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1. Analyse élémentaire quantitative ........................................................ 2 626 2
1.1 Formalisme ................................................................................................... — 2
1.2 Profondeur d’analyse ................................................................................... — 3
1.3 Paramètres de l’analyse quantitative.......................................................... — 3
1.3.1 Section efficace de photo-ionisation et paramètre d’asymétrie...... — 4
1.3.2 Libre parcours moyen des électrons ................................................. — 5
1.3.3 Fonction de transmission des spectromètres ................................... — 5
1.4 Modèles simples d’analyse quantitative .................................................... — 7
1.5 Limites de détection ..................................................................................... — 7
2. Déplacement chimique ........................................................................... — 8
2.1 Modèles théoriques des déplacements ESCA ........................................... — 8
2.1.1 Modèle à potentiel électrostatique .................................................... — 8
2.1.2 Modèle thermodynamique ................................................................. — 10
2.2 Exemples de déplacements ESCA .............................................................. — 11
2.2.1 Déplacement de surface des niveaux de cœur ................................. — 11
2.2.2 Exemples de déplacements chimiques ............................................. — 12
2.3 Déplacement et paramètre Auger............................................................... — 14
3. Applications analytiques ........................................................................ — 16
3.1 Choix de la technique................................................................................... — 16
3.2 Pratique de l’analyse .................................................................................... — 17
3.2.1 Échantillons.......................................................................................... — 17
3.2.2 Mesures................................................................................................ — 18
3.3 Applications spécifiques de l’ESCA ............................................................ — 18
3.3.1 Profils de concentrations en profondeur........................................... — 18
3.3.2 Dérivatisation chimique ...................................................................... — 21
3.3.3 Voltage Contrast XPS .......................................................................... — 23
3.4 Domaines d’applications ............................................................................. — 23
3.4.1 Analyses de polymères....................................................................... — 23
3.4.2 Analyses de catalyseurs...................................................................... — 26
3.4.3 Analyses en métallurgie ..................................................................... — 29
Pour en savoir plus .......................................................................................... Doc. P 2 627
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ANALYSE DE SURFACE PAR ESCA _________________________________________________________________________________________________________
1. Analyse élémentaire analyse localisée de traces, ce qui montre son degré de difficulté. En
analyse de surface, il convient ainsi de distinguer la part revenant
quantitative aux caractéristiques et performances de la méthode mise en œuvre
et celle se rapportant à la composition et l’homogénéité de la sur-
face de l’échantillon à analyser. L’ESCA est réputée être une
méthode fidèle (mieux que 3 %), l’analyse répétée d’une même zone
L’ESCA s’est imposée comme la technique quantitative d’analyse
d’un échantillon ou encore de plusieurs points d’un échantillon
de surface. Le libre parcours moyen des photoélectrons dans la
homogène donne des résultats atteignant ce degré de reproductibi-
matière étant faible et notamment très inférieur à celui des photons,
lité. La fidélité de la technique associée à son aspect semi-quantitatif
la profondeur d’analyse en ESCA est gouvernée par les premiers et
fait que l’ESCA est actuellement la technique la plus appropriée
ne dépasse pas la centaine d’angströms (10 nm). Les libres parcours
pour étudier l’homogénéité de composition chimique.
des électrons, appelés parfois distances d’atténuation des électrons,
sont identifiés avec les profondeurs moyennes d’analyse en ESCA
dont l’ordre de grandeur est pris égal à 2 à 3 nm.
Le formalisme utilisé pour l’analyse quantitative en ESCA s’établit 1.1 Formalisme
en considérant un processus d’émission des photoélectrons en trois
étapes : L’intensité d’un pic photoélectrique provenant d’un niveau de
— création du photoélectron à une profondeur z par photo-ionisa- cœur d’un atome peut être reliée à la concentration atomique N,
tion de l’atome ; nombre d’atomes par unité de volume, dans l’échantillon, au moyen
— transport de l’électron dans l’échantillon de la profondeur z du modèle proposé initialement par C.S. Fadley [4], [24]. Ce modèle
jusqu’à la surface ; implique que la composition de l’échantillon soit homogène dans
— traversée de la surface et détection de l’électron. tout le volume analysé et que sa surface soit plane. Le modèle con-
siste à diviser l’échantillon en couches d’épaisseur élémentaire dz
Le processus de photo-ionisation étant atomique, les paramètres
situées à une profondeur z, d’établir l’élément d’intensité dI des
physiques caractéristiques de cette étape ne dépendent pas de la
photoélectrons détectés dus à chaque couche et d’intégrer les élé-
matrice si l’on excepte les différents effets multiélectroniques de
ments dI de z = 0 jusqu’à l’épaisseur Z de l’échantillon pour obtenir
l’état final ionisé et peuvent être quantifiables.
l’aire du pic ESCA.
En revanche, le transport des électrons dans l’échantillon dépend
L’intensité du signal provenant d’une couche d’épaisseur dz de
fortement de la matrice, de sa composition et de son homogénéité,
l’échantillon, localisée à la profondeur z de la surface, émis à un
en raison de la forte interaction des électrons avec la matière et de
angle q par rapport à la normale à la surface de l’échantillon
leurs faibles parcours dans les solides. Les paramètres de cette
(figure 1) est donnée par le produit de trois termes :
étape sont difficilement quantifiables dans le cas de matrices com-
plexes. A0 ds
d [ I (q ) ] = FN æ ------------- ö æ -------- ö W 0 L
Finalement, les facteurs instrumentaux, transmission des analy- è cos q ø è d W ø
seurs et efficacité des détecteurs, doivent être déterminés par éta-
z
lonnage. ´ exp æ Ð ------------------- ö
è l cos q ø
A l’exception des éléments H et He, l’ESCA détecte tous les élé-
ments sans interférence notable. L’énergie des photons utilisés, de ´ T ( E cin , E a ) D ( E cin , E a )d z (1)
1,5 keV, permet d’exciter au moins une orbitale de tous les atomes.
Les interférences spectrales et ambiguïtés d’attribution de pics sont On peut identifier dans cette expression les termes correspondant
réduites. Les interférences avec les pics Auger sont levées en utili- aux trois étapes : photo-ionisation, transport et détection du pho-
sant des raies d’énergie hn différente. toélectron. Le premier terme est le nombre de photoélectrons émis
Une analyse quantitative de surface est un problème complexe et est égal au produit du flux de photons par le nombre d’atomes
faisant intervenir des paramètres dépendant tant de l’échantillon lui- irradiés et par la probabilité de photo-ionisation. Le deuxième terme
même que du spectromètre utilisé. La surface est un milieu essen- est la probabilité de transmission après un parcours d’une distance
tiellement hétérogène qui, de plus, ne fait intervenir que très peu de z
------------- . Le troisième terme est la probabilité de détection.
matière. Une analyse de surface procède donc en fait d’une micro- cos q
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,,,
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,,,
seur Z de l’échantillon, l’élément d’intensité exprimé par la
Spectromètre relation (1),
ò
z
e-- , E0
I (q ) = dI
0
Source de A0
ce qui donne le résultat suivant :
rayons X
ds z
e-- , E I (q ) = FNA 0 æ --------ö W 0 LlT ( E cin , E a ) D ( E cin , E a ) 1 Ð exp æ Ð -----------------ö
è d Wø è l cos qø
(2)
∆θ
Pour une épaisseur z infinie par rapport à la profondeur analysée,
z
Z c’est-à-dire lorsque z > 3 l, le facteur exp æ Ð -----------------ö est négligeable
è l cos qø
et l’expression de l’intensité devient alors :
Échantillon
dz ds
I ¥ (q ) = FNA 0 æ --------ö W 0 LlT ( E cin , E a ) D ( E cin , E a ) (3)
è d Wø
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ANALYSE DE SURFACE PAR ESCA _________________________________________________________________________________________________________
on
0 incertitude absolue de 20 %. Il faut noter que les erreurs faites dans
ill
nt
λ cos θ la détermination des aires des pics, soit en raison d’une soustraction
ha
Éc
de fond inadéquate, soit à cause des phénomènes multiélectroni-
ques qui diminuent l’intensité du pic principal ESCA, peuvent être
parfois plus importantes. Il peut exister un effet d’environnement
b contributions à l'intensité du signal ESCA respectivement
chimique sur les valeurs des sections efficaces que l’on peut raison-
des trois premières couches d'épaisseur λ cos θ chacune, nablement considérer comme négligeable pour les niveaux de
en fonction de l'angle θ. A partir de la quatrième couche, cœur.
la contribution devient négligeable. L'épaisseur maximale
analysée en ESCA est donc de 3 à 4 λ cos θ
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5 Al Au
1.3.2 Libre parcours moyen des électrons Au Ag
Ag Au Mo
Les valeurs des libres parcours moyens des électrons influent de Ag Au C
Au C W
façon importante sur l’analyse quantitative ; ce sont néanmoins des Ni Ag Au
paramètres délicats à déterminer avec précision. Ils dépendent, Ag Be
1 Ag Be Be Be Ag
entre autres, de l’énergie cinétique Ecin des électrons, mais égale- Ag P
Be C Mo
ment de la nature du matériau traversé, de sa composition chimi- 0,5 Ag Ag W
que, de sa structure et de sa densité. On observe, en effet, dans les Mo Be Fe
compilations de valeurs expérimentales (figure 4), pour une même 0,3
énergie, une grande dispersion des valeurs suivant le matériau. 2 5 10 50 100 500 1 000 2 000
Elles ont été théoriquement calculées par différents auteurs [45, 46, Énergie cinétique de l'électron (eV)
47]. Les processus responsables de l’absorption des photoélectrons
dans l’échantillon sont les collisions inélastiques qu’ils subissent
avec les électrons du solide, essentiellement les électrons de Figure 4 – Libre parcours moyen des électrons
valence, l’interaction avec les électrons de cœur étant faible. La pré-
cision des valeurs des libres parcours repose sur la représentativité
des modèles de solides à la base des calculs. Ainsi, les calculs de 1.3.3 Fonction de transmission des spectromètres
D.R. Penn [45] reposent sur un modèle d’électrons libres et présen-
tent une précision qu’on peut estimer à 5 % pour les métaux à élec-
La fonction de transmission de l’analyseur T (Ecin , Ea) est un des
trons libres mais à plus de 40 % pour les autres solides.
paramètres fondamentaux pour l’analyse quantitative en ESCA et
Seah et Dench [48], d’après une compilation de différentes déter- doit être déterminée pour tout spectromètre. Elle se présente
minations expérimentales, proposent, pour le calcul du libre par- comme une fonction à la fois de l’énergie cinétique Ecin des photo-
cours moyen, les formules phénoménologiques suivantes en électrons et de l’énergie de passage de l’analyseur Ea. Elle dépend
fonction de la nature chimique des composés : de la configuration de l’ensemble optique d’entrée, fentes et analy-
seur. Dans les appareils des nouvelles générations, cette fonction ne
– pour les éléments simples : ü peut pas s’écrire sous une forme mathématique simple comme
ï c’était le cas dans les appareils anciens, en raison essentiellement
l m = 538 E cin
Ð2
+ 0, 41 ( aE cin ) 1 ¤ 2 ï de la complexité des lentilles de collection. Elle dépend également
ï
– pour les composés inorganiques en général ï de la géométrie de détection des photoélectrons. Pour des aires
ï d’analyse A0 importantes, la fonction T n’est pas constante en cha-
(qui peuvent se subdiviser entre oxydes et chlorures) : ï
ï que point (x, y) de la zone analysée ; en ce cas, il faut intégrer sur
l m = 2170 E cin Ð2
+ 0, 72 ( aE cin ) 1 ¤ 2 ï l’aire A0 :
ï
– pour les oxydes en particulier : ý (7)
l m = 2170 E cin + 0, 55 ( aE cin )
– pour les chlorures :
Ð2 1 ¤ 2 ï
ï
ï
òòT x y E
A0
( , , cin , E a ) dx dy .
ï
l m = 2170 E cin + 0, 89 ( aE cin ) 1 ¤ 2
Ð2 ï On comprend alors que le calcul théorique de la fonction de trans-
ï
– pour les composés organiques : ï mission soit complexe. Sa valeur exacte dépend de la configuration
ï précise des spectromètres et les différents exemplaires d’un même
l m = 49 ( m E cin ) Ð2 + 0, 11 ( E cin ) 1 ¤ 2 ¤ m ï modèle peuvent présenter des fonctions de transmission très diffé-
þ
rentes les unes des autres. Les constructeurs sont de plus en plus
avec lm libre parcours moyen exprimé en nombre de tenus à indiquer les fonctions de transmission de leurs spectromè-
monocouches, tres. Les utilisateurs ont aussi intérêt à déterminer ou vérifier eux-
mêmes la fonction de transmission de leur installation.
a épaisseur d’une monocouche exprimée en
nanomètres, La majorité des mesures en ESCA sont effectuées en mode DE
constant. En ce cas, D (Ecin , Ea) qui inclut le rendement du détecteur
m masse spécifique en g/cm3. et de la chaîne de comptage et qui ne dépend essentiellement que
Ces relations distinguent les isolants des conducteurs. Les pre- de Ea, est théoriquement constant. On procède en général à la déter-
miers, en raison de la largeur de leur bande interdite, présentent des mination globale du produit T ( E cin , E a ) ´ D ( E cin , E a ) qui repré-
probabilités de diffusion inélastique plus faibles et, en conséquence, sente alors la transmission totale du spectromètre (et non
des libres parcours moyens pour les électrons plus élevés, en com- seulement de l’analyseur qui cependant demeure prépondérante).
paraison avec les conducteurs. Par la suite, dans cet exposé, la fonction de transmission globale du
La dépendance du libre parcours moyen des électrons avec l’éner- spectromètre sera notée T (E ).
gie cinétique est une fonction de l’énergie cinétique à la puissance ■ Comparaison avec des spectres étalons
m
m, E cin avec des valeurs de m comprises entre 0,54 et 0,81. J. Szaj-
man et al. [49], s’inspirant des travaux de Seah et Dench [48], ont La fonction de transmission du spectromètre T (E ) est, par défini-
établi une relation « universelle » valable aussi bien pour les iso- tion, simplement le rapport, en fonction de l’énergie, entre le spectre
lants que pour les conducteurs : enregistré par ce spectromètre I (E ) et le spectre réel émis par un
échantillon, n (E ) :
3 ¤ 4.
l (E ) = AE cin (8)
I (E )
T ( E ) = ------------ (9)
avec A constante. n (E )
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ANALYSE DE SURFACE PAR ESCA _________________________________________________________________________________________________________
A partir de cette définition, si on connaît le spectre réel, dans la ■ Détermination de la fonction de transmission
mesure du possible de plusieurs échantillons étalons, on peut éta- Cette troisième méthode, ne nécessitant pas la connaissance de
lonner en intensité tous les spectromètres et déterminer leur fonc- sA, lA et L, consiste à supposer que la fonction de transmission du
tion de transmission en comparant quantitativement les spectres spectromètre est une fonction dépendant de Ea et de Ecin [55, 56,
qu’ils donnent de ces échantillons avec les spectres de référence 57] :
[50]. Les spectres réels n (E ) peuvent être générés alors par un spec-
tromètre dont la fonction T (E ) est parfaitement déterminée théori- Ea ö
æ ---------
Ea n è E cin ø
-
quement et expérimentalement afin de bien maîtriser les différents T (E ) = E a æè ---------- öø (11)
paramètres entrant en jeu, et qui remplit ainsi le rôle d’un spectro- E cin
mètre étalon, baptisé par Seah spectromètre de métrologie (metro-
logy spectrometer). où les paramètres Ea et Ecin ne sont plus considérés comme indé-
Un tel spectromètre est proposé au National Physical Laboratory pendants et où n n’est plus une constante mais est une fonction de
(Teddington, Grande-Bretagne) qui fournit des spectres réputés Ea et de Ecin. Cette méthode vise donc à déterminer une fonction de
réels d’échantillons étalons choisis parmi des métaux purs : Cu, Ag transmission de forme complexe et en cela est peut être la plus
et Au [51]. Ces étalons permettent d’étalonner les spectromètres adaptée aux spectromètres modernes.
ESCA sur un domaine d’énergie cinétique de 200 eV à 1 600 eV avec En introduisant la fonction de transmission donnée par la relation
un pas de 1 eV et avec les raies d’excitation AlKa et MgKa non (11) dans l’expression (3) donnant l’intensité d’émission ESCA pour
monochromatiques et la raie AlKa monochromatique. La procédure un solide pur et réécrite de la façon simplifiée suivante où le terme
a été testée par une comparaison interlaboratoire sur une soixan- C inclut tous les facteurs constants N, s, L, l, F, A0 :
taine de spectromètres de 25 modèles différents. Les résultats mon-
trent l’importance des conditions expérimentales réelles des I = CT (E )
mesures. La dispersion pour un même appareil physique avec les
mêmes réglages est typiquement de 3 %, mais dans la pratique elle on obtient :
peut varier entre 1 %, dans le meilleur des cas, et 20 % dans le pire. Ea ö
æ ----------
Ea n è E cin ø
-
De nombreux facteurs expérimentaux et instrumentaux contri- I = CE a æ ------------ ö (12)
buent à la valeur de la fonction de transmission. Les aberrations, è E cin ø
inhomogénéité des potentiels, distortions par des champs magnéti-
ques résiduels des lentilles d’entrée introduisent des distorsions qui s’écrit de la façon suivante dans une échelle logarithmique :
dans la géométrie et l’efficacité de collection des photoélectrons. De
même, des diffusions sur les sphères de l’analyseur peuvent induire Ea Ea
ln æ -------- ö = ln C + n æ ------------ ö ln æ ------------ ö .
I
un fond d’électrons secondaires anormalement élevé. L’état de sur- (13)
èEa ø è E cin ø è E cin ø
face des pièces mécaniques et les contaminations superficielles
influent sur cette diffusion. Les aires d’analyse sont également
importantes. Pour les excitations avec des sources non monochro- Ea
Le paramètre n æ ------------ ö peut alors être obtenu en traçant la varia-
matiques, donc moins bien définies, la reproductibilité est en géné- è E cin ø
ral bonne, ce qui n’est pas toujours le cas des sources
Ea
tion de ln æ ------------ ö pour un pic de Ecin déterminé mesuré à différentes
monochromatiques. Ce résultat peut s’expliquer en constatant que
les sources non monochromatiques donnent des zones d’analyse è E cin ø
très étendues, donc avec un effet de moyenne tant sur les paramè- énergies d’analyse Ea. La courbe T (E ) est obtenue en utilisant plu-
tres concernant l’échantillon que sur ceux concernant l’appareillage,
alors qu’avec les microfaisceaux obtenus avec un monochromateur, sieurs pics de composés de référence : Cu, Ag, Au, SiO2, et normali-
la géométrie est plus pointue et critique mais mal connue et diffici- Ea
sée à une valeur fixe de ln æ ------------ ö .
lement contrôlable. Notamment, les trajectoires des photoélectrons è E cin ø
peuvent différer de façon importante selon leur énergie. Les condi-
tions de comptage, telles que saturation du détecteur, correction de
temps mort et seuil électronique des discriminateurs dans le circuit ■ Fonctions de transmission des spectromètres
de détection peuvent également déformer le spectre en énergie. Ces méthodes appliquées à différents spectromètres conduisent à
des fonctions T (E ) présentant les formes différentes suivantes :
■ Comparaison avec des spectres théoriques — pour les deux premières méthodes exposées ici :
L’utilisation de spectres étalons de référence ne présentant pas un
avantage incontestable, une comparaison directe des spectres expé- T (E ) = E Ðp, avec p compris entre 0,35 et 1 ; (14)
rimentaux avec le spectre théorique donné par la relation (3) pour
extraire la fonction de transmission des spectromètres demeure une — pour la dernière, la relation (11) :
procédure intéressante car moins lourde expérimentalement.
Ea ö
æ ---------
Plusieurs auteurs ont ainsi proposé de déterminer la fonction Ea n è E cin ø
-
T (E ) à partir des aires des pics ESCA des spectres expérimentaux T (E ) = E a æè ---------- öø
E cin
IA(E ) d’échantillons étalons purs, A, par comparaison avec les inten-
sités théoriques, d’après la relation simple suivante [51, 52, 53] : avec n donné soit par une simple valeur numérique, soit par une
relation complexe en fonction de Ea et Ecin selon les spectromètres.
I A (E )
T (E ) = -------------------------
- (10) Les optiques d’entrée des spectromètres anciens étaient en géné-
NA sA lA L ral simples car elles ne remplissaient principalement qu’un rôle de
lentille retardataire. Les optiques actuelles combinent des fonctions
Cette méthode nécessite la connaissance des paramètres sA, lA et multiples : retard, collection, focalisation, imagerie. Elles sont opti-
L, NA étant la densité atomique du matériau, et l’utilisation d’échan- misées afin d’assurer les performances exigées en sensibilité, lumi-
tillons propres avec des surfaces non contaminées, planes et non nosité, grand angle de collection, résolution tant énergétique
rugueuses. En général, les valeurs sA et L sont obtenues respective- qu’angulaire et spatiale. Leur fonction de transmission est nécessai-
ment à partir des tables de Scofield [17] et de Reilman [44] et lA est rement complexe. De plus, elles dépendent de façon très sensible
pris proportionnel à E m avec m compris entre 0,5 et 0,75. des conditions opératoires.
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_________________________________________________________________________________________________________ ANALYSE DE SURFACE PAR ESCA
1.4 Modèles simples d’analyse tinu et des fluctuations statistiques de ces signaux. La limite de
détection correspond à l’intensité du signal minimal détectable.
quantitative Pour qu’un signal soit détectable, c’est-à-dire qu’il sorte du bruit de
fond, il faut que son intensité soit supérieure aux fluctuations statis-
A la lumière des discussions précédentes sur les paramètres tiques du signal du fond, SBF (voir figure 5). Le fond suit une distri-
influant sur l’analyse quantitative et sur la difficulté de déterminer bution de Poisson avec un écart-type s :
précisément leurs valeurs, en raison également du fait que les
échantillons réels sont hétérogènes et que les modèles précédents, s = S BF = I BF t (18)
en toute rigueur, ne concernent que des échantillons homogènes, il
est souvent fait appel à des modèles simples d’analyse quantitative. où t est le temps de comptage.
Il est alors possible d’utiliser des expressions approchées pour les Il est généralement admis que l’amplitude du signal minimal
relations (4) et (5). détectable, Smin , doit être égale ou supérieure à trois fois le bruit de
fond (égal à l’écart-type s ):
■ Méthode des facteurs de sensibilité élémentaire
Cette méthode est basée sur la constitution pour un spectromètre S min = I S t = 3 s = 3 I BF t (19)
min
donné d’une banque de données sur des solides élémentaires purs
ou des composés de stœchiométrie définie [58]. Pour chaque élé- La concentration minimale détectable Cmin s’écrit :
ment i, on mesure donc l’intensité I i¥ . La stœchiométrie CA d’un élé-
ment A dans le composé est alors obtenue par la relation : S min 3 I BF t
C min = C 0 ------------- = C 0 --------------------
S0 I0t
IAö ö
æ æ -----
ç è I ¥- ø ÷ ou, après réarrangement :
= ç ------------------ ÷
A
CA ç
(15)
I ÷
ç å -----i- ö ÷
æ 3
è i è I i¥ ø ø C min = C 0 -------------------------------
I0
(20)
I 0 ------- - t
où au dénominateur on somme sur tous les éléments i détectés. Ce I BF
modèle nécessite la détermination des intensités I i¥ pour tous les
éléments. Pour les spectromètres actuels, ayant une fonction de où S0, I0 et C0 sont respectivement l’aire du pic ESCA (en nombre de
transmission complexe, cette approche empirique peut offrir un cer- coups), l’intensité (nombre de coups/s) et la concentration atomique
tain intérêt. Se posent alors la nécessité et la difficulté d’avoir des de l’étalon, en général l’élément pur ; en ce cas, pour tout solide :
étalons parfaits.
C 0 » 10 23 atomes/cm 3
■ Formalisme théorique simplifié
D’après la relation (20), les facteurs influençant directement les
Cette deuxième méthode est similaire dans l’esprit à la précé-
limites de détection en ESCA sont l’intensité du signal spécifique, le
dente. Elle utilise l’expression théorique de base de l’intensité I i¥
rapport signal sur fond et le temps d’accumulation, qui pèsent d’un
d’un pic ESCA pour un solide homogène infini, et l’utilisation
même poids.
d’approximations pour estimer si, li et Ti et I i¥ :
L’ESCA est une technique relativement lente, le temps d’enregis-
I i¥ = F N i s i l i T i . (16) trement d’un spectre ESCA d’un élément majeur est de l’ordre d’une
minute, donc un gain nominal d’un facteur 10 nécessiterait des
Les sections efficaces si sont les valeurs calculées par Scofield temps de comptage de l’ordre de l’heure par élément, ce qui est un
[17] tandis que li et Ti sont exprimés par des fonctions Em. Pour le maximum compte tenu des dégâts d’irradiation, des dérives et des
domaine d’énergie cinétique intéressant l’ESCA (100 à 1 500 eV), l coûts d’analyse. Le facteur temps d’enregistrement est un facteur
peut varier approximativement comme la racine carrée de l’énergie limitant important en imagerie ESCA qui nécessite en moyenne des
cinétique et, de plus, pour des spectromètres anciens, beaucoup poses de une à plusieurs heures en fonction de la concentration des
moins complexes, on peut de façon justifiée prendre T constante. éléments à visualiser.
En ce cas, la stœchiométrie de l’échantillon est alors exprimée
comme le rapport des intensités des pics photoélectriques corrigées
de la racine carrée de l’énergie cinétique et de la section efficace,
avec, au dénominateur, une sommation sur les intensités de tous les Intensité
éléments détectés :
IA
------------------
sA EA S0
CA = ---------------------- (17)
Ii
å --------------
i si Ei I0
Smin > 3σ
De telles relations ont, jusqu’à maintenant, sur des spectromètres
dénués d’optique d’entrée complexe, permis de déterminer semi-
quantitativement les stœchiométries à la surface d’échantillons Bruit statistique
2σ Bruit de fond
réels avec une précision de 20 à 30 %.
(σ = IBF) IBF
La limite de détection d’un élément A est fonction de l’intensité IA Figure 5 – Fond continu, bruit statistique, signal minimal détectable
du signal spécifique de cet élément, de l’intensité IBF du fond con- et limite de détection
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ANALYSE DE SURFACE PAR ESCA _________________________________________________________________________________________________________
Le monochromateur joue un rôle déterminant dans le rapport Si Nmin est pris égal à 1010 atomes avec N0 de l’ordre de
signal sur fond. Naturellement, l’adjonction d’un monochromateur 1023 atomes/cm3, d exprimé en mm et l pris égal à 1 nm, on obtient
diminue fortement le nombre de photons reçus, donc le signal spé- la valeur numérique suivante :
cifique comme nous le verrons ci-après. En général, la perte est d’un
facteur 10. Cette perte apparente de sensibilité est compensée large- 10 2
C min = --------2- (23)
ment par l’augmentation très significative du rapport signal sur fond d
obtenue grâce d’une part à l’élimination du fond dû au bremsstra-
hlung et satellites X et d’autre part à l’amélioration de la résolution Cela signifie qu’en l’état actuel des performances de la technique,
en énergie. Ce rapport I0/IBF qui est de l’ordre de 10 pour une raie que ce soit en mode faisceau X microfocalisé ou en mode aire sélec-
d’excitation non monochromatique peut passer à quelques centai- tionnée, avec une résolution latérale de 10 mm l’on ne peut détecter
nes avec un monochromateur. pratiquement que des éléments purs (Cmin = 1). Si l’on veut conser-
ver des limites de 0,1 % atomique à la résolution de 10 mm, il faut
Le facteur fondamental, car spécifique de chaque méthode analy- améliorer la sensibilité de la technique d’un facteur 100. En micro-
tique, est la sensibilité, représentée par 1/I0. L’intensité I0 d’un signal faisceau X, le flux de photons est limité pour des raisons technologi-
ESCA donnée par la relation (3), en dehors de la concentration de ques de dissipation de la puissance du microfaisceau des électrons
l’élément concerné, est proportionnelle au flux de photons, à la sec- primaires sur l’anode. La densité du faisceau X ne peut également
tion efficace de photo-ionisation, au volume analysé, c’est-à-dire au pas dépasser un seuil imposé par les dégâts sous irradiation ou les
produit de la profondeur et de l’aire d’analyse, et à l’efficacité de effets de charge.
détection. Il convient ici de distinguer l’analyse classique de grandes
surfaces de la microanalyse à grande résolution spatiale et de l’ima-
gerie.
■ Microanalyse avec résolution latérale Les niveaux de cœur étant d’énergie élevée, le calcul théorique de
leur déplacement en fonction de l’environnement chimique est com-
En microanalyse, la meilleure résolution latérale d est actuelle-
plexe. Pour des applications analytiques, il suffit d’avoir une com-
ment de l’ordre de grandeur de 10 mm. Le volume d’analyse décroît
préhension phénoménologique des déplacements ESCA. Deux
avec la résolution latérale d selon l’expression A0l = d 2l. Donc, si
types de modèles, le modèle à potentiel électrostatique et une
l’on n’améliore pas la sensibilité de l’ESCA en augmentant les autres
approche thermodynamique, permettent d’atteindre cet objectif.
facteurs, à savoir le flux photonique et l’efficacité de détection, le
nombre minimal d’atomes détectables reste inchangé et la concen-
tration minimale détectable, d’après la relation (21), est donnée par :
2.1.1 Modèle à potentiel électrostatique
N min
C min = ---------------------
- (22) Dans une première approximation pour interpréter les déplace-
d 2 l N0 ments ESCA, on peut ne considérer que les propriétés de l’état ini-
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tial, à savoir les variations d’énergie des orbitales Dek entraînées par
les transferts des électrons de valence lors de l’établissement des q1
liaisons chimiques. Pour calculer les variations Dek, toute une
gamme de méthodes, se différenciant entre elles par leur degré
d’approximation, est disponible ; celles-ci vont des méthodes de r1
champ autocohérent Hartree-Fock HF SCF (Hartree-Fock Self Consis-
tent Field) au modèle très simple de type électrostatique en passant q
par des méthodes semi-empiriques des orbitales moléculaires [59, r 1s
60, 61]. L’expérience a montré qu’il est possible de trouver un
modèle basé sur des concepts simples, familiers au chimiste, de
transferts d’électrons en fonction des électronégativités et capable r2 q2
r4
de rationaliser et même de prédire les déplacements chimiques des q4
niveaux de cœur, à un niveau d’approximation consistant à négliger
Erelax. r3
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C1 C2
O
(A) H3C C
O
300
(B) H3C C
CHF3 CH3
C1 C2 CO2
O
CO (C) H3C C
A H
295
E (C3)
C H
B
CS2
CH3, OH E (D) H3C C OH
D
B, C A
ED H
CH4
290
0 1 2 H O
Charge partielle de Pauling qP
(E) H3C C O C C2H5
a H
C3
ces atomiques en Å, on obtient le déplacement exprimé en eV selon l’énergie de liaison ESCA croît algébriquement avec le degré d’oxy-
la relation : dation ou plutôt avec la charge partielle sur l’atome. La figure 12
dans le paragraphe sur les exemples de déplacements chimiques
q qj
D E L = 14, 4 æ -----i + å ----- ö
illustre, à propos du trifluoroacétate d’éthyle, cette propriété pour
(29)
è ri r ø des composés du carbone : le pic ESCA C1s de ces composés se
j ij
déplace vers les énergies de liaison élevées lorsque l’atome de car-
Cette relation indique numériquement que le transfert d’un élec- bone est lié à des éléments de plus en plus électronégatifs car sa
tron appartenant à un atome A de rayon atomique rA = 0,1 nm (1 Å) charge partielle croît algébriquement. Nous pouvons également
vers un autre atome B dans une liaison de longueur rAB de 0,2 nm prédire que le déplacement ESCA est d’autant plus élevé que le
(2 Å) induit un déplacement des niveaux de cœur de A de + 7,2 eV. rayon de l’atome concerné est petit.
Cette estimation donne l’ordre de grandeur des déplacements géné-
ralement rencontrés.
L’intérêt du modèle à potentiel est de fournir des directives sim- 2.1.2 Modèle thermodynamique
ples pour déduire le sens et l’ordre de grandeur des déplacements
ESCA. Ainsi, nous pouvons prédire que les déplacements ESCA sont L’intérêt de ce modèle est de proposer une analyse des déplace-
égaux pour tous les niveaux de cœur d’un même atome et que ments chimiques ESCA qui prend en compte les effets de l’état final
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ü
NH 3 ® NH 3+ ( 1 s ) + e – D E 1 = E L ( NH 3, N1 s ) ï Figure 8 – Comparaison des déplacements mesurés
ý (30) expérimentalement avec le modèle thermodynamique,
N 2 ® N 2+ ( 1 s ) + e – D E 2 = E L ( N 2, N1 s ) ï d’après Jolly [65]
þ
Les espèces chimiques NH 3+ ( 1 s ) et N 2+ ( 1 s ) sont les molécules plomb PbO et PbO2 et de cuivre Cu2O et CuO pour lesquels les
NH3 et N2 avec une lacune sur l’orbitale N1s. Les énergies de liaison déplacements sont dans le sens inverse de celui indiqué par les
de l’électron N1s dans les molécules NH3 et N2, EL (NH3, N1s) et EL degrés d’oxydation et transferts de charge. Ce comportement
(N2, N1s), sont alors exprimées par les variations d’énergie internes s’explique par les variations en sens inverse des effets de l’état ini-
DE1 et DE2 des deux réactions. Le déplacement chimique du pic N1s tial et de l’état final, avec prépondérance de l’énergie de relaxation.
entre N2 et NH3 s’obtient en faisant la soustraction des deux réac- Nous verrons qu’il est dans ce cas possible de différencier ces com-
tions précédentes : posés par le déplacement Auger.
NH 3 + N 2+ ( 1 s ) ® NH 3+ ( 1 s ) + N 2 (31)
Le déplacement chimique du pic N1s entre N2 et NH3, DEL, est 2.2 Exemples de déplacements ESCA
alors exprimé par la chaleur de cette réaction chimique.
Les espèces chimiques N 2+ ( 1 s ) et NH 3+ ( 1 s ) avec une vacance en 2.2.1 Déplacement de surface des niveaux de cœur
couche profonde 1s sont naturellement très instables et inhabituel-
les, l’approximation des cœurs équivalents permet de substituer au L’effet de l’état initial peut être illustré par deux exemples. Le pre-
cœur N(Z = 5) ( 1 s ) le cœur O(Z = 6) dans N 2+ ( 1 s ) et NH 3+ ( 1 s ) qui mier est le déplacement des niveaux de cœur des atomes de surface
ainsi sont remplacés par NO+ et OH 3+ . Cette substitution s’accompa- illustré dans la figure 9 [66]. Sur cette figure, les spectres des
gne d’une variation d’énergie d’échange de Pauli, DEéch, très faible niveaux 4f 7/2 d’un monocristal de tungstène orienté W(100) excités
entre les électrons 1s. Tant que cette énergie d’échange ne varie pas par des photons de 70 eV sont enregistrés sous des conditions diffé-
trop entre N 2+ ( 1 s ) et NH 3+ ( 1 s ) , elle se compense et n’intervient rentes. Cette figure illustre également les possibilités du rayonne-
pas dans les bilans. ment synchrotron pour l’ESCA. Le choix d’une énergie d’excitation
A la réaction chimique précédente (relation (31)) se substitue spécifique de 70 eV permet de communiquer aux photoélectrons
maintenant la réaction suivante : W4f 7/2 une énergie cinétique d’environ 40 eV qui correspond à un
très faible libre parcours moyen et donc à une très grande sensibilité
NH 3 + NO + ® OH 3+ + N 2 (32) de surface. Deux autres paramètres concourent également à exalter
la sensibilité de ces spectres à la première monocouche de surface.
Cette fois-ci, on peut connaître les enthalpies de formation des Il s’agit d’abord de la polarisation des photons excitateurs. La
espèces chimiques NO+ et OH 3+ et calculer DEL à partir de leurs lumière synchrotron est linéairement polarisée dans le plan de
valeurs, la figure 8 montre qu’un tel modèle permet une compré- l’orbite des électrons. En polarisation p, avec le vecteur champ élec-
hension satisfaisante par la thermochimie des déplacements de
N1s. D’autres interprétations ont été aussi obtenues dans des com- trique A de la lumière perpendiculaire à la surface, le gradient
posés de C, O, B et Xe. d A ¤ d z induit une photoémission de surface. Ce n’est pas le cas
En conclusion à ce paragraphe au cours duquel nous avons vu
qu’en grande partie les déplacements ESCA, bien qu’ils soient dus d’une polarisation s où A est parallèle à la surface et pour laquelle
aux variations d’énergie de relaxation dans l’état final, peuvent être ce gradient est donc nul. Le deuxième facteur est la diffraction des
interprétés en considérant uniquement les propriétés de l’atome photoélectrons dans les monocristaux qui traduit les processus
avant la perturbation excitatrice et qu’ils peuvent être exploités pour d’interférence entre l’émission directe et les émissions rétrodiffu-
extraire des informations sur la liaison chimique, citons des excep- sées par les atomes du cristal. Pour des conditions d’énergie et
tions, par exemple les cas de l’oxyde d’argent AgO, des oxydes de directionnelles particulières (figure 9), il y a interférence construc-
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,,,
70¡ hν pic de cœur de surface vers les basses énergies de liaison. Lors de la
hν = 70 eV Volume deuxième moitié du remplissage, il y a transfert d’électrons vers le
volume et inversion du déplacement du pic de surface. L’amplitude
[001]
de ce déplacement est aussi fonction de l’orientation de la surface
du cristal, elle est d’autant plus importante que la face est ouverte.
a Généralement faibles (quelques dixièmes d’électronvolt) ces dépla-
cements peuvent atteindre des valeurs supérieures à l’électronvolt
(métaux lourds et actinides).
Enfin, signalons qu’un tel effet de déplacement de surface peut
être mis en évidence sur les polymères, en l’occurrence sur des
[110]
,,,
films de PMMA syndiotactique où les groupements methoxy sont
hν orientés préférentiellement vers la surface du film en opposition
avec la forme isotactique. Ce déplacement est cependant très faible
27¡
et de l’ordre de 0,1 eV.
b A
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O H H 1
F 3 3 2 2
F C C O C C H ( O C C O CH2 CH2 )n
Intensité F
14
12
1
Référence : 10
EL = 291,2 eV
8 x5
0 10 8 6 4 2 0
Déplacement chimique (eV) 6
4 3
Figure 10 – Spectre C1s de la molécule de trifluoroacétate d’éthyle 2
CF3COOC2H5 [4]
2
0
N (E )/E 295 290 285
102 Énergie de liaison (eV)
SVI
1
CH3
0 1 2
( CH2 C )n
Nombre de coups x 103
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Nombre de coups
800
E relax ( L+ L+ ) = 4 E relax ( L+ ) (35)
Nombre de coups
a = E cin ( KLL ) Ð E cin ( K ) (37)
800 Cette définition conduit parfois à des valeurs de a négatives car
elle dépend des valeurs relatives de l’énergie de liaison EL(K) et de
l’énergie des photons hn. Pour éviter cet inconvénient, il est préféra-
600 ble de modifier, sans en dénaturer la portée, la définition du paramè-
tre Auger en ajoutant hn, ce qui conduit à des valeurs toujours
positives plus pratiques :
400
a = E cin ( KLL ) Ð E cin ( K ) + hn = E cin ( KLL ) + E L ( K ) (38)
200 Le paramètre Auger varie en fonction de l’environnement chimi-
que ou plutôt de la polarisation des liaisons chimiques dans le com-
C 2s C 2p
posé et la relation précédente indique que plus les composés dans
0 lesquels est engagé un atome sont polarisables, plus son paramètre
35 30 25 20 15 10 5 0 Auger augmente. Le déplacement du paramètre Auger, en tenant
Énergie de liaison (eV) compte des expressions des déplacements ESCA et Auger, s’écrit
b polypropylène alors très simplement comme :
D a = 2 D E relax ( K + ) (39)
Figure 14 – Différences dans les spectres de bande de valence
du polyéthylène basse densité et du polypropylène et possibilités L’utilisation du déplacement de ce paramètre Auger pour discrimi-
de caractérisation moléculaire ner les formes chimiques, de préférence au déplacement ESCA, pré-
sente de multiples avantages. Du point de vue théorique, ce
déplacement est totalement indépendant des effets de l’état initial et
très faible, ce qui a jusqu’à maintenant freiné leur utilisation. Avec n’est fonction que de l’état final. Ce point souligne d’abord la prédo-
les appareils modernes combinant résolution et luminosité, il est minance des effets dynamiques de relaxation et de polarisabilité des
maintenant possible d’exploiter à des fins analytiques cette branche liaisons chimiques sur les effets statiques de transfert de charge et
de la photoémission. de polarité des liaisons sur les déplacements chimiques. De plus,
n’étant plus la résultante des contributions de ces deux effets par-
fois contradictoires comme c’est souvent le cas en ESCA, les dépla-
cements Da sont en général nettement plus importants. Finalement,
2.3 Déplacement et paramètre Auger le paramètre a étant défini comme la différence en énergie des deux
pics, est indépendant de la définition du niveau de référence dans
Les énergies des transitions Auger dépendent également de l’échelle des énergies de liaison et des ambiguïtés de la position du
l’environnement chimique de l’atome émetteur comme en ESCA. niveau de Fermi d’un composé à un autre.
Cependant, de grandes différences existent entre les deux phéno- Du point de vue expérimental, a est mesuré sur le même spectre
mènes en raison de la double ionisation de l’état final Auger par rap- en énergie et ne dépend pas des conditions expérimentales, celles-
port à une simple ionisation pour l’ESCA. Le déplacement Auger ci en principe devant influer sur la position en énergie des deux pics
s’écrit dans le cas des transitions KLL à partir de la relation expri- de façon identique. Cette propriété est particulièrement intéressante
mant l’énergie Auger : dans le cas des échantillons isolants, car les erreurs induites par les
effets de charge sont alors minimisées et les mesures de a sont très
E cin ( KLL ) = E L ( K ) Ð 2 E L ( L ) Ð F ( LL ) (33) fiables. En fait, les variations Da sont significatives à partir d’une
valeur de 0,3 eV, limite imposée par la résolution en énergie.
qui se réécrit en remplaçant les énergies de liaison EL(X) par leur
valeur exprimée dans la relation (4) de [P 2 625] : L’exemple des composés du cuivre illustre la discussion précé-
dente sur l’intérêt du paramètre Auger. Les valeurs des énergies de
E cin ( KLL ) = Ð e HF ( K ) Ð E relax ( K + ) + 2 e HF ( L ) + E relax ( L+ L+ ) Ð F ( LL ) liaison des pics ESCA ne permettent pas de différencier les oxydes
ou sulfures cuivreux et cuivriques du métal, comme l’indiquent le
(34) tableau 2 et [P 2625, figure 18].
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Cu 2p Cu LMM
Composé Énergie de Énergie
liaison (eV) cinétique (eV)
Cu2Mo3O10 931,6 916,5
Cu2Se 931,9 917,6
CuAgSe 931,9 917,7
CuSe 932,0 918,4
CuS 932,2 917,9
CuBr2 932,3 916,9
Figure 15 – Charte des paramètres Auger pour les composés de cuivre [12]
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3. Applications analytiques adapter l’outil analytique au problème posé et non l’inverse (le pro-
blème à l’outil) et éviter toute propension à utiliser l’ESCA ou tout
autre appareil pour la simple raison que c’est le spectromètre dont
on dispose.
La planification des mesures nécessite de faire la liste des ques-
3.1 Choix de la technique tions analytiques précises à poser. Avant d’effectuer le choix de la
(ou des) technique(s) et de décider des mesures, on peut s’efforcer
de répondre à un questionnaire type suivant :
Avant de faire appel à l’ESCA (ou à d’autres techniques d’analyse)
pour résoudre un problème de surface, il convient de justifier l’ana- Formulation du problème à régler :
lyse en termes de rentabilité de l’investissement, de bien définir la — hypothèses analytiques avancées sur l’origine de la
problématique, d’être convaincu du bien-fondé du choix de la tech- défaillance ;
nique, d’en avoir reconnu les avantages et les limitations et de pré- — éléments incriminés à rechercher ;
voir éventuellement des compléments d’analyse avec une autre
— localisation des zones défectueuses : en profondeur et résolu-
technique.
tion spatiale ;
Le retour sur investissement des analyses à effectuer est en géné- — nécessités de déterminer ou non les formes chimiques.
ral la première question à se poser : le bénéfice que l’on suppose
tirer de l’analyse projetée (ou de l’achat d’un équipement) sera-t-il Échantillons :
supérieur à son coût ? Pour des problèmes de Recherche et Déve- — leurs formes physiques, dimensions, conductivité ;
loppement, l’importance reconnue de l’ESCA comme un puissant — leur composition de volume ;
outil de recherche est un argument raisonnable. Il en va différem- — le nombre, possibilité d’analyser des échantillons de
ment pour la résolution de problèmes en production, de contrôle de référence ;
qualité ou de défaillances. On peut également poser différemment — l’historique : condition de vieillissement, de stockage, de
la question de la rentabilité en se demandant combien il en coûtera manutention ;
si l’on n’effectue pas l’analyse. La réponse comporte plusieurs — supportent-ils une mise sous vide ? Quelles sont les conditions
éléments : naturellement, on considère tout de suite les conséquen- de dégazage ?
ces financières liées aux arrêts de production ou rejets de pièces
défectueuses, mais en dehors de ces considérations à court terme, il L’ESCA est la technique d’analyse de surfaces dont le champ
faut également prendre en compte l’intérêt technique des connais- d’applications est incontestablement le plus large. On peut affirmer
sances ainsi acquises sur les produits et procédés et sur les dysfonc- que l’ESCA se présente comme l’outil prédominant en analyse de
tionnements possibles, l’amélioration de la politique de qualité de surfaces. Si, prise séparément, chacune de ses performances analy-
contrôle, le gain de compétitivité et l’impact commercial et marke- tiques telles que sensibilité et limite de détection, résolution chimi-
ting que de telles analyses peuvent avoir. que et moléculaire, profondeur d’analyse et résolution latérale, peut
être surpassée par celle des autres méthodes comme le SIMS et la
En général, une analyse de surface donne des résultats le plus spectrométrie Auger, l’ensemble constitue un tout unique. Il est utile
souvent très éloignés de ceux obtenus sur le même échantillon par de rappeler les principales performances, en insistant particulière-
une méthode d’analyse de volume, aussi importe-t-il d’expliquer ces ment sur le caractère universel de la technique.
résultats. L’analyste a beaucoup à gagner à travailler en étroite coo-
pération avec le scientifique ou l’ingénieur soumettant l’analyse, 1) L’ESCA, principalement utilisé pour les solides, est applicable à
pour définir le plus précisément possible le problème, pour connaî- l’analyse des gaz et des liquides ; pour les solides, les échantillons
tre complètement l’historique de l’échantillon, le procédé et les opé- peuvent être sous toutes les formes physiques :
rations de fabrication et les conditions de manutention et de — massiques, films, fibres, poudres ;
stockage. Il pourra ainsi optimiser l’analyse et trouver la solution — cristallisés ou amorphes, compacts ou poreux ;
exacte et rentabiliser au mieux l’analyse. Un dialogue interactif — isolants, semi-conducteurs ou conducteurs.
entre l’analyste et l’utilisateur en cours d’analyse est souhaitable et,
au vu des résultats, permet de réorienter les analyses ou même de 2) La technique est reconnue comme étant la plus facile des tech-
faire appel à d’autres techniques pour les étayer ou les infirmer. Une niques quantitatives de surface. Tous les éléments, sauf l’hydrogène
telle flexibilité pour définir la stratégie d’analyse doit toujours être et l’hélium, sont détectables. Les limites de détection sont, en con-
adoptée par l’analyste. centration atomique, en moyenne de 0,1 % du volume analysé.
L’échantillonnage est une étape importante et concerne la nature, Le volume analysé est caractérisé par :
le nombre et le type d’échantillons. Il est essentiel que l’analyste — la profondeur d’analyse qui peut varier entre 0,1 nm et 1 nm
puisse disposer d’échantillons de référence, c’est-à-dire de ceux qui par rotation angulaire ;
ne posent pas de problème et qu’en général les utilisateurs ne pen- — l’aire analysée qui varie entre 10 nm2 et 100 mm2 (résolution
sent ou ne sont pas enclins à analyser. Une des difficultés rencon- latérale < 10 mm).
trées par l’analyste est qu’on ne lui soumet des analyses que
lorsque des problèmes surgissent et qu’on lui demande ex nihilo de 3) L’ESCA permet de déterminer les fonctions chimiques, degré
les résoudre. La comparaison entre les échantillons « bons » et d’oxydation et environnement moléculaire dans certaines limites de
« mauvais » est une approche pratique, efficace et fructueuse. Il faut résolution.
regretter que les technologues ne soient pas enclins à effectuer des
analyses sur leurs produits quand la production marche bien. Pour résumer, l’ESCA est la technique à utiliser pour résoudre les
problèmes de surfaces isolantes, à des profondeurs < 10 nm, sur
Pour résoudre un problème de surface, nous disposons d’un des zones de dimension > 10 mm, où il faut détecter et doser des
ensemble de techniques analytiques composé essentiellement de impuretés à des teneurs > 0,1 % at. ou 0,1 % de monocouche
l’ESCA, de la spectroscopie Auger et du SIMS. Le choix d’une ou de (1012 atomes/cm2) et déterminer leurs formes chimique. Notons que
plusieurs d’entre elles pour aborder un problème particulier est une c’est la méthode la plus utilisée pour les surfaces de polymères,
question clé. Il s’agit en effet de déterminer celle (ou celles) qui est leurs traitements et dépôts, l’adhésion, les catalyseurs. La technique
la plus appropriée pour résoudre le problème posé. Cela consiste en ne doit pas être utilisée pour la microanalyse de traces aux teneurs
premier lieu à traduire ce dernier en termes analytiques, de décider inférieures à 10–3 monocouche et nécessitant des résolutions
de la nature des informations à obtenir et donc des techniques qui latérales < 10 mm. Rappelons également les limitations de l’ESCA
sont les plus aptes à les fournir, et des mesures à effectuer. Il faut relatives aux résolutions chimique et moléculaire.
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P 2 626 - 16 © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation
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Nombre de coups
3.2.1 Échantillons 2 500
O1s
■ Préparation des échantillons 2 000
Si2s
La prise des échantillons conditionne la qualité et l’efficacité des
1 500 Si2p
analyses ESCA pour la résolution d’un problème de surface, comme
pour toute autre technique d’analyse de surfaces. La profondeur
1 000
d’analyse étant au maximum en ESCA de 10 nm, il faut que l’échan- C1s
tillon analysé présente sur cette profondeur la composition qui soit 500
pertinente pour le problème posé. Il faut notamment éviter toute
contamination de la surface lors de la manipulation de l’échantillon 0
qui fausserait complètement les conclusions des analyses. La 0 200 400 600 800 1 000
figure 16 montre l’effet d’un simple contact de doigts sur le spectre Énergie de liaison (eV)
ESCA d’une surface de silicium, la contamination superficielle due à
la minime quantité de sueur déposée suffit à masquer le signal du a spectre de survol de la surface de silicium propre
silicium de plus de 60 % par ceux du carbone et du sodium prove-
nant de la sueur. Le port de gants sans talc est recommandé.
Nombre de coups
Les sources de contaminations accidentelles des surfaces solides
sont multiples. En dehors de la contamination évoquée précédem- 2 000
ment par les contacts humains (sueur, pommades, cosmétiques, ali- O1s
ments…), les contacts avec d’autres solides peuvent également C1s
1 600
polluer la surface de l’échantillon. Les emballages en polymères
Na1s
souples ou rigides sont à cet égard à éviter pour le transport des 1 200
échantillons et les boîtes en verre sont préférables. En effet, les Si2s
nombreux adjuvants entrant dans la formulation des polymères, 800 Si2p
plastifiants, agents glissants, démoulants, antioxydants, lubrifiants,
catalyseurs et tout composé de bas poids moléculaires ségrègent 400
vers la surface de ceux-ci et s’y concentrent. Par contact ou même
lorsque qu’il n’y a pas contact, simplement par dégazage dans le 0
conteneur, ces contaminations se transfèrent sur l’échantillon. En 0 200 400 600 800 1 000
règle générale, lors du transport il faut éviter tout contact de la sur- Énergie de liaison (eV)
face à analyser avec un autre solide, même indirect s’il s’agit de
composés volatils. b spectre de survol de la surface de silicium
après simple contact avec les doigts
La pollution provenant de l’atmosphère (laboratoires chimiques,
ateliers, moteurs, usines…) doit être considérée également et cons-
titue des sources de contamination par hydrocarbures, huiles, lubri- Figure 16 – Illustration de l’importance dans un spectre ESCA
fications, fluoration, sulfuration, silicones, poussières. de la contamination superficielle
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dont l’émission est très intense, générée par un balayage de la ● Pics dus à une contamination de l’anode : si l’anode émet des
même source X monochromatique utilisée pour les spectres ESCA raies d’excitation autres que la raie attendue, celles-ci peuvent géné-
grâce à la rotation du monochromateur. Cette technique permet un rer les spectres ESCA correspondants. Ces spectres sont en général
repérage précis et très simple des zones à analyser. de faible intensité en raison du faible flux X correspondant, mais les
● Contact électrique pour écoulement des charges pics des éléments majeurs peuvent présenter des intensités détecta-
et neutralisation bles. Les raies fantômes sont dues en général, dans le cas des ano-
des multiples, à un dépôt sur une anode d’un autre élément de
La méthode par compensation à l’aide d’un faisceau d’électrons l’anode multiple (contamination par exemple de l’aluminium par du
(flood gun) est actuellement adoptée universellement. Pour un manganèse et vice versa dans les anodes doubles Al/Mg) ou à
échantillon très isolant et un faisceau X monochromatique, donc l’usure de l’anode découvrant le substrat sur lequel le métal de
avec un effet de charge sévère, l’utilisation d’un cache métallique l’anode est déposé, ce qui donne lieu à une émission X du substrat ;
avec diaphragme de diamètre suffisant pour l’analyse, plaqué sur en général, il s’agit du cuivre avec les raies CuLa et Ka respective-
l’échantillon, peut aider à améliorer la conductivité à la surface et ment à 929,7 et 8 048,0 eV. Dans ce même type de raies fantômes
l’écoulement des charges. L’analyse des poudres isolantes est aussi rentrent les raies satellites Ka34. Avec les appareils ayant un mono-
facilitée par implantation dans l’indium. chromateur, ces raies fantômes d’excitation X sont éliminées sauf
celles qui correspondent à des diffractions d’ordre supérieur, par
exemple avec la raie AlKa monochromatique, on peut avoir la raie
3.2.2 Mesures d’ordre supérieur n = 2 soit l = 0,415 nm (2 973,2 eV).
● l’effet de charge, déjà évoqué, peut déplacer les pics ou les
■ Étalonnage du spectromètre dédoubler dans le cas d’un effet différentiel soit latéral soit en pro-
Il est recommandé d’étalonner périodiquement le spectromètre fondeur.
en énergie et surtout en intensité. Pour l’étalonnage en énergie de
liaison, les échantillons de référence sont le cuivre, l’or, le difluorure
de polyvinylidène (PVDF) et le polyéthylènetéréphtalate (PET). Pour 3.3 Applications spécifiques de l’ESCA
la calibration en intensité et l’analyse quantitative (et également en
énergie de liaison), les échantillons sont Au (pic Au 4f ), le PET dont
les pics C1s et O1s sont dans un rapport stœchiométrique 2/5, le L’analyse ESCA la plus courante et la plus simple consiste à enre-
polydiméthyldisiloxane (PDMS) dont les pics C1s, O1s et Si 2p sont gistrer un spectre en énergie et puis éventuellement à enregistrer
dans le rapport stœchiométrique 2/1/1. Le difluorure de polyvinyli- une image. La technique permet d’effectuer des mesures plus com-
dène (PVDF) ou le Téflon sont également de bons étalons pour l’ana- plexes. Il est ainsi possible de mesurer la modulation d’intensité des
lyse quantitative avec l’avantage supplémentaire avec le F1s de pics ESCA en fonction de la direction d’émission fonction des angles,
couvrir un domaine d’énergie de liaison jusqu’à 800 eV. Ces maté- polaire et azimutale, et qui est due à la diffraction des photoélec-
riaux polymériques présentent l’intérêt d’être isolants et très sensi- trons. Ces mesures angulaires permettent de déterminer la structure
bles à la dégradation par irradiation qui se manifeste par une perte cristallogra-phique et les distances de réseau des plans de surface.
d’halogène. Ils permettent ainsi d’évaluer les conditions de dégrada- Elles ne sont appliquées que pour des monocristaux et ne concer-
tion de l’installation. nent pas les échantillons industriels. De même, les paramètres élec-
triques et semi-conducteurs, tels que les barrières de Schottky, et les
■ Performances instrumentales discontinuités de bande peuvent être mesurés en ESCA [67]. Ces
applications spécifiques concernent des domaines très spécialisés
Les performances effectives du spectromètre utilisé et les qualités et ne seront pas exposées ici.
des mesures obtenues ont des répercussions sur la résolution du
problème posé. Les performances du spectromètre utilisé doivent Nous ne mentionnerons ici que les applications pouvant concer-
être précisées pour tout résultat d’analyse. Elles s’étalonnent en ner les analyses industrielles :
fonction des critères suivants discutés par ailleurs et qui sont — profils de concentrations en profondeur ;
intercorrélés : — dérivatisation ;
— résolution en énergie : largeur et position des raies ; — Voltage Contrast XPS.
— sensibilité : intensité des raies et tout particulièrement du rap-
port signal sur fond ; 3.3.1 Profils de concentrations en profondeur
— quantitativité : courbe de transmission ;
— compensation des effets de charge latérale et en profondeur ; La profondeur moyenne d’analyse en ESCA, dan, s’exprime,
— résolution latérale en imagerie et microanalyse en tenant comme nous l’avons vu dans la relation (2), par une loi en
compte de la sensibilité ;
d
— résolution angulaire : possibilité de détection très rasante ; 1 Ð exp æÐ ------------------- ö en fonction de l’angle q défini par rapport à la
— dégradation des échantillons. è l cos q ø
D’autres critères portent sur l’ergonomie et la flexibilité de l’appa- normale, la profondeur maximale étant donnée approximativement
reillage : logiciel de traitement des spectres, anodes multiples, par la valeur dmax = 3 l cos q. Sur cette base, nous pouvons alors
canon à électrons (pour spectrométrie Auger, système de position- faire varier la profondeur d’analyse de deux façons :
nement des échantillons). — en faisant varier l’angle d’analyse q mesuré par rapport à la
normale (§ 3.3.1.1) ;
■ Artefacts — en faisant varier le libre parcours moyen des photoélectrons l,
Si l’interprétation des spectres ESCA ne se heurte pas, en général par la variation de leur énergie cinétique, soit en utilisant deux ou
à des risques d’artefacts majeurs, il est utile de rappeler la présence plusieurs raies ESCA des mêmes éléments, soit par excitation
possible de raies fantômes ayant les origines diverses suivantes. d’une même raie par des photons d’énergie variable (§ 3.3.1.2).
● Raies Auger : pour discriminer les raies Auger des pics ESCA, Ces deux méthodes se caractérisent par un domaine de profon-
on peut changer la raie X d’excitation (d’où l’intérêt des sources deur d’analyse de l’ordre des libres parcours moyens des électrons
avec anode double ou multiple). Les raies Auger restent à la même c’est-à-dire < 10 nm. La résolution en profondeur, très fine
énergie cinétique (il faut contrôler que la nouvelle raie X est assez comme le montre la figure 17, dépend de la rugosité à l’échelle sub-
énergétique pour créer la vacance primaire de la transition Auger nanométrique de la surface étudiée et naturellement de la résolution
considérée) tandis que l’énergie cinétique des pics photoélectriques angulaire du spectromètre. En outre, ces méthodes présentent
suit l’énergie hn de la raie X. l’avantage d’être non destructives.
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_________________________________________________________________________________________________________ ANALYSE DE SURFACE PAR ESCA
Cet effet d’angle de détection est d’autant plus marqué que la sur-
Nombre de coups face de l’échantillon est plane à l’échelle nanométrique, ce qui est le
Pics Si cas ici d’un monocristal de Si, mais en général pas celui des échan-
14 000 tillons industriels très rugueux. Du point de vue des performances
instrumentales du spectromètre, il faut disposer d’une très bonne
résolution angulaire, c’est-à-dire d’un cône d’acceptance des élec-
trons très collimaté avec une ouverture de 1 à 2°. La résolution
angulaire s’obtient naturellement au détriment de la sensibilité.
12 000
Un autre facteur déterminant est la géométrie entre la direction
Pics SiO2 d’irradiation, la direction de détection et l’axe de rotation de l’échan-
θ = 0¡ tillon. Pour la plupart des appareils, cet axe de rotation est souvent
perpendiculaire au plan formé par les deux premiers axes : inci-
10 000
dence des raies X et émission des électrons. Dans cette géométrie,
l’angle d’incidence i des raies X varie également lorsque l’on fait
50¡ varier l’angle de détection q en tournant l’échantillon. De plus,
l’intensité du pic photoélectrique d’un échantillon pur semi-infini
8 000 obtenue par intégration de la relation (1) comporte deux termes
dépendant de q :
A0
I µ ------------- ´ l cos q
70¡ cos q
6 000
A0
où ------------- est l’aire détectée et l cos q la profondeur moyenne analysée.
cos q
Pour des angles d’analyse q faibles, le facteur cos q s’élimine. Il
4 000
n’en est plus de même pour les grandes valeurs de q en détection
80¡ A0
très rasante où l’aire ------------- devient supérieure à l’aire maximale
cos q
2 000 analysée qui est limitée par la configuration géométrique du spec-
tromètre. Donc, dans ce cas, l’aire analysée reste constante quand q
varie et l’intensité totale détectée chute en variant comme cos q.
85¡ Vers les émissions très rasantes les intensités ESCA sont très fai-
bles, interdisant toute possibilité de travailler à des angles supé-
0
rieurs à 60-70°.
105 100 95
Énergie de liaison (eV)
Certains appareils comme le spectromètre Scienta 200 présentent
une configuration d’analyse dans laquelle l’axe des rayons X, l’axe
de la lentille de détection et l’axe de rotation sont dans le même plan
Figure 17 – Variation, en fonction de l’angle de détection q, (figure 18). Cette configuration procure trois avantages majeurs :
du spectre Si 2p d’un monocristal Si recouvert par une couche native — l’intensité détectée est indépendante de l’angle, donc de la
d’oxyde d’environ 2 nm : illustration de l’exaltation de la sensibilité sensibilité superficielle, ainsi que la résolution en énergie et le posi-
superficielle en émission rasante tionnement de l’échantillon ;
— la tache du faisceau X monochromatique sur l’échantillon pré-
sente la direction non dispersive en énergie parallèle à la fente
Si on veut mesurer des distributions sur des profondeurs supé- d’entrée du spectromètre et la direction dispersive en énergie per-
rieures allant à 10 nm jusqu’à plusieurs dizaines ou centaines de pendiculaire à celle-ci. La projection de la fente d’entrée du spectro-
mm, il faut faire appel à l’abrasion ionique de la surface analysée mètre délimitant la zone analysée est inférieure à la tache du
(§ 3.3.1.3) ; cette technique est naturellement destructive. faisceau X dont seule une fraction et non la totalité est analysée.
Lorsque l’on fait tourner l’échantillon, l’axe de rotation étant de le
plan d’incidence, la zone irradiée de l’échantillon augmente comme
3.3.1.1 Distribution angulaire 1/cos q réduisant la densité X d’autant, mais l’aire détectée, l’axe de
collection étant dans le même plan, augmente également comme 1/
Comme l’illustre la figure 17, dans le cas du spectre Si 2p d’un
cos q, ce qui compense la diminution de la densité des rayons X inci-
échantillon monocristallin de Si recouvert d’une mince couche
dents. Il en résulte que l’intensité des pics ESCA est pratiquement
d’oxyde natif d’environ 2 nm d’épaisseur, le rapport d’intensité du
indépendante de l’angle d’émission q, notamment aux angles
pic de l’oxyde SiO2 sur celui de l’élément Si sous-jacent varie de
rasants, comme le démontre la figure 17.
façon très significative en fonction de l’angle de collection des pho-
toélectrons que l’on fait varier en inclinant l’échantillon. En détec- Comme le flux des raies X correspondant à la dispersion des raies
tion normale à la surface (q = 0), la profondeur d’analyse moyenne X collecté par la fente d’entrée de l’analyseur est indépendant de
est directement donné par le libre parcours moyen (ou profondeur l’angle de rotation q, la résolution énergétique introduite par la lar-
d’échappement) des photoélectrons qui dépend de leur énergie geur en énergie de la source x d’excitation, qui est prépondérante en
cinétique. Une rotation de l’échantillon pour se positionner en ESCA, ne dépend pas non plus de l’angle q comme le montrent les
détection rasante diminue la profondeur d’analyse d’un facteur spectres de la figure 17. En revanche, dans les autres configura-
cos q. Plus l’angle de détection est rasant, plus l’analyse est superfi- tions, la résolution en énergie aux angles rasants est fortement dété-
cielle. Ainsi, avec un angle q de 85°, la profondeur d’analyse dans la riorée.
figure 17 est de 0,08 l soit de l’ordre de 0,13 nm pour une valeur de La figure 19 présente une application sur l’enrichissement en sur-
l de 1,5 nm. Dans les spectres de la figure 17, pour une détection à face d’une des composantes d’un copolymère. Il s’agit d’un copoly-
la normale favorisant le volume, le rapport du pic de l’oxyde de sur- mère ( PP ¤ CH 2 ¾ CH ) ( [ CF 2 ] n ¾ CF 3 ) . Le spectre haute résolution
face SiO2 sur celui du substrat Si n’est que de 0,1 tandis que pour
une détection à 85° favorisant la couche de surface, ce rapport C1s de ce copolymère montre quatre composants correspondant
atteint 3 soit un gain d’un facteur 30. respectivement aux fonctions aliphatiques CH2, CH3, au groupe-
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ANALYSE DE SURFACE PAR ESCA _________________________________________________________________________________________________________
(CF2)5 (CF2)5
e--
,,,
CH2 , CH3 CF2
CF3 CF3
85¡
e--
,,,
CF2
CH
CF3
CF2
,,,
CH2 , CH3 e--
CF2
e-- 5¡
5¡ CF3
CF3
CH -- CF2 --
a b
La figure 19 a démontre que les fonctions CF3 , CF2 et CH -- CF2 sont situées plus en surface que CH2 et CH3 et la figure 19 b que CF3 est plus en
surface que CF2 et que la chaîne (CF2)n -- CF3 pointe vers l'extérieur de la surface (Courtoisie Scienta).
Figure 19 – Orientation en surface des groupements fluorés dans un copolymère démontrée par détection en fonction
de l’angle (Courtoisie de Scienta)
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Nombre de coups
Nombre d'atomes (%)
100 6 000
5 000
C C ; CH
O1s C (O)2
4 000
Zr3d O
Si2p 3 000 C O O
C O C C
2 000
O
1 000
0
0 C1s 3 680 0
Temps d'érosion (s) 292 288 284 280
Énergie de liaison (eV)
a profil ESCA de multicouches SiO2/ZrO2
a avant dérivatisation par PFE
Distance à la surface
Nombre de coups
3 000
O
C C ; CH
2 000 CH ( CF3)
C O
O
1 000 C C
CF3 O
532 530 528 526 524 522 520 518 516 514 512
Énergie de liaison (eV)
0
SiO2 ZrO2 300 296 292 288 284
b suivi de la chimie des surfaces érodées par le spectre O1s Énergie de liaison (eV)
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Nombre de coups
pond aux fonctions ester n’ayant pas réagi avec le PFE. Le rapport
des composantes CF 3 ¤ C ( C ¾ ¾O ¾¾ )OX du spectre dérivatisé
donne le pourcentage d’acide carboxylique.
3.4 Domaines d’applications Figure 23 – Spectres C1s obtenus par Voltage Contrast XPS
d’une surface de rupture d’un composite à matrice polymérique
et renfort par fibre de carbone en fonction de l’énergie des électrons
3.4.1 Analyses de polymères du flood gun, d’après [72]
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ANALYSE DE SURFACE PAR ESCA _________________________________________________________________________________________________________
Nombre de coups
100
2 000
1 600 75
1 200
800 50
400
0
25
0 200 400 600 800 1 000
Énergie de liaison (eV)
PET propre 0
0 25 50 75 100
PVC en volume (% masse)
Nombre de coups
Figure 25 – Composition de surface mesurée par ESCA en fonction
2 000 de la composition nominale de volume pour des mélanges miscibles
1 600 (●) et non miscibles (▲) de PVC/poly(a-méthylstyrène-co-acrylonitrile),
d’après [75]
1 200
800
400 Pics Si 3.4.1.3 Propriétés acide-base
0 Les propriétés de mouillabilité et d’adhésion des surfaces de poly-
0 200 400 600 800 1 000 mères peuvent être prédites à partir de leurs caractères acido-basi-
Énergie de liaison (eV) ques de surface [76]. Dans le cadre de ce modèle, les adsorptions de
molécules en surface de polymères font intervenir des transferts
PET avec 1 % at. siloxane d’électrons entre des bases et des acides de Lewis. Ces molécules
constituent des sondes pour mesurer le caractère acido-basique de
ces surfaces de polymères. Les déplacements ESCA des énergies de
Nombre de coups
De telles études sont facilitées par des tracés de distribution angu- 3.4.1.4 Traitement de surface par plasma
laire en faisant varier de façon non destructive les profondeurs
d’analyse dont nous avons vu précédemment des applications de Les modifications de surface par plasma sont actuellement de
même type. plus en plus utilisées pour améliorer les propriétés de mouillage,
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Intensité (u.a.)
Intensité (u.a.)
C1s
O1s
C1s
C1s N1s
O1s
Auger O
a b c
Figure 27 – Comparaison du spectre ESCA du PS avant (a) et après un traitement plasma d’oxygène (b)
et d’azote (c) montrant la fonctionnalisation chimique de la surface du polymère par plasma
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Intensité (u.a.)
C1
C2
C3
C4
C5
Shake-up
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Figure 30 – Images ESCA de faciès de décohésion et de corrosion d’un revêtement par un film polymère d’une surface d’acier
(Courtoisie Vacuum Generators)
De nombreux modèles ont été proposés pour exprimer l’intensité Quand l’épaisseur du dépôt métallique est très fine, c’est-à-dire
ESCA du métal catalytique dans un catalyseur supporté. Un modèle quand ns est petit devant l, cette relation tend vers la limite :
simple d’analyse quantitative consiste à représenter le support
comme des sphères dures assemblées côte à côte dans un plan avec Ie rL 1
- = --------------------- --- .
------- (41)
le métal déposé sous forme d’agrégats cubiques d’épaisseur uni- I e¥ 100 A s d l
forme [79]. Dans ce modèle, la surface de la poudre analysée est
supérieure à l’aire géométrique vue par le spectromètre d’un facteur En revanche, quand ns est grand devant l, on a :
r, égal au rapport de la surface totale des demi-sphères sur l’aire
Ie rL 1
géométrique couverte par l’arrangement compact des sphères, soit - = --------------------- ------- .
------- (42)
p/2. Le facteur r intègre de plus un facteur dû à la microrugosité des I e¥ 100 A s d ns
sphères de l’ordre de 2, ce qui finalement donne une valeur de
Et en ce cas, l’intensité Ie est inversement proportionnelle à
l’ordre de 4 pour r.
l’épaisseur de la couche supportée.
Soit As la surface spécifique du support en cm2/g. La masse volu- La figure 31 illustre l’application du modèle précédent. Les cataly-
mique du métal catalyseur d est en g/cm3, l’épaisseur de l’agrégat seurs d’argent sur alumine sont représentatifs des catalyseurs sup-
est exprimée en nombre n de monocouches atomiques d’épaisseur portés de grande charge (5 à 15 %) et de faible surface spécifique
s. L exprime la charge en métal en pourcentage. l est le libre par- (0,1 à 1,0 m2/g) pour lesquels l’équation (42) s’applique. Dans cette
cours moyen des photoélectrons. Le modèle exprime le rapport des catégorie de catalyseurs, quand le recouvrement du support par le
intensités Ie / Ie¥ des pics du métal respectivement dans le cataly- métal est uniforme, on obtient des épaisseurs de l’ordre de
seur supporté et dans le métal massique pur [79] : 100 monocouches atomiques, l’intensité Ie est alors maximale et
égale à I e¥ . Si le dépôt métallique s’agglomère, les agrégats qui se
forment présentent des épaisseurs de l’ordre du micromètre, en
Ie rL 1 Ð e Ðns ¤ l
- = ---------------------
------- -------------------------- . (40) deçà donc du recouvrement homogène. L’intensité Ie décroît lors-
I e¥ 100 A s d ns que la taille des agrégats augmente (figure 31).
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ANALYSE DE SURFACE PAR ESCA _________________________________________________________________________________________________________
10--2 4% Pt 1,2
600 m2/g 1
10--3
0,4% Pt
0,8
10--4
0,6
10--5
0,4
--6
10 0,2
10--7 0
10 102 103 104 105 106 0 5 10 15 20 MoO3 (%)
Taille des agrégats en nombre d'atomes
Figure 32 – Variation linéaire du rapport ESCA MoO3/Al en fonction
La ligne en tireté sépare les domaines des catalyseurs à grandes de la charge en Mo, d’après [80]
charges métalliques et faibles surfaces spécifiques de ceux à faibles
charges et grandes surfaces spécifiques
L’étude d’une série de catalyseurs Pt/SiO2 avec des charges de
platine de 0,38 % jusqu’à 3,7 % et des supports de silice de surface
Figure 31 – Relation entre l’intensité ESCA du catalyseur supporté, spécifique de 245 à 526 m2/g a montré que la majorité de ceux-ci,
exprimée par I e ¤ I e¥ , et la taille des agrégats métalliques, présentant les dispersions les plus élevées, sont conformes à l’équa-
d’après [79] tion (43) (figure 33). Les dispersions mesurées, de 7 à 100 %, sont
les pourcentages du nombre d’atomes de platine se trouvant en sur-
face des agrégats de platine. Le comportement diffèrent de ceux
A l’autre extrémité, dans le domaine des catalyseurs à faible présentant des basses dispersions serait dû au procédé de prépara-
charge (4 à 0,4 %) et à grande surface spécifique (600 m2/g), se trou- tion par imprégnation qui conduirait à des distributions non parfai-
vent les catalyseurs au platine supporté sur silice. Le recouvrement tes des agrégats sur des particules hautement dispersées [81].
du support par le métal est très faible et n’atteint pas la monocou-
Ie
che. Le rapport -------- est alors très faible avec des valeurs maximales
I e¥ I (Pt4f )/I (Si2p)
limitées aux valeurs données par l’équation (41). 1
100
Ce modèle permet également d’exprimer le rapport ESCA du
signal du métal supporté sur celui du rapport, Ie/Is en fonction de
I e¥ et de Is0, les intensités des pics du métal pur et du support non 62
recouvert. Pour des faibles taux de recouvrement de métal ou dans 14
le cas où ns est petit devant ls (ls étant le libre parcours des photo- 100
on
électrons émis par le support à travers le dépôt) on a la relation sui- r si
7 s pe
vante similaire à la relation (40) : 0,05 di
34 te
au
I I e¥ L 1 Ð e Ðns ¤ l H
----e- = -------- --------------------- -------------------------- . (43)
Is I s0 100 A s d ns
40
100
Dans le cas où ns est petit devant l et ls, on a la relation : 56 27
64
I I e¥ L 1 63
----e- = -------- --------------------- --- . (44)
Is I s0 100 A s d l 0
0 1 2
et dans le cas inverse où ns est grand devant l, on a : L (1 -- e--ns/λ)/ Asns
I I¥ L 1
---- = ------- --------------------- ------- (45) Haute dispersion, échange d'ions
Is I s0 100 A s d ns Basse dispersion, échange d'ions
Basse dispersion, imprégnation
De nombreux catalyseurs supportés rentrent dans la catégorie de Valeurs = % dispersion
ces catalyseurs à faible charge et à grande surface spécifique. Ces
relations indiquent que dans ces catalyseurs, pour une même taille Figure 33 – Rapport des signaux Pt4f /Si2p pour une série
des agrégats métalliques, leurs intensités en ESCA augmentent de catalyseurs Pt/SiO2 en fonction de L ( 1 Ð e Ð ns ¤ l ) ¤ A s ns ,
linéairement avec la charge, ce que montre la figure 32 pour des d’après [81]. Les modes de préparation des catalyseurs par échange
catalyseurs d’oxydes de molybdène sur alumine. d’ions et par imprégnation influent sur la distribution des particules
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Nombre de coups/s
Ceci est particulièrement intéressant lorsqu’il s’agit d’étudier des Fe2p3/2 Cr2p3/2 O1s
systèmes dans lesquels l’oxydation préférentielle de certains élé- +++
ments a pour conséquence la formation d’un oxyde qui présente Cr
des compositions très différentes de celles de la matrice.
30 Fe Cr2O3 Cr
La figure 34 représente les spectres ESCA obtenus après oxyda- Fe+++
tion d’un alliage fer-chrome. Elle illustre clairement la possibilité de Fe2O3
25
distinguer les états d’oxydation du fer et du chrome.
20
L’oxydation des alliages s’effectue sur des épaisseurs pouvant
atteindre plusieurs micromètres, aussi dans ce domaine les profils 15
de concentration par érosion sont-ils couramment utilisés. La 10
figure 35 représente le profil de concentration mesuré après oxyda-
tion d’un alliage Ni-Cr-Fe du type Inconel 600 (à 500 °C dans un 5
mélange Ar-5 % O2 pendant 0,1 min). On constate un net enrichisse-
ment en chrome de l’oxyde. Les oxydes de fer Fe2O3 et de nickel NiO 715 710 705 580 575 535 530
n’existent qu’en faible quantité à cette température, NiO étant en Énergie de liaison (eV)
outre localisé en extrême surface. L’étalonnage, toutefois assez déli-
cat, de la vitesse d’érosion ionique, permet de déterminer l’épais- Figure 34 – Spectres ESCA montrant les déplacements chimiques
seur des films formés sur la surface. Dans l’exemple précédent, des pics après oxydation d’un alliage fer-chrome
l’épaisseur de la couche analysée était de 60 nm.
De telles études peuvent permettre de déterminer les meilleures
conditions (température, pression, état de surface initial) pour
l’obtention de couches d’oxydes protectrices.
Concentration (%)
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Nombre de coups / s
Ni2p3/2 O1s
Ni
O
NiO
Ni(OH)2
OH
Ni passivé
passive
OH OH OH
OH Ni OH Ni OH Ni
Ni O Ni O Ni O
O Ni O Ni O Ni
Substrat de nickel
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