.3. Classification
des explosions
L’organisation internationale “The
Aluminum Association” (association
regroupant les principaux produc-
Fig. a. Le “bol humide”. Contient teurs d’aluminium nord-américains) a
de l’eau liquide (de la taille d’une bille). proposé à ses adhérents d’utiliser à

des fins statistiques un classement


des explosions en trois forces, défi-
nies d’après les sensations éprouvées
par le personnel, par ordre croissant
Fig. b. Explosion. La bille d’eau s’est transformée
en nuage de vapeur de la taille d’un ballon de football, de gravité (tableau 2).
projetant des particules d’aluminium. ▼

2.2.3. État des connaissances


sur les accidents
autres que ceux dus
à un contact intempestif
aluminium liquide-eau
Nous présentons une sélection de
quelques cas concrets d’accidents ou
d’incidents autres que ceux dus à des
projections explosives d’aluminium
dues à un contact aluminium liquide-
eau dont il a été donné des exemples
dans le § 2.2.2.1 et qui sont spéci-
fiques des fonderies d’aluminium. Ces
accidents sont classés selon la phase
lors de laquelle ils se sont produits.

12
DONNÉES GÉNÉRALES

Tableau no 2
Classification des explosions d’aluminium

Phénomènes
Un opérateur a été brûlé par la pro-
jection de métal causée par l’intro-
duction dans du métal liquide d’un
racle recouvert de chlorure de magné-
2
constatés sium provenant d’un décrassage pré-
Force 1 Force 2 Force 3
ou décrits cédent.
par les témoins
Lors d’un écrémage, en dégageant un
Lumière Faible Petit éclair Éclair intense
engin en marche arrière, l’extrémité
Bruit Crépitements Bruit intense Bruit du racle a heurté le conducteur du
insupportable chariot à fourches qui, descendu de
son engin, attendait pour enlever les
Vibrations Petits Vibrations Vibrations bols ; conséquences : contusions et
frémissements moyennes intenses, brûlures.
localisées à généralisées
une installation susceptibles Des opérateurs ont été brûlés par
d’atteindre l’émission de gaz de combustion hors
les bâtiments des portes, suite à l’accumulation de
gaz dans le four et au réallumage
Projections Portée inférieure Portée comprise Portée
brutal de celui-ci.
de métal à5m entre 5 m supérieure
et 15 m à 15 m
Lors de la coulée
Dégâts matériels Aucun Faibles Considérables
Deux accidents similaires ont eu lieu
avec des conséquences identiques
Lors de la préparation Un opérateur introduisait une bobine (écrasement et brûlures) :
des charges de fil dans un four à l’aide d’un cha- - l’opérateur est intervenu dans la
riot à fourches. En glissant, la bobine zone de chargement pendant le
Des éboutages de plaques ont été cycle automatique d’une louche ali-
a projeté du métal liquide dans l’al-
empilés sur une palette qui s’est rom- mentant une presse à injecter les
lée de circulation. Un conducteur
pue pendant la manœuvre. Un opé- métaux sous pression ; il s’est ainsi
d’un chariot porte-racle qui évoluait
rateur a été blessé au pied. trouvé dans la trajectoire de la
dans cette allée a été gravement
brûlé. louche transportant le métal ; après
Au cours d’une manutention de avoir été percuté, il a été coincé
métal liquide avec une poche de entre la louche et le bâti de la
2,5 tonnes équipée d’un bras bascu- Un écoulement de métal a provoqué
un court-circuit et le basculement machine ;
leur manuel, celui-ci s’est désolidarisé
du palonnier de suspension, la poche involontaire du four, ce qui a entraîné - lors d’une opération de démoulage
a tourné librement autour de l’axe, le la vidange de celui-ci au sol et la des- de plaque (mouvement vertical), un
déversement du métal a brûlé grave- truction du système hydraulique déplacement horizontal involontaire
ment l’opérateur. (immobilisation de l’installation pen- a provoqué le heurt des plaques voi-
dant 15 jours). sines entraînant leur basculement
Lors d’une collision entre un engin dans la fosse ; conséquence : dégâts
remorquant une poche de métal Une surchauffe liée à l’oubli de remi- matériels.
liquide et un chariot automoteur, le se en place du thermocouple de
choc a provoqué le déversement du voûte après la révision annuelle a Lors du transfert
métal liquide hors de la poche, ce qui provoqué une destruction de la voûte
a entraîné l’incendie de la remorque. du four de fusion. - Pendant une manutention au pont,
une plaque de plusieurs tonnes se
Un violent incendie s’est développé décroche de la pince multi-format et
Lors de l’élaboration tombe sur le sol de l’atelier.
dans une fosse de rétention commu-
Un accident de force 3 (cf. tableau 2) ne à trois fours, après perçage de l’un - Lors du stockage, la rupture de la
a eu lieu dans une usine de recycla- d’eux et fuite de métal liquide. Les fourche a provoqué la chute au sol
ge, tuant un employé et brûlant griè- organes de manœuvre (vérins) ont d’une plaque de 10 tonnes qui avait
vement deux autres, lors du char- été détruits et, dans chacun des trois été positionnée en bout de fourche ;
gement d’un paquet de déchets fours, dix tonnes de métal se retrou- conséquence : dégâts matériels et
contenant du nitrate d’ammonium. vèrent prises en masse. mise au rebut.

13
PHASES PRINCIPALES.
OPÉRATIONS ET FONCTIONS ASSOCIÉES
3 L’opération globale de production
peut être découpée en phases prin-
cipales, pour lesquelles il est néces-
saire de définir et d’organiser les
La constitution de la charge d’un four
va nécessiter la manutention de
quantités variables de différents pro-
duits aux formes et dimensions
- produits massifs plus ou moins
stables lors de leur manipulation
tels des plaques, tés, billettes,
blooms, éboutages de plaque,
moyens appropriés en hommes et en variées impliquant l’emploi d’équipe- ébauches de fil, chutes,
matériel. ments et accessoires spécifiques. - produits en feuilles enroulées ou
Le métal de base, l’aluminium, peut non, lingots isolés ou en pile,
Ces phases principales sont les sui-
vantes : se présenter sous les formes sui- - produits de récupération massif
- préparation des charges, vantes : (sow-bol), ou en vrac (coulures de
- élaboration, - métal liquide en poche spéciale pro- métal, chutes de rive, éboutages de
- coulée, venant directement des unités billettes, copeaux), contenus dans
- parachèvement et transfert. d’électrolyse, des bennes ou des big bags.

3.1. PRÉPARATION
DES CHARGES

3.1.1. Définition
Une charge de four est constituée de
métal (liquide ou solide), de produits
de recyclage et de produits d’addi-
tion. L’ensemble de ces produits aux
conditionnements divers doit être
réceptionné, sélectionné, classé, mar-
qué et pesé. La préparation des
charges doit permettre de rendre
accessibles à la manutention pour le
chargement la quantité nécessaire de
ces produits aux conditionnements
divers. Photo 2. Sows et bols d’aluminium

14
PHASES PRINCIPALES.
OPÉRATIONS ET FONCTIONS ASSOCIÉES

À ce métal de base sont très fré-


quemment ajoutés d’autres métaux
(souvent sous forme d’alliages-mères),
de façon à améliorer certaines carac-
3
téristiques des produits obtenus après
élaboration et coulée. Les produits
d’addition se présentent le plus sou-
vent sous forme de grenaille, de pla-
quettes, de rouleaux de fils, de lin-
gots... La préparation de ces additions
se limite à une manutention, une
pesée, une nouvelle manutention au
moment de l’incorporation dans les
charges, de sorte que le métal mani-
pulé reste sous forme compacte et ne
se trouve pas sous forme pulvérulente
(sauf dispositif d’injection adapté).

3.1.2. Zones Photo 3. Stockage de produits d’addition

La préparation des charges s’effectue


dans des aires couvertes spécifiques ment des risques de manutention effet quand les engins ne peuvent
situées à proximité des zones de dus à l’interaction directe homme/ quitter aisément la fonderie ou dans
réception et de stockage des matières produit/moyens de manutention. les ateliers spécialisés pour les autres
premières, à l’écart et en amont des L’analyse détaillée de ces risques et engins. Si l’intervention est effectuée
zones accueillant les fours et les une démarche préventive adaptée dans la fonderie, les opérateurs doi-
machines de coulée. sont disponibles dans le GPP 3. vent être informés des risques encou-
rus dans les fonderies ainsi que des
Les emplacements de triage et de Les matériels de manutention doi- systèmes d’alarme.
préparation des charges comportent vent être conformes aux dispositions
des zones d’évolution des engins de de la réglementation et aux exi- Le choix, l’utilisation et l’implanta-
manutention, des allées de circula- gences des normes en vigueur, com- tion des matériels de manutention
tion pour piétons et des zones de plétées par des exigences de concep- dépendent des caractéristiques tech-
coactivité où peuvent se trouver tion spécifiques visant à les adapter niques des options de production
simultanément du personnel et des aux opérations de manutention dans (métal et produits fabriqués), de l’im-
engins de manutention. les fonderies. plantation des bâtiments de fonde-
rie, de l’implantation des équipe-
Le contrôle et l’entretien de ces ments de production et de l’analyse
3.1.3. Équipements moyens de manutention doivent être des risques auxquels sont exposés les
effectués régulièrement. opérateurs chargés de la manu-
Les équipements nécessaires à la pré- tention lors de la préparation des
paration des charges sont des poches Pour les moyens de manutention liés charges.
de métal liquide et leurs véhicules de aux structures (ponts et potences), la
transport, des moyens de condition- liste des opérations d’entretien doit Les principes à retenir pour la concep-
nement spécialisés (bennes, palettes, être précisée dans la notice du four- tion des moyens de manutention
trémies, conteneurs souples), des ins- nisseur (cf. ED 716). La conception sont essentiellement :
tallations mécanisées de distribution des installations doit tenir compte de - l’adaptation des matériels de manu-
pour les produits solides, des appa- ces nécessités d’entretien et des diffi- tention aux caractéristiques des
raux de manutention (ponts, pinces, cultés que ces opérations peuvent équipements de production,
chariots à fourche ou engins spéci- entraîner (cf. § 4.4.1). - l’adaptation des accessoires aux
fiques) et de pesage. types de produits à manutentionner.
Pour les moyens de manutention liés
au sol (chariots automoteurs, engins Les principes à mettre en œuvre
3.1.4. Risques et moyens spéciaux, grues et portiques), la liste dans les opérations de manutention
de prévention des opérations d’entretien doit être consistent à :
définie dans la notice du construc- - limiter au minimum les manuten-
3.1.4.1. Manutentions teur. tions manuelles (c’est-à-dire toute
intervention faite à la main au cours
Dans cette phase de préparation des Ces opérations sont faites dans les d’une phase de manutention méca-
charges, les risques sont essentielle- zones de la fonderie prévues à cet nisée - guidage du produit, mise en

15
PHASES PRINCIPALES.
OPÉRATIONS ET FONCTIONS ASSOCIÉES

3 - porter des gants lors des manipula-


tions ;
- respecter les règles habituelles d’hy-
giène en particulier en ce qui
concerne les mains et les vête-
ments ;
- étudier les conditions de stockage et
de manutention pour éviter de créer
artificiellement et inutilement des
poussières ;
- informer le personnel sur les risques
de maladies professionnelles.

Lors de la mise au point ou de modi-


fication importante des process d’éla-
boration, il est recommandé de pro-
céder à une analyse d’atmosphère
pour s’assurer que ces modifications
n’induisent pas une augmentation
Photo 4. Briquettes d’alliage-mère contenant du manganèse des concentrations dans l’atmosphè-
re du poste de travail et un dépasse-
ment des valeurs limites d’exposition
place d’une cale...) et en évaluer les - l’étiquetage réglementaire (qui professionnelle.
risques (ex. gerbage de piles, décou- indique les risques principaux),
pe de feuillards) ; l’ergonomie peut - la fiche de données de sécurité (qui
aider à maîtriser les risques lors de complète et approfondit les infor-
la manutention manuelle ; elle sup- mations données par l’étiquetage). 3.2. ÉLABORATION
pose une approche multidisciplinai-
re mise en œuvre par les personnes Bien compris et exploités, les élé-
qui possèdent des connaissances sur ments fournis par ces documents doi- 3.2.1. Définition et chronologie
la situation de travail sur l’homme vent déjà permettre de mettre en des opérations
et sur l’activité industrielle (cf. place un plan et des mesures de pré-
ED 774) ; vention lorsqu’il s’agit d’utiliser un L’élaboration consiste à enfourner les
- implanter les zones de manutention produit chimique dangereux. charges préparées, les fondre, tra-
et définir les plans de circulation vailler le métal liquide dans le four,
pour que les trajectoires des engins Certains métaux additionnés à la extraire et traiter les crasses chaudes.
interfèrent le moins possible avec charge lors de la phase de prépara- L’analyse détaillée de ces risques et
les zones de présence des opéra- tion (le plomb par exemple) peuvent une démarche préventive adaptée
teurs au sol et avec celles dans les- faire courir des risques d’intoxication. sont disponibles dans le GPP 4.
quelles il existe un risque de projec- Il est donc nécessaire, lors de l’utili-
tions de métal liquide ; sation de tels produits, d’adopter des Les opérations débutent par la mise
- assurer la formation des opérateurs mesures préventives adaptées pour en chauffe du four qui consiste, le
aux procédures de manutention et prendre en compte le mieux possible dispositif de chauffage du four étant
leur qualification à la conduite des le risque de maladies profession- arrêté depuis peu, en veilleuse ou en
engins de manutention, en prenant nelles (cf. ED 486). faible puissance de maintien, à aug-
en compte les risques inhérents à la menter sa puissance, selon un pro-
coactivité ; D’autres métaux, très réactifs tel le gramme établi dépendant de l’état
- assurer l’information des agents des sodium, nécessitent des techniques thermique préalable afin de le mettre
entreprises extérieures sur les spécifiques d’utilisation. dans les conditions nécessaires à une
risques liés aux opérations de manu- opération de fusion ou de maintien.
tention. Les mesures de prévention consistent Après arrêt prolongé ou réfection
à: du four, le redémarrage consiste à
- approvisionner ces métaux ou réchauffer progressivement le four
3.1.4.2. Produits dangereux alliages sous forme solide compacte, froid selon un programme de montée
ne nécessitant pas de préparation en température déterminé qui
Pour tout produit chimique, les particulière (usinage, ...), à l’exclu- dépend de l’intervention, du réfrac-
sources primaires et essentielles d’in- sion de toute présentation sous taire et du four.
formation concernant l’évaluation forme pulvérulente (sauf dispositifs
des risques et les précautions à de manipulation et d’injection adé- Après fusion complète des charges, le
prendre lors des manipulations sont : quats) ; métal liquide est maintenu à une

16
PHASES PRINCIPALES.
OPÉRATIONS ET FONCTIONS ASSOCIÉES

température prédéterminée en fonc-


tion de l’alliage et sa surface est
débarrassée des crasses (oxydes
d’aluminium) qui surnagent lors de
peut être effectué par basculement
du four ou par débouchage d’un trou
de coulée (ou orifice de transvase-
ment). Lorsque tout le métal contenu
- les fours de fusion munis d’équipe-
ments de chauffage puissants per-
mettant la refonte du métal,
- les fours de maintien employés pour
3
l’écrémage. Cette opération est effec- dans le four est transvasé, on parle maintenir liquide du métal chargé
tuée à l’aide d’un racle ou d’une écu- alors de vidange du four. dans cet état.
moire, soit manuellement, soit avec
un chariot équipé spécifiquement, À chaque four de fusion est généra-
soit avec un engin spécialisé. Le lement associé un four de maintien
métal liquide peut également être 3.2.2. Zone basculant.
traité par injection d’un gaz neutre
(argon ou azote), de chlore ou addi- Cette zone couverte contient les fours Ces fours peuvent également être
tion d’un produit chimique (chlorure de fusion et de maintien et les équi- classés selon les technologies qu’ils
de magnésium, etc.), afin d’améliorer pements de travail sur four. C’est une utilisent (une description détaillée
ses propriétés métallurgiques. des zones essentielles de la fonderie des différents types de fours est pro-
occupant une position centrale dans posée dans le GPP 4).
En final, avant transvasement, vidan- le bâtiment, à faible distance et en
ge du four ou coulée, la composition amont des installations de coulée.
du métal est ajustée pour obtenir les Des dégagements importants doi- 3.2.3.2. Machines de service
spécifications de l’alliage désiré. vent être prévus autour des fours
pour permettre les opérations ainsi Une ou plusieurs machines de service
C’est l’opération de mise au titre qui des fours assurent les travaux d’intro-
consiste, après détermination de la que l’évolution des engins et des pié-
tons en sécurité. duction des charges, le brassage et
composition du métal et de la quan- l’écrémage du métal liquide.
tité présente dans le four, à rajouter
le complément des ingrédients Il s’agit tout d’abord des équipe-
(alliages mères, métaux d’addition) 3.2.3. Équipements ments de manutention classiques
qui permettra d’obtenir la teneur vou- déjà rencontrés lors de la préparation
lue. L’opération est suivie d’un bras- 3.2.3.1. Fours des charges, tels les poches de métal
sage pour homogénéiser la totalité liquide et leurs véhicules de transport,
du métal fondu. Les fours et leurs annexes sont les ainsi que les ponts, pinces et chariots
principaux équipements permettant à fourche. Certains chariots peuvent
Le métal fondu est ensuite extrait en les opérations d’élaboration du métal également être équipés, pour le char-
le faisant passer dans un autre four avant la coulée. Ils peuvent être gement des fours, d’un conditionne-
ou dans une poche par l’intermédiai- répartis en deux catégories suivant ment (benne, benne sur pousseur ou
re d’une goulotte Ce transvasement leur fonction : rotateur).

17
PHASES PRINCIPALES.
OPÉRATIONS ET FONCTIONS ASSOCIÉES

3 LES PRINCIPAUX
TYPES DE FOURS
actuelle permet également de
vidanger les fours par divers
systèmes de pompage ou de
Certains fours peuvent être chargés à
l’aide d’installations mécanisées plus
spécialisées :
- bennes à fond escamotable (coquil-
Les fours siphonnage ; la vidange des les ou lamelles), palettes ou trémies
de type réverbère fours basculants se fait par pour le chargement des fours à
verse et les systèmes de voûte escamotable,
Les fours de ce type, fixes ou - bennes basculantes ou tapis d’ali-
basculants, servent aussi bien fermeture décrits pour les fours
fixes peuvent être présents ; le mentation pour le chargement par
au maintien qu’à la fusion. Ils la cheminée.
comprennent : basculement est en général
- une structure porteuse, fixe ou assuré par des vérins
hydrauliques habituellement au À ces apparaux de manutention,
basculante, constituée de la s’ajoutent les chariots automoteurs
carcasse métallique, de la sole, nombre de deux et calculés
pour résister à la défaillance de équipés en vue d’opérations plus spé-
des murs et de la voûte ; cette cifiques telles le brassage, l’écrémage
l’autre ; dans les fours
structure en acier est garnie de et le décrassage du métal liquide. Ces
traditionnels, ils lèvent le four
réfractaire ; le garnissage de chariots portent des râcles, sont équi-
par le fond, ce qui nécessite une
surface est de nature à résister pés d’éperons ou de bras mobiles.
fosse profonde pour les loger
aux chocs mécaniques et à
tandis que, dans les fours
l’attaque du métal liquide ; sa
récents, ils sont implantés
peinture extérieure peut être un 3.2.3.3. Fluides gazeux
latéralement à l’extérieur et
élément de sécurité quand sa soulèvent le four par le haut ; de traitement du métal liquide
dégradation signale un certains fours anciens, équipés
vieillissement défaillant du Ces gaz (chlore, azote, argon, etc.)
de vis sans fin à moteurs sont injectés dans le métal liquide
garnissage ; électriques, présentent
- des ouvertures de chargement : lors de certaines étapes de l’élabora-
l’inconvénient de risquer de ne tion. Leur mise en œuvre dans les
les portes (frontales dans les pouvoir inverser le basculement
fours traditionnels, latérales fours suppose des réseaux d’alimen-
en cours de coulée ; il y a alors
facilitant les opérations dans des tation, des vannes et des systèmes de
lieu de prévoir des systèmes de
conceptions plus récentes) sont contrôle dans la zone des fours. Le
fermetures étanches ;
en acier protégé par un stockage et la distribution de ces
- des systèmes de chauffe
garnissage ; l’étanchéité est utilisant diverses sources fluides seront traités dans le § 4.5.
réalisée par conception du fait d’énergie ; le fioul lourd BTS
du poids de la porte ; la no 2 (voir le fioul léger) ou le
présence d’un joint intérieur est 3.2.3.4. Installations
gaz naturel à moyenne ou de traitement des crasses
devenue rare mais leur basse pression sont les plus
encadrement est parfois refroidi couramment utilisés ; les Les crasses sont traitées de façon à ce
à l’eau ; d’autres technologies brûleurs se répartissent en deux que la plus grande partie du métal
sont employées pour le catégories : un ou plusieurs soit récupérable sous une forme non
chargement qui peut s’effectuer, brûleurs de fusion, pilotés en oxydée. Pour ce faire, les traitements
selon les types de four, par fonction de la température des les plus utilisés sont :
voûte amovible (chargement fumées ou du bain et un brûleur - le refroidissement rapide (épandage
très rapide, surtout pour des de maintien modulé en fonction sur une aire aménagée ou passage
fours de grande capacité), par de la température du bain ; les dans des tubes tournants refroidis à
la cheminée (ce qui permet contrôles de sécurité l’eau),
notamment le séchage des comportent, entre autres, la - le transfert dans des enceintes sous
charges et une économie mesure des températures de gaz inerte pour refroidissement,
d’énergie) ; voûte, des fumées et du bain et - le traitement dans des fours à bain
- des dispositifs de la détection de flamme ; de sel...
transvasement et de vidange, l’énergie électrique est parfois
différents selon que le four est utilisée pour assurer le maintien Ces installations font principalement
fixe ou basculant : pour les fours en température, les résistances courir des risques de brûlures et d’in-
fixes, la vidange peut s’effectuer étant incorporées à la voûte ; halation de fumées.
par gravité, à travers un trou, les gaz de combustion sont
en partie basse ; des évacués à l’extérieur par une
quenouilles ou tampons, cheminée permettant le
manœuvrés manuellement ou basculement du four. 3.2.4. Risques et moyens
mécaniquement permettent de de prévention
l’obturer ; la technologie suite page 21
Les risques inhérents à cette phase
sont essentiellement :

18
PHASES PRINCIPALES.
OPÉRATIONS ET FONCTIONS ASSOCIÉES

- les risques de brûlures et de projec-


tions explosives dues à un contact
intempestif du métal liquide avec
de l’eau ;
3
- les risques liés à l’utilisation de pro-
duits chimiques, qu’ils se traduisent
sous la forme de risque d’explosion
ou d’incendie (gaz, fioul, huile des
vérins...) ou sous la forme de risque
toxique (chlore, monoxyde de carbo-
ne, fumées) ;
- les risques de brûlures au contact de
parois, de métaux ou de crasses
chauds ;
- les risques dus à la manutention et
les risques de collision liés à la cir-
culation des engins et des per-
sonnes.

Photo 5. Four en cours de coulée par basculement


3.2.4.1. Projections explosives
dues à un contact intempestif
du métal liquide avec de l’eau
L’arrivée au contact d’eau ou d’humi-
dité et de métal liquide peut avoir
quatre origines principales :
- l’introduction d’une charge conte-
nant de l’eau dans un pied de bain
de métal liquide (ou inversement la
coulée de métal liquide sur une
charge contenant de l’eau déjà pré-
sente dans le four) ;
- la percée d’un élément refroidi du
four amenant de l’eau au contact
du métal liquide ;
- le débordement ou la percée du four
et le déversement de métal liquide
dans une fosse contenant de l’eau
ou sur le sol humide ;
- l’utilisation de matériel ou d’ou- Photo 6. Ouverture d’un four de fusion
tils humides pour traiter le métal
liquide.

3.2.4.1.1. Introduction d’une


charge susceptible de contenir
de l’eau dans du métal liquide
Il n’est pas possible d’enfourner direc-
tement dans du métal liquide cer-
taines charges pouvant contenir de
l’eau (humidité, condensation, etc.)
sans risquer des explosions violentes.

Ce type d’incident est à l’origine de la


majorité des projections explosives
de métal liquide survenant dans la
phase d’élaboration. Il est à noter
que, concernant les accidents surve-
nus chez ses adhérents entre 1992 et Photo 7. Trou et fissures formés lors du refroidissement d’un sow et susceptibles
1995, l’“Aluminum Association” fait de piéger une quantité significative d’eau lors d’un stockage en extérieur

19
PHASES PRINCIPALES.
OPÉRATIONS ET FONCTIONS ASSOCIÉES

3 ressortir que le chargement de


déchets représente la cause d’environ
25 % des explosions survenant en
fonderie.

Afin d’éviter ce risque, chaque fonde-


rie, en fonction des conditions d’ex-
ploitation, doit disposer de consignes
d’enfournement prenant en compte
les spécificités de son activité.

Le principe à appliquer est le sui-


vant :
- pas d’enfournement de corps creux
ou de métal humide, oxydé ou pol-
lué par des oxydants directement
dans le métal liquide.

Les mesures préventives diminuant la


Photo 8. Chargement d’un four d’élaboration à partir d’une poche
probabilité d’occurrence de ces acci-
contenant du métal liquide provenant d’une unité d’électrolyse
dents sont les suivantes :
- les bennes de chargement des fours
doivent être à fond perforé (en
métal déployé par exemple) afin de
ne pas retenir de l’eau ;
- le chargement des déchets humides
ne peut se faire que sur sole sèche
ou sur un matelas suffisant de
déchets secs ;
- les bols et sows achetés à l’extérieur
doivent être préchauffés avant intro-
duction dans le métal liquide (la
fusion sur sole sèche peut se faire
sans préchauffage) ;
- les bols et sows produits en interne
doivent être stockés à l’abri et refon-
dus le plus rapidement possible ;
- le déversement de métal liquide
n’est autorisé que dans des fours
Photo 9. Racle dans un four lors d’une opération d’écrémage secs et vides, des fours contenant du
métal solide porté à plus de 200 oC
ou du métal liquide ;
- le stockage du métal massif destiné
à être enfourné dans du métal liqui-
de doit se faire à l’abri.

3.2.4.1.2. Percée d’un élément


de refroidissement du four
amenant de l’eau au contact
du métal liquide
Ce type d’incident est dû à la coexis-
tence de circuits de refroidissement
alimentés en eau et d’aluminium
liquide dans certains fours, et ce de
par leur principe de fonctionnement.
Cette coexistence circuits de refroidis-
sement alimentés en eau/métal
liquide est systématique dans les
Photo 10. Ecrémage effectué à l’aide d’un chariot équipé d’un racle fours à induction.

20
PHASES PRINCIPALES.
OPÉRATIONS ET FONCTIONS ASSOCIÉES

Les mesures préventives permettant


de diminuer la probabilité d’occur-
rence de ces incidents sont les sui-
vantes :
Les fours à creuset
Les fours de ce type, fixes ou
contre les projections et le
rayonnement ;
- des dispositifs permettant
3
- les systèmes d’alimentation en eau basculants, peuvent être utilisés d’assurer la vidange manuelle
doivent garantir la permanence du pour la fusion d’alliages ou ou automatique à la louche de
débit de façon à empêcher l’ab- pour leur maintien à coulée, par gravité ou sous
sence locale de refroidissement qui température. Dans certains cas, pression d’air dans le cas des
conduit à des surchauffes et à des ils peuvent aussi servir pour la fours fixes ; la vidange des
percements d’encadrements ou de fusion et le maintien simultané, fours basculants est
réfractaires (notamment dans le cas ils sont alors appelés fours généralement effectuée par un
des fours à induction) ; mixtes. Ils présentent : système électro-hydraulique,
- l’état du circuit d’eau doit être - une enveloppe métallique mais, dans certains cas, c’est
contrôlé régulièrement ; appelée “carcasse” qui définit l’opérateur qui fait basculer le
- lorsqu’il existe, le système de refroi- l’encombrement du four, four grâce à un système
dissement de certaines parties des constitue la structure porteuse, mécanique combinant un
fours telles que les encadrements de maintient le garnissage isolant volant, une vis et un ensemble
portes, les brûleurs, etc., doit com- et réfractaire (composé de de pignons ;
porter des vannes d’alimentation et plusieurs couches de briques ou - des systèmes de chauffe
d’arrêt en amont des pièces refroi- de béton) et maintient le utilisant diverses sources
dies et doit être conçu pour que la creuset en position ; comme d’énergie : les fours à fioul ou
vaporisation éventuelle de l’eau en pour les fours de type à gaz sont équipés de brûleurs
cas de fuite ou d’arrêt d’alimenta- réverbère, la peinture fixés à la carcasse et traversant
tion ne provoque pas une mise en extérieure peut être un élément le réfractaire ; une chambre de
pression de l’installation. de sécurité quand sa combustion est délimitée entre
dégradation signale un le creuset et le réfractaire, le
vieillissement défaillant du brûleur étant situé dans la
3.2.4.1.3. Débordement ou percée garnissage ; partie basse du four et
du four et déversement de métal - un creuset permettant tangentiellement au creuset,
liquide dans une fosse contenant d’élaborer et contenir les avec un angle défini pour
de l’eau ou sur le sol humide alliages liquides ; il peut être permettre à la flamme une
Des débordements peuvent avoir lieu métallique (il doit alors être rotation autour du “fromage”
lors d’un chargement du four au-delà poteyé), en graphite, en et du creuset ; la puissance
de ses capacités ou lors d’un déverse- carbure de silicium ou un installée, donc le type de
ment brutal de métal solide dans un mélange des deux ; la forme brûleurs, est fonction du type
pied de bain. La percée d’un four des creusets dépend de l’usage de four : fusion, maintien ou
peut être due à une faiblesse des du four ; leur capacité varie de mixte ; les fours électriques à
réfractaires, un mauvais entretien ou quelques points à 3 000 points résistances métalliques fixées
un refroidissement inefficace de et ils sont généralement de sur le réfractaire et disposées
ceux-ci. forme conique ou tronconique, autour du creuset sont de
profonds et avec un bec de conception classique ; les fours
Les mesures préventives permettant coulée pour les fours électriques à barreaux
de diminuer la probabilité d’occur- basculants, très larges pour les radiants, dans lesquels les
rence de tels débordements ou perce- fours de maintien fixes (en vue éléments radiants en carbure
ments sont les suivantes : du puisage à la louche) ; les de silicium sont disposés autour
- les chariots de manutention doivent conditions d’utilisation (mise en du creuset et montés dans des
être appropriés aux conditions de chauffe, chargement, type de supports réfractaires, sont de
travail pendant le chargement : lon- creuset, ...), de montage des conception plus récente (le
gueur du bras ou de la fourche de creusets et surtout de remplacement d’un ou des
chargement suffisante (pour assurer manutention et de stockage éléments se fait sans toucher au
sont très importantes, creuset et au garnissage) ; les
le chargement “en douceur” de
notamment sur le plan sécurité ; gaz de combustion sont
solides dans du métal liquide et
- une ouverture de chargement évacués à l’extérieur par une
ainsi éviter des projections), cabine
par la partie supérieure du cheminée intégrée à la
de protection contre les projections ; carcasse et reliée à la chambre
creuset, fermée par un
- il faut toujours s’assurer que la capa- de combustion dans le cas des
couvercle lorsque la charge est
cité du four est suffisante pour suffisamment fondue ; les deux fours fixes à fioul ou à gaz ;
accueillir, en plus du métal liquide fonctions essentielles du
qu’il contient déjà, la charge qu’il couvercle sont la protection suite page 23
est prévu de rajouter, et en per-
mettre le brassage ;

21
PHASES PRINCIPALES.
OPÉRATIONS ET FONCTIONS ASSOCIÉES

3 - les réfractaires doivent être étudiés


et mis en place avec soin ; un contrô-
le et une maintenance adaptés et
réguliers sont essentiels (par exem-
ple des mesures de température de
carcasse permettent de prévenir la
percée) ;
- le décrassage se fait à fréquence
variable, en fonction du type de pro-
duit refondu ; il s’effectue avec des
pics, racles, ringards, soit manuelle-
ment, soit avec des engins ; c’est
l’occasion de contrôler l’état du
réfractaire et d’en effectuer la répa-
ration (gunitage lorsqu’elle est
effectuée à chaud) ou la réfection à
température ambiante ; dans le cas
particulier des fours à induction à
creuset, le brassage caractéristique Photo 11. Chariot spécialement équipé (rotateur, double écran de protection)
occasionne un dépôt de crasses s’apprêtant à charger des chutes d’aluminium dans un four de fusion
localisé sur deux anneaux ; ces
dépôts doivent être enlevés réguliè-
rement ; après réagréage éventuel, dent grave ; de plus, ces éléments - la mise en place d’un garnissage
on applique un enduit de protection peuvent renseigner sur l’état d’usure nouveau et son séchage demandent
qui obstrue les porosités ; des réfractaires (la mesure de la beaucoup de temps et de soin (dans
- le stockage des creusets doit être résistance électrique d’un réfractaire le cas des fours à induction, certains
réalisé dans un endroit propre, sec permet de surveiller son état) ; dans éléments (cuve, inducteur...) peu-
et facile d’accès ; du fait de leur fra- ce type de four, le circuit de refroi- vent être prévus en réserve) ;
gilité, les creusets doivent être mani- dissement de la bobine est quasi- - le stockage des creusets doit être
pulés avec précaution ; ment toujours fermé et équipé d’un réalisé dans un endroit propre et
échangeur. Un réseau de secours est sec ;
- les creusets en fonctionnement font à prévoir en cas de défaillance du - n’utiliser au contact du métal liqui-
l’objet de changements soit systé- réseau normal ; de que des outils exempts d’humidi-
matiques, soit après examen visuel ;
- il serait souhaitable que les sols et té ; les stocker à l’abri des intempé-
- des contrôles périodiques des élé- les fosses des fours accessibles à ries dans un lieu propre et sec ;
ments de pyrométrie et d’isolement l’eau et à d’éventuels déversements - avant d’utiliser des outils (louches,
électrique doivent être effectués ; les d’aluminium liquide soient revêtus racles, auges, agitateurs, obtura-
creusets métalliques ou les gaines de peintures bitumineuses ou de teurs et rigoles de coulée) au
métalliques de protection des ther- résines époxydiques appropriées ; contact du métal liquide, s’assurer
mocouples doivent être nettoyés les puisards de reprise des fosses par un examen visuel soigné que
et/ou poteyés à fréquence déter- doivent être munis d’un filtre et pla- leur poteyage est suffisant, bien réa-
minée ; cés dans des zones constamment lisé et séché ; les préchauffer avant
- un contrôle visuel et dimensionnel immergées. de les tremper.
de l’état du réfractaire ainsi qu’un
suivi de la consommation d’énergie
doivent être réalisés périodique- 3.2.4.1.4. Utilisation de matériel
et/ou d’outils humides 3.2.4.2. Risques liés à l’utilisation
ment ; de produits chimiques
pour traiter le métal liquide
- dans le cas particulier des fours à
induction, une conception limitant Ce type d’accident a les mêmes ori- Dans cette phase, les risques chi-
l’énergie aux besoins ou limitant la gines physiques que les précédents, miques peuvent se traduire par des
température permet de minimiser le c’est-à-dire le contact aluminium risques d’incendie et d’explosion, ou
risque de défaut de régulation de liquide - humidité. par des risques d’intoxication.
puissance pouvant conduire au per-
çage du réfractaire ; un système de Les mesures préventives permettant Les risques d’incendie et d’explosion
suivi des paramètres électriques de de diminuer la probabilité d’occur- sont dus principalement :
la bobine et un contrôle rigoureux rence de ces incidents sont les sui- - aux combustibles liquides ou gazeux
du refroidissement correct de l’in- vantes : utilisés pour chauffer les fours,
ducteur (température des retours - du métal liquide ne doit être versé - au chargement accidentel d’un pro-
d’eau) sont nécessaires pour dépis- que dans un four préchauffé dont duit conduisant à une explosion au
ter les dérives et agir avant l’inci- les réfractaires sont secs ; contact de l’aluminium liquide.

22
PHASES PRINCIPALES.
OPÉRATIONS ET FONCTIONS ASSOCIÉES

Les risques d’intoxication ou d’as-


phyxie sont dus principalement :
- au chlore,
- aux gaz de traitement inertants,
dans le cas des fours
basculants ou des fours
électriques fixes, l’évacuation
amovible comprend le ou les
canaux, les noyaux
magnétiques et les bobines
3
- aux gaz de combustion, notamment des gaz et des poussières se d’induction. Le refroidissement
au monoxyde de carbone. fait à l’extérieur par une peut se faire par air ou par eau.
cheminée équipée en partie Le canal de ces appareils
Outre les mesures de ventilation basse d’une hotte.
générale et d’assainissement de l’air requiert de grandes attentions
des locaux de travail (cf. ED 720) qui car le réfractaire est de forme
Les fours à induction complexe donc difficile à mettre
seront décrites dans le § 4.7.1, dans
certains cas, les moyens de préven- en œuvre, et son épaisseur est
Lorsqu’une charge conductrice
tion de ces risques peuvent être faible (le noyau magnétique
est placée dans un champ passe au milieu de la spire et du
importants et comporter des équipe- magnétique alternatif, il se garnissage entourant celle-ci).
ments particuliers et des installations développe dans sa masse des Les réfractaires des fours à
de type ventilation mécanique ou courants induits (courants de induction sont de plus soumis à
détection. C’est le cas notamment Foucault) qui provoquent par des contraintes spécifiques du
pour le chlore ou des produits de sub- effet Joule sa montée en fait des échanges thermiques
stitution utilisés dans les fonderies, température, permettant ainsi sa importants et des brassages
pour lesquels le GPP 5 détaille plus fusion et son maintien à l’état électromagnétiques. Leur
particulièrement les recommanda- liquide. Le matériau à fondre ou qualité en alumine ou magnésie
tions d’équipements et de procé- à maintenir en température est et leur mise en œuvre doivent
dures. confiné dans un canal ou dans être définies avec soin. Pour le
un creuset selon le type de four. bon fonctionnement du four, les
3.2.4.2.1. Risques d’incendie Le four à canal est constitué par canaux doivent être maintenus
et d’explosion une cuve garnie de matériaux en permanence dans du métal
Dus aux combustibles liquides réfractaires à la partie liquide afin d’éviter la
ou gazeux utilisés pour chauffer inférieure de laquelle se détérioration des réfractaires et
raccorde le canal qui peut être le bouchage du canal par des
les fours
vertical, horizontal, oblique, dépôts de crasse. Un nettoyage
Les combustibles liquides ou gazeux fermé ou ouvert. Le métal fréquent des canaux par
(fioul domestique ou lourd, gaz natu- remplissant ce canal constitue ringardage est également
rel) utilisés pour chauffer les fours une spire continue fermée par nécessaire. La puissance
peuvent être à l’origine d’incendie ou le métal de la cuve. C’est dans spécifique est également limitée
d’explosion en cas de dysfonctionne- cette spire que se développe le pour éviter la rupture de la
ment (fuite, défaut de régulation de courant induit par la bobine du veine liquide par effet de la
combustion, accumulation de gaz transformateur ainsi formé. Par résultante des forces de
non brûlés, défaut de régulation du effet Joule, le métal s’échauffe répulsion.
réchauffage de la cuve dans le cas du jusqu’à fusion dans la spire ; La particularité de la conduite
fioul lourd). par conduction et convection, le de ces fours est la difficulté de
métal contenu dans la cuve est mesurer en continu la
La surveillance et la maintenance des également fondu. Cette cuve température du métal liquide.
réseaux doivent être effectuées régu- contenant le métal liquide est Dans le cas des appareils
lièrement de façon à minimiser les de forme cylindrique ou refroidis à l’eau, il faut assurer
risques de fuite, et l’installation doit rectangulaire. Le prélèvement une permanence du débit de
présenter des vannes de barrage de métal se fait soit par mise en l’eau et un contrôle rigoureux
repérées et accessibles. Pour éviter pression, soit par basculement du refroidissement correct de
l’accumulation de gaz non brûlés, le autour d’un axe horizontal, sur l’inducteur (risque de percée et
matériel doit être conçu de façon à deux paliers axiaux à l’aide de d’explosion ou risque de
permettre le contrôle de la combus- vérins hydrauliques. blocage et difficulté de
tion et être vérifié périodiquement. La cuve comporte une ou deux vidange).
Dans le cas du gaz naturel, une pré- portes de décrassage qui Le four à creuset se compose
ventilation de la chambre avant étin- peuvent éventuellement servir essentiellement d’une bobine
celage doit être prévue. au chargement. Sur cette cuve inductrice entourant un creuset
sont fixés, par l’intermédiaire en réfractaire. La bobine
Dus au chargement accidentel d’une platine boulonnée, le ou inductrice est refroidie à l’eau
d’un produit incompatible les inducteurs, chaque inducteur car elle chauffe par effet Joule
pouvant présenter un ou
Le chargement par inadvertance de plusieurs canaux. Le bloc suite page 24
produits chimiques incompatibles ou
de déchets pollués par ces mêmes

23
PHASES PRINCIPALES.
OPÉRATIONS ET FONCTIONS ASSOCIÉES

3 et par conduction à travers les


réfractaires. Les spires sont
isolées entre elles. Elles subissent
d’équilibrer les intensités
absorbées sur les trois phases.
Grâce aux organes
tration inférieure à 1 ppm. Il est en
général stocké liquéfié sous sa propre
pression de vapeur saturante. Il est
faiblement soluble dans l’eau. Le
des effets mécaniques dus à la électroniques, la commutation chlore est toxique par inhalation et
poussée du réfractaire, aux des condensateurs est irritant. C’est un produit très dange-
effets électrodynamiques et à la automatique afin d’adapter la reux (une exposition à une concen-
pression métallostatique. D’autre puissance de fonctionnement tration de 1 000 ppm (ou 0,1 %) est
part, elles vibrent à la fréquence aux variations des rapidement fatale chez l’homme) et
du courant. Elles doivent donc caractéristiques de la charge. la VLE (valeur limite d’exposition pro-
être maintenues solidement pour La liaison avec la bobine se fait fessionnelle sur une durée inférieure
éviter les déformations. par câbles secs ou refroidis par ou égale à 15 minutes) de ce produit
eau. Dans les fours à moyenne est de 1 ppm, soit 3 mg/m3.
L’ensemble des constituants du
four est maintenu dans un fréquence, la bobine est
soumise à une fréquence Une exposition des opérateurs au
châssis, soit par une virole en
comprise entre 100 et chlore peut se produire suite à une
tôle très résistante avec lucarne
3 000 Hz. Un transformateur fuite sur l’installation d’alimentation
permettant de voir la bobine,
soit par une charpente alimente la partie puissance. La ou à une mauvaise évacuation des
métallique comprenant deux tension alternative du réseau émanations issues du four.
ceintures métalliques et des est redressée par un montage
colonnes de liaison, en pont. Des batteries de La prévention de ce risque repose
généralement en profilé. thyristors assurent la essentiellement sur des vérifications
L’ensemble constitue une cage commutation de la bobine à la périodiques, sur un réseau de détec-
à travers laquelle la bobine est fréquence souhaitée. tion et d’alarme chlore ainsi que sur
visible. Une troisième ceinture une formation à l’utilisation des
peut porter les attaches des appareils de protection respiratoire et
vérins de basculement. Les fours à des exercices d’évacuation. Les cap-
thermoplongeurs teurs doivent être judicieusement dis-
L’alimentation électrique de ces posés, en tenant compte du fait que
fours à induction est assurée Ils sont utilisés essentiellement le chlore est plus lourd que l’air. Le
par un transformateur pour le maintien des alliages réseau d’alarme chlore doit être
d’isolement. Pour les fours à liquides. L’élément chauffant
conçu de telle façon que le signal
basse fréquence (50 Hz), la électrique ou à gaz est disposé
d’alarme soit facilement audible et
bobine est alimentée entre dans une gaine réfractaire qui
reconnaissable de tous les postes où
deux phases ; un groupe de plonge dans l’alliage liquide.
du personnel de fonderie ou d’entre-
condensateurs permet d’ajuster La puissance installée est
l’énergie réactive. Une self de généralement plus faible que tien peut se trouver. Les appareils
compensation associée à une sur les autres types de fours. Ils individuels de protection respiratoire
seconde batterie de ont l’avantage d’être très isolés permettant la sûreté d’évacuation
condensateurs permet thermiquement. seront disposés judicieusement.
L’évacuation s’opérera conformément
au plan d’évacuation (cf. § 4.9.3).

produits chimiques peut également de fuite du liquide hydraulique. Pour Des appareils de protection respira-
conduire à des explosions au contact limiter ce risque, outre les mesures toire isolants autonomes destinés
de l’aluminium liquide. Des accidents déjà décrites au § 3.2.4.1.3 pour évi- aux équipes d’intervention seront
de ce type se sont produits avec des ter le déversement accidentel d’alu- disposés dans des endroits facile-
oxydants puissants (nitrates, chlo- minium liquide dans la fosse située ment accessibles et non exposés
rates...). Seuls un contrôle rigoureux sous le four, l’huile utilisée doit être (situés en fonction des points de
des charges avant enfournement et du type difficilement inflammable. risques et des possibilités d’interven-
une procédure de type assurance tion) et le personnel sera formé à leur
qualité sont susceptibles de limiter ce utilisation. Des consignes préciseront
3.2.4.2.2. Risques d’intoxication les conditions de surveillance du
risque.
ou d’asphyxie réseau d’alarme et des moyens de
Dus à d’autres causes Dus au chlore protection.

Le déversement accidentel d’alumi- Le chlore est, à température ambian- Des visites et des exercices réguliers
nium liquide dans la fosse située te et à pression atmosphérique, un et formalisés permettront de s’assurer
sous le four peut entraîner l’inflam- gaz de couleur jaune verdâtre, plus du bon respect des consignes (et du
mation de l’huile des vérins logés lourd que l’air, d’odeur piquante et caractère opérationnel des équipe-
dans cette fosse, notamment en cas suffocante, perceptible à une concen- ments d’intervention).

24
PHASES PRINCIPALES.
OPÉRATIONS ET FONCTIONS ASSOCIÉES

Le chlore est également susceptible


de réagir avec les hydrocarbures utili-
sés pour chauffer les fours et avec
leurs produits de combustion, pour
travers les cheminées des fours per-
met de respecter globalement l’objec-
tif d’une concentration inférieure à la
VME dans l’atmosphère de cette zone
bain liquide ou d’un débordement
peuvent être considérés comme liés
aux opérations de manutention et les
mesures préventives seront présen-
3
produire des composés organochlorés de la fonderie. Des contrôles réguliers tées dans le § 3.2.4.4.
dangereux. Un asservissement intro- peuvent être effectués pour le vérifier
duction du chlore / non fonctionne- et repérer une éventuelle dérive. Des moyens de secours aux brûlés
ment du brûleur doit permettre de doivent être immédiatement dispo-
limiter ce risque. Dus aux fumées de combustion nibles à proximité des postes de tra-
vail (cf. § 4.10.2).
Les fumées de combustion sont dan-
Dus aux gaz de traitement
gereuses, de par leur composition chi-
inertants 3.2.4.4. Risques dus
mique et de par leur température qui
Le risque dû à ces gaz inertes servant peut conduire à des brûlures. Leur à la manutention ainsi
au traitement du métal liquide dans évacuation est normalement assurée qu’à la présence de personnel
les fours n’est pas un risque d’intoxi- par tirage thermique à travers les che- et à la circulation des engins
cation mais un risque d’asphyxie qui minées des fours. Un défaut d’éva-
se produira lorsqu’un opérateur péné- cuation ou des fuites au niveau des 3.2.4.4.1. Risques dus
trera dans une zone où l’air respirable ouvertures lors du chargement peu- à la manutention
a été remplacé par une accumulation vent être à l’origine d’une pollution Afin d’éviter les projections d’origine
de gaz inerte. de l’environnement du four. Une “mécanique” et les débordements
conception adaptée ainsi que des lors de l’enfournement des charges,
La prévention de ce risque repose un mode opératoire rigoureux doit
vérifications et des contrôles pério-
essentiellement sur des vérifications être respecté et cette opération ne
diques des cheminées doivent per-
périodiques, un entretien régulier des doit être effectuée que par du per-
mettre de maîtriser ces problèmes.
vannes et sur la mise au point de pro- sonnel spécialement formé. Il faut
cédures efficaces de consignation. Il tout d’abord s’assurer que la capacité
est également recommandé d’essayer du four est suffisante pour accueillir,
3.2.4.3. Risques de brûlures
de concevoir les installations de en plus du métal liquide qu’il
au contact de liquides
façon à éviter la présence d’une dis- contient, la charge qu’il est prévu de
ou de solides chauds
tribution de gaz inertant à proximité rajouter. Pour prévenir les risques de
d’un espace confiné où ce gaz pour- Outre les risques de brûlures provo- projection de métal liquide lors de
rait s’accumuler en cas de fuite. Dans quées par les projections explosives l’enfournement de charges solides,
les zones où le risque d’inertage est d’aluminium liquide précédemment les chariots de manutention doivent
prévisible, un détecteur de niveau traitées, la phase d’élaboration fait être appropriés aux conditions de tra-
d’oxygène couplé à une alarme peut courir des risques importants de brû- vail pendant le chargement : lon-
être présent en continu ou porté par lures ayant pour origines principales : gueur du bras ou de la fourche de
les intervenants dans le cadre d’un - le contact avec des charges solides chargement suffisante (pour assurer
accès contrôlé. préchauffées ou avec de l’alumi- le chargement “en douceur” de
nium liquide, solides dans du métal liquide et ainsi
Dus au monoxyde de carbone - le contact avec des parties chaudes éviter des projections) et cabine de
Le monoxyde de carbone (CO) est un du four, protection contre les projections. La
gaz incolore, inodore et de densité - le contact avec des outils chauds, protection anti-incendie des engins
voisine de celle de l’air. C’est un - la projection de métal liquide lors de service (notamment frontale et
produit toxique dont la VME (valeur de l’enfournement brutal de charges supérieure) doit être prévue et ils doi-
limite d’exposition professionnelle, solides dans un pied de bain d’alu- vent être équipés de bandages adap-
moyenne sur un poste de travail minium liquide ou d’un déborde- tés aux ambiances thermiques.
de 8 heures) est de 50 ppm, soit ment.
55 mg/m3. Dans le cas de charges de métal liqui-
La prévention de ces risques réside de, l’utilisation de matériel adapté
Dans la zone où se déroule la phase essentiellement sur une limitation (poches, goulottes) bien positionné
d’élaboration, les fuites provenant maximale des occasions de contact doit limiter les risques de projection.
des fours sont la source de pollution opérateur / matière chaude et sur Les vitesses de déplacement et de
principale en monoxyde de carbone le port d’équipements de protec- basculement des poches de métal
(la pollution due aux engins à tion individuelle adaptés (cf. p. 32 liquide doivent être limitées.
moteurs thermique n’est pas spéci- Les EPI en présence d’aluminium
fique de cette phase et est traitée liquide). La sécurité des conducteurs des fours
dans le § 4.7.1.3). doit être assurée par l’éloignement et
Les risques de projection de métal la protection, au moyen d’une cabine
Par expérience, on sait que la ventila- liquide lors de l’enfournement brutal adaptée, des postes de commandes
tion obtenue par tirage thermique à de charges solides dans un pied de des fours.

25
PHASES PRINCIPALES.
OPÉRATIONS ET FONCTIONS ASSOCIÉES

3 3.2.4.4.2. Risques dus


à la présence de personnel
et à la circulation des engins
Les ouvertures mécanisées des fours
§ 4.9) ; les opérateurs en coactivité
doivent être spécialement formés.

Dans le cas particulier du déplace-


- la coulée sur chaîne de lingots,
- la coulée de grains et la fabrication
de poudre,
- la coulée à la pièce :
et les dispositifs assurant leur bascu- ment des poches de métal liquide, • moulage en coquilles par gravité,
lement font courir des risques, notam- une signalisation lumineuse et sono- • moulage en coquilles par basse
ment de coincement et d’écrasement, re doit indiquer l’interdiction de la pression,
aux opérateurs évoluant à proximité. présence d’un opérateur à proximité. • moulage au sable.
Les systèmes de fermeture, leurs
actionneurs et leurs sécurités, qu’ils Il a été choisi de se concentrer sur un
soient mécaniques ou hydrauliques, procédé de coulée spécifique aux fon-
doivent être vérifiés périodiquement 3.3. COULÉE deries d’aluminium : la coulée semi-
et maintenus en parfait état. continue verticale. Il est possible de
transposer l’analyse des risques effec-
Le basculement des fours fait aussi 3.3.1. Définition et principes tuée autour de ce procédé particulier
courir des risques d’écrasement pour aux autres procédés, avec l’aide du
La coulée du métal consiste à verser
les opérateurs. Les passages et accès service prévention de la CRAM. Un
le métal liquide dans l’installation de
doivent être aménagés de façon à document particulier à la coulée à la
coulée, le traiter en cours de coulée
limiter ce risque. Dans les installa- pièce facilitera cette transposition.
et le solidifier sous différentes formes
tions neuves, on doit prévoir, dans la
tels que plaques, billettes, lingots, fils
fosse accueillant les vérins, une garde Le procédé de coulée
ou bandes.
d’au moins 80 cm (homme à genoux) semi-continue verticale
entre sol et four. Les automatismes Les procédés de fonderie se différen- Ce vocable désigne un procédé parti-
employés doivent tenir compte de cient par la nature des installations culier de mise en forme et de solidi-
l’existence de ces risques. de refroidissement du métal liquide. fication d’une masse d’aluminium
La présence dans la même zone La solidification du métal est effec- liquide. Les produits solides obtenus
d’opérateurs au sol et de moyens de tuée, suivant le type de produit à se présentent de façon générale sous
manutention, qu’ils soient automa- obtenir, par différents procédés de la forme de plaques, de billettes ou
tiques (louches mobiles) ou conduits coulée parmi lesquels on distingue de lingots ayant la forme d’un T.
par d’autres opérateurs (chariots notamment :
- la coulée semi-continue verticale (de La solidification du produit s’effectue
automoteurs) induit également des
plaques, billettes et tés), progressivement dans un moule fixe
risques de collision, de coincement
- la coulée continue horizontale (de appelé lingotière dont la hauteur est
et d’écrasement dus à la coactivité.
barres et billettes), faible par rapport aux dimensions du
Les priorités engins / opérateurs doi-
- la coulée continue directe de produit coulé. Cette lingotière est
vent être organisées et définies, au
bandes de laminage, ouverte à ses deux extrémités et
moyen notamment de balisages au
refroidie extérieurement à l’eau. Elle
sol des zones de circulation et de - la coulée continue sur roue de lin-
est donc le siège d’un transfert ther-
travail et de limitations d’accès (cf. gots, fils et bandes,
mique permettant l’évacuation de la
chaleur libérée par le métal liquide
en cours de solidification.

Le métal solide, dont le refroidisse-


ment devient direct au sortir de la lin-
gotière, est évacué en continu vers le
bas alors que la lingotière est ali-
mentée en métal liquide par le haut.

Lorsque le produit solidifié atteint la


longueur requise, on arrête l’alimen-
tation en métal liquide puis le dépla-
cement vertical du produit.

La coulée semi-continue verticale cor-


respond donc à un procédé de mise
en forme du métal liquide dans
lequel solidification du métal et éva-
cuation du métal solidifié ont lieu
Photo 12. Fondeurs, protégés par une tenue de type 2, simultanément et en continu jus-
lors d’un début de coulée semi-continue verticale qu’au moment de la fin de coulée.

26
PHASES PRINCIPALES.
OPÉRATIONS ET FONCTIONS ASSOCIÉES

lant thermique et doivent être correc-


tement poteyés et séchés avant le
début de la coulée.
3
3.3.3.2. Machine de coulée
semi-continue verticale
Les principaux matériels constituants
d’une machine de coulée semi-conti-
nue verticale, ainsi que leur rôle lors
de l’opération de coulée, sont repré-
sentés sur les figures 2 et 3.
L’alimentation de la machine de cou-
lée en métal liquide est assurée, à
partir de la goulotte d’amenée, par
une busette fixée sur sa partie basse.
Le diamètre de cette busette dépend
des dimensions du lingot et de la
vitesse de coulée.
Photo 13. Métier de coulée lors d’un début de coulée semi-continue verticale
Un flotteur constitue, en association
avec la busette, un système de
3.3.2. Zone 3.3.3. Équipements contrôle et de régulation du niveau
de métal dans la lingotière. Le filtre
Cette zone occupe généralement une 3.3.3.1. Chenaux de coulée ne doit pas gêner le libre mouvement
position centrale dans le bâtiment. et goulottes du flotteur (dans certaines tech-
Les machines de coulée se situent niques, il n’y a pas de flotteur et par-
généralement à faible distance des La machine de coulée est alimentée fois pas de filtre).
fours et des installations de traite- par l’intermédiaire de chenaux de
ment du métal liquide. Elles sont des- coulée et de goulottes, le métal Initialement, en début de coulée, le
servies par les équipements néces- s’écoulant en général par gravité faux fond obture le fond de la lingo-
saires à l’amenée du métal liquide dans ces conduits. La section du che- tière. En se solidifiant, le métal se
ainsi qu’au transfert des produits de nal d’arrivée doit être calculée en rétracte et coulisse alors librement à
coulée vers la zone de parachève- fonction du débit prescrit. Ces che- travers cette lingotière dont les faces
ment. naux et goulottes renferment un iso- externes conduisent la nappe d’eau

27
PHASES PRINCIPALES.
OPÉRATIONS ET FONCTIONS ASSOCIÉES

3 de refroidissement issue des fentes


des boîtes à eau. Dans cette zone, le
refroidissement est indirect, à travers
les parois de la lingotière, l’eau ne
devant bien entendu pas entrer au
contact de l’aluminium tant que celui-
ci n’est pas solidifié. En dessous de la
lingotière, le refroidissement est direct,
l’eau issue des fentes des boîtes à eau
ruisselant alors sur les parois du métal
solidifié. Le faux fond repose sur un
descenseur qui permet d’évacuer vers
le fond de la fosse de coulée le produit
solidifié qu’il supporte.
La machine de coulée semi-continue
verticale est ainsi constituée d’un
1. Goulotte d’amenée du métal – répartiteur 6. Traverses (lames d’eau)
2. Busette – système contrôle niveau métal 7. Boîte à eau ensemble de matériels spécifiques
3. Flotteur – système contrôle niveau métal 8. Faux fonds intervenant dans le transfert ther-
4. Tissu diffuseur 9. Descenseur mique (refroidissement d’abord indi-
5. Lingotière (Alu)
rect puis direct une fois que l’exté-
rieur du produit de coulée est
Figure 2. Outillage de coulée. Transfert thermique - solidification
solidifié) et dans le déplacement ver-
tical du produit.
À cet ensemble sont associés des
automatismes de régulation et de
commande du débit d’eau de refroi-
dissement et des automatismes de
contrôle et de régulation du déplace-
ment vertical du descenseur.

3.3.3.3. Équipements
de manutention
Les opérations de démoulage des
plaques ou des billettes, parfois
de grandes dimensions, nécessitent
l’emploi de moyens de manutention
lourds, en général des ponts et leurs
accessoires. Ces moyens de levage et
de transport vont permettre de trans-
férer les produits de coulée dans la
zone où s’effectuera le parachève-
ment.

3.3.4. Risques et moyens


de prévention
L’analyse détaillée des risques liés à
cette phase et une démarche préven-
tive adaptée sont disponibles dans le
GPP 2.
Le risque de projection explosive de
métal liquide, particulier aux opéra-
1. Produit solidifié 6. Mécanisme du descenseur tions effectuées dans les fonderies
2. Front de solidification 7. Câble du descenseur
3. Zone liquide de tête de produit 8. Descenseur d’aluminium, constitue le risque prin-
4. Lingotière 9. Niveau de l’eau dans la fosse cipal lié aux opérations de coulée. Il
5. Fosse génie civil 10. Ruissellement eau refroidissement peut être dû à des anomalies de fonc-
tionnement ou à des défaillances de
Figure 3. Fosse de coulée et produits en cours de solidification matériel.

28
PHASES PRINCIPALES.
OPÉRATIONS ET FONCTIONS ASSOCIÉES

Le démoulage des produits solides,


souvent de grande taille fait égale-
ment courir des risques de manuten-
tion dans cette phase.
3
Enfin, comme dans la phase d’élabo-
ration, il existe un risque de brûlure
des opérateurs par contact avec du
métal liquide, des solides ou des
crasses chauds.

3.3.4.1. Projections explosives


de métal liquide
D’une façon générale, ce risque appa-
raît à l’occasion d’incidents de solidi-
fication mettant en jeu des écoule-
ments involontaires et non contrôlés
de métal liquide. Le refroidissement
du métal liquide dans une lingotière
de coulée semi-continue verticale est
un processus complexe, et la figure 4
matérialise les zones de refroidisse-
ment et de déversement ou “percée”
qui peuvent éventuellement se pro-
duire en cas d’incident de coulée. Elle
résume les observations et les hypo-
thèses quasi certaines qui ont pu être
formulées en étudiant un grand
nombre de cas concrets d’incidents
de coulée.
Figure 4. Matérialisation du refroidissement dans une lingotière de coulée semi-continue
Les incidents de solidification peu-
verticale et des divers incidents de solidification pouvant se produire
vent être les suivants :
- refroidissement irrégulier et insuffi-
sant de la lingotière entraînant des
CONCEPTION DE LA MACHINE percées de métal par refusion locale
de produits préalablement solidifiés ;
DE COULÉE SEMI-CONTINUE VERTICALE - libération de métal liquide lors du
La machine de coulée semi-continue verticale doit être définie en déchirement d’une partie solidifiée
tenant compte des objectifs de production et des risques suite à des tensions internes exces-
engendrés par la coulée. La conception de la machine doit tenir sives ;
compte des connaissances disponibles dans la profession - vitesse de descente trop rapide
concernant le comportement des alliages lors de la coulée. Par entraînant des percées de métal par
exemple, les métallurgistes disposent d’informations sur la déchirement de la croûte solidifiée ;
susceptibilité à la cambrure des métaux et alliages (fonction des - arrêt du descenseur pouvant entraî-
conditions de coulée), sachant que, plus la cambrure est élevée, ner des débordements de métal par
plus le risque d’accrochage des plaques sur les lingotières est surverse au-dessus de la lingotière ;
important. - accrochage ou coincement du pro-
duit solidifié en cours de coulée
La lingotière doit être conçue en fonction de la section du lingot et
conduisant, lors du décrochage ou
de la nature de l’alliage, de façon à ce qu’elle ne soit pas sujette
du décoincement, à des déverse-
à présenter des déformations par voilage. Elle doit être exempte
ments de métal liquide dans la fosse
de dépôt, de rayure ou de fissure. Ses faces externes doivent être
de coulée.
adaptées pour “conduire” la nappe d’eau de refroidissement.
Le faux fond doit pouvoir constamment coulisser librement dans la La prévention de ces incidents doit
lingotière (surtout lorsqu’il se dilate pendant la phase initiale de être avant tout basée sur une bonne
la coulée) et ses faces externes exposées aux déversements de conception des machines de coulée
semi-continue verticale (cf. encadré)
suite page 30 et sur une formation adaptée des
opérateurs.

29
PHASES PRINCIPALES.
OPÉRATIONS ET FONCTIONS ASSOCIÉES

3 métal doivent être lisses. Certains alliages vont nécessiter


l’utilisation de faux fonds galbés. En fonction de l’alliage, il peut
être recommandé de les équiper d’un système d’écoulement
3.3.4.2. Risques liés à la manu-
tention des produits de coulée
Le démoulage des produits solides,
souvent de grande taille, fait égale-
d’eau conçu pour éviter certains phénomènes liés à la ment courir des risques de manuten-
vaporisation entre faux fond et pied de plaque solidifié. De plus, tion dans cette phase. Les risques
tout accrochage de plaque doit pouvoir être détecté. principaux liés à ces manutentions
Le support de faux fond doit être constitué d’une structure lourdes, effectuées à l’aide de ponts,
métallique ajourée comportant le moins possible de surfaces potences ou portiques équipés de
horizontales susceptibles de retenir de l’eau. pinces et d’élingues sont principale-
Le descenseur doit être équipé d’un système de variation de ment :
vitesse progressif et fiable, car les contraintes dans la zone
corticale solide du lingot dépendent notamment de ce paramètre.
Le programme de descente est variable selon la section du lingot
et la nature de l’alliage. Comme les autres éléments présents dans
la fosse de coulée, le descenseur doit comporter le moins possible
de surfaces horizontales susceptibles de retenir l’eau.
La fosse de coulée ne doit comporter que des faces verticales.
Ses dimensions doivent tenir compte des cotes minimales
d’espacement entre produits et parois (ou entre produits
adjacents), de façon à minimiser les risques inhérents à tout Photo 14. Plaques encore en place dans le
déversement de métal liquide en application des connaissances métier de coulée juste avant leur démoulage
sur les explosions liées à l’aluminium liquide (cf.§ 2.2.2.2). Avant
de toucher une paroi, un déversement de métal liquide doit - l’écrasement d’un opérateur par
pouvoir, dans le cas général, effectuer un parcours rendant la chute du produit massif (due à un
projection explosive peu probable, c’est-à-dire : défaut de serrage ou à une défail-
- pas moins de 500 mmm dans l’air (risque nettement réduit à lance du matériel de levage) ;
partir de 3 mètres), - le heurt de certaines parties de l’ins-
- pas moins de 1 mètre dans l’eau (avant de rencontrer toute tallation par le produit manuten-
surface horizontale immergée, y compris les coquillettes). tionné, pouvant entraîner brûlures
et dégâts matériels ;
Le respect de cette condition est obtenu en ménageant un
- le heurt d’un opérateur au sol.
espacement minimal de l’ordre de 150 mm entre les faces des
plaques coulées et entre celles-ci et les parois de la fosse. La prévention de ces risques doit
Les parois de la fosse, ainsi que tous les éléments nécessaires à avant tout être fondée sur l’emploi
son fonctionnement (à l’exception des outillages de coulée qui d’un matériel approprié et préconisé
font l’objet d’une préparation et d’un séchage spécifique), (limites d’utilisation des apparaux de
doivent être complètement revêtus de peintures bitumineuses ou manutention), sur des contrôles pré-
époxydiques appropriées. ventifs et des vérifications pério-
L’état de propreté de la fosse doit être contrôlé régulièrement et
elle doit être débarrassée périodiquement de ses coquillettes.
Par ailleurs, avant le début de coulée, les faces des outillages
exposées au métal liquide (lingotières, faux fonds) doivent être
graissées avec une graisse adaptée à l’alliage considéré.
Sauf dans le cas de coulées spéciales utilisant des systèmes de
refroidissement par eau pulsée, le débit d’eau doit être
surabondant, stabilisé et contrôlé en permanence à partir d’un
affichage.
Des systèmes de détection d’anomalie avec alarme visuelle et
sonore concernant le circuit d’eau de refroidissement et la vitesse
de descente doivent également être prévus pour initier l’arrêt de
la coulée afin d’éviter tout événement susceptible de conduire à
une explosion.
Les fondeurs doivent être formés pour conduire les installations de
coulée et pour savoir quelle conduite tenir en cas d’incident au
démarrage ou pendant la coulée, notamment en cas d’alarme et
de procédure d’arrêt d’urgence.
suite page 31
Photo 15. Démoulage des plaques du métier
de coulée et transfert à l’aide d’un pont

30
PHASES PRINCIPALES.
OPÉRATIONS ET FONCTIONS ASSOCIÉES

diques du matériel. Des procédures


de démoulage et des règles de manu-
tention mises en œuvre par un per-
sonnel formé et habilité doivent com-
Avant toute coulée, un certain nombre de vérifications et de
contrôles doit être fait par le fondeur sur l’installation. À titre
d’exemple, le tableau ci-dessous donne une “check list” des
3
pléter ces mesures. vérifications et contrôles qui peuvent être effectués par
l’opérateur avant le démarrage.
3.3.4.3. Risques de brûlures Durant la coulée, il est souhaitable que les opérateurs puissent
au contact de liquides s’abriter dans une cabine de commande conçue pour les
ou de solides chauds protéger d’une explosion d’aluminium de force 2 et disposer en
permanence des appareils de mesure leur permettant de s’assurer
Outre les risques de brûlure provo- que les consignes de coulée sont effectivement respectées.
quée par les projections explosives L’ergonomie du poste de commande doit aider l’opérateur
d’aluminium liquide, qu’une concep- dans ses prises de décision durant les opérations de coulée
tion adaptée de l’appareillage de et réduire le risque de fausses manœuvres.
coulée est le plus à même de préve-
L’accès aux postes de coulée doit être contrôlé et limité
nir, cette phase fait courir des risques
strictement aux seules personnes autorisées. Durant la coulée,
importants de brûlures ayant pour personne ne doit intervenir sur le métier de coulée sauf en cas de
origines principales : dysfonctionnement nécessitant un arrêt d’urgence.
- le contact avec de l’aluminium li-
quide, Opérations de coulée
- le contact avec des outils ou des par-
ties de l’installation chauds, Opérations sytématiques Opérations périodiques
- le contact avec des produits de cou-
lée encore chauds. • Contrôle du niveau d’eau • Examen visuel
dans la fosse des surfaces de la fosse
La prévention de ces risques réside • Préparation et séchage des • Élimination des coulures
essentiellement sur une limitation faux fonds et des lingotières (coquillettes)
maximale des occasions de contact • Vérification du bon
opérateur / matière chaude et sur fonctionnement des
le port d’équipements de protec- commandes du descendeur
tion individuelle adaptés (cf. p. 32 • Mise en place et réglage des
Les EPI en présence d’aluminium outillages de coulée
liquide). (lingotières, faux fonds,
flotteurs répartiteurs)
Le poste de coulée doit être conçu de • Vérification du rideau d’eau • Vérification du bon
façon à assurer une bonne accessibi- de refroidissement des fonctionnement de la cuve
lité aux zones nécessitant l’interven- lingotières et du circuit gaz de la
• Démarrage de la coulée poche de traitement
tion de l’opérateur, le protégeant
incluant l’admission du métal
ainsi des risques de contact acciden-
liquide, le réglage progressif
tel avec des produits chauds (éviter manuel ou automatique des
par exemple d’avoir à passer sous paramètres de coulée,
une goulotte contenant du métal l’alimentation éventuelle du fil
liquide). On apportera un soin tout d’affinage.
particulier à la conception et à l’im- • Surveillance du bon
plantation des goulottes d’amenée déroulement de la coulée
et des bols de réception du métal conformément aux données
liquide ainsi qu’à l’examen des de sécurité • Réfection du revêtement
zones d’évolution du personnel à ce • Opérations de fin de coulée de fosse et des éléments
niveau. incluant le renvoi du trop plein nécessaires à son bon
de métal liquide vers le four, fonctionnement
l’arrêt du descenseur, le
démontage des outillages,
3.4. PARACHÈVEMENT l’extraction des lingots et la
ET TRANSFERT préparation de la fosse pour
la prochaine coulée
3.4.1. Définitions Remarque importante : s’il s’avère impossible de respecter les
paramètres de coulée dans le délai imparti, il est nécessaire de
Le parachèvement consiste à condi- déclencher la procédure d’arrêt de coulée.
tionner des produits solides bruts pro-
venant de la coulée, généralement

31
PHASES PRINCIPALES.
OPÉRATIONS ET FONCTIONS ASSOCIÉES

3 LES ÉQUIPEMENTS
DE PROTECTION INDIVIDUELLE
EN PRÉSENCE D’ALUMINIUM LIQUIDE
Deux types de tenues adaptées au travail habituellement effectué en présence d’aluminium liquide dans
les fonderies d’aluminium peuvent être proposés. Ces tenues sont conçues pour protéger contre les
risques de projections d’aluminium liquide, d’inflammabilité et de contacts avec des surfaces chaudes.
Tous les équipements de protection individuelle qui les composent doivent porter le marquage CE et être
accompagnés d’une notice explicative précisant leurs performances et leurs limites de protection.
L’analyse du risque poste par poste doit permettre de déterminer les protections individuelles
appropriées. À l’issue de cette analyse, un choix sera fait parmi les composants des tenues types
suivantes :

La tenue de type 1
Cette tenue de base est constituée à partir d’un ensemble d’équipements de protection individuelle
devant être portés durant les différentes phases de transformation de l’aluminium liquide (élaboration,
coulée).

Équipements de protection individuelle Exigences de performances

lunettes de protection à branches avec coquilles conformité à la NF EN 1661 de classe optique 1


latérales

bouchons d’oreilles prémodelés, bouchons conformité à la NF EN 352-22


d’oreilles façonnés par l’utilisateur ou bouchons
d’oreilles sur mesure

casque de protection pour l’industrie conformité à la NF EN 3973 et satisfaction de


l’exigence optionnelle relative à la projection de
métal en fusion

gants de protection conformité à la NF EN 4074 et à la NF EN 3885


avec des niveaux de performances fonction des
risques thermiques et mécaniques identifiés

veste et pantalon ou combinaison de protection conformité à la NF EN 5316 - niveau A D1

bottes de sécurité ou chaussures de sécurité, conformité à la NF EN 3457 ou à la NF EN 3468


en cuir avec une tige résistante aux petites projections
de métal en fusion

1. NF EN 166 - Protection individuelle de l’œil - Spécifications.


2. NF EN 352-2 - Protecteurs contre le bruit - Exigences de sécurité et essais - Partie 2 : bouchons d’oreilles.
3. NF EN 397 - Casques de protection pour l’industrie.
4. NF EN 407 - Gants de protection contre les risques thermiques.
5. NF EN 388 - Gants de protection contre les risques mécaniques.
6. NF EN 531 - Vêtements de protection pour les travailleurs de l’industrie exposés à la chaleur.
7. NF EN 345 - Spécifications des chaussures de sécurité à usage professionnel.
8. NF EN 346 – Spécifications des chaussures de protection à usage professionnel.

32
PHASES PRINCIPALES.
OPÉRATIONS ET FONCTIONS ASSOCIÉES

La tenue de type 2
3
Elle se compose d’équipements de protection conçus pour être portés au cours d’activités où le risque
d’exposition aux projections de métal en fusion et aux flammes est élevé. Cette tenue doit être portée
au-dessus de la tenue de type 1 en ce qui concerne les vêtements et en remplacement de celle-ci pour
les gants.

Équipements de protection individuelle Exigences de performances


heaume de protection conformité à la NF EN 5316 niveau A D2
conformité de l’écran de protection à la NF EN 1661
et à son exigence additionnelle de projection de
métaux en fusion et de solides chauds

gants de protection conformité à la NF EN 4074 et à la NF EN 3885


avec des niveaux de performances fonction des
risques thermiques et mécaniques identifiés

vêtements de protection au choix : conformité à la NF EN 5316 niveau A D2


- un ensemble veste et pantalon
- un manteau
- un tablier à manches

Chaque poste de travail étant spécifique en terme de risques et de contraintes, il est important, lors du choix
des modèles de protecteurs, de procéder à des essais au porter, afin d’évaluer le niveau de protection réel
en situation de travail, mais aussi l’acceptabilité et le confort offerts par les tenues proposées.
Le port d’une tenue de protection adaptée peut revêtir une importance vitale dans certaines phases
délicates du processus de transformation de l’aluminium lorsque toutes les autres mesures de prévention
ont échoué comme le montre cet incident survenu en 1995. Au démarrage d’une coulée continue verticale,
à la mise en marche du descenseur, le faux fond s’est décalé latéralement d’environ 5 cm à la sortie de la
lingotière. Un déversement de métal liquide dans la fosse s’en est suivi, provoquant une explosion. Bien
qu’ayant reçu d’importantes projections d’aluminium liquide, le fondeur, protégé par une tenue de type 2,
n’a pas été blessé.
Pour les autres activités non exposées à l’aluminium liquide, il convient également de faire l’analyse du
risque et de choisir les équipements de protection individuelle appropriés (cf. ED 275, ED 279, ED 319,
ED 529, ED 780, ED 798, ED 811).

volumineux et massifs. Il peut com-


prendre les phases suivantes :
- un traitement thermique,
- une mise à dimension,
- un usinage des surfaces,
- le contrôle,
- le marquage et l’emballage.
Le transfert consiste, une fois le
parachèvement effectué, à manipuler
et à entreposer les produits entre les
différentes zones de la fonderie desti-
nées au stockage des produits finis et
à l’expédition.

Photo 16. Aire de stockage de produits finis en extérieur

33
PHASES PRINCIPALES.
OPÉRATIONS ET FONCTIONS ASSOCIÉES

3 3.4.2. Zones
La zone où s’effectue le parachève-
ment comprend des aires d’implanta-
tion des équipements et des aires de
reprise des produits entre les diverses
phases du parachèvement. Elle est
située à l’écart de la zone accueillant
les machines de coulée, en aval.
La zone dédiée au transfert en vue du
stockage ou de l’expédition des pro-
duits finis se situe en aval de la zone
de parachèvement. Elle est constituée
des aires de stockage intérieures ou
extérieures des produits finis et des
aires d’évolution des équipements de
manutention les desservant.
Photo 17. Stockage de bobines de fil sur une aire couverte

3.4.3. Équipements
L’équipement permettant de réaliser
le parachèvement des pièces issues
de la fonderie comprend notamment :
- des installations de traitement ther-
mique,
- des installations de sciage, usinage,
meulage, pesage,
- des systèmes de contrôle,
- des équipements de conditionne-
ment,
- des moyens de manutention : ponts
roulants et leurs accessoires, cha-
riots automoteurs et leurs acces-
Photo 18. Eboutage d’une plaque lors du parachèvement (installation de sciage) soires, grues et leurs accessoires.

34
PHASES PRINCIPALES.
OPÉRATIONS ET FONCTIONS ASSOCIÉES

Des moyens de manutention, de


même nature que ceux utilisés lors
des opérations de parachèvement,
ainsi que des infrastructures pour le
3
transport, constituent l’essentiel des
équipements de la zone de transfert
pour stockage et expédition.

3.4.4. Risques et prévention

Les risques encourus dans la phase


de parachèvement sont essentielle-
ment liés à la présence de machines
à marche automatique conçues pour
des pièces lourdes, encombrantes et
parfois peu stables (billettes), et aux
nombreuses manutentions et mani-
pulations à effectuer. Des manuten- Photo 20. Transfert de plaques
tions et manipulations semblables et
les risques inhérents se retrouvent
lors du transfert pour stockage et
expédition. 3.4.4.1. Risques liés aux machines Dans la phase de transfert, se rajou-
tent aux risques précédents, des
Les machines, essentiellement em- risques liés à la coactivité et à l’im-
L’aluminium sous forme divisée peut brication dans cette zone, d’aires de
présenter des risques d’incendie et ployées dans la phase de parachè-
vement, sont principalement des stockage, d’allées de circulation pour
d’explosion, nécessitant des mesures les piétons et de voies de passage
préventives adaptées (cf. ND 1785). moyens de sciage (scies à ruban ou
circulaires), de fraisage (scalpeuses) pour les engins.
et des machines-outils à fonctionne-
Certaines opérations de contrôle ment automatique. Ces machines Les risques principaux liés à ces
(macrographie) utilisant des produits sont alimentées en pièces lourdes et manutentions sont :
chimiques dangereux (acide fluorhy- encombrantes, le plus souvent de - l’écrasement d’un opérateur par
drique, acide nitrique, soude...) néces- façon automatisée. chute du produit massif (due à un
sitent des précautions particulières. défaut de serrage ou à une défail-
lance du matériel de levage),
Les machines et équipements de tra- - le heurt de certaines parties de l’ins-
vail doivent être conformes à la régle- tallation par le produit manuten-
mentation (cf. ED 770 et ED 804) et tionné,
employés conformément à leur des- - le heurt d’un opérateur au sol.
tination.
La prévention des risques liés à ces
opérations repose sur les mêmes
3.4.4.2. Risques liés principes que ceux exprimés dans le
aux opérations de manutention § 3.1.4.1 auquel on pourra se repor-
ter. Par ailleurs, l’analyse détaillée
Dans la phase de parachèvement, les des risques liés à la manutention
machines sont alimentées en pièces ainsi qu’une démarche préventive
lourdes et encombrantes par des adaptée sont disponibles dans le
ponts, pinces, engins de levage et GPP 3.
convoyeurs.

De plus, les pièces parachevées pré-


sentent souvent des arêtes vives,
tranchantes, qui peuvent être à l’ori-
gine de coupures lors des manuten-
tions manuelles ou aggraver l’effet
d’un choc entre un opérateur et un
Photo 19. Transfert de billettes produit en mouvement.

35
CONCEPTION DES BÂTIMENTS
ET ENTRETIEN
4 4.1. GÉNÉRALITÉS
La sécurité et la santé des salariés
doivent être prises en compte dès la
Ressources

Energies Fluides de procédé


eau fonderie
Métal de base, liquide
ou solide
Services d’appui
bureaux
conception des lieux de travail et Fluides argon locaux techniques
assurées tout au long de l’exploita- air comprimé chlore Consommables ateliers
tion des installations, y compris lors eau azote réfractaires laboratoires
feuillards
de leurs modifications. fluides

Globalement, la méthodologie et les


étapes d’un projet de conception Fonctions
d’une fonderie d’aluminium sont les
mêmes que celles d’un lieu de travail 1.1. Préparation des charges
en général. C’est pourquoi on se réfé- 1.2. Elaboration
rera chaque fois que cela sera pos- 1.3. Coulée
sible à la réglementation concernant 1.4. Parachèvement
les obligations des maîtres d’ouvrage 1.5. Transfert
et aux principes généraux d’intégra-
tion de la sécurité lors de la concep-
Produits
tion des lieux de travail (cf. ED 718,
ED 773 et CD-Rom COLTRA). Une
démarche préventive de conception,
Métal de base et déchets
adaptée au cas des fonderies d’alu-
minium, est disponible dans le Produits d’addition Crasses Produits finis
GPP 5. plaques / tés / billettes /
lingots / fils / bandes
Ce chapitre expose comment
prendre en compte, à la conception
de nouveaux bâtiments, les connais- Figure 6. Diagramme général de fabrication
sances et les données essentielles de
sécurité spécifiques, relatives aux
phases de transformation de l’alu- les risques liés aux contacts entre conduite des fours, aux opérations
minium décrites dans les chapitres le métal liquide et l’eau de refroi- de coulée et aux ambiances de tra-
précédents, plus particulièrement dissement, aux manutentions, à la vail.

Figure 5. Vue aérienne d’une fonderie d’aluminium type

36
CONCEPTION DES BÂTIMENTS
ET ENTRETIEN

4.2. IMPLANTATION

La fonderie s’intègre dans le plan de


masse général du site de production
4
(cf. figure 5).

Les autres secteurs d’activité impo-


sent des contraintes de situation aux
bâtiments de la fonderie.

La donnée fondamentale à prendre


en compte pour l’implantation est le
diagramme général de fabrication
(cf. figure 6). Ce diagramme indique
les types de produits et leur tonnage
moyen, les matières premières néces-
saires extérieures à l’usine et le métal
aluminium de base. Ce métal est
liquide pour les fonderies associées
aux usines d’électrolyse et solide
pour les fonderies associées aux
usines de transformation et de mou-
lage.

L’étude de l’organisation des flux (cf.


figure 7) permet, par une implanta-
Figure 7. Organisation des flux principaux
tion optimisée, d’assurer à la fois les
objectifs de production et les objec-
tifs de prévention des risques en limi- ou mobiles et les produits lors de La figure 8 donne un exemple d’im-
tant au maximum les interférences chaque phase de transformation du plantation des fonctions et des maté-
entre l’homme, les équipements fixes métal. riels de fonderie.

Figure 8. Vue intérieure d’une fonderie

37
CONCEPTION DES BÂTIMENTS
ET ENTRETIEN

4 4.3. GÉNIE CIVIL

4.3.1. Données de base


un état de surface apte à recevoir un
revêtement adapté à la prévention
des projections explosives d’alumi-
nium liquide.
Compte tenu du nombre et de la gra-
vité des accidents survenus, on
apportera la plus grande importance
à permettre, par une conception
adaptée, de bonnes conditions d’in-
La réalisation des travaux de génie
tervention ultérieures au niveau des
civil nécessite la connaissance ou la
toitures. Une protection sera prévue
détermination de deux catégories 4.4. BÂTIMENT en périphérie des toits par garde-
principales de données de base.
corps, acrotères et lignes de vie inoxy-
Les données caractérisant le sol, le 4.4.1. Structures porteuses dables solidement ancrées, et l’accès
sous-sol et la nappe phréatique sont aux toits sera verrouillé par clé consi-
à déterminer par des sondages de Les bâtiments et chacun de leurs élé- gnée.
reconnaissance, indispensables pour ments doivent être dimensionnés
établir les calculs de conception des pour résister à leur poids, aux sur- Sur les toits fragiles, on prévoira l’ins-
fondations, des structures porteuses, charges correspondant à leur type tallation de cheminements d’accès
des ouvrages enterrés, des réseaux de d’utilisation, ainsi qu’aux charges cli- fixes munis de garde-corps ou longés
distribution et du réseau spécifique matiques telles que neige ou vent. latéralement par une ligne de vie,
de protection contre la foudre. continus depuis les échelles jus-
Les planchers doivent être exempts
qu’aux points d’intervention.
de bosses, de trous ou de plans incli-
La pression maximale de poinçonne-
nés dangereux ; ils doivent être fixes, Les bâtiments doivent être conçus et
ment susceptible d’être appliquée sur
stables et non glissants. disposés de manière à ce que la
les aires de stockage et/ou de circu-
lation des engins doit être détermi- Le bâtiment doit être étudié en lumière naturelle puisse être utilisée
née, autant à l’extérieur qu’à l’inté- tenant compte des contraintes impo- pour l’éclairage des locaux de travail.
rieur du bâtiment de fonderie, en sées par les moyens de manutention L’intégration à la toiture d’éléments
vue de permettre le choix, le dimen- liés au sol ou aux structures choisis. Il translucides (de résistance méca-
sionnement et la réalisation d’aires doit être capable d’accueillir non seu- nique supérieure ou égale à 1 200
d’évolution durablement indéfor- lement les moyens de manutention joules/m2) en quantité suffisante
mables. mais aussi les moyens nécessaires doit donc permettre d’assurer l’éclai-
pour assurer les opérations de contrô- rage diurne autant que possible avec
le, d’entretien et de dépannage de la lumière naturelle.
4.3.2. Réalisation ces équipements et accessoires de
des fosses de coulée Le choix d’un type de couverture
manutention. Les halls doivent être avec correction acoustique intégrée
dimensionnés de façon à permettre d’origine (couvertures avec parement
Pour prévenir les risques liés aux
l’évacuation de la charge jusqu’aux intérieur, absorbant, sandwiches
fosses de coulée (cf § 3.3.4.1), celles-
zones de recouvrement de certaines métalliques avec isolation thermo-
ci doivent être conçues de façon à
fonctions de la fonderie, le déplace- acoustique intégrée) participe à la
présenter une forme intérieure
ment de la poutre, l’accès aux super- réduction des bruits aériens par
dépourvue de redan. Leur construc-
structures et le parcage du pont. absorption sur les parois.
tion doit résister à la fissuration, être
réalisée à l’aide d’un béton haute L’application d’un revêtement anti-
compacité, étanche dans la masse corrosion durable sur les charpentes
et apte à recevoir un revêtement de métalliques (galvanisation avant 4.4.3. Façades
surface adapté à la prévention des montage par exemple) permet de
projections explosives d’aluminium limiter les interventions d’entretien Le choix de bardages présentant un
liquide. donc les risques de chute d’un inter- coefficient d’absorption acoustique
venant. aussi élevé que possible dans la
gamme des bruits les plus élevés par-
4.3.3. Fosses de fours, ticipe à la réduction des bruits
galeries techniques 4.4.2. Toitures aériens.

Les fosses de four doivent être dimen- Vu les risques de projections explo- Les locaux destinés à être affectés au
sionnées de façon à présenter une sives d’aluminium liquide, on veillera travail doivent comporter à hauteur
capacité de rétention supérieure au à assurer et à maintenir l’étanchéité des yeux des baies transparentes
contenu du four qu’elles accueille- de la couverture vis-à-vis de l’eau de donnant sur l’extérieur (hauteur d’al-
ront et conçues pour empêcher tout pluie. On choisira notamment des lège ≤ 1 m).
déversement dans les galeries tech- dispositifs ouvrants (exutoires de
niques. fumées, dispositifs de ventilation) Les façades doivent par ailleurs
s’opposant par conception de façon ménager des portes distinctes pour
Le béton employé pour la construc- permanente aux pénétrations de le passage des engins et pour celui
tion des fosses de four doit présenter pluie. des piétons. On prévoira des portes

38
CONCEPTION DES BÂTIMENTS
ET ENTRETIEN

munies de hublots offrant une visibi-


lité dans les deux sens, afin de limiter
les risques de collision ou d’écrase-
ment.
d’équipotentialité entre des parties
mobiles et fixes devront être conçues
pour résister aux importantes
contraintes mécaniques et ther-
sont constitués de locaux fermés,
bien individualisés et comprennent
les ateliers de maintenance, les labo-
ratoires de contrôle ou les locaux
4
miques. techniques de distribution des éner-
gies. Ils ne sont pas spécifiques
Chaque conducteur de descente ver- d’une fonderie (cf. ED 718, ED 773 et
4.4.4. Mesures de protection ticale, notamment les piliers enca-
contre les effets de la foudre CD-Rom COLTRA).
drant les zones des fosses de coulée,
Les dispositions de protection contre devra être relié à une prise de terre En revanche, l’atelier de réfection des
les effets de la foudre doivent être spécialisée. réfractaires des poches, chéneaux et
conformes à la réglementation, en goulottes est un atelier spécifique de
particulier aux textes émanant du Tout poste d’alimentation électrique la fonderie. À ce titre, son intégration
ministère de l’Environnement (arrêté général doit être protégé contre la dans le plan de masse doit être parti-
du 28 janvier 1993 et circulaire d’ap- foudre et se trouver le plus loin pos- culièrement bien étudiée. En effet,
plication du 28 octobre 1996). sible des bâtiments de fonderie. La cet atelier doit être accessible aux
distribution d’électricité moyenne moyens lourds de manutention des
L’élément fondamental d’une bonne tension, depuis le poste général de équipements dont le réfractaire doit
protection contre les effets de la l’usine, en limite de site, jusqu’aux être rénové. Ceci impose que ce local
foudre est le réseau de terre. Son rôle divers points d’utilisation, sera réali- spécifique puisse être desservi par les
est d’écouler les courants dans le sol, sée en câble isolé et correctement ponts de la fonderie. De plus, la mise
sans créer de différences de potentiel protégé afin de limiter les risques en œuvre des réfractaires induit des
dangereuses, particulièrement celles induits par un coup de foudre direct contraintes environnementales parti-
consécutives à un impact de foudre. et les risques de contact direct à l’in- culières quant à l’évacuation des
Le bâtiment est un collecteur de térieur de l’usine. Les câbles nus sur effluents et des poussières générés.
foudre à laquelle il faut offrir le che- poteau sont à proscrire.
min le plus direct à la terre.
Un exemple de protection contre la
Pour ce faire, il faut réaliser une cage foudre est donné en figure 9. 4.5. RÉSEAUX
de Faraday qui englobe complète- DE FLUIDES
ment l’ensemble des installations,
y compris les fosses et tous les 4.4.5. Locaux techniques
réseaux de fluides. Toutes les masses annexes 4.5.1. Données de base
fixes métalliques, dont l’appareillage
des fosses, seront connectées à la Des ateliers annexes sont intégrés à Dans une fonderie, seuls les fluides
cage de Faraday par des liaisons l’intérieur de la fonderie et sont dis- nécessaires au process doivent être
équipotentielles. Les interconnections posés sur le pourtour du bâtiment. Ils distribués. L’application de ce princi-

Figure 9. Principe de protection contre la foudre par cage de Faraday maillée (d’après SP 1076)

39
CONCEPTION DES BÂTIMENTS
ET ENTRETIEN

4 pe doit être vérifiée par un examen


approfondi et systématique de tous
les réseaux de distribution et d’éva-
cuation prévus.
- la prise en masse du combustible
qui pourrait conduire à des vidanges
d’urgence de fours,
- la surchauffe du combustible et les
- un réservoir d’eau en charge d’une
capacité suffisante pour terminer
une coulée engagée,
- la surveillance du niveau d’eau dans
risques d’incendie induits. les châteaux d’eau (avec alarme),
Ne sont considérés ici que les fluides - le repérage des vannes et de leur
distribués par un réseau fixe lié aux sens de manœuvre,
bâtiments : combustibles (gaz et 4.5.4. Chlore - une identification claire et lisible
fioul), gaz de traitement (chlore, des réseaux,
argon, azote), eau de procédé, électri- Les risques liés à l’utilisation du chlo-
cité, air comprimé. Un tel réseau de re ont été traités dans le § 3.2.4.2.2. La prévention du risque de projection
fluide comporte des éléments phy- L’alimentation, le stockage et la dis- explosive due à un contact alumi-
siques qui permettent d’assurer les tribution de ce gaz toxique, ainsi que nium liquide-eau repose également
fonctions d’alimentation, stockage, le réseau d’alarme chlore, compor- sur :
distribution, répartition et évacua- tant des détecteurs et des moyens - l’interdiction de l’usage du PVC non
tion. d’alarme. protégé comme matériau constitutif
des canalisations,
Les risques induits par la présence de - le passage des canalisations en
ce réseau dans la fonderie peuvent dehors des zones à risque de déver-
être directs (intoxication en cas de
4.5.5. Gaz de procédé
(argon, azote) sement de métal liquide.
fuite de chlore, incendie/explosion
en cas de fuite de fluide combustible) La prévention du risque dû à ces gaz
ou indirects (explosion à la coulée (essentiellement risque d’asphyxie 4.5.8. Électricité
consécutive à une coupure d’eau de par anoxie et brûlure par contact
process). avec l’azote liquide) doit reposer sur Le maître d’ouvrage doit concevoir et
la suppression des possibilités de réaliser les bâtiments et les installa-
fuite et sur l’identification du réseau. tions électriques des lieux de travail
Pour ceci, on prévoira : de façon à garantir la sécurité des
4.5.2. Gaz naturel
- un accès réservé aux installations travailleurs (cf. ED 723).
La prévention doit porter principale- d’alimentation,
ment sur la suppression des possibili- - une identification claire et lisible
tés de fuite et sur l’identification du des réseaux,
réseau afin d’éviter les confusions ou - un programme de vérifications
sa destruction accidentelle. Pour ceci, réglementaires et d’entretien des 4.6. INTÉGRATION
on prévoira : vannes, DES POSTES
- une conception privilégiant autant - une procédure de consignation des DE TRAVAIL
que possible un passage extérieur installations.
des canalisations, L’intégration des postes de travail à
- une peinture normalisée des instal- l’intérieur du bâtiment de fonderie
lations contenant du gaz naturel et 4.5.6. Air comprimé doit tenir compte de l’ensemble des
leur repérage, contraintes suivantes :
Les canalisations et postes de distri- - disposition des principaux équipe-
- un programme d’entretien et de test bution seront identifiés par une pein-
périodique des vannes d’isolement, ments imposés par le plan masse,
ture normalisée en prenant bien soin - zones d’évolution et de dégagement
- une procédure de permis de fouille de différencier les réseaux 6/8 et nécessaires au travail des opéra-
pour éviter les destructions acciden- 2/3 bars. teurs du poste,
telles.
Un programme de vérifications et - minimisation de la sujétion aux prin-
entretien périodique sera prévu. cipaux risques liés aux activités de
fonderie.
4.5.3. Fioul lourd
Les choix à retenir s’avéreront bien
La prévention doit porter sur la limi- 4.5.7. Eau de procédé souvent des compromis cherchant à
tation et la détection des éventuelles Maintenir la continuité d’alimenta- harmoniser les impératifs d’implanta-
fuites (détecteurs de niveau), sur la tion en eau de procédé est essentiel tion du matériel et ceux dus à la pré-
mise en place de rétentions notam- pour éviter des accidents du type sence des opérateurs.
ment autour du stockage et de l’aire explosion d’aluminium liquide lors
de dépotage. Le réchauffage des ins- des phases d’élaboration et de coulée. Les zones situées à la périphérie
tallations de stockage et de distribu- des postes de travail doivent faire
tion doit être régulé de façon à évi- Pour éviter d’éventuelles coupures l’objet d’une attention particulière
ter : d’alimentation, on prévoira : à cause des possibilités de recouvre-

40
CONCEPTION DES BÂTIMENTS
ET ENTRETIEN

ment avec des zones d’évolution


d’engins ou même, lorsque cela ne
peut être évité, avec d’autres postes
de travail.
L’activité industrielle génère en effet,
à l’intérieur de l’atelier, des émissions
de gaz, de poussières et de fumées
dangereuses pour la santé et la sécu-
intégrer les conditions météorolo-
giques sévères et ne pas permettre,
par exemple, de laisser rentrer l’eau
de pluie par fort vent.
4
rité des opérateurs. Les mesures de
ventilation et d’assainissement de Pour tenir compte de contraintes par-
Cabines de commande l’air doivent permettre de maintenir ticulières, un complément de ventila-
la concentration des divers polluants tion mécanique, associée ou non
L’explosion la plus probable suscep- dans l’atmosphère du lieu de travail pour l’air insufflé à un préchauffage,
tible d’atteindre la cabine de com- en deçà des valeurs limites d’exposi- peut être envisagé.
mande est une explosion de force 2 tion professionnelle aux agents chi-
(cf. tableau 2), due par exemple à miques (cf. ND 1945).
un décrochage de plaque pendue au 4.7.1.3. Origines, nature
début de la coulée. Ces mesures permettent de maintenir et estimation de ces émissions
un état satisfaisant de l’atmosphère Du point de vue des émissions et du
La cabine de commande sera conçue vis-à-vis de la santé du personnel,
de façon à minimiser, pour le person- traitement de la ventilation, le bâti-
d’éviter les élévations exagérées de ment peut être divisé en trois zones
nel d’exploitation, les conséquences température, les odeurs et la stagna-
d’une telle explosion : (figure 10).
tion des fumées dans le bâtiment et
- les murs sont réalisés de préférence sous la toiture, ce qui réduit égale- Les zones 1 et 3 sont caractérisées
en béton armé dont le ferraillage est ment le risque de corrosion des ins- par des émissions de monoxyde de
distribué dans les trois dimensions ; tallations. carbone (CO) provenant des moteurs
- les accès aux cabines sont disposés thermiques des engins.
de façon que les portes ne s’ouvrent
pas dans la direction de l’appareil 4.7.1.2. Principes La zone 2 située au voisinage des
de coulée ou du four ; fours est caractérisée par :
- les fenêtres ou baies vitrées sont réa- Le captage des polluants émis par les - une charge thermique très concen-
lisées en verre feuilleté (il faudra installations fixes doit être réalisé trée,
veiller à ce que l’insertion de la avec le maximum d’efficacité avant - des émissions de fumées pour la plu-
fenêtre garantisse la résistance à la dissipation dans l’atmosphère de part captées, à l’exception de celles
flexion, que le châssis support soit l’atelier. C’est le cas des fumées et qui se dégagent par les portes des
tel que le souffle éventuel de l’ex- émissions gazeuses des fours qui sont fours quand elles sont ouvertes,
plosion ne puisse le désolidariser rejetées à l’extérieur. Les fuites acci- - des émissions de monoxyde de car-
des murs ou parois) ; dentelles de gaz de traitement, les bone (CO) provenant des moteurs
- tous les équipements intérieurs de poussières produites doivent être cap- thermiques des engins de manuten-
la cabine sont rendus solidaires du tées aux points d’émission les plus tion qui évoluent devant les fours.
plancher. probables et évacuées à l’extérieur
après traitement éventuel. Dégagement de chaleur
On étudiera les mesures de protec-
tion complémentaires susceptibles Les émissions qui ne peuvent être Pour un four de 60 tonnes de capaci-
de minimiser l’effet de souffle sur la captées à la source, par exemple les té, on peut considérer une perte ther-
cabine. gaz émis par les moteurs thermiques mique totale de 2 000 MJ.h– 1. Cette
des engins de manutention et les valeur comprend les pertes du four
dégagements de chaleur doivent être lui-même, de la cheminée et du pré-
traitées par la ventilation générale de chauffage des goulottes.
4.7. AMBIANCES l’atelier. Communément, celle-ci est
DE TRAVAIL réalisée par convection naturelle du Il faut prendre en compte, dans le
fait de la chaleur émise par les fours calcul de la quantité de chaleur à
et les poches d’aluminium liquide. La évacuer, les sources annexes (poches
4.7.1. Ventilation de métal, produits chauds en cours
présence de ces sources de chaleur
et assainissement de refroidissement...).
au-dessus du niveau du sol de l’ate-
de l’atmosphère de travail
lier engendre en effet des mouve-
ments ascensionnels qui favorisent Émission de CO par les engins
4.7.1.1. Généralités l’évacuation de l’air pollué à travers et les poids lourds
des aérateurs statiques disposés en Le taux d’émission de CO des engins
Les fonderies sont des locaux à pollu- toiture. L’air neuf provenant de l’exté- et poids lourds doit être inférieur ou
tion spécifique. Leur ventilation est rieur pénètre dans l’atelier par des égal à 11,2 g.kWh– 1.
donc nécessaire et obligatoire pour prises d’air (persiennes) prévues en
garantir l’aération et l’assainissement partie basse des parois du bâtiment ; On estime le débit de CO dégagé par
de l’air (cf. ED 720). la conception de ces persiennes doit les engins et poids lourds (exprimé en

41
CONCEPTION DES BÂTIMENTS
ET ENTRETIEN

Figure 10

g.h– 1) en multipliant ce taux par la et celles des sources d’émission. Il est - d’une isolation permanente multi-
puissance totale (exprimée en kW) souhaitable de confirmer la théorie fonction (thermique et acoustique)
des véhicules à moteur thermique par des essais sur maquette. des façades et notamment du toit,
admis à circuler dans la fonderie. Par - du préchauffage éventuel de l’air de
précaution, on considère que leur compensation neuf à introduire
fonctionnement est permanent. dans le bâtiment pour assurer le
4.7.2. Ambiance thermique fonctionnement des installations de
Émission de CO aux postes de travail captage et de ventilation générale
par les installations fixes ambiante (cf. § 4.7.1 ; ED 657 ;
Les équipements et caractéristiques ED 718),
Le taux d’émission de CO calculé des locaux de travail doivent per- - d’installations ponctuelles de chauf-
pour les fours (fuites) est applicable mettre d’adapter la température à fage ou de rafraîchissement de l’air
aux autres installations fixes (brû- l’organisme humain pendant le temps (cf. ED 718),
leurs, poches de traitement et filtra- de travail, compte tenu des méthodes - d’éventuels systèmes de récupéra-
tion, traitement des réfractaires...). Le de travail et des contraintes phy- tion d’énergie.
CO dégagé est proportionnel à la siques supportées par les travailleurs.
puissance de chauffe des fours (cf.
§ 3.2.4.2.2). L’objectif est donc la réalisation d’une
ambiance thermique modérée en 4.7.3. Bruit
température et, éventuellement, en
4.7.1.4. Méthodes de calcul hygrométrie et en vitesse d’air (cf.
ED 718). On tiendra compte : 4.7.3.1. Généralités
Par expérience, on sait que le tirage - des dispositions du Code de la Le niveau maximal compatible avec
thermique permet de respecter glo- construction, la protection de l’ouïe est de :
balement les objectifs de base de la - des dispositions du Code du travail, - 85 dB(A) pour le niveau d’exposi-
ventilation. Ponctuellement, il y a - de la norme NF X 35-203 précisant tion quotidienne,
cependant lieu de s’assurer que la des fourchettes de températures - 135 dB(A) pour le niveau de pres-
température et la concentration acceptables en fonction du type sion acoustique de crête.
moyenne en polluants dans tous les d’activité des personnes et des sai-
points de l’atelier où évolue le per- sons. Dès que ces seuils sont atteints, des
sonnel sont satisfaisantes. Le CO est dispositions correctives sont à mettre
le polluant pilote à prendre en consi- Des données plus précises sur le com- en œuvre.
dération pour évaluer localement la portement humain à la chaleur et sur
qualité de la ventilation. les valeurs limites d’exposition sont Les locaux où doivent être installés
rapportées dans la note documen- des machines ou appareils suscep-
Étant donné la complexité des pro- taire ND 1886. tibles d’exposer les travailleurs à un
blèmes de ventilation, il est recom- niveau d’exposition sonore supérieu-
mandé de s’adresser à un bureau Cet objectif pourra être réalisé par re à 85 dB(A) doivent être conçus,
d’études spécialisé, sur la base d’un association : construits ou aménagés, de façon à
cahier des charges donnant les carac- - d’une ventilation naturelle fondée réduire la réverbération du bruit sur
téristiques aérauliques du bâtiment sur les principes cités dans le § 4.7.1, les parois de ces locaux, lorsque la

42
CONCEPTION DES BÂTIMENTS
ET ENTRETIEN

réverbération doit occasionner une


augmentation notable du niveau
d’exposition des travailleurs, et à limi-
ter la propagation du bruit vers les
Dans les cas où les niveaux d’exposi-
tion sont irréductiblement supérieurs
aux valeurs réglementaires précitées,
il faut avoir recours au port par le
électrique par exemple), nous nous
concentrerons sur les moyens de
manutention, les fours et les installa-
tions de coulée.
4
autres locaux occupés par des tra- personnel de moyens de protection
vailleurs. individuelle appropriée de l’ouïe (cf. Lors de ces opérations de maintenan-
ND 1959). ce et de réparation, la sécurité des
Les fréquences de plus grande fragili- personnels d’intervention doit égale-
té de l’ouïe se situent aux alentours ment être prise en compte, notam-
de 4 000 hertz ; l’exposition prolon- 4.7.3.3. Locaux réservés ment par l’adoption et le respect de
gée à des bruits potentiellement procédures de consignation et de
lésionnels étend progressivement Une limitation du niveau sonore déconsignation rigoureuses et adap-
cette surdité (hypoacousie) aux auquel sont exposés les travailleurs tées (cf. ED 754).
autres fréquences audibles. peut également être obtenue en
réservant des locaux particuliers à
des rôles spécifiques. 4.8.1. Contrôle, entretien
4.7.3.2. Principes et dépannage des moyens
Certains locaux doivent être réservés de manutention
La prévention du risque bruit doit pour l’implantation d’équipements
être intégrée dès l’établissement des bruyants autonomes. Ces équipe-
cahiers des charges d’équipements ments bruyants sont à désolidariser 4.8.1.1. Moyens de manutention
neufs et des bâtiments ; ceci néces- de la structure du bâtiment par des liés aux structures
site la connaissance de toutes les suspensions anti-vibratiles et à entou-
sources à installer, leur implantation On trouve la liste des contrôles dans
rer de parois assurant une isolation la brochure ED 716 ; la liste des opé-
et les caractéristiques acoustiques du acoustique telle que le niveau du
local (cf. NST 56). Les bâtiments exis- rations d’entretien est précisée dans
bruit, mesuré hors local, soit inférieur la notice du fournisseur. Toutes les
tants peuvent faire l’objet d’un traite- au niveau admissible pour la destina-
ment de correction permettant de les opérations d’intervention sur les
tion des locaux contigus. ponts sont complexes : la plus fré-
rendre moins réverbérants.
quente est le changement du câble
D’autres locaux de la fonderie, à de levage, l’une des plus délicates est
La réduction de la réverbération du usage de bureaux, seront implantés
bruit peut être obtenue par : le changement d’un galet.
le long d’une façade du bâtiment.
- l’emploi de systèmes de couverture Leur structure est dissociée de la
et de bardage intégrant d’origine Toutes ces opérations peuvent être
structure porteuse des voies de roule- faites soit depuis la superstructure du
l’absorption acoustique, plus parti- ment (des ponts) de manière à éviter
culièrement préconisés dans le cas pont, soit depuis une plate-forme fixe
la transmission des vibrations géné- de cantonnement et d’intervention,
de bâtiments à créer, ratrices de bruits ; leur dallage est soit depuis une nacelle élévatrice, uti-
- l’emploi de faux plafonds, solution dissocié des massifs de fondation de lisable comme moyen d’évacuation.
envisageable pour des ateliers de la structure porteuse des ponts rou-
dimensions limitées. Un soin parti- lants par des joints anti-vibratiles Des plans de prévention particuliers
culier devra être apporté à l’étude autorisant la libre dilatation des doivent être élaborés pour éviter des
du passage des cheminées et aux structures. interférences entre les moyens fixes
problèmes d’incendie et d’explosion et mobiles mis en œuvre pour la
de poussières (dépoussiérage pério- manutention des outillages et ceux
dique). employés par les opérateurs respon-
sables de la maintenance.
Quelle que soit la solution envisagée, 4.8. ENTRETIEN DES
elle doit prendre en compte les MATÉRIELS ET DES Les opérations effectuées depuis
risques spécifiques liés aux pous- INSTALLATIONS les superstructures nécessitent des
sières et aux gaz chauds. moyens d’accès et d’évacuation ainsi
La sécurité et la santé des salariés que des mesures de prévention
La complexité du sujet conduit à pré- doivent être assurées tout au long de détaillées dans le GPP 3.
coniser le recours à des sociétés d’in- l’exploitation des installations. Pour
génierie spécialisées en acoustique ceci, les matériels composant les ins-
intérieure, auxquelles il convient de tallations de fonderie doivent faire 4.8.1.2. Moyens de manutention
spécifier de manière contractuelle l’objet d’un entretien et d’une main- liés au sol
les objectifs de performance à tenance réguliers. Sans sous-estimer
atteindre. La reconnaissance de leur la nécessité d’entretien et de mainte- Les opérations d’entretien de ces
compétence fait l’objet d’attribution nance du reste des éléments consti- matériels sont définies dans la notice
d’une qualification professionnelle. tutifs de l’installation (équipement du constructeur.

43
CONCEPTION DES BÂTIMENTS
ET ENTRETIEN

4 Elles doivent être effectuées de préfé-


rence dans des ateliers spécialisés
situés à l’extérieur de la fonderie.
Quand les engins ne peuvent quitter
fonctionnement (cf. § 3.2.4.1.3) peut
renseigner sur l’état d’usure des
réfractaires et est nécessaire pour
dépister les dérives et agir avant l’in-
liser facilement et en toute sécurité.
Les travailleurs employés à proximité
ne doivent encourir aucun danger.
Pour ceci, il est prévu des portes et
aisément la fonderie, des zones de la cident grave. L’inducteur et les cir- dégagements destinés aux piétons,
fonderie peuvent être prévues à cet cuits d’eau doivent subir une visite séparés des voies de circulation réser-
effet. Dans ce cas, les opérateurs doi- curative périodique. Il convient égale- vées aux véhicules, ainsi que la signa-
vent être informés des risques encou- ment de vérifier très souvent les lisation et le marquage au sol des
rus dans les fonderies ainsi que des contacteurs en tenant compte des voies de circulation.
systèmes d’alarme. prescriptions des constructeurs.
Le plan de circulation ne doit pas
Pour les fours à induction à creuset, aller à l’encontre des règles relatives
4.8.2. Contrôle le brassage caractéristique occasion- à la prévention des incendies, ni
et maintenance des fours ne un dépôt de crasses localisé sur contrarier la bonne évacuation de la
deux anneaux. Ces dépôts doivent fonderie en cas de fuite de gaz
La maintenance formalisée portera être enlevés. Après réagréage éven- toxique ou d’incendie.
principalement sur l’entretien préven- tuel, on applique un enduit de pro-
tif complété par des examens pério- tection qui obstrue les porosités.
diques des installations. 4.9.1. Circulation piétonne
L’entretien préventif concernera systé- Afin de prévenir le risque de collision
matiquement, selon des procédures 4.8.3. Entretien
avec des engins, on séparera physi-
préétablies, tous les éléments tech- des installations de coulée
quement, toutes les fois où c’est pos-
niques tels que les brûleurs, les venti- Un entretien régulier des installa- sible, les trajets des piétons et les cir-
lateurs, les inducteurs, les ensembles tions de coulée semi-continue verti- cuits des engins. Cette séparation
hydrauliques, les organes de com- cale est indispensable pour limiter les sera notamment matérialisée par :
mande, de mesures et de sécurité. risques de projection explosive d’alu- - la protection des passages réservés
minium liquide. aux piétons,
Les examens périodiques, qui doivent
déclencher des opérations de mainte- - des portes piétonnes distinctes des
Les câbles du descenseur, leurs passages réservés aux engins,
nance adaptées, permettent de : attaches, poulies et tambours doi-
- surveiller la dégradation éventuelle - le marquage au sol et la signalisa-
vent être vérifiés périodiquement tion des circuits.
du réfractaire (depuis un simple pour éviter une éventuelle rupture
examen visuel jusqu’au mesurage entraînant la chute de la plaque De plus, afin de limiter le risque de
précis des températures de parois), dans la fosse. brûlure particulier aux installations
- déclencher le nettoyage éventuel de de fonderie, les allées de circulation
la fosse accueillant le four où des La fosse doit être nettoyée et débar- réservées aux piétons devront éviter
coulures accidentelles de métal en rassée des coquillettes régulière- dans la mesure du possible les zones
fusion ont pu se produire, ment ; une procédure de descente où peut se trouver du métal liquide.
- prendre en compte les anomalies dans la fosse, avec contrôle perma-
décelées lors de la conduite du four. nent de la qualité de l’atmosphère Enfin, il convient par ailleurs :
(cf. ED 703), est nécessaire pour évi- - d’éviter les obstacles sur les par-
Dans le cas particulier des fours à ter le risque d’asphyxie.
creuset, les creusets en fonctionne- cours : éléments de machines dépas-
ment feront l’objet de changements sant dans les allées (en statique ou
soit systématiques, soit après examen en dynamique), obstacles au sol ou
visuel. Des contrôles périodiques des près du sol (canalisations, tuyaux
éléments de pyrométrie et d’isole- flexibles, caillebotis...) ;
4.9. PLAN - de prévoir des emplacements suffi-
ment électrique doivent être effec-
DE CIRCULATION sants dans l’atelier pour les stocks
tués. Les creusets métalliques ou les
gaines métalliques de protection des intermédiaires, les bennes à déchets
thermocouples doivent être nettoyés Les circulations sont surtout à l’ori- ou à crasses et les chariots en atten-
et/ou poteyés à fréquence détermi- gine de deux risques : te, de façon à ce que les opérateurs
née. Un contrôle visuel de l’état du - les collisions, notamment entre pié- ne soient pas amenés à encombrer
réfractaire et un contrôle dimension- tons et chariots automoteurs, les allées réservées à la circulation
nel du “fromage” doivent être réalisés - les heurts et chutes, principalement piétonne ;
périodiquement ainsi que des suivis sur les parcours piétonniers. - de soigner particulièrement les sols
de consommation d’énergie. sur ces parcours en utilisant des
Les voies de circulation doivent être revêtements résistants, faciles d’en-
Dans le cas particulier des fours à implantées de telle façon que les pié- tretien et homogènes tout au long
induction, le suivi des paramètres de tons ou les véhicules puissent les uti- des parcours à suivre.

44
CONCEPTION DES BÂTIMENTS
ET ENTRETIEN

4.9.2. Circulation des engins


Les dimensions des emplacements et
des allées de circulation doivent être
pour l’accès aux réseaux de canalisa-
tions et autres équipements tech-
niques : il est notamment instam-
ment recommandé de prévoir une
- considérer la facilité de nettoyage
comme un impératif ;
- compartimenter les éléments com-
bustibles continus et prévoir des
4
calculées en tenant compte des double issue. Le point de ralliement portes coupe-feu ;
règles qui imposent un passage laté- doit être déterminé en tenant comp- - protéger par des blocs coupe-feu les
ral de chaque côté de l’engin ou de te des vents dominants. câbles et canalisations en galeries
sa charge maximale autorisée de techniques ;
50 cm et un intervalle de 40 cm Des exercices d’évacuation doivent - ne faire passer aucun câble ou cana-
entre deux engins chargés suscep- être effectués régulièrement. Ils sont lisation de produit combustible
tibles de se croiser (cf. ED 766 et l’occasion de vérifier le bon fonction- dans les zones où du métal liquide
ED 718). nement des balisages et des alarmes, peut se trouver normalement ou
et de s’assurer que tout le personnel, accidentellement ;
Les carrefours, les sorties de zone et y compris le personnel d’entretien et - utiliser autant que possible, pour
les aires d’évolution doivent être des sociétés intervenantes, connaît tous les groupes hydrauliques, une
implantés en tenant compte du plan les consignes. huile difficilement inflammable ;
de circulation spécifique de la fonde- - disposer les vannes d’isolement des
rie et aménagés en fonction des limi- réseaux de fluides inflammables
tations inévitables du champ visuel dans des zones accessibles et éloi-
imposées par l’engin au conducteur gnées du risque et les compléter par
et des distances de freinage corres- 4.10. PRÉVENTION.
ALARMES. une vanne d’arrêt général située en
pondant à la vitesse et aux charges dehors de l’atelier.
maximales autorisées (cf. GPP 3 et SECOURS
ED 715). Les principes à mettre en œuvre
4.10.1. Prévention durant l’exploitation sont :
Si des matériels sont tels qu’ils ne - repérer et nettoyer systématique-
puissent quitter l’atelier facilement, des incendies
ment, avec du matériel de sécurité
un (ou plusieurs) emplacement(s) À ce sujet, on se référera utilement à en atmosphère explosible, les en-
doi(ven)t être prévu(s) dans la fon- la brochure ED 789 “Incendie et lieu droits où des poussières peuvent
derie pour permettre leur contrôle, de travail”. s’accumuler ;
entretien et dépannage (à l’écart des - éliminer tous les éléments combus-
zones d’évolution des engins). Les sources d’inflammation les plus tibles indésirables (bois, chiffons,
fréquentes dans les fonderies sont : papiers, solvants, etc.) ;
- les crasses chaudes, - appliquer des procédures prévoyant
4.9.3. Plan d’évacuation - les accumulations de gaz chauds, après intervention l’inspection et la
- les fuites de métal liquide, bonne remise en place des blocs
Il doit exister un plan d’évacuation et - les travaux par points chauds. coupe-feu de protection des réseaux
il doit être connu de tous les person- de câbles.
nels présents dans la fonderie. Certains facteurs favorisent le déve-
loppement et la propagation des
Les maîtres d’ouvrage et les chefs sinistres : 4.10.1.2. Lutte contre l’incendie
d’établissements utilisateurs sont - la continuité d’éléments combus-
tenus dans ce domaine d’observer tibles dans les structures, En cas d’incendie, l’usage de l’eau est
diverses dispositions réglementaires ; - la continuité d’éléments combus- strictement prohibé dans toutes les
en particulier, les postes de travail tibles dans les réseaux, zones où celle-ci pourrait atteindre du
doivent être situés à moins de dix - la fuite de liquides hydrauliques métal liquide présent normalement
mètres d’une issue ou d’un local don- inflammables, ou accidentellement.
nant directement sur l’extérieur, - la présence de charges combustibles
sachant qu’en cas d’impossibilité, des indésirables, Les moyens d’intervention recom-
mesures compensatoires obligatoires mandés sont :
- l’accumulation de poussières com-
doivent être validées (cf. ED 789 et - du sable sec ou de l’alumine si du
bustibles.
ED 718). métal liquide est impliqué,
- des extincteurs à dioxyde de carbo-
Le circuit d’évacuation doit être bali- 4.10.1.1. Principes ne et des extincteurs à poudre poly-
sé et muni d’éclairages de sécurité ; il valente pour d’autres types d’incen-
doit éviter les zones où des fuites de Les principes à intégrer lors de la die hors feux de poussières.
gaz toxiques (chlore par exemple) conception sont :
sont susceptibles de se produire. Des - ne pas créer de zone favorisant l’ac- Des moyens et des procédures de sur-
dispositions particulières sont appli- cumulation de poussières et/ou de veillance doivent être mis en place
cables aux postes situés en hauteur gaz chauds ; pour s’assurer que :

45
CONCEPTION DES BÂTIMENTS
ET ENTRETIEN

4 - les services de secours sont bien


informés des dangers particuliers
encourus dans les fonderies ainsi
que des méthodes spécifiques de
Dès qu’il y a brûlure thermique, il
faut un refroidissement prolongé par
l’eau.
préférence avec des rampes laté-
rales assurant une aspersion de l’en-
semble du corps ; la température de
distribution initiale ne doit en
lutte contre l’incendie dans ces éta- Il faut que les moyens de premiers aucun cas être inférieure à 20 oC, de
blissements ; secours aux brûlés soient disposés de manière à éviter la survenue d’un
- le sable prévu pour combattre un façon à être : état de choc hypothermique chez
éventuel incendie est maintenu sec ; - proches des zones de risque, l’accidenté ; les commandes d’ouver-
- clairement identifiables, ture et de maintien de l’aspersion
- la coupure des installations en ali-
- facilement et rapidement acces- peuvent être de différents types
mentation d’énergie, fluides et ven-
sibles. (commandes à main par palette ou
tilation fonctionne correctement et
peut se faire aisément. tringle rigide, commandes au pied
Leur conception doit obéir également par plate-forme) ; certains modèles
aux règles suivantes : sont conçus de manière à ce que
Un certain nombre de réseaux de - utilisation parfaitement ergono- l’accidenté puisse être allongé sur
détection et d’alarmes doivent être mique, une surface plane, la distribution de
prévus, en cas de fuite de gaz inerte - absence de toute possibilité de l’eau étant alors répartie sur tout
(argon, azote) ou toxique (chlore) et contact entre l’eau et le métal liqui- l’ensemble du corps à l’aide de têtes
en cas d’incendie. Ces signaux doi- de même en cas de débordement ou ou de rampes d’aspersion ;
vent être facilement audibles et de projection, - des gels d’eau : des produits de
reconnaissables depuis tous les - évacuation de l’eau sans risques taille diverse (de la compresse à la
postes concernés par l’alarme. Le cas d’écoulement dans la zone des uni- couverture), recouverts d’un gel
du réseau d’alarme chlore a été traité tés de coulée. aqueux colloïdal, sont actuellement
dans le § 3.2.4.2.2.
commercialisés. Ils permettent de
Différents procédés de refroidisse- refroidir efficacement des brûlures
ment à l’eau permettent d’effectuer d’importances différentes et assu-
les premiers secours. Parmi ceux-ci, rent une couverture de la zone
4.10.2. Premiers secours les plus courants sont : atteinte limitant les risques d’infec-
en cas de brûlure - des douchettes autonomes porta- tion. Ces systèmes sont en parti-
tives, permettant un arrosage immé- culier utiles dans des ateliers où
Le risque de brûlure par contact avec diat de la victime mais le plus sou- l’installation de douches n’est pas
des produits chauds ou par projec- vent insuffisant en cas de brûlure possible.
tion de métal liquide est important étendue. Leur usage bénéfique doit
dans les fonderies. Des moyens de alors être complété par l’emploi des Les moyens de premiers secours, qui
premiers secours spécifiques doivent autres moyens de refroidissement doivent être mis en œuvre le plus
donc être prévus. (ou de décontamination en cas de rapidement possible afin d’éviter
projection de produits chimiques des complications majeures, seront
Dans les ateliers où existe un risque corrosifs tels que l’acide chlorhy- accompagnés et suivis des gestes
de brûlure, il doit y avoir au moins drique) ; il conviendra de vérifier habituels de secourisme applicables
un membre du personnel formé au que leur utilisation ne risque pas de dans ces circonstances. L’évacuation
sauvetage-secourisme du travail et mettre en contact l’eau avec les de l’accidenté devra se faire dans les
connaissant en particulier la condui- zones de coulée ; meilleures conditions.
te à tenir pour ce risque spécifique. - des douches de sécurité, distribuant
Ces secouristes feront l’objet d’un une eau à une température de 20- Tous ces moyens doivent faire l’objet
recyclage régulier. 25 oC pendant 15 à 20 minutes, de de vérifications périodiques.

46
CONCEPTION DES BÂTIMENTS
ET ENTRETIEN

TOXICITÉ DE l’ALUMINIUM
ET VALEURS LIMITES
4
L’aluminium est considéré comme du soudage, de la fonderie, de Les sels solubles de l’aluminium,
peu dangereux pour la santé l’électrolyse) et il convient à notamment les chlorures, les
lorsqu’il se présente sous forme chaque fois d’en tenir compte. fluorures et les sulfates,
de poussières métalliques et de Des atteintes neurologiques ont présentent un caractère irritant
composés insolubles relativement également été observées chez nettement plus marqué que
purs. Toutefois, des cas de fibrose des sujets traités par des sels l’aluminium métallique ou ses
pulmonaire ont été signalés chez d’aluminium. Les concentrations composés insolubles.
des ouvriers exposés à sanguines et tissulaires relevées
l’aluminium en poudre. D’autres sont dans ces cas nettement plus Le tableau ci-dessous, regroupe
atteintes respiratoires (asthme, élevées que celles pouvant les valeurs limites d’exposition
hyperréactivité bronchique, ...) résulter d’une exposition professionnelle concernant
sont possibles si ce métal est professionnelle et ce risque l’aluminium et certains
associé à d’autres polluants (cas paraît donc faible. de ses composés.

France RFA USA


VME (mg.m– 3) MAK (mg.m– 3) TLV - TWA (mg.m– 3)

Aluminium métal 10 / 10

Aluminium pulvérulent
(poussières alvéolaires) 5 1,5 /

Fumées de soudage d’aluminium 5 1,5 (alvéolaire) 5


exprimé en Al exprimé en Al

Trioxyde d’aluminium (alumine) 10 1,5 (alvéolaire) 10


exprimé en Al exprimé en Al

Sels solubles de l’aluminium 2 / 2


exprimé en Al

Composés alkylés de l’aluminium 2 / 2


(organo-métalliques) exprimé en Al

* VME = moyenne sur un poste de travail de 8 heures


* MAK = valeur moyenne pondérée sur une journée de travail
* TLV-TWA = moyenne pour 8 h par jour et 40 h par semaine

47
ANNEXE

Répartition de 454 cas d’accidents survenus dans trois fonderies d’aluminium


de la région Rhône-Alpes dans la période 1995-1997
% % %
dans % dans % dans
Nature Nature
Phase le total dans le total dans le total
de l’opération des lésions
des la phase des la phase des
accidents accidents accidents

Préparation 3 Circulation 21 0,7 Contusions 64 2,0


des charges Manutention 50 1,5 Plaies 29 0,9
Autre 29 0,9 Brûlures 0 0,9
Atteintes aux yeux 7 0,2
Autres 0 0,9

Élaboration 15 Circulation 13 2,0 Contusions 37 5,5


Manutention 13 2,0 Plaies 6 0,9
Chargement 12 1,8 Brûlures 26 3,7
Fusion/Maintien 17 2,4 Atteintes aux yeux 24 3,5
Affinage/ Autres 7 1,1
Décrassage 39 5,7
Autre 6 0,9

Coulée 42 Circulation 9 4,0 Contusions 24 10,4


Manutention 30 12,5 Plaies 31 13,2
Autre 61 26,0 Brûlures 36 15,2
(spécifique Atteinte aux yeux 8 3,5
de la coulée) Autres 1 0,2

Parachèvement 29 Circulation 11 3,3 Contusions 34 9,7


et transfert Manutention 24 6,8 Plaies 39 11,2
Parachèvement 54 15,4 Brûlures 10 2,9
Autre 11 3,1 Atteintes aux yeux 15 4,2
Autres 2 0,7

Maintenance 11 Maintenance 96 10,6 Contusions 28 3,1


et conception Plaies 42 4,6
Conception/ Brûlures 10 1,1
Mise au point 4 0,4 Atteintes aux yeux 20 2,2
Autres 0 0,9

48
ANNEXE

Répartition des accidents Répartition des accidents


par phase par nature des lésions

Répartition des accidents


par nature de l’opération

49
BIBLIOGRAPHIE

Documents études et recherches ND 1836-144-91 Guide pratique de prévention GPP 2.


concernant les fonderies d’aluminium Fonderies d’aluminium. Analyse et prévention des risques
liés aux machines de coulée.
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COMPOGRAVURE
IMPRESSION, BROCHAGE
I M P R I M E R I E C H I R AT
42540 ST-JUST-LA-PENDUE
JUILLET 1999
DÉPÔT LÉGAL 1999 N° 7081

IMPRIMÉ EN FRANCE

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